Troubles Commission socialiste de solidarité internationale
©Pascal Holenweg, Genève, 2002

Changer de millénaire ? Rien à foutre :

C'est de monde que nous voulons changer !


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Lettre de la Commission Socialiste de Solidarité Internationale, Genève




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Merde au troisième millénaire !

Vive le troisième siècle !!!


POUR EN FINIR AVEC L'AN 2002

VIVE L'AN 210


Il faut que cette société soit changée de fond en comble. Elle ne se changera pas dans le sang. Elle changera du jour où la justice, qui n'était qu'endormie, s'éveillera au grand effroi de ses fossoyeurs et plus que jamais rayonnante s'assiéra sur son tombeau. (André Breton)

Nous sommes quelques uns (qui rêvions d'être plus nombreux) à avoir été sérieusement lassés, pour user d'un euphémisme poli, par le vacarme à la con fait autour du "passage à l'an 2000", de l'"entrée dans le troisième millénaire" et autres foutaises.


Nous voulons manifester à la fois notre ras-le-bol de cette lessive médiatique et notre indifférence à l'égard du passage d'un millésime à un autre, dans un calendrier aussi arbitraire que n'importe quel autre...

Il a existé et il existe encore de nombreux calendriers : l'histoire des hommes est l'histoire de leur tentative de mesurer le temps qui passe.

En fait, qu'un millésime se termine par trois zéros nous serait strictement indifférent si l'on ne nous sommait pas de prendre cette numération pour un événement...
De toutes façons nous n'entrerons dans le troisième millénaire du calendrier chrétien version grégorienne qu'en 2001, puisque ce calendrier (qui ne connaît pas d'an zéro) ouvre le premier millénaire en l'an 1, le second (logiquement) 1000 ans plus tard (1 + 1000 = 1001) et le troisième encore 1000 ans plus tard (1001 + 1000 = 2001). A moins qu'un millénaire ne dure que 999 ans ?


L'an 2000 n'est pas pour demain

Nous ne sommes entrés le 22 septembre 1999 que dans l'an 208 de la République, c'est-à-dire de la Liberté, de l'Egalité, de la Fraternité. Liberté, égalité et fraternité qui restent à construire.


Le 22 septembre 1999, soit le

1er Vendémiaire 208

... nous avons célébré l'An nouveau. Parce que c'est le premier jour de l'an d'un autre calendrier

Parce que cet autre calendrier est

...antiraciste

...antifasciste

...anti-intégriste

...multiculturel

...universaliste

Parce que le premier jour de l'an selon ce calendrier est le premier jour de l'automne et que c'est un jour d'égalité (entre le jour et la nuit, puisque d'équinoxe)

... parce que "vendémiaire" signifie "mois des vendanges" et que c'est d'assez bonne augure (bacchique) pour des festivités...

et accessoirement, parce qu'il fallait bien proposer une date et un (autre) calendrier.

Bref, POUR EN FINIR AVEC L'AN 2000, VIVE L'AN 208 !!!

Mettons en lumière la relativité de l'histoire, l'arbitraire des chronologies et tout ce qu'il nous reste à faire pour que le monde soit vivable à ceux qui y vivent.
Combattons toutes les formes de fascisme, de racisme et d'intégrisme

Les interventions parlementaires à Genève



Le calendrier républicain

Date républicaine
convertir une date de votre choix dans le calendrier républicain : réponse dans la semaine
 
Bonne année 208
 
Le 22 septembre 1792, lendemain de l'abolition en France de la royauté par la Convention nationale, fut proclamé premier jour de la République. La mise au point de ce calendrier a été conduite par le mathématicien Romme, avec l'aide des astronomes Lalande, Delambre et Laplace. Pour le nom des mois (12 mois égaux de 30 jours plus les jours complémentaires ou Sans-cullotides), on fit appel à un poète, Fabre d'Eglantine.
Nous sommes entrés le 21 septembre 1999 dans l'année 208 de la République.

