Algerie : chronique des groupes armés 1996-1997-1998-1999-2000-2001-2002









Mise à jour : 5 avril 2006
©Pascal Holenweg, Geneve, 2005

Chronique des groupes armés 2003 ad libitum

"La Sale Guerre" de Habib Souaïdia, le procès Nezzar-Souaidia et la mise en cause des milices et des services

Les attentats du 11 septembre aux USA et leur onde de choc

L'appel POUR LA PAIX EN ALGÉRIE, CONTRE LA GUERRE CIVILE

Chronique de la violence : Terrorisme, banditisme et répression au fil des jours



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"Le terrorisme naît de la solitude, de l'idée qu'il n'y a plus de recours, que les murs sans fenêtres sont trop épais, qu'il faut les faire sauter"
(Albert Camus)

Chronique des groupes armés, 1996-1997-1998-1999-2000

1996

(AFP, 15.7) Djamel Zitouni, alias Abou Abderahmane Amine, a été évincé de la direction du Groupe Islamique Armé (GIA) a annoncé un communiqué du "Majliss Echoura" (Conseil consultatif) de l'organisation. Passé dans la clandestinité en 1992 après l'interdiction du FIS, Zitouni a d'abord été le chef de la "Phalange de la mort", commando chargé des actions spectaculaires et des exécutions "ciblées". Il a pris la direction du GIA en octobre 1994 et lui a imprimé une ligne violamment anti-française et des pratiques encore plus radicales. Le communiqué du "Majliss Echoura" déclare le Conseil innocent de tout ce qui pourrait désormais émaner de Zitouni, lequel est "temporairement" remplacé au titre d'Emir du GIA par Hassen Abou Walid, jusqu'à ce qu'une réunion de tous les chefs de zones du GIA ait procédé au remplacement définitif de son ancien Emir. Le "Majliss Echoura" a également évincé de ses rangs Abou Raihana, alias Farid Achi, et Antar, alias Zouabri. Il a enfin dégagé la responsabilité du GIA de tout ce qui pourrait émaner des groupes islamistes armés dissidents, dont celui de Kertali ("Emir" de Larbâa) et le Front Islamique du Djihad Armé (FIDA), spécialisé dans les assassinats d'intellectuels, d'artistes et de politiciens -et dont le chef, Mohammed Brahimi, a été abattu par les forces de sécurité en mai 1996).

Antar Zouabri (AFP, 27.7, 30.7) Djamel Zitouni a été abattu avec deux de ses compagnons le 16 juillet dans une embuscade tendue, selon le GIA (qui venait de le limoger) par des "ennemis de l'Islam". Le 18 juillet, une majorité de dirigeants du GIA ont fait allégeance à Abou Talha Antar Zouabri en tant que nouvel "Emir" (alors qu'il avait été quelques jours auparavant exclu du GIA, avec Zitouni, par le Conseil Consultatif de l'organisation). L'élimination de Zitouni pourrait être la conséquence de la lutte (armée) entre les deux tendances du GIA, les "jazaristes" (partisans d'un "islam national" algérien) et les "salafistes" (partisans d'un islam internationaliste "au dessus des spécificités nationales"). Zitouni, salafiste, aurait ainsi été éliminé par les jazaristes. Zitouni avait lui-même éliminé l'un des dirigeants jazaristes, Mohammed Sâadi, ancien dirigeant du FIS rallié au GIA en 1994. Quant au nouveau chef du GIA, il était l'un des lieutenants de Zitouni et partageait son radicalisme et sa francophobie. Le Ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charette, a d'ailleurs déclaré que "pour la France, la mort de Zitouni n'est pas une mauvaise nouvelle".

Selon les "révélations" télévisées d'un "repenti" du GIA, le "noyau dur" du mouvement serait constitué d'une soixantaine de vétérans algériens de la guerre d'Afghanistan, qui formaient une sorte de garde autour de Zitouni et Achi. La défiance du GIA envers Zitouni et son groupe surait commencé après le meurtre, revendiqué par Zitouni, de deux dirigeants du FIS ralliés au GIA, Mohammed Saad et Abderrezak Redjam. L'assassinat fin mai des sept moines trappistes français aurait scellé le sort de Zitouni, lâché par ses soutiens extérieurs (tels Anouar Haddam à Washington, et le bulletin "El Ansar", qui a décidé de ne plus paraître pour protester contre la "dérive" d'un GIA auquel il est reproché l'assassinat de plus d'un millier de ses propres cadres).

(AFP, 22.7) Une nouvelle organisation, le "Mouvement Islamique pour la Prédication et le Djihad", a annoncé sa création le 21 juillet. Elle affirme réunir des dissidents du GIA, le "Mouvement pour un Etat Islamique" et le "Front Islamique pour le Djihad Armé". Le communiqué annonçant la création de la nouvelle organisation est signé de Mustapha Kertali, ancien "Emir" du GIA pour la région de Larbâa. Le MIPD (ou MIPJ) proclame sa défiance à l'égard du GIA, condamne les "parties découragées et FIS et de son armée" (l'Armée Islamique du Salut, AIS) et récuse toute réconciliation avec le régime en place. Dans un entretien avec le quotidien "Al Hayat", l'un des dirigeants du FIS à l'étranger, Abdallah Anas (Boudjemâa Bounoua) a exprimé son soutien à Kertali et condamné la "dérive" du GIA, qu'il considère comme un groupe "fini". Il a également condamné la "violence aveugle qui se manifeste par des assassinats de femmes, d'enfants et d'étrangers et des attentats à l'explosif dans les lieux publics".

(AFP, 17.9) L'Armée Islamique du Salut (AIS) a annoncé dans un communiqué signé par son chef, Madani Mezrag, la poursuite du "Djihad" tout en réaffirmant sa disposition à négocier. L'AIS a également lancé un appel aux "Moudjahidines" à "serrer les rangs" et à se placer sous la "bannière de la vérité et de la justice, celle de l'AIS". Madani Mezrag affirme enfin la fidélité de l'AIS au FIS et à ses chefs emprisonnés, Abassi Madani et Ali Belhadj, et son engagement à en respecter les décisions "légitimes". Il a dénoncé l'action des GIA, qualifiés de "groupes déviationnistes" à la solde des éradicateurs" et s'est déclaré innocent des actions visant "les innocents, hommes, femmes et enfants".

(AFP, 7.9, 8.9) Un trafic d'armes envoyées depuis la Suisse aux islamistes algériens a été démantelé par les polices fédérales et cantonales suisses, qui ont arrêté 4 personnes (en majorité algériennes) et procédé à 17 perquisitions qui ont permis de saisir un "important matériel" et des faux papiers, et de constater la présence illégale de ressortissants étrangers en Suisse. L'enquête vise sept suspects, au moins. Les bénéficiaires du trafic seraient les islamistes du FIDA (Front Islamique du Djihad Armé). Parmi les personnes arrêtées figurerait un responsable de la mosquée de Bâle.

(AFP, 4.11) Dans un communiqué daté du 15 octobre et publié le 4 novembre par "Al Hayat", le GIA a menacé de tuer les musulmans qui ne lui verseraient pas la zakat (impôt islamique), interdit de la verser au gouvernement et menacé de la prélever "par la force" si nécessaire. Le GIA a par ailleurs appelé à un boycott de la justice algérienne, à présenter les plaintes auprès de lui et a interdit tout recours aux avocats. Il a également "interdit aux filles et aux femmes musulmanes de sortir de chez elles non couvertes" et interdit le travail et les études pour les femmes, en précisant que "celle qui refuserait d'obtempérer doit être tuée". Le GIA "assume la responsabilité de mettre en application la charia", affirme le communiqué, qui précise que "Tous les gens doivent accomplir la prière" et que ceux qui refuseront seront tués, "le meurtre étant le châtiment des apostats".

(AFP, 7.11) Une vaste opération policière a été entreprise le 7 novembre dans toute l'Italie contre les réseaux et les activistes du GIA accusés de complicité dans les six attentats commis en France en 1995, qui avaient fait huit morts. 22 personnes ont été arrêtées lors de l'opération baptisée "Shabka" ("Réseau", en arabe) et coordonnée par le parquet de Turin. 9 de ces arrestations ont été effectuées à Milan, 6 à Turin, 2 à Rome et une à Astie, Alba, Imperia, Naples et Perouse. Plus de 60 perquisitions ont été effectuées, dont à l'Institut culturel islamique de Milan et dans deux mosquées de Turin, et ont permis de saisir des documents d'identité contrefaits, de la fausse monnaie et du matériel de propagande. Les personnes arrêtées ont été inculpées d'association de délinquants, trafic d'armes et de faux documents d'identité. Elles sont soupçonnées d'avoir transporté des armes et Algérie, fourni de faux documents d'identité à des militants, récolté des fonds pour le GIA et recherché des "planques" pour les militants clandestins. Selon l'enquête policière de la direction antiterroriste, des cellules du GIA en Italie étaient opérationnelles dès fin 1994. Leurs membres utilisaient des comptes bancaires en Suisse, et des passeurs pour franchir les frontières.

(AFP 4.12) Antar Zouabri, chef du GIA, a justifié en septembre 1996 dans un document publié par le bulletin clandestin de l'organisation, "Al Jamaa", la lutte armée contre la France en estimant que l'ancienne métropole réunissait "toutes les raisons qui justifient qu'on (la) combatte). Antar Zouabri réaffirme la continuité des "positions audacieuses et franches vis-à-vis de la France et des autres pays impies qui soutiennent les tyrans apostats", positions qui ne "découlent pas d'une étape particulière ni d'intérêts liés à la raison mais s'inspirent du Livre et de la Sunna, selon la compréhension salafiste" (qui prône le respect d'un islam fondamental, par opposition à une compréhension "jazariste" qui prône, elle, un islam "aux couleurs algériennes"). Pour Antar Zouabri, l'une des raisons qui justifient la lutte contre la France est "la lutte qu'elle mène contre les musulmans et l'appui avéré qu'elle apporte aux apostats". Quant au projet du GIA, il est "connu" qu'il réside en "l'instauration du Califat sur le modèle du Prophète (...), par l'application du Coran, et par la victoire contre les impies, par l'application des préceptes de l'islam, en obligeant tout le monde à s'y conformer".

(AFP 11.12) La France a demandé à l'Italie, qui l'a formellement acceptée, l'extradition de Djamel Lounici, algérien emprisonné en Italie (où il sera jugé en 1997 pour trafic d'armes, préalablement à son extradition). Lounici, qui a été interrogé pendant cinq heures à Naples le 11 décembre par le juge "antiterroriste" français Bruguière, est considéré comme le principal organisateur des réseaux d'approvisionnement en armes des maquis islamistes en Algérie, où il a été condamné à mort. Selon le parquet de Naples, il aurait été un proche collaborateur de Rabah Kébir, porte-parole de l'instance exécutive du FIS à l'étranger.

(AFP 11.12) L'Armée Islamique du Salut (AIS) a invité le 11 décembre, dans un communiqué de son émir de la région ouest, Ahmed Ben Aïcha, les "media étrangers et nationaux libres" à "prendre connaissance des crimes commis par le pouvoir", et promis d'assurer aux journalistes qui répondraient à cette invitation "toute la sécurité". L'AIS désavoue dans ce même communiqué "tous les assassinats de porteurs de la plume libre, mise au service des principes de notre peuple algérien musulman".

(AFP 15.12) L'AIS a démenti dans un communiqué les "rumeurs faisant état d'une unification" entre elle et le GIA. Le communiqué est signé de l'"Emir régional de l'ouest", Ahmed Ben Aïcha, et a été transmis à l'AFP à Bonn par l'instance exécutive du FIS à l'étranger (c'est-à-dire Rabah Kébir). L'AIS précise qu'elle s'exprime "uniquement à travers son commandement représenté par son Emir national, le cheikh Madani Mezerag, ou son adjoint, l'Emir régional de l'ouest algérien Ahmed Ben Aïcha".

(AFP 15.12) Des milliers d'armes de poing et de petit calibre livrées en Algérie aux islamistes ont été achetées en Suisse, selon le Procureur général adjoint de la Confédération, Félix Baenziger, qui ajoute que la Suisse sert de base logistique et de propagande aux islamistes mais que les autorités helévétiques n'ont "pour le moment pas de preuve concrète que des actions (soient) planifiées en Suisse", quoiqu'"une escalade ultérieure (soit) naturellement pensable selon l'évolution de la situation politique en Algérie".

(24.12) Dans un message au président Chirac, rendu public à la veille de noël, le GIA déclare que les Français demeurent "parmi tous les impies, les plus dangereux ennemis des musulmans". Le message revendique implicitement l'attentat du 3 novembre dans le métro régional parisien et fixe trois conditions pour un arrêt des attentats : libération de Abdelhak Layada, ancien chef du GIA détenu à Alger, et d'autres détenus non cités, arrêt du soutien de la France au régime algérien et versement d'un "tribut" afin que la vie des Français en Algérie soit épargnée.

(AFP 27.12) Le bulletin islamiste "El Ribat", proche du FIS, qualifie dans son édition du 27 décembre de "manipulation" de la part du pouvoir algérien l'existence et les communiqués du GIA. "Nous doutons de l'existence du GIA et des différents communiqués émanant de ce groupe qu'on veut ressusciter", écrit "El Ribat", pour qui "il s'agit tout simplement d'une manipulation des services algériens afin de consolider ses pouvoirs et obtenir davantage de soutien de l'Occident en général et de la France en particulier".

1997

(AFP 5.1) Le FIS et l'AIS diffusent, notamment par l'internet, une cassette vidéo en couleur et en arabe réalisée par un "Comité d'information de la troisième région ouest" et montrant diverses scènes de la vie et de l'action des "Moudjahidines" en 1995 et 1996, dans des zones non localisée. Ces scènes sont entrecoupées de versets du Coran et de déclarations d'Abassi Madani. La cassette montre un charnier d'une vingtaine de cadavres, qu'elle attribue à l'armée, ainsi que des images de maisons ou de villages détruits, et qualifie le président Zéroual, qu'elle rend responsables de ces "crimes", de "fils de la France". Plusieurs scènes figurent des combattants, la plupart équipés de kalachnikov, contrôlant des véhicules et saisissant parfois ce qu'ils transportent -en particulier, selon le commentaire, l'alcool et le tabac. L'"Emir Nourreddine", présenté comme le chef régional de l'AIS, expose l'"éducation" des combattants, basée uniquement selon lui sur des livres religieux. Cette cassette est selon l'AFP disponible en Europe, notamment en Angleterre où elle circule à la sortie des mosquées.

(AFP 5.1) Dans un communiqué reçu le 5 janvier par l'AFP à Paris, l'AIS a demandé aux pays occidentaux, et en particulier à la France, de cesser toute aide économique à l'Algérie et leur a "conseillé" de "rester à l'écart de la guerre" en Algérie. L'AIS a également décliné sa responsabilité dans les attentats terroristes commis à l'étranger.

(AFP, 8.1) Selon "El Watan" et "Liberté"), un nouvel "Emir" du GIA pour Alger aurait succédé à Yacine Amara, dit "Napoli", abattu par les forces de sécurité en septembre 1996. Ce nouvel "Emir" serait Farid Hamani, alias Abou Selmane, originaire de Bologhine (Saint-Eugène) et qui aurait déjà participé en 1992 à un attentat qui avait coûté la vie à six policiers dans la Casbah et aurait marqué le coup d'envoi de la lutte armée islamiste.

(AFP 21.1) Le GIA d'Antar Zouabri a promis de nouveaux massacres à l'occasion du Ramadan et mis en garde la population en affirmant qu'"il n'y avait pas de neutralité dans la guerre que nous menons", selon un document non authentifié et attribué à Antar Zouabri, publié par "El Watan" le 21 janvier. "Nous avons les moyens et les hommes pour châtier ceux qui ne sont pas de notre côté", proclame ce texte qui aurait été diffusé dans les mosquées de Baraki et Sidi-Moussa, qui annonce un "embrasement général" de l'Algérie, invite les Algériens à "faire leurs ablutions avant de sortir de chez eux" afin d'"aller au paradis s'ils meurent dans les explosions" et précise que "à l'exception de ceux qui sont avec moi, tous les autres sont des apostats et méritent la mort".

(AFP 6.2) 28 personnes ont été assassinées "récemment" par un groupe armé islamiste à Boumefdâa, près de Medea, selon le quotidien "Al-Alem Al-siyassi du 6 février, qui ne donne pas plus de précisions sur la date de l'évènement. Cette tuerie aurait été suivie d'un accrochage entre le groupe qui l'a perpétrée et un autre groupe islamiste, rival; cet accrochage aurait fait quatre morts. La région de Médéa serait actuellement le théâtre de conflits entre groupes islamistes, et les massacres récemment enregistrés dans la région seraient le résultat de cette lutte opposant notamment le GIA et le FIDA. Des éléments du GIA auraient "récemment" investi la mosquée du village d'Aïn d'heb et menacé de mort tous ceux qui collaboreraient avec le FIDA "Dans ce cas, nous tuerons comme nous l'avons fait à Ktiten", auraient-ils dit selon le quotidien algérois "El Khabar". A Ktiten, dans la nuit du 31 janvier au 1er février, 31 personnes avaient été égorgées et décapitées; selon le quotidien algérois "Liberté", les victimes de cette tueries seraient des familles de membres du FIDA, accusé par le GIA de l'assassinat de son ancien chef Djamel Zitouni. Composé semble-t-il essentiellement d'universitaires, dont certains exilés en Europe, le FIDA serait responsable d'assassinats "ciblés" de personnalités du monde intellectuel, artistique et politique.

(AFP 10.2) Six personnes ont été assassinées par le GIA dans une opération lancée contre des sympathisants de l'AIS à Oued Senane le 9 février, selon le quotidien "El Khabar". Les membres du GIA auraient également égorgé 60 têtes de bétail appartenant aux victimes.

(AFP 14.2) Selon un reportage de l'AFP, les habitants du village de Ktiten, au sud-ouest d'Alger, sympathisants de l'AIS, se sont organisés pour défendre leur village contre les attaques du GIA (l'une de ces attaques y avait fait 30 morts le 1er février 1997). Des affrontements sporadiques opposent l'AIS et le GIA depuis deux ans dans certaines régions; l'AIS dénonce les massacres d'"innocents" commis par le GIA, qu'ils accusent d'être manipulé par les services de sécurité. Kiten aurait "fourni" une quarantaine d'hommes à l'AIS, et les autorités refusent d'armer ses habitants.

(AFP 15.2) Selon le quotidien "El Khabar", de violents affrontement ont opposé en février des combattants de GIA et de l'AIS dans le Djebel El-Abtal, dans la région de Mascara, ainsi que dans les montagnes de Médéa et de Bouira. Ces affrontements auraient fait des dizaines de morts des deux côtés selon le journal.

(AFP 15.2) Une nouvelle organisation islamique armée a annoncé sa constitution et fait allégeance aux dirigeants du FIS emprisonnés. Selon son communiqué, la "Ligue islamique de la daâwa et du djihad" (LIDD) a été fondée le 5 février et a désigné comme son Emir Cheikh Ali ben Hadjar. Le LIDD estime que les services secrets gouvernementaux ont "infiltré les rangs du djihad et l'on dévié de sa voie", ce qui a entraîné "l'assassinat des meilleurs d'entre les savants, les prédicateurs et les moudjahidine"; elle ajoute que les "combattants sincères" ont quitté les rangs du GIA et dénoncé ses actions et sa doctrine, et sont restés fidèles "aux dirigeants du FIS Abassi Madani, Ali Belhadj et Mohamed Saïd" (ce dernier a été assassiné par le GIA en 1994). D'entre les 17 principes énumérés par la LIDD comme étant les siens, on peut noter "le pouvoir à la Nation", "l'obligation de la choura" (consultation), "la garantie des libertés individuelles et collectives", les relations "d'amitié et de coopération avec les autres organisations islamiques" et la "paix dans les relations avec les non-musulmans".

(AFP 22.2) Selon le quotidien "Al Hayat" du 22 février, les massacres de civils dans les régions de Blida et de Médéa sont la conséquence de réglements de compte entre milices anti-islamistes et groupes armés islamistes, à partir du massacre de la famille d'Antar Zouabri (le chef du GIA) par des gardes communaux, suivi de la vengeance du GIA de Zouabri contre toutes les familles "qui ne lui sont pas acquises". Selon un repenti, Zouabri aurait également ordonné à ses hommes de massacrer les familles de membres du GIA considérées comme "suspectes", et au moins un homme qui refusait d'exécuter cet ordre aurait été tué sur le champ devant sa famille.

(AFP 23.2) "El Watan" affirme que "la guerre entre les groupes armés s'intensifie", provoquant des dizaines de morts dans les rangs des groupes rivaux de GIA ou de l'AIS. Les cadavres de cinq membres du GIA dissident de la région de Larbaa, dont l'"Emir" est Mustapha Kertali, ont été retrouvés le 20 février sur la route de Laghouat.

(AFP 24.2) Dans un communiqué signé de son chef, Antar Zouabri, mais non authentifiable, daté du 22 février et publié le 24 février par le quotidien "Al-Hayat", le GIA annonce une "nouvelle phase" de la guerre contre le pouvoir et promet des "explosions en plein coeur d'Alger et de Blida". Le GIA promet égaéement d'égorger "tous les apostats et leurs alliés dans les villes et les villages". Par ailleurs, la publication du GIA "Al-Djamâa" (Le Groupe), citée par "Al-Hayat", revendique les massacres et les attentats commis récemment à Sidi-Lekbir, Ben Salah, Bentalha, Tissemsilt, Berrouaghia et Koléa, contre des "familles qui sont proches du pouvoir".

(AFP 12.3) Des dizaines de militaires, policiers, gardes communaux et membres des milices anti-islamistes comparaîtront prochainement devant les tribunaux algériens, sous l'accusation (notamment) de "violation des libertés individuelles et sévices corporels sur des détenus". L'information a été donnée le 12 mars par le quotidien "Liberté", qui cite des "sources proches du président de l'Observatoire national des droits de l'Homme" (ONDH, Kamel Rezzag-Bara. Le journal cite le cas d'un groupe de miliciens anti-islamistes et de leur responsable militaire, déjéà incarcérés, accusés d'avoir "abusé de leur autorité" contre la population de Bougara, ainsi que les cas d'un policier accusé d'avoir tué un civil à Mérouana et d'un garde communal accusé d'avoir utilisé son arme de service à desfins personmnes à Boufarik. Selon des estimations officieuses, les effectifs des gardes communales et des milices anti-islamistes approcheraient les 200'000 hommes. Un décret récemment paru au journal officiel définit les "conditions d'exercice de l'action de légitime défense dans un cadre organisé" de ces groupes, officiellement dénommée "Groupes de légitime défense" (GLD), constituée de "volontaires", sans rémunération, prime ou indemnité (sauf si leur angegement dans les GLD les empêche d'exercer normalement leur activité professionnelle), dûment autorisés par les pouvoirs publics (le préfet, sur demande des habitants et après avis des services de sécurité), dirigés par un responsable de groupe ou un agent locaux des forces de l'ordre ou de sécurité et contrôlés par le sous-préfet. L'action de "légitime défense" est définie comme une action de "riposte à titre individuel ou dans un cadre organisé, à toute agression, acte de terrorisme ou de subversion, (...) de criminalité ou de délinquance organisée"; elle est destinée à "prévenir ou à riposter aux actes de terrorisme et de subversion dirigés contre les sites d'habitation, les lieux de vie sociale ainsi que les équipements publics". Les membres des GLD sont armée par les autorités et doivent être munis de signes "distinctifs apparents et exempts de toute source de méprise ou de confusion". Ils ne peuvent pénétrer à l'intérieur d'un domicile ou d'un espace clos "qu'en cas de retranchement de fuyards ou en cas de nécessité de porter secours".

(AFP 26.3) Les forces de sécurité ont annoncé le 26 mars avoir abattu la veille dans un accrochage à Bab El-Oued le chef présumé du FIDA (Front islamique pour le Djihad armé), Abdelkader Seddouki, dit "Ahmed Abou El-Fida". Un autre groupe islamiste armé, la LIDD (Ligue islamique de la Daâwa et du Djihad) avait annoncé l'arrestation de Seddouki le 9 mars et avait annoncé que Abdelkader Seddouki avait été ensuite soumis à la torture. La LIDD avait également annoncé l'arrestation de Abdennour Kaddour, fondateur du FIDA, dont les forces de sécurité avaient, elles, annoncé la mort dans une opération de ratissage dans le quartier d'El-Madania, le 18 mars. Un troisième chef du FIDA, Mohamed Brahini, dit Abou Hammam , avait été tué par les forces de sécurité en mai 1996 avec quinze membres du groupe, à Birmandreis. Le FIDA, organisation armée de la tendance "djézariste" (algérianiste) de l'islamisme armé algérien, s'est spécialisé dans les assassinats "médiatiques" d'intellectuels, de journalistes et de personnalités politiques. Un communiqué non authentifié du FIDA avait revendiqué l'assassinat le 28 janvier 1997 du chef de l'UGTA, Abdelhak Benhamouda. Le FIDA était la cible d'opérations armées des GIA, représentatifs de la tendance "salafiste" (tenante d'un islam "universel" sans spécificité algérienne) de l'islamisme algérien, et les affrontements entre les deux organisations ont déjà fait, selon la presse algéroise, plusieurs centaines de morts.

(AFP 30.3) Le Front Islamique pour le Djihad armé (FIDA) a annoncé, dans un communiqué daté du 29 mars, le 30 mars la nomination à sa tête de "Omar El-Fidaï", qui succède à Abdelkader Seddouki, alias Ahmed Abou El-Fida, abattu par les forces de sécurité. Le FIDA annonce également la nomination comme "officier religieux" de "Tarek", qui succède à Abdennour Kaddour, lui aussi abattu par les forces de sécurité. L'identité véritable de "Omar El-Fidaï" et de "Tarek" n'a pas été révélée. Le communiqué du FIDA, signé de Omar El-Fidaï, annonce que le groupe est "prêt à poursuivre son combat" et à "porter d'autres coups aux tyrans et aux injustes".

(AFP 1.4, 2.4) Le procès de Djamel Lounici, présenté comme l'un des chefs de l'islamisme armé en Europe, qui devait comparaître à partir du 2 avril devant le tribunal correctionnel de Naples poour trafic et usage de faux papiers et association de malfaiteurs, a été reporté au 16 mai en raison d'une grève des avocats du barreau de Naples. Lounici, emprisonné depuis mai 1995 en Italie, est présenté par les services de renseignements occidentaux comme l'un des responsables des réseaux d'approvisionnement en armes des maquis islamistes algériens, et comme l'un des coordinateurs des réseaux des GIA en Europe. Il a été condamné à mort en Algérie, et condamné par défaut à cinq ans de prison ferme en janvier 1997 par la justice française pour trafic et usage de faux papiers lors du procès d'un réseau islamiste constitué en France et à l'origine d'une campagne d'attentats au Maroc en 1994. La France devrait d'ailleurs demander, et obtenir après le procès italien, l'extradition de Lounici pour "association de malfaiteurs". Selon le Parquet de Naples, Lounici était un proche collaborateur de Rabah Kebir et était en contact en Allemagne avec la famille d'Abassi Madani.

(AFP 8.4, 9.4, 10.4, 12.4) Onze personnes de nationalité algérienne, soupçonnées d'être membres d'"une structure de l'organisation terroriste GIA, basée en Espagne comme pont entre l'Algérie et le reste de l'Europe", ont été arrêtées du 6 au 9 avril à Valence (Espagne). Les activités du groupe consistaient notamment à faciliter le passage de militants du GIA, d'obtenir documents, logements et véhicules et, selon la police espagnole, de fournir "l'appui nécessaire pour la préparation et la réalisation d'actions dans n'importe quel pays". La police accuse le groupe d'avoir financé ses activités par des cambriolages et des vols de voiture. La police a saisi des véhicules, deux armes de poing, des téléphones portables, des équipements radios, des appareils photos et de nombreux documents d'identité de plusieurs pays, souvent falsifiés, ainsi que des revues islamistes. Neuf des onze personnes arrêtées séjournaient illégalement en Espagne. Selon le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité Ricardo Marti Fluxa, le démantèlement du groupe permettra d'"éviter des problèmes en France" et est "un exemple de coopération anti-terroriste dans les pays européens". Selon une chaîne de télévision privée espagnole, un second réseau du GIA algérien serait établi en Catalogne. Le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité Ricardo Marti Fluxa a déclaré le 12 avril qu'il était impossible "d'assurer pour le moment que l'Espagne soit un lieu de prédilection pour (les) commandos du Groupe islamique armé".

(AFP 11.4) Le douzième numéro du bulletin du GIA, "Al Djamaa", distribué à Londres, désigne la France comme l'une des principales cibles du groupe et annonce la poursuite de son activité armée : "Ô Chrétiens, ô Juifs, l'armée de Muhammad va revenir". Le GIA explique les raisons pour lesquelles les islamistes armés se doivent de "combattre particulièrement" la France (seul pays étranger évoqué dans le bulletin). Qualifiée de "mère des hypocrites", elle a "déclaré une guerre ouverte au groupe islamique armé (...) et appuie conditionnement (les) impies" au pouvoir en Algérie. Le bulletin du GIA revendique au nom du groupe 41 "opérations" effectuées en Algérie durant le mois de Ramadan : 20 à Alger et 21 à Boufarik et Blida.

(AFP 22.4) Djamel Lounici, considéré comme l'un des responsable des réseaux d'approvisionnement en armes des islamistes armés algériens et l'un des coordinateurs des réseaux islamistes en Europe, emprisonné en Italie depuis le 12 mai 1995, a entamé une grève de la faim le 13 avril. En attente d'extradition vers la France, il a été arrêté par la police italienne sur la base d'un mandat d'arrêt international lancé par la France, et doit être jugé à Naples pour trafic et usage de faux papiers et association de malfaiteurs, puis extradé vers la France. Selon son avocat, sa détention n'est actuellement plus motivée que par la demande d'extradition française, et il se considère, selon un communiqué du "centre d'observation islamique" de Londres, "comme un otage chez les autorités italiennes".

(AFP 25.4, 26.4) Une opération de police contre un réseau d'appui au GIA a abouti le 25 avril à quatre arrestations à Barcelone (Catalogne), une cinquième personne, qui pourrait être le chef du réseau, étant en fuite et deux autres personnes, résidant également à Barcelone, étant identifiées et recherchées. Selon des sources policières espagnoles, le groupe démantelé était chargé d'appuyer ou de prêter refuge à des activistes du GIA préparant des actions en Europe (notamment en France) ou fuyant la police. Les quatre personnes arrêtées sont toutes de nationalité algériennes et portaient de faux papiers d'identité au moment de leur capture. De nombreux documents, des contrefaçons de vêtements et de montres de luxe et de l'argent "provenant d'activités économiques illicites" selon la police, ont été saisi, au cours de six perquisitions, mais aucune arme. Le 26 avril, trois des quatre Algériens arrêtés ont été remis en liberté, "aucun élément constitutif d'un délit (n'ayant) été retenu" contre eux.

(AFP 30.4) Mustapha Kamel, alias Abou Hamza, l'un des responsables du bulletin "Al Ansar", publication clandestine officieuse du GIA publiée à Londres, a mis en garde dans un entretien avec l'AFP, contre une recrudescence des "opérations armées" en Algérie "à l'approche du scrutin législatif du 5 juin, car beaucoup de gens, qui n'étaient pas considérés comme des civles auparavant vont le devenir". Abou Hamza, sujet britannique qui se dit ouvertement partisan du GIA, a déclaré qu'il n'y avait pas de "solution pacifique" au conflit algérien, "car chacune des deux parties en conflit sait que l'existence de l'autre signifie sa propre disparition". Abou Mahza a décrit le rôle de son journal comme étant "de s'assurer que le Djihad en Algérie n'enfreint pas la Sharia, d'évaluer ce qui est licite au regard de la loi coranique et d'informer les gens sur la réalité du combat et de ses raisons". Le GIA a deux publications officielles, "Al Djamaa" et "Al Qital".

(AFP 4.5) Le mouvement armé des "Fidèles au Serment" a promis de combattre les responsables des massacres de civils en Algérie, qu'il impute aux "renégats" des GIA, dans un communiqué contenu dans le numéro 18 (2 mai) du bulletin hebdomadaire du mouvement, "Nour El-Misbah" (la clarté du flambeau). Le communiqué est signé du chef des "Fidèles au serment", Abderrahmane Abou Djamil et "réaffirme sa promesse de combattre les groupuscules qui ont commis ces crimes et les ont revendiqués dans leurs bulletins par des fatwas autorisant les meurtres d'enfants et de femmes". Les "Fidèles au serment" précisent que "l'ennemi véritable est le taghout" (tyran), c'est-à-dire le pouvoir, et affirment que les GIA sont infiltrés par les services secrets algériens, en en donnant pour preuve le fait que les massacres ne visent que des villages "connus pour leur soutien aux moudjahidines" et que les opérations militaires ont évité les régions où se trouvent les GIA, comme Chréa, Tala Akba, Souhane et Remili.

(AFP 19.5) Les premières affiches portant les portraits des islamistes dont les têtes sont mises à prix sont apparues sur les murs d'Alger le 19 mai. Ces affiches sont au nombre de sept, réparties en quatre catégories selon l'importance de la personne recherchée. La première catégorie offre une prime de 4,5 millions de dinars (environ 115'000 FS) pour la capture notamment du chef du GIA Antar Zouabri, du chef de l'AIS Madani Mezrag et du chef de l'AIS pour l'ouest algérien Ahmed Benaïcha. La deuxième catégorie offre une prime de 3 millions de dinars (environ 75'000 FS) pour la capture notamment de Saïd Makhloufi, fondateur du Mouvement de l'Etat islamique, Mustapha Kertali, chef des groupes armés de la région de Larbaa et Miloud Habbi, autre chef de groupe armé. La troisième catégorie offre une prime de deux millions de dinars (environ 50'000 FS) pour la capture notamment de Farid Achi, chef "spirituel" du GIA et Athmane Khelifi, dit Goucine Flicha, "emir" de la Casbah d'Alger (dont la mort a été annoncée à plusieurs reprises par la presse). La quatrième catégorie offre une prime d'un million de dinars (environ 25'000 FS) pour des cadres moins connus des groupes armés.

(Libération, 26 mai) L'hebdomadaire britannique "The Observer", qui consacre la "une" de son dernier numéro de mai à la situation en Algérie, évoque l'hypothèse que "les massacres (en Algérie) ainsi que les attentats à Paris" soient "manipulés par les services de renseignement algériens", pour obliger la France à soutenir le pouvoir en place. Selon unanalyse de la CIA cité par le journal britannique, "les services secrets algériens ont infiltré et manipulé des groupes terroristes pour montrer à l'Occident, et surtout à la France, que les islamistes sont un mouvement inacceptable".

(Reuter 23.6) Un tribunal de Düsseldorf (Allemagne) a condamné le 23 juin à des peines de prison deux des fils d'Abassi Madani, Président du FIS, pour "appartenance à une organisation criminelle" visant à la fourniture de faux papiers à des islamistes en Algérie. Salim Abassi a été condamné à 32 mois de prison et Ikbal Abassi à 28 mois, mais ces peines couvrent pratiquement leur détention préventive. L'accusation de constitution d'un réseau de trafic d'armes a été abandonnée par l'accusation.

(AFP 1.7) Cinq Algériens, membres présumés du GIA, ont été condamnés le 30 juin à Turin à des peines de prison pour "association de délinquants et faux". Arrêtés lors d'une vaste opération policière le 7 novembre 1996, les condamnés étaient notamment soupçonnés par la police italienne d'avoir eu un "rôle logistique" dans les attentats commis en France en 1995, et qui ont fait 8 morts et près de 200 blessés).

(AFP 30.6, Reuter 1.7, 2.7) Le GIA a annoncé le 30 juin dans un communiqué reçu à Nicosie la défection en juin de Radouane Makadour (alias Mohhamed Saïdi, alias Abou Bassir), son "numéro deux" et responsable de ses relations extérieures, qui se serait rallié aux autorités algériennes après avoir, selon le quotidien algérois "liberté" du 1er juillet, livré aux autorités des informations sur l'organigramme et les maquis du GIA. Trois islamistes islamistes algériens auraient été arrêtés en Grande-Bretagne grâce à ces informations, transmises par les services de sécurité algériens à leurs homologues britanniques. Le GIA souligne dans son communiqué le caractère prioritaire de la lutte "contre les apostats et les renégats" et, sous la plume de Farid Achi, appelle "ses contacts à l'étranger à faire preuve de prudence car le traître les a donnés et a torpillé tous les projets de transport et d'acheminement des armes". Le 2 juillet, plusieurs journaux algériens, relayés par l'agence officielle Algérie Presse Service, ont démenti, dans des articles apparemment inspirés par les autorités, la reddition de Makadour. Selon ces journaux, l'annonce de cette reddition par le GIA masquerait une "guerre interne". Le quotidien algérois "Liberté" qui avait annoncé le 1er juillet la reddition de Makadour annonce le 2 qu'il a en fait été blessé dans un accrochage sur les monts de Chrea au début du mois de juin, et a réussi à échapper aux forces de sécurité. "Liberté" considère que le communiqué du GIA accusant Makadour de trahison masque un putsch interne visant à sa liquidation par une faction rivale du GIA.

(AFP, Reuter, 24.7, 25.7, 26.7, 27.7) Antar Zouabri, alias Abou Talha, 27 ans, chef des GIA de l'Algérois, aurait été tué avec plusieurs de ses lieutenants et de 60 à 140 (selon les sources) autres islamistes armés le 22 juillet dans une vaste opération lancée par l'armée dans la région d'Hattatba, entre la Mitidja et Tipaza. L'opération aurait été lancée contre une réunion de plusieurs GIA. Zouabri, né en mai 1970 à Haouche Grau, près de Boufarik, dans une famille dont plusieurs membres ont milité au sein du FIS puis rejoint les GIA, avait succédé à Djamel Zitouni à la tête des GIA. Sa tête était mise à prix pour 4,5 millions de dinars (environ 110'000 FS) et il avait déjà plusieurs fois été donné pour mort. Les GIA ont cependant toujours réussi à surmonter la disparition de leurs "émirs" (tel Chérif Gousmi, tué en septembre 1994), même lorsqu'ils étaient abattus par des GIA dissidents (comme ce fut le cas en juillet 1996 de Djamel Zitouni). Plusieurs GIA (comme celui commandé par Abou Djamil) ont en outre fait dissidence de ceux commandés par Zouabri, qui ne contrôlait plus réellement que les GIA de la Mitidja et de la région de Médéa, et qui aurait lui même abattu ou fait abattre une douzeine de ses lieutenants qui projetaient de se rendre aux autorités, et avait signé un communiqué déclarant la "guerre" à tous ceux qui refuseraient de se soumettre à lui. La nouvelle de la mort de Zouabri a été démentie par la radio marocaine de Tanger "Med-1", qui fait état d'un communiqué du GIA qualifiant "les allégations concernant l'opération de Hattatba et la mort de Zouabri" de "pures inventions, déunuées de tout fondement". Le 25 juillet, un homme se présentant comme Mohamed Redouane, chargé des "relations extérieures du GIA", avait contacté la station de radio par téléphone pour lui expliquer que "Zouabri n'est pas mort" et qu'"il combat aux côtés de ses troubles". Redouane aurait également assuré que le GIA va "donner rapidement la preuve que son chef est bien vivant". En juillet 1996, c'était déjà Mohamed Redouane, alias Redouane Makadour, alias Abou Bassir, qui avait annoncé l'exécution de Djamel Zitouni par des dissidents du GIA, et son remplacement par Antar Zouabri. Le 15 juillet, le quotidien algérois "El Watan" annonce la confirmation de "façon catégorique" par des membres des services de sécurité de la mort de Zouabri, qui aurait été tué le 24 juillet. Selon le quotidien "Le Matin", trois autres "Emirs" du GIA auraient été tués avec Zouabri, un quatrième -celui de la région de Koléa, connu sous le nom du "fils du cordonnier", aurait réussi à s'échapper mais aurait été encerclé dans la localité voisine de Magtâa-Kheira. Le 27 juillet, le quotidien "La Tribune" a affirmé que le cadavre de Zouabri, exposé sur un camion militaire, a été reconnu par des habitants de Tipaza le 24 juillet.

(AFP, Reuter, 23.7) Des informations évoquant dans le quotidien arabe "El Hayat" l'intention du chef de l'Armée islamique du salut (AIS), Madani Mezrag, de se rendre aux autorités ont été démenties le 22 juillet par le porte-parole du FIS à l'étranger, Abdelkrim Ould Adda, qui les a qualifiées de "pures affabulations". "La reddition n'est pas à l'ordre du jour des hommes libres de l'AIS", a déclaré M. Ould Adda, qui a insisté sur la cohésion qui règne selon lui entre le FUIS et l'AIS, son bras armé, et réaffirmé la "disposition" de l'AIS à "oeuvrer pour la paix, dans le cadre d'une solution politique globale". Selon "Al Hayat", des contacts auraient eu lieu entre Madani Mezrag et son adjoint Aïssa Lehlih et des officiers de la région militaire de Constantine, qui lui auraient présenté des garanties dans le cadre de la loi sur la "Rahma" (clémence) à l'égard des repentis -loi dont un millier d'anciens membres des GIA ou de l'AIS auraient déjà bénéficié. Madani Mezrag fait partie des islamistes armés les plus recherchés d'Algérie, et sa tête a été mise à prix pour l'équivalent d'environ 110'000 FS.

(AFP, 1.8) Le Groupe islamique armé a revendiqué auprès de la radio marocaine Médi-1 l'attentat à la voiture piégée commis le 30 juillet à Alger, a affirmé pouvoir "frapper où il voulait" et promis d'autres "actions spectaculaires" dans la capitale en riposte à l'offensive de l'armée à Hattatba, offensive dont le GIA a reconnu qu'elle aurait fait 72 morts dans ses rangs. Le GIA a reconnu également que 61 de ses membres ont été fait prisonniers lors de l'offensive, et a revendiqué la capture de trois officiers des forces de sécurité, lesquelles auraient en outre subi des pertes "sensibles".

(AFP 1.8) L'Armée islamique du salut a proclamé dans la dernier numéro du bulletin officieux du FIS "El Ribat" continuer son "mouvement de Djihad". "El Ribat" affirme que l'AIS s'oppose "exclusivement aux forces de répression" et défend la population contre les "raids lâches perpétrés par des groupes criminels", et fait "allégeance" à la direction du FIS. "Il est donc illusoire de compter sur un revirement des positions des Moudjahidines de l'AIS", conclut "El Ribat", qui dément les "rumeurs mensongères et tendancieuses" évoquant des "redditions fictives" de responsables de l'AIS aorps la libération d'Abassi Madani.

(AFP 7.8) Le bulletin clandestin du GIA "Al Djamâa" justifie, dans son treizième numéro daté de juin 1997, les massacres de civils, dans un texte de 14 pages signé par Mahfoud Assouli, alias Abou el Moundhir. "Nous répondons à ceux qui nous accusent de tuer aveuglément que nous combattrons ceux qui ont trahi et se sont rendus au taghout" (le pouvoir en place), écrit Abou el Moudhir, qui affirme que "nous ne faisons ici rien d'autre qu'appliquer les préceptes de Dieu et du Prophète". "Quand vous entendez parler de tueries et d'égorgements dans une ville ou dans un village, sachez qu'il s'agit de partisans du taghout", ou du respect des ordres des chefs du GIA "qui ordonnent de faire le bien et de combattre le mal". Dans cette logique, Abou el Moundhir explique qu'il est "licite" de tuer des civils, femmes et enfants compris, quand ils se trouvent dans les mêmes lieux que les "ennemis", et que s'il arrive que l'on tue des innocents, ils seront alors considérés comme des "martyrs". Afin de "lutter contre le mal", les GIA ont également le devoir d'éliminer "ceux qui ne font pas la prière, consomment l'alcool et la drogue, les homosexuels et les femmes libertines et débauchées". Abou el Moundhir établir une classification de la population en trois camps : ceux qui ont rejoint le "Djihad", ceux qui ont déclaré la "guerre aux partisans de la religion, par la main, par la langue ou par la plume", et ceux, "imposteurs" et "mécréants", qui ont "délaissé la religion" et sont en faveur de la "démocratie et des élections". "Leur sort est la mort", précise le porte-parole du GIA, pour qui ceux qui ne peuvent rejoindre ou aider les "moudjahidines" doivent s'exiler, et qui explique que dans certaines régions les populations auparavant favorables au GIA ont rallié le camp du pouvoir "par peur ou par intérêt" et "sont devenues les ennemis des Moudjahidines, du plus jeune de leurs enfants au plus âgé de leurs vieillards" -de sorte qu'"il n'y a pas de tueries aveugles" et que "les Moudjahidines ne tuent que ceux qui méritent la mort". Enfin, Abou el Moundhir évoque un certain nombre d'élimination au sein du GIA, opérées par les tenants de la ligne "salafiste" (islam "pur") contre ceux d'une ligne "djazariste (islam "algérien"), comme Abdelwahab Ouahabi (émir du GIA pour l'ouest, liquidé le 29 septembre 1996 avec plusieurs de ses hommes), Abou el Walid, Benyekhlef et Khaled Séhali.

De son côté, le bulletin officieux du FIS "El Ribat" condamne les massacres de civils, dénonce l'"égarement criminel" du GIA (qualifié de "groupuscule") et impute certains massacres à des groupes de "faux moudjahidines" circulant dans le pays "vêtus à l'afghane", mais qui ne seraient en réalité que des milices anti-islamistes.

(AFP 7.8) Antar Zouabri, chef (ou l'un des chefs) du GIA, n'a été "ni tué, ni capturé, ni encerclé" mais est "occupé par le combat", a déclaré au quotidien saoudien "El Hayat" du 6 août l'un des responsables de la publication "El Ansar", proche du GIA, Moustapha Kamal dit Abou Hamza el Misri.

(AFP 9.8) Le chef de la Ligue islamique pour la prédication et le Djihad, groupe dissident du GIA, Ali Ben Hadjar, a demandé dans un communiqué publié par "Al Hayat" du 9 août des "garanties pour les moudjahidines sincères" en prévision d'une éventuelle trève avec les autorités. Ali Ben Hadjar a accusé le "pouvoir algérien" de commettre "des tueries en collaboration avec le GIA".

(Le Matin, 27.8) Selon le quotidien algérois "Le Matin", un nouveau mouvement connu sous le nom des "Révoltés contre Dieu" (El Ghadiboun ala Allah) aurait émergé des rangs des GIA, dans les montagnes de Zbarbar et de Blida. Ses membres "se font couper l'index de la main droite (...) les cils et les sourcils". Selon le quotidien, "ils en veulent à Dieu, qui les a abandonnés" et prendraient particulièrement pour cible les femmes afin d'empêcher "la naissance de nouveaux musulmans". Selon une rumeur persistante, reprise par la presse algéroise, ce groupe serait responsables des derniers massacres de populations civiles.

(AFP 17.9) Le quotidien algérois "El Watan" du 17 septembre a constaté que les groupes islamistes armés continuaient de bénéficier du soutien, voire de la complicité, d'une partie de la population : "certaines populations continuent, malgré les melheurs qui frappent les citoyens, d'apporter leur soutien aux groupes terroristes, leur permettant ainsi de bénéficier de larges complicités pour échapper aux opérations de ratissage ou de contrôle".

(Reuter 22.9) Selon le quotidien algérois "La Tribune" du 21 septembre, le massacre commis dans la nuit du 19 au 20 septembre à Guelb el Kebir, dans la région de Béni Slimane, serait une expédition punitive menée par un groupe de l'Armée Islamique du Salut (AIS) contre un village abritant une base logistique du GIA.

(Reuter, AFP, 24.9) Dans un communiqué daté du 21 septembre (donc d'avant le massacre de Bentalha-Baraki) et signé de son "Emir national" Madani Mezrag, l'Armée Islamique du Salut (AIS), branche armée du FIS, a appelé à l'arrêt des combats et décidé d'un cessez-le-feu unilatéral, inconditionnel et indéfini. Madani Mezrag ordonne à "tous les chefs des compagnies combattantes sous son commandement d'arrêter les opérations de combat à partir du 1er octobre" et demande à tous les "autres groupes attachés aux intérêts de la religion et de la nation" de se "rallier à cet appel", afin de "dévoiler l'ennemi qui se cache derrière les abominables massacres" et d'"isoler les criminels et ceux qui se cachent derrière eux parmi les ennemis de l'Algérie et de la religion". L'appel de l'AIS a fait exceptionnellement la "une" de la presse algéroise, ce qui implique un accord des autorités à sa publication. Même "El Moudjahid" y a vu un "grand tournant", à condition d'être "suivi d'effets", et une "décantation politique majeure qui va accélérer à la fois la décomposition complète du terrorisme et le retour du pays (...) à la double stabilité politique et économique", même si cette "position sage bien que tardive" risque encore d'être "altérée ou court-circuitée par ceux qui ne veulent pas que l'Algérie panse ses blessures et retrouve la paix". L'AIS est surtout active dans l'est (où elle est directement dirigée par Madani Mezrag, et où elle observe déjà une trève tacite) et dans l'ouest algérien, mais peu présente dans l'Algérois où se concentrent la plupart des massacres de civils et où sévissent les GIA (qualifiés par l'AIS d'"extrémistes pervers") et les groupes qui en sont dissidents. Par ailleurs, l'appel de l'AIS à la trève confirme que des contacts "se déroulent depuis longtemps" entre elle, le FIS et le pouvoir. Madani Mezrag explique que l'AIS "tente, à travers ces contacts, de mettre devant leurs responsabilités les ennemis d'hier et d'aujourd'hui" pour "encourager les fils de l'Algérie à prendre l'initiative d'agir ensemble pour le retour de la sécurité et la stabilité afin de sortir du pays de la crise". L'Emir de l'AIS accuse les adversaires de ce dialogue et des "quelques mesures d'apaisement dans le sens de la détente" prises par le pouvoir, comme la libération d'Abassi Madani, de "manipuler leurs pions dispersés çà et là" pour se retourner contre le peuple "avec une extrême barbarie", "attiser le feu de la discorde et faire échouer tout projet susceptible d'animer le pays et de motiver les citoyens".

(AFP 26.9, Libération 27.9) Un communiqué diffusé le 26 septembre à Londres en annexe au bulletin officieux du GIA "El Ansar", revendique au nom du GIA les massacres commis (avant celui de Bentalha) en Algérie, et dénonce l'appel de l'AIS à la trève des combats. Le communiqué, qui semble être antérieur au massacre de Bentalha, porte le cacher du GIA et la signature d'Antar Zouabri, alias Abou Talha, "Emir" supposé du GIA. Usant de la phraséologie habituelle du GIA, le texte (dont le ministère français de l'Intérieur a estimé le 26 septembre qu'il "semblait authentique") promet la poursuite des massacres, menace la France de nouveaux attentats, intime aux Nations Unies l'ordre de ne pas "suivre la voie de la France" sous peine d'être frappée comme elle et menace de mort des les partisans de l'AIS. Le texte justifie comme une "offrande à Dieu" "toutes les tuerues, les massacres, les incendies, les déplacements de population, les enlèvements de femme" et désigne comme "impies" non seulement les "tyrans" (membres du pouvoir en place), mais aussi leurs parents et leurs partisans, que le GIA "traque dans les villages et déserts", "éradique", dont il "détruit" les champs, "capture les femmes et confisque" les biens. A la France, le GIA promet "destructions et défaites" et déclare : "Nous n'avons pas oublié et n'oublierons pas les aides que vous donnez aux impies, et ne faibilrons pas dans notre combat contre vous". Aux Nations-Unies, accusées d'être dirigées par les "juifs maudits, l'Amérique et ses alliés impuissants", le GIA promet de n'avoir "ni merci, ni pitié" si elles suivent la politique de la France. S'agissant enfin des partisans de l'AIS, le GIA demande "à Dieu qu'il nous permette de prendre le dessus et de couper leurs têtes".

(Le Monde, AP, 26.9) La trève décrétée par l'AIS à partir du 1er octobre semble déjà respectée dans la région de Jijel, où sont nés les premiers maquis islamistes et où de sanglants affrontements avaient opposé l'AIS et les GIA, à l'avantage de la première qui bénéficiait de l'appui de la population locale. Par contre, il semble qu'elle aura du mal à s'imposer dans les autres régions d'implantation de l'AIS. Dans la région d'Annaba, l'"Emir" de l'AIS (qui se trouve être le frère de Rabah Kébir, l'un des dirigeants du FIS en exil) aurait émis des "réserves". Dans l'Oranais, certains chefs locaux s'opposeraient également à la trève. Dans l'Algérois, où l'AIS est bien moins implantée que les GIA, elle pourrait être utilisée par le pouvoir contre ces derniers. Ceux-ci sont cependant eux-mêmes divisés sur l'attitude à adopter face à la décision de l'AIS de suspendre les combats. Une vingtaine d'"Emirs" régionaux des GIA se seraient réunis le 26 septembre "quelque part au sud d'Alger", sous la supervision de l'un d'eux, "Abou Djamil", pour tenter d'adopter une position commune, sans y arriver. Les adversaires de la trève exigent en préalable à toute décision une réunion de "Madjlis Echoura" (Conseil consultatif) des GIA, et contrôlent les GIA de l'Algérois. Les Emirs des GIA des régions de Médéa et de Blida seraient par contre majoritairement favorables à un ralliement à la trève décidée par l'AIS.

(Reuter 30.9) Dans un communiqué transmis le 26 septembre au quotidien arabe "Al Hayat", le GIA déclare vouloir continuer à "tuer et massacrer" en Algérie, "avec la bénéfiction de Dieu", tant que "le nom de la religion ne se sera pas imposé et que le nom de Dieu n'aura pas été porté au plus haut". Le communiqué réitère la position du GIA : "pas de dialogue, pas de trève et pas de réconciliation".

(AFP 1.10, 4.10) Le porte-parole de l'instance exécutive du FIS à l'étranger, Abdelkrim Ouldadda, a affirmé que toutes les unités combattantes de l'AIS "sans exception" ont observé l'appel unilatéral à l'arrêt des combats lancé le 21 septembre par le chef de l'armée islamiste, Madani Mezrag. Abdelkrim Ouldadda a cependant déclaré que l'AIS n'avait pas pour autant déposé les armes : "c'est une trève, pas une reddition", a-t-il précisé. Le porte-parole du FIS a également fait état de "contacts poussés" entre les "compagnies de l'AIS et d'autres compagnies autonomes" pour les associer à la trève, et a fait état de "résultats positifs et encourageants", notamment dans le centre du pays. Il a réitéré la condamnation par l'AIS des massacres de population civile, et estimé à plus de 10'000 le nombre des combattants du bras armé du FIS (les estimations les plus généralement faites lui en accordent dix fois moins). Abdelkrim Ouldadda a enfin déclaré que la trève de l'AIS "durera le temps nécessaire à la mise en place d'une dynamique permettant l'adhésion des gens sincères" à une "solution politique négociée, juste, globale et durable". Dans un comminiqué transmis le 4 octobre, l'émir de l'AIS pour la région ouest, Ahmed Benaïcha, s'est rallié publiquement à la trève "en concrétisation des deux lettres du cheikh Abassi Madani datées du 26 juillet et du 14 août dans lesquelles il incite à l'arrêt de l'effusion de sang dans les plus brefs délais possibles". Selon un représentant du FIS à Londres, Ahmed Zaoui, Abassi Madani serait cependant en désaccord avec la trève décidée par Abani Mezrag et la rejetterait ainsi que "tous les contacts qui y ont conduit" parce "ce plan (...) a été appliqué et soutenu par des gens qui n'ont pas autorité au sein du FIS pour prendre des décisions en ce domaine". Ces propos semblent confirmer l'hypothèse de dissensions au sein du pouvoir, entre le FIS et l'AIS et entre les différentes instances qui se réclament du FIS, en confirmant les rumeurs selon lesquelles le cessez-le-feu de l'AIS serait le fruit de tractations entre l'"armée" du FIS et l'un des clans au pouvoir, tractations démenties par le président Téroual mais menée entre "militaires" des deux bords et dans le dos des "politiques".

(Reuter 8.10, 9.10) La presse algéroise du 8 octobre rend compte des propos de la soeur du chef d'un GIA,Nacira Ould Hamrane Zohra, dont le frère Rachid dit "Djeha"a été abattu il y a quelques mois,. Sa soeur a affirmé avoir pour le compte du GIA dépouillé les cadavres des femmes assassinées lors du massacre de Bentalha, en septembre. "Ils égorgeaient, je ramassais les bijoux sur les cadavres", a déclaré Nacira, qui a également affirmé qu'elle indiquait aux "terroristes" les foyers des "sympathisants qu'il ne fallait pas massacrer". Elle a également affirmé que son père avait été exécuté par le GIA parce qu'il voulait dénoncer son fils à la police, qu'elle-même avait été contrainte d'agir comme elle l'a fait sous la menace d'être tuée et n'a finalement été capturée par les forces de sécurité que sur dénonciation de sa mère. Selon Nacira Ould Hamrane, le GIA auteur du massacre de Bentalha était dirigé par un certain "Laazraoui", de son vrai nom Salim Mohammed, "emir" prusumé du GIA de Baraki. et qui selon "El Watan" du 9.10 aurait été abattu l'avant-veille à Ouled Allal (avec un autre"émir", Reggas, et une vingtaine de leurs hommes).

(Reuter 8.10, JGE 11.10) Selon la presse algéroise du 8 octobre, le pillage qui accompagne les massacres de population civile par les GIA est une importante source de revenus pour ces groupes, et leur permet de s'acheter armes, munitions et maisons (transformées en repaires). Selon un officier de l'armée cité par "El Watan", l'"Emir" national des GIA, Antar Zouabri, serait devenu grâce au racket, au pillage et au dépouillement des victimes des massacres, l'un des hommes les plus riches d'Algérie. Le montant de l'argent ammassé par Zouabri dans le seul secteur de la Mitidja (Alger et Blida comprises), s'établirait à plus de 14 millions de FF (3,5 mios de FS). Des documents retrouvés dans le bastion islamiste d'Ouled Allal établissent une comptabilité des pillages pratiqués par le GIA; le massacre de Raïs aurait ainsi rapporté un butin de 124'000 dinars (soit environ 24'000 FF ou 6000 FS), dont Zouabri aurait prélevé le quart. Un document émis par Abou Abdallah Aïssa, "Emir" de la région d'Alger, indique que ce dernier aurait envoyé à Zouabri des bracelets, des bagues et des bijoux récupérés sur les victimes des massacres. Zouabri a déjà plusieurs fois été donné pour mort, mais "Le Matin" affirme le 8 octobre, sur la foi de sources militaire, qu'il "court toujours".

(Reuter 9.10) contrairement au "Matin" de la veille, "El Watan" du 9.10 affirme que Antar Zouabri serait bien mort et aurait été abattu lors d'une embuscade de l'armée en juillet, dans la région de Blida. Sa soeur Nacéra, que le quotidien désigne comme "la femme la plus sanglante de l'histoire du terrorisme", aurait été capturée début octobre à Larba. Elle aurait rejoint le GIA de son frère en 1995, et aurait été placée par celui-ci à la tête d'une unité de femmes qui se serait notamment rendu coupable d'un massacre particulièrement horrible à Larba. Après la mort de son frère, elle aurait prétendu lui succéder.

(Le Monde 11.10) Le général Fodil Chérif, commandant de l'opération des forces de sécurité contre le bastion islamiste de Ouled Allal a déclaré au quotidien "Liberté" que l'"Emir national" du GIA, Antar Zouabri, est toujours vivant, "réfugié quelque part".

(Le Monde 11.10) La "Ligue islamique de la daâwa et du djihad" (prédication et guerre sainte), groupe islamiste armé indépendant à la fois des GIA et de l'AIS, a annoncé une trève de ses opérations à partir du 10 octobre.

(JGE 11.10) Un document portant le sceau du GIA et retrouvé dans son bastion de Ouled Allal exprime les règles applicables aux femmes et jeunes filles que les GIA enlèvent régulièrement dans leurs raids contre la population civile, pour les violer et les assassiner. Ces règles sont les suivantes : "Seul le chef est habilité à les offrir. Ne doit l'accepter que celui à qui elle a été offerte sur l'ordre de l'émir. (...) seul celui à qui elle a été offerte a le droit de la battre et d'en faire ce qu'il veut dans les limites de la Charia".

(AFP 13.10, Reuter 14.10, AFP 15.10) "Ne croyez en aucune façon que le terrorisme est vaincu", a déclaré à la presse algéroise le commandant de l'opération des forces de sécurité contre le bastion islamiste d'Ouled Allal. "Certes, il vient de subir une terrible défaite, mais n'oubliez pas que pas moins de 65 terroristes sanguinaires travaillaient en permanence dans la Mitidja. Il en reste une trentaine dans la nature qui sont des bêtes sauvages extrêmement dangereuses et nuisibles. Ils peuvent très bien former de nouveaux groupes", a poursuivi le général, qui a affirmé que toutes les bases du GIA dans la zone d'Ouled Allal auraient été détruites. Selon "Al Khabar" du 14 octobre, l'"Emir" national du GIA, Antar Zouabri, plusieurs fois donné pour mort, aurait ordonné à ses hommes de reconquérir le terrain cédé aux forces de sécurité. Selon le quotidien algérois "Le Matin", les régions d'Aïn Defla et de Médéa sont encore "infestées de tueurs du GIA" et des hommes du GIA se "seraient infiltrés dans Alger", où des "réseaux dormants" d'islamistes armés se seraient reconmstitués et n'attendraient que "le moment propice pour passer à l'attaque". De nombreux Algérois "indiquent craindre que le GIA ne cherche à exercer des représailles après l'opération d'Ouled Allel", écrit pour sa part l'Agence France-Presse.

(Reuter 16.10) Le Front islamique du djihad armé (FIDA), groupe indépendant à la fois du GIA et de l'AIS, a annoncé dans un communiqué son ralliement à la trève décidée par l'AIS. Le FIDA s'était "spécialisé" dans les assassinats "ciblés" de personnalités politiques, intellectuelles et médiatiques algériennes. Le groupe a accompagné l'annonce de sa trève de la revendication de la libération des dirigeants du FIS.

(Courrier International, 2.10) Selon un rapport établi par la Sécurité de l'Armée (SA) et présenté à une réunion des principaux dirigeants militaires algériens, en présence du président Zéroual, 50 % des "faux barrages" établis par de présumés islamistes se faisant passer pour des membres des forces de sécurité, et lors desquels des centaines de personnes ont été massacrées depuis le début de l'année, seraient en réalité l'oeuvre des milices anti-islamistes, dont certaines rançonneraient et parfois tueraient les civils avant d'imputer ces massacres aux GIA. Le rapport révèle en outre que de nombreux chefs d'unités des forces de sécurité maquilleraient la mort de leurs soldats tués en service commandé en morts naturelles ou accidentelles, afin de présenter des bilans d'opérations triomphalistes.

(APS 8.11) Selon la presse algéroise du 8 novembre, l'"émir" de l'AIS pour Alger et Larbaa, Kertali, a annoncé l'arrêt des opérations de ses groupes à partir du 8 novembre, rejoignant ainsi la trève décidée par l'AIS depuis un mois.

(Reuters, the Observer 9.11, Le Monde 10.11, JGE 11.11, Le Monde 12.11) Un homme présenté comme un ex-agent des services secrets algériens ayant fait défection en Grande-Bretagne, cité le 9 novembre par "the Observer" de Londres, accuse la sécurité militaire algérienne d'avoir orchestré les attentats commis à Paris en 1995 et attribués à des groupes islamistes, et d'avoir infiltré ces groupes. Selon cet agent, présenté sous le nom de "Yussuf" et qui dit avoir travaillé pendant 14 ans pour la Sécurité militaire algérienne, qui a été identifié le 10 novembre comme un déserteur de l'armée algérienne ayant déposé une demande d'asile politique au Royaume-Uni en juin 1995, les GIA sont infiltrés et manipulés par les services algériens, qui ont envoyé des agents pour organiser "au moins" deux des attentats commis à Paris en 1995. Selon "Yussuf", l'opération était dirigée par le colonel Souames Mahmoud, alias "Habib", qu'il présente comme le chef des services algériens à l'ambassade d'Algérie à Paris. "Yussuf", qui affirme n'avoir pas participé à l'opération, précise que deux hommes auraient été pris par la police française : Khaled Kelkal, abattu par elle, et Karim Moussa, capturé. Tout cela, selon "Yussuf", pour une opération de "propagande noire" destinée à attiser les sentiments anti-islamistes de l'opinion publique française. Le ministère français de l'Intérieur a estimé que les affirmations de "Yussuf" appelaient "les plus grandes réserves", et a rappelé que la plupart des auteurs des attentats de 1995 avaient été arrêtés.

Dans "Le Monde" du 10 novembre, un autre Algérien présenté sous le nom de "Hakim" et qui dit être le porte-parole d'un groupe d'officiers ayant décidé de rompre le silence à la suite des massacres de l'été 1997, a fait des déclarations comparables à celles de "Yussuf" la veille. "Hakim" confirme que les attentats des 25 juillet et 6 octobre 1995 à Paris, qui ont fait 8 morts et plusieurs dizaines de blessés, ont été "commis à l'instigation du service "action" de la direction "infiltration et manipulation" de la DRS", c'est-à-dire des services spéciaux militaires algériens, et que "la tête pensante des deux attentats" est un certain Boualem Bensaïd, "militaire algérien membre du service action" incarcéré en France dans le cadre de l'enquête sur les attentats. "Hakim" affirme également que l'ancien chef présumé des GIA, Djamel Zitouni, aurait été "recruté en 1991 dans un camp de sûreté" du sud algérien par les services spéciaux algériens, qui l'auraient "aidé à prendre la direction du GIA en 1994" en éliminant ses rivaux, et qui serait resté sous leur contrôle jusqu'en mai 1996, c'est-à-dire jusqu'au massacre des moines français du monastère de Tibéhirine, au terme d'une opération qui aurait été commanditée par les services algériens mais lors de laquelle Zitouni n'aurait "pas respecté le contrat", d'où sa liquidation ultérieure. "Hakim" se dit convaincu que le massacre de Beni Messous (200 morts en septembre 1997) a été commis par les services spéciaux algériens ou sur leur ordre.

"Le Monde" juge que le témoignage de "Hakim" présente quelques invraisemblances, ainsi que celui de "Yussuf". Les autorités judiciaires françaises affirment être en mesure de démentir la plupart des affirmations des deux transfuges suposés concernant les attentats commis en France. Le porte-parole du gouvernement algérien a déclaré sur une chaîne de télévision privée française le 10 novembre que s'il était "très facile d'accuser (...), lorsqu'il s'agit d'accusations il faut apporter les preuves". L'ancien député et ancien directeur du contre-espionnage français Yves Bonnet a pour sa part annoncé son intention de poursuivre l'hebdomadaire britannique dans lequel "Yussuf" assurait avoir "personnellement remis une mallette contenant 500'000 francs à un parlementaire français disposant de liens solides avec les services de renseignement français", description dans laquelle M. Bonnet s'était reconnu.

(Le Monde 14.11) Dans un lettre adressée au "Monde", l'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Ghoualmi, réfute les informations impliquant le pouvoir algérien dans certains attentats perpétrés à Paris en 1995 et dénonce une "campagne médiatique" de "désinformation" menée contre l'Algérie. L'ambassadeur se dit "étonné" de la "légéreté" avec laquelle le quotidien français a "diffusé des "informations" qui ne mériteraient pas plus que le qualificatif de farfelues si elles ne portaient gravement atteinte à l'honneur de l'Etat algérien et à celui de ses institutions".

(APS 16.11) Selon le quotidien algérois "La Tribune", le dernier des émirs "historiques" des GIA encore en liberté, Said Makhloufi, aurait été abattu par une faction rivale près de Bechar.

(Matin, 23.11) Selon un ancien diplomate algérien réfugié à Londres, l'ex-ambassadeur en Libye Larbi Zitout, "dès 1986, du temps de la guerre d'Afghanistan, la Sécurité militaire a placé certains de ses agents parmi les volontaires envoyés y faire la "guerre sainte". Ces agents ont servi de base aux infiltrations des groupes armés après 1992". Larbi Zitout confie que lorsqu'il était ambassadeur à Tripoli son collègue de la Sécurité militaire, "un haut gradé", lui a dit : "Le GIA on les connaît, c'est nous". L'ex-ambassadeur considère que les services spéciaux ont réussi à "infiltrer" les groupes islamistes armés "jusqu'au sommet", et que "des gens comme Zitouni" sont des "islamistes retournés par le pouvoir".

(Libération 24.11, Le Monde 25.11) 41 personnes, dont trois en fuite et treize en détention, sont jugées pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" à partir du 24 novembre devant le tribunal de Paris, dans le cadre du premier procès organisé en France contre des membres présumés des GIA. Parmi les accusés en fuite, Ali Touchent, dit "Tarek", serait le responsable présumé d'un réseau de soutien aux GIA et, selon l'accusation, prenait directement ses ordres de l'"émir" national des GIA algériens de l'époque, El Cherif Gousmi, qui l'aurait désigné en 1994 comme "correspondant" des GIA en Europe. Il aurait monté un réseau terroriste en Belgique, réseau démantelé avant d'avoir pu agir, puis en France, où ce réseau aurait participé à des attentats qui ont fait 10 morts et 150 blessés à l'été et l'automne 1995. Le procès sera pour la justice française l'occasion de se pencher sur les "réseaux" du GIA en France. Des 41 accusés, 40 sont des hommes. 17 sont algériens, 18 français d'origine algérienne, 5 sont des Français "de souche" convertis à l'islam et l'un est Tunisien. L'âge moyen des accusés est de 28 ans à l'époque des faits. Selon l'acte d'accusation lui-même, aucun des accusés ne soutient "le principe d'actions violentes en France" mais tous, "chacun à leur niveau, ont contribué à permettre la réalisation de la campagne d'attentats". Selon le réquisitoire, le réseau français de soutien aux islamistes armés algériens procéderait des réseaux d'aides aux maquis de l'AIS, montés dès 1992 dans la mouvance de la Fraternité algérienne en France (FAF), proche du FIS, et se seraient transformés en réseaux de soutien aux GIA par la suite. "Tarek" aurait alors été dépêché en France par les chefs des GIA algériens, aurait échappé de justesse à une "rafle" anti-islamiste dans les milieux de la FAF en 1993 puis se serait installé en Belgique. Le réseau belge, confié à Ahmed Zaoui (réfugié aujourd'hui en Suisse) a été démantelé en mars 1995. "Tarek" se serait alors à nouveau échappé pour créer, cette fois en Italie, un nouveau réseau avec des ramifications en France, démantelé en novembre 1995. C'est ce réseau qui aurait recruté Khaled Kelkal, abattu par la gendarmerie française en septembre 1995. Outre Touchent, le réseau "français" aurité été dirigé par Boualem Bensaïd et aurait eu trois branches distinctes (les groupes de Vaulx en Velin, directement impliqué dans les attentats, et dont Khaled Kelkal était le meneur, de Lille, démantelé alors qu'il s'apprêtait à passer d'une activité de soutien logistique au terrorisme proprement dit, et de Chasse sur Rhône, animé par deux Français convertis à l'islam et voué aux activités de soutien logistique).

AFP, APS 29.11) Selon le quotidien "La Tribune" du 29 novembre, l'"émir" du GIA de la région de Médéa, Mahdjoub Bensaad, dit "Lyès", aurait été abattu par les forces de sécurité le 24 novembre à Draa El-Galb. Les quotidiens "El Acil" et "L'Authentique" font état d'une "Vaste opération de ratissage" anti-islamiste dans les montagnes de la région de Meftah, Larbaa et Bougara, et de la "neutralisation d'un important groupe de terroristes".

(Reuters, Le Matin, 3.12) Selon le quotidien "Le Matin" (pro-gouvernemental), des affrontements entre GIA et membres de l'AIS auraient fait 250 morts au cours des derniers jours dans la Mitidja. Le journal ne précise cependant pas comment un si grand nombre de membres, armés, de l'AIS auraient pu se rendre dans une région qui est un bastion des GIA, et l'information n'a pas été confirmée de source indépendante.

(JGE 20.12) L'envoyé spécial du "Journal de Genève" à Tlemcen, M. Tagaste, rend compte dans l'édition du 20 décembre du quotidien de la persistance des activités des GIA dans la région, dont deux GIA se disputent le contrôle : celui de l'"émir" Akkal au nord et à l'est, aux environs de Nedroma et de Sidi Bel-Abbès, et celui de Kada Benchiha au sud, près de Sebdou. La route de Tlemcen à Sidi Bel-Abbès ne serait sûre que de 8 heures du matin à 14 heures, et la voie de chemin de fer qui relie Tlemcen à la côte ne sert plus qu'au transport, protégé par les forces de sécurité, des marchandises.

(AFP, La Tribune, 23.12) Un émir d'un GIA d'Alger, connu sous le nom de "Moh le blond", aurait été abattu le 22 décembre dans la Casbah par les forces de sécurité, selon le quotidien "La Tribune".

(Reuters 22.12) Un membre présumé d'un GIA, Mohamed Kerouche, alias "Salim"Français d'origine algérienne expulsé le 19 décembre de Grande-Bretagne où il était détenu depuis avril 1996 pour immigration illégale, a été arrêté à son arrivée en France et placé en garde à vue. Français d'origne algérienne, il est soupçonné d'être lié à des réseaux de soutien aux groupes islamistes algériens, notamment au réseau animé dans la région parisienne par les frères Chalabi, et au démantèlement duquel en juin 1995 il avait échappé en se réfugiant en Angleterre. Ce réseau posséderait des ramifications en Italie, en Belgique et en Allemagne.

(AFP 25.12) Selon l'ancien ministre français des Affaires étrangères Claude Cheysson, le pouvoir et l'Armée islamique du Salut (AIS) auraient conclu un accord au terme duquel les membres de l'AIS intégreraient les milices anti-islamistes (groupes d'autodéfense) liées aux autorités, pour combattre les GIA. "On n'arrivera à agir contre les violences dans le bled, en dehors des grandes villes, que grâce aux milices. Le président algérien joue cette carte. Il a obtenu l'accord de l'Armée islamique du Salut", a déclaré Claude Cheysson. L'existence d'un tel accord a été démentie par les autorités algériennes.

(TG, Courrier, AFP 30.12) Des affiches manuscrites à l'encre verte placardées dans les jours précédant le début du RTamadan, le 30 décembre , dans plusieurs mosquées algéroise (Casbah, Bachdjarrah, Bouzaréah, Frais Vallon, Bab El Ouedf, Larbaa, Sidi Moussa) annoncent l'intention des "moudjahidines d'intensifier le Djihad contre le régime corrompu de la junte militaire". Au début du mois, "El Watan" a annoncé l'arrivée à Alger d'un GIA d'une trentaine d'hommes, commandé par l'"émir" Omar Hossaïm, alias Cheikh Zoubir, habituellement agissant à l'ouest du pays mais dont personne n'a jusqu'alors entendu parler et qui, selon certaines sources proches de l'opposition, ne serait que le "paravent" de groupes armés proches du pouvoir. Media publics et privés diffusent depuis une semaine des appels à la "vigilance" émanant du ministère de l'Intérieur, qui demande notamment de signaler tout individu "suspect" et de se tenir éloigné "des poubelles et des véhicules abandonnés".

(APS, AFP 30.12) Deux femmes, âgées de 40 et 23 ans, présentées par les forces de sécurité à des journalistes comme ayant été victimes d'enlèvement, de viols, de tortures et de séquestration par les GIA, ont témoigné, le visage masqué par crainte de représailles, le 29 décembre devant la presse algérienne. L'une des deux femmes a affirmé avoir été violés par Antar Zouabri, "Emir national" des GIA, plusieurs fois donné pour mort, ce qui semble indiquer que les autorités accréditent la thèse selon laquelle il est toujours vivant. Pour "El Moudjahid", qui en profite pour enfourcher l'un de ses chevaux de bataille favoris, ces deux femmes "sont la vérité jetée à la face du monde en général, le parlement européen et l'Internationale socialiste en particulier, ainsi que tous ceux qui s'interrogent encore sur "qui tue qui ?" et essaient d'entretenir l'amalgame sur la nature des évènements qui se déroulent dans notre pays".

(AFP, Le Matin, 1.1) Selon le quotidien algérois "Le Matin", une lettre signée d'un "émir" du GIA, Abou Djamil, trouvée sur le corps d'un "terroriste" tué par les forces de sécurité, demanderait aux GIA de l'ouest algérien de multiplier les attaques pour "soulager" les groupes de l'Algérois.

(AFP 4.1) Selon un "analyste occidental" cité par l'AFP, "certains des derniers raids" suivis de massacres dans des villages isolés, de l'Algérois ou de l'ouest du pays, "pourraient être dirigés par le GIA contre des villages considérés comme proches de l'AIS", en état de trève depuis le 1er octobre.

1998

(Reuters, Le Matin, 6.1) Les autorités locales ont armé plus de 200 habitants de la commune de Ramka, dans la région de Relizane, épicentre d'une série de massacres de population civile à la fin de 1997 et au début de 1998. Le journal précise cependant que même armés, les habitants ont préféré rester au chef lieu plutôt que retourner dans leurs villages.

(AP 4.1, Reuters, Le Matin 5.1, APS 8.1, Le Monde, Reuters, AFP 9.1) La responsabilité des massacres commis dans la région de Rélizane fait l'objet de plusieurs hypothèses contradictoires. Après plusieurs tueries sur les hauteurs d'Alger, dans la zone de Bouzaréah et du Djebel Koukou, secteur d'activité du GIA de l'"émir" Athmane Khélifi, dit "Ficha", des sources "islamistes" citées par l'agence AP "sous couvert de l'anonymat" ont affirmé que "Ficha" se trouverait actuellement dans l'"ouest du pays" pour "coordonner une nouvelle offensive" avec les émirs des GIA locaux. Selon ces sources "islamistes", les massacres de 1997-1998 dans les régions de Tiaret, Tissemsilt, Sidi bel Abbès et Rélizane auraient été menés par les groupes de Taj Allam, dit "Abdelaziz", Mohammed Dahane, dit "Zoubir", et Mohammed Hassan. Selon "Le Matin", l'"émir" national des GIA Antar Zouabri se trouverait à la tête de GIA contre lesquels l'armée et les forces de sécurité ont lancé une offensive dans la forêt de Remka et le massif de l'Ouarsenis. Selon le bulletin "El Ribat", proche du FIS, les massacres commis dans l'Ouarsenis doivent être attribués à une "faction" dissidente du GIA, la faction "El Ahoual" ("les horreurs"), forte de plus de 400 hommes et qui aurait fait "scission" du GIA local "il y a près de 18 mois pour des raisons de distribution de butin". Selon "El Ribat", les membres de cette faction, "pour la plupart des jeunes qui n'ont jamais milité dans les mouvements islamistes, se sont donnés pour mission de nettoyer la région de l'idolâtrie qui y règne" et s'en prendaient particulièrement "aux villageois qu'ils croisent aux abords des tombeaux des marabouts, qui regardent la télévision" et même à "ceux qui possèdent un réfrigérateur". "Al Ribat" attribue à la faction "al Ahoual" la motivation de représailles contre des villages soutenant l'AIS, et que celle-ci était supposée protéger. Parailleurs, selon des témoins du massacre de Had Chekala, celui-ci aurait été commis par une trentaine de membres d'un GIA de la région, rtranché dans une forêt voisine. Enfin, le quotidien pro-gouvernemental "L'Authentique" croit pouvoir annoncer la présence d'"étrangers" dans les "rangs des groupes terroristes" coupables des massacres dans la région de Rélizane.

(AFP 5.1, corr. 6.1) En réponse aux attaques commises contre des villages de l'Algérois ou de l'Ouarsenis, le développement des milices anti-islamistes s'est poursuivi. Certains analystes estiment que leurs effectifs dépassent désormais ceux de l'armée (forte de 130'000 hommes, dont la moitié de conscrits). Des informations non vérifiées accusent certaines de ces milices ("groupes d'autodéfense" ou "gardes communales") d'être coupables de plusieurs massacres de population civile attribués aux GIA, et qui ne seraient en réalité que des opérations de représailles contre des villages, des hameaux ou des familles suspectés de soutenir les GIA.

(AFP, Liberté 7.1) Selon le quotidien algérois "Liberté", les massacres commis dans l'Ouarsenis au début du moins de janvier seraient le fait du GIA de l'"émir" local Aouad Bouabdellah, dit "Cheikh Nourreddine", qui se vengerait ainsi de l'anéantissement d'un GIA de la région, en 1997, par les forces de sécurité.

(AFP 12.1, AFP, Liberté, Le Matin, El Moudjahid 13.1) La région de Larbâa, où s'est produit le 11 janvier le massacre de Sidi Hammed, est le fief d'un groupe armé autonome, la "Brigade Al-Rahmane" de Mustapha Kertali, ancien élu du FIS, qui s'était joint en novembre à la trêve décidée par l'AIS. "Liberté" rappelle en outre que le massacre s'est produit dans une région proclamée "nettoyée" par les forces de sécurité, et "El Watan" souligne la difficulté de contenir les attaques des groupes armés dans des régions où ils ont établi des maquis depuis des années et où "ils utilisent toutes les techniques de la guerilla". Certains rescapés du massacre de Sidi Hammed auraient reconnu dans les assaillants deux "terroristes" de la région, connus sous leurs surnoms de "Popeye" et du "Pharmacien".

(The Observer 11.1) Le journal britannique "The Observer" affirme le 11 janvier avoir recueilli des "preuves" que des massacres perpétrés en Algérie sont l'oeuvre des forces de sécurité. Le journal cite deux policiers algériens, surnommés pour l'occasion "Robert" et "Andrew", qui ont demandé l'asile politique à la Grande-Bretagne, et déclarent avoir personnellement pris part à des massacres et à des tortures de civils sans défense, après en avoir reçu l'ordre : "J'ai tout fait : des meurtres, de la torture. Si vous tranchez la gorge de quelqu'un sous mes yeux maintenant, je dirai que c'est normal. J'au vu la torture et je l'ai pratiquéel", déclare "Andrew", qui déclare également. avoir personnellement pris part (mais sans tuer) dans les rangs des "ninjas" à un massacre commis le 10 octobre à Raïs Hamidou. "Robert" également déclare avoir participé à deux massacres, l'un près de Aïn Defla en 1994 ("j'ai commencé à tirer avec ma Kalashnikov dans le village. Mais il n'y avait pas de ripostes armées. Quand vint l'ordre d'arrêter de tirer, nous sommes entrés. Il n'y avait que des femmes et des enfants morts"), l'autre à Larbâa, fin 1995, où son unité aurait bouclé la zone du massacre pendant que des Ninjas "déguisés en islamistes (avec) de fausses barbes et pantalons amples" commettaient le massacre. A la question "qui tue en Algérie", les deux policiers répondent "C'est nous, nous". Les deux policiers conseillent à la mission européenne qui doit se rendre à Alger le 19 janvier de visiter les "complexes de torture" à Alger : le centre de Chateauneuf, un complexe en dessous des baraques du zoo de Ben-Aknoun, le centre de Béni-Messous et celui du quartier général de la police.

(AFP 22.1) Selon le Premier ministre Ahmed Ouyahia, s'exprimant devant le Parlement, 5000 groupes de légitime défense (GLD) ont été formés depuis 1993, ainsi que 2313 brigades de gardes communaux. Ces chiffres laissent supposer que les effectifs des groupes paramilitaires et parapoliciers avoisineraient les 200'000 hommes, alors que les effectifs de base de l'armée (à laquelle le Premier ministre a assigné comme perspective le retour à "sa mission de défense des frontières") sont estimés à environ 130'000 hommes, dont une moitié de conscrits.

(Corr.) Dans un communiqué daté du 7 janvier 1998 et signé de son porte-parole provisoire Ahmed Zaoui, le "Conseil de coordination" du FIS à l'étranger (opposants à la trêve décidée par l'AIS) met en cause la "responsabilité" du "régime militaire" algérien dans les massacres de population civile "après qu'une partie des troupes résistantes dans la ligne du FIS aient décidé unilatéralement d'une trêve dans leurs opérations militaires depuis plus de quatre mois". Le CC-FIS accuse également l'"Occident" de "silence" et d'"inaction pour arrêter les massacres et la répression généralisée et institutionnalisée ainsi que les atteintes flagrantes aux droits de l'Homme" et demande aux "troupes résistantes" (c'est-à-dire l'AIS) qui auraient "entamé des pourparlers avec les généraux d'Alger de geler leurs contacts et leurs négociations jusqu'à la réalisation des trois conditions suivantes, vitales et fondamentales : - que le régime algérien permette à une commission d'enquête internationale ainsi qu'à une commission d'enquête nationale indépendante reconnue internationalement de faire toute la lumière sur les massacres commis depuis de longs mois; - d'informer l'opinion algérienne et internationale sur le sort de Cheikh Ali Benhadj dont des informations persistantes s'accordent à dire qu'il a été assassiné dans sa prison; - de remettre en liberté les Cheikhs Abassi Madani et Ali Benhadj (s'il est encore vivant)."

(Reuters, Le Soir 5.2) L'Armée islamique du Salut (AIS) menace de rompre la trêve qu'elle a décrétée le 1er octobre 1997 si les autorités algériennes n'accordent pas une amnistie aux évadés et aux déserteurs.

(AFP 7.2) Selon le Premier ministre Ouyahia, 150 groupes armés d'"autodéfense" ont été créés en janvier, s'ajoutant aux 5000 déjé existants.

(Le Monde 11.2) Dans un "témoignage" publié par "El Watan" le 2 février, le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, a accusé le Maroc d'avoir exercé un "chantage" sur l'Algérie en 1993, lorsque celle-ci lui avait demandé l'extradition de l'ancien chef du GIA Abdelhak Layada. Le Maroc aurait alors "marchandé" l'extradition de Layada contre un changement de la politique algérienne dans la question du Sahara ex-espagnol.

(NQ 9.2, Le Monde 11.2) Selon l'ancien Premier ministre (de 1984 à 1988) Abdelhamid Brahimi, réfugié en Grande-Bretagne et s'exprimant en Suède les 7 et 9 novembre, des militaires sont impliqués dans les massacres de population civile attribués aux GIA et les "responsables de la sécurité militaire algérienne (...) mettent de l'ombre sur ces affaires". Abdelhamid Brahimi a accusé les généraux Lamari et Médiène Tawfik d'être "très liés à la France" et d'organiser "les crimes par l'intermédiaire des milices armées et du GIA, manipulé par les services secrets militaires". M. Brahimi a assuré que la carte des massacres de civils correspondait à celle du vote en faveur du FIS lors des élections de 1990 et 1991, et de l'abstention lors des élections de 1997.

(JGE 14.2) Le sous-préfet de Frenda, dans la wilaya de Tiaret, a affirmé à un journlaiste du "Journal de Genève" disposer, pour sa Daira de 108'000 habitants, de 366 "gardes communaux" et de "plus de 400 patriotes" pour faire face au GIA local, qui ne comporterait plus qu'une quinzaine de membres sous la conduite de l'"émir" Abdeljbar Khalfa.

(APS, L'Authentique 14.2) Le corps d'un homme abattu le 23 mai 1997 par les forces de sécurité a été identifié sur photos par sa famille comme étant celui de Ali Touchent, alias "Tarek", "cerveau" présumé des attentats du GIA en France.

(APS, La Nouvelle République 14.2) L'"émir" de l'AIS pour l'est algérien, frère du chef de l'instance exécutive du FIS à l'étranger Rabah Kébir, se serait rendu le 13 février aux autorités à Collo, en signe de ralliement à la trêve décrétée par l'AIS.

(APS, L'Authentique 15.2) Selon le quotidien pro-gouvernemental "L'Authentique", un réseau de soutien aux GIA aurait été "démantelé" au sein du CHU (hôpital) de Constantine. Un chirurgien, le médecin-chef et neuf *"*paramédicaux" (dont trois femmes) auraient été arrêtés pour avoir prodigué des soins à un "dangereux terroriste (...) activement recherché par les forces de sécurité" et lui avoir permis ensuite de s'"évaporer dans la nature", ainsi que pour avoir "détourné des médicaments au profit des groupes terroristes".

