FRONT DES FORCES SOCIALISTES
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Chers élus, chers camarades,
Au moment où s'ouvre la conférence d'évaluation de votre mandat, j'ai une pensée lancinante pour tous nos compatriotes victimes d'assassinats ciblés et, en l'occurrence, pour nos frères du parti tombés dans l'exercice de leur responsabilité d'élus. Et quel sens des responsabilités exceptionnelles avez-vous montré dans un pays spolié de ses rêves de paix, de liberté et de justice à l'orée même de son indépendance? Tandis que la majorité écrasante des Algériennes et Algériens du "Deuxième collège" - comme au temps de la colonisation étrangère, continue à être ghéttoïsée dans une version totalitaire d'un statut de l'indigénat on ne peut mieux indigène.
En réalité, cet esprit de responsabilité chez la plupart de nos militants et de nos cadres dépasse le simple devoir d'obligation morale ou contractuelle ; ce qui est déjà, reconnaissons-le en toute humilité, un acquis important dans leur culture civique et leur maturité démocratique. D'autant que d'effroyables processus d'expropriation culturelle, politique, économique et sociale ont sévi contre notre société depuis des décennies, au profit de l'infime minorité du premier collège post-colonial. Il en est résulté un système de non droit et de corruption systématique des moeurs politiques et des mentalités. Un environnement autoritaire et à ce point hostile à toute norme ainsi qu'à toute règle du jeu que ces super citoyens - Aqtab Ellil wennahar, Mouh'tarifin Fi Rabeh Rabeh wa loukane Khasrin - ne se sentent guère comptables, ni requis, ni liés, encore moins tenus par n'importe quel engagement national et international - que ce soit par ignorance ou arrogance et, le plus souvent, les deux à la fois -: en un mot, vous aviez, nous avions donc fort à faire ensemble contre le règne d'une jungle, en opposition pacifique contre la loi du plus fort, du plus fourbe, du plus argenté.
Chers camarades,
Oui ! Pour vous, la qualité d'élus n'est pas une carrière ou une sinécure, une gloriole familiale ou "tribale" ; elle est vécue principalement comme une vocation, pour des citoyens dignes et à la fois pour de vrais Iqeddacen de la démocratie ; vous avez respecté vos engagements de servir avec détermination et intelligence, les intérêts et les aspirations des électrices et des électeurs qui vous ont fait confiance. J'irais plus loin encore, les missions que vous vous êtes assignées, et que vous avez poursuivi en dépit des obstacles administratifs et des pressions, relèvent des faits de résistance politique, de l'esprit de résistance. Comme pour survivre, vous deviez mobiliser et mettre en jeu vos intuitions militantes et vos réflexes identitaires avec pour levier traditionnel un sens de l'honneur tel qu'il s'était trempé et modernisé dans les luttes d'émancipation politiques et sociales, et dans les résistances armées contre la domination coloniale.
Cette notion d'honneur, forme de noblesse individuelle et collective qui, avant d'être et pour être authentiquement patriotique et humaniste, s'était élaborée dans un longue pratique traditionnelle du respect des autres, de la vie et de la vérité.
Chers camarades,
Il n'y a pas d'honneur dans les discours mégalomaniaques et mensongers, dans la terreur d'Etat, le crime organisé, les reniements, les coups d'Etat et de Jarnac contre les partis autonomes, contre les syndicats et les associations libres capables de constituer une société civile garante de l'unité nationale et d'une sortie de crise crédible. Il y a des valeurs comme la paix civile, l'Etat de droit, le développement durable, la justice sociale et la justice tout court, la vérité, les libertés publiques, l'esprit de solidarité, la sauvegarde de la dignité individuelle qu'un Etat digne de ce nom ne peut se permettre de démolir. Il n'y pas de conduite honorable, dans une guerre multiforme menée tambour battant contre son peuple par un Etat " raté ".
Cela me renvoie à une intervention que j'ai faite en 1985 sur les droits de l'homme dont vous trouverez ci-joint une copie et qui me semble d'actualité. Je disais alors que "la multiplication des régimes de dictature nous rappellent l'Ordre Nouveau Européen inspiré par les nazis, un ordre pan-étatique en voie de développement sous la pression des super puissances". Si j'évoque aujourd'hui devant vous la structuration du monde en ordre pan-étatique, c'est parce que je considère que les politiques de l'Occident, Europe et Etats-Unis, ont favorisé l'émergence des dictatures dans les pays anciennement colonisés à l'origine de tous les malheurs que connaissent les populations de ces pays.
L'Algérie n'a pas échappé à cette règle. Le droit à l'autodétermination est nié au peuple algérien. Alors que ce Droit d'avoir des droits, constitue la raison d'être et la légitimité fondatrice de l'Etat algérien. Les libertés individuelles et collectives sont violées systématiquement. Pour éviter tout contre-pouvoir, l'Etat centralisé et policier contrôle le parlement, la justice et la presse et empêche la société civile de s'organiser de façon indépendante. Il pourchasse tous les acteurs autonomes de la société et entrave par tous les moyens - les intimidations, les gardes à vue, jusqu'à l'assassinat de militants - l'action de l'opposition politique. Pour boucler le tout, il limite les prérogatives des élus locaux proches des populations, réduisant à néant l'autonomie administrative et financière des collectivités locales. Pour contenter ses partenaires occidentaux, cette dictature se drape d'une façade démocratique avec un parlement illégitime conçu par la fraude, et justifie ses violations des droits de l'homme par l'état d'urgence en vigueur, qui, dans les réalités quotidiennes est purement et simplement un Etat d'exception sans aucun garde fou légal ou temporel. Tout en modulant un sempiternel terrorisme résiduel à faire fantasmer les derniers quarts d'heure de l'innommable Roberte Lacoste, et tout aussi étrangement à les faire renaître de leurs cendres; et ce, toujours aux "bons endroits" et aux "bons moments".
Les dictatures peuvent ainsi agir à leur guise, à huis clos derrière leurs frontières et sous l'allégation spécieuse du "principe de la souveraineté des Etats et de la non ingérence dans leurs affaires intérieures", déniant leur souveraineté aux peuples et aux citoyens.
Les collectivités locales et les associations représentatives étant empêchées de tout lien avec le reste du monde, le pays se transforme progressivement en prison à ciel ouvert de tout un peuple qui ne voit d'issue que dans le rejet des élections, (l'abstention massive au scrutin du 17 mai en est la démonstration flagrante), dans les émeutes au quotidien, dans l'oubli que procure la drogue, le suicide ou l'exil dans des embarcations de fortune avec au bout la mort par noyade ou la vie clandestine des sans papiers.
C'est dans le contexte de cette dure réalité que se tient votre rencontre. Ceci ne doit pas vous décourager. Je n'entre pas dans les débats que vous allez avoir pour tirer les leçons de votre expérience d'élus et qui aideront le parti à mieux servir la population Mais je considère que votre rencontre est un moment fort de la vie du parti qui doit vous permettre d'interpeller les autorités et de prendre à témoin l'opinion nationale et internationale.
Il importe de dénoncer plus que jamais la politique d'hypercentralisation policière et maffieuse. En réalité, le refus d'accorder une autonomie administrative et financière aux collectivités locales comme cela se fait dans toutes les démocraties du monde a pour but :
En effet, pour continuer à s'assurer impunité et pérennité il est en train de s'opposer systématiquement à tout aggiornamento des institutions de l'ONU et à leur reconstruction dans la perspective d'une restitution aux peuples et aux individus du Monde en Tiers, leurs droits d'avoir des droits, au plan national et international. Et, typique comme option anti-révolutionnaire, la politique déshonorante de soutien systématique aux répressions sauvages, à l'exemple des crimes contre l'humanité qui continuent à décimer les populations du Darfour ; le déni de protection et de solidarité à ce peuple martyr, relève aussi des complicités stratégiques et des leurres tactiques qui, certes, nourrissent de fausses espérances, mais, en réalité, ne font que donner du temps et du grain à moudre aux éradicateurs de Khartoum.
Permettez-moi, chers camarades, de terminer par quelques conseils pratiques.
Il faut revendiquer haut et fort l'agrément et le soutien par le pouvoir et par l'Etat des associations et syndicats autonomes. Il faut prendre appui sur les engagements souscrits par "l'Etat" au plan international pour réclamer le droit de ces associations à adhérer à des ONG régionales et mondiales ; il s'agit notamment d'établir des coopérations décentralisées en particulier au niveau du Maghreb. Et, par dessus tout, militer à part entière pour renforcer les mouvements associatifs capables de faire émerger et renforcer les sociétés civiles internationales avec pour objectif de désamorcer une apocalypse planétaire, Now-and-Tomorrow, à l'échelle de la planète.
Un tout dernier mot. Etant proches des populations, et forts de leur appui, c'est par vous et à travers vous que nous pourrons impulser une dynamique nationale et internationale l'évolution progressive démocratique et pacifique. N'oublions jamais qu'il fut un temps où l'Algérie, par désespoir de cause, avait été reléguée aux tout derniers rangs de la décolonisation. Ce qui explique les étonnants titres de noblesse et l'immense respect qu'elle suscitera tout au long de sa résistance armée et qu'elle continue d'ailleurs d'inspirer dans la mémoire des Damnés de la Terre. Il n'y a d'historique que le phénomène d'auto mobilisation exemplaire des citoyennes et des citoyens autour du GPRA. Le peuple algérien a payé si cher son accession révolutionnaire à l'indépendance et surtout à son droit suprême à l'autodétermination, principe qui résumait parfaitement ses aspirations et ses horizons démocratiques.
Question de survie et d'honneur, la nation algérienne a un besoin vital de respirer, de sortir de l'ombre, de l'isolement et d'une omerta généralisée pour dire non au règne du mensonge et des manipulations meurtrières et ainsi honorer la mémoire de ses enfants tombés au champ d'honneur.
Wa Ech'hadou ! Wa Ech'hadou ! Temoignez ! .. Témoignez !.. Salams.
Chers amis, Chers camarades, honorables invités
Notre rencontre d'aujourd'hui est une opportunité importante à saisir pour participer activement au large débat qui se déroule actuellement dans le parti. Un débat rendu nécessaire par les défis que nous devons tous relever à l'effet de construire une alternative politique crédible et inébranlable. Nous avons réfléchi, assumé et décidé de rester constant dans nos positions de refus de toute compromission avec le système en place.
Nous avons fait le choix, que quelque soit les difficultés et les embûches qui sont semées et qui seront semées sur notre parcours, nous resterons attachés aux idéaux de paix, de démocratie et de solidarité.
Depuis des années, le FFS n'a pas cessé d'assumer ses responsabilités et d'alerter sur les dérives populistes, claniques, sectaires qui caractérisent le mode de gouvernance de notre pays. Nous avons choisi de rester aux cotés de la population, c'est notre camp naturel.
Bien évidemment, choisir le camp de la population dans un pays ou la corruption politique fait office de stratégie d'aliénation, ou le mensonge est élevé au rang de norme de gouvernance, ne fera que renforcer notre crédibilité et notre contrat de confiance envers et avec la population.
A tous ceux qui misent sur l'érosion de notre courage, sur le tarissement de nos valeurs, la lassitude politique et sociale, nous leur faisons la démonstration par le débat et le partage, que nos idées et nos convictions sont inoxydables. .
Nous ne sommes pas seuls, nous sommes nombreux à croire et nous sommes encore plus nombreux à continuer de faire dons de leur jeunesse, de leur temps de leur énergie et de leurs moyens pour l'instauration de la démocratie véritable et pour le triomphe des libertés, toutes les libertés.
De manière éloquente, les Algériennes et les Algériens ont encore signifié le 17 mai dernier, pacifiquement, au régime que son discrédit est total. Ni les instances officielles, ni les fausses représentations politiques et ni les réseaux clientélistes maffieux n'ont réussi à mobiliser la population pour lui soutirer un mandat de légitimité. C'est pour cette raison que nous devons agir, il est de notre devoir de faire en sorte que l'impasse du régime ne soit plus une impasse pour le pays.
Nous devons nous organiser, nous devons débattre et nous devons nous créer des possibilités et consolider nos liens de confiance avec la population pour accomplir tous ensemble un de nos devoirs historiques qui complète l'indépendance territoriale du pays : LA LIBERATION DE L'INDIVIDU.
C'est dans cet esprit que je vous demande de participer au débat pour enrichir nos réflexions et préparer dans d'excellentes conditions, nos échéances politiques et statutaires.
Merci de votre écoute
Bonne réussite dans nos travaux
Chers camarades ; Cher ami (e) s honorable assistance
Après l'événement sur les assises de l'Audit, et à la veille des échéances tant organique, le troisième congrès du parti, que politique à savoir, les élections locales et l'avènement des nouveaux codes communal et de wilayas ; voilà une fois de plus , nous nous retrouvons réunis, comme le prévoient nos statuts, à la troisième conférence nationale de nos élus, qui est une étape ultime et nécessaire, pour nous évaluer, apprécier nos actions, recenser nos points forts et nos faiblesses, afin d'assurer notre mise à niveau tant au plan local, régional, national, voir international.
Cette conférence, dont les travaux doivent nécessairement s'inscrire dans l'innovation, la recherche de nouveaux comportements basés sur un constat préalablement fait sur l'état des lieux , nos carences, nos limites sur nos capacités humaines engagées dans les précédentes mandatures ( 1997-2007), et la nécessité de revoir les critères de choix , qui imposent aujourd'hui, l'introduction de nouveaux critères basés sur la compétence, l'intégrité et l'engagement sur un contrat politique bien établit entre les candidats et la population, conditions siné qua non pour assoeire notre différence envers les autres formations politiques et l'administration.
Les exigences énumérées précédemment se justifient par notamment, les constats établis récemment par le comité d'écoute qui fait état de conflits et de comportements de nos élus, ce qui n'est pas nouveau, car ces déviations ont marqué pendant longtemps notre représentation. Aujourd'hui, certains nos élus sont invités à répondre de leurs actes de gestion, souvent seuls, sans aucune information préalable des instances du parti. C'est d'ailleurs, la raison pour laquelle, nous avons lancé un questionnaire pour connaître tous les cas de figure.
Chers camarades,
Nous souhaitons que ces assises nationales soient l'occasion idoine pour nous imposer vision rétrospective, critique et constrictive, afin de dégager une perspective nouvelle, objective, rendue nécessaire par la situation actuelle de notre parti, ses objectifs stratégiques d'avenir, la conjoncture politique plus contraignante que jamais, je vous invite à vous investir chacun personnellement pour apporter vos idées, votre expérience, et surtout propositions dans le travail d'enrichissements des différents thèmes que consacrent les ateliers suivants:
1°/ Evaluation bilan 2°/ Relation élu/ parti 3°/La bonne gouvernance et décentralisation, 4°/L solidarité (l'intercommunalité et l'inter wilaya) 5°/Le projet de refonte des codes communal et de wilaya 6°/Les contrats politiques et moral : l'élu/ part- élu/ population
Je vous remercie pour votre attention, et vous souhaite plein succès à ces travaux.
1. Autonomie et démocratie locales 2. le développement local et l'intercommunalité 3. Démarche pour la satisfaction des besoins des citoyens
Le développement local exige une décentralisation des responsabilités et des moyens au profit des collectivités locales et une participation effective des citoyens dans la gouvernance locale. Autonomie locale et démocratie locale sont des facteurs essentiels du développement local.
Les municipalités sont les institutions les plus proches de la population. Elles sont quotidiennement face aux problèmes concrets et quotidiens des citoyens mais ne disposent pas d'allocations budgétaires suffisantes et à temps pour y apporter des solutions durables.
Le gouvernement parle de décentralisation mais dans la pratique il transfère aux communes la responsabilité de satisfaire les besoins des populations sans accorder les moyens nécessaires pour exercer cette responsabilité.
L'autonomie au niveau communal ne doit pas être confondue avec l'autonomie régionale. L'option de l'autonomie de la Kabylie n'est pas dans l'intérêt des citoyens de cette région pour des raisons politiques, économiques et sociales évidentes. Oui à la décentralisation des pouvoirs administratifs au niveau local dans le cadre de l'instauration d'un Etat de droit et d'une véritable démocratie politique avec tous ses attributs. La création d'un niveau de gestion régionale, avec une dimension économique, sociale et culturelle, ne peut être que l'aboutissement de la construction d'un Etat démocratique. Non à la "régionalisation" conçue pour ghétoïser une population, diviser le pays et contenir l'émergence d'une alternance démocratique qui gagne du terrain dans tout le pays.
Convaincu que seul un système de gouvernance basé sur des institutions démocratiques issues d'une expression libre souveraine de la population, est capable de garantir la paix et l'ordre social.
Le Front des Forces Socialistes revendique une loi sur la décentralisation effective qui doit se traduire par:
Les citoyens sont fondamentalement concernés par la démocratie dans leur vie quotidienne. La dimension de démocratie locale, ce qu'on appelle la "démocratie de proximité" contribue, par la participation à la gestion de la cité, à mieux satisfaire les besoins fondamentaux des populations concernées.
La participation dans les instances communales et sa traduction dans le "budget participatif".
Le Maire doit s'engager à associer les citoyens à la gestion de la commune. Cette participation ne doit pas se limiter à les faire assister à titre d'observateur aux débats du conseil communal. La population doit être consultée effectivement sur les décisions touchant ses conditions de vie. Cette consultation doit notamment trouver son expression lors de l'élaboration du budget communal fixant les affectations des dépenses de fonctionnement et d'investissement. La méthodologie du "budget participatif" exige la consultation village par village, quartier par quartier des populations organisées dans des comités ou des associations, la prise en compte des priorités exprimées par les citoyens et leur plein accord sur les arbitrages budgétaires arrêtés. Le conseil municipal doit rendre compte dans les mêmes conditions de l'état d'exécution des engagements pris.
Il y a lieu d'insister sur les critères de transparence de gestion et de responsabilité devant les citoyens de la commune ("accountability"), que chaque assemblée communale doit s'engager à respecter.
Pour être plus proche du citoyen, la mairie doit aller vers lui et ne pas l'attendre derrière un guichet. Dans le monde, des initiatives sont prises par les municipalités pour tenir périodiquement des séances de travail par les fonctionnaires municipaux dans les différents quartiers, y délivrer des pièces d'état civil, apporter une assistance sur place à ceux qui ne peuvent pas se déplacer et y recueillir des doléances. Cela s'appelle "la mairie dans la rue".
C'est dans l'esprit de la recherche des possibilités d'une participation effective des citoyens dans la gestion des affaires locales, que les élus réunis en conférence nationale de débat et d'évaluation, s'engagent à mettre en place un mécanisme consultatif
Les élus du FFS soutiennent que la gestion participative des affaires locales se fera avec le concours et le soutien du mouvement associatif local. Le Soutien aux association et leur participation dans l'élaboration du budget, dans le recensement des besoins et dans l'affectation des ressources disponibles est un gage de réussite et de vulgarisation de l'action des élus.
Les élus du FFS dénoncent le caractère sélectif et différencié de l'attribution des subventions qui privilégie les associations proches de l'administration au détriment des associations représentatives et actives sur le terrain.
La population attend de leurs élus qu'ils apportent des solutions à ses problèmes quotidiens: alimentation en eau potable, assainissement et autres aménagements pour l'amélioration de la qualité de vie, travaux d'équipements dans les zones défavorisées, juste répartition des lots communaux à bâtir et des logements sociaux, accueil des citoyens et facilitation de la délivrance des documents d'état civil, aide sociale aux personnes démunies.
Une recommandation pour l'avenir: chaque commune gagnerait à faire un inventaire des services à améliorer et des besoins à satisfaire puis à dialoguer avec les citoyens sur les priorités à retenir et les moyens de les réaliser, en évitant de faire des promesses insensées ou de verser dans la démagogie.
La commune doit créer un environnement favorable à l'implantation d'activités économiques génératrices de recettes fiscales et d'emplois locaux. La création de zones d'activités économiques viabilisées permettant à des investisseurs locaux de disposer de terrains pour leurs investissements doit être une priorité dans le programme d'action municipal.
Dans les communes de bord de mer et les zones de montagne à vocation touristique, il faudra examiner de près ce qui pourra être fait pour attirer les touristes et faciliter leur séjour.
Le budget municipal doit comporter une rubrique "fonds sociaux" pour porter secours aux personnes vulnérables vivant dans la pauvreté. Une aide administrative doit être apportée à ces personnes pour faire valoir leurs droits à l'assistance auprès des différentes institutions nationales concernées.
La coopération municipale, régional, national et international permet de partager des expériences de bonne gestion, d'exploiter les complémentarités existantes et de mobiliser l'assistance technique et financière disponible.
Les élus doivent s'engager résolument à promouvoir cette coopération pour partager leurs expériences de gestion et tirer profit de leurs complémentarités.
Les élus du Front des Forces Socialistes dénoncent la politique d'enfermement des élus municipaux par l'administration de tutelle en les empêchant de participer à des rencontres internationales ou d'établir des partenariats avec leurs homologues étrangers.
L'atelier recommande aux élus de maîtriser : 1. Aspect de stratégie 2. Aspect d'ingénierie de la formation et du développement 3. Aspect du management et du développement territorial
A cet effet les membres de l'atelier ont eu à apporter des composantes au développement local selon les réalités vécues par l'élu sur le terrain, ou 19 points ont été soulevés:
L'improvisation n'est pas tolérable dans la gestion municipale. La méthodologie pour établir un programme d'action et un budget doit obéir à des règles très strictes:
La démarche pour la satisfaction des besoins des citoyens suppose l'implication effective de ces derniers. Susciter l'intérêt à participer à la gestion des affaires de la commune est impératif. Il est donc du devoir absolu de l'Assemblée Populaire Communal (éventuellement des candidats ou des militants) de mener une campagne de pédagogie et d'explication pour convaincre les citoyens que la gestion de leur commune, avec leur participation réelle, est centrée sur la satisfaction de leurs besoins prioritaires.
Les citoyens doivent comprendre, de leur coté que la commune est le lieu où ils ont la possibilités d'exercer le pouvoir à l'échelle locale.
Faire l'AUDIT de la mairie dès l'investiture du président d'APC peut constituer l'une des manières qui permettront de stimuler le citoyen à s'intéresser à la gestion de sa commune.
1) Interpeller les pouvoirs publics à coordonner leurs services pour éviter la diversité des centres de décisions et surmonter les entraves bureaucratiques et les interférences.
2) Des actions populaires pour faire pression sur les pouvoirs publics dans le but de les amener à prendre en considération les revendications des citoyens sont vivement recommandées.
Nous, élus locaux, réunis les 12 et 13 juillet 2007 en conférence d'auto-évaluation de notre mandat, visant à apprécier les résultats accomplis et tirer les leçons de nos insuffisances pour améliorer l'exercice de la fonction d'élus local,
Nous nous félicitons des réalisations enregistrées dans la majeure partie des communes pour la satisfaction des besoins des populations en dépit de l'insuffisance, et des retards de mise à disposition, des crédits alloués aux collectivités locales ainsi que des obstacles dressés par les différents échelons bureaucratiques de l'Administration centrale.
Nous avons enregistré une série de contraintes majeures tout au long de notre mandat, entravant le bon fonctionnement des services à la population, notamment :
- le faible degré d'autonomie administrative et financière des communes - la fiscalité locale insuffisante pour faire face aux besoins locaux - une allocation budgétaire dont le montant ne couvre pas les besoins exprimés - des procédures administratives très lourdes pour obtenir et débourser les fonds. - des interférences constantes de l'administration dans la gestion des élus
Nous interpellons les autorités administratives au niveau des daïras, wilayas et des ministères concernés, pour réaliser :
Nous continuerons à œuvrer et nous engageons les futurs élus à :
Nous restons persuadés que l'ensemble, de ces dispositions seront sans effet sans une coordination politique et une cohérence de programme assuré par le Parti, au niveau des instances nationales et locales.
Tizi Ouzou, le 13 juillet 2007
Chers camarades, chers amis,
Massa Ennour, Azul moqren, salutations affectueuses,
A l'occasion de votre dernière session ordinaire qui précède la tenue de nos prochaines assises, j'ai pensé plus sympa de vous faire une surprise en vous posant quelques questions qui, certes se moquent de la langue de bois, mais ne sont ni surprenantes dans la forme ni légères dans le fond.
Il s'agit d'un exercice sérieux de réflexion, que je souhaite sous la marque FFS de l'humour et de la dérision. Les conclusions pourraient être éventuellement soumises au congrès.
Quid de l'attaque contre la caserne de Lakhdaria, située dans le périmètre " kabyle " et des effets d'annonce tragiques concernant la grande offensive du " GSPC " à Yakouren, haut lieu de la lutte de libération ? Ne sommes nous pas également dans le scénario désormais classique toutes les fois que s'aggravent les luttes de pouvoir à propos de la succession à El Mouradia. Pourquoi faut-il régler leurs comptes par massacres interposés comme ce fut le cas au cours de la sale guerre en particulier dans la Mitidja ? On doit une fière chandelle à l'ambassadeur des USA, non pas tellement d'avoir protégé la présidence du général Zéroual, mais d'avoir stoppé les hécatombes en chaîne en direction de la capitale.
Quels liens avec le vieux et permanent complot stratégique visant à Tchétchéniser la province algérienne de Kabylie ; afin de la "pacifier" et d'y éradiquer le politique et la démocratie ? Le printemps noir et les grandes manipulations militaro-policières des "Arouch" pouvant être considérées comme des préludes.
Par qui et comment a été commise - plus grave qu'un crime - la faute politique de créer systématiquement l'insécurité dans cette région dans l'objectif de faire imploser l'unité nationale.
N'y a t-il pas lieu d'attribuer aussi aux généraux de "l'opération Jumelles", l'intention de punir les villageois de Kabylie pour avoir accueilli, organisé et protégé le congrès de la Soummam. Evénement sans lequel les processus tactiques d'intégration civique, politique et révolutionnaire - comme prévu par le déclenchement technique du 1er novembre 1954 - seraient, sinon problématiques, du moins terriblement retardés. Avec pour conséquence catastrophique de rendre impossible la dynamique et la légitimation du GPRA, l'instrument révolutionnaire par excellence, qui sera le levier fondamental à la fois de l'internationalisation de la question algérienne et de la négociation de l'indépendance.
N'oublions jamais cette réalité subversive: les manipulations mensongères, qu'elles soient politiques ou criminelles, sont la géométrie officielle de la culture ambiante du système. Ce n'est pas le souci du bien et de la sécurité des compatriotes qui anime les " gouvernants " c'est celui de la conservation de leur puissance et de leurs intérêts.
Devant tant de bienveillance, et peut être de pitié à l'égard d'un peuple si glorieux, une certaine décence de la part des gouvernants algériens aurait dû inspirer un renvoi d'ascenseur en faisant moins de répressions visibles. Or jamais, jamais les répressions n'ont été aussi permanentes, systématiques et généralisées.
D'où viennent cette hargne et cet empressement à faire le nettoyage politique, sans aucun égard au contrat clair et transparent qu'ils venaient de signer. La motivation qui pousse les décideurs à multiplier les gaffes et les empressements irresponsables est qu'ils réalisent qu'ils maîtrisent l'espace national et les " indigènes " mais pas le temps. L'impunité garantie par la corruption et l'esbroufe n'est pas éternelle. Hitler n'a-t-il pas dit dans mein kampf " un contrat ou un accord vaut ce que valent les circonstances dans lesquelles ils sont signés." Pourquoi donc ces dénis fou furieux des Droits de l'Homme ?
Serait-il violer le secret en disant parce que le stalinisme a longtemps réussi à s'emparer de ces mêmes valeurs, leitmotiv et leit-bildung ( leading ideas and images ), pour les enraciner dans sa vitrine et sa propagande, avec un culot "révolutionnaire" c'est à dire mensonger.
Chers camarades, chers amis,
Puis-je suggérer que nous baptisions notre prochain congrès ; à vous, aux camarades militants et cadres de proposer une dénomination adéquate. Moi je pense à un Congrès du Millénaire, du 21e évidemment ; avec l'ensemble des grandes thématiques proclamées. En rejetant Dhimniyen, les systèmes fascisants et totalitaires du siècle précèdent mais qui aujourd'hui s'évertuent à renaître de leurs cendres. Qui dit mieux ? Je l'espère en tout cas ; Ana abd edhaâif comme disent nos potentats.
Peut-être même pourrions-nous nommer chacune de nos commissions au Congrès par un martyr d'une qualité transcendante. J'ai personnellement pensé à Larbi Ben M'Hidi, et Kacem Zidoun l'un des premiers brillants diplomates militants arrêté à Oran le 1er novembre 1954, torturé, coupé en morceau et jeté à la mer dans un sac. Face aux vitesses de l'histoire et aux terribles distances qui séparent les évènements, il n'est pas inutile de s'engager dans des quêtes de rapprochement des racines et des causes plus profondes, quand celles-ci sont camouflées par les préjugés ou ces apparences qu'elles sont censées avoir provoquées.
D'évidence, les gouvernements totalitaires comme le nôtre, ont le génie malfaisant d'ouvrir de profondes fosses communes pour y enterrer les faits et les évènements précis qui leur font toujours peur. Comme la destruction du GPRA par le groupe de Tlemcen. Condamner le passé comme s'il n'avait jamais existé. Mais le passé existe avec force et, quand il bégaie dans le présent, c'est qu'il refuse de passer vers l'avenir.
Pensées affectueuses et respectueuses.
Hocine Ait-Ahmed
Le pays est dans l'impasse. Le régime n'a ni la volonté et ni la compétence pour impulser une démarche d'ouverture sur la population. Bien au contraire, depuis la débâcle politique et électorale du 17 mai 2007, les tenants du système accentuent les pressions sociales sur la population.
Malgré une aisance financière sans précédent, les Algériens continuent de subir les politiques anti-sociales qui les enfonce de jour en jour dans la misère, la précarité, le chômage et le désespoir.
Mis à part les décideurs et leurs relais maffieux qui se partagent les richesses nationales, le pays continue à perdre ces cadres qui préfèrent l'exil à l'indignité tandis qu'une partie de sa jeunesse reste tentée par des aventures suicidaires de toute sorte.
Ce constat est le vécu quotidien de la majorité des citoyens
Au sein même des tenants de ce " système " on fait aujourd'hui le constat de son inefficacité et de son fonctionnement à vide, de sa régression vers des archaïsmes qui minent la société et d'un " Etat " de plus en plus réduit à celui des appareils sécuritaires.
Le conseil national du FFS constate :
Le pays traverse une situation particulièrement dangereuse. Les indices d'une explosion politique et sociale à grande échelle sont visibles. Les Algériens ne trouvent de possibilités d'écoute et d'expression de leurs ras le bol et leur désarroi que dans la défiance électorale et la révolte.
Au lieu d'une écoute responsable de tant de révoltes et d'alertes populaires, le pouvoir continu de pratiquer la politique de la peur et de l'insécurité, du chantage et de la corruption.
La recrudescence de la violence ces derniers mois prouve l'échec des politiques sécuritaires menées depuis le coup d'Etat militaire de 1991. La politique de gestion et de régulation de la violence, doublée d'une terreur aux relents sectaires et racistes expose le pays aux dérives et aux aventures.
La stratégie de la terre brûlée faite d'incendies volontaires, de volontaires, de bombardements à proximité des habitations, de multiplication de vrais-faux et de faux vrais barrages dans la région de Kabylie, soulèvent des inquiétudes et des interrogations.
L'absence d'une stratégie de développement national cède la place à l'improvisation économique.
Le pays est méthodiquement dépossédé de ses richesses et de son patrimoine national.
Les promesses de mise à niveau des entreprises publiques, de création d'emploi et de construction de logement se sont avérées fausses et irréalisables.
L'illégitimité des institutions, la corruption qui se généralise, le sectarisme et le régionalisme qui dominent les relations " institutionnelles " risque d'hypothéquer définitivement l'avenir de la population.
En dehors de la direction de l'UGTA devenu un cercle de la rapine, l'alliance présidentielle qui sert de façade institutionnelle, des " partis politiques " ayant acceptés de siéger dans les institutions sans aucun mandat populaire en contre partie d'une incorporation dans les affaires et la corruption, la majorité du peuple algérien vit une situation économique et sociale insoutenable.
De larges couches de la société sont réduites au statut d'indigènes et de misérables.
Les augmentations décidées sur les prix des produits de première nécessité à la veille de la rentrée scolaire, du mois sacré de Ramadhan et de la fête de l'Aid sont vécu par les algériens comme un chantage alimentaire voire une répression sociale.
La population est livrée à elle-même. Les fléaux sociaux, les crimes, les suicides, la prostitution, la drogue prolifèrent à une allure inquiétante et contaminent tout le pays.
La situation des droits de l'homme est catastrophique. Le droit à la vie, premier des droits n'est pas garanti. Des dizaines de victimes civiles et militaires tombent chaque semaine.
Les libertés individuelles et collectives sont inexistantes et le pays vit toujours sous le régime de l'état d'urgence. La capitale du pays est interdite à toute manifestation politique de l'opposition et des organisations autonomes.
Alors que la situation se dégrade dangereusement dans tous les domaines, les différents cercles du pouvoir, s'affairent à partager la rente et à négocier les successions et les alternances internes au sérail.
Le constat ayant été fait que ce régime n'a ni la volonté, ni la compétence pour impulser des réformes qui modernisent le pays et le restitue à ses habitants.
Convaincu que seule une mobilisation de toutes les forces démocratiques et autonomes autour d'un contrat pour alternative démocratique et sociale, est capable de rendre espoir à la population.
Le Front des Forces Socialiste considère qu'il est du devoir de toutes les forces éprises de paix et de démocratie d'agir pour que l'impasse du régime ne soit plus une impasse pour le pays.
Le FFS appelle l'ensemble des citoyens, les acteurs sociaux autonomes, les personnalités politiques crédibles, les universitaires et les associations indépendantes, les femmes et les jeunes à faire de la rentrée sociale prochaine un moment d'action en faveur de la démocratie.
Le FFS appelle l'opinion internationale à agir pour garantir le respect des droits de l'homme, les principes de la bonne gouvernance et à soutenir les forces démocratiques du pays.
Chers camarades, Chers compagnons, Chères sœurs, Chers invités.
C'est en votre nom, c'est devant vous, c'est avec vous que j'ai envie de pousser un cri de vérité , un cri de joie " idheli, assa, azeka, le FFS yella ! Yella ! ", " el barah, el youm, wa inchallah ghadwa le FFS hay ", " hier le FFS était, aujourd'hui il est, demain il sera ".
Nous voici grâce à l'engagement et aux efforts de chacune et chacun d'entre vous réunis sous le regard du peuple algérien avec nos amis pour tenir notre 4ème congrès. Et pour construire un avenir pour toutes et pour tous.
Cet avenir que nous devons et pouvons construire s'énonce clairement comme l'accomplissement des objectifs historiques :
· l'indépendance · la démocratie · la construction du Maghreb
Pourquoi avons-nous intitule ce rendez vous : congrès du millénaire ?
Notre parti a l'ambition légitime de construire un état de droit selon les normes universelles et de gouverner le pays selon les principes démocratiques. Les objectifs du millénaire pour la démocratie et le développement tels qu'énoncés par l'ONU sont en cohérence avec notre programme et nos valeurs. Nous aurons à en débattre.
Un état de droit de tous les droits qu'ils soient politiques, économiques, sociaux ou culturels.
Chaque algérienne, chaque algérien, a le droit d'avoir des droits ; tous ses droits.
Chaque algérienne, chaque algérien, a droit à la vie, à la liberté, à la dignité et au bonheur.
La raison d'être du FFS est que sur la terre des chahidates et chouhadas soient bannis, soient interdit, soient sanctionné les pratiques d'intimidation, de terreur, de torture et les disparitions.
Ce combat nous le mènerons avec notre peuple, avec d'autres peuples ; pour notre peuple, pour d'autres peuples.
Ce combat nous le menons pour bannir à jamais la guerre civile, la guerre contre les civils et toutes les violences et les dérives à caractères ethnicistes et régionalistes.
Notre ambition pour le parti, notre ambition pour le pays demain, est d'être au premier rang pour soutenir un système des relations internationales fondé sur l'éthique et les droits humains.
Pour un observateur non averti quoi de plus normal pour un parti agrée de tenir ses assises dans un pays qui jouit de son indépendance depuis 45ans et qui a pour devise " République Algérienne Démocratique et populaire " même si un état d'urgence de plus de quinze ans maintenant est là pour nous rappeler la vanité rhétorique du " tout va bien " dans un pays qui va bien.
Pour un observateur initié, pour vous, c'est un miracle si le FFS est encore là. Et ce miracle vous l'avez construit petit à petit comme un nid' pierre par pierre comme un temple de la démocratie, mot par mot comme un lexique d'espérance, douleur après douleur comme un champ de résistance. Aussi par reconnaissance aux anciens et aux plus jeunes, je vais esquisser l'odyssée du FFS pour arriver à ces assises.
C'est en votre nom, en votre présence et dans le souvenir de ceux qui nous ont quittés que je souhaite la bienvenue à nos amis du Maghreb, d'Afrique, de l'Orient, de la Méditerranée, d'Europe, d'Asie, d'Amérique, d'ici et d'ailleurs. je remercie les représentants du corps diplomatique qui ont répondu à notre invitation et nous ont honoré de leur présence. Je remercie les personnalités politiques et les représentants de partis politiques qui assistent à nos assises. Quant à nos compatriotes, ils savent qu'ils sont ici chez eux et comme le dit un ami très cher " nous habitons dans la même maison même si nous sommes dans des pièces différentes"
Nos 4e assises revêtent une importante capitale pour notre histoire commune, pour notre pays, pour le Maghreb, pour notre société et pour notre mouvement et j'espère pour chacune et chacun d'entre nous et pour nous tous collectivement.
C'est dans vos yeux, c'est dans votre regard juvénile, c'est dans votre détermination, c'est dans votre énergie communicative que je puise la force nécessaire pour continuer l'action politique.
Vous voulez vivre, vous voulez travailler, vous voulez voyager, vous voulez respirer. Vous ne voulez pas, vous ne voulez plus qu'on décide de vos têtes, de votre sort au dessus vos têtes ( our thavghim ara athrayan a fi kouray anwan anig ikaray anwan ) (ma athabouche aydabrou ala rissan koum fouk rissankoum )
Vous êtes le nombre, vous êtes la force, vous êtes la richesse de ce pays ; vous êtes ici avec nous pour prendre en main votre destin, vous saurez trouver les chemins de l'avenir, de la liberté et de la solidarité.
En 1963 le FFS est né, d'abord et surtout pour barrer la route à la guerre civile. Un jour cette vérité historique sera reconnue et justice lui sera rendue.
En 1963 le FFS naquit pour la liberté, les libertés, toutes les libertés, pour un socle constitutionnel incontesté et incontestable, pour le respect du pluralisme et de tous les pluralismes. Ces fondements et ces objectifs restent encore à atteindre et à concrétiser.
Objectivement l'Algérie de 2007 n'est pas l'Algérie de 1963. Mais force est de reconnaître que cette constitution comme les précédentes souffre du double handicap : illégitime et provisoire.
L'état est plus que jamais privatisé. La société est de plus en plus étatisée. Les rapports sociaux sont encore empreints de violence et de brutalité. Le désordre social est ordinairement banal. La paix civile est obtenue par la domination, elle n'est pas le fruit d'une démarche ou d'un esprit de négociation.
Dès sa naissance le FFS opta pour un credo : la force de la politique et non la politique de la force. La popularité de cette devise, son appropriation par de larges segments de la société firent craindre le pire au pouvoir qui considérait et considère toujours la politique comme une hérésie et des politiques comme des apostats de la révolution.
Le FFS eut alors à subir les affres d'une répression féroce et un procès en sorcellerie sous le fallacieux chef d'accusation de régionalisme et de séparatisme.
Je rappelle ces faits avec un sentiment de douleur car beaucoup de camarades de lutte, d'amis, de frères, moururent par des balles fratricides. Des centaines de militantes et de militants qui connurent les tortures dans des sinistres lieux de détention coloniale furent retortures dans des geôles nouvellement nationales par des mains de compatriotes -permettez-moi de saluer ici pour certains leur mémoire et pour d'autre leur courage et surtout leur fidélité au serment de novembre et à leur rêve d'indépendance et de liberté- (el isteqlal wa el houria).
Je voudrai exprimer ici clairement et obstinément deux idées qui expliquent le comment et le pourquoi de toutes nos positions ultérieurs.
L'une me concerne directement, ayant eu à vivre et à partager des pans de vie entière avec les Belouizdad, Ben m'hidi, Benboulaid et des milliers d'anonymes, des hommes et des femmes exceptionnels, des héros au quotidien pour qui les mots avaient leur plein sens, chaque mot était dans son sens, son juste sens, pas plus que son sens mais pas moins aussi, et dont les faits et gestes quotidiens reflètent à chaque instant une harmonie entre dire et faire, entre parole et acte. Leurs souvenirs ne me quittent jamais. Aussi me suis-je fait l'obligation de ne jamais m'éloigner de ce chemin, de ne jamais renier nos engagements originels, de ne jamais abdiquer devant aucune oppression et de ne céder à aucune sirène de pouvoir ou de gloriole personnelle.
Je me suis senti et me sent toujours redevable envers ma conscience et mes amis de continuer le chemin commun même quand tout concourt à vouloir arrêter ou à désespérer.
Est-ce être rigide, oppositionniste chronique qui d'être fidèle dans l'instant et dans la durée à ses engagements personnels et collectifs ?
Par tempérament je ne rejette aucun compromis. J'explore toute issue pacifique possible mais je n'accepte aucune compromission et je ne prête concours ni ne cautionne aucune crise ou impasse, même si les sentiments de fraternité ou de camaraderie sont convoqués.
Je voudrai expliciter ici une deuxième idée : les clans qui se sont succédé au pouvoir, dans leur ressemblance et leur différence ont toujours substitué aux propositions politiques du FFS,à ses questionnements ou à ses propositions de débats des attitudes de mépris et d'arrogance. Quand c'est nécessaire ils instruisent des procès qui vont de l'argutie administrative en passant par l'accusation de traîtrise en finissant par l'assassinat de cadres ou d'élus s'ils n'ont pu les détourner.
Vous l'aurez compris, ils nous accusent de ce dont ils sont capables de faire. Par quels mécanismes moraux ou mentaux ils nous imputent leurs actes et leurs travers. Ils expriment un désir obsessionnel de nous voir leur ressembler comme si notre différence les dérangeait. Je vous rassure tout de suite, nous ne sommes ni parfaits ni exempts de défauts. J'y reviendrai tout à l'heure car c'est une saine thérapie que de se soigner sous le regard de camarades et d'amis non complaisants. Notre mutuel respect c'est d'abord construit avec des attitudes de vérité avec soi-même et avec les autres.
Ces assises revêtent une importance capitale pour notre pays :
Le développement d'un pays,de notre point de vue passe par le développement de sa société,une société démocratique ou chacun défend ses intérêts ou peut se structurer en fonction de ses intérêts, peut développer un pays durablement. Nous n'avons cesse de proclamer que l'homme -l'HUMAIN- doit être au centre de toute politique de développement. Si nul n'est indispensable, chacun peut et doit contribuer à un effort d'ensemble. Pour cela, des institutions crédibles, légitimes, débarrassées des scories népotiques et mafieuses qu'elles connaissent aujourd'hui, sont nécessaires.
Aucun pays fut -il la suisse, le Vatican ou l'Algérie ne peut se passer d'une armée. C'est une institution républicaine. Elle est nécessaire à la défense du pays, à son intégrité et à son développement.
Quand de gré ou de force, elle outrepasse ses missions, quand pas un jeu de rapport de force elle soumet les autres institutions elle se fait du mal à elle-même d'abord et devient le contraire de ce qu'elle souhaite être et de ce qu'elle doit être.
L'histoire jugera et dira qui respecte l'armée .celui, celles et ceux qui lui rappellent ses devoirs et ses missions et le respect de la discipline l´égale ou les laudateurs et autres aventuriers qui louent sa force et l'incitent à l'utiliser à l'exclusion des voix ou d'issues plus politiques, moins expéditives, moins sanglantes.
Le FFS dans ce domaine n'a pas hésite à alerter les uns et les autres sur les dangers d'un recours à la violence armée en 1991. Il réitérera son appel à une sortie de crise pacifique et ordonnée par un mémorandum remis au président et aux généraux décideurs.
Le contrat national signé à Rome se voulait et se veut toujours une tentative d'arrêter l'effusion de sang, d'amorcer une approche pacifique des conflits et une médiation politique dans les crises. Ces contributions pour éviter ou dénoncer les crises ont valu à nos partenaires et à nous mêmes les qualificatifs de traîtres et de renégats.
Les révélations tardives et les nombreuses mise au point faites ces derniers jours par des acteurs de l'époque qu'ils soient de premier plan ou seconds couteaux montrent avec quelle légèreté s'est joue le destin du pays.
Ces révélations qui sont autant de témoignages tardifs si elles étaient faites à temps auraient épargne au pays une décennie sanglante.
Si les affaires du pays avaient été menées dans la transparence sous le regard des algériennes et les algériens, sous le regard de l'opinion nationale et internationale notre pays se serait épargne une décennie sanglante.
On mesure aujourd'hui les conséquences néfastes des décisions clandestines prises entre complices. - A l'évidence les esprits n'étaient pas murs pour une médiation politique car il n'y avait pas dans la période précédente, dans les us et coutumes du régime des habitudes et des dynamiques de négociation. Il n'y avait pas le sentiment de la nécessité du compromis.
Il n'y avait ni le self-contrôle ni le regard populaire ni le contrôle populaire.
Quant à la classe politique qui n'a pas de relais ni d'ancrage populaire s'insérer dans la proximité du pouvoir était une urgence vitale. Un autre motif plus violent, plus vaste et plus dévastateur fut le sentiment de peur réelle et sciemment entretenu qui s'est emparé d'une large partie de notre société.
Ce sentiment de peur a généré et génère encore des postures de violences et de contre violence endémiques, de suspicion permanente dont le pays et la société peinent à en sortir.
Ces assises revêtent une importance capitale pour le Maghreb.
Le cloisonnement social et politique à l'intérieur de nos sociétés découle de cette vision policière des problèmes et surtout de leur approche sécuritaire. Et c'est tout naturellement que s'est installé un cloisonnement entre les pays du Maghreb que tout a uni jadis et que tout peut unir aujourd'hui et demain et surtout une approche démocratique des problèmes. Le dire avec force aujourd'hui c'est dire l'urgence d'un Maghreb de la société civile et des droits de l'homme. Des sociétés savantes et scientifiques Maghrébines existent et fonctionnent bien m'assure-t-on.
Ici et pour ce cadre j'appelle à l'élection d'un parlement Maghrébin élu au suffrage universel.
Ces assises revêtent une importance capitale pour notre société.
Beaucoup d'observateurs, de chercheurs nationaux, d'institutions internationales s'accordent à dire que les paramètres de développement humain et que les indicateurs sociaux sont au rouge dans notre pays.
Je n'exagère rien en disant que les incuries dans la gestion et dans les relations avec la société relèvent plus du désordre social que du contrat social.
Il ne s'agit pas ici de faire un énième procès du régime ou l'absoudre de son bilan calamiteux, il s'agit pour nous :
-de créer une nouvelle proximité avec la société. -de renforcer notre présence dans celle-ci. -d'être à son écoute.
Cette société si admirable dans ses résistances à l'oppression,à la pauvreté subit des pressions intolérables . Ici et là on note ou une apathie ou un bouillonnement désordonné ou suicidaire.
Il s'agit pour nous d'être humble, devant l'énormité des problèmes et d'être aussi déterminés à accompagner les mouvements sociaux les revendications pacifiques catégorielles et de faire un véritable travail de formulation sociale et sociétale.
Ces assises revêtent une importance capitale pour notre mouvement.
J'avais dit tout à l'heur que nous ne sommes pas parfaits et que nous ne sommes pas exempts de défauts.
Aucune raison, aucun alibi d'image ou de cohésion organique ne doivent empêcher de faire le point sur notre fonctionnement et nos dysfonctionnements. La concertation, le débat doivent être la règle à tous les échelons du parti. C'est consacre par nos textes, cela doit être plus consacre encore par nos comportements. Cependant aucun texte ne peut être brandi pour casser l'âme du FFS, son âme de résistance à la dictature et l'oppression. Aucun texte ne peut soumettre l'autonomie stratégique du FFS pour l'arrimer à je ne sais quel clan, à je ne sais quelle communauté fut elle génétique. Aucune manipulation frondeuse ne nous fera dévier de notre ligne originelle pour le combat de la démocratie. Aucune ambition, aucun calcul ne fera abdiquer notre volonté d'ouverture.
Nous avons choisi notre camp, il est dans la société avec toutes et tous les hommes intègres de ce pays. Nous sommes libres de nos fréquentations et nous sommes jaloux de notre liberté à choisir nos fréquentations.
L'habitude a été prise par certains de reprocher au FFS une chose et son contraire, d'annoncer sa mort et d'annoncer en même temps que c'est une menace aux frontières, qu'il deale avec les islamistes et qu'il manque aux démocrates, qu'il est compromis avec le pouvoir et en même temps qu'il est un opposionniste chronique et irréductible.
La qualité de ceux qui nous attaquent, leur parcours suffisent à nous dispenser de leur répondre.
Néanmoins gardons -nous d'un excès de vertu et de pureté. Le FFS a failli dans son ouverture vers la société et surtout vers les femmes, vers les handicapés, les chômeurs et les exclus. Les pesanteurs sociales, l'environnement hostile ne sauraient expliquer cet état de fait.
Dans beaucoup de nos compartiments, les jugements de valeur l'emportent sur les attitudes d'écoute et sur la reconnaissance des qualités des uns et des autres.
Souvent le vice fait procès à la vertu. La vérité, ce n'est pas uniquement le contraire de mensonge c'est aussi ce qui élève l'autre à nos yeux et à ses propres yeux.
Les Conférences Politiques D'évaluation et l'audit si elles ont révèle l'étendue des problèmes, elles ont aussi contribue à les dépasser et à clore le chapitre de l'introspection, notre introspection individuelle et collective. Elles ont aussi génère une décantation qualitativement et quantitativement positive. Nous sommes dans une phase de mobilisation pour nous ancrer et nous reancrer dans la société. Nous sommes dans une phase ou il s'agit de recenser et de fédérer les potentialités de notre pays.
Votre mission est d'édifier la 2eme République Démocratique et sociale promise par novembre et consacrée par la SOUMMAM. Votre mission et de réaliser la construction du maghreb. Notre devoir et de vous y aider. Pour ma part je suis disponible et je suis prêt à vous servir.
J'ABORDE MAINTENANT LE VOLET INTERNATIONAL
Un pouvoir qui maltraite un peuple- le sien ou un autre - ne peut être l'ami d'aucun autre peuple.
Un pouvoir qui viole les lois, qui ment, qui fait de la force et de la violence le principal instrument de sa victoire ne peut être l'ami de la moindre cause juste. Et ne peut que multiplier les malheurs.
Un tel propos n'est pas le fruit d'une philosophie abstraite ou d'un idéalisme rêveur, il est le résultat de l'observation du monde qui nous entoure et s'inscrit dans la poursuite d'une politique internationale conforme aux intérêts des peuples du monde, au sein desquels se trouve le peuple algérien qui, autant que les autres, a tout intérêt a voir triompher :
Le Droit sur la Force La justice sur le fait accompli, La démocratie véritable sur la violence et le chaos
L'ALGERIE se trouve dans CE monde et non sur un plan abstrait de l'univers des dogmes et des croyances.
C'est dans CE monde que les Algériens évoluent et tentent de faire entendre leur voix ; essaient de se faire une place ; d'identifier leurs amis , repérer leurs adversaires etc.….
La politique INTERNATIONALE n'est en définitive que la poursuite de la politique intérieur, de SA propre politique sur un plan plus vaste.
Il est important de faire certains rappels pour faire échec - d'abord - à la somme astronomique de mensonges, d'illusions, de pièges et de leurres qui se dressent devant l'action internationale. Ils sont très souvent le reflet des mensonges et des leurres développés à usage interne.
Il est important de rappeler que l'Universalité des Droits commence et se vérifie aux plans local et national.
L'Algérie se trouve dans ce monde et il serait pour le moins étrange que son gouvernement soit l'ami des peuples palestinien, iraquien, tchétchène ou somalien, alors qu'il n'arrive à gérer son propre peuple qu'à coups de matraque, d'injustice, de manipulation, de paupérisation, de spoliations multiples commençant dans le détournement des urnes et se poursuivant dans le détournement des coffres de la Banque d'Algérie et dans les passations de marchés qui font de tout le pays un immense coffre ou des multinationales et autres Golden Boys de tous les continents viennent se servir pendant que des pans entiers de la société algérienne allant de l'ouvrier au professeurs d'Université sombrent dans la précarité.
Nous vivons dans un monde qui n'a pas tenu ses promesses.
D'abord celles qui ont été faites par les vainqueurs de la Deuxième Guerre Mondiale qui promettaient un monde meilleur fonctionnant sur la base du Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.
Le carnage du 8 mai 1945 en Algérie, les massacres de 1947 à Madagascar, la spoliation du peuple palestinien en 1948 ont vite fait d'éclairer sur le Double Discours des Pouvoirs Dominants.
Arrêtons-nous un instant ici pour préciser un élément fondamental :
Ce ne sont pas les idéaux de Liberté des peuples et d'universalité des Droits de l'Homme qui ont failli ! Ce sont les Pouvoirs dominants qui les ont trahi !
Les idéaux ont continué - quant à eux - à irriguer les sociétés et à se frayer un chemin au sein des peuples dominés qui se les ont appropriés et s'en sont servi comme langage Universellement décodable pour faire entendre la voix de leur humanité écrasée, humiliée, spoliée et niée par la domination féodale des régimes archaïques autant que par la domination coloniale et le racisme.
C'est parce que les peuples dominés et les Sociétés avancées ne se sont pas découragés devant la TRAHISON DES POUVOIRS DOMINANTS que les idéaux de liberté et d'universalité des Droits de l'Homme ont continué à constituer un langage universellement décodable et ont fini par impulser une force irrépressible au mouvement mondial de décolonisation.
Ceci est un point fondamental de l'Histoire passée et un élément central de celle qui est en train d'advenir ! Sans un Langage Universel, le formidable mouvement de Solidarité Internationale n'aurait pas pu se produire et la lutte des peuples sous domination coloniale n'aurait pas bénéficié de l'ample mouvement de décolonisation qui balayait le monde.
La mondialisation dont beaucoup croient qu'elle est fille d'aujourd'hui et n'intéresse que quelques experts en économie a constitué un Elément central pour l'indépendance de nombreux pays dont le notre : l'Algérie.
Cette mondialisation là est celle des peuples et sociétés en lutte pour un Monde plus juste et régi par le Droit , le Dialogue et le Respect. C'est la mondialisation qui repose d'abord sur l'existence de valeurs et de normes universelles constituant un langage commun à tous les peuples de la terre par-delà la diversité des cultures et l'inégalité dans l'auto construction politique des sociétés.
La première trahison à l'égard du mouvement mondial de décolonisation a consisté d'abord à enlever aux peuples nouvellement indépendants les instruments leur ayant permis d'accéder à ce langage commun : L'autodétermination des peuples sur la base de l'universalité des Droits.
Freiner l'auto construction politique des sociétés anciennement colonisées a été un acte majeur dans le retour de la mondialisation hideuse à laquelle nous assistons aujourd'hui et qui est, elle, la riposte des POUVOIRS à l'Emancipation des peuples et des sociétés, au vaste mouvement de solidarité internationale qu'a été la décolonisation.
Là encore, l'ALGÉRIE s'est particulièrement illustrée !
Comment comprendre qu'une Révolution sortie victorieuse de plus d'un siècle de domination coloniale en s'appuyant sur les conquêtes de la communauté humaine qu'ont été les principes de l'Universalité des Droits des peuples et de la personne humaine - s'en détourne au nom de la spécificité et de l'authenticité ?
Le mot-clé dans cette triste affaire est DETOURNEMENT !
Car si le recours aux principes d'Universalité des Droits ne devait être qu'une parenthèse dans l'histoire de notre peuple vers son Emancipation, deux éléments demandent à être clarifiés :
L' "authenticité" sous domination donne-t-elle à la société la possibilité de briser les liens de la dépendance sans s'épuiser dans des révoltes sans perspectives réelles?
Celui qui met les principes universels au service de la libération d'un peuple tenu pendant des siècles à l'écart du développement de l'Humanité est-il réellement moins " authentique " que celui qui l'invite à idéaliser ses " carences " faites de despotisme archaïque et de fatalisme culturaliste entre deux révoltes sans lendemain ?
Ces questions sont aussi cruciales aujourd'hui qu'elles l'ont été hier et les réponses conditionnent gravement ce que sera demain.
Entendons-nous bien : l'Universalité dont nous parlons comme conquête de l'humanité, est celle des droits des peuples, des sociétés et des individus qui les composent sans discrimination aucune !
Car le dernier " tube " à la mode auprès des élites dominantes des pays anciennement colonisés est l'Universalité des droits des castes dirigeantes !
En dehors du paradoxe manifeste entre " Universalité " et " Castes ", il n'y a strictement rien de nouveau dans cette posture qui elle-même participe de nos archaïsmes séculaires puisque de tous temps : Sous les Romains, sous les Ottomans ou sous la colonisation, les élites participant au système de domination des peuples disposaient de quelques droits " spécifiques " que ces élites se soient drapées de " gandouras authentiques ", de " tarbouches stamboul " ou de " costumes européens " !
Soyons sérieux ! Universalité des droits, cela signifie clairement : Peuples - Sociétés - Individus !
Quiconque veut jouer un de ces éléments contre les autres, ne peut aboutir qu'à la destruction du lien entre les trois. Lequel lien est la seule garantie de viabilité d'un Etat, d'une société organisée sur la base de lois qui rassurent et protègent l'individu.
On comprend mieux aujourd'hui le sens du monstrueux détournement opéré au lendemain de l'Indépendance qui, pour des raisons de pouvoirs de clans, a sapé les fondements mêmes de la dynamique de Libération Nationale.
Il n'y a aucune exagération dans ces propos, juste un peu d'amertume devant le gâchis.
Car le détournement monstrueux a consisté à profiter du formidable potentiel de solidarité dont l'Algérie a bénéficié sur la scène internationale pour procéder méthodiquement à sa neutralisation au bénéfice des réseaux d'affaires et de trafics en tous genres.
D'ami des peuples en lutte pour leur libération, l'Algérie est progressivement devenue l'amie de puissances dominatrices.
Le chemin qui mène de la Déclaration du 1er Novembre à la recherche désespérée d'un traité d'amitié avec une France officielle qui connaît un mouvement notable de colonialisme décomplexé, ce chemin-là qui mène de la Conférence de Bandoeng aux manœuvres militaires et à la collaboration tous azimuts avec une Administration américaine contestée par tous les esprits sages dans le monde et dans son propre pays ; ce chemin-là commence par la dictature et ne peut mener qu'au chaos.
Il ne s'agit pas pour nous de critiquer le Pouvoir pour le critiquer, cela il s'en charge tout seul en agitant ses opposants d'opérette.
Suivre pas à pas le cheminement intellectuel et politique dans le discours et dans l'action qui ont mené au tragique échec que vit aujourd'hui l'Algérie, hier porteuse de tant de promesses ; est pour nous un élément essentiel dans la consolidation d'une conscience politique nationale véritablement au service de son peuple.
Nous l'avons souvent répété : il ne sert à rien de changer les hommes du régime si c'est pour maintenir en place les procédés qui ont conduit au désastre actuel.
Mais il est essentiel de comprendre que quiconque opte pour le meurtre et le mensonge pour éluder des problèmes politiques, finit dans le camp des bourreaux des peuples et insulte par cela son propre passé de lutte - s'il en a.
Nous vivons dans un monde qui n'a pas tenu ses promesses.
Prenons garde toutefois à ne pas renforcer ceux qui ont trahi la promesse d'un monde plus juste en rejetant, comme le font les inconscients et les désespérés, l'idée même d'un monde plus juste.
Le cynisme des ambitieux pressés de jouer au petit chef des micro-Etats qui naissent tous les jours, l'aveuglement et la colère face à l'injustice, la résurgence dramatique du fanatisme sous toutes ses formes religieuses ou " douaristes " sont non seulement moralement condamnables, mais également politiquement criminels ; car ils renforcent la domination, de la plus proche à la plus globale.
Encore un mot sur les liens entre les premières dérives opérées par la dictature et la collaboration actuelle avec les pires politiques en cours sur la scène internationale.
Tout responsable, à quelque niveau qu'il se tienne sur la terre, se doit au moment d'assumer sa charge, d'opérer des choix stratégiques au premier rang desquels, je dis bien au premier rang, se tient le choix des partenaires.
Un militant politique, un cadre d'entreprise, un chef de gouvernement et un chef d'Etat ont tous, à un moment qui sera déterminant pour l'ensemble de leur action, l'obligation de choisir le type de partenariat qui correspond le plus à leurs ambitions politiques. Et à leur morale politique.
Tout comme on ne choisit pas impunément de méthode, on ne choisit pas impunément de partenaires.
Il n'y a nul mystère insondable à ce que ceux qui ont choisi le mensonge et le meurtre de leurs opposants se retrouvent à être ceux qui ont également opté hier pour la complicité des barbouzards de tous bords, plutôt que pour le dialogue entre partenaires politiques.
On commence par croire que l'on peut s'allier au diable et on finit par se retrouver à son service.
On commence par assassiner ses opposants, puis liquider son peuple en masse.
Pour ce qui nous concerne, il nous semble, aujourd'hui comme hier, que la seule action qui s'inscrive dans le sillage du 1er novembre 1954, notre principale victoire sur le colonialisme en tant que système de domination et sur nos archaïsmes en tant que facteurs aggravant cette domination, reste encore et toujours :
Plus que jamais, notre pays comme le monde, a besoin que toutes les forces agissant en faveur de l'émancipation des sociétés et de la libération des peuples fassent que l'action citoyenne et l'arbitrage du droit l'emportent sur la voix de la guerre et de la violence.
Si le monde des pouvoirs dominants, anciens et nouveaux, a trahi les promesses faites aux lendemains de la 2ème guerre mondiale et à l'aube de la décolonisation, le combat des sociétés n'a jamais cessé et s'il a souvent été étouffé par le vacarme des néo-colonialistes dans leur version " moderne " ou " archaïque ", il connaît un nouveau souffle avec les victoires des peuples sud-américains et avec les résistances qui s'expriment partout à travers le monde devant le scandale de l'arrogance et de la force brutale qui n'épargne ni les hommes, ni les économies, ni les richesses, ni la nature elle-même.
Si notre société est terriblement éprouvée par les malheurs qui lui ont été imposés durant toutes ces années ; si elle est si fragilisée par les souffrances subies aggravées par la déroute gestionnaires d'un Pouvoir qui se contente de lui interdire l'auto-organisation, il appartient à tous les militants de lui redonner confiance en elle-même et en les autres peuples du monde.
Du militant de base en n'importe quel coin perdu de la planète, au dirigeant associatif, syndicaliste ou politique de 1er plan, le seul mot d'ordre qui vaille est : tenir ses promesses.
Nous choisissons nos partenaires sur cette base, nous élaborons notre programme dans cette perspective. Et nous serons jugés sur cette base.
Chers amis
Chers invités
Je voudrai a travers vous m'adresser à la communauté internationale peuple et institution
D'abord un peu d'histoire
FRANCO, est arrivé au pouvoir, grâce au soutien ouvert des Allemands et des Italiens mais aussi parce que les Anglais et les Français, effrayés par le péril bolchevique et par Moscou n'ont pas apporté aux républicains espagnols toute l'aide qu'ils pouvaient attendre. Eux aussi ont objectivement choisi FRANCO.
Cette politique préparait la voie au nazisme ; elle explique son ascension foudroyante et irrésistible ainsi que bellicisme au pouvoir.
Le sort de révolution algérienne s'est joué à Paris, Rabat et le Caire. La déposition du GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) allait sonner le glas de toute évolution pluraliste et démocratique du pays. Le GPRA fut l'unique et le dernier gouvernement pluraliste qu'ait connu l'Algérie. Ce gouvernement était remarquable pour son souci constant de respecter les droits humains, au plus fort d'une guerre atroce et d'une répression sans exemple.
Les logiques de guerre froide, ont permis voire accéléré les dérives de la décolonisation.
Aujourd'hui, la tolérance envers les pouvoirs autoritaires est la source de dérives intérieures mais aussi extérieures de la part des dirigeants.
Au plan intérieur, la tolérance internationale envers ces pouvoirs pousse les populations à l'effondrement moral et la non résistance ; progressivement les sociétés de ces pays se défont.
Au plan extérieur, la grande stratégie policière qui intègre et subordonne la diplomatie évacue de facto, à la fois le droit national et le droit international, notamment dans son volet : Droits humains
Les jeux d'équilibres internationaux actuels, les enjeux de la lutte internationale contre le terrorisme facilitent la mise en œuvre de cette stratégie.
Chers invités
Les tolérances d'aujourd'hui préparent les désastres de demain. C'est ici et maintenant qu'il faut démasquer les impostures autoritaires et donner un coup d'arrêt aux dérives violentes.
La prévention stratégique des crises et des conflits dans les pays du SUD, c'est l'appui à l'émergence d'une opinion publique, a l'émergence d'une société civile, au respect et à l'enracinement des droits de l'homme dans ces pays.
Si non demain il sera inutile de s'apitoyer sur nos malheurs ou de pleurer sur nos tombes.
Mes chers compatriotes ;
-serait-il encore sérieux, Serait-il encore réaliste de s'illusionner sur les possibilités d'ouverture du régime, quand celui-ci bénéficie encore d'un soutien indéfectible et inconditionnel en dépit de ses options,
- serais ce courir après de fantômes que de croire qu'au sein du pouvoir existe des secteurs ou des hommes convaincus que le changement et l'ouverture sont vitaux pour le pays, que le statu quo est intenable et exige un prix politique et humain très lourd à cause d'explosions de violence et de répression inéluctables.
A ceux là je dirai : exprimez vous et agissez ici et maintenant de manière publique.
A vous mes chers compatriotes, à toutes les militantes et militants des droits humains, des libertés et de la tolérance, je vous appelle à vous rassembler, à vous organiser, et mener des luttes autour d'objectifs politiques clairs et de mesures sociales urgentes pour soulager les souffrances et la détresse de larges couches de la population,
Je vous appelle à une constance inébranlable dans l'action politique, pacifique et non violente,
Vous avez toujours le choix quelque soit la situation ; si vous êtes conscients politiquement, vous ne serez jamais acculés à la violence.
Je vous remercie
L'Algérie a été classée par le PNUD 102ème sur 177 pays en matière de développement humain. Ce classement traduit l'échec du gouvernement, malgré ses ressources financières, dans la mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement adoptés par l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2000. Le gouvernement algérien en même temps que ceux de l'ensemble des pays membres de l'ONU ont pris l'engagement de réaliser ces objectifs au nombre de 8 avant l'année 2015 comme suit :
1. Réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim 2. Assurer l'éducation primaire universelle 3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes 4. Réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans 5. Réduire de trois quart la mortalité maternelle 6. Inverser la tendance en matière de propagation du VIH/sida et du paludisme 7. Réaliser un développement durable et assurer la viabilité de l'environnement 8. Etablir un partenariat mondial pour le développement, avec des objectifs pour l'aide, les échanges et l'allégement de la dette.
L'échec du gouvernement est lié à sa mauvaise gouvernance du pays, à son programme économique et social qui n'a pas pris en considération la priorité à accorder à ces objectifs. La cause première de cette situation est l'absence de démocratie qui empêche la population de choisir les orientations économiques et sociales qui répondent à ses besoins de première nécessité, à l'incompétence des dirigeants qui cachent leur mauvaise gestion derrière de fausses statistiques et le mensonge d'Etat et à la corruption qui gangrène tous les rouages de l'Administration.
Les conséquences pour la population sont dramatiques : aggravation de la pauvreté et des inégalités sociales, marginalisation des femmes, dégradation des secteurs de la santé et de l'éducation, destruction de l'environnement et entrave à la coopération des acteurs locaux et de la société civile indépendante avec leurs partenaires étrangers.
1-Devant la dégradation dramatique du pouvoir d'achat des Algériens et les lenteurs dans les prises de décision et leur application effective par une bureaucratie centralisatrice et inefficace, les Congressistes exigent des mesures immédiates pour soulager la détresse des citoyens, notamment:
- Le soutien effectif des prix à la consommation des produits de base, en particulier le pain, le lait, la semoule, l'huile et le sucre - La gratuité des soins pour les personnes sans couverture sociale - La dotation gratuite de fournitures scolaires pour les enfants de parents sans ressources - La généralisation des cantines scolaires à tous les niveaux de l'enseignement - La revalorisation des salaires dans la fonction publique et dans les entreprises - L'institution d'un revenu social minimum garanti pour les familles sans ressources
Les Congressistes réclament une décentralisation effective et immédiate des ressources au profit des collectivités locales pour faire face rapidement aux besoins sociaux des populations en détresse
Les Congressistes revendiquent une autre politique d'urgence économique et sociale basée sur l'utilisation de la rente pétrolière, des réserves de change et du fonds de stabilisation, pour un égal accès de tous à la santé, à l'éducation et au logement.
En même temps que ces mesures d'urgence, les congressistes ont examiné la question sociale et les réponses à y apporter dans les meilleurs délais possibles.
L'Algérie a été classée par le PNUD 102ème sur 177 pays en matière de développement humain, dans son Rapport de cette année. Les critères de classement portent sur l'espérance de vie à la naissance, le taux d'alphabétisation des adultes, le taux brut de scolarisation combiné dans le primaire, le secondaire et le supérieur, le Produit Intérieur Brut par habitant.
Essayons d'analyser de plus près :
- la situation sociale existante, - les causes de la régression sociale dans le pays en dépit de ressources disponibles, - et les moyens d'y remédier.
Les mesures ponctuelles prises au cas par cas pour répondre à des urgences sociales n'ont pas d'impact durable sur les conditions de vie et de travail de la population, notamment des plus défavorisés. Souvent trop peu et trop tard. Il faut pour cela une politique sociale. Faisons tout d'abord un diagnostic de la situation.
1- Le constat
1- L'Algérie est devenue une société duale: une Algérie minoritaire dedans et une Algérie majoritaire dehors
Peut-on parler de rentrée sociale, en ce mois de septembre, comme dans tous les pays modernes, qui associent cette période à une reprise des activités productives et scolaires.
En Algérie on devrait d'avantage parler de ceux qui sont exclus car ils sont la majorité si l'on additionne les sans emplois et les exclus du système scolaire avant terme. Ces gens là ne font pas de rentrée sociale, Ce sont des exclus sociaux.
Il faut ajouter également que la probabilité est plus grande à l'avenir pour nos concitoyens de figurer dans l'Algérie du dehors que dans l'Algérie du dedans car les pertes d'emploi générées par la libéralisation en cours sont certaines alors que les créations d'emplois annoncés dans les plans de relance et de croissance sont incertaines.
Combien sont -ils ?
Toute cette masse d'algériens hors des circuits organisés, où sont- ils au juste ? A t'on un état des lieux, commune par commune, des gens sans activité, hors des circuits administrés et sans ressources ? Non. Comment dès lors s'attaquer à la pauvreté si on ne situe pas la population concernée.
2-La pauvreté s'accroît, le pouvoir d'achat décroît, les inégalités progressent
On a souvent cité le chiffre de 1 algérien sur 2 qui vit en dessous du seuil de la pauvreté. Quel est ce seuil en Algérie ? Difficile à situer à cause de la libéralisation des prix et de la stagnation relative des salaires qui ont réduit le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent. Quant à ceux qui ne travaillent pas, l'aide sociale est quantitativement et qualitativement insuffisante.
Les conséquences sont visibles dans tout le pays : mendicité, suicides, prostitution, alcoolisme, drogues, vols, agressions et délits de droit commun, émeutes, violence armée, émigration.
3-Le déficit de représentation sociale
Ce déficit résulte d'une part du monopole syndical et de son ancrage limité dans le monde du travail, et d'autre part de la non- reconnaissance des autres syndicats dès lors qu'ils sont autonomes..
Il faut ajouter que l'UGTA créé pour défendre les intérêts moraux et matériels des gens en activité sur leur lieu de travail est un appendice du pouvoir qui ne vise qu'à étouffer les revendications salariales et se soucie très peu de la satisfaction des besoins sociaux des chômeurs.
Le plus grand nombre ne peut s'exprimer qu'à travers les émeutes villageoises, les manifestations de rues et autres mouvements citoyens pour obtenir l'accès aux services sociaux de base comme le logement, l'eau potable et l'assainissement, les soins primaires et l'éducation/formation….Manifestations souvent réprimés.
4- Le système de décision pour satisfaire les besoins sociaux est inefficace à tous les échelons
Les problèmes sociaux se situent sur le terrain à proximité des populations alors que les ressources comme les décisions d'attribution sont centralisées.
Les relais entre les décideurs et les échelons d'exécution sont si nombreux et si longs que le citoyen dans le besoin ne reçoit rien ou bien reçoit une aide insuffisante ou bien se trouve secouru alors que son voisin plus démuni est toujours dans l'attente d'une aide..
Le système a tendance plus à réagir qu'à agir. C'est à celui qui crie le plus fort. Ce n'est en général pas le pauvre qui donne de la voix. La pauvreté est souvent silencieuse.
5- Le système d'information sociale est défaillant
Le système de prise de décision qui est centralisé nécessite des informations fiables de la base au sommet. Ce n'est malheureusement pas le cas.
Les systèmes d'information sont plus orientés vers l'économie que vers la société. L'information sociale est faiblement collectée, traitée partiellement et insuffisamment diffusée. A quand remonte l'enquête sur les revenus et la consommation des ménages ? Où sont les poches de pauvreté dans notre pays?
6- Les ressources existent mais sont centralisées et mal réparties.
Les ressources existent : des réserves de change de l'ordre de 60 milliards de dollars, des recettes annuelles dépassant les 40 milliards et des liquidités importantes inutilisées dans le fonds dit de stabilisation et au niveau des banques. Si vous posez la question aux Algériens, qu'est ce qui a changé dans votre vie ? La majorité vous répondra que l'année dernière est meilleure que cette année.
Les inégalités sont criardes entre les revenus salariaux et non salariaux. Par ailleurs, le rapport est de 1 à 30 entre le salaire le plus élevé et le SMICar.
Les responsabilités sont transférées vers les collectivités locales qui ne disposent pas de moyens correspondants pour y faire face.
7- Il existe certes une protection sociale mais inadéquate et pas de politique sociale
On aide quelques handicapés par- ci et quelques orphelins par- là, on distribue de la soupe pendant le ramadhan, on montre quelques veuves avec des clefs d'un logement social ou bien des jeunes bénéficiant d'un emploi spécifique ou d'un micro.-crédit. Tout cela ne constitue qu'un cache misère, une thérapeutique qui soulage mais qui ne guérit pas, pour les besoins d'une propagande politicienne alors que les différentes régions du pays connaissent une régression sociale visible, souvent dramatique.
2. Les causes de la régression sociale
Plusieurs causes à cette régression :
1- Les causes politiques
2- Les causes économiques
3- Les secteurs sociaux de base en crise:
4- Le secteur public à l'abandon
5- La crise des valeurs
3- Les Actions
Les actions préconisées pour réaliser le progrès social indissociable du progrès économique peuvent être résumés comme suit :
1- un état des lieux (détermination des besoins sociaux, et évaluation de la protection sociale existante)
2- une politique sociale basée sur la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement où le social devient le moteur du développement économique, avec trois instruments de base :
3- La mobilisation des acteurs de la société civile
Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, au cœur de la question sociale, l'économie sera orientée selon les grands axes ci-après.
Le développement durable qui allie la croissance économique, le progrès social et la protection de l'environnement et qui prône l'appropriation publique des secteurs touchant à la sécurité nationale ainsi que des services à la population ne pouvant être pris en charge par le marché.
Une approche territoriale du développement, qui part des besoins prioritaires des populations au niveau d'un territoire, besoins définis en consultation avec ces populations, à l'opposé de la démarche centralisée de haut en bas qui impose aux populations des programmes et des projets incohérents, faiblement articulés et inadaptés.
Le renforcement des services publics, qui relèvent d'une vision de la société à laquelle nous tenons absolument, au cœur du lien social, un des garants de l'égalité entre les citoyens.
Une économie sociale de marché, car le marché en lui-même n'est pas pour nous une valeur. C'est une technique de production et d'allocution des ressources que nous voulons maîtriser. L'Algérie a besoin d'un équilibre entre l'Etat et le marché. Au marché revient l'échange des biens et services. A l'Etat revient la régulation, la protection, la cohésion sociale, la justice, la sécurité, l'affirmation de principes autour desquels une nation peut se rassembler et se projeter dans l'avenir.
La préservation de l'emploi existant et la création de nouveaux emplois. Devant le constat alarmant de 1 Algérien sur 3 au chômage (1 jeune sur 2, 3 femmes sur 4), masqué par le travail informel, l'emploi est notre priorité, l'emploi des jeunes et des femmes en particulier.
Politique sectorielle
La volonté politique d'améliorer les conditions de vie et de travail de la population s'exprimera à travers les priorités sectorielles suivantes :
Pour une plus grande transparence dans la gestion des biens publics nationaux, Les congressistes demandent aux autorités du pays de rendre publics:
1- le bilan complet (entrées et sorties) du fonds dit de stabilisation des recettes, depuis son instauration
2- le nombre d'entreprises publiques cédées au dinar symbolique au secteur privé et les noms des acquéreurs
3- la part de la production nationale d'hydrocarbures détenue par les multinationales et le montant des fonds rapatriés par ces compagnies.
4- Les modalités des concessions accordées aux firmes étrangères dans le domaine de l'eau, des infrastructures de transport (aéroport, port, métro), des licences du téléphone sans fil et les risques sur la sécurité du pays
5- L'état des négociations avec l'OMC et l'impact de la libéralisation des échanges sur la production, l'emploi et les recettes fiscales
6- Les montants des préjudices causées à l'économie et à la population par les affaires Khalifa et BRC (Brown and Root Condor) en situant la responsabilité des autorités dans ce domaine.
7- Les transactions du foncier agricole et industriel dans chaque wilaya et la liste des bénéficiaires
Sur le plan de l'enseignement, de la formation professionnelle et de la recherche
Le développement humain est en crise. Le système (Ecoles, Universités, Laboratoires, Centre de Formations) produit de la médiocrité et du chômage. Encadrement et budget insuffisants, programmes inadaptés aux besoins de l'économie et de la société, déperdition scolaire par centaines de milliers à tous les niveaux, fuite des enseignants et chercheurs vers l'étranger ou conversion vers des métiers plus rémunérateurs.
Pour mettre fin à ce processus de destruction du facteur humain, la seule vraie richesse de la Nation, deux principes guideront notre action: une centralisation dans l'élaboration des programmes et une décentralisation effective dans la mise en œuvre avec une autonomie administrative et financière réelle des institutions d'éducation, de formation et de recherche. En matière d'élaboration de programmes, tout en tirant les leçons de l'expérience nationale, il sera procédé de façon progressive à une refondation complète du système en tenant compte des expériences d'autres pays et de la nécessaire ouverture à l'international, mondialisation oblige.
Principale force de l'opposition politique, le FFS se trouve logiquement au cœur des aspirations démocratiques de la société pour un changement radical, urgent et salutaire des orientations politiques, économiques, sociales et culturelles d'un régime qui a ruiné le pays par sa mauvaise gouvernance, appauvri la population par sa mauvaise gestion du patrimoine et des ressources nationales et porté préjudice aux libertés des citoyens et aux intérêts supérieurs de la nation. Changement et non pas réforme car le système dictatorial existant n'est pas réformable.
Quelles sont les grandes lignes de ce programme ?
En ce début d'un nouveau millénaire, le programme du Parti a l'ambition légitime de construire un Etat de droit selon les normes universelles et de gouverner le pays selon les principes démocratiques.
Notre projet politique pour réaliser ce programme se fixe deux objectifs fondamentaux :
A cet effet, nous réaffirmons notre attachement aux valeurs qui fondent notre identité et notre action politique : la justice, la liberté, la paix, la démocratie, l'épanouissement de l'individu sans négation des réalités collectives, la volonté de progrès. Ceci n'est pas réalisable dans le système en vigueur.
Nous faisons de l'instauration de la démocratie le fer de lance de notre combat politique. La finalité de la démocratie est que les gens puissent décider de leur propre vie et des choix politiques qui les concernent. La démocratie a partout progressé dans le monde. Dans notre pays elle reste à instaurer. Nous gagnerons ce combat car il n'y a pas d'autre modèle général qui puisse lui être opposé.