Le calendrier républicain

1792 = an 1
22 septembre = jour de l'an (1er vendémiaire)
22 septembre 1999 = 1er vendémiaire 208
1er janvier 2000 = 12 nivôse 208 

22 septembre-21 octobre : VENDÉMIAIRE
22 octobre-20 novembre : BRUMAIRE
21 novembre-20 décembre : FRIMAIRE

21 décembre-19 janvier : NIVÔSE
20 janvier-18 février : PLUVIÔSE
19 février-20 mars : VENTÔSE

21 mars-19 avril : GERMINAL
20 avril-19 mai : FLORÉAL
20 mai-18 juin : PRAIRIAL

19 juin-18 juillet : MESSIDOR
19 juillet-17 août : THERMIDOR
18 août-16 septembre : FRUCTIDOR

17-21 septembre : sans-culottides


Les interventions parlementaires à Genève

Foin de l'an 2000

Le 1er Floréal an 207 de l'Egalité genevoise (20 avril 1999), le Conseil municipal de la Ville de Genève a débattu et décidé de la proposition de rétablissement du calendrier républicain, déposée par les Conseillers municipaux Pascal Holenweg (PS) et Guy Valance (Alliance de Gauche).

Cette proposition a, inexplicablement, été refusée par 26 voix contre 14 (et une dizaine d'abstentions).

Vous trouverez ci-après le texte de la proposition en question et celui de sa présentation par le Conseiller municipal Pascal Holenweg.


(projet d') ARRÊTÉ de MM. Pascal Holenweg et Guy Valance :

Rétablissement du calendrier républicain

Exposé des motifs :

Nous sommes quelques uns (mais sans doute sommes nous plus nombreux encore) à commencer à être sérieusement lassés, pour user d'un euphémisme, par le vacarme médiatique fait depuis déjà trop longtemps autour du "passage à l'an 2000", de l'"entrée dans le troisième millénaire" et autres foutaises, où les projets mercantiles ne le disputent qu'à la paranoïa sectaire.

Il nous importe donc de manifester à la fois notre ras-le-bol de cette lessive médiatique et notre indifférence à l'égard du passage d'un millésime à un autre, dans un calendrier certes usuel, mais fondamentalement aussi arbitraire que n'importe quel autre.

Il convient en outre de préciser que de toutes façons, nous n'entrerons dans le troisième millénaire du calendrier chrétien qu'en 2001, puisque ce calendrier (qui ne connaît pas d'an zéro) ouvre le premier millénaire en l'an 1, le second (logiquement) 1000 ans plus tard (1 + 1000 = 1001) et le troisième encore 1000 ans plus tard (1001 + 1000 = 2001).

Il convient enfin de rappeler que Jésus étant né trois ou quatre ans avant le début calendaire de l'"ère chrétienne", celle-ci est déjé entrée dans son troisième millénaire depuis deux ou trois ans.

Il ne nous semble donc pas inutile de rappeler que nous n'"entrons dans le deuxième millénaire" que par référence à un calendrier à la fois particulier et erroné (le calendrier chrétien, dans sa version grégorienne).

Or toute participation d'une collectivité publique à quelque manifestation que ce soit célébrant ce "passage" serait non seulement une manifestation de conformisme socio-culturel malvenue, mais également contraire à la laïcité telle que nous pouvons aujourd'hui la concevoir et la défendre, respectueuse du pluralisme religieux, indépendante de toute tradition religieuse particulière, et soucieuse de manifester cette indépendance dans chaque domaine de l'action publique.

La frénésie calendaire qui depuis des mois s'est emparée des media nous paraît donc imposer une réponse symbolique. Cette réponse ne peut que consister en l'usage, concuremment au calendrier usuel (puisqu'il ne nous est pas possible d'imposer un autre calendrier dans un délai aussi bref que celui qui nous sépare des cuistreries du "passage à l'an 2000") d'un calendrier "alternatif". Ne songeant pas à inventer un nouveau calendrier, et ne pouvant, au nom même de la laïcité que nous invoquons, user d'un autre calendrier religieux, il ne nous reste guère à disposition que le calendrier républicain, instauré en France (et adopté à Genève alors que Genève était encore une République indépendante) en 1792.

Il va d'ailleurs sans dire que le choix de ce calendrier plutôt que d'un autre nous convient d'autant plus qu'il s'agit d'un calendrier révolutionnaire et républicain, ce qui ne saurait que convenir à la République de Genève, vieille cité de révolutions.

Enfin, cerise républicaine sur le dessert calendaire, nous suggérerons à la Ville de faire quelques économies budgétaires bienvenues en s'abstenant d'accorder le moindre soutien matériel à quelque manifestation que ce soit, destinée à "marquer" de quelque manière que ce soit le "passage" d'un siècle ou d'un millénaire à l'autre dans quelque calendrier particulier que ce soit.