(APS, L'Authentique 16.2) Selon "L'Authentique" (quotidien du "clan Betchine"), s'appuyant sur les témoignages de trois transfuges, Antar Zouabri, "émir" national des GIA, donné pour mort à maintes reprises, se retrouverait encerclé par les forces de sécurité dans la région de Saïda avec 150 de ses hommes, après être sorti "miraculeusement indemne" d'une embuscade tendue par les forces de sécurité près d'El-Gaada, dans la région de H'sassna. Antar Zouabri se serait rendu dans l'ouest algérien pour "réorganiser" les GIA de l'Oranais.

(AFP 5.3, 6.3, 7.3) Sept personnes soupçonnées d'appartenir à un GIA ont été arrêtées le 5 mars à Ixelles, un quartier de Bruxelles, lors d'une opération de la gendarmerie belge qui a tourné à l'affrontement armé. Cette opération est la première en Europe (France exceptée) à avoir débouché sur un affrontement violent entre de présumés islamistes armée et forces de l'ordre. L'opération s'est terminée par la rédition du septième assiégé, armé d'un révolver, qui s'est finalement rendu dans la soirée après un ultime échange de coups de feu et l'usage de gaz lacrymogènes par les gendarmes. Il s'agit de Farid Meloukj, un Français d'origine algérienne condamné par défaut en février 1998 à 7 ans de réclusion dans le cadre du procès à Paris du "réseau islamiste" de Chasse sur Rhône (région lyonnaise), impliqué dans les attentats commus en France en 1995. Mélouk, qui a séjourné en Afghanistan, aurait entretenu selon la police française des relations "avérées" avec le coordinateur présumé de la campagne d'attentats en France, Ali Touchent ("Tarek", dont la mort a été annoncée à Alger. Ce serait d'ailleurs la police française qui aurait repéré Mélouk en Belgique et en aurait informé la police belge. Les sept inculpés nient être membres du (ou d'un) GIA. Outre Farid Mélouk, ils sont d'origine marocaine ou algérienne. Deux Marocains étaient en possession de passeports danois, un Algérien d'un passeport suédois. Des perquisitions menées dans d'autres communes belges ont abouti à sept autres interpellations et ont permis la saisie de dopcuments. Cinq détonateurs et du matériel de fabrication de faux papiers ont été saisis à Ixelles (mais ni armes, ni grenades). Sept des huit présumés islamistes ont été inculpés d'association de malfaiteurs, rebellion et port de faux passeport. Farid Mélouk a été en outre inculpé de tentative de meurtre.

L'ambassade d'Algérie en Belgique s'est félicitée de l'opération belge et a appelé les polices européennes à "aller plus loin" en collaboration avec "les autorités algériennes pour qu'on en finisse une fois pour toutes". La presse algéroise a salué à la "une" de la plupart de ses titres le 7 mars l'opération "anti-GIA" de la police belge, et a mis en évidence la corrélation entre cette opération et les appels du gouvernement algérien à la coopération "anti-terroriste" euro-algérienne. Pour "El Moudjahid" (pro-gouvernemental), "l'opinion publique européenne, découvre que les bases du terrorisme sont en Europe, grâce au laxisme des gouvernements"; pour "El Watan", le "revirement" européen est "manifeste depuis le passage de la troïka, de la délégation parlementaire européenne à Alger et les chassés-croisés entre l'APN et les parlements de pays étrangers". Pour "La Tribune", on mesure "mieux aujourd'hui le travail de la délégation présidée par André Soulier".

Pour autant, les appréciations divergent sur l'importance du "coup de filet" belge. Le ministre belge de l'Intérieur, Johan van de Lanotte, a affirmé que l'opération du 5 mars était l'aboutissement de plusieurs mois d'un travail engagé bien avant qu'Alger ait formulé le demande que les Européens démantèlent ce que les autorités algériennes considèrent comme les "bases arrières" du "terrorisme" algérien", et assure que les personnes arrêtées sont de hauts responsables des GIA, alors que le procureur Benoît Dejemeppe a jugé prématuré de dire si les réseaux des GIA en Europe, qu'il a comparés à une "pieuvre", avaient ou non subi un coup sérieux. Les autorités françaises en doutent, et ne considèrent même pas Farid Mélouk comme un "gros poisson"; elles précisent qu'"aucun des autres interpellés dont les noms (leur) ont été communiqués n'apparaît dans une quelconque procédure judiciaire en France". Selon une source italienne, les présumés islamistes arrêtés à Ixelles ont été en contact avec un réseau islamistes démantelé en septembre 1997 à Bologne.

(AFP 10.3) Dans un entretien au quotidien "Al Hayat" et au bulletin islamiste londonien "Essabil", l'"émir" de l'AIS pour la région ouest, Ahmed Benaïcha, a réaffirmé le 10 mars l'existence de contacts entre l'Armée islamiste du salut et les autorités algériennes, mais précisé qu'ils étaient limités à des aspects "sécuritaires", Ahmed Benaïcha" estime que la trêve décrétée par l'AIS en octobre 1997 a "montré la capacité des algériens à trouver eux-mêmes une solution à leurs problèmes" et a "approfondi la crédibilité de l'AIS et sa capacité à défendre en toute sincérité les choix de la Nation". Selon lui, "la plupart des phalanges autonomes ont pris conscience, grâce à Dieu, en un court laps de temps, de l'intérêt légitime de cette trêve", à laquelle les ralliements "se multiplient". L'"émir" de l'AIS dément l'existence de divergences au sein de la direction politique du FIS sur le bien fondé de la trêve, qu'il inscrit dans une "stratégie générale" de sortie de la crise "basée en premier lieu sur l'arrêt de l'effusion de sang". "Ensuite viendront les autres aspects", ajoute Ahmed Benaïcha, qui précise que "nous laisserons la parole aux urnes lorsque la liberté de choix sera possible dans ce pays" -autrement dit lorsque le FIS aura été relégalisé. Quant aux massacres des civils, Ahmed Benaïcha les attribue aux "ennemis des acquis réalisés par le peuple algérien musulman au cours des législatives de 1991" remportées par le FIS.

(APS, La Nouvelle République 11.3) Des affrontements entre les GIA et l'AIS dans la région de Larbaa auraient fait plusieurs morts sur les monts de Tabarkaut.

(APS, L'Authentique 11.3) Selon le quotidien "L'Authentique", proche des services de sécurité, une association caritative musulmane suédoise redistribuerait "dans des circuits occultes de l'activisme islamiste" des "fonds privés" venant d'Arabie Séoudite, du Pakistan et d'Afghanistan". Le journal accuse un gendre d'Abassi Madani, Suédois converti à l'islam, de gérer ce circuit de financement de l'islamisme.

(AFP 12.3) Les sept membres présumés d'un GIA arrêtés au début du mois de mars à Bruxelles lors d'une opération de la gendarmerie et de la police belges resteront en prison. Lors des perquisitions qui ont conduit à leur arrestation, les policiers ont saisi des documents frappés du sceau du GIA et des faux papiers d'identité, ce qui pour la justice belge confirme les accusations de participation à un réseau islamiste. Le Parquet n'a toutefois pas confirmé les informations faisant état de la découverte de plans de fabrication de bombes artisanales (mais plusieurs détonateurs pour explosifs ont été saisie). L'une des sept personnes arrêtées avait bénéficié d'une ordinnance de remise en liberté provisoire le 11 mars, mais le Parquet a fait appel de cette décision. Les mises en détention des six autres personnes ont été confirmées. Six sont inculpées d'association de malfaiteurs, rébellion en bande et faux en écriture. Le septième, Farid Mélouk, l'est au surplus de tentative de meurtre sur des gendarmes. Il a déjà été condamné à sept ans de prison (par défaut) par la justice française pour sa participation présumée à un réseau de soutien aux GIA.

(APS, El Watan, 15.3) Une délégation d'Interpol composée d'experts de la "lutte antiterroriste" et conduite par le secrétaire général de l'organisation policière internationale Raymond Kendall est arrivée à Alger le 14 mars pour une "réunion technique" de deux jours avec des responsables des forces de sécurité algériennes.

(APS, L'Authentique 16.3) Le quotidien "L'Authentique", proche des services de sécurité, annonce le 16 mars le démantèlement d'un "noyyau scientifique" du GIA à Constantine, et l'arrestation de deux médecins soupçonnés d'avoir constitué un réseau de soutien logistique aux islamistes armés.

(AFP 19.3) La découverte de 400 grammes d'explosif au domicile de militants présumés du GIA arrêtés au début du mois de mars à Bruxelles accrédite selon les enquêteurs belges la thèse selon laquelle des attentats étaient en préparation en Europe. Cinq détonateurs avaient déjà été découverts, ainsi que des produits chimiques (notamment du mercure et du cyanure), des documents frappés du sceau du GIA et de faux papiers d'identité.

(APS, La Nouvelle République, Le Matin 24.3) Selon "La Nouvelle République", les affrontements entre les GIA et l'AIS dans l'est du pays auraient fait 400 morts."Le Matin" annonce pour sa part que "des milliers d'intégristes aguerris qui ont pris le chemin du maquis" dans l'ouest, "il ne reste actuellement que quelques dizaines, affaiblis, affamés et rongés par une guerre interne et des dissensions sans précédent".

(APS, Le Matin 29.3) Le quotidien "Le Matin" annonce la découverte d'un "réseau" de communication "terroriste" dans les égoûts de Bab-El-Oued.

(AFP 3.4, 4.4) Djamel Lounici, Algérien soupçonné de coordonner des réseaux islamistes en Europe, a accusé le 3 avril lors de son procès à Naples, la France d'avoir exercé des pressions sur l'Italie pour qu'il y soit jugé. Son procès (et celui de onze autres personnes : neuf Algériens, un Marocain et un Tunisien) porte sur un trafic d'armes, sous l'inculpation d'"associatiion de malfaiteurs aux fins de transport et trafic d'arme". Une accusation de "subversion de l'Etat" a été abandonnée faute de preuve d'intentions de commettre des attentats en Italie, et de possibilité de poursuivre en Italie des projets d'attentats dans d'autres pays. Quant à l'accusation de trafic d'armes, elle repose sur des traductions d'écoutes de conversations téléphoniques tenues en arabe, traductions effectuées par un traducteur libanais et contestées par la défense du fait des différences entre l'arabe dialectal maghrébin et celui parlé au Moyen-Orient. Le procès pourrait durer jusqu'à l'automne 1998. Lounici risque de une peine de deux à trois ans de prison et a déjà effectué un an de prison préventive. L'Italie a accepté de l'extrader vers la France, où il est déjà sous le coup d'une condamnation à 5 ans de prison pour trafic d'armes, prononcée en janvier 1997.

(APS 4.4) Selon l'ancien président iranien Bani Sadr, l'Iran a une responsabilité directe dans le financement des activités terroristes en Algérie et dans l'approvisionnement en armes des groupes islamistes algériens. Intervenant dans une émission diffusée le 3 avril par la télévision algérienne, consacrée aux réseaux islamistes et aux "bases arrières terroristes" en France, Bani Sadr a accusé "les mollahs" d'avoir justifié "le terrorisme aveugle au nom de l'islam" et d'être "responsable de toutes les sauvageries commises en Algérie". L'ancien président iranien a déclaré que les "gardiens de la révolution" iraniens avaient affecté "plusieurs bases" en Iran (à Khorassan, Téhéran, Qom et dans le nord) à la formation de "terroristes" islamistes de différents pays, sous le contrôle d'une structure centrale (l'"armée Qods") chargée des "opérations à l'extérieur du territoire iranien". Lors de l'émission, plusieurs personnes interrogées ont affirmé que dès le début des années '90, la France était devenue une "base arrière" de l'islamisme algérien, des groupes islamistes utilisant les lois permettant la création d'associations de bienfaisance pour les faire fonctionner comme sources de financement et réseau logistique. La "Fraternité algérienne de France" a été nommément citée. Antoine Sfeir, directeur de le revue "Orient", a également accusé la Ligue islamique mondiale de financer toutes les mouvances islamiques dans le monde. Par contre, le Recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a assuré que les grandes mosquées françaises étaient "suffisamment contrôlées par les fidèles eux-mêmes", qui ne laissent pas s'y installer "une quelconque action politique ou de récupération". L'émission a cité un rapport de "services de renseignements français" considérant que l'Italie, la Pologne, la Croatie, l'Albanie et la Suède sont des centres de collectes de fonds pour l'islamisme, alors que la France, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, la Hollande et la Belgique seraient plutôt des centres de transit et de stockage de matériel et de falsification de documents administratifs pour les groupes armés.

(APS, Al Chaab 5.4) Selon le journal "Al Chaab", 13 groupes islamistes "extrémistes" regroupant 26'000 adhérents s'activeraient en Allemagne.

(APS 6.4) Le juge "antiterroriste" français Jean-Louis Bruguière a entamé le 5 avril une visite en Algérie, consacrée notamment à obtenir des précisions sur le sort réel de l'islamiste Ali Touchent, condamné par la justice française sous l'accusation d'être l'un des responsables des réseaux des GIA en France, et dont la mort a été annoncée par les autorités algériennes.

(AFP, Liberté, La Tribune 14.4) Une douzaine de responsables locaux et de membres des milices anti-islamistes ("patriotes") de la région de Rélizane, dont le Maire de Rélizane (membre du "parti présidentiel" RND) ont été arrêtés et sont soupçonnés d'avoir instauré une "ère de terreur" en exécutant des dizaines de civils, selon les quotidiens algérois "Liberté" et "La Tribune". "Liberté" se demande si les "bourgs misérables" de Rélizane n'ont pas "enfanté à leur corps défendants de sinistres escadrons de la mort". Selon "Liberté", deux charniers ont été découverts, contenant les corps de 78 personnes dont certaines auraient été enterrées vivantes. Trois nouveaux corps auraient été découverts le 13 avril. Plusieurs personnes portées disparues à la suite des actions des milices anti-islamistes mises en cause n'auraient toujours pas été retrouvées. Les maires soupçonnés sont El Hadj Fergane, maire (RND) de Rélizane et chef des "patriotes" locaux et El Hadj El Abde, maire de Jdioua. Ni les autorités ni la justice n'avaient confirmé le 14 avril leur détention (à Oran, selon la presse), ni les accusations lancées contre eux. Le président de l'Observatoire national des roits de l'Homme (ONDH, officiel), Kamel Rezzag-Bara, a affirmé ne "pas être au courant" de l'affaire. Les personnes arrêtées et les membres de leur milice auraient écumé la région en pratiquant l'extorsion de fonds, le pillage, la destruction de biens, l'enlèvement et les exécutions sommaires, en se faisant passer pour des éléments des services de sécurité. Une femme a accusé nommément le maire de Rélizane d'avoir sommairement exécuté son mari. Selon "La Tribune", un officier qui s'apprêtait à adresser un rapport sur l'affaire a été exécuté par les milices.

(AFP 19.4, Liberté 18.4) Les maires de Relizane, Hadj Fergane, et de Jdiouia, Hadj Abed, arrêtés au début avril sous l'accusation d'avoir dirigé de véritables "escadrons de la mort" anti-islamistes et d'avoir perpétré des exactions contre les civils, ont été libérés le 15 avril après une dizaine de jours d'incarcération. Les autorités sont restées muettes sur l'affaire et les deux hommes clament leur innocence en dénonçant une "machination", malgré des témoignages accablants les mettant en cause et publiés dans la presse. Le quotidien "Liberté" annonce avoir été "submergé d'appels de citoyens qui disaient leur peur de représailles pour avoir parlé et dénoncé ce qu'ils avaient tu jusqu'à présent".

(AFP 29.4) Le ministre marocain de l'Intérieur a démenti le 29 avril tout incident entre les forces de l'ordre marocaine et des groupes terroristes islamistes, notamment dans la région d'Oujda, après que la presse algéroise ait annoncé de tels incidents, allant même jusqu'à évoquer des massacres. Le ministre a également démenti l'existence de groupes islamistes armés au Maroc et qu'un couvre-feu ait été proclamé à Oujda, et a réfuté les allégations de trafic d'armes entre l'Algérie et le Maroc au profit des groupes armés islamistes algériens.

(Reuters 2.5, AFP 3.5) Des tracts apposés sur les murs d'Alger et signés du GIA algérois de l'"émir" Hassan Hattab appellent à l'intensification de la lutte contre les forces de sécurité, mais également contre l'AIS, tout en affirmant que le GIA n'est pas responsable de massacres de civils, qu'il attribue aux GIA d'Antar Zouabri. Le GIA de Hassan Hattab invite en outre à "ne pas reconnaître tout ce qui émane de la direction du FIS, à l'intérieur ou à l'extérieur".

(AFP, La Tribune, El-Alam Essiassi 3.5) Ali Benhadj aurait, selon les quotidiens "La Tribune" et "El-Alam Essiassi", invité par lettre trois "émirs" des GIA de la région de Lakhdaria (Palestro) à observer une trêve. Dans sa lettre aux "émirs" Djabri, Korba et Youcef Bouberras, des maquis de Zbarbar, Ali Benhadj leur demanderait d'opter pour la paix et d'annoncer une trêve en s'appuyant sur les positions prises et des circonstances comparables par les "premiers musulmans" du temps du califat.

(AFP 7.5) Le bulletin islamiste "Al-Ribat", proche du FIS et de l'AIS, a expliqué dans sa dernière livraison, reçue le 7 mai à Paris, que l'Armée Islamique du Salut combattait le GIA "depuis que celui-ci a déclaré apostat tout le peuple algérien et que sa préoccupation permanente est devenue le meurtre d'innocents, femmes et enfants". "Le jour où la vérité se manifestera, ceux qui ont soutenu ce groupe criminel et l'ont défendu seront nombreux à pleurer", annonce le bulletin, qui qualifie les GIA de "Tatars de notre époque, n'ayant aucun lieu avec l'islam". "Al Ribat" affirme que le GIA a ouvert lui-même les hostilités contre l'AIS au printemps 1995, en liquidant plus de 40 membres de l'AIS dans le maquis de Timixi, dans la région de Tiaret, ainsi que 13 autres à Barika (Aurès), 14 à Tiaret et 7 à Chlef. "Al Ribat" révèle en outre que l'"émir" du GIA de l'est-algérois, Hassan Hattab (alias Abou Hamza) chercherait à "renverser" l'"émir" national des GIA, Antar Zouabri, en s'alliant par exemple avec la "phalange Al-Ahoual" (GIA de l'Ouarsenis). Le bulletin islamiste annonce que "le plupart des phalanges (des GIA) actives dans le centre du pays se sont ralliées à la trêve" proclamée par l'AIS, et renvoie dos à dos Hattab et Zouabri, "d'autant que les deux s'inclinent devant leur prédécesseur Djamel Zitouni et veulent maintenir cette organisation pourrie qui s'appelle le GIA".

(Le Monde 7.5, 9.5) Dans une interview publiée le 6 mai par la revue française "Politique internationale", un général algérien présenté comme le "général X" et qui selon "Le Monde" du 7 mai serait le chef de l'armée algérienne, le général Mohammed Lamari, se montre prudent quant aux possibilités d'éliminer le "terrorisme" en Algérie : si pour le général "le terrorisme ne sera bientôt plus que de l'histoire ancienne" en zone rurale, il n'en sera vraisemblablement pas de même en zone urbaine (sauf à Alger), notamment dans les villes qui "jusqu'à présent étaient préservées et sont, par conséquent, plus vulnérables".

Le général Lamari, qui évalue à 40'000 le nombre des victimes du conflit algérien depuis 1992, explique que ce conflit a en réalité commencé dès le début des années '80 par l'infiltration de l'Université et de l'enseignement par les islamistes. Peu après sont apparus les premiers maquis islamistes, animés notamment par d'anciens combattants algériens d'Afghanistan. Mohammed Lamari rend l'ancien président Chadli responsable des progrès islamistes, et affirme que l'armée est intervenue en 1991 dans le conflit politique à contre-coeur : "L'armée, si elle est consultés sur les questions-clés, ne prend pas les décisions politiques. Comme disent les Français, c'est la Grande Muette", et "même lors des législatives de 1991" que le FIS s'apprêtait à remporter, elle était selon le général "prête à jouer la carte de la démocratie jusqu'au bout", c'est-à-dire à accepter la victoire du FIS; si elle ne l'a pas fait, c'est parce que "les gouvernants" et les "membres de l'élite politique -y compris les partis prétendument démocratiques" ont "insisté pour que le processus électoral soit interrompu". Le général contredit cependant son affirmation de la neutralité politique de l'armée en avertissant les modérés du FIS, qui seraient tentés de "rentrer en scène sous un nouveau déguisement", que l'armée ne permettra à "personne de poursuivre le même but (que le FIS) par d'autres voies".

S'agissant des groupes armés islamistes, le général Lamari affirme que l'armée a "brisé l'échine" des GIA vers la fin de 1994, et que les effectifs des GIA ne seraient plus que de 1300 à 2000 combattants, soutenus par "5000 à 6000 individus qui leur procurent appui logistique et informations". Mal armés, souplement organisés, les "terroristes" disposeraient cependant d'"experts et d'ingénieurs venus de l'étranger", la plupart de France. "Il s'agit de beurs et d'enfants de harkis devenus citoyens français", croit pouvoir affirmer le général. En ce qui concerne l'AIS, Mohammed Lamari évalue à "quelques centaines d'hommes" ses effectifs actuels, et conteste qu'il y ait eu "négociation à proprement parler" entre le régime et l'AIS : pour le général, il ne s'est agi que d'une "capitulation" du chef de l'AIS, Madani Mezrag.

Le 7 mai, le ministère algérien de la Défense a "catégoriquement" démenti dans un communiqué qu'un général ait accordé un entretien à la revue "Politique internationale". Dans son édition datée du 9 mai, "Le Monde" maintient pour sa part que le général en question est bien le général Lamari.

(Reuters, AP 12.5, 13.5) Huit Algériens soupçonnés d'appartenir à un GIA ont été arrêtés le 12 mai à Londres au terme d'une opération commune des polices britannique, française et belge, lors de descentes de police effectuées à six adresses, en application de la législation antiterroriste britannique. Les six personnes arrêtées pourraient, selon l'agence britannique Press Association, être impliquées dans la préparation d'attentats devant se produire pendant la Coupe du monde de football en France. Sept autres membres présumés des GIA auraient été arrêtés en même temps à Bruxelles, des explosifs, des armes et des informations sur la Coupe auraient été saisies. La police britannique a minimisé le 13 mai des informations publiées par le "Daily Mirror" sur l'implication des Algériens arrêtés dans des projets d'attentats en France à l'occasion du "Mondial", notamment lors du match Angleterre/Tunisie le 15 juin, à Marseille.


La "rafle européenne" du 26 mai

(AP, Ansa, ATS, Le Temps, AFP, Reuters 26.5, 27.5, 29.5, 30.5) Une vaste opération policière conduite en France, en Belgique, en Italie, en Suisse et en Allemagne, a abouti le 26 mai à l'interpellation de 91 personnes, dont 53 en France (de nationalités algérienne, tunisienne et française). Selon le ministère français de l'Intérieur, ce "coup de filet" intervient à l'issue de "plusieurs mois de surveillance" laissant "présumer la préparation d'actions terroristes à l'approche de la Coupe du monde de football" qui se déroulera en France du 10 juin au 12 juillet. Selon le ministère français, les interpellations et perquisitions visent au "démantèlement de réseaux extrémistes dissidents du GIA", montés par l'"émir" Hassan Hattab, dit "Abou Hamza".

En France, la police a notamment interpellé Abdellah Khinai et Omar Saiki, qu'elle considère comme des "lieutenants" de Hattab. 24 personnes ont été mises en garde à vue dans la région parisienne, une demie-douzaine d'autres dans la région lyonnaise, quelques autres dans le sud-est. De grandes quantités de documents ont été saisies, ainsi que de l'argent, du matériel informatique et vidéo et des tracts, mais ni armes ni explosifs n'ont été trouvés.

16 des militants islamistes interpellés ont été déférés le 30 mai devant trois juges "antiterroristes" parisiens pour être mis en examen (inculpés) et emprisonnés. La police est persuadée avoir démantelé un réseau islamiste en voie de constitution au niveau français et européen, et affirme avoir établi des liens entre les personnes arrêtées en France et deux hommes arrêtés en Allemagne, Abdel Mechat et Omar Imad Saïki, dont la France a demandé l'extradition (ainsi que celle de deux autres islamistes arrêtés en Suisse), et qu'elle soupçonne d'être les représentants en Europe du GIA de Hassan Hattab. Les enquêteurs croient également tenir le responsable de ce réseau en France, en la personne d'Abdallah Kinai. L'enquête n'aurait par contre pas établi que le "réseau" islamiste en question préparait concrètement des actions terroristes à l'occasion de la Coupe du monde de football. En revanche, plusieurs des militants islamistes inculpés ont évoqué l'hypothèse d'un attentat contre le Recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, hypothèse que la police considère comme corroborée par la découverte d'une ancienne "fatwa" émanant du GIA et prescrivant la mort du Recteur.

En Belgique, 13 perquisitions ont été menées à Bruxelles et une à Charleroi. 10 personnes ont été interpellées.

En Allemagne, des perquisitions ont eu lieu dans la région de Cologne aux domiciles d'Algériens soupçonnés de fournir des explosifs aux réseaux islamistes. deux Algériens ont été appréhendés à la demande des autorités françaises, qui ont demandé leur extradition. L'un des deux est Abdel Mechet, considéré comme le bras droit d'Hassan Hattab, chargé des réseaux d'approvisionnement.

En Italie, une vingtaine de ressortissants algériens ont été interpellés dans le nord du pays, dont un qui pourrait faire l'objet d'une demande d'extradition vers la Suisse. L'opération italienne visait le groupe islamiste "Takfir Wall Hijra", spécialisé dans la fabrication de faux papiers et le trafic d'armes des pays de l'est européenne vers l'Algérie.

En Suisse, deux Algériens ont été interpellés à Zurich et Berne, dans une opération mobilisant une vingtaine de policiers fédéraux et cantonaux bernois et zurichois. Selon le porte-parole du Ministère public fédéral, Jürg Blaser, les personnes interpellées (et l'opération elle-même) n'auraient aucun rapport avec la présence en Suisse d'Ahmed Zaoui, responsable du Conseil de coordination du FIS à l'étranger, la police fédérale excluant même la possibilité de contacts entre les interpellés et Ahmed Zaoui. Les deux Algériens seront extradés vers la France, qui a délivré contre eux des mandats d'arrêts internationaux aux noms de Tesnim Aiman et Ressous Houari (qui pourraient cependant porter d'autres noms). Ils sont soupçonnés d'aider les GIA algériens par des livraisons de matériel de guerre, mais aucune arme ni aucun explosif n'ont été retrouvés dans les perquisitions de leurs domiciles. En revanche, des faux-papiers, des cartes d'identité vierges et du matériel de faussaires ont été saisis.

(Le Temps 27.5) Les milieux proches du FIS en Europe ont commenté avec prudence l'opération policière européenne du 26 mai. "Nos rangs n'ont pas été touchés par ces interpellations" a précisé Abdelkrim Ouldadda, porte-parole du FIS (tendance Rabah Kébir), qui se félicite de ce que "six ans après le début de la crise algérienne, les pays européens distinguent enfin les islamistes agressifs des modérés et des pacifiques". A Genève, Mourad Dhina, de la tendance du FIS d'Ahmed Zaoui, considère que "cette excitation n'a aucun sens" et "relève de la pure intoxication".

(AFP, AP, El Watan, Le Matin, Liberté, L'Authentique, APS 27.5) L'opération anti-islamiste européenne a suscité des commentaires critiques et Algérie, où l'on reproche souvent aux Européens de n'avoir décidé d'agir contre les réseux islamistes que par crainte d'attentats en Europe même : "Le miracle de la concertation au niveau de l'UE a joué au quart de tour quand il y avait péril en la demeure d'un des siens", en l'ocurrence la France, alors que "des années algériennes faites de drames, d'assassinats et de massacres n'ont pas ébranlé ces démocraties", écrit "Liberté". La radio d'Etat a estimé le 26 mai que l'opération européenne prouvait la justesse des thèses gouvernementales algériennes. "El Watan" considère que "l'Europe officielle n'arrête pas de faire étalage de son hypocrisie et de sa duplicité à l'égard de la question du terrorisme en Algérie", et voit dans le fait que "les coups de filet sont trop bien réussis" la preuve que "les groupes terroristes sont connus, fichés et localisés". "Le Matin" reproche aux diplomates européens d'avoir nié l'existence de "centaines de militants islamistes armés jusqu'aux dentes et qui fomentaient de sombres attentats dans les banlieuses genevoises et munichoises" (?). Interrogés par l'Associated Press, des "experts" algériens du terrorisme ont émis des doutes sur l'efficacité à long terme des rafles européennes, et estimé que les réseaux apparemment démantelés pourraient rapidement se reconstituer.

(Le Temps, Le Monde 27.5) L'opération policière européenne du 26 mai a été dirigée essentiellement contre les réseaux supposés du GIA de Hassan Hattab en Europe. Selon Roland Jacquard, de l'Observatoire international du terrorisme (Paris), le GIA de Hattab disposerait de 3000 hommes en Algérie, essentiellement dans la zone qui va d'El Harrach (algérois) à Bordj Bou-Arreridj (limite de la Kabylie), et aurait pris le contrôle de 80 % des réseaux des GIA en Europe. Son organisation serait plus "politique" et plus "internationaliste" que celle d'Antar Zouabri, et plus "radicale" que l'AIS. Hassan Hattab (31 ans, tête mise à prix pour 3 millions de dinars par les autorités) chercherait à s'imposer, contre Zouabri et l'AIS, comme seul chef du mouvement islamiste armé. Il est entré en dissidence en 1996 en dénonçant les massacres de civils commis par les GIA de Djamel Zitouni puis d'Antar Zouabri. Le quotidien algérois "El Acil" a annoncé le 26 mai que l'"émir" du GIA de la Casbah, "Flicha", s'était rallié à Hattab, qui a "recentré" l'activité des membres des groupes qu'il contrôle sur des attaques contre des policiers et des soldats, et s'oppose à la trêve décrétée par l'AIS (dont il tente de "récupérer" les combattants). L'AIS a récemment tenté, sans succès, de négocier un accord avec Hattab. Trois composantes de l'islamisme armé algérien s'en disputent désormais les combattants et les zones d'activités : L'AIS de Madani Mezrag (4500 combattants, dont 3000 concentrés dans la région de Jijel, Collo, Larbâa, Aïn-Defla et Chlef), toujours en armes mais en trêve; les GIA d'Antar Zouabri; les GIA de Hassan Hattab, que de nombreux membres de l'AIS et des GIA-Zouabri auraient rejoints.


(AFP 31.5) Dans une cassette audio saisie par les forces de sécurité après l'assaut d'un refuge du GIA à Bab Ezzouar (banlieue d'Alger), l'"émir" national des GIA, Antar Zouabri, appelerait ses hommes à reprendre une campagne d'attentats à Alger pour faire face aux initiatives des GIA concurrents de Hassan Hattab dans la région.

(Le Monde 7.6) Dans son édition datée des 7-8 juin, "Le Monde" revient longuement sur l'hypothèse d'une implication des services de sécurité algériens dans l'assassinat en juin 1996 de sept moines trappistes français du monastère de Tibehirine, voire celui, le 1er août 1996, de l'évêque d'Oran, Pierre Claberie. "Un faisceau de présomptions récentes et concordantes dont un peu plus reculer la thèse de la responsabilité unique du GIA, alors commandé par l'émir suprême Djamel Zitouni, qui lui-même aurait été éliminé après ces évènements", écrit le journaliste Henri Tincq, qui évoque la facilité avec laquelle un commando de 20 hommes a pu enlever les sept moines dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les bonnes relations entre ceux-ci et les GIA locaux, l'authentification très rapide par le ministère français des Affaires étrangères de la revendication de l'assassinat des moines par le GIA le 23 mai et le délai de quatre jours écoulé entre la découverte de leur corps dans une "zone bouclée et quadrillée depuis longtemps par les forces de sécurité" et l'annonce qui en fut faite aux autorités catholiques et aux familles. "Le Monde" évoque l'hypothèse d'une "bavure" de l'armée, "maquillée" ensuite, ainsi que celle de l'élimination de tous les témoins (islamistes et otages) d'une opération d'infiltration d'un GIA par les services algériens. Le journal relève les accusations portées par d'anciens officiers de la sécurité algérienne selon qui Djamel Zitouni était soit manipulé par les services, soit même officier de ces services (comme l'affirme dans la revue "Confluences Méditerranée" de mars 1998 un certain "capitaine Haroun"). "Le Monde" insiste enfin sur les tractations survenues entre l'ambassade de France et le GIA de Zitouni et évoque la possibilité d'une opération des services algériens pour faire échouer ces tractations, ou échouer une opération de commando préparée par les Français sur le lieu de détention des moines, qu'ils auraient localisé. Quant à l'assassinat de l'évêque d'Oran, Pierre Claverie, le 1er août 1996, le journal se demande s'il n'a pas été commis parce que l'évêque en savait trop sur les négociations entre la France et les GIA, ou pour empêcher la "normalisation" des relations franco-algériennes au moment d'une visite du ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charette, en Algérie, ce qui impliquerait "un clan au pouvoir ou une branche de l'armée hostile au rapprochement avec la France".

(AP 10.6) Une vaste opération policière a été déclenchée en Italie le 10 juin dans les régions de Bologne, Ferrare, Milan, Côme, Brescia, Varese, Cremone, Naples et Potenza, sous la direction du procureur de la République de Bologne, contre les milieux islamistes. Sept personnes ont été arrêtées (de nationalités algérienne, tunisienne et marocaine) et neuf autres interpellées. Cette opération s'inscrit dans la suite de celles menées dans le reste de l'Europe dès le 26 mai contre les milieux islamistes soupçonnés de constituer des réseaux de soutien aux GIA de Hassan Hattab. Les personnes arrêtées sont soupçonnées de trafic de faux papier et de voiture volées. Les Tunisiens arrêtés auraient combattu en Bosnie et auraient été entraînés au Pakistan et en Afghanistan. Des documents du GIA et du "Rassemblement nationaliste arabe" ont été saisis.

(Le Monde 19.6) Dans un entretien au quotidien espagnol "El Pais", Fatiha Boudiaf, veuve du président assassiné le 29 juin à Annaba, met en cause la "mafia politico-financière qui contrôle certains cercles du pouvoir" et la "bureaucratie corrompue qui s'enrichit au dépens du peuple", et se dit "absolument certaine" que son mari n'a pas été assassiné par les islamistes. Fatiha Boudiaf refuse cependant de donner les noms des commanditaires du crime, faute de pouvoir prouver leur culpabilité. Pour elle, "un clan, celui des militaires qui voulaient s'engager sur le sentier de la démocratie, l'a fait revenir (...) à Alger (et) un autre clan au sein du pouvoir, celui de la vieille garde conservatrice de l'encien parti unique, s'est débarrassé de lui". La veuve du président signale que son mari "était en train d'établir des contacts indirects avec les islamistes pour essayer de les ramener à la raison", et rappelle que l'"une de ses priorités était la lutte contre la corruption". Enfin, Fatiha Boudiaf sollicite du président Zéroual la grâce du sous-lieutenant Boumaraafi, condamné à mort pour le meurtre du président, car elle n'est "pas tout à fait sûre que ce soit lui qui ait tiré", et que "même s'il est bien l'assassin (...) il n'a pas agi seul". Or "si on l'exécute, il ne pourra plus parler" et "soulager sa conscience en dévoilant les noms de ses complices et des commanditaires de ce crime"

(AFP 30.6) L'assassinat de Matoub Lounès a été revendiqué le 30 juin dans un communiqué du GIA de Hassan Hattab, reçu par l'AFP à Londres. L'authenticité du communiqué n'a pas été établie, mais il ressemble aux autres textes des GIA de Hassan Hattab, et ceux-ci sont particulièrement actifs en Kabylie -où un tract, également signé du GIA-Hattab revendique également l'assassinat de Matoub Lounès en le justifiant comme "le juste traitement réservé aux ennemis de Dieu".

(Reuters, AFP 5.7) Un groupe jusque-là inconnu, le "Mouvement berbère armé", est apparu après l'assassinat de Matoub Lounès en diffusant un communiqué menaçant d'"éliminer" tous ceux qui "tenteront d'appliquer" en Kabylie "la décision du gouvernement sur l'arabisation de la société". Le 5 juillet, le Front des Forces Socialistes, principal parti de Kabylie, a réaffirmé son opposition à l'utilisation de la violence et à la constitution de groupes armés.

(AFP 9.8) Après le double attentat contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es Salaam, l'hypothèse a été largement évoquée d'une responsabilité "islamiste", à partir de la revendication des attentats par plusieurs mouvements islamistes (dont une "Armée islamique pour la libération des lieux saints" inconnue jusqu'alors) et des déclarations faisant état d'une décision du "Front Islamique international" de "frapper les intérêts américains partout dans le monde afin de faire pression sur les Etats-Unis pour les forcer à retirer leurs forces de la région du Golfe et à lever l'embargo contre l'Irak". Le "Front Islamique International" est une coalition fondée en août 1990 en Arabie Saoudite par Oussama ben Laden, et regroupant notamment des mouvements islamistes (sunnites) égyptiens (Jihad islamique, Jamaa islamiya -quoique le chef de cette dernière, Rifai Ahmed Taha, ait démenti qu'elle faisait partie du FII), jordanien ("Armée de Mahomet"), cachemiri (Ansars). Une organisation dirigée par le Syrien Omar Bakri Mohammed, réfugié à Londres, "Al Moujahiroun" (les éxilés) fait également partie du FII mais s'est déclarée opposée aux opérations faisant des victimes civiles. "Al Moujahiroun" a cependant salué les attentats de Nairobi et Dar es Salaam et déclaré dans un communiqué que "les musulmans n'auront de répit que lorsque leur terre sera libérée" et qu'ils auront repris "le pouvoir actuellement détenus par des tyrans associés à des régimes fantoches comme Moubarak en Egypte, Fahd en Arabie Saoudite, Zéroual en Algérie et Kadhafi en Libye". La presse algérienne du 9 août a tendance à considérer, comme l'écrivent notamment "L'Authentique" et "El Watan", que les attentats de Nairobi et Dar es Salaam confortent la thèse officielle algérienne du caractère international du terrorisme islamiste. Pour "El Moudjahid", "le terrorisme aurait déjà été éradiqué en Algérie (sans) les appuis dont les terroristes continuent à bénéficier à l'étranger". "Liberté" met également en avant la "base logistique qu'offrent généreusement au terrorisme certains pays".

(Corr 24.8) Une cassette audio circulant à Alger, Blida et dans l'ouest tente de donner une justification "théologique" aux assassinats par le GIA d'Antar Zouabri d'agents de la Sonatrach, de pompiers de la Protection Civile, de femmes, de jeunes voyageant sans papiers et d'enfants, assassinats que le GIA de Hassan Hattab avait jugés contraires aux textes religieux. "Si nous attrapons un jeune en âge du service militaire sans papiers qui justifient qu'il n'est pas un appelé, nous le tuerons", avertit le GIA-Zouabri, qui déclare que "tous ceux que nous avons exécutés se sont avérés être des militaires, policiers, appelés, gendarmes". Les travailleurs de la Sonatrach, eux, sont visés parce que leur entreprise "est la seule qui finance les impies qui nous combattent", et les pompiers parce qu'ils "sont tout aussi apostats que les militaires, les gendarmes et les policiers" et qu'ils "participent aux côtés des taghouts à la guerre qui nous est déclarée". Quant aux enfants, le GIA-Zouabri affirme que la loi coranique autorise d'abattre tout "ennemi" de plus de 7 ans. Il affirme également que la pratique du viol des femmes des "impies" est tolérée par la loi divine, mais réfute comme "produit de l'imagination des ennemis du GIA" les accusations d'enlèvement, de viol et d'assassinat de femmes lors des massacres de population civile. Le message du GIA-Zouabri cite explicitement au nombre des "ennemis" les "djazaristes" (islamistes "nationalistes") du FIS et de l'AIS, et lance un avertissement au GIA-Hattab : "désobéir à l'émir" Antar Zouabri, "c'est dévier des textes religieux".

(AFP 19.8) Abassi Madani, chef historique du FIS, a rencontré une délégation de l'Armée Islamique du Salut (AIS) à qui il a apporté son soutien, annonce le 19 août le bulletin officieux du FIS, "El-Ribat", selon qui Abassi Madani a "renouvelé son adhésion au principe de la trève et fait part de ses encouragements et des espoirs qu'il place dans l'action menée par l'AIS et son commandement pour mettre fin à l'effusion de sang et permettre le retour à la paix". Le gouvernement algérien avait démenti le 17 août toute rencontre entre le fondateur du FIS et des responsables de l'AIS, après que le quotidien de Londres "Al Hayat" ait annoncé cette rencontre. Selon "El Ribat", 26 groupes armés se sont associés à la trêve décrétée par l'AIS le 1er octobre 1997.

(AFP, Le Soir 25.8, Liberté 27.8) L'un des fondateurs des GIA, Mohammed Hellis, alias Abou Talha Al-Djanoubi, aurait été liquidé le 23 août avec deux de ses compagnons près du douar Timrijane, dans la région de Jijel, par le GIA de Hassan Hattab, qu'il aurait refusé de rejoindre après avoir quitté le GIA d'Antar Zouabri. Selon des déclarations qu'aurait faites aux services de sécurité, après son arrestation à Batna, le "mufti" des GIA de l'est, Gherbal Amar (alias Abou Ishak), les GIA de la région de Constantine, Batna, Annaba, Guelma s'affronteraient entre eux, et affronteraient l'AIS dans la région de Jijel.

(AFP 26.8, 1.9) Le Premier ministre britannique Tony Blair a annoncé le 25 août un durcissement de l'attitude de son gouvernement à l'égard des islamistes réfugiés en Grande-Bretagne, afin d'"isoler les terroristes qui se drapent dans le manteau de l'islam pour justifier un comportement lamentable", selon les termes du ministre de l'Intérieur Jack Straw, qui revendique le "soutien des musulmans modérés" dans la répression des réseaux islamistes "radicaux". La Grande-Bretagne devrait entre autres adopter des mesures empêchant les collectes de fonds destinés au terrorisme, restreindre le droit d'asile et l'octroi de visas. Une demie-douzaine d'organisations islamistes ont été mises sous surveillance policière, dont "Al Muhajiroun" (L'Exilé) de Omar Bakri, soupçonné de liens étroits avec le "Front Islamique International" de Oussama ben Laden. Le projet de loi "antiterroriste" du gouvernement britannique a été publié le 1er septembre. Il prévoit la répression de toute "conspiration" menée en Grande-Bretagne pour commettre un acte terroriste ou d'autres délits graves à l'étranger.

(Liberté 2.9) Selon le quotidien "Liberté", un réseau de soutien aux GIA de la région de Remchi aurait été démantelé par les services de sécurité, et 13 personnes arrêtées, dont deux femmes et Belkati, l'"émir" du GIA "El-Ahouel".

(AP 7.9 Dans un tract non clairement identifié mais semblant émaner du GIA d'Antar Zouabri, et diffusé au début septembre à Alger, celui-ci annoncerait une "nouvelle offensive" dirigée "tant contre les traîtres de l'AIS que contre la junte militaire et ses valets".

(AFP 17.9) Le procès de l''Algérien Djamel Lounici, coordonnateur présumé de réseaux islamistes en Europe, reprend le 18 septembre à Naples où Lounici est jugé depuis février pour trafic d'armes et de faux papiers. L'audience était prévue le 15 mai, mais avait été reportée en raison d'une grève des avocats. Onze autres personnes --neuf Algériens, un Marocain et un Tunisien-- sont jugés à Naples depuis le 20 février. Deux d'entre elles sont en fuite et tous les autres sont aux arrêts domicilaires, à l'instar de Lounici, qui l'est à Milan. Selon son avocat, le dossier d'accusation est vide et les seuls éléments sont des fragments d'écoutes téléphoniques en arabe où sont évoquées des armes, mais dont l'interprétation prête à confusion. Lounici avait d'abord été accusé de terrorisme, puis d'"association de malfaiteurs à fin de transport" et de trafic "d'armes et de faux papiers d'identité". L'accusation de terrorisme avait dû être abandonnée car il n'était pas possible de prouver qu'il y avait un risque d'attentat contre l'Italie et il est impossible en Italie de poursuivre pour des soupçons qui concernent d'autres pays Selon les polices européennes, Lounici a organisé l'acheminement d'armes vers les maquis algériens entre 1992 et 1995. Il a été condamné en France, par défaut, à 5 ans de prison en janvier 1997 pour trafic d'armes. L'Italie a accepté d'extrader Lounici vers la France après qu'il aura été jugé définitivement pour les faits qui lui sont reprochés dans la péninsule. Lounici était arrivé en Italie en 1994 où il a épousé la fille de Othman Derambi, porte-parole du FIS en Italie et co-accusé dans le procès de Naples. Arrêté en mai 1995, sur mandat international de la France, et incarcéré à la prison de Novare, près de Milan, il a obtenu les arrêts domiciliaires en décembre 1997 après plusieurs grèves de la faim.

(AFP 18.9) Djamel Lounici a refusé de se présenter le 18 septembre à son procès à Naples. Lors de précédentes audiences, Lounici avait obtenu le droit de se rendre seul à son procès par ses propres moyens, mais, par mesure de sécurité, la cour d'appel de Milan avait décidé le 17 septembre d'autoriser le voyage uniquement sous escorte. Djamel Lounici pourrait être interrogé lors de la prochaine audience, fixée au 23 octobre, selon son avocat. Présenté par les polices européennes comme l'organisateur de l'acheminement d'armes vers les maquis algériens entre 1992 et 1995, Lounici est jugé à Naples avec onze autres personnes, neuf Algériens, un Marorain et un Tunisien. Deux d'entre eux sont en fuite. Ils comparaissent également pour trafic d'armes et de faux papiers. Durant l'audience du 18 septembre, trois accusés algériens, tout en refusant de répondre aux questions, ont délivré une déclaration spontanée, notamment Othman Derambi, porte-parole du FIS (Front islamique du salut) en Italie et beau-père de Djamel Lounici, qui a rappelé être arrivé en Italie il y a quatre ans comme réfugié politique et a affirmé qu'il avait toujours agi "en toute transparence et jamais dans la clandestinité". Othman Derambi, à l'instar des deux autres prévenus qui ont parlé devant le tribunal, Farid Aider et Lhadi Bendebka, a contesté des écoutes téléphoniques présentées par l'accusation et qui constituent 'l'un des seuls éventuels éléments de preuves", selon la défense. M. Derambi a déclaré que la traduction de ces conversations en arabe, réalisée par un Libanais, avait été erronée car l'arabe parlé au Moyen-Orient est sensiblement différent de celui parlé en Afrique du Nord. Selon les avocats de la défense, aucune arme n'a été trouvée chez les accusés et seuls des faux papiers ont été saisis durant l'enquête. "Dans l'immigration clandestine, c'est ce qui arrive souvent", a déclaré Me De Stefano. Djamel Lounici avait d'abord été accusé à Naples de terrorisme mais aucun indice sur de potentielles actions contre l'Etat italien n'avait été trouvé, avait indiqué l'accusation en avril, précisant que la justice italienne ne pouvait le poursuivre pour des soupçons concernant un autre pays.

(AP 19.9) Selon "Le Soir d'Algérie", Hassan Attab, dit Abou Hamza, émir (dissident) de la zone 2 (Kabylie) du GIA (Groupe islamique armé), a proclamé la naissance d'une nouvelle organisation, le ``Groupe islamique armé pour la prédication et le combat'' (GIPO). L'information, donnée en citant des sources proches des islamistes et des spécialistes des questions de sécurité, avait été révélée le 18 septembre par le quotidien londonien en arabe ``Al Hayat''. La naissance du "GIPO" fait suite à l'élimination en août de Mohamed Hellis, émir de la zone 6 du GIA (Jijel-Est du pays) par un commando de Hassan Attab, ajoute ``Le Soir d'Algérie''. Hellis avait initialement accepté de ``prêter allégeance à Attab en tant que chef de la nouvelle organisation'', et ses troupes, dans les régions de Batna, Jijel et Sétif notamment, se sont ralliées au chef du GIPO. Hassan Attab ``s'est assuré l'allégeance des principaux groupes du GIA à l'est et à l'ouest du pays'', et a aussi obtenu ``l'appui des réseaux de soutien à l'étranger'', ajoute "Le Soir d'Algérie", pour qui cependant "la nouvelle organisation terroriste ne risque pas de changer les rapports de force sur le terrain" car elle reste "confinée dans les maquis de Kabylie et de la région de Dellys, sans pouvoir s'installer dans la capitale et la proche périphérie".

(AFP 24.9) Selon le "Jane's Intelligence Review", publication britannique de référence dans le domaine du renseignement, Oussama Ben Laden a financé l'entraînement de groupes islamistes du monde entier, dont des groupes algériens, lors de son séjour au Soudan de 1991 à 1996. La publication, citant un ancien membres des services spéciaux soudanais, précise que le millionnaire saoudien accusé par les USA d'être à l'origine des attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es Salaam, au début du mois d'août, aurait mis en place des camps d'entraînement au Soudan avec l'accord du gouvernement soudanais. BBen Laden aurait également formé un "conseil consultatif" formé de représentants de plus d'une quarantaine de groupes islamistes, dont le FIS algérien.

(AP, La Tribune 26.9) Ahmed Khelif, lieutant de l'"émir" de la "Katibate el Mout" (Phalange de la mort), GIA actif dans l'ouest algérien, se serait rendu le 24 septembre aux autorités, qui ont officieusement confirmé l'information. la Katibate est encerclée avec quatre autres GIA dans les monts de Saïda par les forces de sécurité.

)APS, Liberté 29.9) Un groupe de soutien au GIA de l'"émir" Mebarek, alias Cheikh Youssef, a été démantelé à Annaba. Le groupe était composé de 7 personnes et assurait le financement du GIA.

(AFP 29.9) Un an après la proclamation par l'Armée Islamique du Salut (AIS, bras armé du FIS) d'une trêve à laquelle se sont ralliés plusieurs autres groupes islamistes armés, dont le Front Islamique pour le Djihad Armé (FIDA), mais qui a été dénoncée par les GIA, les combattants de l'AIS (dont le nombre varie selon les sources de plusieurs centaines à plusieurs milliers) sont cantonnés (sans avoir été désarmés) dans des zones délimitées par les forces de sécurité à Jijel, Tablat, Larbâa et Chlef, où ils peuvent recevoir la visite de leurs proches. Des éléments de l'AIS collaborent en outre avec les forces de sécurité à la lutte contre les GIA d'Antar Zouabri, auxquels les opposent des affrontements qui ont déjà fait des centaines de morts.

(El Watan 8.10) Selon "El Watan", cinq des huits auteurs de l'assassinat de Matoub Lounès auraient été identifiés par les services de sécurité grâce au témoignage d'un "repenti". Les auteurs de l'assassinat appartiendraient à un GIA affilié aux groupes de Hassan Hattab, et qui serait localisé près de la forêt de Takhoukht. Hassan Hattab n'aurait pas pardonné au GIA "officiel" d'avoir relâché Matoub Lounès après l'avoir enlevé en septembre 1994. Selon le témoignage du "repenti", le chef du groupe responsable de l'assassinat du chanteur serait un certain Bellaouèche Nacer, originaire d'un village distant de deux kilomètres de celui de Matoub. Quant à l'"exécuteur", il s'agirait d'un certain Chenoui Abdelhakim.

(Liberté 10.10) Selon le représentant de l'Algérie à Interpol, Mahmud Isuli, le fondamentaliste saoudien Oussama Ben Ladden aurait financé et équipé les GIA. Le représentant algérien a affirmé, lors d'un colloque d'Înterpol sur le terrorisme qui a pris fin le 7 octobre à Palma de Majorque, que dès l'apparition des GIA en Algérie, des militants et "certains dirigeants" du FIS ont "quitté légalement ou clandestinement le pays" pour se réfugier à l'étranger et ont été "financés par Ben Ladden" pour créer "un véritable réseau d'acheminement d'armes et d'équipements en direction des maquis terroristes". Le soutien financier accordé par Ben Ladden aux islamistes armés algériens leur aurait permis également de mettre en place des réseaux de propagande et de collecte de fonds à l'étranger, et de créer des "sociétés écran, sous le couvert de prête noms, qui se livrent à des trafics de toutes sortes, y compris les stupfiants", et génèrent des "fortunes colossales". Le représentant algérien a dénoncé la "passivité" ou le "silence" de plusieurs pays face à l'activité de ces réseaux.

(APS, L'Authentique 19.10) Selon le quotidien "L'Authentique", plusieurs centaines de "terroristes qui avaient pour base le Burkina Faso projetaient de rejoindre l'Algérie via le Mali", lors d'une opération "concoctée par Oussama Ben Laden, le milliardaire saoudien déchu de sa nationalité".

(AP 26.10, Liberté 2.11) Le procès de trois Algériens accusés de tenter de faire passer en Algérie du matériel destiné à la fabrication de bombes et des produits toxiques pouvant être utilisés pour des emploisonnement s'est ouvert à Londres. Au cours d'une perquisition chez eux, la police avait trouvé une cache d'armes, de produits chimiques et de matériel radio destinés aux GIA. Les trois accusés démentent avoir été en possession de ce matériel, mais le procureur affirme que deux d'entre eux ont admis être membres d'un GIA et que sept livraisons de matériel ont été effectuées vers l'Algérie entre 1992 et 1997.

(AP 2.11) Le Front islamique du Salut (FIS) demande aux GIA de se joindre à la trève observée par l'AIS depuis le 1er octobre 1997, dans une lettre, évoquée de "source informée" par le quotidien "Allem Siyassi", adressée par le président du FIS, Abassi Madani, à l'émir "dissident" des GIA, Hassan Hattab. Selon "Allem Siyassi", une trentaine de GIA se seraient déjà joints à la trève de l'AIS depuis un an.

(AP 4.11) Le porte-parole du gouvernement algérien, Hamraoui Habib Chawki, a démenti le 4 novembre que le FIS ait demandé aux GIA de cesser le combat, et qualifié d'"information sans fondement" celle publiée par le quotidien "Alem Siyassi" selon laquelle le président du FIS, Abassi Madani, aurait écrit au chef des GIA dissidents, Hassan Hattab, pour lui demander de se rallier à la trève décrétée par l'Armée islamique du Salut le 1er octobre 1997. Le porte-parole du gouvernement a rappelé à ce propos que "la mise en liberté de Abassi s'est effectuée sous des conditions qui sont toujours en vigueur", allusion à l'interdiction qui lui a été faite de s'exprimer en public d'une manière ou d'une autre sans autorisation préalable et exprès dus autorités, et a invité les journalistes à se rapprocher des sources officielles d'information.

(AP, Reuters 7.11) Selon les polices françaises et belges, notamment la DST et les RG français, l'auteur d'un attentat commis le 3 décembre 1996 à la statio de métro (RER) de Port-Royal, à Paris (4 morts, une centaine de blessés) a été identifié en la personne de Farid Melouk, un Français de 33 ans issu d'une famille d'origine algérienne arrêté le 5 mars 1998 à Bruxelles après un siège de 13 heures, au terme duquel une dizaine d'islamistes présumés avaient été interpellés. Farid Melouk a déjé été condamné par contumace à sept ans de prison par la justice française pour son soutien aux réseaux des GIA en France. Selon les enquêteurs, Farid Melouk et un complice (voire plusieurs) ont commis l'attentat décembre 1996 en déposant une bombe à retardement dans un wagon du métro. L'attentat n'avait pas été revendiqué par les GIA.

(AP 7.11, 13.11) Un ressortissant français, Claude Cheik ben Abdel Kader, arrêté en août en Albanie sous l'inculpation de meurtre sur la personne de son interprète albanais, s'est présenté comme un collaborateur du millionaire saoudien Oussama ben Laden, accusé par les Etats-Unis d'être le "chef d'orchestre" d'une "internationale terroriste islamiste" responsable des attentats commis le 7 août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es Salaam (224 morts). Claude Cheik ben Abdel Kader a affirmé avoir été chargé d'organiser un groupe de 300 hommes devant combattre les Serbes en Kosove. Claude Cheik ben Abdel a été condamné le 13 novembre à Tirana à 20 ans de réclusion.

(El Watan 14.11) Selon le quotidien "El Watan", les "unités spéciales" de l'armée auraient réussi au début du mois de novembre à éliminer la "tête du commandement" des GIA de l'ouest, en tuant l'"émir" régional Smaïl Guettaf, dit "Abou Ismaïl", et treize de ses hommes, ainsi que le chef du GIA "katibat El Forqan. Selon le quotidien, la "décapitation" des GIA de l'ouest pourraient susciter des combats entre eux (c'est-à-dire entre les "katibates" El Forqan, El Ahd, El Ouafa, Ethabat, Essuna, Ennasr et El Khadra). Ces GIA seraient formés en moyenne d'une vingtaine d'individus et seraient particulièrement actifs dans les wilayas de Tiaret, Saïda, Mascara et Tlemcen.

(Hijra, 16.11) Le Conseil de coordination à l'étranger du FIS (CC-FIS), dans un communiqué daté du 16 novembre et signé par son "bureau" (son porte-parole, Ahmed Zaoui, ayant été expulsé de Suisse vers le Burkina Faso), dénonce une vague d'arrestation" opérées dans le deuxième semaine de novembre parmi les membres de l'Armée islamique du Salut (AIS) et leurs familles, qu'il s'agisse de membres encore dans les maquis ou les ayant quitté, alors que l'AIS respecte depuis plus d'un an une trève. Selon le CVC-FIS, "le nombres d'arrestation dans certaines wilaya du centre du pays a atteint la soixantaine; certains ont ete relaches; les autres sont encore prisonniers". Le CC-FIS déclare également que "cette vague d'arrestation survient apres que nombre de moudjahidins observant la treve aient été lachement assassines dans plusieurs wilayas depuis que la treve ait ete annoncee en octobre 1997", et cite en exemple "l'assassinat de l'émir du FIDA" (Front islamique du Djihad armé) et de ses lieutenants. Le CC-FIS voit dans ce qu'il qualifie de "suite de trahisons" la confirmation de sa critique d'une "treve signée de façon unilatérale" par l'"émir" de l'AIS, Madani Mezrag.

(APS 23.11, 24.11) Des hauts fonctionnaires et des experts de l'Union européenne et des pays de l'"espace méditarrenéens" se sont rencontrés le 23 novembre à Bruxelles pour débattre de la question du "terrorisme", à la demande notamment de l'Algérie, qui a déposé une "contribution sur les lignes directrices pour la prévention et la lutte contre le terrorisme" et demande une coopération en matière de "lutte contre le terrorisme", notamment pour le démantèlement des "réseaux terroristes", l'empêchement des collectes de fonds et la surveillance des "associations dites religieuses ou caritatives". La "contribution" algérienne fait cependant référence au respect de la souveraineté des Etats et distingue le "terrorisme" et le "droit à la résistance contre l'occupation étrangère", distinction que les Etats européens récusent. Les experts réunis à Bruxelles ont convenu de mettre en place un réseau d'échange d'information et une base de donnée.

(Liberté 25.11) Un "réseau" islamiste de 23 personnes, dont neuf sont en fuite, impliqué dans plusieurs attentats à l'explosif commis en Kabylie en 1996, doit passer en jugement devant la Cour criminelle de Tizi Ouzou le 6 décembre prochain. Les membres du GIA incriminé sont accusés d'être responsable notamment d'un attentat à la voiture piégée contre le siège de la wilaya de Tizi Ouzou le 15 mars 1996 (bilan : six morts), d'un attentat à la bombe contre le siège de la sûreté urbaine de Tizi le 25 septembre 1995, de plusieurs autres attentats et embuscades dans la région et de tentatives d'attentats contre le siège du RCD, le bureau régional du quotidien "Liberté" et le Palais de Justice.

(El Watan 29.11) Le quotidien "El Watan" annonce le 29 novembre le démantèlement "il y a quelques jours" d'un "important réseau de soutien logistique" aux GIA à Constantine. Le réseau était implanté dans le centre hospiralier universitaire de Constantine et était composé d'une quinzaine de personnes, "pour la plupart des techniciens supérieurs de la santé". Il avait pour fonction "la collecte de fonds et surtout de médicaments", ainsi que "l'hébergement et le transport des terroristes".

(Liberté 2.12, El Watan 3.12) Le procès d'un GIA de la région de Tiaret s'est ouvert le 1er décembre à Tiaret. Il met en cause 87 personnes, dont 11 femmes. 24 des prévenus sont en liberté provisoire, 37 sont en fuite ou dans le maquis (dont Antar Zouabri) ou présumés morts (dont Djamel Zitouni). Le principal accusé présent est Oudhah Rachid, accusé d'être impliqué dans 12 attentats et reconnaissant l'êtr dans deux, mais reconnaissant en outre être responsable de la constitution d'un réseau de communication et de propagande reliant l'Allemagne, l'Angleterre et Alger aux maquis GIA des régions de Tissemsilt, Tiaret, Relizane, Mostaganem, Mascara et Sidi Bel Abbes (la "zone III" du GIA). Il déclare avoir rejoint le maquis par "vengeance" après l'"élimination" de son beau frère par les services de sécurité et la destruction de ses biens, et y être resté ensuite "par conviction". Il a été nommé "émir zonal" de la "zone III", chargé de la communication, après la destitution de l'"émir" Khalfa Mustapha, dit "Okacha". Rachid Ouadhah dit "Ould Benzineb", a été condamné à mort le 2 décembre. Cinq condamnations à la prison à perpétuité ont été prononcées, trois condamnations à 10 ans de prison (dont l'une frappe un accusé de 76 ans), 19 condamnations à cinq ans de prison. Deux accusés ont été acquittés, sept autres, qui avaient été mis en liberté provisoire avant le procès, ont été condamnés à des peines de prison ferme. 36 accusés ont été déclarés en fuite, dont Antar Zouabri, Djamel Zitouni et Okkacha, dont on ne sait s'ils sont encore en vie. Les avocats de la défense ont dénoncé "les pressions et les mauvais traitements" que leurs clients ont subi lors de leurs interrogatoires et de leur détention : "Nous avons des prévenus à qui ont a fait tomber leurs dents. A d'autres, on a brisé des côtes et bousillé tout le système respiratoire", a déclaré Me Khaldi. Quant au principal accusé, Rachid Ouadhah, il a annoncé qu'"un jour on connaîtra sûrement les véritables auteurs de toutes (les) affaires dont on me charge" (soit 12 attentats).

(AFP 4.12) Une base d'islamistes algériens située dans une grotte du nord du Niger a été découverte, et détruite, a annoncé le 4 décembre le ministre nigérien de l'Intérieur. Quatre soldats et un lieutenant de l'armée nigérienne ont été tués dans l'assaut du refuge islamiste.

(El Watan 8.12) Le procès des 18 membres d'un groupe armé islamiste de Tizi Ouzou s'est achevé le 7 décembre à Tizi Ouzou par la condamnation à mort de son chef, Slimane, et des peines de prison allant de trois ans d'emprisonnement à la perpétuité pour les autres membres du groupe, quatre accusés étant acquittés. Selon l'accusation, ce GIA était à l'origine d'une vague d'attentats à la bombe commis à Tizi Ouzou en 1996, faisant au moins 11 morts et des dizaines de blessés.

(El Watan 14.12) Selon le quotidien "El Watan", de nombreux membres de l'Armée islamique du Salut (AIS) se rendraient depuis plusieurs jours aux forces de sécurité pour bénéficier de la loi de "Rahma" (clémence). Selon le quotidien, plus des deux tiers de la "katiba Errahman", dirigée par l'"émir" Kartali, auraient "déserté les rangs. Le même problème affecterait les groupes AIS de Mascara, dont "au moins une trentaine" de membres se seraient rendus, de Meftah, dont quarante membres auraient "répondu à l'appel de la Rahma" et de Chlef, dirigé par l'"émir" Benaïcha, groupe dont les membres "s'adonnent au racket au vu et au su des autorités". La même pratique aurait cours à Lakhdaria et Jijel. Selon "El Watan", "la trêve lancée par Madani Mezrag l'année dernière est en train de se transformer petit à petit en une reddition qui ne dit pas son nom".

(El Watan 15.12) Selon le quotidien "El Watan", le groupe islamiste des "Fidèles au Serment", dirigé par Qamareddine Kharbane, qui se chargeait jusqu'alors essentiellement "de soutien logistique et de propagande" depuis l'étranger, s'est convertt à "l'action directe, notamment dans le Grand Sud", en se ralliant le dissident du GIA Belmokhtar, actif notamment à Illizi.

(Liberté 23.12) La Ligue islamique pour la prédication et le djihad (LIDD), dans un communiqué daté du 22 décembre signé par l'"émir" de l'organisation, Ali Benhadjar, relance le débat sur la trêve décrétée en octobre 1997 par l'Armée islamique du Salut (AIS), et à laquelle elle s'était associée. Dans son communiqué, elle réfute le qualificatif de "reddition" accolé à cette trêve et confirme implicitement qu'il y avait eu négociation avec le pouvoir pour une trêve devant "aboutir (à) un réglement global et juste de la crise". Le communiqué de la LIDD pose quatre conditions pour le "retour à la paix" : la libération d'Abassi Madani et Ali Benhadj, une amnistie générale, la levée de l'état d'urgence et l'exercice des libertés politiques et médiatiques.

(AFP, AP, El Watan, Demain l'Algérie, Reuters 30.12) Huit membres de l'AIS ont été assassinés par un GIA le 29 décembre à Ouled Azza, près de Tiberkanine, dans la région d'Aïn Defla, selon plusieurs quotidiens algérois.


1999

(Liberté 21.1) Selon le wali (préfet) d'Annaba, l'"émir" du GIA d'Annaba sévissant sur les hauteurs de La Coquette, Yazid Mebrek, alias Cheikh Youcef, a été destitué et remplacé par un autre chef islamiste local.

(Liberté 27.1) Trois personnalités considérées comme des "guides spirituels" du mouvement islamiste "salafiste" (fondamentaliste), les cheikhs Halabi, Chagra et El-Albani, résidant en Jordanie, ont publiquement dénoncé les groupes islamistes armés algériens, tant ceux d'Antar Zouabri que ceux de Hassan Hattab et récusé la légitimité de leurs actes.

(AP 13.2) Un message adressé au journal londonien "Al Hayat", signé d'un "Front islamique armé" inconnu, menace d'attentats les ambassades de France, de Grande-Bretagne, des USA et de cinq Etats arabes (sans préciser lesquels), en réponse à ceux qui "musèlent les bouches et emprisonnent (les religieux musulmans), les déplacent et les bannissent", et à la "domination et la tyrannie" contre les musulmans".

(ATS 15.2) Un islamiste français d'origine algérienne, présumé proche d'Oussama Ben Laden, a été arrêté à Paris en janvier. Ahmed Loudaïni, est présenté comme le "financier" de Ben Ladden, lui-même présenté par les Américains comme le "deux ex machina" du terrorisme islamiste international. Loudaïni a été mis en examen et écroué pour "association de malfaiteurs ayant pour objet de préparer des actes terroristes". Sa présence en France aurait été signalée par la CIA américaine aux services français.

(TG 16.2) Oussama Ben Ladden serait à l'origine du GIA de Hassan Hattab (Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat), si l'on en croit un islamiste repenti jugé par le tribunal de Titi Outou, Mohammed Berrached, accusé notamment de l'enlèvement et de l'exécution de six personnes en Kabylie. Mohammed Berrached a affirmé le 14 février qu'Oussama Ben Ladden.

(El Watan 8.3) A l'approche de l'élection présidentielle, les GIA tentent de sortir de l'isolement dans lequel ils se retrouvaient depuis plusieurs mois. D'une part, les groupes encore actif notamment en Kabylie (groupe de Hassan Hattab) et dans la région des monts du Zaccar (Medea, Aïn Defla, Chlef) poursuivent leurs incursions et leurs attentats. D'autre part, les groupes de l'Ouarsenis, après avoir éclaté entre partisans de la trêve décrétée par l'AIS et partisans de la poursuite des actions armées (GIA "El Ahwal"), et s'être affrontés entre eux, concentrent leurs actions contre les villageois isolés et les bergers, jusque dans la région de Tipaza. Dans l'ouest, les GIA ("katibates") "Ennasr", "El Forquane", "Ethabat", "Essuna" et "El Khadra" ont pour l'instant ralenti, voire cessé, leurs activités, et plusieurs de leurs membres se sont rendus aux autorités, annonçant la mort de l'"émir" Guettaf, alias "Abou Ismaïl". Le lieutenant de l'"émir" Mebrek, du GIA de l'Edough, dans la région d'Annaba, Senhadji Abdelwaheb, a quant à lui rejoint l'AIS près de Guelma.

(APS 12.3) Le juge espagnol Baltasar Garzon a inculpé le 11 mars onze membres présumés de GIA opérant en Espagne, et en a inculpé six d'appartenance à une organisation "terroriste, en l'ocurrence une "structure extérieure du GIA". Les personnes inculpées sont soupçonnées de faire partie d'un réseau d'aide aux GIA, démantelé en avril 1997 dans l'est de l'Espagne, et chargé de produire des faux papiers et de transmettre des armes, des explosifs et des véhicules à des ressortissants européens eux-même liés aux GIA, qui les acheminaient en Algérie. Deux des personnes inculpées sont incarcérées en Espagne, trois sont en fuite, les autres sont en liberté provisoire.

(Canal + 19.3) Le ministre de l'Intérieur Abdemalek Sellal a affirmé que "le terrorisme a régressé faute d'appui logistique" de la population, et qu'il ne restait plus que "trois localités souffrant de ces actes" : Bouira, Médéa et "à un degré moindre" Tizi Ouzou. Le ministre de l'Intérieur a cependant précisé qu'il fallait "distinguer entre le terrorisme et le banditisme", ce dernier étant responsable de certains actes attribués au premier.

(El Watan 20.3) Les services de sécurité de la région de Chlef, aidés des milices anti-islamistes locales, ont décidé de mettre en place un "dispositif de protection de la population contre les éléments de l'AIS" concentrés, après la rêve, sur le domaine Aïchouba, près de Chlef. Près de 200 miliciens sont supposés s'installer sur les crêtes autour du domaine, pour empêcher les membres de l'AIS d'en sortir. Le responsable de l'une des milices locales a précisé que ses hommes n'hésiteront pas à "ouvrir le feu sur quiconque franchirait la ligne de démarcation entre le domaine Aïchouba et le reste de la région". Ce dispositif a été mis en place pour proéger les habitants de plusieurs douars (notamment Ramlia, baïria, Kouasmia, Sidi Ameur) des incursions de membres de l'AIS sortant du domaine où ils ont été installés après la trêve. Environ 200 membres de l'AIS y ont été concentrés, mais pouvaient en sortir et rendre visite à leurs familles, et certains d'entre eux en profitaient pour se livrer à des actes de racket et de banditisme. On évoque aussi la participation de membres de l'AIS à la récolte de signatures pour le candidat à l'élection présidentielle Ahmed Taleb Ibrahimi.

(El Watan 23.3) Selon le quotidien algérois "El Watan", près de 400 islamistes armés se seraient rendus, un mouvement qui aurait "pris de l'ampleur à la suite de la fetwa prononcée il y a quelques mois par l'imam El Albani, décrétant illicite le djihad en Algérie". Selon "une source sûre" citée par "El Watan", ces repentis ont fui les rangs de Hassan Hattab, Antar Zouabri et les camps de l'AIS entrés en trêve, ainsi que le GIA d'El Hidjra oua El Tekfir, dont une dizaine de membres se seraient rendus récemment aux services de sécurité de la commune de Zeddine, dans la wilaya de Aïn Defla. L'Imam El Albani très écouté par les islamistes algériens, avait déclaré que les pratiques des GIA en Algérie, «terre d'Islam, sont contraires à la religion». L'imam, après avoir dénoncé la politisation de la religion, avait appelé les terroristes à «se repentir avant qu'il ne soit trop tard», en leur rappelant les versets coraniques et les déclarations du Prophète qui interdisent aux musulmans de s'entre-tuer. Parmi les islamistes armés qui se sont rendus figurent des émirs du GIA et des proches collaborateurs de Hassan Hattab et de Kartali. Ils auraient refusé de rejoindre la trêve parce qu'ils considèrent, disent-ils, que les «trévistes» attendent une contrepartie de la part du gouvernement, alors qu'eux veulent, par leur reddition, «libérer leur conscience» vis-à-vis de Dieu. Ces repentis devraient pouvoir bénéficier des dispositions de la loi sur la rahma (clémence). Depuis l'instauration de cette loi en 1995, près de cinq mille islamistes armés se seraient, selon les autorités, rendus aux forces de sécurité. L'écrasante majorité faisaient partie des réseaux de soutien et de propagande.

(AFP 29.3, ATS, APS 30.3) Le procès de onze islamistes présumés membres de GIA, dont de hauts responsables présumés du mouvement islamiste algérien, et d'un groupe islamisme marocain, en Europe, soupçonnés d'avoir participé à des attentats en France, s'est ouvert le 29 mars à Bruxelles. Dix accusés comparaissent, le onzième (Aid Sassi-Jallal, de nationalité marocaine) est en fuite. D'entre les accusés, le Français d'origine algérienne Farid Melouk est accusé de tentative de meurtre, d'association de malfaiteurs, de détention d'expoisifs et de port d'arme prohibé. Il a déjà été condamné à 7 ans de réclusion en février 1998 à Paris pour sa participation à un réseau logistique des GIA, dans la région Lyonnaise. Il a été arrêté en mars 1998 à Bruxelles au terme d'un assaut policier contre la maison où il s'était retranché et où six de ses complices présumés ont également été interpellés. Un autre accusé, Mohamed Badache, alias Mohamed Talbi, de nationalité algérienne est accusé d'association de malfaiteurs, détention d'explosifs et rébellion en bande. Les autres inculpés semblent n'être que de "*seconds couteaux", inculpés de faux et usage de faux, recel et falsification de documents officiels. Le Ministère public a requis sept ans de prison contre Farid Melouk et cinq ans contre Mohammed Badache.

(El Watan 30.3) Des documents retrouvés sur un islamiste armé abattu le 28 mars par les forces de sécurité semblent indiquer que le GIA "El Baqoun ala el ahd" (les Fidèles au Serment) a rallié le GIA de Hassan Hattab, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, lui-même dissident du GIA d'Antar Zouabri.

(El Watan 7.4) Selon des "repentis" issus des rangs des GIA d'Antar Zouabri, celui-ci aurait engagé une purge dans les rangs de sa "Katiba El Khadra" et aurait fait exécuter plusieurs de ses lieutenants, dont Mohammed Chadli (Zoubir Abou El Moundir), Adlane, Meladici, Mohammed Saïdj (Redouane), Macador (Abou Bassir) et Abou Nouh, et aurait nommé à leur place de jeunes "recues" non identifiées par les services de sécurité, et qui lui voueraient une obélissance totale,.

(El Watan 28.4) Selon "El Watan", le GIA de Hassan Hattab se serait "redéployé", c'est-à-dire en fait concentré, en Kabylie, dans l'est de la wilaya de Boumerdès, le nord de la wilaya de Bouira et la région de Takhoukht. Les maquis de Sidi Ali Bounab et de Mizrana, officiellement "nettoyés" après des ratissages des forces de sécurité. seraient "petit à petit revisités par de petits groupes". Le GIA de Hassan Hattab a été confronté à la fois à la "guerre de position que lui a livrée le GIA" d'Antar Zouabri, à de nombreuses défections et à un certain renforcement de l'AIS.

(El Watan 1.5, 11.5) Hassan Hattab aurait été destitué de son titre d'"émir" de son GIA dissident lors d'une réuinion des chefs de ses katibates, et remplacé par son "mufti", Dicho Abdemladjid, alias Abou Mossâab, ancien imam de Bordj Menaïel, selon "El Watan", qui fait référence à un communiqué daté du 25 avril, qui dénonce par ailleurs la trêve de l'AIS et accuse celle-ci d'avoir "déclaré la giuerre à l'islam", ainsi que les GIA d'Antar Zouabri d'être composés de "dépravés" Le "putsch" interne qui a renversé Hassan Hattab pour le remplacer par Dicho Abdelmadjid aurait provoqué l'éclatement de ce GIA, et la reddition de plusieurs partisans de Hassan Hattab.

(Le Matin 15.5) La Chambre correctionnelle du Tribunal de Bruxelles a prononcé le 14 mai des peines de deux à neuf ans de prison à l'encontre des membres du groupe de soutien aux GIA algériens, démantelé en mars 1998 à Bruxelles. Farid Mallouk a été condamné à neuf ans de prisons, alors que l'accusation en demandait sept. Badache Mohamed Chaouki et Aï Sassi Jalal (en fuite) ont été condamnés à cinq de prison. Deux personnes ont été acquittées.

(Liberté 20.5) Un communiqué signé de Hassan Hattab affirme l'absence de différend entre le fondateur du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat" et son successeur, Abdelmadjid Dichou, alias "Abou Mossaab". Les observateurs de la "scpne islamiste armée" algérienne doutent cependant de l'authenticité de la signature de ce communiqué, faisant remarquer d'une part qu'il n'est pas habituel que les GIA s'expriment publiquement sur leur fonctionnement interne, et d'autre part que le communiqué signé de Hattab est rédigé dans le même style, et avec des expressions identiques, que celui signé par Dichou, annonçant sa nomination comme "émir" du GIA de Hattab et affirmant, lui aussi, l'absence de divergence entre Hattab et lui. Selon des "repentis" issus de ce GIA, les partisans de Habbat et ceux de Dichou se seraient affrontés dans la région de Bouzegza, et il y aurait eu plusieurs morts dans ces affrontements. Certains observateurs supposent en fait que Hattab a été liquidé, peut-être physiquement mais en tous cas politiquement, par Dichou, et rappellent que lors de l'éminination de Djamel Zitouni en 1995, sa mort avait été tenue secrète pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que tous les opposants à son successeur, Antar Zouabri, aient été eux aussi éliminés.

(Le Matin 22.5) 74 affaires liées au "terrorisme" sont à l'ordre du jour de la session criminelle de la Cour de Tizi Ouzou, ouverte le 22 mai.

(El Watan 23.5) L'"émir" du GIA "Katibat Ethabat" actif dans la région des monts de Stamboul (Mascara), Temimi Mokhtar, dit "Merouane", abattu par les forces de sécurité, aurait été remplacé par un certain "Bouneb", originaire comme Temimi de Bouhanifia.

(El Watan 23.5) L'"émir" Moadeb Djamel Eddine, dit "Farouk", chef d'un GIA actif à Oran jusqu'au début 1998, et qui s'était rendu en mars de cette année aux autorités, a été condamné à la prison à perpétuité le 22 mai pour plusieurs meurtres et attentats ayant coûté la vie à au moins six personnes. Il a échappé à la peine de mort grâce à la loi de "Rahma" (clémence).

(El Watan 24.5) Un groupe de 17 personnes a été présenté le 22 mai devant le Procureur de la République de Tamalous (région de Skikda) pour répondre des chefs d'inculpation de participation à groupes terroristes, participation à des massacres et encokuragements à des actes terroristes. Les 17 personnes avaient assisté le GIA de l'"émir" Yazid Mebrek qui avait attaqué le 3 mars le douar de Sra Bouhanche, dans la région de Tamalous, et massacré cinq jeunes hommes qui venaient d'accomplir leur service militaire, et dont les noms avaient été donnés au GIA par les 17 inculpés.

(Liberté 26.5) Yazid Mebrek (alias Youcef), "émir" d'un GIA de la mouvance de Hassan Hattab dans la région de Skikda, a été arrêté début mai à Tamalous, près de Skikda, avec une dizaine de ses hommes.

(El Watan 27.5) Selon "El Watan" (27 mai), une délégation officielle se serait rendue le 21 mai dans un camp de l'AIS, près de Texenna, pour "négocier" la poursuite de la trêve de l'AIS et ses modalités. Le quotidien fait état du "mécontentement des hommes de Madani Mezrag" à propos des restrictions imposées à leurs déplacements hors de leur cantonnement.

(Le Matin 29.5) L'ancien maire de Relizane, et chef de la milice anti-islamiste ("patriotes") de Relizane, Hadj Ferggane, a été accusé par la Ligue algérienne pour le défense des droits de l'Homme (LADDH) le 27 mai d'être responsables d'exécutions extrajudiciaires, de kinapping et de racket dans la région, et d'y faire "la pluie et le beau temps". Hadj Smaïn, responsable local de la LADDH, accuse précisément Hadj Ferggane, du kidnapping le 24 août 1996 d'un islamiste "repenti", de torture et de liquidation de plusieurs personnes, dont le gardien du garage d'une entreprise communale où ses victimes étaient détenues, torturées et assassinées, et d'avoir été longtemps protégé (et peut-être de l'être encore) par de hauts responsables politiques et militaires locaux et nationaux, comme le général Bekouche, le wali Lemhal Brahim, ou l'ancien ministre de l'Intérieur Mostapha Benmansour, "à qui il a construit une villa de plus d'un milliard" selon Hadj Smaïn. La LADDH proteste contre le fait que Hadj Ferggane n'a jamais été inculpé, qu'aucune plainte contre lui n'a réellement abouti, qu'il dispose toujours d'un logement "sécurité". Hadj Ferggane et Hadj El Abed (maire de Djidoua) avait été arrêté en avril 1998 après le dépôt de plaintes pour exécutions sommaires et extorsion de fond (on les accusait de plus de 50, voire 70 assassinats), mais avaient été remis en liberté 12 jours plus tard. Selon "El Watan", Hadj Ferggane n'habite plus son ancien domicile mais un logement sécurisé à Relizane.

(AP 31.5) Trois anciens policiers (dont un était en fonction au moment des faits) membres d'un groupe armé spécialisé dans les "faux barrages" et le racket d'automobilistes ont été condamnés à la perpétuité par le tribunal criminel de Mascara. Ils avaient dressé 18 faux barrages dans la région, se faisant passer pour des islamistes armés.

(AP 3.6) La télévision publique et l'agence officielle APS ont diffusé le 3 juin une lettre du chef de l'Armée islamique du Salut (AIS), Madani Mezrag, proposant un "arrêt définitif des combats". La diffusion du message de Madani Mezrag était accompagnée de commentaires "autorisés" rendant hommage au "courage" de son auteur et annonçant que le président Bouteflika est décidé à honorer ses engagements électoraux sur la "réconciliation nationale", engagements auxquels Madani Mezrag fait précisément référence dans sa lettre.

(AFP, APS, AP, Reuters 4.6, 6.6, Le Matin, El Watan 5.6, 7.6) La présidence de la République a répondu rapidement à la lettre que l'"émir national" de l'AIS, Madani Mezrag, lui a adressée le 1er juin et qui a été publiée par les media officiels le 3 juin, lettre annonçant que l'AIS est prête à renégocier la trêve conclue avec les autorités algériennes en octobre 1997, mais jamais reconnue officiellement. La présidence a fait annoncer par l'agence officielle de presse APS qu'elle considérait le geste de l'AIS comme "courageux et responsable" et des sources officielles ont fait savoir que des mesures seront prochainement prises "en urgence" et que le président Bouteflika donnera une "assise juridique" à la trêve de l'AIS. "Les dispositions nécessaires seront prises pour consacrer ce fait, ce qui contribuera à classer le dossier sécuritaire, et dans les meilleurs délais", ont expliqué à l'AFP des "sources proches de la présidence de la République". De sources diverses, gouvernementales et islamistes, on évoque également la possibilité de la mise en liberté d'Abassi Madani, actuellement en résidence surveillée. Dans son commentaire ("autorisé") à la lettre de Madani Mezrag, l'agence officielle de presse APS écrit que "les dispositions nécessaires seront prises pour consacrer (l'assise juridique de l'arrêt des tueries) avec le consentement du peuple et conformément aux dispositions de la constitution et des lois de la République, ce qui contribuera à classer le dossier sécuritaire dans les meilleurs délais dans un avenir proche avec la volonté de Dieu".

Le 6 juin, après que la télévision publique ait rendu public un texte de Madani Mezrag dans lequel celui proclamait que "l'AIS a décidé d'abandonner définitivement sa lutte armée contre les autorités" et de mettre "ses forces pour la défense du peuple et au service de la patrie (...) sous l'autorité de l'Etat" (ce qui pourrait signifier leur engagement contre les GIA), la télévision publique a diffusé la réponse du président Bouteflika : le président annonce qu'il va faire élaborer "un projet de loi à soumettre au Parlement pour régler les problèmes" posés par la nécessité d'une "base légale" à la trêve de l'AIS. Le communiqué présidentiel, qui ne précise pas la date à laquelle le projet de loi sera déposé, contient l'engagement d'Abdelaziz Bouteflika à "traiter avec transparence et à informer" l'opinion publique du traitement de ce dossier. Selon le communiqué,. la loi qui sera proposée "accorde la clémence à toutes les personnes concernées dans le but de régler l'ensemble des questions de sécurité visant à rétablir la stabilité". En outre, selon des sources "proches du FIS" citées par Reuters, les conditions de détention et de visite par sa famille d'Ali Benhadj ont été récemment assouplies.

Dans sa lettre du 1er juin, Madani Mezrag affirmait sa disponibilité à abandonner les armes et sa volonté à coopérer avec le président Bouteflika si celui-ci mettait en oeuvre les accord passés avec le commandement de l'armée. Le chef de l'AIS accusait par ailleurs des "parties agissantes du pouvoir" d'avoir fait en sorte en 1997 que la trêve "ne se réalise pas" alors que l'AIS avait "mis entre les mains des décideurs de l'Etat algérien un projet pour mettre fin à la crise et arrêter définitivement l'effusion de sang". Après l'élection d'Abdelaziz Bouteflika, Madani Mezrag considère que "la destruction des groupes criminels déviationnistes" (c'est-à-dire les GIA), "la neutralisation du feu de la fitna" (discorde) et "l'arrêt du bain de sang sont faciles et possibles si sont réunies les bonnes volontés et les saines intentions et sont conjugués les efforts de tout le monde pour atteindre l'objectif recherché". Madani Mezgrag conclut sa lettre (rédigée sur un ton très "coranique") par ces mots, adressés à Abdelaziz Bouteflika : "Notre espoir en vous est grand, quant à la réalisation de la paix et de la stabilité pour le pays et les individus. Nous prions le bon Dieu pour qu'il vous vienne en aide et qu'Il vous guide vers le succès dans votre très grande mission".

Les associations de familles de victimes du "terrorisme", "Somoud" et "Djazaïrouna" ont très vite et très négativement réagi à l'annonce de la disponibilité du pouvoir à consacrer juridiquement et politiquement la rêve de l'AIS : "aucune justification expliquant les concessions que feraient les pouvoirs de décision aux islamistes ne sera tolérée", déclarent les deux associations, pour qui "les intérêts supérieurs de la nation ne peuvent être garantis par des négociations menées sous les menaces des ennemis de l'Algérie, mais par la rigueur et la détermination du peuple aux côtés de l'Etat, de ses forces armées, des GLD et des Patriotes". Et les deux associations de réitérer leur "détermination à lutter pour l'abrogation de la loi dite de la Rahma" (clémence) dont bénéficient les "terroristes repentis". Deux autres organisations, le "Comité national contre l'oubli et la trahison" et la "Fondation Tahar Djaout" unt appelé à un rassemblement le 10 juin à Alger pour "contrecarrer le plan de trahison et de soumission envisagé" par le président Bouteflika. Une protestation comparable a été émise par l'édotorialiste du quotidien "Le Matin", qui accuse le président d'avoir transformé en son "interlocuteur direct" un "dangereux terroriste (...), un chef de bandes armées responsable de milliers de crimes, de viols et d'actes de sabotage", d'avoir "élevé au rang de héros des assassins, des égorgeurs de bébés et des violeurs de femmes" et, finalement, d'"assassiner une seconde fois toutes les victimes de l'intégrisme islamiste".