Nous nous engageons à construire une alternance démocratique avec toutes les forces autonomes de la société, mettre fin à la crise de légitimité par l'élection d'une assemblée constituante pour restituer aux algériens le plein exercice de leurs droits et libertés démocratique et instaurer la 2ème République.
Nous continuerons à dénoncer la dictature et à lutter pour la séparation des pouvoirs et à exiger l'instauration de contre-pouvoirs effectifs (parlement représentatif, système judiciaire indépendant, médias libres)
Nous refondrons l'Etat sur de nouvelles bases. Décentralisation, participation et partenariat seront les piliers de cette refondation. Cela doit se traduire par l'autonomie des collectivités locales, des entreprises et de la société civile et la création de régions de développement dans le cadre d'une approche territoriale du développement.
Cet Etat moderne sera :
Pour arriver à cette phase de construction démocratique de l'Etat et de la société, des mesures urgentes s'imposent, notamment : la fin de l'état d'urgence, la levée de toutes les restrictions et entraves à l'exercice des droits d'expression, de manifestation, d'organisation et d'association, l''ouverture des champs médiatique, le retrait de toutes les lois aboutissant au bradage des ressources nationales.
Sur le plan international, nous tirerons le meilleur profit de la mondialisation en œuvrant pour l'intégration régionale (Maghreb) inter- régionale (Union Européenne) et mondial (ouverture graduelle dans le cadre de l'OMC). Nous continuerons à sensibiliser et à mobiliser les gouvernements nationaux, les organisations du système des Nations Unies, les partis politiques proches de nos valeurs, les membres de l'IS en particulier, et les opinions dans le monde, pour obtenir leur soutien à la réalisation de ce Programme du Millénaire pour la Démocratie et le Développement.
La libre circulation des Algériens dans le monde relève du respect des droits de la personne humaine. La politique de restriction des visas imposée aux Algériens par les pays développés, est une atteinte à la dignité de nos citoyens. Elle traduit le mépris dans lequel ces pays tiennent le pouvoir actuel qui brade une cause nationale contre des facilités accordées aux tenants de ce pouvoir, détenteurs du passeport diplomatique.
Il faudra mettre fin à cette humiliation et restaurer la fierté nationale. La liberté des échanges doit être comprise par tous comme la libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes. Des restrictions sur le mouvement des citoyens doivent être accompagnées d'une restriction sur les échanges de produits. Pour résumer, pas de visas, pas de pétrole. Ce principe sera à la base de la redéfinition de notre politique de coopération avec nos partenaires dans le monde.
Notre légitimité et notre crédit auprès de la population et la confiance qu'elle nous témoigne viendront de notre capacité à porter ses aspirations. A cet effet, et pour faire face aux enjeux d'aujourd'hui et aux défis de l'avenir, les statuts et les structures du Parti obéiront toujours aux exigences de démocratie, de transparence, de responsabilité et d'ouverture, en mettant l'accent sur l'organisation, la formation et la communication.
Les congressistes lance l'appel ci-après à l'ensemble des forces vives de la société civile et politique à se joindre au FFS pour la mise en œuvre de cette stratégie ;
Vous avez été spoliés depuis l'indépendance de notre pays de votre droit à l'autodétermination conquis de haute lutte par la révolution du 1er novembre, le droit de décider de votre propre vie et des choix politiques qui vous concernent. Le libre choix démocratique des institutions, des politiques et des hommes qui doivent gouverner le pays a été nié puis détourné par des fraudes électorales systématiques qui vous ont conduit à boycotter massivement le dernier scrutin du 17 mai.
Votre avenir et celui de vos enfants n'est plus dans le système corrompu et corrupteur actuel qui vous empêche d'exercer vos droits politiques, économiques, sociaux et culturels, mais dans son rejet et dans la construction d'une alternative démocratique avec les forces politiques représentatives d'opposition et les forces sociales autonomes.
Rejoignez massivement ces forces, organisez vous dans vos quartiers, dans vos villages, dans vos entreprises et exigez pacifiquement vos droits. Ne répondez pas par la violence aux provocations des hommes de main du régime car cela justifierait leur répression.
Où que vous soyez, agissez pour l'avènement de la 2ème République.
Vous subissez les carences du système éducatif au point que des centaines de milliers parmi vous sont exclus de l'Ecole ou de l'Université, sans diplôme et sans possibilité de réinsertion par la formation. Vous êtes les premières victimes du chômage, la moitié d'entre vous y compris les diplômés se trouvent aujourd'hui sans emplois.
L'exil, la drogue, le suicide, la criminalité, l'émeute sont les réactions de beaucoup de jeunes à cette situation.
Il existe une autre voie pour sortir de ce cauchemar. Transformez en action politique cette haine du pouvoir responsable de tous vos maux. Adhérez aux forces politiques démocratiques d'opposition et aux mouvements sociaux autonomes pour mettre fin ce système qui vous marginalise et qui ne vous offre aucune perspective d'amélioration.
Soyez les artisans du changement de régime.
Rejoignez les forces politiques et sociales autonomes pour défendre votre citoyenneté et combattre les statuts qui ne visent qu'à limiter vos droits. L'égalité en droits des hommes et des femmes relève du droit de la personne humaine. Réclamez vos droits politiques, économiques et sociaux.
Exigez l'application des Objectifs du Millénaire pour le Développement adoptés par l'Assemblée Générale des Nations Unies, auxquels ont souscrit l'ensemble des gouvernements, qui éliminent les disparités entre les sexes à tous les niveaux et qui mettent l'accent sur la santé et l'éducation des femmes.
Fer de lance du combat pour l'indépendance nationale, vous vous trouvez exclus des fruits de cette révolution malgré les engagements pris par le mouvement national. Vous n'arrivez plus à vivre de la terre de vos ancêtres ou de celle que vous cultivez dans le cadre des lots qui vous sont octroyés sans vous concéder le droit à la propriété. Vos récoltes, quand les conditions climatiques le permettent, n'arrivent pas à couvrir vos frais de gestion à cause des coûts prohibitifs des équipements et de leur entretien, des prix élevés des semences, des carburants et des produits chimiques de traitement.
L'absence de prix garantis à la production et l'importation de produits agricoles subventionnés ont détruit la production nationale notamment de céréales. Cette politique qui privilégie l'importation à la production nationale a désertifié la campagne et rendu le pays dépendant pour son alimentation de base des marchés internationaux.
Cette situation ne peut pas durer. Il faut que cela change. Vous devez redevenir l'avant- garde du combat, aux côtés des forces politiques et sociales autonomes, pour changer le régime et réaliser l'indépendance économique du pays avec la valorisation de l'agriculture et le soutien de l'Etat à tous les niveaux de production.
Rejoignez les syndicats autonomes qui se constituent dans tous les secteurs d'activité et qui sont mieux à même de défendre votre outil de production et vos droits de salariés.
Un algérien sur deux est au chômage. Organisez vous pour défendre votre emploi et améliorer vos conditions de travail. Exigez que votre pouvoir d'achat ne soit pas érodé. Dénoncez les inégalités sociales.
On veut vous faire croire que le libéralisme, à travers les privatisations et la libéralisation des échanges, va créer des richesses et développer l'emploi. Cette politique entreprise en Amérique latine dans les années 80 et 90 a échoué. Une renationalisation des secteurs stratégiques et un contrôle des échanges extérieurs sont de nouveau à l'ordre du jour dans tous les pays, y compris dans les pays développés qui prônent la liberté d'entreprise et d'échanges chez les autres et appliquent le protectionnisme chez eux.
Soyez des artisans du changement de votre situation et de celle de votre pays.
Entrez en politique pour préserver votre entreprise de sa liquidation et cesser l'exploitation dont vous faites l'objet au quotidien sans reconnaissance de vos mérites.
Les tutelles sont toujours là. Un patron d'entreprise publique n'agit pas librement car il doit tenir compte de ceux qui l'ont nommé et de son environnement. En réalité, les cadres sont contraints de mobiliser leurs compétences techniques pour exécuter des décisions politiques.
Dans le passé, vous avez connu des purges dans les maquis. Par la suite, vous avez subi un double diktat : d'une part, à cause de l'article 120 qui assujettit toute promotion dans les fonctions supérieures de l'Etat à l'engagement au sein du parti unique et, d'autre part, à cause de l'article 421 du code de procédure pénale qui punit de prison les fautes de gestion.
Une parodie de justice a ainsi conduit des milliers de cadres à la prison au terme de procès où ils ont joué le rôle de bouc émissaire. Des centaines d'autres se sont exilés.
Votre engagement en politique vous permettra de doter l'entreprise d'une autonomie réelle et les cadres d'un statut qui les protège de l'arbitraire et les préserve de toute allégeance.
Beaucoup d'entre vous ont payé de leur vie ou de leur liberté l'exercice de leur fonction. Face au pouvoir qui opprime et qui corrompt la liberté d'expression, nous exprimons notre solidarité et apportons notre soutien à votre profession.
Nous appelons en même temps tous ceux parmi vous qui œuvrent honnêtement dans la presse publique ou privée, à dénoncer les pressions et la censure exercées sur la profession, et à résister à la machine de propagande caractéristique de toutes les dictature visant à contrôler les idées, les pensées et les esprits en transformant les médias en fabrique du consentement, de l'acceptation et de la soumission.
L'autocensure qui est une forme de corruption intellectuelle ne devrait plus exister dans vos rangs. L'organisation de la solidarité au sein de la profession doit vous permettre de vous soustraire au chantage sécuritaire et financier exercé sur vos journaux à travers le contrôle de la publicité, de l'impression et des promotions ainsi qu'à toutes les formes d'influence de la ligne éditoriale.
Donnez de la visibilité par vos écrits aux porteurs de l'espérance démocratique et acteurs du changement de régime.
Vive l'Algérie libre et démocratique
Chers amis, Chers compagnons, Chers camarades
Très heureux de vous retrouver et de vous saluer affectueusement. J'ai le plaisir et le privilège de vous adresser mes félicitations, et à travers vous et Karim TABBOU, aux militants aux sympathisants à toutes et tous les compatriotes qui se sont mobilisés avec dévouement et sagesse dans ce que vous savez n'être qu' une énième piètre compétition tragico-garagouzienne Men QELLA Wa Della.
Je vous ferais donc l'économie de verser dans l'évaluation que vous venez de faire sur la stratégie combinée par le DRS, le ministère de l'intérieur et par de multiples officines de corruption politico-financière à tous les niveaux, locaux, régionaux et nationaux. La constance fondamentale du dépérissement progressif et total du suffrage universel n'a fait que suivre le déni brutal du droit à l'autodétermination qui était la raison d'être de l'Etat algérien.
Nul doute que vous avez évoqué le parti pris de l'administration : La sortie manu militari des listes communes du FFS et de ses partenaires ; la volonté de limiter géographiquement l'implantation du FFS ; l'impossibilité de contrôler le processus et le fichier électoral ; la réactivation et la mise en action des relais maffieux du pouvoir, les entrepreneurs affairistes, les organisations archaïques telles que les zaouias et autres associations religieuses, les archaïsmes locaux (village, tribu) ; l'état d'urgence ; les pressions sur les partis politiques ; la fermeture des espaces d'expression ; l'action psychologique permanente et les pressions sociales sur la population ; le maintien d'un seuil indispensable de violence notamment en Kabylie et du terrorisme résiduel, destinés à étouffer les espaces d'expression et de libre organisation.
Il s'agit aujourd'hui de tirer les leçons politiques et organisationnelles de cet épisode tragique.
Nos missions sont prioritaires sur nos ambitions.
Sachons lucidité garder en ces moments d'extrêmes confusions !
Nous avons été punis par le pouvoir en place pour avoir osé être nous-mêmes, pour avoir osé être fidèles à nous-mêmes, à nos engagements et à nos idéaux. Notre différence ne saurait rester impunie pour les tenants de l'idéologie conformiste et archaïque du système totalitaire.
L'impact de notre Congrès, la déclaration commune que nous avons faite avec nos partenaires, au lieu d'être accueillis comme autant de chances de paix, de démocratisation et de stabilité sociale, ont été considérés comme des menaces et un danger pour les tenants du statu quo crypto-stalinien, de la régression et de la gestion brutale.
Force est de constater que le suffrage universel n'est pas encore sorti de la préhistoire coloniale et du Stalinisme allègre.
Sachons vérité dire et nous dire !
Les observateurs " avisés " et " inspirés " n'ont pas manqué de minimiser les aspects considérables de notre stratégie politique.
Par contre, ils s'acharneront avec une docte science à " Tchernobiliser " nos quotas électoraux érigés pour la cause en instruments fiables et infaillibles.
L'abus de position dominante a fait que certains de nos cadres se sont plus comportés en rentiers de gestion ou d'opposition, plutôt qu'en acteurs sociaux oeuvrant pour le lien et le liant de nos structures avec nos villages, nos quartiers et les forces syndicales et associatives autonomes.
Le FFS a su faire ses preuves dans les épreuves. Il a su amortir les coups de boutoirs internes et externes, et c'est par miracle que se poursuit tranquillement son odyssée de résistance à une dictature fou furieuse aux relents régionalo-ethnicistes qui menacent la cohésion de la nation.
Le FFS demeure disponible, crédible et opérationnel pour une alternative démocratique et sociale.
Que faire ?
Si les coups qui nous viennent de l'extérieur ne sont ni de notre fait, ni de notre volonté, laissons les au crédit peu honorable de leurs auteurs.
Les coups qui nous viennent de l'intérieur de nous même sont à prévoir et à gérer sans renoncer à aucune des résolutions de notre Congrès dans l'esprit, dans la lettre, dans les actes et dans les comportements.
La priorité est de combattre nos travers, chacune et chacun, toutes et tous : Le manque de communication, voire le refus de communication à tous les échelons du parti et entre tous les échelons du parti, le volontarisme et le manque d'organisation dans les actes de gestion, d'élaboration et surtout de mise en application.
Nous devons nous atteler sans colère, avec méthode, clairvoyance et détermination à continuer la réorganisation du parti pour la légitimation de tous nos échelons. Sa modernisation signifie également sa "défolklorisation".
Nous devons, sans négliger l'instant, nous projeter dans l'avenir. Nous avons conclu un pacte, un double pacte, dois-je le rappeler : la République Démocratique et Sociale et l'Unité du Maghreb. C'est pour cela que nous n'avons pas le temps d'amuser les galeries officielles et périphériques en s'attardant sur l'écume des fausses échéances ou en amusant les galeries officielles et périphériques qui se pavanent dans les succès factices et éphémères, et dans la multiplication des effets d'annonces illusoires.
Un dernier souhait, la composante humaine de tous nos échelons doit refléter l'esprit du FFS : Humilité, abnégation, résistance, détermination et une espérance chaque jour renouvelée.
Nos missions sont prioritaires sur nos ambitions !
Sur le plan interne au parti, nous aurons à :
Depuis sa désignation, Karim TABBOU a su remplir des missions importantes. La remise en ordre du parti et la remobilisation de la base militante en vue de forcer l'ouverture politique et mettre fin à la politique des sables mouvants. J'apprécie toujours sa contribution décisive à la tenue des échéances internes. Aujourd'hui, j'apprécie également la remise spontanée et responsable de son mandat. C'est un acte moral, militant et politique. C'est enfin un acte révolutionnaire.
Aussi je le confirme au poste de premier secrétaire pour accomplir les missions qui nous attendent.
Chers amis, chers camarades, chers compagnons,
L'été qui s'annonce sera particulièrement chaud. Dès qu'une soit disant " élection " est expédiée, une autre prend le relais et comme le souligne si bien votre déclaration, la subversion reste l'Alpha et l'Oméga de ce système obsolète, aveugle et entêté.
L'été qui s'annonce sera particulièrement chaud. Dès qu'une soit disant " élection " est expédiée, une autre prend le relais et comme le souligne si bien votre déclaration, la subversion reste l'Alpha et l'Oméga de ce système obsolète, aveugle et entêté.
Malgré l'absence d'un adversaire jouant dans leurs catégories et dans leurs répertoires, les autorités " nationales " ne peuvent prétendre à une réelle représentativité ou à une sérieuse viabilité. L'illégitimité, l'illégalité et la théâtralisation du mensonge ont fini par les user et totalement les disqualifier.
Comme s'ils brisaient systématiquement les miroirs qui leur renvoient l'inexistence de leurs consciences morales et politiques.
C'est dans ces moments qu'ils deviennent plus arrogants et plus dangereux. Si des hommes ou des groupes d'hommes à l'intérieur du système sont susceptibles d'évolution ou prétendent afficher des volontés de changement, la nature du système reste fondamentalement inchangée. Elle noie et broie toute volonté de réforme.
Comme nous en avions l'intuition, l'abstention du peuple algérien constitue un message fort, clair et sans équivoque, tant sur le plan interne que pour l'opinion internationale. Il est de notre responsabilité de traduire ce message en programme politique efficient, cohérent et mobilisateur pour un changement radical et pacifique.
Il est plus que jamais nécessaire de préparer notre organisation à affronter des échéances imminentes qui peuvent s'avérer décisives pour l'avenir du pays. Je demande au Secrétariat national de mettre en place une instance politique à l'étranger pour dépasser les lourdeurs et les procédures de l'appareil et répondre à l'impératif d'un redéploiement politique du parti. Ainsi seront clarifiée les missions des uns et des autres.
Dans la situation politique actuelle - dussé - je me répéter - je veux vous réaffirmer que la marge d'erreur autorisée par nécessité est toujours réduite. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de nous tromper et nous ne devons pas nous égarer dans des exercices de rhétorique et dans des nostalgies patriotisantes ou des mirages politiques.
Dans la situation politique actuelle - dussé - je me répéter - je veux vous réaffirmer que la marge d'erreur autorisée par nécessité est toujours réduite. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de nous tromper et nous ne devons pas nous égarer dans des exercices de rhétorique et dans des nostalgies patriotisantes ou des mirages politiques.
Nous sommes contre toutes les formes de violence, de haine et de règlements de comptes malgré que nous les subissions toujours, sans frein ni normes. Nous n'oublions ni les plaies ouvertes par les éliminations brutales de NOS DEUX ELUS Rabah AISSAT et Ali AZRARAQ, ni les manquements à la loi de l'institution judiciaire qui, de toute évidence, exprime des décisions consensuelles au plus haut niveau. Libre aux omnipotents et aux omniscients de s'exonérer de toute responsabilité.
Mes amis,
Encore une fois, nous, militants d'une alternative crédible, n'avons pas le droit à l'erreur. C'est pourquoi je vous invite à l'humilité, à la lucidité, à l'intelligence du coeur et de la raison.
Notre préparation organisationnelle est déjà commencée mais beaucoup reste à faire. Pour nous l'été 2007 sera studieux.
Dans mon message du 6 avril dernier, je vous informais que je vous soumettrai pour approbation les modalités de préparation et de représentation pour l'audit du 21 juin 2007. J'ai dégagé ces modalités, le camarade Tabbou vous les détaillera, et le camarade Cherifi qui a une grande expérience des forums internationaux a mis ses connaissances et son expertise dans le domaine des audits de partis et de syndicats, notamment en Amérique de sud, à notre service et à notre portée.
Mon souci fondamental a été de mettre nos procédures structurelles et statutaires en harmonie et en cohérence avec nos valeurs centrales et nos buts politiques.
Dans notre cœur, le FFS est grand mais le pays est encore plus grand.
Nous devons construire un parti et proposer un programme politique en phase avec la société. Je refuse le fétichisme du parti ; l'esprit de parti doit l'emporter sur l'esprit partisan. Le parti est un moyen nécessaire mais non exclusif de notre marche vers les libertés et l'autodétermination individuelle et collective.
La reconstruction et la consolidation de l'unité politique et sociale de la nation se feront à partir de l'émancipation de l'ensemble des Algériennes et Algériens, en toute égalité de statut.
Sur cette route nous ne sommes pas seuls, et nous ne sommes pas les seuls. Ce n'est pas un hasard si aujourd'hui, par delà les différences de générations et d'itinéraires nous nous retrouvons, à l'échelle nationale, en communion fondamentale d'idéaux et d'options politiques.
Nous avons également pour devoir de creuser avec profondeur et lucidité certaines leçons magistrales de l'histoire du siècle des fascismes et des totalitarismes et de ses prolongements jusqu'à nos jours. Je pense que la chute du Mur de Berlin et l'effondrement consécutif de l'empire soviétique, nous autorisent non pas à un axiome scientifique - mais à un constat historique d'ordre international : les mouvements d'émancipation révolutionnaires qui n'avaient pas de fondements et d'horizons démocratiques ont été et sont toujours non seulement condamnés à l'échec ; mais plus, voués à des dérives totalitaires voire à des répressions barbares, indignes de leurs credo libérateurs et qui n'ont rien à envier à la cruauté et à l'ampleur des hécatombes apocalyptiques qui ont marqué, notamment, les guerres confessionnelles et coloniales.
Chers amis,
Je connais votre générosité.
Je sais votre ferveur, je n'ai jamais douté de votre engagement.
Je suis persuadé que ce peuple saura reconnaître les siens.
Je sais qu'un jour la légitimité des uns et des autres sera reconnue, que votre abnégation et votre probité serons reconnues et honorées.
Les militants du FFS peuvent être fiers de leur action. Ils font preuve de constance et ne seront pas comptables devant eux-mêmes de batailles qu'ils n'auront pas menées, y compris sur eux-mêmes.
Nous sommes dans la société et nous sommes sous le regard du peuple.
Je sais que nous serons à la hauteur de nos missions et de nos ambitions, chacun à sa place et chacun dans son rôle. EN SYNERGIE.
Le système d'oppression finira. La naissance de la Deuxième République Algérienne sera.
Avec l'avènement de la démocratie qui en est la condition sine qua non.
Avec l'avènement de la démocratie qui en est la condition sine qua non.
Au travail et a très bientôt.
Chers compatriotes, chers ami(e)s, chers camarades
Essalam Elweddi ! Azul moqrane seggul ! Bonjour !
Bon travail !
Des camarades m'avaient gracieusement demandé un papier à l'occasion de la tenue de l'Audit du parti. Etait-ce nécessaire étant donné les messages déjà adressés à nos instances dirigeantes. D'autant qu'en prélude, j'avais eu déjà l'immense plaisir de débattre avec la délégation du Secrétariat national accompagnée de ses conseillers, des problèmes et des perspectives que posent les prochaines Assises Nationale du FFS ainsi que de la feuille de route - dans sa globalité et dans chacune de ses échéances - destinée à préparer rigoureusement ce rendez-vous important pour l'avenir du pays, de la démocratie et du parti.
Le dévouement et l'intelligence politique avec lesquels militants et responsables viennent de préparer cet événement à l'échelle nationale et à tous les niveaux, me font une grande joie de leur rendre un hommage appuyé.
Je tiens à saluer tout particulièrement, les élections libres qui, pour la première fois dans l'histoire du FFS ont désigné à l'audit les délégués de nos sections et de nos fédérations. Je tiens à rendre hommage à notre base militante pour sa maturité et sa vigilance politiques. Elle vient d'assurer le succès de ce principe démocratique qui est nouveau au sein de nos structures. Une « bidâa la ba'ssa biha » (De cette innovation ! rien à redire !) Principe politique qui, hélas ! est dénié, à la nation algérienne qui en avait, pourtant fait son credo et sa raison d'exister tout au long de ses luttes d'émancipation politique et de résistance armée.
Je tiens, également à féliciter le secrétariat national pour avoir :
1. répondu avec célérité et fermeté, au recours des militants qui s'étaient senti lésés par le déroulement anormal du scrutin dans deux sections.
2. pour avoir refait les opérations électorales à la satisfaction de tous.
Force est de constater le nombre infime de couacs, de ratés dans cette procédure digne de la modernité. Et partant de se permettre quelque fierté, quand on connaît l'effroyable généralisation de la corruption morale, politique, culturelle, financière et électorale, avec pour bilan le refus de reconnaître aux Algériens et Algériennes ce droit d'avoir des droits. Cette condition sine qua non, pour s'affranchir définitivement de cette " réplique indigène de l'indigénat " en vue d'exercer leur souveraineté et leur devoir de citoyennes et citoyens librement et en toute responsabilité.
N'oublions pas ! Paradoxe des paradoxes ! Le seul vote libre et non falsifié fut le référendum du 2 juillet 1962 qui proclama le droit des Algériens et Algériennes à l'autodétermination et à l'indépendance.
Cher(e)s compatriotes !
"Il est un temps pour écrire, un temps pour parler, et un temps pour se taire", nous apprend le sens commun. Que l'on me pardonne de les y avoir mêlés et non pas confondus.
Je vous livre des bouts de réflexions pragmatiques de terrain - sans égard à la chronologie - ; de préférence traitant du présent, bien sûr, mais aussi du passé, l'un devant éclairer l'autre et vice versa. Pour aider à mieux anticiper et préparer l'avenir ensemble.
Que puis-je vous dire de si loin et heureusement, malgré tout, de si près, de si chaleureusement convivial ? Je ne sais pourquoi, l'envie m'a pris, sans crier gare, de partager avec vous, la terrible émotion de cette "mauvaise nouvelle" que le secrétariat national m'a fait parvenir d'urgence au courant de l'année dernière:
Je salue de tout coeur l'évocation par le Secrétariat National de l' assassinat d'Anna Politovskaia la journaliste russe aux côtés de nos martyrs, comme si elle était des nôtres. Nous du FFS, nous aimons notre pays pour des valeurs, de liberté, de justice et de vérité qui le débordent. Il y a dans ce geste, un souci de réhabiliter et développer l'ouverture de notre société vers le monde - " une weltenschaueng" - en ranimant une culture de l'humanisme sous le mode d'une solidarité internationale partagée.
C'est aussi un devoir sous-jacent de gratitude envers la dynamique en chaîne de soutiens et de reconnaissances internationales du G.P.R.A. (Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne). Car nul doute que ce Tsunami de solidarité a précipité l'accession de notre pays à l'indépendance. En effet, au plan national, il avait rendu impossible la victoire des forces coloniales, en galvanisant et en renforçant le moral des populations et des combattants. Et au plan international, la rupture du rapport de forces politiques et diplomatiques en présence qui fera opposer et imposer et aux thèses impérialistes et bellicistes, la négociation politique de l' indépendance de notre pays.
Force est de constater que face à l'acte criminel planifié qui a ravi la vie de Da Rabah, le réflexe des dirigeants du parti, n'a pas été de crier vengeance ou de se coucher. Mais bien au contraire, esprit de responsabilité quand tu nous tiens ! de positiver le pire, en remettant la priorité et l'urgence sur l'objectif de la préparation du congrès. Je rappelle que les propriétaires de l'Algérie, n'ont reculé devant aucun moyen aussi ignobles soient ils : prises d'otages, agressions, réseaux de drogues, petit et grand banditisme, campagnes d'intoxication visant à étouffer les bastions politiques du FFS en y installant un climat de violences d'insécurité et de corruption généralisées. La finalité stratégique de cette version atypique de " normalisation " est d'anéantir dans les villages et agglomérations rurales, l'ensemble des espaces de rencontre et de libre expression qu'ils soient traditionnels (les djemâa) ou modernes (activités politiques et sociales) dans des régions entières acquises au politique et à la non violence. Meilleure façon de couper notre parti du soutien des populations et de le réduire à un simple appareil malléable et domesticable à merci. Tigi Ur Drat Ur Derrout. (Impossible que les mauvais coups qui, hier, ont échoué réussissent aujourd'hui)
Avec au surplus la volonté de parasiter et déstabiliser la préparation de notre congrès, voire d'en empêcher la tenue purement et simplement. Elli yahseb Wahdu Ichit Lu ! (Celui planifie tout seul se donne toujours gagnant)
Toutefois, l'inventivité destructrice du régime militaro-policier ne manquera pas de scenarii plus démoniaques encore pour autant qu'il puisse toujours compter sur le soutien inconditionnel de nos partenaires occidentaux, de l'opinion et des institutions internationales. Il pourrait bien nous rejouer le syndrome de Ben Laden au Maghreb, c'est à dire d'Hannibal à nos portes et aux portes de Paris. Une sorte de " remake " du coup des kamikazes bizarroïdes qui ont déclenché à distance des bombes qui ont endommagé des ministères à Alger et surtout ont volé des vies algériennes et endeuillé tant de familles.
Chers Camarades !
Un Congrès vaut ce que vaut sa préparation à tous les niveaux politiques, culturels - pour ne pas dire idéologiques - et organiques. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de répéter nos erreurs. A commencer par les identifier sereinement, et souligner clairement leurs conséquences.
Un exemple significatif de disfonctionnement anti-démocratique : l'élection des membres du Conseil National, au dernier congrès qui était, de fait, prise en otage par certains dignitaires ; hélas, je ne m'en rendrai compte que tardivement et à la faveur du refus de quelques cadres de valeur de présenter leur candidature, sans m'en donner d'autre explication que strictement personnelle. De toute façon, même averti et parce que respectueux des règles je me serais interdit d'intervenir. En général, routine presque traditionnelle, les enjeux et les jeux de pouvoir s' exacerbent vers la fin des congrès, lorsque le moment arrive d'élire les membres des instances dirigeantes.
Je souhaite que l'audit aura à cour de revenir sur les responsabilités du congrès précédent comme source des dérives d'apparatchiks et des insuffisances qui parasiteront une gestion démocratique des structures.
La modernisation de nos méthodes de travail, dans les prises de décisions et dans leur application s'impose impérativement. Il nous faut sortir des improvisions et des approximations. Il est inconcevable, à titre d'exemple, de ne pas conclure réunions et débats, à tous les niveaux par des procès verbaux clairs et sans verbiage. Se garder, bien entendu, de tomber dans les tares inverses d'une bureaucratie d' apparat. Il nous faut des mécanismes d'efficience. Par ailleurs, tenir un minimum d'archives est indispensable pour sortir des thaktchoukas habituelles, des bilans fictifs voire bidons, et ainsi faciliter le contrôle hiérarchique des cartes d'adhérents - voire de sympathisants - pour vérifier les bilans financiers, les activités programmées en direction des syndicats et des associations et pour les responsables se retrouver eux-mêmes et rationaliser les activités quotidiennes. A cet effet, une brochure rendra d' éminents services, j'en suis sûr ; une dose d'écrit ne nuit pas à l'oralité culturelle ambiante.
Une chose est indéniable, dans l'accumulation chaotique des campagnes de manipulations et de mensonges menées tambour battant par les autorités de fait et de force, le peuple algérien a, par son abstention massive exceptionnelle, signifié clairement, fortement et sans équivoque sa rupture avec le système de prédation culturelle, politique, électorale, économique et sociale. Au-delà du ras le bol, il a marqué son inébranlable volonté de reconquérir sa souveraineté et restituer aux citoyennes et citoyens leurs libertés d'expression, d'organisation et de participation à la gestion politique, culturelle, économique et sociale du pays. Il est de notre responsabilité de traduire ce message en programme politique efficace, cohérent et mobilisateur de l'ensemble des forces saines du pays, en vue d'une alternative démocratique et sociale radicale et pacifique.
Aussi devons-nous préparer nos structures pour concrétiser vraiment les options stratégiques d'ouverture vers la société recommandées par le 3e congrès et qui sont terriblement d'actualité.
Que notre belle jeunesse et nos si dignes femmes, exclus et expropriés de tout, s'arment de volonté politique et de non-violence: Pour qu'ensemble nous puissions construire cette Deuxième République.
Les militantes et les militants du FFS ont tenu leur Conférence nationale d’Audit, les 21 et 22 juin 2007 à Zéralda.
Ils remercient l’ensemble des invités présents à cette rencontre, ou qui ont participé aux travaux de ces assises.
Les militantes et les militants se félicitent de la sérénité, de la ferveur, de la sincérité, de la richesse et du sérieux des débats. Ce climat de cohésion et de confiance retrouvées, cette nouvelle dynamique de mobilisation militante et de décantation positive démontre le sérieux de la préparation de cet Audit
Cela fait espérer que l’agenda politique interne du parti sera respecté et que le Congrès prochain sera hautement politique.
Nos partenaires sociaux ont été des acteurs à part entière de l’Audit. Il s’agit de l’aboutissement de nos efforts communs pour ébaucher un compromis démocratique et construire une alternative politique.
Dans cet esprit, des initiatives similaires ont été menées antérieurement avec des personnalités politiques, des représentants du champ syndical et associatif.
Ces actions politiques ont été conformes à la résolution stratégique du 3e Congrès du FFS.
Les participants à l’Audit, lors de leur évaluation politique, n’ont pu que constater le faible degré d’ouverture du parti sur lui-même et sur la société.
Les participants à l’Audit, lors de leur évaluation politique, n’ont pu que constater le faible degré d’ouverture du parti sur lui-même et sur la société.
La cohérence entre les buts politiques et les modes d’organisation est donc d’une importance fondamentale.
Il faut relever aussi que l’encadrement du parti n’a pas, dans bien des cas, assimilé l’esprit et la portée de cette résolution. Il était accaparé par les tâches quotidiennes et distrait par les luttes de positionnement dans l’appareil.
La fermeture du champ politique et l’évolution dans un environnement hostile ont été cependant, la cause fondamentale de la non concrétisation de la résolution d’ouverture. Comment fonctionner « normal » dans un pays qui n’est pas normal.
Notre ambition et nos espoirs paraissent rétrospectivement démesurés compte tenu des moyens du parti et de la situation dramatique dans le pays.
L’ouverture c’est aussi un devoir de responsabilité, individuel et collectif en tant que parti, de dire la vérité à nous même et à la société.
L’esprit d’ouverture c’est aussi des actes et un comportement conformes au discours.
C’est un problème moral et éthique.
La situation actuelle du pays est marquée par un nouveau spasme autoritaire. Il n’y a pas d’espoir d’une sortie de crise concertée, la seule façon pour les forces démocratiques de rééquilibrer le rapport des forces est d’élaborer une stratégie politique de défense active à l’intérieur du pays et offensive à l’extérieur, notamment par une diplomatie militante.
C’est pourquoi l’Audit recommande de garder le cap politique de l’ouverture et souligne que la résolution d’ouverture garde toute sa pertinence.
L’exigence d’une adaptation organisationnelle à ce but politique stratégique constitue la recommandation fondamentale de l’Audit.
Toute potentialité d’ancrer cette résolution sur le terrain électoral doit être exploitée de manière efficiente pour étendre l’implantation politique du parti, pour gagner des élections et renforcer la légitimité du parti et de nos partenaires politiques et sociaux.
A cet égard, l’Audit souligne particulièrement la nécessité de mettre en place à l’étranger les conditions matérielles et humaines pour améliorer la visibilité du parti et de ses positions politiques et dénoncer le caractère autoritaire du système politique algérien.
Sur le plan de l’adaptation statutaire, l’Audit, en raison de l’environnement de plus en plus hostile dans lequel évolue le parti, recommande une souplesse dans la structuration et dans le dispositif statutaire.
Cette recommandation permettrait au parti de prendre les mesures statutaires salvatrices en cas de menace grave sur son existence, ses biens ou sa ligne politique.
Zeralda, le 22 juin 2007 Le premier secrétaire K. TABBOU
1. Création d’un conseil permanent pour la société civile autonome qui doit être le lieu de rencontre et de convergence des acteurs politiques et sociaux autonomes pour la construction et l’élargissement de la dissidence nationale, citoyenne et pacifique.
2. Elargir le conseil national du FFS aux partenaires sociaux autonomes comme membres ayant un droit délibérant en qualité d’observateurs.
3. Ouvrir les listes électorales du parti aux représentants de la société civile autonome.
4. Organisation de forums de débats et de réflexion conjointement avec les acteurs politiques et sociaux autonomes.
5. Engager des initiatives communes (le parti avec les acteurs politiques et sociaux) afin d’élaborer un contrat politique de défense des libertés démocratiques pour la construction de l’alternative démocratique.
1. Organisation d’une campagne nationale de sensibilisation contre les inégalités, les injustices dont est victime la femme algérienne.
2. Mise en place d’un collectif national de femmes FFS.
3. Elaboration de la charte de militante FFS.
4. Inclure le principe d’obligation de représentation féminine à tous les niveaux du parti sous forme d’amendement du règlement intérieur du parti.
5. Mise en place d’une organisation de femmes socialistes et engager des procédures d’adhésion, de jumelage et de coopération avec les organisations de femmes socialistes internationales.
1. Mise en place d’une école de formation politique au profit des jeunes militants.
2. Relance du collectif national des jeunes socialistes.
3. Révision du statut actuel des sections universitaires en les orientant vers la formation militante.
4. Réactivation de la commission jeunesse du conseil national.
5. Demander aux jeunes d’investir le mouvement associatif.
6. Mise à la disposition des jeunes, les documents du parti pouvant faciliter et aider à leur formation.
7. Etablissement d’un fichier national des jeunes.
1. Elargir le mandat des instances du parti à 2 années.
2. Elargir le conseil fédéral (composé initialement de membres du conseil national, les 1ers secrétaires des sections et des représentants des élus locaux) à deux délégués -militants par section.
3. Réhabilitation des coordinations de dairas.
4. Institution d’un bulletin interne d’information des militants.
5. Adopter dans les prochains statuts du parti, le principe d’élection au congrès de la commission nationale de médiation et de règlement des conflits.
6. Améliorer la gestion administrative du parti en introduisant le devoir de rendre la réponse aux courriers et dresser des procès verbaux de toutes les réunions du parti et à toutes les échelles.
7. Refonte totale de nos statuts. Revenir à l’ancienne organisation, réactiver les congrès fédéraux.
8. Lever toutes les restrictions à la délivrance de la carte de militant.
9. Nécessité de créer un organe de communication arabophone.
10. Respect des normes internationales de communication lors des conférences ou meeting pour mieux faire passer le message du FFS. (Principe de 20 à 30 Minutes de communication MEETING & 30 minutes au maximum d’une communication dans une CONFERENCE DEBAT). Le nombre d’intervenant - animateurs dans un meeting ne doit pas dépasser (03) et en conférence débat, le nombre d’animateurs ne doit pas dépasser (02).
1. Mise en place d’une carte biannuelle de militant.
2. Fixer les critères d’éligibilité au poste de premier secrétaire de section.
3. Augmenter le nombre de militants requis pour constituer une section.
4. Ouverture du conseil de section aux observateurs locaux autonomes.
5. Instituer le principe des deux séances des sessions du conseil national. La première consacrée au débat général avec la participation de la société civile et la deuxième aux affaires concernant le parti.
6. Harmoniser les instances exécutives sur le plan de la composition.
7. Le retour au mode de congrès fédéral pour l’élection du premier responsable de la fédération.
8. Mise en place de conseils régionaux, notamment pour les wilayas de l’intérieur du pays.
9. Elargir le mandat du 1er secrétaire national à deux ans.
10. Définition de la commission CPCN en intégrant le principe des trois tiers.
1/3 : Membres du conseil national
1/3 : Membres désignés par le président
1/3 : Membres élus par la base militante
1. Respect du principe de trie et de classement de candidatures du parti aux élections locales, par la section. Toutefois, dans les communes stratégiques et les listes APW, les instances nationales doivent s’impliquer dans le choix des candidats, l’élaboration de la liste et garantir le respect des objectifs politiques du parti.
2. La mandature locale doit commencer par l’élaboration de l’Audit de la commune et doit se terminer par un bilan détaillé qui indique les réalisations, les objectifs atteints et les insuffisances à combler.
3. Obligation aux P.APC de mettre en place un conseil consultatif en collaboration avec la section locale et ouvert aux leaders et aux compétences locales.
4. Mise en place d’un comité national de réflexion sur la fiscalité locale, la décentralisation et la démocratie participative.
5. Mise en place d’un comité national de solidarité avec les élus en position de minorité et les élus des wilayas de l’intérieur.
6. Créer un mécanisme d’action intercommunale et de solidarité locale des élus.
7. Soumettre à autorisation de la direction nationale, toute rencontre, demande d’audience ou autres séances de travail avec les services du ministère de l’intérieur.
8. Définir un cahier de charges et un contrat politique de l’élu envers sa structure et la population.
Chers camarades, chers compagnons, chers amis ;
La régularité de nos échanges, la franchise de nos rapports et notre mutuel respect des prérogatives de chacun, me permettent et m'incitent à entrer d'emblée dans le vif de sujet : "Nous ne sommes ni otages, ni complices de la normalisation à l'Algérienne".
C'est consigné dans la résolution politique de votre session extraordinaire du 9 mars dernier, et force est d'admettre en conscience que cela est vrai et conforme à la réalité.
Mais je me permettrai également de pénétrer dans le cœur du problème :
"Sommes nous dans la configuration d'être l'instrument de l'alternative démocratique et sociale?"
"Avons nous réalisé le mandat et l'objectif d'ouverture sur la société que nous a confié notre 3e Congrès?"
"Avons nous étalonné et réglé nos instruments de navigation pour parvenir à ce cap-objectif avec rigueur, méthode et ordonnancement?"
Voici un positionnement précis et un questionnement tout aussi précis qui nous permettent, comme pour toute œuvre de construction, d'ouvrir un chantier et d'agencer ses étapes de réalisation. En fait, il s'agit de conjuguer au possible et au mieux entre l'effort et la réflexion, entre la nécessaire dynamique et la non moins nécessaire halte pour l'évaluation et les réajustements de notre action.
Je voudrai contribuer à situer le chantier que nous allons ouvrir, décrire les contextes dans lesquels nous évoluons et tenter, avec vous, de faire des propositions d'organisation et de maîtrise du débat.
Situer le chantier. Nos statuts codifient et fixent l'agenda de nos échéances internes. Il s'agit aujourd'hui de s'y conformer dans la lettre et dans l'esprit. Peut être plus dans l'esprit que dans la lettre parce que l'environnement institutionnel, officiel et officieux, dans lequel évolue notre pays nous y contraint. Il nous oblige par ses multiples manoeuvres, intrigues et agressions à être sans cesse vigilants pour sauver l'essentiel de notre âme :
Nos statuts, faut-il le rappeler, ont été conçus pour rendre opérable notre ouverture sur la société et opérants les apports des segments de cette dernière sur nous, dans une dialectique mutuellement nourricière. Cette lecture des statuts et cette culture du sens de responsabilité nous amènent à privilégier le fond des choses sur leur forme. Comment fonctionner " NORMAL " dans un environnement qui n'est pas normal du tout. Surtout quand on a sans cesse à l'esprit que des snipers de toutes couleurs guettent la vie de nos cadres et la générosité de nos militants.
Chers amis,
Notre décision de non participation au scrutin annoncé signifie clairement que nous avons choisi notre camp: dans la société, dans son avenir et dans son devenir.
Chers camarades,
Le temps finit toujours par avoir raison des rhétoriques mystificatrices et des slogans racoleurs. Il révèle la réalité pour ne pas dire la vérité des hommes et des institutions et situe chacun à sa place. Soit dans la volonté d'accompagner la société dans ses tentatives de démocratisation et dans sa quête d'émancipation sociale, soit dans les combats sans gloire dans les rings du pouvoir et dans l'écume des jours. Mais rien ne dit, au contraire, que le suffrage universel conquis de haute lutte par la résistance des Algériennes et Algériens ne sortira jamais de la préhistoire coloniale et post-stalinienne.
Dans quels contextes évoluons nous ?
Au plan international, les institutions nées de la seconde guerre mondiale sont aujourd'hui perverties et reconverties, de fait, en un nouvel ordre pan-étatique ; par le poids du surnombre des dictatures du Sud, combinées aux connivences stratégiques ou aux bricolages tactiques de certaines démocraties du Nord. Tout semble se passer comme si la guerre froide refaisait surface aujourd'hui en douceur ; qui avait traumatisé l'humanité et surtout poussé au paroxysme les dérives autoritaires de la décolonisation.
Ironie du sort ou triste inversion de l'Histoire : dans leur majorité, les pouvoirs despotiques du Tiers Monde, idéologiquement de gauche ou de droite, ont trahi les rêves, les espoirs et les acquis de la Conférence de Bandung. Du coup, ils excluaient leurs peuples de cette dynamique de démocratisation, de protection et de développement qui était en voie d'universalisation.
Nous devons nous atteler à revisiter l'esprit de Bandung, à recenser les O.N.G. partenaires crédibles, à conceptualiser et faire émerger une société civile internationale, dont l'absence, en tant que garde fou et contrepouvoir politico-médiatique, a ouvert la voie, au début du 21e siècle, aux prolongements des vieux démons totalitaires du siècle précèdent ; ces irréductibles ennemis des idéaux fondateurs des Nations Unies. Et, ce faisant, fossoyeurs des promesses du Millénaire, ils sont en train de faire imploser le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, nouvelle instance, supposée alternative plus crédible à la Commission Internationale qui fut dissoute par l'ex-SG de l'ONU, au motif qu'elle était discréditée et qu'elle risquait de discréditer l'institution internationale-mère elle-même.
Au plan maghrebin, l'UMA ne fonctionne même plus dans les règles minimales des procédures du protocole. Alors que pour nous, le Maghreb est non seulement un reste à réaliser de Novembre, mais il est aussi un objectif stratégique de co-développement. N'oublions jamais que si Novembre est né en Algérie, ses structures se sont installées durablement dans tout le Maghreb. Même les étrangers à cette région sont frappés par la continuité humaine, géographique et historique de cette entité à concrétiser.
Au plan national, sans vouloir revenir sur les différentes impasses dans lesquelles se débat notre population, comment ne pas être indignés par cette propension à convoquer les indices macro économiques pour mieux masquer la détresse humaine et la pauvreté de notre société. En terme de développement humain, les institutions onusiennes placent notre pays derrière l'" autorité " palestinienne et dans d'autres domaines dans des positions affligeantes. Ceci malgré une aisance financière incontestable.
Au niveau du parti. Une fois encore, le FFS est le parti qui incarne la résistance pacifique à la normalisation et à porter l'ESPOIR DEMOCRATIQUE et l'ambition d'une Algérie libre, heureuse et stable. Certains, par légèreté peut être, verront dans cette différence un oppositionisme chronique, quand d'autres reconnaîtront là notre marque de fabrique : fidélité à nos principes fondateurs et lucidité dans l'exercice quotidien de la politique. Esprit d'ouverture, de proposition, de négociation et de contrat. Et toujours cette faculté à garder le cap et la raison dans les situations confuses et d'urgences.
Cette VISIBILITE et cette LISIBILITE, désormais patentes, nous vaudront bien des " attentions " de la part du système, de sa périphérie et de ceux qui ont cédé aux chants des sirènes du pouvoir et aux conforts du statu quo.
Chers compagnons,
Cette nouvelle étape est porteuse de dangers et d'espoirs. A ce propos, les attaques que nous ne manquerons pas de subir de l'extérieur voire même de l'intérieur risquent de générer ou de remettre au goût du jour les réflexes et les moeurs d'enfermement qui aiguisent les tensions caractéristiques de la logique de vie en vase clos.
Cependant, si les attaques répétées contre le FFS ont souvent fait que notre muscle soit devenu cerveau, il n'en demeure pas moins que nous avons toujours su, au contact de la population, puiser dans notre patrimoine les ressources qui nous permettent de tenir. Et mieux encore, de nous fortifier et d'avancer.
Il s'agit d'assumer notre ouverture sur la société pour mobiliser ses ressources en matière d'expertise et de ferveur, à même de conduire un changement pour une sortie de crise de manière pacifique et ordonnée. Pour ce faire nous devons mettre en adéquation l'esprit FFS et ses institutions. Appuyer sur le côté positif et les qualités des gens plutôt que sur leurs travers. Tenter de faire cela, c'est déjà se mettre en disponibilité de donner le meilleur de soi même. Les frustrations, les haines ou les colères ne peuvent fonder à elles seules un chemin.
Pour ne pas accompagner ce retour au stalinisme dans l'allégresse, il s'agit de faire preuve de tenue et de retenue.
Nous devons déjouer les calculs en leur opposant une conviction. Nous devons nous prémunir des pratiques du mensonge et de la ruse en nous imposant une éthique.
Quant aux jugements de valeurs qui tentent de nous ravir notre image de marque, il suffit de leur opposer notre bilan, tant moral que politique ; en terme de constance, de pertinence et de souci de stabilité pour notre parti et pour notre pays.
Notre pays a besoin de stabilité. Notre société a besoin de démocratie. Notre système a besoin de crédibilité. Notre pouvoir a besoin de garde fous et de contre pouvoirs.
Ce sont ces constantes nationales là qui nous manquent.
Dans cet état d'esprit, je vous propose d'arrêter le calendrier de nos différentes assises. Tout en gardant à l'esprit la possibilité d'un réaménagement, au cas où des évènements survenaient sur la scène nationale. L'Audit national pourrait se tenir le dernier week-end du mois de juin prochain, et nous pourrions tenir la convention et notre 4e Congrès, les 4, 5 et 6 septembre 2007.
En concertation avec le Premier secrétaire, je vous ferai des propositions de thématiques de débat et de modalités de préparation et d'organisation.
Je vous alerte d'ores et déjà qu'une thématique essentielle au développement de notre parti, essentielle à la crédibilité de notre langage et de nos pratiques doit bénéficier de l'attention de chacun et de tous. Il s'agit de la représentation politique, sociale et organique de la femme dans les compartiments et les préoccupations de notre parti.
Les arguments de pesanteurs sociales, de traditions sont, à mon sens, plus des alibis que des motifs. Il s'agit de réaménager nos mentalités et nos méthodes.
Ce calendrier chargé et dense nécessite la remobilisation de toutes nos ressources et la disponibilité de tout un chacun.
Par fidélité à notre pratique d'alternance, devant la nécessité d'un souffle nouveau, et conformément aux articles 8.4 et 8.5 du chapitre VIII des statuts du parti, je désigne le camarade Karim Tabbou, Premier secrétaire. Je lui souhaite bonne chance et bonne continuation dans sa capacité de travail et d'adaptation au travail d'équipe.
Cette promotion d'un jeune militant est aussi un message à la jeunesse algérienne fatiguée de voir et revoir s'éterniser aux postes de responsabilité, des institutions et des partis des gérontocrates. D'évidence, globalement, la participation au politique et au social de cette catégorie de citoyens dans notre société est inversement proportionnelle à leur poids. Par contre, rappelons-nous : dans les moments répressifs, ce sont les jeunes qui ont apporté leur présence courageuse et désintéressée aux structures du parti. Au juste, a-t-on fait vraiment toujours l'effort de les retenir ? Les problèmes générationnels demeurent un défi pour décloisonner le FFS et faciliter davantage la formation et la circulation des cadres.
Un dernier mot, Mesk El-khitam : j'ai le plaisir de rendre un hommage particulier à Da Ali Laskri, pour la façon intelligente, franche, cohérente et responsable dont il a conduit la gestion du parti. Sa modernité n'étonnerait que celles ou ceux qui ignorent son humanité profonde et une ouverture d'esprit forgé par son expérience du terrain politique et syndical. Militer, pour lui, doit toujours se conjuguer au présent et non au passé ou dans des effets d'annonce.
En avant et au travail !
Dans trois mois se tiendra le scrutin législatif.
Depuis l’annulation des résultats issus des législatives de 1991 et l’interruption du processus démocratique, le pays a déjà vécu deux scrutins législatifs et trois scrutins présidentiels.
Depuis 1991, les dirigeants successifs de ce pays ont eu pour unique souci, la restauration du régime et sa sophistication.
Depuis 16 ans, le régime politique algérien est resté fondamentalement conservateur
Depuis 16 ans, ce régime essaie de concrétiser un projet élitiste et violent à l’intérieur et de reprendre sa place dans la nouvelle architecture internationale.
Ouverture économique et statu quo politique, résument la stratégie de ce régime. Conserver l’hégémonie politique interne est le but fondamental, même au prix de reniements des idéaux fondateurs du mouvement de libération nationale, et aux risques d’abdication et de dépendance vis-à-vis des grandes puissances militaires, économiques et financières.
La stratégie institutionnelle du régime est en cohérence avec ces objectifs
Aujourd’hui, tant dans les domaines politique, qu’économique et social, la situation est plus qu’inquiétante.
Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater avec regret que la corruption constitue le véritable ciment des clans au pouvoir, et la seule garantie de leur cohésion apparente, et de leur capacité à élargir leurs assises.
A l’épreuve des faits, au regard du bilan, il faut pour le moins, faire preuve d’une profonde naïveté politique
- pour croire à l’existence d’un parlement algérien ;
- pour croire à la capacité d’intervention de l’APN dans la vie nationale ;
- pour parler d’élections crédibles.
Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’être septiques quant à une possibilité de changement par les élections. Il n’ y a pas de démocratie en Algérie même s’il y a des élections.
Il n’ y a pas de démocratie en Algérie même après trois élections présidentielles, même après quatre scrutins législatifs depuis 1988, même après toutes les élections municipales et après moult révisions constitutionnelles.
Nous ne sommes pas encore sortis de la tragédie nationale.
On ne peut qu’être étonnés et ahuris devant les feuilletons politico- judicaires entre le ministère de l’intérieur et certaines formations politiques.
La vérité est ailleurs, le changement est possible. Tout est figé en haut mais tout bouge en bas. Nous ferons le chemin avec ceux d’en bas pour construire un projet politique démocratique pour imposer une alternative démocratique et sociale.
Nous ne sommes ni otages et ni complices de la normalisation à l’algérienne
Fidèle à ses engagements primordiaux et au serment de novembre ;
Le FFS à l’honneur, la liberté et le privilège d’annoncer sa décision de non participation au prochain scrutin législatif.
Chers camarades, Chers compagnons, Chers amis,
Je salue la commission politique qui a su organiser ce large débat dans le parti et son environnement.
Je salue la probité des rédacteurs des rapports de synthèses qui a transcrit fiablement les positions et les arguments de toutes les parties.
C’est avec bonheur et fierté que je m’adresse à vous aujourd’hui. Comment ne pas être heureux quant on sait que dans une situation très difficile, hostile et confuse, les militants du FFS ont tenu à débattre et ont débattu avec rigueur et passion de ce qu’il convient de faire face à cette échéance prévue dans trois mois.
A vous lire et à vous entendre, on mesure la difficulté à trancher cette question, tant la qualité et la pertinence des arguments de l’une ou de l’autre option, sont d’un niveau qui fait honneur à ses auteurs et au cadre qui a permis cette expression.
Décidément, le FFS, plus que jamais, mérite sa dénomination d’école d’apprentissage de la démocratie.
Le FFS a gagné en maturité et en sérénité.
Alors que le rouleau compresseur de la normalisation et de la domestication est mise en branle, les militants, leurs sympathisants et leurs amis ont tenu à confronter leurs opinions dans un débat apaisé, rigoureux et libre.
Vous m’offrez l’occasion, je vous en remercie, de saluer cette résistance à la contamination ambiante où la paresse intellectuelle et la fourberie servent de viatiques aux « abdiquants » et autres néo repentis.
Les GRANDS ELECTEURS et autres tuteurs autoproclamés n’ont plus que la ruse, la brutalité et la corruption pour masquer leurs mutuelles suspicions, qui génèrent une endémie de peur, de violence et de contre violences. Ils perpétuent les échecs alors que nous portons l’espoir.
Pour nous, à chaque liberté correspond une responsabilité et un devoir. Notre éthique politique, par ailleurs, reconnue, voire saluée par tous, nous contraint à un devoir de dignité, à un devoir de préservation de notre capital de sérieux, de crédibilité et de non compromission avec le système à l’occasion de leurres électoraux. Le 17 mai 2007 s’annonce déjà comme une messe qui fête ZAWADJ EL MOUTAA.
Je vous engage à demeurer plus que jamais, ce repère d’espoir et de crédibilité dans notre société et dont le pays a tant besoin.
Cet esprit fédérateur qui a rendu visible et lisible des syndicats autonomes « majeurs et vaccinés », des associations représentatives et des personnalités intègres.
Ils ont fait la preuve et nous avec eux qu’un avenir commun démocratique est possible.
Rien ne dit qu'en Algérie, le suffrage universel ne se libérera pas de la pré-histoire coloniale et des ukazes staliniens.
En avant et au travail !
Paris, le 20 mars 2007
Maître Ali-André Mecili a été exécuté le 7 avril 1987, devant l'entrée de son domicile, bd Saint-Michel à Paris, par des mains à la solde du régime militaire d'Alger. Vingt ans se sont écoulés depuis. Vérité et justice ne lui ont toujours pas été rendues. L' " amitié " franco-algérienne se paie au prix fort.
Au-delà de l'homme dont la lucidité et l'engagement politique étaient appréciés de tous, cet acte visait l'opposant ainsi que l'ensemble des opposants algériens au régime d'Alger, mis en place par la violence au lendemain de l'indépendance. Engagé très jeune dans la lutte de libération nationale, Ali Mecili a été, de toutes les luttes pour les libertés démocratiques en Algérie. Militant des droits de l'Homme, il était l'ami de nombreuses causes justes à travers le monde. Dirigeant de la première heure du FFS, aux cotés de Hocine Aït Ahmed, Ali Mécili s'est investi avec une rare abnégation dans l'élargissement de la base sociale du parti, et plus largement dans l'édification d'un pôle d'opposition démocratique autonome. Son action a été déterminante dans l'ouverture de pourparlers entre les différents segments de l'opposition algérienne. Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella et Hocine Ait Ahmed, notamment, y étaient parties prenantes. Ainsi, Ali Mecili a été le véritable chef d'orchestre d'une construction politique qui s'est concrétisée à Londres, en décembre 1985, par la signature d'une plateforme politique commune. Connu sous le vocable des accords de Londres, cette démarche unitaire de l'opposition algérienne avait ébranlé, sur le double plan national et international, le régime d'Alger. Les tenants du système l'ont jugée impardonnable et ont ordonné la liquidation physique de l' " instigateur de cet affront ".
Aujourd'hui, ses amis, ses camarades et sa famille continuent de réclamer vérité et justice, en dépit d'une chape de plomb scellée par la double raison d'Etat, algérienne et française. En Algérie, l'impunité continue de régner. Elle vient d'ailleurs d'être élevée au rang de politique officielle par le président Bouteflika, particulièrement depuis le pseudo référendum du 29 septembre 2005 sur la " Charte pour la paix et la réconciliation nationale ". La vocation de cette dernière étant d'exfiltrer du maquis " les islamistes du DRS ", de dédouaner les auteurs des crimes de la décennie rouge et de garantir l'impunité des services de la police politique, des terroristes islamistes et des dignitaires de l'armée.
En France, l'indulgence pour ne pas dire la complicité des services français a fait que cet assassinat demeure à ce jour également impuni. Comment qualifier autrement l'attitude de la France qui avait procédé à l'exfiltration en urgence absolue de l'assassin vers Alger ? La collusion évidente de Paris avec les autorités algériennes est allée jusqu'à la neutralisation de l'instruction judiciaire. Alors que la justice française est supposée être indépendante du pouvoir politique.
Néanmoins, les amis, les camarades et la famille d'Ali Mécili ne désespèrent pas d'en finir avec un déni de justice qui, de ce côté-ci de la Méditerranée, mine les fondements même de la démocratie à la française. En pleine campagne des présidentielles, cette vingtième commémoration de l'assassinat d'Ali doit être l'occasion d'interpeller les différents candidats sur cette " Affaire Mecili ". Cette opportunité, nous devons la saisir pour rappeler à chacun des présidentiables ses engagements à faire triompher la justice en toute circonstance.
3 avril 2007
Madame, Monsieur,
Voici qu’approche l’élection présidentielle pour laquelle vous avez fait acte de candidature, voici qu’est annoncé le temps du changement.
Afin de ne pas espérer en vain, j’ai besoin de m’assurer, comme cela a été récemment soutenu à propos de la Chine ou encore de la Russie, que la France désormais ne s’interdira plus de dénoncer les violations des droits de l’homme où qu’elles soient commises et par quelque État que ce soit.
Le 7 avril 2007, il y aura vingt ans que l’avocat Ali Mécili, né André, compagnon de Hocine Aït-Ahmed, a été exécuté à Paris où il avait choisi de vivre et d’exercer son métier. Il était français et algérien à la fois par l’effet d’une histoire douloureuse liant nos deux pays. Et de cette double appartenance, il avait fait une force vive au service du combat qu’il a livré toute sa vie pour la justice et la liberté, pour le respect des droits de l’homme et pour l’instauration de la démocratie en Algérie. Son assassin présumé, rapidement interpellé et trouvé porteur d’un ordre de mission de la Sécurité militaire algérienne, a aussitôt été soustrait à la justice française et expulsé en Algérie, en urgence absolue, ainsi rendu à ses commanditaires par décision de Robert Pan-draud, alors ministre délégué chargé de la Sécurité. Depuis, sa famille, ses amis, tous ceux qui portent en eux les valeurs qui furent les siennes attendent que justice lui soit rendue.
Afin de n’être pas déçue, j’ai aujourd’hui besoin de savoir : serez-vous celle ou celui qui saura mettre un terme au scandale que demeure l’affaire Mécili, serez-vous celle ou celui qui saura garantir le triomphe de l’État de droit sur la raison des États quels qu’ils soient et forcer ainsi le respect ?
L’avenir des relations entre deux peuples qui ont tant à partager ne saurait se construire sur un déni de justice.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à mon espérance et vous prie de croire en l’assurance de ma considération distinguée.
Annie Mécili
C’était il y a vingt ans. En quelques secondes et trois balles de 7.65, Alger s'est débarrassée en plein Paris d'un homme devenu l'infatigable porte parole de l'opposition Algérienne. Le rôle était à haut risque en ces temps où le mythe de l' " Algérie révolutionnaire " rendait tabou toute critique et faisait oublier le vrai visage de ses dirigeants: une autre dictature militaropolicière.
Vingt ans après, la forfaiture et la lâcheté de deux Etats ont réussi à effacer la mémoire de l’affaire Mécili de la liste des crimes politiques. C’est pour dire non à cette amnésie érigée en mode de gouvernement et de gestion de la société que nous sommes ici aujourd'hui. Nous n’oublions pas. Car comment oublier un ami aussi cher, un complice de tous les instants, un dirigeant politique d’exception ?
Nous n’oublions pas car l’assassinat d’Ali Mécili est emblématique d’un drame personnel et d’une tragédie collective : celle d’un peuple dont la souveraineté et la mémoire ont été systématiquement bafouées. Son itinéraire est un terrible raccourci de notre histoire : Ali Mécili s’est battu pour l’indépendance de l’Etat algérien puis pour la liberté des algériens dans cet Etat. Il a été exécuté pour avoir choisi de construire un Etat pour la liberté et non de tolérer un Etat contre la liberté. Nous savons tous ici que là résident la racine profonde et le coeur de la crise algérienne.
Commémorer sa disparition est dès lors un acte de salubrité publique. Car son assassinat ne constitue ni une bavure ni un " accident de parcours ". Il marque une constante depuis l’indépendance : la volonté du régime de détruire le politique et jusqu’à l’idée même du politique. Il marque aussi la volonté de casser toute médiation et tout médiateur crédible. Y compris par l’assassinat de ceux qui menacent la pérennité du régime : Ce sont presque toujours des hommes capables de penser et surtout d’organiser un débat et un combat politiques pacifiques et autonomes susceptibles de faire émerger des contre-pouvoirs démocratiques.
C’était le cas d’Ali abattu par un vulgaire proxénète sous contrat avec la Sécurité militaire. Mais c’est aussi la clé de l’engrenage qui a conduit l’Algérie à agoniser sous le joug d’un pouvoir devenu lui-même assassin et proxénète, faute de ne plus savoir à quels appétits étrangers vendre notre pays.
Inutile d’aligner chiffres, dates, noms, crimes, manipulations et prédation perpétrées contre l’Algérie, contre sa société, ses richesses et sa population pour comprendre que l’exécution d’Ali ne fut pas un accident de parcours. Elle ne fut pas plus une dérive du hasard. Elle est bien une allégorie de l’assassinat politique ciblé érigé en mode de gouvernance et de règlement des conflits. Ce n’est pas un hasard si après l’élimination des hommes " gênants ", c’est le peuple tout entier qui est devenu un ennemi à soumettre coûte que coûte pour ne pas s’être couché. Au cours de la terrible guerre contre les civils de la décennie 90, le régime s’est condamné à s’en prendre à des franges entières d’une société dont il a toujours eu peur. Sans pour autant renoncer aux meurtres ciblés qui sont restés une constante de cette sale guerre.
Ces meurtres ont une finalité : détruire ce qui échappe, ou risque d’échapper, au contrôle du système.
Ils ont un dénominateur commun : la certitude d’une totale impunité.
La nouvelle conjoncture internationale née des attentats du 11 septembre 2001 a permis à Alger d’aller plus loin: elle a transformé une guerre contre les civils algériens en premier combat à une grande échelle contre le terrorisme international.
C’est la meilleure manière de faire oublier les décennies d’incurie, d’injustices, d’arbitraire et de non-droit qui ont conduit l’Algérie à la catastrophe.
C’est la meilleure manière d’effacer jusqu’à l’existence d’une sale guerre qui a infligé tant d’années de souffrances aux Algériens. Comme si 200 000 morts, plus de 10 000 disparus et un million et demi de déplacés étaient peu de chose. Une sorte de comptabilité macabre et désincarnée derrière laquelle il n’y aurait ni drames individuels ni vies fracassées, ni familles endeuillées, ni centaines de milliers d’orphelins. Une " tragédie nationale ", comme ils disent. Sans responsables ni coupables.
Comme si la transformation de notre pays en champ de ruines, la dislocation de notre société où l’argent fait désormais office de valeur refuge, n’étaient que bavures et dégâts collatéraux.
Oubli, impunité, manipulations En ce sens, l’exécution de Ali Mécili est exemplaire. Exemplaire d’une gestion de la société qui a conduit au terrible échec de la décolonisation, comme aux violences qui ont ensanglanté l’Algérie à partir de 1992. Cette exécution est aussi édifiante de la perpétuation des rapports malsains qui semblent devoir lier le régime algérien à l’ancienne puissance coloniale. La complicité de l’État français dans l’affaire Mécili est un terrible précédent. Elle consacre en effet l’impunité qui permet au régime de continuer à gérer par la brutalité et la manipulation. Mais impunité, ne se limite pas aux seuls rapports avec l’ancienne puissance coloniale. Fort de cette impunité, le pouvoir algérien s’est assuré d’une suprématie sur la scène internationale. Cette suprématie est basée sur un activisme diplomatique forcené et sur une capacité réelle à jouer des rapports de force internationaux.
Le régime exploite notre position géostratégique et nos ressources énergétiques pour réduire au silence des pays européens dont les économies sont très dépendantes des hydrocarbures. Quitte à user de la menace de violence terroriste pour désamorcer les velléités de changement de cap de l’un ou de l’autre de ses partenaires les plus zélés.
Inutile de dire que la police politique reste l’acteur central de l’inspiration et de la conduite de cette politique. Elle demeure, contre vents et marées, la véritable colonne vertébrale de la diplomatie algérienne. L’envergure internationale de ces " services " s’explique aisément. A la faveur de la guerre de libération nationale, ils se sont implantés dans tout le monde arabo-islamique et, plus récemment dans les franges marginalisées de ces pays. Les moyens dont ils disposent, grâce notamment à deux décennies de monopole sur le commerce extérieur, ont fait le reste. Des cadres expérimentés et une expérience inégalée dans le tiers monde ajoutent à cette capacité d’intervention.
Résultat ? L’Algérie est considérée aujourd'hui comme un allié clé des Etats-Unis. Cette réussite renforce quotidiennement le partenariat Washington-Alger. Mais elle constitue un piège colossal : la garantie de subordination de notre pays.
Le 7 avril 1987, les services spéciaux d’Alger n’ont pas seulement enlevé un homme à sa famille et à ses amis. Ils ont paré au plus pressé en abattant celui qui avait fondé le journal Libre Algérie. Il s’agissait alors de doter l’opposition d’un organe d’expression autonome, et aussi d’un pôle autour duquel se rassembler et s¹organiser. Alger ne s’est pas trompé sur le " danger " : Ali était au carrefour de plusieurs dynamiques émergentes à Paris : le mouvement des jeunes culturalistes, le FFS, les jeunes réunis autour du MDA. La sécurité militaire avait aussi un objectif stratégique : anticiper sur l’avenir. Il fallait priver le front des forces socialistes, et l’Algérie toute entière, d’un cadre politique hors pair. Un cadre ancré dans la modernité et capable d’assumer une relève des générations dans ce pays où ce passage à témoin est crucial. Cet objectif était crucial car la police politique savait qu’elle ne parviendrait pas à " retourner " Mécili, comme tant d’autres avant et après lui. Pour avoir commencé sa carrière politique dans les services de renseignements, Ali connaissait trop bien la musique. Š. La SM lui vouait une hostilité toute particulière : comment pardonner à cet homme d’avoir en quelques sorte " trahi " en s’engageant dans le combat politique public en faveur de la démocratie ?
Vingt ans après, ne pas oublier Ali Mécili et combattre l’Omerta qui, à Alger comme à Paris, s’acharne depuis vingt ans à effacer jusqu’à son existence, c’est évidemment un devoir de mémoire. C’est une fidélité. Mais c’est aussi remonter aux origines de l’impunité dont la police politique se sent investie depuis 1987 et qu’elle a interprétée depuis comme il se devait : la possibilité de tout se permettre, partout et en toutes circonstances.
Notre présence ici, en ce jour, qui est aussi l’anniversaire du printemps berbère, montre que cela n’est pas acquis pour l’éternité. D’autres dictatures ont adopté des lois d'auto-amnistie : le Chili en 1978 ou l’Argentine en 1983. Des tentatives vouées à l’échec : bien des années plus tard, la mobilisation continue des familles de victimes a permis l’abrogation de ces lois. Et les généraux ont commencé à être traînés devant les tribunaux.
L’Algérie ne fera pas exception. En cette année 2007, nos compatriotes, nous dit-on, sont épuisés. Ils aspirent légitimement à la tranquillité, nous répète-t-on. Ils s’échinent à nourrir leur famille et ont tourné la page du politique. C’est sans doute vrai au sortir de tant de violences. Mais le combat des mères de disparus ou les résistances citoyennes et syndicales qu’on essaye d’étouffer montrent s’il en était besoin que l’oubli et le renoncement ne sont pas absolus et le crime jamais parfait.
La communauté internationale peut faire de l’Algérie un pays à part. Les Algériens, eux ne sont pas des êtres à part voués à être sacrifiés sur l’autel des hydrocarbures. Derrière les incantations démagogiques sur la souveraineté et la fierté nationales, jamais gouverner n’a autant ressemblé à une opération " intérêts économiques contre impunité politique ".
En 2007, les décideurs s’estiment toujours et avant tout propriétaires de l’État algérien. Ils ne se soumettent pas à la loi, puisqu’ils sont eux-mêmes la loi, ni à un quelconque devoir. Ils n’ont qu’un souci : transmettre les titres de propriété sur les richesses du pays à leurs " ayants droits ".
Mais le choix du conservatisme social et l’entretien d’un fondamentalisme religieux institutionnel ne constituent ni un projet ni une garantie pour l’avenir. Sans avenir et avec une jeunesse ayant pour tout passé l’effroyable décennie 1990, c’est une véritable bombe sociale qui a été amorcée.
Rétablir la vérité sur les événements majeurs qui ont marqué l’Algérie indépendante est plus qu’un devoir politique. Le passé est indispensable pour décrypter le présent et prévenir l’anéantissement de l’avenir.
Il ne s’agit pas de s’y réfugier d’une manière nostalgique, négative ou revancharde. Démystifier, briser l’Omerta, devient un enjeu prioritaire pour comprendre la nature de ce système et, partant, l’origine même de la crise. Faute de quoi, le sens du problème- et donc sa solution- restera insaisissable.
C’est ce déni de sens qui rend incompréhensible la crise algérienne, tout comme l’assassinat d’Ali Mécili. C’est la raison pour laquelle l’assassinat de mon ami Ali Mécili est plus que jamais d’actualité.
C'était il y a vingt ans. Le 7 avril 1987 exactement en plein Paris. Un obscur proxénète assassinait pour le compte du régime algérien un homme de cinquante ans dans le hall d'entrée de son immeuble du boulevard Saint-Michel. En quelques secondes et trois balles de 7,65 tirées presque à bout portant, Alger venait de se débarrasser d'Ali Mécili, infatigable porte-parole de l'opposition algérienne. Un rôle à haut risque en ces temps annonciateurs des grandes émeutes d'octobre 1988, mais où le mythe de l'« Algérie révolutionnaire » rendait tabou toute critique sur le pouvoir et les pratiques des généraux.
Dans les heures suivant l'assassinat de cet avocat au barreau de Paris, l'ambassadeur d'Algérie en France recevait un appel téléphonique insolite. Le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua tenait en personne « à l'assurer que l'Algérie n'avait rien à voir avec cette affaire ». Tout était dit. Et rien n'allait permettre de remettre en cause ce « message » adressé dès la première heure aux autorités algériennes : Paris les couvrait et garantissait leur impunité en les assurant d'emblée qu'elles n'avaient « rien à voir » avec la mort de Mécili. Bachir Rouiss, le ministre de l'Information algérien de l'époque, confirmera d'ailleurs sur Radio Monte-Carlo que ce message avait été reçu cinq sur cinq à Alger. « L'Algérie, affirmait-il, n'a absolument rien à voir avec cet assassinat et n'a jamais eu recours à de tels procédés. » Comme on le verra dans ce livre, ce pacte du silence entre Paris et Alger allait être plus fort qu'une enquête permettant très vite de savoir l'essentiel, plus fort que la multitude d'articles de presse pointant Alger du doigt ou que la mobilisation organisée autour d'Annie Mécili, la femme d'Ali, par le Comité Mécili. Il ne manquait qu'à sceller ce pacte : ce sera le renvoi par la France de l'assassin en Algérie en procédure d'urgence absolue.
Pourquoi la justice française ignore-t-elle les éléments nouveaux de l'enquête ?
Vingt ans après, rien n'a changé. Pourtant en 2003, un témoignage décisif est venu s'ajouter à une enquête déjà très édifiante quant à la responsabilité de la Sécurité militaire, la fameuse « SM », la police politique du régime algérien. Il concerne rien moins que la remise du prix de son forfait au meurtrier, un certain Abdelmalek Amellou. Cette déposition confirme l'implication dans l'affaire de Rachid Hassani, un capitaine de la SM qui apparaissait déjà comme l'agent traitant d'Amellou dans l'enquête diligentée à l'époque par les policiers français (1). Le 2 juillet 2003 donc, le colonel Mohamed Samraoui, ex-officier supérieur de la SM réfugié politique en Allemagne (2), était entendu par Baudouin Thouvenot, le juge d'instruction français désormais en charge du dossier.
En 1987, Mohamed Samraoui est chef de la section de prévention économique de l'armée pour la région Est. Fin juin, début juillet, trois mois après l'assassinat d'Ali Mécili, son supérieur hiérarchique, le major Abdelkader Chagraa, le convoque dans son bureau, où se trouve un certain « Monsieur Hassani ». La quarantaine, consul général à Berlin puis à Bonn, celui-ci dit se prénommer Rachid, même si sa carte de visite fait état d'un autre prénom, Mohammed Ziane. Samraoui est chargé par son supérieur d'accompagner Hassani à Skikda, une ville de l'est du pays où ce dernier ne peut aller seul, faute d'y être connu des services de sécurité locaux. À Skikda, Hassani et Samraoui se rendent à l'hôtel Salem, sur la terrasse duquel ils rencontrent Amellou, le petit truand assassin de Mécili. Réexpédié dans la plus grande discrétion à Alger par le duo Charles Pasqua/Robert Pandraud, l'homme s'inquiète pour sa voiture de sport et doute qu'elle soit, comme le lui assure Hassani, dans un garage de Béjaïa en Kabylie. Le ton va encore monter quand Amellou réclame « son argent ». Même si les billets remis par Hassani suggèrent une assez grosse somme, ce n'est visiblement pas suffisant. Hassani tente de calmer son interlocuteur en reconnaissant qu'il a « effectivement rempli le contrat ». Mais, fait-il valoir, c'est pour sa propre sécurité qu'il lui remet dans un premier temps une partie seulement de la somme prévue pour éliminer Ali Mécili (800 000 francs au total, environ 122 000 euros actuels). « Il a exécuté une mission d'un montant de 800 000 francs », expliquera Hassani à Mohammed Samraoui en lui confiant qu'ils « avaient eu des problèmes avec Amellou alors qu'il était caché à Alger » .
Ces éléments nouveaux justifieraient largement l'émission de mandats d'arrêt contre Amellou bien sûr, mais aussi contre Rachid Hassani. Aujourd'hui pourtant, trois ans après le témoignage de Mohammed Samraoui, la justice française n'a rien fait pour identifier, retrouver et entendre cet homme clé. Les pistes ne manquent pas : on sait par exemple qu'en janvier 2001, un certain Mohamed Ziad Hassini était consul général à Bonn. Le nom est si proche de celui figurant sur la carte de visite de Rachid Hassani que seule une lettre l'en différencie. Hassini, ou Hassani, fait-il toujours partie du personnel diplomatique ou consulaire algérien en Allemagne ? S'agit-il du même homme que celui qui apparaît tout au long du dossier et que le témoin entendu par le juge Thévenot affirme avoir vu remettre de l'argent au tueur trois mois après l'assassinat d'Ali Mécili ? Apparemment ces questions n'intéressent pas la justice française : une fois de plus, comme après le meurtre, celle-ci fait le dos rond.
La SM, une police politique au coeur du pouvoir
La forfaiture et la lâcheté de deux États ont réussi à effacer la mémoire de l'affaire Mécili de la liste des crimes politiques. Au point qu'au cours des dernières années, Annie Mécili n'est même plus parvenue à faire publier dans la presse française le moindre texte dénonçant l'impunité des commanditaires de l'exécution de son mari. Il n'y a là, hélas, rien de nouveau sous le soleil.
Depuis plus de quatre décennies, le régime algérien n'a pas seulement usurpé la souveraineté du pays, fruit du combat et des sacrifices de tout un peuple. Il a organisé, dès l'indépendance, l'amnésie pour priver les Algériens de leur Histoire. C'était à ses yeux la seule manière de régner en maître sans jamais risquer devoir rendre des comptes.
C'est précisément pour lutter contre cette amnésie érigée en mode de gouvernement et de gestion de la société qu'il m'a paru de salubrité publique, vingt ans après l'assassinat d'Ali, de rééditer aujourd'hui ce livre, que j'avais publié en 1989. D'autant que ce meurtre ne constitue ni une bavure ni un « accident de parcours ». Il marque au contraire une constante depuis l'indépendance de notre pays : la volonté du régime de détruire le politique et jusqu'à l'idée même du politique, de refuser et casser toute médiation et tout médiateur crédible. Au besoin par l'assassinat de ceux qui menacent la pérennité du régime : presque toujours des hommes capables de penser et surtout d'organiser un débat et un combat politiques autonomes.
Créée dès 1962, la police politique, dont le seul sigle - SM - a terrorisé les Algériens pendant près de trois décennies, y a toujours veillé. Théoriquement dissoute en septembre 1990, mais en pratique simplement rebaptisée DRS (Département de renseignement et sécurité), la SM a été depuis l'indépendance la plaque tournante de l'organisation d'un pouvoir occulte. Repérant et recrutant les meilleurs étudiants, elle a infiltré tous les appareils de l'État, les réseaux mafieux du pouvoir et tous les secteurs d'activité - sociaux, économiques, culturels et politiques -, avec une attention particulière pour les médias. Sa connaissance très « pointue » de tout le personnel politique et les liens très anciens existant entre eux font de ses dirigeants - et en particulier de son chef le général Mohammed Médiène - le centre de gravité autour duquel s'articule toute la vie politique. Véritable colonne vertébrale du système et seule institution à fonctionner vraiment en dehors du secteur des hydrocarbures, ces services spéciaux ont eu, dès l'indépendance, une obsession : contrôler au plus près la société afin d'y empêcher l'enracinement populaire de tout mouvement autonome et de prévenir l'émergence de contre-pouvoirs démocratiques.
En octobre 1988, un véritable séisme a ébranlé le pays le pays tout entier. Exclus et désespérés, des centaines de milliers de jeunes ont déferlé dans les rues en scandant : « Nous sommes des hommes, nous sommes des hommes ! » On pourrait s'étonner que ce formidable coup de semonce n'ait pas été fatal au régime militaire. D'autant que se profilait l'effondrement du système totalitaire soviétique : sa chute aurait pu entraîner dans son sillage son rejeton algérien. Il n'en a rien été. La répression féroce pour laquelle les généraux ont opté en constitue la raison la plus évidente : des tirs à la mitrailleuse ont écrasé la révolte d'une jeunesse à laquelle le régime déniait à la fois les conditions d'une existence digne et les moyens pacifiques de la revendiquer.