Considérant :

1. Le caractère arbitraire, particulier et religieux du calendrier usuel en vigueur;

2. L'atteinte à la laïcité que représente la mise en avant de ce calendrier d'origine religieuse plutôt que les autres calendriers d'autres origines religieuses, ou que de calendriers sans origine religieuse;

3. L'erreur, commune, consistant à considérer l'an 2000 plutôt que l'an 2001 comme la première année d'un nouveau siècle et d'un nouveau millénaire, d'autant que la calendrier usuel s'est trompé de plusieurs années dans la fixation de sa date initiale;

4. L'absence totale de raisons crédibles pouvant inciter la Ville de Genève à prendre quelque part que ce soit à l'agitation médiatique et mercantile entretenue autour du "passage à l'an 2000";

5. L'utilité et la légitimité de rappeler symboliquement le caractère précaire, arbitraire et symbolique de tout calendrier,

Le Conseil municipal,

vu l'article 30, lettres g) et h) de la loi sur l'administration des communes du 13 avril 1984

arrête :

1. L'usage du calendrier républicain est rétabli, concurremment à celui du calendrier usuel (grégorien), du 22 septembre 1999 (1er vendémiaire 208) au 21 septembre 2001 (Jour des Récompenses de l'an 209)) pour tous les actes officiels émanant de la Ville de Genève.

2. Tous les documents administratifs et toutes les communication émanant des autorités municipales et des services publics municipaux devront, dès le 22 septembre 1999/1er vendémiaire 208 et jusqu'au 21 septembre 2001/Jour des Récompenses de l'an 209 être datés en usant des deux calendriers, grégorien et républicain.

3. Aucune subvention ni aucun soutien matériel impliquant une charge budgétaire ne sera accordé sur les budgets 2000 et 2001 à quelque manifestation que ce soit, destinée à marquer le passage d'un siècle à l'autre dans un seul calendrier.

4. Il est ouvert au Conseil administratif un crédit de Fr. 80.00 (quatre-vingt) pour couvrir les frais inhérents à l'application du présent arrêté.

Il sera pourvu à cette dépense par un prélèvement de Fr. 1 sur les jetons de présence des Conseillers municipaux en charge au moment de l'acceptation du présent arrêté

 


Présentation du projet par le Conseiller municipal Pascal Holenweg

Citoyen Président,

Citoyennes conseillères et citoyens conseillers,

Salut et Fraternité, en ce jour du 1er Floréal, jour des roses, de l'an 207 de l'Egalité genevoise !

Pas plus que nous-mêmes, vous n'aurez pu échapper au ragoût médiatique touillé depuis quelques années déjà, mais dont les effluves nous envahissent depuis quelques mois, à propos de l'an 2000, et où se mêlent assez indistinctement fétichisme arithmétique, crétinismes millénaristes, paranoïa sectaires et calculs mercantiles. La première raison de notre proposition est notre profond ras-le-bol à l'égard de cette triste agitation, et notre envie de rappeler à ceux qui s'y livrent autant qu'à ceux qui y cèdent quelques triviales vérités d'évidence : d'abord que, dans un calendrier dépourvu d' " an zéro ", les millénaires, comme les siècles, ne débutent qu'en leur an 1 ; ensuite que nous avons déjà passé depuis plusieurs années le supposé " seuil " de l'an 2000 de l'ère chrétienne, puisque le Christ est né au moins trois ans avant la première année de sa propre ère ; enfin que ce seuil est parfaitement insignifiant, dès lors qu'il n'y a de calendrier qu'arbitraire, particulier et inexact.

Quant à la seconde raison de notre proposition, elle est explicitement politique, pour ne pas dire idéologique puisqu'elle exprime une volonté d'affirmer par un calendrier laïque, républicain et révolutionnaire l' attachement de la Commune à la République, de la République à la laïcité et de la Commune autant que de la République -l'une procédant de l'autre- aux combats qui se mènent encore pour la concrétisation des droits fondamentaux de la personne humaine. Le calendrier républicain avait été instauré pour manifester la conviction des révolutionnaires de l'An II que rien ne serait désormais plus comme avant, nous vous proposons de le rétablir pour manifester notre conviction que tout reste encore à faire pour concrétiser le vieux projet de la vieille révolution : la liberté et l'égalité (la fraternité étant venue s'y adjoindre par la suite, sans doute comme un moyen aux fins).

Or donc, citoyennes et citoyens, il nous faut tout d'abord rappeler qu'il n'est de calendrier qu'arbitraire, relatif, culturellement et historiquement normé.