Du côté des partis politiques, le Front des forces socialistes, rappelant qu'il n'a pas "cessé depuis janvier 1992 de préconiser une issue politique, pacifique, démocratique et globale à la grave crise que vit le pays", et qu'il n'avait eu "de cesse d'encourager (...) toute initiative visant à réduire les niveaux de violence et à préserver des vies humaines", salie "toute initiative de retour à la paix" mais prévient qu'il ne saurait "cautionner (un) accord qui ne (s'inscrirait pas) dans une perspective démocratique de sortie de crise", et considère que "seul un compromis historique pour la paix et la démocratie permettra le renouveau de l'Algérie", car "la paix est indissociable de la démocratie et (toute) démarche qui faix l'impasse sur celle-ci ne peut qu'échouer et aggraver ainsi l'instabilité". De son côté, le MDS a dénoncé une "insulte" envers les démocrates et proteste vivement contre la médiatisation par les autorités de la lutte de Madani Mezrag, médiatisation que relève également le RCD, qui y voit un fait politique : "la trêve (...) vient, via la télévision, d'être implicitement assumée par les plus hautes autorités de l'Etat".Pour le RCD, qui dénonce les "initiatives politiques parallèles", "le traitement du fléau intégriste et politique" Le FLN a réagi en se disant favorable à toute initiative visant à "réaliser la réconciliation nationale dans le cadre des lois de la République". Le PRA a approuvé une démarche "consistant à rendre public et transparent le traitement du dossier" de l'AIS, mais récuse les notions de "trêve" et de "négociations". Ennahda a exprimé sa satisfaction face à ce que le mouvement islamiste considère comme une "évolution positive".

(El Watan 7.6) Selon "El Watan", une délégation officielle, comprenant au membre de l'ex-FIS, se serait rendue dans un cantonnement de l'AIS de la région de Texena.

(APS, Corr 9.6) Un groupe d'Ulemas, de penseurs et de prédicateurs musulmans, dont Youcef El-Karadaoui, Mohamed Mahdi Chams-Edine et Ahmed Yacine ("guide" spirituel du Hamas palestinien) ont salué la décision de l'AIS de mettre fin définitivement à ses actions, rendu hommage au président Bouteflika pour la réponse qu'il a donnée à la décision de l'AIS et à l'armée algérienne pour avoir répondu à l'initiative de la trêve, exprimé le voeu que le président poursuive "ses efforts jusqu'à l'aboutissement de la réconciliation nationale" et appelé les autres groupes armés à "se rallier à cette courageuse initiative pour le bien de l'Algérie et de l'Islam".

(Liberté, corr 17.6) Selon le quotidien "Es sahafa" du 17 juin, les appels à la trêve lancée par l'AIS et le FIS auraient eu un écho important au sein des GIA. Le GIA de Sidi Yahia aurait adhéré à la trêve, un GIA de Souk el Khemis se préparerait à en faire autant et une quinzaine d'"émirs" de GIA du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat" de Hassan Hattab des régions de Souk Lekhmis, El Mokrani et Zbarbar se seraient réunis à Zbarbar afin de mettre au point leur adhésion à la trêve et de signer un appel commun. Selon "Es sahafa", deux anciens responsables locaux du FIS, Youcef Bouberas et Boubekeur Saïdi sillonent les maquis des régions de Bouira et de Médéa.

(ATS, Corr 22.6) Le GIA d'Antar Zouabri a menacé, dans un communiqué publié le 22 juin par le quotidien arabe "Al Hayat", et signé par Abou Hamza El Afghani, émir de la "phalange de Chouhada" et lieutenant d'Antar Zouabri, d'intensifier ses attentats en Algérie et à l'étranger, et s'en prend violemment aux partisans de la trêve décrétée par l'AIS, que le GIA-Zouabri accuse d'avoir "prêté allégeance à la junte militaire en se soumettant aux conditions inacceptables imposées par le général Smaïn Lamari". Se proclamant comme "seul cadre légitime du djihad en Algérie", le GIA-Zouabri, dont c'est le premier communiqué depuis l'été 1997, annonce "qu'il va poursuivre sa guerre sainte en usant du langage du feu et du fer contre les apostats et les mécréants", et "promet aux gouvernements qui s'ompliqueront dans la répression des moudjahidines un déluge de terreur et des bains de sang".

(El Watan 23.6) Selon le quotidien "El Watan", le communiqué signé par Abou Hamza Al Afghani au nom du GIA d'Antar Zouabri et faxé au journal londonien "Al Hayat", communiqué condamnant la trêve de l'AIS et réaffirmant la volonté du GIA-Zouabri de poursuivre le Djihad, "laisse perplexe les observateurs les plus avertis", qui rappelle notamment que la "phalange des martyrs" d'Abou Hamza (la Katibat echouhada) a été "complétement laminée" par les forces de sécurité et que ses derniers éléments, dont Athmane Khelifi, alias Hocine Flicha, leur chef, "ont été abattus par les forces de sécurité à Baïnem" en juillet 1998. De cette "phalange des martyrs" ne resterait qu'un rescapé, l'artificier du groupe, "Pico". Le communiqué reçu à Londres ne parviendrait donc, selon les "observateurs" cités par "El Watan", que d'un groupe d'activistes réfugiés eux-mêmes à Londres "et vraisemblablement coupés de la réalité du terrain en Algérie", mais voulant présenter le GIA de Zouabri "comme une organisation capable de replonger le pays dans la chaos" alors qu'il ne serait plus composé que "d'une quarantaine de terroriostes" opérant dans les régions de Médéa, Aïn Defla, Blida, Mascara, Tiaret et Chlef. "Si le communiqué était authentique, il aurait certainement été signé par l'émir du GIA", c'est-à-dire Zouabri, écrit "El Watan", qui ajoute que Zouabri "a tué plus de la moitié de l'effectif de son groupe dans le seul but de se prévaloir en tant que chef".

(AP 27.6) Le "Bataillon du Martyre-Europe" du GIA menace, dans un communiqué adressé au bureau londonien de "Al Hayat" et signé Abou-Hamza al Afghani, d'infliger à la Belgique "le mal et des bains de sang" si ce pays ne libère pas dans les 20 jours quatre membres des GIA condamnés en mai par un tribunal belge à des peines de 2 à 19 ans de prison.


(AFP 28.6, Corr 29.6) La Belgique s'organise pour faire face aux menaces proférées par le GIA. A l'issue d'une réunion entre responsables de la police, de la gendarmerie, de l'armée et de la justice, les ministres de l'Intérieur et de la Justice ont annoncé avoir donné les "instructions nécessaires". Une instruction judiciaire a été ouverte le 29 juin, contre inconnus, pour "association de malfaiteurs" et "menace écrite, avec ordre ou sous conditions, d'un attentat contre des personnes et des biens". Dans un communiqué publié le 27 juin, le GIA d'Abou Hamza al-Afghani, "émir de la phalange des martyrs-Europe", a menacé la Belgique d'un "bain de sang" si des activistes islamistes emprisonnés en Belgique n'étaient pas libérés. Selon le ministre de l'Intérieur, ce communiqué ne comprait "pas d'indices d'invraisemblance". Dans son communiqué, le GIA évoquait un "pacte secret de non-agression" conclu "durant l'été 1996 avec les services secrets belges", accord dont les autorités belges ont nié l'existence. Le GIA condamnait également l'extradition par la Belgique vers la France de militants islamistes. Le ministère de la Justice a confirmé que deux personnes condamnées en 1996 en Belgique pour association de malfaiteurs et détention d'armes, Benbrahim Boudriah et Abdelfadel El Majda, ont été extradés en mars 1999 en France, où ils ont été condamnés le 26 mai à des peines de prison dans le cadre du procès d'un réseau de soutien français aux islamistes armés algériens. Un autre militant islamiste, Farid Melouk, Français d'origine algérienne condamné en 1998 en France à 7 ans de prisonpour sa participation à un réseau d'appui aux GIA, et en mai 1999 en Belgique à neuf ans de prison, devrait également être extradé en France une fois sa peine purgée en Belgique. Des menaces similaires à celles exprimées le 27 juin à la Belgique lui avaient déjà été adressées en 1995 à l'occasion du procès d'Ahmed Zaoui, mais elles ne s'était pas concrétisées en actes, Ahmed Zaoui ayant pu quitter la Belgique pour la Suisse, d'où il a finalement été expulsé pour le Burkina Faso.

(Reuters, AP 1.7) Dans un communiqué adressé à la rédaction parisienne du quotidien arabe "Al Hayat", et authentifié par le journal londonien, le GIA d'Abou Hamza al Afghani, "émir" des "Brigades des martyrs-Europe", qui avait le 27 avril adressé des menaces comparables à la Belgique, menace "les gouvernements parties prenantes dans la répression contre les moudjahidines", et en particulier la France, "d'un déluge de terreur" et de tuer "les citoyens de ces Etats à l'instar de ce que ces gouvernements ont fait contre les musulmans". Le communiqué, qui fait référence au "martyr Khaled Kelkal", abattu par les gendarmes français dans la région lyonnaise en septembre 1995, accuse notamment la France d'être l'instigatrice d'une "recrudescence des tentatives occidentales pour étrangler le djihad à l'extérieur de nos frontières".

(El Watan 1.7) Le Tribunal correctionnel de Paris, devant lequel se tient le procès de 22 personnes accusées de former un réseau islamiste responsables des attentats commis en France en 1995, rendra son verdict le 15 septembre. Le Parquet a requis des peines de un à dix ans de prison, assorties pour certains accusés d'une période de sûreté (détention non réductible), de privation des droits civiques (pour les Français) ou d'expulsion (pour les étrangers). Le principal accusé Boualem Bensaïd, a déclaré "Notre guerre est une guerre religieuse" et exigé d'être jugé par un tribunal militaire.

(El Acil 1.7) Selon le quotidien "El Acil", le GIA d'Antar Zouabri serait prêt à se "joindre à la trêve" décidée par l'AIS, et que ce même GIA avait qualifiée d'"acte d'apostasie", à six donditions : la libération des détenus islamistes en Algérie et à l'étranger (dont ceux, en Belgique, dont un communiqué du GIA exigeait le 27 juin la libération sous peine d'un "bain de sang"), le retour des mitants extradés, la garantie de sécurité pour ses hommes, leur intégration dans les rangs des forces de sécurité, l'amélioration des conditions sociales de leurs familles et la réintégration des travailleurs licenciés pour leur participation à la grêve générale et aux manifestations islamistes de 1991-1992. Faute cependant de moyens d'authentifier les informations données par "El Acil", le revirement brutal du GIA d'Antar Zouabri laisse pour le moins perplexe les observateurs de la "scène terroriste" algérienne, d'autant que ces informations coïncident avec des menaces du GIA à l'égard de la Belgique et de la France.

(AP 3.7) L'émir régional de la "Katibat el Forkane" (Phalange du Coran) de Tlemcen se serait rendu aux autorités le 1er juillet, près de Tlemcen.

(APS, Reuters 7.7) 45 intellectuels et chefs religieux fondamentalistes étrangers ont lancé un appel, diffusé le 7 juillet par l'agence officielle algérienne APS, aux groupes islamistes armés algériens pour qu'ils déposent les armes et renoncent à la violence. "Nous exhortons tous les groupes armés d'Algérie à emprunter cette voie courageuse qui sert les intérêts de l'islam en Algérie. Nous bénissons ce que le président Bouteflika a entrepris", écrivent notamment cheikh Ahmed Yassine (Hamas palestinien), Mohamed Mehdi Chemeseddine (Liban), Youssef el Kerdaoui (Egypte), Khourchid Ahmed (Pakistan) et Fadel Nour (Malaisie).

(Corr 15.7, 16.7) Les autorités belges ont renforcé à partir du 15 juillet les mesures de sécurité prises à la suite d'un ultimatum lancé par le GIA, qui le 27 juin menaçait la Belgique d'un "bain de sang si elle ne libère pas ses militants arrêtés et ne récupère pas ceux qui ont été extradés", et donnait un délai de 20 jours -soit jusqu'au 17 juillet. Le renforcement de la sécurité concerne, selon les autorités belges, "la protection de personnes" susceptibles d'être prises pour cibles, "des bâtiments" de plusieurs ambassades, dont celle de France, et des "événements et manifestations", dont la fête nationale belge du 21 juillet. La Belgique détient notamment le militant islamiste franco-algérien Farid Melouk, et a extradé en mars 1999 vers la France deux autres militants islamistes condamnés en 1996 en Belgique, et à nouveau condamnés en France. L'ambassade américaine à Brucelle a appelé le 15 juillet les ressortissants américains résidant ou voyageant en Belgique "d'être prudents lors de grands rassemblements publics, de rester particulièrement vigilants dans tous les lieux publics et de signaler immédiatement à la police locale paquets, objets ou activités suspects".

(AFP, El Alaim Essiassi 18.7) Le 18 juillet, le quotidien "El Alaim Essiassi" a fait état d'une lettre adressée au début du mois par Ali Benhadj à l'Armée Islamique du Salut (AIS), lui conseillant d'"observer la trêve sans faire de concession" et recommandant aux groupes islamistes armés d'"unifier leurs rangs", de ne parler que d'une même vois et de ne pas révéler leurs "différends à la presse". Ali Benhadj laisse cependant planer la menace d'un nouvel appel au Djihad si les autorités se révélaient n'être pas sincères dans leurs offres de rétablissement de la "concorde nationale". Ali Benhadj aurait réussi à faire sortir cette lettre, écrite de sa main, de la prison militaire de Blida où il est détenu, et la lettre a été diffusés sous forme de brochure par des groupes armés.

(AFP, El Alaim Essiassi 18.7) Le 18 juillet, le quotidien "El Alaim Essiassi" a fait état d'une lettre adressée au début du mois par Ali Benhadj à l'Armée Islamique du Salut (AIS), lui conseillant d'"observer la trêve sans faire de concession" et recommandant aux groupes islamistes armés d'"unifier leurs rangs", de ne parler que d'une même vois et de ne pas révéler leurs "différends à la presse". Ali Benhadj laisse cependant planer la menace d'un nouvel appel au Djihad si les autorités se révélaient n'être pas sincères dans leurs offres de rétablissement de la "concorde nationale". Ali Benhadj aurait réussi à faire sortir cette lettre, écrite de sa main, de la prison militaire de Blida où il est détenu, et la lettre a été diffusés sous forme de brochure par des groupes armés.

(AFP 2.8) La brusque poussée de violence constatées dans les derniers jours de juillet et les premiers jours d'août, ciblant particulièrement les forces de sécurité (au moins dix militaires, sept membres d'un "groupe de légitime défense" et un policier ont été tués entre le 30 juillet et le 1er août), serait le fait du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat" d'Abdelmadjd Dichou et du GIA d'Antar Zouabri, tous deux hostiles à la trêve de l'AIS.

(El Watan 5.8) Dans un communiqué diffusé le 30 juillet, l'"émir" Okacha, "conseiller militaire" de "Dicho", successeur (présumé, et après un "putsch" interne) de Hasan Hattab à la tête du Groupe salafiste pour la prédication et le djihad, affirme qu'il n'y aura jamais de "trêve, de dialogue ou de réconciliation avec les impies" et qualifie la loi sur la concorde proposée par Abdelaziz Bouteflika de "ruse politique"

(AFP 2.8) La brusque poussée de violence constatées dans les derniers jours de juillet et les premiers jours d'août, ciblant particulièrement les forces de sécurité (au moins dix militaires, sept membres d'un "groupe de légitime défense" et un policier ont été tués entre le 30 juillet et le 1er août), serait le fait du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat" d'Abdelmadjd Dichou et du GIA d'Antar Zouabri, tous deux hostiles à la trêve de l'AIS.

(El Watan 5.8) Dans un communiqué diffusé le 30 juillet, l'"émir" Okacha, "conseiller militaire" de "Dicho", successeur (présumé, et après un "putsch" interne) de Hasan Hattab à la tête du Groupe salafiste pour la prédication et le djihad, affirme qu'il n'y aura jamais de "trêve, de dialogue ou de réconciliation avec les impies" et qualifie la loi sur la concorde proposée par Abdelaziz Bouteflika de "ruse politique"

(El Watan 7.8, Le Matin 8.8) Selon "Le Matin", les groupes islamistes armés adversaires de la trêve décrétée par l'AIS (les GIA d'Antar Zouabri et le GSPC de Gassan Hattab) développeraient une campagne de recrutement des membres de l'AIS en désaccord avec la stratégie de l'émir national du bras armé du FIS, Madani Mezrag. Le GSPC aurait de surctoît développé une stratégie d'infiltration de l'AIS pour faire assassiner ses responsables et faire capoter la trêve et le processus de réconciliation. Selon "El Watan", le groupe de Hassan Hattab serait actuellement composé de près de 300 hommes organisés en plusieurs "phalanges" dans les wilayas de Batna, Jijel, Bousaâda, M'sila, El Oued, Tizi Ouzou et Bouira. Antar Zouabri ne disposerait plus pour sa part que de quelque 80 combattants répartis en GIA "groupusculaires" actifs dans les régions de Chréa, Aïn Defla, Médéa, Tipaza, Sour et Ghozlane, M'Sila, Tiaret et Delfa. La faction armée "El Ahwal" compterait une centaine de membres implantés dans les régions de Relizane et de Médéa. Quant à l'AIS et aux GIA ayant rallié la trêve, le nombre de leurs membres ne dépasserait pas les 800 hommes. Au plus fort de la guerre civile, dans les années 1993-1994, les estimations les plus pessimistes évaluaient à 25'000 le nombre des membres des GIA d'Antar Zouabri et à plusieurs milliers celui des membres de l'AIS. En 1998, lors de la visite en Algérie d'une délégation de personnalités formée par l'ONU, l'armée algérienne estimait le nombre des "terroristes" en activité à 3200 individus, AIS comprise.

(AFP 9.8) Huit britanniques et deux Algériens ont été condamnés le 9 août à des peines de sept mois à sept ans de prison au Yemen sous l'accusation d'avoir planifié des attentats terroristes. Les dix hommes ont été reconnus coupables de "constitution d'une bande armée dans le but de mener des actes meurtriers de sabotage et de terrorisme" contre la consulat britannique et d'autres objectifs à Aden. La défense a fait appel de ce jugement, considérant le verdict comme "erroné" et le procès "injuste". Les accusés ont toujours protesté de leur innocence, et ont affirmé avoir été torturés. L'un des accusés, Mohsen Ghalain, condamné à sept ans de prisons, est le beau-fils de l'islamiste égyptien installé en Grande-Bretagne Abou Hamza al Masri -dont le fils, Mohammed Mustapha Kamel, a été condamné à trois ans de prison. Les deux Algériens, Amer Abdel Rahmane et Kamel Ali Mohammed Saghir, détenteurs de faux passeports français, ont été condamnés à cinq ans de prison.

(Liberté 14.8, Le Matin, AFP, AP 15.8) La presse francophone algérienne considère que le recrudescence des attentats et des assassinats depuis juillet obéit à une stratégie concertée des groupes islamistes armés, visant particulièrement les forces de sécurité, notamment l'armée, et les conscrits. "Le Matin" fait débuter cette campagne terroriste le 4 juillet par une embuscade à El Aouana, dans la wilaya de Jijel, "au coeur même du fief de l'AIS" (4 morts et six blessés dans les rangs de l'armée) et s'interroge : "cet attentat était-il destiné à contrer les dessins de Madani Mezrag", l'émir national de l'AIS ? Au moins 17 militaires ont été tués dans des attaques islamistes en Kabylie, imputées au GSPC de Hassan Hattab et aux GIA d'Antar Zouabri. Le ministre de l'Intérieur Abdelmalek Sellal avait d'ailleurs annoncé le 8 août que de nouvelles attaques des groupes armés se produiraient avant le référendum pour "faire capoter la politique de paix". Dans les dix premiers jours d'août, le bilan des actions "terroristes" est d'au moins quarante morts. Pour "Liberté", la "montée au créneau de l'islamisme nihiliste" pourrait obéir à deux mobiles, le rejet de "l'offre de paix présidentielle (...) et la poursuite du "djihad" jusqu'à la mort puisque l'instauration d'une République islamique par l'action armée n'est plus à (la) portée (des islamistes)", d'une part, et une "pression en vue d'obtenir une meilleure issue" en cas de renoncement aux armes, d'autre part.

(APS, Liberté 16.8) Le ministre de l'Intérieur Abdelmalek Sellal a démenti dans un entretien publié par le quotidien "Liberté" le 16 août, que des islamistes relaxés lors de la grâce présidentielle du 5 juillet se soient "ralliés" à des "groupes terroristes encore en activité". Qualifiant de "rumeurs sans fondement" les allégations en ce sens, le ministre a affirmé que les islamistes libérés "sont soumis à un suivi de tous les jours". A propos de derniers attentats et massacres, le ministre a considéré que cette flambée de violence avant le référendum était "prévisible" et qu'il y aura "toujours un carré de terroristes irréductibles qui refuseront de se plier à toute démarche de paix".

(El Watan 18.8) Treize islamistes armés se seraient rendus aux autorités à Chlef, selon "El Watan", dans le cadre de la loi suir la "concorde civile".

(Al Hayat 17.8, Es Sahafa, El Khabar, "La Tribune" 18.8) Selon les quotidiens "Es Sahafa" et "El Khabar", l'"émir" du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Abdelmadjid Dichou, dit "Abou Mossaab",qui avait évincé Hassah Hattab de l'émirat du groupe, aurait été tué en juin, avec trois de ses fidèles, dans les monts des Baborts près de Sétif, par des hommes de Hassan Hattab, conduits par son lieutenant "Akacha". Hassan Hattab aurait repris la tête du GSPC. Selon "La Tribune", Dichou aurait été liquidé parce qu'il voulait cesser le combat et négocier la reddition du groupe dont il était l'imam et l'idéologue. Le quotidien lie la reprise des violences depuis juillet au retour de Hassan Hattab à la tête de son groupe. Pour le quotidien "Al Hayat", Dichou aurait plutôt été abattu par l'armée le 11 juin.

(El Watan 21.8) Revenant sur la mort de l'"émir" du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat" (le GIA de Hassan Hattab), Abdelmadjid Dichou, "El Watan" estime que "les commandes de l'organisation terroriste de Hassan Hattab semblent changer de mains pour se retrouver entre celles de Okacha, un ancien parachutiste". Abou Ibrahim Mustapha jusque là "émir" de la zone V (est du pays, dont la Kabylie), aurait été remplacé par Abderrazak Abou Haïdara et Mohammed Zerabib, un proche d'Okacha, aurait été désigné comme "mufti" du GSPC. Quant à Hassan Hattab lui-même, il "n'a pas donné signe de vie depuis sa destitution" par Dichou, écrit "El Watan", et "sa signature a disparu des communiqués", y compris ceux provenant de Kabylie, sa propre région. Les communiqués sont désormais signés par Okacha, présenté comme "chef" de la "commission militaire". Pour "El Watan", il est donc "fort probable que Okacha, rusé et militairement aguerri, ait 'liquidé' ses compagnons : Hattab, Dichou et tous ceux qui risquaient de le gêner".

(Es Sahafa 24.8) Les autorités algériennes ont commencé depuis une semaine à désarmer les civils qu'elles avaient armé contre les islamistes armés, annonce le 24 août le quotidien "Es Sahafa" qui précise que l'opération, non confirmée officiellement, à commencé à Oran où une soixantaine d'anciens moudhahids ont été désarmés. L'opération, qui devrait se poursuivre à d'autres villes, ne devrait toucher ni les milices anti-islamistes (GLD) ni les gardes communales, mais uniquement les personnes "inorganisées" dotées d'armes de poing pour leur permettre de se défendre dans leurs déplacements ou à leur domicile.

(El Watan 25.8) Le quotidien "El Watan" publie le 25 août la première partie d'une enquête sur l'"endoctrinement" islamiste des "détenus arrêtés dans le cadre de la lutte antiterroriste" et pris en charge, à l'intérieur même des prisons (le quotidien détaille le cas de celle d'El Harrach) par les GIA reconstitués détention (sur le modèle du FLN dans les prisons françaises pendant la Guerre d'Algérie). S'appuyant sur le témoignage d'un ex-détenu, le quotidien révèle que "dans l'établissement, chaque tendance (islamiste) a son propre compartiment" : celui du GIA d'Antar Zouabri et du GSPC de Hassan Hattab, celui de l'AIS et celui de la "zetla", c'est-à-dire "des jeunes délinquants utilisés par les groupes armés pour la collecte des fonds ou du renseignement". Chacun de ces compartiments "comprend des salles de 45 détenus, dirigés par un émir", lui-même placé "sous l'autorité de l'émir du compartiment (el djanah)", les émirs de compartiments était plaés "sous la direction de l'émir de la prison". Les activistes de Hassan Hattab tiendraient le haut du pavé dans la prison d'El Harrach, et ceux des GIA de Zouabri auraient fait allégeance (moubayaâ) au GSPC de Hattab. Les conditions de détention varient selon les "tendances" des salles : les détenus des salles de AIS ayant "droit à la lecture des journaux et à la télévision". Les groupes de détenus organisent des tours de garde pour surveiller le respect des prescriptions des émirs. Des cas d'assassinats de détenus par d'autres, sur ordre des émirs, sont évoqués.

(APS 25.8) Le ministre de l'Intérieur Abdelmalek Sellal a annoncé le 25 août que "deux terroristes établis à l'étranger" s'étaient "récemment rendus aux autorités algériennes dans le cadre de la loi sur la concorde civile" (le ministre n'a pas précisé l'identité des deux "repentis") et "qu'un grand nombre de terroristes ont répondu à la démarche du président de la République".

(APS 25.8, Le Matin, Reuters 26.8) Neuf membres du GIA auteur d'un massacre à Ouni Ounif, près de Bechar, dans la nuit du 14 au 15 août, auraient selon l'agence officielle algérienne APS été arrêtés par les services de sécurité marocains, en territoire marocain, et sont détenue par la Sécurité militaire marocaine. Selon "El Watan", qui s'appuie sur les déclarations d'un "repenti", le GIA aurait bénéficié de la complicité du chef d'une tribu berbère marocaine, qui leur donnait asile. Le gouvernement marocain a catégoriquement démenti le 26 août l'information délivrée par l'APS, et "toutes les informations sur l'infiltration d'éléments algériens à travers les frontières marocaines". Selon le porte-parole du gouvernement marocain, "pas un seul Algérien ne s'est infiltré sur le sol marocain, qui est bien protégé", alors que le Maroc a 1200 kilomètres de frontière avec l'Algérie, dont la plus grande partie en zone désertique et sans postes-frontières.

(Liberté, El Watan 29.8) De cinq à dix "terroristes" se rendent quotidiennement aux autorités depuis la promulgation de la loi sur la "concorde civile", le 13 juillet, a annoncé le 28 août le président Bouteflika dans un entretien à la troisième chaîne de radio publique. Abdelaziz Bouteflika a affirmé que l'AIS était "complètement sous l'autorité de la loi républicaine actuellement" et que "d'autres groupes" avaient rejoint sa position de trève. Le président a en outre affirmé que si, après le délai qui leur est donné par la loi de concorde civile pour se rendre, il y a encore "des gens qui veulent continuer à assassiner l'Algérie", ils seront alors "combattus par tous les Algériens" et "tous les Algériens qui ne les combattront pas seront désignés du doigt par le peuple algérien tout entier".

(Libération-Maroc, 1.9 Le massacre de 29 personnes, commis il y a deux semaines, a été perpétré par des éléments du GIA qui ne se sont pas réfugiés par la suite au Maroc, affirme le 30 août le quotidien arabophone algérien "El Youm", citant un communiqué de "l'Avant-garde islamique" déployée dans le sud-ouest. Dans son communiqué, signé par "l'émir" Abou Rachad Abdelouahed Ouahabi, le mouvement armé de "l'Avant-garde islamique" réfute l'accusation d'être responsable de ce massacre... La tuerie, précise le communiqué, a été commise par des éléments de Antar Zouabri.. L'organisation de Ouahabi écarte également la thèse de la fuite des auteurs du massacre vers le territoire marocain et leur arrestation par les services de sécurité marocaine...

(Reuters, El Watan 30.8) Hassan Hattab, fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, aurait, selon "El Watan" du 30 août, qui s'appuie sur des témoignages de "repentis", abattu sept personnes, dont un imam, qui tentait de le convaincre d'accepter le plan de paix du gouvernement. Les sept corps auraient été retrouvés le 27 août dans la région de Zbarbar. Outre l'imam, dont le journal ne révèle pas l'identité, les deux personnes (membres du groupe armé de Hattab) qui l'accompagnaient, et quatre membres du groupes trop sensibles au plaidoxer de l'imam en faveur de la trêve, auraient été abattus par Hattab lui-même, à la kalachnikov, à la suite de quoi plusieurs combattants du GSPC (sept en une semaine, selon "El Watan") se seraient rendus aux autorités. Un important dispositif militaire s'est ensuite déployé autour des monts de Zbarbar. L'armée a notamment nombardé les monts du Djebel Oumsâad et détruit "de nombreuses casemates".

((Corr 2.9) Selon un communiqué du "Mouvement algérien des officiers libres" reçu le 2 septembre par l'AFP, l'assassinat de Matoub Lounès en juin 1998 aurait été "savamment orchestré" par l'armée et les services spéciaux, avec la complicité d'un responsable du RCD, Nourdine Aït Hamouda, afin de favoriser un coup d'Etat contre Liamine Zéroual.

(Le Matin, El Watan 5.9) Selon "Le Matin", les GIA de la région de Saïda, en particulier les katibate "Sunna" et "Nasr", seraient en train de se réorganiser en se divisant en "petits groupes de cinq à six terroristes, qui ont recours exlusivement à l'explosif". Cette tentative de réorganisation des GIA de la "zone IV" aurait commencé au début de l'année, après la défection de l'émir de la région Ouest, Abou Ismaïl Ibrahim, qui aurait pris la fuite vers le sud, dans la région de Béchar. La katiba "Nasr" aurait quant à elle été reprise en main par Taoui Kadour, ancien membre du Madjiss Echoura (Conseil consultatif) du FIS. Dans la région de Jijel, par contre, du moins selon "El Watan", plusieurs émirs des GIS seraient prêts à se rendre aux autorités, leur reddition "restant seulement tributaire d'un calendrier négocié qui ne sera mis en oeuvre qu'après la tenue du référendum du 16 septembre". Au moins 70 islamistes armés seraient ainsi prêts à se rendre, sous pression de l'AIS qui, toujours selon "El Watan", aurait carrément "pris en otage" quatre responsables d'une katiba.

(Le Matin 7.9) Selon "Le Matin", moins de 200 "terroristes" se seraient rendus et présentés devant les "commission de probation" installées dans chaque wilaya depuis plus d'un mois pour l'application des mesures de clémence prévues par la loi de "cocorde civile". Dans les seules wilayas de Jijel et de Chlef, quelque 130 "repentis" se seraient présentés. Certains islamistes armés n'ont que jusqu'au 13 octobre pour se rendre s'ils veulent bénéficier des mesures de la loi, promulguée le 13 juillet pour une période de six mois. Le président Bouteflika a affirmé qu'à partir du 13 janvier, il frappera "sans aucun regret ou remord dans la conscience".

(El Watan 7.9) Selon "El Watan", le GIA auteur du massacre de Draa el Mizan, le 4 septembre, serait un groupe dirigé par l'"émir" Ahmed Djebri, qui observait la trêve de l'AIS, mais aurait finalement dessidé de la rompre et de se placer sous l'autorité de Hassan Hattab.


(Liberté, AP 9.9) 52 éléments de la katibat "El Houda oua nor", dont quatre femmes et huit enfants, se sont rendus le 8 septembre aux autorités à El Hamra-Texenna, dans la wilaya de Jijel, annonce "Liberté" dont un journaliste a assisté à la reddition et à la remise de ses armes et de son matériel (dont des bombes prêtes à l'emploi) de ce GIA, conduit par ses deux "émirs", Yahia et Hamza. En échange de sa reddition, le GIA avait exigé la libération de quatre "émirs" détenus par l'AIS, condition acceptée par les autorités, qui sont allées chercher les quatre hommes dans les campements de l'AIS, et en ont ramenés trois, après quoi les membres du GIA se sont effectivement rendus, en déclarant lors d'une "conférence de presse" improvisée dans une mosquée, avec l'assentiment des forces de sécurité, qu'ils avaient été "impressionnés" par la "franchise et par la volonté de pardon" se dégageant des discours du président Bouteflika. "Liberté" annonce par ailleurs que 10 "terroristes" se sont rendus à Sétif et deux à Tacheta, dans la région d'Aïn Defla, et que huit "repentis" ont été libérés sans condition à Batna, après s'être présentés à la justice, laquelle a constaté qu'ils n'avaient eux-mêmes commis aucun assassinat, viol ou acte de destruction.

(Liberté 11.9) Les deux "émirs" de la "katiba El Houda oua Nor", dont 53 membres se sont rendus aux autorités dans la région de Jijel le 8 août, Abou Salah (membre des GIA depuis 1994) et Abou Tourab, ont pu, avec l'assentiment des autorités, raconter "leur guerre" aux journalistes qui ont assisté à leur reddition. Les deux "émirs" ont révélé que plus de 200 membres de leur groupe ont été tués dans des affrontements avec les forces de sécurité. Les deux hommes se réclament de Ali Benhadj mais condamnent "l'esprit de marchandage" de l'AIS. Abou Salah a raconté que la katiba "El Mourabitoune", active dans les monts de Guerrouch comptait 150 membres "très organisés" et active "avec une grande facilité, notamment de 94 à 96". Les deux hommes déclarent que le GIA de Jijel a rompu avec les GIA après la liquidation de Djamel Zitouni en 1997 et protestent de leur opposition aux massacres de civils et de leur désaccord "avec les fatwas ordonnant le viol des femmes, l'assassinat des enfants et les crimes collectifs". Ils accusent Djamel Zitouni d'avoir fait tuer plus de 500 combattants islamistes en désaccord avec lui, La pression croissante des forces de sécurité s'y ajoutant, ainsi que "des messages des oulémas et des fatwas" condamnant la "ligne" des GIA d'Antar Zouabri (successeur de Zitouni) les ont -expliquent-ils- convaincus de se rallier à la trêve décidée par l'AIS et de prendre contact avec Madani Mezrag ("émir" national de l'AIS). "Avec l'arrivée au pouvoir de Abdelaziz Bouteflika, tenant sa promesse de réaliser la concorde civile (...), nous n'avons pas hésité une seconde à nous mettre entre les mains des autorités". Abou Salah précise même que, contrairement à l'AIS, ils n'ont "pas émis de condition politique ou procédé à du marchandage matériel" avant de se rendre, et ajoute qu'ils ont invité les "groupuscules du GIA encore en activité à Djebel Bouhench, dont le fameux groupe des Talibans" à se rendre. Outre les 53 islamistes armés qui se sont rendus, quarante autres observent une trêve et attendent de voir le résultat de la reddition de leurs compagnons pour décider de les imiter ou non, "Liberté" précisant que des membres de leur GIA, dont l'"émir" Abdeslam, sont détenus par l'AIS, "qui veut qu'ils se rendent sous sa coupe".

(AP 10.9, Liberté 11.9, 12.9, El Watan 12.9) Deux membres de GIA actifs dans la région de Jijel, ainsi que la mère de l'un d'entre eux et les épouses de trois autres islamistes armés, se sont rendus aux autorités le 9 septembre dans la région de Jijel. Selon le Premier ministre Smaïl Hamdani, entre 200 et 250 "terroristes" se seraient déjà rendus aux forces de sécurité afin de pouvoir bénéficier des dispositions de la loi de "concorde civile". Par ailleurs, les seize derniers (selon "Liberté" membres de la katiba "El Maout", active dans les régions de Chlef, Aïn Defla et Tissemsils, et implantée dans l'Ouarsenis, qui aurait compté jusqu'à 400 membres en 1995, lorsqu'elle décida de faire dissidence des GIA de Djamel Zitouni, se sont rendus le 11 septembre. Selon le chef d'"El Maout", Hamid Rovigo, ce sont "les fatwas lancées par les imams salafistes, entre autres Benbaz, Al Aitimime et El Albani", qui auraient convaincus les seize hommes de cesser la lutte armée et de se rendre, la démarche d'Abdelaziz Bouteflika les ayant "mis en confiance". Cela étant, et selon "des sources proches des services de sécurité", citées par "El Watan", il resterait encore en activité dans l'Ouarsenis entre 200 et 250 "terroristes de Katibat al alhouel, dirigé(s) par l'émir Salim, et une soixante d'autres de Katibat djounoud Allah, sous l'autorité de l'émir Abou Hafs".

(Le Matin 12.9) Un reportage du "Matin" dans la wilaya de Chlef, auprès des "patriotes" (miliciens anti-islamistes), indique que les membres de l'AIS "observent la trêve le jour et sévissent la nuit", et que la région, où l'AIS, sous la houlette de Ahmed Benaïcha, est réputée être en trêve, "est loin d'en avoir terminé avec le terrorisme". Le racket sur fonds de menaces et d'intimidations est récurrent, et les autorités sont accusées d'abandonner les habitants à leur sort, en répondant à leurs demandes d'aide : "vous les nourrisiet avant la trève, débrouillez vous avez eux". 1400 islamistes armés en trève (dont beaucoup venus d'autres régions, y compris des plus éloignées, comme Béchar) seraient stationnés dans la région, nourrs par des habitants. Les miliciens anti-islamistes considèrent que le pouvoir est seul à observer réellement une trève, mais leurs responsables assurent qu'ils continueront à faire "ce que l'Etat (leur) dira de faire".


(Liberté, El Watan 14.9) Selon "Liberté", 26 islamistes armés se seraient rendus aux autorités dans la journée du 13 septembre. Ces redditions concerneraient des membres de GIA, y compris, pour quatre d'entre elles, de celui de Hassan Hattab (le GSPC), dont deux éléments se seraient rendus dans la région de Jijel et deux autres dans celle d'Oum el Bouaghi. 13 islamistes armés, membres de la "katibate Al Forkane" se seraient rendus dans la région de Chlef, où selon "El Watan", citant "une source crédible", 116 islamistes armés se seraient rendus aux autorités depuis le début de l'année, dont 46 depuis la promulgation de la loi sur la concorde civile, cela sans compter les 400 membres de l'AIS observant la trève. Dans la région d'El Aouana (wilaya de Jijel), la "katibat el Mourabitoun" serait disposée à déposer les armes. Dans la wilaya de Jijel, la commission de "probation" a décidé de la libération de 53 "repentis" de la "katibat el Houda oua ennour", qui s'étaient rendus aux autorités. Trois membres du groupe ont été mis sous probation, les autres ont été exonérés des poursuites, en application de la loi sur la concorde civile, et sont libre de rentrer chez eux -s'ils ont encore un "chez eux" (les maisons de beaucoup d'entre eux ont été détruites), si leurs proches acceptent de les accueillir et si les GIA encore en activité les laissent en paix. Une trentaine de membres de la "katibat el Houda oua ennour" attendent encore pour se rendre que leur émir, Abdessalem, captif de l'AIS de Madani Mezrag, soit libéré.

(Corr 16.9) Six islamistes armés se seraient rendus aux autorités dans la sous-préfecture de Texanna dans la région de Jijel et dix à Sétif, selon la presse algéroise du 16 septembre.

(APS 13.9) La police espagnole a annoncé avoir arrêté le 10 septembre un Algérien, Soubi Khaouni, soupçonné de faire partie d'un réseau de soutien aux GIA, actif en Espagne et spécialisé dans la fabrication de faux papiers et le trafic d'armes et d'explosifs vers l'Algérie. 11 personnes avaient déjà été arrêtées en 1997, et six inculpées, sous l'accusation de faire partie de ce réseau .

(Liberté, El Watan 19.9) Le quotidien "Liberté" annonce la reddition, le 17 septembre, d'un "émir" des GIA de Hassan Hattab, Abdelhakin Chenoui, qui aurait fait partie du GIA responsable de l'enlèvement de Matoub Lounès en septembre 1994. Par ailleurs, sept islamistes armés, membres des GIA d'Antar Zouabri ou de groupes dissidents se sont rendus aux autorités le 16 septembre à Oran, Blida, Bouira, El Bayadh, Sétif, Zbarbaret Douaouda. Selon "El Watan", 22 islamistes armés dont un émir et une femme, membres ou proches de la Katibate "El Ahoual" (des GIA d'Antar Zouabri) se sont rendus en une semaine.


(El Watan, Le Matin, AFP 21.9) De 300 à 500 islamistes armés en trêve, membres de l'AIS, attendaient dans cinq cantonnements de la région de Chlef le résultat du référendum sur la "concorde civile" pour se rallier aux autorités, annonce "El Watan". Après la rêve de l'AIS, en 1997, ils ont été cantonnés dans la vallée du Chétif, non sans racketter les populations alentour. 116 islamistes armés se sont rendus aux autorités dans la wilaya de Chlef en 1999, dont 40 depuis le 13 juillet, date d'entrée en vigueur de la loi sur la concorde civile. 517 autres membres de l'AIS sont cantonnés dans huit cantonnements de la région d'Aïn Defla, où est encore actif un GIA refuant la trêve, la katiba "Al Ahouel", dont les effectifs sont évalués à 80 à 100 membres. Dans la région de Jijel, la "commission de probation" instituée pour se prononcer sur les redditions aurait selon "Le Matin" étudié une septantaine de cas. Le quotidien donne les chiffres de 12 redditions enregistrées depuis le 13 juillet à Oran, 22 à Blida, 11 à Sétif, 13 à Tizi Ouzou, et moins de cinq dans les autres wilayas. Aucun chiffre officiel n'est disponible sur le nombre de reditions. Selon le quotidien "El Youm" du 21 septembre, le chef de l'AIS, Madani Mezrag, a soumis aux autorités une liste de 700 membres de l'AIS, pour lesquels il demande l'amnistie. La plupart d'entre eux sont cantonnés dans la région de Jijel, environ 150, sous la houlette de Mustapha Kertali, dans le centre, et les autres, sous l'autorité d'Ahmed Benaicha, dans l'ouest. Le journal annonce également que des représentants de l'armée et de la présidence algériennes ont signé à la mi-septembre avec la direction de l'AIS un accors sur les modalités de réinsertion de ses membres. L'accord prévoierait la libération avant la fin novembre des membres de l'AIS actuellement détenus, jugés ou en instance de l'être, ainsi que le retour des familles ayant rejoint les maquis et des cours intensifs pour les enfants, afin de leur permettre de rattraper leur retard scolaire.

(Le Matin 21.9, 22.9) L'émir du GIA de Thénia, Nouredine Halouane, affilié au GSPC de Hassan Hattab, s'est rendu le 20 septembre aux autorités militaires de Boumerdès en compagnie de quatre autres islamistes armés originaires de la région. Noureddine Halouane a précisé qu'il avait pris le maquis il y a sept ans "suite à une fatwa" et qu'il se rendait aujourd'hui "suite à une autre fatwa", et a annoncé la reddition probable de plusieurs autres islamistes armés, dont son frère. Le 21 septembre, il s'est réuni avec les familles d'autres islamistes armés, en présence du wali (préfet) et d'autres représentants des autorités, pour tenter de les convaincre des "avantages de la loi sur la concorde civile", alors sur la place publique plusieurs centaines de personnes (selon "Le Matin) se regroupaient, les unes pour manifester contre l'"émir", les autres simplement par curiosité.

(El Watan 23.9) Selon un "repenti" des GIA, Slimani Benslimane, qui s'est rendu aux autorités à Beni Ounif, à la frontière marocaine, le Maroc servirait effectivement de base de repli aux islamistes armés algériens, malgré les dénégations des autorités marocaines. Le "repenti" avait rejoint en 1993 un groupe armé qui se réfugiait régulièrement du Maroc, au sein de la tribu des Beni Guil, après ses actions en Algérie.


(AP, Liberté 27.9, 29.9, El Watan 28.9) Treize islamistes armés (actifs dans le maquis de Stamboul, près de Mascara) se sont rendus avec armes, munitions et explosifs, aux autorités à Oran et trois autres à Tizi Ouzou, afin de bénéficier de la loi sur la "concorde civile", annonce le 27 septembre le quotidien "Liberté". Les trois redditions à Tizi Ouzou, dont celle de Djafar Touati (photo), concernent des membres du groupe de Hassan Hattab, le GSPC. "Liberté" annonce qu'il s'agirait en fait d'émissaires de Hassan Hattab, chargés de prendre contact avec les autorités pour négocier une reddition collective des partisans de Hattab au sein de son groupe. Depuis la liquidation physique par les partisans de Hassan Hattab de "Dicho", qui avait tenté d'évincer Hassah Hattab de la direction du GSPC, son groupe armé, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), celui-ci et son chef se trouveraient, selon "El Watan", dans une situation très difficile. Selon les révélations de "repentis" cités par "El Watan", Hattab serait littéralement "pris en otage" par un quatuor formé de trois anciens parachutistes, Okacha, Azeddine, Messaoud, et d'un ancien gendarme, Abou Djoudjana, qui auraient de fait pris la direction du GSPC en installan tAbou el Bara (de son vrai nom Mohammed Zerabib) comme "mufti" du groupe, et en exécutant un proche de Hattab, Mohammed Lamine. Un autre proche de Hattab, Sahraoui, aurait été destitué et remplacé par Abderrazak Abou Haïdara, proche de Okacha, qu'on soupçonne de vouloir finalement éliminer physiquement Hattab pour prendre totalement le contrôle du GSPC. Deux redditions sont également annoncées par "Liberté" à Relizane, une à Texenna, dans la région de Jijel et deux à Oued Fodda, dans la région de Chlef. D'une manière générale, selon "El Watan", on constate peu de redditions à l'ouest du pays : ainsi, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, seuls cinq islamistes armés se seraient rendus aux autorités, et dans la wilaya d'Aïn Temouchent, aucune reddition d' islamiste armé "natif de cette wilaya n'a été enregistrée". A Constantine, selon "Liberté", une seule reddition aurait été enregistrée.

(AP 30.9) Douze membre de la "Katiba El Houda oua Nour", dont deux femmes et cinq enfants, se sont rendus le 29 septembre aux autorités à Texenna, dans la région de Jijel, et se sont mis à la disposition de la commission de probation pour bénéficier de la loi sur le concorde civile. Il y a deux semaines, 53 éléments du même GIA s'étaient déjé rendus. 73 membres des GIAS, dont 16 femmes et 14 enfants, se sont rendus à Jijel depuis le 13 juillet.

(Liberté 2.10, Le Matin 3.10) Dans un entretien au quotidien "Liberté", le frère de l'émir national de l'AIS, Madani Mezrag, interrogé au quartier général de l'AIS à Jijel (photo) a déclaré que l'organisation armée du FIS n'était pas concernée par la loi sur la concorde civile, mais est "sous le couvert de la trêve" -trève dont les conditions ne seront d'ailleurs, selon Larbi Mezrag, jamais connues : "L'accord conclu entre l'AIS et l'ANP demeurera sous le sceau du secret probablement pour l'éternité". Larbi Mezrag déclare également que les membres de l'AIS ne sont "pas pressés de descendre" et de rentrer chez eux, et qu'ils ne le feront que "le jour où la crise connaîtra son véritable dénouement". "Nous avons pris le maquis parce que nous avons subi une injustice et (...) notre action a le mérite d'avoir arraché des libertés et payé un tribut à la démocratie", déclare Larbi Mezrag. Le frère de l'émir confirme que "Ali Benhadj conserve toujours son statut d'autorité spirituelle" de l'AIS, dont Rabah Kébir est "le porte-parole politique officiel", Madani Mezrag étant "l'émir national de l'AIS et son unique porte-parole militaire". S'agissant des accusations portées contre l'AIS de razzias, rackets et sévices envers la population, Larbi Mezrag répond qu'il s'agit de "dépassements" commis par des "membres de l'AIS" à titre individuel, comme il s'en commet dans toutes les organisations, et que "les auteurs de ces déviations sont sévèrement punis", de sanctions pouvant aller jusqu'à la mort, et prononcées "par un tribunal interne". Par ailleurs, "Le Matin" annonce la désertion d'au moins sept membres de l'AIS cantonnés à la sortie de Chlef. Selon le quotidien, les sept hommes "auraient pu rejoindre un autre groupe plus radical afin de reprendre du service", ou se seraient constitués "en groupe autonome en vue de se rendre collectivement dans les plus brefs délais" afin de bénéficier des dispositions de la loi sur la concorde civile.

(Le Matin 3.10) Les autorités sont visiblement préoccupées par les risques de vendetta à la suite de la libération d'islamistes armés dans le cadre de la loi sur la concorde civile, et le ministère de l'Intérieur a été chargé d'adresser aux services de sécurité des consignes rappelant que "nul n'est autorisé à se faire justice soi-même". Les commissions de probation chargées d'étudier les dossiers des "repentis" ont quant à elles été chargées de les aider à quitter leur région d'origine pour s'installer dans d'autres régions après leur reddition, afin de leur "éviter d'être confrontés à la société". Les "repentis" ne quittent cependant leur wilaya d'origine que s'ils le désirent. C'est ainsi qu'une famille entière (huit personnes) de Timizar. active au sein d'un GIA, s'est installée à Alger. Pour "Le Matin", ces dispositions "visent vraisemblablement à éparpiller les repentis du GIA afin d'éviter tout risque de représailles entre les familles victimes du terrorisme et ces derniers". A Larbâa, une victime du terrorisme et un "repenti", coupable présumé de l'assassinat de sa femme et de ses deux filles, ont été emprisonnés après que le premier ait tenté de se venger du second, et que celui-ci ait de son côté menacé une autre victime du terrorisme.

(AP 6.10) Depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la concorde civile, le 13 juillet, 531 "terroristes" se sont rendus aux autorités sur l'ensemble du territoire, ont annoncé le 6 octobre les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Abdelmalek Sellal et Ghaouti Mekamcha. La plupart de ces "repentis" étaient membres des GIA. Selon le ministre, c'est le centre du pays qui enregistre le plus grand nombre de redditions (250), puis l'est (165), l'ouest (56) et le sud (18). Abdelmalek Sellal a annoncé que 42 "terroristes" étaient rentrés en Algérie de l'étranger (de Libye, du Soudan, de Syrie, du Yemen, de Turquie, de France, d'Italie, d'Allemagne, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de la République tchèque), pour se rendre, après que les représentations diplomatiques algériennes leur aient remis des laisser-passer. Sur les 489 redditions enregistrées à l'intérieur du pays, 25 concernaient des femmes. Aux redditions annoncées par les autorités s'ajouteraient 463 membres de la "katibat el Mouet", qui se seraient rendus avec armes et bagages avant la promulgation de la loi. En outre, la question de l'AIS doit être traitée à part des autres, l'organisation étant en trêve mais ses membres ne s'était pas rendus. Le ministre de l'Intérieur a cependant ajouté que les membres de l'AIS sont indirectement concernés par la loi et "réintégreront le bercail". Les autorités ont annoncé attendre 140 à 150 nouvelles redditions dans les jours à venir. Le ministre a insisté sur le travail de "sensibilisation" mené par les autorités pour informer les islamistes armés encore dans les maquis des dispositions de la loi de clémence : largage de tracts, affiches, mise en service d'un numéro de téléphone vert (le 118) etc... Les islamistes armés ont jusqu'au 13 janvier pour bénéficier des dispositions de la loi sur la concorde civile.

(Ribat 8.10) Le bulletin "El Ribat", proche du FIS (aile Kebir), tout en dénonçant "ceux qui (...) par la plume ou la provocation, cherchent à briser le processus de pacification à l'oeuvre", affirme le 8 octobre "la ferme détermination des chefs de l'AIS qui ont signé l'accord (de trève) avec le haut commandement de l'ANP de poursuivre avec sérénité et confiance la "stratégie de sortie de crise" telle qu'elle a été élaborée par les dirigeants politiques" du FIS. Le bulletin islamiste dénonce comme "révélatrice d'un comportement belliqueux (...) l'insistance avec laquelle l'on veut à tout pris percer le secret qui entoure l'accord AIS-ANP", et évalue à "entre 3000 et 4000 combattants" le nombre des membres de l'AIS (et d'autres groupes autonomes) qui ont rejoint la trêve.

(AP 7.10) La Cour d'appel de Bruxelles a confirmé le 7 octobre la peine de neuf ans d'emprisonnement infligée en mai 1999 au franco-algérien Farid Melouk, poursuivi pour appartenance à un réseau de soutien des GIA en Europe. Il avait en outre été condamné pour avoir tiré sur les forces de l'ordre en mars 1998 lors d'une descente de police dans un quartier de Bruxelles. Le tribunal a par ailleurs réduit une peine de prison ferme en peine de prison avec sursis, prononcée contre un autre accusé du même procès.

(APS 9.10, El Watan, Le Matin 10.10) 18 membres du GIA "katibat El Houda Oua Ennour" se sont rendus avec leurs armes le 8 octobre aux autorités de la wilaya de Jijel, afin de bénéficier des dispositions de la loi sur la concorde civile. Cette reddition était attendue depuis plusieurs semaines. Une quinzaine de membres de la katiba auraient cependant décidé de rejoindre l'AIS plutôt que de se rendre. Par ailleurs, selon "El Watan", un GIA de neuf membres, actif dans la région de Jijel sous les ordres de l'"émir" Achir Redouane, se serait "récemment" rendu aux autorités de la wilaya d'Alger, et les neuf "repentis" (dont une femme) auraient pu après leur passage devant la "commission de probation" regagner, libres, leurs domiciles. Parmi eux figureraient deux évadés de la prison de Tazoult, en 1994. "Le Matin" annonce pour sa part la reddition de trois islamistes armés à la fin de la semaine à Tlemcen, et d'un à Aïn Temouchent.

(Le Matin 10.10) Selon "Le Matin", les groupes (katibates) de l'AIS "non seulement ne se sont pas (mis) sous l'autorité de l'Etat" après l'adoption de la loi sur la concorde civile, "mais gèrent (eux-mêmes) et de manière tout à fait autonome leurs territoires" dans les régions de Jijel, Skikda, Larbâa, Meftah, Kadiria, Chlef et Aïn Defla, où ils disposent d'une dizaine de camps. Celui de Jijel, sur les hauteurs de Texanna, abriterait 3000 personnes, "toujours en armes, évoluant en toute liberté vis-à-vis des autorités locales", vivant parfois avec leurs familles et recevant leurs proches, contrôlant un territoire dépassant "de loin les limites géographiques du cantonnement", afin, initialement au moins, de pouvoir "se défendre et (se) prémunir contre d'éventuelles attaques du GIA". Cette situation serait cependant "mise à profit par l'AIS pour tenter de grossir ses rangs par des groupes du GIA tentés par le repentir" et préférant déposer les armes dans le cadre de l'AIS, en trêve.

(Le Matin 12.10) Selon "Le Matin", le nombre total des redditions trois mois après l'entrée en vigueur de la loi sur la concorde civile serait "en deçà des objectifs escomptés par les pouvoirs publics", avec 550 à 560 redditions, dont, selon "El Watan", beaucoup seraient au surplus le fait d'"enfants, de femmes et de personnes âgées".

(El Watan 17.10) Lors d'une rencontre à Aïn Essebt, dans la région de Sétif, entre la "commission de probation" de la région, chargée d'examiner les cas de reddition dans le cadre de la loi sur la concorde civile, et des familles de "repentis", l'un de ceux-ci à accusé l'AIS d'empêcher les redditions de ses membres ou de membres d'autres groupes, en liquidant physiquement les premiers et en promettant aux autres "la paix des braves avec des avantages en logements et en biens matériels".

(AP 17.10) Neuf personnes, cinq membre de groupes armés, soupçonnés d'avoir participé à des actions "terroristes", et quatre épouses de membres de groupes armés, dont un "émir" de Kabylie, se sont rendus aux autorités entre le 14 et le 16 octobre. L'"émir" d'un GIA actif dans la région de Tizi Ouzou, Abderrahmane Stiti, s'est rendu le 15 à Tizi. Dans la même ville, deux membres du GSPC de Hassan Hattab se sont rendus le 16. Le même jour, deux hommes rentrée de Libye se sont rendus à Bouchebka, près de Tebessa. Le 14, quatre femmes, épouses de présumés "terroristes" d'un GIA de la région et, pour l'une d'entre elle, de l'AIS, se sont rendues à Jijel. Toutes ces redditions ont été transmises aux commissions de probation régionales.


ais.gif (AP, Le Matin 19.10) Les chefs de l'Armée Islamique du Salut ont signifié clairement aux autorités leur refus de quitter leurs camps et de mettre fin définitivement du Djihad si leurs conditions ne sont pas satisfaites, rapporte "Le Matin" dans son édition du 19 octobre. Selon le quotidien, les autorités avaient demandé aux "émirs" de l'AIS de quitter leurs "no mans'land" avec leurs troupes, comme cela aurait été prévu par l'accord conclu entre l'AIS et l'armée. L'AIS pose aujourd'hui trois conditions pour ne pas reprendre les armes : la libération d'Ali Benhadj et d'Abassi Madani, ainsi que de tous les "prisonniers politiques"; la prise en charge politique du dossier qui les concerne; le désarmement des "patriotes" et des "groupes de légitime défense", c'est-à-dire des milices armées par les autorités pour combattre les islamistes armés. Les chefs de l'AIS auraient déjé décidé d0'"instruire" leurs troupes "pour une préparation à la reprise des maquis si d'aventure le pouvoir n'accède pas (à leurs) doléances -lesquelles sont en grandes parties également formulées par les responsables du FIS en exil.

(El Watan 20.10) Selon le quotidien "El Watan", citant des "repentis" Hassan Hattab, "émir" du GSPC, et ses "proches collaborateurs se sont constitué une fortune qui s'éleverait à 100 millions de dinars (10 mios FF, 2,5 mios FS) dans les dernières années, argent qui serait "actuellement en train d'être blanchi par les familles, les proches et certaines personnalités loin de tout soupçon, dans l'immobilier et le transport public". Quant à Antar Zouabri, chef des GIA, il posséderait "près de 40 kg d'or" et des bijoux, pillés après les massacres de population civile, le tout pour une valeur de "milliards de dinars entassés dans des caisses qui le quittent jamais". Le quotidien évoque également le cas d'un "émir" des GIA, Sayah Attiya, dit "El Khan", qui ne se déplaçait pas dans "ses quatre milliards de centimes" (40 millions de dinars, 10 mios FF, 2,5 mios FS). "El Watan" accuse également "des éléments" de l'AIS d'avoir accentuer leurs pratiques de racket avant l'expiration du délai de reddition (au 13 janvier) "pour pouvoir amasser une fortune avant de se rendre".

(El Watan 20.10) Selon "El Watan", Hassan Hattab, "émir" du GSPC, aurait fait part à des villageois de la région de Sidi Ali Bounab de son intention de déposer les armes à condition d'être traité comme l'"émir" de l'AIS, Madani Mezrag. Des tracts du GSPC diffusés peu avant cette "offre de trêve" proclamaient pourtant son opposition à "tout dialogue et toute trêve", mais le GSPC aurait depuis le début de l'été multiplié les rackets en vue d'un éventuel retour de ses membres à la vie "civile".

(Le Monde 26.11) Le porte-parole du "Mouvement algérien des officiers libres" (MAOL), un certain "colonel B. Ali", a déclaré au "Monde" que sur les 1300 repentis qui se seraient rendus en Algérie, "plus de 700 sont des officiers infiltrés" dans les rangs des groupes armés islamistes, et "appelés à rejoindre leurs casernes". Selon lui, "les commandos responsables de la plupart des exactions" en Algérie sont "mixtes", c'est-à-dire qu'en font partie "des terroristes islamistes (...) arrêtés au cours de ratissages des forces de sécurité (...), retenus et torturée puis (intégrés) aux commandos de l'armée chargés de massacrer leur village d'origine". Le "colonel B. Ali affirme qu'une unité spéciale de l'armée, "l'unité 192", qualifiée d'"escadrons de la mort", a été crée en janvier 1992 pour "convaincre" les militaires opposés à la politique des chefs de l'armée. Elle serait composée d'environ 200 hommes "ultradéterminés". Enfin, le porte-parole du MAOL estime à 173'000, dont environ 25'000 membres des forces de sécurité, le nombre des victimes de la violence en Algérie de 1992 à 1998.

(Le Matin 27.11) Selon "Le Matin", le mouvement de reddition des islamistes armés se ralentit. Depuis le début du mois de novembre, seules 12 redditions ont été annoncées, dans cinq wilayas, dont 7 redditions à Tlemcen. A Relizane, depuis le 13 juillet, huit redditions ont été enregistrées (une en novembre). A Chlef, égaement huit redditions depuis juillet et une en novembre (celle d'un membre de l'AIS) A Bouira, 9 redditions depuis juillet, dont une en novembre. A Aïn Temouchent, deux redditions en tout.

(Liberté 29.11) Selon "Liberté", un accord entre l'AIS et le pouvoir serait pratiquement "ficelé" et pourrait être officialisé le 15 décembre. Le document, qui serait déjà signé par l'AIS, mettrait l'organisation armée du FIS sous la coupe de l'Etat "pour combattre les GIA". L'AIS remettrait ses armes et la liste de ses membres aux autorités. Certains des membres de l'AIS rentreront simplement chez eux, les autres seront cantonnés à proximité des détachements militaires. La possibilité d'une amnistie générale ultérieure des membres de l'AIS est évoquée par "Liberté".

(AP 3.12) Le quotidien "Liberté" annonce dans son édition du 4 décembre qu'un accord définitif a été conclu entre l'AIS et le pouvoir, et entrera en vigueur le 15 décembre. En vertu de cet accord, l'AIS s'engagerait à rendre ses armes, à fournir la liste de ses éléments et se mettrait à disposition de l'Etat pour combattre les GIA, mais sans être intégrés dans l'armée. Les membres de l'AIS seraient cantonnés à proximité de détachements militaires. En échange, une amnistie générale serait prononcée en faveur des membres de l'AIS (non concernés par la loi de "concorde civile").

(Ribat 3.12) Le bulletin du FIS, "Al Ribat" rend compte, dans son édition datée du 3 décembre, de la "détermination" de Madani Mezrag, "émir national de l'AIS", de "respecter les termes de l'accord" passé avec le pouvoir "et tous ses engagements entérieure".

(El Watan 5.12) Selon "El Watan", se référant à "des sources crédibles", seuls 400 islamistes armés environ se seraient rendus dans le cacdre de la loi de concorde civile depuis le 13 juillet, et une "grande partie" de ces repentis respectaient déjà une trêve. Le quotidien ajoute que "l'échec de la loi portant concorde a donc montré que les groupes armés n'ont jamais eu l'intention de déposer les armes (mais) ont utilisé la période de répit de la mise en application de la loi pour mieux se restructurer et frapper au moment et là où personne ne s'y attend".

(Le Matin 6.12) Selon "Le Matin", s'appuyant sur des déclarations de "sources proches" du ministère de l'Intérieur, "1288 individus se sont rendus aux autorités depuis l'entrée en vigueur" de la loi sur la concorde civile, en juillet. En octobre, le ministre avait évoqué le chiffre global de 531 redditions, dont 25 femmes, la plupart des redditions ayant été enregistrées dans les régions du Centre. Par ailleurs, le quotidien annonce, toujours en s'appuyanrt sur des "sources proches du ministère de l'Intérieur", qu'un "grand nombre d'éléments" de l'AIS quitteront leurs campements dans la première quinzaine du Ramadan, en particulier dans la région de Jijel, pour se rendre officiellement aux autorités. Le ministère aurait déclaré que les membres de l'AIS qui se rendent seront, comme les autres "repentis", tenus de se présenter aux commissions de probation mises en place dans le cadre de la loi sur la concorde civile.

(El Watan 6.12) Le chef d'un GIA de la région de Jijel, connu sous le nom de "Dehane" et particulièrement actif à Ziama Mansouriah, s'est rendu aux autorités le 5 décembre, avec sa femme, à Chréa

(CCFIS 6.12) Dans une lettre, datée du 24 novembre, adressée au Conseil de coordination du FIS (CCFIS, aile "radicale" du FIS, dirigée par Ahmed Zaoui), l'"émir" de la "Ligue islamique pour la prédication et le Djihad" (LIDD), Ali Benhajar, déclare que "l'accord conclu entre l'Armée islamique du Salut et les généraux n'atteint aucun des buts tracés" par le mouvement islamiste "et ne peut être assimilé qu'à une simple reddition". "Nous n'avons à prendre les armes sous les ordres du pouvoir", écrit le chef de la LIDD, qui exige "la libération des leaders du Front islamique du Salut et leur participation à une solution juste et durable, (...) une amnistie, (la) libération des détenus et (le) retour des 'disparus'". Ali Benhadjar a également écrit, dans le même sens, à Abassi Madani, qui lui a répondu par une logue lettre rendue publique par le CCFIS, et dans laquelle le leader du FIS récuse ceux qui s'appuient sur ses déclarations au président Bouteflika "pour justifier leur capitulation".

(La Tribune 8.12) Selon le quotidien "La Tribune", une "importante réunion" de l'AIS se serait tenue, en "présence d'un émissaire spécial" des autorités, venu d'Alger. La réunion aurait eu lieu le 5 décembre "au niveau du quartier général de Draa Dissa (Texenna), lieu de stationnement d'une partie des trévistes de l'AIS", afin de "mettre les dernières retouches à l'accord conclu entre le pouvoir et l'AIS" dans la perspective de la "reddition prochaine d'une première vague de trévistes". Selon le journal, "le deal entre le pouvoir et Madani Mezrag, chef de file de l'AIS, semble tenir la route en dépit des difficultés objectives rencontrées dans l'application de l'accord", de l'assassinat d'Abdelkader Hachani et des tentatives des GIA "de semer la terreur afin de faire capoter le processus de paix en cours".

(Liberté 11.12, Le Matin 12.12) Selon "Liberté", deux "émirs" du GSPC de Hassan Hattab se seraient rendus le 8 décembre aux autorités à Adjiba (Bouira), et un GIA d'une douzaine de membres serait sur le point d'en faire autant à El Bordj (Mascara). Selon "Le Matin et "Liberté"", cinq "repentis", membres de la katiba "El Wafa", se sont rendus le 9 décembre aux autorités à Ouled Moussa, près de Béni Senous, ce qui porterait à 25 le nombre de redditions dans la wilaya de Tlemcen depuis juillet.

(Le Matin 14.12) Deux "dangereux islamistes" se seraient rendus avec armes et bagages aux autorités militaires de Boumerdès, le 13 décewmbre, à Si Mustapha. On ne compterait que six redditions dans la wilaya de Boumerdès.

(AFP 17.12) Un Algérien de 29 ans, Ahmed Rassam, en provenance du Canada, a été arrêté près de Seattle en possession d'explosifs et de faux papiers canadiens. Selon la police canadienne, il serait membre d'un GIA.

(AP 6.12, AFP 21.12) Les premiers groupes de l'AIS à se rendre aux autorités s'y préparaient et commençaient à quitter le17 décembre leurs campements de la région de Jijel, aux termes de l'accord passé entre l'ANP et Madani Mezrag. Ces premiers groupes seraient composés de 200 à 300 personnes pour l'AIS (220 personnes selon "El Khabar", y compris des femmes, des enfants, des vieillards et des blessés) et d'une quarantaine de membres des autres groupes armés à avoir rejoint la trève décrétée par l'AIS. Ils devraient bénéficier d'un traitement particulier par rapport aux autres repentis, en notamment d'une amnistie. Avant la fin du Ramadan, Madani Mezrag devrait annoncer la dissolution de l'AIS pour éviter que d'autres que lui puissent parler au nom de son organisation.

(AFP 22.12) L'assassin présumé d'Abdelkader Hachani, Fouad Boulemia, qui aurait avoué son appartenance au GIA d'Antar Zouabri, a été inculpé et écroué le 22 décembre à la prison de Serkadji. Quatre témoins l'ont formellement idendifié comme l'auteur de l'assassinat du leader islamiste.

(AP 6.12, AFP 21.12) Les premiers groupes de l'AIS à se rendre aux autorités s'y préparaient et commençaient à quitter le17 décembre leurs campements de la région de Jijel, aux termes de l'accord passé entre l'ANP et Madani Mezrag. Ces premiers groupes seraient composés de 200 à 300 personnes pour l'AIS (220 personnes selon "El Khabar", y compris des femmes, des enfants, des vieillards et des blessés) et d'une quarantaine de membres des autres groupes armés à avoir rejoint la trève décrétée par l'AIS. Ils devraient bénéficier d'un traitement particulier par rapport aux autres repentis, en notamment d'une amnistie. Avant la fin du Ramadan, Madani Mezrag devrait annoncer la dissolution de l'AIS pour éviter que d'autres que lui puissent parler au nom de son organisation.

(AFP 22.12) L'assassin présumé d'Abdelkader Hachani, Fouad Boulemia, qui aurait avoué son appartenance au GIA d'Antar Zouabri, a été inculpé et écroué le 22 décembre à la prison de Serkadji. Quatre témoins l'ont formellement idendifié comme l'auteur de l'assassinat du leader islamiste.

(Liberation 1.1) Le FBI a ouvert le 31 décembre une enquête après l'arrestation, le 30 à Brooklyn, d'Abdel Ghani, Algérien accusé d'être membre du même réseau islamiste armé qu'Ahmed Ressam, arrêté le 14 décembre. Le FBI semble craindre que des éléments islamistes algériens commencent à s'infiltrer aux USA en provenance du Canada, pour organiser des attentats aux Etats-Unis. 5 hommes ont également été arrêtés le 30 décembre à Boston, dans le cadre de la même enquête.

(Liberté 30.12) De source officielle, citée par "Liberté", on annonce que l'enquête sur l'assassinat de Matoub Lounès, le 7 octobre 1998, est close et qu'il en sera fait publiquement état après la fin du Ramadan. Selon ces sources, l'assassinat "a bel et bien été décidé et fomenté par Hassan Hattab", "émir" du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat", et exécuté par huit personnes, dont cinq ont directement participé à l'assassinat : Nacer Bellaouèche, Boudjenah, Kamel Zoubiri, Abdelhakin Chenoui et Abdelhamid Mouffok.

(AP 30.12) Des procureurs fédéraux américains ont établi un "lien formel" entre une Canadienne arrêtés le 19 décembre dans le Vermont, Lucia Garofalo, et un Algérien arrêté cinq jours plus tôt près de Seattle, Ahmed Ressam. Selon le procureur fédéral adjoint David Kirby, se basant sur des informations en provenance d'un gouvernement étranger (qu'il a refusé d'identifier), les deux personnes, ainsi que l'époux de la Canadienne, Yamin Rachek, Algérien expulsé du Canada pour faux papiers, appartiendraient à un réseau GIA.

2000

(Le Matin, El Watan 4.1, Ribat 4.1) L'AIS a "gelé", moins de dix jours avant l'expiration du délai accordé par la loi de "concorde civile" aux redditions, le processus de sa propre dissolution, entamé au début du Ramadan. Dans un communiqué rendu public le 3 janvier, Madani Mezrag annonce avoir mis l'AIS en "état de mobilisation" en réaction à la "volte-face" des autorités, qui ont privé 200 combattants de l'AIS ayant quitté le maquis de leurs "droits civiques", ce qui, selon l'"émir" de l'AIS, est contraire aux termes de l'accord conclu entre le commandement de l'armée algérienne et le bras armé du FIS. Une reddition collective (la quatrième) d'éléments de l'AIS, prévue le 3 janvier, n'a pas eu lieu. Les deux précédentes redditions collectives avaient également été reportles. Chacune de ces redditions devait concerner entre 200 et 250 éléments de l'AIS. Seuls 240 membres de l'armée islamique se seraient donc rendus, dont une partie étaient membres de la katiba "El Houda oua Nour", en trève depuis 1998, Madani Mezrag précisant que ceux qui se sont rendus qu'ils l'ont fait sur la base d'une fatwa, et non sur celle d'un texte de loi. L'"émir" de l'AIS menace de "faire usage de tous les moyens" dont l'AIS dispose pour "mener le processus de réconciliation nationale comme stipulé dans l'accord" passé avec l'armée algérienne, qu'il "somme" de respecter ses engagements. Selon "El Watan", la suspension des redditions pourrait cependant avoir comme cause "la difficulté pour Madani Mezrag de convaincre les phalanges de l'Ouest, dirigées par Ahmed Benaïcha (...) ainsi que celles de Ali Benhadjar à Médéa, et de Mustapha Kartali à Larbâa" de se joindre à un mouvement collectif de reddition, auquel ces "émirs" ont posé comme condition la relégalisation du FIS, la libération des détenus politiques et l'amnistie générale. Pour sa part, l'Instance exécutive du FIS à l'étranger (tendance Rabah Kebir), qui annonce la décision de l'AIS de "geler temporairement la mise en application des clauses de l'accord jusqu'à ce que les autorités honorent leur part convenue", exprime son soutien à cette décision.

(Reuters, AP, AFP, 4.1, 5.1,6.1, 7.1, Liberté, El Watan, La Tribune, Le Matin 6.1, El Ribat, Libération 7.1) Une certaine confusion, due à une succession d'informations et de prises de positions contradictoires, régnait le 5 janvier quand à la démobilisation ou non de l'Armée Islamique du Salut. Le 3 janvier, l'Înstance exécutive du FIS à l'étranger publiait un communiqué annonçant que "les éléments de l'Armée islamique du salut ont été mis en état de mobilisation et appelés à la précaution et la prudence extrêmes, à faire preuve de contrôle de soi au plus haut niveau et à éviter tout empressement en cas de friction".

Rabah Kebir, responsable de l'instance, déclarait le lendemain à l'agence Reuters que le FIS avait "décidé de bloquer l'application de l'accord" conclu entre l'AIS et l'armée, et selon lequel quelque 600 membres de l'AIS (pour la plupart âgés, malades ou blessés) devaient se rendre aux autorités, en échange d'une amnistie et du rétablissement de tous leurs droits. 200 d'entre eux s'étaient rendus en décembre, mais selon Rabah Kébir, les autorités ont violé l'accord en privant certains d'entre eux de leur droit civique. "Nous ne reprendrons la démobilisation de nos membres" (qui seraient selon lui "des milliers") que lorsque (la) condition d'amnistie complète et de rétablissement total des droits civiques sera respectée". Le bulletin de Rabah Kebir, "El Ribat", rapelle d'ailleurs que "depuis l'été 1997, c'est la première fois que le commandement de l'Armée islamique du salut (AIS) procède à la mise en vigilance de l'ensemble de ses troupes à travers le territoire national". Il ne resterait cependant que 600 membres de l'AIS en état de combattre dans les maquis. Toutefois, Rabah Kebir a assuré que l'AIS continuerait de respecter la trêve qu'elle avait proclamée, et a déclaré que l'AIS (et le FIS) voulaient que les membres de l'AIS "rejoignent l'armée nationale en tant qu'unité indépendante", même si "cela prendre du temps, peut-être même des années".

Le lendemain, 5 janvier, la radio (publique), après avoir reconnu implicitement le gel du processus de reddition de l'AIS, a d'abord annoncé que ce processus reprendra "dans les tous prochains jours", puis annoncé qu'"un émissaire de l'armée nationale et de la soi-disant Armée islamique du Salut sont parvenus à un accord sur la dissolution du mouvement et le retour de ses membres dans leur famille dès les vacances de l'Aïd", à la fin de la semaine. Un "haut responsable de la sécurité", dont Reuters ne donne pas le nom, a précisé que la délégation de l'armée aux discussions de Jijel était conduite par le général Smaïn Lamari. L'AFP annonce pour sa part que la délégation de l'armée était conduite par le général Cherif Fodil. Les deux parties seraient également convenues de mesures "techniques d'ordre surtout moral et social" non précisées. Selon "Liberté", la délégation de l'armée aurait négocié avec Madani Mezrag, "émir" national de l'AIS, près de Texenna, lequel devrait rendre publique avant le 13 janvier la dissolution de l'AIS. Le porte-parole de Rabah Kebir, interrogé par AP, a confirmé l'existence des négociations, mais la délégation du FIS à l'étranger a ensuite démenti, le 6 janvier, que ces négociations aient abouti à la dissolution du FIS. Le bulletin islamiste "El Ribat" accuse "les ennemis de la paix, de la concorde et de la réconciliation (...) qui tiennent leur puissance de leur position au sein des institutions de l'Etat" de vouloir "saborder l'ensemble de la démarche de paix et de réconciliation".

Au sein de l'AIS, les divergences pourraient opposer les "combattants de base" aux chefs, les premiers réclamant pour eux les mêmes garanties que cettes accordées aux seconds. "Liberté" annonce que les "repentis de l'AIS (bénéficieront) d'une mensualité de 3000 dinars (300 FF, 75 FS) et d'une "aide" de 1000 dinars (100 FF, 25 FS), qu'ils jugent "dérisoires". Selon le même journal, 350 membres de l'AIS devraient être enrôlés comme "volontaires" (et "payés en conséquence", jusqu'à "l'anéantissement du dernier terroriste dans le maquis") pour combattre les GIA. Quant aux membres des GIA en trêve, ils devront, comme ceux de la katibat "El Houda oua Nour", se plier aux dispositions de la loi sur la concorde civile et se présenter individuellement devant les commissions de probation, alors que les membres de l'AIS seront collectivement amnistés. Le problème se pose également des "nombreux déserteurs de l'ANP, de la police et de la gendarmerie qui ont dans un premier temps rejoint le GIA (et se sont ensuite) réfugiés auprès de l'AIS parce qu'ils étaient soupçonnés d'être des taupes" ("El Watan" 6.1), et à qui l'armée refuse toute clémence. Une autre divergence entre AIS et ANP porterait selon"Le Matin" sur le "quota d'armes que les autorités se seraient engagées à fournir aux éléments de l'AIS qui resteront dans les maquis pour mener bataille aux irreductibles du GIA après le 13 janvier prochain".

"El Qods" (Londres) du 5 janvier et "La Tribune" (Albger) du 6 janvier font état d'une demande de "factions de groupes armés ayant rejoint la trêve" de l'AIS, demande adressée à Madani Mezrag, d'"organiser un congrès regroupant tous les trêvistes afin de faire le point" sur la trêve et l'accord entre l'AIS et le pouvoir. Cette demande aurait notamment été faite par Mustapha Kertali (Katiba Errahman, région de Larbaa et de la Mitidja), Ali Benhadjar (Ligue islamique de la Daawa et du Djihad, Blida et Titteri) et un représentant d'Ahmed Benaïcha (AIS, ouest). Les trois "émirs" demande une évaluation du "parcours de la trêve" et "l'allègement du fardeau de Madani Mezrag afin d'en faire un négociateur fort, parlant au nom d'une organisation et non en son nom personnel".

(AP, El Watan, Matin 5.1) Selon les autorités, plus de 1500 membres des groupes armés islamistes (AIS comprise, en sus de 1200 à 1300 membres des GIA, du GSPC de Hassan Hattab et de divers groupes armés ayant rejoint la trêve décidée par l'AIS) se seraient rendus dans le cadre de la loi de "concorde civile" (qui ne concerne cependant pas directement l'AIS) depuis le 13 juillet. Cinq "repentis" ont été enregistrés dans la wilaya d'Annaba, le cinquième s'étant rendu le 1er janvier en provenance de France. Deux autres reditions concernent d'anciens islamistes armés revenus de l'étranger, l'un de Thaïlande, l'autre d'Italie. Cinq repentis ont en outre été enregistrée en une semaine dans la wilaya de Boumerdès, ce qui porte le total des redditions enregistrées dans cette wilaya à 45 personnes.

(Liberté 6.1) Selon des "révélations de repentis" dont fait état "Liberté", Abou Talha, "émir" du GIA, aurait "ordonné à l'ensemble de ses katibat de se reconstituer en petits groupes, entre dix et quinze élémenta, afin de faciliter leur approvisionnement et leur repli après chaque opération", et d'accroître leur mobilité en faisant croire que des opérations commises dans plusieurs lieux différents sont l'oeuvre de groupes différents alors qu'elle le sont du même groupe, en déplacement. Par ailleurs, le quotidien relève une utilisation plus fréquente d'armes à feu dans les massacres collectifs, jusqu'ici fréquemment perpétrés à l'arme blanche, le journal en tirant la conclusion "que les maquis du GIA ont dû se doter à satiété de munitions (...) à partir de l'étranger" ("Liberté" évoquant "la frontière ouest du pays").

(Liberté 6.1) Trois éléments du GSPC de Hassan Hattab, dont l'"émir" de la katiba "El Mouhadjiroun", Mohand Kacimi, alias "Nouh", se seraient rendus aux autorités le 2 janvier dans la wilaya de Bouira. Le 31 décembre, sept éléments du même GIA, appartenant à la katiba "El Ghoraba", s'étaient déjà rendus. Depuis le début du Ramadan, 92 présumés "terroristes", dont trois femmes, (et 103 depuis la promulgation de la loi sur la "concorde civile") se seraient rendus dans la wilaya de Bouira, où le procureur général a annoncé qu"une quarantaine de terroristes" seraient "sur le point de se rendre". "Liberté" annonce en outre une reddition à Naâme.

(Algeria Watch, 7.1) Selon le "Mouvement algérien des officiers libres" (MAOL, qui se qualifie lui-même d'indépendant et est considéré par certaines sources comme un groupe islamiste de "désinformation"), un "escadron de la mort" qu'il désigne sous le nom d'"unité 192" (1 pour janvier, 92 pour 1992, année du coup d'Etat qui renversa Chadli), aurait été créé en 1992 "sur demande du général Larbi Belkheir par les généraux Mohamed Lamine Mediene et Smaïn Lamari et placé sous leurs autorités", d'abord pour "liquider" des "officiers de l'armée, hostiles à l'arrêt du processus électoral". Cette "unité 192" regrouperait des "éléments triés sur le volet par cooptation dans les différents corps sécuritaires du pays", avec l'appui occasionnels de mercenaires. Ses membres recevraient des "faveurs innombrables : salaires très importants, promotions spéciales, logements, voitures, armements dernier cri, drogue" et seraient même "libres de prendre ce qu'ils veulent lors des opérations dans les domicile privés : argent, bijoux, voitures et même des femmes". Le MAOL cite, au nombre des membres de cet "escadron de la mort" placés "sous l'autorité du colonel Bachir Tartague alias colonel Athmane (...) : le commandant Abdelkader, le commandant M. Nacer (surnommé l'effaceur), le commandant Riadh, le capitaine B.Louanes, le capitaine Mohame" et des hommes portant les pseudonymes de "El Djen", "Klachinkove", "Rambo", "le nettoyeur"... Selon le MAOL, l'"unité 192" aurait "à son actif (...) notamment l'organisation des massacres de prisonniers à Serkadji et Berouaghia", l'infiltration des GIA de la région de Médéa et Aïn Defla et une guerre entre groupes armés. l'assassinat de Mohamed Saïd et d'Abderezak Radjem (membres de la direction clandestine du FIS) en 1995, et surtout ceux de M'hammed Boukhobza le 22 juin 1993, et de Kasdi Merbah, le 21 août 1993, après avoir infiltré une "taupe" au sein du parti de Merbah, le MAJD.

Toujours selon le MAOL, Merbah aurait eu comme projet "le renversement des généraux, surtout ceux issus de l'armée française, par les jeunes officiers de l'armée, lassés de l'affairisme et de la dérive criminelle", le tout "avec le concours de quelques officiers supérieures restée fidèles aux principes de la révolution de novembre 54". Un soulèvement des unités de l'armée aurait été "planifié (...) pour la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1993". Eventé, le projet aurait abouti non seulement à l'assassinat de Merbah, mais également à "l'arrestation de plusieurs centaines d'officiers et de sous-officiers". Merbah se serait rendu en Suisse le 14 août 1993, il aurait pris contact avec un émissaire du FIS, et aurait tenté de le faire, sans succès, avec Hocine Aït Ahmed, avant de rentrer à Alger le 20 août, la veillle de son assassinat. Pendant tout son séjour en Suisse, Merbah aurait été suivi à la fois par la police suisse et par l'ambassade d'Algérie. Le 21 août, Merbah est assassiné, selon le MAOL par un commando d'une quinzaine d'hommes de l'"unité 192", à Boumerdès, en présence du général Smaïn Lamari. L'assassinat sera revendiqué par le GIA.

(El Watan, Le Matin, Liberté 9.1, 10.1, AP 9.1) La reddition de l'AIS n'avait pas encore, le 8 janvier, jour de l'Aïd, été mise en exécution dans la wilaya de Chlef, constate "El Watan". L'"émir" régional de l'AIS pour l'ouest, Ahmed Benaïcha, a dirigé lui-même la prière de l'Aïd el Fitr dans le cantonnement de l'AIS, près de Chlef, où cependant, 71 membres de l'AIS se sont rendus "dernièrement" aux autorités. "El Watan" estime à 350 le nombre des éléments de l'AIS encore cantonnés dans la région.

A Aïn Defla, les éléments de l'AIS placés sous le commandement d'Ahmed Benaïcha ne semblaient pas, le 9 janvier, voulir se rendre, selon "Le Matin", qui annonce qu'"entre 80'000 et 100'000 citoyens ont quitté leurs maisons dans la wilaya d'Aïn Defla pour des raisons sécuritaires", dans les régions de l'Ouarsenis et du Dahra.

Dans la wilaya de Bouira, neuf "repentis" se sont rendus le 9 janvier aux autorités, portant le total des redditions dans cette wilaya à 112 personnes.

Dans la wilaya de Jijel, la situation semble confuse : de nouvelles unités de l'armée ont été installées à priximité des fiefs de groupes armés hostiles à la trève, alors que des rumeurs font état de la reddition d'un millier d'éléments de l'AIS "dans les prochains jours". 45 membres de l'AIS se sont rendus aux autorités militaires de Jijel le 7 janvier et regagné leurs domiciles familiaux à Taher et Emir Abdelkader, mais selon "Le Matin" les cantonnements de l'AIS, sur les hauteurs de Jijel, abriteraient près de 1200 personnes, dont la plus grande partie à Melhout, QG de Madani Mezrag.

En Kabylie et dans la région de Boumerdès, les groupes armés de Hassan Hattab (GSPC) seraient, selon "El Watan", en train de se préparer à "affronter le date butoir du 13 janvier prochain en investissant le terrain afin de ramasser le maximum d'armes, de vivres et d'argent", ainsi que de médicaments. "Les réseaux de Hattab ont intensifié la collecte d'argent" auprès de leurs sympathisants, ainsi que le racket des "commerçants et autres citoyens", et multiplié les embuscades contre les gardes communaux et les militaires pour récupérer armes, munitions et uniformes.

Selon les chiffres officiels, 1165 islamistes armés se sont rendus avant la fin novembre, et 99 devraient se rendre avant le 13 janvier, alors que le porte-parole de Rabah Kébir, responsable de la délégation exécutive du FIS à l'étranger, Abdelkrim Ould Adda, a démenti que l'AIS préparait son auto-dissolution et affirmé qu'elle restait "mobilisée", attribuant à des "manipulations" pour créer la "division dans les rangs de l'AIS" les informations officielles ou de la presse privée sur les négociations entre l'AIS et le pouvoir.


ais-2.jpg (Liberté 11.1, 12.1, El Watan 12.1, Le Matin 11.1, 12.1, CCFIS 11.1, AP 11.1) La présidence algérienne a annoncé le 11 janvier en fin d'après-midi l'amnistie totale des membres de l'AIS. Le président Bouteflika a annoncé dans un communiqué avoir pris un décret "portant grâce amnistiante au profit des membres de l'organisation dite AIS", après que celle-ci se soit autodissoute et ait "décidé volontairement de remettre toutes (ses) armes et les moyens militaires en sa possession aux autorités". L'amnistie se traduit par "une exonération des poursuites et une réintégration au sein de la société, conformément à l'esprit de la loi (de concorde) et en adéquation avec les principes qui ont présidé à son élaboration" Contrairement aux autres islamistes armés qui se seront rendus dans le cadre de la loi, ceux de l'AIS seraient donc pas déchus de leurs droits civiques. La liste des bénéficiaires de la décision d'amnistie contiendrait les noms d'environ 1500 personnes. Le décret prévoit que la grâce sera annulés pour les personnes qui reprendraient les armes, et le communiqué présidentiel déclare en outre que l'Etat doit désormais parachever "la stabilisation définitive de la situation sécuritaire en recourant à tous les moyens légitimes pour qu'en tout lieu du territoire force soit à la loi"

La presse algéroise annonce en outre que dans un communiqué rendu public le 11 janvier après celui du président Bouteflika, l'"émir national" de l'AIS Madani Mezrag a annoncé la dissolution de son organisation à partir de la date de promulgation du décret présidentiel, soit le 10 janvier. Cependant, l'aile "radicale" du FIS (représentée par le Conseil de coordination du FIS, dirigé par Ahmed Zaoui) a pris ses distances avec l'AIS, que celle-ci se dissolve ou non, en affirmant que sa dissolution "n'incomberait qu'aux responsables de cette organisation et ne concernerait ni n'engagerait en rien le FIS", avec lequel l'AIS n'a "aucun lieu organique" et dont elle n'est pas la "branche armée, même si le FIS comprend et respecte toute résistance légitime contre l'oppression et l'injustice, que ce soit sous la bannière de cette organisation ou (d'une) autre". Le CCFIS "exhorte les membres sincères de l'AIS (...) à se démarquer de ceux qui ont voulu les livrer en pâture à la junte militaire" et réitère son "soutien absolu" aux "moudjahidines fidèles à leur peuple (...) qui résistent encore face à l'injustice et la tyrannie". "El Watan" dénonce en outre "l'opacité totale sur les accords passés" entre le pouvoir et l'AIS. Quant au "Matin", il accuse le président Bouteflika d'être "allé au-delé (...) des exigences formulées par les chefs de l'AIS".