Ainsi en décembre 1991, la tentative de coup d'État visant à renverser le processus d'ouverture politique à Moscou a échoué, sans effusion de sang, alors qu'en Algérie, le coup d'État mettant fin à la transition démocratique a réussi le 11 janvier 1992. Une différence structurelle fondamentale entre l'Algérie et les systèmes staliniens « classiques » explique cette évolution opposée : le KGB était soumis au contrôle du Parti communiste soviétique - qui n'avait rien d'une fiction - et c'est sur ordre des autorités civiles que la police politique a mis en déroute les putschistes « contre-révolutionnaires ». En Algérie au contraire, la Sécurité militaire n'a jamais été soumise à aucune autorité civile. La police politique - version algérienne du KGB, de la Stasi et de la Securitate, qui ont formé nombre de ses cadres - était supposée dépendre de l'armée. En réalité, elle a toujours eu le monopole presque absolu de la politique. Et elle constitue même le véritable parti unique, contrôlant étroitement un FLN dont la « légitimité historique » lui a servi de feuille de vigne.
La décennie des affrontements fratricides de la « sale guerre » des années 1990 n'aura pas changé la donne. Elle a au contraire décuplé la puissance du DRS, autoproclamé gardien suprême de la patrie face au « péril vert ». Certes, la police politique n'est sans doute plus aujourd'hui le bloc homogène qu'elle fut. Traversée elle aussi par les luttes de clans et les rivalités entre « services », elle exerce néanmoins un quasi-monopole sur la réflexion, la prospective et la mise en œuvre politique des choix qui conditionnent le destin du pays (3).
L'assassinat ciblé, mode de gestion des conflits du pouvoir algérien
On ne peut comprendre l'exécution de Ali Mécili, comme les meurtres politiques « ciblés » qui l'ont précédée et suivie, si l'on ignore que l'assassinat s'est très tôt imposé en Algérie comme une procédure normale de règlement des conflits. Ali ne fut pas en effet la première victime de ces liquidations commanditées par les services secrets. En décembre 1957 déjà, en pleine lutte de libération nationale, les « services » de la révolution exécutaient Abbane Ramdane. Il avait eu le tort de dénoncer la volonté de puissance des colonels de l'ALN (Armée de libération nationale) et d'être le maître d'œuvre du fameux Congrès de la Soummam, qui proclamait en août 1956 la « primauté du politique sur le militaire ».
Ce fut le prélude à une longue liste d'assassinats : Mohammed Khider (janvier 1967) et Krim Belkacem (octobre 1970), deux opposants déterminés qui étaient aussi des chefs « historiques » de la guerre de libération ; le commandant Saïd Abid, ex-maquisard des Aurès promu après l'indépendance à la tête de la 1 re région militaire (Algérois, Kabylie), « suicidé » en 1967 dans son quartier général de Blida (4) ; Abdelkader Moulay, plus connu sous le nom de colonel Chabou, ex-sous officier de l'armée française et cheville ouvrière du ministère de la Défense, victime d'un accident d'hélicoptère en 1971 ; Mohamed Medeghri, le tout Premier ministre de l'Intérieur, lui aussi « suicidé » en décembre 1974. Homme de convictions, Medeghri était aussi animé d'un courage politique qui le poussa à signaler sans cesse au chef de l'État Ahmed Ben Bella - qui le limogea début 1965 - les dépassements de son appareil policier. Deux jours avant son « suicide », Medeghri avait confié par téléphone à Claude Julien qu'il se sentait « menacé » (5).
Ali Mécili ne fut pas non plus la dernière victime de la police politique, loin de là. Depuis son exécution, une décennie de guerre civile - qui a surtout été une guerre contre les civils - a ravagé le pays. Dans cette tourmente, armée et groupes armés islamistes se sont affrontés dans un terrible déchaînement de violences et dans des maquis à ce point infiltrés par les services secrets que, souvent, plus personne ne savait qui y manipulait qui.
Des années durant, ce pouvoir a supprimé des hommes « gênants » avant qu'à son tour le peuple tout entier devienne un « ennemi » à soumettre coûte que coûte. Sous couvert de lutte antiterroriste, le régime s'en est pris à des franges entières d'une société dont il a toujours eu peur. Pour autant, il n'a pas renoncé aux meurtres ciblés, qui sont restés une constante de la sale guerre des années 1990.
Le plus emblématique demeure évidemment celui d'un président, Mohammed Boudiaf, abattu en juin 1992 en direct devant les caméras de télévision pour, pratique typiquement maffieuse, valeur d'exemple. À plusieurs reprises, Boudiaf avait menacé les généraux de partir s'ils s'obstinaient à ne pas respecter l'autonomie de sa fonction. Les services spéciaux savaient aussi que sa volonté de se faire élire président au cours d'un scrutin en bonne et due forme avait un double objectif : se libérer du contrôle tutélaire du commandement militaire et créer une formation politique nationale qui déborderait fatalement les « lignes rouges » fixées au multipartisme de façade que les généraux aiment tant afficher. Ni les « décideurs » ni les « services » ne pouvaient prendre le risque de laisser se développer de telles initiatives : elles étaient susceptibles d'ouvrir un processus fatal pour un système qui nourrit une phobie à l'égard de toute organisation autonome de la vie politique et de la société. L'exécution de Mohammed Boudiaf devenait, dès lors, inéluctable. Elle obéissait au sempiternel refus de ce pouvoir de l'ombre qui constitue le cœur du système d'accepter la moindre prise de distance à son égard.
La liste des autres victimes « institutionnelles » de la police politique depuis 1992 est hélas fort longue. On ne compte plus ceux qui sont officiellement tombés sous les balles « islamistes », sans que cette thèse convainque quiconque. À défaut de pouvoir les évoquer tous ici, citons les victimes les plus notoires : l'ex-chef de la Sécurité militaire et ex-Premier ministre Kasdi Merbah en août 1993 (il paya de sa vie le fait notamment d'être perçu comme une alternative par certains cadres de l'armée) ; l'ancien ministre de l'Intérieur Aboubakr Belkaïd en septembre 1995 ; Abdelhak Benhamouda, le patron de l'UGTA, le syndicat officiel, en janvier 1997 ; et aussi plusieurs officiers de haut rang…
Certains de ces assassinats étaient destinés à empêcher toute émergence d'une alternative politique crédible, notamment dans le champ islamiste : ce sera le cas par exemple de l'élimination, le 22 novembre 1999, de Abdelkader Hachani, le plus politique des leaders du mouvement islamiste. D'autres visaient à envoyer des « messages » sanglants à un clan adverse. Le plus typique restera sans doute l'élimination, le 4 juin 1996, d'un proche du président Liamine Zéroual, le général Saïdi Fodhil, ex-chef de la 4 e région militaire. Son itinéraire et sa stratégie le qualifiaient pour occuper un rôle central à la fois dans l'encadrement et la modernisation de l'armée et dans l'élaboration d'une gestion de la crise plus politique que sécuritaire. D'autres enfin ont ciblé des intellectuels ou des journalistes, dont les meurtres étaient eux aussi toujours attribués aux groupes armés islamistes pour créer la confusion et faire basculer la société dans le camp du pouvoir. Le Front des forces socialistes n'a pas été épargné (6) : M'barek Mahiou, un de ses dirigeants, fut assassiné le 4 novembre 1994 ; Ali Azraraq, responsable fédéral et vice-président de la municipalité d'Omar Bouira, fut abattu fin mai 2005 ; tandis que Rabah Aïssat, président élu de l'assemblée de willaya de Tizi-Ouzou, l'était à son tour en octobre 2006.
Tous ces meurtres ont une finalité - détruire ce qui échappe, ou risque d'échapper, au contrôle du système - et un dénominateur commun : la certitude d'une totale impunité.
L'effacement d'un crime d'État
En ce sens, l'exécution de Ali Mécili est exemplaire d'une gestion de la société qui a conduit non seulement au terrible échec de la décolonisation, mais aussi aux violences qui ont ensanglanté l'Algérie à partir de 1992. Elle est tout aussi édifiante des rapports malsains qui semblent devoir lier, toujours pour le pire, le régime algérien à l'ancienne puissance coloniale. La complicité de l'État français, qui a tout fait pour étouffer ce crime, est un terrible précédent. Elle a consacré une impunité qui, depuis, ne s'est jamais démentie et a permis au régime de continuer, quarante ans après l'indépendance, de gérer aussi par la brutalité et la manipulation. Cette double composante - interne avec la volonté de priver les Algériens de leur histoire et de ceux qui ont contribué à la faire, externe avec un pouvoir assuré de l'impunité au plan international - rend le meurtre de Ali Mécili emblématique.
Le 7 avril 1987, les services spéciaux d'Alger n'ont pas seulement enlevé un homme à sa famille et à ses amis. Ils ont d'abord paré au plus pressé en abattant celui qui avait fondé le journal Libre Algérie pour doter l'opposition non seulement d'un organe d'expression autonome, mais d'un pôle autour duquel se rassembler et s'organiser. C'était là un danger potentiel réel, car Ali était au carrefour de diverses dynamiques émergentes à Paris, le mouvement de jeunes culturalistes, le FFS, les jeunes réunis autour du MDA de Ahmed Ben Bella…
Mais la Sécurité militaire avait aussi un objectif stratégique : anticiper sur l'avenir. Il fallait en effet priver le Front des forces socialistes, mais aussi l'Algérie tout entière, d'un cadre politique hors pair ancré dans la modernité et capable d'assumer une relève des générations dans ce pays où ce passage de témoin est crucial. Cet objectif était d'autant plus crucial que la police politique savait qu'elle ne parviendrait pas à « retourner » Mécili, comme tant d'autres avant et après lui. Pour avoir commencé sa carrière politique dans le MALG, les « services » de renseignements de la révolution, Ali connaissait trop bien la musique et le cœur du système. D'où l'hostilité toute particulière de la SM à son égard. Car comment pardonner à cet homme d'avoir en quelque sorte « trahi » en s'engageant dans le combat politique public en faveur de la démocratie ? En quarante-cinq ans de règne de la SM, qui a recruté des dizaines de milliers d'agents, les dissidents qui ont osé, comme lui, quitter ses rangs en dénonçant ses agissements se comptent à ce jour à peine sur les doigts d'une main…
Il ne manquait plus qu'à faire en sorte, grâce à la complicité des dirigeants français, que ce meurtre n'existe pas, qu'il soit totalement rayé des mémoires et ne figure dans aucune chronologie des événements qui ont marqué notre pays. Vingt ans après, ne pas oublier Ali Mécili et combattre l' omerta qui, à Alger comme à Paris, s'acharne depuis vingt ans à effacer jusqu'à son existence, c'est donc évidemment un devoir de mémoire. C'est une fidélité à un homme qui fut un ami très cher, irremplaçable, à un militant et à un cadre politique d'exception. Mais c'est aussi remonter aux origines de l'impunité dont la police politique algérienne se sent investie depuis cette année 1987 et qu'elle a interprétée depuis comme il se devait : la possibilité de tout se permettre, partout et en toutes circonstances.
L' omerta sur la « sale guerre » des années 1990
La nouvelle conjoncture internationale née des attentats du 11 septembre 2001 va permettre à Alger d'aller plus loin encore, en faisant croire au monde entier que les émules d'Oussama Ben Laden auraient fait leurs premières armes en Algérie au cours des années 1990. C'était la meilleure manière de faire oublier les décennies d'incurie, d'injustices, d'arbitraire et de non-droit qui ont conduit l'Algérie à la catastrophe. Et d'effacer jusqu'à l'existence d'une sale guerre qui a infligé tant d'années de souffrances aux Algériens.
Comme si 200 000 morts, plus de 10 000 disparus imputables aux forces de sécurité ou à d'autres groupes paramilitaires et un million et demi de déplacés étaient finalement peu de chose. Une sorte de comptabilité macabre et désincarnée derrière laquelle il n'y aurait ni drames individuels ni vies fracassées, ni familles endeuillées ni centaines de milliers d'orphelins. Comme si la transformation de notre pays en champ de ruines et la dislocation planifiée de notre société, où l'argent fait désormais office de seule valeur refuge après que tout a été fait pour assassiner le politique, n'étaient que bavures et dégâts collatéraux. Or tous les récits des Algériens montrent que traumatismes individuels et collectifs hantent un pays empêché à la fois de comprendre ce qui lui est arrivé et d'en faire le deuil.
Au sortir de cette sale guerre, désormais officiellement qualifiée du vocable de « tragédie nationale », sans responsables ni coupables, le régime a imposé sans le moindre débat ce qu'il présente comme une « réconciliation nationale » et qui est avant tout une autoamnistie. Ainsi le pouvoir ne se contente plus d'avoir confisqué aux Algériens leur droit à l'autodétermination. Il leur impose une lecture de l'histoire fabriquée de bout en bout, qui transforme une guerre civile en « premier affrontement d'envergure contre le terrorisme international ». À charge pour une loi (celle de février 2006 portant sur la réconciliation nationale) d'interdire formellement toute analyse, toute compréhension, tout débat, bref tout travail de mémoire sur ces « années de sang ». Autant que la violence inouïe subie durant une décennie, cet empêchement du « comprendre » et du deuil par l'affichage d'une mascarade de normalité obère les chances de guérison du corps social. Comment expliquer ce qui est arrivé ? Comment, sinon en guérir, en faire le deuil pour espérer se reconstruire ? Pour tenter d'échapper à un désespoir de masse qui est le meilleur sergent recruteur de tous les terrorismes.
C'est au demeurant une contradiction absolue avec l'exigence adressée au même moment à la France d'un travail de mémoire sur les méfaits de la colonisation. Mais le régime n'en a cure, préoccupé avant tout par sa volonté de tourner la page de cette guerre contre les civils, afin d'obtenir l'impunité pour l'éternité. Avant lui, d'autres dictatures ont adopté dans le même but des lois d'autoamnistie étrangement similaires dans leur formulation, comme le Chili en 1978 ou l'Argentine en 1983. Tentatives vouées à l'échec : bien des années plus tard, la mobilisation continue des familles de victimes a permis l'abrogation de ces lois, et les généraux criminels ont commencé à être traînés devant les tribunaux.
L'Algérie ne fera pas exception. En cette année 2007, nos compatriotes , nous dit-on, sont épuisés. Ils aspirent légitimement à la tranquillité, nous répète-t-on. Ils s'échinent à nourrir leur famille et ont tourné la page du politique. C'est peut-être vrai ponctuellement au sortir de tant de violences. Même si l'indiscutable amélioration de la situation sécuritaire relève autant de l'« éradication » des groupes armés que de la nécessité pour les autorités de baisser le niveau de la violence d'État, afin d'éviter de signer l'échec de leur « option militaire » et surtout de relancer ce qu'elles redoutent plus que tout : les demandes d'enquête internationale . Mais le combat obstiné des mères de disparus ou les résistances citoyennes et syndicales qu'on essaye d'étouffer quotidiennement dans le pays montrent s'il en était besoin que, même en Algérie, l'oubli et le renoncement ne sont pas absolus et le crime jamais parfait. La présence entêtée sur la tombe d'Ali Mécili, chaque 7 avril à Paris, de ceux qui ont fait un long parcours avec lui comme de ceux qui ne l'ont pas connu, ne fait que le confirmer.
Les Algériens sacrifiés sur l'autel des hydrocarbures
Si la communauté internationale s'obstine à faire de l'Algérie un pays à part, les Algériens ne sont pas des êtres à part voués à être sacrifiés sur l'autel des hydrocarbures. Derrière les incantations démagogiques du pouvoir sur la souveraineté et la fierté nationales assénées à longueur de discours, jamais en effet l'action de gouverner n'a autant ressemblé à une opération « intérêts économiques bien compris contre impunité politique ». Trente ans après sa tyrannie sanglante, Pinochet n'a échappé que par la mort à la justice qui le serrait de plus en plus près. À Buenos Aires, les tribunaux rattrapent les officiers de l'ex-junte argentine. En Algérie, rien de tel encore. Mais on aurait tort de croire que cette impunité serait définitive.
Le premier dans l'institution militaire, l'ex-lieutenant des forces spéciales Habib Souaïdia a dénoncé en 2001 les exactions commises par les services spéciaux pendant la « sale guerre » (7) . D'autres officiers algériens ont suivi. Leurs témoignages, toujours à visage découvert, ont été accueillis au mieux dans l'indifférence totale, au pire avec une hostilité attestant d'une volonté de les priver de toute légitimité. Curieusement, ce n'est pas, loin de là, l'accueil réservé en son temps aux dissidents de l'ex-Union soviétique. L'empathie à leur égard était telle qu'on les croyait sur parole et leurs écrits ont largement contribué à ouvrir les yeux sur la terrible réalité du goulag. Comment aurait-on pu par ailleurs comprendre et pénétrer les méandres de la mafia et de la camorra italiennes, systèmes aussi opaques que le régime algérien, sans les témoignages de leurs « repentis » ?
C'est pourtant tout le contraire qui se passe aujourd'hui avec l'Algérie. Cette omerta , ces yeux fermés sur les manipulations, y compris les plus grossières, du régime - que les responsables occidentaux ne se privent toutefois pas d'admettre en privé - ont conduit Alger à tout se permettre. En 2007, les « décideurs » s'estiment toujours et avant tout propriétaires de l'État algérien. Ils ne se soumettent ni à la loi, puisqu'ils sont eux-mêmes la loi, ni à un quelconque devoir et ils ont un souci majeur : transmettre les titres de propriété sur les richesses du pays et les circuits de corruption à leurs « ayants droit ». Ce n'est pas un hasard si chaque haut responsable a veillé à ce que l'un de ses fils au moins appartienne au DRS.
Mais le choix du conservatisme social et l'entretien d'un fondamentalisme religieux institutionnel ne constituent ni un projet ni une garantie pour l'avenir. Surtout quand la corruption, le régionalisme, le règlement de compte, le clientélisme et la remise au goût du jour de tous les archaïsmes font office de culture d'État. Par le meurtre, la terreur sous toutes ses formes, la non-utilisation des compétences et le népotisme, la société algérienne a été vidée d'une part essentielle de sa substance : l'exil ou l'abdication face à la loi du plus fort sont depuis longtemps les seules portes de sortie. Sans avenir et avec une jeunesse ayant pour tout passé l'effroyable décennie 1990 - sur laquelle elle est sommée de tirer un trait -, c'est une véritable bombe sociale que des généraux corrompus et ne reculant pas devant le crime ont amorcée.
Quand l'assassinat d'un opposant algérien à Paris, avocat français de surcroît, est passé à la trappe et que personne ne s'offusque du renvoi à Alger de son meurtrier, pourquoi s'étonner que les exactions commises par les services de sécurité au cours de la sale guerre n'aient rien à envier à celles des groupes armés qu'ils étaient censés combattre et qu'ils n'ont jamais cessé de manipuler ? Pourquoi déplorer l'« absence d'alternative politique » en Algérie et s'extasier sur les manifestations de prise de pouvoir pacifiques en Ukraine, à Belgrade ou ailleurs, en faisant mine d'oublier ce qui les a rendues possible : la garantie apportée de facto par la communauté internationale que les forces de l'ordre ne tireraient pas sur la foule.
Briser l' omerta
Rétablir la vérité sur les événements majeurs qui ont marqué l'Algérie indépendante est plus qu'un devoir politique. Le passé est indispensable pour décrypter le présent et prévenir l'anéantissement de l'avenir. Il ne s'agit pas de s'y réfugier d'une manière nostalgique, négative ou revancharde. Mais opacité, fictions politiques et institutionnelles ont édifié un théâtre d'ombre derrière lequel le pouvoir algérien s'est toujours abrité. Démystifier, briser l' omerta , devient dès lors un enjeu prioritaire pour comprendre la nature de ce système et, partant, l'origine même de la crise. Faute de quoi, le sens du problème - et donc sa solution - restera insaisissable. Et les crimes du passé, comme ceux de cette deuxième guerre, continueront, de faux répit en fausse solution, à dévorer les enfants de l'Algérie. Sans remords, on pourra alors continuer à considérer « incompréhensible » la violence qui a déstructuré notre société.
C'est pourtant ce déni de sens qui rend incompréhensible la crise algérienne, tout comme l'assassinat d'Ali Mécili, ainsi que ceux qui l'ont précédé ou suivi. Le cauchemar sanglant dans lequel l'Algérie s'est débattue depuis 1992, l'impossibilité de jeter les bases démocratiques d'une véritable stratégie de réconciliation nationale portée par la société ne sont que la conséquence de l'inaboutissement du rêve de liberté qui a poussé les Algériens à combattre la colonisation.
D'innombrables raisons peuvent être invoquées pour expliquer cette faillite. De même, bien des choses ont été dites sur le FIS, cette nébuleuse qui présentait une double caractéristique : avoir un véritable écho dans la société et vouloir s'emparer des leviers du pouvoir, tout en étant, dans le même temps, la formation la plus infiltrée par les services secrets. Je reste convaincu quant à moi que deux données majeures sont à l'origine du désastre des années 1990 : d'une part, la confiscation du droit à l'autodétermination du peuple algérien et la mainmise de la police politique sur les affaires du pays ; d'autre part, la manipulation du mouvement islamiste - qui précéda celle des groupes armés se revendiquant de l'islamisme - pour stopper l'élan de liberté et le changement qui se dessinaient dans la société.
Au sortir de la sale guerre, les « décideurs » du pouvoir militaire et les dirigeants civils qu'ils ont cooptés disposent toujours de la rente générée par les hydrocarbures et de l'assistance financière internationale. Tout indique dès lors que la gestion et le contrôle du pays se perpétueront à l'identique, avec toutefois des formes vaguement modernisées dans l'économie et aussi archaïques concernant l'instrumentalisation de la violence.
C'est la raison pour laquelle le devoir de tous les Algériens attachés à leur patrie est de déterminer les responsabilités des crimes et les violences de la « sale guerre » des années 1990, celles des généraux comme celles des groupes qui affirmaient se battre « au nom de l'islam ». Car c'est précisément la politique menée par le pouvoir qui a entretenu le terreau du fondamentalisme obscurantiste.
C'est aussi la raison pour laquelle l'assassinat d'un opposant algérien à Paris est plus que jamais d'actualité. Vingt ans après, il fallait rendre Ali Mécili à son histoire. Et aux Algériens.
Hocine Aït-Ahmed, 10 février 2007
Bienvenu(e)s, très cher(e)s compatriotes et ami(e)s, venu(e)s prendre part aux débats de cette session politique du Conseil National du FFS.
Un mot pour vous dire : Vous êtes chez vous.
Votre libre et franche participation à cet espace commun de libres et franches discussions portant sur les terribles régressions et souffrances culturelles, politiques économiques et sociales impitoyablement infligées à notre société tombe à point nommé. Nul doute que les contributions des personnalités et des syndicats autonomes, du mouvement associatif, des ONG nationales aboutiront à un diagnostic lucide et responsable et déchireront le voile des illusions savamment entretenu par les faux scénarii et les manipulations politiques électorales, économiques mensongers. Les enjeux stratégiques camouflés visent en réalité à empêcher systématiquement l'émergence et la visibilité d'une véritable société civile algérienne, qui est à la fois prélude et garante d'un avenir démocratique.
Nous avons le besoin et donc la volonté de reconstruire et d'amplifier ces rapports de franche camaraderie, de complicités constructives, de dévouements spontanés, d'initiatives et de jonctions militantes qui viennent de marquer l'hommage sincère et conséquent que nous avons rendu avec foi et espoir aux aînés du Congrès de la Soummam. C'est à eux seuls que nous devons d'assumer un devoir de mémoire que les impostures s'acharnent à effacer ; ils ont forgé et défendu, vaille que vaille, la primauté du politique sur le militaire. Rafraîchissons la mémoire d'en face - d'en-haut - mais si bas : la proclamation et l'application de ce principe fondamental fut l'un des moteurs des exploits militaires, politiques et diplomatiques qui ont imposé la victoire finale de la résistance populaire à la colossale expédition de reconquête coloniale.
C'est redire que la révolution algérienne est irréductible à un homme, à un appareil, à une caste et à de faux messies. "Confiez la révolution au peuple, il la mènera vers la victoire" disait Ben M'hidi. Dès lors, reconstruire ensemble et pacifiquement ce tissu spirituel et politique, c'est aussi aider les algériennes et algériens à retrouver leurs identités profondes, leurs dignités personnelles et collectives. Ils forgeront de leurs propres mains une dynamique de sortie de crise politique et démocratique.
J'aimerais vous associer à un hommage à deux grands humanistes démocrates qui viennent de disparaître, dont les immenses qualités intellectuelles et morales étaient mises au service également de l'indépendance de notre pays et de l'émancipation de notre société. Il s'agit de Mustapha Lacheraf et de Jean Pierre Vernant. Au-delà des moments de tristesse, des marques d'affection et d'estime.
Mustapha, compagnon de lutte et de détention, intellectuel engagé et intègre a voulu servir l'Etat qu'il souhaitait totalement décolonisé et sans compromissions. Sa proximité avec le pouvoir, n'a rien altéré de son jugement ni de sa rigueur. Ne s'est-il pas exclamé un jour dans une tribune officielle : "Je suis ministre de l'Education nationale, et non pas ministre de l'arabisation forcenée !" Il entendait ainsi marquer sa différence quand la mode était au consensus des zélateurs démagogues. Sa production intellectuelle est sans commune mesure avec sa carrière officielle. A la prison de La Santé, je m'amusais avec lui, - ex-prof d'arabe au lycée Louis Le Grand - à traduire en arabe les éditoriaux du quotidien Le Monde. Plus tard, ses visites au siège du FFS à Alger étaient des moments de bonheur pour les militants et pour moi-même.
Quant à Jean Pierre Vernon, grand chef de la résistance française et membre du Parti Communiste, il a su, sans rien renier de ses convictions, s'émanciper du Stalinisme conquérant de l'époque. Son engagement politique en faveur de l'indépendance de l'Algérie et de l'unité du Maghreb ne souffrait aucune équivoque. Dans un de ses ouvrages intitulé "Entre mythe et politique" il publiera la lettre adressée à la direction du PCF par la Fédération de France du FLN dont il approuvait les critiques acerbes concernant la trahison des principes anti-coloniaux du communisme.
Deux justes que tout séparait ; nés sur 2 rives opposées, baignés dans des environnements culturels différents. Chacun a creusé son sillon vers l'humanisme des Droits de l'Homme et une internationalisation solidaire des causes justes.
Ces deux parcours sont exemplaires ; ils doivent inspirer les nouvelles élites en voie de développement. L'un a su, tout au long de la guerre de libération, garder un lien organique avec un appareil sans partager les dérives de son fonctionnement totalitaire, sans adhérer à ses reniements, TOUT EN GARDANT SON AUTONOMIE PERSONNELLE et SON LIBRE ARBITRE. L'autre a démissionné et de l'appareil et de la politique pour se consacrer autrement aux idéaux de justice et de liberté.
Il est connu et reconnu que les systèmes dictatoriaux ont horreur de la libre pensée et interdisent tout espace de débat publique. Et même quand il s'agit de débats internes aux organisations de la société politique et civile, ils ne s'interdisent aucune forme de manipulations et de répressions pour détruire ou pour pervertir leurs activités et leurs espaces. Notre parti en a fait, et fait encore aujourd'hui, les terribles expériences. Mais il continue à résister à leurs assauts et à leurs forces spéciales... dont les quelques supplétifs dévoyés par la corruption et les promesses électorales.
Notre but est de ne jamais abdiquer notre autonomie avec l'espoir qu'elle pourra servir d'instrument à l'alternative démocratique incontournable, pour concrétiser l'objectif de guerre proclamé le 1er Novembre à savoir, La République Démocratique et sociale.
(...)
Cher(e) s camarades,
De ma vie, je n'ai vécu une situation aussi rocambolesque et insensée au sein du FFS. Pour la première fois où le Secrétariat national décide enfin de mettre en application notamment la plus stratégique des résolutions du 3e Congrès du parti, à savoir l'ouverture des structures du FFS à la société et prioritairement à notre jeunesse exclue de tout par le système d'oppression, voici qu'un groupe de soit disant militants contestataires flanqués de flics en civil décident de défoncer le portail d'entrée, de fracturer la serrure de la salle de conférences et d'occuper le siège national du parti, dans le but de forcer le Président à limoger le Premier secrétaire Ali Laskri, qu'il avait lui-même désigné.
Jamais le FFS où prévalent les principes politiques de respect, n'a connu de telles pratiques de truands dont la police politique a toujours usé et abusé pour contrôler les franges en colère de la société y compris les clubs sportifs.
Cette contestation qui fut annoncée la veille par la radio nationale puis montée en épingle par des journalistes aux ordres, au premier rang desquels les zouaves de l'inénarrable "dépêche de Kabylie" qui, de son vivant, auraient pu faire fuir de nouveau à Annaba le grand poète Si Moh Ou M'Hend, est loin d'être un phénomène de génération spontanée. Dans la lettre adressée aux militants et aux sympathisants à la suite de l'assassinat de notre frère et camarade Rabah Aïssat, le Premier Secrétaire, Ali Laskri souligne : "Le FFS est un des derniers territoires qui empêche de dictaturer en rond et en silence se voit être l'objet de toutes attentions de certaines officines." Ajoutant : "J'ai le devoir de vous alerter et le souci de ne pas dramatiser". C'est dans le même esprit et la même vigilance que je vous interpelle en tant qu'instance majeure responsable.
Je voudrais d'abord dénoncer, deux rumeurs mensongères et grotesques.
On fait circuler que "le Président est toujours désinformé ou mal informé". Comment assurer les militants et sympathisants du contraire ?
Sans informations crédibles je me serais souvent trompé d'analyses dans les moments les plus dramatiques ; comme lors de l'opération des Arouchs, par exemple. Les anticipations correctes qui me valent quelque estime, ne relèvent ni de la magie ni du bluff, mais de la connaissance prudente et suivie du terrain. C'est de cette manière que j'ai toujours essayé de coller aux réalités dans l'accomplissement de mes missions d'hier et aujourd'hui. Je me fie d'abord aux rapports du Secrétariat national, dont j'apprécie le dévouement, la compétence, l'esprit d'équipe, la modestie exemplaire et surtout leur qualité fondamentale : la franchise. Ce ne sont pas des menteurs, fabricants de fausses informations ou de vérités.
Du reste, par souci d'information, de travail en commun, de partage d'idées, de voisinage parentale entre les 2 instances élues par le Congrès, - ni trop de proximité ni trop de distance - j'avais demandé au Conseil national, lors de la session du 4 août 2006, un message d'appréciation portant sur la situation du pays et du parti. A ce jour, je n'ai pas eu de réponse. Certes, les statuts ne vous y obligeaient pas, bien sûr ! Pas plus qu'ils ne m'ont contraint moi-même à vous assaillir de commentaires et de conseils, comme si je manquais d'occupations par ailleurs. Mais que d'interrogations sur des problèmes sensibles ont été traitées par le même mutisme. Aujourd'hui, tout cela est secondaire. L'essentiel étant de réfléchir à nos insuffisances et de tirer les leçons de cette longue expérience qui, somme toute, a su jusqu'ici préserver l'unité du parti.
L'autre rumeur fantaisiste mais très récurrente auprès de la base est que j'ai gardé des contacts étroits et privilégiés avec des "proches", des "sages", des "historiques fidèles". Je n'ai reçu et ne tient à recevoir ces personnes quelque fussent nos liens passés, d'autant que certains d'entre eux s'appuient sur leurs propres prétendues initiatives de médiation qui ont déjà arraché au Président la promesse de mettre un terme au Secrétariat national. Je me pose souvent la question : Est-ce possible d'immuniser les militants contre la contamination du mensonge, alors que le mensonge est à la base de toutes les institutions et activités d'une gouvernance sans queue ni tête. Je vous avoue que je ne cesse de faire des efforts pour éliminer les mensonges, qu'ils proviennent des adversaires ou des proches et amis; l'enjeu étant de préserver ma propre survie morale et intellectuelle. A force de lutter pour ma décontamination personnelle, je finis par militer en faveur d'une décontamination publique à commencer par l'immunisation des structures du parti.
Ainsi, pendant que les autorités, les partis croupions et les notabilités en jachère donnent du Tamtam médiatique et multiplient les surenchères autour de la lutte contre la corruption, pendant que se déroule le procès de Khalifa Bank et que seuls les lampistes sont les acteurs d'une justice tragi-comique, on ne parle pas de ceux qui doivent réellement répondre de leurs actes ; on oublie de mettre en lumière la nature prédatrice du système qui gangrène tout ce qu'il touche et principalement une justice totalement prise en otage par les propriétaires de "l'Etat". On oublie enfin et surtout que la stratégie de normalisation et d'occupation des territoires autonomes visait principalement, mais indirectement le FFS. Après le printemps noir de 2001, l'irruption barbare des Arouchs, l'invasion de l'insécurité tous azimuts en Kabylie, l'assassinat de nos élus, nous nous trouvons ici et maintenant face à une étape stratégique de destruction directe du parti.
Mais à la différence des scénarii précédents, cette fois les tentatives de déstabilisation ont commencé par les actions suivantes :
Pendant ce temps se met en place contre le FFS et sous couvert du "rassemblement des démocrates soucieux de TAGMATS", un dispositif de déstabilisation des structures et des militants, dans le style des services et des spécialistes des coups bas. J'aimerais bien en savoir plus sur les positions de certaines notabilités du parti, qui magouillent dans ces eaux.
Il faut reconnaître que les services n'ont fait qu'exploiter la dégradation interne à l'organisation du FFS. Il n'y a qu'à passer en revue le profil des individus qui encadrent la fronde : ils sont connus de tous comme étant soit des corrompus, soit des escrocs, soit tout simplement des gens très proches des services. Et si des militants les suivent tout en les connaissant, c'est qu'à leur niveau ils ont un problème, qui avec le maire FFS, qui avec le responsable local de la section. L'un est déçu de n'avoir pas été mis sur la liste électorale précédente, l'autre sait qu'il ne sera pas sur la prochaine, certains encore, peut être les plus nombreux, représentent la clientèle d'élus FFS corrompus qui leur promettent un logement, un terrain ou un emploi. En plus de tout ça, nous voyons la réapparition d'éléments qui ont fait partie de toutes les dissidences précédentes. Mais ne perdons pas de vue que certains sont récupérables et c'est ce que je recommande instamment à Da Ali de faire.
Voilà. J'arrive au bout de cette contribution et je vous souhaite plein succès dans vos travaux. N'oubliez surtout pas que militants, sympathisants, notre belle jeunesse, à l'intérieur et à l'extérieur du pays suivent avec espoir le devenir du FFS. Et la poursuite rigoureuse des Conférences Politiques d'Evaluation.
J'espère que les ex-dirigeants finiront par sortir de leur mutisme pour condamner sans ambages ces pratiques maffieuses qui ne déshonorent que leurs meneurs et leurs inspirateurs. Leur silence serait un soutien à la conspiration. Il sera interprété par les services comme un signal de la part d'un fédérateur éventuel des "opposants" à une demande de soutien auprès d'eux. J'attends de vous particulièrement que vous démentiez la mystification qui présente les frondeurs comme les meneurs d'une simple contestation contre la direction alors que tout est mis en place, y compris le meurtre des frères Azraraq et Aïssat, contre le parti lui-même. Et contre son Président. En effet, comment lui être fidèle tout en occupant le siège jusqu'à ce qu'il chasse Laskri - la crème des hommes - qu'il a lui-même désigné.
Vos débats devraient également penser à ce qui nous attend, et ce qui nous guette et surtout à nous y préparer pour y faire face.
Soyons réalistes ,les plus vulnérables d'entre nous, ou les plus FRAGILES parce que TENTES, continuerons à être travaillés au corps pour les faire abdiquer et les soumettre ou pour le moins entretenir le doute et la confusion dans l'esprit des militants les plus sincères .
Par ailleurs , une même attention sérieuse s¹impose au sujet de l¹occupation et de la falsification du champ sémantique, par la propagande crypto-stalinienne.
Passent les manipulations qui pervertissent les notions fondamentales du politique et de la modernité, du patriotisme, de l¹dentité, de la réconciliation, qui les habillent de majuscules pour les vider de toute substance; elles sont devenues vulgaires à force de banalité. Par contre, nous devons recentrer davantage notre reflexion sur les conséquences destructrices de cette dynamique corruptrice des mots. Parce que portés par les matraquages médiatiques contre une population indigène dépouillée de toutes leurs libertés démocratiques et de leurs droits humains . Décidément les rapports entre la corruption du langage et la puissance corruptrice du langage nous ont fabriqué un cercle vicieux . A nous de contribuer à le briser . Et pour cela " regarder dans la même direction " , retrouver les objectifs stratégiques et l¹esprit FFS .
Nos institutions, les différents compartiments du parti doivent agir à deux niveaux : anticiper et dans le même temps fédérer, dans l'esprit de la plateforme de la Soummam, dans le parti, chez nos partenaires, dans la classe politique en général et dans la société autour de la pertinence d'une Constituante et de l'urgence d'une union autour d'un contrat clair pour la 2e République.
J'attend de chaque militant un engagement fo! rt pour préparer nos prochaines échéances internes dans la sérénité le débat apaisé. Aucune manoeuvre, aucune personne ne doit nous distraire de ce but. Ce sont ces conditions là qui garantiront et crédibiliseront notre détermination à être le creuset et le cadre qui perpétuera le contrat de Novembre.
(...)
Jeudi 18 janvier 2007
Permettez-moi chers camarades, chers invités de dédier ce conseil national, le premier de l'année 2007 à notre camarade assassiné, Feu AISSAT RABAH. Cette évocation est un des moyens de lutte contre l'érosion de la mémoire. Je le dédie aussi aux milliers d'algériennes et d'algériens, victimes de la salle guerre, de la violence et de la misère.
Chers amis, chers camarades, honorables invités
Je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation et d'avoir accepté de faire don de votre énergie et de votre temps pour débattre avec nous, des problèmes des citoyens, des problèmes de notre pays et de partager avec nous la réflexion pour rechercher ensemble les possibilités de dégager des solutions.
Je remercie particulièrement nos invités- conférenciers.
Chers camarades, chers amis,
Notre rencontre d'aujourd'hui s'inscrit dans la continuité des débats et des échanges avec les animateurs politiques et sociaux. L'enjeu, l'ambition, est d'œuvrer à fédérer toutes ces énergies pour recréer l'espoir, reprendre confiance et engager le pays sur le chemin de la liberté, la paix, la solidarité et la démocratie.
Durant des années, nous avons mené ce combat en croyant pouvoir faire échec dans le camp adverse; aujourd'hui, il s'agit de rechercher ensemble les moyens de faire la victoire chez nous-mêmes.
Cette mission, plus difficile que la première, nous impose de partager des valeurs, des principes et une éthique dans la parole et dans les actes et non des slogans et des discours sans lendemains.
Sur le plan politique : le pays est dans l'impasse et les risques d'une évolution rapide et incontrôlée de la situation ne sont pas à écarter. La panique qui s'installe dans le système à cause d'imprévus de calendrier risque de provoquer des déflagrations inattendues aux conséquences incalculables. Tout indique qu'à la moindre secousse, ce sont les piliers du système qui seront ébranlés. Un système construit sur la corruption, le régionalisme, la rente pétrolière et dont le fonctionnement n'est assuré que par la puissante police politique.
Vous avez remarqué toutes les confusions et l'imprécision qui caractérisent le fonctionnement des institutions. La révision constitutionnelle annoncée par le chef de l'Etat le lendemain de la mascarade présidentielle de 2004, les auditions de ministres et les remaniements répétés du gouvernement, les changements opérés dans le corps des wali et des chefs de daïra, la probable révision de la loi électorale, le nouveau découpage administratif… ne sont que des convulsions institutionnelles d'un système qui, ne pouvant engager le pays dans un processus politique sérieux, multiplie les effets d'annonce et s'invente des réformes pour tenter d'animer le vide, le temps que les arrangements s'effectuent au sein de la coupole des décideurs.
Aujourd'hui, la théâtralisation de la vie politique a atteint des seuils intolérables. La corruption est à son échelle exponentielle alors que les " institutions ", sont devenues l'arène de la pègre et des réseaux clientélistes. Le feuilleton KHALIFA en est l'une des démonstrations. Il y a quelques années, cet empire financier a été présenté par les plus hautes autorités du pays comme étant un modèle de réussite et de créativité. Une certaine " élite " a même été jusqu'à décerner la palme de " manager de l'année " au vrai faux " patron " du Groupe.
Aujourd'hui, nous assistons à un autre type de supercherie, c'est-à-dire une supercherie sophistiquée, qui tente de réduire la responsabilité d'un système, coupable de crimes politiques, de crimes économiques et de crimes contre l'humanité, à une simple affaire de caissiers, d'hôtesses de l'air et de gardes du corps personnels.
Aujourd'hui, nous assistons à un autre type de supercherie, c'est-à-dire une supercherie sophistiquée, qui tente de réduire la responsabilité d'un système, coupable de crimes politiques, de crimes économiques et de crimes contre l'humanité, à une simple affaire de caissiers, d'hôtesses de l'air et de gardes du corps personnels.
Cette contestation sociale pas encore coordonné témoigne à lui seul de la nécessité d'une convergence des efforts dans un cadre et un creuset de valeurs et de revendications communes.
Quant à nous chers amis, tout en tenant compte de cette situation, nous devons rester dans nos choix stratégiques de proximité avec la population. Ce sont les citoyens qui encore et toujours subiront les conséquences d'une évolution néfaste de la situation. C'est pour cette raison, que le FFS s'entête à considérer que le retour à la démocratie reste la seule voie qui permettra de sortir le pays de cette crise. Dans toutes nos rencontres avec les militants, les syndicalistes, les associations et nos partenaires, j'insistais et j'insiste encore à dire que la vocation d'un parti de gauche comme le notre, c'est d'œuvrer à bâtir à plusieurs un nouveau pacte social pour tous les algériens.
Notre ambition est de stopper les métastases maffieuses de ce système en faisant œuvre de pédagogie politique pour une reconstitution du lien social. Notre société recèle un potentiel démocratique extraordinaire, une énergie de mobilisation importante.
Les politiques doivent formuler, murir et engager ce potentiel et cette énergie dans la reconstruction démocratique du pays et de la société.
Sur le plan international, l'option militariste qui domine les " relations internationales " est chargée d'aventures sanglantes qui risquent de conduire à une dévastation des sociétés et des peuples. Alors que les citoyens dans beaucoup de pays se trouvent confrontés aux méfaits d'une globalisation sauvage, les régimes dictatoriaux qui souffrent de l'absence de toute légitimité, trouvent une aubaine pour se faire incorporer dans une globalisation de la FITNA. Un moyen par lequel, ils matent leurs sociétés, violent les droits de l'homme en toute impunité.
Face à cette logique infernale, notre préoccupation aujourd'hui et toujours, est de joindre notre voix à celle et à ceux, nombreux qui militent pour la mondialisation de la paix et de la démocratie.
Je me limiterais à cela, je laisse le débat enrichir davantage nos débats et vous souhaite une bonne réussite.
Le conseil national du Front des Forces Socialistes, réuni en session ordinaire les jeudi 18 et vendredi 19 janvier 2007 a débattu de la situation politique, économique et sociale du pays ainsi que des perspectives du parti sur les plans de son action et de son organisation, il a adopté les résolutions suivantes :
L'analyse approfondie de la situation du pays, fait clairement ressortir le décalage criard qui sépare le discours officiel affirmant la réussite du " redressement du pays " et la réalité quotidienne qui se caractérise par la poursuite de la politique de fuite en avant, du mensonge et du mépris envers le citoyen.
Le pays est toujours sous état d'urgence avec ses corolaires de lois et de dispositifs d'exception bridant ainsi toute vie politique, associative et syndicale. Ce dispositif continue à servir d'instrument pour continuer de bafouer les droits politiques, économiques et sociaux du citoyen et à rendre illégale toute action de protestation, de dénonciation ou d'auto-organisation de la population.
Sous couvert de " redressement " du pays, les autorités du pays fomentent et organisent à ciel ouvert, des coups d'Etat scientifiques dans toutes les organisations et partis politiques pour les obliger à se repentir et à se soumettre à la loi du silence, de la force et des putschs. L'objectif du pouvoir est de réduire les espaces publics et d'expression à l'immobilisme et à l'inaction individuelle et collective, pour rendre inefficiente toute action ou réaction de dénonciation des multiples atteintes aux droits des citoyens.
Les syndicats autonomes, la presse privée, les militants des droits de l'homme et les animateurs politiques et sociaux autonomes, subissent toutes sortes de restrictions, de violences et de privation.
L'abolition des libertés d'expression, d'organisation et d'association par la force et la brutalité, constitue la plus grande défiance à l'égard du développement. Les syndicats autonomes, leviers de la démocratie politique et sociale sont réprimés et non reconnus malgré leur légitimité acquise sur le terrain des luttes et de la mobilisation.
Le pouvoir s'entête à vouloir imposer un syndicat unique, devenu l'appendice bureaucratique d'un régime anti populaire. L'UGTA, sensée pérenniser le combat pour la conquête des libertés, se voit aujourd'hui transformée, par le biais d'un club de rentiers, en instrument de la domination sociale.
Les algériens vivent dans des conditions sociales intenables. La hausse historique des revenus du pétrole n'a eu aucun impact positif sur les conditions de vie des citoyens. Bien au contraire, la pauvreté a atteint des seuils intolérables, la désintégration sociale a conduit à l'apparition et à l'accentuation de fléaux (suicides, prostitution, toxicomanie…) jusque là marginaux.
Aujourd'hui, la réalité du pays montre qu'une minorité (10% environs) représentant la classe officielle, détient plus de 70% de richesses, alors que sept millions d'algériens vivent au dessous du seuil de pauvreté et près de 14 millions de personnes sont plongés dans la précarité, victimes de violations flagrantes de leurs droits fondamentaux.
Le pays est rongé par une corruption sauvage et sans limite. Le patrimoine national et les ressources du pays sont devenus une propriété privée de la caste dirigeante. La justice sensée contrôler la légalité et la légitimité de la propriété est devenue l'instrument par lequel s'organise le transfert de la propriété publique vers les cercles maffieux et se légalise la corruption, et la falsification économique et financière.
La grande supercherie " KHALIFA " qui se déroule actuellement au tribunal de BLIDA en est le meilleur exemple. Un empire financier ayant causé des préjudices incalculables sur l'économie nationale, bénéficiant de la complicité des plus hautes autorités du pays, constitué par les affairistes du système, présenté à l'étranger comme garantie et modèle d'investissement par les cercles propagandistes de la police politique, mis en place à l'ombre da la salle guerre, ordonnée, menée et gérée par le cabinet des décideurs, se voit aujourd'hui réduit à un feuilleton théâtrale digne de républiques bananières.
La transformation de l'affaire " KHALIFA ", une affaire éminemment politique, en une supercherie judicaire, est la preuve flagrante de la complicité, de la responsabilité et de la persistance de la politique maffieuse des décideurs.
La transformation de l'affaire " KHALIFA ", une affaire éminemment politique, en une supercherie judicaire, est la preuve flagrante de la complicité, de la responsabilité et de la persistance de la politique maffieuse des décideurs.
Convaincu que seule la restitution de l'intégralité des droits aux algériennes et aux algériens dans un cadre démocratique et sous le contrôle d'une justice indépendante, pilier de l'Etat de droit, est à même de réunir les conditions du retour à la paix et à l'avènement d'une république démocratique.
Le Front des Forces Socialistes, reste engagé et s'associe à toutes les initiatives visant à défendre et à élargir les espaces de la contestation démocratique aux cotés de l'ensemble des acteurs politiques et sociaux autonomes ;
Le FFS considère que les libertés syndicales sont un des éléments moteurs de la transformation politique et sociale du pays et constituent un des piliers de la construction démocratique de l'Etat et de la société. Le FFS est convaincu que les libertés syndicales sont au carrefour de toutes les libertés démocratiques et qu'elles sont l'intersection de l'ensemble des pactes internationaux qui portent sur la sauvegarde et la promotion de la personne humaine ;
Le FFS appelle les algériennes et les algériens à refuser le dictat imposé par les autorités dans le silence complice d'une communauté internationale liée par un véritable " pacte de lâcheté " à l'égard de notre pays.
Le FFS appelle les algériennes et les algériens à se mobiliser pour rendre possible et irréversible la construction démocratique du pays et de la société.
Le conseil national dénonce unanimement et sans ambigüité les agissements et les actes de violence commis par des prétendus militants-contestataires contre les instances et le siège national du parti. Les membres du conseil national dénoncent également les tentatives de déstabilisation du parti et appelle les militants à rester vigilants pour déjouer les complots et les tentatives de renversement de la ligne politique et des instances du parti.
Notre camarade, notre frère, notre compagnon AISSAT Rabah a été lâchement assassiné le 12 octobre 2006.
Dès que vous avez appris la terrible nouvelle, vous vous êtes mobilisés avec célérité et méthode, chacun selon ses moyens mais hélas malgré tous vous efforts, " Aami " Rabah a rencontré son destin.
Vous avez été des milliers à vous recueillir devant sa dépouille et plus nombreux encore à l'accompagner à sa dernière demeure dans un cortège qui restera gravé dans la mémoire de cette région.
Je tiens à saluer encore la mémoire de notre camarade.
Je tiens à saluer et vous avec moi le courage la tenue et la retenue de sa merveilleuse famille qui a su faire partager cette noble attitude à toute l'assistance. Décidément les humbles gens continueront à nous assener des leçons de dignité même dans les moments les plus pénibles pour eux.
Je tiens à saluer aussi ces centaines de femmes de tout age, de toute condition, de tout horizon qui par leur présence et leur soutien ont tenu et voulu alléger la douleur de chacun.
Je tiens aussi à saluer tous nos compatriotes venus à la hâte de toutes les régions du pays particulièrement ceux qui ont bravé le long trajet du vaste " sud " en ce jour de ramadhan.
Je sais et je ressens votre douleur à nous séparer d'un compagnon de la TREMPE DES JUSTES dont les qualités furent reconnues et admises par tous.
Cette douleur est d'autant plus vive qu'il s'agit d'un lâche assassinat, mais y a-t-il un assassinat autrement que lâche !!! Cette douleur est encore plus vive quand on sait qu'il s'agit d'un crime planifié et prémédité et à Dieu ne plaise, nous avons le pénible sentiment qui' il restera aussi IMPUNI et que ce n'est pas le DERNIER. Nous tenons ce pénible sentiment de l'issue des assassinats politiques, des crimes et attentats passés. Trop de similitudes nous les rappellent.
Pour réagir, j'ai tenu d'abord à recueillir différentes opinions et tente d'avoir le maximum d'informations tout en respectant le délai de décence requis par cette situation.
Chers amis : Qui a été tué ?
Il s'agit d'un élu, et cela nous renvoie aux peripeties qu'a connu l'acte électoral depuis 1990. De l'arrêt du processus électoral en passant par le trucage à ciel ouvert et de façon industrielle de scrutins, on arrive à empêcher les électeurs de voter et si malgré tous ces obstacles, une élection est remportée, on dissout l'assemblée qui a été auparavant vidée de toutes ses prérogatives pour terminer par la liquidation physique de l'élu.
Pour quelles raisons et pour quelles visées " Aami " Rabah a - t- il été assassiné ?
J'ai recueilli plusieurs opinions
Il y a ceux qui privilégient la thèse du GSPC : l'aile jusqu'au boutiste veut gêner les rédditionistes.
La rivalité des politiques a des répercussions directes sur les maquis et vice versa. Ils lient la disparition du fils de BELHADJ et l'assassinat de " Aami " Rabah à cette course au leadership sur la scène islamiste
Il y a ceux qui privilégient une autre thèse, celle de la guerre des clans au niveau de pouvoir, l'un voulant gêner l'autre, l'un voulant discréditer les résultats et orientations de l'autre.
D'autres avancent que la kabylie sort lésée de l'opération de réconciliation nationale. Elle n'a rien obtenue de la rente induite par cette opération et les promoteurs du tout sécuritaire ont été marginalisés avec beaucoup d'ingratitude, ils se rendent ainsi indispensables et se replacent dans les dispositifs de cooptation et du partage du sérail.
Dans leur cynique détermination, ils affirment que la finale de la crise, avec un vainqueur et un vaincu, se jouera en kabylie.
Pour nous, force est de constater que toutes ces allégations assenées sans preuves, sans aucune rigueur relèvent du niveau des discussions de café de commerce.
Ces allégations dénotent que la bipolarisation dont notre pays a tant souffert est encore l'alpha et l'oméga de leur pensée. Dans cette dichotomie manichéenne s'opposer à l'un c'est cautionner les dérives de l'autre, s'opposer à l'autre c'est se résigner à la férule de l'un. Alors que leur interconnexion clandestine ou officielle est avérée Tout se passe pour " cette société civile là " comme si le débat en Algérie devait se résumer soit à l'option de la théologie de la coercition de l'interdit et de la répression des femmes, soit à l'option de la doctrine sécuritaire de l'état répressif à souhait, de l'interdit et du refus de la différence. Ceci ne nous rappelle t il pas l'impasse de 1990-1991.
Le système et sa périphérie complice n'ont en fait, changé ni de méthode, ni de stratégie, ni d'hommes si ce n'est que dans un jeu de chaises ceux qui étaient dans l'ombre à l'époque sont aujourd'hui aux commandes et ceux qui étaient aux commandes à l'époque sont aujourd'hui dans l'ombre.
La gouvernance se fait encore hors normes et hors la loi illégalement et illégitimement.
En 1991, le système explique la crise politique par la crise économique et financière.
En 2006, malgré l'état de sur-liquidités, la crise politique est encore là tout aussi grave et tout aussi paralysante. En fait, n'est on pas en train de réamorcer la machine à tuer après une relative accalmie.
L'éternelle stratégie de tension et de terreur pour différer le retour à une vie institutionnelle ordinaire se voit confirmée par le maintien de l'état d'urgence qui n'empêche ni les assassinats, ni les rapts, ni les rackets, ni la corruption généralisée. Il empêche néanmoins l'expression d'une activité politique publique normale.
Dans quel contexte " Aami " Rabah a-t- il été assassiné ?
Chers camarades, chers amis, c'est pour toutes ces raisons que je vous demande d'être attentif au contexte dans lequel cet odieux crime s'est produit tant au plan partisan, régional, national et international.
J'ai le devoir impérieux de vous alerter et le souci de ne pas dramatiser.
Le FFS un des derniers territoires qui empêche de dictaturer en rond et en silence et sans témoins se voit être l'objet de toutes les attentions de certaines officines. (L'informalisation et la privatisation avancées de l'état et de ses démembrements nous permettent d'utiliser cette expression).
Ces dernières semaines ont vu naître une agitation organique mediatico-mondaine que vous avez su contenir et réduire.
Quelques mois auparavant c'est la fédération de Ghardaïa qui se voyait criminalisée par les relais locaux du régime et depuis quelques semaines un de nos sympathisants à Ghardaia est sous le coup d'une condamnation à perpétuité pour un crime dont il est innocent. Le comble de la violence et de l'horreur aura été atteint par la funeste tragédie qui a emporté " Aami " Rabah.
C'est avec un esprit de responsabilité que je vous alerte sur les risques d'une agitation à grande échelle en Kabylie et ailleurs dans les jours semaines et mois à venir.
Les signes précurseurs sont déjà là : des niveaux inégalés d'insécurité, des niveaux inégalés de chômage, de malvie couplés à une compagne permanente de dévalorisation et de décrédibilisation du politique.
Les régimes autoritaires aiment pousser les populations à demander de l'ORDRE là où il y a besoin de débat et de proximité et ils les poussent d'autant plus vite d'autant plus largement là où il y a déjà départ et proximité ils le font d'autant plus volontiers quand ils savent que leurs bilans malgré la rotation des clans ne sont guère reluisants . Habitués à ne jamais rendre des comptes et ne jamais assumer les conséquences de leurs actes et de leurs gestions, ils recourent à la stratégie de fuite en avant.
La violence et la criminalité qu'ils disaient passagères sont devenues endémiques. Elles sont même la norme de gouvernance et par mimétisme la pratique d'une certaine opposition.
Le pays est géré par la ruse, le mensonge et le fer avec une flagrante complicité internationale.
L'administration Algérienne n'a - t elle pas su devenir un poste avancé de l'Europe pour la lutte contre l'émigration clandestine et n'a-t-elle pas su se faire reconnaître experte en matière de prétendue lutte antiterroriste, alors que l'Algérie en matière de lutte contre la corruption et dans la réalisation des objectifs du millénaire, dans le respect des droits de l'homme occupe des place peut honorable voire infamante.
C'est à se désespérer quand le lexique politique ambiant d'un certain microcosme se limite à l'arithmétique du nombre des vendus, des corrompus, des rendus , des disparus et des faux disparus.
Quelle gâchis quand on mobilise des fonctionnaires brillants, des officiers méritants et des diplomates chevronnés , à défendre un système et une caste condamnée par ses incuries et ses incohérences.
Alors que Novembre les a rêvé au service de leur société et de leur patrie.
Quelle gâchis lorsque une société fait chaque jour le deuil de ses espoirs d'égalité, de légalité et de légitimité.
Chers amis, il existe néanmoins des oasis de compétence, de bravoure, de clairvoyance ou se réfugie notre esprit de résistance partout dans notre pays dans tout les pans de la société. Permettez moi de citer la victoire des syndicats autonomes, la victoire des cadres de Sonatrach, d'Universitaires et de Journalistes et autres personnalités qui ont su faire reculer l'UKASE appelée loi sur les hydrocarbures.
Chers amis c'est toujours dans les moments difficiles que notre peuple a su ressurgir.
L'histoire lointaine et récente de notre pays nous a démontré que lorsque des hommes et des femmes probes et crédibles font confiance à leur peuple et que celui-ci à leur tour les honore de sa confiance l'impossible d'hier devient le possible d'Aujourd'hui et la réalité de demain.
Tous ensemble dans l'esprit de Novembre, dans l'esprit de la Soummam et dans l'esprit du contrat national et refaisons le serment fait lors de la commémoration du 20 Août 2006 qui engage le FFS à concrétiser le rêve de Novembre et à être un instrument performant et crédible au service de l'alternative démocratique et sociale en Algérie et à le demeurer.
Chers amis permettez moi de m'adresser encore à " Aami " Rabah, pour lui dire que je passerai la fête de l'Aïd avec les siens qui sont désormais les nôtres.
Je présente mes sincères condoléances à ses électeurs.
Le Premier Secrétaire National Ali LASKRI
Chers amis,
Je vous soumets ces quelques idées comme contribution à la préparation de votre rencontre avec la presse.
Suite à l’extraordinaire mobilisation militante et citoyenne à l’occasion du cinquantenaire du 20 août 56, nos compatriotes, ceux qui se sont déplacés de toutes les régions du pays, comme ceux qui les ont accueilli et hébergé doivent être salués. Avec une mention spéciale pour les femmes. Ils et elles ont montré de manière éclatante l’attachement des Algériennes et des Algériens au lien national et à la plateforme du Congrès de la Soummam.
Les Conférences Politiques d’Evaluation ont été l’occasion d’ouvrir, au sein des structures du FFS, un large et libre débat. Elles ont permis l’évaluation du parti, ses insuffisances, ses succès et la compréhension des enjeux de la situation politique du pays, en particulier en Kabylie.
L’émergence de nouveaux cadres politiques, la p résence et la participation remarquables des syndicalistes et des jeunes, consacrent notre détermination à concrétiser la plus stratégique des résolution du 3 e Congrès : l’ouverture.
Tout en vous renvoyant au message que j’avais adressé à la session du Conseil national tenue le 17 juillet 2003, je note que l’apparition, en ce moment, d’un groupe de contestataires dans le parti n’est pas innocente. Elle vise à détourner cette ouverture vers la société, à empêcher la capitalisation de notre proximité avec les mouvements sociaux, et à nous éloigner de nos sympathisants et de nos partenaires politiques.
Elle vise aussi - tout comme l’approche « TAGMATS » - à entretenir les doutes, semer toujours plus de confusion et fausser les représentations politiques en particulier en Kabylie.
Elle vise surtout à prendre en otage les 4e assises de notre parti. Les meneurs de cette opération de renversement de notre ligne politique, identifiés depuis un certain temps, ne désespèrent pas de faire de nos structures un appareil squelettique, coupé des préoccupations de nos concitoyens, au service d’une ambition : leur propre avenir politique et électoral.
Nous ne devons pas perdre notre boussole politique en nous laissant entraîner dans la gestion d’une nouvelle « crise ». Le traitement de ce nouveau feuilleton destiné à aligner le parti sur une logique de banalisation et de dépolitisation doit être exemplaire.
Il faut poursuivre l’adaptation du FFS à l’exigence politique d’ouverture. Et continuer inlassablement à réunir les conditions de transformation de notre organisation en un véritable instrument de contestation pacifique au service de la démocratie.
Je vous renouvelle mes félicitations pour les initiatives que vous prenez et pour votre inébranlable volonté à faire du parti un instrument de la construction de l’alternative démocratique.
Je dois me souvenir et je me souviens que la génération de Novembre s’était engagée à libérer le pays, à édifier une République démocratique et sociale et à réaliser l’unité du Maghreb.
Je dois témoigner, et je témoigne, que le premier objectif a été réalisé et que les deux autres restent des engagements, des dettes que nous devons HONORER.
Je dois m’engager et je m’engage à défendre ces 10 points :
a- l’unité nationale
J’ai et nous avons au moins 1 million et demi de raisons de vivre ensemble dans une Algérie UNE et indivisible.
b- la cohésion nationale
Le vivre ensemble dans l’harmonie réside dans le respect mutuel, dans la civilité des rapports humains et le civisme dans les comportements.
c- la République
Mère de chaque citoyenne et de chaque citoyen, de toutes les citoyennes et de tous les citoyens. Il n’y a de légitimité que la légitimité populaire donnée par le suffrage universellibrement exprimé dans l’accession à l’exercice du pouvoir.
d- la démocratie
Celle qui garantit l’alternance. Celle des droits de l’Homme, de tous les hommes, de chaque personne humaine, de toutes les personnes humaines. Celle de la liberté, toute la liberté, toutes les libertés, individuelles et collectives, de penser, de dire, de croire, de ne pas croire, sans attenter en quoi que ce soit, et où que ce soit, à la liberté de l’autre. A chaque liberté correspond un devoir et une responsabilité.
e- la justice sociale
Le droit à une vie digne dans la sécurité et dans l’intégrité physique et morale est un droit naturel et inaliénable. Je me dois d’être à coté et au milieu des « humbles gens », des « honnêtes gens » et des « braves gens ». C’est mon terreau, c’est mon peuple, c’est ma société. C’est ma communauté.
f- l’identité
Mon identité forgée par les siècles et faite d’humanité, d’universalité, d’amazighité, d’arabité, d’islamité et de liberté. Ce creuset à forgé mon patrimoine. Chaque segment me détermine dans l’osmose avec les autres, et aucune dimension n’ampute ou ne discrimine l’autre. Je reste ouvert aux apports de l’humanité entière à qui je « donne » et j’ « emprunte » dans un perpétuel mouvement d’échange.
g- spiritualité
Le rituel relève de la volonté individuelle. La spiritualité est notre ciment social et l’islam structure notre morale de base, individuelle et collective.
h- Les patrimoines
Qui nous ont été transmis par nos ascendants et que nous devons préserver pour les générations futures. Qu’ils soient matériels (richesses, trésors architecturaux ou artistiques) ou immatériels, comme l’esprit de résistance, de solidarité, d’altruisme et de création.
i- l’égalité
Egalité entre la citoyenne et le citoyen que lient les contrats de la république.
j- l’État
L’Etat et ses institutions qui doivent respecter la discipline légale : leitmotiv de tous et pour tous. Rendre l’Etat à la Nation et cesser les pratiques de l’Etat contre la Nation. Lutter contre les « abus de pouvoir » d’où qu’ils viennent et quels que soient les victimes qui les subissent.
Pour réaliser ce cahier de charges, et redonner du sens à ce qui a été vidé de sons sens originel, une charte d’Ethique doit être respectée, et je m’engage à la respecter.
Je dois m’engager et je m’engage à promouvoir la culture de non violence, à renoncer définitivement à toute violence ou tentation de violence, même si elle m’est opposée.
Je m’interdis de recourir à toute forme de violence, physique, verbale et même du regard.
Je m’interdis de diffamer mes diffamateurs.
Je m’interdis tout esprit de vengeance.
Je m’interdis de torturer mes tortionnaires.
Je m’interdis toute forme de coercition.
Je m’interdis d’imiter les travers de mes adversaires.
Je m’engage à respecter et à promouvoir : l’éthique du débat apaisé, la convergence consensuelle et le contrat public et transparent.
En cas de conflit, je privilégierai toujours le débat apaisé, l’argument persuasif, la procédure démocratique et la voie pacifique.
En ce lieu et en ce moment, et dans l’esprit de novembre et de la Soummam , je jure de contribuer selon mes moyens, dans les forums privés et publics locaux, nationaux, régionaux et internationaux, à fédérer toutes les énergies, les volontés, les forces qui croient aux valeurs de novembre, des droits de l’homme de la démocratie, et qui souscrivent à l’éthique suivante : celle qui dit NON à la politique de la force, OUI à la force de la politique.
Ouzellaguen, Le 20 Août 2006 Le Premier Secrétaire National Ali LASKRI
A Madame Louise Harbour Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme Genève
Il est devenu tristement banal pour tous les défenseurs des Droits de l’Homme de faire inlassablement le constat de l’inexistence d’une véritable conscience morale au sein d’une communauté internationale devant laquelle les peuples opprimés iraient porter leurs doléances.
La composition du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies qui vient d’être installé n’est pas pour rassurer. Des Etats notoirement connus pour pratiquer toutes les violations de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des textes y afférents, siègent aujourd’hui dans un conseil sous l’égide des Nations- unies. Certains d'entre eux n'y ont pas été admis au motif apparent qu'ils n'avaient toujours pas signé les Pactes des Droits de l’Homme ainsi que les Conventions Humanitaires.
Or, les autorités qui se sont imposées à notre pays les ont signé et même paraphé depuis bien des années, ce qui ne les a pas gêné pour les violer en permanence depuis quatre décennies, à ciel ouvert, massivement et le plus souvent systématiquement.
Dans leur rhétorique à usage interne les Etats comme l’Algérie ne se privent pas de mettre en exergue les scandaleuses violations commises par des puissances comme les USA en Irak pour légitimer leur action.
En ces temps de multiples reculs dans les faits des notions mêmes de civilisation humaine et d’universalité des Droits, nous nous garderons bien d’entrer dans la hiérarchisation des barbaries en comparant ceux qui violent les droits de peuples étrangers tout en respectant ceux de leurs citoyens, et les pouvoirs qui ne se maintiennent au pouvoir que par la négation de leurs engagements internationaux et le mépris des règles minima du droit national dans leurs pratiques quotidiennes. De même qu'il n'y a pas de différence de nature entre, d'une part, certains de ces pays transgresseurs qui, anticipant leurs déconvenues n'avaient même pas osé poser leurs candidatures au CDHNU, et d'autre part une poignée de leurs semblables*,* qui, eux, furent élus, sans autre forme de procès.
D'évidence, ce sont principalement les niveaux de puissance politique et les complicités internationales, actives ou passives, qui avaient joué en faveur de l'admission de ces derniers. Outre le système de quotas régionaux et le vote à la majorité simple à l'assemblée générale de l'ONU, dominée par les dictatures du " Tiers Monde ".
Pour nous, c’est le respect de l’intégrité morale et physique des individus et des peuples qui est la conquête la plus noble de la civilisation humaine. Et c’est à cette dernière que l’on s’attaque à chaque fois que l’on banalise la torture, le meurtre et toutes les indignités qui peuvent être commises à l’encontre des êtres humains au nom d’un impératif supérieur quel qu’il soit.
Il semble bien pourtant que ce vingt et unième siècle qu’on avait annoncé en fanfare comme celui de toutes les conquêtes démocratiques soit en train de devenir celui de leur transgression brutale ou de leur subtile contournement.
Il est peu probable que les sociétés humaines, dans la diversité des conditions qu’elles traversent, se taisent devant un tel recul imposé par des pouvoirs et des institutions internationales aux yeux desquels la dignité de l’Homme a cessé d’être une valeur en soi.
La révolution algérienne qui a mené son peuple vers l’Indépendance l’a fait en référence permanente à la souveraineté des peuples et des citoyens, qui constituaient les plus hautes victoires de l’humanité sur l'Ordre international pan étatique, but et sanctuaire des totalitarismes barbares de droite et de gauche. C'est au nom des Droits de l'Homme, et du Droit à l'autodétermination, le plus primordial et fondateur de ces droits, que la longue et opiniâtre résistance du peuple algérien a fini par faire reconnaître le gouvernement provisoire algérien en exil par la communauté et les institutions internationales, alors même qu'il ne pouvait exciper d'une assise territoriale significative dans notre pays, à l'instar de la révolution indonésienne.
Cette légitimation fut une rupture historique avec le droit de conquête non écrit, mais non moins gravé dans le marbre coutumier d’un droit international, façonné et imposé unilatéralement au monde par les puissances occidentales ; elle fut révolutionnaire et exemplaire pour les peuples du Tiers-monde, portés et unis par la dynamique de la décolonisation.
Faut-il rappeler que le référendum portant sur le Droit du peuple algérien à l'autodétermination qui fut adopté massivement par les Algériennes et Algériens, le 3 juillet 1962, fut la raison d'être incontestée et incontestable de l'Etat algérien tant sur le plan national qu'international ? C'est à l'Assemblée Nationale Constituante, censée être élue dans le respect des candidatures plurielles et en toute transparence, que revenait la prérogative fondatrice d'élaborer la Constitution de cet Etat Démocratique et Social. Etat rêvé par des générations brimées et affamées de patriotes et qualifié très précisément de but de guerre par la proclamation qui avait annoncé le déclenchement de la lutte armée au 1er novembre 1954.
Le système politique qui, aujourd’hui, continue de se réclamer de la révolution algérienne, pense avoir définitivement effacé de la mémoire collective, la responsabilité pleine et entière qu'il avait déjà assumé dans la confiscation des compétences de l'Assemblée Nationale Constituante et, par voie de conséquence, dans la préfabrication du premier modèle constitutionnel stalino-baathiste.
Le coup de force perpétré contre le Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne, par la camarilla militaro-policière au lendemain même de l'indépendance, ne fut pas seulement une opération de déstabilisation politique qui a dégénéré en luttes de pouvoir meurtrières et insensées ; il s'inscrivait surtout dans une tactique stalinienne planifiée pour s'emparer de tout le dispositif préparatoire de l'élection de l'Assemblée Nationale Constituante, avec pour finalité stratégique de prendre en otage l'édification des institutions étatiques. Dès lors, étant donné le viol et l'extinction du droit à l'autodétermination qui constituait le fondement légitime de l'Etat algérien, celui-ci n'est pas seulement mal parti, mais il est bricolé pour disparaître progressivement, au profit d'un système d'instances privatisées et jamais comptables. Ni devant des institutions de la communauté nationale librement élues, ni devant les instances internationales des Droits de l'Homme.
Décidément, le principe de la compétence universelle en matière de violations des Droits de l'Homme, s'arrête aux frontières de notre pays ; comme si la souveraineté nationale peut être exceptionnellement absolue en Algérie, même lorsqu’il s'agit de violations systématiques et massives des Droits de la personne humaine. Comme si le beau monde du millenarium tirait un trait sur les pertes et les souffrances endurées par notre peuple au cours d'une terrible guerre de reconquête coloniale menée au nom d'une autre et identique souveraineté absolue... dont on découvrira, plus tard qu'elle n'était que fiction juridique et colossale mystification politique.
Ainsi, le système politique algérien, autant par la longévité de sa " gouvernance " à coups d'Etat répétés et de fraudes électorales, que par ses options internationales et ses menées militantes hostiles à la montée universelle des Droits de la personne humaine, se trouve aux antipodes des valeurs et des idéaux de cette révolution.
Au contraire, loin d'être libérateur, son rôle ne peut s’inscrire que dans cette logique destructrice de la domination sans freins qui risque de pervertir les relations internationales et de barrer la route à toutes les solutions alternatives susceptibles de reconstruire la paix et la sécurité internationales et de consolider les idéaux de liberté, de justice et de solidarité qui en sont les garanties sine qua non.
Les algériens comme les autres peuples l’ont bien compris et le paient quotidiennement de leurs libertés et de leurs souffrances. Libre aux institutions internationales de continuer à ignorer l’érosion de leur crédit auprès des peuples, à force de compromissions honteuses. Elles ne pourront, en tout cas, plus prétendre qu’elles ne savaient pas.
Depuis la promulgation de l’Etat d’urgence en février 1992 suite à l’annulation par le régime anti-populaire en place des premières élections pluralistes du pays le pouvoir algérien s’est fixé pour mission permanente la violation des Droits de l’Homme en vue de se maintenir.
A l’ombre de cet Etat d’urgence - que les autorités maintiennent en dépit des multiples demandes d’abrogation émanant des défenseurs des Droits de l’Homme, des partis politiques et des syndicats, l’Etat algérien s’est rendu coupable de :
Les milliers de personnes qui détenues de longs mois ont été, de manière totalement illégale, enlevées et soumises à des traitements dégradants. Certains y ont trouvé la mort. Tous se sont retrouvés sans recours face à la machine répressive du pouvoir. Si la plupart des personnes détenues dans ces camps ont été relâchées, TOUTES se sont retrouvées face à une situation de déni total de leurs droits les plus élémentaires.
L’Algérie a constamment refusé l’envoi par la commission des droits de l’Homme de l’ONU d’un Rapporteur spécial sur la torture.
L’Algérie a constamment refusé l’envoi par la commission des droits de l’Homme de l’ONU d’un Rapporteur spécial sur les disparitions forcées
L’Algérie a constamment refusé l’envoi par la commission des droits de l’Homme de l’ONU d’un Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires.
- le refus d’octroi de l’agrément pour la création d’une publication ;
- l’interdiction de titres déjà existants ;
- le harcèlement judiciaire des journalistes ;
- l’instauration de comités de lecture au niveau des imprimeries (Imprimatur) : cette dernière a été abolie sans pour autant que les pouvoirs publics reconnaissent les torts infligés aux publications concernées, ni ne procèdent à leur indemnisation.
- le refus de l’octroi de l’agrément aux syndicats autonomes ;
- le recours à la machine judiciaire pour l’interdiction des grèves ;
- le harcèlement administratif, policier et judiciaire des syndicalistes.
Par ailleurs, l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le 29 septembre 2005, accorde de fait, l’impunité aux criminels des groupes armés autant qu’à ceux des services de sécurité.
En interdisant aux victimes de déposer plainte ou de témoigner sur les violations commises de puis 1992, le pouvoir algérien procède à l’absolution des criminels. En plus de la consécration de l’impunité par cette charte décidée unilatéralement par le pouvoir et adoptée à l’issue d’un referendum largement boycotté par la population, le pouvoir algérien entend occulter toute responsabilité dans un conflit qui a fait 200.000 morts, des milliers de disparus, des milliers d’handicapés, des milliers de personnes déplacées.
L’indemnisation des victimes et des bourreaux mis sur un même pied d’égalité, ajoutée à l’interdiction de toute demande de vérité sur les crimes commis durant plus d’une décennie crée une situation insupportable pour toute la société algérienne obligée de subir en silence l’affront de crimes impunis et de criminels en liberté.
Obsédé par le soucis de son auto amnistie, le Pouvoir algérien vient d’infliger à la société algérienne un crime supplémentaire en lui imposant de vivre sous un régime de crimes sans criminels !
Les conséquences sociales, politiques et morales d’une telle dissolution du Droit par l’adoption d’une loi défiant tous les critères de vie en société civilisée sont lourdes de conséquences. L’état de délabrement moral et politique d’un pays qui vit au rythme des émeutes et de la répression au quotidien est porteur de tous les dangers d’implosion. La hausse vertigineuse de la criminalité à tous les échelons de la société, la multiplication des actes de vengeance individuels et la persistance d’un « terrorisme de basse intensité » font peser sur la société algérienne les risques d’un basculement progressif dans l’anomie.
Cette situation intolérable n’est ni une fatalité ni un accident de parcours, elle est le fruit d’une politique qui a fait de l’usage de la FORCE et de la violence le seul droit en vigueur.
le 23 mai 2006 Hocine Aït Ahmed Président du Front des Forces Socialistes
Le secrétaire général du FLN, et néanmoins ministre d'Etat et représentant personnel de Abd el Aziz Bouteflika déclare que la révision de la Constitution est à l'ordre du jour. Il en fait un impératif dont tout semble indiquer qu'il deviendra dans les semaines à venir « une urgence dans l'Etat d'urgence ».
Les Algériens, ceux qui s'en souviennent comme ceux à qui l'on doit Dire, ceux qui ont Vu et ceux que l'on doit aider à Voir réaliseront que cette opération n'a rien d'inédit. A toujours vouloir fuir les vraies solutions, le système répète insidieusement et impunément les mêmes manuvres : occulter les impasses politiques par le recours aux plébiscites, sous peine d'effondrement de la Révolution , des Institutions, de l'Etat, ou de la République. Quand il nest pas fait recours au Sacro-saint alibi de l'unité nationale.
Souvenons nous, en 1963, une Constitution concoctée dans un cinéma s'est substituée à la première représentation nationale de l'Algérie indépendante. L'impératif et l'urgence officiels étaient de sauver la révolution. La finalité de la manuvre était d'asseoir le pouvoir d'un clan par l'intronisation d'un homme providentiel, Ben Bella. Cette Constitution n'a pas empêché le coup d'Etat de 1965. A la tribune de lassemblée Hocine Aït Ahmed proteste… Il ne sera pas écouté.
Souvenons nous, en 1976, une Charte-Constitution scellée, a plébiscité l'impératif et l'urgence de mettre en place des institutions pérennes qui devaient survivre aux hommes. Finalité : la consécration du clan et du chef providentiel, Boumediene.
Souvenons nous qu'en 1989, après une révision quatre années auparavant pour desceller l'ancienne Constitution, le système malade de ses déséquilibres internes, décide unilatéralement d'un nouveau texte constitutionnel. L'impératif et l'urgence officiels après les évènements d'octobre 88 étaient une libéralisation de l'espace politique et de l'expression sociale. La finalité de la manuvre : donner un nouveau souffle au système et libéraliser l'économie en contrepartie de la reconnaissance des associations à caractère politique.
Cette fois pourtant de lintérieur du sérail léquipe des réformateurs de Mouloud Hamrouche tente une ouverture par effraction du système sur la société… Ils ne seront pas écoutés.
Souvenons nous des évènements de 1991 et 1992. La Constitution , déjà peu ou pas appliquée, se voit neutralisée puis suspendue sine die.
L'Assemblée nationale est dissoute, subséquemment, son président Abdelaziz Belkhadem aussi, selon la formule assassine du général Larbi Belkheir.
Des institutions provisoires furent bricolées, des représentants intérimaires cooptés. Ce stratagème a fait office d'édifice de la transition.
L'impératif et l'urgence officiels étaient de sauver la République. La finalité : une reprise en main d'un processus d'ouverture.
Aït-Ahmed, Ali-Yahia, Abdelhamid Mehri, Mouloud Hamrouche et Abdelkader Hachani se rencontrent et avertissent du dérapage vers la guerre. Ils ne seront pas écoutés.
Souvenons nous en 1995. Sous l'impératif et l'urgence officiels du parachèvement de l'édifice institutionnel et de la restauration de la paix, une Constitution de plus fut adoptée. La finalité : consécration de l'option éradicatrice et du tout sécuritaire contre toute idée de réconciliation et de transition démocratique.
Réunis à Rome autour dun contrat pour la Paix et la Démocratie des partis politiques et des personnalités de diverses tendances propose au Pouvoir une plate-forme de sortie de crise. Ils ne seront pas écoutés.
Souvenons-nous en 1996 L'Appel pour la Paix signé par des milliers d'algériens scandalisés par lampleur du carnage. Ils ne seront pas écoutés.
Souvenons nous en 1998, de la démission anticipée et différée de l'homme providentiel du moment, le général Liamine Zeroual. Elle a permis l'arrangement d'un consensus des décideurs sur le moins mauvais des candidats, selon la formule cocasse et a posteriori du général Mohamed Lamari. L'impératif et l'urgence officiels étaient la réconciliation nationale et le retour de l'Algérie dans le concert des nations. La finalité : la restauration de l'ordre ancien qui impose la paix sociale par la domination et la pacification.
Souvenons-nous en 1999 des avertissements lancés par les 6 candidats et de leur retrait dune élection présidentielle truquée. Ils ne seront pas écoutés.