Un calendrier est un système élaboré par une communauté ou une société pour donner à l'écoulement du temps des repères permettant de déterminer des intervalles de temps -des délais, Ces systèmes sont multiples, arbitraires, culturellement déterminés et historiquement normés. Il a donc existé et il existe donc encore de nombreux calendriers différents -et que l'un d'entre eux (le calendrier grégorien) ait connu une diffusion plus large que les autres, et ait été adopté ou imposé généralement, n'implique ni qu'il soit le meilleur, ni qu'il doive être le seul. En d'autres termes, il peut y avoir un calendrier véhiculaire comme il y a des langues véhiculaires, calendrier ou langue véhiculaires qui n'abolissent ni les calendriers ou les langues vernaculaires, ni même d'autres calendriers ou langues véhiculaires possibles. De ce point de vue, le calendrier grégorien peut avoir le même statut " véhiculaire " que la langue anglaise (ou plutôt, le pidgin globalisé a quoi la langue de Shakespeare a été réduite) ou le swahili en Afrique orientale : ça n'est pas parce que ce pidgin nous sert à communiquer " internationalement " que nous sommes conduits à abandonner la pratique du français, et ça n'est pas parce que le calendrier grégorien s'est répandu internationalement que nous sommes condamnés à sa seule manière d'égréner une chronologie. En fait, on connaît et on utilise encore, concuremment au calendrier grégorien, plus d'une centaine de calendriers différents de par le monde. Le calendrier grégorien est sans doute celui dont la diffusion est la plus large, puisque les sociétés, les Etats et les cultures qui l'ont élaboré ou l'ont adopté l'ont diffusé un peu partout, mais il n'est ni le seul, ni même vraisemblablement celui à qui, dans l'usage commun, domestique ou social, il est fait le plus massivement recours. Le calendrier traditionnel chinois, de plus de 2600 ans plus ancien que le calendrier grégorien, est probablement plus souvent que lui utilisé dans la sphère privée, familiale ou sociale "non légale" -et pas seulement en Chine même...

Ce qu'il nous importe ici d'affirmer, c'est donc la relativité et l'arbitraire de notre calendrier légal, et par conséquent la possibilité de lui adjoindre un second calendrier, dont nous pourrions user concuremment, un peu comme l'on peut user concuremment d'une langue officielle et d'une langue privée, d'une langue véhiculaire et d'une langue vernaculaire, d'une langue internationale (l'anglais aujourd'hui) et d'une langue nationale.

Il convient donc de rappeler que le samedi 1er janvier de l'an 2000 du calendrier grégorien n'est autre que :

  • le 24 ramadan de l'an 1420 du calendrier musulman arabe (ou de l'an 2949 du calendrier traditionnel berbère)

  • le 23 tebeth de l'an 5760 du calendrier juif

  • le 25ème jour du onzième mois de l'an 4697, année du lièvre dans le calendrier chinois

  • le 13ème jour du quatrième mois de l'an 2543 du calendrier bouddhiste thaïlandais et de l'an 2127 du calendrier bouddhiste thibétain

  • le 22 keihak de l'an 1716 du calendrier copte

... et le 11 nivôse de l'an 208 du calendrier républicain, français et genevois...

Nous usons, par tradition, par conformisme et par fainéantise intellectuelle, d'un calendrier historiquement arbitraire et religieusement relatif. Ce calendrier est un bricolage opéré à partir d'un calendrier précédent (le calendrier julien), lui-même bricolé à partir des calendriers romains antérieurs.

Le calendrier actuellement usuel est un calendrier religieusement relatif : c'est le calendrier catholique. Nous insistons ici à la fois sur la précision confessionnelle (calendrier " catholique " et non " chrétien ", puisque les coptes, par exemples, utilisent un autre calendrier), et sur la précision : " actuellement ", puisque d'autres calendriers furent en usage dans nos sociétés, et que très vraisemblablement ce calendrier " actuellement " usuel finira bien par laisser place à un calendrier à la fois plus précis et plus commode. Notre calendrier usuel, grégorien, doit son nom au pape Grégoire XIII, à qui le concile de Trente (le concile de la Contre-Réforme -et donc de l'offensive contre la Genève calvinienne demanda d'établir un nouveau calendrier remplaçant le calendrier julien.

L'origine de notre calendrier présentement usuel est donc religieuse -et non seulement chrétienne, mais plus précisément encore catholique. Ce calendrier a été adopté et généralisé dans l'Europe catholique d'abord, protestante ensuite, puis, plus tardivement, dans l'Europe orthodoxe. Finalement, ce calendrier particulier (européen, chrétien, catholique) s'est généralisé, non par ses vertus propres, mais par le fait de la domination du monde par l'Europe chrétienne occidentale.