Des membres de l'AIS, en 1997 à Médéa, prêt à se battre contre des GIA Sur le terrain. "Liberté" rend compte de l'"impressionnant dispositif militaire" visible depuis le 9-10 janvier dans toute la wilaya de Jijel, après la visite dans la région du général Fodil Cherif, qui (toujours selon "Liberté") n'aurait pas, contrairement à certaines informations, rencontré l'"émir" national de l'AIS, Madani Mezrag, mais lui aurait transmis un véritable ultimatum, lui enjoignant de faire déposer les armes à tous ses combattants et de "dissoudre son organisation avant le 13 janvier". Selon le quotidien, "au moins huit sites d'hébergement, entre hôtels, auberges de jeunes et Maison de culture, ont été réquisitionnés" pour accueillir ces renforts, formée notamment d'éléments du Groupe d'intervention spéciale (GIS) et de parachutistes. En outre, une nouvelle brigade mobile de police judiciaire a été inaugurée à Taher. Selon certaines sources, "l'ANP prendra position aux alentours des fiefs (des) GIA qui refusent de soumettre aux dispositions de la loi", dans les monts Bouhench, Guenouch, Bouaza, Djeddaï et des Babors (où une centaine de membres du GSPC de Hassah Hattab seraient retranchés). "El Watan" annonce pour sa part qu'un général, peut-être Smaïn Lamari, s'est rendu le 11 janvier (le 10, pour "Le Matin") à Jijel pour rencontrer des responsables de l'AIS, dont l'"émir" Benaïcha (ou Madani Mezrag, pour "Le Matin"). "Le Matin" annonce l'arrivée également à Larbaâ de "hauts officiers de l'ANP" allant "à la rencontre des dirigeants" de l'AIS afin de les inciter à se rendre. A Texenna, l'envoyé spécial de "Liberté" au QG de l'AIS n'avait pas constaté le 11 janvier de manifestation particulière de l'"autodissolution" de l'organisation : "les hommes de Madani Mezrag se pavanent avec leurs armes en toute sécurité", des véhicules conduits par des membres de l'AIS circulent, aucune changement n'était apparent dans le dispositif militaire cantonné près du "territoire AIS". Depuis le 8 septembre dernier, la commission de probation de la wilaya de Jijel aurait enregistré (au 11 janvier) la reddition de 130 islamistes armés, en sus de 134 membres de l'AIS.

Dans les autres wilayas, "le processus de reddition des éléments trévistes semble suivre son cours normal" à Chlef et Aïn Defla (où par exemple les éléments de l'AIS cantonnés près de Tiberkanine se seraient "tous présentés aux services concernés"). Dans la wilaya de Chlef, environ 70 éléments des GIA se seraient présentés à la commission de probation, et dans la wilaya d'Aïn Defla, le nombre de redditions attendrait 108.Par contre, toujours à Tiberkanine, le GIA de l'"émir" Ouakid, la katiba "El Ahoual", a effectué une "descente" avec une cinquantaine de ses membres pour "racketter les citoyens" et s'approvisionner en denrées alimentaires et effets vestimentaires. Dans la wilaya d'Oran, au 11 janvier seules 20 redditions avaient été enregistrées, de l'aveu même du président de la commission de "probation". 20 redditions auraient également été enregistrées dans la wilaya de Tebessa, dont celles d'islamistes armés venus de Libye. Le bilan était encore plus mince dans la wilaya d'El Tarf, avec sept "repentis", dont quatre résidant à l'étranger, selon le Procureur général d'Annaba. Dans la wilaya d'El-Bayadh, aucune reddition n'avait été enregistrées depuis septembre 1999. Dans la wilaya de Bouira quatorze membres de la katibs "El Houda", dont l'"émir" Mezouane, se seraient rendus le 10 janvier. Dans la wilaya de Médéa, 110 islamistes armés se seraient rendus dans le cvadre de la loi de "concorde".

Si une quinzaine d'"émirs" locaux du GSPC auraient rejoint les "trévistes" de l'AIS, Hasan Hattab lui-même, pas plus qu'Antar Zouabri, n'a rejoint la trève ni accepté les conditions de la loi de "concorde". Les groupes armés appartenant au GSPC et actifs dans la wilaya de Tebessa, par exemple, semblent (selon "Liberté") marquer "peu d'empressement à vouloir se rendre". Le quotidien annonce cependant la reddition, prévue pour le 12 janvier, de 50 membres du GSPC en Kabylie, dont quinze membres du grouoe de Takhoukht dirigé par Abdelhamid Mouffok.. S'agissant de la LIDD de l'"émir" Benhadjar, "Le mystère demeure entier concernant l'attitude (de ses) éléments", ajoute "Liberté". Le 11 janvier, les membres de la LIDD (environ 200, faiblement armés) étaient toujours cantonnés sur les hauteurs de Tamesguida, dans la région de Médéa, respectant la trêve décrétée par l'AIS mais ne manifestant pas leur propension à se rendre. Selon "Liberté", Benhadjar tente de négocier la dissolution de la LIDD.


dilemais.jpg (AFP 11.1, Liberté 13.1) La loi sur la concorde civile, dont les effets expirent le 12 janvier à minuit, n'a pas, selon tous les observateurs (mais pas selon les autorités) obtenu les résultats qu'en attendait le président Bouteflika. Environ 1700 islamistes armés se seraient rendus (1165 au début novembre, selon les chiffres officiels, et 300 à 400 depuis, selon la presse), sans compter l'AIS, "autodissoute" et amnistiée le 11 janvier, mais plusieurs milliers d'autres(de 5000 à 7000 selon des estimations invérifiables) resteraient en armes et en état, voire en intention, de combattre. Les GIA d'Antar Zouabri se seraient réorganisés en petits groupes de 10 à 15 membres.

(APS 15.1, Liberté, Le Matin, El Watan 15.1, 16.1) Selon les chiffres officiels, 1165 "repentis" se sont rendus aux autorités depuis le 13 juillet. Dans un entretien accordé au quotidien "La Voix de l'Oranie", l' "émir" régional de l'AIS pour l'ouest, Ahmed Benaïcha, a estimé à 1500 les éléments du GIA qui ont bénéficié de l'amnistie, dont 500 dans l'ouest. Selon "El Watan", qui donne des chiffres plus bas, le nombre des affiliés aux GIA qui se sont rendus ne serait que de 104 dans l'ouest, et moins encore dans le sud (deux seulement à Bechar, par exemple). Sept redditions auraient été traitées depuis juillet dans la wilaya de Skikda, cinq dans celle d'Oum el-Bouaghi, quatre dans celle de Laghouat, 23 dans celle de Sidi Bel Abbès Quant aux "amnistiés" de l'AIS, la "grâce amnistiante" du président Bouteflika ne concernerait au total que 1166 éléments de l'AIS selon "El Watan", alors que le procureur général de Jijel donne le même chiffre mais pour sa seule wilaya, répartis entre Melhout, Draâ Dissa et Seddat. Le nombre des "repentis" des GIA serait dans la même wilaya de Jijel de 137 depuis juillet 1999, dont 117 sont exonérés de toute poursuite et 20 sont mis sous "probation". Selon les chiffres officiels, le nombres de "repentis" du GSPC serait de 137 dans la wilaya de Bouira et d'une cinquantaine dans les wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou, soit environ 240 éléments du GSPC au total.

(AFP 11.1, 12.1, 13.1, Reuters 13.1, El Watan, Le Matin, Liberté, Le Temps 13.1) Le porte parole du CCFIS, Mourad Dhina, s'est dit (au quotidien "Le Temps" de Genève) "soulagé" de l'auto-dissolution de l'AIS, "infiltrée par les services secrets" et dont "le pouvoir se sert pour brouiller les cartes".

Par ailleurs, la dissolution de l'AIS et l'amnistie de ses combattants n'a pas entraîné la reddition des groupes islamistes opposés à la trève, notamment les GIA d'Antar Zouabri et le GSPC de Hassan Hattab, dont les actions ont fait au moins 200 morts pendant le ramadan, et un millier depuis le 13 juillet. De même, la reddition d'Ali Benhadjar (chef de la Ligue islamique de la daâwa et du djihad, LIDD), sur les hauteurs de Médéa, n'était pas encore acquise le 13 janvier, malgré un ultimatum qui aurait été fixé à la LIDD par l'ANP, avec comme date-limite le 14 janvier. Selon "Liberté", le 12 janvier Benhadjar refusait toujours de se rendre et disposerait de 200 à 350 éléments. Dans la wilaya de Bouira, 131 membres des groupes armés du GSPC se seraient déjà rendus, mais dans la wilaya de Batna. les groupes affiliés au GSPC et réfugiés dans les massifs de Theniet el Abed refuseraient de se rendre. De même, les GIA de la wilaya de Laghouat seraient encerclés, mais non disposés à se rendre.

Environ 1500 "repentis" des GIA et du GSPC auraient demandé à bénéficier de la loi sur la concorde civile, mais ils ne constitueraient qu'une minorité des effectifs de ces groupes. Des négociations entre les autorités et certains "émirs" du GSPC (comme Djabri) seraient cependant en cours, et onze d'entre eux, opérant entre l'Algérois et la Kabylie, auraient demandé à bénéficier de la loi. "El Watan" annonce la reddition le 11 janvier de 16 membres des "phalanges" du GSPC actives à Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou, et des émirs" des "phalanges" "El Mouhadjiroun", Chouaïb, et "El Houda". Akchich, avec vingt de ses hommes. Au total, le GSPC aurait connu environ 150 défections de ce genre. Les GIA d'Antar Zouabri auraient également connu des défections (une septantaine à Blida en six mois, affirme "El Watan". Des pourparlers ont encore eu lieu dans la nuit du 13 au 14 janvier entre militaires et l'entourage de Hassan Hattab pour la reddition du GSPC, qui demande à bénéficier des mêmes mesures que celles accordées à l'AIS alors que l'armée veut lui appliquer les dispositions, plus restrictives, de la loi de "concorde". Le 13 janvier, la radio nationale a annoncé que Hassan Hattab s'apprêtait à se rendre dans la journée avec 130 de ses hommes, dont une centaine de la "phalange Al Gouraba" d'Ahmed Djebri.

Du côté de l'AIS "autodissoute", 350 à 400 de ses membres s'apprêtaient, selon "El Watan", à se rendre à Chlef, et 400 à 500 à Aïn Defla, mais le même quotidien cite des sources selon lesquelles leur "émir" régional, Ahmed Benaïcha, attendrait encore "plus de concession de la part des autorités" avant de se rendre, faisant ainsi "durer l'opération de reddition". "Le Matin" annonce que, selon Benaïcha lui-même, "il faut attendre la réunion des chefs des oumarat" (les "émirs" régionaux) dans les "prochains jours" pour que les camps soient évacués. Cette rencontre aurait commencé le 12 janvier. A Jijel, l'"émir national" de l'AIS, Madani Mezrag, devrait laisser environ 130 de ses éléments se rendre (individuellement) en une semaine. Le retour de tous les maquisards de l'AIS pourrait prendre deux semaines. Le 13 janvier, des membres de l'AIS, dont l'"émir" Salim Zoubayou et neuf de ses hommes, venant du maquis de Draa-Bissa, près de Texcenna, ont commencé à descendre de leurs cantonnements. Des détonations entendues en provenance des maquis semblent indiquer la destruction des champs de mines entourrant les cantonnements de l'AIS. "Liberté" annonce que les éléments de l'AIS ont commencé à quitter leurs positions d'Ouled Arbi et d'El-Kemmar le 12 janvier, et que les 200 "trévistes" d'Ouled Arbi "ont rendu leurs armes et regagné leur domicile familial". A Guelma, la reddition d'une centaine de membres de l'AIS, cantonnés à Djebel Homaro et à El Mazraâ, est attendue. A Larbaâ, où des renforts militaires sont arrivés et ont pris la route de la montagne, les membres de l'AIS commandés par l'"émir" Kartali "circulaient le plus normalement du monde au sein de la population", rapporte "Le Matin", mais on ne savait pas encore le 12 janvier "à quel moment le groupe de Kartali allait définitivement quitter son cantonnement".

(Liberté 13.1) Selon "Liberté" (notamment), les éléments de l'AIS qui auront rendu les armes "ne prendront pas les armes pour combattre les irréductibles du GIA", mais livreront à l'ANP les informations dont ils disposent sur les maquis irrédentistes.

(AFP 15.1, Liberté, Le Matin, El Watan 15.1, 16.1, 17.1) Selon des proches de Madani Mezrag, cités par "Liberté", "conformément aux clauses de l'accord conclu par l'AIS" avec l'armée, "le gros de ses éléments (...) ne rejoindra le domicile familial que (dans un délai) d'une semaine" à partir du 13 janvier, afin de "mettre au point toutes les dispositions de reddition définitives", comme l'établissement de cartes d'identité et des documents d'amnistie, terminer l'inventaire des armes et le déminage des camps. La reddition de membres de l'AIS se poursuivait le 15 janvier. Environ 400 membres de l'AIS sont descendus en deux jours des maquis de Chlef et Medea et sont rentrés chez eux, à l'instar de leur "émir" régional, Ahmed Benaïcha, qui laisse cependant entendre que des clauses seraient encore à négocier avec le pouvoir. Dans un entretien accordé au quotidien "La Voix de l'Oranie", Benaïcha déclare notamment que "la grâce amnistiante ne peut en aucun cas aboutir à la réconciliation nationale", et exige que s'y ajoute la libération d'Abassi Madani et d'Ali benhadj et le retour des exilés. Benaïcha assure qu'"en principe, selon l'accord établi" avec le pouvoir, en négocié entre l'AIS et "des représentants de l'état-major de l'ANP et de la Présidence", "Ali Benhadj devait être libéré après Abassi Madani". Certains "émirs" de l'AIS seraient en désaccord avec leur chef, Madani Mezrag, au sujet de l'accord passé par celui-ci avec l'ANP. Madani Mezrag aurait d'ailleurs été blessé par arme à feu par Mohamed Chellih, conseiller politique de l'AIS et "émir" régional de Jijel, dans la nuit du 12 au 13 janvier dans le maquis de Draâ Edissa, au dessous de Texenna. Chellih aurait reproché à Mezrag d'avoir annoncé la dissolution de l'AIS sans avoir l'aval des "émirs" régionaux, et l'accuserait en outre de vouloir quitter le maquis pour l'Arabie Saoudite (départ que des "sources sûres" citées par "Le Matin" annonçaient le 12 janvier comme "une chose imminente", ce qu'une "source digne de foi" citée par "El Watan" confirmerait, Madani Mezrag étant accompagné en Arabie Saoudite par une délégation saoudienne séjournant actuellement en Algérie ), ce qui selon les quotidiens confirmerait la médiation de l'Arabie Saoudite entre l'AIS et le pouvoir algérien. Des affrontements internes à l'AIS se seraient ensuite produits, provoquant des échanges de coups de feu pendant "plus d'un quart d'heure" selon les habitants d'Oum Ihout. Dans la région de Chakfa, des affrontements entre islamistes armés partisans et opposés à la reddition se seraient également produits. Environ 200 membres de l'AIS seraient "récalcitrants" à la reddition dans la wilaya de Jijel. En outre, "El Watan" signale que plus de 200 membres de l'AIS cantonnés près de Tamanar, dans la région de Skikda, et dirigés par l'"émir" régional Mostepha Kebir (frère de Rabah Kebir), refusaient toujours le 15 janvier de époser les armes, faute de directives précises de Madani Mezrag.

(AFP, APS 15.1, Liberté, Le Matin, El Watan 15.1, 16.1, 17.1) Suivant l'exemple de l'AIS, la Ligue islamique pour la prédication et le djihad (LIDD) d'Ali Benhadjar a annoncé sa dissolution le 14 janvier dans un communiqué retransmis par l'agence officielle algérienne APS. La LIDD ne regroupait plus qu'une centaine de combattants dans les régions de Medea et d'Aïn Defla et observait une trève depuis le 10 octobre. En revanche, les GIA d'Antar Zouabri et le GSPC de Hassan Hattab n'ont pas désarmé et continuent leurs actions violentes.

La reddition du GSPC, annoncée le 13 janvier comme imminente par la radio d'Etat, n'a pas été confirmée depuis, et des tracts opposés à la reddition ont été affichés par les éléments de la "phalange El Ansar" du GSPC à Dellys et Boubarek, dans la région de Boumerdès. Devant le refus de ses exigences par l'armée algérienne, et notamment le refus de l'armée d'accepter que soient amnistée deux "émirs" du GSPC, déserteurs de l'armée elle-même, Okacha et Abderrezak, Hassan Hattab aurait ordonné l'assassinat dans la nuit du 13 au 14 janvier d'un imam qui lui servait de médiateur avec l'ANP, Aoudjit Bourguiba, alias Abou Oussama, qui avait négocié précédemment la reddition d'une cinquantaine de membres du GSPC dans les wilayas de Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou. . La "seriat" de Draâ el Mizan du GSPC, commandée par El Hadj Ali Abdelkrim, qui devait se rendre le 13 janvier, ne l'a pas fait. L'adjoint de Hassan Hattab, Ahmed Djabri, "émir" de la katibat "El Ghorada", active dans la région d'Aomar, aurait quant à lui repris le chemin du maquis avec cinquante hommes, après la reddition d'une partie de ses éléments. Le quartier général de Hassan Hattab serait encerclé par l'armée.

Du côté des GIA, l'"émir" de l'AIS pour l'ouest, Ahmed Benaïcha, a déclaré au quotidien "La Voix de l'Oranie" que les éléments de la katibat de la zone IV (Saïda, Sidi Bel Abbès, Tlemcen) ont fait défection et se sont enrôlés dans la "Djamaâ salafia el moukatila", mais que les GIA d'Antar Zouabri continuent d'agir dans les monts de Talassa et de Tiaret. Selon "El Watan", des 1000 membres des GIA des zones III et IV (ouest), il n'en resterait que 300, ne se déployant souvent plus hors de leur cantonnement que par petits groupes de cinq ou six personnes. Des GIA encore actifs ou potentiellement actifs, "El Watan" cite les katibates "Ennasr" (une quarantaine de membres) et "Essouna"(environ 25 membres) de Saïda, le katibat "Telagh" de Sidi Bel Abbès (environ 25 membres), la katibat "Etabet" (une quarantaine d'"actifs"), la katibat "El Forkane" (environ 30 membres) entre les monts de Tlemcen et de Beni Snouss, dans l'ouest, la katibat "El Khadra", active entre El Bayadh, Laghouat, Aflou et Bechar, la katibat "Essaïhoune" (une trentaine de membres) près de Tiaret, et "El Intikam" daans la région de Tissemsilt (une vingtaine de membres). Dans la wilaya de M'sila, un GIA d'une vingtaine de membres est actif dans les zones de Medjedel, Sidi Ameur, Tamsa et Menaâ, et la présence d'Antar Zouabri y aurait été signalée. "Liberté" signale la présence de trois GIA actifs dans la wilaya de Laghouat, les groupes de Nouioua, El Boss et Derdari, de 15 à 18 membres chacun, et celle d'environ 300 islamistes armés dans la wilaya de Boumerdès, dirigés par les "émirs" Yacine, de la seriat "El Djarah" dans la région de Beni Amrane, "Hodeifa", de la seriat "Errahmane" dans la région de Boumerdès, Chebat Youcef, dans la région de Corso, Abou Yahia, de la katibat "El Anssar", à Dellys et Bords Menaïel. A Constantine, un GIA d'une quinzaine de membres serait toujours actif, dirigé par Rechkil Jamel. A El-Tarf, le GIA dirigé par "Nadhir", avec une trentaine de membres, est encore actif.

(AFP 13.1, Reuters 12.1, El Watan 13.1, Le Matin 13.1) Des milliers de soldats, appuyés par des hélicoptères, ont été déployés le 12 janvier dans diverses régions d'Algérie, quelques heures avant l'expiration (à minuit) du délai imparti aux islamistes armés pour se rendre. A Jijel, un incessant ballet d'avions de transport Hercules a été observé par les habitants. En débarquaient notamment des parachutistes. Des hélicoptères de combat survolaient en permanence la zone environnante. Ce déploiement, particulièrement dans les monts de Texenna, pourrait avoir pour premier objectif l'occupation des cantonnements de l'AIS abandonnés par l'organisation "autodissoute", voire la protection des membres de l'AIS contre d'éventuelles attaques de groupes armés irrédentistes, comme les GIA d'Antar Zouabri, qui compteraient 300 membres dans la région. Des mouvements de troupes ont également été constatés à Khemis Meliana. A Medea, "El Watan" a constaté des mouvements de troupe vers Tamezguida, fief de la LIDD de Ali Benhadjar, non rallié à la trève.

(Liberté 15.1, 16.1, El Watan 16.1) Le président Bouteflika a réaffirmé lors du Conseil des ministres la volonté de l'Etat d'agir "en toute légitimité et avec détermination pour restaurer définitivement et totalement la sécurité". Dans le communiqué du 13 janvier où il annonçait l'octroi d'une "grâce amnistiante" aux membres de l'AIS, le président avait déjà déclaré vouloir recourir "à tous les moyens légitimes pour qu'en tout lieu du territoire national, force soit à la loi et que soit assurée la protection efficace des personnes et des biens dans le respect des lois de la République". Le nouveau dispositif des forces de sécurité dans la wilaya de Jijel engagerait, selon "El Watan", douze mille hommes, disposant de l'appui d'hélicoptères. Un important dispositif militaire a également été déployé dans les wilaya de Skikda, de Chlef (où l'armée serait intervenue dès le 14 janvier contre les maquis du GIA dans l'Ouarsenis, à Tamaït et près de Beni Bouatab), de Laghouat (offensive contre les maquis islamistes d'El-Gaâda) et d'Aïn Defla (où une intervention militaire a été lancée dans les monts de Menouara, au-dessus de Khemis). Dans la région d'Annaba, un vaste ratissage serait en passe d'être déclenché à travers les forêts de Chetaïbi et de l'Edough.

padak.jpg (Reuters, AFP 11.1, 12.1) Le rallye "Dakar 2000" (anciennement Paris-Dakar") a été suspendu le 11 janvier à l'étape de Niamey (Niger) à la suite de "menaces terroristes" pesant sur le rallye dans son parcours nigérien. Le gouvernement nigérien a réfuté ces informations. Des "groupes de terroristes" prêts à agir contre les participants du rallye ont été "repérés", ont indiqué des responsables français sous couvert d'anonymat. Il pourrait s'agit de GIA algériens ou de rebelles tchadiens. Selon des "sources proches des milieux du renseignement français", citées par Reuters, ce sont des menaces émanant d'"un groupe du GIA supposé proche de l'"émir" Hassan Hattab" qui ont entraîné l'annulation des étapes nigériennes du rallye Dakar-Le Caire, la suspension de l'épreuve à Niamey et son transfert par "pont aérien" (au prix de 10 millions de FF, 2,5 mios FS) en Libye. Selon "une source diplomatique" anonyme de Niamey, citée par l'AFP, il s'agirait d'un groupe dissident des GIA, commandé par un certain Moktar Mokhari, comprenant environ 300 hommes actifs et disposant d'armement lourd.

(Reuters 21.1) Une "source diplomatique française" citée par Reuters a affirmé le 21 janvier que les menace d'attentats d'un GIA algérien contre le rallye Paris-Dakar-Le Caire, qui a conduit les organisateur du rallye à en modifier le parcours, étaient bien réelles.

(El Watan 18.1) La liste des islamistes armés ayant bénéficié de la "grâce amnistiante" décrétée par le président Bouteflika aurait été arrêtée à 2860 personnes issues de l'AIS, selon "El Watan", qui cite une "source sûre", et qui précise quaucune d'entre elle "ne participera aux côtés des troupes de l'ANP à la lutte antiterroristes", mais que certains seront "utilisés pour le déminage ou pour fournir des renseignements sur les irréductibles du GIA". Selon les mêmes sources, les 150 membres de la LIDD d'Ali Benhadjar et de la "phalange Errahman" de Mustapha Kartali qui se sont rendus aux autorités bénéficieront des dispositions de la loi sur la concorde civile, mais pas de celles de la grâce amnistiante.

(El Watan, Liberté, Le Matin 18.1, 19.1) L'organisation islamiste armée des "Fidèles au serment" (Al Baqoun ala El Ahd), créée semble-t-il en 1992 par les deux fils d'Abassi Madani, a annoncé dans un communiqué signé de son "émir", Abderahmane Abou Djamil, le 16 janvier qu'elle poursuivait la lutte armée jusqu'à "l'instauration de la parole de Dieu", le communiqué qualifiant les dirigeants de l'AIS et de la ligue islamiste de Banhadjat d'"apostats" et d'"ennemis". Dans un communiqué précédent, le 14 janvier, les "Fidèles au serment" ont annoncé la condamnation à mort pour "haute trahison" de l'"émir national" de l'AIS, Madani Mezrag. En ce qui concerne le GSPC de Hassan Hattab, "le contact est toujours maintenu" par les autorités, annonce "Liberté" sur la foi d'une "source sous le couvert de l'anonymat". L'"émir" de la katibat de Z'barbar du GSPC, Djabri, aurait été mis à la tête de la katibat de Bouira pour y accélérer les redditions, mais trois autres responsables du GSPC, Okacha, Messaoud et Abou Djoudjana seraient partisans de la poursuite de la lutte, au besoin en "liquidant" Hassan Hattab si celui-ci venait à choisir la reddition.

(Le Matin, El Watan 18.1, 19.1) En Kabylie, les "émirs" Mouffok et Hadj Ali, des "seriat" du GSPC de Takhoukht et de Draâ El Mizan, refusent toujours de se rendre, malgré quelques redditions survenues dans leurs groupes. Dans les régions de Chlef et d'Aïn Defla, "El Watan" signale que le 17 janvier, 250 éléments de l'AIS (environ 150 à Aïn defla et 100 à Chlef) n'avaient toujours pas quitté leurs campements, alors qu'ils font partie des 600 "trévistes" graciés dans les deux wilayas. "Le Matin" signale que les membres de l'AIS gardaient toujours leurs position le 18 janvier à Chadia, près de Kaous, ville natale de Madani Mezrag.

(Le Matin, Liberté, El Watan 18.1, 19.1) Cinq présumés "terroristes" membres de la "seriat" de Takhoukht, dirigée par l'"émir" Mouffok, se sont rendus aux autorités lors d'un ratissage déclenché dans la forêt de Tahchat, près des Ouacifs, dans la région de Tizi Ouzou. Dans cette wilaya, 14 redditions ont été enregistrées depuis juillet 1999, selon le Procureur général de Tizi Ouzou, qui a également chiffré à 52 le nombre des redditions dans la wilaya de Boumerdès. Selon le Procureur, la totalité des redditions à Tizi et Boumerdès concernerait des membres du GSPC. Dans la wilaya de Bouira, 144 membres du GSPC se seraient rendus aux services de sécurité.. A Alger, le procureur général a annoncé que 143 "terroristes" se sont rendus aux autorités dans le gouvernorat depuis juillet 1999. Ces "repentis" appartiennent aux "phalanges de la mort", aux "fidèles au serment" et à la katiba "El Khadra" des GIA.

(Liberté 18., 19.1, El Watan, Le Matin 19.1) Le dispositif policier et militaire mis en place à l'expiration du délai de reddition prévu par la loi de "concorde" continue d'être en place, voire de se renforcer, autour des fiefs présumés des GIA, du GSPC et des autres groupes armés irréductibles, notamment dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bejaïa, Bouira et Boumerdès. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, 2000 hommes du groupe d'intervention rapide (GIR) sont venus renforcer le dispositif militaire, également accru en artillerie et en hélicoptères. Selon "Le Matin", l'armée s'apprêterait à "frapper à Sidi Ali Bounab ainsi qu'à Mizghana". Des habitants de villages et hameaux situés près du quartier général de l'AIS dans la région de Texenna ont été invités à quitter leurs habitations avant le 20 janvier. Dans la wilaya de Boumerdès, une opération de "reconnaissance" (vraisemblablement avant ratissage) a été lancée le 16 janvier. Un groupe armé dirigé par l'"émir" Megata serait encerclé dans la région d'El-Tarf, à Feddaoui-Salah, près de Drean. Au sud de Relizane, dans les massifs forestiers d'Aïn Tarik, l'ANP a lancé le 18 janvier une opération de grande envergure contre la katibat "El Ahoual" (GIA-Zouabri), dont les effectifs seraient estimés à environ 200 personnes.

(Le Matin 19.1) Signalant que "l'échéance censée signer le passage d'une démarche réconciliatrice à une autre éradicatrice contre les groupes armés", soit la date-butoir du 13 janvier, "s'est achevée sans qu'aucun changement ne soit pourtant enregistré", le quotidien "Le Matin" se demande si on assiste pas à "une prolongation en catimini" de la loi sur la concorde civile, ce que laisseraient supposer la poursuite de "tractations entre le pouvoir et des chefs terroristes" comme Hassah Hattab "en vue de leur reddition"

(AP, Reuters 19.1, 23.1, Le Matin, Liberté 20.1, 22.1) Le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a annoncé le 19 janvier que "plus de 80 %" des rebelles islamistes avaient déposé les armes, après l'échéance de la loi de "concorde civile" et la "grâce amnistiante" accordée par le président Bouteflika aux membres de l'AIS, et que 80 % des armes détenues par les groupes islamistes armés (tous groupes confondus) avaient été récupérées. Le ministre n'a cependant fourni aucun chiffre à l'appui de ses estimations, mais a noté qu'une partie des "repentis" étaient réfugiés à l'étranger (Pakistan, Maroc, Soudan, Suède, Libye). "El Khabar" avance de son côté le chiffre de 4200 redditions, dont 2400 de membres de l'AIS, entre le 13 juillet et le 13 janvier. Yazid Zerhouni a également affirmé que certains de "ceux qui n'ont pas déposé les armes (...) obéissent à des pressions et des ordres venant de l'extérieur" et a averti que "pour eux, il n'y (aura) pas d'autre voies que la répression". Il a cependant laissé une porte ouverte à de nouveaux pourparlers avec le GSPC de Hassah Hattab en affirmant que "les terroristes qui avaient entamé des négociations pour se rendre avant le 13 janvier mais qui ne se sont pas rendus se verront accorder l'amnistie s'ils se rendent ultérieurement". Le GSPC pourrait compter quelque 1500 membres. Le GIA dirigé par Belmokhtar, à la frontière algéro-nigérienne, serait également encore actif mais compterait moins que les 300 membres que des sources françaises lui attribuent. Le ministre a enfin confirmé les importants déploiements militaires et policiers dans les régions où des groupes armés refusent de se rendre, notamment celles de Jijel, Bouira, Tizi Ouzou, Tebessa, Batna, Tiaret, Aïn Defla etTissemsilt. D'importants renforts sont continuellement acheminés dans les régions de Chlef, autour du maquis d'Oued Romane, et de Relizane, autour du maquis de Remka, signale "Le Matin". Une opération de ratissage a été lancée le 20 janvier contre le maquis GIA de Mizrana, dans le massif de Mazer (wilaya de Tizi Ouzou). De violents affrontements dans la région de Relizane ont fait 57 morts (25 militaires et 32 islamistes armés) en six jours (depuis le 18 janvier) près de Bourabka. Environ 2000 nomades ont été regroupés dans des agglomérations "sécurisées" près de Boualem, dans la région d'El-Bayadh, pour les protéger des attaques "terroristes".

(Le Matin, Liberté 20.1, 22.1, 23.1, AP 22.1) L'incertitude continue de régner sur le choix (reddition ou poursuite du djihad) que va faire le GSPC de Hassan Hattab, dont plusieurs groupes sont encore en activité en Kabylie, notamment dans les maquis de Mizrana, Sidi Ali Bounab, Tasabort et Takhoukht, où l'"émir" Hamid Mouffok aurait refusé de se rendre. 66 "repentis" du GSPC se seraient bien rendus dans les wilayas de Tizi Ouzou et Bouira, et le QG de l'organisation serait encerclé à Sidi Ali Bounab, mais on ignore si Hassan Hattab y est présent et mène en personne des négociations avec les autorités, s'il a mandaté des intermédiaires ou s'il a quitté les lieux. "Liberté" a cependant annoncé que Hassan Hattab et ses principaux "émirs", réunis les 19 et 20 janvier dans la région de Boumerdès, auraient accepté le principe de la reddition et pourraient annoncer dans les jours à venir l'auto-dissolution du GSPC, mais cette information (également donnée à Londres par "El Hayat")n'a pas été officiellement confirmée, et le 22 janvier, un policier et un garde communal ont été abattu à "faux barrage" tendu à Kadiria, près de Lakhdaria, par le GSPC (selon "Le Matin". En outre, l'"émir" de l'est, Okacha, resterait opposé à toute reddition, alors que l'"émir" de Bouira, Djabri, faciliterait au contraire la reddition de ses éléments, et "El Ribat" démentait le 21 janvier toute tractation entre des responsables algériens et le GSPC.

(Liberté 20.1) Rien de définitif n'est encore arrêté au sujet des "groupes de légitime défense" (GLD, milices anti-islamistes locales armées par les autorités), a déclaré le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni le 19 janvier. Le ministre considère "personnellement" que les GLD devront être reconvertis en police communale, mais leur sort après les redditions d'islamistes armés n'a pas encore été fixé.

(APS 18.1) L'Algérie a signé le 18 janvier à New York la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, adoptée par consensus le 9 décembre 1999 par l'Assemblée générale des Nations Unies.

(AP 21.1) Un juge canadien a refusé le 20 janvier la libération sous caution d'un Algérien arrêté dix jours auparavant à Montréal sur la base d'un mandat décerné par les USA, qui le soupçonnent d'être lié aux GIA. Mokhtar Haouari est établi au Québec depuis sa demande d'asile politique en 1993 et aucune charge n'est retenue contre lui au Canada, mais les Etats-Unis l'accusent de faire partie d'un groupe "terroriste" algérien et d'être impliqué dans un "complot" visant à faire entrer des explosifs aux USA. A Seattle (USA), deux Algériens, Ahmed Rassam et Abdelmadjid Dahoumane, ont été inculpès sous l'accusation d'avoir "conspiré" depuis 1998 pour commettre des attentats contre "des structures, moyens de transport ou biens personnels".

(AFP 25.1) Le président du Niger, Malamadou Tandja, en visite à Paris (en même temps que le ministre algérien des Affaires étrangères Youcef Yousfi) a démenti le 25 janvier qu'une "menace terroriste avérée" ait pesé sur les étapes nigériennes du rallye Dakar-2000, annulées du fait de cette menace évoquée par des services de renseignements occidentaux, l'attribuant généralement aux GIA algériens

(Le Monde, Le Matin 25.1) L'hypothèse d'une reddition du GSPC de Hassan Hattab semble de plus en plus contredite par l'activité déployée par le groupe dans ses régions d'implantation, Tizi Ouzou et Boumerdès. Des éléments du GSPC opérant dans la région de Tizi Ouzou ont tendu un "faux barrage", non pour racketter les voyageurs (ou les tuer), mais pour leur expliquer les raisons de leur refus de la "concorde civile". Le 23 janvier, un autre "faux barrage", tendu à Tala Oulili, près de Boghni, par des hommes en tenue militaire, a par contre renoué avec la pratique du racket, non sans y ajouter une harangue politique et annoncer que "Si Hassan (Hattab) ne se rendra jamais". A Dellys, selon "Le Matin", des éléments du GSPC ont attaqué une boulangerie pour emporter 3 tonnes de farine.

(Libre Algérie 17.1Dans un entretien à "Libre Algérie", le général à la retraite Rachid Benyelles exprime son scepticisme à l'égard d'une "éradication" militaire des groupes armés irrédentistes : "Franchement, je ne vois pas comment cela pourrait se réaliser (et s'il) y avait des forces et des moyens (...) disponibles et (n'ayant) pas été utilisés pour protéger les citoyens, c'est une action coupable". Le général rappelle que la trêve de l'AIS, en octobre 1997, "n'a pas été ressentie comme telle parce qu'elle existait en réalité bien avant" et qu'il y avait entre le pouvoir et l'AIS "un gentlemen agreement au titre duquel les troupes de ce qu'on appelle le bras armé du FIS (...) étaient déjà en villégiature", la "grande nuisance" ne venant pas de l'AIS mais des GIA. Rachid Benyelles doute également que la "*concorde civile" ("un terme sorti du dictionnaire pour ne pas avoir à utiliser l'expression "réconciliation nationale", ironise le général) aboutisse à arrêter la violence : "en matière de rétablissement de la paix et de la sécurité, c'est tout ou rien. Ou on neutralise absolument tous les groupes armés, et à ce moment là la sécurité et la paix reviendront, on on n'y arrive pas, et il suffira alors de quelques dizaines d'individus pour maintenir une situation d'insécurité, ce qui obligera les autorités à garder en place l'énorme didpositif de sécurité, avec toutes ses conséquences, notamment sur les plans humain et financier". Et de plaider pour une "solution politique" à une crise qui est "d'essence politique", solution politique impliquant les forces et les personnalités "représentatives de courants qui traversent la société algérienne", et sans laquelle "les ingrédients de la crise seront toujours présents". Le général considère que "dans ce pays, on fait exactement le contraire de ce qu'il faut faire. On négocie avec des (...) gens qui ont assassiné, et on exclut les politiques", au lieu de négocier avec les politiques pour "imposer des mesures et des solutions aux groupes armés". Mais cela impliquerait des concessions dont le pouvoir ne veut pas : "on veut rester seuls maîtres du jeu". Mais pour le général Benyelles, ce "on" n'est pas l'armée : "l'armée, tout comme le FLN, au moment où il était le parti unique, n'ont jamais été au pouvoir. Ils ont été, par contre, des instruments du pouvoir. (...) ces deux structures ne décidaient de rien. La décision se situait au niveau du chef de l'Etat, qui avait seul le pouvoir. (...) Ce n'est qu'en 1992, après la démission de Chadli, que l'armée a accédé au statut de décideur", car "aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le président Chadli a réellement démissionné" et "personne ne l'a forcé à partir".

(Libération 26.1) Malika Matoub, soeur de Lounès Matoub, qui anime avec sa mère une fondation qui s'est donné pour but de faire la vérité sur l'assassinat du chanteur kabyle, le 15 juin 1998, a déclaré à "Libération" ne pas accepter "un simulacre de procès destiné à tromper l'opinion et à clore le dossier", et exige une "véritable enquête" sur les conditions et les responsables de l'assassinat de son frère, alors que depuis cet assassinat, écrit le quotidien parisien, "au moins une dizaine d'sialmistes, morts ou vifs, ont été présentés comme (les) assassins" sans que les proches du chanteur n'accordent beaucoup de crédit à ces présentations. La veuve de Lounès se souvient que la circulation sur la route empruntée par leur véhicule, avant l'embuscade, était étrangement réduite à une heure où elle était habituellement plutôt chargée. Alors que le gendarmertie n'est située qu'à sept kilomètres du lieu de l'assassinat, à Beni Douala, les gendarmes sont arrivés longtemps après le meurtre, n'ont dressé aucun barrage pour tenter d'arrêter les agresseurs et les ont désigné comme des islamistes armés avant de commencer l'enquête -alors que l'opinion publique en Kabylie dénonçait immédiatement le "pouvoir assassin". Sur le lieu de l'embuscade, à Talat Bounane, des villageois avaient signalé aux autorités, trois jours avant l'embuscade, la présence d'"un groupe d'individus rôdant depuis plusieurs soirs" avec des kalachnikov et des grenades, ainsi que des voitures en repérage et des civils armés (tués dans une embuscade cinq jours après Matoub). Le matin même de l'assassinat, les gendarmes de Beni Douala auraient demandé aux commerçants de fermer leurs boutiques et aux habitants de ne pas sortir de chez eux ou de quitter le secteur. Les villageois qui ont tenté d'aller témoigner à la gendarmerie n'y ont pas été reçus, les gandarmes locaux ont été mutés après l'attentat et la police aurait présenté à la veuve de Matoub, Nadia, blessés avec ses deux soeurs dans l'attentat, un procès-verbal falsifiant ses déclarations. Lorsque les avocats de la veuve de Matoub ont tenté de déposer une constitution de partie civile au tribunal de Tizi Ouzou, les juges ont tenté de les éviter et de dresser devant eux des "chicaneries de procédure", alors qu'un émissaire du pouvoir prenait contact avec Malika Matoub pour proposer "réparation" au titre d'"indemnisation des victimes du terrorisme" -elle refusera. Enfin, un "repenti" accusé par les autorités d'être l'un des assassins de Matoub, Abdelhakim Chenoui, a disparu après avoir été arrêté.

(El Ribat 27.1) Le bulletin du FIS (tendance Kébir) "El Ribat" , qui assure que "l'AIS tient son engagement" de démobilisation, évoque l'hypothèse de la constitution d'un "front du refus" de la concorde civile, "constitué de nostalgiques de la solution sécuritaire, de "combattants" de l'idéologie laïciste sous couvert d'associations de défense des victimes du terrorisme, et de commerçants de la mort qui ont fait prospérer leurs trafics en tous genres sous le parapluie de la lutte anti-terroriste", tous "acteurs influents mais minoritaires" pouvant "compter sur le concours des criminels extrémistes et des professionnels de la surenchère qui ne tarderont pas à s'ériger, le moment venu, en porte-parole de la cause islamiste".

(Le Matin 27.1) "Des hommes de l'AIS prennent déjà part à la lutte antiterroriste", annonce "Le Matin", pour qui il s'agit d'une conséquence de l'accord entre l'armée et les "émirs" de l'AIS : "l'insertion de l'AIS dans des groupes chargés de mener la lutte contre le GIA est prévue dans l'article 8 de ces accords", écrit "Le Matin". Des éléments de l'AIS, sélectionnés peu après leur reddition, volontaires et choisis "physiquement aptes à mener la lutte contre les GIA" auraient ainsi été "insérés dans des groupes auxiliaires de l'ANP" et placés dans des centres d'entraînement. Cette opération de "présélection se poursuit toujours", affirme "Le Matin", qui annonce que "de nombreux éléments de l'AIS" ont déjà été "injectés au sein de Groupes de légitime défense (GLD) eux-mêmes sous la coupe de l'ANP", et sont intervenus dans les derniers jours dans la région de Jijel, pour "effectuer une reconnaissance de terrain" et "mener les GLD et les services de sécurité vers les caches du GIA".

(Le Matin 27.1) "L'énigme reste entière quant au devenir" des chefs de l'AIS, notamment Madani Mezrag et Ahmed Benaïcha, et du chef de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad, Ali Benhadjar, après l'autodissolution de leurs organisation et la "grâce amnistiante" décrétée par le président Bouteflika, écrit "Le Matin". Si Madani Mezrag devrait, selon la presse algérienne et la presse arabe de Londres, partir pour l'Arabie Saoudite, Ahmed Benaïcha a affirmé dans une interview à la chaîne de télévision publique française France 2, où il est apparu le 25 janvier armé et entouré d'hommes armés, que sa sécurité incombait "à l'Etat" et que celui-ci était "responsable de toute atteinte à l'intégrité physique des hommes de l'AIS"

(Liberté 27.1) La reddition de Hassan Hattab, chef du GSPC, serait sérieusement compromise par la "pression de ses proches", opposés à cette reddition, écrit "Liberté", qui annonce même que le cheg du Groupe salafiste pour la prédication et le combat serait "prisonnier de ses lieutenants" irrédentistes, Okacha, Abderrezak et Messaoud. Certains sources évoquent même l'hypothèse de sa liquidation physique, comme celle de son prédécesseur "Dichou" -par les mêmes irrédentistes qui tiendraient aujourd'hui Hattab, et pour les mêmes raisons.

(AP 27.1, Le Matin 29.1) Une information judiciaire a été ouverte en France pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", à la suite de l'arrestation aux USA le 14 décembre de l'Algérien Ahmed Ressam, en possession d'un puissant explosif (le RDX), accusé d'être membre des GIA et dans l'agenda de qui des numéros de téléàphone français ont été relevés par les enquêteurs américains. Selon les enquêteurs américains, Ressam était en relations avec d'autres présumés terroristes arrêtés aux USA, notamment Lucia Garofalo et Abdel Ghani. Ressam n'est pas inconnu de la justice française (deux juges français avaient vainement tenté de l'interroger au Canada), qui le soupçonne d'être notamment lié à un vétéran algérien d'Afghanistan emprisonné à Paris, Fateh Kamel, soupçonné d'être l'un des responsables des réseaux de soutien des GIA et d'être impliqué dans les attentats commis à Paris en 1996. Les enquêteurs américains soupçonnent en outre Ressam d'être lié à Oussama Ben Laden, tenu pour responsable des attentats contres les ambassades américaines de Dar es Salaam et Nairobi le 7 août 1998 (224 morts). Ressam edevrait être jugé aux USA le 10 juillet sous l'inculpation de complot visant à détruire un bâtiment, de terrorisme, de détention dexplosifs, de contrebande et transport d'explosifs, de fausse identité et fausse déclaration auprès des douanes. Il encourt une peine maximale de 130 ans de prison, et plaide non coupable.

(AP, Reuters 30.1, 1.2, Liberté 2.2) Selon le quotidien "Saout al Ahrar", Hassan Hattab, chef du GSPC, aurait été liquidé "la semaine dernière" à Khairia dans la région de Bouira, par deux ou trois de ses lieutenants, officiers déserteurs de l'ANP, pour avoir accepté d'engager des pourparlers avec les autorités militaires. Les mêmes "émirs" avaient déjà, selon la presse algéroise, liquidé le négociateur de Hattab avec les militaires, Aoudjid Bourguiba, le 13 janvier. "Liberté" et "L'Authentique" affirment cependant le 1er février que Hassan Hattab est toujours vivant, "Liberté" citant des témoins l'ayant vu près de Lakhdaria, dans la région de Bouira. "Liberté" annonce que Hattab est "en conclave" depuis le 1er février avec ses proches "émirs" à Sidi Ali Bounab afin de déterminer les conditions de son éventuelle reddition et de la dissolution du GSPC, et qu'il aurait soumis cinq conditions aux autorités (qui en auraient d'emblée rejeté deux, concernant les déserteurs de l'armée ayant rejoint le GSPC). D'entre ces conditions, la demande d'une grâce amnistiante pour le GSPC comme pour l'AIS, et la possibilité d'organiser une grande rencontre de tous les principaux éléments du groupe. Les autorités auraient adressé à Hattab un ultimatum au 5 février pour déposer les armes. Cet ultimatum serait, selon "Liberté", la conséquence des nombreuses actions armées menées par des éléments du GSPC dans le centre et l'est du pays, actions menées par les opposants à la reddition. Une "phalange" du GSPC, dirigée par l'"émir" Ahmed Djabri (après destitution de l'"émir" initial, serait par contre en train de négocier séparément sa propre reddition, après avoir obtenu de l'imam salafiste saoudien Outheimine un avis délégitimant le djihad en Algérie. D'autres groupes du GSPC suivent par contre la voie inverse -celle de la poursuite du combat. Tel serait le cas de 200 membres du GSPC répartir en groupes de 15 à 20 personnes se déplaçant dans les maquis des Babors, à l'est de Jijel.

(Reuters 2.2) Dans un entretien à la chaîne libanaise LBC, le président Bouteflika a dit envisager l'octroi d'une amnistie au GSPC de Hassan Hattab, au motif qu'il n'a pas été mis en cause dans des massacres de civils mais avait pris pour objectifs l'armée et les forces de sécurité. Abdelaziz Bouteflika n'a cependant pas précisé s'il s'agirait d'une amnistie globale, comme celle accordée à l'AIS et à la LIDD, ou d'une amnistie "individualisée" accordée aux combattants, sélectivement, sous la forme d'une sorte de pérolongation des effets de la loi de "concorde civile". Abdelaziz Bouteflika a assuré que Hassan Hattab, que certaines informations avaient donné pour mort, exécuté par ses lieutenants irrédentistes, était toujours en vie. Enfin, le président algérien a annoncé que le gouvernement avait renoncer à intégrer des hommes de l'AIS dans une unité spéciale de l'armée pour combattre les groupes armés encore en activités, et avait décidé qu'ils rentreraient chez eux, sans avoir l'autorisation de reprendre des activités politiques.

(Liberté 5.2) Selon "Liberté", Hassan Hattab (dont le président Bouteflika a confirmé à la télévision libanaise LBC qu'il était toujours vivant) aurait réussi à convaincre la plupart des "émirs" des phalanges du GSPC de la possibilité d'une "solution négociée" avec le pouvoir, mais ferait toujoursd face à l'opposition résolue des trois irréductibles (les "paras"), lesquels auraient exécuté en signe de refus de tout compromis le beau-frère de Hattab, Abou Zakaria, responsable médical du GSPC

(La Tribune 1.2, Liberté, corr. 2.2) Environ deux centaines d'islamistes armés de l'AIS sont descendus les 29 et 30 janvier des maquis vers la ville de Collo, sous la conduire de Mustapha Kebir (le frère de Rabah Kebir), annonce "La Tribune". Ils ont été désarmés et sont tous rentrés chez eux. L'"émir" national de l'AIS, Madani Mezrag, s'est rendu le 1er février, annonce "Liberté", qui ajoute qu'il "serait à pied d'oeuvre avec les services de l'Etat pour le réglement des dernières dispositions administratives et sécuritaires". Avec Madani Mezrag s'est rendue sa "garde raprochée" et une trentaine d'éléments de l'AIS, "la dernière vague de repentis de l'AIS dans la wilaya de Jijel", précise le journal. Les forces armées ont investi les cantonnements de l'AIS de Texenna. Des sources issues de la population de la région font cependant état du passage d'une partie, minoritaire, des effectifs de l'AIS dans les rangs des groupes armés (GIA ou GSPC) refusant de se rendre.

(AP 2.2) Selon la radio d'Etat, la reddition du dernier groupe de l'AIS du maquis de Jijel, avec à sa tête l'"émir national" de l'AIS, Madani Mezrag, et sa garde rapprochée, porte à 1200 le nombre des "repentis" pour la wilaya de Jijel.

(AP, Reuters 30.1, Liberté, Matin 2.2) Selon le quotidien "Saout al Ahrarl", l'armée a engagé une offensive héliportée, sur la base de renseignements fournis par les "repentis" de l'AIS, contre les maquis des GIA (ou du GSPC ?) des hauteurs de Jijel. Selon "Le Matin", une offensive des forces de sécurité a été lancée au sud-est de Relizane le 31 janvier, dans la région d'Aïn Tarek

)Le Soir 31.1) L'"émir" de la Ligue islamique de la dawaâ et du djihad (LIDD, "trévistes" et autodissoute), Ali Benhadjar, revient dans un entretien avec "Le Soir d'Algérie" sur les conditions de l'apparition des groupes islamistes armés en Algérie, apparition qu'il attribue à la proscription politique du FIS, laquelle a laissé le terrain aux "extrémistes" pour qui la participation aux différentes élections était "kofr" et qui ont réussi à prendre le contrôle de l'action armée. Lui-même a rejoint le GIA de Djafar el Afghani en 1993 pour, affirme-t-il, mener "une guerre propre (qui) n'était pas dirigée contre le peuple", mais "les extrémistes qui avaient créé le GIA (...) ont affiché publiquement leurs positions en critiquant l'ex-FIS pour ne pas avoir défendu l'islam". Ali Benhadjar a quitté le GIA fin 1995 avec une katiba de 150 personnes, la kabibat "El Wafa", qui a affronté les GIA d'Antar Zouabri, et a créé la LIDD au début de 1997, avec le FIDA. Ali Benhadjat affirme avoir reçu d'Ahmed Benaïcha, "émir" régional de l'AIS, une lettre de félicitation pour la création de la LIDD, Benaïcha lui proposant une unification avec l'AIS. La LIDD est entrée en trêve le 10 octobre 1997, dix jours après l'AIS. Ahmed Benaïcha donne également quelques informations (ou livre quelques hypothèses) sur quelques événements restée assez obscruts, comme la liquidation de Mohammed Saïd et d'Abderrezar Redjam (qu'il attribue au GIA d'El Ahouel, dirigé par l'"émir" Kada Benchiha), l'assassinat des sept moines du monastère chrétien de Tibbehirine (qu'il attribue au GIA d'Attia) et l'élimination de Djamel Zitouni, qu'il revendique pour la LIDD : "Djamel Zitouni, à travers ses pratiques, méritait la mort". Benhadjar affirme : "nous avons perdu plus d'éléments lors de nos accrochages avec le GIA qu'avec les forces de sécurité". S'agissant de la reddition et de l'autodissolution de la LIDD, son chef affirme n'avoir signé aucun accord, tout ayant été négocié directement par l'AIS, qui n'informait la LIDD de rien mais lui demandait uniquement se se joindre à sa démarche.

(AP 7.2) Selon "Liberté" l'offensive militaire lancée dans le triangle Relizane-Tiaret-Tissemsilt depuis le 18 janvier, et baptisée "Seif El Hadjadj", a été lancée pour empêcher le regroupements de GIA dans une nouvelle organisation, la "Djamaâ Salafia pour le Djihad".

(Le Matin 7.2) Selon le chef de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad (LIDD, autodissoute et amnistiée), Ali Benhadjar, s'exprimant dans un entretien accordé à "El Hayat", l'accord passé entre l'armée algérienne et l'AIS prévoyerait bien la mise à disposition de l'armée de certains éléments de l'AIS au titre de supplétifs dans la lutte antiterroriste.

(Le Matin 14.2) Des membres de la milice anti-islamiste locale de Batna ("patriotes"), incarcérés pour s'être vengés de l'assassinat de leur père par des islamistes armés en assassinant à leur tour cinq membres de la famille de l'assassin, ont saisi la justice pour réclamer de pouvoir bénéficier d'une amnistie similaire à celle qui a été accordée aux islamistes armés.

(El Watan, Liberté, Le Matin 16.2) Un mois après la fin, le 13 janvier, de la période d'application de la loi sur la concorde civile, les groupes armés irrédentistes sont toujours actifs dans leurs zones d'implantation principes, au sud d'Alger (pour les GIA) et en Kabylie (pour le GSPC). Malgré plusieurs offensives des forces de sécurité, les GIA d'Antar Zouabri continuent d'agir dans ses bastions du Zaccar et de l'Ouarsenis, en petits groupes d'une quinzaine d'individus, qui auraient réussi à contourner l'encerclement de leurs maquis par l'armée. En Kabylie, Hassan Hattab aurait finalement décidé de suivre ses "émirs" opposés à la reddition et de reprendre (ouplutot de poursuivre) l'action armée, après le refus par les autorités des conditions qu'il posait pour sa reddition.

(AP 16.2) La Montréalaise Lucia Garofalo, que les autorités américaines soupçonnent d'être liée à un réseau islamiste algérien susceptible de préparer des attentats aux USA, a été libérée le 15 février, après avoir admis qu'elle avait "comploté" pour faire entrer illégalement un étranger aux USA, et nié avoir connaissance d'éventuelles "activités terroristes" et affirmé que "son trafic d'immigrants n'était pas au service du terrorisme" mais n'avait qu'un but lucratif personnel. Lucia Garofalo était détenue depuis le 19 décembre, après son interception en compagnie d'un ressortissant algérien possesseur d'un passeport français volé. Elle était en relations avec un autre Algérien, Ahmed Ressam, arrêté le 14 décembre avec des explosifs et des munuteries.

(AP 20.2) Selon "La Tribune", un groupe d'une soixantaine de membres de l'AIS, qui s'étaient rendus aux autorités dans le cadre de la grâce amnistiante accordée par le président Bouteflika, a été réarmé par les autorités pour leur permettre de se défendre contre les GIA de la région, qui les ont menacé de représailles.

(La Tribune 23.2) Alors que le délai imparti aux membres des groupes armés pour se rendre est échu depuis plus d'un mois, "on enregistre une certaine poursuite dans la dynamique des redditions", écrit "La Tribune", qui se demande si l'éventuelle reddition de groupes entiers pourrait être rejetée par le pouvoir au seul motif qu'elle se produirait hors délai, et la grande opération militaire contre les maquis irrédentistes (l'opération "Seif El Hadjadj" n'a pas été "retardée pour donner une dernière chance aux réfractaires des GIA".

(El Watan 23.2) Selon "plusieurs responsables des services de sécurité", cités par "El Watan" (sans les nommer), les grouppes armés irrédentistes ne comprendraient plus que 900 éléments, dont 300 armés, "emprisonnés dans les montagnes de la Kabylie, de Chréa, du Zaccar, de l'Ouarsenis, des Babor et du djebel Amour". Le GSPC de Hassan Hattab serait réduit à 200 hommes armés, essentiellement entre Boumerdès et Tizi Ouzou, et les GIA d'Antar Zouabri à 70 hommes, dont ceux de la katibat "Echouhada" entre Miliana et Médéa et de la katibat "Ennasr" entre Tiaret et Relizane. La phalange "El Ahwal", dissidente des GIA-Zouabri, sévissant également entre Relizane et Tiaret, serait réduite à une quinzaine de membres.

(Le Matin 28.2) Une "importante opération militaire" est menée contre les groupes armés du GSPC de Hassan Hattab dans la région de Dellys, sur les monts de Sahel Boubarak, Sidi Daoud et Ouled Aïssa, annonce "Le Matin", qui évalue à environ 150 le nombre des islamistes armés irrédentistes dans la région.

(Le Matin 7.3) Selon "Le Matin", les anciens membres, amnistiée, de l'AIS de la région de Larbâa demandent à être réarmés afin de pouvoir se protéger d'éventuelles représailles des GIA ou du GSPC.

(Liberté 7.3) Un groupe armé de six personnes, sous les ordres de l'"émir" Segheir Fathi, alias "taha", a été localisé et encerclé par les forces de sécurité le 6 mars à Oran, dans le quartier Saint-Pierre.

(La Tribune 7.3) Selon des "sources crédibles" invoquées par "La Tribune", un groupe armé appartenant au GSPC aurait enlevé au début du mois de mars l'"émir" de la "phalange El Ghoraba", Ahmed Djebri, partisan de la reddition aux autorités, après qu'il ait "avec l'aide des autorités" tenté de convaincre une trentaine de ses éléments de se rendre -ce que seuls trois d'entre eux ont finalement fait. Selon le journal, Ahmed Djebri pourrait en fait servir d'otage aux irrédentistes du GSPC pour négocier une amnistie du même type que celle accordée à l'AIS.

(Le Quotidien d'Oran 7.3) Selon "Le Quotidien d'Oran", plus d'une dizaine d'islamistes emprisonnés à Alger, dont plusieurs à Serkadji, ont été libérés le 4 mars après plusieurs années de détention. Ils avaient été condamnés à des peines de huit à vingt ans fermes. Parmi eux figurerait un ancien proche de Hassan Hattab

(AP 15.3) Un Algérien de 31 ans accusé par les USA d'activités terroristes, Mokhtar Haouari, arrêté en janvier, a comparu le 15 mars devant un tribunal canadien, qui devait se prononcer sur une demande d'extradition lancée par les USA mais a reporté sa décision au 6 avril. La défense de l'accusé plaide son innocence. Mokhtar Haouari a demandé l'asile politique au Canada en 1993, et est accusé par les USA de faire partie d'un groupe "terroriste" algérien et d'être impliqué avec Ahmed Ressam, arrêté à Seattle le 14 décembre 1999, dans un "complot" visant à faire entrer des explosifs aux USA.Selon la police, il était en possession d'explosifs et de matériel destiné à fabriquer des bombes lorsqu'il a été arrêté.

(AP 17.3) Soupçonné d'être impliqué dans un "complot" visant à commettre des attentats terroristes aux USA pour le compte d'un groupe islamiste, l'Algérien Abdel Hakin Tigheza, arrêté le 24 décembre à Seattle et accusé d'être en relation avec des proches d'un autre Algérien, Ahmed Ressam, arrêté en possession d'explosifs et de matériel permettant de fabriquer des bombes, a nié toute implication dans un "complot" et n'a reconnu que son entrée illégale sur territoire américain.

(El Watan 14.3, Le Matin 15.3) "La guerre est désormais déclarée entre les éléments de l'AIS autour de la répartition du "butin de guerre", écrit "Le Matin, qui précise que Madani Mezrag, "émir national" de l'AIS, "est accusé par les siens d'avoir profité de son statut pour faire bénéficier ses proches et les terroristes issue de son arch, Beni Khettab, des sommes colossales" (évaluées en fait par le quotidien à 160 mios de dinars, soit 16 mios FF, 4 mios FS) produites par le "racket pratiqué pendant plusieurs années par l'AIS", ainsi que des "moyens immobiliers" du du "parc auto" possédé par l'AIS dans la région de Jijel. La gestion par Mezrag de ce butin aurait été la cause de l'affrontement armé l'ayant opposé en janvier à l'un de ses lieutenants, Mohamed Chelli, avant qu'un accord financier ne réintègre celui-ci dans le "circuit Mezrag de clanchiment de l'argent sale", et qu'il ne soit chargé de la réinsertion des membres de l'AIS de la région de Taher. "Le Matin" annonce également que certains anciens chefs de l'AIS ont "commencé à investir l'argent du racket dans l'achat de locaux commerciaux" (une boulangerie à Kaos, par exemple) ou de biens immobiliers. "Nous allons aider des repentis à faire des investissements productifs", a pour sa part annoncé le 13 mars le ministre du Travail, Bouguerra Soltani (islamiste MSP), faisant référence à une aide financière mise à disposition de l'Algérie par des pays du Golfe pour être utilisée "dans le strict cadre de la réinsertion sociale des repentis", qui touchent une indemnité mensuelle de 3000 dinars (300 FF, 75 FS) et une prime unique de 10'000 dinars (1000 FF, 250 FS). "Le Matin" annonce par ailleurs que "les instances locales de plusieurs localités éprouvées par la violence islamiste ont été chargées d'inclure les parents d'éléments de groupes armés abattus dans la liste des victimes du terrorisme" afin qu'ils puissent bénéficier de l'aide matérielle accordée à ces dernières à l'occasion de l'Aïd.

(El Watan 11.3) Des centaines d'islamistes armés "repentis", qui étaient enseignants avant de rejoindre les maquis, auraient introduit des demandes de réintégration dans l'enseignement, voire même aux postes qu'ils occupaient avant de passer à la lutte armée, selon "El Watan", s'appuyant sur "plusieurs sources proches des milieux de l'enseignement" -ces sources précisant qu'aucune de ces demandes n'avait été "officiellement acceptée". Cependant, "certaines indiscrétion" évoquées par le quotidien lui font écrire que le ministère de l'Education nationale "ne tarderait pas à donner son aval" à la réintégration des islamistes armés graciés dans l'enseignement. Le dossier serait "pris en charge par les directions de silaya de l'éducation".

(Le Matin 20.3) L'ancien "émir" régional de l'AIS de Larbâa, Kertali, a fait l'objet d'une "tentative de lynchage" par des parents de victimes des islamistes armés le 16 mars, premier jour de l'Aïd.


(Reuters 20.3, Le Matin 21.3) Le président Bouteflika a déclaré le 20 mars que les islamistes encore en lutte contre le régime pouvaient encore déposer les armes, plus de deux mois après l'échéance du délai qui leur avait initialement été accordé, afin de bénéficier d'une amistie. Le président a fait cette déclaration à l'ouverture du séminaire tenu à Alger sur le thème "Islam et démocratie". Abdelaziz Bouteflika a assuré que "ceux qui se rendent jouiront de la paix et du pardon, car le pardon du peuple est l'expression du pardon de Dieu, et ajouté qu'il regrettait de n'avoir pas "toutes les prérogatives pour prononcer (une) amnistie générale". Pour "Le Matin", qui dénonce une "nouvelle concession faite aux terroristes", en prolongeant de facto le délai d'Amniste, notamment à l'intention des éléments du GSPC de Hassan Hattab, le président "reconnaît l'échec de sa démarche".

(Algeria Interface 23.3) Trois Algériens accusés de terrorisme ont été déclarés non-coupables par la Justice britannique, après qu'un informateur des services de renseignement britanniques ait refusé de déposer devant la cour par crainte pour sa vie, et que des documents lus durant le procès aient affirmé que des atrocités étaient commises par des représentant de l'Etat algérien contre des civils. Les trois Algériens accusés avaient été arrêté en possession de matériel pouvant servir à préparer des attentats, et leur arrestation aurait été rendue possible par des contacts entre les autorités algériennes et l'ambassade britannique d'Alger. Pour la défense des accusés, le matériel saisi était destiné à la "légitime défense" contre les forces de sécurité algériennes. Le ministère public a pour sa part affirmé que rien ne permettait d'imputer aux autorités algériennes des atrocités contre les civils, ce qui est la position officielle du gouvernement britannique, mais des documents transmis au tribunal et émanant de ministères britanniques ont fait état d'actes de terrorisme commis par les forces de sécurité algériennes. En outre, des interventions des ministres britanniques de l'Intérieur Jack Straw et des Affaires étrangères Robin Cook, pour dissimuler l'existence de ces documents, ont été révélées .

(Quotidien d'Oran 19.3) La Cour de Tizi Ouzou a lancé un appel, publié le 15 mars sous forme de placard publicitaire par "El Khabar", à 199 islamistes armés, dont Hassan Hattab, chef du GSPC, à se rendre dans un délai de dix jours, au-delà duquel ils seront considérés comme hors-la-loi, privés de leurs droits civiques et de leurs biens, puis jugés par défaut -ce qui laisse supposer que tant que ce délai n'est pas échu, ces "terroristes" restent considérés comme pouvant bénéficier des dispositions de clémence liées à la loi de "concorde civile" ou à la "grâce amnistiante". Sur les 199 personnes sommées de se rendre, 68, dont Hassan Hattab lui-même, sont accusées d'"appartenance à un groupe terroriste" (mais non d'assassinat ou de meurtres), trois de "vol avec utilisation d'une arme", 6 d'"appartenance à un groupe terroriste, homicide volontaire et tentative d'assassinat", une d'"appartenance à un groupe terroriste, destruction à l'aide d'explosifs" et de viol, 21 d'"appartenance à un groupe terroriste et destruction à l'aide d'explosifs", une de "participation à homicides volontaires avec préméditation" et 18 de "dilapidation et d'abandon volontaire de biens publics à la dégradation".

(El Watan 3.4) Le principal accusé d'un réseau islamiste armé de Constantine, formé de fonctionnaires et de policiers, dont un officier, a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle, et trois autres accusés de peines de cinq ans de prison ferme (18 prévenus étant relaxés). Les condamnés l'avaient déjà été, pour la même affaire, en décembre 1996, mais à la perpétuité et à huit ans de prison, le jugement ayant été cassé par le Cour suprême. Ils étaient rejugés sous les chefs d'inculpation de constitution de groupe armé et d'assassinats, commis à 1994-1995, et ayant fait douze victimes.

(Liberté 28.3) Selon "Liberté", un groupe armé dirigé par un certain Abdelhamid Charif, et affilié au GSPC de Hassan Hattab s'est rendu aux services de sécurité de Bordj Ménaïel

(Liberté, Le Matin 3.4) Plusieurs membres du GSPC de Hassan Hattab se sont rendus, ou ont l'intention de le faire, aux autorités, selon "Liberté", qui annonce neuf redditions dans les premiers jours d'avril à Boumerdès, Lazib et Bords Ménaïel, et évoque "d'autres redditions prévues dans les prochains jours". Les repentis étaient actifs dans les wilayas de Boumerdès et Tizi Ouzou, à partir des maquis de Sidi Ali Bouneb et Mizrana. Cependant, "comparé à celui des repentis, le chiffre des irréductibles est effrayant" écrit "Le Matin" à propos de la région de Lakhdaria, où on compterait encore 180 islamistes armés actifs, répartis en six groupes agissant notamment entre Kadiria et Draâ el Mizan (dirigés par Fateh Rafaï, l'un des lieutenants de Hassan Hattab), autour de Chabet et dans la région de Dellys.

(Quotidien d'Oran 3.4) Un communiqué non authentifié distribué le 31 mars à Londres, et qui émanerait de Hassan Hattab, exprime un refus du GSPC de "toute trêve avec le pouvoir", déclare le GSPC "innocent de cette trêve et des personnes qui la porte" et affirme que les "combattants" du GSPC "continueront à s'attaquer au taghout, là où il se trouve". Le communiqué se conclut par la formule "Pas de dialogue, pas de trêve, pas de réconciliation avec les apostats". S'il s'avérait authentique, ce communiqué confirmerait l'échec des dernières négociations entamées entre l'armée et le groupe de Hattab, lequel aurait dispersé ses forces, évaluées à environ 300 hommes, pour les rendre moins vulnérables. Le GSPC aurait ainsi investi, dans la région de Médéa, d'anciens maquis de la LIDD de Ali Benhadjar. Le communiqué pourrait cependant n'être pas l'oeuvre de Hassan Hattab lui-même, mais de l'un de ses lieutenants "irrédentistes", Okacha, ou avoir été arraché par son groupe à Hattab pour empêcher une reddition de celui-ci.

(AP 6.4) Le Département d'Etat américain a annoncé le 6 avril qu'il offrait une récompense de 5 millions de dollars (34 mios FF, 8,5 mios FS) à toute personne fournissant des informations permettant l'arrestation d'Abdelmadjid Dahoumane, un Algérien de 33 ans soupçonné d'activités terroristes, inculpé en janvier pour entrée illégale sur le territoire américain. Selon un ancien responsable de la CIA, Dahoumane aurait suivi une formation dans des camps installés en Aghanistan par l'organisation d'Oussama Ben Laden.

(Le Matin 19.4) "Le Matin" annonce le démantèlement, le 7 avril, d'un "important réseai de soutien aux terroristes" à Draâ el Mizan et Boghni. Le réseau, composé de huit personnes, collectait de l'argent et de la nourriture. Quatre des membres du réseau sont des anciens des GIA, arrêtés en 1995, puis libérés après avoir purgés des peines de trois à cinq de prison

(POUR 29, Liberté 20.4) Le buleltin de solidarité français avec l'Algérie POUR, qui poursuit son enquête sur le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres). Un site internet du MAOL (ou du MOAL...) récemment créé a pour propriétaire Hassine Ouguenoune, et pour gestionnaire Abdelwahid Paterson, tous deux militants islamistes -le premier algérien, le second britannique. Ouguenoune serait un militant du FIDA, et aurait été particulièrement actif dans le réseau français d'approvisionnement en armes et matériel des groupes armés du FIDA dans l'Algérois.

(Jeune Indépendant 20.4, corr 21.4) Revenant sur les incertitudes et la polémique entourant les circonstances et les auteurs réels de l'assassinat de son frère, le 25 juin 1998 à Thala Bounone, Malika Matoub a réitéré le 19 avril à Tizi Ouzou ses doutes (pour user d'un euphémisme) sur la version officielle, imputant cette assassinat au GSPC de Hassan Hattab. "Mon frère n'a pas été victime d'un faux barrage, mais d'un guet-apens", a affirmé Malika Matoub, qui a dénoncé les pressions dont auraient été victime l'épouse de Lounès pour accuser les GIA de l'assassinat du Rebelle, et a évoqué la mutation de tous les gendarmes chargés de l'enquête sur cet assassinat et l'élimination par les forces de sécurité de cinq des huit "terroristes" auteurs présumés de l'embuscade. Malika Matoub a affirmé que les balles de kalachinokov ayant criblé le véhicule de Lounès Matoub ont été tirée après l'attentat, pour brouiller les pistes

(Le Matin, El Watan 23.4) Une information diffusée par l'AFP et plusieurs quotidiens marocains le 22 avril, concernant une incursion d'islamistes armés algériens en territoire marocain près de Taouassant, a été confirmée par des sources locales. Un groupe de 40 à 60 islamistes armés aurait pénétré dans la nuit du 20 au 21 avril avril dans le douar Beni Hamloun à 30 km d'Oujda, s'emparant de denrées alimentaires, d'argent, de couvertures et de vêtements appartenant à des habitants. "Des sources sûres" évoquées par "Le Matin" ont annoncé une "vaste opération de ratissage" côté algérien, menée par les forces de sécurité dans les maquis de Tlemcen, notamment contre le maquis d'Asfour, l'information n'ayant pas été officiellement confirmée.

(El Watan, Libération 24.4) Pour "El Watan", l'assassinat de sept (au moins) douanier dans le sud algérien le 18 avril "pourrait être l'oeuvre de contrebandiers de haut vol qui se comportent dans les immensités désertiques comme en territoire conquis", et non celle d'islamistes armés. Le quotidien évalue à "plus de 30 milliards de dinars par an" (300 mios FF,75 mios FS) le volume financier de la contrebande, et à dix milliards de dinars le "manque à gagner pour le fisc" de la seule contrebande de cigarettes. Mais dans la région du massacre, l'imbication entre la contrebande et des groupes islamistes armés (notamment le GIA de Mokhtar Belmokhtar, dissident à la fois des GIA-Zouabri et du GSPC) est forte.

(Liberté 26.4) Quatorze membres d'un groupe islamiste armé de la zone 5 du GSPC, la "Seryat Etawhid", placée sous le commandement de l'"émir" Abderazak, ont été arrêtés à Tebessa, et un "important lot d'armes, de produits chimiques, de documents subversifs et de matériel de transmission" a été saisi, ainsi que de l'argent, annonce "Liberté". Selon le journal, les personnes arrêtées sont "considérées par les services de sécurité comme des terroristes très actifs" et ont un profil de "Monsieur tout le monde" : commerçants, employés, âgée de plus de 40 ans.

(Liberté 26.4) Six "patriotes" (membres de la milice anti-islamiste locale) ont été arrêtés et écroués le 25 avril à Annaba pour vol de bétail dans la région de Seraïdi.

(Jeune Indépendant 26.4) Après que le général Attaïlia, dont la presse francophone a fait un "la nceur de ballon-sonde" du président Bouteflika, ait évoqué l'hypothèse d'un élargissement (et d'une prolongation) de l'amnistie en direction des GIA, les Comité citoyens de défense de la République (CCDR), le MDS, le Front démocratique de Sid Ahmed Ghozali, le RND, le FLN et l'UGTA ont tour à tour pris position contre cette hypothèse, qui n'a guère été explicitement soutenue que par le parti d'Abdallah Djaballah, El Islah, et le Wafa de Taleb Ibrahimi, le FFS et le Parti des travailleurs, pourtant "dialoguistes", ont en des termes différents considéré qu'un élargissement et une prolongation de la "grâce amnistiante" et de la "concorde civile" ne participeraient que de la même démarche, fausse à leurs yeux, suivie par le président Bouteflika, à qui ils reprochent de vouloir en réalité imposer le silence sur tout ce qui s'est passé en Algérie depuis 1991, actes terroristes et violations des droits de l'homme par les autorités étant traités de la même manière. Pour sa part, le RCD a rappelé qu'aucune mesure du genre de celle préconisée par le général Attaïlia n'était à l'ordre du jour, ni proposée par le président, ni proposée par le gouvernement.

(Quotidien d'Oran 29.4) Quatre membre d'un groupe de légitime défense (GLD, milice locale) ont comparu le 22 avril devrant le tribunal criminel de Saïda, sous l'accusation de vols, blessures volontaires et menaces de mort. En mars 1997, les quatre hommes (et un cinquième, suicidé peu après) se seraient fait passer pour des membres d'un groupe islamiste armé afin de rançonner des habitants de la région de Moulay Larbi. Les accusés, qui niaient les fait, ont été condamnés à 20 ans de prison ferme.

(APS 1.5, CSSI) Selon un rapport du département d'Etat américain sur le "terrorisme" dans le monde, "les opérations anti-terroristes agressives contre les groupes islamistes armés" menées en Algérie "ont affaibli la campagne de violence indistincte du GIA contre les civils" et en 1999 "le gouvernement algérien a accompli d'importants progrès dans sa lutte contre le terrorisme interne, qui a fait quelque 100'000 victimes depuis que les extrémistes islamistes ont lancé en 1992 leur brutale campagne pour renverser le régime séculier ("séculaire", a traduit -par lapsus ?- l'APS) en place". Pour le Département d'Etat américain, "les efforts menés par le gouvernement contre le terrorisme" et "les divisions au sein des groupes armés isléamistes" ont eu pour résultat "une importante réduction des attentats terroristes contre les civils", même si "les assassinats se sont poursuivis en dépit d'une baisse notable de la violence en Algérie en 1999", et du fait "qu'aucun étranger n'a été assassiné en Algérie" cette année. "Le" GIA est considéré par le rapport comme l'une des 48 organisations terroristes actives à travers le monde, telles que recensées par le département d'Etat, selon ses critères propres (on y trouvera donc par exemple le Hezbollah, le Hamas, le groupe d'Abou Nidal, les FARC colombiennes, le Sentier Lumineux péruvien, ETA, le PKK, la secte japonaise AUM et les Moudjahidines Khalq iraniens, mais pas les organisations paramilitaires sud-américaines d'extrême-droite). Le coordinateur de la lutte "antiterroriste" au département d'Etat (c'est-à-dire, plus précisément, de la lutte contre les "terroristes" susceptibles d'agir contre les intérêts américains ou ceux d'alliés des USA, les "terroristes" agissant contre les adversaires des USA ou de leurs alliés relevant sans doute plutôt de la CIA...), Michael Sheehan, affirme que "les expériences positives de l'Algérie, de l'Espagne et de la Turquie (...) suggèrent toutes que des mesures fermes de lutte contre le terrorisme, combinées au dialogue politique avec les forces de l'opposition non-terroriste, semblent être le modèle à suivre". Le rapport relève cependant la tendance à la "transformation de groupes terroristes bien organisés et soutenus par des Etats-sponsors en petits groupes disparates liés à des réseaux internationaux, motivés par la religion et l'idéologie plus que par la politique, et qui recourent au trafic de drogue, au crime et au commerce illégal pour s'auto-financer". Le rapport affirme que c'est un réseau de ce genre, islamiste en l'ocurrence, qui a "soutenu la tentative d'introduire des explosifs aux Etats-Unis en décembre dernier".

(El Watan 2.5) Selon des "sources sécuritaires" citées par "El Watan", une cinquantaine de membres du GSPC se seraient rendus en deux mois aux autorités, ce qui aurait "poussé les chefs terroristes à des liquidations physiques". En outre, treize membres du GSPC auraient été abattus en une semaine, fin avril, dont une dizaine dans la région de Bouira. Selon les "repentis" du GSPC cités par "El Watan", l'organisation de Hassan Hattab serait scindée en deux groupes, celui de Hassan Hattab lui-même, qui "se serait mis au vert en attendant des jours meilleurs", et celui des "paras", dirigé par Okacha, actifs sur le terrain, mais dont certaines "phalanges", comme "El Arkam", réduite de 120 à 20 membres selon "Liberté", auraient subi une véritable "hemorragie" du fait des désertions et des pertes.

(Liberté 2.5) "Une dizaine d'anciens terroriste a été liquidée en quelques jours", écrit "Liberté", pour qui "cette campagne traduit des représailles contre les 'traîtres' (et) exprime, par ailleurs, une action à consommation interne contre toute vélléité de capitulation". Ces exécutions semblent viser surtout d'anciens membres de l'AIS : l'un a été abattu près d'Aïn Defla le 7 mars, un autre près de Bordj Menaïel le 16 mars, un ancien "émir" près de Mascara le 6 avril, un ancien de l'AIS près de Dellys le 17 avril, et, selon des informations non c onfirmées, cinq "repentis" fin avril près d'Aïn Defla. Deux "repentis" de l'AIS ont été tués par le GSPC dans la nuit du 29 au 30 avril près de Jijel

(Quotidien d'Oran 4.5) "Le Quotidien d'Oran" annonce que "les terroristes amnistiés appartenant à l'ex-AIS (...) ont commencé à empocher leurs indemnités mensuelles" en vertu de l'accord passé avec l'armée, indemnités dont le montant total est estimé à 10 millions de dinars par mois pour les 1166 personnes ayant rejoint leurs foyers. Selon le quotidien, les amnistiés célibataires percevront 6000 dinars/mois (600 FF, 150 FS), les amnistiée mariée 10'000 dinars/mois (1000 FF, 250 FS). Le joutnal ajoute que "certains dirigeants de l'ex-AIS ont entamé l'opération du blanchiment du "butin de guerre" en montant des affaires commerciales", et donne l'exemple de l'émir national" de l'AIS, Madani Mezrag, qui aurait acheté une boulangerie à Kaos et un camion.

(El Watan 7.5) Vingt personnes ont été arrêtées fin avril par la police de Tizi Ouzou, pour avoir formé un groupe armé crapuleux opérant des "faux barrages" dans la région, notamment à Larbaâ Nath Irathen, Oued Aïsi et Mekla. Onze personnes ont été inculpées, dont le chef du groupe, un proxénète. Au moins trois personnes ont été tuées aux "faux barrages" tendus par le groupe, dont les membres étaient cagoulés : deux personnes originaires de Tizi Rached, assassinées à l'arme blanche et dont les corps ont été retrouvés le 18 avril à Oued Aïssi, et un automobiliste, assassiné en mars à Chaouffa. Au total, le groupe a extorqué plusieurs millions de dinars à ses victimes.

(AP, Le Matin 8.5) Des éléments de l'AIS et des GIA ayant bénéficié de la loi sur la "concorde civile" ou de la "grâce amnistiante" du président Bouteflika, après s'être rendus, ont officiellement reçu des armes pour assurer leur propre sécurité, rapporte le 8 mai "Le Matin". Une semaine auparavant, "El Khabar" avait déjà révélé qu'une vingtaine de "repentis" de l'AIS avaient été armée par les autorités locales de Jijel, et la rumeur faisait même état d'un entraînement des "repentis" pour qu'ils soient ensuite intégrés dans les groupes de légitime défense locaux, sous la surveillance de l'armée. Cette rumeur a été démentie, et les "repentis" de l'AIS ont semble-t-il été armés pour se protéger des "irrédentistes" des GIA-Zouabri et du GSPC.

(AFP 9.5) "Le racket, le grand banditisme et les vengeances personnelles, parfois dissimulées sous des violences attribuées aux islamistes armés, prennent de l'ampleur en Algérie", écrit l'AFP dans une correspondance d'Alger, qui, outre le cas du gang spécialisé dans les faux barrages routiers dans la région de Tizi Ouzou, démantelé début mai, rapporte celui d'anciens dirigeants d'une banque ayant cambriolé leur propre établissement après avoir pendu le gardien, celui du massacre de neuf personnes près de Tissemsilt, après avoir été enlevées le 1er mai, massacre attribué immédiatement par la presse à un groupe armé islamiste, mais considéré désormais par "La Tribune", qui annonce que les auteurs du massacre ont été identifiés, comme relevant d'une action de vengeance dont le journal ignore le motif.

(Liberté 10.5) Huit Marocains interpellés le 7 mai ont été déférés le lendemain au Parquet d'Oujda pour avoir "facilité le pillage d'un douar près de la frontière algéro-marocaine par un groupe armé du GIA" algérien, selon une dépêche de l'AFP citant, sans les nommer, des "sources judiciaires" marocaines.

(El Watan 25.5) L'un des plus anciens et des plus célèbres chefs des milices anti-islamistes ("patriotes"), Ziddane El Mekhfi, par ailleurs député RND à l'Assemblée nationale, ancien combattant de la guerre d'indépendance, est décédé d'une crise cardiaque le 23 mai. Il avait créé en 1990 déjà un "comité d'autodéfense" anti-islamiste à Lakhdaria. Son décès a été l'occasion pour une partie de la presse, notamment francophone, de dresser un véritable panégyrique de sa personne et de son action, et, à travers lui et elle, de celle des milices anti-islamistes.

(Le Soir 28.5) "Les groupes terroristes du GIA se trouvent présentement dans un état de déliquescence avancé", écrit "Le Soir d'Algérie", en s'appuyant sur le témoignage d'un membre d'un GIA-Zouabri (la katibat "El Feth") arrêté en mai 1999, Belkheïr Ameur, alias Djafaâr, qui avait rallié ce GIA en décembre 1995. Selon le quotidien, les conditions de vie des maquisards islamistes sont très dures, les "émirs" et leur entourage accaparent l'essentiel des vivres, de l'argent et des vêtements.

Djafaâr a également expliqué, selon "Le Soir", la méthode suivie par son GIA pour perpétrer des massacres de civils (en l'occurrence, "des renégats qu'il faut exécuter" : "avant chaque massacre collectif, un autre groupe (...) s'occupe de collecter les informations nécessaires sur le lieu ciblé. (...) Une fois la collecte d'informations terminée, le groupe demande des renforts à la katibat Khaled Ibn-El-Walid de Chréa (...) les terroristes de base ne sont avisés de l'exécution des m,assacres collectifs que peu de temps avant le passage à l'acte". Les membres du groupe accomplissent ensuite "le travail avec conviction", sans consommer de drogue, et dans "un état normal au moment des faits". Les localités ciblées sont investies vers 23 heures et les massacres sont commis à l'arme blanche, même si le groupe armé est doté de fusils, de pistolets mitrailleurs et de kalachnikovs.

Les objets récupérés lors des massacres "sont remis aux chefs (et) les terroristes de base n'ont jamais bénéficié du butin".

Quant aux femmes enlevées, appelées "sabayas", "les plus belles sont destinées à l'émir national, Antar Zouabri, et à son entourage. Les autres sont mises à la disposition des groupes locaux (...), violées à tour de rôle (puis) chargées des travaux ménagers", puis, si elles tombent enceintes ou que le groupe armé est menacé par les forces de sécurité, "automatiquement assassinées par égorgement".

Pour Djafaâr, les GIA n'ont plus d'autre objectif que "de (montrer) à travers ces massacres qu'ils sont toujours présents". Cependant, l'effectif d'une "katibat" des GIA ne dépasserait pas 22 personnes, et leur situation "militaire" s'est considérablement dégradée du fait de la pression des forces de sécurité et de l'armement d'une partie de la population civile : Djafaâr précise que son groupe "tombait souvent dans des embuscades et qu'il n'avait plus des itinéraires et des axes bien déterminés à emprunter". Les chefs des GIA ont été contraints d'abandonner le cloisonnement imposé au départ entre les groupes, et de nombreuses redditions ont "sapé le moral des troupes", dont le ravitaillement "a fortement diminué", qui manquent de munitions et de matériel pour confectionner leurs bombes, et qui sont contraintes par "le maillage de plus en plus dense effectué par les forces de sécurité" de rester à proximité de bases et de refuges connus des "repentis", et donc des forces de sécurité elles-mêmes. Cette dégradation des conditions d'existence dans les maquis a cependant pour effet pervers de pousser leurs membres à ne plus craindre grand chose : "vivre ou mourir, pour eux, n'a plus d'importance". Certains membres des GIA ne seraient cependant restés au maquis qu'après avoir été persuadés par leurs "émirs" que s'ils se rendaient, ils seraient exécutés après que les forces de sécurité leur aient "arraché des aveux" par la torture.

Enfin, Djafaâr évoque les luttes entre GIA et GSPC, et déclare que "plusieurs terroristes ont rejoint le camp de Hassan Hattab et que d'autres ont été exécutés par leurs acolytes".

(El Watan 1.6, Liberté 3.6) Selon un "repenti" issu de la katibat "Es Sunna", et qui s'est rendu à Tlemcen, le GSPC de Hassan Hattab serait clairement scindé en deux factions, l'une, animée de convictions religieuses, partisane de la reddition et favorable à la "concorde civile", et l'autre la refusant. La katibat "Es Sunna" ferait partie de la première tendance et serait quasiment "mise en quarantaine" par le seconde. Les liquidations physiques entre les factions d'un même groupe seraient "monnaie courante" et "la vie dans le maquie est (devenue) un véritable calvaire" (manque de nourriture, casemates inhabitables etc... Onze personnes soupçonnées d'être impliquées dans des actes terroristes, dont au moins quatre feraient partie du GSPC, ont été arrêtées à Aïn Zerga, dans la wilaya de Tebessa, annonce par ailleurs "Liberté".