Le rappel historique de ces faits impose le constat suivant : par l'autolégitimation, le système et ses démembrements (la police politique, les services parallèles …) loin de toute norme universelle de représentation, a privatisé l'Etat, sans jamais avoir eu à rendre des comptes devant qui que ce soit, où que ce soit. Depuis quarante ans, les mêmes factions se relaient dans des alternances claniques par l'intrigue policière et la violence armée. Rien n'a été épargné aux algériens, ni leurs richesses, ni leurs mémoires, ni leurs vies. Encore moins leur avenir.
Alors que le territoire national est en ébullition, alors que sa capitale est interdite de manifestations aux Algériens, alors que la société est grosse de violence et d'attentes, sous le régime de l'Etat d'urgence, sans pudeur et dans une banalité affligeante, un remake des scénarios précédents se dessine et veut se rejouer en boucle. La baudruche médiatico-mondaine de la bipolarisation Benflis-Bouteflika à peine crevée, le sérail veut nous entraîner dans ses contorsions tragicomiques. Une alliance aux liens indéfectibles autour de l'Homme Providentiel, se dévoile comme étant le noeud gordien d'un psychodrame annoncé. Un nouveau feuilleton de l'été se met en place.
Devant cette situation, que faire ?
D'abord dans le recueillement et la sérénité écoutons ensemble l'hymne national. Ne dit-il pas en conclusion de chaque strophe, « témoignez, témoignez, témoignez. »
Témoignons et témoignez avec nous que le rêve de Novembre a été rompu et interrompu. Cependant, témoignons aussi que le peuple algérien na abdiqué ni ses espoirs ni ses attentes. De multiples voix, des voix diverses, à différents endroits, et à tous les moments se sont élevés contre larbitraire et la normalisation.
Depuis 1963, le FFS et Ait Ahmed n'ont cessé de s'opposer aux stratégies d'accaparement, de détournement, de putsh, de neutralisation, de régression et de montage de grandes messes à usage de rouleau compresseur.
Contre cela, Hocine Ait Ahmed affirme à la tribune de l'Assemblée Nationale Constituante que la démocratie doit être une option de coeur et de raison. Il s'oppose à la dissolution du Parti Communiste Algérien et démissionne quand, au nom de la légitimité historique, on nie la légitimité populaire, quand pour des visées d'accaparement du pouvoir, on use de la légitimité historique pour découpler l'indépendance de son corollaire l'idéal de liberté, de solidarité.
La création du FFS avait et a toujours comme objectif l'édification d'un état démocratique et social dans la continuité du 1er novembre.
De 1965 à 1988, le FFS dans la clandestinité, l'exil ou dans les prisons n'a cessé d'exiger le retour à la libre _expression et à la légitimité populaire. Il n'a cessé de servir d'école de formation politique, de carrefour de débats et de rencontres. Ali Mecili le payera de sa vie.
De 1989 à ce jour, à chaque étape, il opposera, toujours par la voie pacifique:
Le FFS par son intransigeance sur les questions d'éthique et de droits de l'homme a réussi à se préserver de toute compromission ou complaisance avec les acteurs des violences et des velléités dictatoriales ou autoritaires.
Ces appels seraient, sans votre témoignage, de l'autoglorification s'il ne s'agissait aujourd'hui de dire qu'a toute impasse, il y'a une alternative d'espoir.
Nous nous devons de sortir des échecs répétés et de l'impuissance à changer le cours des événements. Il n'y a de fatalité que notre passivité.
Ce projet de révision constitutionnelle élaboré dans le sillage et l'état d'esprit de la charte de l'amnésie et de l'impunité, doit être démonté par le recentrage du débat et de l'intérêt politico médiatique sur les questions essentielles et existentielles de notre devenir et du devenir de notre pays. Cela doit être la priorité de toutes celles et de tout ceux qui lient leur avenir politique à l'avenir démocratique du pays.
Cette tache requiert de la part de toutes les potentialités démocratiques :
Il est inconséquent, pour ne pas dire suicidaire pour elles de se rendre complices d'une agitation sans résultats prometteurs pour l'avenir démocratique du pays en alimentant cette énième farce.
Aux lieu et place de l'intérêt à lui porter ou de l'indifférence à la laisser se développer, il faut la déconstruire par l'élaboration d'une alternative démocratique crédible ouverte à toutes et à tous, sauf à celles et à ceux qui s'excluraient d'eux même ou viendraient à se disqualifier par le double travers de l'aveuglement et de l'entêtement.
P/le secrétariat national Le Premier secrétaire Ali Laskri
Chers camarades,
Dans le petit mot de salutations que je vous avais adressé lors de votre dernière session, j’avais évoqué en passant quelques réflexions sur les conditions qui ont entouré la maladie du patron d’El-Mouradia ; mais pour vous les commenter, j’ai préféré attendre pour en savoir davantage sur les pistes d’évolution ou d’involution des choses.
Je tiens, encore, à vous féliciter pour les débats sérieux qui ont eu lieu autour du renouvellement du Secrétariat National et de son programme. Il va de soi que je tiens beaucoup au principe de l’alternance ; respect de la forme parce qu’il est statutaire. Et pour ses mérites exemplaires : notamment créer, d’une part des traditions de changements au sein de nos structures de bas en haut et de haut en bas, et d’autre part faciliter la circulation des cadres ainsi que leur apprentissage à la responsabilité. J’ai également le plaisir de rendre hommage au camarade Ali Laskri, et à l’équipe précédente pour le dynamisme, l’intelligence et la cohérence de leur gestion.
Chers amis,
Je vous parle comme si je m’entretenais avec vous directement ; n’y voyez rien d’autre qu’une ébauche du tableau de la crise que traverse le pays et une interrogation sur les perspectives d’avenir à propos desquelles l’ensemble des compatriotes doivent dire leur mot. Personne n’a de solutions toutes faites.
Décidément, les maîtres du pays viennent d’inventer l’apesanteur du mentir vrai, refusant de décoller leurs semelles et leurs cervelles engluées dans une nouvelle mystification aussi rocambolesque que révélatrice. Comme si l’hospitalisation du " président " au Val de Grâce à Paris, avait pris de court les faiseurs de la propagande officielle, et mis à mal l’image largement véhiculée dans le monde d’une Algérie enfin pacifiée, normalisée et réconciliée avec elle-même par une charte mort-née.
Bien que comparaison n’est pas raison, force était de constater à première vue, qu’en Espagne il avait suffi d’un seul mensonge qui a sévi quelques heures seulement, d’une rétention d’information organisée par les autorités en place pour que les réactions populaires réussissent à renverser Aznar, le chef du gouvernement pourtant régulièrement élu. Et fassent basculer la victoire aux élections législatives, en faveur du parti-frère, le PSOE ; que les derniers sondages avaient pourtant donné perdant.
Par contre, il est difficile d’expliquer le silence de la rue algérienne devant la campagne mensongère et menaçante déclenchée par le pouvoir algérien à l’annonce de la maladie de Bouteflika.
Camarades ! Je vous avoue, que je me suis senti humilié à la seule idée que tous ces peuples, qui, à travers les continents, avait admiré et aimé la nation algérienne pour sa résistance exemplaire face à la guerre coloniale de reconquête, puissent croire un instant, que celle-ci aurait dégénéré - par servilité ou crétinisme. Au point d’avaler et d’encaisser, sans réagir, les plus staliniens des bluffs médiatiques éhontés et hargneux. Disons, en passant, que la plupart des Algériennes et des Algériens d’instinct, ne se réjouissent pas d’un accident de santé qui menace une vie humaine, serait-elle adverse ; encore moins de l’exploiter - leur décence et leur générosité constituant avec le courage et la loyauté les ressorts profonds de leur identité.
De toute évidence, avec le temps, les opinions étrangères ont fini par oublier, que notre pays est passé, sans transition, de la domination coloniale à un système d’oppression stalinien, dont la raison d’être et de se maintenir est de ghettoïser notre pays par le verrouillage de l’information à l’intérieur du pays et les manipulations médiatiques à l’extérieur. En un mot par le mensonge sous toutes ses formes, dans toutes ses gammes et ses applications stalino-scientifiques, entre autres : duperies, tromperies, contrefaçons, manipulations, mystifications, complots, coups de force, coups d’Etat, fausses légitimités, impostures et fictions politiques.
On peut se demander si l’admirable jeunesse espagnole aurait pu accomplir, sous le régime de Franco, ce renversement-éclair, bien qu’El Caudillo avait quand même légué à son pays une classe moyenne et une certaine société civile susceptibles d’être des vecteurs de changements. Bref, toute la différence est que la démocratie espagnole n’est pas une façade de propagande, contrairement à l’oppression infligée à notre peuple par une démocratie mensongère. Le raz-de-marée qui a fait basculer l’Espagne dans l’alternance politique résulte d’abord, du fait que les mouvements associatifs et les oppositions politiques s’étaient déjà librement organisés, hors de toute tutelle policière. Et ensuite qu’ils pouvaient pleinement jouir des libertés démocratiques et particulièrement de ces libertés d’_expression et de manifestation qui leur ont permis de réussir rapidement la mobilisation pacifique des citoyennes et citoyennes, et de battre la droite à l’élection législative.
La vitalité de notre peuple ne peut être mise en cause ; elle n’est pas mythique, elle a été et le reste exemplaire, ayant survécu à 4O ans d’une dictature militaro-policière. Je me suis surpris de rappeler à l’occasion et sans méchanceté, que le maréchal Pétain a réussi à rassembler une foule monstre à Paris, quelques semaines avant la fin de la 2è guerre mondiale. Ceci dit sans mettre en doute le mérite et le rôle historique de la résistance française.
La vitalité politique du peuple algérien ne peut pas être mise en doute. Témoin aujourd’hui encore de son refus de l’asservissement policier et de la " servitude volontaire ", l’incapacité de l’appareil de propagande officielle à masquer les protestations sociales, les grèves, les émeutes, les manifestations pacifiques violemment réprimées, qui sont le lot quotidien des Algériens. Sans oublier la résistance citoyenne et tenace des populations, notamment au M’zab contre les provocations administratives et les persécutions des militants de la démocratie et des droits humains, et en Kabylie, où fut mis en échec le rouleau compresseur punitif et corrupteur, destiné à écraser ou marginaliser le FFS. Le tout, cela va de soi, sur fond d’Etat d’urgence, de non droit, de verrouillage de l’espace publique, de corruption des élites et du corps social. Et spécialement, en l’occurrence le déni total des libertés syndicales et associatives où (quand) les incurables flibustiers de la pensée unique poursuivent impunément de leur hargne fasciste militants et cadres de la société civile " non agréée " ; par une pratique spécifique d’apartheid politico-social.
Je crois de toutes mes forces que la vérité compte plus que n’importe quelle considération politique. Elle nous renvoie aujourd’hui plus que jamais, aux devoirs de vérité, de lucidité et de pédagogie qui doit rester la devise morale et la boussole politique du FFS.
C’est, donc, sans parti pris, que nous devons aborder l’analyse de la crise gravissime que traverse notre pays.
Je dis bien gravissime, non pas à cause de la certitude que les gardiens du temple veilleront bien à garder la maîtrise du pouvoir et le statu quo. La puissance et l’omniprésence tutellaires de la police politique ne constituent-elles pas à la fois le fondement et la longévité du totalitarisme spécifique algérien ? Rien d’étonnant du reste, que le général Médiene patron de la DRS, était parmi les rares haut dignitaires à rendre visite au malade de Val-de-Grâce.
Non ! L’impasse créée par la maladie du chef de " l’Etat " ne ressemble pas aux autres crises de succession ou résultant d’une impasse politique ; elle est grosse de tous les risques. Car elle met fin à la fiction de l’existence d’un Etat algérien, et, dans le même temps révèle la déliquescence des rouages sur lesquelles repose l’Organisation du système.
Pour la première fois, la grosse machine "institutionnelle" a été complètement paralysée par les gesticulations du pouvoir, les rumeurs et les défaillances de la communication officielle qui ont accompagné la maladie du "président" ; jusqu’au recours dérisoire à un chanteur célèbre certes, mais totalement incongru dans la fonction de porte-parole sur l’état de santé de ce dernier.
Cependant, cette panne dramatique de la communication fut passagère. Les jeux de la désinformation, la remise nostalgique aux goûts du jour d’un ordre tiers-mondiste pan étatique parrainé par Moscou, le renforcement d’un quadrillage géostratégique de la crise actuelle, en jouant l’avant et l’arrière garde dans la lutte internationale contre le terrorisme, sont autant d’atouts sur lesquels misent les décideurs pour éviter toute rupture du système et ainsi reconduire le statu quo à leur manière.
Autre objet de mon inquiétude : les métastases qui sont en train de coloniser les organes de ce Léviathan, ce monstre auquel on continue à délivrer le label d’Etat. Pendant que des pans entiers du fonctionnement des instances administratives et des chaînes de commandement dans les appareils policiers ordinaires, sont en train de passer dans les réseaux et les méandres de l’informel, où grenouillent cultes de la personnalité, régionalismes, népotismes, drogues, coups de Jarnac et métastases maffieuses.
Par ailleurs le régime algérien est tellement usé par le poids et les traumatismes de la sale guerre, la fatigue des cadres intègres, la propulsion aux sommets de parvenus trop dociles et assez retors pour être fiables, et enfin le rôle de plus en plus important que jouent en son sein des clans ouvertement maffieux, que les appareils ne sont plus à l’abri d’un basculement incontrôlable, ni de l’accélération d’un processus de délitement qui est à l’oeuvre depuis si longtemps.
Et s’il fallait une preuve supplémentaire pour illustrer la décomposition sociologique en profondeur des institutions, les festivités organisées pour le retour à Alger de Si abd El-Aziz Bouteflika, l’ont amplement apportée. En effet et je parle sous votre contrôle, dans de nombreuses villes de l’intérieur du pays, c’est à de véritables barons du trafic d’armes de la contrebande de la drogue et de la prostitution que l’organisation de " la mobilisation populaire " a été confiée. Tout comme, d’ailleurs, au cours des deux dernières campagnes présidentielles.
Dans le fond et la forme, cette hystérie à " recruter du peuple " à tout prix, tout comme les artisans de la mobilisation pour montrer la popularité du " président " et, ainsi, faire taire les rumeurs et surtout les appétits, autour de la succession, sont un indice de décomposition et d’infiltration de l’administration par de nouvelles forces qui ont émergé à la faveur de la décennie noire.
Dès lors Seigneurs de guerre, chefs de confréries religieuses, barons du crime et voyous notoires sont ouvertement devenus la base la plus mobilisable et la plus mobilisatrice du régime.
L’administration, les polices et même l’armée, si elles demeurent les instruments les plus sollicités par le cabinet noir, ne constituent plus les relais privilégiés vers la société; sauf à leur tour pour manipuler et disloquer cette société qu’elles sont censées protéger et servir.
Quels recours internes pour la majorité écrasante des Algériennes et des Algériens écrasés par une paupérisation et une insécurité galopantes, sans aucune lueur d’un avenir meilleur et guettée par un effondrement moral source de toutes les dérives. Cette situation qui touchait les pans les plus fragiles de la société, s’est étendue pour venir frapper aux portes des entrepreneurs privés, des hauts cadres de l’administration et même de l’armée. Sans compter que le pays continue à se vider de ses élites contraintes à l’émigration par suite de licenciements à la fois dans les secteurs publics en voie de dégraissage et dans les entreprises privées toujours en voie de dépôts de bilan. Et dire que d’une administration qui, en plus fait fuir, au lieu d’attirer les cadres honnêtes et compétents, pour lesquels l’emploi est vital mais qui savent que dans une bureaucratie aussi opaque et gangrenée par le règne du piston et de l’arbitraire, la vérité et la bonne foi, ou le respect même du protocole et de la loi, ne sont d’aucune utilité dans l’exercice des fonctions " institutionnelles ". Il en résulte un tel niveau d’impéritie, de je m’enfoutisme et d’impunité que les organes responsables ont été par exemple, incapables de prévenir et d’assurer la sécurité des populations lors des catastrophes naturelles, à Bab-El-Oued et à Boumerdès, ou ne serait-ce que d’éviter dans un pays qui regorge de richesses gazières, des pannes de butane au terribles conséquences sur la vie et la santé de nos compatriotes.
Chers camarades,
Plus que jamais chacun de nous militants du FFS doit se sentir investi des devoir de vérité, de lucidité et de pédagogie.
QUE FAIRE, en l’absence d’un Etat digne de ce nom. Sinon le construire tous et toutes ensembles, Il faut d’abord et avant tout rechercher dans l’histoire de la révolution les causes de cette faillite institutionnelle et cela sans mensonges sans règlements de comptes, avec pour unique objectif de sortir des blocages qui risquent d’hypothéquer l’avenir de notre pays. La vérité vraie est que 4o ans après l’indépendance, nos institutions, se trouvent encore déstabilisées, par le vice de fabrication dont fut victime la Constitution qui devait fonder la République démocratique et sociale promise par la proclamation du 1er novembre 1954.
Dès lors cette fraude originelle et fondamentale ne cesse de nous poursuivre ; dans le cercle vicieux de constitutions préfabriquées en révisions constitutionnelles sur mesure.
Allons aux considérations essentielles : La grande question d’une constitution est proprement de nature juridique, cela veut dire que la souveraineté appartient au peuple et qu’elle est inaliénable et incessible à la puissance publique et la puissance publique est responsable et comptable devant le peuple (formé de citoyennes et citoyens à part entière). Et si la puissance spolie le peuple de sa souveraineté, il n’y a pas d’Etat et il n’y a plus de peuple. Nous sommes alors avec toutes les formes de fascisme de droite et de gauche qui s’égosillent au nom du peuple et s’instituent souveraineté. Comment sortir de la déchirure historique qui a conduit à la dérive de la révolution ? Par quelle voix et moyens ? Une méthodologie cohérente ne peut résulter que du débat publique : C’est par le dialogue ouvert qui, par l’échange, est générateur d’Etat.
Jusqu’à quand les partenaires de notre pays et la communauté internationale continueront à ravaler la majorité des Algériennes et Algériens, au rang des sans-Etat, sans protection nationale et internationale, des sous-hommes voués au destin, des parias ou parvenus d’un néo-indigénat.
TRAVAILLONS TOUS ET TOUTES ENSEMBLE A L’INSTAURATION DE LA 2e REPUBLIQUE.
(...)
Chers camarades,
Je voudrais tout d'abord dire, au nom des militants de mon parti et en mon nom personnel à nos camarades de Bolivie et du Chili tout le bonheur que leur succès nous a procuré. Par delà le souci légitime de voir des partis frères accéder au pouvoir, ces victoires démocratiques qui se multiplient chez nos camarades d'Amérique du Sud redonnent de l'espoir à l'ensemble des peuples en lutte. Au moment où l'Empire américain, sous la houlette de l'administration néo-conservatrice, veut imposer son ordre militaro-économique à l'ensemble de la planète et met en péril l'avenir de cette dernière en même temps que les luttes séculaires des peuples pour la liberté, le droit de disposer de leurs ressources et de construire des sociétés solidaires, ces victoires en Bolivie et au Chili s'ajoutant à celles qui les ont précédé sur le continent sont le signal que la FIN de l'Histoire est une mystification destinée à faire baisser les bras aux forces sociales qui croient qu'un autre monde est possible.
Je voudrais également attirer l'attention sur les récents développements de la crise israélo-palestinienne avec la victoire du mouvement HAMAS aux élections et les problèmes que vivent nos camarades du FATAH.
Forts, autant de nos principes que de l'expérience algérienne, celle d'hier autant que celle d'aujourd'hui, nous tenons à réaffirmer à nos frères palestiniens que nous ne ménagerons aucun effort pour éviter que le radicalisme de HAMAS ne serve d'alibi à d'autres injustices à l'encontre du peuple palestinien.
Un des penseurs du mouvement de l'Indépendance algérienne disait dans les années trente déjà quand le colonialisme français était en train de célébrer le centenaire de sa présence en Algérie : Bouder aux réformes c'est sourire aux révolutions ! Toutes les entraves qui ont jalonné les tentatives de l'Autorité palestinienne de réaliser les conditions d'une paix juste, une paix qui ne soit pas une abdication devant la loi du plus fort sont les premiers responsables de la radicalisation des électeurs palestiniens, bien loin devant les dérives et les erreurs internes que nos camarades sont les premiers à reconnaître.
Il serait désastreux que par habitude ou pour simplement se soumettre en toute bonne conscience aux ukases américains de sanctionner le peuple palestinien au prétexte de sanctionner le HAMAS.
Nous devons, partout où nous sommes pouvoir affirmer tout à la fois notre préférence pour des camarades idéologiquement et politiquement plus proches de nous tout en respectant les choix des électeurs et en travaillant sans relâche à ce que le règlement juste des problèmes, qu'il s'agisse de libération nationale ou de questions politiques et sociales, soit une option stratégique. L'option stratégique.
Voilà qui nous amène à la situation désastreuse de mon pays l'Algérie.
La maladie du Président Bouteflika et ses développements rocambolesques ont levé une partie du voile de la mystification largement véhiculée dans le monde d'une Algérie normalisée et enfin sur la voie de la réconciliation.
Tout l'appareil de propagande officielle qui s'est attelé ces dernières années à masquer les protestations sociales, les grèves, les émeutes, les manifestations violemment réprimées, qui sont le lot quotidien des algériens s'est trouvé déstabilisé par un imprévu : La maladie de Bouteflika.
Pendant plus de cinq semaines, le pouvoir qui ne sait fonctionner que par le mensonge et en se fabriquant des ennemis, a donné la pleine mesure de son archaïsme, de son mépris des faits et de la facilité avec laquelle il se meut dans la plus stalinienne des propagandes.
Cet épisode aurait été insignifiant dans la somme des turpitudes de ce régime si l'on n'avait pas senti poindre derrière la panique la tentation de la violence fascisante.
Les milices maffieuses qui se sont chargées dans les villes de l'intérieur de l'organisation pour le compte de l'administration des festivités pour le retour de Bouteflika le 31 décembre dernier, le compagnonnage d'anciens émirs de l'AIS, l'Armée Islamique du Salut, le gel du fonctionnement institutionnel et le contrôle absolu sur l'information sont des signes qui ne trompent pas.
Ce n'est pas tant que le régime de Bouteflika se soit soucié de perdre un président, c'est surtout que devant le risque du changement le régime s'affole et n'a pas peur de recourir aux pires méthodes pour se maintenir.
Nous ne sommes pas sortis de la zone de turbulences avec le retour de Bouteflika malgré les efforts déployés par la propagande pour faire croire à une situation normalisée.
Il reste encore des missions à accomplir pour Bouteflika aux yeux de ceux qui l'ont porté au pouvoir : D'abord le traité d'amitié avec la France sur lequel bien des candidats potentiels au TPI ont bâti la garantie de leur immunité !
Ensuite, les textes qui doivent assoir l'amnistie des criminels de guerre puis, et ce n'est pas le moins important, le partage du pactole issu des hydrocarbures - bradés aux mutinaltionales comme nulle part ailleurs dans le monde - derrière des projets de développement aussi fumeux que le pseudo-entreprenariat privé qui avait vu l'émergence des KHALIFA et de ses semblables pour le pillage des ressources nationales.
On le voit bien, il y avait de quoi paniquer pour les parrains de BOUTEFLIKA.
Lé référendum du 29 septembre dernier a bien montré que la population n'est pas dupe et le régime peu soucieux de la convaincre. Quelque soit le scénario qui sera retenu par les décideurs pour la succession de Bouteflika qui se prépare en douce, il lui faudra sérieusement tenir compte d'une population en rupture totale avec le pouvoir.
Chers camarades,
Dire que l'unification du Maghreb constitue la condition sine qua non pour le développement de nos pays, de notre région et l'instauration d'un pôle de paix et de stabilité en méditerranée relève de l'évidence. Mais les espérances nées des combats pour l'indépendance et l'émancipation sociale qui avaient mobilisé des générations de maghrébins depuis la première guerre mondiale ont été enterrées. Je ne m'y résoudrai jamais. Nos pays ne sont pas condamnés à se regarder en chiens de faïence pour l'éternité. Nos peuples ne sont pas voués à être nourris de discours agressifs et d'accusations où le nationalisme étriqué fait office de vérité historique. Mais on ne sortira pas de cette impasse aussi longtemps que restera fermée la voie de la bonne gouvernance, de l'Etat de droit, de la transparence et de l'obligation de rendre des comptes à des institutions légitimes.
Mais je demeure convaincu que réduire les tensions régionales demeure un impératif pour l'avenir de nos enfants. Partout dans le monde, des ensembles continentaux et régionaux se sont constitués : de l'Asie à l'Europe en passant par l'Amérique latine. Du pire peut sortir le meilleur ! Comme en témoigne le rapprochement entre les 2 grands rivaux géopolitiques d'Amérique du sud qu'étaient le Brésil et l'Argentine. Ces deux pays ont été les promoteurs du Mercosur après avoir réussi une réconciliation politico-militaire exemplaire. Dès lors, les zones frontalières ont cessé d'être des limites pour créer une dynamique de coopération et d'intégration. Nous ne pouvons être en reste au risque d'êtres réduits à des bantoustans balayés dans une mondialisation irréversible.
L'Europe, quant à elle, a une responsabilité centrale. Celle de ne plus traiter les pays du sud comme des colonies, hier pas mûres pour l'indépendance, aujourd'hui pas mûres pour la démocratie, l'Etat de droit et les Droits de l'Homme.
La solidarité de l'Europe à l'égard des peuples opprimés de l'Est n'est visiblement pas valable pour ceux du Maghreb. Le peuple ukrainien, par exemple, ne serait pas hasardé à des manifestations pacifiques de prise de pouvoir, sans la conviction que l'armée et les forces de sécurité ne pourraient ne pourraient réprimer dans le sang sans essuyer les foudres de l'Europe.
En revanche, l'histoire des 30 dernières années montre l'approche schizophrène des pays européens à l'égard de notre région et spécialement de l'Algérie. Tout en proclamant l'universalité des valeurs éthiques et des principes démocratiques, ils se sont toujours gardés de dénoncer les trucages électoraux, les répressions sanglantes et les violations massives des droits de l'homme au Maghreb.
Il est vrai que les justifications historiques et sécuritaires jouent en faveur du statu quo : acheteurs de gaz, les anciens colonisateurs redoutent aujourd'hui la fermeture des robinets ou les attentats sur leur sol. Aussi, le bilatéralisme des relations historiquement privilégiées tient-il lieu de politique européenne. Il a surtout servi à la protection des privilèges, au développement de réseaux de commissionnements et à la dilution des relations d'Etat à Etat dans l'opacité de groupes d'intérêts incontrôlables. Le bilatéralisme, ajouté aux menaces terroristes, consolide les dictatures corrompues, tout en proclamant la coopération pour la modernité et la " sécularisation " des sociétés supposées trop " sensibles aux sirènes islamistes ". Comme si celles-ci n'étaient pas le fruit du despotisme et de la prédation. Les élites politiques européennes restent trop souvent otages des préjugés d'hier et des calculs d'aujourd'hui. Elles ferment les yeux sur le fossé qui se creuse toujours plus entre les sociétés des deux rives. Sans se rende compte qu'elles apportent ainsi de l'eau au moulin des tenants du " choc des civilisations " et d'une montée de l'obscurantisme.
Notre pays vit les plus grands paradoxes de son histoire. Les institutions imposées à tous les niveaux de l’Etat, se révèlent aujourd’hui, inefficientes et incapables de répondre aux préoccupations de la population. Pendant que les caisses du pays sont renflouées et affichent une aisance financière historique, la situation sociale des algériens ne cesse de se dégrader. Le nombre croissant des suicides, les soulèvements populaires récurrents et cycliques, l’accroissement et l’extension des fléaux sociaux, sont des indices du vécu de l’Algérie réelle et qui contredisent les faits d’annonces et les chiffres officiels. L’absurdité officielle ne peut occulter une réalité insoutenable pour de larges couches de la population.
Toutes les règles de la bonne gouvernance sont bafouées. Les libertés publiques sont systématiquement réprimées et le pays donne l’image d’un vaste centre pénitencier. Les interpellations, les menaces, voir les incarcérations, font office de politique et de doctrine chez nos gouvernants. Les mirages de l’Etat de droit sont vite rattrapés par une réalité des plus tristes. La justice sensée constituer l’un des fondements essentiel de l’Etat de droit est devenue une honteuse machine à broyer les libertés, toutes les libertés.
Le refus d’agréer les syndicats autonomes, l’atomisation des syndicats existants et l’orchestration de coups d’Etat dans les organisations et les partis politiques d’opposition mettent à nu la stratégie d’anéantissement et d’éradication absolus de l’expression politique et syndicale autonome. Excepté les « syndicalistes » de salons d’une centrale, devenue un des centres - distributeurs de la rente, les travailleurs algériens pataugent dans le désarroi et la misère. Le pacte social envisagé par la chefferie du gouvernement et ses alliés n’est en réalité qu’un contrat de repentance sociale face au bradage de l’économie nationale et des maigres acquis de la communauté travailleuse.
L’impasse politique est intégrale. Les « institutions » sont dans l’immobilisme et l’attente. La maladie du chef de l’Etat a fini par contaminer le fonctionnement des institutions. Les affaires publiques sont gelées et totalement suspendues en attendant les arrangements et les rééquilibrages internes au sérail.
Aucune ouverture politique ne pointe à l’horizon et le système continue de cultiver le mensonge et la corruption. La loi anticorruption votée récemment par l’assemblée nationale, elle -même issue de la corruption politique, relève du mensonge et du mépris à l’égard des cadres intègres, des travailleurs et à l’endroit du peuple algérien qui assiste impuissamment à la dilapidation officielle de ses richesses et de son patrimoine.
La charte de BOUTEFLIKA que le système a teinté de paix et de réconciliation s’est avérée être une farce électorale dont la finalité est : La consécration de l’impunité. Aujourd’hui et à la faveur de l’adoption de ce texte, les chefs de guerre de tout bords se glorifient de « missions accomplies ».
Convaincu que l’ouverture politique véritable est la seule alternative qui permettra aux citoyens de reprendre leur droits, le Front des Forces Socialistes met en garde les autorités du pays sur la persistance de la gestion policière et répressive de la société.
Le Front des Forces Socialistes qui s’inscrit dans le combat pour la démocratisation du pays et de la sociales révoltées et victimes de la mal vie et de l’arbitraire, se solidarise avec les syndicats autonomes, les enseignants du supérieur et toutes les catégories
Le Front des Forces Socialistes appelle l’ensemble des syndicats autonomes à converger et à s’unir dans la diversité pour la lutte pacifique et la défense des libertés publiques.
Le Front des Forces Socialistes, appelle l’ensemble de ses militants, ses sympathisants et particulièrement ses élus à soutenir et à accompagner la dissidence nationale pacifique et citoyenne.
Le Front des Forces Socialistes, appelle les acteurs politiques et sociaux autonomes à assumer leurs responsabilités devant l’histoire et le peuple algérien. Le caractère grave de la situation que vivent les algériens nous interpelle.
Le Front des Forces Socialistes qui milite pour une Algérie plurielle et heureuse s’associe et fait sien de toute dynamique citoyenne de changement pacifique et démocratique.
Le référendum sur la " charte pour la paix et la réconciliation nationale " organisé le 29 septembre 2005 pourrait être une farce s'il n'était, sur le fond, une nouvelle agression contre la société algérienne.
La campagne référendaire est à sens unique, les contradicteurs sont interdits d'expression quand ils ne sont pas arrêtés et poursuivis, à l'image des parents de disparus. Ils sont gratifiés d'un discours haineux et vindicatif les qualifiant de " traîtres à la nation ".
L'ensemble présage une escalade de la répression et de l'entreprise de destruction des derniers espaces et cadres d'expression autonomes de la société.
La machine policière a entrepris de fabriquer un plébiscite pour blanchir le régime, consacrer son impunité et décréter la société algérienne responsable de la sale guerre. Il s'agit également - personne ne s'y trompe - de préparer une révision constitutionnelle indispensable pour permettre un troisième mandat à Abdelaziz Bouteflika. Il s'agit enfin d'octroyer un blanc seing à une gestion tyrannique.
Le pouvoir décrète une histoire officielle et définitive qu'aucun n'est en droit de contester, ni en Algérie ni à l'étranger. Autant dire que les familles des 15000 disparus deviendront hors la loi à partir du 30 septembre 2005 si elles persistent à réclamer la vérité ou des nouvelles de leurs proches. Journalistes, historiens et opposants politiques seront logés à la même enseigne.
C'est du jamais vu !
Autre exemple, le texte exclut du pardon les personnes qui ont commis des " massacres, des viols ou des attentas sur les lieux publics ". Comme on a toujours ignoré qui ils sont, le pouvoir se réserve la prérogative d'absoudre qui bon lui semble. Cela s'est déjà fait avec la loi sur la concorde civile en 2000, quand des commissions de probation fantômes ont travaillé dans l'obscurité la plus totale, si tant est qu'elles aient jamais été mises en place.
Le régime ne demande pas pardon pour le désastre qu'il a provoqué, il ne se remet pas en cause mais restaure la machine totalitaire en intégrant les chefs terroristes dans l'accès à la rente.
Ce référendum n'est en aucun cas une consultation des Algériens. Le régime veut absoudre les criminels de tous bords, imposer l'abdication à la société et confisquer son droit à assumer son Histoire.
Je le répète, ce plébiscite vise à relégitimer un système inefficace, responsable de la faillite de notre pays, qui perpétue l'arbitraire ainsi que le pillage et le bradage de nos richesses.
Depuis l'indépendance, son objectif permanent est d'empêcher les Algériens d'exercer de manière effective leurs droits politiques par une succession de coups de force (assemblée constituante de 1963, coups d'état de juin 1965 et de janvier 1992)
La brutalité et les manipulations demeurent les moyens exclusifs de régulation politique.
La crise du régime a débouché sur une décennie de violences qui a causé 200.000 morts, des milliers de disparus, un million de personnes déplacées et l'exil de milliers de cadres. La réponse cynique et irresponsable du pouvoir consiste à poursuivre, en les accentuant, les mêmes modalités autoritaires et destructrices de gestion du pays.
Les Algériens n'abdiqueront jamais leur droit à la liberté et à l'autodétermination. Ils ne l'ont pas fait hier sous la colonisation, ils ne l'accepteront pas davantage aujourd'hui et on aurait tort de prendre pour de la résignation leur volonté de revivre après une décennie sanglante.
Il n'y a pas de solution à la crise sans une rupture définitive avec un mode de gestion qui n'engendre que destructions et violences. La paix et la réconciliation n'ont de réalité que dans la démocratie, l'Etat de droit, et l'exercice effectif des libertés.
Démuni de légitimité historique, le régime ne dispose pas de la légitimité populaire. Il ne perdure que par la violence et la complaisance des Etats partenaires de l'Algérie. Les démocraties réputées avancées persistent à ignorer les normes universelles de la démocratie et des droits de l'homme au nom d'intérêts économiques ou en raison d'une vision sécuritaire étriquée.
Les fausses solutions qui sont imposées aux Algériens font le lit de l'extrémisme et de la violence.
Le désespoir n'est pas une fatalité. Les Algériens peuvent - et doivent - renouer avec les valeurs de liberté et de justice. La vraie réconciliation passe par une ré-appropriation de l'Etat et des institutions par les citoyens algériens à travers les moyens de la démocratie et du droit.
Cela implique, en priorité, la levée immédiate de l'état d'urgence imposé depuis 1992 et dont le maintien est contradictoire avec l'image d'un pays " pacifié " que veut donner le pouvoir. Il appartiendra aux forces politiques d'imposer une véritable réconciliation politique capable de faire basculer notre pays dans la modernité et le développement. C'est là l'alternative de reconstruction d'une société réconciliée.
J'appelle les Algériennes et les Algériens à refuser le diktat et l'instauration d'un pouvoir présidentiel absolu consacré par cette charte en boycottant activement le référendum du 29 septembre 2005.
Chers camarades, Azk Essalam Âlaikum ! wa Âlaikuna ! Azul Seg Ul !
Je voudrais en premier lieu adresser de tout cœur mes salutations amicales à l’ensemble des militants, sympathisants, cadres et responsables du parti. La détermination, la lucidité et le sang froid avec lesquels vous avez su faire face aux dernières mesures de répressions et de provocations, honorent le FFS et suscitent espoir et confiance auprès des compatriotes en quête d’une sortie de crise pacifique et démocratique.
To the point ! Ma Qella wa Della !, Anegzem Awal ! Ce message a pour but de me prononcer notamment sur les deux Ukases de Bouteflika dont vous avez amplement discuté jeudi passé, lors de votre session ordinaire, a savoir : Les élections locales prévues pour novembre prochain d’une part, et d’autre « la charte nationale » qui sera soumise au référendum fixé le 29 septembre. J’ai abrégé cette intervention devant vous, pour des raisons d’opportunité et de timing. Nous avions, en effet, décidé, avant l’été, de lancer une vraie campagne sur les vrais problèmes économiques et sociaux qui rendent la vie impossible à la majorité écrasante de la nation. Il s’agissait là, aussi, d’un axe stratégique de notre combat politique, qui devait cesser d’être à la traîne des seules initiatives du système. Et, cela sans sous-estimer la faiblesse de nos moyens et le verrouillage répressif d’un « Etat d’urgence » maintenu par la seule stratégie du prince. Aussi, je préfère que le lancement de notre campagne sociale, et notamment la conférence que doit donner notre ami et camarade dévoué Mohand Chérifi puisse bénéficier de la priorité « médiatique ».
Aussi dois-je m’exprimer plus amplement, dans quelques jours. Je viens de me rendre compte en tout cas, que nous sommes le 8 septembre 2OO5, date qui coïncide exactement avec le tout premier référendum constitutionnel imposé à l’Algérie, le 8 septembre 1963. Tout se passe, en outre, comme si le 1er novembre 1954, le congrès de la Soummam, le 2O août sans oublier, et la création du FFS le 29 septembre 1963, conjuguaient leurs effets de mémoire et d’anticipation ; donc j’ai du pain sur la planche : aussi dois-je m’adresser aux Algériennes et Algériens de même qu’aux militants du FFS pour situer les responsabilités de la véritable Fitna qui, tout au long d’un demi-siècle - quasiment -, ne cesse de dévorer les ressources humaines, les valeurs éthiques et les atouts politiques, de notre communauté nationale.
Nul besoin de m’étendre sur les deux échéances qui sont à l’ordre du jour de votre rencontre , puisque nous sommes , grosso modo ,sur les mêmes longueurs d’onde, de bas en haut de nos structures.
Concernant la charte nationale, « je la rejette globalement et dans le détail » El-fahem Yefhem. Par ailleurs, le boycott actif du référendum me semblait l’option la plus logique, suite aux consultations permanentes que j’ai eues avec le Premier Secrétaire National, Ali Laskri et en écho avec l’opinion de la base et des structures du parti.
Quant aux élections locales imposées par la révocation scandaleuse des seuls élus librement, malgré les violences et les exactions des maffias locales dirigées par les forces de sécurité spéciales. Ne pas y participer, c’est faire le jeu du pouvoir dont la stratégie est de couper le FFS de l’osmose permanente qu’il avait établi avec les populations de la région.
Je reviendrais sérieusement sur cette perspective, par rapport aux modalités du choix des candidats du parti et à la lumière du climat guerrier que prépare BoutefliKa en Kabylie. Tant est que la résurgence aujourd’hui des GSPC (qu’on pourrait surnommer Groupes Spécialisés des Putschistes Clandestins) dans la région, n’est pas dû au hasard.
Chers Amis,
Nous voilà face à de grandes responsabilités, face à une caste de dignitaires qui s’est nourrie d’une culture de l’Impunité et de l’Irresponsabilité. En revanche, le parti jouit d’un grand respect au sein de la société grâce à la fidélité à ses principes aux convictions inébranlables de ses militants et à son ouverture sur les catégories sociales les plus démunies.
Mais, grâce aussi aux perfectionnements démocratiques de son fonctionnement. Plus que jamais nous devons, part conséquent, serrer les rangs, dans le respect de nos règles. Aussi, le moment est-il adéquat, pour effectuer l’alternance à la tête du Secrétariat National.
Conformément aux articles 8.4 et 8.5. du chapitre VIII des statuts du FFS, intitulé : De la direction Nationale, je désigne le camarade Ali Laskri premier Secrétaire National du parti. Cette reconduction me paraît nécessaire et utile pour l’application, le suivi et l’évaluation périodique des décisions politiques et organiques. Dès lors, poursuivre la dynamique de l’ouverture des structures du parti et de sa politique me paraît être la garantie d’une bonne préparation de nos quatrième Assises nationales. Je prendrai le temps qu’il faudra avec Ali Laskri pour mettre en place le nouveau secrétariat, dans le respect mutuel des compétences de chacun.
Avec toutes mes amitiés, Hocine Ait-Ahmed
...Les termes de la charte - ordonnance des cercles de décision, de l’aveu de Bouteflika lui même reflètent la prééminence des équilibres au sein du sérail et le poids spécifique d’un président prétendument élu à une majorité écrasante...
.... Le Front des Forces Socialistes considère que le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale dicté unilatéralement par le cercle des décideurs est un acte de guerre contre la société qui va aggraver les haines et les ressentiments.
Il ne peut cautionner un texte qui glorifie la force et déclasse la médiation politique, consacre l’impunité et l’amnésie, et enfin qui négocie la douleur et la souffrance. .....
Les recettes des hydrocarbures allant d’un record à un autre, au moment où les Algériens et Algériennes espéraient voir leurs gouvernants prendre en cette rentrée sociale une batterie d’actions concrètes et un train de mesures salvatrices à même d’apporter une amélioration tangible à leurs conditions de vie ; le Chef de l’Etat Bouteflika qui en tous lieux et toutes circonstances s’enorgueillit d’être très confortablement élu pour agir au nom du peuple et engager l’Etat, leur impose la corvée d’une énième mascarade électorale.
La consultation, sournoisement mise en scène à laquelle sont appelés les électeurs et électrices n’est qu’un stratagème destiné à ceux et celles parmi l’opinion publique nationale et internationale qui veulent encore se laisser manipuler et tromper, qui consiste à absoudre les coupables de crimes et culpabiliser les victimes, et à amalgamer les causes et les effets de la crise Algérienne.
L’Edit du prince pompeusement et fallacieusement intitulé « charte pour la paix et la réconciliation nationale » cache mal la volonté et l’outrecuidance des décideurs co-responsables des développements tragiques générés par le coup d’état de janvier 1992, de s’octroyer, en abusant de la lassitude et de l’épuisement de la société une immunité populaire contre des poursuites judiciaires pour violation massive des Droits de l’Homme et crimes contre populations sans défense .
Les termes de la charte - ordonnance des cercles de décision, de l’aveu de Bouteflika lui même reflètent la prééminence des équilibres au sein du sérail et le poids spécifique d’un président prétendument élu à une majorité écrasante.
Ils confirment que toutes les institutions du pays ne servent que de façade démocratique, de chambres d’enregistrement et caisses de résonance du pouvoir réel non redevable de comptes.
Ce pouvoir dont la matrice originelle est constituée des éléments ayant assassiné ABANE Ramdane et dont la structure est consolidée par l’armée des frontières, se nourrit de violence et de coups de force, et se maintient par la corruption et la cooptation de clientèles. Il abhorre la politique et empêche l’émergence d’une classe politique capable de régler pacifiquement les conflits de classes et les différents entre les groupes sociaux.
La dissolution des assemblées locales des wilayas de Bejaia et Tizi Ouzou , par le recours à des ordonnances et des décrets arbitraires et illégaux témoigne de l’immoralité et du racisme primaire des décideurs et de l’inexistence d’une sédimentation de la culture d’Etat .
Elle atteste qu’a défaut de soumettre et de contrôler l’opposition , on sort le rouleau compresseur et use de toutes sortes de manœuvres pour l’éliminer .
En commettant leur forfaiture, les metteurs en scène de la supercherie électorale ont décidé de ne pas intégrer les acteurs autonomes, comme témoins d’une falsification des résultats du vote. Parallèlement, il est visé de planter le décor pour la recomposition du champ politique et la reconfiguration de la représentation politique et sociale dans la région de Kabylie réputée frondeuse.
Les stratèges du tout sécuritaire se trompent dans leur hypothèses : ils sous estiment le degré de la maturité politique des citoyennes et citoyens de Kabylie ainsi que le niveau d’enracinement des valeurs du FFS dans la société.
Le Front des Forces Socialistes considère que le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale dicté unilatéralement par le cercle des décideurs est un acte de guerre contre la société qui va aggraver les haines et les ressentiments.
Il ne peut cautionner un texte qui glorifie la force et déclasse la médiation politique, consacre l’impunité et l’amnésie, et enfin qui négocie la douleur et la souffrance.
Le Front des Forces Socialistes ne peut adhérer qu’à une paix qui soit l’aboutissement d’un processus fondé sur la vérité et la justice et qui ne réserve que l’amnistie conditionnelle et individuelle.
Le Front des Forces Socialistes prend à témoin l’opinion nationale et internationale qu’il poursuivra inlassablement sa lutte pour que lumière soit faite sur les dépassements et que les auteurs et les commanditaires répondent de leurs actes.
Le Conseil National du FFS se prononce pour une campagne imaginative et active des structures, des militants et sympathisants pour la réussite du BOYCOTT du scrutin .
Il appelle les algériennes et algériens épris de paix, de justice et de vérité à se démarquer de la tromperie Historique qui ne fait qu’aggraver la crise.
Le Front des Forces Socialistes reste confiant que malgré tout le tapage médiatique des fossoyeurs de l’histoire et des semeurs de la confusion, le 29 septembre restera la date anniversaire de sa fondation.
Salam alaikoum
Nous avons appelé à un rassemblement des élus du Front des Forces Socialistes au siège du parti.
La mobilisation et la présence de l’ensemble des élus venus de plusieurs wilayas : GHARDAIA, MASCARA, SETIF, BBA, MSILA, EL BAYADH, des Aurès, du sud et du nord du pays, démontre que les élus de notre parti sont solidaires des militants et des élus de la région de Kabylie.
Chers camarades,
L’agression que subit le FFS se caractérise par la haine et la vengeance mais aussi par ses relents racistes envers la wilaya III HISTORIQUE.
Mais c’est également une manière pour les décideurs de tenter de pacifier totalement notre pays où un parti installé par la fraude en 1997, s’est offert la majorité au Parlement, aux APC & APW, sauf dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa.
D’ailleurs, en arrivant à EL MOURADIA dans les conditions que vous connaissez, BOUTEFLIKA n’a dissout ni les APC et APW, ni le parlement et ni le sénat issus de la mascarade électorale.
Aujourd’hui, le couple BOUTEFLIKA - OUYAHIA se venge de la Kabylie en procédant à la dissolution des collectivités de ces deux seules wilayas.
Chers camarades,
Après concertation, le secrétariat national a décidé de porter la protestation dans la rue, dans le calme et la sérénité.
J’annonce la tenue d’une marche des élus du FFS vers la présidence de la république, pour dénoncer le coup de force du pouvoir contre le FFS, la Kabylie et l’Algérie.
C’est avec affection et fierté que je rends hommage à la lucidité, au sang froid et à la vitalité responsable dont vient de faire preuve le FFS en prenant l’initiative d’une manifestation à Alger.
Ce ras-le-bol est un véritable évènement politique. Il jette une lumière crue sur le règne d’un pouvoir qui a fait faillite et qui se croit acculé à toutes les formes de répression, de non-droit, fraude, de corruption et de manipulation.
Il redonne du sens à toutes les luttes syndicales et sociales qui se multiplient de wilaya en wilaya contre les injustices, les provocations et les impérities d’un système en folie.
Ce sursaut met à jour les intentions stratégiques des fossoyeurs de l’unité nationale qui s’avancent masqués devant le soi disant problème kabyle, s’accrochant au statu quo ante pour continuer à refuser toute sortie de crise politique démocratique et nationale.
Et celui qui ne respecte pas et méprise son peuple et ses compatriotes, se refuse à lui-même la dignité des Hommes Libres. Même si jouer de la menace et de l’esbroufe avec la communauté et l’opinion internationales réussit - pour le moment.
Quelle est la prochaine séquence après la dissolution des APC & APW de Tizi Ouzou et de Béjaïa ?
Une question qui mérite d’être posée devant la persistance des autorités à vouloir enfoncer la région de Kabylie dans le chaos et la dislocation.
Une entreprise criminelle que la police politique compte mener à l’effet de solder des comptes avec une région qui a refusé et qui continue de refuser de céder aux sirènes de la normalisation et de la corruption.
Imposer une structure dont la seule aptitude est sa capacité à organiser le désordre, comme représentant exclusif d’une région aux traditions démocratiques incontestables, est la preuve de la consécration officielle de la prime à la violence contre le politique.
Aujourd’hui, tous les observateurs politiques s’accordent à dire que la création de la structure des Aarouchs par les laboratoires de la police politique répond à l’obsession incurable des décideurs, à vouloir terrasser et calciner politiquement la région de KABYLIE pour casser les forces représentatives, éléments essentiel de la dynamique nationale de dissidence démocratique et pacifique.
La conclusion d’un accord portant sur la dissolution des assemblées locales dans cette région est la meilleure démonstration que l’épisode du printemps noir n’est pas une simple opération ponctuelle de manipulation. C’est un processus prémédité et échelonné sur plusieurs séquences.
C’est une entreprise raciste, régionaliste clairement affichée par les décideurs qui escomptent reconfigurer la scène politique en ne laissant en sa surface que les organisations - maison, les structures clientélistes et les délégués chargés de missions.
Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit de prévenir le chaos, particulièrement dans la région de Kabylie, de réhabiliter le politique afin de redonner au peuple algérien son droit à l’exercice de ses libertés d’association, d’action et d’organisation.
Devant les risques d’une relance irrémédiable de la violence, notamment en Kabylie, le Front des Forces Socialistes met en garde les autorités du pays contre la poursuite de la politique du pire aux conséquences incalculables sur l’unité nationale.
Le Front des Forces Socialistes qui refuse de se plier aux diktats des décideurs et de leur relais - chargés de missions, est désormais engagé dans une protestation pacifique permanente.
Le Front des Forces Socialistes appelle ses militants, sympathisants, élus et les citoyens à rester vigilants et à persévérer dans l’exercice de leur mission politique au service des citoyens.
Le Front des Forces Socialistes qui continu à faire de l’action non - violente son principal credo, dégage toute responsabilité quant aux dérapages qui peuvent découler de cette dissolution arbitraire et illégale des institutions locales de la région de Kabylie.
P/ le secrétariat national Le premier secrétaire national ALI LASKRI
Cher(e)s camarades,
Notre parti représente pour la majorité des algériennes et des algériens, l’alternative démocratique la plus crédible. La justesse de ses positions, la constance de son engagement aux cotés des démunis, des victimes de l’arbitraire, de la Hogra et de tous ceux qui aspirent à l’avènement de la république de la démocratie et des droits de l’homme, lui confèrent le statut de parti d’opposition et de propositions.
Malgré toutes les hostilités, les pressions, les complots ourdis et les tentatives incessantes et machiavéliques du pouvoir pour le faire renoncer à son engagement politique, notre parti et grâce à l’engagement de ses militants et militantes, a pu et a su enraciner la pratique et la culture démocratique dans la société. Son élargissement politique et organique aux régions de l’intérieur du pays est une réalité visible et incontestable.
Aujourd’hui, de sérieuses perspectives politiques se profilent à l’horizon et de solides passerelles sont construites avec les acteurs autonomes du mouvement associatif, syndical, estudiantin, universitaire ...etc. Nous croyons à la possibilité de construire la démocratie à plusieurs. Le partenariat est une des vertus que notre parti a semé et a encouragé à s’installer dans les traditions politiques du pays.
Nous sommes et nous restons convaincus que seule la réhabilitation politique pouvant passer par un contrat politique et démocratique et consacrant la restitution intégrale des droits à l’expression, à l’organisation et à la manifestation aux algériens est la voie la plus fiable pour réduire la résurgence dangereuse de l’archaïsme tribal, du fascisme et de l’indigence politique.
La poursuite de la provocation criminelle contre la Kabylie est une preuve de l’obstination du pouvoir à vouloir casser le FFS et à tenter de faire renoncer la population à l’exercice de la politique. La menace de dissolution des APC & APW de deux wilayas - Tizi Ouzou et Béjaia - est une étape supplémentaire dans la mise en place de la stratégie de pacification de la région. Partisan de l’action non - violente, le FFS ne ménagera aucun effort, non pour s’accrocher aux postes d’élus au sein des institutions sous domination administrative d’un chef du gouvernement dont les seuls aptitudes se résument à la destruction et le démantèlement des valeurs morales et politiques de la société, mais pour ne pas laisser le pouvoir et ses chargés de missions locaux révoquer la démocratie de son bastion et porter atteinte à l’intégrité d’une région aux traditions politiques millénaires.
Cher(e)s camarades,
Pour nous, la démocratie n’est ni un slogan et ni un titre qui s’octroie, c’est une conviction politique. Le 07 décembre 1962, lors de son intervention à l’assemblée nationale, Hocine Ait Ahmed disait : « Parions sur la démocratie comme valeur et méthode à la fois, comme but doctrinal et moyen politique, il ne faut pas entendre qu’il s’agit là d’une simple question d’orgueil national, d’un messianisme d’exhibition, d’une spéculation philosophique abstraite. Non ! C’est une option de cœur et de raison... »
Cet objectif n’est réalisable qu’avec la mobilisation véritable et irréversible des énergies démocratiques dont le FFS en est le principal moteur pour amorcer une dynamique politique et sociale pour la construction démocratique du pays.
C’est dans cet esprit qu’a la suite de la mise en place des structures du parti, les militants sont appelés à redoubler d’engagement, de mobilisation et de vigilance pour faire échec aux scénarios du chaos et de la destruction de la Kabylie. La responsabilité de chaque militant est historique et l’avenir de la région dépend de notre capacité et de notre intelligence politiques, indispensables pour préserver le capital politique d’une région - bastion de la démocratie.
Ali LASKRI 1er Secrétaire du FFS ALGER, Le Jeudi 14 juillet 2005
Chers camarades,
Je suis très heureux d’assister aujourd’hui à la tenue du conseil fédéral électif de Tizi Ouzou. Une fédération sur laquelle nous comptons beaucoup pour la poursuite de la mise en œuvre de la démarche d’assainissement démocratique et transparent des structures. L’effet escompté de toute cette entreprise est de nous doter de structures fiables et dynamiques, capables de réhabiliter le politique dans cette région.
Notre activité intervient dans une conjoncture politique difficile marquée par une volonté clairement affichée des autorités du pays à relancer l’entreprise de dislocation de cette région, pour mieux asseoir leur stratégie de domination absolue et intégrale de la société.
Nous assistons à une volonté, voire une stratégie de mise au pas de toute la société, faite de processus de démantèlement de toutes les médiations politiques et sociales autonomes, de coups d’état contre les partis et les organisations autonomes et d’interdiction de toute expression politique. Le tout, pour parvenir à une totale extinction de la vie politique.
C’est ce qu’on appelle l’art d’organiser le désordre.
Il s’agit pour les décideurs de tout combiner pour reconfigurer la carte politique régionale et par voie de conséquence TENTER d’anéantir les espoirs démocratiques des algériennes et les Algériens.
La dissolution des APC & APW de deux wilayas seulement en est la preuve de l’obsession maladive des décideurs à vouloir éradiquer toute forme d’organisation démocratique et moderne. Le FFS devient alors la cible privilégiée des apprentis sorciers qui s’apprêtent à imposer aux algériens l’amnésie et l’oubli.
L’éveil politique du FFS sur la question dérange au plus haut niveau de l’Etat. La revendication de la vérité et de la justice représente les chefs d’accusations retenus contre le FFS.
Ce qui explique d’ailleurs les procédés de manipulation mis en place pour faire des municipalités de la Kabylie l’abcès de fixation pour détourner le regard politique des questions centrales qui touchent à la responsabilité des décideurs dans la sale guerre menée contre la population. En effet, l’assassinat de 126 jeunes en Kabylie, qui est d’ailleurs la poursuite de la politique menée depuis 1992, est présenté aujourd’hui comme un simple accident de l’histoire, réparable sous la forme de marchandage et de vente concomitante.
Révoquer 400 élus en Kabylie contre la mise aux oubliettes de 126 victimes du printemps noir en est l’échange politicien ratifié entre le gouvernement sous la chefferie d’un Kabyle de service et un délégué auto proclamé en stage de formation et d’apprentissage.
L’échec, de toutes les tentatives de blocages des institutions locales à l’effet de légaliser leur dissolution, menées insidieusement par les cliques du pouvoir et leurs réseaux auxiliaires, constitue le point culminant de la fureur des décideurs engagés dans un règlement de compte régionaliste et raciste.
La décision prise par les directions du FLN & du RND de retirer leurs élus de la Kabylie suivie d’un coup de force et d’une décision « illégale et arbitraire » de dissolution des instances élues, ressemble à la machiavélique opération d’ARIEL SHARON de retrait de la bande de GAZA pour mieux prendre la palestine.
Depuis plusieurs mois, BOUTEFLIKA n’a pas caché son intention de révoquer les élus du FFS en Kabylie, notre parti étant la seule structure politique qui résiste encore à une normalisation ressemblant fort à une pacification - post-coloniale. Cette volonté de se débarrasser des élus du FFS dans cette région vise aussi à détruire toute instance représentative capable de s’opposer au pillage et à la dilapidation du foncier public par les mafias locales.
Nous n’allons pas nous taire, nous restons sereins mais déterminés à faire échec par des moyens politiques et pacifiques à cette entreprise de dislocation politique, économique et sociale de la région et du pays.
L’action du FFS pour une réelle convergence des forces politiques et sociales autonomes pour la construction d’une alternative démocratique, est devenue très gênante aux planifications autoritaires du système.
Au fil du temps, la seule existence du FFS semble perçue par les maîtres d’un pouvoir absolu comme un défi à leurs plans d’asservissement de la société. Il constituerait l’obstacle principal au « parachèvement des institutions démocratiques », selon l’expression de propagande pure mais que nos présidents souhaitaient vendre à la communauté nationale et internationale comme une réalité effective.
Les douze années de braise témoignent d’un acharnement viscéral de la dictature à se débarrasser de la seule institution démocratique qui n’a cessé de se battre pour préserver ses options essentielles, politiques et programmatiques et pacifiques.
Grâce à la vigilance de ses militantes et militants ainsi que de la plupart de ses cadres, le FFS a su déjouer les manœuvres de tutelle du système policier ; et c’est toujours grâce à sa base qu’il pu sauvegarder son autonomie par rapport à la tutelle du système policier ; Un refus d’allégeance qui constitue son capital précieux et sa crédibilité politique.
Continuons à nous battre pour une Algérie démocratique et sociale. Une Algérie débarrassée de la Hogra, de l’injustice et des inégalités. Pour une Algérie des droits de l’homme, de la paix et de la démocratie.
Karim TABOU PORTE PAROLE du FFS SECRETAIRE NATIONAL A LA COMMUNICATION TIZI OUZOU, Le Vendredi 08 Juillet 2005
Le monde du travail est au cœur de l’organisation sociale. Selon que les modalités de sa gestion soient basées sur la concertation ou, au contraire, qu’elles s’appuient sur le mépris et la répression dépend l’équilibre global de la société.
Les libertés syndicales sont au carrefour de toutes les libertés démocratiques, libertés d’information d’organisation, de participation. Elles sont à l’intersection de l’ensemble des pactes internationaux qui portent sur la sauvegarde et la promotion des droits de la personne humaine. Elles constituent donc la garantie de la démocratie, de l’état de droit et du développement durable.
En Algérie, la société largement traumatisée par plus d’une décennie de violence extrême tente de construire des cadres d’auto organisation et de revendication légale, mais se trouve confrontée à une vision officielle acquise au plan interne aux seuls rapports de force brutale, et au plan externe à des positions de pur prestige.
Quand le chef du pouvoir algérien rend visite à une organisation internationale qui a le souci de la bonne régulation du monde du travail, les membres de cette dernière doivent savoir qu’ils accueillent le premier responsable d’un pays où :
Face aux licenciements massifs, aux fermetures d’entreprises, au bradage du secteur public, à la précarisation de l’emploi - y compris dans la fonction publique - et au démantèlement brutal des services de protection sociale, les travailleurs et les syndicats autonomes qui portent véritablement leur combat se retrouvent sans recours.
La rhétorique du pouvoir, en l’absence totale d’espace public libéré du chantage et de la répression, ne se prive ni de manipuler les faits, ni de trafiquer les chiffres réels sur le chômage et la pauvreté.
Au moment où les syndicalistes subissent un harcèlement judiciaire des plus scandaleux, où les travailleurs sont menacés de licenciement à chacune de leur mobilisation, où le droit de grève est gravement menacée, recevoir le premier responsable d’un régime aux pratiques aussi méprisantes à l’égard des travailleurs est un affront fait au combat des ces derniers et un reniement de toutes les avancées internationales réalisées par le monde du travail.
Aujourd’hui même, les enseignants manifestent à l’appel des syndicats autonomes pour demander l’ouverture d’un dialogue sérieux sur leurs conditions de travail et pour dénoncer les mesures d’intimidations prises par l’administration à l’encontre de leurs représentants.
Alors que le gouvernement se targue de procéder à une réforme de l’enseignement, les premiers concernés, à savoir les enseignants, sont exclus du débat et traités par le mépris et la répression.
Même scénario dans tous les domaines d’activité : administration, justice, santé industrie… Partout, le mécontentement des travailleurs est accueilli avec les mêmes procédés dictatoriaux et une même démarche unilatérale arrogante.
C’est cette politique fondée sur le mépris et l’abus de la force publique qui a conduit le pays sur les berges de la guerre civile durant la décennie sanglante. Au lieu d’en tirer les conclusions adéquates et de changer de méthodes, le pouvoir grisé par l’appui de l’administration américaine se paie de mots et étend sa vision « sécuritaire » à l’ensemble de la contestation sociale faisant ainsi le lit de tous les extrémismes.
Notre pays, pillé par une corruption structurelle que les campagnes conjoncturelles obéissant à la seule logique des « règlements de comptes » ne menacent nullement, livré à une administration entre les mains d’un pouvoir brutal et n’ayant qu’une vision instrumentale de la Loi, n’en finit pas de payer un prix exorbitant aux dérives criminelles de ses dirigeants.
Quand la mauvaise gouvernance est à ce point conjuguée à l’injustice, au mépris et à la brutalité, c’est le pouvoir qui met la violence au cœur des rapports sociaux.
Les feux mal éteints de la guerre civile sont encore susceptibles de relancer la violence sous toutes ses formes. Seul l’encadrement de la société par des structures autonomes et représentatives peut donner un caractère organisé et pacifique à la contestation sociale.
Il s’agit des préalables indispensables à l’établissement d’un climat de confiance entre travailleurs et administration. Sans un tel climat, le pays profondément miné par la gabegie du pouvoir et le désespoir de la population va continuer de s’enfoncer dans l’ingouvernabilité et le chaos.
Hocine Aït-Ahmed, le 6 juin 2005
Tout rêve de libération court le risque d'être brisé. Cinquante ans après, que reste-il des rêves de liberté, de dignité, de progrès et de justice qui furent à l'origine de la formidable aspiration de novembre 1954 ? Et, par-delà ce que nous pensons avoir conquis ou raté, l'idéal de liberté auquel nous avons consacré nos vies parle-t-il encore aux nouvelles générations nées bien après l'indépendance et confrontées à tant d'autres problèmes ?
Le coup d'arrêt porté à une aventure émancipatrice peut être brutal et difficile à surmonter. Mais l'élan libérateur est si fort que, même brisé, il en reste des fragments qui, épisodiquement, viennent relancer l'aspiration première. Un ami, jeune encore à l'indépendance, me disait qu'il s'était fait réprimander pour avoir demandé si le couple Houria et Istiqlal ("liberté" et "indépendance") avait divorcé puisqu'on ne parlait plus que d'Istiqlal.
La répudiation de la liberté au moment même où l'on célébrait la libération du pays amputa l'esprit de Novembre de ce qui en faisait l'universalité et pouvait en assurer la pérennité.
C'est ce divorce, provoqué par des coups de force à l'aube de l'indépendance, qui endeuilla l'Algérie et continue à la hanter avec des soubresauts de plus en plus forts.
La célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération ne peut avoir de sens pour les Algériens que si elle s'accompagne d'un bilan critique. La liberté est un rêve de jeunesse et une conquête d'adulte. Par-delà les chiffres et les dates, c'est cinquante ans d'une évolution totalement antinomique avec les idéaux qui ont fait prendre les armes aux Algériens, qui laissent à l'évocation du 1er novembre 1954 un goût d'inachevé. Voire de dépossession.
Les émeutes d'octobre 1988 ont mis à nu un système en rupture avec les aspirations de la jeunesse. A partir de 1991, nous avons connu une crise profonde qui a culminé avec une sale guerre qui a coûté la vie à deux cent mille Algériens. La gestion brutale des manifestations de Kabylie est venue réveiller volontairement des archaïsmes destructeurs : il s'agissait là d'une véritable entreprise de destruction politique et économique de cette région où l'on a délibérément installé l'insécurité par groupes politiques ou armés interposés.
Comment, dès lors, ne pas être révolté par les célébrations folkloriques prévues par un régime qui dissimule sous une rhétorique patriotique et une image savamment peaufinée son absence totale de projet de développement du pays ?
Nul doute : Novembre a encore des choses à dire aux Algériens. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ne se réduisant pas à celui de disposer d'un "Etat" qui siège à l'ONU et qui, à travers moult gesticulations diplomatiques, rejoue le rituel d'une pseudo-avant-garde aux relents d'années 1970.
Contrairement à ce que martèle la rhétorique officielle, si l'Etat algérien ne s'est pas effondré au cours de la décennie passée, ce n'est pas grâce à la vigilance de ses forces armées. C'est parce que des millions d'Algériens ont refusé la logique de l'affrontement à laquelle les conviaient autant l'extrémisme islamiste que les faucons du régime. L'histoire nous enseigne que toute guerre contre le terrorisme devient terreur d'Etat quand, sous couvert de lutte antiterroriste, les populations en deviennent massivement les victimes.
Cet effort de la population de préserver un cadre pour le vivre- ensemble en dépit de l'incroyable violence qui s'abattait sur elle a certes diminué ses capacités de résistance individuelle à cette violence. Il a contraint le régime à adopter un discours "réconciliateur" mais creux, car refusant toute mesure susceptible de rétablir la confiance et de donner à la société les moyens de s'impliquer dans une dynamique de participation constructive, seule à même de doter le pays d'un nouveau contrat social. Cette volonté de sauvegarder à tout prix un lien entre gens de convictions antagoniques, ce sens de l'essentiel qui soude les peuples ayant payé le prix fort pour leur liberté, sont fille et fils de Novembre.
A l'opposé, la glorification de l'action militaire, le refus du politique et son remplacement par des manipulations de toutes sortes, la méfiance à l'égard de la population et sa gestion par une propagande infantilisante et une répression brutale sont le fil conducteur des dirigeants algériens. C'est dans ce sens qu'ils ont réécrit et dénaturé le message de Novembre. Si, au bout de sept années d'une terrible guerre, l'Etat algérien s'est doté des attributs de la souveraineté, le droit du peuple à l'autodétermination fut, d'emblée, bafoué par ceux qui venaient d'accaparer le pouvoir en empêchant l'Assemblée constituante de doter l'Etat d'institutions légitimes.
Née dans une violence qui lui a été imposée par la colonisation, l'indépendance s'est construite autour d'une violence que lui ont ensuite imposée des militaires hostiles à toute forme d'expression et d'organisation de la société. Se posant avec brutalité en tuteur permanent du peuple, le pouvoir a dilapidé les chances de la nation de se constituer sur des bases démocratiques. Et ce, alors que la démocratie demeure en Algérie bien plus qu'un choix de société : la seule façon de dépasser nos archaïsmes et la propension de bien des élites à préférer les situations de rente aux risques inhérents au combat contre la dictature. Il en est résulté le règne du clientélisme, du népotisme, d'une prédation à ciel ouvert, des fraudes électorales, de la répression et des crimes d'Etat.
Si, aujourd'hui, des centaines de jeunes Algériens ne voient d'autre issue que le suicide, si d'autres ont pu scander : "Chirac président !" au passage du chef de l'Etat français à Alger, si d'autres enfin ont pu entonner La Marseillaise dans un stade algérois, ce n'est pas par méconnaissance de ce que fut l'insupportable condition de colonisé, mais parce que la condition actuelle de la majorité des Algériens n'a pas grand-chose à lui envier. Qu'il s'agisse de jeunes enrôlés sous la bannière de l'islamisme radical, d'autres acculés à une perversion séparatiste de la culture berbère, ces enfants de l'Algérie indépendante sont avant tout les victimes d'un régime qui s'est construit contre les rêves de pluralisme et de liberté.
Cinquante ans après le soulèvement, le régime lance, dans un de ces bricolages fumeux dans lesquels il excelle, une démarche de réconciliation avec la France et les pieds-noirs. Pourquoi pas ? Il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix. Mais le problème, c'est le tapage qui fait du retour de ces derniers non pas une démarche individuelle et naturelle mais un succès et une nouvelle "preuve d'ouverture" du régime.
Pour de multiples raisons, la France doit demeurer un partenaire privilégié de l'Algérie et de la région. Mais cette approche comporte une condition indispensable : un statut d'égal à égal et le respect mutuel des souverainetés. Nous en sommes loin. Notamment parce que le régime ne recherche auprès de l'extérieur en général et de la France en particulier qu'une légitimité et un soutien qu'il ne prend même plus la peine de solliciter auprès de son peuple.
Aujourd'hui, les partenaires étrangers se disputent les faveurs d'Alger, hydrocarbures, géostratégie et "stabilité retrouvée" obligent. Passons sur cette étrange "stabilité" qui n'envisage même pas de lever l'état d'urgence en vigueur depuis plus d'une décennie, comme si cela devait être l'état naturel du pays.
Les autorités, elles, ne s'y trompent pas. Elles savent que si la société est épuisée, exsangue après la guerre civile, si la détresse sociale amène chacun à chercher avant tout à survivre, si on assiste à un repli sur la sphère privée au détriment de l'action collective, si la course à l'argent devient un sport national, les émeutes récurrentes leur rappellent aussi que la situation est infiniment plus complexe et explosive. Surtout quand la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté dans un pays qui se targue de réserves en devises faramineuses et affiche une prolifération indécente de nouveaux riches.
La force de ce régime a toujours été d'entretenir des mythes. Hier, celui d'"avant-garde du tiers- monde", après le 11-Septembre, celui de "pionnier de la lutte contre le terrorisme international". C'est aujourd'hui celui de la stabilité, de "l'Etat fort" et de la prospérité économique.
On en est loin. Car toute relance est condamnée d'avance si elle ne bénéficie pas de la confiance de tous les acteurs économiques. Or, en dépit des cadres brillants que notre pays affiche dans les instances internationales et les discussions bilatérales, l'administration est bien mal en point. Elle est ballottée entre les mises au pas arbitraires - qui se souvient des quelque trois mille cadres-boucs émissaires emprisonnés en 1995 ? - et l'absence totale du droit, notamment commercial.
Les conditions dans lesquelles "l'empire Khalifa" - qui a ruiné des centaines de milliers d'Algériens - a pu émerger et celles qui ont provoqué son effondrement ne sont pas seulement extravagantes. Elles sont à l'image des faux- semblants du régime : les arrestations régulières de cadres sont là pour accréditer l'existence d'une justice indépendante et d'un refus de l'impunité.
Mais la question taboue subsiste : qui a ordonné le transfert massif de fonds publics vers une banque créée ex nihilo ? C'est dire combien le problème essentiel de l'économie algérienne reste de n'avoir jamais été encadrée par le droit, sans parler de transparence, et de n'avoir jamais sanctionné les échecs, fût-il celui de Khalifa que le gouvernement qualifie de "plus grand scandale financier depuis l'indépendance"...
Cinquante ans après le lancement de la lutte armée, l'Algérie a plus que jamais besoin de renouer avec les promesses de Novembre. Si un Etat juste et égalitaire exprimait l'utopie d'hier, le réalisme devrait aujourd'hui dicter à nos potentats de respecter un minimum de règles de bonne gouvernance.
Pour nous, Algériens, l'heure est venue de tirer ensemble les leçons de notre histoire, de nous écouter les uns les autres par-delà les différentes chapelles, de débattre de nos échecs pour rendre une actualité aux idéaux de Novembre et trouver les conditions de leur réalisation.
C'est la seule garantie pour éviter une véritable bombe à retardement : la dislocation d'une majorité de la société exclue de toute retombée de la manne pétrolière et gazière. C'est l'unique voie pour soustraire le Maghreb à une instabilité permanente nourrie par l'absence de volonté réelle de réduire les tensions régionales qui empêchent tout processus d'intégration de nos pays.
Chers compatriotes,
Cette célébration ne doit pas être une commémoration rituelle. C’est d’abord un hommage à la fois aux congressistes et à tous les militants anonymes qui n’ont pas récolté les fruits de leurs activité débordante, de leur abnégation et de leur sacrifice.
Où que vous soyez, nos aînés, nos frères, nos sœurs ! Nous tenons à vous assurer que nous restons vos dignes héritiers, porteurs fidèles de votre patrimoine historique fait de dignité humaine d’intégrité personnelle, d’amour de l’Algérie, de passion pour la justice et la liberté. Nous voulons vous dire que votre combat est toujours présent comme si vous étiez encore vivants. Et que vos luttes continuent à nous inspirer dans notre volonté inébranlable de nous battre pacifiquement au service d’un peuple marginalisé, dépossédé et soumis aux pires humiliations.
C’est aussi une occasion de leur rendre des comptes sur nos promesses de respecter et de mettre en pratique les idéaux proclamés le 20 août 1956 et pour les quels des centaines de milliers de compatriotes sont tombés.
Chers compatriotes,
Je n’ai pas grand chose de nouveau à vous apprendre aujourd’hui, les 2 textes que j’ai fait à l’occasion des deux dernières commémorations devraient être à votre disposition sur place.
L’un sous forme d’interview, était destiné principalement à évoquer le contexte politique et préparatoire des premières assises du FLN. Ce fut une manière aussi de dénoncer la désinvolture avec laquelle des attaques injustes voire des accusations de trahison avaient été proférées et répétées contre les organisateurs de cette réunion. Le second, sous forme de message, revenait sur quelques unes des dérives désastreuses provoquées, hier en pleine guerre de libération, et aujourd’hui, encore, par une guerre multiforme contre les civils, sans nom, sans normes et sans fin.
Je ne suis pas un historien, mais je partage la vision des chercheurs qui veulent démystifier une guerre de libération menée par le peuple mais confisquée et détournée à des fins de légitimation politique par des dictateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance.
Ne craignons pas les mots : décoloniser l’histoire, c’est la libérer des manipulations continuelles des groupes militaro-policiers, c’est restituer à la nation sa mémoire, sa fierté et sa dignité. C’est redonner aux algériennes et aux algériens confiance en eux-mêmes pour reprendre en main pacifiquement leur destin. Ce retour à la légitimité populaire et à la volonté de construction d’un Etat et des institutions démocratiques à tous les niveaux furent le fondement même de la plate-forme de la Soummam.
Dès lors, on ne s’étonnera pas de l’hostilité rancunière affichée hier et aujourd’hui aux décisions éthiques, politiques et organiques adoptées par le Congrès de 1956. C’est hostilité ne porte donc ni sur la forme, ni sur les incompatibilités de personnes ; elles portent sur le fond, sur la garantie aux algériennes et aux algériens des droits fondamentaux et des libertés démocratiques indispensables à la concrétisation de cette République démocratique et sociale. Une promesse solennelle et historique que personne ne peut contester ouvertement sans se mettre en porte à faux avec les engagements imprescriptibles proclamés le 1er novembre 1954.
Chers compatriotes,
Fallait-il oublier ou instrumentaliser ainsi le passé pour faire prévaloir les manœuvres politiciennes du présent avec pour conséquence de frapper de cécité et d’amnésie les narcissistes névrosés du pouvoir ? Au point de les rendre aveugles sur eux-mêmes. Et surtout totalement aveugles sur les deuils et les souffrances d’une sale guerre imposée par une poignée d’individus englués dans les fantasmes conjugués de la toute puissance et de l’impunité. rien n’aura été épargné à la société algérienne dès lors que les engrenages de la banalisation du pire ont fini par imposer à leurs consciences que la mort n’a aucun sens et la vie aucune valeur.
Est-il interdit de se demander quel regard porteront les congressistes de 1956 notamment sur l’état de la nation Algérie en 2004, sur la stratégie de la terre brûlée en Kabylie et sur les complots successifs du pouvoir destinés à mettre un point final à toute vie publique et à toutes les libertés d’expression, d’organisation et de participation citoyenne ? Dans quelle mesure sont concrétisés les rêves d’émancipation politique, sociale et culturelle qu’avaient nourries des générations e compatriotes qui, depuis la fin de la 1ere guerre mondiale ont préparé l’accès de notre pays à l’indépendance ?
Ce que d’emblée je peux vous rapporter, c’est le capital d’admiration, de respect et d’estime voire de gratitude dont jouit encore le peuple algérien auprès des peuples du monde en tiers. Ce capital est à l’échelle de la lutte opiniâtre et intelligente qu’il a su et pu mener dans un ghetto quadrillé à l’extrême par un corps expéditionnaire d’un demi million d’hommes. un effectif unique dans l’histoire de la décolonisation. Ce capital est aussi à l’échelle des sacrifices et des souffrances consentis pour concrétiser son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
Les congressistes ne reconnaîtraient ni la cité, ni le pays dont ils avaient jeté les fondations qui constituaient la légitimation du recours aux armes. L’état apocalyptique dans lequel se débattent les algériennes et les algériens n’était pas du au hasard ni à une fatalité quelconque. Je ne voudrais pas confisquer le regard, mais je pense que la cause originelle des 4 décennies d’une gestion catastrophique tient sa source du coup de force contre l’Assemblée Constituante et de la violation de la légitimité populaire. L’Algérie a raté son départ et l’Etat est mal parti, pour disparaître progressivement au profit d’instance privatisées et de pratiques autoritaires après la préfabrication de la constitution destinée à être la matrice d’un Etat démocratique, d’un Etat de droit, il n’est pas étonnant que nous ayons connu l’interminable défilé de constitutions imposées et d’élections truquées.
Je suis convaincu, et vous aussi, que le regard des congressistes de la Soummam se porteraient en priorité sur les conditions d’existence qui prévalent dans la majorité écrasante de la population, ainsi que sur l’état de notre société.
Chers compatriotes,
Quel regard porteraient-ils sur l’installation systématique de l’insécurité ans tous les domaines par les tenants du pouvoir, dans cette région qui a su assurer leur protection et le succès de leurs assises ? Comment leur expliquer cette stratégie d’anéantissement des forces et des potentialités morales, politiques et économiques d’un bastion de la démocratie et de l’adhésion réfléchie à la culture de la non-violence ? Alors que grâce à la survie de la paix civile, les populations de la région avaient accueilli le plus chaleureusement du monde de nombreux compatriotes venus des autres wilayas souvent avec leurs familles ou leurs cabinets de profession libérales et quelquefois avec leurs petites entreprises. Avec la même hospitalité et la même solidarité qu’en août 1956.
S’agissant de leaders rompus au combat politique dans les conditions les plus dures, ils auraient certainement compris au quart de tour que l’enjeu dépassait ce cadre régional. Et qu’il s’inscrit dans la mise au pas définitive de toute contestation présente ou potentielle au régime de la restauration généré par l’inénarrable mystification du 08 avril 2004.
L’hostilité pernicieuse et permanente des décideurs à l’encontre du FFS s’inscrit aujourd’hui dans l’inversion et la perversion du principe fondamental qui a dominé les orientations générales du Congrès de la Soummam, à savoir le principe de la primauté du politique sur le militaire. On pourrait même voir dans cette attitude vis à vis du FFS un bégaiement de l’histoire. Je veux parler ici du conflit tragique qui a opposé les frères Larbi Ben Mhidi et Abane Ramdane aux clans de Oudjda et de Ghardimaou, ces derniers s’étant autoproclamés uniques sauveurs de l’Algérie au nom d’une légitimité révolutionnaire.
Certes, depuis des années, notamment à la suite du Contrat national signé à Rome, le FFS a été soumis à toutes sortes de manipulations et de complots destinés à le réduire pour le moins à un simple appareil contrôlable et récupérable à merci. Mais, grâce à la solidité de sa base militante et à son crédit auprès de la population a pu survivre et préserver son autonomie, sa vision et ses principes. Est-il nécessaire de rappeler que la plupart des autres partis signataires à Rome n’ont pas résisté à ces " coups d’état scientifiques ".