Ce calendrier est par conséquent religieusement et culturellement marqué (et marqué d'ailleurs de manière historiquement fausse) : faire commencer une ère calendaire à la date de la naissance supposée du Christ n'a évidemment qu'un sens relatif pour un musulman, un juif, un bouddhiste ou un animiste que pour un chrétien -et Genève est une République laïque. Ne serait-ce que pour cette raison, il convient d'adjoindre au calendrier usuel, véhiculaire, un calendrier vernaculaire, proclamatoire de cette laïcité et des valeurs qui la fondent. Ce calendrier-là, nous vous le proposons : c'est le calendrier républicain.

Conçu par un mathématicien (Romme) aidé d'astronomes (Lalande, Delambre et Laplace), rédigé par un poète (Fabre d'Eglantine), le calendrier républicain a été officiellement adopté le 24 octobre 1793 (3 Brumaire an II) par la Convention de la République française, qui a fixé le premier jour de l'an I au 22 septembre 1792 (jour de l'équinoxe d'automne et de la proclamation de la République). Le 22 septembre 1792, la Convention avait déjà décrété que l'abolition de la monarchie ouvrait l'an I de la République et que tous les actes officiels devraient être désormais ainsi datés, mais les noms des mois restaient encore ceux du calendrier traditionnel. Le nouveau calendrier tiendra quatorze ans avant que d'être aboli le 11 nivôse XIV (1er janvier 1806) par l'Empire napoléonien, qui restaurera le calendrier grégorien en même temps que les fastes monarchiques. La Commune de Paris en 1871 décidera cependant de rétablir le calendrier républicain, concuremment au calendrier grégorien -ce qui ne saurait que légitimer la commune de Genève -née d'une loi de Pluviôse- à en faire autant

Genève a d'ailleurs déjà, et à deux reprises, vécu l'expérience d'un changement de calendrier : la première fois, ce fut le 31 décembre 1700, dernier jour de la dernière année du XVIIème siècle julien, que la République décida de faire suivre sans transition du 12 janvier 1701, en passant du calendrier julien au calendrier grégorien. Accessoirement, l'événement nous confirme bien que nous ne passons d'un siècle à l'autre, et à fortiori d'un millénaire à l'autre, que dans la nuit du 31 décembre du millésime " double zéro " (ou " triple zéro " pour un millénaire). L'ancienne République le savait donc, qui attendit le 31 décembre 1700 (et non le 31 décembre 1699) pour passer d'un calendrier à l'autre en même temps que d'un siècle à l'autre. Il ne s'est rien, strictement rien passé à Genève entre le 1er et le 11 janvier 1701, parce qu'il n'y a pas eu de 1er janvier 1701 à Genève, et que l'on y est directement passé du 31 décembre 1700 au 12 janvier 1701.

La deuxième expérience que Genève fit d'un changement de calendrier fut celle de l'adoption du calendrier républicain, qui se fit en deux temps : d'abord par la République de Genève encore indépendante mais déjà " révolutionnée ", et qui se mit à compter le temps à partir de l'an I de l'Egalité genevoise (laquelle est supposée commencer le 12 décembre 1792, avec l'acceptation de l'Edit politique qui mit fin à l'Ancien Régime), ensuite par la Genève toujours " révolutionnée " mais désormais française, qui adopta le calendrier républicain français puisqu'elle était devenue le 8 Fructidor an VI (25.8.1798) la préfecture d'un département français, après que le Traité du 7 Floréal an VI (26.4.1798), ait réuni (ou annexé) la petite République à la grande.

Il faut le rappeler, et y insister : Genève est entrée dans la modernité politique en usant du calendrier républicain pour dater ses décisions fondamentales : l'égalité entre les citoyens date de Frimaire an I, l'autonomie communale de Pluviôse an VIII et la liberté de conscience de Germinal an X