(Le Courrier 7.6) Dans un entretien publié par le quotidien genevois "Le Courrier", un ancien membre de l'AIS (ancien maire FIS d'une "grande ville de l'intérieur", élu député au premier tour des élections de 1991, entré dans la clandestinité et passé au maquis lors du coup de force de 1992), s'exprimant sous couvert de l'anonymat en expliquant que "tous les moudjahidines démobilisés de l'Armée islamique du salut ont reçu des instructions fermes" de non-contact avec les media, considère que "la page de l'AIS est close", mais justifie "la résistance (...) opposés au pouvoir militaire" comme un "acte de légitime défense (que) les autorités algériennes (ont) reconnu comme tel à travers les accords signés entre l'armée algérienne et l'AIS". Désormais, déclare "Mohammed", les membres de l'AIS n'ont "ni à assumer (leurs) actes ni à (se) défendre de quoi que ce soit. L'amnistie a tout effacé". Cependant, reconnaît l'ancien combattant islamiste, "pour certains (de nos ennemis), la guerre est loinm d'être terminée" et tous les islamistes qui se sont rendus n'ont pas été désarmés : "les officiers et ceux qui habitent dans des endroits isolés ont gardé leurs armes. Certains en ont déjà fait usage contre des assaillants venus les exécuter". Ces assaillants, explique "Mohammed", ne sont pas tous issus du GIA et "*certains assassinats portent la signature des éléments des services de sécurité (...) d'éléments aigris, surtout des miliciens armés". Par contre, "nous n'avons jamais eu de problème avec la société" et la population, affirme le "repenti", pour qui "c'est le pouvoir militaire qui tente d'utiliser la société comme un bouclier afin de nous l'opposer". Quant aux GIA, ils sont "sous les ordres des services secrets algériens qui en ont pris le commandement à la faveur des désertions massives organisées au cours des années 1993-94", et leur mission est "de discréditer les moudjahidines par tous les moyens", y compris les massacres collectifs. Enfin, s'agissant de son retour dans la société "normale", l'ancien combattant islamiste déclare avoir été surpris par deux choses : "le nombre de mendiants dans les rues et le retour de la langue française à la télévision", et explique que les anciens de l'AIS ont "reçu instruction de ne pas (se) faire remarquer, de ne pas attirer l'attention sur (eux)", lui-même ayant reçu le conseil de ne pas reprendre son encien emploi. Lui-même vit actuellement exclusivement de l'allocation versée par l'Etat à tous les anciens de l'AIS (entre 8000 et 15000 dinars mar mois selon le "grade", soit environ 800/1500 FF, 200/375 FS). "Mohammed" révèle enfin que les anciens de l'AIS continuent d'être "en contact permanent" les uns avec les autres.

(Le Matin 8.10) le GIA et le GSPC "n'ont pas cessé de grossir leurs rangs, tout en se ravitaillant en denrées, en armes et en munitions, particulièrement dans la région de Boumerdès", écrit "Le Matin, qui rapporte que des islamistes armés supposés d'être rendus, ou ayant été libérés après avoir purgé des peines de prison, ont rejoint les maquis des GIA et du GSPC, notamment entre Béni Amrane et Corso, sous les ordres de l'un des adjoints de Hassan Hattab, Boualem Hazma, ainsi qu' à Merchicha, à Beni Khelifa et à Lakhdaria.

(El Watan 11.6) Un "fossé se creuse graduellement" dans la région de Jijel entre les anciens membres de l'AIS et les dirigeants locaux du FIS, selon "El Watan", qui rapporte que "certains de l'ex-FIS n'hésitent pas (à) traiter Madani Mezrag de 'vendu qui n'a négocié que son propre salut". Toujours selon "El Watan", des rumeurs circulent selon lesquelles le dirigeant assassiné du FIS, Abdelkader Hachani, aurait été abattu pour avoir refusé de "cautionner l'accord" entre l'armée et l'AIS "tant qu'il ne pouvait avoir une copie pour lecture". Abdelkader Hachani avait par ailleurs lui-même passé un accord avec plusieurs "émirs" de l'AIS (Boudjenana, Hamdane, Kertali). "El Watan" annonce que Madani Mezrag a réuni récemment une partie des cadres locaux et régionaux du FIS pour une discussion lors de laquelle il lui aurait été reproché de ne pas avoir tenu ses promesses. Enfin, une information non confirmée évoque les passage de "rtepentis" de l'AIS au GIA dans la région d'El-Milia. Cela étant, pour le quotidien, l'AIS reste encore "une véritable organisation même après sa vraie-fausse dissolution", et elle dispose de bureaux de liaison à Jijel, Taher et El-Miliana, qui maintiennent le contact entre ses (anciens ?) membres.

(Le Matin 12.6) Les anciens camps de l'AIS dans la région de Jijel, désertés par les éléments de l'AIS s'étant rendus après avoir obtenu la "grâce amnistiante" pésidentielle, sont progrtessivement occupés par des éléments des GIA, "au su, apparemment, des autorités" selon "Le Matin", et cela alors même que les GIA n'ont pas adhéré à la trêve ni accepté la grâce amnistiante. "Cela relance de plus belle l'histoire des éventuelles négociations du pouvoir avec le GIA" cinq mois après l'expiration des délais de reddition accordés par la loi sur la concorde civile, écrit le quotidien algérois, qui se demande si le GIA-Zouabri n'est pas en train de négocier sa reddition. "L'espace libéré par les 1186 éléments de l'AIS est occupé par le GIA", écrit "Le Matin" qui cite un habitant de Texenna : "les autorités ne peuvent prétendre ne pas être au courant", d'autant que les habitants des villages environnants se sont réfugiés en ville pour fuir le voisinage des GIA. Les camps de l'AIS devaient, selon les déclarations officielles, être occupés par l'armée au lendemain de la sissolution de l'organisation islamiste armée mais il y aurait eu "changement de programme" et, selon un ancien cadre du FIS puis de l'AIS, Ahmed Roula, les autorités ont annulé le point des accords AIS-ANP prévoyant que les éléments de l'AIS allaient servir d'"éclaireurs" à l'ANP contre les maquis irrédentistes.

(Le Matin 12.6) Un groupe armé dirigé par l'"émir" de la katibat "El Forkane", Sadaoui, serait, selon "Le Matin", encerclé par l'armée dans le maquis de Mizrana, dans la région de Tizi Ouzou.

(Algeria Interface 16.6 <www.algeria-interface.com>) Le correspondant d'"Algeria Interface" relate que l''ancien "émir" du GIA de la région de Médéa, Ali Benhadjar, qui s'est rendu aux autorités, partage avec son frère la gestion d'une herboristerie, alors que des familles des victimes des actes de son groupe demandent qu'il soit jugé notamment la famille de l'imam Mohamed Belahcen, qui avait refusé de prononcer une fetwa autorisant le groupe de Benhadjar de tuer, et avait pour cela été assassiné. L'ancien "émir" du GIA de la région de Larbaa, Mustapha Kertali, refuse pour sa part d'être considéré comme un repenti et affirme que les islamistes armés ayant accepté l'offre de redition faite par l'armée doivent être "considérés comme des partenaires politiques". Kertali affirme avoir fait "dissidence" des GIA en 1995 à cause des "excès" des groupes du GIA qui "échappaient à (son) contrôle". L'un des lieutenants de Kertali, Boualem, affirme pour sa part qu'"un accord a été signé entre nos représentants et ceux de l'Etat (qui) stipule que nous possédons tous nos droits civiques et politiques. Il n'y a donc aucune raison pour ne nous ne puissions pas faire de la politique à nouveau".

(El Watan 15.6) "El Watan" annonce le 15 juin la reddition aux autorités, à Ammi Moussa, dans la région de Relizane, le 12 juin, d'une famille de huit personnes (une mère et ses sept enfants) qui avait rejoint un groupe armé dans l'ouest du pays en 1995. Le quotidien annonce également la reddition auc services de sécurité de Tlemcen de quatre membres de la katibat "Tahwid", active sur les monts d'Asfour.

(Le Monde 16.6) Dans un entretien au "Monde", le journaliste Hamida Layachi déclare que "l'islamisme armé et le grand banditisme vont de pair aujourd'hui en Algérie", et cela depuis l'arrêt du processus électoral en 1992 : "Au lieu d'ouvrir la porte à l'aile modérée des islamistes du FIS, on a emprisonné leurs chefs, on les a déportés, ou forcés à l'exil. La nébuleuse islamiste s'est retrouvée orpheline, ce qui a permis l'émergence de jeunes émirs n'ayant pas la moindre formation politique ou théologique", comme Djamel Zitouni, Kada Benchicha ou Antar Zouabri. "Cette nouvelle génération (s'en) est prise à tout le monde, y compris aux politiques du FIS", et a finalement "basculé dans le nihilisme, la sauvagerie, le banditisme", tout en se laissant "manipuler facilement" et en faisant "le jeu de certains centre d'intérêt qui n'avaient rien à gagner à la démocratie et à la transparence, mais avaient tout avantage à pousser au chaos, avec une couvertire idéale : l'islamisme", le tout sur fond de "mutation économique désastreuse". "A partir de la fin de 1993, Zouabri représente ce qu'il y a de plus extrême. En 1995, il a littéralement excommunié toute la société qu'il estimait complice du pouvoir. C'est alors qu'ont commencé les assassinats de villageois (...) qui avaient soutenu le FIS à l'origine". Hamida Layachi évalue à environ 2000 à 2500 le nombre d'islamistes armés restant. Il décrit le GIA comme "isolé et fragmenté", entre les forces d'Antar Zouabri (s'il est toujours vivant) au centre, éclatées "en de nombreuses fractions", et celles d'Abou Ismaïl à l'ouest. A l'est, le GSPC de Hassan Hattab, "plus politique que le GIA", s'attaque avant tout aux forces de sécurité tout en menant "un bras de fer avec le pouvoir" et en négociant avec lui. "quand le président Bouteflika suggère, par l'intermédiaire du général Attaïlia, une amnistie générale, c'est à Hassan Hattab qu'il s'adresse en réalité", les GIA de Zouabri et Abou Ismaïl n'étant pas prêts "à la moindre concession", ni même à accepter une amnistie générale. Ces groupes armés "volent pour survivre et mènent des opérations à grande échelle" de razzias de bétail et de racket. "Ils ne réussissent plus à recruter des sympathisants, car la société algérienne n'a qu'une hâte : obtenir la paix et mieux vivre".

(Liberté 15.6) L'association français de victimes et familles de victimes du terrorisme "SOS Attentats" a saisi l'occasion, le 14 juin, de la visite à Paris du président Bouteflika pour demander la création d'une "véritable coopération judiciaire" franco-algérienne, et demander aux autorités algériennes d'accepter de répondre aux commissions rogatoires internationales lancées par la justice française. L'association pose ces deux conditions à la reprise des vols d'Air France de/vers l'Algérie..

(Le Soir 19.6) Les "émirs" de la région de Takhoukht, en haute Kabylie Abdelhamid Moufok (du GSPC) et Abdelkader Touati (des GIA) ont été condamnés à mort, le premier par contumace, le 15 juin par la tribunal criminel de Tizi-Ouzou. Moufok est toujours actif dans les rangs du GIA. Touati, lui, a été blessé et arrêté en mai 1998, et s'est présenté au tribunal en chaise roulante. Il a admis avoir assisté à trois assassinats et à l'enlèvement de Matoub Lounès, mais a nié tous les autres assassinats et vols dont il était accusé.

(Nouvel Observateur 22.6) Dans un entretien avec Jean Daniel, le président Bouteflika déclare : "90 % des terroristes sont ou neutralisés ou ralliés". Dans les 10 % restants, (la moitié) sont des criminels de droit commun. Il reste néanmoins (l'autre moitié) qui (constitue) une dangereuse minorité agissante, qui a besoin d'être spectaculaire dans la barbarie pour prouver son existence et pour ramener à elle ceux qui l'ont quittée. Au pis, cela n'ira pas au-delà d'une situation à l'irlandaise, situation qui n'empêche pas l'Irlande de vivre". Considérant qu'"on a le droit" de se poser encore la question "Qui tue qui ?", et qu'il s'est lui même posé la question, le président Bouteflika doute cependant que les services secrets algériens soient par exemple responsables de l'assassinat de Mohammed Boudiaf, car ils n'ont, selon lui, aucune besoin de mise en scène et de caméras de télévision pour exécuter quelqu'un. Cela étant, le président admet que ces services sont toujours actifs, qu'ils ne dépendent "pour le moment" pas de la présidence, et que cela pose un problème "sérieux". Pour Abdelaziz Bouteflika, répondant à une question de Jean Daniel, la barbarie et les atrocités "ont été importées" en Algérie, "mais par des Algériens", et ont "reçu sur place la caution de certains chefs islamistes qui avaient une audience dans les mosquées".

(AP, AFP 27.6) Un franco-algérien soupçonné d'appartenir à la mouvance d'Oussama Ben Laden, Abdessalem Boulanouar, a été placé en garde à vue à Paris le 24 juin après son expulsion des Philippines, ou il était emprisonné pour détention d'explosifs. Abdessalem Boulanouar serait selon des sources judiciaires françaises en relations avec Ahmed Ressam, un Algérien interpellé le 14 décembre 1999 à la frontière canado-américaine en possession d'explosif, lui-même en relations avec Fateh Kamel, un ancien combattant algérien d'Afghanistan, soupçonné d'être l'un des chefs du groupe armé dit "Gang de Roubaic", démantelé en 1996. Par ailleurs, un Algérien arrêté en janvier 2000 à Montéral pour implication présumée dans un complot terroriste, Moktar Haouari, devait comparaître le 28 juin devant un tribunal de Montréal qui examinera la demande d'extradition déposée à son encontre par les USA. Lui aussi est soupçonné d'être lié à Ahmed Ressam. Il avait sollicité, mais n'avait pas obtenu, l'asile politique au Canada en 1993, se disant victime de persécutions en raison de son appartenance au FIS.

(Liberté 8.7) Selon "Liberté", les éléments du GSPC de Hassan Hattab dans les régions frontalières de la Tunisie, se trouvent "coupés de la population et manquent cruellement de vivres et de munitions", après plusieurs opérations de ratissages menées par les forces de sécurité, et se retrouvent contraints de "s'impliquer directement dans le gros trabendisme" et le trafic de kif vers la Libye et l'Egypte, via la Tunisie, "en collaboration avec des réseaux constitués exclusivement de Tunisiens". Deux "émirs" du GSPC ont été tués depuis le début de l'année dans la région, dont Laâzar Tidjani. Les groupes du GSPC, composés en majorité de gens originaires des régions où ils opèrent, se seraient vu imposer des chefs originaires d'autres régions. Malgré cela, la wilaya de Tebessa n'a enregistré aucune reddition dans le cadre de la concorde civile.

(Liberté 13.7) "Liberté" annonce "de source digne de foi" la reddition de sept islamistes armés, membre de la katiba "El Feth", dans le nord de la wilaya de Tebessa. Il s'agit des premières redditions d'islamistes armés dans cette wilaya depuis l'entrée en vigueur de la loi de "concorde civile". Xelon le quotidien, les raisons de ces redditions seraient la disette, le manque de médicaments et de munitions dont sont affectés les groupes armés opérant dans la région, ainsi que le "tribalisme étriqué" régnant entre les islamistes armés originaires d'Oued Souf et ceux originaires du nord constantinois.En outre, cinq terroristes se seraient rendus le 12 juillet aux services de sécurité à Ichekalen, dans la région de Tizi Ouzou.

(El Watan 13.7) "Les groupes islamistes armés en activité sont capables de faire beaucoup de mal", écrit "El Watan, qui les évalue, selon des sources proches de services de sécurité, à plus de 900, disposant de plusieurs années d'expérience de maquis. De phalanges de plus d'une centaine d'éléments, ces groupes se sont aujourd'hui réorganisés en unités de quelques personnes, très mobiles. Repoussés des centres urbains, ils restent très actifs dans les régions les plus difficiles d'accès : Les GIA-Zouabri entre Blida, Aïn Defla, Médéa et Tipaza, le GSPC en Kabylie, près de la frontière tunisienne et au sud. Le GSPC se serait d'ailleurs renforcé au sud-ouest, avec le passage dans ses rangs de l'"émir" Mokhtar Belmokhtar, venus des GIA-Zouabri. Les GIA-Zouabri et le GSPC se combattent d'ailleurs les uns les autres, une cinquantaine d'éléments de la phalange GIA "El Ahwal" ayant, selon "El watan", fait défection pour rejoindre le GSPC et combattre les GIA-Zouabri. Les méthodes des deux groupes (ou constellations de groupes) sont également différentes, les GIA-Zouabri pratiquant la stratégie de la "terre brûlée" et tuant toute personne rencontrée sur leur passage, le GSPC "ciblant" les services de sécurité (tout en rackettant la population civile).

(Le Soir 15.7) L'un des plus grand muftis de l'islam, le Saoudien Mohammed Salah Ibn El-Outhaimine, a lancé un appel aux groupes islamistes armés encore en activité en Algérie à déposer les armes. Il avait déjà lancé un appel semblable en 1995, et selon "Le Soir", cela avait incité "un nombre important de terroriste" à se rendre, notamment dans la wilaya de Bouira. Le dernier message de cheikh Mohammed Salah Ibn El-Outhaimine serait adressé tout particulièrement à Hassan Hattab.

(Liberté 17.7) Six membres d'un groupe armé dissident du GSPC se sont rendus aux services de sécurité le 15 juillet dans la wilaya d'Illizi.

(Nouvelle République 23.7( Un "émir" du GSPC s'est rendu avec toute sa katiba aux services de sécurité de Boumerdès, annonce "La Nouvelle République". Il s'agit de Tarek Rachid et des sept membres de son groupe, actif dans la région de Bordj Menaïel.

(http://www.algeria-interface.com 28.7) Ahmed Merah, un ancien membre du Mouvement islamique armé (MIA, créé dans les années 80) a fait des révélations fracassantes dans l’hebdomadaire en langue arabe El-Khabar . Ahmed Merah, condamné pour activités terroristes en 1985 avant d’être gracié par le président Chadli en 1989 déclare avoir dirigé un groupe "d’autodéfense" agissant contre le GIA, avec le soutien de l’armée. Merah accuse le chef du Mouvement de la Société pour la Paix, Mahfoud d'être "un agent de la sécurité militaire". Il s’en prend également aux généraux Mohamed Betchine, ancien conseiller du président Zeroual, Tayeb Derradji, ancien commandant de la gendarmerie, Mohamed Adami ex-ministre de la justice et à des magistrats, tous proches de l’ancien président Liamine Zeroual. La gravité des accusations est telle que de nombreux observateurs doutent qu’Ahmed Merah agisse de son propre chef. L’homme, qui se targue de travailler avec la "sécurité militaire", affirme que le premier groupe armé islamiste, celui dont il a fait partie dans les années 80, a été créé par les services secrets algériens afin de contrer les velléités réformatrices de Chadli Bendjedid. Merah déclare que "la sécurité militaire n’avait pas besoin d’infiltrer le Mouvement Islamique Armé car (…) c’est elle qui l’avait créé... ". Quant à Mahfoud Nahnah, il aurait contribuer à envoyer de jeunes Algériens combattre en Aghanistan pour le compte de la sécurité militaire : "Nahnah a choisi l’activité clandestine pour conserver l’image de leader islamiste et atteindre ses objectifs. Il a accompli des missions officieuses (…) et c’est pour cela qu’il est l’otage du régime." Quant aux proches de l'ancien président Zéroual, ils sont accusés de former ou de couvrir ’une "mafia politico-financière qui exploite le terrorisme (…) afin de couvrir ses crimes, faire main basse sur le foncier de manière indue et piller des entreprises et des banques. Cette mafia a bénéficié de plus de 500 milliards de dinars de crédits et les banques ne parviennent pas à les recouvrer."

(Jeune independant 10.8) L ex-chef de la Ligue islamique pour la prédication et le djihad (LIDD, organisation armee autodissoute et dont les membres ont été graciés par le président Bouteflika, a déclaré dans un entretien au "Jeune Indépendant" que "la concorde a besoin d'une amnistie generale" et que "la solution doit etre politique". Ali Benhadjar précise que "contrairement a ce qu on pourrait lire dans la presse, on ne nous verse pas de salaire ! On a alloue a certains elements la somme de 10000 DA a leur descente du maquis" mais "beaucoup, dont moi-meme, ont refuse cet argent" et n'ont reçu qu'une "seule allocation" (4000 DA pour les celibataires et 6500 pour les maries), "que 95% de nos elements, du reste, ont declinee. Nous n' avons pas echange les armes contre une pension!". L'ex-chef de la LIDD reproche à l'administration de refuser de "rétablir" ses compagnons dans leur "droit" au travail, et ajoute que "si tous les membres de la Ligue ont pu sans probleme se faire etablir des cartes d'identite, ils restent pour la majorite, prives de passeport". En outre, 25 des elements de la Ligue ont ete arretes alors qu ils etaient en treve, et sont toujours en detention, certains ayant été condamnés à 10 ans de réclusion. Et A.li Benhadjar de déclarer : "Nous avons prouve nos bonnes intentions en quittant les maquis, mais nous ne voyons rien venir", alors que leur reddition a fait "tomber les allegations qui nous chargeaient d actes de violence : les attentats, apres nous, continuent!". Pour l'ancien chef de la LIDD, les pratiques du pouvoir sapent les bases mêmes de sa prétention au rétablissement de la paix : "Une organisation comme le Groupe salafiste pour la predication et le combat (GSPC de Hassan Hattab) ne s' interessera pas a la treve dans ces conditions, dautant que "Ali Benhadj est toujours en prison et Abassi Madani en residence surveillee" et que les islamistes armés repentis et graciés n'ont pas le droit d'être politiquement actifs. Du coup, "les seuls partis qui proclament leur opposition sont le FFS et le PT !", constate Ali Benhadjart qui, visiblement, n'entend pas se rallier à cette opposition là, ni d'ailleurs militer pour la renaissance du FIS: "Moi-meme je prefererais etre dans une association de bienfaisance ! Mais le droit de faire de la politique doit tout de meme etre respecte." Pourtant, l'ancien chef islamiste crédite le président Bouteflika d'une inclination pour la "solution globale"que l'empecheraient de concretiser ceux qui, en engageant la concorde, "etaient moins interesses par l'arret de la violence"que par enlever au mouvement (islamiste) sa carte politique". Quelle forme doit prendre la "solution politique"? Celle de l amnistie generale, repond sans hesiter Ali Benhadjar : Seule l' amnistie generale arretera la surenchere de part et d autre.". Enfin, s'agissant des groupes armés encore actifs, Benhadjar les recense ainsi : il y a le groupe de Hassan Hattab qui ne cible que les forces de securite. Il y a, de l autre cote, le GIA, oriente vers les tueries de civils et qui n' a aucun objectif politique. (...) selon nos informations (...), un seul groupe des GIA ne fait pas dans les tueries de civils : Houamat Eddaawa Assalafia (actif a Relizane). Il fait plutot dans la rapine. (...) les elements du GIA ne sont pas nombreux (et sont) mal armes. (...) Pour moi, les vagues de massacres sont etrangement cycliques. Elles correspondent a des tournants politiques importants. Peut-etre y a-t-il une partie interessee a ce que les residus du GIA continuent d exister..." Enfin, Ali Benhadjar assure qu'à sa connaissance, qu'aucun élément de la LIDD ni de l'AIS, n'a "repris le maquis".

(AFP 19.9) Quelque 5500 islamistes armés se sont livrés aux autorités algériennes dans le cadre de la loi sur la "concorde civile", selon le mémorandum d'Amnesty International aux autorités algériennes, publié le 18 septembre par "El Moudjahid". Parmi ces "repentis", 350 ont fait l'objet de poursuites judiciaires et les autres, mis sous probation, ont été de facto amnistiés.

(Liberté 24.9) Cinq présumés "terroristes" se sont rendus le 22 et le 23 septembre aux autorités près d'Aïn Tarek, dans la région de Relizane, selon "Liberté", qui précise que ces "repentis" étaient affiliés à la "Saryat Houmat el daâwa essalafia".

(AFP 30.9) L'aisance affichée parfois de manière ostentatoire par certains islamistes armés amnistiés surcite une irritation grandissante de la part de la population, confrontée à des difficultés économiques que les "repentis" semblent ignorer. La presse se fait régulièrement l'écho de cas d'anciens "émirs" ou de membres des groupes armés islamistes se déplaçant dans des voitures neuves, investissant dans des commerces florissants, nécessitant parfois d'importants moyens de financement. "L'Authentique" a évoqué le cas d'un "émir" de l'ouest impliqué dans des massacres entre 1993 et 1999, et auquel un logement social a été attribué en pleine crise provoquée précisément par la pénurie de logements sociaux. La presse a également annoncé cet été l'installation du chef de l'AIS, Madani Mezrag, comme propriétaire terrien dans la région de Jijel, le bastion de l'AIS. La présidente de l'Association des victimes du terrorisme de Larbâa a en outre été menacée par des "repentis" parce qu'elle ne portait pas le "hidjab"

(Le Matin, El Watan 8.10, Liberté 9.10) Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab se "redéploie" en Kabylie, écrit "Le Matin". Après l'élimination de l'"émir" Mouffok dans le Djurdjura, le 4 septembre, les éléments du GSPC se serait replié vers Tizi Ouzou. Une centaine de "terroristes" venus des silayas de Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès et de l'est d'Alger se seraient fixés dans la région de Beni Douala. D'anciens "repentis" auraient rejoint les maquis dans les régions de Dellys, Beni Amrane, Corso et Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès. Le GSPC privilégie encore les attaques de cibles militaires, avec comme objectif de récupérer un maximum d'armes et de munitions, et de faire un maximum de victimes dans les rangs des forces de sécurité, pour une offensive dans le mois de Ramadan. Dans le même temps, écrit le quotidien, Hassan Hattab (alias "Abou Hamza") "s'attelle à réanimer ses réseaux dormants de soutien logistique" en zone urbaine. L'armée a renforcé ses effectifs en Kabylie, en dépêchant notamment des renforts parachutistes.

(Liberté 12.10) Selon des "sources autorisées" évoquées par "Liberté", une jeune femme dirigerait actuellement en Haute Kabylie, au nord-est de la Kabylie, un groupe armé d'au moins 50 personnes, affiliés au GSPC de Hassan Hattab, qui l'aurait intronisée "amira" du groupe armé. Les mêmes sources affirment que l'"émir" Mouffok, abattu par les forces de sécurité, aurait été remplacé par l'"émir" Badi (un Algérois), et que Hattab aurait réorganisé le GSPC en le divisant en groupuscules et en recrutant des membres de groupes armés venant des régions d'Aïn Defla, Médéa et Boumerdès pour "maintenir la pression en Kabylie".

(La Tribune, L'Authentique, Le Matin, El Watan, Liberté 15.10, 16.10) Une rumeur persistante suggère depuis plusieurs jours qu'une centaine d'élèves de l'école coranique de la Zaouïa Sidi Mansour, à Timizart, aurait rejoint le maquis islamiste. Ceux qui propagent cette rumeur affirment que les élèves en question auraient saccagé la zaouïa, affiché des tracts appelant au djihad et accusant la population locale de mécréance, puis rejoint le maquis. Certains étudiants auraient été appréhendés en possession de cassettes vidéo "subversives" (des prêches) qui, selon "Liberté", ne seraient en fait que des enregistrements d'émissions religieuses de chaînes du Moyen-Orient. Cette rumeur est démentie par une autre, qui explique la disparition des élèves par un conflit entre la famille (proche du FIS, selon certains) qui gère la zaouïa et le comité de village, conflit portant sur la propriété du terrain où la zaouïa est bâtie. Les élèves en auraient eu assez de ce conflit (ou des conditions de vie qui leur sont imposées) et seraient simplement rentrés chez eux. Une troisième version de la même affaire est enfin avancée par les responsable de la zaouïa, qui affirment que les élèves sont seulement en congé pour dix jours et qu'ils reviendront ensuite. "Le Matin" écrit le 15 octobre que l'information selon laquelle les étudiants de la zaouïa avaient rejoint le maquis "n'était que pure spéculation", et raconte le 16 octobre que l'"affaire" se résume en quelques étudiants ayant en 1999 suivi leur enseignant qui venait de "claquer la porte (de la Zaouïa), n'étant plus en bons termes avec (ses) responsables", et ayant ensuite convaincu 70 autres étudiants de quitter la zaouïa. Le quotidien pose cependant lui aussi la question : "ces frondeurs ont-ils des liens avec les islamistes armés ?". "Liberté" écrit également qu'aucun des 80 "tolba" de l'école coranique n0a rejoint le maquis et que tous ceux qui avaient été portés disparus avaient été retrouvés.

(www.algeria-interface.com, El Watan 15.10) L'ancien "émir" de l'ouest de l'Armée islamique du Salut, Ahmed Benaïcha, affirme dans le quotidien "El Youm" que l'accord passé entre l'armée algérienne et l'AIS expirera en janvier 2001. Si Benaïcha affirme qu'aucun des éléments de son organisation n'a encore rejoint les maquis, des "informations sûres" évoquées par "El Watan" font état du contraire, notamment à Collo, où une dizaine de "repentis" du groupe de Mustapha Kébir auraient repris le chemin du maquis pour s'enrôler dans les rangs du GSPC -qui aurait également enrôlé "quelques phalanges du GIA de Antar Zouabri" à l'ouest et au sud-est du pays. "El Watan" annonce également le retour au maquis d'"au moins une dizaine de repentis" dans les trois derniers mois à Aïn Defla. Le quotidien fait état d'une "réunion organisée dans les monts Babor, il y a un mois", et qui aurait décidé de "réactiver les opérations terroristes spectaculaires" et de "tenter de réunifier les rangs des groupes armés du GIA de Zouabri et d'El Ahwal".

(Le Matin, El Watan 15.10) Des représentants des milices anti-islamistes locales ("Patriotes"), qui ont créé une "Coordination des Patriotes algériens de légitime défense" (CPALD) ont rencontré plusieurs partis politiques (le Front démocratique, l'ANR, le RND, le FLN, le RCD, le MDS) et organisations de la "famille révolutionnaire" (l'UGTA, l'Organisation nationale des enfants des moudjahidines) pour revendiquer un "statut clair du Patriote" et protester contre la rapport d'Amnesty International, publié par "El Moudjahid" le 18 septembre, rapport qui évoque la possible implication des milices locales dans des massacres de civils, des assassinats, des enlèvements et des viols. La CPALD exige "de réhabiliter tous les Algériens qui ont pris les armes contre le terrorisme islamiste pour que l'Etat reste debout". Selon "El Watan", un texte de loi pourrait être proposé.

(Libération 19.10) Environ 4000 gardes communaux et "patriotes" (miliciens arm,és par les autorités) auraient décidé d'abandonner leurs formations armées, selon le quotidien "Es Sahafa" du 18 octobre. Ils voudraient par cette démission protester contre l'abandon des autorités, qui ne leur fournissent plus ni armes ni salaires, alors que les anciens membres de l'AIS ayant abandonné le combat bénéficient d'avantages matériels. Les effectifs des gardes communales et des "patriotes" sont estimés, au total, à environ 200'000 personnes.

(L'Authentique 13.10) Selon "une source digne de foi" citée par "L'Authentique", une réunion a regroupé à la mi-octobre tous les émirs de l'AIS, sous la présidence de Madani Mezrag, à Aïd Defla. La réunion aurait eu pour objet la réinsertion des "repentis" et l'exigence, formulée par eux, de retrouver tous leurs anciens emplois.

(Algeria_Interface) La police algérienne va créer une unité d'hélicoptères chargée de missions de sécurité publique. Le directeur de la Sûreté, Ali Tounsi, n'a pas révélé l'origine des appareils mais ils pourraient être sud-africains.

(Algeria_Interface) Un officiers des services secrets algériens, soupçonné de collaborer avec le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) aurait été arrêté à Alger. Il s'agirait de l'un des collaborateurs du colonel Zoubir, chargé de l'information et de la presse au ministère de la Défense.

(Quotidien d'Oran 25.10) Lors d'une visite d'inspection de la garde communale d'Aïn Tagouraït, dans la wilaya de Tipaza, le ministre de l'Intérieur à répondu aux inquiétudes exprimées par les membres des groupes d'autodéfense (GLD, "patriotes") et des Gardes Communales sur leur sort, en affirmant que "la République n'abandonne pas ceux qui ont lutté pour elle". Les gardes communales et les milices locales ont souffert du "manque de considération de la part de l'Etat" qui les a créé et (mal) équipées, écrit "Le Quotidien d'Oran" : salaires impayés, manque de munitions, rumeurs de désarmement ou de dissolution. Il aura en outre fallu attendre l'an 2000 pour qu'une formation "qualifiante" soit dispensée à des éléments des gardes communales, qui ne subissait auparavant qu'une formation "sur le tas". 1471 communes disposent d'une garde communale. Le ministre a évoqué la possibilité de transformer les gardes communales en police administrative. Depuis 1994, date de leur création, les gardes communales auraient eu 1207 de leurs membres tués et 2025 blessés.

(El Watan 24.10) "Des armes qui appartenaient aux troupes de l'AIS avant leur reddition seraient actuellement entre les mains d'un groupe du GSPC", écrit "El Watan", qui évoque à la source de cette information "des repentis de l'AIS" brouillés avec l'émir national Madani Mezrag. Le quotidien signale également la "remontée au maquis" de plusieurs anciens "trévistes" de l'AIS.


Tizi Ouzou, après l'assassinat de Matoub (Libre Algérie 56, Quotidien d'Oran 31.10) L'enquête de Canal+ sur l'assassinat de Matoub Lounès, diffusée le 31 octobre, a réactivé la polémique suscitée par les circonstances troublantes de cet assassinat, le 25 juin 1998, et de l'enquête expéditive qui l'a suivi, et qui avait rapidement conclu à un attentat islamiste, sur la base notamment d'un communiqué attribué à Hassan Hattab. Des habitants de Tala-Bounane avaient alerté les autorités, le 22 juin, sur la présence d'étrangers armée se promenant en plein jour et l'installation dans le village d'"un climat de peur et de terreur" par des individus armés. Selon un autre témoignage, appuyé par la mère de Matoub, un camion de l'armée aurait déposé un groupe de militaires, le jour même de l'assassinat, dans les parages de celui-ci, en ordonnant aux habitants de ne pas sortir. Dans l'édition du "Quotidien d'Oran" datée du jour même de la diffusion du reportage de Canal+, le député RCD Noureddine Aït Hamouda répond à sa mise en cause par la famille de Matoub (notamment par sa soeur, Malika) en accusant ceux qui l'accusent d'être impliqué dans l'assassinat de Matoub d'avoir "intérêt à ce que les assassins de Matoub ne soient pas identifiée". Aït Hamouda s'en prend notamment au FFS, notamment à Ferhat Mehenni et Djamel Zenati, et au MAOL, "officine affiliée au FIS", et affirme qu'"il n'y a pas de doute sur les commanditaires et les assassins de Matoub, pour la simple raison qu'ils ont, eux-mêmes, revendiqué leur forfait" (l'authenticité du communiqué attribué à Hassah Hattab et revendiquant l'assassinat est cependant contestée).

(Algeria-Watch) L'avocat Mahmoud Khelili, défenseur de Hakim Chenoui et de Malek Medjnoun, accusés d'être les auteurs survivants de l'assassinat de Matoub Lounès, a déposé une demande de mise en liberté provisoire de ses clients, après la diffusion par la chaîne privée française Canal+, le 31 octobre, d'une enquête suggérant que les deux hommes, présumés islamistes, ne sont pas les auteurs réels de l'assassinat du chanteur kabyle, mais que celui-ci aurait été commandité par des "décideurs" militaires et perpétré par leurs partisans sur place. A l'appui de sa requête, Me Khelili sollicite la citation à comparaître de plusieurs personnalités apparaissant ou citées dans l'émission de Canal+, dont le "colonel Ali Ben Baali" (du "Mouvement algérien des officiers libres" MAOL), Saïd Sadi, Nouredine Aït Hamouda (député RCD), Nadia Matoub (veuve de Lounès), Malika Matoub (soeur de Lounès).

Le reportage de Canal+ donne la parole à des habitants de la région de l'attentat perpétré contre Matoub Lounès le 25 juin 1998, accusant la "Sécurité militaire" de l''avoir soigneusement préparé. Une habitante accuse des "gens de l'Etat, de la sécurité militaire" de s'être fait passer pour des islamistes (en portant "barbes et perruques"); un habitant précise que la gendarmerie avait été informée de la présence "d'étrangers armés se promenant dans le secteur", mais avait ordonné aux habitants de "leur foutre la paix"; un autre assure que juste avant l'attentat contre Matoub, les militaires avaient dévié la circulation de la route habituelle, mais avaient laissé passé Matoub sur cette route. Après l'attentat, la soeur de Matoub déclare que toute la brigade de gendarmerie de la région (Beni DFouala) avait été mutée. Un témoin direct assure que les tueurs (qui ne faisaient pas partie du GIA local "parce que les GIA du coin, ils sont connus"), étaient sept, étaient porteurs de talkie-walkie, prenaient un chemin que les islamistes armés ne prenaient pas d'habitude. Un autre témoin direct assure qu'i"il y avait un camion de l'armée" sur place et que les assaillants, qui avaient disparu un moment après l'attentat, sont revenus ensuite "habillés en tenue militaire". Le "colonel Ali" (du MAOL) assure que l'assassinat de Matoub (ou de toute autre "personnalité Kabyle", comme Ferhat Mehani, Menguelet ou Idir) avait pour but de "mettre la région à feu et à sang", et que pour ce faire, les généraux auraient fait appel au député RCD et chef de milice Nouredine Aït Hamouda -lequel, interrogé par le journaliste, le menace et refuse de répondre). Quant à la veuve de Matoub, elle assure avoir signé un procés-verbal de déposition, accusant le GIA, ne correspondant pas à ses déclarations, et avoir (avec sa famille) bénéficié de visas pour la France en échange d'une conférence de presse accusant les GIA. Enfin, les accusés survivants de l'assassinat auraient été torturés.

Au total, cependant, le reportage illustre la thèse de l'attentat préparé par les services spéciaux, sans donner d'éléments nouveaux à l'appui de cette thèse, et sans éclaircir cette affaire passablement brumeuse. Si la thèse officielle (l'attentat islamiste) ressort décribilisée de l'enquête de Canal+, la thèse officieuse (la provocation "éradicatrice" pour déstabiliser à la fois le général Zéroual, qui voulait s'"émanciper" de la tutelle de l'armée, et la Kabylie) n'en est pas pour autant confirmée, faute de témoignages précis.

(L'Authentique 5.11) Le groupe islamiste armé des "Talibans", donné pour être affilié aux GIA-Zouabri, et actif entre Jijel, Kaous et Texenna, prélève un "impôt" de 5000 à 10'000 dinars sur le ceuillette des olives notamment dans les localités de Djebra, Toualbia, Bouhouche et Asselbou, et un "impôt" de 30'000 dinars auprès des commerçants, élevers de volaille et artisans de Jijel, notamment dans le quartier d'Oum Kacem, écrit "L'Authentique".

(Le Quotidien d'Oran 5.11) Un émir du GSPC de la région de Sidi Daoud (Boumerdès) s'est rendu aux autorités, annonce "Le Quotidien d'Oran".

(La Tribune 4.11) Un "patriote" (membre de la milice locale) de Had Chekala a pris le chemin du maquis après s'être rendu coupable d'inceste à l'encontre de sa fille, et d'infanticide sur les trois enfants qu'il lui avait fait, écrit "La Tribune".

(El Watan 11.11) Avant de se rendre aux autorités, un "émir" d'un groupe armé de Baghlia, dans la wilaya de Boumerdès, a placé plus de 8 millions de dinars (800'000 FF, 200'000 FS) provenant du racket dans des banques de la banlieue d'Alger, au nom de ses proches, annonce "El Watan", qui ne donne que l'initiale (K) du nom de l'émir, et pour qui cette somme "ne représente rien comparée aux masses colossales d'argent qui circulent entre les mains des terroristes". Selon les sources du quotidien, et des témoignages de "repentis", Antar Zouabri détiendrait "six bidons de 30 litres remplis de billets de banque" et possédait "plus de 40 kg d'or" à la fin de 1998. Hassan Hattab détiendrait 100 millions de dinars. Selon "El Watan", la différence entre Zouabri et Hattab serait que le premier garderait son "trésor au frais" alors que le second l'utiliserait pour financer son groupe et ses opérations.

(Liberté 13.11) Huit Marocains accusés d'avoir aidé un groupe armé algérien à piller un douar près de la frontière algéro-marocaine ont été condamnés le 8 novembre par le tribunal d'Oujda à des peines allant de six mois à sept ans de prison, pour "constitution d'une bande de malfaiteurs et complicité". Le 20 avril, un groupe armé algérien d'une quarantaine de membre était entré sur territoire marocain et avec pillé le douar Belkacem, près d'Oujda, emportant bétail et vivres avant de repasser la frontière.

(El Moudjahid 11.11) La réponse des autorités algériennes au memorandum d'Amnesty International de l'été 2000 a été rendue publique par le quotidien (gouvernemental) "El Moudjahid". Cette réponse exprime notamment l'intention des autorités algériennes de dissoudre (sans donner de délai) les "Groupes de légitime défense" (milices locales), du moins si la situation sécuritaire le permet : "Il est entendu que ces groupes seront dissous au fur et à mesure du retour progressif de la sécurité dans la majeure partie des zones rurales ou de la prise en charge de (leur) fonction par les diverses structures de sécurité publique dans les zones urbaines et suburbaines". Le réponse des autorités assure en outre que "l'action des groupes d'autodéfense n'est en aucune façon assortie de fonctions de police et que les pouvoirs publics ont pris en considération la nécessité d'inscrire cette action dans le cadre légal et public". Enfin, les autorités algériennes assurent qu'"en aucun cas les abus qui auraient pu être commis par certains membres des groupes de légitime défense n'ont bénéficié d'une quelconque impunité".

(POUR 13.11, Le Matin 14.11) Réagissant notamment à la parution du témoignage de Nesroulah Yous sur le massacre de Benthala, le 22 septembre 1997, et sur le débat et les polémiques qu'il a suscités en France et en Algérie, plusieurs dizaines de personnalités et d'organisations françaises et algériennes* ont signé un texte dénonçant une nouvelle "offensive munichiste" (munichoise) en France lancée par "les tenants de la conciliation avec l'intégrisme" en "prenant prétexte de la publication d'un livre contenant des affirmations douteuses sur le massacre de Benthala" pour "dédouaner les terroristes islamistes de leurs crimes en suggérant que l'armée algérienne pourrait en être responsable, voire en l'accusant". Les signataires du texte accusent notamment "Libération" et "Le Monde" de se livrer à "une opération éhontée de falsification et d'intoxication qui ne peut avoir pour objet que de laver les véritables responsables et les promoteurs des tuerues", et de se faire "les porte-parole univoques des thèses de toutes les concessions aux islamo-fascistes". Et de conclure que "les républicains et démocrates de France, avec leurs amis Algériens, continueront à soutenir ceux qui, dans des conditions particulièrement difficiles, poursuivent la lutte pour faire triompher une Algérie républicaine, démocratique, plurielle, ouverte sur le progrès et sur le monde".

Le Mouvement démocratique et social (MDS), dont plusieurs responsables, militants et sympathisants français ont signé le texte, a pour sa part publié un communiqué dénonçant "une nouvelle campagne de déstabilisation" lancée par le "livre mensonger et grotesque" de Nesroulah Yous, et poursuivie par "les graves insinuations d'Amnesty International qui exige le démantèlement des GLD, c'est-à-dire de désarmer la résistance à l'intégrisme armé".

*dont Hachemi Cherif (coordinateur du MDS), Rafik Hassani (Secrétaire national à l'émigration du RCD), Maurice Rajfus (Ras le Front), Zazi Sadou (RAFD), Hachemi Souami (député RCD), le MDS-immigration, le RAFD-Marseille, Algérie au coeur

(Algeria-Inferface 15.11) Ali Benhadj pourrait appeler les groupes islamistes armés encore en activité à cesser les combats, selon le nouveau journal "L'Expression", qui cite une "personnalité islamiste influente", et affirme que dans une lettre au président Bouteflika, Ali Benhadj se déclarerait prêt à lancer cet appel une fois libéré. Dans un entretien à "La Tribune", l'ancien "émir" de l'AIS Ahmed Benaïcha a affirmé que la libération de Benhadj "dans les meilleurs délais" figure parmi les arrangements négociés entre l'AIS et l'armée, pour application au début 2001. Benaïcha affirme également que l'AIS est en contact avec les groupes armés qui n'ont pas encore déposé les armes, et que près de 3000 anciens membres de l'AIS seraient prêts à reprendre les armes "sous l'autorité de l'Etat" pour combattre les GIA.

(El Watan 20.11) Un réseau de recrutement des GIA algériens a été démantelé le 18 novembre par les services secrets britanniques (MI5, contre-espionnage) à Birmingham, selon des sources émanant de ces services. Deux hommes ont été arrêtés et des explosifs ont été saisis. Un groupe d'Algériens serait arrivé à Birmingham à la fin 1999 ou au début 2000, en provenance du Yemen, pour "recruter" au bénéfice des réseaux d'Oussama Ben Laden. Plusieurs de ces hommes seraient des vétérans de la guerre d'Afghanistan. Au moins deux d'entre eux auraient été condamnés en Algérie pour des actes terroristes. Selon un Algérien infiltré dans le réseau pour le compte du MI5, il s'agirait de membres des GIA.

(El Watan 20.11) Deux "patriotes" (membres de la milice locale) d'Alouane, près de Bordj Menaïel, ont été condamnés le 19 novembre par le tribunal criminel de Tizi Ouzou, l'un à cinq ans de prison pour "tentative d'homicide", pour avoir, en revenant de l'enterrement d'un de ses camarades abattu par un groupe armé, tiré sur deux jeunes hommes lors d'une altercation banale, et l'autre à dix ans de prison pour "assassinat avec préméditation" pour avoir abattu son propre fils.

(AFP 22.11) Selon "Le Soir d'Algérie", le GSPC a mis en place à Alger des réseaux de soutien afin de permettre le déplacement de ses hommes des maquis vers les villes pour y commettre des attentats pendant le Ramadan.

(Liberté, Le Matin, El Watan 22.11, 23.11, CSSI) Une "Coordination des Patriotes" (miliciens locaux, regroupés sous la dénomination de "Groupes de légitime défense" GLD) devrait tenir son premier congrès après le Ramadan, a indiqué le secrétaire général de cette nouvelle organisation, M. Boussalem, lors d'une conférence de presse, le 22 novembre, en présence de Djamil Benrabah, l'un des fondateurs du "Comité national contre l'oubli et la trahison", et président d'honneur de la nouvelle coordination. "Avec l'application de la loi sur la concorde civile, les patriotes se sont retrouvés marginalisés. Ensuite, leur situation sociale s'est dégradée et, pis encore, on les a accusés de crimes", résume Djamil Benrabah. la "Coordination des patriotes" estime le nombre des miliciens locaux à environ 500'000, et demande la promulgation d'une loi pour les protéger. M. Boussalem récuse d'ailleurs le mot de "milice" pour désigner les "patriotes" : "Nous n'appartenons à aucune institution de l'Etat. Nous ne recevons pas de salaires. Nous avons pris les armes pour nous défendre et nous protéger"*. Dans la région de Chlef, "Liberté" rend compte de la "démobilisation" des "patriotes" : distribution sélective et aléatoire des indemnités, réduction du nombre des patrouilles, problèmes d'organisation, chefs contestés. Dans les environs de Tadjena, où soixante personnes ont été massacrées dans la nuit du 8 au 9 décembre 1998, des "patriotes" accusent "des hommes douteux" de l'entourage du "chef patriote Hachemi Zitoufi" d'avoir été de mèche avec les groupes armés responsables du massacre, et d'avoir transmis à ces groupes armés "la liste des familles ayant demandé des armes". Interrogés sur les cas connus de "dépassements" dont certains GLD se sont ou se seraient rendus coupables, comme le GLD de Hadj Ferguène à Relizane, Djamil Benrabah a reconnu que certains chefs de GLD "sont devenus des chefs locaux, qui profitent de leur statut pour (en) tirer des avantages". La "Coordination des patriotes" a enfin affirmé que les démissions enregistrées au sein des GLD ne représentaient que des cas isolés. "Le Matin" signale que deux "patriotes" du groupe de Boualem El Mekhfi ont déposé les armes dans la région de Lakhdaria.

*Les "patriotes" ont cependant été armés par les autorités, et reçoivent (ou plutôt sont supposés recevoir) des indemnités. Ils sont placés sous la tutelle des autorités militaires des régions où ils activent. En 1997, un décret a regroupé et organisé tous les "patriotes" sous la dénomination de "Groupes de légitime défense".

(Reuters 26.11) Les forces de sécurité ont été mises en état d'alerte renforcée à la veille du début du Ramadan, le 27 novembre. Un responsable du ministère de l'Intérieur a déclaré, sous couvert d'anonymat, à l'agence Reuters que les inquiétudes des autorités se portaient vers des villes comme Blida, Chlef et Médéa, alors qu'Alger apparaîtrait comme relativement sûre.

(Corr 22.11, 24.11, Le Soir 26.11, ) Le procès de l'assassin présumé du leader du FIS Abdelkader Hachani, s'est ouvert le 23 novembre, pour se refermer aussitôt, à Alger. Les avocats de toutes les parties au procès (la famille de la victime, l'accusé) ont dénoncé les conditions de précipitation et de non-respect des règles d'une enquête sérieuse qui ont prévalu, et ont fait renvoyer le procès, arguant notamment du fait que les avocats de la partie civile (la famille d'Abdelkader Hachani) n'avaient pas été convoquées au procès, et que la veuve d'Abdelkader Hachani n'aurait pas eu droit à l'accès au dossier. Quant au procès des assassins présumés de Matoub Lounès, "Le Soir" annonce "de source judiciaire" qu'il aura lieu "courant décembre" à Tizi Ouzou. Pour la Fondation Lounes Matoub, cette annonce révèle "l'état de panique qui s'est emparé des clans dont les intérêts et l'existence même sont menacés par la vérité de Matoub Lounès", et qui vont tenter de "liquider le procès et (de) préparer par là même l'opinion publique à la mascarade judiciaire qui se dessine".

(Liberté, AP 30.11) Le procès de l'assassin présumé du leader du FIS Abdelkader Hachani, Fouad Boulemia, seul accusé de cet assassinat, devait s'ouvrir le 30 novembre au tribunal d'Alger, après avoir été renvoyé la semaine précédente à la demande des avocats de la défense et de la partie civile, qui n'avaient pas eu le temps d'examiner le dpssoer. Fouad Boulemia est accusé d'"homicide volontaire avec préméditation, appartenance à un groupe armé et détention d'arme à feu sans autorisation". Il avait été arrêté le 12 décembre à Alger et aurait avoué être le seul auteur de l'assassinat, le 27 novembre 1999, dans un canibet dentaire de Bab el Oued, d'Abdelkader Hachani. Selon l'accusation, Boulemia ferait partie du GIA-Zouabri et aurait avoué avec participé à d'autres attentats et aux massacres de Raïs et de Bentalha. Finalement, la Cour criminelle d'Alger a décidé le 30 novembre de renvoyer à nouveau le procès, sur demande des avocats de la défense, pour absence de deux éléments essentiels : la liste des témoins et la liste des jurés.

(Liberté 10.12) Des dizaines d'anciens membres de l'AIS ayant bénéficié en janvier 2000 de la loi sur la concorde civile ont fui les villes de Jijel et Collo pour Guelma, Annaba et El Tarf afin d'échapper aux groupes armés du GSPC qui chercheraient à les abattre, annonce "Liberté". Le quotidien signale ainsi la fuite de six anciens membres de l'AIS de Berrahal pour Sid-Ali.

(El Watan, Liberté 11.12) Les assassins présumés de Matoub Lounès comparaîtront le 20 décembre devant le tribunal criminel de Tizi Ouzou, a annoncé le procureur général de Tizi. Dix prévenus sont concernés, dont huit en fuites. Les deux autres, incarcérés, sont Hakim (ou Abdelhakim) Chenoui et Medjnoun Malik. Les chefs d'accusation sont : assassinat, complicité d'assassinat, tentative d'assassinat et participation à un groupe terroriste. Matoub a été abattu le 25 juin 1998 à Thala Bounana, près de Tizi Ouzou. Sa femme et ses deux belles-soeurs ont été grièvement blessée dans l'embuscade. Cet assassinat, revendiqué par un communiqué attribué au GSPC de Hassan Hattab, mais à l'origine contestée, avait fait basculer la Kabylie dans le violence pendant deux semaines, et avait entraîné la mort de trois jeunes manifestants, tués par les forces de sécurité. La mère et la soeur de Matoub, qui ont créé une fondation portant son nom, doutent aujourd'hui de la réalité de la responsabilité des islamistes dans son assassinat, et mettent en cause notamment le député RCD Noureddine Aït Hamouda.

(Algeria Interface, Libération 13.12, Le Matin 17.12, Liberté 18.12) Le procès des meurtriers présumés de Matoub Lounès, Abdelhakim Chenoui et Malik Medjnoun, ainsi que huit autres accusés ("la liste des coupables rendue publique" -avant qu'ils ne soient jugés-, titre "Liberté"...) est programmé pour le 20 décembre à Tizi Ouzou. La défense des accusés, mais également la famille du chanteur, constituée partie civile, vont tenter d'obtenir un renvoi de l'affaire. "Si le tribunal n'accède pas à notre demande, nous allons quitter la salle", annonce la soeur de Lounès, Malika, qui se demande "comment-peut-on clore une instruction qui n'a pas eu lieu" et évoque l'absence de "toute reconstitution digne de ce nom. La famille, qui réclame une commission d'enquête, réfute en bloc "les affirmations erronées du procureur" et dénonce une "manipulation". "Je pense qu'il s'agit simplement de classer un dossier qui gêne beaucoup de monde en Algérie, particulièrement en Kybalie ou personne ne croit que c'est le GIA qui a assassiné mon mari", déclare pour sa part Nadia Matoub. La Fondation Matoub organise le jour du procès un rassemblement près du tribunal. Début 2001, après plusieurs renvois, c'est le procès de l'assassin présumé d'Abdelkader Hachani qui devrait s'ouvrir à Alger.

(Reuters 18.12, El Khabar, El Moudjahid, Le Soir APS 19.12, AFP,AP, Jeune Indépendant, El Ribat, El Moudjahid, Quotidien d'Oran 20.12, Le Matin 21.12) La recrudescence des massacres de population civile pendant la Ramadan, s'ajoutant à la persistance des activités du GSPC, "ciblant" les forces de sécurité (armée, police, gardes communales, milices locales) a suscité une vague de condamnations de l'ensemble des partis politiques algériens, contrastant avec la discretion, voire le silence, des autorités et des media officiels (quoique l'APS ait fait état du massacre du lycée technique de Médéa).

Le RCD, l'ANR, le RND, le FLN, le MSP(gouvernementaux), le PT, le FFS et le MDS (opposition) ont évidemment condamné les massacres et les attentats, mais aussi interpellé le président Bouteflika, attendant sa réaction à ce que les partis non-gouvernementaux (mais également l'aile radicale du FIS) considèrent comme le constat de l'échec de sa politique de "concorde civile".

Du côté des partis gouvernementaux, l'ANR attend "du Président de la République un message fort, condamnant sans équivoque ces crimes inqualifiables et rappelant la volonté de l'Etat d'éradiquer, une fois pour toutes, le terrorisme islamiste"; le MSP demande aux autorités de "sortir de leur silence qui a failli laisser planer le doute", et dénonca ceux qui sèment le "doute" autour de la concorde civile; Nahda appelle pour sa part à la constitution d'un "front nationale face (aux) hors-la-loi qui se sont démarqués de la nation et de la religion"; le RND assure que les massacres "ne sauraient ni affaiblir la mobilisation et l'engagement de notre peuple, ni sauver le terrorisme de son éradication inéluctable". le Secrétaire général du FLN, Boualem Benhamouda, dans un entretien au quotidien égyptien "El Ahram", n'en considère pas moins que la paix et la sécurité ont été rétablies depuis l'élection d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence, même la "concorde civile" n'était pas une "baguette magique".

Dans l'opposition, la porte-parole du Parti des travailleurs, Louiza Hanoune, a déclaré que la recrudescence des massacres "exige que chacun assume des responsabilités" et a demandé que le gouvernement, les partis politiques et les personnalités nationales lancent un appel à l'arrêt des violences afin d'"ôter toute couverture aux groupes terroristes". Louiza Hanoune a également estimé que la crise algérienne devait être résolue entre Algériens, sans "surenchères extérieures" et en mettant tout le monde, "sans oublier Ali Benhadj et Abassi Madani", autour d'une table. Louiza Hanoune a dénoncé "la manière dont la télévision a passé sous silence" le massacre des lycéens de Médéa. Pour le MDS, El Hachemi Cherif a affirmé que "Bouteflika ne peut que servir le terrorisme", en faisant alliance avec l'islamisme : "l'Etat est celui de la forfaiture, il est démissionnaire".

Du côté du FIS, le bulletin de Rabah Kebir, "El Ribat", considère que "si l'on veut sanctionner les crimes commis, il faut juger les véritables auteurs des massacres (et) dont les nommer", au terme d'une "enquête impartiale, dénuée de toute considération idéologique ou politique". Le bulletin islamiste dénonce "l'ambiguïté" et la "manipulation" entretenues par "la presse et les partis de l'éradication", alors que, comme "la majorité de la population", ils n'ignorent pas "l'énorme manipulation des formations armées toutes tendances confondues", et que "l'impression est aujourd'hui générale que le pouvoir et ses affidés n'ont pas les mains aussi propres qu'ils veulent bien le prétendre". Et de dénoncer "les GLD, formés de voyous de quartier et de détenus prématurément libérés" comme "les principaux acteurs de l'insécurité". Le regain de massacres de civils coïncide en outre avec de nouveaux appels en faveur de la libération anticipés d'Ali Benhadj, qui souffre d'un ulcère, et dont la présence est, selon le porte-parole du Conseil de Coordination du FIS (CC-FIS) d'Ahmed Zaoui, Mourad Dhina, "un élément central à toute solution politique" du fait de "l'autorité incontestable dont (il jouit) au sein du FIS mais également sur les groupes armés maquisards". Mourad Dhina a par ailleurs affirmé que les massacres de civils n'étaient pas le fait des "maquisards" (éléments de l'AIS retournée au maquis, et éléments du GSPC), mais "des GIA, les 'Groupes infiltrés par l'armée"".

La presse privée exprime le même type de réaction que la plupart des partis : "Le Soir" titre sur "l'échec de Bouteflika", "El Watan" se demande "où veulent mener l'Algérie les dirigeants de ce pays" alors que "les Algériens sont tués dans l'indifférence du pouvoir". Dans le "Quotidien d'Oran", Ghania Oukazi constate qu'"après plus d'une décennie de tueries, il est parmis d'affirmer aujourd'hui que les stratégies élaborées pour lutter contre le terrorisme ont toutes échoué".

Pour "El Moudjahid", cependant, qui titre successivement "l'Algérie de la paix civile vaincra" (19.12) et"rien n'arrêtera la concorde civile", (20.12), "la paix est largement revenue comparativement aux années noires", "le terrorisme est en nette régression, ses soutiens ont été démantelés et ses commanditaires, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, ont été honteusement (sic) démasqués et réduits". Quant aux massacres qui se poursuivent, ils "ne peuvent empêcher la dynamique salutaire qui s'est enclenchée d'arriver à son terme", car ils sont le fait de ceux "qui ont juré de saborder l'oeuvre de paix" : des "ultras" qui "ne s'illustrent plus que par des actions de desperados" et dont le "temps est compté". Pour "El Moudjahid", les massacres sont l'oeuvre de "groupes mafieux, les mêmes qui ont soutenu les hordes terroristes en activité pendant une dizaine d'années durant, les mêmes aussi qui luttent avec l'énergie du désespoir pour faire échouer les réformes économiques qui signifient pour eux la fin d'une mainmise sur l'appareil économique national".

Le Comité de coordination pour la vérité et la justice (CCVJ) appelle à un rassemblement le 21 décembre devant l'Observatoire national des droits de l'Homme à Alger pour "demander aux organisations des droits de l'homme et de l'enfant de réagir (face) à ces actes barbares", exprimer la solidarité avec leurs victimes, dire "non au massacre de nos enfants" et réclamer une protection par les pouvoirs publics.

Le Rassemblement algérien des femmes démocrates (RAFD) dénonce l'"Impunité accordée par le président Bouteflika à des centaines de terroristes islamistes, coupables de crimes contre l'humanité", et demande le départ du président afin que "cessent les massacres et que les terroristes islamistes soient jugés et condamnés pour crime contre l'humanité". L'UGTA exprime son soutien indéfectible au "combat héroïque de l'ANP, ainsi que des différents services de sécurité, contre les assassins", et lance un appel à "toutes les forces nationalistes, démocratiques et progressistes, ainsi qu'aux organisations populaires et les représentants de la société civile, de s'unir avec l'ANP et les institutions de la République dans le combat contre le terrorisme et ses corollaires". Enfin, l'Observatoire national des droits de l'homme (ONDH, officiel) a appelé "l'ensemble du corps social à renouveler, par les formes les plus appropriées, l'engagement concret de toute la nation pour renforcer et élargir le consensus national contre la violence et la criminalité terroristes".

(Quotidien d'Oran 20.12) Selon le "Quotidien d'Oran", les autorités n'auraient pas renoncé à faire renoncer le chef du GSPC, Hassan Hattab, à la lutte armée; le journal donne deux informations illustrant de nouvelles approches en direction du GSPC (qui, alors que les GIA-Zouabri sont tenus pour responsables des massacres de population civile, "cible" systématiquement les membres des forces de sécurité) : d'une part la "réhabilitation" d'un ancien prédicateur islamiste radical, Abou Hafs, devenu imam d'une petite mosquée d'El-Harrach et plaide pour l'abandon du recours aux armes : Abou Hafs serait chargé du contact entre les autorités et les GSPC; d'autre part, un tract signé de Hassah Hattab aurait été retrouvé, daté de novembre : le chef du GSPC mettrait en garde ses propres troupes contre tout contact "sauvage" avec des "émissaires" du pouvoir, ce qui pourrait signifier deux choses : que de tels contacts ont lieu, et que Hattab tient à établir ces contacts lui-même. Enfin, la soeur de Lounès Matoub, Malika, se demande si le fait que le nom de Hassan Hattab n'apparaisse pas sur la liste des coupables présumés de l'assassinat de son frère, et membres présumés du GSPC, n'est pas du "à des tractations en cours pour le faire bénéficier de la généreuse loi sur la concorde civile".

(AP, AFP, Quotidien d'Oran 20.12, Liberté 21.12) Le procès des assassins présumés de Lounès Matoub, qui s'est ouvert le 20 décembre devant le tribunal criminel de Tizi Ouzou, en présence d'une assistance nombreuse, s'est achevé un quart d'heure plus tard par son renvoi à une date ultérieure, à la demande des défenseurs des accusés et de la partie civile, qui ont demandé ce renvoi en arguant qu'un pourvoi en cassation avait été formulé, initiative suspensive jusqu'à ce que la Cour suprême ait statué sur la cassation. En outre, l'absence de la quasi totalité des témoins (plus d'une trentaine), des experts et dde deux avocats (français) de la partie civile rendaient le procès intenable. Selon Me Mahmoud Khelili, l'avocat des deux principaux accusés (qui ont clamé leur innocence), Abdelhakin Chenaoui et Malik Medjoun, "la Chambre d'accusation s'est précipitée dans (un) règlement douteux" de l'affaire. La défense a émis le voeu de citer comme témoins la veuve et les belle-soeurs de Matoub. La soeur de Matoub, Malika, a dénoncé un "procès monté de toutes pièces" et "commandé par El Mouradia" (la présidence de la République). Malika Matoub réclame "une enquête crédible reposant sur l'audition de tous les témoins, une reconstitution des faits dans les normes, une étude balistique et enfin le jugement et la condamnation des assassins et des commanditaires". Pour le porte-parole de la Fondation Lounès Matboub, que préside Malika, Matoub a été tué à bout portant dans sa voiture, en "enquite on a maquillé l'assassinat en arrosant la voiture de balles", ce qui expliquerait que seul Matoub ait été tué alors que les trois femmes qui l'accompagnaient n'aient été que légèrement blessées. Malika Matoub rappelle que la "reconstitution des faits" a eu lieu en l'absence des témoins oculaires, qu'aucune expertise n'a été faite sur le véhicule de Matoub et que des "repentis" ont été présentés à la télévision pour qu'ils revendiquent leur participation à l'assassinat, mais "n'ont jamais été entendu par le juge instructeur".

(El Watan 21.12) L'ancien "émir" de l'AIS pour l'ouest, Ahmed Benaïcha, intente un procès en diffamation au journal "El Khabar-Hebdo" à qui il reproche de l'avoir qualifié de "terroriste" en légendant sa photo de la manière suivante : "Benaïcha : de la direction du terrorisme à l'ouest du pays à l'invetissement des rentes de la loi sur la concorde civile". "El Watan" commente : "Connaissant bien notre appareil judiciaire et le fonctionnement du système algérien, on imagine mal la justice déclarer sa plainte recevable (sans) feu vert en très haut lieu". Or la plainte de Benaïcha a précisément été acceptée par la justice.

(Algeria-Interface) Le quotidien arabe "Ezzaman" assure, le 21 décembre, que l'armée a distribué des armes et des munitions dans la Mitidja et en Kabylie, officiellement pour lutter contre les GIA et le GSPC, et que le leader du MSP, Mahfoud Nahnah, a conseillé aux militants de son parti de s'armer et de mettre en place des "comités de vigilance" dans les campagnes.

(Liberté 26.12) Dans une conférence de presse tenue le 25 décembre à Chlef, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a déclaré que l'Etat était "disposer à armer ceux qui le souhaitent à conditions qu'ils soient déterminés à mener à bien leur mission principale qui consiste à combattre le terrorisme.

(Liberté 26.12) Selon le quotidien arabophone "Es Sahafa", citant des sources "proches de la présidence de la République", le président Bouteflika aurait reçu "récemment" une lettre de l'ex-émir national de l'AIS, Madani Mezrag, affirmant que la trêve unilatérale signée par l'AIS en 1997 arrivait "à échéance le 31 décembre 2000"

2001
(Liberté 4.1) Un "repenti" des GIA, qui s'est rendu fin décembre aux autorités à Relizane, accuse des membres de la milice locale (groupe de légitime défense, GLDS) de Dar Ben Abdallah, près de Zemmoura, d'avoir apporté leur soutien logistique aux groupes armés. "Liberté" annonce que des membres de ces GLD font l'objet d'une enquête.

(Liberté 4.1) Un accord sur la coopération "antiterroriste" devrait être signé le 12 janvier à Alger entre l'Union Européenne et l'Algérie, à l'occasion de la visite du président de la Commission européenne Romano Prodi. L'accord contient une enveloppe de 8 millions d'euros (environ 50 mios FF, 12,5 mios FS), s'étale sur quatre ans et prévoit la formation de brigades antiterroristes et la modernisation des moyens et des méthode de lutte "antiterroriste" de l'Algérie.

(AFP 6.1) Selon "El Khabar", les services de sécurité ont saisi sur un membre d'un groupe islamiste armé une liste de personnalité à assassiner, parmi lesquelles l'ancien président Liamine Zeroual, à qui les services de sécurité ont demandé de quitter sa résidence de Batna.

(CCFIS) Dans son édition du 11 janvier, le journal "El Youm" reproduit la traduction d'une lettre qu'aurait adressée "Carlos" (Illitch Ramirez Sanchez), emprisonné à la Santé, à Paris, au président Bouteflika. Carlos affirme avoir été menacé par un autre détenu, se réclamant d'un "colonel de la sécurité militaire algérienne", la SM ayant aussi proféré des menaces contre ses avocats. Carlos affirme que s'il devait lui arriver quelque chose, ce ne serait pas du fait du "Groupe islamique armé", qui selon lui n'est qu'un prête nom de la SM.

(Jeune Indépendant 13.1, Liberté 14.1, El Watan) Dans un long dossier publié dans son édition du 13 janvier, "Le Jeune Indépendant" dresse le constat d'échec de la "concorde civile", un an après l'expiration du délai accordé aux islamistes armés pour déposer les armes. "Les maquis fleurissent malgré la concorde", constate le quotidien, pour qui "on a préféré sacrifier la justice à l'efficacité politique" : "aucun repenti ne sera jugé, même pas les sanguinaires notoires".

Au 13 janvier 2000, 1610 islamistes armés avaient déposé les armes, selon "Le Jeune Indépendant" (les chiffres officiels font état de 5500 amnistiés, voire de 5960 "repentis", mais en comptant les non-combattants, membres des réseaux de soutien.). La majorité des "repentis" appapartenaient à l'AIS et à la LIDD. Le GSPC n'a pas rallié la concorde, ni les GIA d'Antar Zouabri. Les grandes offensives militaires qui avaient été annoncées ("Seif et hadjadj") se sont réduites à "quelques opérations d'une certaine ampleur", et les attentats ont reprs dès février 2000, avec un "sommet" en juillet : "à une échelle miniature, on était en présence du "syndrome de Bentalha", où, en automne 1997, des groupes armés se sont livrés à un innommable massacre, sans que l'armée, stationnée dans les alentours et parfaitement informée de la situation, se porte au secours de la population", écrit "Le Jeune Indépendant".

Entre janvier 2000 et janvier 2001, la presse a dénombré 2300 personnes assassinées (soit 2 % de toutes les victimes de conflits armés dans le monde); Au moins 2'633 personnes ont été tuées de février 2000 à la mi-janvier 2001 parmi les civils, les forces de sécurité et les groupes armés (dont les pertes seraient d'au moins 346 tués). Selon Selon plusieurs sources (dont le MAOL, mais également "Libération" et "France 2"), un rapport confidentiel de l'armée ferait état de 9006 victimes pour l'année 2000, dont 1015 islamistes armés ou présumés tels, 603 militaires, 117 membres des milices locales. 71 tuerues collectives auraient été perpétrées. Par ailleurs, selon la presse algérienne, 40'000 personnes ont été "déplacées" par la violence dans la seule wilaya de Médéa.

Les groupes armés continuent à se déplacer avec une grande mobilité, comme l'ont démontré les tueries du Ramadan 2000. "A regarder le décompte des morts, des blessés et des armes récupérées (...), on est loin de l'insouciance du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a déclaré le 19 février 2000 que 80 % des terroristes s'étaient rendus et que 80 % des armes avaient été récupérées", constate "Le Jeune Indépendant", qui dénonce le "silence (...) sur la responsabilité de l'armée dans la protection de la population" et "le refus de l'armée d'intervenir pour protéger les habitants de Bentalha". Les GIA d'Antar Zouabri sont certes en "état de dégénérescence politique avancée", ce qui explique leur "préférence pour les attaques contre les civils", mais "cette dégénérescence n'est pas à mettre à l'actif de la concorde", car elle a commencé à la fin 1997. Par contre, le GSPC s'est renforcé et a étendu son implantation hors de ses "fiefs traditionnels" de Kabylie et de l'est d'Alger. Selon le "Jeune Indépendant", si le GSPC réussissait à s'implanter au centre (Blida, Mitidja, Titteri( et à l'ouest (Dahra, Zaccar, Ouarsenis et Oranie), cela "scellerait l'émergence d'une organisation armée centralisée, pire cauchemar du pouvoir", qui avait réussi jusqu'à présent à l'empêcher, quitte à dresser les groupes les uns contre les autres (AIS contre GIA, par exemple) ou à favoriser les scissions en leur sein (création de la LIDD en 1996, par exemple) en en cantonnant les groupes dans des régions précises.

"Le Jeune Indépendant" considère que "la situation permet, pour le moment, aux autorités de supporter un certain niveau de violence" qui "bloque l'investissement étranger autre que pétrolier" mais "n'arrive pas à paralyser l'économie ni à prendre d'assaut les grandes villes", ce qui est précisément "ce qui importe, pour le moment, aux yeux des puissances occidentales". En outre, "le terrorisme retarde la modernisation de l'ANP (et) ce retard limite l'action antiterroriste", dans un "véritable cercle vicieux. D'une part, l'ANP est une armée de conscrits, elle devrait devenir une armée de professionnels, mais l'action contre les groupes armés est en grande partie assumée par le contingent. D'autre part, la structure de l'ANP est "formée sur le schéma des armées des démocraties populaires (et est) peu préparée à affronter une guérilla", mais la lutte contre les groupes armés est menée principalement par des effectifs "intégrés dans des unités de combat lourdes et peu mobiles" Enfin, "les besoins urgents de protection des sites stratégiques, de maintien des barrages de contrôle et de conduites d'opérations circonstanciées contre le GIA et le GSPC retardent le passage à une armée professionnelle et moderne". Finalement, le quotidien relève le désarroi des miliciens locaux armés par les autorités, et qui se plaignent aujourd'hui d'être abandonnées par elles et de manquer de moyens. Les GLD (groupes de légitime défense), regroupés en coordination nationale, demandent d'ailleurs l'annulation de la loi, considérant que "les terroristes qui ont bénéficié de la concorde civile sont en train d'activer toujours, et d'une manière beaucoup plus nuisible que s'ils étaient au maquis".

Analysant la situation dans plusieurs wilayas, "Le Jeune Indépendant" donne quelques détails :

(Le Matin 8.1) Cinq islamistes armée "repentis" ont repris les armes "il y a quelques semaines" dans la région de Kadiria (Bouira), annonce "Le Matin".

(Jeune Indépendant 18.1) Selon "Le Jeune Indépendant", l'"émir" Abderazak, chef des groupes armés actifs dans le sud des régions de Sétif et de Batna, a désigné un nouvel "émir" pour le sud-est de Sétif, en la personne d'un ancien des GIA, Bekkar. Plusieurs accrochages ont eu lieu à la mi-janvier dans la zone.

(Algeria_Interface, La Tribune 20.1) Lors d'une rencontre organisée par le quotidien "El Youm", la veuve du président Boudiaf, Fatiha, s'est déclarée favorable à une révision du procès de l'assassin présumé de son mari, Lembarek Boumaarafi. Fatiha Boudiaf explique sa requête par l'absence d'étude balistique, l'absence de témoins, l'absence de reconstitution du crime, l'absence d'audition des membres de la commission d'enquête, le fait que son mari ait été atteint d'un projectile au visage (alors que son assassin présumé était placé derrière lui), et l'absence de poursuite contre le service chargé de la sécurité présidentielle. La veuve du président Boudiaf, qui rappelle que son mari "s'était attaqué à la mafia politico-financière qu'il a dénoncée ouvertement" avant d'être assassiné, veut également revenir sur les raisons qui ont pu pousser un officier des services secrets à inclure l'assassin présumé du président au sein d'un groupe de protection rapprochée. Fatiha Boudiaf souligne que la commission d'enuqête a "fait un virage de 180 degrés" à propos de l'assassinat de Mohamed Boudiaf, passant de la thèse "du complot" à celle de "l'acte isolé" pour lequel "Boumaarafi s'est retrouvé seul devant les juges"

(Quotidien d'Oran 4.1, El Moudjahid 18.1) Les promoteurs de l'appel lancé le 28 novembre pour protester contre "la campagne menée par certains médias français sur les massacres de Bentalha en Algérie", à l'occasion de la publication du livre de Nesroulah Yous, "campagne" dont ces personnalités (Rachid Achour, Simon Blumenthal, Hélève Cuenat, Mériem Derkaoui, Zazi Sadou, Jean Tabet, Sylvestre Tchibindat) considèrent qu'elle vise "en semant le doute, à blanchir de leurs forfaits les Groupes Islamistes Armés", ont tenu le 17 janvier une conférence de presse lors de laquelle, en compagnie de rescapés du massacre et de membres de familles de victimes, ils ont suggéré que Nesrollah Yous pouvait être de connivence, voire en complicité avec les auteurs du massacre -dont ils ne doutent pas qu'il s'agit d'islamistes armés. Zazi Sadou et Simon Blumenthal ont appelé à un trairement du terrorisme comme d'un crime contre l'humanité. L'avocat Miloud Brahimi a dénoncé "ceux qui tentent de disculper le terrorisme et qui trouvent un écho dans une certaine presse en France", et par là même "encouragent le terrorisme à poursuivre son action macabre". Dans une "opinion" parue dans "Le Quotidien d'Oran" Daïkha Dridi rappelle que "la seule vraie certitude" du livre de Yous, "le seul élément irréfutable est que l'armée a laissé massacrer pendant cinq heures plus de quatre cent Algériens", et que "cette vérité-là ne semble pas beaucoup intéresser alors qu'elle est l'architecture même du livre de Yous".

(Algeria_Interface, L'Humanité, Corr. ) Une "contre-contre-enquête sur le massacre de Bentalha est annoncée; elle sera l'oeuvre de Mouloud Benmohammed, ancien journaliste d'"El Moudjahid", qui entend répondre au libre de Nesrollah Yous sur le même sujet. Selon le Comité national contre l'oubli et la trahison (CNOT), "si le pouvoir est gêné par Bentalha, ce n'est pas parce que c'est l'armée qui a tué" (hypothèse évoquée par Yous), mais "parce qu'il a amnistié ceux qui ont commis ces horribles crimes". Sur le massacre lui-même, et sur le rôle de l'armée, la question qui reste sans aucune réponse, ni contestation, est celle de la "non-intervention" de l'armée pendant le massacre, alors qu'elle était présente à proximité immédiate. Pour sa part, Nersollah Yous dénonce la "campagne diffamatoire" lancée contre lui par "certains médias algériens (...) dans le but de semer la confusion et maintenir l'opacité". L'association "Vérité et Justice pour l'Algérie", que préside Nersoulah Yous, avait demandé à pouvoir assister à la conférence de presse organisée le 17 janvier par le collectif "Vérités pour Bentalha"; elle n'a reçu aucune réponse à sa demande. Lors de la conférence de presse et du meeting qui a suivi, Yous, son éditeur et les media français (notamment "Le Monde" et "Libération") qui avaient largement rendu compte de son livre, avaient violemment été pris à partie par le collectif, et accusés pour le moins de servir les intérêts du "terrorisme islamiste".

(El Watan 24.1, 25.1) Cinq "patriotes" (miliciens locaux) de Labaâziz, dans la région de Blida, ont été traduits en justice "il y a quelques semaines par des familles de terroristes morts en 1994", annonce "El Watan". Deux des miliciens locaux ont été mis sous contrôle judiciaire. Selon le quotidien, la milice locale a "abattu 76 terroristes du GIA activant (entre 1993 et fin 1997) entre Bougara, Ouled Slama et Labaâziz". Selon le quotidien, les miliciens traduits ont justice sont précisément accusés par des familles de "terroristes" d'avoir enlevé et/ou exécuté leurs proches. La confrontation entre les accusés et les plaignants a eu lieu le 24 janvier devant le juge d'instruction de Boufarik

(Liberté 1.2) Le Secrétariat à l'émigration du RCD a annoncé qu'il attaquait en justice, pour "diffamation", la chaîne de télévision française Canal+ à la suite de la diffusion d'un reportage, que le RCD qualifie de "tendancieux et manipulatoire", sur l'assassinat de Matoub Lounès. La plainte du RCD a été déposée auprès du Tribunal de grande instance de Paris, et le RCD a annoncé qu'il lançait une "campagne de souscription" auprès de l'émigration pour "aider à la couverture des frais du procès". Le député RCD Nourdine Aït Hamouda, mis en cause par le reportage de Canal+, a annoncé qu'il avait l'intention de porter plainte contre la chaîne auprès du tribunal d'Alger, car "le préjudice" a été "causé aussi en Algérie" (le reportage de Canal+, rediffusé en clair, a en effet été largement capté -et commenté- en Algérie)

(Le Jeune Indépendant 31.1, La Tribune 1.2) L'ex-"Emir" de l'AIS Ahmed Benaïcha annonce dans un entretien à la "Tribune" que "cette année 2001 se présente comme le début réel et sérieux du traitement des dossiers en suspens", notamment celui de "la réintégration des éléments de l'ex-AIS dans leur poste de travail", qui aurait débuté. Ahmed Benaïcha exprime son soutien à la proposition du président Bouteflika de passer de la "concorde civile" à la "concorde nationale", et extime qu'il s'agit du "seul et unique" chemin "pour sortir de la crise". Les derniers massacres sont pour l'ancien émir de l'AIS "le résultat d'une complication politique de la situation politique". Quant à l'ancien "émir" de la LIDD, Ali Benhadjar, s'exprimant dans les colonnes d'"El Youm", il demande une amnistie générale, y compris en faveur des islamistes réfugiés à l'étranger.

(APS 7.2) Selon le ministre algérien de la Jeunesse et des sports, Abdelmalek Sellal, s'exprimant dans un entretien au quotidien égyptien "Al Ahram", les actes terroristes encore perpétrés en Algérie ne sont plus que des actes "isolés", et le "phénomène de terrorisme qu'a connu l'Algérie durant toute une décennie a reculé après l'élection du président Abdelaziz Bouteflika dans un climat libre et transparent". Les actes terroristes encore commis sont amplifiés par les medias occidentaux, a ajouté le ministre, qui a expliqué que le terrorisme ne pouvait être rapidement anéanti car les autorités "ne répondent pas à la violence par la violence, mais par la loi"...

(El Watan 8.2) Dans la nuit du 24 au 25 avril 1994, un "patriote" (milicien local) de Mouzaïa, Nadj Mohamed, a été écrasé et tué par l'ex-commissaire, chef de la Sûreté de la daïra de Mouzaïa, qui avait ensuite avec l'aide de trois policiers ramassé le corps, l'avait défiguré à l'acide, puis jeté dans un fossé. L'enquête de la gendarmerie avait abouti à l'arrestation du commissaire et de ses trois complices, qui avaient avoué et avaient été jugés le 14 mars 1998. Le commissaire avait alors déclaré avoir agi sous l'effet de l'alcool, et ses trois complices avaient assuré avoir exécuté ses ordres. Le commissaire avait finalement été condamné é six ans de prison et ses trois complices avaient été relaxés, alors que le Ministère public avait requis la perpétuité pour le premier et dix ans de prison pour les trois autres. La famille de la victime avait fait appel et saisi les autorités et les organisations de défense des droits de l'homme. La Cour Suprême ayant admis l'appel, l'affaire sera donc rejugée le 14 mars 2001, dix mois

(AFP 10.2) Ahmed Benaïcha, l'ancien "numéro 2" de l'AIS, a proposé dans un entretien au "Jeune Indépendant" paru le 9 février d'aider l'armée à combattre les GIA, en estimant que grâce à leur "mobilité", les GIA restent hors de portée de l'armée, "inefficace" en dépit de ses moyens. Benaïcha propose à l'ANP de mettre l'"expérience" acquise par l'AIS "dans le malheur", et sur le terrain, au service de la lutte contre les GIA "ou les autres organisations qui commettent les massacres", et affirme "avoir les moyens, les méthodes et la stratégie pour venir à bout de ces groupes mobiles". Benaïcha précise qu'il ne reprendra les armes que sous le contrôle de l'armée régulière, et exclut donc l'enrôlement des "anciens" de l'AIS dans les gardes communales ou les milices locales.

(La Tribune 15.2) Dans un entretien accordé en mai 1999 à l'hebdomadaire londonien "El Majala" et republié en février 2001 par "El Youm", Omar Chikhi, qui se présente comme l'un des fondateurs des GIA, fait remonter les premières activités "militaires" des groupes armés islamistes à six mois avant l'annulation du processus électoral, et afirme avoir "reçu des instructions de la direction (du FIS)" pour se "préparer à une révolution à l'iranienne". Selon Chikhi, les premiers GIA nétaient pas structurés, jusqu'au moment où leurs membres ont "rejoint les rangs du groupe de Mohamed Allal, dit "Moh Leveilly". Toujours selon lui, à Mansouri Meliani qui voulait créer une aile armée du FIS (ce que sera ensuite l'AIS), Ali Benhadj aurait répondu : "Je ne d'interdis pas de le faire, mais je ne peux pas non plus donner officiellement ma bénédiction au nom du FIS". Après la dissolution de celui-ci, des tentatives répétées d'unification des divers groupes armés vont toutes se solder par un échec. En septembre 1992, Moh Leveilly est élminé, et Abdelhak Layada prend sa place. "Le" GIA aurait alors été créé sous son impulsion. Enfin, Omar Chikhi affirme que trois "promotions" d'islamistes armés algériens auraient été entraînés dans les camps du Hezbollah au Liban Sud, grâce à Oussama Ben Laden, et que des armes parvenaient aux GIA grâce notamment à un certain Mahfoud Tadjne, dit "Abou Khalil", qui avait "des contacts avec les Iraniens mais qui s'est avéré être un agent des services secrets français".

(AFP, AP, Le Matin 18.2, Le Matin, El Watan 19.2, Le Monde 20.2) Omar Chikhi, qui se présente comme l'un des fondateurs des GIA, et qui avait en 1999 accordé un long entretien accordé en mai 1999 à l'hebdomadaire londonien "El Majala", et qui a été republié en plusieurs parties à la mi-février 2001 par le quotidien algérien "El Youm", aurait revendiqué au journaliste qui l'interrogeait l'assassinat de plusieurs journalistes, déclarant notamment : "à chaque fois qu'un journaliste est tombé entre mes mains, je l'ai tué. Je ne regrette rien. Au contraire, aujourd'hui, il y a beaucoup de journalistes que j'aurais voulu avoir entre mes mains, je n'aurais pas hésité à les tuer".

Chikhi a contesté dans un communiqué paru le 19 février avoir tenu ces propos, et a affirmé que ses déclarations avaient été "déformées", qu'elles avaient fait l'objet d'ajouts "douteux" pour une manipulation. Le journaliste d'"El Youm" a quant à lui expliqué qu'il avait publié l'entretien de Chikhi pour "montrer à l'opinion qu'il existe, contrairement aux affirmations de Bouteflika, des assassins qui ont bénéficié de la loi sur la concorde civile". Deux journalistes d'"El Watan" qui avaient rencontré Chikhi en mai 1999 se sont contentés d'estimer que la version des déclarations de Chikhi rapportée par "El Madjala" était "proche" des déclarations qu'eux-mêmes lui avaient entendu faire, et que "Chikhi reconnaît au moins avoir séquestré un journaliste".

Chikhi aurait également déclaré que l'Airbus d'Air France détourné par un commando islamiste le 24 décembre 1994 devait exploser le 31 décembre au dessus de la Tour Eiffel à Paris, et que l'opération, organisée par l'"émir" Yahia, n'a échoué que parce que le commando qui en était chargé, sous la conduite d'un certain "Abdallah" dit "Kronfel", a été réduit de 10 à quatre éléments au dernier moment, après que l'un de ses membres ait été pris par les service de sécurité. Le but de l'opération aurait été de "contraindre les autorités françaises à changer radicalement de position sur la crise algérienne". Ce détournement avait fait trois mort le 26 décembre à Alger, puis quatre (les "pirates") à Marseille lors de l'assaut donné par les gendarmes français. L'assassinat de sept moines trappistes français en 1996 visait le même objectif. Chikhi affirme également qu'un membe des GIA, Mahfoud Tadjine, était en liaison avec un général des services de renseignements français et avec l'Iran (Tadjine aurait été abattu par le GIA-Zouabri pour avoir refusé de rompre ses contacts avec l'Iran). Chikhi impute à Zouabri et à son "autoritarisme sanguinaire" l'échec des GIA dans leur tentative de prise du pouvoir. Chikhi, ancien responsable du FIS de Lakhdaria (Palestro) est présenté comme l'ancien chef du GIA de Z'Barbar, et s'est rendu depuis près de deux ans aux autorités, de peur (selon lui) d'être liquidé par Antar Zouabri, auquel il affirme s'être opposé à propos des massacres de civils.