Je ne pense pas exagérer en disant que le FFS reste le seul parti démocratique sur le terrain. Même dans un univers que le pouvoir s’entête à rendre sans principe et sans perspective, sans passé ni avenir, il demeure l’espoir des laissés pour compte aussitôt qu’il obéira aux devoirs de vérité, de lucidité et de pédagogie. Et aussi qu’il ne renoncera pas au respect des règles édictées par ses assises. Je crois profondément qu’un parti incapable de se critiquer lui-même, et sévèrement, et d’étendre les espaces de débat en son sein ne peut pas dialoguer et nouer des liens de confiance avec la population.
L’histoire du parti est illustrée par le devoir et al volonté de comprendre qui ont animé les militants, même au creux des pires moments. Cette quête de vérité, de justice et de libre expression doit être sauvegardée dans toutes les instances du parti, pour qu’elles soient transmises et enracinées dans la société.
C’est ça l’ouverture proclamée solennellement par le 3eme Congrès du FFS.
C’est ça la clef de l’amorce d’une alternative démocratique.
Avec mes vœux les plus profonds.
Hocine Ait Ahmed Le 20 août 2004.
Il me revient, je crois, d’expliquer pourquoi un État peut massacrer 200 000 personnes, affamer la moitié de sa population alors qu’il est assis sur un baril de pétrole et inspirer à l’occasion quelques bombes dans ce qui fut son ancienne métropole. Le tout sans que cela ne dérange personne et sans en subir aucune conséquence.
Le temps qui m’est imparti étant court et l’affaire complexe, j’essaierai d’aller à l’essentiel. L’Algérie a vécu schématiquement trois drames. Et chacun a contribué à rendre l’Algérie un peu plus taboue au sein de la communauté internationale. Jusqu’à arriver à la situation actuelle : un consensus général pour fermer totalement les yeux sans la moindre gêne sur le sort des Algériens.
Elle a été atroce, on le sait. Quarante ans après l’indépendance, la France n’a tou-jours pas réussi à passer d’un vague regret à un repentir conséquent, seul gage d’une réconciliation saine. Du coup, les séquelles de cette guerre hantent toujours les rapports entre les deux pays. Problèmes politiques, psychologiques, réels ou instrumentalisés : tout a été fait pour que les rapports franco-algériens soient englués dans un pathos où se mêlent la culpabilité, les vieux réseaux sentimentaux et pécuniaires de la « Françalgérie ».
C’est exactement ce qu’il fallait pour instaurer un début d’omerta sur notre pays et pour que les « amis de l’Algérie » tolèrent chez nous des atteintes aux droits de l’homme qu’ils ne toléreraient ni chez eux ni ailleurs. Et je pense là très précisément à l’assassinat d’Ali André Mécili en avril 1987 à Paris. Ce n’était pas seulement l’exécution d’un opposant politique. Ce n’était pas seulement le meurtre de mon com-pagnon le plus cher. Ce n’était pas seulement la volonté de priver l’opposition algé-rienne d’une indispensable relève de génération.
C’était un acte fondateur de la complicité de deux services de sécurité. Cet acte fondateur a scellé cette « première » omerta, produit d’une guerre de libération non assumée et de quelques « services » rendus par Alger au Liban ou ailleurs à ses « amis » français de la DST.
Le peuple algérien en a payé directement le prix en octobre 1988 : pas un mot, pas un reproche pour les centaines de jeunes fauchés alors à la mitrailleuse lourde. C’est ce silence qui a donné aux généraux l’impression qu’ils pouvaient tout se permettre dans l’impunité absolue et qui a entraîné les violences qui ont conduit, inexorablement, à notre deuxième drame.
Le pouvoir algérien a cyniquement joué sur les peurs et les fantasmes face au danger islamiste. Le message était clair : « Mieux vaut des généraux corrompus qu’Ali Benhadj au pouvoir. » La France l’a reçu cinq sur cinq. Et tant pis si c’était loin de correspondre à la situation ! Mais ces signaux avaient, il est vrai, de quoi séduire… et dissuader : pétrole, gaz et… menace grossièrement exprimée d’exporter la guerre en France.
Cette menace est d’ailleurs devenue concrète quand la guerre civile a pris une trop sale tournure. Et que l’opposition a eu le mauvais goût de se réunir à Rome en 1995 pour tenter d’arrêter le massacre. On se souvient du détournement de l’Airbus, de l’assassinat des moines, des attentats sanglants à Paris : la France a payé un lourd tribut pour les velléités de prise de distance que les généraux lui prêtaient.
Elle n’a pourtant rien entendu, fait comme si de rien n’était, ravalé son exaspération face aux manipulations d’Alger et gardé bouche cousue. Seul un Premier ministre nommé Lionel Jospin aura osé formuler publiquement ce chantage aux attentats en affirmant que la parole de la France était « contrainte ». Incroyable aveu, certes. Mais cette lucidité n’a pas empêché que Paris devienne la gardienne du temple, la bouée de sauvetage d’un régime totalement coupé de la population.
Je n’en citerai que deux exemples : son activisme auprès de l’Europe afin d’empêcher toute conditionnalité politique à la renégociation de la dette au milieu des années 1990 et ses efforts pour combattre toute idée de commission internationale d’enquête sur les massacres. Des massacres qui, il faut le rappeler, ont eu lieu aux portes d’Alger et au cœur de la zone la plus sécurisée du pays avec le Sud pétrolier.
Huit ans après, toutes les informations disponibles sur l’implication directe ou indirecte du DRS dans l’assassinat de sept malheureux religieux français ébranlent aussi peu Paris que les révélations en cascade sur les manipulations des groupes islamistes armés par le même DRS.
Il ne manquait plus qu’un troisième drame pour étouffer totalement la voix des Algériennes et Algériens, bénir la « normalisation » autoritaire et plomber définitivement l’avenir du pays : c’est le 11 septembre 2001.
Dix ans durant, la junte algérienne n’avait jamais soupçonné l’existence de liens entre Al-Qaïda et les groupes intégristes algériens. Le 12 septembre, ces liens sont miraculeusement devenus évidents. Et ils ont permis aux « décideurs » de réussir un formidable tour de passe-passe : transformer une atroce guerre contre les civils en premier affrontement contre le terrorisme international. Les généraux en ont retiré plusieurs avantages :
Les Américains aujourd’hui, comme la France hier et aujourd’hui, ont « acheté » d’autant plus ce « discours » que l’Eldorado pétrolier et gazier algérien devient incontournable par ces temps de turbulence au Proche et Moyen-Orient. La boucle est ainsi bouclée : pour des raisons différentes et une concurrence désormais affichée, la France et les États-Unis convergent au moins sur un point : depuis le 11 septembre, le régime algérien est intouchable et notre pays semble voué à être une exception à jamais.
Que dire d’autre ? Que je parviens mal à oublier mes rêves et mon combat pour un État algérien souverain et indépendant. Et que je suis convaincu qu’il ne le sera que lorsque la France sera consciente qu’elle est prise en otage par un régime qu’elle soutient comme gage de stabilité, alors qu’il génère seulement violences et dislocation de notre société. Oserai-je suggérer haut et fort que la France sorte de ce piège et réclame son indépendance de l’Algérie ?
Au-delà de la boutade, ce refus obstiné de prendre en compte la tragédie de tout un peuple s’inscrit, je dois le dire, dans un positionnement français plus global. La France apparaît aujourd’hui comme le meilleur garant du statu quo autoritaire dans mon pays, mais aussi dans la plupart des pays du monde arabe.
Au-delà de la boutade, ce refus obstiné de prendre en compte la tragédie de tout un peuple s’inscrit, je dois le dire, dans un positionnement français plus global. La France apparaît aujourd’hui comme le meilleur garant du statu quo autoritaire dans mon pays, mais aussi dans la plupart des pays du monde arabe.
Du coup, qui expliquera au pauvre indigène que je suis la contradiction suivante : comment les dirigeants français peuvent-ils répéter, en faisant mine bien sûr de s’en désoler, qu’il n’existe pas d’alternative politique en Algérie, tout en refusant qu’on encourage l’opposition et la société civile ? Qui expliquera aux indigènes que nous sommes un autre tour de passe-passe : pourquoi, au plus fort de la sale guerre, une « société civile » autoproclamée et coupée du peuple était encensée et pourquoi il n’est plus de bon ton aujourd’hui de favoriser son émergence ?
Qui m’expliquera enfin comment les ex-pays de l’Est auraient pu bénéficier, après la chute du Mur de Berlin, de l’avènement de nouvelles élites démocratiques, si celles-ci n’avaient pas été aidées et encouragées quand elles développaient leurs dissidences contre les systèmes staliniens ?
Et qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit seulement d’un communiqué au G8 ou ailleurs. Dans les faits, l’Europe « couvre » bel et bien le refus obsessionnel d’Alger de tolérer la moindre organisation autonome de la société. Qui à l’Union européenne, ou en France, a protesté quand les autorités algériennes ont enterré un plan européen pour recaser 100 000 déplacés de la sale guerre, alors que l’Algérie, avec 1,5 million de déplacés, détient un triste record ? L’omerta s’exerce aussi désormais dans le domaine social.
Cette omerta conjuguée des grands pays occidentaux a, il va sans dire, de terribles conséquences pour mon pays, comme pour la région. La volonté - légitime - de la France de normaliser ses rapports avec l’Algérie retarde en effet toute ouverture à force de trop se confondre avec un soutien inconditionnel au régime. Ce soutien encourage à l’intransigeance un pouvoir déjà assuré de l’impunité. Jamais peut-être la situation politique n’a été aussi bloquée. Le maintien de l’état d’urgence justifie un réel verrouillage des libertés d’expression et de participation.
L’Algérie, dans ce contexte, ne pourra pas devenir un partenaire sérieux pour demain : elle continuera à être une poudrière où les extrémismes religieux et ethnicistes se combinent à une paupérisation galopante pour créer une culture de l’émeute, dans un pays qui se targue d’excédents budgétaires et de réserves en devises faramineuses. Est-il utile de dire que c’est la pire manière de faire face à la généralisation, de par le monde, des intégrismes et des nationalismes étriqués ? Et, partant, d’un engrenage de guerres civiles dans le monde musulman.
Les membres du Conseil national du FFS se sont réunis en session extraordinaire le 04 mars 2004 au siège national du parti. Ils ont procédé à un vaste échange de vue sur la situation générale du pays et, plus particulièrement sur les tenants et aboutissants du scrutin présidentiel du 8 avril 2004. Au terme des débats, ils ont adopté la déclaration suivante :
En dépit du manque d'intérêt et de la désaffection totale de la population à l'égard du processus de consolidation de la dictature par la relégitimation des institutions préfabriquées, le pouvoir s'entête à organiser une énième mascarade électorale dans un climat de confusion et de terreur.
Malgré le matraquage médiatique, les maquillages pluralistes et les fausses promesses électoralistes, le scrutin ne mobilise que le pouvoir, ses clientèles et les réseaux mafieux.
L'échéance du 8 avril 2004 est discrédité et décrédibilisé par l'exclusion de l'opposition réelle, la mise au pas de l'administration, le monopole exercé sur toutes les institutions de l'Etat, la dilapidation des biens publics, le harcèlement exercé sur la presse privée, la fermeture du champ politique et le maintien de l'état d'urgence.
En configurant une façade pluraliste, le pouvoir a choisi des candidats triés sur le volet dans le seul but de cautionner cette énième mascarade électorale. Il vise à imposer, une nouvelle fois, un chef d'Etat, recomposer le champ politique par le mensonge et la manipulation pour fabriquer une opposition factice et réaliser les pôles politiques conçus et programmées par les laboratoires.
Devant les menaces qui pèsent sur la société algérienne, le FFS réaffirme que seule une solution politique globale, pacifique et démocratique est à même de réaliser la rupture radicale avec le système et rendre visible l'avènement de la Deuxième république démocratique et sociale.
Le FFS appelle les Algériennes et les Algériens à une mobilisation pacifique pour l'élection d'une Assemblée nationale constituante : seule et unique voie pour restituer au peuple algérien son droit à l'autodétermination.
Le FFS s'insurge contre les propos insidieux du Président du Conseil constitutionnel qui a outrepassé ses prérogatives en s'érigeant en donneur de leçons de patriotisme. La compétence et l'honneur d'un ex-juge de la cour de La Haye devraient imposer un rappel à l'ordre au chef du gouvernement dés la signature du protocole de la honte.
Le FFS appelle ses militants et ses élus à se mobiliser pour élargir et consolider la dissidence citoyenne pacifique.
Le FFS appelle les Algériennes et les Algériens à un boycott massif et actif du scrutin du 8 avril 2004 pour faire échec à la politique d'asservissement du peuple algérien.
Front des Forces Socialistes Conseil National
Près d’un demi siècle après sa victoire sur les forces du colonialisme français, le peuple Algérien continue de subir le diktat et la violence des clans militaro-policiers qui ont, dés l’indépendance imposé un système de gouvernance fondé sur la terreur, les coups de force, la gabegie et la corruption.
Douze années, après l’interruption manu militari, du processus de démocratisation initié sous la pression de la révolte des jeunes en octobre 1988.
Six années à peine après « le parachèvement de l’édifice institutionnel » qualifié pompeusement de processus de restauration de l’Etat, force est de constater que les fissures sont béantes, l’instabilité est encore plus grande.
En dépit de l’échec avéré de sa démarche, et malgré les mises en gardes des forces démocratiques représentatives quant aux risques de dislocation de la nation et de décomposition totale de l’Etat, le pouvoir a convoqué le corps électoral pour le 08 avril et s’apprête à organiser un énième scrutin présidentiel dans un contexte de confusion et d’impasse politique.
Aucun cadre de revendication de droits et de liberté n’est épargné par le coups de forces. Un véritable processus de gangstérisme politico-mafieux est mené pour détruire toutes les libertés démocratiques.
L’incertitude et l’arbitraire touchent tous les domaines de la vie des citoyens. En face d’eux et contre eux il y a un discours et une culture de la violence qui sont inconciliables avec le suffrage universel.
Le conseil national du Front des Forces Socialistes considère qu’il est politiquement irresponsable et moralement indécent de s’entêter à maintenir un scrutin qui ne mobilise que les cercles du pouvoir, les milieux mafieux et tous les bénéficiaires de la rente pétrolière.
Le Front des Forces socialistes, fort de son ancrage dans les milieux populaires, est convaincu que les citoyens manifestent une indifférence totale à l’égard de ce scrutin, et sait que des pans entiers de la population couvent une colère qui risque de provoquer à tout moment des déflagrations ravageuses.
Le FFS qui ne récuse pas les questionnements de fond, milite pour de vrais diagnostics et des remèdes efficaces.
Il maintient que la négation du « droit d’avoir des droits » fut et reste l’élément fondamental de la fausse république. Elle est la cause originelle d’un cancer qui, après avoir rongé les institutions, est en train de s’attaquer aux valeurs qui cimentent notre société.
Au moment où les Algériens s’attendent à la prise en charge de leurs aspirations démocratiques, le pouvoir s’emploie à multiplier les facteurs de la confrontation fratricide en réactivant tous les archaïsmes et les extrémismes destructeurs.
Le dialogue avec l’Aarouchs et l’accord conclu pour la destitution des élus du FFS en est la parfaite illustration.
Pour le FFS, la crise de Kabylie est inséparable de la crise nationale. Car la nation algérienne dans son écrasante majorité et à travers toutes les régions du territoire national, souffre au quotidien, directement ou par communion fraternelle des mêmes exactions, abus et Hogra.
Convaincu que seule une solution globale politique et démocratique est à même de sortir le pays de la crise, le Front des Forces Socialistes interpelle les décideurs sur les risques d’un embrasement généralisé et incontrôlable : Reporter le scrutin c’est éviter le chaos et impulser une dynamique de changement à même de redonner l’espoir aux populations.
Le FFS considère que l’urgence est d’engager le pays sur la voie de la construction démocratique de l’Etat et de la société.
Il s’agit de réunir les conditions nécessaires à l’amorce d’un processus politique pour une transition démocratique.
Le report de l’élection présidentielle et son couplage avec l’élection d’une assemblée constituante ouvrira de nouvelles perspectives de paix et de démocratie pour notre pays. Cette perspective fondée sur la restitution au peuple de son droit à l’autodétermination sera le pilier essentiel pour l’avènement de la deuxième république.
Le FFS appelle l’ensemble des Algériennes et des Algériens à se mobiliser pacifiquement pour imposer une solution politique à la crise.
La crise qui déchire, ruine et ensanglante la société depuis des années est loin de se résorber. Elle semble chargée de périls encore plus incontrôlables. Jamais les Algériens ne se sont sentis aussi démunis et humiliés. Politiquement exclus, économiquement dépossédés, culturellement déracinés et socialement écrasés, tout est fait pour ne leur offrir d’autre choix que l’allégeance ou la déchéance.
Il importe de rompre avec les fausses solutions, et en finir avec les faux dialogues.
Les institutions, censées constituer les espaces d’expression et de prise en charge des préoccupations des citoyens, ne jouissent d’aucune légitimité. Elles ont progressivement perdu leur caractère étatique et républicain et donnent aujourd’hui l’image déshonorante de simples instruments de coercition et de régulation clanique.
À l’approche du prochain scrutin présidentiel qui, du reste, ne mobilise que le pouvoir et ses clientèles, les inquiétudes s’aiguisent et la perspective du chaos se précise.
La résurgence de toutes sortes d’archaïsmes et l’encouragement des tensions à bases régionalistes, tribales ou familiales, sur fond d’impasse politique intégrale, met plus que jamais notre Nation au bord de la décomposition. Les prémisses d’une dégradation accélérée de la situation sont là.
Seul le recours au peuple peut fonder la légitimité démocratique et édifier un Etat de Droit.
Restituer au peuple son droit à l’autodétermination pour lequel trois générations de patriotes se sont sacrifiées est un impératif de rupture avec les faux-semblants et les faux-fuyants du " despotisme éclairé ".
De toute évidence et en vertu des normes internationales, le droit à l’autodétermination, le premier et le plus fondamental des droits de l’Homme est également indissociable du droit du peuple à disposer librement de ses richesses économiques et culturelles. Réduire la démocratie à l’aspect institutionnel et l’amputer de ses dimensions sociale, économique et culturelle serait condamner notre pays à la déstabilisation permanente.
C’est la reconnaissance pleine et entière de tous les droits de l’homme toutes catégories confondues qui fonde la citoyenneté. La négation du principe d’indivisibilité des droits de l’homme sous le prétexte de prétendues spécificités n’est-elle pas à l’origine de dérives autoritaires et de situations sanglantes de par le monde ? L’histoire récente offre des exemples édifiants qu’il faut sérieusement méditer.
Le Front des Forces Socialistes considère que l’urgence est d’engager le pays sur la voie de la construction démocratique de l’Etat et de la société. Il s’agit de réunir les conditions nécessaires à l’amorce d’un processus politique pour une transition démocratique, à travers :
Les mesures d’urgence visent à rendre espoir à la population et à créer les conditions d’une vie publique lisible.
Ces mesures seront de nature à créer un climat favorable à l’ouverture d’un dialogue entre le pouvoir et les forces politiques et sociales. Le cadre, les partenaires et les objectifs doivent être définis d’un commun accord.
Le FFS propose que ce dialogue s’articule autour des axes suivants :
Il s’agit d’un engagement public et sans ambiguïté des différents acteurs pour :
- le respect des libertés fondamentales, individuelles et collectives ;
- le respect et la promotion des droits de l’homme ;
- le respect des pluralismes politique, culturel, linguistique et confessionnel ;
- la non utilisation de la religion à des fins de restriction du champ des libertés ;
- le rejet de la violence comme moyen d’expression ou comme mode de gestion et de règlement des conflits.
Elles seront chargées de gérer une période de transition qui soit la plus courte possible.
- de veiller à l’application effective des mesures urgentes de détente et au strict respect des engagements contenus dans le contrat politique ;
- d’agréer les personnalités devant siéger au gouvernement ;
- d’élaborer l’ensemble du dispositif électoral (révision des listes électorales, du découpage électoral, de la loi électorale ainsi que les modalités de surveillance nationale et internationale du processus électoral) ;
- de fixer le calendrier électoral ;
- de mettre en place une instance de suppléance de l’institution présidentielle au terme de la mandature actuelle.
C’est en effet aux Algériennes et aux Algériens - et à eux seuls - qu’il appartient de reconstruire un Etat en lui donnant des fondements garantissant la séparation et l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la non utilisation de la religion à des fins de restriction des libertés, le respect de tous les pluralismes, l’égalité entre hommes et femmes, le respect et la promotion des droits de la personne humaine et un système politico - administratif consacrant la démocratie décentralisatrice et participative.
La nouvelle Constitution, première à émaner de la volonté populaire marquera l’avènement historique de la 2e République.
L’institution militaire, détentrice du pouvoir réel dans notre pays, est plus que jamais interpellée. Partenaire important de cette transition, elle doit s’associer à l’ensemble des étapes du processus et être garante du respect des engagements pris. Son retrait du champ politique doit être graduel et effectif.
La communauté internationale doit être également présente, par le biais d’une représentation officielle du Secrétaire Général des Nations-Unies. Elle sera chargée de l’observation et, éventuellement, des bons offices, dès le début, et tout au long de ce processus historique mené par les Algériens, pour les Algériens en Algérie.
En ce moment décisif, la responsabilité de chacun et de tous est immense. Les enjeux dépassent plus que jamais les considérations de personnes, de régions ou d’appareils. Il s’agit d’abord de sauver notre pays du chaos, de redonner confiance au peuple algérien et de mobiliser nos immenses richesses pour garantir l’avenir et le bonheur des générations montantes.
Face à l’une des grandes puissances occidentales l’indépendance de l’Algérie fut une utopie pour les jeunes militants des années quarante. Cette utopie est devenue réalité. Une issue pacifique et démocratique est à notre portée, à plus forte raison dès lors que nous sommes aujourd’hui entre Algériens. Elle dépend de notre volonté politique commune.
Aussi les Algériennes et Algériens soucieux de l’avenir de leur pays et de leurs enfants réalisent-ils qu’ils vivent ici et maintenant des moments décisifs de leur histoire nationale et internationale. Ils savent qu’Il n’y a pas d’autre issue au pourrissement politique avec ses engrenages d’horreurs de fléaux sociaux et de scandales banalisés en dehors d’un changement de cap démocratique crédible.
Il s’agit en premier lieu de l’ouverture de l’Algérie vers elle-même, vers les citoyens et cela, sans paternalisme et sans manœuvres politiciennes ; elle implique évidemment une rupture visible et lisible avec les pratiques de la hogra mensongère, des manipulations et de la peur.
L’autre impératif complémentaire sera l’ouverture de notre pays sur le monde. La conduite et les buts de notre politique internationale doivent répondre aux exigences de la transition démocratique pour assurer son succès. Une politique extérieure alternative qui doit encourager la globalisation de la solidarité et d’un humanisme libéré des raisons d’Etat et du mensonge.
Grâce à cette dynamique les peuples des pays les plus pauvres écrasés par les dictatures pourront se libérer des régimes d’exclusion et de domination, et, en exerçant pleinement leur droit à l’autodétermination participer à la démocratisation des structures internationales et régionales dans tous les domaines, politique économique, social, médiatique et de l’information.
Il s’agit de rompre la rupture diplomatique qui a plongé dans l’oubli la longue odyssée internationale que fut la conquête du droit du peuple algérien à l’autodétermination. Une façon de rappeler que ce phénomène révolutionnaire n’aurait pu avoir lieu sans la souveraineté ininterrompue exercée en pleine guerre par le peuple algérien.
Chacune des reconnaissances successives du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) par la communauté internationale n’aurait pu se produire sans cette résistance souveraine permanente à la reconquête coloniale; ce phénomène d’auto-mobilisation de la société algérienne toutes catégories et tout âge confondus ayant en effet compensé l’absence de contrôle effectif du territoire national par le gouvernement en exil.
Libre aux imposteurs de s’entêter à vouloir falsifier le passé pour le transformer en épopées mythiques d’un clan, d’un appareil ou d’un homme providentiel, mais ils ne peuvent gommer pour toujours cette réalité historique : la résurgence de l’Etat algérien est consubstantielle à la souveraineté collective et individuelle des Algériennes et des Algériens.
Recentrer aujourd’hui " le débat présidentiel " sur l’obligation morale et politique de restituer à l’Algérie son droit à l’autodétermination ne va pas sans rendre hommage aux forces de paix et de solidarité qui avaient réussi à isoler les autorités coloniales de la communauté internationale et qui, de ce fait, avait favorisé l’avènement à Evian des négociations qui avaient abouti à une solution pacifique et démocratique.
Pour l’heure, l’une de nos préoccupations extérieures est de négocier une meilleure insertion de notre pays dans un monde menacé d’une globalisation sauvage ; elle comporte un double défi :
Plus vite nous sortirons de la crise, plus sûrement nous donnerons une profondeur stratégique à nos options démocratiques et mieux nous placerons notre pays au cœur des combats que mènent la société civile internationale et les peuples du Sud en particulier pour jeter les bases d’un ordre mondial alternatif.
L’Algérie pourra ainsi retrouver sa vocation en jouant un rôle d’avant-garde, de soutien, de consolidation et de réforme du système onusien. Il importe que l’opinion mondiale et la société civile internationale se mobilisent pour aider les Nations Unies à venir à bout du concept absolu de la souveraineté des Etats en vue de faire prévaloir le droit international et de faire respecter les Pactes des droits de la personne humaine ainsi que les Conventions humanitaires.
Et c’est dans la mise en œuvre de cette alternative globale que se situe précisément la responsabilité historique commune des algériennes et des algériens.
Monsieur le Président, chers camarades,
Parler de sécurité et de démocratie dans la construction d'une région suppose que des efforts effectifs ont déjà été faits pour la construction nationale.
Si dans la région du Maghreb la nécessité se fait sentir, de plus en plus pressante, auprès des populations de voir s'intensifier les échanges, se multiplier les projets communs et se profiler à l'horizon un avenir moins inquiétant, la réalité est, hélas, toute autre. Si l'ensemble du Maghreb suit avec attention les efforts de démocratisation prudente au Maroc et constate avec tristesse la persistance du gouvernement tunisien dans sa politique répressive, c'est l'ALGERIE qui provoque la consternation.
A la veille d'une élection porteuse de toutes les incertitudes, hormis celle de voir la situation nationale s'améliorer, il est impératif de faire le rappel de ce qui fonde une politique de construction sincère, à savoir l' Etat de Droit, l'Etat de droit, l' Etat de droit.
Depuis 1992, l'Algérie s'enfonce dans la crise sous la conduite du même régime qui édifia l'Etat autoritaire et qui, aujourd'hui, travaille à sa déconstruction et à son remplacement par le régime de la criminalité organisée et des seigneurs de la guerre.
On a beaucoup martelé, ici même depuis hier, les dangers que terrorisme et unilatéralisme font planer sur le monde. On a répété à l'envi que la lutte contre le terrorisme ne pouvait se mener de manière efficace, que dans le cadre du respect du Droit, des Droits de l'Homme, et avec la concertation entre tous ceux qui récusent le recours à la violence brutale et indiscriminée.
Nous fûmes heureux de l'entendre dire avec tant de détermination hier et fort accablés de n'avoir pas pu ou pas su suffisamment convaincre de cela durant les dix années écoulées.
Bref, dans ce conflit qui endeuille toujours l'Algérie avec ses dizaines de morts hebdomadaires, qui s'ajoutent aux 200'000 précédents, ses violations quotidiennes des Droits de l'Homme, ses 15 à 20'000 disparus, sa prédation à ciel ouvert, sa justice aux ordres, etc...
Nous avons appris la modestie, le sens du compromis, la modération des ambitions, et même appris à ne rêver que de l'essentiel. Mais nous avons également appris combien il est vital de tenir ses promesses. Nous avons appris que la colère et le désespoir naissent toujours des promesses non tenues .
Monsieur Shimon Peres déclarait hier que nul ne se suicidait à cause de la faim, c'est aller vite en besogne de croire que celui qui a faim ignore les raisons de sa faim. Dans ce conflit, nous avons appris qu' il n'est ni sage ni rentable, ni moralement acceptable - pour celui qui veut construire - de renoncer à l'exigence d'un cadre politique adéquat pour le redéploiement d'une stratégie commune de sortie de crise basée sur le sens du compromis, le recours au dialogue dans la confiance et le respect mutuel.
Inutile de revenir sur le décor Potemkine chaque fois ravalé au goût du jour, donc sur tous les faux dialogues, les fausses élections, les fausses initiatives qui ont fait de la fausse promesse la seule stratégie de gestion de crise dont est capable un régime aveugle et sourd à tous les appels d'une population éreintée par la crise.
Pire encore, le régime fait de cette lassitude de la population un atout supplémentaire pour la réalisation de ses mascarades électorales. Or c'est là que réside le plus grand danger.
En Kabylie, le viol par l'Etat de ses propres lois en plus des Droits les plus élémentaires des citoyens en destituant les élus a d'ores et déjà relancé la colère de rue et menace d'embraser de nouveau la région.
Partout à travers le pays, le désintérêt à l'égard des rendez vous électoraux du pouvoir s'accompagne d'émeutes et de désespoir à travers villes et villages dont la presse bâillonnée rend régulièrement compte en quelques lignes.
Que dire en si peu de temps si ce n'est qu'encore une fois un signal fort doit être envoyé par ceux que la paix dans la région intéresse, en direction de ce pouvoir qui est le premier obstacle à toute construction nationale et régionale.
Des élections régulières selon les standards internationaux après un dialogue sincère et dans le respect d'un échéancier arrêté en commun avec toutes les forces soucieuses de construction d'un Etat de Droit. Est ce un effort trop grand à demander à tous ceux qui parlent d'un monde plus sûr parce que plus démocratique. Je ne le crois pas. Je crois par contre qu'on ne peut se permettre un tel monde sans avoir inlassablement tout mis en œuvre pour concrétiser un tel effort de construction. C'est ce que nous faisons de notre côté et c'est ce que nous attendons de vous.
Comme l'a si justement réaffirmé notre camarade et frère Saeb Erakat, la démocratie est possible. Aidons là.
Monsieur le Président, chers camarades,
C'est un moment important à plus d'un titre que celui de notre rencontre ici au Brésil.
D'abord, notre présence sur ce continent au moment où de nouveau s'y exprime avec force l'exigence populaire d'une vie meilleure pour tous Ici et Maintenant. De l'Argentine à la Bolivie, les voix des exclus du nouvel ordre cannibale s'élèvent pour exiger d'être entendues.
Qu'il s'agisse de défendre le droit à la santé, comme l'a si admirablement fait le Brésil contre le cynisme des grosses multinationales du médicament, du droit à la terre qui mobilise les paysans de tout le continent, du droit à l'instruction, au travail ou au logement... C'est bien le droit des peuples à disposer des conditions d'une vie digne qui porte la vague de contestation que nous avons dans notre internationale probablement su inspirer par les idéaux de progrès qui sont les nôtres, mais dont nous ne sommes malheureusement plus toujours l'avant-garde éclairée.
Sur d'autres continents, des drames dévastateurs fauchent les peuples et nous les regardons se produire comme tétanisés par tant de violence comme si nous avions oublié que c'est la violence de l'oppression qui est à l'origine de notre mouvement. Un mouvement qui, sur tous les continents, s'est construit contre l'injustice, l'oppression et l'exclusion.
Un mouvement qui rassemble une partie de l'élite la plus avancée politiquement de la planète mais qui regarde passer l'Histoire sans toujours être à ses postes avancés comme c'est le cas pour nos camarades brésiliens aujourd'hui.
Il y a fort peu de temps, l'Europe était dans sa majorité aux couleurs qui nous sont les plus chères. Les yeux fixés sur ses adversaires adeptes d'un libéralisme de moins en moins libéral politiquement et de plus en plus dévastateur d'un point de vue social et écologique, la gauche européenne a regardé passer le train de l'Histoire qui se faisait en balbutiant à partir de Porto-Alègre avec le mouvement alter-mondialiste et qui se défait dans le fracas des armes et des drames en Irak, en Palestine, en Israël et dans les zones grises des conflits interminables qui de l'Afghanistan à la république du Congo ravagent une part conséquente de notre terre.
En tant qu'Algérien, c'est avec un espoir immense que j'avais regardé les gouvernements européens passer majoritairement à gauche, et j'ai, ainsi que des millions de mes compatriotes, cru qu'allait prendre fin cette passivité européenne devant le calvaire et la descente aux enfers d'un peuple et d'un pays à plus d'un titre si proche.
Ma conviction était qu'une Europe à gauche, c'était forcément une Europe un peu plus européenne, plus homogène politiquement et plus à même de contrer, à chaque fois que cela serait nécessaire, l'unilatéralisme américain qui était en train de se mettre en place.
La désillusion fût pénible à vivre au rythme des carnages, des massacres à grande échelle commis et ordonnés par des généraux algériens dont les maîtres sont Pinochet et Videla tandis qu'ils se cachent derrière l'aura de la lutte pour l'Indépendance nationale.
Chers camarades,
Aujourd'hui, puisque nous traitons du retour de la politique, il me parait essentiel d'interroger la parole politique.
Or, prendre la parole en ces temps très durs s'accompagne pour le militant que je suis depuis plusieurs décennies d'une exigence de vérité.
Cette vérité pour ne pas rimer avec vanité se doit de le faire avec dureté. Mais aussi grand que puisse être l'inconfort provoqué par cette dureté, il demeure dérisoire face aux malheurs qui frappent une partie conséquente de notre humanité.
Il y a cinquante ans, quand je prenais la parole dans des forums internationaux pour porter la demande d'indépendance de millions d'Algériennes et d'Algériens en révolte contre l'intolérable persécution coloniale, cette prise de parole m'apparaissait comme une balise certaine sur le chemin de la liberté. Ce fut indéniablement le cas, mais au prix de tant de sacrifices.
Aujourd'hui, face à l'inversion des principes, à la perversion des idéaux démocratiques et aux aveuglements politiques, devant la multiplication des abdications devant la raison d'Etat avec ses logiques de guerre et de prédation, que de militants au Nord et au Sud dévoués à la globalisation des droits la personne humaine, toutes catégories confondues, s'interrogent. Bien que déterminés à porter l'exigence de liberté et de justice de millions de gens éreintés par l'exclusion, la dictature et la terreur, les démocrates sincères et conséquents s'interrogent aujourd'hui sur cette même parole politique.
En d'autres termes, la question lancinante qui se pose à eux est la suivante :
Que manque-t-il à la parole politique pacifique qui l'empêche aujourd'hui d'être le vecteur de l'espoir face au désastre?
Car, n'en doutons point, le désastre, faute d'avoir été prévenu est bien là.
Cette question n'est pas destinée à tester les capacités rhétoriques d'une classe de lycéens. Encore que je sois persuadé que beaucoup d'entre vous gagneraient à entendre ce que les jeunes générations auraient à développer autour de ce propos.
Mais la question de l'inefficacité de la parole politique pacifique coule d'elle-même par tous les interstices d'un siècle qui n'a pas su tenir ses promesses...
Faut-il absolument rappeler le nombre effarant d'enfants, de femmes et d'hommes qui meurent quotidiennement de faim, de maladie ou massacrés faute d'avoir pesé dans l'élaboration des politiques qui leur sont imposées ?
Force est de constater que dans bien des pays du Sud les indépendances ont été confisquées par des régimes qui leur doivent tout mais qui les ont vidées de leur sens. Mon pays n'est pas en reste dans cette dérive de la décolonisation, bien au contraire, puisque le détournement y a porté sur la raison d'être même de l'Etat algérien, à savoir le droit du peuple algérien à l'autodétermination , un droit inaliénable sacré et si cher payé.
Force est également de constater qu'au Nord, des systèmes politiques qui doivent tout à la liberté et à la démocratie ont aidé à les étouffer à chaque fois que les intérêts des plus puissants d'entre eux le commandait.
Cette rencontre entre l'incurie des uns et les calculs des autres est ce qui dessine l'actuelle impuissance de la parole politique devant " l'habitude du désespoir qui est pire que le désespoir " - selon le mot de Camus - parce elle est à la fois la cause et l'effet du déchaînement des intégrismes de droite et de gauche, des extrémismes et des logiques de guerre.
Ce qui manque à la parole politique aujourd'hui est tout simplement d'être vraie. C'est probablement le cas depuis longtemps déjà mais c'est aujourd'hui que des dizaines de milliers d'hommes et de femmes en prennent massivement et brutalement conscience.
Pour les plus jeunes d'entre eux, comme ces lycéens qui sur tous les continents et même si on ne les y invite pas dissertent sur la question de l'impuissance politique, une partie est déjà acquise à la violence sous toutes ses formes. Une autre partie pense que l'on peut redonner à la politique son efficacité si on l'inscrit ailleurs que dans la fiction l'illusion et le mensonge.
Et quelle plus grosse mystification peut leur jeter à la figure la politique que celui qui s'impose partout aujourd'hui sous les traits de la guerre préventive ou de la guerre d'eradication, alors que la prévention appartient en propre à la politique et que la guerre quelle qu'elle soit, est l'expression d'échec de la politique.
Et si on ne devait parler que de l'Algérie pourrait-on taire l'odieux scandale des 200'000 morts, des milliers de disparus, des centaines de milliers de veuves et d'orphelins, des millions de personnes déplacées durant les dix dernières années dont le seul tort est d'avoir pesé moins lourd que le pétrole et les généraux qui en contrôlent l'accès?
Le plus révoltant dans ce renouvellement cyclique du sacrifice des peuples du Sud aux calculs et aux intérêts égoïstes des stratèges du Nord, est le refus constant et sophistique en apparence, d'entendre les propositions politiques destinées à éviter les désastres à venir.
Faut-il absolument rappeler les incessantes demandes de condamnation des violations massives et systématiques des droits de l'homme, les trucages électoraux a ciel ouvert ou la pressante exigence d'une commission internationale d'enquête sur les massacres de civils ?
Faut-il rappeler la plate-forme élaborée a Rome par l'opposition algérienne et les perspectives de paix et de démocratie qu'elle ouvrait mais qui n'a pas pesé longtemps et surtout pas davantage que les cris des suppliciés sur les politiques adoptées à l'égard de l'Algérie.
Dernièrement encore, un projet de résolution sur les droits de l'homme dans le cadre des accords d'association entre l'Algérie et l'Union Européenne a été édulcoré à l'extrême par des parlementaires européens de gauche et de droite qui n'ont pourtant que le mot Démocratie à la bouche.
Si les hommes ne sont pas toujours responsables de leurs échecs, ils sont néanmoins comptables des batailles qu'ils n'ont pas menées.
L'effacement du politique devant le militaire est probablement ce qui a le plus caractérisé cette dernière décennie.
Non seulement en Algérie où nous payons le prix fort en termes de vies humaines de dislocation sociale mais également à travers les quatre points cardinaux de notre planète, où le devoir international d'assistance à peuples en danger, continue de fonctionner à géométrie variable, et en tout cas à doses homéopathiques, soustrayant de fait des pays comme l'Algérie, la Birmanie, la Palestine, l'Afrique centrale, la Tchétchénie, la Colombie et l'Iraq, à l'empire du droit international et des traditions de solidarité sans frontières qui constituent véritable socle de notre civilisation.
Chers camarades,
Force est de se féliciter que notre Internationale se dote d'une charte éthique, mais on ne peut ignorer que les finalités se retrouvent dans les moyens et les méthodes de leur mise en oeuvre.
Face aux urgences, nous avons un devoir de résultat. C'est la meilleure réponse aux attentes démesurées de cette jeunesse de tous les continents, de ce monde en tiers.
En ce 40e anniversaire de notre indépendance, le FFS s'incline devant la mémoire de nos valeureux martyrs. Notre mémoire collective ne peut oublier la promesse historique faite à la veille du cessez-le-feu du 19 mars 1962, à savoir « La construction d'un Etat algérien démocratique et social souscrivant sans réserve à la déclaration universelle des droits de l'Homme et fondant ses institutions sur le principe démocratique et sur l'égalité des droits entre tous les citoyens » Le référendum de juillet 1962, expression de la volonté populaire qui a consacré l'indépendance de l'Algérie, reste encore un engagement à concrétiser. Les revendications démocratiques de 1963, le printemps de 1980, les évènements d'Octobre 1988 et aujourd'hui la dissidence citoyenne pacifique et nationale ont ouvert la voie à la concrétisation de toutes les aspirations démocratiques du peuple algérien. Le Pouvoir porte une lourde responsabilité dans l'étouffement des valeurs de 1er Novembre 1954. Les idéaux de nos martyrs et de tout un peuple ont été bafoués. Le peuple algérien, notamment sa jeunesse, ne renoncera jamais à sa souveraineté ni à l'exercice des libertés individuelles et collectives. Imprégné de modernité, de paix et de justice, le peuple algérien ne peut accepter la confiscation de ses droits et de sa liberté. La jeunesse algérienne, aujourd'hui en dissidence, a toujours lutté contre les dérives totalitaires, et l'a prouvé à chaque fois par ses manifestations revendicatives exprimées sur l'ensemble du territoire national de manière pacifique et responsable. Les Algériennes et les Algriens, face aux dangers de l'atteinte à la cohésion et à l'unité nationale, se doivent de reconstituer et consolider l'unité du pays sur la base d'une intégration tant culturelle et politique que sociale et économique. Aujourd'hui la reconstruction et la restitution de l'Etat au peuple algérien est un devoir historique. Le FFS appelle les Algériennes et Algriens à faire triompher la démocratie, les droits et les libertés. La dissidence citoyenne pacifique et nationale est un processus historique et irréversible pour la conquête des libertés et pour l'instauration d'un Etat de droit. On ne peut tourner le dos indéfiniment aux aspirations profondes du peuple algérien. Le peuple algérien a su conquérir sa liberté du colonialisme, aujourd'hui, il saura, grâce à sa jeunesse et tous les patriotes, arracher son droit à l'autodétermination. Vive l'Algérie ! Gloire à nos martyrs ! P/le secrétariat national. Le premier secrétaire par intérim, I. Bouaïchi.
(Le Monde, 11 mars)
Les formidables manifestations contre la guerre en Irak ont rendu visible l'exaspération d'une opinion publique occidentale qui rejette l'arrogance guerrière américaine comme le retour à des comportements hégémoniques à contre-courant de toutes les avancées du discours démocratique de la deuxième moitié du XXe siècle. L'opposition massive à la guerre et aux gouvernements qui en ont pris l'option (Italie, Espagne, Australie, Etats-Unis) a souligné l'absence dramatique des populations arabes, exclues de la scène politique tant nationale qu'internationale par leurs régimes respectifs. Cette exclusion n'empêche pas seulement des millions d'êtres humains de s'exprimer sur des questions concernant directement leur devenir. Elle induit aussi tout un ensemble de régressions qui, de la radicalisation religieuse au discrédit jeté sur l'action politique, plongent des pans entiers de ces sociétés dans un attentisme à la lisibilité toute relative. Le silence de ce que l'on nomme par commodité la "rue arabe" est-il signe de résignation, de révoltes à venir ou de dislocation sociale ? Il s'agit probablement d'un mélange d'attitudes contradictoires où l'impossibilité de vivre pleinement au rythme du monde moderne sans arriver pour autant à s'en détacher se décline sur un mode schizoïde. Brutaux et impopulaires, les régimes arabes corrompus ont fait de la rhétorique moderniste et de la lutte anti-islamiste leur credo auprès des gouvernements occidentaux, tout en rivalisant de zèle religieux et traditionaliste avec les groupes les plus conservateurs à l'intérieur. De leur côté, les peuples de cette vaste partie du monde ne cessent de dénoncer l'archaïsme de leurs dirigeants et l'absence de libertés publiques, tout en affichant des sympathies pour les groupes islamistes ou tribaux les moins suspects de modernité et de liberté. Les raisons d'un tel comportement sont multiples, et pas toujours aisées à cerner, tant les acteurs en présence multiplient les fausses pistes ou s'échappent carrément dans l'irrationnel. C'est cette ambivalence politique qui plonge la région dans un statu quo intenable. Il serait néanmoins fallacieux de croire que seules des raisons internes sont à l'origine d'un tel fiasco. Le problème que pose la situation désastreuse en Irak, mais plus globalement dans l'ensemble de la région, est qu'après s'être prononcé contre la guerre on se trouve dans une posture éthique confortable mais politiquement totalement démuni. Non que le choix de la guerre soit politiquement plus élaboré, mais il est, malgré les apparences, dans une cohérence globale plus conforme à ce qu'a été, en réalité, la politique internationale tout au long de ces dernières décennies. Si l'on se trouve si démuni une fois que l'on a, à juste titre, dénoncé la guerre, c'est parce que la politique internationale, tout en se prévalant de principes démocratiques et de droit, n'a cessé de les violer en toute bonne conscience. Faut-il faire l'inventaire des dictatures sanglantes, des conflits civils interminables ou des guerres oubliées auxquels rien ne semble devoir mettre fin pour illustrer l'impasse dans laquelle se trouve de fait l'action internationale ? Ce blocage que l'on a longtemps cru devoir exclusivement à la guerre froide a persisté bien après la chute du mur de Berlin. Quand on pense à l'incroyable parcours du combattant que doivent inlassablement accomplir les organisations de défense des droits de l'homme pour faire adopter la moindre résolution à l'encontre de régimes coupables des pires atrocités contre leur peuple ou des peuples sous leur domination, on ne peut que prendre ses distances à l'égard de la rhétorique des institutions onusiennes. Les oppositions politiques à ces régimes, exilées à l'étranger ou contraintes à l'exil intérieur, ne trouvent que très rarement, et par intermittence, une écoute attentive. L'exemple de mon pays, l'Algérie, est caricatural : les gouvernements occidentaux, qui refusent de lui imaginer un avenir hors des militaires, fantasment sur l'avènement de "jeunes officiers kémalistes". Mais, paradoxalement, ils accueillent avec scepticisme, à moins qu'ils ne fassent tout pour les discréditer, les militaires dissidents qui, au prix de risques énormes, décident de dénoncer les exactions et l'incurie des "décideurs". Isolés et réprimés à l'intérieur de leurs pays, ne rencontrant, au mieux, qu'un vague constat d'impuissance sur la scène internationale, les opposants assistent avec colère au pourrissement politique de leurs Etats et à une décomposition sociale aux conséquences désastreuses. Livrés à des cliques au pouvoir sans scrupule qui bénéficient de l'appui, qui de l'Europe, qui des Etats-Unis - quand elles ne jouent pas admirablement des rivalités entre les deux -, des pans entiers de l'humanité basculent, lentement mais sûrement, vers des situations chaotiques de moins en moins maîtrisables. En vérité, le vide laissé par la disparition du pôle soviétique a vite été comblé par une multitude de réseaux euro-arabes et euro-africains. Existant déjà à l'ombre de la bipolarité Est-Ouest, ils se sont mis à travailler à leur consolidation mutuelle sans pour autant disposer d'une idéologie commune ou d'un discours politique convaincant. Il s'est ensuivi une inflation de discours sur la bonne gouvernance, les principes démocratiques, la souveraineté des peuples, le droit international... Mais cet arsenal conceptuel, qui a servi à la libération de nations entières, a été totalement vidé de son sens par des pouvoirs corrompus et brutaux, avec la bénédiction des démocraties occidentales passées maîtresses dans l'art du double discours. Du coup, les Nations unies sont vraiment devenues "un machin",sous l'action conjuguée des dictatures qui y siègent et des démocraties qui les soutiennent. On ne peut, certes, que saluer la position à la fois lucide et courageuse de la France et de l'Allemagne. Mais, par-delà l'encouragement diplomatique à apporter à cette résistance au rouleau compresseur américain qui veut reconfigurer le monde à son seul profit, apparaissent rapidement les limites d'une politique du rafistolage incapable d'inverser le rapport de forces. Car le refus de la France de prendre une position sans ambiguïté contre la tyrannie, à Bagdad ou ailleurs, fait aussi d'elle un gardien du statu quo. Quand Donald Rumsfeld s'en prend à la "vieille Europe", il partage peut-être cette appréciation avec des peuples qui, à tout prendre et puisqu'ils ne sont aucunement acteurs dans cette partie, refusent de choisir entre deux maux : le cynisme brutal des Américains ou l'insupportable hypocrisie d'une Europe qui souffre d'abord, et peut-être seulement, de ne pouvoir rivaliser avec une Amérique qui a les moyens de sa "naïveté". La convocation des principes humanitaires et du droit international a peu de chances de stimuler durablement des populations pour qui l'intervention américaine, brutale et motivée par des considérations totalement égoïstes, est néanmoins susceptible de bouleverser le statu quo intenable dans lequel elles sont engluées. Dans le peu d'empressement des populations arabes à soutenir le mouvement pour la paix, il faut peut-être aussi voir un refus de la vassalité consentie à laquelle les invite le discours européen. La guerre - il serait plus juste de dire le massacre - qui se prépare est une catastrophe qui ouvre sur de multiples inconnues dont certaines peuvent sembler porteuses de perspectives nouvelles de loin préférables à tout le connu que proposent les régimes en place. Après tout, Rome a chassé Carthage avant d'être chassée par les Vandales. Pour rompre la logique infernale de la domination, de la terreur et du terrorisme et proposer une réelle solution alternative, il faudrait, à l'Europe, opérer des révisions déchirantes et non se contenter de quelques effets d'annonce et de grands principes de droit qu'on refuse par ailleurs aux peuples qui tentent de venir à bout de régimes iniques.
Le Conseil National du Front des Forces Socialistes, FFS, réuni en session extraordinaire le 26 août 1999 constate que :
La jonction du discours populiste et des pratiques autoritaires dénote la volonté des décideurs de pérenniser le système et de mener à terme la mise au pas de la société.
En effet :
- L'état d'urgence et le disposition d'exception qui l'accompagne sont toujours en vigueur
- Les médias lourds, notamment la télévision, restent hermétiquement fermés au débat contradictoire ;
- Les Institutions bloquées, véritable chambre d'enregistrement, ne sont sollicitées que pour avaliser des décisions prises dans d'autres sphères ;
Les algériennes et algériens , toujours exclus du processus de prise de décision, sont convoqués pour cautionner une démarche qui se veut généreuse et porteuse de profession de foi, mais dont nul ne saisi ni les tenants ni les aboutissants ;
Une recrudescence de la violence après une brève accalmie, avec multiplication des assassinats, égorgements collectifs, attentats ciblés ou aveugles... et ce en dépit de l'accord passé entre le commandement de l'ANP et l'AIS en octobre 1997 ;
L'absence de mesures concrètes à même de répondre aux attentes des familles victimes de la violence et du terrorisme ;
L'absence de prise en charge effective de la question des milliers de disparus ;
La paupérisation affecte des pans entiers de la société, alors que parallèlement, une caste minoritaire d'affairistes proche du pouvoir continue de s'enrichir ;
La population continue de subir les effets désastreux du plan d'ajustement structurel ;
Le développement des fléaux sociaux vient se greffer au chômage, licenciements massifs, compression de personnel, dissolution d'entreprise...
Autant de facteurs qui encouragent l'exclusion et alimentent la violence.
C'est dans ce climat que les algériennes et algériens sont convoqués à un sixième rendez-vous avec les urnes en moins de quatre ans.
Il leur sera demandé de s'exprimer sur " la démarche du président relative à la paix et à la concorde civile ".
C'est parce que la paix nous concerne au premier plan , c'est parce que nous n'avons cessé de nous battre pour réconcilier les algériens, que nous ne pouvons cautionner une fausse démarche pour une fausse solution.
En effet, aucun dispositif sérieux reposant sur des objectifs, des échéances et soutenu par des mesures concrètes n'est proposé au peuple algérien pour instaurer la paix et réaliser la réconciliation nationale.
En réalité, ce référendum- plébiscite a pour objectif principal de laver l'affront du 15 avril 1999 suite au retrait des six candidats, et de combler le déficit de légitimité de Abdelaziz Bouteflika.
Il permet également au pouvoir de s'offrir une chèque en blanc pour toutes ses actions futures, politiques et sécuritaires, sous couvert d'une pseudo-légitimité, tout en déniant à l'opposition véritable de faire des propositions de sortie de crise.
Par ailleurs, ce référendum vient sceller un accord entre le commandement de l'ANP et de l'AIS pour occulter les responsabilités des islamistes radicaux et des ultras du pouvoir dans le drame que vit notre pays, et par là leur garantir l'impunité, ouvrant ainsi la voie à toutes les dérives.
Cette démarche est annonciatrice d'une nouvelle ère de glaciation post-référendaire avec davantage de verrouillage politique et médiatique, confiscation des libertés, refus du dialogue et remise en cause du pluralisme politique.
La concorde civile des généraux n'est pas la réconciliation nationale à laquelle aspire le peuple algérien et pour laquelle se bat le FFS.
Seule une démarche pour une solution politique, pacifique, démocratique et globale à la crise est à même de ramener la paix telle que préconisée par le Contrat National signé à Rome en janvier 1995. Il consacre les principes démocratiques tels : le respect des libertés individuelles et collectives, la défense des Droits de l'Homme, le respect du pluralisme et de l'alternance, le rejet de la violence pour accéder ou se maintenir au pouvoir...
Les voies et moyens de rétablissement de la paix et la réconciliation nationale passe nécessairement par l'ouverture d'un dialogue franc et transparent associant tous les partis politiques représentatifs et le pouvoir.
En l'absence de toute forme de garantie politique et démocratique, le prochain référendum participe d'une volonté de normalisation autoritaire de la société.
S'agissant d'un faux débat porté par une fausse démarche, le FFS refuse de s'y inscrire et de cautionner une mascarade faite pour duper les citoyens en leur donnant de faux espoirs.
Les Algériennes et Algériens sauront trouver eux-mêmes leur exigence d'une véritable démarche de paix et de réconciliation nationale
Déclaration de Ahmed Djeddaï, Premier secrétaire du FFS " Etes-vous d'accord avec la démarche du Président relative à la paix et à la concorde civile ? " Cette question qui sera posée au peuple algérien lors du référendum prévu le 16 septembre 1999 soulève de par son aspect général des interrogations. En effet, aucun dispositif sérieux reposant sur des objectifs, des échéances et soutenu par des mesures concrètes n'est proposé au peuple algérien pour instaurer la paix et réaliser la réconciliation nationale. Aucune mesure allant dans le sens de l'ouverture politique et médiatique n'est prise pour permettre à la société de débattre et de participer d'une manière active au règlement pacifique, politique et démocratique de la crise. Au contraire, on assiste depuis le 15 avril à une extinction dangereuse de toute vie politique parce qu'elle laisse la voie libre aux ultras des deux bords. De quelle démarche s'agit-il alors ? Et sachant que la loi sur la concorde civile est déjà en application, où résiderait donc l'intérêt de recourir à un référendum qui s'annonce d'ores et déjà comme un plébiscite ? Cela nous laisse penser à une opération destinée à légitimer une " démarche ", qui se veut généreuse et saupoudrée de profession de foi, mais dont on ne saisit ni les termes ni le contenu. En l'absence de toute garantie politique et démocratique, il est à craindre que le prochain référendum ne participe une nouvelle fois d'une volonté de normalisation autoritaire de la société, au détriment de la démocratie et du libre exercice des droits politiques et civiques. Le FFS reste cependant attentif à toute initiative et marque son entière disponibilité à agir dans la perspective d'une issue politique, pacifique, démocratique et globale à la crise. Alger le 15 août 1999 P/ Le Secrétariat National Le Premier Secrétaire Ahmed DJEDDAI
(El Watan 12.12) Le Premier secrétaire du Front des Forces Socialistes, Ahmed Djeddaï, a reprécisé dans un entretien à "El Watan" que le FFS ne donnait pas de consigne de vote pour la référendum du 16 novembre, et qu'il ne s'opposait pas à la loi sur la concorde civile mais à la démarche politique manifestée par ce texte, qui "vient couvrir juridiquement un accord AIS-commandement ANP, mené dans l'opacité en octobre 1997". En outre, la loi est déjà en application. Enfin, "tous les Algériens apirent à la paix, sauf bien sûr les apprentis sorciers et ceux qui s'enrichissent à l'ombre de la violence". Pour Ahmed Djeddaï, "la raison essentielle de ce référendum-plebiscite est d'assurer une légitimité à M. Bouteflika et d'effacer l'affront du 15 avril". Le FFS, qui "a toujours fait de la paix et de la réconciliation nationale son cheval de bataille", considère "qu'elles ne se décrètent pas et qu'elles ne peuvent se construire qu'avec l'implication de tous". Le parti prône donc une "démarche différente pour arriver à la paix", et propose "l'ouverture du dialogue entre le pouvoir et tous les partis politiques représentatifs, ainsi que l'établissement d'un consensus le plus large possible". "Il faut réhabiliter le politique pour mieux réduire les extrémismes violents", considère le Premier secrétaire du FFS, qui se réfère au contrat de Rome, lequel "assurait la mise en place d'un dispositif concret pour arriver à la paix", alors que la loi sur la concorde civile "ne constitue qu'une mesure de détente" parmi toutes celles proposées par le contrat de Rome. Ahmed Djeddaï relève l'"ineptie" que constitue le fait que "ces mêmes partis politiques et médias, qui ont voué aux gémonies le contrat de Rome" et lancé "une campagne de haine (contre ses) initiateurs", parce que ceux-ci proposaient le dialogue entre formations politiques, y compris le FIS, appuient la loi sur la concorde civile, "basée sur un accord conclu entre l'AIS et le commandement de l'armée", c'est-à-dire entre les islamistes armés et le pouvoir. Pour l'après-référendum, le dirigeant socialiste dit craindre "une nouvelle ère de glaciation autoritaire", d'autant que "l'état d'urgence reste en vigueur", que les partis politiques n'ont "toujours pas le droit d'agir librement" et que "le verrouillage médiatique est toujours de mise". "Les partis fabriqués par le pouvoir regagnent naturellement leur giron", constate Djeddaï (allusion au RCD, notamment)
Cher(e) ami(e)s,
Avons-nous besoin de rappeler que, pour nous, la paix est la priorité des priorités depuis sept ans ?
Nous n'avons ménagé ni nos efforts ni les propositions pour parvenir à un règlement pacifique et global de la crise.
La seule réponse a toujours été une campagne haineuse et des insultes. Nous étions des " charognards " et des " traîtres " parce que nous voulions la paix. Nous étions les alliés des égorgeurs parce que les premiers, nous avons amené les islamistes du FIS à admettre et à signer publiquement le rejet de la violence. La violence, ont-ils reconnu à l'époque, devait être abolie comme " moyen d'arriver ou de se maintenir au pouvoir ". Plusieurs mots symbolisant la recherche de la paix dans tous les conflits du monde étaient rendus tabous et subversifs en Algérie - paix, réconciliation nationale - bref, tout ce qui était susceptible d'arrêter le bain de sang et l'engrenage de la haine était diabolisé. Aujourd'hui, on découvre les vertus de la paix. Mieux vau tard que jamais. Comment ne pas s'en féliciter même si la vie de dizaines de milliers d'algériens aurait pu être épargnée si on n'avait pas attendu si longtemps pour accepter une réalité flagrante et aveuglante : Les Algériens veulent vivre en paix et ne veulent le faire que réconciliés.
Mais la paix n'a jamais été pour nous un slogan ni un instrument politique et encore moins un moyen de se légitimer. C'est pourquoi nous avons toujours accompagné cette revendication de propositions concrètes, c'est à dire, de la seule méthode qui a fait ses preuves sous tous les cieux : une négociation réunissant tous les acteurs politiques dans une transparence permettant à la population de savoir comment se décide et se joue son destin. Au lieu de cela, on nous convoque aux urnes pour approuver une démarche dont les Algériens ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants.
Tout a été fait dans débat public, sans consultation des partis politiques. Et au surplus, les autorités viennent de nous signifier qu'il n'y aura pas de campagne, sauf pour les partisans du " oui " qui pourront s'exprimer à la télévision. Nous n'avons eu le droit de connaître seulement la partie visible de l'iceberg : une amnistie partielle visant à régulariser certaines situations judiciaires et qui était d'ailleurs entrée dans les faits depuis longtemps. Elle n'a donc nul besoin d'une nouvelle mise en scène électorale. Cette mesure n'est qu'une mesure détente - que nous n'avons cessé de préconiser parmi plusieurs autres - afin de créer un climat de confiance favorable à l'ouverture d'un processus de paix.. Elle ne peut en aucun cas constituer UNE solution de sortie de crise. C'est se moquer des Algériens que de faire croire qu'une amnistie suffit à ramener la paix dans un pays qui se déchire depuis plus de sept ans. A moins qu'il ne s'agisse uniquement de séduire la communauté internationale.
Cher(e) ami(e)s,
C'est parce que la paix nous concerne au premier plan, c'est parce que nous n'avons cessé de nous battre pour réconcilier les Algériens, que nous ne pouvons aujourd'hui cautionner une fausse démarche pour une fausse solution. Comment donner un chèque en blanc et accepter de duper les concitoyens en leur donnant de faux espoirs. Cesson de mentir ! Abdelaziz Bouteflika estime avoir besoin d'un plébiscite pour faire oublier une élection qui n'en était pas une. Soit. Mais qu'est ce que la paix à avoir avec cela ? On ne peut non plus oublier que depuis l'indépendance, aucune des promesses électorales n'a été respectée.
Aujourd'hui, on enfonce une porte ouverte car nul ne doute de l'aspiration profonde des Algériens à la paix. Mais il se garde bien d'ouvrir la vraie porte qui conduirait au rétablissement de la paix. Nul ne nous a expliqué en quoi ce référendum pouvait faciliter une réconciliation nationale dont la condition sine qua non est le respect des pluralismes de notre société. Nous ne permettons à personne de mettre en doute notre engagement entêté en faveur de la paix. Nous l'avons assez prouvé pour ne pas devoir le signifier par l'approbation ou le refus d'une fausse solution.
On ne peut non plus ignorer que le futur scrutin aura le résultat réglé d'avance qu'il a toujours connu depuis l'indépendance. Les Algériennes et les Algériens n'ont pas besoin de mots d'ordre s'agissant d' un faux débat. Ils sont assez mûrs et lucides pour savoir comment trouver eux-mêmes leur exigence d'une vraie démarche de paix.
A tous, bon courage !
Après avoir tenté de déposer une motion d'interpellation du gouvernement au sujet de l'accord passé avec l'AIS, le Front des Forces Socialistes y a renoncé faute d'avoir pu obtenir le soutien de députés d'autres partis, notamment du Parti des Travailleurs, des "dissidents" d'Ennahda, partisans de son ancien président Abdallah Djaballah et des "dissidents" du RND, partisans de Mokdad Sifi. Ce soutien était indispensable au dépôt d'une motion, les députés FFS n'étant à eux seuls pas assez nombreux (quoique le FFS soit le principal parti d'opposition). Pour le quotidien "La Tribune", cet "impossibilité des élus FFS de récolter (...) 10 signatures sur les 360 possibles pour faire aboutir sa motion, participe fondamentalement de l'isolement du principal parti démocratique d'Algérie", qui se retrouve "neutralisé grâce à l'implication objective des relais (du pouvoir)". Pour le quotidien, ce "lâchage" du FFS par les autres partis supposée être d'opposition n'a d'autre explication "que les calculs étroits suggérés par l'avènement à la tête de l'Etat de Bouteflika" et "porte un coup sévère, extrêmement décridibilisant, à la pratique parlementaire".
Animant un meeting le 24 juin à Constantine, Seddik Debaïli et Samir Bouakouir ont réagi au "deal" entre le pouvoir et l'AIS (et le FIS) en considérant que sous couvert de "réconciliation nationale", il ne s'agissait que de pérenniser le système actuel. "Il faut beaucoup de temps pour que le système militaroi-bureaucratique disparaisse et pour atteindre une certaine liberté démocratique", a estimé Seddik Debaïli, qui s'est dit convaincu que "c'est le dialogue politique qui permettra de réaliser la paix et la réconciliation nationale". Samir Bouakouir a pour sa part reproché au pouvoir de ne pas impliquer la société civile dans la négociation politique avec l'AIS et le FIS.
Le FFS n'a pas cessé depuis janvier 92 de préconiser une issue politique, pacifique, démocratique et globale à la crise que vit le pays. Il n'a eu cesse d'encourager par ailleurs, toute initiative visant à réduire le niveau de violence et préserver des vies humaines. Seulement l'entêtement du pouvoir à refuser toute solution politique n'a fait qu'aggraver la situation. Ainsi en était il de l'offre de paix des signataires du Contrat National récusée globalement et dans le détail. Une offre de paix qui s'inscrivait dans une démarche politique transparente avec un contenu démocratique réel, contrairement à la logique du pouvoir qui élude la question politique et réduit le problème de la violence à sa seule dimension sécuritaire et militaire.
Le FFS rappelle à l'opinion nationale et internationale qu'il avait affirmé, au moment du refus du Contrat National, que le pouvoir tôt ou tard, ira négocier avec les groupes armés dans les maquis.
Aujourd'hui un accord Armée /AIS, conclu en 1997 et dont on ignore à ce jour les termes, vient d'être " révélé ".
Le FFS exige que le contenu de l'accord soit rendu public.
Le FFS tout en saluant toute initiative de retour à la paix, ne saurait cautionner tout accord qui ne s'inscrit pas dans une perspective démocratique de sortie de crise. En effet, ni la société ni les forces politiques n'ont été associées, alors que cette question concerne l'ensemble des Algériennes et Algériens.
Le FFS dénonce les manouvre opaques des décideurs qui ne cessent d'instrumentaliser à leur guise les niveaux de violence pour prendre en otage la société et l'empêcher d'exercer ses droits et ses libertés.
Le FFS considère que le discours de Bouteflika qui fait l'impasse sur la démocratie et les libertés fondamentales ne fait que confirmer la tentation totalitaire d'un pouvoir sans légitimité.
Le FFS rappelle que la paix est indissociable de la démocratie et que toute démarche qui fait l'impasse sur celle-ci n'est que manipulation et ne peut qu'échouer et aggraver l'instabilité.
Le FFS considère que seul un compromis historique pour la paix et la démocratie permettra le renouveau de l'Algérie
(Le Matin, El Watan 28.8) Le Conseil national du FFS, réuni le 26 août en session extraordinaire, a qualifié la démarche d'Abdelaziz Bouteflika de "mascarade" destinée à "duper les citoyens en leur donnant de faux espoirs", et a affirmé son refus de la cautionner. Le FFS condamne "la volonté des décideurs de pérenniser le système" et qualifie de "référendum-plébiscite" la consultation du 16 septembre, en répétant qu'il ne s'agit que de "combler le déficit de légitimité d'Abdelaziz Bouteflika" en cautionnant un processus dont "nul ne saisit ni les tenants ni les aboutissements", alors que les media lourds, "notamment la télévision, restent hermétiquement fermés au débat contradictoire". Le FFS exprime son refus de s'inscrire dans un "faux débat porté par une fausse démarche", constate une recrudescence de la violence malgré l'accord "passé entre le commandement de l'ANP et l'AIS", dénonce l'absence de "mesures concrètes" pour répondre aux attentes des familles "victimes de la violence et du terrorisme" et répondre à la question des "milliers de disparus", et se déclare convaincu que les Algériens sauront "trouver eux-mêmes leurs exigences d'une véritable démarche de paix et de réconciliation nationale", démarche à laquelle ne correspond pas celle d'Abdelaziz Bouteflika, mais "pour laquelle se bat le FFS". Ahmed Djeddaï, Premier secrétaire du FFS, a annoncé que le parti sera présent durant la campagne, pour sensibiliser la population à sa propre démarche, et considère que les résultats du référendum sont déjà connnus et qu'il faut s'attendre à un taux important d'abstention. Ahmed Djeddaï a enfin révélé que la présidence de la République envisageait de mettre en place deux cellules de réflexion, l'une sur les réformes institutionnelles (dissolution du Conseil de la Nation, création d'un poste de vice-président, suppression du poste de Premier ministre, réduction des prérogatives parlementaires, introduction du septennat présidentiel), l'autre sur la transformation des comités de soutien à la politique de Bouteflika en un mouvement associatif destiné, selon Ahmed Djeddaï, à "monter la société civile contre les partis politiques".
(FFS 17.8, 22.8) Le Front des Forces socialistes estime, dans une déclaration de son Premier secrétaire Ahmed Djeddaï à l'AFP, que le référendum sur la loi sur la "concorde civile" est inutile et "s'annonce d'ores et déjà comme un plebiscite", dès lors que "la loi sur la concorde civile est déjà en application". Pour le FFS, ce référendum "participe, une nouvelle fois, d'une volonté de normalisation autoritaire de la société au détriment de la démocratie et du libre exercice des droits politiques et civiques". Les socialistes algériens regrettent qu'"aucun dispositif sérieux reposant sur des objectifs, des échéances et soutenu par des mesures concrètes n'est proposé au peuple pour instaurer la paix et réaliser la réconciliation nationale", et qu'"aucune mesure allant dans le sens de l'ouverture politique et médiatique n'est prise pour permettre à la société de débattre et de participer d'une manière active au règlement pacifique, politique et démocratique de la crise", et estime que l'on assiste depuis l'élection du président Bouteflika "à une extinction dangereuse de toute vie politique", ce qui "laisse la voie libre aux ultras des deux bords". Le FFS, qui s'était abstenu lors du vote de la loi par l'Assemblée nationale, se déclare "cependant attentif à toute initiative et marque son entière disponibilité à agir dans la perspective d'une issue politique, pacifique, démocratique et globale à la crise". Ahmed Djeddaï a déclaré le 22 août que le référendum sur la loi de concorde civile "servira surtout à laver l'affront du 15 avril" (élection d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence après le retrait de tous ses rivaux potentiels) et "à combler le déficit chronique de légitimité du chef de l'Etat".
(Le Matin 5.8) La Fédération de Béjaïa du FFS (le parti détenant la majorité dans la wilaya) a retiré le 28 juillet sa confiance au président de l'assemblée de la wilaya, M. Naceri, qui continue cependant à affirmer qu'il est toujours membre du parti, malgré une lettre adressée le 1er août par le secrétaire national du FFS, Ahmed Djeddaï, aux sections locales, les informant du caractère "statutaire" de la mesure.
(AP, APS, El Watan 7.7, 8.7) Lors du débat parlementaire sur le projet de loi sur la "concorde nationale", les députés du FFS ont dénoncé l'opacité de la démarche présidentielle et critiqué la politique du "tout sécuritaire" menée pendant huit ans, et qui a selon eux "coûté au pays 100'000 morts et quatre milliards de dollars chaque année depuis 1991". "La démarche du président n'est pas la nôtre", a rappelé à "El Watan" le président du groupe socialiste, Mustapha Bouhadef, pour qui "la solution doit (...) respecter (...) le non-recours à la violence, le principe de l'alternance et surtout le respect des droits de l'homme". Le responsable du FFS a également réclamé la levée de l'état d'urgence (qui "n'implique pas l'arrêt de la lutte antiterroriste", la libération des détenus politiques et "la réunion de toutes les forces politiques afin de dégager une solution politique". Or "on assiste actuellement à une amnistie mutuelle sur le dos des véritables victimes" des "éventreurs" islamistes et des responsables des "dépassements de la part des forces de sécurité". Moustapha Bouhadef annonce que, lors du référendum annoncé par le président, "dans le cas où le président demande au peuple s'il est d'accord ou non pour la paix qui s'inscrit dans le cadre d'une solution globale", le FFS appelera à voter oui. Moustapha Bouhadef considère d'ailleurs que le recours au référendum signifie que le Parlement n'est pas représentatif et "n'est pas du tout l'image politique de la société", et se déclare "tout à fait pour sa dissolution". Au Parlement, le député Malek Saadani, voyant dans le projet de loi un diagnostic de la crise et de ses causes, a également affirmé que la retour à la paix implique la démocratisation de la vie politique, la mise en place de mécanismes démocratiques et la libre participation du peuple. Arab Kaci a répété que "l'accord entre ceux qui portent les armes a été conclu dans l'opacité absolue".
Le 8 juillet, le "projet de loi relative au rétablissement de la concorde civile" a été adopté par 288 oui, sans opposition (mais avec un refus de vote du RCD) et avec les 16 abstentions -des députés du FFS et du PT.
(La Tribune, Corr 29.6) Le FFS a "pris acte" le 27 juin des déclaration du président Bouteflika à Crans-Montana (qui a d'ailleurs adressé à son retour de Suisse un message personnel et chaleureux à Hocine Aït Ahmed). Le FFS reste méfiant à l'égard de la démarche proposée par le président, mais cette méfiance s'atténue au fur et à mesure que se précise cette démarche -et, en outre, la méfiance du FFS porte moins sur Abdelaziz Bouteflika lui-même que sur "le pouvoir". Le FFS reproche d'abord à la démarche présidentielle son manque de transparence et ses hésitation quant à la réforme du système, réforme que les socialistes algériens considèrent comme indispensable à la stabilité et à la démocratie. Le FFS doute également de la capacité du président, indépendamment de sa bonne volonté et de ses propres intentions, d'imposer son programme aux décideurs réelles. Enfin, le FFS considère comme essentiel que toutes les forces politiques et associatives participent à la stratégie de sortie de crise, et craint une sorte de "coup de force en douce" du président Bouteflika, imposant sa propre stratégie par le biais d'un référendum plébiscitaire, destiné au moins autant à ratifier les propositions du président qu'à lui donner une légitimité que les présidentielles du 15 avril, aboutissant à sa candidature unique, ne lui ont pas offerte. Sur le fond cependant, on ne peut que constater que les propositions d'Abdelaziz Bouteflika, tant celles contenues dans la loi sur la "concorde civile" que celles évoquées lors du Conseil des ministres du 29 juin, correspondent en grande partie à des propositions faites depuis des années par le FFS. Si le président algérien ne reprend évidemment pas tout le programme politique de Hocine Aït Ahmed, il en reprend de plus en plus explicitement des points de plus en plus essentiels. La presse francophone anti-islamiste ne cesse d'ailleurs depuis des semaines d'assurer (pour le dénoncer) qu'Abdelaziz Bouteflika est en train de "concrétiser Sant'Egidio".
(El Watan 30.5) Le Front des Forces socialistes a réagi au discours du président Bouteflika du 29 mai en le considérant comme démagogique et populiste. Samir Bouakouir, porte-parole du parti, a déploré qu'"aucune mesure allant dans le sens de l'ouverture politique, par la levée de l'état d'urgence ou de décision majeure de nature à enclencher un processus politique de sortie de crise, n'a été prise, sinon des généralités et des professions de foi d'un autre âge en retrait total avec les exigences populaires". Le FFS considère la première intervention publique du nouveau président comme "un ratage total qui renseigne sur l'incapacité d'un systzème à entreprendre des initiatives : elle est symptomatique de l'impasse politique intégrale et de l'isolement d'un pouvoir totalement illégitime". "Comment combattre la violence, la régression économique et la détresse sociale en reconduisant des schémas autoritaires ?", s'interrogent les socialistes algériens.
(APS 5.6, 6.6) Après l'annonce par la pésidence algérienne de l'officialisation de la trêve décrétée par l'AIS en octobre 1997, puis la transformation par l'"émir national" de l'AIS, Madani Mezrag, en un "adieu aux armes" définitif, et enfin l'annonce par la présidence du dépôt d'un projet de loi élargissant la loi de "Rahma" (clémence), le Front des forces socialistes, rappelant qu'il n'a pas "cessé depuis janvier 1992 de préconiser une issue politique, pacifique, démocratique et globale à la grave crise que vit le pays", et qu'il n'avait eu "de cesse d'encourager (...) toute initiative visant à réduire les niveaux de violence et à préserver des vies humaines", salie "toute initiative de retour à la paix" mais prévient qu'il ne saurait "cautionner (un) accord qui ne (s'inscrirait pas) dans une perspective démocratique de sortie de crise", et considère que "seul un compromis historique pour la paix et la démocratie permettra le renouveau de l'Algérie", car "la paix est indissociable de la démocratie et (toute) démarche qui faix l'impasse sur celle-ci ne peut qu'échouer et aggraver ainsi l'instabilité".
(APS, El Watan 17.5) Le Conseil national du Front des Forces Socialistes a publié le 16 mai la résolution de son Conseil national, réuni les 13 et 14. La résolution affirme la volonté du parti de continuer à "oeuvrer à rassembler les énergies démocratiques et à développer une culture du compromis, nécessaire pour réhabiliter le politique" et considère que "le retour à la paix et à la stabilité passe par le respect et l'élargissement des libertés fondamentales et la construction d'un Etat de droit". Le FFS effirme sa volonté de s'associer à "toute action oppotitionnelle commune et à toute initiative émanant aussi bien d'acteurs politiques que de la société civile pour défendre et imposer la paix et la démocratie". La FFS salue enfin la signature par les six ex-candidats à l'élection présidentielle du "manifeste des libertés pour la démocratie" qui "prolonge la dynamique populaire et traduit dans les faits la capacité d'hommes politiques à surmonter leurs divergences et à s'accorder sur l'essentiel : accompagner la grande marche du peuple algérien vers la liberté, la paix et la justice sociale". Faisant le bilan de la campagne présidentielle, le FFS salue le retrait des six candidats d'opposition, décision en laquelle il voit "l'amorce d'uin processus de reconquête par les Algériennes et les Algériens de leur droit de décider de leur avenir et de s'approprier leur état, privatisé par l'oligarchie militaro-financière", et met en garde le pouvoir contre "toute vélléité d'empêcher l'exercice des libertés fondamentales et de provoquer, ainsi, une extinction de toute vie politique", en encourageant du même coup "l'extrémisme, la violence et la régression".
(Le Matin 15.5) Dans une lettre adressée aux membres du Conseil national du FFS, réuni les 13 et 14 mai, Hocine Aït Ahmed, toujours en convalescence en Suisse, annonce que le FFS compte saisir la Cour internationale de Justice de La Haye du cas de Mohammed Bedjaoui, qui y siège comme juge et a été président de la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle, à moins que M. Bedjaoui ne s'explique "clairement sur la perversion totale du scrutin". Pour Hocine Aït Ahmed, la Cour internationale de justice "ne peut laisser un de ses juges apporter la caution de l'institution à une violation délibérée de l'article 21 alinéa 3 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme". A tout le moins, écrit le président du FFS, "le recours à M. Mohammed Bedjaoui (...) n'a absolument pas empêché la machine à frauder d'accomplir sa besogne", et le pouvoir "a poussé l'outrecuidance jusqu'à vouloir exploiter le prestige et l'aura d'une grande institution internationale". Pour la suite, Hocine Aït Ahmed constate "une dynamique réelle au sein de (la) société", dynamique "qu'il s'agit d'encadrer pour imposer, pacifiquement, la démocratisation du pays et la restitution de l'Etat à la nation". Le Premier secrétaire du FFS Ahmed Djeddaï a déclaré que le texte de Hocine Aït Ahmed avait servi du Conseil national du parti "de base de travail pour une action intense qui va être menée". La proposition du président du parti de reporter son 3ème congrès ordinaire, initialement prévu en juin,a été approuvée, afin de permettre au FFS "de se redéployer massivement dans les 48 wilayas et (d')organiser une activité politique entre-temps". A propos des manifestations politiques interdites, de la suspension du quotidien "Demain l'Algérie" et des rumeurs faisant état de purges dans différentes institutions, Ahmed Djeddaï a dénoncé "un nettoyage anti-démocratique qui se fera à tous les niveaux et qui se poursuivra jusqu'à la normalisation autoritaire de la société, par un régime aux relents staliniens".
(APS, El Watan 13.5 13.5) Le président du groupe parlementaire du FFS à l'Assemblée nationale (APN), Mustapha Bouhadef, a dénoncé le 12 mai les "entraves" et les "blocages" du processus parlementaire, donnant pour exemple la non inscription à l'ordre du jour de l'assemblée de propositions de loi déposées en janvier 1998 (sur les manifestations publiques) et février 1999 (sur le service national, le réduisant à 12 mois). Mustapha Bouhadef a également dénoncé le fait que les rapports des commissions d'enquête "sur la fraude électorale et l'immunité parlementaire" ne sont toujours pas au programme de l'assemblée, et s'est élevé contre "le refus d'appliquer les procédures en vigueur" concernant "la modification du réglement intérieur" de l'assemblée. Pour le chef du groupe socialiste, "ces entraves visent en fait à dépouiller le député de ses prérogatives constitutionnelles". En réponse aux déclarations de Moustapha Bouhadef, la présidence de l'APN l'a accusé de se livrer "à un procès d'intention" et de n'obéir qu'à des "mobiles politiciens et partisans", mais a reconnu "les pesanteurs" et "les retards dans le processus de mise en forme et d'élaboration des lois", les attribuant à la "jeunesse" de l'"expérience démocratique" algérienne, qui a "encore un long chemin à parcourir pour trouver ses repères". A ce jour, rappelait Mustapha Bouhadef, seules 21 lois ont été votées par l'APN.