Rétablir le calendrier républicain à Genève, ce peut donc être aussi se souvenir de nos propres révolutions, et en particulier de celle de 1792 : le 12 décembre de cette année là, après dix ans d'agitation, de conflit, d'émeutes, d'affrontements souvent meurtriers -et d'interventions étrangères-, les Genevois instaurèrent l'Egalité politique : furent désormais considérés comme citoyens de Genève tous les citoyens, bourgeois, natifs et habitants de la Ville et de la campagne, ainsi que tous ceux nés dans Genève ou sur son territoire de père protestant ou reçu des " lettres de domicile ou de permission ". Une Assemblée nationale fut chargée de la révision complète de la constitution, tous les jugements politiques rendus pendant le siècle furent annulés (notamment ceux rendus contre Rousseau et ses ouvrages). Le premier jour de l'an I fut le 12 décembre 1792, ce qui fait de 1792 à la fois l'an I de l'Egalité genevoisee et l'an I de la République française. J'ajouterai que la Ville de Genève doit à la République française d'être devenue une commune : la loi qui accorde à la Ville de Genève le statut, les pouvoirs, les institutions et les compétences d'une commune est datée du 28 pluviôse de l'an VIII . S'il y a aujourd'hui un Conseil municipal à Genève, c'est à une loi du 28 Pluviôse de l'an que nous le devons. De même que c'est à une loi du 18 germinal an X que les catholiques genevois doivent de pouvoir pratiquer librement publiquement leur culte.

Nous ne pouvons pas en outre ne pas évoquer ici l'une des conséquences socialement les plus intéressantes du passage du calendrier grégorien au calendrier républicain : le passage d'une semaine de sept jours à une semaine de dix jours, c'est-à-dire une réduction massive du temps de travail. En effet, si nous adoptons un calendrier dont les semaines comportent trois jours de plus que le calendrier usuel, et cela sans augmenter le temps de travail hebdomadaire, nous répartissons ce temps de travail hebdomadaire sur trois jours de plus, c'est-à-dire que nous diminuons le temps de travail journalier ou augmentons le temps de repos hebdomadaire. En clair, le temps de travail hebdomadaire de la fonction publique municipale restant fixé à 39 heures par semaine, mais la semaine comportant désormais dix jours au lieu de sept (et huit jours ouvrables au lieu de cinq), nous nous retrouvons avec un temps de travail journalier moyen de moins de 4 heures pour l'ensemble de la semaine, ou de moins de cinq heures pour la semaine usuelle de travail, à moins que l'on ne choisisse d'accorder cinq jours de repos pour cinq jours de travail. Les employés municipaux auraient ainsi le choix, par exemple, soit de travailler trois heures de moins chaque jour -mais trois jours de plus par semaine, ou de continuer à travailler à peu près huit heures par jour en moyenne, mais en ayant cinq jours de congés consécutifs tous les dix jours. La journée de travail de cinq heures ou cinq jours de congé par semaine : l'adoption du calendrier républicain ne concrétise pas seulement le principe de laïcité et l'attachement de Genève aux droits de l'Homme et du Citoyen, elle concrétise aussi la vieille revendication de libération du temps.

Citoyen Président, Citoyennes Conseillères, citoyens Conseillers,

En attendant de changer le monde (puisqu'il nous paraît qu'il en a grand besoin), ou plutôt pendant qu'il change (puisqu'il nous paraît qu'il change, mais trop lentement, et pas forcément dans la bonne direction), nous pouvons remettre les pendules de l'histoire à l'heure : en entrant dans l'an 208, nous signifions que l'an 2000 des droits de l'Homme et des libertés fondamentales n'est pas encore pour demain, Nous reconnaissons la longueur du chemin encore à parcourir, et la brièveté de celui parcouru. En choisissant un calendrier laïc, nous affirmons notre respect du pluralisme religieux, et notre refus de scander le temps qui passe en nous pliant à une scansion religieuse relative et arbitraire. Enfin, en choisissant un calendrier dont l'année initiale peut être choisie par nous-même, nous affirmons notre souveraîneté, et l'inscrivons dans la continuité du mouvement démocratique moderne en même temps que dans l'aire culturelle à laquelle nous appartenons, la francophonie, puisque ce calendrier, quelle que soit sa date de départ, fut celui de la Première République française et celui de la Commune de Paris, en même temps qu'à Genève, celui de l'égalité des citoyens, de l'autonomie de la commune et de la liberté de conscience.

Finalement, nous affirmons notre volonté de changer les règles du jeu social, en proposant de changer la mesure du temps qui passe.

On pourra sans doute nous reprocher de nous contenter de peu, et de ne proposer de changer le calendrier que faute de pouvoir, ici et maintenant, changer le monde -mais il nous faut bien commencer par quelque chose, et commencer par changer la mesure du temps nous donnera au moins un peu plus de temps pour changer l'ordre du monde, puisque comme l'écrit Raoul Vanegeim :

" Le monde est à refaire : tous les spécialistes de son reconditionnement ne l'empêcheront pas. De ceux-là, que je ne veux pas comprendre, mieux vaut n'être pas compris "

Vive la République !
Vive la Commune !





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