(El Watan 15.2) La police et les services secrets (MI5) britanniques ont annoncé le 13 février avoir arrêté à Londres trois Algériens et un Jordanien soupçonnés de planifier des actions terroristes au nom du djihad, en Grande-Bretagne et ailleurs en Europe. Selon les services britanniques, les quatre hommes n'auraient pas de lien avec Oussama Ben Laden, ni avec aucune organisation terroriste connue. Finalement, le "coup de filet" de la police britannique a abouti à l'arrestation de neuf Algériens et d'un Jordanien.

(AP 17.2, Le Matin 19.2) Six ressortissants algériens arrêtés lors d'un coup de filet mené en trois jours par la police britannique ont été inculpés le 17 février à Londres d'activités en relation avec une entreprise terroriste. Entre le 13 et le 15 février, neuf Algériens et un Jordanien ont été arrêtés. Six des Algériens, de 18 à 38 ans, ont été inculpés de possession de matériels susceptibles d'être utilisés dans des actions terroristes. Ils ont été mis en détention. Selon "Le journal du Dimanche" français, les Algériens feraient partie d'un groupe envoyé par Hassah Hattab pour frapper des intérêts américains en Europe, dont l'ambassade de Rome. "Le Matin" ajoute qu'un autre groupe de membres du GSPC a été arrêté en Allemagne, à Francfort, en décembre 2000, en possession de documents sur Strasbourg, pouvant servir de repérages pour un attentat. Pour le quotidien algérien, Hassan Hattab et le GSPC sont directement soutenus par Oussama Ben Laden, voire ferait (ainsi que les GIA de Zouabri) directement partie de ses réseaux, ce qui expliquerait leur efficacité sur le tarrain, en Algérie.

(Le Matin 18.2) Selon "Le Matin", plusieurs contingents de l'ANP affectés (ou affectables) à la lutte contre les groupes armés auraient été appelé à rejoindre leurs casernes, "pour donner une image de paix confortant le discours prôné par Bouteflika". Le quotidien écrit que les barrages dressés dans des lieux stratégiques tels que Boufarik, Médéa et Khemis Miliana ont été "allégés", voire "carrément levés" dans certaines régions, que les Brigades mobiles de police judiciaire (BMPJ) de Bab El Oued ont été affectées à la lutte contre le banditisme et que d'une manière générale, "pour adapter la réalité au discours euphorique d'un retour de la paix, le pouvoir de Bouteflika a tenté d'apporter un réaménagement sur le terrain à l'organisation des forces de sécurité conçue, des années auparavant, pour combattre le terrorisme".

(AFP 19.2, Le Matin 22.2) Quatre hommes, dont un Algérien et un Français d'origine algérienne, les deux autres étant Irakiens, soupçonnés d'appartenir à un réseau terroriste islamiste, arrêtés en décembre à Francfort (Allemagne), ont été placés le 19 février en détention provisoire à Karlsruhe, sous l'accusation d'appartenance à une organisation criminelle, infraction à la législation sur les armes et les explosifs et falsification de pièces d'identité. Selon l'accusation, les quatre hommes seraient membres d'un réseau islamiste international et auraient été formée en Afghanistan dans un camp d'Oussama Ben Laden. Ils auraient ensuite créé leur propre réseau à Francfort avec pour mission d'organiser des "actions punitives" contre les ennemis de l'Islam et contre les institutions publiques occidentales, et de soutenir les groupes fondamentalistes musulmans dans les Etats musulmans. Des armes, des eplosifs, des munitions et des détonateurs ont été retrouvée à leur domicile. Selon "Le Journal du Dimanche", la police aurait également retrouvé chez eux une cassette vidéo de la ville de Strasbourg, et suppose que ladite cassette pourrait servir à des repérages pour d'éventuels attentats. La justice française a également ouvert une information pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", et a confié à la DST une enquête visant à déterminer si les islamistes arrêtés en Allemagne avaient des liens avec des réseaux en France.

(El Watan, La Tribune 21.2) La Fédération FFS de Tizi Ouzou a, par la voix de son chargé des droits de l'homme, M. Rahem, et sur la base d'enquêtes effectuées par le parti sur le terrain, accusé les "milices armées" par les autorités d'avoir "une grande responsabilité dans les massacres" de civils, le député FFS Sadali accusant les services de sécurité d'être "impliquéàs dans les massacres de population". Le FFS dénonce la "prolifération des milices armées" et regrette que la presse ne rapporte que ce que les sources officielles lui communiquent. Le FFS de Tizi Ouzou exige en outre une enquête sur les attentats dont ont été victimes dans la région deux entreprises publiques, l'ENIEM et l'ERHTO, attentats qui ont fait d'énormes dégâts matériels, et qui, pour le FFS, "s'inscrivent dans une logique de bradage des entreprises industrielles locales".

(La Tribune 22.2) Selon "des sources concordantes" évoquées par "La Tribune", une rencontre régionales des katibates En Nasr, El Hidjra oua Takfir et Es Sounna, qui se tenait dans la région montagneuse au sud-est de Sibi Bel Abbès, serait à l'origine de l'offensive militaire déclenchée par les forces de sécurité depuis deux semaines dans cette région. Le réunion des groupes armés, regroupant plus d'une centaine de combattants, visait, selon "La Tribune", au redéploiement de ces groupes dans l'ouest, et à la fusion des autres groupes en activité dans l'Oranais. L'initiative serait venue de la phalange Es Sounna, de l'"émir" Ouahadj Bouziane, alias Idriss Abou Soumaya, abattu à la mi-février dans la région de Taoudmou.

(Liberté 22.2) Le procès qui oppose le député RCD Nordine Aït Hamouda à la soeur de Lounès Matoub, Malika Matoub, à propos de l'assassinat du chanteur, s'est finalement ouvert le 21 février devant le tribunal d'Alger. Le procès a lieu sur plainte en diffamation de Nordine Aït Hamouda contre Malika Matoub, ainsi que le directeur et un journaliste de "La Nouvelle République" ayant rendu compte des accusations portées par Malika Matoub contre le député, qui accuse en retour la soeur de Lounès de suggérer qu'il est impliqué dans la mort du chanteur. Malika Matoub avait notamment accusé Aït Hamouda d'avoir confisqué le passeport de la femme de Lounès, ce qui avait conduit celui-ci à rentrer en Algérie pour tenter d'obtenir un visa pour sa femme -retour qui s'était terminé par son assassinat. Pour l'avocat de Nordine Aèit Hamouda, l'hypothèse d'une implication de celui-ci dans l'assassinat de Matoub, ou d'un assassinat de Matoub par le pouvoir, n'est qu'une manifestation du "feuilleton "qui tue qui ?", oeuvre des forces qui veulent déstabiliser le pays". L'avocat demande 5 millions de dinars (500'000 FF, 120'000 FS) de dommages et intérêts, qu'il promet de verser "aux familles victimes du terrorisme". La défense de Malika Matoub affirme quant à elle que les plaignants n'ont pas apporté de preuves de diffamation et se demande pourquoi Matoub Lounès n'avait pas de garde rapprochée au moment de son assassinat, alors qu'il était évidemment menacé. La défense des journalistes se demande, elle, pourquoi seul Nordine Aït Hamouda a-t-il déposé plainte alors que d'autres (le RCD en tant que parti, Saïd Sadi, Amara Benyounès) ont aussi été mis en cause, comme lui, par les déclarations de Malika Matoub. L'audience s'est terminée sur la mise en délibéré du jugement.

(Le Monde, Liberté, Le Matin 25.2) L'Archevêque d'Alger, Henri Teissier, a adressé au "Monde", en réponse à l'appel des intellectuels et militants français accusant les forces de sécurité algériennes d'être impliquées dans des massacres en Algérie, et notamment dans celui de sept moines français du monastère de Tibhirine, en 1996, une lettre, publiée par le quotidien, dans laquelle il écrit que "personne sur place n'a pu (donner aux membres de notre communauté, parlant l'arabe et en lien très étroit avec la population, et qui ont été continuellement présente à Tibhirine) des éléments qui permettraient de dire avec certitude que l'on doit dégager la responsabilité d'un groupe du GIA dans ce crime". "C'est ce groupe qui a affirmé les tenir en sa possession, qui les a condamnés à mort et a fait annoncer leur mort le jeudi 21 mai 1996", écrit l'Archevêque au "Monde".

(Fondation Matoub Lounès, 28.2) La Fondation Matoub Lounès a réagi à la condamnation de Malika Boukhtouche Matoub, la soeur du chanteur assassiné, pour diffamation à l'encontre du député RCD et chef de milice Nourdine Aït Hamouda (que en rejettant "dans le fond et dans le forme ce verdict arbitraire (qui) confiorme si besoin était (l') asservissement (de) la justice algérienne (...) aux cercles occules du système". Malika Matoub avait accusé le RCD et Nourdine Aït Hamouda d'avoir fait venir Matoub Lounès en Algérie en retenant le passeport de sa femme, peu de temps avant l'assassinat de Matoub, et alors qu'on le savait menacé de mort. La Fondation dénonce un "verdict honteux qui privilégie la solidarité de clans au sein d'un même système, au détriment de la justice", et se demande "pourquoi condamner un journal et/ou un journaliste qui n'a fait que rendre publics des propos, repris d'un livre, par ailleurs reconnus et assumés par leur auteur ?", et relève que le député RCD n'a pas "attaqué en temps opportun l'auteur du libre, c'est-à-dire Nadia Matoub" (la veuve de Lounès). Pour la Fondation, "au-deléà de la volonté affichée par certains milieux" de la faire taire "dans son exigence de vérité, sur l'assassinat de Lounès, il s'agit là d'un prélude aux vélléités de musellement de la presse nationale". La Fondation annonce qu'elle fera appel de la condamnation de Malika Matoub.

Déclaration des Amis De La Fondation Lounès Matoub

La justice algérienne vient de condamner Malika Matoub pour diffamation, suite à une plainte déposée par le député du RCD, Nourreddine Aït-Hamouda (NAH). Ce verdict prononcé contre la sœur de Lounès Matoub vient confirmer une fois de plus une habitude ancienne du régime algérien : la justice doit tout soumette aux intérêts du pouvoir et ses alliés et s'y soumettre elle-même.

Il nous faut revenir un peu en arrière pour voir sur quels faits reposent ce verdict arbitraire et ridicule.

En décembre 1997, les responsables du RCD proposent à Lounès Matoub de l'aider à obtenir rapidement un visa pour sa femme qu'il souhaitait emmener en France. Confiant, il leur remet les pièces administratives. Après plusieurs mois d'attente, Lounès Matoub réalisa que la promesse ne serait pas tenue et réclama les documents confiés (dont le passeport de sa femme). En vain. Ses appels téléphoniques restèrent sans réponse.

Le 13 juin 1998, Lounès s'envole pour l'Algérie avec l'espoir de régler définitivement la question du visa et revenir en France en compagnie de sa femme

Le 25 juin, il est lâchement assassiné dans de mystérieuses conditions.

Tous ces faits connus par la famille et les proches de Lounès, ont été rendus publics par Nadia, l'épouse de Lounès, dans son livre "pour l'amour d'un rebelle" publié en avril 2000, notamment dans les pages 114, 117, 120, 123, 132, 133 et 134. Nadia Matoub a d'ailleurs ajouté de nouveaux détails, lors de l'émission de Canal Plus "Algérie : la grande manip" diffusée le 31 octobre 2000.

Dès lors une question s'impose : pourquoi intenter un procès contre Malika pour avoir relaté, dans une conférence publique animée le 10 mai 2000, des faits avérés et déjà connus grâce au témoignage de la personne la plus concernée : l'épouse de Lounès ?

Il est inutile de préciser que lors du procès entre Malika Matoub et NAH, la liaison entre l'accusation pour diffamation et les propos tenus par la sœur de Lounès n'a pas été établie. Les avocats de NAH sont partis dans un réquisitoire schizophrénique et violent en s'en prenant au combat de Malika pour la vérité au lieu d'avancer des faits précis liés à une prétendue diffamation. Ils s'étayaient, pêle-mêle, sur des ragots touchant à la vie privée de Malika et sur sa participation à "un complot international visant à déstabiliser l'Algérie ".

Sans doute n'y a-t-il aucune surprise à ce que Malika soit condamnée par une justice "aux ordres" ; Mais c'est avec une tristesse sans nom que l'on constate le délabrement profond d'un régime qui s'acharne sur une mère et une sur parce qu'elles osent demander la vérité.

Ce procès est un chef-d'œuvre de ridicule et de perfidie, à travers lequel on semble découvrir une nouvelle manœuvre du pouvoir et ses affidés visant à détourner l'opinion de la quête de vérité et à nous pousser à nous murer dans un silence résigné.

La population, qui reste mobilisée autour de La Fondation Matoub, a accueilli ce verdict avec un profond sentiment d'injustice et observe avec écœurement tous ces petits despotes et courtisans acclamant leur joie dans un tintamarre médiatique qui ne s'est jamais encore autant approché de l'absurde. Leurs jubilations sont d'une affligeante insignifiance.

Les fleurs de la dictature ne durent qu'une saison et tous les tyrans grands et petits finiront par répondre à la justice de l'Histoire. Mais pour comprendre cela, il faut de l'intelligence dans le cœur et dans l'esprit.

Pour la vérité sur l'assassinat de Lounès Matoub !
Non à l'arbitraire ! 

Le Bureau exécutif 
Montreuil, le 04-03-2001 


(Tribune, Liberté 11.3) Dans la foulée du procès en diffamation intenté par le député RCD Nordine Aït Hamouda à Malika Matoub, procès qui s'était terminé par la condamnation de la soeur de Matoub, verdict dénoncé par Malika Matoub et la Fondation Lounès Matoub, Nordine Aït Hamouda vient de faire appel du jugement, "pour qu'un débat de fond révèle enfin tous les tenants et aboutissants de cette exploitation aussi indigne que morbide" de l'assassinat du chanteur kabyle. Aït Hamouda accuse le FFS d'être derrière la campagne de la fondation Matoub, et Malika Matoub d'être passée dans "le camp des ennemis de son frère". Le député affirme que Matoub lui-même avait "chassé de sa demeure, pour des raisons sociales et politiques" sa soeur et sa mère . La Fondation Matoub, elle, dénonce le "caractère occulte de la gestion" de l'assassinat de Matoub et le caractère de règlement de compte politique du procès intenté à Malika par Aït Hamouda, et du verdict de ce procès.

(Corr 1.3) Dans une lettre adressée le 1er mars à l'Archevêque d'Alger, Henri Teissier, qui avait dans une lettre du 17 février, publiée par "Le Monde", exprimé son "désaccord" avec les auteurs de la pétition en faveur d'une enquête internationale sur les massacres commis en Algérie, quand à "l'identité de l'assassinat des moins de Tibhirine", François Gèze, Salima Mellah et Fatiha Talahite répondent qu'ils n'ont pas posé la question en termes de culpabilité ou non des GIA dans l'assassinat des moines, mais que leur "mise en cause portait plutôt sur les GIA eux-mêmes, et leur prétendue autonomie par rapport aux services spéciaux de l'armée algérienne", et affirment que "pour le moment, l'essentiel des éléments d'information dont (ils disposent) va plutôt dans le sens de l'hypothèse d'une implication des forces de sécurité qui auraient instrumentalisé les GIA". Quant à la question des "preuves" de la culpabilité des GIA (ou de qui que ce soit d'autre) dans les meurtres et les massacres, François Gèze, Salima Mellah et Fatiha Talahite considèrent qu'il est "aujourd'hui impossible de produire des preuves juridiquement valables et l'absence d'enquête indépendante et crédible", et que c'est précisément la raison pour laquelle "une commission d'enquête conforme aux normes internationales de lavidité et d'impartialité puisse, sur place, établir les faits et les responsabilités des crimes (dont bien sûr l'assassinat des moines de Tibhirine)". S'agissant de l'assassinat de l'évêque d'Oran, Pierre Claverie, ils considèrent également que "de nombreux éléments factuels, certes non établis judiciairement, accréditent l'hypothèse d'une implication des services spéciaux dans cet assassinat", ce qui constitue à leurs yeux "une présomption fortement étayée, que seule une véritable enquête judiciaire (...) permettra de valider ou d'infirmer". François Gèze, Salima Mellah et Fatiha Talahite, constant que l'Archevêque d'Alger ne se prononce pas sur d'autres faits évoqués par la pétition, tels que "l'usage systématique de la torture, les enlèvement par les forces de sécurité, les exécutions extrajudiciaires", se demandent si cela signifie qu'il ne conteste pas "leur véracité", et, dans ce cas, "pourquoi l'Eglise d'Algérie ne dénonce-t-elle pas de telles violations des droits de l'homme et leurs responsables, quels qu'ils soient ?"

(Reuters 28.2) Le ministre britannique de l'Intérieur Jack Straw a annoncé le 28 février l'interdiction de l'appartenance et du soutien à 21 groupes considérés comme terroristes, dont les GIA et le GSPC algériens (mais aussi les "Tigres" Tamouls, le Hezbollah, les Moudjahidines du Peuple iraniens, le PKK kurde et l'ETA basque -mais pas l'IRA irlandaise...)

(AP 11.3) Le procès d'Ahmed Rassam, Algérien de 32 ans arrêté en décembre 1999 en provenance du Canada, et accusé d'avoir projeté des attentats à la bombe aux USA lors des festivités de la fin de l'année et du début de l'année 2000, devrait s'ouvrir le 12 mars à Los Angeles. Lors de son arrestation, les douaniers avaient découvert dans sa voiture de la nitroglycérine et du matériel permettant de fabriquer des bombes. Trois Algériens soupçonnés d'être ses complices ont été interpellés et écroués, l'un d'eux, Abdel Ahmi Meskini plaidant coupable de "complot terroriste" et acceptant de coopérer avec la justice. Un quatrième homme, Abdelmadjid Dahoumane, également Algérien, est recherché. Une peine de six ans d'emprisonnement a été requise le 28 février à Paris contre Ahmed Ressam dans le cadre du procès de 24 membres présumés d'un réseau de faux-papiers destinmés aux GIA algériens. Ressam est soupçonné par les polices française et américaine d'avoir suivi une formation dans des camps afghan de l'organisation d'Oussama Ben Laden.

(El Watan 14.3) Le chef d'une milice locale ("Groupe de légitime défense") d'El Gor, dans la daïra de Sebdou, est impliqué dans une affaire de racket et de chantage, annonce "El Watan", qui fait état d'une enquête de la gendarmerie établissant que le chef de milice "utilisait son pouvoir pour terroriser des familles de son village". L'enquête est survenue après le dépôt d'une plainte par l'épouse d'un homme décédé des suites des exactions dont s'est rendu coupable "un groupe qu'on croyait de terroristes" et qui était en fait dirigé par le chef de milice, et qui agissait "de la même manière que ceux qu'il était censé combattre". La plaignante avait notamment été agressée physiquement et volée par ce groupe, et son époux brutalisé et humilié, à la suite de quoi il était tombé mortellement malade.

(www.algeria-interface.com) Selon "Algeria-Interface", des policiers de la Brigade mobile de police judiciaire de Déli-Brahim, envoyés en renfort à Médéa après les massacres du décembre 2000 refusent "osbtinément de travailler" pour protester contre leur maintien dans la région, alors qu'ils devaient rejoindre leur unité au début du mois de mars.

(www.algeria-interface.com) Les autorités ont lancé une nouvelle campagne pour armer la population en Kabylie, signale "Algeria-Interface". En 1992, la gendarmerie avait confisqué les fusils possédés par les civils, auxquels elle les restitue progressivement aujourdéhui. Certains propriétaire d'armes se sont même vus "offrir des fusils neufs en remplacement de leurs anciennes armes".

(www.algeria-interface.com 16.3) Selon le quotidien Al-Hayat, le "Kuk Sool" (du nom d'un art martial corréen, le Kuk Sool Won, dont Habib Souaïdia avait révélé dans "la sale guerre" qu'il était enseigné aux forces spéciales algériennes par des instructeurs militaires nord-coréens) serait le successeur des "ninjas", les commandos d'élite, encagoulés, de la police, qui incarnaient depuis le début du conflit algérien la lutte "antiterroriste". Selon "Al Hayat", le "Kuk Sool" serait formé d'un "nombre réduit" de membres de l'élite des parachutistes, ayant "subi un entraînement de haut niveau" auprès de formateurs nord-coréens depuis 1998. "Près de 500 militaires algériens" auraient suivi cet entraînement de trois ans dans les écoles militaires de Cherchell et de Biskra, et auraient abattu 300 membres de groupes armés depuis le début de l'année. Le "Kuk Sool" infiltrerait les fiefs des groupes armés et interviendrait dans les forêts et les régions isolées, et "les succès des dernières opérations contre les groupes armés sont le fruit, pour une large part", de cette infiltration. Le journal considère qu'il s'agit là d'un changement dans les "méthodes de confrontation" avec les groupes armés, et d'une "adaptation de l'action de l'armée face à la guérilla".

(Le Matin 15.3, Ribat 18.3) L'annonce par le quotidien "Le Matin" de la diffusion par la chaîne de télévision française FR3 (mercredi 28 mars à 23 heures 20) d'un reportage sur les massacres de Relizane, reportage qui selon "Le Matin" prouverait que ces massacres sont l'oeuvre de l'AIS -ce qui a été démenti par la chaîne, a provoqué une polémique entre "Le Matin" et le bulletin du FIS "El Ribat" (de la tendance de Rabah Kébir", qui accuse les "staliniens" du "Matin" de s'adonner "sans risque d'être sanctionnés juridiquement, à de la désinformation pure et simple, et de l'intoxication de l'opinion publique". FR3 a pour sa part précisé dans un communiqué que le document qui sera diffusé "tente uniquement de reconstituer les circonstances" des massacres, "que seules des questions (y) sont posées". Le FIS-Kébir accuse "Le Matin" ("qui mérite l'interdiction de paraître"...) de "mensonge grave, incitation au crime, atteinte à l'unité du pays, propagation de fausses nouvelles", de "propager la haine, de diviser les Algériens entre eux et d'appeler à la violence".

(Le Quotidien d'Oran, La Tribune 18.3) Le Bureau exécutif de la Fondation Matoub accepte le "débat de fond" auquel avait appelé le député RCD Noreddine Aït Hamouda, débat sur les raisons qui auraient poussé Lounès Matoub à s'éloigner de sa famille, mais la Fondation considère que ce débat doit regrouper l'ensemble des personnes concernées (y compris la veuve de Lounès et ses deux soeurs) et doit avoir lieu au pénal pour "faire toute la lumière sur l'assassinat du Rebelle". Pour la Fondation, si le député n'a pas d'autre but que "traiter de prétendues diffamations en traînant des journaux devant les tribunaux", il ne s'agirait que d'une "diversion" à laquelle elle n'entend pas participer. La Fondation réitère sa volonté d'aller "jusqu'au bout de sa revendication" de vérité sur l'assassinat de Matoub.

(Liberté 19.3) Un "émir" du GSPC dans la région de Tebessa, Mostefaoui, se serait rendu aux autorités d'El-Oued, annonce "Liberté".

(Liberté, Le Matin 22.3) 26 truands qui se faisaient passer pour des terroristes afin de racketter la population ont été traduits en justice à Constantine le 19 mars. Leur bande avait été démantelée en 2000, et la majorité d'entre eux résidaient dans la cité Benchergui de Constantine. Agés de 16 à 27 ans, ils sont accusés d'une vingtaine d'opérations de racket armé, mais également de viol et de vol Au moins dix mandats de dépôt (incarcération provisoire) ont été délivrés par le juge d'instruction. Sept accusés ont été mis en liberté prévisoire, cinq placés sous contrôle judiciaire, deux sont en fuite et deux autres étaient déjà détenus pour d'autres affaires.

(Le Matin 21.3) Huit gardes communaux ont du être hospitalisés en urgence à Boufarik après avoir été maltraités par des gendarmes de la brigade de haouch Chenouha, entre Blida et la Chiffa. Appartenant au détachement de haï Belouche de Boufarik, 44 gardes communaux avaient été interpellée le 23 mars par les gendarmes qui enquêtaient sur la disparition d'un fusil à pompe.

(Quotidien d'Oran, AP 28.3, El Watan 29.3) Abdelmadjid Djahoumane, dit "Rougi" (le rouquin), recherché par la justice américaine pour son implication présumée dans le réseau d'Ahmed Ressam, a été arrêté en Algérie, ont annoncé les services de sécurité algériens, qui n'ont cependant précisé ni le lieu, ni la date de cette arrestation ("Le Quotidien d'Oran" se demande si elle a eu lieu en mars 2001 ou en novembre 2000, et fait observer que l'annonce de l'arrestation suit d'une semaine la venue à Alger d'un des patrons du FBI). Djaoumane aurait été appréhendé à son retour d'Afghanistan où selon les services algériens, il a "subi une formation en armements et explosifs". Il est recherché par le FBI, la justice américaine l'accusant (avec trois autres personnes) de complicité avec Ressam dans la planification d'âctions terroristes aux USA, mais, l'Algérie n'extradant pas ses resortissants, et en l'absence d'une convention judiciaire algéro-américaine, il devra probablement être interrogé en Algérie par des juges ou des policiers américains. Deux autres Algériens ont été arrêtés en Amérique du nord avec Ressam : Abdelghani Meskini, arrêté à New-York le 30 décembre 1999, et Mokhtar Houari, arrêté en janvier 2000 au Canada, et extradé aux USA. Les polices américaines considèrent que Ressam est lié aux réseaux terroristes d'Oussama Ben Laden.

(Le Matin 2.4) La justice algérienne, par la voix du Procureur de Sidi M'hammed, a confirmé qu'Abdelmadjid Dahoumène, réclamé par les Etats Unis comme complice présumé d'Ahmed Ressam, accusé d'être l'un des maillons des réseaux d'Oussama Ben Laden, ne sera pas extradé, et que s'il devait être jugé, il le serait par des juridictions algériennes. Dahoumène a été arrêté dans la wilaya de Tizi Ouzou par les services de sécurité algériens, et inculpé d'"adhésion et de participation aux groupes terroristes et subversifs armés, activités et enrôlement à l'étranger dans un groupe terroriste, faux et usage de faux". Quant à Ressam, il est accusé par le FBI américain d'appartenir aux réseaux de Ben Laden, et par les autorités algériennes d'appartenir à la logistique des GIA à l'étranger.

(El Watan 2.4) Un groupe de soutien au GSPC aurait été démantelé dans la région d'Erraguène (wilaya de Jijel) par les services de sécurité, annonce "El Watan". 22 personnes, dont des femmes, auraient été arrêtées pour leur soutien logistique à un groupe armé du GSPC, dénoncé par un "repenti".

(Le Matin 2.4) Selon "Le Matin", les GIA de Zouabri auraient renforcé leur présence et leurs effectifs dans la région de Tipaza. Le groupe de Tipaza, dont on avait annoncé "de source sûre" l'élimination, serait toujours dirigé par l'"émir" Miloud Bechroune, dont on avait annoncé "de source sûre" la mort ou le passage au GSPC. Ce groupe agirait sous la direction de l'"émir" de la zone 1 des GIA, Abou Souraka, lui-même sous les ordres du "principal brasdroit de Zouabri", Bouchachiyya.

(Liberté 29.3, El Watan 4.4) Le wali (préfet) d'Alger a interdit la tenue d'une conférence organisée par le Comité national contre l'oubli et la trahison (CNOT) sur le thème de "la manipulation du terrorisme islamiste", conférence qui devait se tenir le 19 mars à l'hôtel Aurassi d'Alger, et qui a donc été interdite, au motif qu'elle était de nature... à inciter au "terrorisme islamiste". Le CNOT a dénoncé l'interdiction dont il était victime, "au moment où une véritable campagne visant à faire avancer l'odieuse question "qui tue qui ?" est menée pour innocenter l'islamisme de ses crimes politiques".

(El Ribat 1.4) Le bulletin islamiste de Rabah Kébir, "El Ribat", dénonce dans sa dernière livraison ce qu'il considère comme "l'exploitation commerciale" faite par la journaliste Faouzia Fekiri des documents vidéos qui lui ont été remis par l'AIS, et qui lui ont servi pour le reportage diffusé le 28 mars par France 3 sur des massacres de population civile, reportage à propos duquel "El Ribat" accuse également la journaliste d'avoir "constamment cherché à entretenir le flou et l'ambiguïté" sur ses auteurs réels. "El Ribat" signale que les documents filmés de l'AIS, diffusés dans le cadre du reportage, avaient également été remis aux deux autres grandes chaînes de télévision françaises (TF1 et France 2).

(Le Matin 5.4) Dans un entretien accordé au "Matin", l'Archevêque d'Alger, Henri Teissier, réaffirme disposer de preuves sur la responsabilités des groupes armés islamistes dans l'assassinat des moines de Tibhirine, en mai 1996. Henri Teissier déclare avoir entendu l'enregistrement des voix des moines, réalisé par leurs ravisseurs, enregistrement dans lequel les moines faisaient part de leurs craintes et assuraient qu'ils seraient exécutés si les conditions de leurs ravisseurs n'étaient pas satisfaites. Ces conditions, notifiées dans des tracts, étaient la libération de plusieurs chefs de groupes armés. L'enregistrement a été déposé par "un inconnu" à l'ambassade de France, et comporte des éléments qui permettent de certifier qu'il n'a pas été réalisé avant l'enlèvement des moines.

(Le Matin 5.4) Interrogé sur le silence des autorités algériennes sur les massacres, le Secrétaire national du FFS Samir Bouakouir a considéré que "ce silence est une complicité" :

« L'indifférence pour certains et la complaisance pour
   d'autres, voilà ce qui explique le silence des autorités
   ainsi que de la majorité d'une « classe politique »
   domestiquée, qui n'est agissante que pour défendre des
   intérêts et des privilèges. Quand on garantit l'impunité
   aux criminels de tous bords, comme le veut la «
   concorde civile », quand on interdit d'activité tous ceux
   qui revendiquent la justice et la vérité, principe de base
   de toute réconciliation véritable, on livre le peuple
   algérien à la violence et à la barbarie. Les menaces
   permanentes sur l'intégrité physique des Algériennes et
   des Algériens a amené le FFS, en l'absence de tout
   recours interne, à sensibiliser la communauté
   internationale pour qu'elle agisse en faveur du peuple
   algérien. L'envoi d'une enquête internationale qui ne
   visera nullement à disculper les islamistes aura
   certainement un effet dissuasif. Le « silence » dont
   vous parlez est en définitive synonyme de complicité
   avec de véritables crimes contre l'humanité ; et sous le
   prétexte fallacieux de la non-ingérence étrangère, les
   décideurs cherchent à perpétuer une guerre dont la
   finalité est, paradoxe des paradoxes, de dénier au
   peuple le droit de s'ingérer dans ses propres affaires,
   au moment où s'organise le bradage à grande échelle
   des ressources du pays. »

(CCFIS 7.4) Selon le Conseil de coordination du FIS (CCFIS, d'Ahmed Zaoui), plus d'une centaine de diplomates algériens en postes à l'étrangers auraient été convoqués à un séminaire "organisé par la DRS (ex-Sécurité militaire) les 27, 28 et 29 mars 2001 à Alger", en présence des généraux Belkheir, Touati et "Toufik" Médiène, afin de coordonner la riposte aux campagnes mettant en cause les responsabilités des forces de sécurité dans les massacres de civils.

(AFP 5.4, APS 7.4, Le Figaro 7.4) Cinq islamistes algériens et tunisiens ont été arrêtés le 4 avril en Italie, dans un "coup de filet" qui a néanmoins laissé échapper plusieurs suspects. Il s'agirait, selon les magistrats italiens, d'un groupe constitué préparant, notamment, un attentat à Strasbourg, et dont quatre des membres ont déjà été arrêtés, les 25 et 26 décembre 2000, à Francfort. Un Algérien a également été arrêté le 4 avrilà Francfort lors d'une série de perquisitions organisées à Francfort et Munich. Le ministre allemand de l'Intérieur, Otto Schilly, a estimé dans un entretien au "Spiegel" que le terrorisme islamiste représentait d'"énormes damgers" pour l'Allemagne, et que l'apparition du groupe Ben Laden en RFA constituait "le plus important défi de la lutte anti-terroriste". Le juge "antiterroriste" français Jean-Louis Bruguière a déclaré dans un entretien accordé au "Figaro" que les réseaux terroristes islamistes étaient désormais à la fois "internationaux et atomisés", avec des "liens opérationnels (qui) se nouent entre les groupuscules sur un mode aléatoire", ce qui les rend beaucoup plus "difficile à appréhender" qu'à l'époque où l'on avait affaire à "un terrorisme vertical et hiérarchisé".

(AP, Reuters 6.4, El Watan 8.4) Le Tribunal correctionnel de Paris a condamné le 6 avril sept responsables présumés d'un réseau de faux-papiers lié aux GIA algériens à des peines de prison ferme de cinq à huit ans (le procureur de la République avait requis des peines de six à dix ans). En tout, 21 personnes ont été condamnées, la plupart à des peines de prison avec sursis. Le principal accusé, Fateh Kamel (un Algéro-canadien de 40 ans) a été condamné à huit ans (le procureur en demandait dix). A l'encontre d'Ahmed Ressam, Algérien reconnu coupable aux USA de neuf chefs d'accusation liés à son implication dans un réseau terroriste islamiste, une peine de cinq ans a été prononcée à Paris -la peine prononcée aux USA ne sera connue que le 28 ans, et elle pourrait atteindre les 130 ans de prison, les peines étant cumulatives aux Etats-Unis.

(Le Matin 7.4) Les autorités militaires réarment depuis la fin mars les citoyens de plusieurs régions victimes d'attaques terroristes, notamment dans les régions de Chlef, Blida, Aïn Defla et Sidi Bel Abbès, annonce "Le Matin". Des armes ont ainsi été distribuées à Aïn Soltane, Oued Djemaâ, Beni Amrane, Tiberkanine, Belaâs, Zedine et El Hassania, dans la wilaya d'Aïn Defla, à Bouarfa, dans la wilaya de Blida, à Ouled Farès, Dahmania et Tagourit, dans la wilaya de Chlef. Ce sont les autorités militaires qui procèdent à ces opérations.

(Reuters 8.4) Le coordinateur de la coalition de six ONG* organisatrices d'une conférence internationale qui s'est ouverte le 8 avril à Amman sur l'enrôlement des enfants dans des armées, des milices et des groupes armés, a dénoncé l'enrôlement d'enfants dans des groupes islamistes armés algériens. Pour Rory Mungoven, les pays concernés "connaissent très bien les cicatrices que semblable participation laisse à long terme sur les enfants et les communautés". Les ONG dénoncent également l'enrôlement d'enfants dans les maquis kurdes en Irak, en Iran et en Turquie, et se posent des question (sans pouvoir y répondre avec certitude) sur l'enrôlement possible d'enfants dans l'Intifada par des mouvements palestiniens.

*Amnesty International, Human Rights Watch, Terre des Hommes, l'Alliance internationale "Save the Children", le service jésuite des réfugiés et les Quakers

(Quotidien d'Oran, El Watan 8.4) Un millier de personnes, anciens combattants de la guerre d'indépendance et "simples citoyens", ont procédé à la "destitution" du chef de milice (et ancien maire désigné de Relizane) Hadj Fergane de la direction départementale de l'Organisation nationale des moudjahidines (ONM), à Relizane, et à le fermeture du siège de l'ONM de Relizane, dont ils ont forcé les portes du secrétariat, occupé le secrétariat etz en ont saisi les clefs, puis ont verrouillé et soudé les portes et ont remis les clefs au wali (préfet) de Relizane. Il s'agissait pour eux, partisans de Hadj Smaïn, responsable régional de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (et moudjahid), mis sous contrôle judiciaire sur plainte d'El Hadj Fergane, de "reprendre en main" l'ONM départementale, après avoir élu un bureau opposé à Hadj Fergane -contre lequel les familles de disparus, qui l'accusent d'être, avec sa milice, responsable de la disparition des leur, manifestent en outre régulièrement devant le siège de l'ONM.

(Le Courrier, Genève, 7.4) Ali Yahia Abdennour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) estime, dans un entretien accordé au quotidien genevois "Le Courrier" que l'Algérie est confrontée à un double terrorisme, islamiste et d'Etat.

A la question posée de savoir quel est son point de vue sur la polémique sur l'identité des auteurs des massacres de civils en Algérie depuis 1992, Ali Yahia Abdennour rappelle que "le point culminant des centaines de massacres de civils, ce sont les carnages de 1997-1998 à Raïs, Bentalha, Beni Messous, près d'Alger, et à Relizane, dans l'ouest". A Raïs, précise-t-il, "dans un rayon de 5 km, il y avait 5000 militaires, gendarmes, policiers et miliciens. A quelques minutes, il y a deux aéroports militaires, ceux de Boufarik et de Cheraga. Pourtant, des centaines de personnes se sont fait tuer pendant six heures sans qu'il y ait la moindre intervention. Je considère qu'il y a eu non-asistance à population en danger. C'est là une évidence".

"L'autre question qui se pose est celle-ci : qui a commis ces massacres ? Le pouvoir affirme que ce sont les groupes armés islamistes. Les islamistes, eux, soutiennent que c'est le pouvoir. Pour moi, chaque partie du conflit fait pression sur la population pour le mettre de son côté. C'est pourquoi j'affirme que la responsabilité des massacres incombe à l'armée, aux services de sécurité, aux commandos de la mort et aux groupes armés islamistes. Les commandos de la mort (...) sont des civils rattachés à un appareil de l'armée, la Sécurité militaire"

Comment distinguer les exactions que vous attribuez aux services de sécurité de celles commises par les islamistes ? Demande le journaliste. Le président de la LADDH répond que "quand il y a doute -et il y a doute- il faut une commission d'enquête internationale. (A) Relizane, il est prouvé que ce sont le DEC (Maire désigné par les autorités gouvernementales après la dissolution des municipalités islamistes) et ses miliciens qui sont impliqués (dans des dizaines de disparitions). Relizane est une petite ville. Les gens reconnaissent ceux qui sont venus prendre leurs enfants. Nous savons aussi qu'il existe des charniers. Il y a des responsabilités même au niveau des régions militaires, dont celle d'un colonel de la sécurité militaire chargé de contrôler les milices. (...) lorsque nous avons déposé plainte contre le DEC de Relizane et celui du village de Jdiouia (à propos de dizaines de disparitions), ceux-ci nous ont répondu qu'ils étaient sous la responsabilité de la sécurité militaire (...).

"Le doute sur l'implication des services de sécurité est réel. Des rescapés du massacre de Raïs ont affirmé que les assaillants étaient habillés à l'afghane et qu'ils en ont reconnus quelques-uns qu'ils savaient islamistes du GIA. D'autres soutiennent que les tueurs étaient habillés en uniformes et qu'ils ont reconnu parmi eux des militaires... Pour moi, à Bentalha comme à Raïs, ce sont les services de sécurité et les islamistes qui ont tué. Quelle est la part d'horreur des uns et des autres ? Seule une commission internationale peut le dire"

"Prenons le massacre de Beni Messous. A 300 mètres du lieu de la tuerie, il y a une caserne de la garde rapprochée. La grande caserne de la sécurité militaire est, elle, à trois minutes. A dix minutes, il y a le groupement de gendarmerie et une base d'hélicoptères. Le massacre a duré toute la nuit mais les services de sécurité ne sont pas intervenus. Leur défaillance est évidence. (...) Sachant que les militaires peuvent s'habiller en Afghans et les éléments du GIA se déguiser en militaires bien rasés, seule une commission internationale peut établir la vérité. Une enquête algérienne n'a aucune chance d'aboutir parce que la justice en Algérie ne pourra jamais convoquer les généraux décideurs, les présidents de la République et les chefs du gouvernement qui se sont succédés aux affaires depuis 1992".

Au journaliste qui lui reproche d'insister "sur la responsabilité de l'Etat dans les massacres, mais probablement pas assez sur celle des groupes islamistes armés", Ali Yahia Abdennour répond que pour lui, "il y a deux terrorismes : le terrorisme des services de sécurité et des commandos de la mort et celui des groupes islamistes. Posez-vous la question : pourquoi à chaque fois qu'il y a un différend entre le président et l'armée il y a des carnages ? Cela s'est vérifié, en 1997-1998 quand il y avait divergence entre Liamine Zeroual et les militaires. Aujourd'hui encore, chaque fois qu'il y a un problème entre l'armée et M. Bouteflika, des groupes se mettent à assassiner pour faire pression sur le président"

"Il existe aujourd'hui deux organisations islamistes : le Groupe islamique armé (GIA) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Certains de leurs groupes sont infiltrés par des officiers qui, bien formés, en prennent rapidement la tête. Des rescapés ont certes affirmé qu'ils ont reconnu des islamistes parmi les assaillants, mais la question est : qui sont les commanditaires ?"

A la question du journaliste lui demandant si "les groupes islamistes ne commetraient pas de massacres s'ils n'étaient pas manipulés ?", Ali Yahia Abdennour répond par la négative et "que des groupes islamiques massacrent, c'est une évidence", en rappelant que "le GIA s'attaquait aux sympathisants de son rival l'AIS" Et de poursuivre : "Quant à l'implication des militaires dans les massacres, je l'expliquerais par la multiplicité de clans (au sein du pouvoir)".

"On me demande des preuves et je réponds : il faut une commission internationale", conclut le président de la LADDH.

(Liberté, El Watan 12.4) L'"émir" Farouk des GIA, de son vrai nom Merabet Djamelledine, a été condamné le 11 avril à 20 ans de prison ferme par le tribunal d'Oran, pour constitution de groupe terroriste, détention et usage d'explosifs, assassinats avec préméditation et vol à main armée, actes commis entre 1995 et 1998. "Farouk", qui niait tout en bloc, même son rôle d'"Emir", a été jugé coupable de l'assassinat d'un universitaire, Bakhti Benaouda, et d'un artiste, Rachid Baba Ahmed, ainsi que de trois policiers à Oran le 1er octobre 1997. Il totalise désormais des peines de réclusion criminelle atteignant 144 ans, plus la perpétuité... "Farouk" s'était rendu aux autorités en 1998 à Sidi Bel Abbès

(Liberté 12.4) Deux militaires, dont l'un "retraité", ont été condamné à mort le 10 avril à Tébessa pour assassinat avec préméditation, sur la personne d'un commerçant, au début 2000, à Tébessa.

(AFP 13.4, CCFIS 14.4, Algeria-Interface) Le tribunal criminel d'Alger a rendu le 12 avril son verdict contre l'assassin présumé d'Abdelkader Hachani, Fouad Boulemia, reconnu coupable et condamné à mort au terme de ce que les avocats de l'accusé dénoncent comme "une parodie de procès". Boulemia, qui avait reconnu devant la presse qu'il était l'assassin du dirigeant islamiste, s'était ensuite retracté : "c'était un scénario, c'est le général Toufik qui m'a sommé de faire cet aveu en me promettant que j'allais m'en sortir au maximum avec 15 ans de prison", a affirmé Boulemia. Les avocats de la défense et ceux de la famille d'Abdelkader Hachani ont constaté que les témoignages exprimés devant le tribunal ne concordaient pas avec ceux recueillis au cours de l'instruction. Abdelkader Hachani a été assassiné à Bab El Oued le 22 novembre 1999. Bouléma avait été arrêté trois semaines plus tard, "en possession de l'arme du crime et des pièces d'identité" d'Abdelkader Hachani, selon le ministère de l'Intérieur. Selon l'accusation il aurait été membre du GIA d'Antar Zouabri depuis 1995. Avant son assassinat, Abdelkader Hachani s'était prononcé contre la loi de "concorde civile" du président Bouteflika, loi qu'il jugeait timorée, et avait notamment exigé la libération des deux dirigeants du FIS Abassi Madani, en résidence surveillée, et Ali Benhadj, en détention. Il avait pris la direction du FIS à leur arrestation en juin 1991, avait conduit le FIS à la victoire lors du premier tour des élections législatives en décembre 1991, et avait été arrêté en janvier pour incitation de militaires à la désertion, après l'interruption du processus électoral. Il avait été condamné en juillet 1997 à cinq ans de prison, ce qui correspondait à sa détention préventive, et avait permis sa remise en liberté.

(Demain, 14.4) Le journal marocain "Demain" publie un entretien avec le "colonel Ali Baâli", porte-parole du Mouvement algérien des officiers libres (MAOL), entretien dans lequel "Ali Baâli" (qui se refuse à dire si ce nom est réellement le sien, et qui se présente comme "un colonel qui a quitté son pays (en 1998) sur ordre du commandement du MAOL pour assurer la promotion de notre organisation à l'étranger", définit le MAOL comme "une organisation secrète constituée de jeunes officiers et sous-officiers", au nombe de "plus de 80" à l'étranger, et plus nombreux en Algérie, commandés par "un général en service" assisté d'un "collège de 10 officiers" : "Nous sommes une opposition et, dans un moyen terme, une alternative si tout fonctionne comme prévu". "Ali Baâli" explique qu'il s'est installé en Espagne "pour des raisons stratégiques", parce que l'Espagne n'a "pas les mêmes relations avec l'Algérie que la France" et qu'il y a moins de risques à y communiquer et à s'y déplacer qu'en France.

"La guerre contre les généraux se gagne aussi dans les médias", déclare "Ali Baâli", qui assure que le MAOL défend la cause "de la démocratie, la liberté et le respect de la Constitution" et du "retour de l'armée à sa fonction de protectrice des frontières et de l'unité du pays". "Nous sommes de vrais démocrates", assure "Ali Baâli", qui nie que le MAOL ait des "sympathies islamistes" particulières, mais affirme qu'il est "contre la diabolisation et l'exclusion" des islamistes.

Selon "Ali Baâli", l'"Algérie est commandée par un cabinet noir formé par plusieurs hauts officiers en service et en retraite", dont Larbi Belkheir serait un "vléritable parrain", ainsi que de certains "civils fortunés" comme Saâd Rabrab. Ce serait le trio Lamari, qui "contrôle l'armée dans son ensemble", Smaïn, qui "contrôle l'allégeance de cette même armée" et Toufik, "émir national du GIA" ("Généraux intransigeants de l'armée"), qui commanderait en Algérie. Quant à Abdelaziz Bouteflika, il n'aurait aucune marge de manoeuvre.

Le MAOL demande que "les généraux criminels" soient traduits "devant les tribunaux pour crimes contre l'humanité", et pour avoir "ordonné la mise à mort de milliers d'Algériens pour la simple raison qu'ils étaient des militants politiques de tendance islamiste". "Ali Baâli" affirme l'existence d'"escadrons de la mort" en Algérie, comme "l'unité 192" (1 pour janvier et 92 pour l'année de l'arrêt des élections) chargée de "neutraliser les adversaires de la politique de l'éradication", et qui aurait ensuite "commencé à assassiner des intellectuels et des journalistes qui étaient favorables à cette même politique", comme Tahar Djaout. Le chef de cette unité serait le colonel Bachir Tartague.

Enfin, l'entretien avec "Ali Baâli" étant publié dans un journal marocain, celui-ci fait parler le porte-parole du MAOL des relations algéro-marocaines, et notamment de la question du Sahara Occidental; "Ali Baâli" exprime ici des positions "pro-marocaines", affirmant que l'ancien président Chadli était "fasciné" par Hassan II et favorable à un "désengagement de l'Algérie" dans le conflit saharien, que Mohammed Boudiaf était à l'égard du Maroc ""plus pragmatique" et "plus réaliste"que les militaires algériens ("le clan de la guerre" actuellement aux commandes, selon "Ali Baâli"), que l'attentat de l'hôtel Atlas à Marrakech, qui a "gelé" les relations algéro-marocaines, a été "monté par la DRS" (la Sécurité militaire) qui a "manipulé des jeunes beurs français", que le Front Polisario est essentiellement composé de "pseudos soldats égarés dans les camps de Tindouf", que le président sahraoui Mohammed Abdelaziz "est une marionnette sans envergure" qui "applique les ordres" algériens, que "la RASD (République arabe sahraouie démocratique, que "Ali Baâli" résume à "la wilaya de Tindouf") "n'existe pas" et que le conflit du Sahara ne devrait être considéré que comme "un problème intérieur marocain".

(El Watan 10.4, 11.4, CCFIS 21.4, Liberté, El Watan 22.4, Corr) Selon le général "Toufik" Médiène, interrogé par "El Watan", les GIA d'Antar Zouabri, concentrés dans les régions de Médéa, Blida, Tipaza, Chlef et Aïn Defla, ne compteraient plus que moins de 100 éléments, dont une trentaine pour la katibat "El Khadra". Les GIA encore en activité ne seraient plus que des "groupuscules composés de 5 à 7 éléments des plus aguerris". Quant à Antar Zouabri lui-même, le général déclare ne pas savoir s'il est mort ou vivant. Les chiffres évoqués par "Toufik" suscitent cependant l'ironie du CCFIS, qui met en parallèle l'affirmation selon laquelle le GIA ne compterait plus que quelques dizaines de membres et les déclarations du même général, selon qui une trentaine de "terroristes" auraient été tués lors d'une offensive de l'ANP à Chréa, et qui affirme par ailleurs que "la direction du GIA ne fait plus confiance aux nouvelles recrues et préfère les exécuter". Dans le "Figaro Magazine" du 21 avril, le général Khaled Nezzar a estimé quant à lui que le "terrorisme est moins fort qu'hier, mais plus agressif". Selon Khaled Nezzar, le nombre total de redditions depuis la promulgation de la loi sur la concorde civile de juillet 1999 atteindrait les 7000. Nezzar attribue d'ailleurs la paternité de la politique de concorde civile au général Smaïn Lamari, qui aurait ainsi poursuivi sur la ligne conçue à l'époque Zéroual par le général Betchine. En mars 2000, les autorités avaient estimé par la voix du ministre de la Justice à 5000 à 6000 le nombre des redditions. En tout état de cause, l'évaluation de nombre des redditions peut donner "en négatif" une idée des effectifs des groupes armés, effectifs qui seraient dans tous les cas de figure largement supérieurs à ceux annoncés par diverses sources officielles ou officieuses. "El Watan" considère ainsi que l'Algérie "avait affaire à une armée de terroristes de plusieurs dizaines de milliers d'éléments".

(Le Quotidien d'Oran 22.4) Quatre hommes qui se faisaient passer pour des islamistes armés afin de rançonner la population ont été arrêtés le 17 avril à Ouled Boughadou, près de Dahmouni, dans la région de Tiaret, après avoir agressé un berger et volé son troupeau.

(AFP 27.4) Au terme de près de six ans d'enquêtes, deux militants islamistes algériens, Boualem Bensaïd et Rachid Ramda ont été renvoyée le 27 avril devant les Assistes pour un attentat qui avait fait 8 morts et 150 blessés à Paris en 1995, métro Saint-Michel. Boualem Bensaïd, emprisonné en France, est présenté comme le "coordonnateur" de la vague d'attentats de 1995 en France, et Rachid Ramda, emprisonné en Grande-Bretagne, comme son "financier". Les attentats de 1995, revendiqués au nom du GIA de Djamel Zitouni, avaient fait 10 morts et 200 blessés.

(www.algeria-interface.com 27.4) L'ancien chef de la milice anti-islamiste de Relizane ("patriotes"), et ancien maire de la ville, Mohamed Fergane, est accusé par le fil d'un membre de la milice d'avoir assassiné son père, et d'avoir torturé des citoyens innocents, puis de les avoir tués, avant de distribuer leur afgent à ses miliciens. "Mon père, un ancien combattant de la guerre de libération qui avait rejoint les groupes de légitime défense pour défendre le pays contre le terrorisme, a refusé de cautionner ces pratiques" et s'est retiré de la milice, jusqu'au jour où il a été enlevé par Mohamed Fergane, et assassiné, écrit Chahloul El Houari dans une lettre à la section de Relizane de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Pour Mohammed Smaïn, de la LADDH, ce témoignage conforte ses propres conclusions sur les pratiques de l'ancien chef de la milice locale, déjà mis en cause dans des dizaines d'enlèvements, vraisemblablement conclus par des exécutions sommaires. Fergane avait même été brièvement arrêté et détenu pendant six jours en mars 1998, avec un autre chef de milice (Mohamed Abed, chef des GLD de Jdlouia) et plusieurs miliciens, mais avait été libéré sur pression du RND (principal parti gouvernemental) dont Fergane et Abed étaient les élus locaux. Selon Mohammed Smaïn (qui lui, par contre, a été poursuivi par la justice, et fait l'objet de douze plaintes du chef de milice, plaintes traitées avec plus de diligence que celles déposées contre Fergane), Fergane disposerait encore de solides complicités, qui lui permettraient notamment d'ouvrir les fosses communes où auraient été entassés les corps de ses victimes et d'en exhumer les ossements pour les faire disparaître).

(Reuters 30.4, Le Soir 1.5, Corr) Selon "Le Soir", Hassan Hattab aurait organisé en Kabylie, alors que la région était secouée par les émeutes, un "congrès national" du Groupe salafiste de la prédication et le combat" (GSPC) en réunissant tous les "émirs" des groupes armés du GSPC dans la forêt de Sidi Ali Bounab. Selon le quotidien, Hattab aurait donné des consignes pour "encourager l'insurrection, essayer de l'attiser et de la maintenir et, enfin, infiltrer les différentes marches de protestation".

(CSSI) En réalité, à l'exception d'un seul incident à Boghni, où selon certains témoignages deux islamistes armés auraient été vus dans une manifestation en train de tirer sur des policiers, aucune tentative des groupes armés actifs en Kabylie de profiter des manifestation n'a été confirmée. Par contre, de nombreuses sources officielles (à commencer par le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni) et officieuses (comme le RCD) ont évoqué l'hypothèse de l'"infiltration" des manifestations par les groupes armés, mais sans jamais donner d'exemples crédibles d'une telle infiltration. En outre, le bilan même des affrontements en Kabylie semble démentir assez clairement toute participation de "terroristes" à ces manifestations : pour plusieurs dizaines de morts parmi les manifestatants, on n'a dénombré "que" un à trois policiers et gendarmes tués, dont au moins deux accidentellement.

(Liberté 3.5) Le procès des assassins présumés de Matoub Lounès a été reporté à une session ultérieure du tribunal criminel de Tizi Ouzou. Toutes les affaires dont le jugement était prévu entre le 29 avril et le 5 mai ont été reportées en bloc à une session ultérieure, sur décision du président de la Cour.

(Le Quotidien d'Oran 13.5) Le 17 mai, le tribunal criminel de la Cour d'Alger devrait traiter de la tentative de mutinerie dans la prison d'El Harrach, fin 1996, affaire déjà jugée en 1998, et à propos de laquelle une vingtaine de personnes sont poursuivies. Selon l'accusation. les prévenus auraient élaboré un plan de mutinerie, auraient tenté d'y associer le maximum de détenus, et auraient envisagé la "liquidation" de ceux, dont des détenus islamistes, qui auraient refusé de marché avec eux. Selon "Le Quotidien d'Oran", l'affaire de la mutinerie d'El-Harrach pourrait s'inscrire sur l'arrière-fond d'affrontements entre les différents groupes islamistes armés.

(TG 19.5) Le porte-parole du Conseil de coordination du FIS. Mourad Dhina, tout en assurant que le CCFIS "n'a aucun lien organique avec le GSPC de Hassan Hattab", déclare à la "Tribune de Genève" que le CCFIS soutient "moralement toute action armée qui vise le régime armé algérien, dans la mesure où elle ne s'attaque pas aux civils". Quant au GSPC, il est devenu pour le porte-parole du CCFIS "un acteur essentiel de la scène politique algérienne : on l'a bien vu lors des émeutes en Kabylie, où le nom de Hattab était fréquemment évoqué". Par contre, pour Mourad Dhina, le GIA n'est rien d'autre qu'une "branche de l'armée algérienne"...

(Le Quotidien d'Oran 23.5) Un islamiste armé a été condamné à mort le 22 mai par le tribunal criminel d'Annaba, après avoir été reconnu coupable de l'assassinat de trois anciens combattants, d'un policier et d'appartenance à un "groupe terroriste", chefs d'accusation que l'accusé a nié en bloc. A Tiaret, quatre membres présumés d'un groupe armé dirigé par l'"émir" Hadj Othmane, abattu le 27 décembre 2000, ont été condamnés à la perpétuité.

(Le Matin 26.5) Il y a huit ans, le 26 mai 1993, l'écrivain et journaliste "Tahar Djaout", directeur de la rédaction de l'hebdomadaire "Ruptures", était assassiné à Baïnem de deux balles dans la tête par un mystérieux commando armé. Huit ans plus tard, rappelle dans "Le Matin" Arezki Aït Larbi, "le crime n'est pas élucidé et les assassins courent toujours". Pourtant, le 1er juin 1993, au journal de 20 heures de la télévision algérienne, un jeune homme de 28 ans, Belabassi Abdallah, se livre à des aveux publics et affirme que l'ordre d'abattre Djaout venait de l'"émir" Layada du GIA, et qu'une fatwa avait été lancée contre Djaout, car ce "communiste avait une plume redoutable". Balabassi donne les noms de ses présumés complices, qui auraient tous été abattus lors d'accrochages avec les forces de l'ordre (il serait donc l'unique survivant du commando). Saïd Mekbel, éditorialiste du "Matin" (qui sera lui-même assassiné le 3 décembre 1994) est sceptique : c'est "un gros gag" qui a "même fait rire certains de désespoir". Un "Comité Vérité Tahar Djaout" est créé pour, précisément, que la vérité soit faite sur l'assassinat de l'écrivain. L'un des membres du comité, le psychiatre Mahfoud Boucebsi, est assassiné le 8 juin 1993, au lendemain de l'annonce de la création du comité. Un an après, Saïd Mekbel, coordinateur du comité, est lui-même assassiné. L'affaire Djaout est arrivée devant la Cour spéciale d'Alger en juillet 1994. Deux accusés : Abdallah Belabassi et l'"émir" Layada, arrêté entre-temps. Belabassi revient sur ses aveux et affirme avoir parlé sous la torture. Selon ses avocats, au moment du crime il s'entraînait avec son club de handball. Layada affirme lui n'avoir entendu parler de Djaout "qu'après sa mort". Au moment de l'assassinat, l'"émir" Layada était au Maroc. Expédié en quelques heures, le procès se termine par un verdict surprenant : Layada est acquitté (il était pourtant supposé être le commanditaire de l'attentat) et Belabassi n'est condamné "qu'à" dix ans de prison, pour complicité dans d'autres attentats. Entre-temps, Djaout a donné son nom à la "Maison de la Presse" d'Alger, siège de plusieurs rédactions de quotidiens indépendants, est a été officiellement statufié comme une victime du terrorisme islamiste (alors qu'anti-islamiste, il était aussi un farouche adversaire du pouvoir). Mais on ne sait toujours ni qui l'a tué, ni pourquoi, ni sur l'ordre de qui.


(www.algeria-interface.com 29.5 / Indymedia 31.5) Malika Matoub affirme, dans un entretien pour "Algeria-Interface", que "dernièrement, on m'a envoyé quelqu'un, Riadh Allal, qui se dit représentant du RND à Paris et proche d'Ouyahia" pour lui demander de cesser "l'internationalisation de l'affaire Matoub et des évènements de Kabylie", en échange de quoi ce personnage aurait promis à la soeur de Lounès Matoub de lui "donner les assassins de (son) frère", en lui avouant même "qu'il y a des patriotes (miliciens anti-islamistes locaux) qui sont mêlés à l'assassinat". Le même personnage aurait affirmé à Malika Matoub que le chef de milice et député RCD Nordine Aït-Hammouda n'aurait gagné le procès en diffamation qu'il avait intenté contre elle (après qu'elle l'ait accusé d'être impliqué dans la mort de son frère) que pour que le RCD reste dans la coalition, mais qu'aujourd'hui que le RCD s'en est retiré, le procès en appel serait gagné par Malika Matoub. Dans un entretien diffusé par Indymedia, Malika Matoub déclare qu'"une chose est sûre" à propos de l'assassinat de son frère, c'est que "ce n'est pas un petit groupe d'illuminés qui a fait ça" mais que c'était "commandité à un haut niveau" et qu'il s'agit "d'un crime politique ? Et même si le pouvoir en place n'y était pas mêlé directement, il aurait en tout cas laissé faire cela en toute connaissance de cause".

(AP 31.5) Un réseau de soutien logistiques aux groupes armés a été démantelé à Sétif. Selon "Ekl Watan", il serait composé de sept personnes, dont des commerçants, placées sous mandat de dépôt le 28 mai.

(El Watan 10.6) Un groupe de soutien logistique et financier aux islamistes armés a été démantelé à Saïda, annonce "El watan". Neuf personnes ont été mises en détention provisoire à Hassi El Abd et deux autres sous contrôle judiciaire.

(Quotidien d'Oran 14.6) Au moins sept personnes, composant un groupe de soutien logistique aux GIA, ont été arrêtées le 13 juin à Béchar, annonce "Le Quotidien d'Oran".

(Liberté 18.6) 14 femmes de membres de groupes armés, dont certaines se trouvaient dans le maquis depuis plusieurs années, se sont rendues à la police de Bir El-Ater (w. Tébessa), accompagnées de seize enfants et, selon "Liberté", avec l'accord de leurs maris, restés au maquis.

(AP 23.6, Quotidien d'Oran 25.6) Un Algérien soupçonné d'appartenir à un commando lié à Oussama ben Laden, Mohammed Bensakria, alias Meliani ou Mohamed Ben Aïssa, va être incarcéré en Espagne dans l'attente d'une possible extradition vers la France, a rapporté le 23 juin l'agence de presse espagnole Efe. Bensakria a été arrêté sur mandat d'arrêt international lancé par le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière. il est également recherché par Interpol et par les autorités américaines. Il a été arrêté le 22 juin en compagnie d'un autre homme qui n'a pas été identifié. Bensakria a été qualifié par le ministre espagnol de l'Intérieur de ''personne très dangereuse et probablement le cerveau d'une organisation qui comptait opérer en Europe''. Il est soupçonné d'être le chef du commando terroriste Meliani, formé exclusivement d'Algériens, qui ferait partie d'un réseau terroriste international entraîné par les hommes d'Oussama ben Laden en Afghanistan. Le « Réseau Meliani » serait en liens avec d'autres réseaux du même type, comme le réseau Varèse en Italie, composé d’islamistes tunisiens et algériens formés aussi en Afghanistan sous la conduite de Ben Laden, le réseau de Londres, composé entre autres d'Algériens et de Jordaniens, neutralisé par Scotland Yard. Un commando avait également été démantelé en Allemagne en décembre 2000. Quatre personnes avaient été arrêtées à l'époque. Le ministre a dépeint Bensakria comme ''l'une des personnes les plus recherchées par les services de sécurité occidentaux ces derniers mois''. Le chef de la police, Juan Cotino, a cependant indiqué que rien ne prouvait que le présumé terroriste s'apprêtait à perpétrer des actions terroristes en Espagne. Les enquêteurs vérifient en revanche un possible projet d'attentat au siège du Parlement européen à Strasbourg.

(Nouvel Obs 14.6) Dans un long entretien accordé au "Le Nouvel Observateur", un ancien membre de la Sécurité Militaire algérienne, Hichem Aboud, revient notamment sur l'assassinat en avril 1987 à Paris d'Ali Mecili, qui avait réussi à réconcilier Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella, ce que le pouvoir algérien percevait comme une menace politique importante. L'assassin présumé d'Ali Mecili, Abdelmalek Amellou, un proxénète algérien, avait été rapidement arrêté, et non moins rapidement soustrait à la justice et expulsé vers l'Algérie sur ordre du ministre de la Sécurité, Robert Pandraud. "Les ordres (pour assassiner Mecili) sont venue de la présidence de la République" (occupée alors par Chadli Bendjedid) et sur "instructions" du général Larbi Belkheir (actuel directeur de cabonet du président Bouteflika). L'assassin aurait reçu pour prix de ses services une maison à Alger et l'équivalewnt de 800'000 FF (200'000 FS).

(CCFIS 5.7, www.algeria-interface.com 5.7, Corr, CSSI) Le quotidien "Le Soir" a annoncé le 1er juillet que le général Belkheir, accusé par un ancien officier de la Sécurité Militaire, Hichem Aboud, dans les colonnes du "Nouvel Observateur", d'avoir ordonné l'assassinat en 1987 à Paris d'Ali Mecili, aurait décidé de "saisir la justice française pour diffamation". La question est de savoir si cette annonce par "Le Soir" d'une plainte du général Belkheir sera suivie d'effet -car si plainte il y a, procès il pourrait y avoir, et donc confrontation de Belkheir (ou de ses défenseurs) avec les proches d'Ali Mecili. Qu'Ali Mecili (qui avait lui-même fait partie des services secrets algériens, le MALG, avant l'indépendance) ait été assassiné sur ordre des "services" algériens pour le punir d'avoir réussi à réconcilier Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella, et d'avoir ainsi contribué à renforcer l'opposition au régime d'Alger, mais aussi d'avoir dénoncé le fait que la Sécurité Militaire soit devenue "un Etat dans l'Etat", n'est plus un secret pour personne; que l'assassin de Mecili (un truand algérois, Abdelmalek Amellou), arrêté à Paris, ait été "exfiltré" en Algérie sur ordre des ministres français Pasqua et Pandraud, n'est guère plus contestable. Que le général Belkheir prenne le risque d'un déballage devant un tribunal français (et donc sur la place publique) avec celles et ceux qui peuvent prouver la responsabilité du régime algérien (et, le cas échéant, de Belkheir lui-même) et des services français dans l'assassinat de Mecili, paraît donc peu probable, et relever essentiellement d'un "bidonnage" destiné à l'opinion publique algérienne, sinon aux collègues généraux de Belkheir. La veuce d'Ali Mecili, Annie Mecili, rappelle d'ailleurs à Algeria-Interface que les déclarations de Hichem Aboud ne représentent nullement des révélations : "tout a été dit dans deux livres qui retracent l'assassinat", dont celui de Hocine Aït Ahmed, "L'Affaire Mecili"). L'"Affaire Mecili" n'a d'alleurs jamais été classée par la justice française. Annie Mecili précise que son mari, "ayant fait partie des services, (en) avait une connaissance fine", et qu'il n'y était resté après l'indépendance, alors qu'"il était révolté par ce qui se passait", que pour servir "son idéal et le mouvement initié par Aït Ahmed" (le FFS), ce qui lui a finalement coûté la vie. Le duo Mecili-Aït Ahmed "fonctionnait de façon très efficace, donc dangereuse pour le pouvoir". En 1986, Mecili avait dénoncé publiquement la torture, les violations des droits de l'Homme, le soutien aveugle qu'une partie de la gauche française apportait au régime algérien, au nom de la légitimité révolutionnaire et indépendantiste que ce régime avait captée.

(Corr) Selon le quotidien londonien "El Qods El Arabi", la famille d'Ali Mecili, assassiné par les "services" algériens à Paris le 7 avril 1987, a décidé de porter plainte contre le général Larbi Belkheir, actuel chef de cabinet du président Bouteflika et à l'époque chef de cabonet du président Chadli, et qui, selon le témoignage de Hichem Aboud, ancien officier de la Sécurité Militaire algérienne, aurait été le maître d'oeuvre de l'assassinat de Mecili (qu'il fallait "neutraliser" car il avait réussi à rapprocher Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, qu'on ne pouvait toucher directement). D'autres responsables, civils et militaires, et éventuellement français, de l'assassinat d'Ali Mecili (et de la fuite organisée de son assassin) pourraient également être visés par des plaintes. L'assassin de Mecili a ensuite été "exfiltré" vers l'Algérie grâce à la complicité des autorités françaises de l'époque, notamment de Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur. Directement accusé, le général Belkheir avait annoncé son intention de porter plainte contre Hichem Aboud devant la justice française, mais il y a de fortes chances pour que cette annonce ne soit guère suivie d'effets, car la défense de Hichem Aboud exigerait alors la comparution du général algérien devant un tribunal parisien, avec tout le tapage médiatique que cela susciterait, et même les risques pour Belkheir de se voir, comme avant lui le général Nezzar, poursuivi par des victimes de la répression en Algérie.

(www.algeria-interface.com) La veuve d'Ali Mecili, Annie Mecili, a démenti auprès d'"Algeria Interface" l'information donnée par le journal "Al Qods Al Arabi" selon laquelle la famille de l'avocat, assassiné par un tueur dépêché à Paris par la Sécurité Militaire, aurait engagé des poursuites contre le général Larbi Belkheir (ou toute autre personnalité algérienne), tenu pour le commanditaire de l'assassinat. L'affaire n'est cependant toujours pas classée par la justice française, alors que l'assassin de Mecili, arrêté peu après le crime par la police française, avait été "exfiltré" vers l'Algérie par les services spéciaux français.

(Le Matin 1.7) La katibat "El Ahoual", anciennement liée aux GIA mais se considérant désormais comme une organisation armée autonome sous le nom de "Houmat Ed Daâwa es Salafiyya" (HDS - protecteurs de la prédication salafiste) s'est retranchée dans les contreforts de l'Ouarsenis à la jonction des wilayas de Relizane, Tissemsilt et Chlef, et tente, semble-t-il avec succès, de s'étendre jusqu'à Tipasa, note "Le Matin". Structurée jusqu'à fin 2000 sous forme de groupes d'une quarantaine de membres, parfois organisés en sous-groupes plus ou moins spécialisés et dépendant directement de l'instance dirigeante de l'« émir » Salim Abou Djaâfar El Afghani, HDS aurait donc traversé avec succès l'opération « Seif El Hadjadj » lancée contre elle par l'armée au début 2000 dans la région de Remka. Elle y aurait perdu le tiers de ses hommes mais aurait réussi à se restructurer et serait devenue l'organisation armée dominante, voire dans certaines régions unique, dans une bonne partie du nord du pays, de Tipasa à Tlemcen. Elle serait structurée en trois ou quatre "katibate" de cent à deux cent membres, organisées sur un modèle comparable à celui du GIA de 1994/95 (quant le GIA avait encore une direction centrale). Chaque "katibat" couvre une zone précise : ainsi, la katibat "El Feth", dirigée par un certain Abdelhak, pour la région qui va de Djebel Bouars à Qoraba (Tipaza) en passant par le Zaccar (Aïn Defla). Cette katibat serait elle-même divisée en deux groupes, l'un dans la région de Gouraya (Tipaza), l'autre dans la zone nord-ouest de Aïn Defla. "El Feth" serait forte d'une centaine d'hommes); la katibat "El Imène" serait elle basée dans l'Ouarsenis, à la charnière des wilayas de Relizane, Chlef et Tissemsilt.

(El Watan, Le Matin 8.7) Un millier d'hommes armés demeurent actifs dans les groupes islamistes, selon "El Watan". Les GIA d'Antar Zouabri et le GSPC de Hassan Hattab contrôlent toujours des zones qu'ils connaissent parfaitement et d'où les forces de sécurité n'arrivent pas à les déloger. Mais selon le quotidien, "ces organisations éclatées en plusieurs groupuscules n'ont, à court ou moyen terme, aucune perspective"; elles sont limitées dans leur recrutement, par crainte de l'infiltration, et ne disposeraient plus de couverture politique ("Le Matin" rappelle cependant que le GSPC semble politiquement soutenu par le Conseil de coordination du FIS, et plusieurs journaux font état de tentatives du GSPC en Kabylie de proposer aux manifestants de leur "prêter main forte" contre les gendarmes, tentatives repoussées par leurs destinataires).

(AP 11.7) Un réseau "terroriste" islamiste originaire d'Afrique du nord menace les intérêts américains, selon un "expert américain en matière de sécurité" évoqué (mais non nommé) par l'Associated Press. Certains membres du réseau se seraient entraînés en Afghanistan avec l'organisation d'Oussama Ben Laden, mais la plupart des membres du réseau seraient des islamistes algériens, plus ou moins liés au GSPC de Hassan Hattab.

(AFP 12.7 / AFP 13.7 / AP 15.7) Un Algérien résidant à Londres, Haydar Abou Doha, a été inculpé par le Parquet de New York sur le soupçon d'être l'un des responsable d'un réseau "terroriste" qui avait projeté des attentats à la bombe aux USA à l'occasion des fêtes du passage à l'an 2000. Selon l'accusation, le réseau aurait projeté un attentat à l'aéroport international de Los Angeles. Haydar Abou Doha est détenu à Londres et devrait être extradé aux USA. Le 13 juillet, un autre Algérien, Mokhtar Haouari, a été reconnu coupable par un tribunal de New York de complicité dans un projet d'attentat, aux côtés d'Ahmed Ressam, condamné le 6 avril de "complot terroriste" après la découverte dans sa voiture de nitroglycérine et de détonateurs. En France, un Algérien de 34 ans, Mohammed Bensakhria, arrêté en Espagne et extradé en France, lié selon l'accusation aux réseaux d'Oussama Ben Laden a été incarcéré le 12 juillet à Paris, toujours sur le soupçon d'avoir préparé des attentats (à Strasbourg, en l'occurrence). Bensakhria est inculpé d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste en vue de préparer des actes de terrorisme"Selon les autorités espagnole, il serait le représentant de Ben Laden en Europe, et selon des sources policières française, le chargé de la logistique de l'organisation de Ben Laden (la "Qaeda") pour l'Europe.

(Le Matin 19.7) "Le Matin" signale la restructuration et le redéploiement des groupes armés dans le nord-ouest du pays (de la Mitidja au Maroc), après un accord entre les GIA et l'ancienne "phalange El Ahoual", devenue autonome (HDS). Faute d'unification, les GIA étaient quasiment "en voie de disparition" et se sont résolus à coopérer avec El Ahoual dès 1997, après avoir cependant tenté de l'éliminer du terrain. Cette coopération a pris la forme d'une répartition des zones d'action. D'anciens fiefs des GIA ont été investis par les HDS, contre paiement d'un "tribut", assure le quotidien. Dans leurs propres fiefs, les GIA ne se proéccupent plus que de tuer, pendant que les HDS se sont restructurés en plusieurs katibates. Parallèlement, les fiefs des GIA sont en train d'être grignotés par le GSPC dans l'est de la wilaya de Blida.

(Quotidien d'Oran 1.8) Dans une lettre manuscrite de trois pages, lettre ouverte destinée aux media arabes, l'ancien "émir national" de l'AIS, Madani Mezrag, accuse les GIA d'être responsables des massacres collectifs : "les groupes islamiques armés (GIA) ont commandité et exécuté les massacres collectifs durant (la période allant de 1995 à 1997), et je cite principalement ceux de Er-Raïs, Bentelha, Ramka et Aïn Defla", affirme Madani Mezrag -qui en profite pour accuser la tendance adverse du FIS (Abderrezak Redjam, Mohamed Saïd, Anouar Haddam, Cherif Gousmi) d'avoir été de connivence avec le "groupe déviationniste du GIA" et d'avoir "fait preuve de lâcheté, en engageant le front vers l'impasse dans un moment où ils ont cru qu'aucune voix ne pouvait porter plus haut que celle du GIA". Cette polémique est à inscrire dans le cadre de la divergence entre les deux tendance du FIS sur la tenue d'un congrès du Front.

(Liberté 9.8) Quatre malfaiteurs qui se faisaient passer pour des islamistes armés ont été arrêtée par la police à Chlef, début août, alors qu'ils venaient de cambrioler une habitation.

(El Watan 13.8) Quatre épouses et filles d'islamistes armés au maquis se sont rendues aux autorités à Aïn Chebrou, le 9 août et le 12 août. En jui dernier, 16 femmes et 21 enfants étaient déjà redescendus du maquis GSPC d'Oum El Kmekem pour se rendre aux autorités.

(Le Monde 24.8) La veuve de Lounès Matoub, Nadia, est revenue sur les propos qu'elle avait tenus au lendemain de l'assassinat du chanteur, et par lesquels elle attribuait cet assassinat aux GIA, et affirme désormais que c'est l'entourage politique (RCD) de Lounès qui lui a soufflé cette accusation, recueillie sur son lit d'hôpital et ajoutée à son insu sur les procès-verbaux policiers. Les parties civiles au procès de l'assassinat, la soeur et la mère de Lounès, Malika et Alidjia, voient dans les nouvelles déclarations de Nadia des éléments nouveaux de nature à exiger un supplément d'information, qu'elles ont demandé le 18 août. L'avocat des deux assassins présumés, Melik Madjnoun et Mahjeddine Chenoui, qui proclament leur innocence, à dénoncé le "simulacre et la parodie" de procès qui dure depuis trois ans. Nadia Matoub se dit quant à elle persuadée "qu'un jour on connaîtra la vérité sur les circonstances de l'assassinat" de Lounès, mais "pas avant le départ de ce régime". Nadia Matoub ajoute n'avoir "aucune confiance en la justice algérienne", se sentir "toujours menacée" et avoir toujours peur de "ceux qui ont assassiné" son époux.

(Libération 27.8) Emprisonné depuis cinq mois à Bangkok, en attente de l'examen de sa requête d'asile à Genève (par le HCR, qui hésite à lui accorder ce statut du fait de sa possible implication dans des crimes contre l'humanité, mais considère qu'il n'est pas possible de le refouler dans son pays, où il serait physiquement menacé de torture ou d'exécution), Abdelkader Tigha, ancien cadre du DRS (ex-Sécurité Militaire) raconte à "Libération" son travail au sein du bureau du DRS dans la région de Blida, dans les "années noires" 1993-1997. Il affirme qu'il était chargé "d'identifier, de localiser et d'évaluer le degré d'implication" des sympathisants islamistes dans les GIA, après quoi il transmettait les dossiers à la police militaire judiciaire, chargée des "exploitations" (interrogatoires sous la torture) et des exécutions. Tigha accuse nommément le général Smaïn Lamari d'avoir donné "l'ordre d'éliminer toutes les personnes interpellées" en été 1993 : "les exécutions visaient à diminuer le recrutement des GIA et à faire peur à la population civile". Tigha assure cependant n'avoir jamais été peresonnellement directement impliqué dans des exécutions ou des tortures. Selon lui, son travail consistait notamment à superviser l'infiltrattion des GIA par des agents "retournés" par les services spéciaux : "un sympathisant islamiste est arrêté pour avoir ravitaillé un groupe armé. Il est frappé torturé, puis libéré. Aux yeux de ses compagnons, il porte les marques de la torture. Mais, en fait, il commence à travailler avec le DRS". Dix agents ainsi "retournés" ont été assassinés dans la région de Blida entre 1993 et 1997 (sur une soixantaine d'agents). Le DRS réussira par exemple à neutraliser le groupe armé de Hocine Flicha à Alger -l'agent infiltré approvisionnait le groupe en munitions. Tigha accuse en outre ses supérieurs d'avoir créé une "pseudo-organisation imaginaire", l'OJAL (Organisation des jeunes algériens libbres), dont le sigle était retrouvé sur les cadavres de prisonniers exécutés, jetés la nuit sur les routes ou devant leur domicile, et exécutés en fait par la police judiciaire militaire et les groupes d'intervention spéciale. Tigha se dit prêt à témoigner devant un tribunal pénal international.

(AP 29.8 / Quotidien d'Oran 30.8) Un Algérien vivant à Londres a été inculpé le 29 août à New York sous l'accusation d'avoir tenté d'organiser un attentat à la bombe à Los Angeles lors des célébrations du passage à l'an 2000, et d'avoir eu l'intention d'utiliser une "arme à destruction massive" (dont la nature n'a pas été précisée). Haydar Abou Doha est détenu à titre provisoire à Londres, dans l'attente de son extradition aux USA, où il est considéré comme l'un des responsables de la coopération entre l'organisation d'Oussama Ben Laden, "Al Qaeda", et les islamistes armés algériens.

(Liberté 16.9) Selon "Liberté", le chef de la milice locale de Lakdaria ("patriotes"), Boualem Zidane, fils du fondateur de la milice, El-Mekhfi, a été limogé de ce poste par les autorités qui auraient placé les milices de la région sous l'autorité directe de l'armée.

(La Tribune, Le Jeune Indépendant, Liberté 17.9) Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a affirmé le 15 septembre au cours d'une conférence de presse à Naâma, que "des terroristes repentis ont rejoint de nouveau les groupes armés", sans donner cependant d'indications précises ni d'évaluations quantitatives de ce mouvement de "retour au maquis", et tout en affirmant qu'il existe "une catégorie de repentis qui n'ont pas les mains tachées de sang", et qu'il "incombe à l'Etat de (les) prendre en charge". "Le Jeune Indépendant" fait notamment état de retours de "repentis" dans les maquis d'Amal (w. Boumerdès).

Pour sa part, "Liberté" constate que les groupes armés qui se livraient bataille à l'ouest (la katibat "Thabat" des GIA et la katibat "El Ahouel"), la première refoulant la seconde vers l'Ouarsenis, se seraient redéployées, "Thabat" réinvestissant la région d'Oran, "El Ahouel" recevant le renfort d'un groupe d'"El Forkane". Par ailleurs, un groupe issu d'"En Nasr", et rebaptisé "Djamaâ salafia lil Djihad" en prenant son autonomie (ou en s'affiliant au GSPC ?) serait en train de s'implanter dans la région de Saïda.

(AP 17.9 / Reuters 19.9) Renonçant à évoquer un terrorisme "résiduel", les autorités algériennes ont annoncé des "mesures spectaculaires" contre le "terrorisme" après la recrudescence des attentats, des embuscades et des massacres de civils, et dans la foulée de l'émotion provoquée par les attentats du 11 septembre aux USA. C'est du moins ce qu'a déclaré au "Matin" un responsable (anonyme) des forces de sécurité. Un renforcement du dispositif de sécurité à l'aéroport d'Alger et autour des ambassades occidentales a été décidé après le 11 septembre, et les points de contrôle de l'armée et de la gendarmerie (celle-ci cependant n'étant pas déployée en Kabylie) a été observé.

(La Tribune, AP, Le Soir, Le Quotidien d'Oran, Liberté 23.9) 18 ou 19 membres d'un "vrai faux" groupe armé composé, notamment, de membres des milices locales (GLD) et de gardes communaux se faisant passer pour des islamistes armés du GSPC pour racketter les habitants lors de "faux barrages" dans la région de Boghni, ont été arrêtés le 22 septembre aux Ouadhias (Kabylie) par la police judiciaire appuyée par l'armée. Il se pourrait également que ce "vrai faux" groupe armé soit l'auteur de tracts attribués au GSPC et sommant les commerçants de Boghni de s'acquitter d'une "dîme" de 80'000 à 120'000 dinars par an.

(Le Matin 24.9) Environ 25 jeunes hommes ont rejoint "dernièrement" les maquis islamistes actifs dans le triangle Batna-Aïn Touta-Theniet el Abed Bouarif, et notamment le groupe de l'"émir" Hichem, annonce "Le Matin".

(AP 30.9) Selon "Liberté", les forces de sécurité auraient démantelé un réseau de soutien aux groupes armés à Hassasna, près de Saïda. Le groupe comprendrait 29 personnes.

(Le Jeune Indépendant 11.10) "Les gardes communaux et les groupes de légitime défense (GLD) sont devenus de plus en plus les cibles privilégiées des groupes terroristes", affirme "Le Jeune Indépendant" (alors que le nombre des victimes purement civiles de massacres ou d'assassinats continue de dépasser largement celui des victimes au sein des forces de sécurité, toutes forces confondues, milices comprises). Selon le quotidien, depuis septembre, 21 GLD et gardes communaux ont été tués par des "terroristes". Depuis 1994, 500'000 personnes ont été armées et ont constitué les GLD, milices locaux, auxquels s'ajoutent plus de 80'000 gardes communaux. Plus de 1700 gardes communaux auraient été tués depuis 1998 lors d'accrochages ou d'attentats ciblés, selon "Le Jeune Indépendant". Dans le même laps de temps, plus de 120 affaires concernant des gardes communaux et des GLD ont été instruites par la justice : le "Jeune Indépendant" relève que la participation des milices à la lutte "antiterroriste" "n'a pas été souvent 'régulière''" et que de "nombreuses accusations de dépassements, d'enlèvements et d'exécutions extra-judiciaires contre des groupes agissant à leur gré" ont été portées. Pour autant, conclut le quotidien, "l'Etat continue à s'appuyer sur les GLD pour assurer la sécurité des citoyens dans les hameaux isolés" et à armer des habitants, comme dernièrement dans les wilayas de Chlef, Aïn Defla, Tizi Ouzou et Batna.

(El Khabar 18.10) Selon "El Khabar", les services de sécurité de la région de Boukadir (w. Chlef) ont décidé d'armer les habitants pour leur permettre de faire face aux attaques "terroristes".

(Reuters, AP 27.10 / Le Quotidien d'Oran 31.10 / Le Jeune Indépendant 1.11) Le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a annoncé à la télévision qu'environ 300 à 400 "terroristes armés", soutenus par un réseau de 700 à 800 militants "non armés", étaient toujours actifs en "sur le territoire national" Algérie. Cette estimation est pratiquement la même que celle faite en février 2000 par le même ministre. Le ministre a affirmé que les groupes encore actifs n'ont pas "d'autre choix que de se rendre ou se suicider", et a affirmé, sans plus de précisions, que depuis le début des années 1990, les forces de sécurité "ont abattu ou arrêté 20'000 terroristes", mais a reconnu que la lutte contre les groupes armés était rendue difficile par leur action "en petits groupes dans des régions isolées, ce qui rend difficile leur anéantissement".

Le Directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a annoncé que la DGSN allait être dotée de dix (ou douze) hélicoptères français de type "Ecureuil" destinés à la lutte contre le banditisme, la criminalité et "tout ce qui menace la vie et les biens des citoyens".

(AP, Quotidien d'Oran 30.10 / MAOL, Le Soir, Liberté 31.10 / Le Matin 1.11 / corr.) Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, a déclaré le 29 octobre qu'il avait été la cible d'une tentative d'assassinat orchestrés selon lui par les services spéciaux algériens : "Un service, dont on a toutes les raisons de croire qu'il est subordonné à l'autorité de l'Etat, a enlevé un militant du RCD et tenté d'organiser un crime contre moi", a déclaré Saïd Sadi. Selon lui, un militant de son parti, Amar Amenouche, aurait été enlevé le 7 octobre près d'Azazga par cinq hommes cagoulés qui lui auraient demandé de remettre à Saïd Sadi un colis (dont le chef du RCD suppose qu'il aurait été piégé). Le militant aurait refusé et aurait pour cela été passé à tabac, torturé et menacé de mort. Selon le président du RCD, cette tentative d'attentat serait un "message" qui lui aurait été transmis en raison de ses positions sur la situation en Kabylie. Saïd Sadi a déclaré avoir informé le président Bouteflika et le Premier ministre Benflis de cet "événement particulièrement dangereux pour l'avenir des libertés dans notre pays", et en accuse la DRS (ex-Sécurité militaire), écartant donc la responsabilité des islamistes.

Du coup, le chef du RCD se met à tenir un discours et à produire une analyse qui ressemblent fort à ceux que le RCD avaient jusqu'alors récusés : "La DRS ne doit pas être le seul parti politique du pays", le pouvoir a utilisé "l'alibi islamiste" pour se maintenir, les services spéciaux pourraient être respknsables des assassinats de Mohamed Boudiaf, Abou Bakr Belkaïd et Abdelhak Benhamouda... Le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) ironise d'ailleurs sur son site internet (sous la signature d'un Commandant "C.M. de la DRS, nouvellement membre" du MAOL, sur le caractère "surréaliste" de la "découverte" par Saïd Sadi "que le seul parti qui gouverne l'Algérie est celui de la DRS", découverte "tardive" qui "remet en cause toutes les manigances des pseudo démocrates pour arriver au pouvoir".