Chers compatriotes, Algériennes, Algériens
Nous voilà, encore une fois, à la croisée des chemins.
Vous allez voter pour la cinquième fois depuis que le pays a sombré dans la violence, le laisser aller et l'incertitude du lendemain. Vous pouvez estimer, à juste titre, que toutes les élections précédentes n'ont rien résolu. Elles étaient d'ailleurs largement entachées de fraude. La manipulation du suffrage populaire est d'ailleurs, depuis longtemps, une règle des tenants du pouvoir. Depuis 35 ans. Elle participe de cette volonté pathologique de réduire les Algériens et leurs voix a de simples faire valoir, et à vider de sa substance toute aspiration au changement. Mais aussi à tenter d'annihiler tout espoir d'y parvenir par des instruments démocratiques. Pacifiques.
Algériennes, Algériens
L'urne leur fait peur. Habitués à ne jamais rendre de compte, ils ont voulu, après le sacrifice de la jeunesse en octobre 1988, pervertir le processus de transition démocratique enclenché en 1989. Ils l'ont gravement contrarié. Dans le sang et la souffrance. Personne n'a été épargné, dans sa famille, son entourage y compris un symbole et compagnon de lutte comme Mohamed Boudiaf. Ils ont, aussi gravement, contrarié le processus de transition par les destructions et la mise sous hypothèque du pays. Dans ces conditions, il était de mon devoir de ne pas rester les bras croisés. J'ai eu à agir auprès des partenaires de l'Algérie pour essayer de limiter cette mise en coupe réglée du pays. J'estimai que la manière dont a été traitée la dette extérieure et la gestion opaque des finances publiques portaient préjudice à l'intérêt national. L'écrasante majorité d'entre vous en a subi, et continue d'en subir, les effets pervers. Cet état de fait a profité à une multitude d'affairistes véreux et de groupes d'intérêts occultes drapés sous différents burnous et qui trônent aujourd'hui sur des situations de rentes politiques et financières. A la faveur de ce contexte, ils ont entrepris une véritable mise à sac du potentiel économique et du patrimoine national.
La violence, dans laquelle a sombré le pays, a indéniablement favorisé cette situation. Dès que les premières velléités d'aller sur cette voie suicidaire sont apparues, j'ai agi. Il fallait empêcher l'émergence de la violence, en tant que mode d'expression revendicative. En janvier 1992, j'ai consulté les principaux acteurs de la scène politique, dont le FIS, pour les convaincre d'éviter à tout prix de basculer vers l'irréparable. J'ai été écouté, mais je n'ai pas été suivi.
Algériennes, Algériens
L'alternative de la violence meurtrière, commise au nom de Dieu ou de la patrie, l'a emporté plongeant le pays dans une agonie qui vient de boucler sa 7 me année. C'est grâce à votre résistance que le pays survit.
Alors que les adeptes de la mort occupaient le haut du pavé, vous avez persisté à dire qu'il faut préférer la vie. Sept ans, un chiffre fatidique qui vous rappelle, qui nous rappelle, le plus long chemin des indicibles souffrances.
Fort des enseignements du passé et de ma foi en l'Algérie une et indivisible, mon camp a été dès le début de la crise nationale, celui de la paix et de la coexistence de tous les Algériens. Ce sont des conditions sine qua non de la vie en société et de la réussite de la construction démocratique.
Dans cette optique, tout au long de ces sept dernières années, je n'ai cessé d'oeuvrer à rapprocher les points de vue pour parvenir à la paix. Chez nous, toutes les initiatives ont été empêchées par le verrouillage autoritaire du champ politique et médiatique national, mais aussi par le conditionnement de la société soumise aux effets psychologiques déstabilisant de la violence.
La rencontre de Sant'Egidio, à laquelle j'ai activement participé, a donné lieu, ici, à une hostilité suscitée et totalement disproportionnée par rapport aux germes de paix dont elle était porteuse. Elle contrariait tous ceux qui avaient intérêt à ce que la confrontation fratricide perdure. Le contrat national, conclut à cette occasion, était pourtant un jalon vers la paix et la construction démocratique. Si l'intelligence avait été au pouvoir, ce contrat national nous aurait épargné trois autres années de malheur et de destruction.
Algériennes, Algériens
Je ne désespère pas de vous voir, prendre conscience, de plus en plus, de la nécessité du dialogue politique permanent et du bannissement de l'exclusion sous toutes ses formes. C'est par cette culture que nous pourrons créer les conditions favorables à la sauvegarde de la nation et à la réappropriation de l'Etat.
Il nous faut aussi préserver le formidable potentiel de la jeunesse de la culture de la haine et du désespoir. Cela passe par la réhabilitation urgente des valeurs morales et des règles de la vie en société. Il faut impérativement restaurer l'égalité des chances pour redonner foi en l'avenir. Il faut éradiquer le " hittisme " et la mal vie qui rongent nos enfants.
Tout ceci ne peut se réaliser sans votre participation. Cela est possible. Historiquement, notre peuple a connu d'autres épreuves qu'il a pu surmonter. Aujourd'hui, une nouvelle occasion historique s'ouvre à nous pour tourner définitivement la page de la mort et du déclin. Et à tout jamais briser cette chaîne des terribles malheurs et régressions auxquels la fatalité, et, je ne sais quelles autres malédictions, condamneraient nos enfants et nos petits enfants.
Algériennes, Algériens
Cette occasion est l'engagement pris par le président de la République de garantir l'alternance au pouvoir, en garantissant la transparence et l'honnêteté de l'élection présidentielle.
Sera-t-elle, en définitive, une alternance crédible, c'est à dire, la première alternance depuis 35 ans? Donc la chance d'un vrai changement de système et de personnels politiques?
Je ne peux pas me permettre de douter de la bonne foi et de l'audace patriotique du chef de l'Etat. Mais, j'ai aussi le devoir de vous prévenir contre les risques réels de survivance de manipulations et de pratiques anciennes. Je n'hésiterais pas à me dresser contre toute tentative de détourner de son cours cette élection présidentielle. Je ne désespère pas, malgré tout, de voir cette échéance présidentielle ouvrir la voie à un avenir de liberté, de justice et de prospérité, car j'ai toujours foi en vous.
Algériennes, Algériens,
Vous avez vite compris, en effet, que cette première alternance porte en elle toutes les futures alternatives de paix, de démocratie, de développement et de justice sociale. Vous savez qu'elle est chargée d'un véritable processus de changements capables de préparer à la fois la société et les institutions aux défis du troisième millénaire. Avec dans l'immédiat et le proche avenir, des obligations de résultats concrets qui rendent espoir et confiance aux couches défavorisées de notre population.
Aussi, ai-je la conviction que vous saurez, comme toujours, trouver les formes et les ressources d'une mobilisation enthousiaste et responsable pour gagner le pari de l'alternance.
Vive l'Algérie libre et démocratique Hocine Aït Ahmed Alger, le 17 mars 1999
GRANDES LIGNES DU PROGRAMME DE Hocine AIT AHMED
Près de quatre décennies après que notre pays ait, en principe, recouvré sa souveraineté au prix de lourds sacrifices, il se trouve confronté au plus grand drame de son histoire.
Après avoir combattu le colonialisme au nom des Droits de l'Homme, le peuple algérien vit aujourd'hui dans le déni des libertés les plus élémentaires, dans la misère sociale et morale.
Serait-il condamné à voir l'histoire bégayer ?
Avec la libération politique, devait se concrétiser la libération des individus et leur participation réelle à la vie publique. C'est au contraire la marginalisation qui s'est installée dans tous les domaines : politique, économique, social et culturel.
Comment ne pas voir aujourd'hui les conséquences désastreuses des options autoritaires imposées depuis l'indépendance ?
Violences, exclusions, répression, déculturation et paupérisation sont depuis quelques années devenues le lot quotidien des Algériennes et Algériens. Spoliés de leurs droits les plus fondamentaux - à la vie - à la libre expression - à la participation - à la prise de décision, à l'exercice du contrôle, au libre choix des gouvernants... ; privés de leurs besoins les plus élémentaires - emploi, logement, instruction, loisirs... ; les Algériennes et les Algériens sont poussés au désespoir.
Les conditions de vie ne cessent en effet de se dégrader.La paupérisation a atteint un niveau insupportable.
Parce que rien ne se fait pour atténuer les souffrances des populations, la détresse grandissante peut déboucher, à tout moment sur une explosion sociale aux conséquences graves.
On ne peut tolérer en effet que dans un pays riche comme le nôtre, un Algérien sur deux en âge de travailler n'ait pas d'emploi.
On ne peut accepter que le chômage soit considéré comme une fatalité qui laisse aux chômeurs et aux salariés une seule alternative : se satisfaire de leur pauvre sort.
Il est inadmissible de justifier la perte de toute protection sociale et l'emploi précaire par une concurrence internationale dont l'Algérie est exclue.
La relance économique tant promise n'arrive toujours pas, au contraire, les liquidations d'entreprises et les licenciements de travailleurs se multiplient. De rééchelonnements de dettes en ajustements structurels, l'injection de capitaux se perd dans les méandres des circuits informels et parasitaires qui ne participent pas du développement et de la création de la richesse sociale. Ce qui ne fait au bout du compte que grossir les rangs des exclus et des laissés pour compte. Autrement dit, l'armée de réserve de tous les intégrismes.
Cette situation porteuse de périls réels est aggravée par les violences qui ne cessent d'endeuiller les populations. Attentats aveugles, voitures piégées, embuscades, massacres collectifs, attaques de casernes font reculer chaque jour les limites de la barbarie. Des dizaines de milliers de personnes sont déplacés après avoir pris le chemin de l'exode pour fuir l'horreur.
Il n'y a que ceux qui sont épargnés par les violences qui peuvent se satisfaire de la soi-disant amélioration des conditions de sécurité. Nous ne croyons pas à un seuil de violence acceptable. Et rien n'annonce des lendemains sécuritaires meilleurs, car la contagion terroriste a deux alliés majeurs : une répression trop souvent aveugle et une détresse sociale effroyable.
Comment, et de quel droit, persister alors dans le refus de voir dans l'exclusion et la misère les deux principales sources de violence. Il faut d'abord et surtout bannir l'incitation à la violence, à la haine, à la vengeance et aux règlements de compte. C'est aussi cela la modernité.
Ensuite se rendre à l'évidence que la situation dans laquelle nous sommes après sept
années de conflits prouve qu'il n'y a d'autres issues à la crise que politique. Des années d'autoritarisme, d'exclusions, de règne de non droit et de l'arbitraire, du refus des libertés et des pluralismes ainsi que l'absence de vie politique ont fait le lit de tous les extrémismes.
Dès lors pourquoi s'aveugler à reconduire l'option du toute sécuritaire en reconduisant un système autoritaire et injuste à l'origine des malheurs du pays. Sans politique, sans le libre soutien de la population et sans les limites de l'Etat de droit.
C'est se condamner à l'échec.
En effet, en faisant l'impasse sur la dimension politique du conflit, le processus dit de parachèvement des institutions présenté comme la solution à la crise a montré ses limites. Les institutions mises en place n'ont été que de simples paravents et des courroies de transmissions.La récente crise au sommet vient de plonger le pays dans une instabilité dangereuse pour l'intégrité physique de la population et l'avenir de notre pays.Or, parvenir à une stabilité durable dans notre pays est un objectif stratégique.
L'Algérie a besoin d'un Etat civil, qui ne soit ni sous la tutelle des militaires ni sous
l'emprise des théologiens, mais qui ne soit ni contre l'Armée ni contre l'Islam, car nous avons besoin d'une armée forte pour accomplir les missions constitutionnelles qui seront les siennes.
La stabilité réside essentiellement dans l'émergence et la consolidation d'un pouvoir civil. C'est par la médiation démocratique et la participation libre et responsable de tout les Algériennes et Algériens sans exclusion que les institutions gagneront en crédibilité.Edifier un Etat démocratique suppose que la démocratie ne sera pas seulement politique, mais aussi sociale, économique et culturelle.
C'est cela qui fonde la citoyenneté.
C'est cela la promesse du 1er Novembre 1954.
La démocratie signifie un contrôle sur l'utilisation de nos ressources, sur nos dépenses publiques qui doivent prendre en charge, sans délai, des projets de sauvetage pour les plus démunis.Cependant, aucune action politique ou économique ne peut se concevoir sans la paix et la sécurité des biens et des personnes. Il est temps de faire un diagnostic de la crise. Le changement impose des révisions déchirantes.
Il faut arrêter de mentir et de se mentir !
Les enjeux réels dépassent de loin les simples questions de pouvoir.
Car le troisième millénaire nous impose des défis plus complexes et donc plus difficiles à relever.
Face au phénomène de globalisation multiforme que connaît le monde, notre pays se doit de concevoir de façon urgente et rationnelle des réponses à certaines préoccupations fondamentales.Il s'agit aujourd'hui de réaliser une plus forte intégration sociale et de négocier une meilleure insertion à l'économie mondiale.
Notre pays doit aussi retrouver sa place de moteur dans la construction de l'espace
maghrébin, accéder à la respectabilité internationale et développer les intérêts et le
prestige de notre pays.Mais il est évident que rien ne peut se faire dans la culture de la mort, de la haine et de la fragmentation sociale.
Aussi, la priorité des priorités demeure la paix et la réconciliation nationale.
C'est là un impératif de survie et de dignité nationale.
L'élection présidentielle peut et doit constituer une opportunité pour amorcer une dynamique politique de sortie de crise. Une occasion ultime pour un sursaut national.Nous pouvons tous ensemble faire de ce rendez-vous un second 1er Novembre. Après tant de souffrances et de douleurs, de rendez-vous manqués et d'occasions ratées, rien ne peut plus justifier l'obstination à refuser ou à différer la solution politique.La crise algérienne a besoin d'un autre type de traitement.
La conscience et l'intelligence de tous sont interpellées. Il y va de l'avenir de notre jeunesse et de nos enfants.
C'est pourquoi, l'urgence des urgences est de mettre fin à l'engrenage meurtrier.
Il faut cesser de dresser nos enfants les uns contre les autres.
Seul un compromis historique mettra fin au processus de destruction de notre pays.
Il permettra de rassembler toutes les forces politiques qui condamnent la violence autour d'une issue politique, pacifique et globale à la crise.La volonté d'arrêter la spirale de la violence crée une dynamique de réconciliation.
La réconciliation est indispensable pour ramener la paix. C'est cette dynamique qui impose d'elle-même les garanties que chacun doit donner aux autres et que tous doivent donner à chacun.Pour concrétiser ce compromis historique, il est nécessaire d'ouvrir un dialogue franc et transparent avec toutes les forces politiques sans exclusive qui rejettent la violence et le terrorisme en vue de s'engager dans une solution politique. Pour être crédible, le dialogue doit être accompagné de mesures de détentes de nature à favoriser un climat de confiance et de sérénité.
1 - La libération du champ politique
- considérer les partis politiques comme des partenaires à part entière pour rompre avec le pluralisme de façade.
- lever entraves et interdits qui empêchent les partis politiques, les syndicats et les associations de s'organiser et de déployer librement leurs activités.
- cesser les intimidations à l'encontre des militants des partis politiques.
- supprimer tous les obstacles juridiques et bureaucratiques à l'organisation des manifestations et rassemblements publics.
- lever la politique restrictive et sélective de délivrance des visas aux médias étrangers et aux ONG internationales.
2 - La libération du champ médiatique :
- respecter le droit à l'information.
- permettre l'accès libre et équitable aux médias publics (T.V, radios... ).
- supprimer la censure.
- cesser les harcèlements judiciaires contre la presse et les journalistes.
3 - Le respect des Droits de l'Homme :
- respecter les libertés individuelles et collectives.
- respect de la vie privée.
- lever l'état d'urgence et abroger les lois d'exception.
- assurer l'indépendance effective de la justice.
- mesures de détente en faveur des personnes injustement incarcérées et des détenus d'opinion non impliqués dans des crimes de sang.
Pour être efficace, le dialogue doit se dérouler dans un cadre transparent et se fixer des objectifs réalistes.
- l'ordre du jour doit être fixé d'un commun accord entre tous les partenaires.
- tous les partenaires doivent s'engager fermement à rechercher une solution politique, pacifique et démocratique à la crise.
- tous les partenaires doivent s'engager à lancer un appel pour la cessation de la violence et s'impliquer pour consolider le processus de retour définitif à la paix civile.
- tout compromis entre les parties au dialogue doit être respecté de tous et doit se fonder sur l'adhésion de la population.
La négociation doit porter sur cette sortie de crise politique avec une période et des institutions de transitions gérées à plusieurs.
Le processus graduel, ordonné et consensuel de retrait de l'Armée du champ politique permettra à terme l'élection d'une Assemblée législative constituante qui consacrerait notamment :
1 - les droits fondamentaux de la personne humaine et l'exercice des libertés publiques.
2 - les pluralismes politiques, culturels et linguistiques.
3 - l'équilibre et la séparation des pouvoirs.
4 - les principes et les valeurs démocratiques.
L'élection présidentielle anticipée peut constituer l'amorce de ce processus politique progressif. Le changement auquel aspirent les algériennes et les algériens est aujourd'hui possible. Il dépend de la volonté et de l'implication des forces de paix, de réconciliation et de modernité.
Il est grand temps de retrouver le sens de la tolérance et de la fraternité nécessaires à la reconstruction du pays. Car l'Algérie, plurielle et unie, est riche de ses valeurs séculaires d'égalité, de justice, de respect mutuel et de solidarité.
Dès lors le succès de la transition démocratique ouvrira la voie à la remobilisation des citoyennes et des citoyens autour de mesures d'urgences pour secourir les plus démunis et de mettre en œuvre des projets de développement durables en mesure d'éradiquer les fléaux que constituent le chômage et l'absence de logements, l'ignorance et la peur.
La confiance et l'espoir revenus réconcilieront aussi la population avec ses institutions, toutes ses institutions, et la nation avec l'Etat. Son Etat.
(APS, AFP, AP, Reuters, corr. 14.4) Tous les candidats à l'élection présidentielle du 15 avril à l'exception d'Abdelaziz Bouteflika ont annoncé le 14 avril le retrait de leur candidature "après avoir constaté la non prise en considération par la présidence de la République de leur démarche commune du 13 avril", protestant contre la fraude et demandant l'annulation des votes déjà émis à l'étranger, par les "corps constitués" (armée, police) et dans les bureaux itinérants. Liamine Zéroual a annoncé le soir même à la télévision que l'élection était néanmoins maintenue le 15 avril.
Djamel Zenati, directeur de campagne de Aït Ahmed, a déclaré : "Nous avons contesté toutes les élections depuis 95. Cette fois-ci nous avions exigé des garanties du gouvernement qui ne se sont pas traduites sur le terrain. Or nous n'avons pas l'intention de cautionner cette mascarade. Pendant la campagne l'espoir était là, ce rendez-vous historique pouvait désarmorcer la dynamique de crise mais la dictature, la mafia au coeur du système, a fait barrage à la volonté du peuple. Tout était en place pour que Bouteflika, le candidat de la Mafia, passe, avec la collaboration des médias et de la TV (...). Cette mascarade va faire basculer le pays dans le chaos mais il est encore temps d'arrêter tout ça et de faire l'économie de nouvelles nuisances et de nouveaux massacres". Le FFS avait appelé à une "marche pacifique" contre "la dictature" le 16 avril à 14h30 Place du 1er Mai. L'appel en faveur d'une "Algérie libre et démocratique" se conclut par un "Non à la dictature". La marche a été interdite par les autorités. Des rassemblements pourraient avoir lieu également à 14h30 à l'heure de la sortie des fidèles des mosquées de la grande prière du vendredi.
(Corr 17.4) Djamel Zaneti, porte-parole de Hocine Aït Ahmed, a déclaré le 16 avril n'accorder "aucune crédibilité aux résultats des élections, fabriqués par les laboratoires de la sécurité militaire" et fait état d'un "taux de participation réel" obtenu grâce à "une fuite du ministère de l'Intérieur", et qui serait de 23,3 %. "Pour nous, il n'y a pas eu d'élections, il y a eu un coup d'Etat par les urnes" et le "noyau dur des généraux a simplement nommé Abdelaziz Bouteflika à la place de Liamine Zéroual".
(APS 14.2) Réagissant au discours tenu par le président Zéroual le 12 février, le Front des Forces Socialistes a considéré que "sa fermeté affichée à respecter la parole donnée aux citoyens, l'honore", et prend acte de "cette volonté qui, si elle se traduit en mesures concrètes, pourrait augurer d'une rupture avec des pratiques éculées". Le FFS souligne que "le fait que le président de la République dénie à quiconque, non habilité, de parler au nom des institutions est important, car on a vu certains s'arroger le pouvoir exorbitant de suggérer que l'armée soutenait un candidat".
(El Watan 14.2) Hocine Aït Ahmed s'est rendu le 13 février aux USA pour une visite de travail de trois jours, lors de laquelle il rencontrera notamment le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et s'entretiendra avec de hauts responsables américains, notamment du Département d'Etat.Ces derniers jours, le président du FFS a reçu à Alger le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, Ali Yahia Abdenour, ainsi que Cherif Belkacem et Mouloud Hamrouche.
(ATS 2.2, Le Matin 3.2) Hocine Aït Ahmed est arrivé le 2 février à Alger. Le président du Front des forces socialistes, dont le congrès extraordinaire se tiendra le 4 février pour fixer la position du parti face à l'élection présidntielle d'avril, a appelé "les Algériens, quelle que soit leur école politique, leur parti, disent 'sept ans, ça suffit !'. Le président du FFS a estimé que "ce qui donnera une caution" à l'élection présidentielle est "la présence de la population", qui doit être "persuadée que cette élection n'est pas une mascarade et qu'elle sera une occasion de sorti le pays de la tragédie". "Je ne suis pas venu pour régler des comptes, mais pour me mettre à l'école de mes amis qui ont déclaré leur volonté de réhabiliter la politique", a affirmé Hocine Aït Ahmed, attendu à l'aéroport d'Alger par des dizaines de militants du FFS, et qui a exprimé sa conviction que "l'Algérie sera le premier pays arabe, africain et méditerranéen à enraciner un vrai pluralisme médiatique, politique et linguistique", ce qu'il faut "faire passer dans la réalité politique". Hocine Aït Ahmed a déclaré espérer que "le scrutin présidentiel, si véritablement il se présente sous d'autres formes que celles des élections précédentes, sera l'occasion pour tous les Algériens (de débattre) de leur avenir avec les partis politiques" car "on ne peut faire de démocratie sans les partis politiques, les médias, les forces de la société".
(El Watan 6.2) La presse algérienne a relevé avec surprise le nombre et la personnalités des invités au congrès du FFS, qui, écrit "El Watan", ont "créé l'évènement, voire la surprise" à leur arrivée dans la salle : ainsi du général Betchine, de l'ancien secrétaire général du RND Benbaïbèche, des candidats à la présidentielle Mouloud Hamrouche, Ahmed Taleb Ibrahimi, Youcef Khatib, Mahfoud Nahnah, Redha Malek, Abdallah Djaballah. Des représentants du FLN, du RCD et du Parti des Travailleurs étaient également présents, ainsi que des personnalités comme Ali Yahia Abdennour, et des ambassadeurs ou diplomates, notamment les ambassadeurs de Russie, d'Italie, de Belgique, du Maroc, de Tunisie et du Portugal, ainsi que le Premier conseiller de l'Ambassade de France. Quant au Président de l'Internationale Socialiste, Pierre Mauroy, il a adressé un message au congrès.
Le FFS considère que la démission de fait de Liamine Zéroual démontre que "les tenants du pouvoir réel ne siègent pas dans les institutions élues" et que "le processus de sortie de crise préconisé par le Pouvoir depuis le Coup d'Etat de janvier 1992, et présenté comme une démission du Président" d'alors (Chadli) a "échoué". Le FFS met en garde "tous les acteurs politiques et sociaux contre toute fuite en avant qui précipiterait le pays dans le chaos".
En provoquant la démission du président Zéroual, le pouvoir réel démontre, une fois de plus, que le processus décisionnel échappe totalement aux " institutions ", dont le caractère factice , sans cesse affirmé par le FFS, ne fait plus de doute. Comme en janvier 1992, et au mépris des règles et procédures qu'ils ont pourtant imposées, les chefs militaires violent une fois de plus la constitution. Le discours sur l'Etat de droit s'avère n'être en définitive qu'une supercherie. Un Etat de droit, en effet, ne suppose-t-il pas que les règles et les lois s'appliquent autant aux citoyens qu'à ceux qui incarnent l'autorité ?
Cet acte apporte en même temps un cinglant démenti au rapport établi par le panel onusien. Il remet en cause totalement l'affirmation selon laquelle l'opération "de mise en place d'institutions " est un processus démocratique. Le FFS dénonce fermement ce rapport qui fait l'impasse sur la tragédie que vit le peuple algérien depuis des années. Comment ne pas être scandalisé par un rapport partial destiné à soutenir et plus grave encore, à blanchir le pouvoir en place, en lui accordant un satisfecit, véritable caution à la poursuite de la politique d'éradication avec son cortège de victimes? Pour le FFS, il s'agit bel et bien d'une démission devant le diktat des autorités algériennes. Sinon, comment expliquer le désaveu affiché dans les conclusions du panel, du rapport publié par le comité des droits de l'homme siégeant à Genève qui a clairement établi la responsabilité du pouvoir dans la torture, les enlèvements, les disparitions et exécutions extrajudiciaires, même quand ils sont perpétrés en réponse aux exactions des islamistes? Le FFS considère que l'ONU s'est éloignée du rôle que lui confère la déclaration universelle des droits de l'homme. En effet, le FFS s'étonne que le Secrétaire général de l'ONU n'ait pas donné mandat explicite pour enquêter sur les violations des droits de l'homme, comme il n'a pas hésité à le faire pour d'autres pays où les violations des droits de l'homme ont été pourtant moins graves et moins durables qu'en Algérie. Le FFS s'élève contre cette attitude discriminatoire, de complaisance et de laisser-faire vécue comme un traitement de mépris par une population recrue de malheurs, d'arbitraires et de misères.
Devant les désastres d'une guerre aggravée par un climat d'impunité et d'opacité, le FFS rappelle la communauté internationale à ses devoirs de solidarité active avec le peuple algérien. Le FFS appelle les instances internationales et à leur tête le Secrétaire général de l'ONU à prendre des initiatives crédibles permettant:
1) Une observation permanente et vigilante de la situation des droits de l'homme dans notre pays. 2) Une médiation en faveur d'un processus de paix et de réconciliations nationale.
Le FFS demeure convaincu que seule une solution politique, pacifique, démocratique et globale peut prévenir les périls pouvant résulter d'explosions sociales. Le FFS demande aux acteurs politiques et sociaux de se ressaisir et d'opérer des révisions déchirantes.Seule une solide volonté d'engager le pays dans la voie de la paix garantira effectivement une réelle transition démocratique.
(AFP, APS 1.10) Lors de la rencontre du 30 septembre entre le président Zéroual et les partis politiques représentés au Parlement, le Front des Forces socialistes a demandé à Liamine Zéroual d'"ouvrir un dialogue franc et transparent avec toutes les forces politiques qui rejettent la violence et le terrorisme", excluant donc les groupes armés "quelle que soit leur appellation". Pour le FFS, le Front islamique du salut devrait pouvoir participer à ce dialogue mais non sa branche armée, l'AIS. Le président Zéroual a réaffirmé que le dossier du FIS était "clos" et que le dialogue politique ne pouvait le concerner. Le FFS a également demandé au président de prendre une série de "mesures de détente", dont la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus d'opinion, le levée des "restrictions aux libertés fondamentales, le respect et la promotion des droits de la personne humaine et l'ouverture du champ médiatique".
Notre pays se trouve aujourd'hui confronté au plus grand défi de son histoire.
Sept années de violences, destructions, carnages et massacres indescriptibles ont fini par provoquer une grande lassitude et un désenchantement généralisé. Les signes de désespoir mêlés à un sentiment de révolte gagnent de plus en plus toutes les couches sociales.
Aucun signe d'amélioration n'est venu rassurer les Algériennes et les Algériens.
Aucun geste significatifs de la part des gouvernants n'est venu apaiser leur douleur.
Les conditions de vie des Algériennes et des Algériens ne cessent de se dégrader, pour atteindre à présent un niveau insupportable. Le seuil de rupture entre la société et ceux qui disposent de la décision politique n'a jamais été aussi proche.
Il n'échappe à personne que cette détresse grandissante peut à tout moment déboucher sur une explosion sociale aux conséquences graves. Celle-ci sera rendue inéluctable par les injustices multiformes que subit la population. Les restrictions imposées aux libertés fondamentales -libertés d'expression, d'organisation, d'information, de manifestation, syndicales, etc.-, les violations des droits de l'Homme et la corruption, font prendre au pays des risques réels de désintégration.
Le FFS a très tôt mis en garde les détenteurs du pouvoir sur les politiques successives de fuite en avant engendrées par le coup d'arrêt du processus démocratique de janvier 1992. Depuis, il n'a cessé de prévenir sur les dangers liés à la poursuite de l'option résolument sécuritaire qui fait l'impasse sur une solution politique, pacifique, démocratique et globale à la crise.
Le FFS en tant que force de proposition saisit toutes les occasions pour alerter l'opinion nationale et internationale sur la nécessité d'ouvrir un vrai dialogue avec toutes les forces politiques et sociales qui rejettent la violence et le terrorisme.
Tournant le dos à la solution politique telle que prônée par notre parti, le pouvoir, fidèle à sa logique de diktat, a imposé une échéance électorale -l'élection présidentielle de 1995- pour légitimer la poursuite de la politique du tout sécuritaire.
Cependant, les engagements du candidat Zéroual en faveur de la paix et de la réconciliation nationale ont amené le FFS à proposer, lors de son deuxième congrès en 1996, une Conférence Nationale pour la Paix. Cette proposition, récusée par le pouvoir, a donné lieu à une parodie de "dialogue" qui a abouti à la "conférence d'entente nationale".
Les promesses de paix et de réconciliation très vite ignorées, le pouvoir a organisé un référendum sur une nouvelle constitution consacrant le césarisme présidentiel et poursuivi l'opération de "mise en place des institutions", dans un climat de pressions et manipulations diverses, d'intimidations voire de menaces et de fraude à ciel ouvert.
Le FFS a dénoncé cet enchaînement d'arbitraire, de déni, d'exclusion et de détournement de la volonté populaire.
Ces institutions, instrumentées aux fins de faire admettre à l'opinion internationale que l'Algérie était en transition démocratique, ont fini par révéler leur non efficience et leur non perfectibilité. En effet, l'annonce du départ prématuré du Président de la République, sur fond de règlements de comptes claniques, démontre que le pouvoir réel ne réside pas dans les institutions "élues". L'absence de motifs constitutionnels -ce cas de figure n'étant pas prévu" met à nu la nature réelle d'un pouvoir au-dessus de toute juridiction, et place de fait ces institutions en état de vacance.
Le FFS considère que cette situation, propice à toutes les manoeuvres et intrigues, laisse la voie ouverte aux aventuriers et apprentis sorciers de tous bords pouvant mettre en péril la cohésion nationale.
Le peuple algérien, première victime, ne veut plus payer le prix de décisions fondamentales qui l'engagent sans sa participation effective.
Aujourd'hui, la responsabilité de ceux qui incarnent l'autorité est très grande. A leur tête, le Président de la République.
Le FFS saisit l'occasion de cette rencontre, pour demander à tous les acteurs politiques et sociaux d'opérer des révisions déchirantes et d'assumer pleinement leurs responsabilités devant l'histoire.
Seul un compromis historique pour la paix et la réconciliation nationale arrêtera ce processus chaotique et permettra la consolidation d'un Etat civil, de Droit, fort et pérenne.
Pour concrétiser ce compromis historique, le FFS demande au président Zéroual d'ouvrir un dialogue franc et transparent avec toutes les forces politiques qui rejettent la violence et le terrorisme, à l'exception des groupes armés, pour réaliser le consensus politique et social le plus large autour d'une issue politique, pacifique et globale à la crise.
Pour être crédible, le dialogue doit être accompagné de mesures de détente, notamment :
- l'accès libre et équitable aux médias publics,
- l'arrêt immédiat des harcèlements judiciaires,
- le respect des droits des travailleus et des libertés syndicales.
Pour le FFS, l'ouverture du dialogue favorisera une sortie de crise globale et politique nécessitant une période et des institutions de transition gérées à plusieurs.
L'échéance électorale projetée doit s'inscrire dans cette démarche globale et consensuelle, nécessaire à l'amorce d'une dynamique de paix et de réconciliation nationale.
Cette démarche constitue la garantie politique essentielle pour permettre un climat favorable à toute consultation électorale libre et crédible.
L'émigration algérienne continue à vivre sous le régime de la "hogra". Des décennies durant, l'émigration fut placée sous haute surveillance par l'Amicale des Algériens en France. Aujourd'hui, cette amicale" est éclatée en une multitude d'associations Loi 1901 dont l'objectif principal reste : l'encadrement de la communauté émigrée.
Mépris et cynisme restent l'apanage des représentations de notre pays à l'étranger. Qui d'entre nous n'a pas vécu l'enfer pour une simple formalité administrative dans un Consulat ? Qui d'entre nous n'a pas souffert de l'affaire Air Algérie ? Aujourd'hui même, nombreux sont dans l'impossibilité d'obtenir une réservation pour rentrer au pays...
Seules les enfants, parents et amis de la nomenklatura et de l'oligarchie militaro-financière qui nous gouvernent, ainsi que leurs clientèles versées dans le businesse (notamment l'import-export), recyclées dans de nombreux circuits internationaux (UNESCO, ONU), prête-noms d'intérêts financiers mal acquis, investis à l'étranger (immobilier, hôtellerie, actionnariat)... sont dispensés du parcours de la honte auquel a droit tout Algérien "normal".
L'émigration algérienne est malade de son impuissance devant la tragédie que vit, de nouveau, notre peuple.
Sept ans de violences multiformes, de massacres, de violations massives cdes droits de l'Homme, de règlements de comptes claniques sur fond de misère sociale et culturelle :
La normalisation totalitaire avec ses institutions préfabriquées et son cortège de lois liberticides, ne font que précipiter notre pays vers le chaos.
Algériennes, Algériens, l'existence de la société en tant qu'entité est aujourd'hui remise en cause. Cette situation interpelle les consciences. Seul un processus de paix peut stopper l'engrenage mortel et l'effritement de la cohésion nationale. Et amorcer une véritable transition démocratique.
Le FFS a lancé de multiples appels à un sursaut national par des manifestations pacifiques à Alger. Toutes ont été interdites. Un nouvel appel est lancé pour le jeudi 9 juillet 1998. Dans le prolongement de cette manifestation, le FFS-Immigration appelle à
(Le Temps 8.7) Interrogé par le quotidien suisse "Le Temps" sur les événements de Kabylie et l'apparition d'un encore hypothétique Mouvement Armé Berbère (MAB), Hocine Aït Ahmed, président du FFS, déclare que "la Kabylie gêne actuellement le pouvoir en ce qu'elle représente un ultime bastion de résistance démocratique" au "dispositif" permettant au pouvoir d'"assurer sa péténnité". Hocine Aït Ahmed accuse les autorités de vouloir "passer à une dernière étape de leur normalisation en détruisant les dernières forces de la contestation et de la démocratie" et en tentant d'"étouffer les formes non violentes de la lutte mais aussi de faire basculer la population kabyle dans la violence généralisée". "Nous avons vu apparaître au milieu des manifestations pacifiques que nous avions pris l'initiative d'organiser des inconnus qui paraissent être des professionnels de la casse", accuse le président du FFS, qui retient comme "principale hypothèse" à propos de l'apparition du MAB celle d'une provocation du pouvoir, et considère qu'à l'instar de plusieurs GIA "gérés par Alger" le MAB ne serait qu'une sorte de "GIA berbère" grâce auquel, "edn haut lieu, certains (...) espèrent étouffer la vie politique en Kabylie". Pour Hocine Aït Ahmed, l'opinion kabyle n'est radicalisée que de manière "émotive, sentimentale", et de l'"insurrection morale à l'insurrection armée, il y a un grand pas" dans une région qui "se rapproche beaucoup plus de la Catalogne que du Pays basque" et où les "revendications linguistiques ne sont pas éthnicistes" mais s'inscrivent "dans une aspiration au pluralisme dans tous les domaines". Le leader socialiste accuse le pouvoir de chercher "une fois de plus à truquer l'équation politique", après avoir "remplacé l'opposition fondamentale entre la démocratie et la dictature" et en cherchant aujourd'hui à "faire croire que le problème se situe entre les Arabes et les Kabyles" et en lançant une "affaire de séparatisme kabyle pour transformer l'équation politique, voire se rallier les islamistes au nom de l'unité nationale". Pour son président, le FFS a "tenu à mettre le président (zéroual) devant ses responsabilités, qui est d'être le chef de tous les Algériens", en le rencontrant le 6 juillet. "Nous sommes un parti pacifique", proclame Hocine Aït Ahmed : "Appeler à la raison est notre seule politique. Il n'en est pas de rechange", mais "si les choses continuent comme cela", le FFS risque de "disparaître", et son président considère comme un "miracle" qui puisse seulement "subsister sous les pressions" qu'il subit.
L'Internationale Socialiste, devant la perpétuation de la violence en Algérie et les problèmes de violation des droits humains, ainsi que les atteintes au plein exercice des libertés fondamentales et collectives :
Réaffirme :
Soutient :
Demande à ses partis membres :
Le 17 juin 1998
Excellence,
Au moment où s'ouvrent à Rome les négociations pour la création d'une cour pénale internationale permanente, je vous adresse un message pour dire l'énorme espoir de toutes celles et de tous ceux qui, en Algérie et dans de nombreux pays, sont accablée par le crime organisé et les massacres de populations innocentes, et qui veulent aujourd'hui que la communauté internationale se donne les moyens d'accomplir efficacement et sans délai son devoir de justice et de prévention.
Nul doute que d'ores et déjà les initiateurs sincères et conséquents de ce projet pourront compter sur un consensus universel véritable né des folies meurtrières qui ont marqué la dernière décennie. Consensus qui s'est forgé dans la conviction que lorsque l'impunité est souveraine, l'état de barbarie n'est pas loin.
Le peuple algérien qui a entendu votre voix, il n'y a pas très longtemps, vous aurait immanquablement apporté tout le soutien de sa ferveur et de sa maturité, s'il pouvait s'exprimer et manifester librement en faveur de la création d'une Cour pénale internationale permanente.
Les Etats, et singulièrement ceux d'entre eux qui disposent du droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies, et ceux également qui savent si bien jouer du leadershiop tiers-mondiste -pour s'octroyer une légitimité internationale, donc un pouvoir de blocage et de marchandage- doivent bien comprendre qu'ils assumeront de lourdes responsabilités devant l'histoire si cette juridiction internationale venait à être amputée de l'essentiel des compétences et des moyens indispensables à l'accomplissement de ses missions. Ils auront brisé la grande espérance du "monde en tiers", cette majorité "globale" silencieuse qui subit au quotidien l'exclusion sociale, culturelle et politique, quand elle n'est pas directement touchée par les violations massives et sanglantes des droits de la personne humaine. Les promesses du troisième millénaire ne pourraient être tenues si on devait prévoir une justice internationale sans force, comme remède à la force sans justice qui règne dans l'ordre international.
Ni manipulée par les Etats, ni dirigés contre, la Cour pénale internationale doit être dotée d'une large autonomie qui lui permettra de se saisie des crimes contre l'humanité et de juger les auteurs et commanditaires de ces crimes. C'est là une condition de sa crédibilité. (...)
(Reuters, AFP, Le Figaro 5.7) Hocine Aït Ahmed, président du FFS, a dénoné la loi d'arabisation de la société algérienne comme étant un "véritable désastre" qui "démontre comment le gouvernement est en train de condamner à un désordre dangereux une société morcelée et sans instruction, une administration minée par la corruption et l'incompétence". Dans "Le Figaro" du 4 juillet, Hocine Aït Ahmed accuse le pouvoir de jouer "la radicalisation de l'opinion comme en 1992", et les forces de sécurité d'"encourager la violence". Pour le président du FFS, "on ne saura peut-être jamais qui a commis (l')attentat abominable" contre Matoub Lounès.
(FFS 24.6) Le Front des Forces socialistes appelle à une marche nationale "pour la paix et contre l'exclusion" à Alger le 5 juillet. Lors de la conférence de presse annonçant la manifestation, Ahmed Djeddaï, Premier secrétaire du FFS, a invité les Algériens à un "sursaut national" en manifestant pacifiquement contre "l'exclusion politique, sociale, linguistique et culturelle" et pour "la paix, la réconciliation nationale et le droit d'avoir des droits". "La normalisation totalitaire et sa pléïade de fausses institutions préfabriquées et fgactices ainsi que son cortège de lois liberticides ne vont que précipiter notre pays vers le chaos", a déclaré Ahmed Djeddaï, qui a dénoncé les "violences multiformes, les massacres et violations massives des droits de l'Homme, les réglements de compte claniques sur fond de misère sociale et culturelle". Le Premier secrétaire du FFS a particulièrement dénoncé "les violations des droits de l'Homme que constituent les disparitions, tortures et autres exécutions extra-judiciaires", en présence d'une trentaine de proches de personnes "disparues" qui ont accusé les services de sécurité d'être responsables de ces disparitions : "Dites-nous seulement où sont nos enfants. Jugez-les et s'ils sont coupables, condamnez-les", mais donnez-nous de leurs nouvelles, ont exigé des "mères" de disparus. Le FFS a déclaré avoir réuni des dizaines de dossiers de disparus et les avoir transmis aux organisations internationales de défense des droits de l'Homme. La manifestation nationale à laquelle il appelle devrait se dérouler le jour anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, mais également le jour d'entrée en vigueur de la loi sur la généralisation de l'arabisation. Ahmed Djeddaï a appelé les opposants à cette loi à se joindre à la manifestation.
(AFP 19.5) Le Front des Forces Socialistes a annoncé qu'il tiendra son troisième congrès ordinaire en mars 1999.
(APS, AFP 5.3, 7.3) La Conférence nationale du Front des Forces Socialistes a réitéré le 5 mars la demande du parti d'une commission d'enquête internationale sur les massacres en Algérie et à l'ouverture d'un dialogue sans exclusive et à la tenue d'une "conférence nationale de réconciliation". La Conférence nationale a reconduit Hocine Aït Ahmed à la présidence du parti.
(FFS 31.3) Le Front des Forces Socialistes a décidé de suspendre la publication de son journal "Libre Algérie", qui venait d'être autorisé à reparaître après de nombreuses années de suspension par les autorités. La décision du FFS fait suite à la parution d'un article "produit en arabe par un journaliste indépendant et traité de la visite de Bernard-Henri Lévy en Algérie", article que le FFS qualifie de "répugnant d'antisémitisme", de "négation des valeurs humanistes universelles pour lesquelles le FFS se bat depuis 35 ans" et d'"insulte aux luttes menées par le FFS contre toutes les formes de discrimination fondées sur la race, la religion, le sexe ou la couleur de la peau". Le FFS rappelle qu'il avait été le seul parti politique algérien à condamner en leur temps la publication "dans la presse liée au pouvoir" de textes antisémites comme le "Protocole des Sages de Sion" et les "mémoires d'Hitler", et a décidé d'ouvrir une enquête pour savoir "comment un tel article a-t-il pu échapper à la vigilance des responsables de "Libre Algérie", en attendant quoi le parti a décidé de suspendre la publication du journal.
(Le Temps 30.3) Hocine Aït Ahmed, président du Front des Forces Socialistes, a déclaré au quotidien suisse "Le Temps" que "le silence, l'indifférence et le laxisme" de la communauté internationale "sont responsables de l'aggravation du conflit" en Algérie "et de ses ravages au sein de la population". Pour Hocine Aït Ahmed, l'ONU a "manqué à son devoir" en ne répondant pas "aux exigences de la population algérienne de faire la lumière sur les massacres alors que le monde célèbre le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme".
Alger, le 3 juillet 1998
La constitution algérienne du 23 octobre 1989, promulguée dans le sillage des événements d'octobre 1988, a constitué un début d'ouverture démocratique. Cette ouverture a été consacrée par une séfrie de lois s'appuyant sur une nouvelle constitution et destinées à consacrer le pluralisme, au moins au plan politique. En dépit de ses nombreuses insuffisances, cette expérience démocratique a suscité beaucoup d'espoirs.
Melheureusement, dès le mois de juin 91, et à la suite de la grève politique initiée par le FIS, et alors même que cette grève avait échoué, le pouvoir a décidé de mettre un terme à la jeune démocratie algérienne. L'état de siège fut proclamé, les élections législatives, initialement prévues pour la fin juin 91, annulées, et les dirigeants du FIS arrêtés. Cette première annulation des élections législatives n'était pas due à un quelconque danger intégriste. En effet, sur la base du découpage des circonscriptions, tous les sondages donnaient le FLN et le FFS gagnants. Mais les décideurs militaires étaient décidée à mettre un terme à l'ouverture démocratique et aux réformes économiques quel qu'en soit le prix. A défaut d'obtenir du chef de l'Etat de renvoyer purement et simplement le gouvernement de Mouloud Hamrouche, ils ont manipulé l'opinion, a compris le FIS, pour aller d'abord à des élections présidentielles, plus faciles à contrôler. Ce qui impliquait nécessairement la chute du gouvernement.
La fixation des élections législatives anticipées à une date rapprochée n'était que la réplique à cette manipulation. C'est pourquoi la proclamation de l'état de siège le 3 juin 1991 apparaît clairement comme la première phase du coup d'Etat.
Le nouveau gouvernement, dirigé par Sid Ahmed Ghozali, n'a pas tardé à remettre en cause les maigres acquis démocratiques de la période précédente. Ainsi une nouvelle loi sur les réunbions et les rassemblements publics, toujours en vigueur, institue le régime de l'autorisation préalable en lieu et place du système déclaratif alors en vigueur. Des amendements aux lois existantes viennent remettre en cause le droit syndical, en instituant la notion de syndicat le plus représentatif, de manière à laisser un quasi monopole au syndicat du pouvoir, l'UGTA, au détriment des syndicats autonomes; de même des restrictions sérieuses ont été apportées au droit de grève. Plus grave encore, et en violation flagrante des lois existantes, des entraves bureaucratiques et policières sont venues contrecarrer le droit de créer des journaux et de fonder des associations.
Pourtant, l'organisation des élections législatives de décembre 1991 pouvait laisser croire que l'espoir démocratique n'était pas perdu. Il n'en a rien été. Le coup d'Etat du 11 janvier 1991 signifiait clairement que les décideurs militaires avaient la ferme intention de se maintenir au pouvoir quoi qu'il arrive. Il s'agit bien d'un coup d'Etat car le Haut Conseil de Sécurité, qui a pris la décision d'instituer une présidence collégiale, le Haut Comité d'Etat, pour suppléer à la "démission" du Chef de l'Etat, n'est qu'un organe consultatif qui ne peut être réuni que par le Président de la République. D'ailleurs, sa composition résultant des réaménagements opérée en juin 1991 est une autre indication que le Coup d'Etat était prémédité depuis. Et que la victoire électorale du FIS en décembre 91 n'en a été que le prétexte.
Le 8 février 1992, le président du HCE décrète l'état d'urgence pour une durée d'une année. La plupart des mesures édictées par ce décret constituent une suspension des libertés fondamentales, individuelles et collectives, en accordant des pouvoirs exorbitants aux préfets.
Parmi ces mesures :
Cet arsenal a été complété par l'instauration du couvre-feu dans certains départements et la promulgation d'une loi portant lutte contre le terrorisme et la subversion et instituant des cours spéciales. Si le couvre-feu a été supprimé et la loi anti-terroriste abrogée, le code pénal et le code de procédure pénale ont été modifiée pour inclure les principales dispositions de la loi anti-terroriste à l'exception des cours spéciales. Il est à noter que les dispositions de la loi anti-terroriste possèdent des similitudes frappantes avec une loi analogue édictée par le régime de Vichy (voir livre de Me Vergès).
Le 6 février 1993, en l'absence d'une assemblée élue, un décret législatif reconduit l'état d'urgence, sans en fixer la durée, en contradiction flagrante avec la constitution algérienne qui impose que la prorogation de l'état d'urgence ne peut se faire, pour une durée déterminée, que par un vote de l'assemblée nationale. L'état d'urgence est toujours en vigueur et sert d'appui juridique au ministre de l'Intgérieur et aux préfets pour porter atteinte à la liberté de la presse, au droit de réunion et aux autres libertés fondamentales. Si le dispositif répressif visait prioritairement le FIS, qui a été dissous en mars 1992 et dont les militants et sympathisants se sont retrouvés massivement incarcérés dans des camps de concentration au Sahara, pudiquement appelés centres de sûreté, les autorités issues du Coup d'Etat se sont attachées également à reprendre le contrôle du FLN, opération menée à son terme en janvier 96, à l'issue d'un véritable coup de force. Quant au FFS, parti arrivée 2ème en nombre de siège et 3ème en nombre de voix à l'issue du premier tour des législatives avortées de décembre 1991, le pouvoir s'est acharné à tenter de le discréditer et à l'empêcher d'agir par tous les moyens. Déjà au lendemain de sa légalisation, le pouvoir a refusé de lui accorder un siège alors que des partis insignifiants se sont vu doter de sièges et de moyens considérables. Tous les moyens médiatiques aussi bien publics que privés ont été mobilisés pour tenter de ternir l'image du FFS et le rendre invisible hors de son bastion naturel alors même qu'il jouit de très fortes sympathies au sein de l'ensemble de la population. C'est ainsi que la plupart des demandes de réunion ou de marches du FFS n'ont pas été autorisées, sans aucun motif (exemples : marches non autorisées des 12 et 16 décembre 96; marche non autorisée du 11 septembre pour dénoncer les massacres; marche du 12 février 98 pour la paix, réprimés brutalement; marche du 30 juin 98, réprimée également...). Il est même arrivé que des réunions organiques banales aient été interdites.
Le verrouillage médiatique, notamment au niveau des médias lourds, a constitué une entrave permanente à la liberté d'expression. La presse écrite a eu à subir à la fois la furie des groupes terroristes et les pressions du pouvoir : censure directe, autocensure (notamment concernant les atteintes aux droits de l'Homme), arrestations et condamnations pour délits de presse, suspensions arbitraires de journaux, interdiction de parution, pressions économiques du fait du monopole de l'Etat sur l'impression et la publicité, le tout au mépris des dispositions légales et des droits constitutionnels.
Le 31 décembre 1994, le président désigné, Liamine Zéroual, également ministre de la Défense, annonce dans une allocution télévisée l'"échec" du dialogue et l'organisation des élections présidentielles avant la fin de l'année. Les élections présidentielles ont effectivement lieu le 16 novembre 1995. Comme on pouvait s'y attendre, ces élections qui se sont tenues sous état d'urgence et avec un déploiement sécuritaire impressionnant, ont été entachées de fraude massive dans la mesure où les résultats ont été manipulés pour faire gagner le candidat de l'armée dès le premier tour. Comprenant sans doute que la carte politique du pays n'avait pas fondamentalement changé depuis décembre 1991, le pouvoir s'engage alors dans un processus de normalisation autoritaire en imposant une nouvelle constitution le 28 novembre 1995 et une série de lois scélérates. Cette nouvelle constitution confère encore plus de pouvoirs au président, c'est-à-dire dans les faits à l'armée dont il est le représentant, et institue une deuxième chambre avec 1/3 de représentants désignés par le président et où une majorité des 3/4 est nécessaire pour passer les lois. Autant dire que le tiers désigné dispose d'un véritable droit de veto. Surtout, la nouvelle constitution apporte des restrictions importantes à la création des partis politiques.
Mais l'organisations des élections présidentielles a surtout servi à la mise en place de milices dont les éléments sont recrutés parmi les anciens combattants et les fils de martyrs de la révolution, parmi les parents mâles des victimes du terrorisme mais aussi parmi les prisonniers de droit commun qui obtiennent des remises de peine pour laisser la place aux prisonniers politiques. Au départ, se sont constitués des groupes d'autodéfense d'une manière officieuse, vue la réticence de certains cercles du pouvoir qui craignaient de perdre le monopole des armes. La généralisation puis la légalisation des milices a constitué une étape dans la politique du tout sécuritaire. Il est à remarquer que la constitution prévoit que seul l'Etat dispose de la force armée.
Parmi les lois scélérates promulguées après adoption par une assemblée non élue, le Conseil national de transition (CNT) : la loi électorale, la loi sur les partis et la loi portant généralisation de la langue arabe. En fait, cette dernière loi avait été promulguée en janvier 1991 mais son application avait été gelée par le Président Boudiaf. Réactivée par le CNT en 1996, elle fixe comme date limite à l'arabisation généralisée le 5 juillet 1998. Si cette loi venait à être effectivement appliquée, elle excluerait de fait le berbère parlé par un tiers de la population et le français, largement en usagde dans l'administration et le secteur économique. Cette loi viole donc les dispositions du Pacte sur les droits culturels et linguistiques.
Quant à la loi sur les partis, elle est manifestement contraire au Pacte international sur les droits civils et politiques. En effet, elle soumet la création des partis à des procédures bureaucratiques et policières et un agrément préalable. Les membres fondateurs, au nombre de 25 au moins répartis sur 16 départements au moins, doivent déposer leurs dossiers individuels au niveau du ministère de l'Intérieur qui procède à des enquêtes. Les membres fondateurs ne peuvent exercer d'activité politique qu'après la tenue du congrès constitutif, lequel doit réunir au moins 16 délégués élus par au moins 100 adhérents dans chaque département avec une représentation d'au moins 25 départements. Par ailleurs, les partis ne peuvent être fondés sur les éléments constitutifs de l'identité, à savoir : l'arabité, l'islam et la berbérité. De plus, les activités partisanes ne peuvent se faire que dans la langue arabe officielle.
La loi électorale a institué la proportionnelle à l'échelle du département pour les élections législatives, avec une fourchette minimale de 5 % pour prétendre à la répartition des sièges. Les candidatures partisanes sont réservées aux partis s'étant préalablement conformés aux dispositions de la nouvelle loi sur les partis. L'objectif était d'effacer la carte politique ayant émergé en décembre 91 pour la remplacer par une nouvelle configuration. La loi électorale n'en a constitué que le moyen juridique, la fraude et les pressions de toutes sortes faisant le reste.
Ainsi, le FFS, dont un secrétaire national avait été assassiné en décembre 1995, a été l'objet de pressions, d'intimidations et de menaces tant au niveau de ses militants que de ses dirigeants. La plupart des dirigeants ainsi que leurs familles sont constamment harcelés et menacés directement et indirectement (coups de téléphone et lettres de menace anonymes, filatures, menaces directes par la police politique, tentatives d'attentats). Plusieurs candidats ont été l'objet de pressions pour les contraindre à se désister et des représentants du FFS dans des instances officielles de surveillance des élections ont été menacés, battus et arrêtés. Des salles où devaient se tenir des meetins électoraux ont été refusées sans raison au FFS. Des spots électoraux télévisés du FFS ont été censurés ou interdits de diffusion. Le jour du scrutin, les représentants du FFS dûment mandatés n'ont pu accomplir leur travail d'observateurs pendant le déroulement des opérations de vote, lors du dépouillement et lors de la consolidation des résultats. La plupart du temps ils en ont été empêchés par les membres des forces de l'ordre, y compris en pointant sur eux leurs armes.
En fait, toute la classe politique algérienne sait que les décideurs militaires s'étaient réunis avant le scrutin et avaient défini les quotas réservés à chaque partu, en réservant la part la plus belle à leur nouvelle création, le Rassemblement National Démocratique, créé 3 mois plus tôt, le Front de Libération Nationale, dont ils avaient repris le contrôle en janvier 96 et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) de Mahfoud Nahnah. L'objectif était que l'élection législative reproduise fidèlement l'élection présidentielle. RND et FLN se devaient d'obtenir à eux deux le même pourcentage que Zéroual, MSP et Nahda le même pourcentage que celui obtenu par Nahnah, FFS et RCD le même pourcentage que Saïd Sadi. L'administration et les services de sécurité devaient s'arranger pour que le résultat soit conforme à l'objectif tracé.
Les mêmes pratiques de fraude massive et de pressions de toutes sortes ont caractérisé les élections locales. L'écoeurement était tel que la population était sortie manifester en masse les 27 et 30 octobre 1997, et ce en dépit des interdictions et des risques sécuritaires. Tous les partis politiques se sont associés à ces manifestations à l'exception du RND. Une manifestation des députés a même été organisée devant l'assemblée et a été dispersée, plusieurs députés ayant été agressés par la police anti-émeutes.
Concernant les collectivités locales, il faut savoir qu'elles sont régies par des lois promulguées en 1990 avec la perspective d'une probable victoire du FIS (ce qui s'est effectivement produit le 12 juin 1990). Le gouvernement de l'époque avait sciemment décidé de réduire considérablement les prérogatives des élus locaux dans le but de tenter de briser l'élan du FIS alors en pleine ascension. En toute logique, ces lois auraient dû être révisées avant le scrutin du 23 octobre 1997 pour au moins restaurer les pouvoirs que les assemblées locales avaient déjà avant 1990, à défaut de leur octroyer plus de prérogatives. Les nouveaux élus ont également eu à gérer le lourd héritage laissé par les maires désignés, mis en place depuis 1992, et notamment des dettes très lourdes que le gouvernement refuse de prendre à son compte. Que faut-il penser dans ces conditions lorsque les communes gérées par des maires FFS reçoivent des factures à payer, dont certaines remontent aux années 70 et émanant pour le plupart d'entreprises publiques, et se voient couper l'électricité et l'eau pour non-paiement ? Assurément, il s'agit là encore de pressions et de manoeuvres de déstabilisation.
Les derniers développements de la situation se caractérisent par l'exacerbation des luttes entre les clans du régime, qui vont jusqu'à instrumentaliser les tensions et la violence dans le but de manipuler l'opinion publique nationale et internationale. Ainsi la jeunesse algérienne, victime première de l'exclusion politique, économique, sociale et culturelle, est poussée à la radicalisation et à la révolte, notamment en Kabylie. Cette stratégie du pire ciblew plus particulièrement cette région à la fois pour faire planer le danger séparatiste et tenter de contrecarrer la stratégie non-violente du FFS, parti majoritaire dans cette région. Dans ce contexte, des groupuscules sont poussés à commettre des actes de vandalisme que le pouvoir cherche à imputer au FFS. Par ailleurs, les militants et les élus du FFS sont constamment harcelés par les miliciens en raison de leur refus de s'armer conformément à la stratégie pacifique du parti.
Devant cette situation de terreur généralisée et les multiples et constantes violations des droits de l'Homme, la communauté internationale observe un silence qui ne peut que renforcer le pouvoir algérien dans sa politique insensée du tout sécuritaire. Cette politique a conduit naturellement à la manipulation et à la multiplication des acteurs de la violence, dans l'impunité totale. La discrimination flagrante des organisations internationales des droits de l'Homme à l'égard de la situation en Algérie est proprement incompréhensible. Alors même que des massacres de centaines de civils sans défense se sont multipliés depuis l'été 96, aucune initiative n'a été prise par la communauté internationale. Ainsi, ni l'envoi en Algérie d'une commission d'enquête internationale, ni l'envoi des rapporteurs spéciaux de l'ONU, ni même l'adoption d'une résolution condamnant le gouvernement algérien pour non-assistance à population en danger, n'ont été retenus. Les organisations des droits de l'Homme préfèrent s'incliner devant le refus des autorités algériennes de toute ingérence.
Comment croire dans ces conditions que la venue d'un panel de hautes personnalités pour une simple mission d'information puisse mettre un terme au calvaire qu'endure le peuple algérien, dont les droits les plus élémentaires sont bafoués de manière aussi cynique ?
Depuis sept ans, une guerre ravage mon pays. Sept ans! Ce chiffre ravive le souvenir d'une autre guerre qui, d'un dernier "quart d'heure" à l'autre, avait duré tout aussi longtemps. Une autre guerre qui, elle aussi, avait provoqué trop de souffrances avant de réveiller les consciences. Les Algériens seraient-ils condamnés à voir l'histoire bégayer?
Aujourd'hui, l'opacité et l'absence de statistiques crédibles rendent impossible tout bilan exhaustif. Pourtant, ce que nous savons, suffit largement à exiger le retour à la paix comme priorité des priorités. 120.000 morts au moins et des milliers de blessés dans des affrontements, des attentats aveugles, des voitures piégées, des embuscades, des attaques de casernes, des massacres collectifs qui ont fait reculer les limites de la barbarie. Des dizaines de milliers de personnes sont déplacées après avoir pris le chemin de l'exode pour fuir l'horreur. On compte au bas mot 200.000 miliciens et une quantité impressionnante d'armes circulent dans tout le pays. Sous couvert de Dieu ou de la patrie, des bandes armées continuent à tuer, piller, racketter et enlever dans l'impunité et l'indifférence de plus en plus patente de la communauté internationale.
"La situation sécuritaire s'est nettement améliorée", nous dit-on pourtant un peu partout, en écho aux affirmations des autorités algériennes. Comme si, à moins de 50 personnes massacrées, la tragédie et la terreur quotidiennes n'existaient pas et ne méritaient que quatre lignes dans les médias. Et encore, pas toujours!
Pourtant, 200 Algériens au moins meurent encore chaque semaine. Cíest-à-dire presque 10.000 par an. Et rien n'annonce des lendemains sécuritaires réellement meilleurs. Car la contagion terroriste a deux alliés majeurs: une répression trop souvent aveugle et une effroyable détresse sociale qui amène aujourd'hui des ouvriers à menacer de se SUICIDER sur leur lieu de travail pour protester contre la perte de leur emploi. Sait-on d'ailleurs que plusieurs l'ont déjà fait?
Au total donc, nous vivons depuis sept ans une politique du tout-sécuritaire sans sécurité pour la population civile. Sans perspective pour des millions de personnes qui vivent en deçà du seuil de pauvreté. Sans Ètat de droit et sans autre projet politique qu'un... cinquième appel aux urnes en trois ans
La paix et la réconciliation nationale possibles - et applaudies - en Afrique du Sud, en Irlande du Nord et dans plusieurs pays d'Amérique centrale qui ont pourtant connu des guerres civiles atroces, seraient-elles à jamais interdites à l'Algérie?
Face à ces violences qui s'enracinent et s'éternisent; face à une paupérisation sans précédent de la société et au risque d'explosions sociales incontrôlées, une nouvelle crise politique vient, une fois de plus, occulter les problèmes dans lesquels la population se débat depuis sept ans. Une crise provoquée par une révolution de palais.
En novembre 1995 déJà, les militaires avaient imposé aux Algériens une élection présidentielle dont nous n'avons cessé de dire à l'époque - et notamment devant vous - qu'elle ne règlerait rien. Pourquoi? Parce qu'en AlgÈrie, le pouvoir réel, c'est-à-dire l'armée et la police politique, n'a jamais résidé dans les institutions.
Il n'a utilisé ces institutions que comme courroie de transmission et paravent - c'était le cas du parti unique - ou comme faire-valoir et façade démocratique: c'est le cas du Parlement "pluralisteª mis en avant pour prouver la SOI DISANT démocratisation du pays. L'absence de libertés démocratiques, la privatisation de l'Etat et du champ politique, en un mot l'interdiction faite aux Algériens de síimmiscer dans leurs propres affaires, ont permis au système de n'être comptable devant aucune instance dans une impunité permanente. Elle aura fait en même temps le lit des intégristes.
Le choix et le rôle du Président s'inscrivent dans ce "modèleª institutionnel. Les partenaires étrangers de l'Algérie ont refusé d'en tenir compte et ont soutenu le processus de légitimation des institutions lancé avec l'élection présidentielle de 1995. Au nom, nous ont-ils affirmé, d'une STABILITÈ qui s'ensuivrait forcément.
Moins de trois ans plus tard, l'annonce du départ anticipé - et obligé - du chef de l'Etat a montré combien cette stabilité était illusoire. Simplement parce que le fonctionnement même du régime génère une instabilité chronique.
En effet, le Président, choisi par la haute hiérarchie de l'armée et des "servicesª puis avalisé par les urnes, doit n'être que l'expression publique du consensus et de l'équilibre entre "décideursª. Il n'est comptable en réalité que devant ces grands Electeurs à vie. Ceux là mêmes qui voient dans l'alternance clanique au sein de la nomenklatura, la meilleure garantie de pérennité d'un système qui se succède à lui même depuis plus de trois décennies.
Dès lors, le rôle du Président se résume à gérer le statu quo et à veiller au respect des équilibres internes du régime: équilibre des appareils politiques et sécuritaires, équilibre des chasses gardées commerciales, équilibre dans le partage de la rente...
La révolution de palais qui, après plusieurs mois de luttes de clans féroces, a abouti au départ du président Liamine Zeroual, illustre cette logique implacable. Une logique où toute volonté de changement dans les appareils, tout mouvement vers la société engendrent le conflit. Et condamnent les locataires de la Présidence à être renversé comme Ben Bella par un coup d'Etat en bonne et due forme en 1965; à démissionner à l'exemple de Chadli et de Zeroual, ou à être purement et simplement exécuté, en direct à la télévision, à l'instar de Mohamed Boudiaf.
La révolution de Palais qui a poussé le président Zeroual vers la sortie a un autre enseignement majeur. Elle a fait voler en éclat la crédibilité de l'édifice constitutionnel et institutionnel que les autorités algériennes se sont tant vantées d'avoir "parachevé". Tout s'est passé en effet dans l'opacité et en dehors des nouvelles institutions dites élues, particulièrement du Parlement ´pluraliste". La Constitution de 1995, pourtant faite sur mesure par et pour les militaires, a pesé de peu de poids dans toute cette crise. Le chef de l'Etat - "légitime car élu", nous disait-on - n'a eu d'autre alternative que de se démettre. Pourtant jamais, président algérien n'avait disposé de pouvoirs constitutionnels aussi importants...
Les Algériens, tenus totalement à l'écart de ces règlements de compte au sommet, n'en auront vu que l'écume: des polémiques ordurières dans la presse, des insultes - jusque-là réservées aux véritables opposants du régime-, et surtout des révélations sur les dossiers jusqu'ici tabous de la répression.... Le déballage ahurissant auquel viennent de se livrer les différents clans du système a levé un voile terrible sur certaines de ses pratiques. Y compris sur la répression et l'utilisation de la torture dès octobre 1988. On a pu ainsi apprendre au hasard de quelques lignes au bas d'un immense article s'en prenant au ministre de la Justice que ....37 prisonniers politiques avaient péri asphyxiés dans les véhicules qui les transféraient díune prison à une autre en 1997. Terrible mépris pour la vie, banalisation de la mort.
Fermera-t-on encore longtemps les yeux sur une politique et des pratiques qui ont mené le pays au bord du gouffre? Les témoignages sur l'ampleur et la barbarie des exactions commises par les extrémistes des deux bords, comme les faits révélés par ce grand déballage médiatique, rendent chaque jour plus coupable le silence d'une communauté internationale qui, concernant l'Algérie, ne pourra plus jamais dire: "On ne savait pas".
A l'issue d'une énième crise au sommet, le pouvoir réel s'est donc débarrassé d'un président et s'est donné le temps et les montages nécessaires pour choisir son successeur. Cette nouvelle crise est imposée aux Algériens sept ans après qu'un "coup dEtat à blanc" et l'annulation des élections législatives de 1991 aient fait basculer notre pays dans les violences.
Aucune de ces crises à répétition n'a jamais été mise à profit pour changer de cap. Pour notre part, nous ferons tout pour éviter que cet épisode se solde par la mise en place d'un nouvel équilibre entre les clans et se traduise par une nouvelle occasion perdue. Une occasion perdue pour l'Algérie, pour le retour à la paix et pour la démocratisation de notre pays.
Chers amis,
La situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui après sept ans de conflit prouve, si besoin en était, qu'il n'y a d'autre issue à la crise que politique. Comment y parvenir? Par une vraie négociation avec tous les acteurs politiques qui comptent, qui veulent un véritable processus de paix et de réconciliation nationale. L'exemple de l'Irlande du Nord nous délivre un message essentiel: avec la volonté d'arrêter la spirale de violence, c'est la dynamique de reconciliation qui imposera d'elle même les garanties que chacun doit donner aux autres et que tous doivent donner à chacun.
La démocratie de façade et un pouvoir autoritaire nous sont aujourdíhui présentés comme la seule solution. Ils sont au contraire le problème. Quand l'Etat est privatisé, il n'y a pas d'Etat. La priorité, le plus urgent, est donc de rendre l'Etat à la nation, c'est à dire aux citoyennes et aux citoyens.
Le pouvoir -et ceux qui le soutiennent trop complaisamment - doivent reconnaître l'échec de la stratégie de guerre mise en place pour éradiquer le terrorisme islamiste.
Il est temps de faire un diagnostic honnête et complet de la crise. Il convient donc au préalable d'arrêter de mentir et de se mentir afin de mieux identifier les blocages. Cet Ètat des lieux doit être fait, ensemble, en présence de la presse nationale et internationale.
Qui dit négociation sous entend évidemment la fin des diktats, des ordres du jour ficelés à l'avance, des acteurs imposés. Il faut tourner la page des faux "dialogues" et ne pas oublier que la récente ´crise présidentielle", marque l'échec de toute une stratégie de normalisation fondée sur la politique du tout-sécuritaire et sur des élections truquées. Des truquages sur lesquels la communauté internationale a fermé pudiquement les yeux.
Quoi de plus absurde qu'un retour à la case départ après sept ans de gâchis indescriptible? C'est la raison pour laquelle la négociation doit porter sur une sortie de crise globale politique avec une période et des institutions de transition gérées à plusieurs. L'échéance électorale à venir doit s'inscrire dans cette démarche globale et consensuelle nécessaire à l'amorce d'une dynamique de paix et de réconciliation nationale.
Chers amis,
Pour vous, pour nous, parvenir à une stabilité durable dans notre pays est un objectif stratégique fondamental. Accepter aujourd'hui des élections présidentielles dans les mêmes conditions qu'en 1995, c'est se condamner à reproduire les mêmes schémas trompeurs et donc, au bout du compte, les mêmes effets. C'est accepter que les violences s'enracinent définitivement en Algérie. C'est travailler à la déstructuration d'une société déjà exsangue. C'est pousser chaque jour plus de gens au désespoir et à la volonté de quitter le pays.
Dès lors, l'élection présidentielle ne se pose pas en terme de candidat civil ou militaire. Elle se pose en terme de candidat-marionnette ou de président réellement élu avec, à terme, un transfert du pouvoir de l'armée vers les civils.
NOTRE PAYS A BESOIN D'UN ETAT CIVIL, QUI NE SOIT NI SOUS LA TUTELLE DE L'ARMEE NI SOUS L'EMPRISE DE LA RELIGION. Mais qui ne soit ni contre l'armée ni contre líislam. Car notre pays aura toujours besoin d'une armée forte pour accomplir les missions constitutionnelles qui seront les siennes.
Seul un compromis historique pour la paix et la réconciliation nationale mettra fin au processus de destruction de notre pays et permettra de réaliser le consensus politique et social le plus large, avec toutes les forces politiques qui condamnent la violence, autour d'une issue politique, pacifique et globale à la crise.
C'est cette démarche -et pas de sombres tractations de coulisses- qui constitue la garantie politique essentielle pour permettre un climat favorable à toute consultation électorale libre et crédible.
Chers amis,
Nous l'avons toujours dit: la solution - avec les compromis et les garanties qu'elle implique - viendra des Algériens ET DES ALGÈRIENS SEULS. Mais la communauté internationale a une responsabilité fondamentale: ne pas cautionner une fois de plus un fait accompli et ne pas crédibiliser un processus qui ne réglera rien et prolongera un statu quo qui détruit notre pays et COMPROMET LA DÈMOCRATISATION DE TOUTE LA RÈGION.
Ma conclusion est un cri d'alarme, un appel :
Je vous remercie.
Depuis sept ans, la guerre ravage notre pays. SEPT ANS ! Pour nous, Algériens, ce chiffre est terrible. Il ravive le souvenir d'une autre guerre qui, d'un dernier "quart d'heure" à l'autre, avait déjà duré trop longtemps. Une guerre qui, elle aussi, avait provoqué trop de souffrances avant de réveiller les consciences. Les Algériens seraient-ils condamnés à voir l'histoire bégayer ? Ou sont-ils en droit, après sept ans de tueries chaque jour plus absurdes, d'EXIGER qu'on tienne afin compte de leurs priorités et non d'échéances imposées ? Ces échéances qui se multiplient depuis 1995. Car le pouvoir, qui a eu peur des urnes au point d'annuler leur verdict et de faire basculer le pays dans la violence, est pris d'une véritable frénésie électorale. Cinq appels aux urnes en trois ans ! Pas pour changer de politique, mais pour assurer sa survie et empêcher que son énorme déficit de légitimité compromette sa position internationale. Nous sommes loin des problèmes des Algériens. Nous avons, nous, deux impératifs vitaux : le retour à la paix et assurer une vie décente à nos enfants.
On nous dit que "la situation sécuritaire s'est nettement améliorée". Même si l'intensité des violences a quelque peu baissé, c'est indécent quand 100 à 150 Algériens meurent encore chaque semaine. C'est-à-dire entre 5 et 8'000 par an qui viennent s'ajouter à un bilan rendu impossible par l'opacité et l'absence de statistiques crédibles. Pourtant, CE QUE NOUS SAVONS SUFFIT LARGEMENT Ã EXIGER LE RETOUR Ã LA PAIX COMME PRIORITÉ DES PRIORITÉS. Il suffit pour le savoir d'écouter ce que nos amis avocats ne cessent de dénoncer avec une lucidité et un courage exemplaires.120'000 ALGÉRIENS AU MOINS ONT PÉRI depuis 1992. Sans parler des MILLIERS DE BLESSÉS dont beaucoup resteront invaludes toute leur vie. Pour fuit l'horreur, des dizaines de milliers de personnes ont dû prendre le chemin de l'exode et abandonner leurs pauvres biens. Des milliers d'enfants sont orphelins. Les "disparus" se comptent aussi par milliers. A eux seuls, ces chiffres et les drames personnels et familiaux qui en découlent, suffisent à dire : "7 ANS, çA SUFFIT !". La paix et la réconciliation nationale ne peuvent nous être interdites à jamais. Les militaires ont réussi à faire de l'Algérie un pays à part. Ne nous résignons pas à être un peuple à part. Un peuple condamné à ne jamais entrevoir le bout du tunnel alors que le monde entier a encouragé la réconciliation en Afrique du Sud, en Irlande du Nord et dans plusieurs pays d'Amérique centrale. Des pays qui ont pourtant connu des guerres civiles atroces.
L'urgence est donc de METTRE FIN AUX AFFRONTEMENTS, aux attentats aveugles, aux voitures piégées, aux embuscades, aux attaques de casernes, à ces massacres collectifs qui ont fait reculer les limites de la barbarie... "L'urgence est autre", nous dit-on. Comment expliquer alors que tous les candidats "s'aperçoivent" comme par miracle lors de chaque échéance électorale, que LA PAIX EST UNE PRÉOCCUPATION ESSENTIELLE des Algériennes et des Algériens ? Qui d'entre nous a oublié qu'en 1995, le candidat Zéroual, soucieux d'être crédible, avait fait de la "paix" un leitmotiv d'ailleurs vite oublé ? Le sang versé tous les jours interdit aux Algériens d'oublier. Hier, on nous affirmait que les groupes armés étaient "défaits". Aujourd'hui, on nous dit qu'ils se sont "restructurés" pour expliquer le regain de violences à la veille du ramadan. Qui croit encore à ce "dernier quart d'heure" sans cesse repoussé ?
Les Algériens n'en peuvent plus de compter leurs morts et de ne pas savoir le matin s'ils seront vivants le soir. Nous ne voulons plus que nos enfants soient dressées les uns contre les autres, que nos langues soient utilisées comme armes des uns contre les autres, comme si nous ne faisions pas tous partie de ce pays. Comme s'il fallait se résigner à voir notre Algérie appartenir plus aux uns et moins aux autres. Nous ne voulons plus de ces bandes armées qui, sous couvert de Dieu ou de la patrie, continuent à tuer, piller, racketter et enlever dans l'impunité et dans l'indifférence de la communauté internationale.
Prétexter sans honte d'une relative "amélioration" pour évacuer le problème du retour à la paix civils, cela revient à dire qu'à moins de 50 personnes massacrées, la terreur silencieuse et la tragédie quotidienne n'existent pas. Elles existent pourtant. Et rien n'annonce des lendemains sécuritaires vraiment meilleurs. Comment la situation pourrait-elle s'améliorer durablement quand 200 à 300'000 personnes sont armées et quand tous les tueurs, islamistes ou non, sont convaincus que seule la violence paye ... Paye à tous les sens du mot ! Quelle amélioration espérer quand la contagion terroriste a deux alliés majeurs : une répression trop souvent aveugle et une effroyavle détresse sociale. Cette détresse qui amène aujourd'hui des ouvriers à menacer de se suicider sur leur lieu de travail pour protester contre la perte de leur emploi. Mourir de ne pas pouvoir vivre. Sait-on que plusieurs l'ont déjà fait sans susciter un mot, un geste de compassion des autorités ?
C'est cette misère qui constitue l'autre priorité des Algériens. Notre priorité. Pendant sept ans, nous avons vécu une politique du tout sécuritaire sans sécurité pour la population, sans Etat de droit. Nous vivons désormais une politique sans perspective pour des millions de personnes qui vivent en deçà du seuilé de pauvreté et n'arrivent plus à payer le minimum, c'est-à-dire le lait et le pain. Qui, faute de moyens, n'envoient plus leurs enfants à l'école. Qui mendient de plus en plus nombreux dans nos villes. Qui sont contraintes de dormir dans les rues avec leurs enfants pendant que le pouvoir et le FMI se délicitent du "rétablissement des équilibres macro-financiers" ! Face à cette détresse, l'Etat a une réponse : il se désengage pendant que la nomenklatura continuent à bénéficier de privilèges et de passe-droits exorbitants. La décision de faire supporter les allocations familiales aux entreprises aura des conséquences dramatiques; elle va accroître leurs charges, ce qui les poussera à licencier et à ne pas engager de personnes ayant charge de famille. L'Algérie sombre dans la misère. Les violences et les haines s'enracinent et s'éternisent, la société se gramente. Nous vivons une politique du tout sécuritaire sans autre reprise économique que l'engrenage combiné de la grande corruption et de l'économie de guerre.
Et le pire est à venir. Le "dégraissage" de la fonction publique va jeter d'autres hommes à la rue. Ils s'ajouteront aux 30 % de chômeurs -dont 70 % de jeunes- admis officiellement. Ils s'ajouteront aux 140'000 licenciements enregistrés cette année seulement. Comment tolérer que dans un pays riche comme le nôtre, un Algérien sur deux en âge de travailler n'ait pas d'emploi ? Notre appareil productif agonise. (...) Une nouvelle dévaluation du dinar et un troisième rééchelonnement de la dette ne sont pas à écarter. Et pendant ce temps, le gouvernement élabore son projet de loi de finances en tablant sur un baril de pétrole à 15 dollars alors qu'il atteint difficilement les 11 dollars.
Face à cette situation, le pouvoir nous offre une seule perspective, un seul projet politique : un cinquième appel aux urnes en trois ans, dicté par une nouvelle crise interne du régime. Cette crise occule une fois de plus les problèmes de vie et de survie dans lesquels la population se débat depuis sept ans. Une fois de plus, on nous somme d'approuver un règlement par le sommet des conflits créés par ce sommet et qui n'intéressent que lui-même. Nous devons retourner aux urnes parce que plusieurs mois de luttes de clans féroces ont abouti à une révolution de palais et au départ de Liamine Zéroual. Tout s'est passé en dehors des nouvelles institutions "élues", particulièrement du Parlement "pluraliste". La Constitution de 1995, faite sur mesure par et pour les militaires, a été allégrement violée. Le chef de l'Etat -"légitime car élu", nous disait-on- n'a pu que se démettre. Jamais, pourtant président algérien n'avait disposé de pouvoirs constitutionnels aussi importants. Après cela, quelle crédibilité reste-t-il à l'édifice constitutionnel et institutionnel que les autorités se vantaient d'avoir "parachevé" ?
Les Algériens ont été tenus totalement à l'écart de ces règlements de compte au sommet. Mais l'écume qui nous est parvenue avait des relents de caniveau. Comment appeler autrement ces polémiques ordurières dans la presse, ces insultes -jusque là réservées à des véritables opposants du régime-, et surtout ces révélations sur les dossiers jusqu'ici tabous de la répression ? De quelle République parle-t-on quand de hauts responsables s'accusent, les uns d'avoir créé des escadrons de la mort, les autres d'avoir torturé en octobre 1988 ? Comment ne pas se révolter en apprenant la mort par asphyxie pendant un transfert de 32 prisonniers politiques par quelques lignes dans un grand article contre le ministre de la Justice ? Deux pages sur les turpitudes d'un ministre, six lignes sur la mort de 32 hommes ! Jusqu'où ira ce mépris pour la vie ? Cette banalisation de la mort ?
On ne peut fermer les yeux sur une politique et des pratiques qui ont mené le pays au bord du gouffre. Le déballage ahurissant auquel se sont livrés les différents clans du régime a levé un voile terrible sur ses pratiques, y compris sur la répression et l'utilisation de la torture dès octobre 1988, c'est-à-dire bien avant le début des violences dans notre pays. Quand le régime a eu peur pour la première fois d'un peuple qu'il ne connaissait pas, pour l'avoir toujours méprisé. Les témoignages sur les exactions commises par les extrémises des deux bords rendaient plus coupable le silence de la communauté internationale. Après ce grand déballage médiatique, qui pourra encore dire : "On ne savait pas" ?
Aujourd'hui, les "décideurs" viennent de pousser un président vers la sortie et se sont donnés le temps et les montages nécessaires pour choisir son successeur. En 1995 déjà, le pouvoir nous a imposé une élection présidentielle. Nous n'avions cessé de dire qu'elle ne réglerait rien. Les événements nous ont, hélas, donné raison. Cette élection ne pouvait -ne peut- rien régler pour une simple raison : DANS NOTRE PAYS, LE POUVOIR RÉEL N'A JAMAIS RÉSIDÉ DANS LES INSTITUTIONS.
Ce pouvoir réel, c'est-à-dire l'armée et la police politique, ont toujours utilisé ces institutions comme courroie de transmission et paravent : c'était le cas du parti unique. Ou comme faire-valoir et façade démocratique : c'est le cas du Parlement "pluraliste" mis en avant pour prouver la soi-disant démocratisation du pays.
La question n'est donc pas d'élire -ou plutôt d'avaliser- un président ayant formellement tous les pouvoirs, mais en réalité un seul : représenter et préserver le consensus et l'équilibre des "décideurs" avant que le système continue à se reproduire comme il le fait depuis plus de trois décennies. La question n'est donc pas d'avaliser ce président choisi par ces "décideurs", ces grands électeurs à vue, pour gérer le statu quo et veiller au respect des équilibres internes du régime : équilibre des appareils politiques et sécuritaires, équilibre des chasses gardées commerciales, équilibre dans le partage de la rente... La question n'est pas de reproduire indéfiniment une logique où toute volonté de changement dans les appareils, tout mouvement vers la société engendrent le conflit. Une logique qui condamne les locataires de la Présidence à être renversé comme Ben Bella par un coup d'Etat en bonne et due forme en 1965, à la démission à l'exemple de Chadli et de Zéroual, ou à être purement et simplement esécuté, en direct à la télévision, à l'instar de Mohammed Boudiaf.
Notre logique est aux antipodes car cette politique a mené l'Algérie au désastre. L'absence de libertés démocratiques, la privatisation de l'Etat et du champ politique, l'interdiction faite aux Algériens de s'immiscer dans leurs propres affaires, ont permis au pouvoir de n'être comptable devant aucune instance dans une impunité permanente. Elles ont fait aussi le lit des intégristes et des violences que nous ne cessons de dénoncer. Notre logique, c'est de faire en sorte que cette nouvelle crise imposée aux Algériens serve enfin à poser les véritables problèmes du pays. Car jusqu'ici, aucune crise n'a jamais été mise à profit pour changer de camp.Simplement, on change de tête pour continuer la même chose. On bouge un peu pour que tout reste en place. Le pouvoir veut que cet épisode se solde par la mise en place d'un nouvel équilibre entre les clans. C'est son affaire. Nous refusons, nous, qu'il se traduise par une nouvelle occasion perdue. Une occasion perdue pour l'Algérie, pour le retour à la paix et pour la démocratisation de notre pays. La démocratie de façade et un pouvoir autoritaire nous sont présentés comme la seule solution. Or ils sont le problème. Car quand l'Etat est privatisé, il n'y a pas d'Etat. La priorité, le plus urgent, est donc de rendre l'Etat à la Nation, c'est-à-dire aux citoyennes et aux citoyens.
La situation dans laquelle nous sommes après sept ans de conflit prouve qu'IL N'Y A D'AUTRE ISSUE Ã LA CRISE QUE POLITIQUE. Nous y parviendrons seulement par une vraie négociation avec tous les acteurs politiques qui comptent, qui veulent un véritable processus de paix et de réconciliation nationale. Il est temps de faire un diagnostic honnête et complet de cette crise. Il convient au préalable d'arrêter de mentir et de se mentir, afin de mieux identifier les blocages. Cet état des lieux doit être fait, ensemble, en présence de la presse nationale et internationale.
Le pouvoir -et ceux qui s'en sont fait les porte-paroles- doivent reconna^tre l'échec de la stratégie de guerre mise en place pour éradiquer le terrorisme islamiste. Les islamistes doivent renoncer solennellement à tout recours à la violence. Car AUCUNE JUSTIFICATION D'ORDRE RELIGIEUX OU IDÉOLOGIQUE NE PEUT JUSTIFIER QU'ON ATTENTE Á LA VIE DES FEMMES ET DES HOMMES DE CE PAYS. Opter pour la paix impose des révisions déchirantes, en premier lieu le bannissement de la culture de la violence, de la haine, de la vengeance et de la force. C'est aussi cela, la modernité.
Qui dit négociation sous-entend évidemment la fin des diktats, des ordres du jour ficelés à l'avance, des acteurs imposée. Il faut tourner la page des faux "dialogues" et ne pas oublier que la récente "crise présidentielle" marque l'échec de toute une stratégie de normalisation fondée sur la politique du tout sécuritaire et sur des élections truquées. Des truquages sur lesquels la communauté internationale a fermé pudiquement les yeux. Quoi de plus absurde qu'un retour à la case départ après sept de gâchis indescriptible ? C'est la raison pour laquelle la négociation doit porter sur une SORTIE DE CRISE POLITIQUE GLOBALE AVEC UNE PÉRIODE ET DES INSTITUTIONS DE TRANSITION GÉRÉES Ã PLUSIEURS. L'échéance électorale à venir doit d'inscrire dans cette démarche globale et consensuelle nécessaire à l'amorce d'une dynamique de paix et de réconciliation nationale.
Mais qui dit "réconciliation nationale" sait que celle-ci ne peut exister tant que la peur et la méfiance dominent, tant que chacun n'a pas obtenu de garanties sérieuses. Et il n'est pas d'autres garanties que d'établir enfin dans notre pays un minimum de règles du jeu politique. Faute de quoi la méfiance et la peur continueront à empêcher toute réconciliation nationale. L'ambition première du "contrat national", de l'offre de paix de Rome, était précisément d'offrir des garanties mutuelles à chacun. L'exemple de l'Irlande du Nord nous délivre un message essentiel : la volonté d'arrêter la spirale de violence, de créert une dynamique de réconciliation qui impose d'elle-même les garanties que chacun doit donner aux autres. Et que tous doivent donner à chacun.
Dès lors, l'élection présidentielle ne se pose pas en terme de candidat civil ou militaire, elle se pose en terme de cahdndai-marionnette ou de président réellement élu avec, à terme, un transfert du pouvoir de l'armée vers les civils. Elle se pose en terme d'établissement de règles du jeu et de changement de politique. Notre pays a besoin d'un Etat civil qui ne soit ni sous la tutelle de l'armée ni sous l'emprise de la religion. Mais qui ne soit ni contre l'armée, ni contre l'islam. Car notre pays aura toujours besoin d'une armée forte pour accomplir les missions constitutionnelles qui seront les siennes. Comme il aura besoin de l'islam, l'une des sources de sa spiritualité, aux côtés de l'amazighité, de l'arabité et de la modernité. Les choses doivent être claires : si nous n'accepterons jamais que tamazigh soit instrumentalisé pour dresser les Algériens les uns contre les autres, pour singulariser une région et l'utiliser pour jeter de l'huile sur le feu, nous n'accepterons pas davantage que l'on refuse à des millions d'Algériens le droit à leur culture et à leur langue. Cessons de faire comme si le pluralisme linguistique était un danger alors qu'il est une ouverture sur les autres, une ouverture sur le monde.
Il y a trois ans, la communauté internationale a accepté de cautionner une élection imposée à marche forcée dans un pays en état de guerre. Elle a soutenu le processus de légitimation des institutions lancé avec l'élection présidentielle de 1995. Au nom de la stabilité que lui promettait le pouvoir. Moins de trois ans plus tard, le départ obligé du chef de l'Etat a montré combien cette stabilité était illusoire. Simplement parce que la nature et le fonctionnement même du régime généraient l'instabilité.Pour les partenaires étrangers de l'Algérie, cette stabilité est un objectif stratégique fondamental. Pour nous, Algériens, c'est une nécessité vitale pour reconstruire notre pays. Mais accepter des élections présidentielles dans les mêmes conditions qu'en 1995, c'est se condamner à reproduire les mêmes schémas trompeurs et donc, au bout du compte, les mêmes effets. Cela revient à accepter que les violences s'enracinent définitivement dans notre pays. C'est travailler à la destructuration d'une société déjé exsangue. C'est pousser chaque jour plus de gens au désespoir et à la volonté de quitter le pays.
Aujourd'hui, le ras-le-bol social atteint son paroxysme. Les appels au sit-in se multiplient, les grèves aussi. Le pouvoir répond à sa manière. Par le recours à une main d'oeuvre précaire, donc "docile", par les intimidations à l'encontre des grévistes, l'interdiction des marches et des manifestations. La crainte d'une explosion sociale incontrôlée est partout. Et rioen ne dit que cette perspective ne fait pas l'affaire de certains apprentis sorciers.
Dans cette situation, SEULS UN COMPROMIS HISTORIQUE POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION NATIONALE METTRONT FIN AU PROCESSUS DE DESTRUCTION DE NOTRE PAYS. Seuls ils permettront de réaliser le consensus politique et social le plus large, avec toutes les forces politiques qui condamnent le recours à la violence, autour d'une issue politique, pacifique et globale à la crise.
C'est cette démarche -ET EN AUCUN CAS DES ALLIANCES DE CIRCONSTANCE ET D'APPAREILS- qui constitue la garantie politique essentielle pour rassembler les énergies démocratiques. Pour permettre un climat favorable à une consultation électorale libre et crédible. Libre et crédible ? On en est loin aujourd'hui. Les mauvaises habitudes ont la vie aussi dure que les tractations de coulisses. Le rapport de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les élections locales de 1997 vient de confirmer que celles-ci ont bien donné lieu à une fraude massive "en faveur d'un seul parti". Ce rapport établit que... 37 manières de falsifier le scrutin ont été utilisées. Ceux qui étaient chargés de surveiller le déroulement de cette élection nous disent qu'ils ne pouvaient répondre de rien après 22 heures ! Après, nous expliquent-ils sans rure, "d'autres ont signé les PV et transmis les rapports à la partie concernée" ! Voilà donc confirmé dans une belle langue de bois ce que nous savions tous : dans notre pays, le vrai scrutin commence après que les Algériens aient voté.
Et il faudrait retourner aux urnes sans se donner les moyens que la présidentielle ne soit pas un remake de précédents scrutins ? Et il faudrait se contenter de vagues assurances sur le contrôle d'une élection pour laquelle aucun candidat du système ne s'est encore déclaré officielle, mais dont on connaîtrait déjà l'heureux élu ? Nous l'avons toujours dit : la solution, avec les compromis et les garanties qu'elle implique- viendra des Algériens et des Algériens seuls. Sans ingérence étrangère. Mais la communauté internationale a aujourd'hui une responsabilité fondamentale : ne pas cautionner un nouveau fait accompli sans exiger un minimum de transparence du processus annoncé. Une élection qui ne servirait qu'à changer de tête ne réglerait rien. Elle ne ferait que prolonger le statu quo qui détruit notre pays et compromet la démocratisation et donc la stabilité de toute la région.
Est-il nécessaire de revenir sur les raisons qui m'ont fait m'éloigner, du moins géographiquement, de mon pays? Je ne dirais qu'un mot car je me suis si souvent exprimé là-dessus et en toute conscience. On peut tout exiger du militant et du responsable politique que je crois être sauf de me condamner moi-même à être inutile.
Comment alors expliquer simplement que je puisse être utile ici et maintenant? Est-il d'ailleurs si facile d'être simple?. J'ai en tout cas beaucoup essayé depuis ces dernières années .
Allons droit au but: ceux qui me connaissent n'auraient jamais imaginé, moi non plus d'ailleurs!, que je briguerais la magistrature suprême . Sans doute une sorte d'allergie aux titres importants . En mars 1991, j'avais d'ailleurs refusé d'être élu président par le Ier congrès du parti , mais mal m'en a pris car, très vite, je me suis sentis mal dans la peau d'un secrétaire général en raison des redoutables lourdeurs liées à cette fonction, notamment sous les régimes staliniens.
Reste qu'une élection présidentielle est une question politique. Et c'est pour des raisons politiques que nous avons boycotté le scrutin présidentiel de novembre 1995 .
Aujourd'hui pourtant, je suis candidat. La première raison tient évidemment aux pratiques démocratiques qui sont les nôtres: il revenait à notre congrès extraordinaire qui s'est réuni hier de désigner un candidat. Il l'a fait.
Mais se borner à dire cela, ne suffit pas. Sauf à se réfugier derrière une langue de bois à laquelle je ne vous ai pas habitué. Ce ne serait pas conforme non plus au devoir -j'ai presque envie de dire au contrat- de vérité et de respect que j'ai envers vous.
Pourquoi donc être candidat dans une situation que nous sommes nombreux à considérer piégée? La décision n'a pas été simple: le rapport parlementaire sur la fraude lors des récentes élections régionales et municipales est là pour rappeler qu'on fait peu de cas du libre choix des Algériens.
Pensez! On nous a inventé... 37 moyens de falsifier les résultats au bénéfice d'un seul parti. A croire que notre progrès technologique touche surtout au truquage subtil mais massif. Ceux qui étaient chargés de surveiller le déroulement de ces élections nous ont expliqué sans rire....qu'ils ne pouvaient répondre de rien après 22H!
Voilà confirmé dans une langue de bois magistrale ce que nous savions tous: dans notre pays, le vrai scrutin commence après que les Algériens aient voté.
Nous savons tous aussi que notre corps électoral s'est mystérieusement agrandi de 3 millions et demi d'électeurs à l'occasion des précédentes présidentielles. Le pouvoir s'est ainsi donné une sorte de "réserve" au cas où ...
En dépit de cela, il est des moments historiques où les états d'âme n'ont pas lieu d'être.
En effet, cette élection n'est pas comme les autres : elle est la conséquence de l'échec de toutes les autres, de l'échec de toute la stratégie menée par le pouvoir depuis l'arrêt du processus électoral. Une stratégie de non paix, de non démocratie, de non droit et d'absence de développement crédible .
Nous ne sommes plus en 1995. Nous avions alors refusé de cautionner la mascarade à laquelle nous étions conviés pour deux raisons majeures. Le pouvoir avait ouvertement désigné son candidat Liamine Zeroual et les jeux étaient ainsi clairement faits d'avance.
Nous étions en outre convaincus, et nous l'avons dit, que ce scrutin ne réglerait rien ni sur le plan sécuritaire, ni sur le plan institutionnel. Pourquoi? Parce que chez nous, le pouvoir " réel " n'a jamais résidé dans les institutions. J'aurais préféré pour l'Algérie que la suite nous donne tort.
Il ne me viendrait pas à l'idée de retourner au même scrutin, pour les mêmes raisons, dans les mêmes conditions et dans la même situation. La même ...en pire car entre temps, il y a eu plus de morts, plus d'orphelins, plus de disparus. Et beaucoup plus de misère. Des résultats qui sont très loin des promesses faites aux Algériens et à la communauté internationale il y a trois ans.
Oui, il y a échec. Echec grave.
On nous avait vendu une élection présidentielle à la place de la paix. On nous a fait croire qu'un chef de l'Etat serait plus fort pour ramener la paix et la stabilité s'il était "élu par le peuple" et si il avait des pouvoirs constitutionnels très importants.
Pour ce faire, on nous a fait voter une " réforme " Constitutionnelle. C'était en réalité une nouvelle constitution balayant toutes les avancées de la loi fondamentale de 1989.
Dans la foulée, on a convoqué les Algériens aux urnes pour désigner un Parlement, puis des institutions régionales et locales. Une fois proclamé, martelé, ce fameux " parachèvement des institutions démocratiques ", nous aurions pu espérer qu'on allait enfin s'intéresser à nos priorités : la paix et cette misère qui écrase chaque jour plus de nos compatriotes.
Eh bien non! 7 ans apparemment, ça ne suffit pas
wa dhaher, sebaa snin ma chi barakat
Le pouvoir ne semble pas plus intéressé par nos priorités que par la nécessité de construire un Etat digne de ce nom.
Pour lui, les institutions ne sont qu'une courroie de transmission et un paravent: rappelons nous du parti unique! Ou alors, elles sont un faire-valoir et une façade démocratique: c'est le cas du Parlement pluraliste exhibé pour prouver la soit disant démocratisation du pays.
L'absence de libertés démocratiques, la privatisation de l'Etat et du champ politique, en un mot l'interdiction de nous immiscer dans nos propres affaires, ont permis au système de n'être comptable devant aucune instance et dans une impunité permanente.
Cette exclusion politique de la majorité a fait en même temps le lit des intégristes.
Le pouvoir réel vient une fois de plus de nous signifier le peu de cas qu'il fait des institutions qu'il s'est lui même donné. Une crise au sommet, dont nous ignorons encore les vrais tenants et aboutissants, a tout emporté. Gouvernement, Parlement, ne parlons pas des Algériens! ..., tout le monde s'est retrouvé dans un cyclone dont quelques échos nous sont parvenus par voie d'insultes dans la presse.
Ce cyclone nous a ramené à la case départ. Avec en prime, je l'ai dit, trois ans de morts, de blessés, de détresse et de souffrances supplémentaires .
Pourquoi donc participer surtout quand on sait que, même dans les meilleures conditions, changer un homme ne suffit pas? Et que dire, à plus forte raison , quand les conditions sont les pires?
Bien sûr le chef de l'Etat a pris l'engagement - il a bien dit L'ENGAGEMENT et les Algériens comme la communauté internationale l'ont bien entendu - que les élections seraient TRANSPARENTES.
Il s'est même voulu exemple historique en avançant une seule et unique justification à son retrait anticipé: la nécessité de l'alternance au pouvoir. Le chef d'état-major a repris à son compte cette explication. Il a assuré lui aussi que le scrutin serait libre.
Nous avons pris acte de ces engagements, non sans espoir .
Mais les mauvais souvenirs ont la vie dure. Il y a sept ans, un premier ministre dont la seule mission était de préparer des élections libres et honnêtes nous avait donné la même garantie. Et puis il a découvert après coup que le scrutin n'avait été ni libre ni honnête.
La nature et le fonctionnement du système interdiraient-ils que soient honorés certains types d'engagements officiels?
Vous aurez compris, chers compatriotes, que ce constat ne vise pas à accuser, ou à blanchir, un ex-chef de gouvernement. Mais qu'il vise à illustrer la doctrine sécuritaire qui protége les fondements du système depuis l' indépendance.
Depuis 37 ans. Cette doctrine sécuritaire a établi plusieurs lignes rouges: pas de suffrage universel libre, pas d'alternance, pas de transition démocratique et par voie de conséquence pas de changement. Et donc un statut quo qui, dans notre situation, ne peut que signifier une dégradation.
Ces lignes rouges, qui sont de véritables lois non écrites, sont toujours en vigueur.
Près de quatre décennies après que nous ayons, en principe, recouvré notre souveraineté, l'alternance reste une fiction.
Car la réalité, c'est qu'une fois de plus, tout est fait pour nous interdire un libre choix. Les décideurs se sont donnés sept mois pour trouver la solution qui leur convient, c'est à dire trois fois plus de temps que prévu par la Constitution qu'ils ont eux mêmes concocté.
Tout a été fait ensuite pour nous imposer un candidat dit de consensus. Un candidat qu'il faudrait cautionner sans connaître ni ses intentions, ni son programme, ni les solutions qu'il envisage pour sortir de la crise. Et on voudrait nous faire croire que l'ère de la pensée unique est révolue?
Rien n'a été négligé pour imposer ce consensus. On a vu fomenter des dissidences, des mini-coups d'état au sein de certains partis politiques. Des pressions et des intimidations se sont exercées sur des formations et des personnalités pour les convaincre du bien fondé de ce fameux consensus. Une action diplomatique intense s'est déployée à l'extérieur. Des instructions ont été données à l'administration. De nombreuses personnalités ministérielles et militaires ont clamé leur soutien. Ou l'ont fait connaître en coulisses.
Bref, il faut être aveugle pour ne pas voir que les jeux risquent d'être faits d'avance. De nombreuses voix se sont élevées pour le dénoncer .
Aujourd'hui, notre société bouge. Elle refuse d'accepter un nouveau fait accompli qu'on appelle consensus alors qu'il vise à supprimer tout pluralisme. Alors qu'il constitue une nouvelle forme de la pensée unique.
37 ans de monopole du pouvoir et de refus du libre choix, ça su-ffit!
Le ras le bol est gé-né-ral. Les Algériens exigent un changement de cap, de politique, de méthodes et d'un personnel dirigeant qui a failli.
Nous exigeons qu'on sorte des faux débats et qu'on pose enfin les véritables problèmes du pays.
Chez nous, la politique c'est la... tchachouka....le rey/rey .....la tradition des kaoualiss. C'est encore et toujours la dictature de la censure, de la manipulation et du mensonge .
Ce sont d'in-vrai-sem-bla-bles numéros d'opportunisme exécutés par des spécialistes du retournement de veste; d'hommes qui cherchent à nous faire oublier leurs responsabilités passées et qui se découvrent... opposants radicaux chaque fois qu'il s'agit de briguer des responsabilités!
La politique, chez nous, c'est la loi du plus fort. Et elle est tellement enracinée que nos enfants ne comprennent plus aujourd'hui pourquoi ils devraient étudier "puisque de toute façon, nous disent-ils, c'est le plus fort qui gagne".
Ce sont aussi ces habitudes qu'il faut changer. Ici et maintenant.
Il est plus que temps d'établir des règles du jeu politique. Il est temps de prendre le mal par la racine, c'est à dire d'arracher notre droit à construire des institutions vraiment représentatives qui sont seules capables d'édifier un Etat démocratique.
Car, à l'évidence, nos institutions mal élues sont incapables de résoudre les graves et multiples problèmes de la population .
Edifier donc un Etat démocratique étant entendu que, pour nous, la démocratie n'est pas seulement politique, mais sociale, économique et culturelle.
Comment tolérer en effet que dans un pays riche comme le nôtre, un Algérien sur deux en âge de travailler n'ait pas d'emploi?
Comment accepter qu'on considère le chômage comme une fatalité qui laisse aux chômeurs -et aux salariés- une seule alternative: se satisfaire de leur pauvre sort? Comment tolérer qu'on nous explique la perte de toute protection sociale et l'emploi précaire par une concurrence internationale dont l'Algérie est exclue?
La démocratie signifie un contrôle sur l'utilisation de nos ressources, sur nos dépenses publiques qui doivent prendre en charge, sans délai, des projets de sauvetage pour les plus démunis.
Nous ne pouvons plus aller où nous mènent la hogra et une politique économique désastreuse: l'instauration -j'ai envie de dire la ré-instauration- d'un premier collège de nantis politiques et économiques minoritaires , pendant qu'un deuxième collège, la majorité écrasante, sombre dans une misère qui est aussi le meilleur allié de la contagion terroriste.
Mais, il ne s'agit pas de tirer des plans sur la comète: il s'agit d'abord de sortir du cauchemar dans lequel nous sommes plongés depuis sept ans. Il faut sortir de l'engrenage meurtrier qui dévore nos enfants. Il faut ramener la paix.
C'est sur ces priorités, conditions d'un retour à la paix civile et d'une amélioration des conditions de vie des plus démunis, que j'entends recentrer le débat.
Nous devons tirer les leçons du passé. Depuis octobre 1988, les crises succèdent aux crises. Aucune de ces crises à répétition n'a jamais été mise à profit pour changer de cap. Notre pays ne compte plus les occasions perdues.
Le pouvoir voudrait que cette énième crise se solde par la mise en place d'un nouvel équilibre entre les clans. C'est son affaire. Nous ferons tout quant à nous pour empêcher qu'il se traduise par une nouvelle occasion perdue pour le retour à la paix, pour la reconstruction et pour la démocratisation de notre pays.
Tout indique que les Algériens ne sont pas près non plus à cautionner une nouvelle mascarade. Il suffit d'écouter nos concitoyens pour s'en persuader: "S'ils veulent imposer leur candidat, qu'ils le fassent, disent-ils, mais alors qu'ils nous laissent tranquilles ".
Cette mobilisation des Algériens explique aussi ma candidature.
Dès les premières années de l'indépendance, j'ai répété que nous avions le droit de reconquérir notre souveraineté et des libertés arrachées par tant de souffrances. Depuis, nous n'avons cessé de nous battre pour que notre pays ne soit pas réduit à un homme, un appareil, un parti, un clan, une région. Pour que l'Etat et les ressources qui ont été privatisés, soit rendus aux citoyennes et aux citoyens.
Beaucoup ont payé de leur vie ce combat .
J'ai toujours fait confiance à la maturité et au ressort de la population, de notre jeunesse.
Mais je savais aussi que trop de peur, de malvie, de trahisons, de perversion systématique de nos valeurs, empêchaient l'expression visible de leur résistance pacifique à l'oppression. Surtout quand la guerre fait rage, que l'état d'urgence fait barrage et que l'odeur du pétrole amène la communauté internationale à détourner le regard.
Aujourd'hui, les Algériens exigent, malgré la peur, qu'on leur rende la parole.
De son côté, le pouvoir, qu'il le veuille ou non, est sous la surveillance des institutions internationales et de ses partenaires étrangers. Plus personne ne peut accepter aussi facilement qu'hier les diktats, les faits accomplis et les faux semblants.
Certes, je nourris toujours beaucoup de septicisme sur la volonté des décideurs d'accepter les résultats du suffrage universel.
Mais comment rester les bras croisés quand on perçoit dans la société les prémisses d'une dynamique politique qu'on a de tout temps encouragé? Quand nos positions sont mieux comprises.
Comment rester les bras croisés quand la société, cet acteur principal de la vie politique, multiplie les signes d'exaspération et de sa volonté de reprendre en main son destin? D'arracher ses droits d'une manière responsable et pacifique .
7 ans d'affrontements ont mûri les Algériens. Nous ne sommes pas un cas unique: en Espagne, le syndrome de la guerre civile, pour ne citer que cet exemple, a aussi fait prendre conscience aux espagnols que l'échec de la transition démocratique signifierait une nouvelle descente aux enfers.
Ce syndrôme, c'est à dire la crainte de basculer de nouveau dans la dictature et dans l'horreur, a imposé des compromis jusque là impensables entre les protagonistes principaux: la monarchie, l'armée, les partis de droite comme de gauche et les syndicats libres .
Cette maturité des Algériens doit imposer à tout homme politique -surtout s'il est un candidat à la présidence de la République- un devoir de vérité. Elle me l'impose donc.
Je ne suis pas un homme providentiel!
La reprise et la réussite de la transition démocratique ne sont pas, ne peuvent pas être, l'affaire d'un homme ou d'un seul parti. C'est l'affaire de tous les Algériens, de nous tous.
Nous n'accepterons plus qu'on nous désigne d'en haut les candidats à plébisciter ou à enfoncer.
Je ne suis pas non plus un chasseur de voix!
Je ne crois pas -et donc je ne promettrais pas- qu'on peut réparer en quelques mois les résultats désastreux de près de quatre décennies d'incurie.
Je respecte assez les Algériens pour ne pas promettre la création de centaines de milliers d'emplois comme on nous l'a annoncé récemment, par hasard à la veille des élections. C'est se moquer de nous quand 140 000 personnes ont été licenciées l'an dernier et quand on prévoit que le dégraissage de la fonction publique jettera encore des dizaines de milliers de personnes dans la rue.
Qui croiera par ailleurs que ce gouvernement va faire en quatre mois ce que les précédents n'ont pas fait pendant des années, voire des décennies?
Je ne vous promettrais qu'une chose: me battre avec vous et ensemble pour reconstruire le pays que nous laisserons à nos enfants.
Cela commence par un engagement très simple et très compliqué à la fois dans un pays comme le nôtre: tout faire pour favoriser les rapprochements au lieu d'encourager la haine.
Car dans notre pays, la tradition du compromis et du dialogue a été étouffée par une culture de l'auto-destruction et de la mort.
Cette culture vient de loin. Elle est l'aboutissement d'un long pourrissement marqué par plusieurs étapes: on a d'abord laissé la porte ouverte au terrorisme intellectuel et à l'intolérance religieuse, le tout sur fond d'inculture, voire de contre-culture. Nous avons vu ensuite déferler la violence dans les discours -et les islamistes y ont leur responsabilité-, les écrits et dans les pratiques. Il ne manquait plus que le passage à l'acte: ce furent des assassinats et des attentats individuels, si nombreux qu'ils ont vite abouti à une effrayante banalisation de la mort. Ce sera enfin la spirale des meurtres collectifs, des massacres, des voitures piégées, des attentats aveugles...
Cette culture de la violence et de la mort a corrompu les moeurs politiques et médiatiques. En témoignent les polémiques ordurières qui se sont étalées ces derniers mois dans la presse. Avec des mots qui tuent et des insultes réservées jusque là aux véritables opposants du régime.
C'est par là que doit passer le premier changement .
Le futur scrutin doit être l'occasion de débattre sereinement. L'invective, la polémique, la manipulation doivent cesser de parasiter et d'occulter les indispensables débats. C'est une garantie pour tous.
Faute de quoi personne ne sera épargné. Car les insultes ordurières qui touchent l'un aujourd'hui peuvent arriver à tous demain.
Cette nécessité d'un débat serein ne saurait remettre en cause, c'est évident, ni les droits à l'information et à l'expression des citoyens ni les libertés de la presse écrite et audio-visuelle?
Ces droits et ces libertés doivent être au contraire garantis et sans cesse étendus. Le pluralisme de la presse est l'oxygène de la vie publique.
Mais cela ne dispense pas ces médias de veiller au respect des normes éthiques, professionnelles et déontologiques de la profession.
Nous devons donc apprendre à travailler ensemble.
Cinq partis politiques ont signé samedi dernier une plate forme. Il ne s'agit pas d'un programme politique entre des formations qui assument leurs divergences, mais de trouver un dénominateur commun. En effet, il n'y a pas de démocratie sans les partis politiques. Et ces derniers ont un rôle à jouer dans la recherche des solutions à la crise et dans l'organisation du futur scrutin.
Nous entendons tous imposer les conditions d'une élection présidentielle libre et crédible et exiger que soient respectés les engagements pris par le chef de l'Etat quant à la neutralité des institutions de l'Etat et de l'armée.
Ces formations ont trouvé un autre dénominateur commun dans le refus des causes qui ont mené le pays au bord du gouffre: refus de la violence, de l'exclusion et de la culture de la haine.
C'est seulement en approfondissant ces débats, en multipliant ces rencontres et en les élargissant, en forçant les points de convergence que nous prendrons le chemin de la réconciliation nationale.
Cette réconciliation est indispensable pour ramener la paix. Aucune action politique ou économique ne peut se concevoir sans la paix et la sécurité des personnes et des biens.
Et qu'on ne dise pas que l'urgence est ailleurs.
Si c'était le cas, comment expliquer que tous les candidats s'aperçoivent, comme par miracle lors de chaque échéance électorale, que la paix est une préoccupation essentielle des Algériennes et des Algériens?
Qui a oublié qu'en 1995, le candidat Zeroual, soucieux d'être crédible, avait fait de la paix un leitmotiv d'ailleurs vite oublié?
Seuls ceux qui sont épargnés par les violences peuvent se satisfaire de la soi disant amélioration des conditions de sécurité.
100 à 150 Algériens meurent encore chaque semaine. Nous ne croyons pas, comme d'autres semblent le penser, que c'est un seuil de violence acceptable.
Prétexter d'une relative amélioration de la sécurité pour évacuer le problème du retour à la paix, c'est considérer qu'à moins de 50 personnes massacrées, la terreur silencieuse et la tragédie quotidienne n'existent pas. Elles existent. Vous les vivez tous les jours.
Et rien n'annonce des lendemains sécuritaires vraiment meilleurs quand 2 à 300 000 personnes sont armées.
Quand tous les tueurs -islamistes ou non- sont convaincus que seule la violence paye? ...Paye à tous les sens du mot.
Quelle amélioration espérer quand ceux qui prétendent nous gouverner s'acharnent à dresser les Algériens les uns contre les autres alors qu'il est plus que temps de panser nos blessures?
Depuis 7 ans, on a distillé la haine en traitant les uns ou les autres de harkis.
Depuis 7 ans, ceux qui tuent au nom de Dieu ou de la patrie, multiplient les exécutions, les vengeances ou les représailles collectives.
Apparemment, cela ne suffisait pas. Il a fallu qu'un décret signé en catimini instaure un nouveau concept: celui de la responsabilité collective, familiale.
Dans quel pays, dans quel conflit, les familles ou les proches des criminels et des terroristes ont-ils été considérés comme coupables des actes de leurs pères, frères, maris ou cousins?
Dans certaines de nos familles, on trouve un terroriste et un policier. Dans quelle catégorie va-t-on les mettre?
Ce décret honteux et irresponsable ne vise qu'à dresser nos enfants les uns contre les autres.
Après qu'on ait utilisé les langues parlées par notre peuple les unes contre les autres, comme si nous ne faisions pas tous partie de ce pays.
Comme s'il fallait se résigner à voir notre Algérie appartenir plus aux uns et moins aux autres.
Comme si nous devions nous résoudre à voir notre société déjà exhangue partir en lambeaux.
On ne le répètera jamais assez. Le changement impose des révisions déchirantes: en premier lieu bannir l'incitation à la violence, à la haine, à la vengeance et aux règlements de compte.
C'est aussi cela la modernité.
Le changement doit aussi porter sur la politique sécuritaire
Le pouvoir -et ceux qui s'en font les porte-paroles- doivent reconnaître l'échec de la stratégie mise en place pour éradiquer le terrorisme islamiste.
Les islamistes doivent renoncer clairement et solennellement à tout recours à la violence. Car aucune justification d'ordre religieux ou idéologique ne peut justifier qu'on attente à la vie.
Tous les partenaires politiques et sociaux doivent accepter la médiation démocratique comme seule méthode pacifique pour règler les contradictions et les conflits. C'est cela sortir de l'archaïsme.
L'élection présidentielle peut et doit constituer l'occasion pour amorcer cette dynamique de paix et de réconciliation nationale.
Seul un compromis historique mettra fin au processus de destruction de notre pays. Seul, il permettra de rassembler toutes les forces politiques qui condamnent la violence autour d'une issue politique, pacifique et globale à la crise.
C'est cette démarche -et en aucun cas des alliances de circonstance et d'appareils- qui permettra de rassembler les énergies démocratiques. Sans exclusion aucune.
La négociation doit porter sur cette sortie de crise politique avec une période et des institutions de transitions gérées à plusieurs. Qui dit négociation sous entend évidemment la fin des diktats, des ordres du jours ficelés à l'avance, des acteurs imposés.
N'oublions pas que la récente "crise présidentielle" marque l'échec de toute une stratégie de normalisation fondée sur la politique du tout sécuritaire et sur des élections truquées.
Mais qui dit "réconciliation " sait que celle-ci n'a aucune chance tant que la peur et la méfiance dominent. Tant que chacun n'a pas obtenu de garanties sérieuses. L'ambition première de "l'offre de paix" de Rome était précisemment d'offrir des garanties mutuelles à chacun.
L'Irlande du Nord, l'Afrique du sud nous délivrent un message essentiel: la volonté de paix crée une dynamique de réconciliation qui impose d'elle même les garanties que chacun doit donner aux autres. Et que tous doivent donner à chacun.
Dès lors l'élection présidentielle ne se pose pas en terme de candidat civil ou militaire. Sachant de toute façon que le candidat civil dépendra de la haute hiérarchie militaire.
Elle se pose en terme de candidat-marionette ou de président réellement élu. Avec à terme, un transfert progressif de pouvoir de l'armée vers les civils.
Le chef de l'état et le chef de l'Etat major ont affirmé que l'armée ne se mêlerait pas du futur scrutin. Eux mêmes ont ainsi posé le problème des prérogatives de notre armée.
Notre pays a besoin d'un Etat civil qui ne soit ni sous la tutelle de l'armée ni sous l'emprise de la religion. Mais qui ne soit ni contre l'armée ni contre l'islam. Car nous avons besoin d'une armée forte pour accomplir les missions constitutionnelles qui seront les siennes.
Comme nous avons besoin de l'islam, l'une des sources de sa spiritualité aux côtés de l'amazighité, de l'arabité et de la modernité.
Je le dis avec force: Nous n'accepterons jamais que tamazigh soit instrumentalisé pour dresser les Algériens les uns contre les autres, pour singulariser une région et pour jeter de l'huile sur le feu. Mais nous refuserons tout autant qu'on conteste à des millions d'Algériens le droit à leur culture et à leur langue.
Il faut cesser de faire comme si le pluralisme linguistique était un danger alors qu'il est une ouverture sur les autres, une ouverture sur le monde.
Tamazigh iwassa !
Aujourd'hui, il y a un espoir
Nous allons nous emparer de l'élection présidentielle qu'on nous a imposé pour refuser d'avaliser un président qui aura formellement tous les pouvoirs mais qui n'en aura en réalité qu'un seul: représenter et préserver le consensus et l'équilibre des décideurs pour que le système continue à se reproduire comme il le fait depuis quatre décennies.
Nous ne sommes pas condamnés à une guerre de 100 ans .
La lutte contre la violence est l'affaire de toute la société. A condition que celle-ci puisse s'exprimer librement et qu'elle jouisse de tous ses droits. C'est seulement ainsi qu'on pourra identifier et isoler les auteurs des violences.
Nous ne sommes pas non plus condamnés à choisir entre intégrisme nationaliste et intégrisme religieux. Entre régime militaire et dictature théocratique. Nous ne sommes pas davantage condamnés à l'arbitraire, à l'oppression, à l'injustice, aux passe-droits, au mépris, à la discrimination
Il n'y a pas dans notre société que mensonge, corruption, argent vite et mal gagné, débrouille .
La démocratie de façade et un pouvoir autoritaire nous ont toujours été présentés comme la seule solution. Ils sont en réalité le problème. Car quand l'état est privatisé, il n'y a pas d'Etat.
Ensemble, nous allons nous battre pour rendre l'Etat aux citoyennes et aux citoyens. Nous allons exiger nos droits.
La détresse sociale et l'absence de perspective pour toute notre jeunesse semblent une fatalité. Mais notre pays n'est pas à genoux.
Tout au long de son histoire, notre peuple a montré les sursauts dont il est capable. Comme il y a près de quatre décennies, nous allons nous prouver que la fatalité n'existe pas.
Notre potentiel économique a été gaspillé. Les deniers publics ont été détournés à des fins personnelles et en toute impunité.
Mais nos ressources existent, malgré la baisse du prix du pétrole. Et le retour à la sécurité et à la stabilité redonnera confiance aux investisseurs nationaux et étrangers.
J'ai confiance en notre jeunesse. Elle ne demande qu'à participer, qu'à s'impliquer dans la vie publique. Pour peu qu'on lui rende l'espoir, qu'on rétablisse la confiance. Pour peu qu'elle soit sûre de n'être pas une fois de plus trahie.
Nous en avons eu la preuve il y a trois ans: une élection qui ne servirait qu'à changer de tête ne règlera rien. La communauté internationale doit elle aussi le comprendre.
Nous l'avons toujours dit: la solution -avec les compromis et les garanties qu'elle implique- viendra des Algériens et des Algériens seuls. Sans ingérence étrangère.
Mais nos partenaires étrangers ont aujourd'hui une responsabilité fondamentale: ne pas cautionner -pour le déplorer ensuite- un nouveau fait accompli sans exiger un minimum de transparence du scrutin annoncé.
Faute de quoi, le prolongement du statu quo qui détruit notre pays, compromettra aussi la démocratisation et la stabilité de toute la région.
Avec vous, ensemble, nous empêcherons donc l'Algérie de devenir l'homme malade du Maghreb`
Sept ans, ça su-ffit!
Osons un avenir démocratique
Osons l'Algérie de la liberté, de la tolérance et du respect mutuel.
Donnons à notre jeunesse les moyens de s'accomplir.
C'est à elle qu'il revient de construire un Maghreb du troisième millénaire.Un Maghreb des droits de la personne humaine, de la démocratie et d'un marché commun. Il n'existe pas d'autre entité capable de faire prévaloir des conditions de justice et d'équité face aux défis de la globalisation
Nous le ferons ensemble.
Tous ensemble
Plus de cinq années après l'interruption du processus électoral de décembre 1991, l'Algérie s'enfonce inexo- rablement dans l'horreur d'une guerre civile sans image. La population algérienne, dans son écrasante majorité, est prise en étau entre les groupes armés islamistes, anti-islamistes et forces de sécurité. (voir le rapport d'Amnesty internatonal : "Les Algériens souffrent et meurent en silence/novembre 1996). Aujourd'hui, un constat s'impose : . Plus de 80'000 Algériennes et Algériens sont les victimes de violence que nul ne peut résumer à un affrontement d'idéologies antagonistes, . Le mythe d'une armée à la rescousse de la République, de la modernité, de la laïcité..., ne résiste pas à une analyse rétrospective... . Les échéances successiveas (présidentielles, référendum... législatives) imposées par le régime militaire s'inscrivent dans un processus de verrouillage de tous les espaces d'expression... Seule une dynamique autour du "retour à la paix civile" peut amener le régime à reconnaître que sa politique d'éradication, en l'absence de toute perspective de "solution politique crédible", est un échec avéré. amener le régime à reconnaître que sa politique d'éradic
Deux forces s'y combattent. L'Etat d'un côté, les groupes armés islamistes de l'autre. La guerre a pris des formes et une violence inédites surtout depuis la prolifération de milices dans les zones rurales et suburbaines. La censure de l'information ne permet pas toujours de mesurer leur rôle dans le déchirement du tissu social, surtout quand on sait que les propriétaires de l'Etat favorisent la segmentation des forces politiques et régionales et exploitent les peurs identitaires pour mieux dominer la société.
Les tensions qui opposaient l'Etat et la société tout particulièrement depuis octobre 1988 n'avaient aucune raison de sortir du cadre pacifique où elles s'exprimaient. C'est l'Etat autoritaire qui a bouleversé par sa politique, depuis les élections de décembre 1991, les termes du conflit en bloquant toute évolution vers la démocratisation du pays.
Les chefs de l'armée qui ont capturé cet Etat à leur profit nourrissent un projet dont la confiscation de la rente pétrolière et l'enrichissement sont les seuls moteurs. Ils jouissent sans réserve de la puissance de fait que leur confère leur position et la caution des bailleurs de fonds internationaux. Leur refus de tout dialogue sérieux avec l'opposition politique est incontestable. Ce n'est donc pas sans raison que l'opinion algérienne ne répond pas à leurs appels et les considère comme une force menaçante qui ne procède pas d'elle-même.
Face à eux, les groupes armés d'opposition qui se réclament d'un Islam exclusiviste se trouvent dans une situation où ils n'ont à rendre de compte ni à une autorité politique -l'Etat l'a réprimée, brisée et dispersée- ni à la société. Ainsi s'expliquent leurs pratiques guerrières identiques à celles de mitaires et des milices, les massacres condamnables, la mise en oeuvre du principe de la responsabilité collective à l'égard de familles entières.
La France notamment n'aurait pu se mêler des affaires algériennes avec une aussi bonne conscience en se liant à travers réseaux et officines aux militaires algériens, si elle n'avait été invitée à le faire. Le temps des jeux troubles est révolu. Nous nous devons de les dénoncer et de les mettre à nu.
Algériens ou amis du peuple algérien, partisans de la fraternité et de la coopération entre les peuples sur une base d'égalité,
Il faudrait aussi une réconciliation des Algériens entre eux et une volonté commune de reconstruire un pays exsangue, rongé par une guerre civile qui n'a que trop duré..
Le peuple algérien a, de tout temps, exprimé son attachement à la paix, dans l'unité, la liberté et la solidarité, et manifesté son attachement à la préservation de son Etat, à la sauvegarde de sa souveraîneté et à la défense de ses droits fondamentaux. Il a par ailleurs prouvé sa capacité à assumer la pluralité politique, dans sa diversité d'opinion, de sensibilité et de vision. Or, depuis cinq ans, le pays connaît une situation grave. Les Algériens vivent un drame : - Des dizaines de milliers de morts, de mutilés, de veuves, d'orphelins et de détenus politiques, victimes du cycle de la violence et de la répression. Loin de se résorber, la violence trouve de nouveaux développements, une exacerbation et une extension dramatiques; - Insécurité et peut s'installent dans la société; - Fermeture des champs politique et médiatique, violation des droits de l'homme, confiscation des libertés et dislocation des élites; - Dysfonctionnement préjudiciable des administrations de l'Etat, pressions et menaces sur les cadres; . Destructuration de l'économique, aggravation de la dette externe et interne, effondrement de la valeur du Dinar; - Chômage et licenciements croissants, exclusion scolaire alarmante, paupérisation accélérée; - Perte de repères, résurgence et instrumentalisation du régionalisme. Dans ce climat d'insécurité et de contrainte, sous l'empire de l'état d'urgence et de la législation d'exception, en l'absence d'Assemblée Populaire Nationale et du libre débat, il est proposé une révision de la Constitution qui, sous prétexte de rétablir la stabilité de l'Etat, - Renforce le pouvoir présidentiel et administratif; - Concentre l'ensemble des pouvoirs au sein d'une spère réduite; - Confisque le pouvoir constituant du peuple; - Restreint notablement les droits et libertés des citoyens; - Neutralise le pouvoir législatif et met sous totelle le pouvoir judiciaire; - Segmente et séquestre l'identité algérienne. Cette révision est impuissante à résorber fractures et exclusions, à éliminer haines et rancoeurs, encore moins à ramener la paix et la sécurité. Elle aggravera et nourrira davantage les extrémismes et la violence. C'est une démarche dangereuse et en contradiction flagrante avec la Déclaration de novembre 1954. Faute de paix, revendiquée avec force à l'occasion du dernier scrutin national, la situation sécuritaire est condamnée à se dégrader, l'économie à s'effondrer, la pauvreté et la misère sociale à s'installer durablement et notre dépendance à s'aggraver. L'établissement d'une paix globale et définitive passe par un dialogue transparent, fgranc et ouvert à tous ceux qui expriment leur volonté d'y contribuer. L'arrêt immédiat et inconditionnel des actes de violence, la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus d'opinion, la libération des champs politique et médiatique sont des garanties du retour à la paix civile, à la démocratie, à la stabilité et au développement. Car seule la paix peut créer les conditions susceptibles de préserver la vie des Algérient, garantir les libertés individuelles et collectives, sortir le pays de la crise, sauvegarder son autonomie de décision et réaliser les grandes mutations politiques et économiques et le progrès social et culturel. C'est pourquoi il est plus qu'urgent de s'engager et d'agir pour imposer la paix, conduire la société à dépasser ses drames et ses fractures et permettre au peuple de panser ses blessures et au citoyen de jouir de ses libertés et de sa sécurité. Pour que le retour à la paix se réalise et pour que cessent l'assassinat, l'exclusion, l'extrémisme, l'internement et l'affrontement fratricide, il est urgent et vital que s'expriment les bonnes volontés, que s'estompent les méfiances, que s'atténuent les doutes, que toutes les forces politiques et sociales se prononcent, se rassemblent, se mobilisent et s'impliquent. La mobilisation de tous les Algériens et Algériennes et de toutes les forces politiques et sociales est indispensable pour imposer une issue politique à la crise, rétablir la paix, la cohésion nationale, la stabilité des institutions et assurer, dans le cadre d'un Etat de droit, la sécurité des biens et des personnes. Ainsi sera concrétisé dans les faits l'idéal de liberté pour lequel se sont sacrifiés nos martyrs. La violence n'est pas une fatalité. La paix est possible. L'espoir est permis.
Alger, le 12 mai 2001
Notre projet démocratique plonge ses racines dans le mouvement indépendantiste qui a mobilisé les énergies patriotiques autour de valeurs universelles et modernes : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et celui des Algériens à construire un Etat de droit. Il n'appartenait en effet à aucun homme, aucun groupe, aucun appareil, de se substituer à la volonté populaire.
Depuis la naissance du premier parti indépendantiste, l'Etoile nord-africaine, la principale revendication des Algériens était de pouvoir doter leur Etat indépendant de fondements constitutionnels. Après qu'ils aient arrachés leur droit à l'autodétermination - consacré par référendum -, une Assemblée nationale constituante a donc été élue pour élaborer et adopter une constitution.
Cette assemblée constituante n'a pas tardé à être dessaisie de cette mission puisque la première constitution de l'Algérie indépendante a été élaborée, en définitive, dans une salle de cinéma algéroise, " L'empire ", par une réunion de notables civils et militaires triés sur le volet.
Cette confiscation de la souveraineté populaire s'inscrit dans une série de coups de force qui vont priver les Algériens de leur droit à l'autodétermination, à commencer par leur droit inaliénable à bâtir leur Etat. Ce détournement de pouvoir constitue une trahison des valeurs et des idéaux du 1er novembre 1954 pour lesquels les Algériens ont consenti tant de sacrifices.
Depuis prés de quarante ans, un pouvoir militaro-policier a privé les Algériens de leur citoyenneté en bafouant les droits de l'Homme et en confisquant leurs libertés d'expression, d'organisation et de participation au développement de leur pays.
La privatisation de l'Etat a ouvert la voie à l'accaparement des richesses de l'Algérie par un cartel d'officiers supérieurs et leurs réseaux. Un pouvoir absolu s'exerce dans l'ombre, sans aucun contrôle ni garde fou, assuré de l'impunité. Soucieux uniquement d'assurer la pérennité du système, il anticipe pour étouffer dans l'œuf toute expression autonome de la société et toute opposition démocratique.
Cette volonté de se maintenir à tout prix l'amène à recourir au coup de force chaque fois que les conditions d'une alternance politique se font jour. Le bilan de cette gestion est catastrophique : faillite de l'agriculture, éducation sinistrée, économie délabrée, justice aux ordres, corruption généralisée... Les conséquences de l'exclusion sociale, de l'arbitraire et d'une hogra sans limites, ainsi que le vide politique, ont créé les conditions d'une guerre contre les civils qui dure depuis dix ans et dont on ne voit toujours pas la fin.
Pour avoir rejeté et combattu systématiquement toute issue politique et démocratique à la crise, les tenants du pouvoir ont mené le pays à des dérives dangereuses et multiplié les facteurs d'implosion. Paupérisation, perte du pouvoir d'achat, chômage endémique, licenciements massifs ont placé l'écrasante majorité du peuple dans une situation de précarité insupportable.
Comment ne pas percevoir la désillusion et le désespoir pourtant criants chez ces millions de femmes et d'hommes, qui sont demeurés dignes devant tant de malheurs et d'humiliations, malgré l'absence totale d'espoir et de perspective de changement ?
Cette situation est d'autant plus intolérable que des minorités privilégiées et d'affairistes intégrés dans les réseaux du pouvoir et de son administration affichent leur opulence de manière indécente.
Les fractures se multiplient jusqu'à menacer la cohésion sociale pendant que les autorités, insensibles au désespoir et à la détresse des Algériens, se félicitent d'une embellie financière dont on ignore les bénéficiaires et qui, en tous cas, ne profite en rien à la population.
Cette attitude montre un mépris total de l'intérêt général. Elle dénote en outre une rupture radicale avec la société, et davantage encore avec les exclus qui représentent plus de la moitié des Algériens.
C'est dans ce contexte que sont intervenus les événements dramatiques qui ont embrasé plusieurs wilayas du centre et qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. L'assassinat de sang froid du jeune Massinissa à l'intérieur d'un poste de gendarmerie ne pouvait que mettre le feu aux poudres, surtout venant après que la préparation de la commémoration du " Printemps berbère " ait été perturbée par des provocations et des manipulations programmées par des cercles du pouvoir et leurs relais.
Comme en octobre 1988, les forces de sécurité n'ont pas hésité à tirer à balles réelles sur de jeunes manifestants désarmés qui exprimaient leur ras le bol de la hogra, de l'injustice et de l'impunité.
Ce nouveau recours à la force ne fait que s'ajouter à toutes les formes de violences subies par les Algériens depuis l'indépendance. Ces réalités réduisent à néant toutes les promesses et les professions de foi sur un système " en voie de réforme " et sur un Etat de droit " en construction ".
C'est certainement le dessein de ceux qui veulent en finir avec l'un des bastions qui, dans le cadre de l'unité nationale, a toujours lutté pour la démocratie, elle même inséparable de la reconnaissance des pluralismes, sans se faire complice des jusqu'aux-boutistes de la politique du pire.
La tentative de réduire une révolte et un ras le bol généralisé à une revendication linguistique, par ailleurs totalement légitime, vise à singulariser une région en agitant une fois de plus le croque-mitaine berbériste comme menace à la stabilité du pays.
Cette stratégie éculée ne cherche qu'à faire diversion face à la colère qui monte du pays tout entier et aux aspirations d'une jeunesse privée de son passé, de son présent et de son avenir.
Détourner l'opinion nationale et internationale des véritables enjeux
La répression sauvage en Kabylie prolonge les exactions massives des droits de l'Homme perpétrés à huis clos contre les civils, notamment dans les zones rurales, depuis bientôt dix ans au prétexte de la lutte contre la violence islamiste. Le vide politique, le désordre généralisé, la multiplication des acteurs de la violence par la distribution d'armes aux civils, les attaques récurrentes contre le pluralisme visent à soumettre et éradiquer toute vie politique en brisant tous les cadres d'expression pacifique et démocratique.
Le pouvoir n'a qu'un objectif: utiliser tous les moyens pour empêcher toute alternative démocratique et rendre impossible toute solution politique de la crise.
Comment s'étonner que des Algériennes et des Algériens à bout de patience et accablés par des conditions de vie qui se détériorent de jour en jour soient tentés par d'autres voies d'expression surtout quand tous les espaces politiques ont été verrouillés et pervertis?
La rue est devenue le seul recours, le dernier lieu où exprimer sa révolte. Comment s'étonner quand les institutions préfabriquées sont à ce point inopérantes, discréditées et squattées par des intérêts claniques? Comment parler de menaces contre la République quand il n'y a rien de public, que les espaces sont privatisés et que l'opposition démocratique est paralysée par l'état d'urgence prorogé illégalement depuis 1992 ?
Le projet de réforme du code pénal concernant la presse rappelle les mesures scélérates imposées par les dictatures d'Amérique Latine dans les années 1970. Etouffer jusqu'au droit de dire, de dénoncer les crimes et leurs auteurs quels qu'ils soient, n'est-ce pas transférer la responsabilité de la violence vers la société?
Nous refusons tout statut octroyé, toute façade démocratique. Nous refusons le statut déshonorant de république bananière, de président préfabriqué, de constitution cocotte minute et de gouvernement fantoche.
Pourtant l'alternative pacifique et démocratique existe. La marche organisée par le FFS le 3 mai 2001 l'a amplement démontré.
Le peuple algérien a toujours su transcender les faux clivages, éviter les manipulations de toute nature et démontrer sa maturité politique, prouvant une nouvelle fois que la démocratie n'est pas un luxe réservé aux seuls pays nantis.
Les Algériennes et les Algériens viennent de signifier aux ultras de tous bords leur profond attachement à la paix civile, à la justice sociale et au pluralisme politique et linguistique.
Le FFS interpelle solennellement tous les décideurs. Il les adjure d'opérer les révisions déchirantes nécessaires pour mettre en œuvre sans délai une sortie de crise politique et démocratique.
Les enjeux dépassent plus que jamais aujourd'hui les considérations de personne, de régions ou d'appareils. Il s'agit d'abord de sauver notre pays du chaos, de le hisser au rang digne de son rayonnement passé, de ses immenses potentialités présentes et par dessus tout de l'avenir et du bonheur des générations montantes.
Il importe de tourner la page des fausses solutions, des faux dialogues, des manœuvres de sérail et des diversions dangereuses. Le vrai patriotisme nous impose l'obligation d'en finir avec les atteintes aux droits de l'Homme, l'arbitraire sans limite, la détresse morale et sociale , l'impunité du crime organisé que les détenteurs de la rente pétrolière tentent d'occulter par des campagnes médiatiques et diplomatiques qui ne trompent personne, y compris désormais à l'étranger.
Le FFS considère que l'urgence des urgences est de libérer une dynamique politique de construction démocratique de l'Etat et de la société.
Pour cela, des mesures urgentes de détente doivent être prises, notamment:
1. Levée de l'Etat d'urgence et abrogations de toutes les lois d'exception
2. Ouverture des champs politique et d'opinion, par la levée toutes les restrictions et entraves à l'exercice des droits d'expression, de manifestation, d'organisation et d'association.
3. Ouverture du champs médiatique en garantissant l'accès libre et équitable aux médias lourds, notamment la télévision.
4. Reconnaissance de Tamazight, l'un des piliers de l'Algérianité au même titre que l'arabe, comme langue nationale et officielle.
5. Retrait immédiat du projet de loi portant amendement du code pénal concernant la liberté de la presse
6. Retrait de l'hypothèque de l'agrément préalable qui empêche la constitution de partis et d'associations autonomes, et de journaux indépendants.
7. Mettre fin au pillage du patrimoine national par le démantèlement de tout le cadre juridique l'ayant favorisé et le retrait de toutes les lois aboutissant au bradage de nos ressources nationales, telle la loi sur les hydrocarbures.
8. Engager des poursuites contre les responsables de cette dilapidation.
Il s'agira également de prendre des mesures immédiates pour la protection des populations en poursuivant les auteurs des actes perpétrés contre les civils et en mettant en place un dispositif destiné à prévenir la violence et à faire respecter les droits de l'homme.
Dans ce sens, l'acceptation de l'envoi de rapporteurs spéciaux sur la torture, les exécutions extrajudiciaires ainsi qu'un groupe de travail sur les disparus s'impose.
Ces mesures seront de nature à créer un climat favorable à l'ouverture d'un dialogue entre le pouvoir et les forces politiques et sociales en vue d'amorcer une véritable transition démocratique. Le cadre, les partenaires et les objectifs doivent être définis d'un commun accord.
Le FFS propose que ce dialogue se structure autour de:
1. L'élaboration d'une charte politique sous la forme d'un engagement public et sans ambiguïté des différents acteurs pour :
a - le respect des libertés fondamentales, individuelles et collectives.
b - Le respect et la défense des droits de l'homme en toute circonstance.
c - Le respect des pluralismes politique, culturel , linguistique et confessionnel.
d - La non utilisation de la religion à des fins politiques par toutes les parties.
e - Le rejet de la violence comme moyen d'expression politique
2. La mise en place d'institutions chargées de gérer une période de transition la plus courte possible
a - une Convention Nationale de Suivi et de Contrôle de la Transition ( CNSCT) La CNSCT dont la composition sera définie par les participants au dialogue, sera chargée :
- d'agréer les personnalités devant siéger au gouvernement
- d'élaborer l'ensemble du dispositif électoral (révision des listes, découpage électoral, révision de la loi électorale, dispositif de surveillance nationale et internationale du processus électoral)
- de fixer le calendrier électoral dans sa globalité, avec l'élection d'une assemblée constituante comme première étape.
b - un gouvernement chargé de mettre en œuvre les recommandations de la CNSCT et d'expédier avec le chef de l'Etat les affaires courantes.
Ces deux institutions auront donc pour mission essentielle de réunir les conditions politiques et techniques nécessaires à l'organisation de l'élection d'une assemblée constituante.
Une telle assemblée est une condition sine qua non pour restituer au peuple algérien son droit à l'autodétermination et mettre en place un Etat de droit.
C'est en effet aux Algériennes et aux Algériens, et à eux seuls, qu'il appartient de reconstruire un Etat en lui donnant des fondements garantissant la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, la non utilisation de la religion à des fins politiques, le respect de tous les pluralismes existant dans la société, l'égalité entre hommes et femmes, le respect et la promotion des droits de la personne humaine.
Durant cette période de transition, l'assemblée populaire nationale étant dissoute. le chef de l'Etat peut légiférer par ordonnance sur des questions d'intérêt national avec l'approbation de la CNSCT.
L'institution militaire, partenaire important de cette transition, doit être garante du respect des engagements pris. Elle doit être associée à l'ensemble des étapes du processus. Son retrait du champ politique doit être graduel et effectif.
La communauté internationale doit être également présente, par le biais d'une représentation officielle et permanente du Secrétaire général des Nations-Unies, chargée de l'observation et, éventuellement, des bons offices, dès le début et tout au long de ce processus historique mené par les Algériens, pour les Algériens en Algérie.
Conférence de presse de Hocine Aït-Ahmed
Alger, le 31 mai 2000
Déclaration liminaire
Depuis ma dernière conférence de presse à Alger, il y a un an à l'hôtel El Djazaïr, lors de la campagne des présidentielles anticipées, je retrouve mon pays baignant toujours dans une situation de crise, sans perspective sérieuse de dénouement. Et je dois dire que c'est ce constat qui a dicté de lui-même le mot d'ordre de notre congrès, celui de l'alternative démocratique face à la logique mortelle du pouvoir.
La politique dite de concorde civile, bâtie sur des accords secrets entre chefs de guerre, a été mise en œuvre au détriment de la société et de ses revendications de vérité, de justice et de paix effectives.
Simultanément, le pouvoir a accentué sa politique de normalisation autoritaire de la société et de la vie publique.
C'est dans ce cadre que le FFS a été l'objet d'intrigues et de pressions multiples pour tenter de le normaliser et de l'amener à rallier un consensus " béni-oui-oui " d'appareils partisans.
Le Front des Forces Socialistes n'est absolument pas disposé à s'inscrire dans une telle logique. C'est contraire à ses principes, à ses idéaux et à son combat démocratique. Notre 3ème congrès national l'a réaffirmé.
Il s'est tenu, comme vous devez le savoir, malgré les conditions d'accueil difficiles que le pouvoir nous a imposé.
Le plus important, pour nous, est qu'il a débouché sur des résultats qui doivent redynamiser notre action politique à travers une ouverture plus large et soutenue en direction de la société pour construire l'alternative démocratique.
Ce qui a été remarquable à ce congrès est cette jeunesse qui conteste, mais qui a appris à formuler politiquement sa contestation. Cette jeunesse a déjà conquis le parti et sans doute les structures et les instances dirigeantes n'ont pas été attentives à cela. J'y vois une source d'espoir et d'optimisme pour l'avenir. Les jeunes ont compris qu'il existe, que dis-je, une alternative entre la violence et le désespoir et l'abattement. Ils ont compris que l'ordre établi, que la dictature, veut les enfermer dans ce couple infernal. Leur émergence au FFS me conforte dans l'idée qu'ils sont décidés à ne pas se laisser faire. Et ce refus, ils le formulent avec une grande maturité politique. Beaucoup d'entre eux ont investi le FFS en bousculant d'ailleurs le ronron des structures en place et en s'affirmant politiquement. Ils veulent construire et se battre. Je dois dire qu'ils me rappellent si bien ma génération que je leur saurais gré de consentir à m'accepter comme allié. C'est la source de mon optimisme pour ce pays. Et je souhaite que la jeunesse investisse tout aussi franchement les autres partis politiques et le mouvement associatif. Cette jeunesse est si franchement majoritaire dans ce pays, si pleine d'un dynamisme combattu par les tenants de l'ordre établi, que je me permet de détourner, légèrement, le vers du tunisien Aboulkacem Chabi.
Si la "jeunesse" veut un jour la vie,
Il faut bien que le destin réponde,
Il faut bien que la nuit s'estompe,
Il faut bien que les chaînes se brisent.
Et bien, cette jeunesse, j'en suis sûr parviendra à briser les chaînes de l'indignité que ce système dictatorial représente pour ce pays si riche de ses femmes, de ses hommes et de sa fabuleuse jeunesse.
Dans un Etat de droit, quoi de plus normal et de plus sain que la tenue d’un congrès d’un parti légal et qui de plus n’a jamais dévié d’un iota dans sa ligne non violente. Hélas, nous sommes dans l’Etat de la raison d’Etat. Et comme l’Etat lui-même est privatisé par des hommes et des clans, il ne reste que l’Etat des manipulations et des intérêts. Ce qui explique l’hostilité implacable, que le pouvoir a affiché vis-à-vis de ces troisièmes assises, hostilité qui s’est exprimée d’une manière flagrante dans le refus de nous accorder un local adéquat pour recevoir nos hôtes et nos invités illustres dans des conditions dignes de l’hospitalité et de respect traditionnel de notre pays. Encore une fois, ça était un bonheur d’être de nouveau parmi vous. Je me sens dans une situation de renaissance et c’est la première fois, que je fais la connaissance des centaines de jeunes qui constituent la future génération dirigeante. Et comme disait un écrivain célèbre : " Il existe une espèce de connaissance, qui est une véritable co-naissance, naître avec". Nous venons donc de naître ensemble avec le succès de notre troisième congrès. Laissez-moi d’abord rendre hommage à votre dévouement, j’allais dire, à votre résistance physique éprouvée par quatre jours de travaux sans relâche avec leurs trois nuits d’insomnie volontaire. Cet hommage s’étend, bien entendu, au président et aux membres du bureau qui en ont vu des vertes et des pas mûres et qui heureusement ont reçu de si nombreux réconforts, dont ceux des Verts, et le soutien enthousiaste de toute la communauté réunie à Tipaza. Comment oublier les énormes efforts de préparation et d’organisation de ces assises ? De tout cœur merci pour tout ce que vous avez donné pour que nos délibérations se déroulent normalement dans des conditions tellement anormales. Bien sûr qu’il y a des insuffisances, les entreprises humaines ne sont jamais parfaites, elles restent perfectibles. Cher(e)s ami(e)s, Nous sommes fiers d’avoir pleinement atteint les objectifs de ce congrès dans la transparence, le libre débat et la sérénité. Les délibérations ferventes et passionnées ont montré l’inébranlable volonté des militantes et des militants, des sympathisantes et des sympathisants, des participantes et des participants de faire de ce congrès un renouveau effectif et profond dans la politique et la pratique du parti. Heureusement, qu’en aucune façon les débats n’ont connu des relents de la pensée unique. Les divergences, les amendements aux textes proposés dans les différentes commissions ont été librement débattus avant d’être adoptés ou refusés. Ce congrès n’est donc pas tombé dans les pièges classiques du consensus populiste. Je voudrais illustrer l’ouverture démocratique de nos résolutions par trois exemples : un exemple d’ouverture sur la société et deux exemples d’ouverture sur nous-mêmes ; tant il est vrai que ces deux ouvertures sont indissociables l’une de l’autre. La création de grosses commissions de réflexion et d’action au sein du Conseil national et leur ouverture aux compétences de la société civile qui auront le droit de participer à tous les débats de notre instance souveraine constituent une avancée très importante. Nous, nous en réjouissons parce que le devoir du FFS, aujourd’hui et demain, est d’intégrer toutes les élites locales et régionales qui ont émergé, dans la société, des luttes sociales et culturelles. Pour ce qui est de l’ouverture sur la base militante, je me réfère au fait que la désignation des secrétaires nationaux ne doit pas se faire exclusivement à partir des membres du Conseil national mais pourrait s’étendre également aux militants de base qui satisfont les critères d’intégrité et de compétence. Par ailleurs, les observateurs superficiels nous font griefs de ne pas reconduire le principe de l’élection du Secrétaire fédéral par l’ensemble des militants de la fédération. Hélas, l’expérience nous a démontré que des secrétaires de fédérations ne font pas toujours face à leurs responsabilités, souvent même ils délaissent leurs propres sections, d'où le manque de communication et de suivi dans leurs rapports avec la base. Etre obligé d’attendre une année, délai statutaire, pour que se tienne le congrès fédéral et changer démocratiquement de responsable, c’est se condamner à un rôle de simple appareil coupé de la base militante et de la population. Il ne faut pas confondre démocratisme d’appareil et démocratie dynamique. C’est cette dernière conception de la démocratie qui a inspiré la procédure nouvelle d’élections du Secrétaire fédéral. Ce sont les secrétaires de section et les représentants des mouvements associatifs et de collectifs de jeunes, de femmes, d’étudiants, qui doivent élire le Secrétaire fédéral avec la possibilité de le rappeler à l’ordre voire d’opérer son remplacement, par la voie du vote évidemment. L’importance décisive de ce congrès ne saurait être réduite à la réorganisation des structures et des statuts. Elle est dans le saut qualitatif concrétisé dans la définition de l’alternative démocratique, mot d’ordre de notre congrès, et dans l’esquisse des grandes lignes de l’alternance démocratique. Cette stratégie nous met face à deux défis, liés l’un à l’autre, au plan intérieur et au niveau international. Le défi intérieur peut se résumer par deux expressions, qui échappent à la langue de bois, donc non répétitives : concentration et incontrôlabilité du pouvoir réel qui expliquent l’absence de l’Etat de droit, du droit tout court. Plus que jamais donc s’impose la reconstruction de la MAISON ALGERIE sur des fondations solides, par le retour à la légitimité populaire. Une constitution élaborée par une Assemblée constituante librement élue sous contrôle international constitue la garantie des garanties du droit des Algériennes et des Algériens à participer pleinement à la reconstruction des institutions démocratiques, et à la promotion officielle et effective des pluralismes politiques, culturels et linguistiques.. Nous pouvons reprendre à notre compte deux expressions de Tony Blair à l’occasion de son succès électoral : la première "redistribuer le pouvoir" dans notre cas, je dirais restituer le pouvoir aux citoyens et aux citoyennes pour choisir leurs options et les hommes et les femmes chargés de les mettre en œuvre. Renforcer les pouvoirs et les moyens financiers des institutions municipales et wilayales dans le cadre d’une démocratie décentralisatrice. Consacrer l’équilibre et la séparation des pouvoirs : nous voulons un gouvernement qui gouverne dans l’autonomie que lui confère ses attributs, nous voulons un parlement qui légifère en toute transparence et qui assure le contrôle de l’exécutif ; et ce, sans tomber dans les excès d’un régime d’assemblée. Nous exigeons l’indépendance de la justice et de la magistrature par rapport au pouvoir politique. Quant au quatrième pouvoir, il appartient à l’ensemble de la presse écrite et audiovisuelle de proposer en toute conscience et responsabilité le code déontologique et les structures qui en garantissent l’indépendance et les libres développements. Tous les media lourds du domaine public (Télés, Radio…) doivent être, bien entendu, libérés du monopole de l’Etat. L’autre expression blairienne étant l’obligation de "rendre des comptes", dans tous les domaines, ce qui signifie qu’aucune institution ne doit échapper au contrôle légal. Notre devise "ni Etat théocratique ni Etat militaro-policier", l’égale dignité de la femme et de l’homme, l’équité sociale et l’égalité des chances doivent être consacrées par la nouvelle loi fondamentale qui s’imposera à tous les gouvernants et à tous les gouvernés. Au plan international, notre pays comme l’ensemble de la communauté inter-nationale sera confronté au défi de la mondialisation. Gardons-nous bien d’y voir les extrêmes : un bourourou, c’est-à-dire le monstre du Loch Ness ou Âça Moussa, la baguette magique. Ca peut être l’un ou l’autre, l’un et l’autre. Comment ne pas applaudir à la mondialisation de la paix, de la démocratie et de la justice sociale ? L’Universalisation de l’espace public politique ainsi que de la protection des droits de l’Homme devant s’inscrire dans la logique de la défaite des régimes fascistes et totalitaires. La fin de la 2ème guerre mondiale et la chute du mur de Berlin ayant sonné le glas de l’ordre international pan étatique exclusivement réservé à la souveraineté des Etats. Les pactes internationaux des droits de l’Homme, les déclarations et les conventions multiples qui les ont complétés devaient bel et bien ouvrir la vie et les relations internationales à la souveraineté des peuples et des individus. Plus de la moitié du XIXème siècle marquée par les reniements et les blocages des dominations coloniales ainsi que par la guerre froide nourrie par les deux pôles sauvages du capitalisme et du stalinisme n’a pas permis à un ordre démocratique mondial de se construire ; il est grand temps que la mondialisation prenne le rythme du 3ème millénaire. Il est grand temps de tourner la page du double standard qui a permis la guerre d’extermination ignominieuse en Tchétchénie, qui reste aveugle devant tant de conflits et de guerres civiles à huis clos comme celle qui se déroule dans notre pays. Oui, à la mondialisation de l’espace pénal international. La création du Tribunal pénal international ainsi que des tribunaux chargés de poursuivre les responsables des crimes contre l’humanité constituent des progrès significatifs dans la mise en place de la dissuasion et de la prévention des violations massives des droits de l’Homme. Oui, à l’ordre démocratique international qui réduise le gouffre existant entre les pays nantis du Nord et les centaines de millions des pays du Sud, fauchés par la famine la sous-alimentation, la sous-éducation, qui à leur tour constituent et reconstituent les causes des massacres et des meurtres. C’est en fonction de ces utopies que doit se mettre en chantier dans les plus brefs délais le processus de réformes des institutions de l’ONU et des différentes structures internationales. Quant aux revers de la mondialisation, ils se résument en un mot : l’intégrisme de l’ultra-libéralisme économique. Et notre pays le reçoit de plein fouet. Mais d’abord, précisons bien, que le FFS est pour l’économie de marché. Et de même qu’il a été contre l’administration sauvage de l’économie, il est aujourd’hui contre le libéralisme sauvage. Nous sommes pour une économie sociale de marché ; une économie régulée, et même dans ce cas, nous devons promouvoir le principe des contrats sociaux entre Etat et syndicats entre monde ouvrier et entreprises. En un mot, nous refusons la société de marché, la commercialisation de notre société. Pour nous la santé n’est pas une marchandise, la culture, l’école et le travail ne sont pas des marchandises. L’environnement l’est encore moins puisqu'il n’est pas inépuisable. Il en résulte que l’Etat algérien ne saurait échapper à ses responsabilités dans tous ses domaines, il doit être l’arbitre et le promoteur des catégories économiques sociales, culturelles et environnementales des droits de la personne humaine. Il faut préciser l’évidence : les aspects négatifs de la mondialisation n’ont pas eu besoin de visas pour déployer leurs effets au sein de notre population. Ils se moquent de la souveraineté de l’Etat et menacent la dignité et le destin d’une population qui est déjà soumise à la tourmente meurtrière et déjà rongée par l’étouffante laideur du règne de l’argent, du mensonge et de l’opportunisme. Aucun pays isolément ne peut éviter ou limiter les dégâts de ce phénomène redoutable et incontournable. La construction rapide d’un grand Maghreb démocratique est l’unique chance pour nos peuples de sauvegarder leurs identités et leurs intérêts et pour les Etats d’instaurer les garde-fous nécessaires à la protection de leur souveraineté. Les Etats européens ont compris cet impératif de rassemblement ; ils ont su maîtriser leurs rancœurs dominer leurs conceptions épidermiques de la souveraineté nationale pour créer et continuer à ouvrir la communauté et l’unité européenne. La garantie d’un développement soutenu du grand Maghreb démocratique se fera dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen consacré par la Conférence de Barcelone. Telles sont, cher(e)s ami(e)s, les valeurs fondamentales réaffirmées par notre 3ème Congrès ainsi que les grandes lignes politiques destinées à mobiliser les forces saines en vue d’arriver à une solution politique de l’immense crise qui dévore nos enfants. Un tout dernier mot, les valeurs sociales-démocrates ne sont en aucune manière en contradiction avec les principes de notre identité ; le socialisme dont nous nous réclamons n’étant ni un dogme ni un système. L’Internationale socialiste à laquelle nous appartenons est aujourd’hui avec ses 150 partis issus de sociétés de confessions, de langues et de races différentes, la plus importante organisation non gouvernementale du monde. Son influence dans le monde ne cesse de s’élargir et de se renforcer ; je n’en veux pour preuve que la multiplication des partis socialistes qui arrivent au pouvoir ou qui adhèrent de plus en plus à une internationale dont l’avenir mondial dépend de la fidélité à sa base morale et de son horizon éthique. Vive l'Algérie Vive l'alternative démocratique Vive le FFS
(Le Matin, El Watan 17.5, 18.5) Le FFS a dénoncé le 16 mai les entraves qu'il a rencontré, du fait des autorités, dans la préparation matérielle de son congrès des 24, 25 et 26 mai : refus des salles demandes à Alger, interdiction de collectes pour financer le congrès. Pour le Premier secrétaire du FFS, Mutapha Bouhadef, ces entraves procèdent d'une volonté de paralyser son parti, mais au-delà toute l'oppposition politique. Les autorités ont refusé successivement au FFS le Palais des Nations, la salle Harcha et la Coupole. Le FFS a pu trouver une salle à Tipaza (la salle des sports), mais s'est vu interdit de louer des chaises, et a du intervenir auprès du Premier ministre pour que cette interdiction soit levée : "Il est scandaleux qu'un parti en soit arrivé à devoir solliciter l'intervention du Chef du gouvernement pour qu'un tel proclème soit résolu", a dénoncé Mustapha Bouhadef. En outre, la collecte d'argent avec bons de souscription a été interdite, et des militants ont été intimidée à Bejaïa et Khenchela. Pour le FFS, ces pratiques s'inscrivent dans un "climat d'allégeance générale" et révèlent l'intention du pouvoir de "casser tout ce qui tente d'être autonome" par rapport à lui. "Le FFS dérange et continuera à déranger", a assuré son Premier secrétaire. Plus de 1300 congressistes doivent prendre part aux assises du FFS (mais non les huit députés radiés du FFS, qui ne font, selon la direction du parti, plus partie de celui-ci).22 membres du Conseil national du FFS et des conseils fédéraux one demandé le 17 mai à Hocine Aït Ahmed, sinon de reporter le congrès (comme le demandaient les "huit"), du moins de programmer un congrès extraordinaire dans l'année à venir. Quant aux "huit", ils ont convoqué une "conférence des cadres" (non reconnues par la direction du parti) pour le 19 mai.
(Jeune Indépendant, Matin. APS 27.5, Liberté 28.5, FFS, CSSI) Le Troisième congrès du FFS s'est ouvert le 25 mai à Tipaza, sous le slogan de l'"Alternative démocratique", avec la participation de 1218 délégués venus de 40 wilayas, de plusieurs dizaines d'invités étrangers (ambassades, partis politiques, dont une majorité de partis membres de l'Internationale socialiste), de représentants du mouvement social (organisations de jeunes, de femmes, de travailleurs, mouvements culturels) et de nombreuses personnalités politiques et culturelles algériennes, y compris des personnalités totalement opposées aux choix du FFS (comme Abdelmadjid Sidi Saïd, Secrétaire général de l'UGTA, Redha Malek, de l'ANR, , Hocine Nia, du RCD). Etaient également présents Djamil Benrabah (familles de victimes du terrorisme), Abdenour Ali Yahia (Ligue des droits de l'homme) et les cinq candidats à l'élection présidentielle de 1999 qui s'en étaient retirés avec Hocine Aït Ahmed.
Le congrès, qui devait durer deux jours, en a finalement pris trois, et a siégé pratiquement 24 heures sur 24 du jeudi 25 au samedi 27, dans des conditions matérielles très difficiles (salle inadéquate, coupures d'électricité etc...).
Dans son allocution d'ouverture, le président du parti, Hocine Aït Ahmed, accueilli par le congrès aux cris de "Si l'Hocine, mazelna mouaridines" (Si l'Hocine, nous sommes toujours des opposants) a accusé le pouvoir, constamment "en guerre contre la souveraineté populaire", d'avoir "délibérément choisi de placer le pays dans la guerre" plutôt que d'accepter une "alternance libre élue", et d'avoir "décidé que les coûts humains, moraux et matériels que cela engendrerait dans la société algérienne (étaient) secondaires, quelque soit leur ampleur". Le leader du FFS a dénoncé "l'absence totale de base morale" des "sphères dirigeantes" et a qualifié de "balivernes" la justification de l'annulation des élections de 1991, selon laquelle il fallait préserver le pays de l'intégrisme : "l'annulation du scrutin de juin 91 était destinée à empêcher l'alternance démocratique et non pas à faire barrage au Front islamique du Salut". Hocine Aït Ahmed a dénoncé la "stratégie du huis-clos systématiquement organisée avec des moyens considérables et une perversion diabolique". Il a accusé le pouvoir d'avoir voulu "isoler l'Algérie de la Communauté internationale" afin de rendre "invisible et illisible" la crise qui la secouait, une guerre "sans image et sans information objective étant la meilleure dissuasion contre toute forme de solidaroté internationale", et permettant en outre "le verrouillage de toute alternative pacifique à la crise", en créant un "climat de terreur pour qu'aucune voie discordante ne soit audible ou visible". Le président du FFS a dénoncé les "comédies bouffonnes ("diwan el garagouz") menées par des partis, des associations et des hommes politiques croupions".