Les déclarations du leader du RCD ont été prises avec quelque circonspection par la plupart des journaux algériens (deux quotidiens ont cependant donné aux déclarations du président du RCD un relief particulier : "Le Soir" et "Liberté"), et la plupart des titres les ont relayées sans y accorder un crédit immédiat (ni, pour autant, exprimer une incrédulité explicite). On ne voit en effet ni pourquoi les "services" auraient tenté d'éliminer le chef d'un parti qui fut gouvernemental jusqu'à ces derniers mois, et qui ne représente pas une menace particulière pour le pouvoir en place, ni pourquoi ils auraient choisi pour ce faire un moyen aussi inefficace que celui évoqué par Saïd Sadi, alors que l'expérience historique algérienne indique que lorsque les "services" décident d'éliminer quelqu'un, ils y arrivent (ainsi d'Ali Mecili ou de Kasdi Merbah). "Après tout, si la DRS veut liquider le chef du RCD, pourquoi ne le ferait-elle pas directement sans passer par un élément du RCD" ?, se demande d'ailleurs le MAOL... Il pourrait certes s'agir, comme le suggère Saïd Sadi lui-même, d'un "message" qui lui aurait été adressé en raison, par exemple, de ses positions et de celles du parti à propos des événements de Kabylie, mais là encore, on ne voit pas clairement pourquoi le RCD ou son chef aurait été particulièrement "ciblé". Il pourrait cependant s'agir d'une initiative "incontrôlée" de quelques éléments de le DRS. Le parquet d'Azazga a publié le 30.10 un communiqué confirmant qu'Amar Amenouche avait bien fait l'objet d'une tentative d'enlèvement par un groupe d'inconnus le 7 octobre et qu'une enquête avait été ouverte, mais le communiqué du parquet précise qu'aucune plainte n'a été déposée, ne fait nullement allusion à une tentative d'attentat contre Saïd Sadi. En outre, le communiqué du parquet ne fait état d'aucune blessure physique qui aurait été causée à Amar Amenouche et déclare que celui-ci a éété évacué à l'hôpital pour recevoir les soins nécessités par le "traumatisme psychique" qu'il a subi. Le 31.10, c'est le parquet général de Tizi Ouzou qui a publié un communiqué annonçant qu'il avait mandaté le procureur d'Azazga afin d'ouvrir une instruction judiciaire sur l'enlèvement d'Amar Amenouche, qu'il attribue à "des terroristes". Le parquet de Tizi signale à nouveau qu'aucune plainte n'a été déposée ni auprès de la police, ni auprès du tribunal. Le RCD affirme quant à lui que la plainte sera déposée le 3 novembre. D'ici là, le parquet s'est donc autosaisi de l'enlèvement.

Le Premier ministre Ali Benflis, interpellé au sujet de l'"affaire", s'est contenté de dire qu'il n'avait "rien à dire à ce sujet" et que son "ami" Saïd Sadi était "libre de s'exprimer". Le général Nezzar s'est par contre manifesté (par un téléphone au "Soir"), en dénonçant et réprouvant "catégoriquement de telles pratiques que nous pensions révolues", et en rendant hommage à Saïd Sadi, "qui s'est totalement investi dans la sauvegarde de l'Algérie républicaine et dans l'interruption du processus électoral"*

*(CSSI) Entre l'ironie du MAOL et le soutien du général Nezzar, Saïd Sadi est gâté...

(Le Matin, El Watan 1.11) Le Secrétaire général de la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC), Ahmed Lakhdar Bensaïd, accuse le général Larbi Belkheir, chef du cabinet du président Bouteflika, d'avoir été l'un des commanditaires de l'assassinat du président Mohammed Boudiaf. Dans "Le Matin", Bensaïd explique que Boudiaf se méfiait de Belkheir, et que celui-ci détenait l'essentiel du pouvoir. Lors de la visite de Boudiaf à Annaba, visite au cours de laquelle il fut assassiné, Larbi Belkheir, alors ministre de l'Intérieur, ne l'accompagnait pas, ce qui avait été jugé "énigmatique" par une partie de la presse algérienne.

(Quotidien d'Oran 3.11 / Liberté, Le Matin 6.11) L'enquête sur l'attentat du 30 octobre, qui avait coûté la vie à Mendès (w. Relizane) à une douzaine de membres de la Garde communale et à leur chauffeur, semble aboutir à des résultats surprenants. Après que l'un des auteurs présumés de l'embuscade ait été abattu, le 1er novembre, par les forces de sécurité, c'est le chef de la garde communale de Mendès (cousin du présumé "terroriste") et pas moins de 30 membres de la milice locale (GLD), tous originaires d'Ouled Rassaâ (ou Ouled Rafaâ), près de Mendès, qui ont été arrêtés, selon "Liberté" ("Le Matin" parle de 14 GLD et dix autres personnes). Le chef de la garde communale aurait reconnu sa collaboration avec le "terroriste" et avoir "planifié" l'attentat avec lui. "Liberté" note que sur les 12 gardes communaux tués dans l'embuscade, la majorité appartenaient à la famille élargie du douar Chouala, et sept avaient des liens de parenté avec l'ancien chef de milice de Relizane, Hadj Ferguène, suspecté d'être l'auteur d'exécutions sommaires, de réglements de comptes et d'exactions contre la population civile.

(Quotidien d'Oran 7.11) Quatorze miliciens locaux (GLD) et le chef de la Garde Communale de Mendès, accusés de complicité dans le massacre commis à Mendès (12 gardes communaux et leur chauffeur tués), seront jugés par un tribunal militaire, annonce "Le Quotidien d'Oran". La majorité des gardes communaux tués sont originaires de la famille élargie du douar Chouala, sept sont des parents de l'ancien chef de milice de Relizane, Hadj Fergane. Le chef de la garde communale de Mendès, Bouabdallah Adda, aurait avoué avoir collaboré avec le groupe armé auteur du massacre. L'un des membres du groupe armé serait son cousin. Les autres inculpés sont accusés de soutien et de non-dénonciation d'activités terroristes.

(APS 7.11 / El Watan, Le Soir 8.11) Selon un de ses membres, Djelloul B., alias "Abou Oubeida", récemment arrêté à Khemis-Miliana, le GIA-Zouabri serait décimé et le moral de ses troupes serait au plus bas; plusieurs katibates auraient été "anéanties" par les forces de sécurité et il ne resterait plus au GIA d'Antar Zouabri (lerquel serait toujours vivant) qu'une seule katiba, dirigée par Zouabri lui-même, d'une quarantaine ou une cinquantaine de membres, ne disposant plus ni du soutien de la population, ni des moyens (munitions, vivres, médicaments) nécessaires à ses activités. Ce GIA vivrait du vol et du racket de la population, et n'arriverait plus à recruter. "Abou Oubeida" a déclaré avoir participé à plusieurs massacres dès 1995, notamment dans la région de Médéa (à Béni Guitoune, où neuf membres des familles d'islamistes armés dissidents du GIA-Zouabri ont été massacrés, à Koudiat El Aneb, Ouled Aissa, Sidi Salem, Omaria, Chaaba Draa, El Adjiba), commis notamment pour punir leurs victimes d'avoir participé à des élections, ou les punir de vouloir quitter leur village pour fuir la violence, et reconnaît également avoir pris part à des viols, en expliquant que s'il avait refusé, ses acolytes l'auraient tué. L'islamiste armé a affirmé que les massacres de Bentalha et de Raïs en 1997 ont été commis par les GIA (celui de Bentalha aurait été selon lui commis par le GIA d'Abou Souraka, exécuté par un autre "émir" peu après; celui d'Ouled Aïssa aurait été commis par le GIA de "Hodeifa", lui aussi liquidé par ses acolytes), ainsi que le récent attentat du tennis club de Zeralda, et l'assassinat des moines de Tibhirine. Il explique que le butin des massacres était remis, en ce qui concerne l'or et l'argent, à l'émir (selon lui, Antar Zouabri, qui a liquidé l'émir national des GIA Djamel Zitouni, ainsi que plusieurs "émirs" (Mohamed Saïd, Abderrezak Redjam) serait l'un des terroristes les plus riches et détiendrait une quantité considérable d'or et de bijoux provenant des massacres), et en ce qui concerne les jeunes filles kidnappées, "à la disposition" des membres du groupe, pour des viols. "Abou Oubeida" a enfin déclaré que le GIA-Zouabri allait tenter de "mener des actes terroristes à Alger, Blida et Médéa".

(Quotidien d'Oran 18.11) Un ex-émir des GIA-Zouabri, Menad Abdelkader, alias "Kaâkaâ Abou Hamza", a comparu le 17 novembre devant le tribunal criminel d'Oran. Il s'était rendu aux autorités en septembre 1999. Il avait rejoint les GIA en août 1993, et avait été actif au sein de la katibat "Ethabat", dans la région de Mascara, puis la katibat "El Khadra". Après avoir reconnu sa responsabilité dans de nombreuses actions "terroristes", il est ensuite revenu sur ces aveux. Bénéficiant des dispositions de la loi sur la concorde civile, contre l'avis du procureur, il a été condamné à vingt ans de prison ferme.

(Liberté 20.11) Selon "Liberté", le groupe armé du GSPC qui tient les hauteurs d'Annaba est dirigé par un nouvel "émir", après la mort d'Abdelhak Tazir, abattu le 7 novembre à Draâ Errich par les forces de sécurité, en la personne de Necib Kamel, alias "Camillo".

(Le Soir, Liberté 20.11) Après Saïd Sadi en octobre, c'est au tour d'Abdallah Djaballah, leader du mouvement El Islah (MRN, islamiste), qui a déclaré le 19 novembre, au forum d'"El Youm", avoir été la cible de tentatives d'assassinats (cinq entre 1993 et 1997), et affirmé qu'il en ignorait les auteurs.

(Le Soir 27.11) Amar Amnouche, le militant du RCD enlevé le 7 octobre, torturé toute la nuit et auxquel ses ravisseurs auraient suggéré, selon ses dires et ceux de Saïd Sadi, d'assasiner ce dernier, président du RCD, a été convoqué le 26 novembre par le juge d'instruction, après le dépôt de sa plainte avec constitution de partie civile. Plusieurs dirigeants du RCD, dont Saïd Sadi, se sont déplacés au tribunal d'Azazga pour cette audition. Selon Saïd Sadi, "un service", c'est-à-dire un service spécial du pouvoir, "a enlevé un citoyen et l'a chargé d'une mission criminelle".

(Le Soir 27.11) Le corps de la Garde communale, créé pour assister les forces de sécurité face aux groupes armés, n'est plus sous la tutelle de la Gendarmerie nationale mais sous celle des walis (préfets), et devient un corps permanent. Un décret du Premier ministre Ali Benflis, signé le 28 octobre, stipule que les membres de la garde communale sont nommée par arrêté du préfet sur proposition du délégué de la garde communale de wilaya, et non plus des responsables de la gendarmerie nationale.

(Quotidien d'Oran 2.12) Trois membres du GSPC, actifs dans la région de Ramka (w. Relizane) se sont rendus aux services de sécurité de la wilaya de Chlef, avec leurs armes et leurs bombes, annonce "Le Quotidien d'Oran".

(Le Jeune Indépendant 4.12) Selon la porte-parole du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, l'ancien président Zéroual lui aurait confirmé l'existence en Algérie d'"escadrons de la mort dirigés par des centres d'intérêts puissants", mais aurait également affirmé que le cas de l'Algérie serait différent de celui de "certains pays de l'Amérique du sud, où des institutions étatiques, militaires, avaient leurs escadrons qui exécutaient des syndicalistes et des intellectuels". En d'autres termes, les "escadrons de la mort" actifs en Algérie seraient au service d'intérêts privés (ce qui n'exclut d'ailleurs pas des liens entre ces intérêts privés et certains hommes ou groupes du pouvoir).

(Le Jeune Indépendant 4.12 / Le Quotidien d'Oran 6.12) Après la révélation (tardive) par Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des Travailleurs, de la confirmation par l'ancien président Zeroual d'"escadrons de la mort" en Algérie (Zeroual en disculpant cependant les institutions officielles et parlant (d')escadrons de la mort dirigés par des centres d'intérêts puissants"), "Le Quotidien d'Oran" constate que "le phénomène" des "exécutions extra-judiciaires, pour utiliser l'euphémisme juridique", ne "semble guère faire de toute". Imputées à des "dérapages" et des "bavures", ces exécutions, pour le quotidien, font se reposer "la fameuse question du 'kituki'" (Qui tue qui ?) par laquelle le pouvoir et ses partisans voulaient résumer les interrogations des ONG algériennes et internationales, et de plusieurs partis d'opposition (le FFS et le PT, essentiellement) sur l'origine et la responsabilité des massacres. "dans la confusion et l'extrême tension qui avaient marqué le milieu des années 90, toutes les conditions étaient réuinies pour permettre l'émergence (d')escadrons de la mort", écrit "Le Quotidien d'Oran", ajoutant que "la complicité de larges courants d'opinion 'modernistes' qui avaient décidé de fermer les yeux sur l'action d'un régime militaire, pourvu qu'il barrât la route aux intégristes (...) devait inévitablement déboucher, non seulement sur l'apparition de ces escadrons, mais sur l'impunité prolongée dont ils ont pu bénéficier".

(Quotidien d'Oran 5.12) L'Armée algérienne a pris possession de dix chasseurs bombardiers russes (tactiques) Sukhoï 24, en conclusion d'un accord militaire signé par les présidents Bouteflika et Poutine et portant sur 22 appareils de ce type modernisés et rééquipés pour les besoins algériens, et vendus pour 120 millions de dollars, dans le cadre d'un contrat global d'achat d'armement de 2,5 milliards de dollars.

(Le Quotidien d'Oran 9.12 / El Watan 10.12) Des éléments du GSPC "sont entrée en rebellion" contre le lieutant de Hassan Hattab, Abderezak "le para", annoncent "Le Quotidien d'Oran" et le quotidien "Al Hayat". Les groupes du GSPC de Batna et Tebessa auraient annoncé leur retrait du GSPC. Le groupe de Tebessa réclamerait l'arrestation et l'emprisonnement d'Abderezak et de son commando, et son remplacement par l'"émir" Nabil Sahraoui, alias Abou Mustapha Ibrahim. Cette dissension serait notamment due (outre l'ordre du "para" à ses éléments de se séparer de leurs épouses, ce qui aurait provoqué de "nombreuses redditions et fuites" dans les rangs du GSPC) aux actions du groupe du "para" dans les régions frontalières de la tunisie, et dans les régions de Tebessa et de Batna, ces actions ayant provoqué un renforcement du déploiement militaire et des ratissages, et l'"élimination" d'une trentaine de membres du GSPC en deux mois.

"El Watan" évoque par ailleurs un "projet d'alliance" entre le GSPC et la katibat "El Ahouel", basée au sud-est de la wilaya de Relizane et dirigée par l'"émir" Selim "El Afghani". Selon les déclarations d'un "repenti", les groupes armés du secteur comprendraient 450 membres.

(Le Quotidien d'Oran 9.12) L'ancien maire, et chef de milice, de Relizane, Hadj Fergane, condamné en appel le 8 décembre par la cour de Relizane à deux mois de prison avec sursis, 5000 dinars d'amende et 10'000 dinars de dommages et intérêts pour diffamation à l'encontre de Hadj Smaïn, responsable de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, se retrouvera à nouveau en procès, mais dans le rôle du plaignant, le 29 décembre, dans une affaire portant sur des charniers découverts par Mohammed Smaïn et la LADDH, qui accusent Fergane d'y avoir inhumé les victimes de massacres commis par sa milice.

(Le Matin 10.12) Selon "Le Matin", le chargé de l'"information" de la DRS (Sécurité Militaire), Hadj Zoubir, a été limogé et remplacé par son prédécesseur, le colonel Fawzi, ancien attaché militaire à Rome.

(La Tribune 20.12) Le Premier ministre Ali Benflis, défendant le bilan et le programme de son gouvernement devant l'Assemblée nationale le 19 décembre, a affirmé la "nette amélioration" de la situation sécuritaire, et qualifié les dernières actions des groupes armés d'"actions isolées de groupes terroristes aux abois". Le Premier ministre algérien s'est dit convaincu que la "dynamique nouvelle" suscitée par les attentats du 11 septembre aux USA "permettra de renforcer les actions de lutte contre les réseaux de soutien aux criminels jusqu'à leur anéantissement total".

(www.algeria-interface.com 27.12) L'ancien émir de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad (LIDD), Ahmed Benadjar, dans un entretien accordé à Algeria-Interface, donne des détails sur la guerre interne aux GIA, l'assassinat de son chef Djamel Zitouni et l'enlèvement des moines trappistes de Tibéhrine, en 1996.

Benadjar affirme d'abord que Mohamed Saïd et Abderrezak Redjam, deux fondateurs du premier GIA (avec Cherif Gousmi), ont été assassinés sur ordre de Djamel Zitouni, après qu'ils aient au printemps 1995 tenté de convaincre, sans y parvenir, l'Armée islamique du salut (plus précisément Ahmed Benaïcha) de faire allégeance au GIA de Zitouni. "Zitouni les soupçonnait d'avoir comploté contre lui" et les a fait abattre, probablement fin juillet 1995, en annonçant plus tard leur mort "au combat" contre l'armée. Benadjar assure que lui-même et ses compagnons de la région de Médéa devaient être éliminés, fin 1995, après qu'ils aient dénoncé les "dérives extrémistes" du GIA. Le 16 novembre 1995, quatre membres de la katibat de Médéa ont été "liquidés" par le groupe de Zitouni, ajoute Benadjar, qui revendique pour son groupe l'élimination de Djamel Zitouni, le 16 juillet 1996, entre Chréa et Médéa. Auparavant s'était produit, en mars 1996, l'enlèvement des sept moines trappistes de Tibéhrine, que Benadjar met au compte de Zitouni. Benadjar assure avoir tenté de faire prévenir les moines des risques qu'ils encouraient, sans avoir pu le faire. L'ancien "émir" de la LIDD résume ainsi les divergences entre le GIA de Zitouni, la LIDD et l'AIS : "Nous (la LIDD et l'AIS) croyions la lutte politique préférable pourvu que nos droits soient garantis. La lutte armée était un moyen de défense. Pour le GIA, il n'y avait de vrai combat que le combat armé. Tout le reste était haram" (illicite), au point que, selon Benadjar, des membres des GIA ont été "liquidés dans les maquis parce qu'ils écoutaient une cassette de Abassi Madani ou d'Ali Benhadj".

2002

(Quotidien d'Oran 16.1 / El Khabar, Le Matin 17.1) Un réseau de vol de voitures, qui organisait des "faux barrages" (en l'ocurrence, de "faux-faux-barrages"*) dans la région de Tizi Ouzou en se faisant passer pour un groupe armé islamiste, a été démantelé par la police, annonce "El Khabar". Le réseau était dirigé par deux miliciens locaux (GLD). La police a récupéré des uniformes militaires et des voitures, volées par le groupe. A Bouzareah, une octogénaire française a été victime d'une agression et grièvement blessés par deux hommes, dont un milicien local (GLD) se faisant passer pour les islamistes armés pour la dévaliser. A Ouled Brahim, un garde communal en a tué un autre à l'intérieur de leur cantonnement, à la suite d'une altercation.

* Les "vrais barrages" étant tenus par les forces de sécurité, les "vrais-faux barrages" par des groupes islamistes armés se faisant passer pour les forces de sécurité, et les "faux-faux barrages" par des groupes criminels (ou des milices locales) se faisant passer pour des groupes islamistes se faisant passer pour des forces de sécurité...

(El Watan 30.1) Un groupe de miliciens ("patriotes") de Merad (w. Tipaza) accusent, dans une lettre adressée aux "plus hautes instances du pays", leur chef, Saker Mohamed, Maire de Merad, de les racketter, de les menacer, de dilapider le patrimoine de la commune et de pratiquer l'extorsion de fonds, et cela avec la complicité de gradés. Les miliciens accusent notamment leur chef d'opérer des prélèvements sur leurs salaires au prétexte de cérr un fonds pour les victimes du terrorisme, sur ordre du colonel Djebbar. Les miliciens qui refuseraient de se laisser ponctionner seraient menacés de radiation de la milice. Ils seraient également menacés d'emprisonnement et de désarmement s'ils se plaignent, et seize d'entre eux auraient été exclus de la milice le 10 janvier 2001 pour avoir dénoncé les pratiques de leur chef. Ils accusent en outre leur chef, et maire, d'avoir transformé la commune en "société familiale en servant (pour) lui et ses proches dans les fonds destinés à la promotion" de la municipalité, de corrompre des gendarmes "pour qu'ils ferment les yeux sur ses pratiques douteuses" (un brigadier aurait touché 200'000 dinars et un terrain, un gerdarme aurait reçu un logement), d'utiliser les budgets d'équipements "à des fins personnelles" et d'acheter le silence des chefs de groupes de la milice en leur versant 200'000 dinars chacun. Mohammed Saker réfute toutes ces accusations et les explique par des manoeuvres politiques à l'approche des élections.

(CCFIS 5.2 / La Tribune 7.2) Dans un entretien accordé à l'agence officielle de presse algérienne APS, le Premier ministre Ali Benflis a estimé que "la réapparition des actions de ces derniers temps est le fait de groupes terroristes dont la sauvagerie n'a d'égale que leur désarroi et qui disposent d'une capacité de nuisance". En une semaine, cette "capacité de nuisance" a fait au moins 40 morts. "La Tribune" considère que "la pression des groupes terroristes augmente à mesure qu'approche l'échéance électorale". Le Premier ministre explique, lui, que "l'extinction totale du terrorisme ne relève pas uniquement des actions de lutte des forces vives mais aussi de facteurs liés à une situation sociale et au progrès de la pédagogie et de la culture démocratique et républicaine", et que la lutte contre le terrorisme "demandera du temps, de la mobilisation et probablement d'autres sacrifices". Le Premier ministre n'en a pas moins assuré que sur le plan sécuritaire, la situation se caractérisait "par une amélioration notable dans toutes les régions du pays où la vie normale reprend progressivement ses droits". Pour sa part, le Conseil de coordination du FIS, revenant sur les récents massacres dans les régions de Médéa et Aïn Defla, accuse "la junte" au pouvoir d'avoir "recours à ce genre de crimes contre des simples citoyens désarmés pour détourner l'attention du peuple et le terroriser", condamne "ces attaques contre des citoyens innocents" et "exige une commission d'enquête indépendante".

(www.algeria-interface.com 7.2) Dans un entretien à "Algeria Interface", l'écrivain Yasmina Khadra (Mohamed Moulessehoul) attribue à la "fatigue" des services de sécurité et à l'absence de volonté du pouvoir la recrudescence actuelle du terrorisme : Les effets des services de sécurité "ne sont pas bénis par les hautes sphères. C'est une guerre qui ne voit pas d'issue. Et ceux qui la font sont usée. La vigilance, à la longue s'avachit, la détermination s'effiloche, le serment, de temps en temps, s'oublie. Parce qu'il n'y a pas cet effort de guerre que doit fournir le politique aux troupes engagées dans la lutte", déclare Yasmina Khadra, pour qui "s'il y a bien des gens qui veulent en finir avec cette guerre, ce sont bien les militaires", alors que "c'est la politique qui ne suit pas". Sur la responsabilité des massacres de civils, l'écrivain est toujours aussi catégorique : "tous les massacres, sans exception, sont l'oeuvre des intégristes" -ce qui ne signifie pas que l'armée soit "au-dessus de tout soupçon, ni qu'elle (soit) entièrement républicaine", mais seulement qu'elle n'est pas l'auteur des massacres.


(AFP 9.2 / Liberté, El Watan, Le Matin, Quotidien d'Oran, CCFIS 10.2, 13.2 / Liberté 11.2) L'élimination le 8 février, confirmée officiellement le 9, d'Antar Zouabri, chef nominal des GIA (mais en réalité, chef de seuls quelques GIA, concentrés dans la région algéroise, les autres groupes étant pratiquement autonomes, voire dissidents, sinon ralliés au GSPC de Hassan Hattab) ne présage pas, selon les observateurs de la situation algérienne, d'une diminution de la violence terroriste. Selon le général Fodil Cherif, chef de la région militaire d'Alger, il ne restererait qu'une quarantaine d'éléments du GIA sur tout le territoire algérien -mais le général ne fait sans doute allusion qu'au seul GIA de Zouabri, actif dans la plaine de la Mitidja, et dont les actions ces dernières années ont surtout consisté en massacres de civils.

Pour la presse, la mort de Zouabri (dont elle est par ailleurs unanime à se réjouir) ne signifie pas celle "du" GIA, pas même du sien, et moins encore celle de l'islamisme armé algérien : "les criminels de son acabit ne manquent pas dans les maquis", écrit le chroniqueur M. Hammouche de "Liberté", qui ajoute que "ce n'est pas la mort de l'émir du GIA qui changera (...) quelque chose à l'état de la Nation". En éditorial d'"El Watan", Ali Bahmane rappelle que "les hordes du GIA choisissent à chaque succession un leader plus cruel que son prédécesseur" et qu'il est vraisemblable que "refusant d'apparaître comme vaincus, les groupes du GIA encore actifs vont redoubler d'une férocité que n'atténuera pas la faiblesse numérique de leurs éléments" (évalués à une quarantaine de personnes par le général Fodil Cherif, alors que "El Watan" estime que, répartis en groupes de cinq à neuf membres, très mobiles, les GIA restent "redoutables"). L'éditorialiste d'"El Watan" rappelle en outre que même si les GIA disparaissaient, il resterait encore le GSPC de Hassan Hattab, "mieux structuré et disposant davantage de forces, tant en zones rurales qu'urbaines".

De son côté, le Conseil de coordination du FIS écrit que "Zouabri mort est aujourd'hui plus sûr -pour les généraux- que Zouabri vivant", car il ne peut plus parler. Le CCFIS se demande "pour qui travaillait Zouabri et dans quel but ? Quelle était la véritable nature de l'organisation qu'il 'dirige' depuis 1996 ? pourquoi a-t-il ézé liquidé maintenant : est-ce un pur hasard ou une opération planifilée ?". Le CCFIS suggère d'ailleurs lui-même les réponses à ses propres questions, en affirmant que "la collusion GIA (Groupes Infiltrés par l'Armée)-Services secrets (DRS, Médiene, Lamari et consorts) est devenue une réalité" pour "quasiment tous les observateurs de la crise algérienne", et que "Zouabri a été liquidé en tant que témoin potentiellement accablant pour un régime qui l'a, pendant de longues années, et en particulier pendant les horribles massacres de Bentalha, Raïs, Remka, protégé et aidé".

Antar Zouabri avait succédé (après l'avoir fait éliminer) à Djamel Zitouni en tant qu'"émir" national des GIA, et avait encore inflechi la stratégie déjà sanguinaire de Zitouni vers le massacre aveugle et systématique de civils (y compris de sympathisants et de militants islamistes et de familles des membres des autres groupes armés, dès lors que le peuple algérien tout entier -les membres du GIA exceptés- avait été désigné comme "ennemi de l'islam", "mécréant" et "hypocrite"). Zouabri était officiellement tenu pour responsable des massacres de Bentalha, Raïs et Sidi Hamad, qui avaient fait plusieurs centaines de victimes, à proximité de postes militaires, et sans intervention de l'armée pour les empêcher. Progressivement, cependant (ou à cause de cette stratégie, désavouée par une partie de ses troupes), Zouabri avait perdu le contrôle d'une grande partie des groupes armés affiliés aux GIA, et ne contrôlait plus que ceux (ou une partie d'entre eux) actifs dans la région d'Alger (une seule katiba était encore dirigée par Zouabri, avait affirmé un membre d'un GIA de la région de Khemis Miliana, en septembre 2001). Dans l'est, les GIA ont cédé le terrain au GSPC; dans l'ouest, "Liberté" signale que la "djamaâ Salafia El Mouqatila" a récupéré les GIA de la "zone IV" et que dans la région oranaise, le GSPC serait en train de prendre progressivement la place des GIA. Au moment de son élimination, Zouabri était un homme pratiquement seul, lâché par la quasi-totalité de ses anciennes troupes (et, semble-t-il, même par sa "garde prétorienne", la katibat "El Khadra"). Enfin, depuis plusieurs mois, la presse algérienne signale le retour de "repentis" des groupes armés, y compris de l'Armée islamique du Salut (AIS) dans les maquis et les groupes actifs (probablement essentiellement ceux d'El Ahoual et du GSPC, puisque les GIA sont en état de déliquescence) : "El Watan" évalue à plusieurs milliers de nombre de "sympathisants actifs" des groupes armés "réinjectés dans le circuit". La présence même de Zouabri dans une zone urbaine (Boufarik) pose problème : un ancien responsable de la direction générale de la sûreté nationale, Khaled Ziari, a déclaré au "Matin" que "si Zouabri se trouvait dans un lieu urbain, cela veut dire que d'autres chefs terroristes n'ayant pas (son) envergure, mais qui peuvent être plus dangereux que lui, se promènent sans être inquiétés dans les grandes agglomérations". Selon certaines sources, Zouabri aurait d'ailleurs été intercepté "par hasard" (le général Fodil Cherif assurant quant à lui qu'il l'a été sur la base de renseignements émanant de la population).

Les GIA auraient été créés en 1992 à partir du MIA, mouvement islamique armé créé par un ancien membre du groupe armé de Bouyali, Mansouri Meliani, qui devint le premier chef du GIA. Après l'arrestation de celui-ci en 1992, Ahmed El-Oued avait pris la direction de l'organisation, à laquelle les groupes armés de Moh Léveilley et Abdelhak Layada s'étaient ralliés. Abdelhak Layada ("Abou Adlane") devint alors l'"émir national" des GIA. Il le restera pendant un an, jusqu'à son arrestation au Maroc en 1993 (il sera ensuite remis aux autorités algériennes et condamné à mort, en juin 1995). Il avait été remplacé à la tête des GIA par Si Ahmed Mourad, dit "Djaaâfar El Afghani", qui va déclarer la guerre aux autres groupes armés islamistes (MIA, MEI, AIS) et sera abattu par les forces de sécurité en février 1994. Lui succède un autre "ancien" d'Afghanistan, Cherif Gousmi, qui sera abattu en septembre 1994 par les services de sécurité, et remplacé à la tête des GIA par Mohammed Saïd comme chef politique et Djamel Zitouni comme chef militaire. Saïd va être liquidé en 1994 par Djamel Zitouni ("Abou Abderrahmane Amine"), qui sera lui-même liquidé en juillet 1996 par Antar Zouabri ("Abou Talha"). En octobre 1998, Hassan Hattab créée le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et rallie une grande partie des GIA, en adoptant une stratégie rompant avec les massacres aveugles de population civile et "ciblant" les forces de sécurité et les milices locales. En même temps que Hattab officialise sa dissidence, Kadda Benchiha affirme l'indépendance de "El Ahoual". Quant aux divers porte-paroles du FIS, ainsi que les chefs de l'AIS et du GSPC, ils ne cessent d'affirmer depuis des années que "le" ou "les" GIA est ou sont infiltré(s), voire manipulé(s), par les services spéciaux algériens (ou certains clans en leur sein).

Pour le Conseil de coordination du FIS, "L'émir national du GIA est toujours en vie. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'une sixième réincarnation (du) mercenaire sanguinaire que les généraux putschistes ont, par la voix de leur presse aux ordres, tué cinq fois et ré-incarné autant de fois depuis 1996 (...) (mais) c'est tout simplement que Zouabri n'est pas, et n'a jamais été, l'émir national du GIA (...). Le vrai et effectif émir national du GIA n'est (autre) que le général Mohamed Médiene, dit Toufik", écrit le CCFIS dans l'éditorial de son site internet. Pour le CCFIS, "le GIA et Zouabri sont associés aux 'Groupes Infiltrés de l'Armée", "'Groupes Islamistes de l'Armée', "barbus du taghout" ou aux "hijra-takfir de l'armée' par une grande partie de la population depuis très longtemps", "le GIA est une organisation de contre-guerilla" mise en place par le pouvoir.

S'agissant de la succession de Zouabri à la tête de ce qu'il reste des GIA (ou de son GIA), "Le Matin" évoque le nom de Miloud Bechroun, alias Khaled El Farmach (qui pourrait cependant être passé à El Ahoual). D'autres noms sont évoqués : ceux de Rachid Wakid et d'"Abderrazak le Para". L'hypothèse d'une reprise du GIA-Zouabri par le GSPC de Hassan Hattab est également envisagée. La succession de Zouabri permettrait à celui qui en bénéficierait d'"hériter" du "trésor de guerre" de son GIA.

(AFP 18.2 / El Watan 21.2) Selon "Le Figaro", Antar Zouabri aurait pu être abattu (le 8 février à Boufarik) par les forces de sécurité algériennes grâce à des renseignements transmis par les services de renseignement américains, qui auraient intercepté des conversations téléphoniques entre un islamiste algérien à Cuba (signalé aux Américains par les Canadiens) et l'un de ses interlocuteurs en Algérie, ce qui aurait permis de localiser la cache de l'"émir national" du GIA. Cette information a été démentie dans "El Watan" par un "responsable des services de sécurité (algériens) ayant requis l'anonymat", qui affirme que Zouabri n'avait aucun moyen de communication mais était "pisté depuis des années" par des militaires, et a été reconnu et dénoncé par "des citoyens" alors qu'il s'était rendu à Boufarik pour "blanchir son argent" (le trésor de guerre de son GIA) en achetant des appartements à Alger ou Boufarik. Selon ce responsable, le GIA de Zouabri ne compte plus que 35 éléments "répartis en plusieurs groupuscules de 4 à 5 individus très mobiles et bien armés". Quant à la succession de Zouabri, elle se jouerait entre le chef de la katiba "El Khadra", Aliouet Achouri, et deux autres proches de Zouabri, Rachid Oukali et "Abou El Moundhir". Pas moins de quarante opérations avaient été menées entre 2000 et 2002 pour neutraliser Zouabri, rappelle "El Watan"; elles avaient abouti à la "neutralisation" (c'est-à-dire à la mort) de plusieurs dizaines de membres de ses GIA. mais, malgré des annonces faites par la presse, mais jamais confirmées par les autorités, ces opérations n'avaient pas abouti à celle de l'"émir".

(En Watan 21.2) Ahmed Merah, ancien compagnon de l'un des fondateurs de l'islamiste armé algérien, Mustapha Bouali, est décédé le 19 février dans des circonstances contreoversées, et a été enterré le 20 février à Alger, en présence de plusieurs personnalités dont l'identité même (Noureddine Aït Hamouda, Nacer Boudiaf, le général Touati) signale le "revirement" du défunt, de l'islamisme à l'anti-islamisme. Pour l'avocat Miloud Brahimi, la mort de Merah est "hautement suspecte", et il aurait, selon des membres de la famille, été empoisonné. Après s'être engagé aux côtés de Mustapha Bouali, Ahmed Merah avait fini par prendre les armes contre les islamistes armés héritiers de Bouali, tout en dénonçant dans plusieurs ouvrages la "mafia policito-financière" algérienne.

(Le Matin 27.2, 28.2) Selon un spécialiste de la "scène terroriste" algérienne, Mohammed Issami*, une nouvelle organisation armée est apparue, dans l'ancienne "zone IV" des GIA, entre Saïda et Sidi Bel Abbès : le GSC (Groupe salafiste de combat), dont le nom en arabe serait "El-Bara", ce qui n'a aucune signification précise en arabe mais pourrait être une déformation phonétique du surnom de l'un des lieutenants du chef du GSPC, Hassan Hattab, Abderrezak "Le Para". ou signalerait que le groupe est dirigé par un ancien parachutiste (comme Abderrezak. Le GSC serait formé d'anciens GIA des wilayas de Mascara, Saïda, Sidi Bel Abbès et Tlemcen, dissidents des GIA contrôlés par l'"émir" Mohammed Guettaf (alias Abou Ismaïl Ibrahim). Le GSC se serait d'abord implanté dans le Djebel El H'did près d'Aïn El Hadjar (w. Saïda), fief de la katiba "En Nasr" des GIA. Il aurait ensuite négocié son affiliation au GSPC, sans que cette négociation aboutisse. Des groupes du GSC se seraient ensuite organisés dans la région de Hassasna et les wilayas de Sidi Bel Abbès, Saïda et Tlemcen. Début février 2002, le GSC compterait entre une centaine et 200 membres, de membres, dont une vingtaine hors d'état de combattre,

*"Terrorisme, le FIS au coeur de l'enfer", Le Matin, Alger

(Liberté 4.3, La Tribune 4.3) Une bande de huit malfaiteurs se faisant passer pour un groupe armé islamiste a été démantelée par les services de sécurité dans la région de Draâ El Mizan (w. Tizi Ouzou), annonce "Liberté". Le groupe armé crapuleux s'était spécialisé dans les "faux faux barrages", l'extorsion de fonds, les violations de domicile. Des vêtements militaires et des fausses barbes ont été retrouvées au domicile des membres du gang. A Oued Rhiou, dans la région de Relizane, ce sont d'anciens membres de l'Armée islamique du Salut (AIS) qui ont été arrêtés pour des agressions qui pourraient également être crapuleuses.

(Le Matin, El Watan 18.3) 21 gardes communaux d'El Magtaâ (w. Jijel) ont été arrêtés et placés en détention préventive, sous l'accusation de complicité dans l'attaque le 5 mars de la caserne de la garde communale d'Oum Toub par un groupe armé, qui avait incendié la caserne après y avoir volé une vingtaine d'armes à feu. L'absence de plusieurs (de cinq à douze, selon les sources) gardes communaux lors de l'attaque avait pu faire croire à leur mort, et avait en tous cas facilité l'attaque de la caserne. Les autorités militaires en ont déduit qu'ils étaient complices de l'attaque.

(Liberté 31.3) Un tract circulant à Blida annonce que le nouveau "émir" national des GIA, succédant à Antar Zouabri abattu le 8 février à Boufarik, a été désigné en la personne de Rachid Abou Thourab, qui aurait été nommé le 11 février.

(Algeria-Interface 4.4) Interrogé par "Algeria-Interface", le porte-parole du Mouvement algérien des officiers libres (MAOL), le colonel Ali Baali, désormais exilé aux USA (en expliquant qu'il a du quitter l'Espagne parce que les Espagnols exigeaient de lui qu'il collabore avec eux), explique que le site internet du mouvement n'est plus actualisé car le MAOL avait l'intention de développer une télévision par satellite (projet selon lui entravé par le "veto" des "autorités télévisuelles européennes") et que par ailleurs, le MAOL ne voulait pas de "répéter", mais a "ouvert la voie à d'autres acteurs", comme Habib Souaïdia, Hichem Aboud ou le colonel Samraoui, qui va publier un libre retranaçant "la genèse du GIA" et expliquer comment les groupes armés ont été "fabriqués dans des laboratoires", manipulés et "poussés au crime". Ali Baali annonce qu'"une personne importante, avec le grade de lieutenant-colonel, et qui est actuellement dans un pays européen" a rejoint le MAOL, avec lequel a également pris contact un sous-officier "au sein d'une unité combattante", qui est "impliqué dans certaines exactions et certains massacres" (comme celui de Beni Messous, ou des exécutions sommaires à Medea), et un gendarme qui a participé à la répression des mutineries dans les prisons de Berrouaghia et de Serkadji, en 1994 et 1995.

Ali Baali nie que le MAOL sont "d'obédience islamiste" et affirme : "nous sommes des nationalistes". Il regrette la publication (qualifiée de "maladresse" et de "dérapage") par le MAOL d'une liste de journalistes accusés par le MAOL d'avoir collaboré avec le régime algérien.

(MAOL 9.5) Selon le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres), Antar Zouabri, "émir national" des GIA (ou de ce qui en restait) aurait été abattu dans un guet apens tendu par son "officier traitant" du DRS (Sécurité militaire, le MAOL affirmant que Zouabri était en réalité un agent du DRS) le commandant Mahfoud Touat, alias "Djamel", alias "Abou Mohamed", supposé être le lieutenant du prédécesseur de Zouabri, Djamel Zitouni, à la tête des GIA. Selon le MAOL, Touat aurait reçu l'ordre d'"éliminer Zouabri dans la discrétion la plus compléte", ce qui aurait été empêché par le déclenchement d'une véritable opération militaire par les généraux Smaïn Lamari et Fodhil Cherif.

(L'Expression 13.5) Le quotidien "L'Expression" évalue à 400 à 600 le nombre des membres actifs des groupes islamistes armés en Algérie. Pour le quotidien, les groupes armés ont commencé à de "désintégrer" à partir de 1997, au moment où l'AIS dépose les armes (le quotidien évalue à 3000 hommes les effectifs de l'AIS d'alors), imitée par la Ligue islamique de la daâwa et du djihad d'Ali Benhadjar et par le FIDA d'Ahmed Abou el-Fidâ. Des groupes restant, de nombreux émirs ont été ensuite abattus ou arrêtés, mais ils ont laissé la place, selon "l'Expression", à une "nouvelle vagzue de desperados jeunes, sans connaissance théologieur profonde ni attache religieuse (et) à cheval entre le djihad, le terrorisme, le brigandage, la criminalité et l'aventure", créant une sorte de "gangsterrorisme" (un gangstérisme au nom de Dieu)

(L'Expression, Le Quotidien d'Oran 19.5 / El Khabar 20.5) Plus de 500 personnes ont été tuées en Algérie dans des attentats ou des affrontements armés, depuis le début de l'année, selon un bilan partiel. "L'Expression" estime que "la cartographie des attentats" a été "légèrement remodelée" par cette nouvelle poussée de la violence : pour les GIA, atomisés et éclatés "en plusieurs sous-groupes disparates et quasi autonomes dans l'Ouest algérien, entre Khemis Miliana et Tlemcen", mais actifs jusqu'à Aïn Sefra et Béchar, il s'agirait de "rallumer la flamme du djihad et (de) créer un climat de menace permanente en multipliant les massacres collectifs", alors que pour le GSPC, il s'agirait de continuer à cibler les forces de sécurité. Le quotidien considère que la "carte de la violence" en 2002 fait apparaître "trois régions stratégiques" : d'abord, les monts de l'Ouarsenis, bastion de GIA plus ou moins dissidents (comme le Houmat el-daâwa es-salafia et le groupe d'Abdelkader Saouane, à Derrag), et à partir desquels ces groupes peuvent agir notamment dans les wilayas de Chlef, Aïn Defla, Tiaret, Tissemsilt, Relizane et Sidi Bel Abbes; ensuite, le Zakkar ( dans le triangle Blida-Médéa-Khemis Miliana), "fief du GIA originel", à partir duquel des incursions sont organisées sur Attatba, Tipasa, Zéralda et le littoral; enfin, la Kabylie, fief du GSPC, dont le quotidien constate qu'il a "développé une stratégie de vie en symbiose avec les populations locales, évitant soigneusement de s'en prendre à elles et essayant par divers moyens d'en faire des alliées". A partir de ses bastions en Kabylie (notamment dans les maquis de Boumehni, Sidi Ali Bounab et Rakhoukht et les régions de Draâ El Mizan, Draâ Ben Khedda, Maâtkas, Sidi Naâmane, Boghni, Dellys, Aomar, Tizi Ghennif), le GSPC peut étendre ses activités aux régions de Jijel, Skikda, Annaba, Tebesa et Souk-Ahras, voire l'Algérois.

"Le Quotidien d'Oran" et le quotidien londonien "Azzaman" font cependant état d'un rapport de la DGSE (contre-espionnage français) selon lequel les opérations menées par les forces de sécurité contre le GSPC sont suffisemment efficace pour démanteler l'infrastructure militaire de l'organisation, qui serait par ailleurs minée par des dissensions et des défections, et par le démantèlement de réseaux logistiques en Algérie et en Europe, notamment en France. Selon ce rapport, ou du moins selon l'évocation qui en est faite par la presse, "la prochaine mise hors d'état de nuire de Hattab permettrait non seulement de décapiter le GSPC en Algérie mais également de désorganiser les réseaux des activistes algériens en Europe en en France". Le rapport ferait en outre une évaluation très positive de l'action des forces de sécurité algérienne et de leur capacité à réduire le GSPC. Depuis plusieurs semaines, les forces de sécurité (essentiellement l'armée) mènent des opérations de ratissage et d'encerclement des maquis tenus par le GSPC autour de Sidi Ali Bounab (w. Tizi Ouzou), mais aucun bilan de ces opérations n'a été rendu public.

(Le Jeune Indépendant, Le Quotidien d'Oran 22.5 / El Watan 23.5) Selon le ministre de l'Intérieur N. Yazid Zerhouni, le nombre des membres des groupes armés tournerait actuellement autour de 800 éléments, souvent constituée en groupes de trois ou quatre personnes, et ce nombre serait en constante réduction. Pour sa part, le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Mohamed Lamari, en visite à Moscou, a déclaré : "Nous arrivons, en ce qui nous concerme, à la fin, je l'espère, très prochainement, du terrorisme".

(Le Matin, Le Matin 22.5) Le Maire d'Oued Djemâa (w. Aïn Defla), deux de ses adjoints et quatre gardes communaux, dont le chef du détachement de la garde communale, ont été arrêtés et transférée le 21 mai à Blida, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat d'un officier de l'armée et d'un garde communal. Une dizaine de gardes communaux ont ont été interrogés dans le cadre de cette enquête. Les personnes arrêtées sont accusées de complicité et de soutien au groupe armé auteur du double assassinat.

(Liberté 26.5) Un groupe de truands qui se faisaient passer pour des islamistes armés a été démantelé à Tizi Ouzou. Le groupe dressait des faux barrages dans les régions de Bouzeguene, Aïn El Hammam, Fréha et Ouaguenoun pour rançonner les automobilistes et les passagers. Ils auraient également commis au moins un hold up dans une poste, à Ath Aïssa Mimoun, en janvier 2002.

(El Khabar 6.6) "El Khabar" fait état d'"informations concordantes" selon lesquelles le chef du GSPC, Hassan Hattab, serait isolé de son propre groupe par une faction "extrémiste", et ne serait plus que formellement l'émir du GSPC.

(La Tribune 20.6) Selon "La Tribune", le "retour du terrorisme" à Alger serait le fait de la katiba "Khaled Ibn El Walid" des GIA de Rachid Abou Tourab, katiba dirigée par "El Fermache" (l'édenté), un "émir" de 35 ans originaire de Mahelma, ancien lieutenant d'Antar Zouabri. Les effectifs du groupe seraient cependant très réduits (quelques personnes).

(AFP 30.6 / Liberté 1.7) Le ministère algérien de l'Intérieur a mis en place un "numéro vert" (appels gratuits) pour lutter contre le "terrorisme", par la communication de "toute information pouvant contribuer à la sécurité des personnes et des biens". Ce "numéro vert" devrait également permettre de recueillir des indices sur les nouvelles recrues des groupes armés. La renaissance du terrorisme à Alger a en outre incité les autorités à prendre des mesures spéciales, pour faire face à le menace d'attentats lors des célébrations du 40ème anniversaire de l'indépendance. Depuis plusieurs semaines, les GIA, repris en main par leur nouvel "émir", Abou Tourab, semblent s'être redéployés dans l'Algérois, et ont commis de nombreux attentats, contre des policiers isolés mais également, plus récemment, contre des groupes de personnes ou des véhicules de transport collectif.

(AP 1.7 / L'Expression 3.7) Selon "L'Expression", 400 islamistes armés "repentis" pourraient participer à la lutte contres les GIA d'Abou Tourab dans la Mitidja -mais d'autres "repentis" seraient retournée dans les groupes armés et auraient participé à de récentes opérations des GIA dans la région. L'ancien "émir" de l'Armée islamique du Salut (AIS), Kertali, avait annoncé au printemps sa disponibilité et celle de ses camarades à aider les forces de sécurité dans la lutte contre les "terroristes" encore en activité. Des représentants des forces de sécurité et un autre "émir" islamiste repentis Benaïcha, se seraient réunis à Alger pour préparer l'intégration des anciens membres de l'AIS à la lutte contre les GIA.

A Alger, les autorités ont mis en place un "large dispositif sécuritaire" antiterroriste de quadrillage de la capitale, afin de tenter de prévoir les actions des groupes armés, qui y ont repris leurs activités et qui pourraient tenter d'agir pendant et après les festivités du 40ème anniversaire de l'indépendance algérienne, célébré le 5 juillet.

(Le Matin 4.7) 17 membres de la garde communale et de la milice locale de M'chedallah (w. Bouira) sont passées devant le tribunal criminel à Bouira, le 2 juillet, sous l'accusation de trafic d'arme ("commercialisation et détention illégales d'armes de guerre et d'armes à feu"). L'affaire remonte à 1996. Les accusés assurent n'avoir acheté ces armes (pistolets automatiques, fusils à pompe, fusils de chasse, munitions) pour les besoins de la lutte antiterroriste. Trois des accusés ont été condamnés à trois ans ferme, quatre à deux ans ferme, trois à un an ferme, sept ont été acquittés, dont le chef de la garde communale de Raffour.

(AP, AFP 9.7 / AFP, Quotidien d'Oran 10.7) Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a reconnu le 9 juillet, lors d'une rencontre avec des journalistes, que l'Algérie était "dans une véritable guerre" contre le terrorisme, et a appelé les Algériens à "aider (les forces de sécurité) à combattre le terrorisme". Cette déclaration semble trancher avec celles, rituelles, annonçant depuis des années la fin prochaine du "terrorisme", et affirmant que les groupes armés ne comptent plus que quelques centaines d'éléments sur tout le territoire (700 selon le chef d'état-major de l'armée, le général Lamari), mais Ali Tounsi a lui aussi exprimé sa conviction qu'il est "impossible au terrorisme de revebir aussi fort qu'auparavant", qu'on n'assiste actuellement qu'aux "derniers soubresauts de la bête", qu'il ne reste que "quelques égarés qui continuent de tuer pour de l'argent" et qu'on va "certainement liquider le problème". Mais le directeur de la Sûreté a aussi mis en garde contre le surgissement d'une "nouvelle criminalité organisée, qui rackette les commerçants par exemple, et qui n'a rien à voir avec le terrorisme".

Selon "L'Expression", qui s'appuie sur "des sources militaires", des "attentats de grande envergure sont à prévoir dans le courant de l'été" dans l'Algérois. Le quotidien, et plusieurs autres commentateurs et analystes, affirment que les "repentis" sont responsable de la "recrudescence" des attentats ces dernières semaines, et ont constitué de nouveaux réseaux non encore localisés, ou réactivé des réseaux "dormants", et les ont mis au services de la nouvelle direction des GIA, celle de Rachid Abou Tourab. "La Tribune" s'étonne d'ailleurs que le terrorisme urbain que les autorités annonçaient avoir "totalement éradiqué" il y a quelques mois ait pu refaire surface "comme par enchantement en plein capitale du pays mais aussi dans sa périphérie". Selon "La Tribune", un certain nombre des 5000 "terroristes" redescendus des maquis pour bénéficier de la "grâce amnistiante" n'auraient en réalité jamais coupé les ponts avec les organisations islamistes armées. "Le Quotidien d'Oran", qui évoque l'hypothèse d'un "groupe autonome" actif à Alger et dans sa périphérie, annonce que 8000 hommes de la police, de la gendarmerie et de l'armée, sont déployés sous l'autorité du général Fodhil Bey, chef de la région militaire d'Alger, pour protéger Alger des incursions des groupes armés

(AP 11.7 / CCFIS 13.7 / El Watan, Liberté 15.7) Un nouveau groupe armé est responsable des derniers attentats dans la région d'Alger, a affirmé le 11 juillet le ministre algérien de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, à la radio. Le ministre a déclaré qu'"avec un peu de chance, nous parviendrons à des résultats effectifs" contre ce groupe, mais a prévenu que cela demandait "de la patience", et que de nouveaux attentats pourraient se produire. Zerhouni a notamment expliqué le regain de violence par "la baisse de vigilance aussi bien de l'opinion que des services de sécurité". Le général Fodhil Cherif, dans des déclarations publiées par la presse, avait déjà reproché à la population de s'être "démobilisée". Quant au directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, il a estimé que "la lutte antiterroriste est une gestion plus militaire que policière", mais que "la réhabilitation du renseignement s'impose pour une lutte plus efficace, vu que les terroristes sont moins nombreux" et que par conséquent il est plus difficile de les "éradiquer" par de "grandes opérations".

Dans un "commentaire sur les récents massacres en Algérie", publié sur le site internet du Conseil de coordination du FIS, un "officier supérieur de l'ANP", anonyme, mais dont le CCFIS assure qu'il occupe une fonction importante, estime que ces massacres traduisent "l'incapacité de l'Etat résiduel à protéger les citoyens", et se demande s'il s'agit "d'impuissance ou de complicité", en évoquant "l'hypothèse d'un massacre commis à l'instigation du pouvoir pour tétaniser l'opposition et la société". Au cas où il ne s'agirait pas de complicité, mais seulement d'impuissance ou d'incompétence, cela signifierait que l'Etat algérien "n'est plus qu'une administration impotente" et que "ce qui subsiste de la force publique au sens institutionnel n'est tout au plus qu'un groupe armé chargé d'assurer la défense d'une catégorie (de la population) en abandonnant le reste des citoyens".

La gendarmerie a quant à elle annoncé la mise sur pieds dans les 14 wilayas côtières d'un "Plan Delphine" destiné à sécuriser les axes routiers, en complément de la lutte contre le terrorisme. Selon le commandement national de la gendarmerie, le plan mopbilisera 20'000 hommes, 3000 véhicules, 64 groupes de chiens et 9 hélicoptères pour sécuriser les axes routiers, à la fois contre le terrorisme et les accidents de la circulation.

(L'Expression 14.7) L'ancien "émir" du "Mouvement islamique pour la prédication et le djihad", scission du GIA, Mustapha Kertali, qui s'est rallié à la trêve de l'AIS et s'est autodissout en janvier 2000, a démenti que des "repentis" de son groupe soient responsables de l'attentat meurtrier de Larbaâ, le 5 juiller (une cinquantaine de morts), et a mis en cause "les hommes qui tirent à intervalles réguliers sur ceux qui ont choisi de déposer les armes et d'intégrer le cadre de la concorde". Kertali note que plusieurs "repentis" se trouvaient au moment de l'attentat sur le marché visé par celui-ci, et que l'un d'eux a été grièvement blessé. Il estime à "près de 180" le nombre des "repentis" qui vivent à Larbaâ et dans sa région, dont une quarantaine à Larbaâ même, et affirme que leur choix "de faire la paix avec soi-même et avec les autres est un choix définitif, un acte de foi".

(Le Matin 18.7) Selon "Le Matin", les représentants de plus de 17'000 miliciens* ("patriotes") des quinze wilayas de l'est du pays correspondant au territoire de la 5ème Région militaire "s'activent depuis quelques jours à la préparation d'assises nationales", pour interpeller le président Bouteflika sur leur situation et lui présenter ce qu'ils considèrent être le "constat d'échec de la concorde civile". Les représentants des "patriotes" devraient se réunir avant la fin du mois à Constantine pour préparer les "assises nationales des patriotes".

*Ce chiffre, considérable (comme celui des pertes annoncées par les "patriotes" de l'est dans leurs propres rangs : 1078 tués depuis le début du conflit, dans une région où, selon "Le Matin", la situation sécuritaire est "relativement maîtrisée"), est à rapprocher de celui donné récemment par le chef d'état-major de l'armée, qui évaluait à environ 700 (soit 25 fois moins...) le nombre des "terroristes" actifs dans tout le pays... La question se pose de savoir si l'on peut réellement considérer qu'il y a dans le tiers du pays 25 fois plus de miliciens antiislamistes qu'il n'y a d'islamistes armés dans l'ensemble du pays...

(Le Matin 21.7) Selon "Le Matin", deux anciens membres, "repentis", dont un amnistié, de l'Armée islamique du Salut (AIS) qui se livraient au racket des familles et des commerçants à Sidi M'cid, à la périphérie de Constantine, ont été arrêtés après un accrochage avec la police, l'un d'entre eux ayant été blessé.

(Reuters 24.7) Selon "L'Expression", les forces de sécurité auraient localisé le nouvel "émir national" des GIA, Abou Tourab, dans les monts de Hamdania, au sud d'Alger, bombardés depuis le 22 juillet.

(Le Quotidien d'Oran 24.7) "Le Quotidien d'Oran" annonce que la justice est saisie de plusieurs affaires de blanchiment d'argent au profit du GSPC de Hassan Hattab, qui aurait investi 60 millions de dinars (environ 750'000 Euros) dans le commerce et l'import-export, à Boumerdès, Bouira, Oran, Alger et Tizi Ouzou, sous le couvert de prête-noms. Hattab aurait ainsi acquis des camions, un bus et des boulangeries et se serait associé avec un gros "trabendiste" d'Alger. Plusieurs de ses lientenants auraient quand à eux investi dans l'immobilier et l'importation de vêtements.

(Liberté, El Watan 28.7) Quinze des 27 gardes communaux d'Aghribs, près d'Azzefoun (w.Tizi ouzou), ont démissionné et rendu leurs armes le 23 juillet pour protester contre un rapport rendu contre eux par leur nouveau chef.

(El Watan, Liberté 28.7) Onze membre d'un groupe armé, que les autorités tiennent pour responsable d'un attentat ayant entraîné la mort du chef de la brigade de gendarmerie de Sidi Daoud et de deux autres gendarmes, ont été arrêtés le 20 juillet, a annoncé la gendarmerie, qui a ensuite présenté les onze hommes à la presse. Sept des personnes arrêtées seraient directement impliquées dans l'attentat, et quatre dans un réseau de soutien au groupe armé, affilié au GSPC et dirigé par l'"émir" Guerguer ou Gargat (Aïssa Boussena). Selon des déclarations des présumés terroristes, ceux-ci auraient été payés pour commettre l'attentat contre le convoi de gendarmerie.

(Algeria-interface 2.8, El Watan 4.8) L'opération lancée par l'armée contre les maquis islamistes de l'Ouarsenis, et son bilan, s'il se confirme (de 15 à 40 membres des groupes armés tués, selon les sources) se produit alors que l'on considérait, comme l'écrit "Algeria-Interface", que "la contre-offensive de l'armée piétine", une contre-offensive qui, ajoute le bulletin internet, "a provoqué la mort de nombreux soldats et officiers ces dernières semaines, des morts pas toujours rapportées par la presse". Un officier des "services secrets de l'armée" (le DRS) interrogé par Algeria-Interface évoque l'usure des hommes, qui ne sont pas relevés des moins durant, et dont certains (des sous-officiers) sont en zone d'opérations depuis même des années, "sans permission depuis parfois 8 mois". L'officier critique également les méthodes utilisées par l'armée, qui est repérée par les "terroristes" avant d'avoir pu entrer dans les zones qu'ils contrôlent. En outre, les groupes armés (hors, semble-t-il, le GSPC) sont marqués par des dissidences incontrôlables, qui frappent notamment les GIA (dont le chef, Rachid Oukali, alias "Abou Tourab", aurait selon certaines sources été abattu, ce qui n'a pas été confirmé de source officielle, et a été implicitement démenti par le témoignage d'un "repenti" cité par "El Watan"). Par ailleurs, l'armée manquerait de moyens technologiques de pointe, et ne disposerait par exemple, selon l'officier interrogé par Algeria-Interface, que de trois mallettes de matériel d'observation nocturne pour tout le territoire national. L'officier constate enfin que "le soutien (d'une partie de la population) aux groupes armés persiste encore en certains points", notamment au bénéfice du GSPC. D'ailleurs, le numéro de téléphone de "vigilance antiterroriste" mis en service à grand tapage médiatique en juin n'aurait, selon une standardiste, reçu aucun appel.

(Liberté 5.8) Le procureur général d'Alger a annoncé lors d'une conférence de presse, le 4 août, la neutralisation de 14 membres d'un groupe armé actif dans l'Algérois, et qui aurait commis l'attentat de Larbaâ. L'un des membres du groupe, Mohamed Aouar dir "Le Para" aurait déclaré avoir tué "plus d'un millier" de personnes, et serait (avec d'autres) responsable, en 2002 de nombreux attentats, notamment de l'assassinat de policiers. Le groupe serait responsable de massacres à Zeralda, Douera, aux Eucalyptus et à Larbaâ (ces massacres ont fait une centaine de morts). Le groupe n'était pas connu des services de sécurité car ses membres ne faisaient pas partie des réseaux "dormants" des GIA et n'étaient pas fichés. Il était structuré en trois sous-groupes de trois ou quatre membres. Il n'avait pas de contacts direct avec les maquis. Le procureur affirme que c'est ce groupe de 14 personnes "qui est à l'origine de tous les attentats qui ont secoué Alger et sa région depuis plusieurs mois".

(AP 24.8 / Quotidien d'Oran 24.8 / Liberté 25.8) Un garde communal a tué une personne et blessé deux autres dans la nuit du 21 au 22 août, à Aidi Ali Boussidi (w. Sidi Bel Abbès) lors d'un mariage. Il a été arrêté par la gendarmerie. Un autre garde communal de M'Doukal (w. Batna) s'est suicidé le 23 août dans le poste de la garde. Dans la wilay de Blida, deux policiers (des CNS ou des membres de la brigade de police judiciaire) en armes ont pris la fuite à bord d'un véhicule de la police, avant d'être arrêtés par un barrage de la police à Oued R'hiou. Les raisons de cette fuite nônt pas été communiquées.

(Jeune Indépendant 24.8 / El Watan, El Khabar 25.8) Un réseau de soutien aux groupes armés du GSPC a été démantelé dans les régions de Dellys, Baghlia et Sidi Daoud (w. Boumerdès). Sept personnes ont été arrêtées et écrouées. Un autre réseau de soutien au GSPC aurait été démantelé à Constantine, où 16 personnes, dont 3 femmes, ont été arrêtées et écrouées. Plusieurs d'entre elles avaient déjà des antécédents judiciaires liés au même genre d'activités. Le réseau était chargé d'approvisionner les groupes armés en nourriture et médicaments, et de l'informer sur les mouvements des forces de sécurité.

(El Watan 25.8) Selon "El Watan", qui s'appuie sur des "sources sécuritaires" 71 membres des groupes armés du GPSC et des GIA ont été arrêtés en deux mois à Alger et Boumerdès, et le GSPC aurait été contraint de passer de groupes armés de 50 éléments à des groupes de 5 à 6 éléments*

* Ces informations, difficilement vérifiables, sont en tout cas totalement contradictoires (surtout si on y ajoute celles qui font état d'une centaine de membres du GSPC encerclés dans les maquis de Haïzer...) des déclarations récentes de hauts responsables de l'armée, réduisant les forces combattantes des groupes armés à moins de 500 éléments dans tout le pays, répartis en groupes de quelques combattants (moins de dix, souvent trois à cinq).

(L'Expression 29.8) "Chaque fois que le commandement d'une organisation armée est neutralisé, les éléments la composant versent dans 'l'essaimage'", rappelle "L'Expression" en commentant les dernières offensives des forces de sécurité contre les groupes armés. Les "fiefs" de ces groupes (Mizrana, Takhoukht, Sidi Ali Bounab, Haïzer, Chelaâla, Djebel Boukhil, l'Ouarsenis, etc...) sont réguipèrement "réduits à la portion congrue", une centaine d'éléments de groupes armés ont été "neutralisés", et 150 membres des réseaux de soutien arrêtés, mais ces succès ont pour conséquence l'éclatement des groupes importants en "petites entités autonomes qui traversent les espaces", ce qui "multiplie le risque de terrorisme". Selon un "haut responsable militaire" cité par le quotidien, "une organisation de soixantes personnes, à commandement unique, peut se métamorphoser en six ou huit groupes résuits en nombre, d'entre cinq et dix, se déplaçant dans l'espace et tuant chemin faisant", ce qui a semble-t-il été le cas du groupe armé d'Abdelkader Saouane ("Abou Thoumama") : le groupe comprenant cinquante personnes. Après la mort de son chef, il a éclaté en sous-groupes autonomes, qui se sont éparpillés autour de la base initiale du groupe. Tous les groupes armés "ciblés" par une offensive importante des forces de sécurité ont connu ce même processus : en 1996, la désagrégation de la katibat "El Ahoual" a donné naissance à plusieurs nouveaux groupes, se situant sur la lisière du djihad et du banditisme.

(AP, La Tribune 3.9 / L'Expression 5.9) 17 personnes ont été arrêtées le 31 août par les services de sécurité à Haï Zitoun, dans la région de Saïda. Sous la conduite d'un certain "Ouardi", et de sa femme, "Nouna", elles avaient formé un "faux groupe armé" qui dressait de "faux faux barrages" en se faisant passer pour des islamistes armés afin de racketter les habitants de la région. A Bejaïa, la gendarmerie a arrêté le chef d'un groupe qui, pareillement, tendait de "faux faux barrages" ciblant particulièrement les chauffeurs de taxi.

"L'Expression" publie une longue enquête sur les "narco-terroristes" du grand sud et de l'ouest, dont le chiffre d'affaire atteindrait les 4 milliards de dinars annuels, et dont les activités peuvent parfois laisser croire qu'il s'agit de groupes armés islamistes (ils avaient ainsi abattu 7 gendarmes à Kras Hirane, dans la région de Ouargla, en 1997, ce qui avait été pris pour une action des GIA) alors qu'il s'agit de groupes criminels purement crapuleux. Ces groupes sont particulièrement actifs dans la contrebande de cigarettes et de drogue. Selon "L'Expression", une partie des anciens GIA du sud, avec l'"émir" Mokhtar Belmokhtar à leur tête, serait passée à des activités plus lucratives que le djihad, en s'insérant dans les groupes de trafiquants.

(AFP 8.9) Le commandant de la gendarmerie nationale algérienne, le général Mohamed Boustila, a annoncé le 8 septembre une "épuration qui se poursuit toujours" dans les rangs de la gendarmerie, visant "des personnes en réalité non aptes et indignes de représenter ce corps". Le général a annoncé que des poursuites pénales étaient envisagées. Des gendarmes accusés de "dépassements" lors des "événements" de Kabylie en 2001 ont été présentés devant une juridiction militaire. Il s'agit en particulier du gendarme qui a tué, le 18 avril 2001 d'une rafale de pistolet mitrailleur, le lycéen Massinissa Guermah à Beni Douala, ce qui déclencha des émeutes qui se poursuivent toujours en Kabylie, et ont fait près de 120 morts. Le général Boustila a admis que l'engagement de la gendarmerie dans la "lutte contre le terrorisme" l'a "écartée quelque peu de ses missuions classiques". Ce corps doit faire l'objet d'une réorganisation passant notamment par une meilleure formation, un meilleur équipement en moyens scienfiques et technologiques, le développement des nouvelles techniques de police judiciaire et l'informatisation de l'ensemble du réseau de communication de la gendarmerie.

(L'Expression 15.9) Dans un entretien à "L'Expression", l'ancien émir régional de l'AIS pour l'Ouest, Ahmed Benaïcha, attribue la mauvaise situation sécuritaire au fait que la réconciliation nationale "reste dans un état stationnaire" du fait de "l'influence des éradicateurs dans les institutions de l'Etat".

(Le Matin 26.9) A Bouira, plusieurs dizaines d'habitants de différentes localités de la wilaya (notamment Haïzer) ont manifesté pour réclamer la restitution de leurs armes confiquées depuis 1993. Les manifestants dénoncent un "Etat qui confique nos armes et les attribue à d'âutres au nom de la lutte antiterroriste, en nous laissant à la merci des terroristes". Selon eux, les populations des villages isolés, et sans protection militaire ou poilicière, ont été désarmées et leurs armes remises à des habitants de zones parfois "hautement sécurisées".

(Algeria-Interface 4.10) Le budget algérien de la défense continue d'augmenter, et devrait passer à 170 milliards de dinars (environ 2,2 mias Euros, 3,2 mias FS) en 2003 (167 mias en 2002, 150 mias en 2000). Les dépenses publiques algériennes de défense ont doublé depuis 1990, et représentent le second poste budgétaire du projet de budget, juste derrière celui de l'éducation (171 mias de DA).

(L'Expression 23.10) Des centaines d'Algériens se retrouvent en prison pour avoir (ou pour être accusé d'avoir) hébergé ou aidé, de gré ou de force, des membres de groupes armés. En une année, près d'une centaine d'hommes sont ainsi passés devant les tribunaux de Saïda sous l'inculpation de complicité avec une entreprise terroriste. A Boumerdès, plusieurs dizaines de jeunes ont été écroucée sous la même accusation. Il en va tout autant de Tebessa, Annaba, Oran, Relizane, Médéa et Blida (mais, signale l'"Expression", dans une bien moindre mesure d'Alger). Selon un colonel interrogé par le quotidien sur la limite entre le soutien actif et le soutien passif aux griozpes armés, "un éclaireur, un souteneur, un informateur ou un aide d'un groupe terroriste est un terroriste à part entière", puisque sans leurs réseaux de soutien, "les groupes armés des maquis sont coupés de tout contact, de toute information et deviennent facilement prenables". Le problème, cependant, est que dans les zones d'activité des principaux groupes armés, il est impossible aux populations civiles non protégées de refuser par exemple d'héberger des membres de ces groupes, sauf à encourir des représailles qui peuvent être sanglantes. En outre, la répression indistincte du soutien actif et volontaire et du soutien contraint risque, estime le quotidien, de transformer en sympathisants actifs des civils qui au départ ne cherchaient qu'à éviter d'être des victimes.

(Algeria-interface 24.10) Selon l'ancien responsable de la "Ligue islamique pour la prédication et le dijhad" (LIDD), Ali Benhadjar, des contacts auraient été établis dès la fin 1993 entre le ministre de la Défense de l'époque, et futur Président de la République, le général Liamine Zéroual, et l'"émir national" du GIA Si Ahmed Mourad, alias Djaafar el Afghani (abattu par les forces de sécurité quelques mois plus tard, en février 1994). En septembre 1993, Liamine Zéroual avait par ailleurs rencontré dans leur prison les dirigeants du FIS pour obtenir d'eux qu'ils fassent pression sur le GIA afin que celui-ci observe une trêve afin d'ouvrir un dialogue politique. Ali Benhadj aurait adressé une "lettre" (en fait un véritable mémorandum de plus de 100 pages) au GIA, dirigé alors par le successeur de Djafaar El Afghani, Cherif Gousmi, explicitant les conditions religieuses d'une trêve et de l'ouverture d'un dialogue. Après que Gousmi ait été remplacé à la tête du GIA par Djamel Zitouni, celui-ci a récusé toute espèce de trêve et de dialogue, et même "rendu le sang d'Ali Benhadj et Abassi Madani licite", ce qui évquivaut à leur condamnation à mort. Le récit d'Ali Benhadjar a été recueilli en marge de son témoignage dans le cadre d'un documentaire sur le conflit algérien, qui sera diffusé sur la chaîne de télévision française Canal+ les 19 et 20 novembre.

(L'Expression 27.10) Les autorités ont pris des dispositions de renforcement des forces de sécurité dans la région d'Alger, à l'approche du Ramadan. Le dispositif de sécurité a été renfourcé sur les axes routiers de Kadiria, Chlef et Aïn Defla pour parer à d'éventuelles incursions de groupes armés dans la capitale, où l'on craint la réactivations de réseaux dormants des GIA et du GSPC, et où des informations non vérifiées font état de la "disparition" de "repentis" et d'anciens membres des GIA, dont on ne sait pas s'ils ont quitté l'Algérie, sont passé dans la clandestinité ou ont rejoint les maquis. Selon une source policière évoquée par "L'Expression", "des milliers de policiers en civil seront déployés à travers la capitale durant le Ramadan".

(El Watan 27.10 / Le Quotidien d'Oran, El Watan 28.10) Les autorités ont annoncé avoir démantelé un réserau de soutien aux groupes armés à Bordj Menaïel, le 25 octobre, et appréhendé deux membres du réseau, quatre autres étant en fuite. Par contre, onze personnes accusées d'être impliquées dans la constitution de cellules "terroristes", et arrêtés fin avril 2002, ont été relaxés, faute de preuve, le 26 octobre par la Cour de Mostaganem, alors que le procureur demandait pour eux une peine de sept ans de prison, et le procès de seize personnes (dont une femme) accusées d'avoir participé à la création d'un groupe armé et d'avoir fait l'"apologie du terrorisme" a été renvoyé le 27 octobre par le tribunal de Relizane.

(MAOL) Dans un "témoignage" rendu public par le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres), un officier de l'armée, le Commandant Abdelkader Zitouni, évoque la corruption dans l'armée en ces termes : ""au début des années 80 (...) des pratiques nouvelles sont apparues, les petite passe-droits, les petites affaires tels les lots de terrains, les logements, les véhicules, autant de biens matériels qui faisaient tourner la tête à certains de nos chefs de l'époque. (...) Cette politique de compromission généralisée des cadres de l'ANP émanait comme on dit 'd'en haut' puisque cela leur permettait de contrôler l'armée, de la façonner et de la remodeler à leur guise". L'officier accuse "une nouvelle caste de militaires qui ont investi l'ANP comme des criquets, avec pour seule ambition le confort personnel", d'avoir procédé à "une liquidation systématique" d'officiers et de sous-officiers "honnêtes". Puis "aux petits trafics qui pouvaient passer inaperçus (ont) succédé les grands détournements et les grosses combines (...). des commandants d'unités s'en sont même pris à la solde des (hommes de troupes) et des appelés, et même leurs rations alimentaires étaient détournées par les responsables, ce qui faisait que nos djounouds (soldats) et même les officiers étaient obligés chaque soir de se nourrir de lait et de pain. (...) Le matériel acheté par le commandement, surtout au début des années 90, était visiblement inadéquat vu sa vétusté, à peine repeint par la mafia des pays de l'est. Il n'était bon que pour une chose : figurer sur les bilans du commandement pour justifier des dépenses faramineuses de plusieurs dizaines de millions de dollars". Les "officiers intègres" qui ont dénoncé ces pratiques "se sont vus écarter et même arrêter par les services de la DCSA".

(Liberté, L'Actualité, AFP, El Watan 27.10 / Le Quotidien d'Oran, El Watan, Le Matin 28.10) Selon le général Maïza, chef d'état-major de la Ière Région militaire, les effectifs des groupes armés encore actifs, et qui continuent de recruter, seraient d'environ 650 hommes, "tous des irréductibles" et tous groupes confondus* (le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, avait il y a quelques mois estimé les forces des groupes armés à 150 hommes au maximum), contre plus de 27'000 en 1992. 15'200 "terroristes" auraient été "neutralisés" (abattus) par l'armée en dix ans, et 30'000 arrêtés. 6386 membres de groupes armés algériens ont en outre déposé les armes, dans les cadre des lois de "rahma" (clémence) du président Zéroual ou de grâce amnistiante du président Bouteflika, cela vraisemblablement sans compter les membres de l'AIS, autodissoute après les accords passée avec l'armée. Pour le général Maïza, les effectifs des GIA ne dépasseraient pas 60 hommes, évoluant en commandos de quatre à six membres,, et ceux du GSPC 350 à 380 hommes. Une trentaine d'organisations armées seraient recensées en Algérie, mais seuls les GIA et le GSPC seraient réellement actifs.

Le général Maïza a présenté la "géographie de l'islamisme armé" algérien. Après l'éclatement du GIA originel en au moins quatre groupes dissidents (dont le plus important est le GSPC de Hassan Hattab) et la disparition de l'AIS, on n'aurait plus affaire à des organisations armées nationales mais à des groupes autonomes, actifs dans certaines régions et absents d'autres : le GSPC est actif dans l'est (Kabylie, Aurès, Tebessa), le GIA de Rachid Abou Tourab dans la Mitidja, autour de Boufarik, et au sud d'Alger, la Houmat Daawa Salafia (HDS) de Salim El Abassi (70 hommes) dans les régions d'Aïn Defla et de Relizane, le Groupe salafiste pour le djihad (GSD) d'Abou Thamana (60 éléments) dans les régions d'Aïn Defla et de Tissemsilt, le Groupe salafiste combattant (CSC) d'Abou Amar (80 éléments) dans l'Ouarsenis. La HDS, le GSD et le GSC seraient proches du GSPC -lequel serait en relations avec la Qaeda, mais connaîtrait des problèmes d'approvisionnement et de leadership.

Pour sa part, le colonel Bouzghaïa a affirmé que sur "70'000 individus, en provenance de 50 pays", passés par les camps d'entraînement en Afghanistan et au Pakistan, on pouvait estimer le nombre d'Algériens à 2000 à 3000, dont 1600 sont "rentrés au pays pour renforcer les rangs du FIS, de l'AIS et du GIA", d'autres étant partis pour la Tchétchénie, les Balkans, le Yemen, le Pakistan, le Liban le Soudan, l'Amérique du nord etc..., ou étant restée en Afghanistan.

*Ces chiffres sont évidemment à prendre avec quelque précaution, surtout si on les confronte aux témoignages, publiés par la presse, des rescapés ou des témoins d'actions de groupes armés : l'addition des membres de ces groupes, tels que dénombrés par les témoins de leurs actes, produit un chiffre largement supérieur à celui du général. On voit mal comment, par exemple, les GIA pourraient ne plus compter que 60 éléments, quand des témoins de massacres attribués à des GIA font état de plusieurs groupes comptant plusieurs dizaines d'éléments participant à des massacres se dléroulant presque simultanément, ou dans des délais très rapprochés, mais dans des lieux très éloignés (parfois de plusieurs centaines de kilomètres) les uns des autres. A moins évidemment que ces massacres attribués aux GIA ne soient commis par d'autres forces...

(Le Matin 3.11) Après la récente recrudescence des activités "terroristes" dans la wilaya de Chlef, et à l'approche du Ramadan, les autorités politiques et militaires de la wilaya ont décidé de redéployer et de réorganiser les milices locales (Groupes de légitime défense, GLD), qu'elles avaient, après les derniers massacres de civils, accusé de manquer de vigilance et d'activité.

(AP 6.11) Le mois de Ramadan a débuté le 6 novembre sous forte pression "terroriste", notamment dans le centre du pays, entre Aïn Defla et Chlef, où s'activent les GIA d'Abou Tourab. Le Ramadan a régulièrement été en Algérie une période particulièrement violente : en 2001, 80 personnes y avaient été tuées, et ce fut le bilan le plus bas depuis 10 ans : en 2000, plus de 300 personnes et en 1997 près de 1200 personnes avaient été tuées lors du mois de Ramadan, dans des violences impliquant les groupes armés.

(L'Actualité 6.11) Un réseau de soutien aux GIA actifs dans la Mitidja et la région de Chréa (w. Blida) a été démantelé par la police le 4 novembre. Quatre membres du réseau ont été placés sous mandat de dépôt, cinq sous contrôle judiciaire et le dixième laissé en liberté prvisoire. Le groupe compterait, selon une "source sécuritaire" évoquée par "L'Actualité", un milicien local (GLD) et un officier de la marine marchande parmi ses membres, et était dirigé, selon la même source, par le chef du syndicat des transporteurs publics de la wilaya de Blida.

(AP 10.11) Le ministre de l'Intérieur Nourredine Yazid Zerhouni a reconnu le 10 novembre que les familles habitant des villages isolés devaient prendre en charge leur propre défense contre les attaques des groupes armés -autrement dit, que l'Etat ne pouvait assurer leur défense : "L'Etat a mis au service de la lutte antiterroriste tous ses moyens. Pour les zones qui sont difficilement accessibles, il appartient aux populations qui y habitent d'organiser leur autodéfense", a déclaré le ministre à la radio publique. Pour autant, Yazid Zerhouni a réaffirmé que les groupes armés avaient "définitivement perdu" et n'avaient "plus d'autre chois que celui de se rendre aux forces de sécurité ou de se suicider".Ces déclarations font suite à une recrudescence de massacres de civils dans l'ouest du pays (notamment dans les régions d'Aïn Defla, Chlef, Mostaganem, Relizane). Selon les serves de sécurité (en particulier le général Maïza et le colonel Bouzghaïa), le principal groupe armé actif dans la région est la katiba "Errahmane" de l'"émir" Tachtach. L'ancienne katiba "El Ahoual", rebaptisée "Djamaât houmat daâwa salafia", de l'"émir" Salim El Abbasi, évoluerait également dans la région, autour de Relizane, Gouraya et au sud-ouest de Chlef.

(L'Expression 12.11 /AFP 16.11) Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a assuré que les groupes armés n'attiraient "pratiquement pas" de nouvelles recrues actuellement, et le quotidien "L'Expression" estime que les GIA ne comptent plus qu'une centaine de membres répartis en petits groupes de six ou sept hommes, sans lien les uns avec les autres. Lors d'un récent colloque international sur le terrorisme tenu à Alger, des responsables militaires avaient cependant estimé à 600 ou 700 le nombre de "terroristes" encore en activité (dont, selon le général Maïza, entre 350 et 380 hommes du GSPC), et des observateurs indépendants estiment que ce nombre tournerait plutôt autour du millier. Yazid Zerhouni a en outre réitéré son appel aux habitants des zones "difficilement accessibles" à organiser eux-mêmes "leur autodéfense", en expliquant que tous les moyens disponibles ont été mis par l'Etat au service "de la lutte antiterroriste".

(Reuters, AFP 25.11 / Le Quotidien d'Oran 28.11) L'homme abattu le 12 novembre dans une embuscade tendue par les forces de sécurité à un groupe armé dans la région de Merouna (w. Batna) et identifié par les services de sécurité comme le responsable des réseaux de la Qaeda au Maghreb, Emad Abdelouahid Ahmed Alouane, alias "Abou Mohammed", ressortissant yéménite, était (selon les autorités algériennes) responsable du repli au Yemen des combattants de la Qaeda originaires du Maghreb, et se serait rendu en Algérie pour y rallier un soutien à la Qaeda, à laquelle le GSPC de Hassan Hattab serait étroitement liéé (le GSPC est à ce titre inscrit sur la liste noire américaine des porganisations terroristes). Un ancien commandant taliban, Fazul Rabi Saïd Rahman, détenu à Islamabad, a déclaré à une journaliste américaine que "plusieurs hommes d'Al-Qaïda ont fui vers l'Algérie ces dernières semaines" en utilisant les réseaux mis en place par une organisation caritative islamique, l'International Islamic Relief Organization, à Peshawar.

Selon un responsable américain, cité par Reuters et l'AFP sous couvert d'anonymat, Alouane, dont ce responsable n'a pas confirmé la mort, tout en se réjouissant de sa possibilité ("le monde sera un peu plus sûr" dans ce cas), était certes une "figure importante" de la Qaeda, mais "pas un dirigeant".

(AP 30.11 / jeune Indépendant 1.12) Un groupe de douze miliciens locaux (GLD) du douar Kdadid, près d'Oued Djemaâ (w. Aïn Defla), a été arrêté par les services de sécurité. Ils sont accusés de complicité avec les groupes islamistes armés, auxquels ils auraient fourni des armes et des vivres.

(La Nouvelle République 27.11) Selon un rapport officiel, communiqué par les services du Premier ministre et dont fait état "La Nouvelle République", le "terrorisme" aurait fait en dix ans 30'101 morts et 24'096 blessés civils auxquels il convient donc d'ajouter les morts et blessés au sein des forces de sécurité d'une part, des groupes armés -islamistes ou non- d'autre part. Selon le même rapport les forces de sécurité (sans les milices locales) auraient eu 8684 morts (dont 4395 soldats, 2247 policiers, 1848 gardes communaux et 994 gendarmes) et 12.430 blessés et les groupes armés islamistes ou réputés tels environ 13'000 morts et 24'000 membres faits prisonniers par les forces de sécurité. On arriverait donc à un bilan "officiel" de la "décennie rouge" de plus de 50'000 morts (sans compter les pertes dans les rangs des milices locales). Le président Bouteflika avait quand à lui articulé il y a deux ans le chiffre de 100'000 morts, et les ONG estiment le bilan des dix ans de conflit armé en Algérie à au moins 150'000 morts, sans compter les "disparus".

En moyenne, on aurait compté, selon le rapport officiel, en dix ans 14 actions armées par jour, dont bon nombre d'attentats à l'explosif (6006 en dix ans) et de "faux barrages" (2200 environ).Les massacres de population civile auraient fait 4143 victimes, dans 300 attaques. 1653 femmes et 350 jeunes filles mineures ont été violées, sans compter les 2646 jeunes filles et femmes enlevées, et qui n'ont pas été retrouvées. Le rapport relativise ces chiffres en ajoutant que les familles rurales, du fait de la pression sociale et de la honte qui s'attache au viol (et pèse sur la victime, non sur les coupables) s'abstiennent souvent de le déclarer.

6867 entreprises ont été détruites, ce qui a occasionné pour deux milliards de dollars de dégâts et la perte de 70'000 emplois. 810 établissements scolaires ont été détruits.

(AFP 22.12) Plusieurs quotidiens algériens rapportent qu'un membre de la Qaeda, un "Yéménite" (sans autre précision) est traqué par l'armée depuis plusieurs jours dans les maquis de Bouira, en Kabylie. L'homme serait venu de la région de Biskra pour rencontrer le chef du GSPC, Hassan Hattab. Il s'agirait d'un lieutenant d'un responsable de la Qaeda, un autre Yéménite, Emad Abdelwahid Ahmed Alwan, abattu le 12 septembre à Mérouana, près de Batna, dans une embuscade tendue par les forces de sécurité. Alwan aurait été le responsable de la Qaeda pour le Maghreb.

(AP 29.12 / Liberté 30.12) 250 miliciens locaux ("patriotes") auraient été désarmés dans la wilaya de Saïda, dans le cadre d'une opération de la gendarmerie, annonce "Liberté". Le Commandement de la IIème région militaire a résuit dans un communiquéà ce nombre à "une quinzaine pour toute la wilaya de Saïda", et accuse les miliciens concernés de "prêter main forte aux groupes armés en leur fournissant des armes et des provisions". Un groupe de dix miliciens a été incarcéré. Début décembre, sept miliciens avaient été arrêtés pour complicité avec les groupes armés dans la région de Saïda, et notamment pour avoir remis leurs armes à un groupe armé, sans lui résister. Deux semaines plus tard, douze gardes communaux ont été désarmés à Chlef.

(AP 29.6 / La Tribune 30.6) A l'occasion du dixème anniversaire de l'assassinat du président Mohammed Boudiaf, le 29 juin 1992, le fils de celui-ci, Nacer Boudiaf, a annoncé le 29 juin son intention de déposer plainte, probablement à Paris, contre Larbi Belkheir, actuel chef de cabinet du président Bouteflika, ainsi que contre Khaled Nezzar, Smaïn Lamari et "Toufik" Mediene, qu'il rend responsables de l'assassinat de son père. Nacer Boudiaf se dit persuadé que, contrairement à la thèse officielle, qui n'incrimine qu'un membre de la garde rapprochée du président, Lembarek Boumaârafi, l'assassinat de son père n'est pas "un acte isolé d'inspiration religieuse", mais un assassinat politique, dont l'un des commanditaires serait précisément Belkheir, accusation déjà portée en 2001 par l'ancien secrétaire général de la "Coordination des enfants de chouhada", Mohamed Bensaïd. La Fondation Mohamed Boudiaf impute l'assassinat du président à la "mafia politico-financière" qui détient "la réalité du pouvoir" en Algérie


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LETTRE OUVERTE AU PEUPLE ALGÉRIEN, de Nesroulah Yous et Habib Souaïdia

A Paris, le 5 mars 2001

C’est un acte longuement réfléchi.

En écrivant nos livres, Qui a tué à Bentalha ? et La sale guerre, nous n’avons voulu, en aucun cas, faire le jeu de quiconque ou laver les islamistes de leurs crimes. Ceux qui ont eu l’occasion de les lire le savent.

Pour nous, il est impératif de revenir sur cette question et de clarifier encore une fois notre position, parce que les quelques voix qui s’élèvent en Algérie, sous forme d’insultes et d’injures, veulent à tout prix, malgré et contre nous, nous jeter dans un camp que nous avons toujours combattu. Notre parcours et notre vécu nous mettent largement au dessus de ces bassesses, indignes d’intellectuels et de prétendus représentants du peuple algérien.

La polémique autour des deux livres est également alimentée indirectement par certains responsables proches de l’ex-Front islamique du salut (FIS), qui dénoncent à juste titre les exactions de l’armée, des milices et des groupes prétendument " islamistes " manipulés, mais passent sous silence celles des authentiques groupes armés islamiques. Or, la violence barbare attribuée, depuis des années, à ces groupes est indiscutable. Les responsables des partis politiques, islamiques et autres, qui ne se sont pas élevés pour la condamner devront en répondre devant l’opinion publique et l’histoire.

Il en va de même pour ceux qui ne parlent que de " bavures " à propos des crimes des forces de sécurité et qui s’obstinent à protéger quelques dignitaires sous prétexte que l’armée serait le dernier rempart de la démocratie. Nous respectons et partageons le combat des féministes et des démocrates pour l’émancipation de la femme, les libertés individuelles et contre le code de la famille, mais nous sommes en total désaccord avec ceux d’entre eux qui, au nom de ce combat et par peur de voir s’instaurer un État islamique, défendent des bourreaux, la manipulation de la violence par les services secrets et le terrorisme d’État.

Ces deux tendances veulent une paix construite sur le mensonge, en maintenant l’opacité et la confusion. Seuls comptent pour elles des desseins idéologiques.

Nous sommes des Algériens, entièrement responsables. Seul compte pour nous le devoir envers un peuple qui a tant souffert et qui continue de souffrir. Seules comptent pour nous les victimes qui ont payé de leur vie ou de leurs corps, pour que d’autres Algériens vivent libres et en paix dans un État de droit. Seules comptent pour nous les générations futures qui devront se libérer de ce lourd fardeau.