Au plan économique, Hocine Aït Ahmed a mis en parallèle les "rentrées faramineuses de devises" dues aux exportations de pétrole avec "le sort d'une population rongée par une paupérisation galopante" et "condamnée à croupir dans la misère" face à une "petite couche de bazaristes privilégiés qui utilisent les leviers de l'Etat pour ammasser des richesses sans limites". Les mendiants "ne se comptent plus" et les familles ne sont plus en mesure de scolariser leurs enfants, a ajouté le président du FFS, qui a également évoqué l'"épidémie" de suicides, la "répression silencieuse" subie par les travailleurs, et celle qui a "férocement frappé les ouvriers d'El Hadjar". Quant à l'UGTA, Hocine Aït Ahmed en a dénoncé (le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd étant au premier rang des invités du congrès...) la "caporalisation" et la "nature fictive, trompeuse et inutile". Pour Hocine Aït Ahmed, on en est revenu en Algérie à la situation coloniale des "deux collèges", avec "un premier collège (composé d') une petite couche d'affairistes privilégiés qui utilise les leviers de l'Etat pour amasser des richesses sans limite" et un second collège formé de "la majorité de la population, condamné(e) à croupir dans la misère".
S'agissant du FFS lui-même, son président a assuré qu'il "n'abandonnera jamais ses idéaux" et ne "sera pas normalisé", et a ironisé sur la "frustration du pouvoir d'avoir d'ores et déjà échoué à fomenter, à l'occasion de ce rendez-vous historique, le renversement stratégique et politique du FFS". Hocine Aït Ahmed a appelé les militants du parti à "multiplier les campagnes et les débats" avec la population pour "dénoncer l'illégitimité de l'état d'urgence, la fausse vie politique" et pour "exiger la dissolution des assemblées préfabriquées, afgin de se débarraser des vitrines mystificatrices". Il a appelé également à "inventer des moyens nouveaux pour combattre l'inertie et la dépolitisation".
En ce qui concerne la stratégie politique du FFS, son fondateur a appelé à la "conclusion d'un pacte pour l'alternance démocratique", donnant comme exemples l'Afrique du Sud et le Sénégal (ou cette alternance s'est faite contre le PS au pouvoir depuis l'indépendance...), et évoquant le Maroc. Le rôle que Hocine Aït Ahmed assigne au FFS est celui de "moteur de l'alternative démocratique". Auparavant, le retrait des élus FFS de toutes les assemblées, notamment de l'Assemblée nationale, avait été envisagé lors du débat sur la résolution de politique générale. Seddik Debaïli a invité les congressistes à retenir la possibilité de ce retrait pour priotester contre le "fonctionnement antidémocratique" des assemblée communales et de wilayas, de l'Assemblée nationale et du Sénat, transformées en "chambres d'enregistrement". Hocine Aït Ahmed avait pour sa part appelé à "régler la crise de légitimité" du pouvoir "par un retour à la seule légitimité qui vaille : la légitimité populaire par l'élection d'une Assemblée constituante" pour "restituer aux Algériennes et Algériens leur destin, leur Etat et l'exercice plénier de leurs droits et libertés démocratiques".
Dans son allocution de clôture du congrès, Hocine Aït Ahmed a notamment insisté sur les enjeux, pour l'Algérie, de la mondialisation.
Le 27 mai, Hocine Aït Ahmed a été réélu (sans surprise...) à la tête de son parti à une écrasante majorité des suffrages, contre six autres candidats dont aucun n'avait la moindre chance d'être élu. Un nouveau Conseil national (160 membres, élus par les fédérations, instance suprême entre deux congrès) a été élu, au terme d'une procédure longue et éprouvante, chaque fédération se réunissant dans une salle (voire en plain air, faute de salle) pour voter, puis pour assister à un dépouillement "à la française" (lecture à haute voix de chaque bulletin) sous surveillance des militants eux-mêmes.
Avant cela, le congrès avait adopté de nouveaux statuts, faisant la part belle à l'ouverture de sa direction vers la société civile, mais contestés par une minorité assez forte des congressistes. La discussion statutaire a duré plus d'une journée et une nuit entières, en commission essentiellement, avec quelques incidents cocasses à la clef (la minorité de la commission s'enfermant dans la salle de travail de la commission pour en interdire l'accès à la majorité, par exemple...) et il aura fallu l'intervention de Hocine Aït Ahmed à trois heures du matin pour que le projet de la direction sortante soit finalement accepté à la quasi unanimité par le congrès, le président du parti en revendiquant la paternité : ce projet, a déclaré le président du parti, "j'en suis l'inspirateur" et il nous permettra de "matérialiser le principe d'ouverture du parti sur la société civile", la question posée au congrès étant dès lors de savoir s'il est ou non favorable à cette ouverture, et donc à ces statuts. La minorité, elle, assez fortement représentée au sein notamment des délégations de l'émigration et de la fédération de Tizi-Ouzou (la plus importante du parti) demandait que les membres de la direction du parti soient tous désignés par la base, des secrétaire nationaux au Premier secrétaire (désigné selon les nouveaux statuts par le président, les secrétaire nationaux étant, eux, désignés par le Premier secrétaire). Autre nouveauté : les fédérations, qui avaient jusque-là un poids déterminant dans le processus de prise de décision (dans une organisation assez comparable à celle du PS français, par exemple) en sont partiellement dépouillées au profit des sections locales, et assureront désormais essentiellement un rôle de coordination. Le Conseil national sera également ouvert aux commissions. Le congrès a également décidé de racourcir la durée du mandat des membres des commissions de discipline et des finances (à un an), qui seront désormais responsables devant le Conseil national, et non devant le congrès.
La "contestation" qui avait fait les titres d'une partie de la presse avant le congrès, autour des "huit" députés, ne s'est pas manifestée lors du congrès lui-même, sinon par l'absence du rapport de la commission de discipline, et de son président, proche des "huit".
Le Parti socialiste suisse assure le Front des Forces Socialistes, membre comme lui de l'Internationale socialiste, de sa solidarité à l'occasion de son troisième congrès national. Il espère que ce rendez-vous politique, important pour le FFS et pour l'ensemble du mouvement démocratique algérien, marquera l'affirmation des forces démocratiques et de progrès en Algérie, dans un contexte où la violence et les menées totalitaires de tous bords continuent de faire peser sur toute la population, sur ses droits et sur ses libertés, une menace douloureuse et redoutable, accentuée et nourrie encore des conséquences de politiques économiques et sociales définies en fonction des intérêts des investisseurs étrangers, suisses compris, et non des droits des Algériennes et des Algériens.
Le conflit qui a ravagé l'Algérie depuis l'annulation des élections de 1991 a causé des souffrances innombrables et quasi indicibles. La population suisse a participé avec émotion à l'épreuve endurée par le peuple algérien, en espérant une issue pacifique à une crise dont cependant la complexité échappe à la plupart des citoyennes et des citoyens de notre pays. Pour sa part, le PS Suisse, malgré la modestie de ses moyens -réalité qui n'est pas toujours bien comprise par celles et ceux qui perçoivent la Suisse, à raison, comme un pays riche, dont les formation politiques devraient disposer de ressources considérables- a tenté d'apporter l'appui politique qu'il doit du FFS et à son président, Hocine Aït Ahmed, avec lequel il est en contacts réguliers.
Pour le Parti socialiste suisse, et c'est une position que nous voudrions être partagée par tous les partis membres de l'Internationale socialiste, il n'y a pas de solutioon à la "crise algérienne" en dehors du rétablissement complet d'une démocratie véritable, qui va impérativement au-delà du respect des clauses formelles minimales de la représentation de la volonté nationale. La démocratie que le PSS appelle de ses voeux et qu'il s'engage à soutenir par tous les moyens à sa disposition comprend la liberté de culte et d'opinion, la laïcité de l'Etat, la stricte subordination de l'armée aux autorités politiques, l'indépendance de la justice, la garantie des droits d'opinion, d'expression et d'association, un droit protégeant l'indépendance de la presse et des journalistes, l'essor d'une culture de tolérance et du débat. Le développement économique, la distribution équitable des revenus et de la fortune nationale, la probité des serviteurs de l'Etat et la sécurité de l'ensemble des citoyennes et des citoyens ne pourront être atteints que dans une société démocratique construite patiemment à l'aune de ces critères -démocratie sont nous savons, dans la prétendue "plus vieille démocratie du monde", qu'elle n'est jamais atteinte une fois pour toutes et qu'il appartient à chacune et à chacun, jour après jour, de la construire et de l'améliorer.
C'est ainsi que nous vous disons, chères et chers camarades du FFS en Algérie, que votre combat pour la démocratie est aussi le nôtre -même si nous savons bien que les risques que vous prenez à le mener sont infiniment plus grands, les forces qui se dressent contre vous infiniment plus brutales, les intérêts de ceux auxquels vous faites face infiniment plus violents que ceux auxquels nous avons à faire face chez nous. Mais il arrive que nos adversaires soient les mêmes, et que ceux qui ont intérêt à ce que rien, ou presque, ne change en Algérie, soient aussi ceux qui ont intérêts à ce que rien ne les entrave en Suisse.
Chaque fois que nous contribuerons à l'avancée de la démocratie dans l'un de nos pays, nous contribuerons à son avancée dans l'autre -et chez nous aussi, la démocratie a besoin d'avancer, et avec elle la solidarité.
Chers amis, Chers Camarades,
Je vous remercie de nous avoir invités à votre congrès. Cette invitation nous permet d'abord de nous rappeler ce que nous avons, dans nos pays, oublié : que la lutte pour la démocratie et les libertés est une lutte qui peut se payer de la vie. Nous avons oublié, nous, ce qu'il en coûte de se battre pour ses droits. Merci de nous le rappeler. Merci aussi de nous rappeler que la presse peut être utilisée non pour informer, mais pour calomnier, pour dénigrer, pour saboter. Cela aussi, nous l'avions oublié.
Merci, enfin, de me permettre de témoigner que d'autres Suisses que ceux qui sont attirés ici par les privatisations, d'intéressent à l'Algérie. Il y a quelques jours a débarqué à Alger une délégation d'investisseurs potentiels suisses. Que leur a dit le représentant du gouvernement algérien ? Il leur a promis des privatisations "tous azimuts" !
Qu'est-ce que cela signifie ?
Cela signifie que l'Algérie est à vendre, que c'est le gouvernement algérien qui la vend, et qu'il ne la vend pas cher. Cela signifie aussi que tout est à vendre en Algérie : le gaz, le pétrole, la terre, les fruits, tout... et qu'il faut prendre sa part du marché.
Chers amis, chers camarades,
On vous prend pour des esclaves, et on nous transforme en marchands d'esclaves. Proposer des morceaux d'Algérie aux investisseurs suisses, français, espagnols, américains, n'est rien d'autre qu'un deal mafieux.
L'Algérie à laquelle nos hommes d'affaires s'intéressent est une Algérie "utile" où les hommes et les femmes ne comptent pas, où le peuple algérien n'a pas d'importance, où seuls les profits et le pouvoir comptent.
Les investisseurs suisses en repartiront peut-être avec un morceau d'Algérie dans le portefeuille. Nous, nous en repartirons avec un morceau d'Algérie dans le coeur !
Vive la solidarité internationale !
Vive la lutte du peuple algérien pour la démocratie et les libertés !
Vive le Front des Forces Socialistes !
Suite à cette déclaration, ou plutôt à la relation qui en a été faite par le quotidien "L'Authentique" (authentiquement bétchinien) du 27 mai sous le titre "L'Algérie est à vendre" , l'Ambassadeur de Suisse à Alger, André von Graffenried, a publié le 28 mai un communiqué, affirmant que ces déclarations, que l'ambassadeur qualifie d'"erronées", "ne correspondent en rien ni aux déclarations qui ont été faites, ni à l'esprit qui régnait lors de la visite de la délégation économique suisse à Alger. Si les représentant des autorités algériennes ont souligné l'aspect de la protection de l'investissement étranger en Algérie, ils ont tout autant insisté sur la nécessité de tenir compte des aspect sociaux et environnementaux lors de la prise de participation ou lors de la création de nouvelles entreprises (...) La délégation suisse qui a quitté l'Algérie le 23 mai n'a fait aucune déclaration dans le sens cité par M. Holenweg qui n'a rencontré aucun homme d'affaire ayant participé à cette visite. Ces propos n'engagent que lui-même". L'ambassadeur affirme que "par un investissement direct en Algérie, les entreprises suisses peuvent contribuer au développement économique de l'Algérie en créant de l'emploi, en transférant du savoir-faire et en apportant du capital. Tant les autorités suisses qu'algériennes encouragent une telle politique et ont pour cette raison décidé de négocier un accord pour la promotion et la protection de l'investissement ainsi que pour éviter la double imposition fiscale". L'ambassadeur de Suisse se dit "convaincu que la visite de cette délégation économique suisse à Alger va contribuer à relancer les relations économiques entre nos deux pays dans un esprit de partenariat dans un monde toujours plus interdépendant".
Sur la visite de la délégation suisse, nous avions donné dans notre bulletin du 22 mai l'information suivante :
(Liberté 3.6, El Watan 4.6, CSSI) Dans un dossier du mensuel "Afrique-Asie" consacré à l'Algérie, les ministres Temmar, Khelil et Maghlaoui s'expliquent sur les privatisations : Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, assure que Sonatrach ne sera pas privatisée, mais que l'Etat va se retirer de ses activités commerciales pour "clarifier" les rôles à l'égard des partenaires et associés de la société. Pour le ministre, l'Etat ne doit plus accorder sa garantie à Sonatrach pour ses prêts, et la société nationale doit chercher une participation dans son capital auprès de l'actionnariat privé, sans qu'un "bloc" puisse se constituer pour la contrôler. Quant à Sonelgaz, il est prévu de la scinder en trois holdings (production, transport, distribution), le holding production pouvant ensuite lui-même se "diviser en deux ou trois entités qui, initialement, vont être en concurrence". Le monopole de la Société nationale des transports routiers (SNTR) va être cassé et celui du stockage des produits raffinés (Naftal) ouvert au privé. Quant au ministre Hamid Temmar (Participations et réformes), qui a selon "Liberté" chargé quatre juristes de préparer la mise en place d'une "Commission nationale des réformes" pour étudier la "meilleure manière" d'opérer les privatisations, il a clairement déclaré : "Nous n'allons pas assainir (le secteur public). C'est clair et net. Nous vendons (...). Et de reconnaître qu'il est en réalité le ministre des Privatisations. Le premier qui en tire la conclusion que "l'Algérie est à vendre et que c'est son gouvernement qui la vend" est un socialiste suisse irresponsable de plus.
S'agissant de la réaction de l'Ambassadeur de Suisse à l'intervention du soussigné au congrès du FFS, il convient d'abord de relever (en le regrettant) que ce communiqué ne répond pas à cette intervention, mais à la relation qui en a été faite par la presse algéroise de langue française, et plus précisément encore à celle du quotidien du général Betchine. Or cette relation confond la citation de propos effectivement tenus soit par M. Abdelkrim Naâs Conseiller du ministre de la Participation et des réformes, lequel a annoncé une "privatisation tous azimuts" (cf "El Watan du 21 mai), avec la conclusion, effectivement "personnelle", que le représentant du PS en a tiré ("L'Algérie est à vendre"), conclusion qui, évidemment, n'engage que lui et non pas les représentants du pouvoir algérien, ni ceux des autorités suisses faisant partie de la délégation helvétique, ni, et encore moins, l'ambassadeur André von Graffenried. Par ailleurs, la déclaration du Conseiller du ministre Temmar a été faite aux investisseurs potentiels suisses après que le ministre du Commerce, Mourad Medelci, leur ait vanté les possibilité de coopération et de partenariat dans de nombreux secteurs ("comme les télécommunications, les institutions financières, l'agriculture, l'énergie, l'hydraulique, le tourisme, les mines, l'industrie et bien d'autres secteurs porteurs", écrit l'APS le 20 mai, faisant ainsi une liste couvrant la quasi totalité du tissu économique algérien...). Les efforts fait par les représentants du gouvernement algérien pour vanter aux investisseurs suisses, promesses de privatisations à l'appui, les possibilités d'investissements rentables en Algérie étaient si considérables qu'ils ont effectivement impressionné au moins deux d'entre eux, qui ont confié ("off the record") à des journalistes algériens après la rencontre du 20 mai qu'ils avaient eu impression que les autorités algériennes étaient "prêtes à tout pour attirer des investissements étrangers autres que français en Algérie").
Sur le fond, quand l'ambassade de Suisse affirme que "les représentants des autorités algériennes ont (...) insisté sur la nécessité de tenir compte des aspect sociaux et environnementaux lors de la prise de participation ou lors de la création de nouvelles entreprises", le militant socialiste répond par un doute sérieux sur la traduction concrète de cette précaution rhétorique, et sur la réalité des intentions des entreprises suisses de tenir compte de ces aspects en Algérie alors qu'elles n'en tiennent compte (quand elles en tiennent compte) en Suisse que sous la contrainte : d'une part, et les rencontres que nous avons pu avoir, à l'occasion du congrès du FFS, avec des syndicalistes algériens l'ont amplement confirmé, la politique de démantèlement des entreprises publiques algériennes s'est jusqu'à présent traduite par infiniment plus de suppressions d'emplois et de mises au chômage que de créations d'emplois. D'autre part, et tant les représentant des investisseurs que ceux des autorités suisses le savent, sans parler du gouvernement algérien lui-même, la prise de participation d'investisseurs privés, étrangers en l'occurence, dans des entreprises issues du système public ne se fera que si ces investisseurs y trouvent leur intérêt; or celui-ci est incompatible avec le maintien de l'emploi, et selon les cas, les "experts" (algériens ou suisses) évaluent à 40 à 70 % la masse de main d'oeuvre "exécentaire" dans les entreprises existantes dans lesquels ils pourraient investir. Autant dire que c'est 40 à 70 % des salariés de ces entreprises qui pourraient se retrouver au chômage, dans un pays où le taux de chômage est estimé à au moins 30 %, voire, selon les syndicalistes avec lesquels nous avons pu débattre à Tipaza, à 70 % pour les jeunes de moins de 25 ans.
L'Ambassadeur de Suisse à Alger aime l'Algérie. Il l'aime sincèrement. Il en aime la culture, l'histoire, le peuple. Les investisseurs potentiels suisses en Algérie, eux, aiment le profit qu'ils pourront tirer de leurs investissements : peut-on croire sérieusement que, entre autres entreprises suisses présentes dans la délégation suisse (sauf erreur de notre part), l'UBS, ABB, Roche, Novartis et Nestlé vont se révéler en Algérie particulièrement soucieuses des aspects sociaux et environnementaux de leurs activités, quand elles ne s'en soucient en Suisse que lorsqu'elles ne peuvent pas faire autrement, et qu'elles s'en soucient si peu ailleurs ? peut-on croire sérieusement qu'un gouvernement algérien si empressé de faire venir l'investissement étranger en Algérrie qu'il promet des "privatisations tous azimuts" et, selon les termes du ministre Medelci, cité par "Le Matin" du 21 mai un marché "de plus en plus ouvert et au sein duquel il faut être vigilant" pour ne pas être pris de vitesse par d'autres investisseurts, va imposer et faire respecter des "garde-fous" efficaces à ces investisseurs étrangers, quand il est incapable d'en imposer réellement à ses propres pratiques de privatisation et de dissolution d'entreprises publiques ? L'Ambassadeur de Suisse semble y croire. Nous n'y croyons pas. Et nous maintenons donc que nous tirons des déclarations des officiels algériens à la délégation des investisseurs suisses la conclusion que " l'Algérie est à vendre, que c'est le gouvernement algérien qui la vend, et qu'il ne la vend pas cher". Sauf pour ceux qui, réellement, payeront le prix de cette vente : les travailleurs algériens.
Sur notre propre visite en Algérie, en compagnie d'autres représentants de partis étrangers, nous ajouterons cette précision : nous ne sous sommes pas contentés d'intervenir au congrès du FFS. Nous avons passé trois jours (et une partie de quelques nuits, puisque le congrès s'est tenu sans interruption, entre débats, votes, élections etc... de jour et de nuit) à rencontrer des militants de base, à discuter avec eux, mais aussi à rencontrer des représentants d'organisations syndicales, de jeunes, de victimes de la violence, représentées au congrès ou, comme les familles de disparus, manifestant comme chaque semaine à Alger devant l'Observatoire national des droits de l'Homme. Nous avons rencontré des mères de disparus, qui nous ont chargé de transmettre à nos ambassades respectives (de Suisse, de France, d'Espagne, notamment) une demande d'audience dont nous espérons qu'elle recevra une réponse positive. Nous avons rencontré des syndicalistes (des syndicats autonomes de la fonction publique), qui mènent, souvent contre l'UGTA, des mouvements de lutte extrêmement durs, et qui nous ont dressé un tableau apocalyptique de la situation du secteur public algérien, de celle des chômeurs, de celles des "fins de droit" ou des "sans droit" au chômage. Nous ne sommes pas sûrs (pour user d'une litote) que les représentants des hommes d'affaire suisses en voyage à Alger en aient fait autant.
Enfin, une remarque sur la manière dont une partie de la presse algérienne s'est plue, lorsqu'elle en a eu connaissance, à rendre compte de nos démarches et de nos interventions. Nous avons d'abord été gratifiés de titres et de fonctions dont certaines tenaient plus du "cadavre exquis" surréaliste que d'une présentation un tant soit peu crédible des faits : se sont trouvés ainsi tous affublés du titre de "députés européens", voire de "députés de l'Internationale socialiste", un député communiste au parlement espagnol , un Vert français non député, et un socialiste suisse (et donc non "européen"...) pas plus député que le précédent, et au surplus promu ensuite "Premier secrétaire du Parti socialiste suisse" par le quotidien du général Betchine (les généraux algériens à la retraite désignant les apparatchikis sociaux-démocrates helvétiques : on est sans doute dans ce que l'ambassadeur de Suisse appelle "un esprit de partenariat dans un monde toujours plus interdépendant"...). Quant à la relation par certains quotidiens de nos interventions, elle avait la même crédibilité : celle du représentant des Verts français était accusée par "Liberté" de "friser l'ingérence interne", et celle du socialiste suisse était relatée de telle manière par "Liberté", "El Watan" et "L'Authentique" que son interprétation personnelle du panégyrique des privatisations fait par les autorités algériennes aux investisseurs suisses était présenté comme une citation des représentants de ces autorités.
Pour "La Nouvelle République" du 27 mai, en rencontrant (en "auditionnant", selon ses termes) les familles de "disparus" le 24 mai, nous nous serions "comportés comme si (nous étions) dans une République bananière". A lire certains articles de certains journaux, on pourrait en effet prendre l'Algérie pour telle, si l'on devait juger d'un pays par le niveau de sa presse. Nous préférons prendre comme critère son mouvement social : ce qu'illustrent pour nous les rencontres que nous avons eue avec des représentants de RAJ, du SATEF, des familles de "disparus", de militants de base du FFS (et pas seulement de ses bastions kabyles) est la réalité de la démocratie en Algérie : celle d'une société infiniment plus démocratique que "son" pouvoir politique, et infiniment plus respectueuse du pluralisme et rdes faits que "sa" presse (du moins de sa presse quotidienne francophone).
Il y a 38 ans, le peuple algérien, après un siècle et demi d'occupation coloniale, accédait à l'indépendance. Les grandes souffrances, les injustices, les spoliations, les violences que lui a imposé le colonialisme devaient cesser pour laisser place à un système de libertés, d'égalité, de justice et d'équité sociale.
Telle a été la grande promesse du 1er novembre 1954 ! Une promesse pour laquelle les Algériennes et les Algériens se sont mobilisés, en acceptant de subir la répression coloniale et en endurant les pires souffrances. Mais en ne doutant jamais de l'issue de la lutte, car c'était une lutte juste, portée par des idéaux démocratiques et universels, ceux des droits des peuples et des hommes.
Une promesse hélas trahie au lendemain de l'indépendance quand un clan de l'Armée des frontières s'imposa à la Nation par la force et la terreur. Et s'employa méthodiquement à réduire au silence tous les hommes, par l'assassinat, l'emprisonnement, ou en les poussant à l'exil. La dérive néofasciste s'est précisée lorsque les organisations syndicales et estudiantines ont été mises au pas. Bref, la nouvelle caste au pouvoir s'est attelée à détruire tout le capital politique accumulé par le peuple algérien.
L'Assemblée constituante, principale revendication du mouvement national, qui devait donner un socle juridique, social et politique à l'Etat algérien, a été dépouillés de ses prérogatives. Le putsch organisé au "Majestic" a constitué cette première violence politique par la violation du droit du peuple algérien à l'autodétermination.
38 ans après, cette grande injustice politique demeure. En déput des habillages idéologiques et juridiques des différents régimes qui se sont succédés depuis, la même logique de pouvoir demeure.
38 ans après, les Algériennes et les Algériens n'ont pas le droit de décider librement de leur destin ! Tous les moyens ont été utilisés par le pouvoir pour s'assurer la pérennité. Les dirigeants du système ont pour cela imposé une guerre : la deuxième guerre d'Algérie ! N'ont-ils pas été jusqu'à sacrifier en direct à la télévision un homme illustre, un des pères fondateurs du FLN historique, Mohamed Boudiaf ?
En fait, les décideurs ne se sont pas contentés de cela. Ils cherchent aujourd'hui à annihiler tout espoir en s'acharnant à briser tous les instruments que peut utiliser la société pour revendiquer son droit à exercer sa souveraineté. Après avoir "normalisé" plusieurs partis, voilà qu'ils s'emploient, et depuis le 15 avril avec acharnement, à casser le FFS.
Ainsi, après avoir dès 1962 tenté de détruire le capital politique engrangé par une longue lutte de libération, voila qu'ils tentent de dénigrer ce qui symbolise cette lutte historique. En effet, comment interpréter les attaques de Bouteflika contre Hocine Aït Ahmed, sinon comme une tentative de "liquider" un des grands repères de notre histoire contemporaine, d'"éradiquer" ce qui symbolise la continuité entre le passé et le présent, la permanence dans le combat pour la démocratie et les droits de l'Homme.
Car pourquoi cet acharnement quotidien contre un mouvement comme le FFS, sinon parce qu'il constitue un danger pour le système en place ? Non pas que notre parti cherche à concurrencer le pouvoir ou les autres partis, mais parce qu'il jouit d'une réelle autonomie de décision. Qu'il refuse de cautionner les choix désastreux, d'être une marionnette qu'on agite à l'occasion de mises en scène destinées à leurrer l'opinion nationale et internationale.
Le FFS dérange car il n'hésite pas à dénoncer les mystifications et l'illusion d'une vie politique encouragée par de faux acteurs politiques.
Le FFS dérange parce qu'il a refusé sous prétexte du "danger intégriste" de couvrir les violations massives des droits de l'homme perpétrées sans état d'âme par le pouvoir. Sans jamais minimiser le risque que pouvait constituer l'arriver des islamistes radicaux au pouvoir, ces dernières années ont fini de démontrer que l'islamisme et la violence ont été instrumentalisés de sorte à bloquer toute transition démocratique. L'état d'urgence instauré depuis janvier 1992 a permis au pouvoir d'aller vers une extinction progressive de toute vie politique. L'état d'urgence et le dispositif d'exception ont surtout désservi les forces démocratiques et pacifiques, en instaurant une bipolarisation de la violence.
Le FFS dérange parce qu'il a dénoncé une politique dite de "concorde civile" qui n'a ramené ni la paix, ni la sécurité : notre conviction est que la paix n'est pas l'absence de guerre, mais repose sur l'exercice plein et entier des droits politiques et sociaux qui garantissent une cohésion nationale par une forte intégration sociale. Et que la sécurité ne s'évalue pas en fonction du nombre de morts par semaine !
Par delà le cynisme épouvantable dont fait preuve Bouteflika pour chercher à convaincre les investisseurs étrangers, la sécurité est une question fondamentalement politique. Il ne peut y avoir de sécurité durable que si les sources de la violence sont éradiquées. Or, dans notre pays, ces sources se multiplient : licenciement de millier de travailleuirs, chômage qui avoisine les 5 millions de personnes, près de 600'000 jeunes sont exclus chaque année du système éducatif. Autant dire : une menace constante qui peut faire basculer notre pays dans le chaos.
La politique dite de "concorde civile" ne saurait garantir la sécurité, encore moins la stabilité, condition sine qua non pour une relance économique par l'apport de capitaux étrangers. L'absence de stabilité ne saurait être imputable au seul islamisme radical; l'instabilité est une caractéristique du système en place et même un principe de base pour un pouvoir qui refuse toute ouverture politique. L'absence d'autorité civile légitimée par les urnes renforce l'emprise de la haute hiérarchie militaire et des moukhabarate sur le pays. L'instabilité plonge le pays dans l'impasse et constitue la première source d'insécurité : c'est une menace constante pour l'intégrité physique des Algériennes et des Algériens. La modulation des niveaux de violence a toujours constitué un moyen par lequel se "gèrent" les crises au sommet.
La politique dite de "concorde" n'est en définitive qu'un pacte pervers entre chefs de guerre pour perpétuer l'ordre militaro-policier, et, mieux, accélérer la libéralisation sauvage de l'économie. Après avoir privatisé l'histoire et l'Etat, ils s'attellent désormais à privatiser les richesses nationales.
Le FFS ne saurait accepter une telle perspective porteuse de graves dangers pour le pays. Nous oeuvrerons avec détermination, avec toutes les forces politiques et sociales, pour faire barrage à cette entreprise néo-coloniale de confiscation du droit des Algériens à disposer d'eux-mêmes, le FFS s'étant élevé dès le recouvrement de la souveraineté nationale en 1962 contre le viol de la souveraineté populaire.
Le FFS continuera à faire du retour à la souveraineté populaire une question prioritaire. Un préalable, car rien de sérieux ne peut être entrepris, rien ne peut se construire sans la participation libre des Algériennes et des Algériens. La quête de la citoyenneté doit se traduire dans l'action quotidienne d'acteurs de la société civile pour la vérité et la justice.
Tout comme il ne transige pas quand il s'agit de promouvoir, de défendre et de soutenir la liberté de la presse, la liberté d'expression, d'organisation et de circulation, le FFS est totalement solidaire des mouvements qui refusent l'amnésie que veut imposer le pouvoir. La réconciliation entre Algériens suppose que soient clairement situées les responsabilités dans la crise que nous continuons de vivre. Non pas qu'il s'agisse de pointer le doigt sur X ou Y, mais de comprendre les causes qui ont généré la crise et fait basculer notre pays dans un engrenage meurtrier. Faisant des centaines de milliers de morts, des milliers de familles victimes de la violence du pouvoir et des islamistes.
Pour le FFS, les causes de cette crise sont d'abord politiques : c'est l'absence de démocratie, c'est le non respect des droits de l'homme qui ont favorisé l'émergence de l'islamisme radical. Mais nous savons que ce débat sur les origines de la crise, le pouvoir le refuse car il l'obligera à admettre sa responsabilité politique dans le drame qu'a vécu notre pays.
C'est pour cela qu'il faut l'imposer.
Le 20 août 1956 a vu notre révolution tenir son premier congrès, ici même à Ouzellaguen. Au moment où le doute s'était installé quant à l'issue de la lutte engagée le 1er novembre 1954, des hommes, à leur tête Abane Ramdane , ont pris leurs responsabilités pour redonner un nouveau souffle au processus liberateur. Commémorer cet événement, aujourd'hui, c'est tenter de dégager la signification historique et politique d'un acte majeur qui a permis à notre peuple d'accomplir un véritable bond et de franchir une étape essentielle dans la lutte de libération. N'est-ce pas le congrès de la Soummam qui a jeté les bases doctrinales et organisationnelles de la Révolution ?
N'en déplaise à ceux qui continuent d'instrumentaliser l'Histoire et qui, de façon indécente, et pour des calculs sordides, tentent de souiller l'image de vrais partriotes. Le congrès de la Soummam a été ce moment historique déterminant parce qu'il a su réaliser le rassemblement le plus large autour du principe universel et moderne : celui du droit des peuples à l'autodétermination politique. Un principe pour lequel des milliers d'Algériens et d'Algériennes ont payé de leur vie. Un principe qui, 4 décennies après, n'est pas respecté !
Se remémorer donc cet événement, ce n'est pas sacrifier au rituel des cérémonies auto-dithyrambiques, c'est d'abord et surtout, rappeler l'actualité d'une revendication inscrite dans l'appel du 1er Novembre 1954: la construction d'un Etat souverain et démocratique. Une revendication qui a été délibérément violée dès le recouvrement de la souveraineté nationale lorsqu'un clan de l'armée des frontières s'est emparé du pouvoir par la force. Et qu'il n'a pas hésité à pervertir la révolution dans ce qu'elle a comporté de fondamental : la démocratie, les droits de l'homme et l'équité sociale.
Qui peut mieux symboliser la dérive de 1962 que le putsch organisé contre l'assemblée constituante, principale revendication du mouvement national depuis l'Etoile Nord Africaine ? C'est d'ailleurs la raison qui a poussé des hommes et des femmes à fonder le Front des Forces Socialistes en 1963. Des hommes et des femmes qui, restés fidèles aux promesses données peuple algérien, ont refusé de cautionner une méprise et une injustice. Des hommes et des femmes qui ont refusé que la révolution, leur révolution, soit utilisée comme un fond de commerce par ceux qui ont dépossédé le peuple de sa souveraineté. Je voudrai m'incliner devant la mémoire d'un grand militant du mouvement national et du FFS qui vient de nous quitter, Hadj Amar Tobbal. Un grand homme qui a été tout au long de son parcours un modèle d'intégrité, de dévouement et de fidélité à ses convictions; un modèle qui doit nous inspirer continuellement et inspirer les nouvelles générations de militants sur qui repose l'avenir de notre pays.
Comment ne pas rester fidèles à cet héritage que nous ont transmis nos aînés et qui ont fait la fierté du FFS? Rien, absolument rien, ne nous fera renoncer à notre combat pour restituer au peuple algérien ses droits historiques. Nous continuerons à nous opposer à tous ceux qui persistent à vouloir soumettre le peuple par la force, la terreur et la violence.
Commémorer l'anniversaire du Congrès de la Soummam revient à reposer avec force le droit légitime des algériennes et des algériens à participer à la vie politique. Les différents régimes qui se sont succédé se sont attelés non seulement à privatiser la légitimité historique, pour mieux privatiser et l'Etat et les richesses du pays, mais également à "minoriser" le peuple en le présentant comme incapable d'exercer les libertés et vivre en démocratie. C'est ainsi que les décideurs continuent de justifier les schémas autoritaires allant jusqu'à exhumer l'idéologie tiers-mondiste dont les effets néfastes continuent de se faire ressentir en Algérie et en Afrique. Au FFS, nous avons, dès 1963, posé comme préalable au développement, la démocratie. L'histoire nous a donné raison, l'effondrement des dictatures de l'Est a fini par faire admettre que les droits sociaux sont indissociables des droits politiques. Les pouvoirs qui ont tiré la leçon de l'histoire, ont réussi à mener les transitions démocratiques avec succès et se trouvent aujourd'hui en meilleure position pour négocier leurs insertions dans l'économie mondiale. Que dire de notre pouvoir qui s'acharne de façon maladive à vouloir contourner des évidences au risque de placer définitivement notre pays en marge de l'Histoire?
L'autre problématique que soulève le congrès de la Soummam est le principe de la primauté du politique sur le militaire. Un principe dont l'actualité montre, s'il en est besoin, que la logique de pouvoir qui prévaut aujourd'hui plonge ses racines dans la crise de la direction de la révolution qui a culminé tragiquement avec l'assassinat de Abane Ramdane. Depuis le recouvrement de la souveraineté nationale, les différents régimes ont reproduit une vision de la lutte de libération qui l'occulte de sa dimension politique pour en faire un simple affrontement militaire. Il s'agissait de minimiser l'action politique internationale et surtout réduire le rôle essentiel du peuple dans le processus révolutionnaire pour le tenir à l'écart des décisions qui engagent l'avenir du pays. Pourtant ce sont bel et bien les manifestations populaires spontanées du 11 décembre 1960 qui ont obligé l'autorité coloniale à négocier à Evian.
La dévalorisation du politique et l'éxaltation de l'action militaire sont des constantes dans le discours officiel. L'action militaire a constitué, et constitue à nos jours, une des principales sources de légitimation du système. Le pacte secret AIS/ANP, pompeusement appelé concorde " civile " ( !), ne fait que prolonger cette logique pour perpétuer un ordre contraire à tout développement politique. La thématique récurrente de la " faillite des partis et des hommes politiques " explique cette négation du politique. Les décideurs ne cessent pas d'orchestrer des campagnes médiatiques visant à diaboliser les partis d'opposition jusqu'à les accuser d'être responsables de la crise ! Ne continue-t-on pas d'ailleurs à accuser le FFS d'avoir, lors du contrat national, repêché le FIS et d'être par conséquent responsable du prolongement de la crise ? ! Alors que l'objectif du contrat national était d'arrêter l'effusion du sang et renouer avec le processus démocratique avec cet avantage d'avoir démystifier le FIS en le réduisant à une simple composante politique du pays. Faut-il dans cet ordre d'idées rafraîchir les mémoires de ceux qui ont démesurément amplifié l'importance du FIS durant les années 89/90 tout en banalisant les forces démocratiques, rejoignant en cela les dirigeants islamistes qui qualifiaient tout le reste de " sanafirs " ?
Il faut s'interroger sur ces mots ensuite sur les faits qu'ils recouvrent et enfin tenter de reconstruire le sens de la vision qui explique leur intrusion soudaine ainsi que la poursuite de leur instrumentalisation stratégique.
Ârouch est le pluriel de Ârch. L'utilisation faite indistinctement de l'un pour l'autre, tout particulièrement en Kabylie où il fit une apparition spectaculaire lors du Printemps Noir (2001) illustre le dépérissement total, de la mémoire collective sinon du mot lui-même, du moins de tout mythe prétendument fondateur ou prestigieux. (Voir la brève note historique accompagnant ce texte)
C'est par l'établissement des faits - indépendamment des stratégies ou des buts recherchés, que passe la frontière entre la vérité et l'affabulation. L'embrasement généralisé de la Kabylie dont le monde fut témoin, à partir de fin avril 2001 ne fut pas un phénomène de génération spontané suscité par je ne sais quel appel ou rappel d'une mythologie tribale légendaire .
L'assassinat d'un adolescent, dans l'enceinte même d'une gendarmerie, le 18 avril 2001, fut le déclic d'une onde de choc qui déclencha des manifestations pacifiques de protestation et de solidarité à travers toute la région. Telle est la vérité d'adéquation; C'est évidemment cette jeunesse, l'écrasante majorité de la population, qui, flairant le complot, mit en branle organisa et réussit, pendant une dizaine de jours à maîtriser, la formidable insurrection morale de la rue. Il est vrai que ces jeunes avaient déjà acquis des réflexes de mobilisation rapides à force de désamorcer les grosses manipulations du pouvoir. Grâce à eux, notamment, les 2 coups de force pervers : le faux vrai ou le vrai -faux enlèvement du chanteur Lounès Mâatoub, puis son assassinat, avaient été mis en échec; le but obsessionnel des deux opérations était manifestement de faire basculer la Kabylie dans la stratégie éradicatrice et militariste des généraux. Le quadrillage de la Kabylie par les sections du Front des Forces Socialistes (FFS) et par ses municipalités largement majoritaires dans les willayas de la région, avait bien sûr contribué à noyer et neutraliser par des marches imposantes et pacifiques, les groupuscules subversifs et activistes dont le rôle était d'inciter à la violence et à l'émeute.
Le sort du Printemps noir 2001 ne sera pas du tout le même que les deux cabales criminelles qui l'avaient précédé. Bien que l'objectif stratégique fut le même à savoir : Noyer la Kabylie dans le sang pour mettre fin à son rôle politique moteur (à souligner). Apparemment les stratèges en chambre ont tiré les leçons des deux opérations avortées - même si le meurtre de Mâatoub , avait, hélas, réussi -Enfermés dans leurs recours traditionnels au gangstérisme en vue de régler les problèmes politiques, ont-ils compris que leur absence de tactique a torpillé leur stratégie ?
Force est de constater d'abord que le Printemps noir n'est pas une opération ponctuelle ; il continue à s'installer dans la durée ; dans moins d'un mois, il aura imposé à la population au quotidien une année d'intimidations , d'humiliations et de provocations intolérables. Sans remonter loin dans le passé, les expériences récentes ont démontré que l'instant nécessaire pour appuyer sur la gâchette ne peut suffire à comploter la déstabilisation d'une société politiquement aguerrie. Même avec le soutien d'une armature d'agitateurs, de pyromanes bien rôdés et de faux démocrates à l'affût.
Mais quel sens construire à partir du TEMPS ainsi érigé en élément tactique décisif, sinon qu'il s'agit cette fois d'une opération de grande envergure ? On ne lésine pas sur les moyens et les batteries de "L'Etat" mais encore faut-il prendre le temps pour les rassembler, les affûter puis les combiner .
L'impitoyable chasse à l'homme déclenchée, sans motif apparent, par les forces de la gendarmerie à partir du 28 avril 2002, ne contredit pas pour autant l'existence d'un plan stratégique global. Bien au contraire ,et sans en révéler les tenants et aboutissants, elle a malgré tout trahi, ses objectifs politiques, psychologiques et diplomatiques immédiats. La conduite même de cette répression sauvage était une traduction opérationnelle d'une volonté politique sans équivoque. Elle a été cyniquement revendiquée. Sortant, ainsi de leur art confirmé du déguisement, les autorités n'en ont ni accusé les "Islamistes " ni incriminé des " bavures " selon leurs vieux clichés. En tout cas, pour ce qui est des bavures, ce serait un modèle du genre, vu la simultanéité des dizaines d'assassinats perpétrés à balles réelles, le même jour, samedi 28 avril, presque dans le même quart d'heure et ce , dans des agglomérations et villages éloignés les uns des autre. Que des gendarmes aient poursuivis des blessés pour les achever à coup de bottes - selon les témoignages de journalistes pourtant proches du pouvoir - ne laisse aucune marge au hasard -: Les unités de la gendarmerie avaient bel et bien reçu, d'Alger, l'ordre de réprimer sans états d'âme les populations désarmées, fussent-ils manifestants ou non.
Un double message se dégage de l'ampleur et de la brutalité de ce coup de force : D'une part frapper de terreur la population et surtout la jeunesse de la région. A l'exemple du carnage des jeunes algérois abattus à la mitrailleuse lourde en octobre 1988 . Et d'autre part frapper de stupeur la communauté internationale afin d'éviter des réactions hostiles à la dictature et, du coup , pour décourager un mouvement de solidarité internationale avec l'opposition démocratique
C'est dire que la planification globale des facteurs diplomatico-psychologiques avait pour priorité d'aggraver l'isolement international et le désespoir des populations dans le but de les réduire à la merci du régime.
En bref, cette opération de grande envergure avait pour souci fondamental de combiner tous les moyens pour désorganiser démoraliser et normaliser la Kabylie. Cependant, instruits de leur méconnaissance totale des réalités du terrain et non encore remis des échecs de leurs tentatives de déstabilisation précédentes, les généraux ont fini par comprendre que la destruction des forces stratégiques de la région constitue le préalable incontournable à la réalisation de leur dessein totalitaire .
Curieusement le mouvement Ârch- Ârouch - le monstre du Lock Ness- surgit au lendemain des manifestations impressionnantes organisées par le FFS à Alger le 3 et 31 mai 2001, et au moment où la dissidence nationale citoyenne et pacifique ( note )amorcée en Kabylie s'était progressivement élargie à d'autres régions du pays .Ces sursauts de détermination populaire venaient de contredire les analyses classiques superficielles fondées sur la passivité des Algériens et sur la fiction bi-polaire pouvoir / intégriste . Ils ont rétabli aux yeux de l'opinion internationale la véritable équation politique qui oppose la société algérienne au système maffieux qui s'est imposé depuis prés de 4 décennies . Pire pour le sort de la junte: La société apparaissait grosse d'une protesta à l'échelle nationale .XXX SOULIGNER Que l'émergence spontanée de cette organisation ârch-ârouch , soit venue se greffer sur un profond mouvement de dissidence citoyenne oacifique et national , pour le coiffer , le prendre en main et le pervertir n'était pas une simple coïncidence. Il s'agit de la plus monstrueuse machination politico-psychologique qu'ait connu cette région. Sans ancrage historique ni implantation sociale., elle ne fait qu'instrumentaliser la colère d'une formidable jeunesse otage d'une répression féroce et d'une impasse national sans issue . Elle pousse l'escroquerie jusqu'à revendiquer la formulation " dissidence citoyenne " - un mot d'ordre largement popularisé par le FFS -pour la dépouiller de sa signification et de sa portée nationale ..Une technique totalitaire bien rompue dans l'art de semer la confusion en galvaudant et dénaturant le vocabulaire démocratique .FAIRE VIRER LE SENS DES MOTS EN ABSENCE DE SENS ..
Par contre elle bénéficie de nombreux atouts : Une sur-médiatisation quotidienne par la presse dite indépendante ; Des troupes politiques importantes intégrant les divers appareils militaro-sécuritaires déguisés en civil ( gendarmes , milices ). La DRS offrant un quadrillage professionnel renforçé de ses structures locales et willayales. : Des centaines de miliciens au service de deux seigneurs de la guerre .Les associations ACT et ACB ( Associations citoyennes de Tizi-Ouzou et de Bedjaya ), qui ,certes gardent une nuisance corruptrice parce que subventionées sans limites par le pouvoir , mais qui restent politiquement marginalisées dans la société ; car leur chef , Aïssat Rachid notoirement connu comme colonel de la D.R.S. a été promu depuis 3 ans " conseiller aux Affaires kabyles " auprès de Bouteflika.. Il faut ajouter à cette constellation , un agrégat de groupes gauchistes ainsi qu'un résidu de noyaux durs du RCD -non remis de leur discredit politique - qui , en sous-main ,redoublent de zèle au sein des ârouchs chargés de l'agitation violente et des actes de sédition .
En tout état de cause, l'effet d'annonce spectaculaire que fut la manifestation gigantesque organisée, par les Ârouch à Alger le 14 juin 2001, fut leur consécration la plus frappante. L'estimation donnée de cette ruée sur la capitale avoisinait 1 million de manifestants pouvait difficilement être contestée, malgré les légendaires sur - ou sous - évaluations "algériennes". Il est vrai que l'événement surgit dans un climat de répression et de terreur à son paroxysme, et, au surplus sur un terrain politique totalement bloqué par l'impuissance et le désespoir. Le discours non-violent et pacifique du FFS ne pouvait être qu'en porte-à-faux avec le ras-le-bol général. D'autant que la stratégie d'une omerta totale imposée par le pouvoir réel, depuis près de 3 mois, ne permettait aucune lueur d'espoir. Qui plus est: la société n'avait aucun recours puisque les 3 instances destinées à jouer le rôle de recours et de façade démocratiques : le" chef de l'Etat et des forces armées " , l'Assemblée Populaire Nationale et le gouvernement , était frappées d'un mutisme absolu . :Pas le moindre message d'apaisement à la population et surtout pas la moindre mise en garde aux forces de sécurité D'ailleurs les évènements tragiques de Kabylie auraient été sûrement évité , si le discours que Mr. Bouteflika vient de prononcer, le 12 mars dernier, l'avait été il y a un an. C'était au moment où les unités de gendarmerie avaient précisément lancé à Bedjaya leurs vastes manœuvres de racket et d'humiliations gratuites, en prélude bien lisible, au Printemps noir. Il avait alors choisi la provocation à la prévention
Le concept des Ârouch, dernière découverte des laboratoires de la police politique, illustre l'opacité et la manipulation qui fondent le fonctionnement du régime. Tout en induisant en erreur l'opinion nationale et internationale, l'intrusion des Ârouch vise du même coup à fausser les analyses des responsables étrangers. Mais l'objectif central des maffieux est surtout de ne révéler ni leurs intentions ni leurs dispositifs, en sorte que les démocrates crédibles et conséquents ne puissent anticiper et rien entreprendre avec certitude.
Or, au départ déjà la nature populiste fascisante de ce mouvement s'est trahi en jouant sur la surenchère du consensus communautaire c.à.d. sur l'unité de la Kabylie à travers son unicité politique . Le dessein maquillé étant de détruire le dernier bastion de toutes les formes de pluralisme arrachées de haute lutte. Cette organisation présentée comme porteuse de modernité a exclu la participation des mouvements associatifs et syndicaux, celle des femmes en particulier. Dès lors cette stratégie de l'apprenti sorcier, condamnent ses auteurs à exercer une redoutable violence historique en s'acharnant à enfoncer dans un moule tribal archaïque ,une population forgée pendant des siècles par les traditions de forum et de participation publiques dans les villages et les douars ( groupes de villages)
Par ailleurs, la pratique de cette organisation durant ce Printemps noir qui n'en finit pas, prouve qu'elle constitue, - en l'absence quasi totale de ce qui est appelé Etat et que s'installe un chaos organisé et rusé - l'instrument principal pour réaliser les objectifs du pouvoir en Kabylie.
A savoir:
L'éventualité d'une tentative de tchétchénisation de la Kabylie est rendue plausible par l'apparition - aussi spontanée que les Ârouch - d'une mouvance terroriste : les ( G.S.P.C. )Groupes Salafistes pour la Prédication et le combat proche des thèses de Ben Laden - déjà créditée , d'une redoutable nuisance à côté des nombreux G.I.A ,. Après tout, Poutine, l'instructeur d'hier, n'a fait que copier sur ses anciens élèves algériens, le savoir-déclencher une guerre: Il suffit de manigancer un attentat aveugle intégriste qui fauche effroyablement des centaines de victimes parmi la population civile , et le tour est joué …devant l'opinion nationale .Quant aux répercussions internationales, il peut les affronter avec ou sans l'exemple de la 2e guerre d'Algérie car il n'a pas perdu la main d 'une diplomatie agressive et habile , et d'un rideau de fer adéquat pour dissimuler ses crimes contre l'humanité et s'entêter à refuser toute solution politique . " Le livre qui vient de paraître " Un témoin Indésirable " , sous la plume d'Andreï Babitski , est utile pour comprendre et la tragédie algérienne et les risques de tchétchenisation de la Kabylie .
Plus significative est L'organisation des Ârouchs en 2 branches complémentaires: "dialoguistes" et "radicaux". Elle illustre la mise d'un dispositif tactique,destiné à camoufler la grosse frappe stratégique en préparation. En réalité les faux dialogues avec le Premier ministre visent à accréditer à l'étranger l'esprit d'ouverture des autorités sur les problèmes "kabyles". De plus en reconnaissant les Ârouch comme uniques interlocuteurs de la région, ils excluent les forces démocratiques représentatives. Par ailleurs la gestion des affaires kabyles par le dialogue, pourrait faire croire à la communauté internationale qu'un dégel similaire pourrait évoluer vers un véritable dialogue national en faveur de la paix. Hypothèse qui est totalement étrangère à la réflexion et aux comportements des décideurs.
Quant à la branche "radicale", signalons d'abord qu'elle vient d'ajouter le qualificatif " révolutionnaire " au sigle " Dissidence citoyenne " pour le substituer au caractère " pacifique et nationale " de l'authentique dissidence prônée par le FFS. . En réalité , c'est elle qui prend en charge les tâches et les manœuvres stratégiques .Elle s'occupe des tentatives de manipulation des populations et notamment de l'encadrement des jeunes dont la tranche d'âge se situe entre 14 et 20 ans. L'état de grâce étant terminé ses mots d'ordre de grèves ou de marches se heurtent à la prudence, à la méfiance et à la force d'inertie des montagnards. D'autant que les chefs clandestins du mouvement n'ont pas réussi à garder longtemps l'anonymat et qu'ils ont dévoilé leurs liens secrets avec les appareils d'"Etat".
La capacité de nuisance des "radicaux" ainsi d'ailleurs que des "dialoguistes" est dans leurs moyens financiers colossaux. Des centaines de permanents locaux, nommés chefs de quartiers, d'îlots et de villages, s'ajoutent au maillage étroit de la Kabylie par leurs agents. Ils déversent des sommes énormes pour entraîner des bandes de jeunes - otages de l'extrême pauvreté - à l'émeute, à la pyromanie, au brigandage et à la violence. Ils disposent de parcs de véhicules de toutes sortes , et ne se gênent pas pour réquisitionner par la contrainte , camions et surtout tracteurs pour casser à grande echelle . En outre ils entretiennent sans arrêt , des campagnes de propagande , de rumeurs , de manipulations et d'agitations psychologiques , grâce à leurs énormes moyens d'impression et de communication
Le plus inquiétant est que les Ârouch ne cachent plus leurs attaches avec les généraux. Le samedi 23 mars, sous prétexte de dialoguer , leurs chefs ont rencontré longuement deux généraux : Touati, qui avait géré l'Etat de siège en octobre 1988 , aujourd'hui conseiller à la présidence et à la défense, et Saïd Bey, qui fut chef de la 1ère Région militaire de Blida lors des massacres de la Mitidja et qui est aujourd'hui à la tête de la 5ème Région de Constantine. Entre Alger et Constantine semble donc s'esquisser l'étau qui pourrait le cas échéant perpétrer un complot contre le cœur de notre pays , qui serait de loin plus dévastateur que la terreur coloniale hystérique , de Mai 1945 .
Sans tomber dans les déductions hâtives ou les a-prioris idéologiques ne peut -on pas s'interroger sur les méthodes singulières dont les dirigeants du parti, des dizaines de cadres fédéraux et locaux et des centaines de militants base , ont été ciblés ,arrêtés voire enlevés , puis interrogés et surtout soigneusement listés , à la suite de la manifestation interdite , du 14 mars dernier ? N'y -a-t-il pas là des signes précurseurs d'une mesure préliminaire destinée , en cas d'opération policière … ou meurtrière , à détruire l'encadrement démocratique expérimentée de la Kabylie ( à l'exemple des démocrates Hutus, portés sur les listes noires des miliciens, et dont les dictateurs rwandais se sont débarrassés dans la foulée de leur entreprise génocidaire contre les Tutsis ..) .
Que conclure, sinon que le devoir de responsabilités impose - sans tomber systématiquement dans le catastrophisme - d'envisager les pires scénarii. En espérant que l'annonce d'un péril plausible suscitera les sursauts internationaux capables de le désamorcer à temps . Sursauts que l'historien Toynbee a dénommé les " Reflexes d'Œdipe , et dont nous espèrons qu'ils contriberont à mettre fin à cette sâle guerre infligée à la nation algérienne et qui , depuis 10 ans est exclue du champ politique et médiatique international .
Le système tribal fondé sur une parenté ethnique réelle ou mythique existe toujours dans les zones rurales des pays en voie de développement.
L'effondrement aux alentours du 15ème siècle des trois principales dynasties maghrébines a abouti à un démembrement en de multitudes royaumes. L'unification administrative réalisée sous leur bannière s'est brisée pour laisser place à la (ré)émergence des tribus. Celles-ci libérées de toute arbitrage imposée par une " autorité centrale " tombèrent dans des cycles de guerres intertribales.
La Kabylie fait exception dans son organisation de type communautaire mais dont l'unité est le village .Le Professeur Duverger donne trois exemples de cité-republiques : l'Agora hellénique, la landsgemeinde (demi-cantons helvétiques) et la Djamaa kabyle. Le vote des lois en présence de l'ensemble des villageois , les traditions de débats publiques lié au principe de rès publica. Le conseil du village kabyle est désigné par consensus, pour une courte période (au moins une année ) il est assisté de représentants des différentes parties du village au sein de Tajmaât l'instance collégiale du Village ( dont certains sont plus collégiaux que les autres pour des raisons sociales ou économiques ., presque partout et toujours). Le plus souvent les villages se fédèrent à d'autres villages , pour constituer des douars .
Sans vouloir idéaliser l'Agora , les landsgemeinde et les djamâa Kabyles comme des modèles de démocratie , puisque les femmes et les étrangers , notamment étaient exclus du débat et des droits attachés à la citoyenneté antique. Ces franchises seront, du reste, finalement acquises partiellement par les femmes. Toutefois la cité Kabyle engage son honneur à protéger la vie et les biens des étrangers ou exilés qui se mettent sous la protection de Tadjmaât .
Pendant des siècles, l'empire romain s'était vu obligé de traiter avec la "Conseil de la Confédération Quinquegentienne" englobant les 5 plus grandes vallées des 2 versants du Djurdjura .
Des siècles plus tard pour sauvegarder leurs institutions ancestrales contre les velléités centralisatrices des dynasties maghrébines, les kabyles ont pris l'initiative d'arabiser les noms de leurs instances villageoises. C'est ainsi que le Gouram ( le sage ) chef du village s'appelle l'Amin , l'un des surnoms du prophètes qui signifie intègre et digne de confiance . De même que le conseil du village a pris le non de tadjmaât, (la djemâa en arabe) qui veut dire communauté .Même les autres membres de Tadjmâat prennent l'appellation arabe de Tamen et pluriel Touman , celui ou ceux qui se portent garant de la gestion de l'Amine .
Les villages et douars ont également fait échec aux tentatives du pouvoir ottoman d'Alger qui dès le 16émme siècle sur les ruines des dynasties maghrébines s'étaient acharnés à briser ce cadre d'organisation en tentant de ressusciter le système et les conflits tribaux.
En Algérie, le phénomène tribal avait été maintenu par la colonisation. Il avait d'abord été géré par " les Bureaux Arabes" mis en place pendant la longue conquête militaire pour mieux contrôler les régions amazighophones plus difficiles à soumettre. "Les Affaires indigènes" désignent à leurs têtes des caids, des aghas et Bachaghas, dénominations et fonctions calquées sur le modèle " ottoman ". Elles ont pris en compte la spécificité de la Kabylie en nommant des caids à la tête des villages regroupés en douars .
Les prédispositions du village kabyle à devenir des municipalités avaient probablement incité le ministre de l'intérieur socialiste Depreux en visite en Kabylie , en automne 1945, après les grandes répressions de Mai 1945 à ériger , à titre d'expérience , le statut de quelques villages ou douars de Kabylie en communes de " pleine exercice ." Par opposition aux communes indigènes appelées pudiquement " mixtes" dirigées par des potentats-administrateurs.
A noter que les Djemâas kabyles ont presque toujours réussi à doubler les institutions administratives coloniales. C'est elles qui désignent, des comités Ad Hoc appelés aussi Djamâa, pour régler des litiges intérieurs , réconcilier des villages d'un même douar .Elles parvenaient , même à court-circuiter les méandres de la justice coloniale , en réglant de graves crises entre douars de différentes vallées dont les enjeux pouvaient porter sur des questions de souveraineté territoriale ou des dettes d'honneur , par exemple.
Les Assemblées communales instituées après l'indépendance avaient une existence fictive et inopérante dans l'ensemble du pays. Leur fonctionnement étaient faussés par les truquages électoraux , par la primauté du parti unique , l'intrusion généralisée de réseaux maffieux , et la tutelle draconienne et corruptrice des préfets . Le vide politique consécutif à l'extinction des libertés d'expression et d'organisation autonomes , a certes rabattu l'opinion vers les mosquées, mais c'est le système ârouch qui, dans les Constantinois récupérera la scène politicarde, surtout électorale au bénéfice des officiers et autres dignitaires de la Nomenclatura. En Oranie et dans le Sud algérien, cette pré-éminence allaient plutôt, aux confréries religieuses, en bulletins de vote ou en défilés canavalesques de soutien .aux potentats du coin .
En Kabylie , ni les Ârouch ni les confréries religieuses, n'avaient fait leur apparition pendant les élections municipales de 1997. Jamais élections algériennes même à l'époque coloniale n'avaient été si ouvertement et brutalement falsifiées, par des commandos fascistes de l'armée, de la police et des milices .Les willayas de Kabylie ont échappé aux coups de force hystériques grâce a leur contexte sociologico-stratégique .L'habitat n'est pas atomisé comme dans la plupart des campagnes algériennes. Villages et douars formés par des traditions publiques , disons pré-civiques , jaloux de leur souveraineté ,et averties contre les techniques de la fraude ont su imposer leur contrôle.
Une grosse épreuve de falsification de la part du pouvoir aurait provoqué des torrents de révolte que le FFS aurait eu du mal à calmer. Bien sûr, la fraude n'a pas manqué au niveau des listes électorales revues et corrigées par les agents de la DRS nommés à la tête des mairies. Le FFS a remporté 75 pour cent de l'ensemble des APC et des APW ( Conseils de Willayas ). A Tizi-Ouzou , sur les 67 APC , le FFS en a remporté 48 plus l'APW. A Bedjaia, il dirige 36 APC sur 52 et il gère l'APW de Bedjaia. La gestion transparente de ces municipalités en présence des citoyens et citoyennes a permis un dialogue permanent avec eux. Ces derniers savent le refus des autorités de financer les projets économiques et culturels des A.P.C. FFS. Quoiqu'il en soit les délibérations des ces communes se font en présence de la population ; la distribution des logements sociaux se fait sous leur contrôle , recourant notamment au tirage au sort , mais toujours au profit exclusif des familles en détresse. Cette expérience de gestion détonne, évidemment, avec les pratiques maffieuses qui, ailleurs, constituent la règle et provoquent chaque jour des émeutes. Dans d'autres régions du pays. Le pouvoir local FFS gène, par son caractère exemplaire; cependant , il ne deviendra un "casus Belli", que lorsque Le Livre Noir confectionné par nos différents élus locaux et willayaux publia les noms d'officiers et autres comparses civils , qui avaient fait main basse sur les biens communaux tout en s'adonnant aux spéculations foncières . C'est alors que commença en Kabylie la gestation du futur phénomène ârouch. Déjà , le serpent était dans l'oeuf : Les agents de la police politique , les maffieux nommément désignés par le Livre Noir , les chefs des milices , les officiers de gendarmerie, privés de leurs bons d'essence gratuits et autres plus grosses faveurs offerts par les APC de Papa, se mirent alors à multiplier rencontres clandestines harcèlement des commerçants et provocations des citoyens .
Hocine Aït-Ahmed
FFS :
29 septembre 1963/ 29 septembre 2004 :
L’histoire de l’avenir
par Amati Si Larbi
L’Histoire reste constamment en éveil tant que
toutes les vérités n’ont pas été, l’une après l’autre, mises à la lumière. Il
est ainsi d’une réalité que les officiels passés et présents tentent de dévoyer
et souvent de diaboliser : c’est l’histoire du FFS dont les racines remontent
au mouvement national libérateur. Des amalgames et des raccourcis sont souvent
empruntés par les détenteurs du pouvoir pour noyer son essence démocratique
,qui à terme, sera le catalyseur d’une démocratisation de l’Algérie et partant
,de tout le Maghreb des peuples même si, aujourd’hui, le parti vit une crise .
De l’indépendance confisquée à la
résistance.
5 juillet 1962 ,c’est l’indépendance. L’Etat
devait construire la nation algérienne. Seulement, l’Etat qui devait établir le
pouvoir unique à partir des exigences de la société dans sa diversité, est
devenu l’enjeu de la politique au lieu d’en être le moteur. Ainsi , les
colonels qui avaient su préserver l’autonomie de la glorieuse ALN durant la
guerre de libération comme gage de l’avenir, réalisent eux-mêmes le schéma
parfait d’un pouvoir autoritaire et répressif. Pendant ce temps là , le peuple
pleurait ses martyrs, le chômage frappait des pans entiers de la société alors
qu’une bonne partie de la jeunesse émigre en France après avoir combattu le
colonialisme français. Le pays n’est pas le leur ,il faudrait le reconquérir.
C’est dans ce contexte que Hocine AÏT AHMED,
alors député de Sétif, avait vite compris que les vraies valeurs de Novembre
54, source de sacrifices de tout un peuple, volaient en éclat et qu’il fallait
un sursaut salvateur, comme il l’explique le 10 juillet 1963 : « … J’ai
décidé de mener une lutte politique ouverte contre le régime
socialo-mystificateur…C’est le seul moyen de désamorcer la situation rendue
explosive…et par l’incapacité de l’Assemblée Nationale Constituante de bloquer
le totalitarisme du régime… » C’est l’opposition ouverte.
Né officiellement le 29 septembre 1963 dans
une conjoncture nationale douloureuse, le FFS est par essence même le résultat
des excès totalitaires des putschistes des frontières et le prolongement de la
crise de 1962. Cette situation conflictuelle profonde, ne donne aucune valeur
au débat politique à l’intérieur de l’Assemblée Nationale Constituante.
Ainsi, le FFS dans ses balbutiements, stipule,
dans la proclamation rendue publique le 29 septembre 63 :
1.
D’opérer le redressement de la révolution algérienne.
2.
D’en assurer la continuité en instaurant un socialisme fondé sur l’adhésion
populaire, seule garante de justice sociale et de liberté.
Sur la base de ses statuts, le FFS se
positionne en rassembleur de tous les exclus du régime militaire et arbitraire
qui maintient ses adversaires dans la clandestinité (P.R.S), accule le P.C.A
(Parti Communiste Algérien) à la soumission, et vide l’UGTA de son autonomie
par rapport au pouvoir. Les fondateurs du parti ,issus de différentes régions
du pays , s’attellent à redresser les idéaux de la révolution au profit du
Peuple, seul héros de la guerre. Mais, le pouvoir use de tous les moyens
répressifs et démagogiques pour combattre, mater et éliminer cette nouvelle
force vive qui redonne espoir à la population qui panse ses blessures. Les
insultes et dénigrements publics contre Hocine AÏT AHMED accusé de «
séparatiste et assoiffé de pouvoir » par le président Ahmed BEN BELLA, attisent
le conflit : les chefs militaires des « Wilayas » déterrent la hache de guerre.
La Kabylie sera le théâtre d’opérations militaires qui replongent la population
dans un nouveau cauchemar. La riposte des troupes de l’A.L.N acquises aux
thèses du FFS ne se fait pas attendre. C’est la guerre ouverte.
Mais une aubaine s’offre au régime pour donner
un coup dur à la résistance armée du FFS : le problème frontalier avec le
Maroc.
Usant de la langue de bois, le pouvoir
exploite la sensibilité patriotique du peuple en greffant la crise frontalière
sur les vrais problèmes du pays que le FFS avait déjà dénoncés. Cette manœuvre
diabolique porte un coup terrible à la résistance du parti : la défection de la
moitié du 1er Etat Major du FFS avec son infrastructure militaire en novembre
63, permet l’arrestation de Hocine AÏT AHMED le 17 octobre 1964. Mais malgré
cela, la victoire militaire est impossible pour les deux parties en conflit. La
nécessité d’une négociation globale s’impose.
Les premières tractations débutent entre
janvier et février 1965, et se concluent par des accords qui prévoyaient « la
libération de tous les détenus politiques » et « l’intégration des militants du
FFS dans la vie active ».
La deuxième phase des négociations porte sur
le volet politique qui doit reprendre après la conférence afro-asiatique
d’Alger prévue pour fin juin 1965. Les jalons du multipartisme sont jetés . Le
FFS est reconnu de facto comme deuxième parti du pays comme le titre à la Une
le quotidien «El Moudjahid» de la deuxième quinzaine de juin 1965.
Mais les intérêts étroits du régime militaire,
n’ont donné aucune chance à l’ouverture démocratique qui se profile à
l’horizon. Le 19 juin 1965, un coup d’Etat militaire met fin à tous ces
espoirs. Dés lors, une nouvelle phase commence pour le FFS.
La clandestinité
La répression subie sous les régimes de BEN
BELLA et celui des putschistes rend caduque l’accord passé avec le FLN
provoquant ainsi un flottement dans les structures du FFS. Pendant la détention
de Hocine AÏT AHMED, certains cadres du parti rejoignent les putschistes et
accèdent à des postes de responsabilités gouvernementales. Leur silence
complice accélère le démantèlement du FFS.
Une offensive généralisée est alors déclenchée
par le régime contre deux organisations nationales, l’UGTA et l’UNEA, qui à
terme, pouvaient être dangereuses pour eux.
Une répression inhumaine s’abat sur
l’organisation estudiantine qui avait déclenché une grève générale en février
1968 pour revendiquer la liberté d’expression. Sur sa lancée, les autorités
attaque sans ménagement, le cercle des Etudes Berbères de l’Université d’Alger.
En janvier 71, suite à la politique de
normalisation à l’algérienne qui ne tolère aucune revendication, le pouvoir
viole les franchises universitaires et arrête plusieurs étudiants en grève
suite à la dissolution de l’UNEA et du Cercle des Etudes Berbères. Durant cette
phase de clandestinité, le FFS se réorganise dans les milieux estudiantins,
sous l’égide des Etudiants Démocrates et l’Université (E.D.U) et syndical.
Mais la sécurité militaire arrête brutalement
tous les éléments suspectés d’appartenir au parti.
Entre 1972 et 1978, le FFS essaye de retrouver
ses marques et passe en Algérie entre les mailles de la Sécurité militaire car
le parti avait pu garder sa structuration au sein de la communauté immigrée.
Ainsi ,en mars 1979, le FFS élabore une charte
intitulée « L’Alternative Démocratique Révolutionnaire à la Catastrophe
Nationale ». Cette brochure, largement diffusée en Algérie malgré la
répression, ouvre le chemin et éclaire toute une jeunesse avide de liberté et
de démocratie. Ainsi, le Printemps Berbère de 1980 est la première
démonstration de la frustration des jeunes et leur marginalisation par les
pouvoirs publics. Les militants du FFS qui ont piloté cette action de force, la
payent par des arrestations arbitraires : plus d’une centaine à la Place du 1er
Mai et d’autres à Tizi-Ouzou.
Face à l’ampleur du mouvement, jamais vu dans
l’Algérie indépendante, et devant l’impossibilité d’une solution pacifique, le
pouvoir redouble de férocité et institutionnalise la répression et les tortures
et donne au Mouvement, à travers ses relais, une dimension régionaliste.
Une deuxième « opération jumelle bis » est
déployée en Kabylie devenue zone interdite. Mais cet élan populaire aux
aspirations démocratiques ne s’arrêtera plus. Il démystifie aux yeux des
algériennes et algériens l’invincibilité des forces de sécurité.
Deux ans après, en avril 1982, l’Oranie est le
théâtre de manifestations populaires réprimées dans la violence.
En 1985, le pouvoir bascule.
Alors que les membres fondateurs de la ligue
Algérienne des Droits de l’Homme sont jugés par la Cour de sûreté de l’Etat le
15 décembre en présence d’observateurs internationaux, Hocine AÏT AHMED et
Ahmed BEN BELLA signent le 16 décembre à Londres «La Proclamation pour
l’instauration de la Démocratie en Algérie ».
Cet acte éminemment politique exacerbe les
luttes intestines au sein du pouvoir. Le régime craint une contagion de
l’Oranie une nouvelle fois. Il n’est plus possible de régionaliser le problème
en brandissant le « syndrome kabyle ».
Mais le régime militaire a plus d’un tour dans
ses poches : en 1987, Ali MECILI, cheville ouvrière du FFS, militant invétéré
de la Démocratie et artisan du rapprochement des deux leaders BEN BELLA et AÏT
AHMED, est assassiné à Paris par un proxénète. L’enquête sur cette hideuse
liquidation n’aboutira aux « Raisons d’Etat ».
Les événements se précipitent. Le peuple
algérien, excédé par les malversations au sommet du Pouvoir, l’arrogance des
nouveaux riches, les exclusions, les pénuries et la répression, finit par faire
trébucher le régime lors des émeutes d’octobre 88. La peur a changé de camp
malgré l’usage systématique de la torture. Le monde entier découvre la vraie
nature du régime .
La timide ouverture démocratique
Une seule issue reste au pouvoir pour éviter
sa chute: amorcer une pseudo-ouverture démocratique pour se refaire une
toilette vis à vis de l’opinion internationale.
A cet effet, une nouvelle constitution sur
mesure avec la reconnaissance du multipartisme (associations à caractère
politique) voit le jour le 23 février 1989. Mais ce geste, à la limite de la
machination, ne règle rien. Les dés sont pipés. Pour preuve :
1- Un parti politique, le RCD est proclamé
exactement le 11 février 1989, suite à une rencontre « secrète » entre des
personnalités influentes au sommet du régime et les membres fondateurs de ce
nouveau parti avant même la promulgation de la loi .
2- Des partis islamistes sont agréés
contrairement à l’esprit de la nouvelle constitution.
Ces manœuvres politiciennes sont spécialement
destinées à déstabiliser et à contrer les partis nés « hors des laboratoires »
du « cabinet Noir » de la Présidence.
Malgré cet état de fait, Hocine AÏT AHMED
rentre au pays le 15 décembre 1989 après 23 années d’exil. L’accueil triomphal
qui lui est réservé par des milliers de citoyens est de bonne augure : l’espoir
demeure pour l’instauration d’une vraie démocratie en Algérie. La fin de la
clandestinité est enterrée. Une nouvelle ère commence pour le FFS, force
politique avec laquelle il faut désormais compter.
La légalité
« Les tentations totalitaires, les
doctrines sécuritaires et les prétextes d’ordre public sont autant de
tentatives vaines d’arrêter une évolution inéluctable ». Extrait de la synthèse
des travaux du 1er Congrès du Parti en Mars 91.
Cette réflexion résume à elle seule les
manœuvres du régime. Mais le FFS, farouche opposant à la dictature et la police
politique, entame la construction démocratique de la Nation algérienne par un
travail pédagogique et pacifique. On citera ci-après quelques événements
majeurs de la période de la légalité.
Le premier acte politique d’envergure par
lequel le FFS a initié sa démarche, a été l’introduction dans les mœurs
politiques algériennes de la notion de boycott des urnes lors des élections
locales de juin 1990. Sentant la manœuvre politicienne du pouvoir, le FFS
appelle la population au boycott. Sa décision est justifiée par le fait que le
pouvoir « offrait à la nouvelle opposition un cadeau empoisonné », car dans
chaque commune jadis gérée par le FLN , la corruption, l’anarchie et le
dirigisme étaient érigés en mode de gouvernance . Prendre en charge en ces
temps là une APC relèvait du suicide politique. Les partis ayant pris part à la
mascarade l’ont payé vis à vis de la population.
Mars 1991, le Premier Congrès du parti pour «
Une Algérie libre et Heureuse » est l’occasion de rappeler aux militants et aux
citoyens l’attachement du FFS aux idéaux de démocratie, liberté, égalité et
solidarité de la révolution algérienne. C’est donner les instruments
démocratiques qui garantissent aux algériennes et algériens un avenir prospère
qu’ils édifieront en toute souveraineté.
Décembre de la même année, les législatives «
propres et honnêtes » sont avortées entre les deux tours.
Le 02 janvier 1992, le FFS appelle la
population à une marche citoyenne pour aller au deuxième tour des élections.
Une marée humaine envahit les rues de la capitale. Ce sursaut citoyen n’empêche
pas le pouvoir d’arrêter le processus démocratique et réalise un coup d’état
sous la couverture d’une démission du Président de la République. C’est le
point de départ d’une spirale de violence infernale. Le choix populaire a été
violé, bafoué malgré les avertissements du président du parti Hocine AÏT AHMED
lancés en direction de la haute hiérarchie militaire en proposant l’ouverture
d’un dialogue politique avec les forces en présence.
En Juin 92, le Président du HCE, Mohamed
BOUDIAF est assassiné en direct à la TV dans l’exercice de ses fonctions. C’est
le summum de la violence. La maffia politico-financière inaugure le cycle de
liquidations politiques et symboles de la révolution. En Août de la même année,
sur insistance de ses proches, Hocine AÏT AHMED retourne à son exil.
Le FFS tente de désamorcer la situation rendue
explosive par le pouvoir militaire et les islamistes fondamentalistes.
L’affrontement est inéluctable. Le pouvoir choisit le tout-sécuritaire et les
islamistes les maquis. L’engrenage répression/ terrorisme est le quotidien des
algériennes et algériens. Devant cet enfer, le FFS appelle de nouveau au
dialogue et à la réconciliation nationale. Le pouvoir reste sourd.
En Janvier 1995, des personnalités et partis
politiques représentants différentes sensibilités de la société algérienne,
signent à Rome le « Contrat National » et invitent le régime à s’y associer
pour arrêter l’effusion de sang. La réponse du pouvoir a été le rejet
«globalement et dans le détail» de cette offre de paix. La violence continue,
la réconciliation entre algériens devient tabou. Dans sa logique meurtrière, le
pouvoir organise des élections présidentielles la même année pour une
reconfiguration subjective du paysage politique.
Le candidat de l’armée prône la paix. Le
peuple dans son vote refuge choisit le général ZEROUAL espérant voir le
rétablissement de la paix. Les trois autres candidats lièvres retournent chez
eux avec leur quotas concoctés dans les labos de l’hombre . Mais la violence ne
s’arrête pas.
En Mars 1996, 2ème Congrès du parti pour la
Paix , la Démocratie et la Justice Sociale. Un slogan qui résume l’aspiration
profonde du peuple. La violence, le non-droit et la dictature, la misère et la
paupérisation sont son lot au quotidien. La Paix, la Démocratie et la Justice
Sociale sont des rêves fous.
En mars 1997, le FFS prend part aux élections
législatives. L’occasion de s’adresser aux masses pour expliquer le vrai sens
de la paix et de la réconciliation. L’Assemblée Nationale est la tribune
privilégiée du FFS à l’adresse des Algériennes et Algériens soumis au diktat du
pouvoir.
En octobre de la même année, les élections
locales dévoilent une fois de plus au monde entier la mauvaise foi du régime
algérien. La fraude au grand jour filmée en direct par une T.V étrangère ne
décourage pas le pouvoir qui entérine ces résultats contestés par la grande
majorité des partis politiques suite à la protesta initiée par le FFS.
En Juin 1998, assassinat d’un symbole
populaire, rebelle et indomptable : MATOUB Lounès. La suite des événements
(création de l’ACT et l’ACB) nous renseigne un peu plus sur les commanditaires
de cette liquidation qui avait entre autre poussé Zéroual à la démission.
1999 : Elections Présidentielles anticipées
avec la participation de Hocine AÏT AHMED. L’élan populaire suscité lors de la
campagne électorale présidentielle, met en branle la machine de la fraude au
profit du candidat du système. A quelques heures du scrutin, six (06) candidats
à la magistrature suprême se retirent et laissent BOUTEFLIKA candidat face à
lui même.
Son intronisation révèle aux Algériens et Algériennes
qui avaient, dans leur majorité, dit oui à ceux qui avaient osé dire non à
cette mascarade, une réalité amère : tout ce que le FFS prônait pour la sortie
de la crise, combattu par le pouvoir et ses relais médiatiques, politiques et
associatifs, est repris à son compte et applaudi par ceux qui le rejetaient
hier encore.
Paix, Réconciliation Nationale, Dialogue ne
sont plus synonymes de complaisance avec l’islamisme radical et avec le FIS en
particulier.
Si le FFS avait été écouté à temps , la sagesse
aurait fait à l’Algérie l’économie d’une tragédie absurde !
Aujourd’hui, les conséquences de l’assassinat
de Guermah Massinissa ont provoqué une crise jamais égalée en violence en
Kabylie. Les Algériens seront témoins d’une position du FFS qui n’arrangeait
pas ses propres intérêts mais qui s’inscrivait dans un cadre plus large :de
l’unité nationale. Un combat titanesque fut livré pour la préservation de cette
unité. Mais au détriment des orientations du 3ème congrès . Beaucoup de retard
a été enregistré dans l’application des résolutions des dernières assises
nationales ce qui a fini par avoir des répercussions négatives sur le
fonctionnement interne du parti . C’est un fait que l’opinion a constaté à
travers l’instabilité qui a atteint jusqu’aux dirigeants , source, en partie,
de l’aphonie politique actuelle.
Alger le 28/09/2004
Hanafi SI LARBI
Membre du conseil national du FFS
Sources :
Salem Chaker in - Imazighen assa-
Hocine Ait Ahmed in - L’affaire Mécili-
Mohamed Harbi in - Le FLN mirage et réalités-
Ferhat Abbas in - L’indépendance confisquée-
Ramdane Redjala in - L’opposition algérienne-Témoignages des anciens de 63
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