Nous ne mettons pas en cause l’armée en tant qu’institution, mais un certain nombre d’officiers supérieurs et officiers, qui ont volontairement programmé et/ou laissé faire les massacres, les enlèvements, les exécutions sommaires, les assassinats, la torture et le viol, dans le seul but de préserver leurs acquis et privilèges.

Il est très clair pour nous que les responsabilités des uns et des autres doivent être établies et reconnues pour le bien-être de notre pays et du peuple algérien.

Il est très clair pour nous que tous les criminels, quels qu’ils soient, doivent être jugés par une justice indépendante et impartiale.

La paix ne peut se construire sans la justice. Et la justice ne peut exister sans la vérité.

Demandez une enquête libre indépendante, ouvrons les charniers et vous aurez les réponses à la question : " Qui trompe qui ? "


(Libération 8.2, Le Monde 9.2, Tribune de Genève, Le Temps 10.2, AFP, Libération, Liberté 11.2, corr. CSSI) La sortie en France, le 8 février, du livre de Habib Souaïdia "La Sale Guerre" (La Découverte) a fait les titres de la presse française, et notamment du "Monde", qui avait déjà publié le 3 juin un premier témoignage de l'ancien officier algérien sur ce qu'il avait vécu dans les forces spéciales de l'ANP. "Le Monde", signale que quelques jours après la publication de ce témoignage, les membres de la famille de Habib Souaïdia restés en Algérie "ont reçu la visite des services de renseignements" et que cette visite "ne fut pas des plus courtoises". Le quotidien se demande donc quelle sera la réaction des "services" après la sortie du livre; "Libération" relate la visite du journaliste Mouloud Benmohammed, "encadré d'importantes forces de sécurité" passant "tout le quartier au crible", au domicile de la mère de Habib Souaïdia, à Tébessa.

Les "services" ne devraient pas s'en tenir à cette seule réaction après la sortie d'un livre apportant, selon son préfacier, le juge anti-mafia italien Ferdinando Imposimato, "un ensemble précieux de "notifications de crimes" avec des indications précises de noms, de lieux et de dates qui peuvent servir de base à des actions pénales des victimes ou de leurs familles, y compris devant des tribunaux de pays européens", contre les officiers supérieurs (à commencer par le général Mohammed Lamari) dont il dénonce la responsabilité dans les massacres de civils, la pratique généralisée de la torture, les exécutions sommaires (la "descente à l'oued" pratiquée par l'armée algérienne succédant à la "corvée de bois" pratiquée par l'armée française).

Habib Souaïdia n'exonère pas les groupes islamistes armés des crimes qu'ils ont commis ("je ne dis pas que les GIA n'ont pas tué, violé des femmes au nom de l'islam. Au contraire, je dénonce leurs actes et c'est pourquoi je les ai combattus pendant des années"), mais il affirme que les forces de sécurité ont commis les mêmes crimes, reconnaît avoir participé à des opérations aboutissant à des massacres de civils par les forces de sécurité, donne des noms, des lieux et des dates. "J'étais dans une armée d'assassins, de brigands et de voleurs. J'étais moi-même devenu un sauvage", écrit Habib Souaïdia, qui témoigne notamment avoir, en mars 1993, escorté avec sa section un commando habillé en "terroristes", et dont il apprendra le lendemain qu'il a massacré douze personnes à Douar Ez-Zaatria, un village "dont les habitants étaient des sympathisants du FIS".

La large audience donnée par les media français au livre (qualifié de "bombe" par le sociologue Lahouari Addi, qui estime qu'il devrait avoir "le même impact en Algérie que "notre ami le Roi" au Maroc", puisque l'armée est "le pilier de l'Etat" algérien comme "la royauté fonde le Maroc") n'a pas encore suscité de très fortes réactions en Algérie, mises à part quelques attaques personnelles contre son auteur (accusé notamment par "Liberté" d'avoir été un voleur de voitures), et quelques allusions à la coïncidence de la sortie du livre avec la visite prévue du ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, en Algérie dès le 13 février (en fait, le livre est en préparation depuis des mois, et a été commencé bien avant que la visite de Védrine ait été annoncée). Plusieurs quotidiens réagissent cependant à la parution de l'ouvrage, à peu près dans les mêmes termes qu'à la parution, il y a quelques mois, de celui de Nesrolah Yous, "Qui a tué à Bentalha". "La Nouvelle République" parle ainsi de "grande manipulation" et de tentative de "disculper le terrorisme islamiste des actes criminels commis contre le peuple algérien" (ce que ne fait évidemment pas Habib Souaïdia). "L'Expression" dénonce "une partie de l'intelligentsia française", que le quotidien gouvernemental assimile à l'Internationale socialiste (et donc au FFS) et qu'il accuse d'avoir "perdu la raison" en retenant le témoignage d'un "officier félon, devenu bandit".

L'Association France-Algérie a pour sa part publié un communiqué exprimant sa "préoccupation devant l'utilisation tapageuse qui est faite par certains médias français, notamment le journal Le Monde", de la publication du livre de Habib Souaïdia. L'association déplore l'appel lancé par des intellectuels française à une prise de distance du gouvernement français "vis-à-vis de l'Algérie" et réaffirme que c'est "le terrorisme islamique" qui a imposé la violence "au peuple algérien".

(Le Parisien 12.2, AFP 13.2, 15.2, Le Matin 14.2, Liberté, Le Quotidien d'Oran 15.2) L'Ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Ghoualmi, a qualifié le 15 février d'"imposture" le livre de Habib Souaïdia, "La Sale Guerre", qui n'est pour lui qu'une sorte de "synthèse de ce qui a été écrit dans la presse française". L'Ambassadeur s'est dit "étonné qu'un sous-lieutenant pouvait à la fois faire une analyse politique, une analyse constitutionnelle et être présent partout. C'est-à-dire avoir des informations que moi, ambassadeur, je ne suis pas capable d'avoir sur la propre institution". L'Ambassadeur a également menacé Habib Souaïdia, s'il revenait en Algérie pour être entendu par la justice, d'y être poursuivi pour diffamation. Pour sa part, Habib Souaïdia s'est déclaré le 13 février, sur France-Inter, prêt à rentrer en Algérie pour témoigner devant une commission d'enquête internationale "pour que la vérité et la justice soient faites", mais s'est toutefois montré sceptique sur les chances de mise en place de cette commission : "tout le monde se tait (mais) je pense que les services secrets français ou américains savent exactement ce qui se passe". Pour l'ancien officier, réfugié politique en France, il y a en Algérie "dix généraux" qui "essayent de se protéger", dont Mohammed Lamari (chef d'état-major), Khaled Nezzar (ancien ministre de la Défense), Fodhil Cherif (chef de la région militaire d'Alger-Blida), Mohamed Mediène (chef des services secrets), Gaïd Salah (commandant de l'armée de terre), qui pourront se maintenir au pouvoir "tant que personne ne pose la question "qui tue qui ?". Habib Souaïdia a réaffirmé que "les terroristes ont fait beaucoup de mal, mais (que) les généraux ont fait la même chose", et que "les Algériens (le) savent". Interrogé par "Le Parisien", le directeur d'"El Watan", Omar Belhouchet, estime pour sa part que "s'il y a eu infiltration des maquis, arrestations arbitraires, exécutions sommaires et dérapages de la part des militaires, il ne faut pas se tromper d'ennemis", et qu"en Algérie, ce sont les islamistes qui massacrent, éventrent, violent les femmes et égorgent les bébés". L'impact du livre de Souaïdia dans les media et sur l'opinion publique française semble en tous cas commencer à inquiéter les autorités algériennes, un "observateur proche du pouvoir" confiant à l'envoyée spéciale du "Monde" accompagnant Hubert Védrine à Alger le 13 février que "ce ne sont pas tant les révélations dans un livre de tel ou tel officier réfugié en France qui posent problème aux responsables militaires que leur impact possible sur l'opinion publique algérienne (qui) pourrait finir par diriger son mécontentement contre ceux qui détiennent le pouvoir réel". En Algérie, l'Organisation nationale des victime du terrorisme (celle de Zohra Flici) a dénoncé dans un communiqué les "voix opportunistes (qui) continuent à épiloguer sur le "qui tue qui ?" en attendant leur installation aux commandes du pays" et en restant "installées confortablement à l'étranger", et la porte-parole du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, a vu dans le livre de Souaïdia "une tentative de plus pour provoquer une commission d'enquête internationale", que le PT rejette, au contraire du FFS, qui la réclame.

(Quotidien d'Oran 15.2, El Watan, CCFIS 20.2, Jeune Indépendant 22.2, Le Temps 23.2, El Moudjahid, AFP 24.2, Horizons, APS 25.2, La Tribune, El Watan, Liberté, Le Matin, Le Monde 27.2, Corr) Le "contre-feu" algérien à la parution de l'ouvrage de Habib Souaïdia, "La Sale Guerre", continue de consister essentiellement en attaques contre Souaïdia, mais également, et de plus en plus, contre son éditeur, accusé notamment par "Le Quotidien d'Oran" de "rouler" pour les Marocains, à la faveur de transactions commerciales entre la multinationale Vivendi, propriétaire des éditions, et le Maroc, transactions qui auraient permis aux autorités marocaines d'assurer l'augmentation de la solde des soldats. "Le Soir" est allé rechercher un ancien camarade de lycée de Habib Souaïdia, Abdelmalek Nouar, emprisonné en juin 1997 pour désertion dans la même prison militaire de Blida que Habib Souaïdia, qu'il décrit comme un quasi-analphabète incapable d'écrit une ligne en arabe ou en français : "Il a été manipulé (...). C'est un fou, un paranoïaque". "Horizons" est allé interroger un psychologue ("sans doute très sérieux et néanmoins anonyme", commente ironiquement "Le Matin") qui déclare que Habib Souaïdia a une personnalité "tourmentée" et souffre d'un "trouble de la généalogie", car paraît-il fils de harki, héritant de la "tare du père", c'est-à-dire de "la transgression des règles tacites de la communauté d'appartenance" et donc de "la culpabilité qui en découle".

Après la publication de l'ordre du jour du général Mohammed Lamari à l'ANP, "El Watan" se demande pourquoi les autorités n'ont pas plus tôt "révélé" que Habib Souaïdia avait été (dixit le général Lamari) "reconnu coupable du chef de vol qualifié (...), condamné (...), cassé de son grade, remis au rang de (soldat) et exclu" de l'armée (Habib Souaïdia affirme, lui, avoir été condamné et emprisonné pendant 4 ans pour une "affaire cousue de fil blanc", mais en réalité pour le faire taire : "parce que j'avais assisté à plusieurs cas de torture. Parce que j'avais donné mon avis sur les exécutions sommaires. Parce que j'avais vu des officiers supérieurs se transformer en assassins. Parce que j'avais refusé d'exécuter certains ordres illégaux"). Enfin, le Conseil de coordination du FIS (CCFIS, d'Ahmed Zaoui) fait état de "rumeurs de plus en plus persistantes" de "très fortes pressions" exercées sur les Editions La Découverte "par de puissants lobbies" favorables au pouvoir algérien, afin "d'empêcher la réédition" de "La Sale Guerre", voire de racheter les droits du livre au profit du pouvoir algérien.

Sur le fond (et les faits) des accusations portées par Souaïdia, cependant, le "contre-feu" est nettement plus discret, au point que "El Watan" s'étonne que "la campagne virulente ouverte en France autour de prétendus livres-témoignages mettant en cause l'armée algérienne et les services de sécurité n'ait pas suscité de réaction officielle de la part des autorités algériennes", et suggère que "les médias publics ont apparemment reçu des consignes strictes pour faire l'impasse totale sur ce débat qui éclabousse l'armée algérienne et tente de blanchir les islamistes intégristes de leurs crimes". "El Watan" regrette que les pouvoirs publics algériens, par exemple l'Ambassadeur en France, n'aient pas déposé une "plainte pour diffamation à l'encontre de Souaïdia" (mais une telle plainte, il est vrai, risquait d'ouvrir un procès public, alimentant encore le débat), ou organisé une conférence de presse "pour se défendre et rétablir la liberté des faits", ou organisé une "rencontre avec la presse pour défendre l'honneur bafoué de l'armée". L'écrivain Rachid Boujedra se pose la même question, en se demandant pourquoi l'Etat algérien ne réagit pas "pour défendre l'honneur de la nation et de l'armée" ?

Les partis, mouvements et responsables politiques sont progressivement entrés dans le débat. Le 23 février, la coordination de Biskra des comités de soutien au programme d'Abdelaziz Bouteflika a dénoncé dans une réunion publique "les tentatives douteuses visant à porter atteinte aux institutions de l'Etat" (selon la relation faite du meeting par "El Moudjahid"). Dans un communiqué à l'issue de la réunion de sa direction, le RND a condamné le 23 février la "nouvelle campagne orchestrée copntre l'Algérie et son Armée nationale populaire", campagne qu'il attribue aux "milieux extérieurs" qui avaient déjà soutenu "le complot de Sant'Egidio", et qui usent de "mercenaires de la plume" pour diffuser le "sinistre slogan -Qui tue qui ?-". L'ANR dénonce dans le témoignage de Habib Souaïdia un "véritable pamphlet" et un "chef d'oeuvre de désinformation" s'inscrivant dans une tentative de "déstabilisation" des esprits en Algérie, conformément aux "tactiques éculées de la guerre psychologique". Le président du MSP, Mahfoud Hanhan, a appelé le 22 février à "faire preuve de prudence et de vigilance quant aux allégations émanant de l'intérieur comme de l'extérieur et visant à perpétuer la crise". Le MSP a en outre annoncé qu'il allait organiser un forum pour riposter aux témoignages de Nesroullah Yous et de Habib Souaïdia, et Mahfoud Nahnah a annoncé la création d'une Association (ou d'un Comité= pour la défense de la République. Le MSP propose aux autres formations politiques "une action commune pour défendre la souveraîneté nationale et apporter un démenti aux mensonges et allégations propagés par les médias" français. La Sénateur Mohammed Cherif Taleb, président du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD) a condamné l'"instrumentalisation faite par certains cercles" des deux ouvrages de Nesrollah Yous et de Habib Souaïdia, afin de "semer le doute et porter atteinte à l'ANP et aux forces de l'ordre (...) rempart contre les menées déstabilisatrices de l'islamisme intégriste mondial". Le 25 février, le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a estimé que "la campagne visant l'Armée nationale populaire veut semer le doute quant à la capacité de notre pays à se réconcilier". Le 3 mars, à l'ouvertuire de la session parlementaire, un projet de résolution devrait être soumis à l'Assemblée nationale, à l'initiative du RND.


Mohamed Lamari L'armée, ou à tout le moins son chef d'état-major, le général Mohamed Lamari, personnellement mis en cause par Habib Souaïdia dans "La Sale Guerre", est finalement intervenue directement dans le débat, par un "ordre du jour" que le général Lamari a adressé le 26 février aux officiers, sous-officiers et soldats de l'ANP. Ce texte, publié par la revue "El Djeïch" et diffusé par l'agence officielle de presse APS, constitue la première réponse officielle algérienne au livre de Souaïdia et au débat qu'il suscite. L'"Ordre du jour" ne réfute pas en détail les accusations de "La Sale Guerre", mais reprend les dénonciations déjà exprimées par des organisations de la "famille révolutionnaire" et divers partis de la coalition : pour Mohammed Lamari ne cite jamais nommément Souaïdia dans son ordre du jour, mais l'accuse de s'être adonné "au vol de véhicules et de pièces détachées" avant d'être "cassé de son grade, remis au rang de djoundi" (soldat)" et exclu de l'armée, Pour Lamari, Souaïdia "a failli à son serment, à son honneur d'officier et à sa mission", et "La Sale Guerre" s'inscrit dans "une campagne médiatique délirante émanant de l'extérieur" et destinée à "remettre d'actualité le mythe de "qui tue qui ?". L'ouvrage est, selon celui qu'il désigne comme l'un des principaux fauteurs de la "sale guerre", est "dénué d'objectivité, d'originalité et sans aucune valeur littéraire ou documentaire", et n'est motivé que par les "appétits commerciaux" de son éditeur et les "ressentiments nostalgiques" de ses initiateurs. Pour Lamari, "nul ne nourrit de toutes sur l'identité véritable des hordes sanguinaires, ni d'ailleurs sur celles de leurs défenseurs, soutiens et relais traditionnels, ici ou ailleurs" (que le général ne désigne d'ailleurs pas plus précisément).

L'éditeur de Habib Souaïdia, François Gèze, interrogé par "Le Monde", a répliqué à l'ordre du jour de Mohammed Lamari en estimant qu'il "réagit à des accusations précises et circonstanciées par des insultes et l'invocation d'un prétendu complot", et se demande pourquoi, si le témoignage de Souaïdia est "sans valeur" comme il l'affirme, il n'accepte pas "la commission d'enquête internationale indépendante qui permettrait d'établir la véracité des faits", ou a contrario le caractère mensonger des accusations portées.

Dans l'ensemble, la presse francophone a salué très favorablement la "sortie" du général Lamari, non sans exprimer des regrets sur son caractère tardif, ou sur le fait que ce soit l'armée qui interviennent dans le débat, et non le président ou le gouvernement. Pour "Le Matin", le fait "que le chef des opérations militaires en soit venu à répliquer lui-même à une diabolique campagne de dénaturation du fait algérien (indique) non seulement la gravité de la conspiration" mais aussi la singularité du contexte", marqué par "l'étrange discrétion des responsables politiques" et un "lourd silence officiel". "Liberté" signale que l'ordre du jour de Lamari, diffusé par l'agence officielle APS et par les radios publiques, "n'a pas été traité par le journal télévisé de 20 heures" de la télévision publique, et suggère que cette "discordance" est due à une intervention du président Bouteflika et manifeste une divergence de fond entre le président et l'armée sur l'attitude à adopter à l'égard du FIS (le premier étant supposé vouloir le réinsérer sous une forme ou sous une autre dans le champ politique légal, la seconde ne voulant pas en entendre parler). Le quotidien exprime également sa crainte que l'intervention du général Lamari, et la condamnation qu'elle exprime à l'égard d'une "campagne dont l'objectif recherché, consciemment ou inconsciemment, vise à porter atteinte à toute l'institution militaire" (Lamari dixit), n'exprime en réalité une menace à l'égard de la presse si des journaux se permettaient d'"égratigner l'institution militaire au travers de ses responsables hiérarchiques" (Liberté dixit).

Quant à Habib Souaïdia, interrogé par "Le Temps" de Genève, il annonce que d'autres témoignages suivront le sien, et qu'il est pour cela en "en contact avec le MAOL" (Mouvement algérien des officiers libres) et "d'autres officiers algériens, non affiliés au MAOL", et qui "sont prêts à témoigner à visage découvert". Parmi eux, annonce Souaïdia, "un commandant qui réside en France et qui fut proche des généraux au pouvoir". Habib Souaïdia exprime en outre sa crainte que les officiers dont il cite les noms dans son livre, et dont il affirme qu'ils ont participé aux exactions commises par l'armée, soit éliminés : "Le pouvoir s'arrangera pour les faire disparaître, car ils sont désormais des témoins à charge potentiels". L'auteur de "La Sale Guerre" considère qu'il "faut faire vite" et "lance un appel aux parlementaires européens afin qu'ils organisent l'envoi d'une commission d'enquête internationale en Algérie". Le 25 février, le MAOL a annoncé le massacre "par un commando spécial de la DRS (...) dépêché sur les lieux par les généraux Mohamed Lamari et Mohamed Mediene" de 47 officiers détenus dans la caserne de Boughar, dans la région militaire de Médéa. Selon le MAOL, qui ne précise pas la date de ce massacre, ses victimes seraient toutes des militaires "en fin de peine et tous libérables le 15 mars" incarcérés parce qu'ils étaient soupçonnés de sympathies islamistes et massacrée pour éviter qu'ils ne fassent des révélations.

La polémique sur "La Sale Guerre" a en outre entraîné une polémique entre l'éditeur de l'ouvrage, François Gèze, et le directeur de l'hebdomadaire "Marianne", Jean-François Kahn. "Marianne" avait publié les déclarations de l'auteur d'une première version du témoignage de Habib Souaïdia, Mohammed Sifaoui, qui accusait Habib Souaïdia et François Gèze de l'avoir "manipulé" pour "régler (des) comptes" avec l'armée algérienne. Se considérant comme diffamé, François Gèze a décidé de porter plainte contre Mohammed Sifaoui et "Marianne", et de ne pas participer au débat public organisé par l'hebdomadaire sur la situation en Algérie, dans la mesure où "le respect minimum de la parole de l'autre" n'y serait pas assuré "après la publication par Marianne des allégations mensongères de M. Sifaoui" : "c'est comme si, ayant invité un interlocuteur à débattre, vous commenciez à lui cracher à la figure avant de l'inviter aimablement à discuter". Sur le fond, François Gèze réfute dans une lettre ouverte à Jean-François Kahn l'accusation portée par celui-ci contre lui, qu'il serait de ceux qui fédendent un "arrangement de compromis" avec les "sicaires totalitaires" (islamistes), et que ceux qui combattent les tueurs du GIA "sont à mettre exactement dans le même sac" que ces tueurs. Pour François Gèze, en revanche, "les droits de l'homme ne se partagent pas : le terroriste qui tue des civils innocents avec une voiture piégée est aussi coupable que le militaire qui torture ou pratique des exécutions sommaire; et un Etat qui se prétend démocratique ne peut combattre la violence armée avec comme principaux instruments la Kalachnikov et le chalumeau". L'éditeur invite enfin son accusateur à être comme lui solidaire "des vrais démocrates algériens. Ceux qui combattent depuis des années les vélléités totalitaires de l'islamisme radical, mais qui entendent le faire avec les armes du droit et non en soutenant le terrorisme d'Etat. Ceux qui com,battent la "junte pétrolière au pouvoir à Alger", car c'est elle qui est en réalité le principal fourier des "fasisto-intégristes".

Enfin, une nouvelle pétition a été lancée pour l'ouverture d'une enquête internationale sur la violence en Algérie. Lancée au Québec, soutenue par le Groupe de recherche et d'initiative pour la libération de l'Afrique (GRILA), à Montéral, et signée par des intellectuels québecois et européens, elle est adressée à la Commission des droits de l'Homme de l'ONU. Elle accuse les forces de sécurité d'user systématiquement de la torture et fait état des témoignages rendant les forces de sécurité responsables de massacres de civils.


(AP 27.2, Le Matin, El Watan 28.2, Courrier International 1.3, Le Soir de Bruxelles 2.3, Liberté 3.3, Tribune, Quotidien d'Oran, Liberté 4.3, Horizons 5.3, Corr.) La polémique désormais lancée tant en France qu'en Algérie autour de la "Sale Guerre" de Habib Souäidia continue d'être alimentée par de multiples déclarations de responsables politiques algériens, plus que par la contestation du contenu même du témoignage de Souaïdia (quoique des éléments de contestation soient parfois avancés par les journaux algériens). D'entre les déclarations politiques algériennes, on notera que plusieurs mettent en cause désormais les services secrets français, accusés de manipuler Souaïdia, voire d'être eux-mêmes responsables des massacres de population civile algérienne.

Dans un entretien avec l'Associated Press, Saïd Sadi, président du RCD, s'est déclaré le 27 février "ulcéré" par l'engagement "dans le combat algérien" et dans "le camp de l'extrémisme religieux" de "certains quotidiens français", dont "deux quotidiens spécialisés dans le messianisme de gauche" ("Le Monde" et "Libération", selon toute vraisemblance...) qui se seraient fait "une vocation de dédouaner les crimes commis par les islamistes, même s'ils sont revendiqués", et qui se transforment en "sponsors objectifs des islamistes" en alimentant "la pensée unique" de la presse française.

A Alger, les deux chambres du Parlement (l'Assemblée nationale populaire et le Conseil de la nation) ont adopté une motion de soutien à l'armée, proposée par le RND. La motion salue "les efforts de l'ANP, les corps de sécurité de la République et les Patriotes sincères dans leur combat contre le terrorisme", et dénonce une campagne menée par des "milieux étrangers haineux qui n'ont pas compris jusque-là que l'Algérie a recouvré son indépendance". La motion a cependant été adoptée à l'Assemblée nationale par acclamations, sans avoir été préalablement annoncée, et par les seuls partis gouvernementaux. Le groupe parlementaire du FFS a protesté contre cette méthode, et contre le refus par le bureau de l'assemblée d'inscrire à l'ordre du jour un "point d'ordre" demandé par le chef du groupe, Mustapha Bouhadef. Le FFS dénonce le fait accompli et la manière "expéditive" utilisée par le président de l'APN pour faire accepter une motion sans même la soumettre au vote. "Avec une crédibilité largement entamée par une fraude massive lors de son élection, l'APN confirme une fois de plus son instrumentalisation au service des tenants du pouvoir".

Au Sénat, Le président du Conseil de la nation, Bachir Boumaza, a dénoncé "les adeptes du "qui tue qui ?" et les professionnels de l'acharnement sur l'Algérie et ses symboles", et évoqué "les campagnes d'intoxication orchestrées par des milieux occultes pour déstabiliser l'Algérie". Le président de l'Assemblée nationale, Abdelkader Bensalah, a lui aussi dénoncé les "allégations mensongères" portées par des "parties, à l'étranger, (qui) ne s'accomodent pas de la quiétude de l'Algérie" et qui ciblent "l'Etat en tant que tel (...) dans l'un de ses principaux fondements". Le président de l'APN a affirmé que "les institutions de la République n'ont jamais agi en dehors du cadre constitutionnel". Le 27 février, le ministre algérien de la Justice, Ahmed Ouyahia, a annoncé que Souaïdia sera jugé pour son livre, "une action qui participe d'une agression contre l'Algérie", action "dont les animateurs sont connus"; ces milieux, ajoute Ouyahia, ont "assisté matériellement et médiatiquement les terroristes algériens" : il s'agit d'une "officine des services spéciaux d'un Etat qui à des comptes à solder avec l'Algérie" et qui aurait été l'instigateur de la "formule magique" de Sant'Egidio, mais qui aurait aussi collaboré et "parfois" suggéré les "massacres collectifs perpétrés en Algérie pendant les années 1997 et 1998", les terroristes tuant et l'"officine" étrangère prenant le relais en posant la question "qui tue qui ?". Bref, Ouyahia accuse la France (sans la nommer) d'être à la fois deriière le Contrat national de Rome, les massacres de population civile, Nesrollah Yous et Habib Souaïdia.

Par ailleurs, sept membre de la milice locale du douar Zaâtria ("patriotes"), et le président du Comité des citoyens pour la vérité et la justice, Djamil Benrabah, ont tenu conférence de presse à Alger le 27 février pour démentir l'affirmation de Habib Souaïdia selon qui douze villageois ont été massacrés par les services spéciaux algériens dans ce douar, en mars 1993. "Il n'y a jamais eu de massacre à Zaâtria" a affirmé l'un des "patriotes" (un autre déclarant cependant qu'un massacre a bien eu lieu, en février 1995, contre ses enfants et ses cousins, et imputant ce massacre à "des terroristes qui résidaient dans les villages limitropges" et venant régulièrement à Zaâtria "pour terroriser la population". Pour Djamil Benrabah, qui reprend l'hypothèse d'Ahmed Ouyahia, le livre de Habib Souaïdia est "un tissu de mensonges montés probablement par les services français pour attaquer l'ANP", qui est "la seule institution qui poursuit la lutte (contre le terrorisme), malgré les graves accusations de ceux qui ont trahi leur peuple et leur pays".

Habib Souaïdia a quant à lui réaffirmé, dans un entretien au "Soir" de Bruxelles, qu'il était "prêt à témoigner en Algérie, du moins si une enquête sérieuse a lieu", car il se considère comme "complice des atrocités (qu'il a) vues", dans la mesure où il n'a pas "empêché qu'on massacre des gens". Souaïdia a par ailleurs réaffirmé, en réponse à l'accusation récurrente portée contre lui de vouloir "blanchir les islamistes", que "les islamistes tuent" et que "ce sont des sanguinaires qui égorgent femmes et enfants". Pour la directrice de "La Nation", Salima Ghezali, "le crime d'un Habib Souaïdia est d'ordonner les séquences pour donner à lire une sale guerre et non une succession de faits sans liens entre eux". Pour les participants au débat organisé par l'hebdomadaire "Marianne", le 26 février à Paris, en revanche, son témoignage n'est destiné qu'à "exonérer les islamistes de leurs crimes" (Zazi Sadou), et son auteur n'est qu'"un agresseur, un voleur et même un violeur" (Mouloud Benmohammed, pour qui l'éditeur François Gèze est "au service de l'Internationale socialiste").

(Quotidien d'Oran 1.3, La Tribune 3.3, corr.) La polémique autour de "la Sale Guerre" ne s'éteint pas en Algérie, toujours marquée pour l'essentiel par des attaques ad personam contre Habib Souaïdia et son éditeur; "Le Quotidien d'Oran" qualifie ainsi Nesroullah Yous et Habib Soaïdia de "cobayes" et François Gèze d'"habile manipulateur", les deux ouvrages de "manipulations sémantiques" et ceux qui évoquent l'hypothèse d'une participation de certaines forces officielles aux massacres de civils de "colporteurs de mensonges et de ragots (espérant) que la lame de fond provoquée va affaiblir (l'Algérie) et l'empêcher de reprendre sa place sur la scène internationale". "L'Internationale socialiste est satisfaite", ajoute le quotidien, qui considpre que l'Algérie a "facilité la confusion par manque de vigilance et par manque de clairvoyance". Le "Quotidien d'Oran" s'est en outre entretenu avec François Gèze et avec un journaliste algérien réfugié en France, Mohamed Sifaoui, qui avait été initialement engagé par l'éditeur pour mettre en forme le témoignage de Souaïdia, puis "remercié" pour n'avoir, selon l'éditeur, pas respecté les termes d'un contrat lui imposant de ne pas altérer ce témoignage. Mohamed Sifaoui affirme être le "co-auteur" de l'ouvrage "La Sale Guerre" et accuse François Gèze d'avoir censuré une partie de son travail; François Gèze affirme par contre que l'ouvrage est "le témoignage de Souaïdia et de personne d'autre", et que les passages supprimés de la version produite par Sifaoui l'ont été parce qu'ils n'avaient "qu'un lointain rapport avec le témoignage". et auraient "gravement mis en cause la crédibilité et la fiabilité" de celui-ci. Le conflit entre Sifaoui et Gèze a été porté par l'un et l'autre devant les tribunaux.

Par ailleurs, L'Association "Soumoud" (familles des victimes d'enlèvements par des groupes terroristes) a annoncé son intention d'être présente le 24 mars lors de la rencontre organisée à Paris par l'Association "Vérité et Justice". "Nous voulons apporter nos témoignages sur ce qui s'est réellement passé à Bentalha sans pour autant nous positionner pour telle ou telle partie" en conflit dans le débat suscité par la parution des ouvrages de Nesrollah Yous et de Habib Souaïdia, a déclaré le président de Soumoud.

(Le Monde 13.3) Dans "Le Monde", l'écrivan Yasmina Khadra, recevant sur le témoignage de Habib Souaïdia ("La Sale Guerre") "déclare solennellement que, durant huit années de guerre" pendant lesquelles il a servi dans les rangs de l'ANP, il n'a "jamais été témoin, ni de près ni de loin, ni soupçonné le moindre massacre de civils susceptible d'être perpétré par l'armée", et que "l'ensemble des massacres" dont il a été le témoin et sur lesquels il a enquêté "portent une seule et même signature : les GIA". L'écrivain algérien dénonce ces "certains intellectuels français (...) qui, avec une insoutenable prudence, font étalage d'un manque de discernement effarant", et les accuse de n'avoir "absolument rien fait" pendant huit ans d'une "intenable boucherie" à laquelle ils ont assisté en "spectateurs éblouis, ne tendant la main que pour cueillir nos cris ou nous repousser dans la tourmente".

L'Ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Ghoualmi, répliquant également au témoignage de Habib Souaïdia, dénonce quant à lui "un témoignage tronqué" et un "ouvrage réécrit" manifestant "ignorance" et "mépris pour l'une des opinions publiques les plus vivaces du monde arabe", et niant le "combat quotidien et héroïque des Algériens contre le terrorisme". L'Ambassadeur reconnaît certes des "exactions, des bavures et des dépassements dans la lutte antiterroriste", mais souligne que "la presse algérienne n'a cessé d'en faire état et (que) les plus hautes instances officielles ne l'ont jamais caché". Il affirme que "des dizaines de cas ont été identifiés et leurs auteurs traduits devant les tribunaux militaires qui les ont sévèrement sanctionnés".

(APS 20.3, Le Matin 22.3) Un groupe d'intellectuels algériens, pour la plupart oranais, ont lancé un appel "contre la confusion et le défaitisme", et de soutien à l'armée, prenant part au débat lancé par les témoignages de Nesroulah Yous et de Habib Souaïdia. L'appel signé notamment par l'écrivain Mohamed Dib, le sociologue Abdelkader Djeghloul, la psychanalyste Fatima Beldjordj, la philosophe Leïla Tenoci et le directeur de "La Voix de l'Oranie", Ghalem Abdou, en tant qu'"intellectuels nationaux, producteurs et reproducteurs de culture et de sciences, qui avons l'Algérie au coeur", récuse en "l'absence de toute preuve fondée sur les faits, la thèse, par ailleurs saugrenue, que l'ANP serait coupable de massacres collectifs". L'appel, lancé en direction de l'opinion publique algérienne et internationale accuse les auteurs de la thèse de la complicité ou de la participation de l'armée aux massacres de vouloir "priver la société et l'Etat algériens de leur victoire contre le terrorisme, en ouvrant de nouveaux fronts qui sont autant de leurres". Les signataires de l'appel apportent "leur soutien, loin de toute préoccupation politicienne, à l'action menée par les forces armées républicaines pour en finir avec le terrorisme", et leur rejet de "toute forme d'ingérence".

"Le Matin" annonce par ailleurs qu'au début avril (au moment où le dossier algérien se trouvera traité par la Commission des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, un débat télévisé sera organisé par l'ENTV et Algerian TV (chaînes publiques), avec cependant, si l'on s'en tient aux noms cités par le quotidien, la seule participation de personnalités française (Jean-François Kahn) ou algérienne (Rachid Boudjedra et Yasmina Khadra) récusant les témoignages de Yous et de Souaïdia, et à plus forte raison l'appel à une commission d'enquête.

Enfin, le 20 mars à Bruxelles, devant les participants à un colloque du Parlement européen sur les droits de la femme, la députée RCD (et conseillère du président Bouteflika) Khalida Messaoudi, dans la foulée d'un vibrant hommage rendu au président Bouteflika pour avoir "répondu présent à l'appel des femmes algériennes" lors de la journée internationale de la femme, le 8 mars, à dénoncé la "campagne médiatique qui vise à disculper les véritables criminels et trouver d'autres coupables" des tueries (dont "l'institution militaire républicaine") que les islamistes, et a estimé qu'il était "proprement criminel de condamner l'ANP".

(Algeria-Interface 29.3, AP 29.3, 31.3, Moudjahid 29.3, El Watan 28.3, 1.4, MAOL 29.3, CCFIS 1.4, Dauphiné Libéré 21.3) L'Association Vérité et Justice pour l'Algérie et le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie ont organisé le 24 mars à Paris une réunion sous le titre "Massacres, assassinats, tortures, exécutions sommaires, disparitions forcées, viols : ça suffit !", avec la participation (notamment), outre de Nesroulah Yous et de Nacera Dutour, de Habib Souaïdia, Malika Matoub, Pierre Vidal-Naquet. Mesroulah Yous, Habib Souaïdia et Malika Matoub ont redit leur conviction d'une implication de forces de l'Etat dans les violences, les disparitions, les assassinats individuels commis depuis dix ans en Algérie, et condamné "à la fois les crimes islamistes et ceux de l'Etat". Pierre Vidal-Naquet a pour sa part fait le lien avec le passé : "Il y a quarante ans, nous étions quelques-uns à parler des disparus enlevés par les parachutistes. Nous avons publié un livre, "Les Disparus". Quand on demandait des nouvelles aux services officiels, ils répondaient : "nous ne savons rien", ou bien "allez voir du côté des maquis". Les mêmes réponses sont aujourd'hui données par les autorités algériennes aux familles de disparus. Sur la situation actuelle, Pierre Vidal-Naquet, qui n'a "jamais pensé que tous les crimes commis en Algérie (soient) l'oeuvre de l'armée", demande néanmoins que "les crimes de l'armée soient eux aussi reconnus", et affirme qu'"il y a des Pinochet algériens. Ils n'ont pas tous la même criminalité que Pinochet, il n'empêche que le pouvoir militaire est intrinsèquement danmgereux". L'historien Mohamed Harbi rappelle que la torture a été pratiquée en Algérie dès l'indépendance, et justifiée pratiquement en les mêmes termes que ceux dont usaient pendant la guerre Massu ou Bigeard pour la justifier : "Donnez-moi un autre moyen d'avoir des renseignements", déclarait Boumédiène... Pour le sociologue Lahouari Addi, "L'Etat ne peut pas se comporter comme des groupes des terroristes", et ce n'est pas "déculpabiliser le terrorisme islamiste" que refuser le "terrorisme d'Etat". Pour l'historienne Véronique Nahoum-Grappe, l'avocat Denys Robillard, l'historien Mohamed Harbi et pour Nasséra Dutour, la vérité est nécessaire à la justice et "pour faire le deuil" (Denys Robillard), et ensuite envisager une possible réconciliation. Pour le président d'honneur de la Fédération international des ligues des droits de l'Homme, Patrick Baudoin, il est "légitime" de réclamer des "comptes" à l'Etat, puisqu'il est responsable de la sécurité, "d'autant qu'il contribue à l'insécurité par des exécutions sommaire, extrajudiciaires, disparitions". Et si un tribunal ad-hoc sur l'Algérie, comme sur le Rwanda ou la Yougoslavie, est "une utopie, aujourd'hui", il faut "réclamer l'envoi de rapporteurs spéciaux des Nations-Unies car il n'y a pas de justice interne" et que la Cour pénale internationale n'est pas encore entrée en vigueur.

Le 5 avril à Grenoble une réunion comparable à celle de Paris est organisée. Les organisateurs de la réunion dénoncent des "intimidations à peine déguisées entreprises directement par le Consulat d'Algérie à Grenoble auprès de partenaires des organiseurs". Le 21 mars, dans "Le Dauphiné Libéré", des associations "liées à la communauté algérienne" ont fait paraître un communiqué dénoncé "des éléments dont la plupart sont étrangers à Grenoble (et qui) tentent de semer la confusion et l'amalgame autour de la situation en Algérie, en essayant de discréditer les institutions de notre pays", institutions auxquelles ces associations réaffirment leur "soutien".

Une semaine après le colloque parisien, une réunion à l'orientation radicalement différente s'est tenue à Aix-en-Provence, à l'initiative du Parti communiste, du Mouvement des citoyens, de l'association locale "Mille Bâbords", du Rassemblement algérien des femmes démocrates et du Rassemblement pour l'Algérie progressiste. Un projet de "Manifeste pour un Nuremberg contre le fascisme intégriste" a été présenté, mais la réunion a surtout été l'occasion de dénoncer la "campagne" lancée autour des témoignages de Nesro Yous et de Habib Souaïdia. Le projet de manifeste "pour un Nuremberg contre le fascisme intégriste", qui sera soumis au Comité national (algérien) contre l'oubli et la trahison (CNOT), propose la tenue en 2002 d'une "mise en accusation publique de l'intégrisme international" (en le limitant semble-t-il, du moins dans les extraits publiés par "El Watan", à l'intégrisme islamiste, et en l'assimilant au fascisme. Le projet invite àgalement à l'organisation "de manière coordonnée" de "la riposte et l'offensive face aux campagnes actuelles de déstabilisation et à celles qui ne manqueront pas de suivre". Il suggère pour cela la constitution d'un "réseau international anti-intégriste, antifasciste".

En Algérie, plusieurs interventions officielles ou officieuses ont récusé la légitimé même de la question "qui tue qui ?" et à plus forte raison l'hypothèse d'une éventuelle responsabilité des forces de sécurité, et de l'Etat, dans les tueries. Le Premier ministre Ali Benflis a dénoncé à Alger, le 29 mars, en ouverture du 15ème congrès de la Conférence internationale des barreaux (CIB), la campagne de "désinformation tous azimuts orchestrée contre l'Algérie et ses institutions", et estimé que cette "campagne" atteint le "comble de l'ignominie". Il a qualifié le témoignage de Habib Souaïdia d'"allégations proférées par un officier subalternes, repris de justice, dégradé et exclu de l'armée", et a affirmé que les massacres perpétrés en Algérie l'étaient par des "mystiques ou (des) forcenés" qui ont "divorcé avec Dieu et les hommes". Deux généraux "à la retraite" sont également intervenus dans le débat. Le général Khaled Nezzar, ancien membre du Haut comité d'Etat, ancien ministre de la Défense, a affirmé dans "La Nouvelle République" que "le repris de justice Souaïdia n'est qu'un pion dans un grand échiquier dont il ne connaît ni les tenants ni les aboutissants, tant il est aveuglé par son esprit revanchard", et que les accusations portées contre l'armée ou les services de sécurité sont "la plus grande supercherie du siècle, bien plus importante que celle de Timisoara en Roumanie" (lorsqu'on avait annoncé la découverte d'un "charnier" composé des corps de victimes du régime de Ceaucescu, alors qu'il s'agissait de cadavres déplacés de la morgue pour les besoins de la cause du renversement de Ceaucescu). Khaled Nezzar a annoncé la parution "prochainement" en France de son libre "Algérie : échec à une régression programmée". Le général Abdelhamid Djouadi, ancien commandant des 4ème et 5ème région militaire, a également dénoncé dans "El Watan" une "ooération de déstabilisation qui est à situer dans l'hostilité politique déclarée de l'opposition constituée autour du FIS en Algérie avec des prolongement à l'extérieur, notamment en France, en convergence avec les milieux traditionnellement ennemis de l'Algérie et héritiers, bien qu'ils s'en défendent, de l'idée de domination coloniale". Djouadi a lancé le mot d'ordre de "fédérer la société contre le terrorisme".

Ces "sorties" d'autorités algériennes, et notamment celles de généraux, ont suscité, côté FIS, des réactions aussi virulentes que les déclarations initiales : le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) répond à l'évocation de la "main française derrière Yous et Soouaïdia" en rappelant que pour le régime algérien, "La France c'est bien !" lorsque des intellectuels ou des responsables politiques français prennent sa défense, ou lorsque le "lobying aveugle au profit des généraux d'Alger" fonctionne à Paris, ou lorsque des généraux algériens vont se faire soigner ou faire soigner leurs proches, ou faire des affaires, ou ouvrir des comptes en banque. Et au discours "nationaliste" des généraux Djouadi et Nezzar, le MAOL répond en affirmant que lors d'une réunion tenue en 1992, "présidée par Gaid Salah et à laquelle ont assisté plus de 450 officiers", le général Djouadi aurait affirmé que "le commandement militaire était prêt à louer les services d'une armée étrangère pour venir à bout de tous les insurgés". Pour sa part, le Conseil de coordination du FIS (d'Ahmed Zaoui), qui qualifie les "sorties" des officiels algériens de "gesticulations de pleureuses", accuse Djouadi de porter "la responsabilité du premier grand massacre après le coup d'Etat de janvier 1992", massacre survenu en 1992 (le CCFIS ne dote pas de date plus précise) dans le douar Ouled Asker à Jijel, et qui aurait fait "des centaines de morts". Le CCFIS accuse également "les généraux du crime contre l'humanité" d'avoir "embrigadé entre 500'000 et 1 million de miliciens en quelques années"

(Le Matin La Tribune 2.4, APS 3.4, El Moudjahid 4.4, El Watan 4.4, Le Matin 5.4, CSSI) Dans un entretien publié par "Le Courrier International", l'auteur de "La Sale Guerre", Habib Souaïdia explique que par son témoignage, il voulait "simplement dire aux généraux : vous êtes des menteurs, vous êtes des assassins comme des islamistes", et que "la guerre, pour ces gens-là c'est un moyen de rester au pouvoir". Aux réactions officielles et officieuses algériennes à la parution de "La Sale Guerre", Souaïdia réplique : "Je savais très bien que les journalistes algériens allaient dire : c'est un voleur, c'est un salaud. Eux et l'armée, ils ont réagi violemment parce que je suis un officier."

Dans un entretien publié par "Le Matin", Simon Blumenthal, l'un des auteurs de l'appel "Assez de diversion et de falsifications" (appel distribué* lors d'une réunion à Aix en Provence, le 31 mars, et signé, en outre, par Jean Tabet et Saïd Bouamama) accuse les ONG de défense des droits humaine de vouloir "désarmer politiquement et militairement le peuple algérien face à la terreur islamiste", la publication des témoignages de Nesroulah Yous et de Habib Souaïdia faisant partie de cette "manipulation" consistant à présenter l'armée comme responsable des massacres et les maquis islamistes comme "la résistance". Pour Simon Blumenthal, les témoignages de Yous et de Souaïdia sont "manipulés, mensongés, arrangés par l'éditeur". Simon Blumenthal "croit savoir" que Pierre Vidal-Naquet, signataire de la déclaration des intellectuels français et algériens pour une commission d'enquête sur les massacres en Algérie, "se serait désolidarisé" de cette déclaration après sa publication, déclare que "toutes les réactions à la déclaration ont été négatives" et estime que la "campagne (autour) de La Sale Guerre n'aurait pas eu cette force s'il n'y avait pas eu, en majorité, des intellectuels algériens signataires comme Lahouari Addi, l'historien Mohammed Harbi, y compris dans ses prolongements au Canada où elle a pris dans les courants plus ou moins liés au FFS". Simon Blumenthal annonce l'intention des auteurs de l'appel contre les "diversions et les falsifications" de "créer un comité d'initiative nationale et internationale contre l'islamisme", lequel n'est "qu'une des formes" du nazisme, ce qui justifie l'appel à un "Nuremberg des islamistes".

* (CSSI) Un correspondant présent à la réunion d'Aix nous signale que, contrairement à ce que nous avons annoncé dans notre bulletin du 2 avril, la réunion n'a pas "abouti à un projet de Manifeste pour un Nuremberg contre le fascisme intégriste", mais que ce projet a simplement été distribué avant que le réunion aixoise ne commence. Pour les autres signataires de l'appel, selon notre correspondant, le débat lancé autour des témoignages de Yous et de Souaïdia serait à comprendre comme une opération lancée par l'Internationale islamiste, l'Internationale socialiste, "certain parti français" (le PS, probablement, sinon lequel ?), le régime marocain, les milieux d'affaires et le groupe Vivendi. Sans oublier, comme le suggère dans une correspondance à POUR, la sociologue Nadia Lallali, les harkis et fils de harkis, colons nostalgiques et fils de colons revenchards. Vaste, multiforme (et improbable) coalition auquel les auteurs du manifeste "Assez de diversions et de falsifications" entendent (en en rajoutant sur la diversion, et en substituant la paranoïa à la falsification?) opposer une résistance fondée sur l'assimilation de l'islamisme au fascisme et au nazisme (et sans doute, par voie de conséquence ou d'amalgame, de la social-démocratie à la collaboration, de Jospin à Laval, du Maroc à l'Italie mussolinienne et des éditions "La Découverte" à "Je Suis Partout" ?).

Dans un entretien au "Matin", l'historien et philosophe André Mandouze, en marge de sa participation au colloque international sur Saint Augustin, a estimé que "La Sale Guerre" était "sans équivoque un faux" et que "même le rédacteur du manuscrit n'a pas reconnu ce qu'il a écrit à force d'avoir été manipulé". Dans un discours prononcé devant les représentants de la communauté algérienne d'Allemagne, le président Bouteflika a fustigé les "croassements de corbeaux, coassements de grenouilles et parasitages de traîtres" constituant "les campagnes nourries par certains médias". Dans une allusion explicite à Habib Souaïdia, Bouteflika à évoqué "le gribouillis d'écrivains jusque-là méconnus de tous, qui étaient dans les prisons pour des erreurs commises au sein de l'institution militaire et qui écrivent n'importe quoi", et assuré qu'"un livre sans consistance, d'un style pauvre, n'atteindra pas notre moral". Dans un entretien accordé au "Matin", l'Archevêque d'Alger, Henri Teissier, déclare que "des amis habitant Lakhdaria" lui ont certifié bien connaître Habib Souaïdia comme "un voyou" qui "a participé à des exactions" à Lakhdaria et "volé des voitures" avant d'être "arrêté par l'armée justement pour ce genre de dépassements".

Dans "El Moudjahid", les initiateurs de l'appel des "intellectuels nationaux" contre "la confusion et le défaitisme" se félicitent d'avoir "brisé (l')encerclement (du) monopole de la parole sur l'Algérie par quelques intellectuels français auto-proclamés "tuteurs" de notre pays et aidés par quelques intellectuels algériens expatriés, rares au demeurant et pour certains, piégés sans doute par la formidable campagne médiatique déclenchée outre Méditerranée contre notre Etat et notre armée". Les initiateurs de l'appel des "intellectuels nationaux" considèrent que leur appel "a été l'un des éléments qui a permis à notre diplomatie de mener une contre-offensive vigoureuse à la conférence sur les droits de l'Homme" à Genève, contre les "pressions internationales visant à faire accepter par notre Etat le principe d'une souveraineté limitée". Le plus connu des signataires de l'appel "contre le défaitisme et la trahison" est le grand écrivain Mohammed Dib, qui a confirmé qu'il avait bien signé cet appel, après que des doutes aient été émis sur la réalité de son soutien, d'autant que Dib n'est pas un "habitué" des appels de ce genre. Selon les initiateurs de l'appel, celui-ci aurait receuilli un millier de signatures en Algérie, et Abdelkader Djeghloul a annoncé que dans une seconde étape, l'appel devrait se transformer en un "projet de réflexion fondé sur le respect des cadres républicains et pluralistes" afin de "consolider le pouvoir de l'Etat".

Dans "Le Monde", le porte-parole du MAOL (Mouvement algérien des officiers libres", le "colonel Ali Baali"), répond à l'écrivain Yasmina Khadra (Mohamed Moulessehoul) qui, dans le même quotidien, avait affirmé : "l'ensemble des massacres dont j'ai été témoin et sur lesquels j'ai enquêté portent une même signature, les GIA", que "la question qui obsède actuellement : "Qui tue qui ?" est plus que légitime", et que lui-même (Ali Baali) se l'et posée le jour où il a "vu le fameux ordre de l'état-major qui interdit aux unités de l'armée d'intervenir à certaines heures, dans certains secteurs" et que "quelques jours après, la moissonneuse des âmes a commencé son oeuvre macabre, avec une facilité déconcertante, devant nos casernes et autres fortifications".

(www.algeria-interface.com 12.4, FFS 12.4, Jeune Indépendant 12.4, APS, CCFIS, Quotidien d'Oran 15.4, Horizons, El Moudjahid, El Watan 16.4) Le commandement des services de renseignements algériens a convoqué ses officiers en poste à l'étranger à un "séminaire politique extraordinaire", selon le journal "Al Qods Al-Arabi", évoquant une source algérienne "sûre". Ce conclave se serait tenu du 27 au 29 mars à Ben Aknoun, à Alger, afin d'organiser la riposte à la "campagne" d'implication de l'armée et des services spéciaux dans les massacres. Une centaine d'officiers attachés d'ambassafe, responsables de bureaux de sécurité et d'annexes militaires, en présence des généraux Larbi Belkheir et Mohamed Touati, directeur de cabinet et conseiller du président Bouteflika. Selon le journal, les sécnaces ont été consacrées à "la campagne entamée à partir de la France (...) pour la mise en place d'une commission d'enquête internationale sur les massacres en Algérie", campagne soutenue notamment par la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme et le Front des Forces Socialistes. Les responsables des "services" auraient reproché à leurs représentants à l'étranger leur "manque de réaction" après la publication de "La Sale Guerre" de Habib Souaïdia, et exprimé leur crainte de voir la campagne s'étendre aux Etats-Unis, alors qu'une pétition "hostile aux militaires algériens" circule au Canada depuis plus d'un mois. Les généraux Belkheir et Touati auraient reproché à l'assistance d'avoir "laissé les ennemis de l'Algérie répandre leur poison en toute liberté" Les officiers en poste à l'étranger auraient reçu pour instruction d'appliquer le principe "la fin justifie les moyens", face à une campagne qui a laissé neutres et silencieux "certains alliés traditionnels du régime algérien" -"Al Qods Al-Arabi évoquant les noms d'André Glucksman et de Bernard-Heny-Lévuy comme exemples de ces "alliés traditionnels". Selon ce journal, depuis 1992 les services algériens "consacrent des sommes faramineuses à la propagande et aux contre-campagnes à l'étranger, notamment en France, qui profitent à ses agents et indicateurs algériens et étrangers ainsi qu'à des journalistes et écrivains qui sont devenus des amis de certains dirigeants algériens par la grâce du "pompage" continu".

La télévision publique algérienne (ENTV et Canal Algérie) a diffusé le 14 avril une émission "débat" ("Vérités")avec deux "plateaux" rassemblée à Paris et à Alger autour des témoignages de Nesrollah Yous et de Habib Souaïdia ("Qui a tué à Bentalha" et "La Sale Guerre"), émission "débat" à laquelle ne participaient cependant, en l'absence de tout contradicteur, que des intervenants réfutant tous l'hypothèse d'une implication de l'armée ou de forces publiques dans des massacres de civils (à la relative exception de Jean-François Kahn). Pour l'universitaire algérien Mohamed Bensalah, "l'Algérie est l'objet d'une cabale médiatique"; pour le journaliste Larbi Chaabouni ("Horizons"), la "campagne anti-algérienne participe (d'une) stratégie de l'Internationale socialiste (qui oeuvre) à la destabilisation permanente de la République et de ses institutions"; pour Jean-François Kahn, il n'y a presque aucun doute sur l'identité des assassins (islamistes), même si "toutes les armées du monde son capables d'atrocités" ; pour Simon Blumenthal, le témoignage de Yous "fait partie d'une longue stratégie qui s'est basée sur une certaine stratégie islamiste" et est "un faux procès contre les institutions républicaines". Nesrollah Yous a par ailleurs été directement accusé par un "témoin" d'être "un terroriste"d'avoir lui-même établi la liste des personnes à massacrer à Bentalha. Quant au témoignage de Souaïdia, il est également réfuté, son éditeur, François Gèze, directeur de la Découverte, étant accusé d'avoir "toujours vomi" le pouvoir algérien et d'avoir "complétement changé" le contenu du témoignage originel de Souaïdia avant d'en faire un livre. L'émission de l'ENTV et de Canal Algérie a également porté sur l'assassinat de Matoub Lounès, avec, comme à l'encontre des hypothèses émises par Yous et Souaïdia, la volonté de démentir toute implication autre que celle des islamistes. Le représentant du RCD en France (deux représentants du RCD participaient à l'émission, seuls représentants de partis politiques), Hand Saâdi, a accusé "les véritables ennemis de Matoub (d'être) actuellement en train d'exploiter sa mort" et l'écrivain Yasmina Khadra a affirmé que "jamais massacre de civil n'a été perpétré par des militaires".

Les réactions de la presse algérienne à cette "contre-campagne" télévisée (dont l'un des thèmes récurrents est la thèse du complot fomenté, concuremment ou conjointement, par la France, le Maroc et l'Internationale Socialiste), y sont relativement favorables, même si "El Watan" s'interroge "sur les raisons qui ont pu pousser l'ENTV à se hasarder sur un terrain qu'elle a toujours superbement déserté : le débat contradictoire" (le débat en question a cependant été finalement fort peu contradictoire), doute que "l'initiative d'organiser ce débat politique soit venue de l'ENTV" et émet plutôt celle qu'elle ait été "télécommandée par les cercles du pouvoir" (ce qui pourrait renvoyer au "conclave" des services de renseignement). Les quotidiens gouvernentaux se félicitent évidemment hautement de l'émission de télévision, "Horizons" considérant qu'elle a "permis de (...) rétablir la vérité sur les motivations des commanditaires de (la) campagne de déstabilisation" qui viserait l'Algérie depuis Paris. Pour "El Moudjahid", pour qui l'Algérie est la cible "d'un vaste complot" dont "Souaïdia et Yous Nasrallah (ne sont que) les simples maillons", "le terrorisme a aussi perdu la bataille de la communication", et l'émission de télévision "Vérités" à démontré "la duplicité des deux supplétifs qui ne sont très certainement que des prête-noms". "El Moudjahid" dénonce, en vrac, "l'escroquerie intellectuelle" de François Gèze, le "jeu trouble auquel se sont livrés (les) milieux gauchistes en France" et l'Internationale socialiste qui a "largement avalisé l'hypocrite question du "qui tue qui en Algérie ?".

Pour sa part, le Conseil national du Front des forces socialistes a adopté le 12 avril une déclaration dénonçant la résurrection des "thèses éculées du stalinisme" sur le "complot" et l'"ingérence étrangère", thèses qui ne sont pour le FFS "que des prétextes pour agir dans l'impunité totale et poursuivre une guerre à huis clos". Pour le FFS, "ce qui est qualifié par le pouvoir et ses relais politicomédiatiques de "campagne orchestrée par des officines étrangères" est en réalité une véritable dynamique politique, dont les principaux animateurs sont des Algériens".

(Le Monde 16.4) Dans une tribune publiée par "Le Monde", Habid Souaïdia revient sur la polémique déclenchée en France et en Algérie par "La Sale Guerre". Souaïdia considère que la campagne déclenchée contre lui est "la poursuite de la guerre médiatique menée depuis des années par le service d'action psychologique du DRS algérien (l'ex-Sécurité militaire), que dirige le colonel Hadj Zoubir", mais qu'"au-delà des préjugés et des insultes, personne n'a remis en cause le tableau général" qu'il a dressé de la situation algérienne, et notamment du fonctionnement de l'armée : "Les dizaines de faits précis que je rapporte n'ont fait l'objet que de rares contestations". Souaïdia affirme que le général Boutighane, assassiné en 1995, "s'était vu refuser, quelques ours avant son assassinat, une protection armée" et qu'il a sans doute été assassiné parce qu'il menait une enquête "sur une affaire de corruption impliquant de hauts responsables de la marine". Souaïdia maintient sa version de l'attaque, en février 1992, par un groupe armé, du commandement des forces navales à Alger; il maintient avoir "vu de (ses) yeux (un) commando de militaires se faisant passé pour des islamistes" et ayant commis un massacre de civils "dans les environs de Zaatria, sinon dans le village lui-même", en mars 1993; il maintient également les informations publiées dans "La Sale Guerre" sur les "disparitions" de Mohamed Moutadjer, des frères Bairie et des frères Boussofa, dont il affirme qu'ils ont été assassinés en 1994 par des officiers de son propre régiment. Il réitère qu'il est "prêt à comparaître devant une juridiction algérienne indépendante (...) ou devant un tribunal pénal international", et conclut : "seule une commission d'enquête indépendante -qui devra être internationale vu l'état de la justice de mon pays- permettra que justice soit rendue. Quant é moi, je me battrai jusqu'au bout dans ce but".

(Figaro Magazine 21.4, Quotidien d'Oran 20.4, Nouvelle République 21.4, Liberté 22.4) Dans un entretien au "Figaro Magazine", le général Khaled Nezzar a reconnu que l'armée avait commis des "dérapages" en Algérie, mais a estimé que cela était "inévitable dans un tel climat de sauvagerie", et qu'ils avaient été "sanctionnés". Khaled Nezzar a assuré qu'"aucun innocent n'a été touché". Interrogé sur le témoignage de Habib Souaïdia, (un "montage cousu de fil blanc" qui n'a que les "apparences de la crédibilité"), Nezzar a d'abord qualifié celui-ci de "voyou doublé d'un imposteur" et de "repris de justice condamné à quatre ans de prison ferme (...) pour avoir volé les véhicules de civils", et a affirmé qu'à sa connaissance, un seul cas de désertion avait été enregistré (un pilote d'hélicoptère qui s'est enfui en Espagne, Messaoud Alili), mais que "près de deux cent éléments (de l'armée) ont rejoint les maquis intégristes et ont tous été tués", la plupart étant des sous-officiers et hommes de troupe, "hormis quelques rares cas d'officiers subalternes". Le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) n'aurait été rejoint que par "de rares anciens officiers de l'ANP en retraite ou dégagés de l'armée". Au portrait dressé par Souaïdia des dirigeants et des cadres de l'ar,ée, Nezzar répond que "si les cadres militaires algériens sont vraiment les tortionnaires que Souaïdia dénonce, on ne comprend pas qu'ils aient laissé en vie un témoin aussi gênant que lui", et que "la troupe se serait depuis longtemps soulevée contre ses chefs" si l'armée était coupable de massacres attribués aux islamistes. Toujours en réponse à Souaïdia qui accuse l'armée d'être une "machine à fabriquer des terroristes", Nezzar déclare que "la machine à fabriquer des terroristes, ce n'est pas l'armée, ce sont nos "conciliateurs politiques" : le FLN, le FFS, le parti de Louisa Hanoune, tous ceux qui ont participé à la conférence de Sant'Egidio". Et de réaffirmer que face aux "terroristes qui refusent la concorde civile", il n'y a qu'une politique possible, "l'éradication (...) c'est-à-dire les combattre jusqu'au bout et mettre le prix qu'il faut".

(Le Matin 24.4, AP 24.4, El Khabar, El Watan 26.4, Corr) Le 23 avril, le Parquet d'Alger a annoncé le dépôt d'une plainte contre Habib Souaïdia pour les propos qu'il a tenu dans un entretien accordé au "Courrier International", entretien lors duquel Souaïdia affirmait qu'il était disposé à "rentrer en Algérie pour porter les armes contre les généraux" : "S'il y a un jour une rébellion, je rentrerai en Algérie", avait assuré Souaïdia, qui avait ajouté qu'il était prêt à s'"aligner" avec le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) "pour combattre les généraux". Souaïdia est donc poursuivi pour "atteinte à la défense nationale et incitation à la rébellion par les armes", ce qui pourrait lui valoir une peine de 5 à 10 ans de prison. En mars, le ministre de la Justice Ahmed Ouyahia avait évoqué la possibilité que Souaïdia soit également poursuivi pour le contenu de son témoignage ("La Sale Guerre"). Selon "El Watan", le Parquet de Lakhdaria aurait également ouvert une instruction sur plainte de familles affirmant avoir reconnu en Souaïdia, à la télévision, l'auteur de l'assassinat de proches. Habib Souaïdia ayant obtenu l'asile politique en France, il ne pourra de toutes façons être extradé en Algérie, même si une commission rogatoire et un mandat d'arrêt international étaient lancés contre lui, et, si jugement il y a en Algérie, Souaïdia ne pourrait y être condamné que par contumace.

Le 25 avril, c'est le Parquet de Paris qui a ouvert le 25 avril une enquête préliminaire contre le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, qui se trouvait alors dans la capitale française pour présenter son livre "Echec à une régression programmée". L'enquête a été ouverte sur plainte de familles algériennes accusant Nezzar d'avoir couvert la torture et l'assassinat de leurs proches. Malgré les assurances données par le ministère français des Affaires étrangères, pour qui Khaled Nezzar étant porteur d'une "protection diplomatique" (mais non d'un passeport diplomatique au strict sens du terme) aucune poursuite ne pourrait aboutir contre lui, l'ancien ministre algérien de la Défense a préféré abréger son séjour en France.

(Le Soir 14.5/ Corr 21.5) "Le Soir d'Algérie" affirme dans son édition du 14 mai, le tenant "de sources informées", que l'auteur de "La Sale Guerre", Habib Souaïdia, se trouverait "depuis deux jours en Israël (...) officiellement (...) pour la promotion de son livre qui vient d'être édité en hébreu" par un éditeur "connu pour son engagement pur sioniste", et aurait versé à Souaïdia une somme "de plus de 280'000 francs français" pour les droits du livre. A quoi Souaïdia rétorque que d'une part, aucun contrat n'a été signé avec aucun éditeur israélien pour l'édition en hébreu de son livre, que d'autre part il ne s'est pas rendu en Israël, que par ailleurs il ne lui est pas possible de quitter la France, n'ayant pas, en tant que réfugié politique, de document lui permettant de se déplacer à l'étranger, et qu'enfin de nombreux témoins (des journalistes italiens et allemands venus l'interviewer, des participants à un débat public à Bordeaux etc...) peuvent attester de sa présence en France pendant la période où "Le Soir" affirme qu'il était en Israël. "J'ai été traité de tous les noms ("voleur", "ripoux", "manipulé" par l'Internationale socialiste, etc...) et maintenant, voilà que je serais un agent sioniste !", constate Souaïdia...

(AFP 2.8 / Quotidien d'Oran, Liberté, Le Matin 4.8 / El Watan 5.8 / Liberté, Algeria Watch 6.8) Deux anciens officiers présumés des services spéciaux algériens, l'un en Allemagne (Mohammed Samraoui) et l'autre en Thaïlande (Abdellah Tigra), ont ajouté leurs révélations à celles qui avaient déjà fait grand bruit de Habib Souaïdia, dans "La Sale Guerre".

Abdelkader Tigha, 32 ans, se présente comme un cadre du service de recherche de la DRS (Sécurité Militaire), déserteur, interné depuis cinq mois dans un centre de rétention pour immigrés à Bangkok (Thaïlande), le HCR lui refusant le statut de réfugié au motif qu'il le suspecte d'avoir commis des crimes contre l'humanité en Algérie. Il assure que sa mission consistait à conduire des "investigations et des indeitifications" de militants et sympathisants islamistes, notamment dans la région de Blida en 1993, et qu'il n'a pas lui-même participé à des tortures ou des crimes, mais qu'il a connaissance de l'implication du pouvoir algérien, et "en particulier" du DRS "dans des actions anti-humanitaires", notamment des exécutions sommaires. Tigha accuse le DRS d'avoir formé un groupe "contre-terrorisue" appelé "Organisation des Jeunes Algériens Libres" (OJAL) commettant des massacres attribués ensuite aux islamistes, et reconnaît n'avoir rien fait pour l'empêcher "Tu peux pas dire non, tu serais taxé d'islamiste et tué une nuit, exécuté selon un scénario", affirme-t-il à l'AFP. Tigha donne des noms de policiers ou de militaires assassinés par les "services" parce qu'ils étaient soupçonnés d'être des sympathisants du GIA (le commissaire Nourdine Fissa, de Bougara, le lieutenant Amine de Tlemcen).

Mohammed Samraoui, ancien commandant (ou colonel selon ses dires) de la DRS est intervenu sur le plateau de la télévision quatarie "El Djazira" le 1er août. Il a accusé le général Larbi Belkheir d'être "derrière l'idée des camps du Sud (camps d'internement des militants du FIS), de la dissolution du FIS et de l'assassinat de Boudiaf"; il a également accusé Mahfoud Nahnah d'avoir soutenu l'arrêt du processus électoral, en décembre 1991 déjà, alors que le président Chadli y était opposé, ce qui a provoqué le "putsch" de janvier 1992. Mohammed Samraoui affirme avoir entendu le général Smaïn Lamari se déclarer, en mai 1992 à Châteauneuf, prêt à "sacrifier 3 millions d'Algériens pour rétablir l'ordre"; Smaïn Lamari serait également "le premier instigateur de l'assassinat de Boudiaf". Samraoui affirme que le GIA a été "créé pendant l'été 1991 par le commandant Guettouche (...) secondé par le capitaine Djaâfar, chargé d'éditer les communiqués et de les transmettre aux journalistes". Le GIA aurait été créé pour permettre d'attribuer aux islamistes les assassinats de militaires par les "services", mais "ses créateurs ont vite été débordés par d'autres groupes islamiques armés". Samraoui accuse en outre la gendarmerie d'avoir, en novembre 1994, massacré et décapité 51 prisonniers de la prison de Berrouaghia, enterrés ensuite dans une fosse commune. Mohammed Samraoui a effectivement occupé des fonctions au sein de la DRS à Guelma et Tipaza, puis à l'Ambassade d'Algérie à Bonn, pendant quatre ans. Rappelé en Algérie, Samraoui refusera d'y retourner et déposa une demande d'asile politique en Allemagne. Il annonce la publication prochaine d'un livre relatant son témoignage, affirme n'avoir aucune relation avec le MAOL et se dit prêt à témoigner devant un tribunal international.

Comme ce fut le cas après la parution des témoignages de Nesroullah Yous et de Habib Souaïdia, les déclarations de Mohammed Samraoui et Abdellah Tigha ont dans un premier temps été dénoncées par la presse algérienne comme participant d'une offensive de "déstabilisation" de l'armée et des forces de sécurité. "Liberté" dénonce à nouveau une "cabale montée à partir de l'étranger contre les services de sécurité" et "Le Quotidien d'Oran" impute les dernières révélations à des services de renseignements étrangers (qu'il n'identifie pas) cherchant à "saper le moral de l'opinion publique et paralyser les capacités de réaction des services spéciaux", et estime qu'il serait "dérisoire" d'y répondre, la "désinformation exercée par des spécialistes de l'action psychologique (étant) toujours supérieure (en efficacité) au démenti". "Liberté" est d'un autre avis : "il est à espérer que les autorités concernées ne se (confineront) pas dans le mutisme, comme ce fut le cas au moment de la publication de 'La Sale Guerre', car les accusations portées par Mohamed Samraoui sont autrement plus graves" que celles de Habib Souaïdia. Quant à Abdelkader Tigha, "Le Quotidien d'Oran" l'accuse de n'avoir fait ses déclarations que pour obtenir un statut de réfugié au Canada. "El Watan" craint pour sa part que les déclarations de Samraoui fassent d'autant plus mal qu'elles n'ont "pas été managées par des milieux français qui, comme François Gèze*, ont quelques comptes à régler avec le pouvoir algérien". "Avec Souaïdia, Samraoui, Chouchène, le processus de dénonciation de l'armée n'en est qu'à son début", annonce "El Watan", qui, comme "Liberté", estime que l'armée doit réagir "rapidement pour ne pas se laisser déborder par les répercussions politiques de cette nouvelle affaire".

*Patron des éditions La Découverte, éditeur de Nesroulah Yous et Habib Souaïdia -et à ce titre accusé d'être l'une des (inombrables) tentacules du complot extérieur contre l'Algérie (les autres tentacules étant le Maroc, les harkis, les pieds-noir, les islamistes et l'Internationale socialiste, la liste n'étant pas exhaustive...).

Dans un entretien à "Politis" (28 juillet), François Gèze signale que le livre de Habib Souaïdia s'est déjà vendu à 72'000 exemplaires, qu'il a déjà été traduit en catalan, le sera "sous peu" en hollandais et en allemand, puis en anglais et en italien. Pour François Gèze, "l'ébranlement produit par le livre et ce qui l'avait précédé a fait voler en éclar la vitrine construite par les militaires, cette fameuse Algérie Potemkine faite de façades 'démocratiques", comme ces partis islamistes ou laïques liés au pouvoir, ces intellectuels compagnons de route du FLN, ces anciens moudjahidines, etc.". En Algérie même, le pouvoir a été totalement pris de court et n'a pas eu le temps d'empêcher que la presse ne rende compte du témoignage de Souaïdia : "quantité de bons journalistes algériens -il y en a- profitant de l'absence de ligne officielle se sont faufilés dans la brèche. Et il y a eu une avalanche d'articles, dont beaucoup honnêtes, et qui posaient les bonnes questions", alors que le livre circulait difficilement en Algérie et que jusqu'à trente personnes s'inscrivaient dans des "files d'attente" pour en lire un exemplaire ramené de France ou du Maroc, ou photocopié ("beaucoup de photocopies circulaient chez les militaires, au point que les photocopieuses du ministère de la Défense auraient été spécialement surveillées".

(La Tribune, El Watan, Liberté 23.8 / Le Monde 24.8, CSSI) L'ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar a annoncé le 22 août qu'il saisissait la justice française des déclarations de Habib Souaïdia, le 27 mai, sur la chaîne de télévision La Cinquième, qui l'avait accusé d'être "responsable de l'assassinat de milliers de personnes". Le général Nezzar a annoncé avoir chargé ses "avocats du barreau de Paris" (sans révélérer leur identité) et l'avocat algérien Khaled Bourayou, de déposer plainte dans la juridiction française compétente. Pour autant, Khaled Nezzar, qui avait échappé à une plainte en France au printemps dernier pour faits de torture, ne semble pas prêt de revenir dans le pays d'où les services français et algériens l'avaient "exfiltré" au prétexte d'une improbable immunité (lui affirme n'être rentré "que par souci de préserver les bonnes relations existant entre l'Algérie et la France"...) et accuse les plaignants qui avaient saisi la justice française d'être partie prenante du "complot médiatique" tramé contre le régime algérien par les islamistes d'une part, l'Internationale socialiste et Hocine Aït Ahmed d'autre part, ainsi que des chaînes de télévision (El Djazira) et le MAOL. Nezzar, qui évoque une "coïncidence" (illusoire, plusieurs mois séparant les deux publications) entre les publications des témoignages de Souaïdia sur la "sale guerre" actuelle et d'Aussaresses sur la "sale guerre" des années cinquante, n'exclut pas que le procès qu'il intente à Souaïdia se transforme en "procès du régime", mais affirme avoir informé les autorités civiles et militaires algériennes de sa démarche.

Le général Nezzar a du interrompre sa conférence de presse sous les cris d'une mère de "disparu" lui demandant qu'on lui rende son fils et demandant au général "Qu'avez-vous fairt de nos enfants ? Est-ce que vous les avez mangés comme vous avez mangé l'argent du peuple ?". La viellle dame a lancé aux policiers qu tentaient de l'éloigner : "Vous êtes des criminels ! Vous n'avez pas le droit de laisser des Pinochet faire des conférences de presse". Khaled Nezzar reconnaît qu'il y a pu y avoir "des cas de torture", mais nie y avoir la moindre responsabilité.

(MAOL 1.9) Le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) s'en prend violemment dans un communiqué daté du 1er septembre au général Khaled Nezzar, après que celui-ci ait annoncé son intention de déposer plainte en France contre Habib Souaïdia qui l'avait accusé sur une chaîne de télévision française d'être responsables de milliers de morts. Le MAOL accuse Nezzar d'être propriétaire d'une "maison haut standing achetée avec l'argent du contribuable algérien dans une banlieue chic en Virgine aux USA" et de dépenser "des millions de dollars" en soins dans des cliniques américaines et européennes "alors que des enfants algériens meurent dans les hôpitaux poubelles de l'Etat". Le MAOL accuse même Nezzar d'avoir "de ses mains à Constantine" assassiné sa propre épouse.

(Le Monde, Libération 7.9) La question de la "Sale Guerre" s'est retrouvée le 5 septembre devant la justice française, (la 17ème chambre correctionnelle de Paris) après que le journaliste Mohamed Sifaoui, qui affirme être le "coauteur" de "La Sale Guerre" de Habib Souaèidia, ait accusé en février, dans l'hebdomadaire "Marioanne", le directeur des éditions de La Découverte, François Gèze, éditeur du témoignage de Habib Souaïdia, de l'avoir "manipulé" "en mettant toujours au conditionnel certains faits exacts -toujours des exactions commises par les islamistes- et en faisant passer pour des affirmations exactes ce qui ne constitue que des hypothèses" (la responsabilité de l'armée dans les massacres de civils). François Gèze avait en réponse déposé plainte pour diffamation contre Sifaoui et contre le directeur de "Marianne", Jean-François Kahn. Lors de l'audience, Sifaoui, accusant François Gèze d'être un "militant" proche de l'Internationale socialiste, l'a aussi accusl d'avoir supprimé dans le manuscrit qu'il lui avait remis les passages qui incriminaueitn les islamistes, afin de les "dédouaner" et d'"occulter leurs crimes". Quant à Habib Souaïdia, Sifaoui l'a accusé d'être un "mythomane venu en France pour régler des comptes avec sa hiérarchie". Les témoins cités par Sifaoui et ses avocats, ont eux aussi accusé François Gèze et Habib Souaïdia d'être responsable d'une opération de "manipulation" destinée à charger l'armée des crimes des islamistes. Ils ont cependant tenu devant la justice française un discours assez accablant pour l'armée elle-même. Pour Jean-François Kahn, il n'y a "aucun doute que l'armée algérienne se livre à des exactions", même si les massacres sont l'oeuvre des "néo-nazis verts"; pour le directeur d'"El Watan", Omar Belhouchet, "l'armée algérienne est responsable du gachis actuel, ne respecte pas les droits de l'homme (et) torture", mais "ce sont les islamistes qui massacrent". Autre témoin de la défense, tenant le même discours, Zazi Sadou.

"La Sale Guerre", publiée en janvier 2001, a déjà été vendue à 70'000 exemplaires. Dans son témoignage, Habib Souaïdia s'en prend à la fois aux groupes islamistes armés (en particulier aux GIA) et aux forces de sécurité. Mohamed Sifaoui était encore, au printemps 2000, l'accompagnateur auprès des media français de Habib Souaïdia, qui venait de quitter l'Algérie. Sifaoui autant que Souaïdia mettait à l'époque en cause à la fois les forces de sécurité et les groupes armés dans les violences et les exactions commises en Algérie. Il avait ensuite collaboré à la rédaction d'une première version du témoignage de Souaïdia. Cette collaboration a été interrompue par l'éditeir, François Gèze, qui accuse Sifaoui d'avoir tenté d'"imposer ses analyses à Souaïdia" et d'avoir introduit dans la narration de Souaïdia des récits dont Souaïdia n'était pas l'auteur, concernant les événements dont Souaïdia n'a été ni acteur, ni témoin, ni informé par ses collègues militaires. François Gèze a alors décidé de se passer de la collaboration de Sifaoui. Habib Souaïdia assume totalement la version publiée de son témoignage : "c'est mon témoignage et seulement le mien", assure-t-il au président du tribunal, ajoutant que "Sifaoui a voulu me faire assumer des choses que je ne pouvais assumer".


François Gèze et les Éditions La Découverte font appel dans l'affaire les opposant à "Marianne" et Mohammed Sifaoui

Communiqué de presse

A Paris, le 23 octobre 2001

François Gèze et les Éditions La Découverte font appel du jugement de première instance dans l'affaire les opposant à Marianne et Mohammed Sifaoui à propos de l'ouvrage de Habib Souaïdia, La sale guerre

Le 17 octobre, la 17ème chambre correctionnelle du TGI de Paris a rendu son jugement dans le procès en diffamation intenté par les Éditions La Découverte et leur directeur François Gèze contre l'hebdomadaire Marianne et M. Mohammed Sifaoui suite à l'entretien accordé par ce dernier à Marianne le 19 février 2001 sous le titre " Le coauteur de La Sale Guerre : "Pourquoi m'a-t-on manipulé ?" " et au communiqué de M. Sifaoui en date du 8 février 2001.

Dans son jugement, le tribunal a indiqué :

- s'agissant du communiqué de M. Sifaoui : " L'imputation faite à M. Gèze et à l'éditeur (les Éditions La Découverte) d'avoir dénaturé l'ouvrage [La Sale guerre], par la modification ou la suppression de passages, dans le but d'en infléchir le sens, pour imputer la responsabilité du drame algérien à l'une des parties au conflit, porte in-contestablement atteinte à l'honneur et à la considération des parties civiles, accusées de manipulation et de malhonnêteté intellectuelle";

- s'agissant de l'entretien dans Marianne : " François Gèze et les Éditions La Découverte sont accusés d'avoir manipulé Habib Souaïdia et Mohammed Sifaoui, en intervenant sur le témoignage du premier et le manuscrit du second, pour réaliser un ouvrage partisan, volontairement favorable pour l'armée et exonérant les islamistes. Cette assertion est évidemment diffamatoire pour les parties civiles. "

Le tribunal indique par ailleurs que " les pièces et témoignages produits [par la défense] ne font pas la preuve d'une quelconque "manipulation" ou "dénaturation" imputable à faute à M. Gèze et à sa maison d'édition, c'est-à-dire d'une manoeuvre délibérément menée sans le concours et le consentement de celui qu'ils considéraient, à tort ou à raison, comme le seul véritable auteur de l'oeuvre, Habib Souaïdia. Les prévenus échouent donc dans leur offre de preuves. "

Le tribunal a donc reconnu que les allégations poursuivies étaient bien diffamatoires et que M. Kahn, directeur de Marianne, et M. Sifaoui n'avaient pu apporter la preuve de leur vérité. Mais il a finalement débouté les prévenus dont il a estimé qu'ils pouvaient " bénéficier de l'excuse de bonne foi ". S'agissant de M. Sifaoui, le tribunal a estimé que, du fait du " litige éditorial " l'opposant à La Découverte, " il était fondé à s'exprimer publiquement, et il convient de retenir que son expression n'a pas dépassé les limites admissibles en la circonstance ". S'agissant de M. Kahn, le tribunal a estimé qu'il a " agi dans un but légitime d'information du public, les questions posées par la journaliste de Marianne s'avérant pertinentes, objectives et dénuées de tout parti pris ".

En désaccord avec ce jugement, François Gèze et les Éditions La Découverte ont interjeté appel de cette décision par acte du 23 octobre 2001.


(La Découverte 5.10 / Le) Les éditions "La Découverte" annoncent que le procès en diffamation intenté par le général Khaled Nezzar contre Habib Souaïdia et la chaîne de télévision "La Cinquième" s'ouvrira le 12 février 2001 à Paris. Le général Nezzar avait annoncé le 22 août qu'il avait chargé ses avocats de déposer plainte devant la justice française contre Habib Souaïdia et à travers lui contre les "quelques officiers totalement obscurs ou radiés des cadres de l'armée", et qui tentent de "déshonorer l'armée à travers ses anciens serviteurs" et de "redorer le blason ensanglanté de leur idéologie d'un autre âge". Le 27 mai 2001, dans une émission de "La Cinquième", Souaïdia avait déclaré "Je ne peux pas pardonner au général Massu et au général Aussaresses les crimes qu'ils ont commis, comme je ne peux pas pardonner au général Nezzar, ex-ministre de la Défense". Habib Souaïdia avait ajouté : "ce sont les ex-déserteurs de l'armée française qui ont mené le pays vers l'anarchie, vers la faillite". Les avocats de Habib Souaïdis, William Bourdon et Antoine Comte, ont annoncé leur intention de faire citer pas moins de 37 témoins lors du procès.

(Le Monde 10.10) Le général Khaled Nezzar assure, dans un entretien au "Monde", qu'il sera à Paris le 12 février 2002 pour l'ouverture du procès en diffamation qu'il intente à l'auteur de "La Sale Guerre", Habib Souaïdia : "Il va de soi que je serai à Paris le 12 février prochain. Je n'y suis pas tenu, mais un soldat n'abandonne jamais ses troupes", déclare l'ancien ministre de la Défense, qui poursuit : "je préfère affronter la justice française que laisser les les médias, et je suis prêt à répondre à une convocation de police". S'agissant du procès lui-même, Khaled Nezzar reconnaît que la plainte qu'il a déposée contre Souaïdia "n'est qu'un prétexte" afin de pouvoir "réagir à ce que j'estime être une orchestration dirigée contre moi et contre ceux qui ont interrompu le processus électoral en 1992". Il attend du procès qu'il lui permette de s'"exprimer et de montrer la véritable image de l'Algérie". "De toutes manières, le procès de l'Algérie est déjà fait", ajoute Nezzar, "et le pire c'est qu'il est fait essentiellement par des Algériens". Quant aux accusations portées par Habib Souaïdia (notamment) contre les forces de sécurité, s'agissant de leur responsabilité ou de leur complicité dans des massacres de civils, des exécutions sommaires ou des actes de torture, Nezzar affirme que "les huit dixièmes des Algériens savent très bien qui tue qui, même s'il en reste deux dixième qui affirmeront que c'est l'armée qui tue", ces deux dixièmes appartenant soit au FIS, "soit au FFS". Quant à Habib Souaïdia, il sera lui aussi présent au procès, et ses avocats (William Bourdon et Antoine Comte, de Paris, et Mahmoud Khelili, d'Alger) se proposent de faire citer à l'audience près d'une quarantaine de témoins : des responsables d'organisations de défense des droits humains (comme Patrick Baudoin), des universitaires ( comme François Burgat, Bruno Etienne, Mohammed Harbi, Pierre Vidal-Naquet), des journalistes (comme Salima Ghezali), d'anciens dirigeants algériens (comme l'ex-ministre de l'économie Ghazi Hidouci), et même et surtout plusieurs officiers dissidents de l'armée algérienne, membres ou proches du MAOL (Mouvement algérien des officiers libres), dont ce serait la première apparition à visage découvert.

La question se pose enfin de savoir quel sort sera réservé au général Nezzar s'il se rend en France, pays qu'il avait du quitter précipitamment le 25 avril alors qu'il s'y était rendu pour faire la promotion de son livre "Echec à une régression programmée". Une plainte avait été déposée contre lui par deux anciens détenus torturés dans les prisons algériennes, et par les parents d'un homme mort sous la torture. En application de la convention internationale contre la torture, dont la France est signataire, les avocats des plaignants (les mêmes que ceux de Souaïdia) demandaient l'arrestation et le jugement en France de Nezzar, pour "sa responsabilité directe dans la politique de répression généralisée, fondée non seulement sur l'usage massif et systématique de la torture, mais aussi sur les exécutions extrajudiciaires". Avertie des menaces pesant sur l'ancien ministre de la Défense, l'Ambassade d'Algérie assurait par fax au ministère français des Affaires étrangères qu'il était en France "en mission officielle", et bénéficiait à ce titre d'une immunité. Quoique l'on sût que Nezzar n'était à Paris que pour faire la promotion de son livre, ce fax suffisait aux autorités françaises pour organiser son "exfiltration" et le soustraire à d'éventuelles poursuites. De retour en France en février 2002, Nezzar devra vraisemblablement cette fois se munir d'un passeport diplomatique en bonne et due forme, et disposer de toutes les garanties (françaises) qu'il ne sera pas inquiété.

(AFP 17.10) François Gèze, directeur des éditions "La Découverte", éditeur de "La Sale Guerre" de Habib Souaïdia, a été débouté le 17 octobre par le Tribunal correctionnel de Paris de sa plainte en diffamation contre le journaliste Mohammed Sifaoui, co-auteur d'une première version de l'ouvrage. François Gèze reprochait à Mohammed Sifaoui d'avoir déclaré à l'hebdomadaire "Marianne" que l'éditeur avait remanié le contenu du livre afin de la rendre plus défavorable à l'armée et moins défavorable aux islamistes. Le tribunal a jugé que Mohammed Sifaoui avait effectivement diffamé François Gèze, mais qu'il était de bonne foi en le faisant, dans la mesure où il "pouvait légitimement croire au bien fondé de sa position" et qu'il était donc "fondé (...) à s'exprimer publiquement". Même s'est agi d'une accusation diffamatoire, son expression n'a selon les juges "pas dépassé les limites admissibles en le circonstance".

(Corr 8.12) Un débat organisé autour du témoignage (et en la présence) de Habib Souaïdia à Amsterdam par la SAIA, association néerlandaise de soutien aux intellectuels et artistes algériens a donné lieu à de violents échanges entre plusieurs participants aux débats (Habib Souaïdia lui-même, Fatiha Talahite) et un journaliste du "Soir" d'Alger, Aziouz Mokhtari, et quelques personnes présentes dans la sale, qui ont insulté et menacé les deux intervenants, au point que, menacé de mort, Habib Souaïdia a du quitter les lieux et que le débat a du être interrompu.

(La Découverte 18.12 / Quotidien d'Oran, Matin 20.12) Initialement prévues pour les 12, 13 et 19 janvier, les audiences du procès en diffamation intenté par le général Khaled Nezzar contre la télévision "La Cinquième" et Habib Souaïdia, pour les déclarations du second sur la première, ont été reporées de cinq mois et se tiendront du 1er au 5 juillet 2001, avec l'accord des avocats des deux parties. Le report des audiences est du au fait que que chacune des deux parties entendait faire citer au moins quinze témoins (dont trois anciens Premiers ministres algériens pour Khaled Nezzar). Les éditions "La Découverte" ont décidé de faire enregistrer les minutes du procès (par sténotypie) et de les publier ultérieurement. Selon "Le Quotidien d'Oran", le général Nezzar entend faire citer pour sa défense les anciens premiers ministres Sid Ahmed Ghozali et Redha Malek.


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