TROUBLES : Albanie, Montenegro, Macedoine, diapora albanaise, Balkans









Albanie


Mise à jour : 14 juillet 2006
©Pascal Holenweg, Geneve, 2006


Sommaire

La crise de Kosove : l'ultime guerre de Milosevic ?








La crise en Kosove et ses conséquences en Albanie
Albanie
L'Albanie en insurrection
Les élections de 1997
La diaspora albanaise
Kosovë, Serbie
Montenegro
Macédoine
Grèce
Italie
La communauté albanaise de Suisse
Menaces sur le droit d'asile des Albanais
Un appel d'Amnesty International
Bibliographie

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Albanie

L'Albanie en insurrection

Ismaïl Kadaré, sur l'Albanie : Un peuple fatigué, qui mérite de vivre et non de continuer à mourir.

(AFP 7.3) Le peuple albanais est "un peuple fatigué 
qui mérite de vivre et non de continuer à mourir", a 
déclaré le 7 mars Ismaïl Kadaré, qui vit entre Paris et 
Tirana et revendique "une vision absolument libérée 
de toutes passions politiques" et affirme que la seule 
chose qui l'intéresse "est que l'Albanie soit gouvernée 
de manière sérieuse".
Le plus grand écrivain albanais, qui a 61 ans, dit 
"éprouver une grande et profonde tristesse" :

"Dans ma vie, je n'ai jamais connu un tel désespoir. L'Albanie a connu plusieurs situations difficiles, mais jamais aussi désespérantes. Au cours de sa longue histoire, le pays a été souvent menacé, mais c'est la première fois qu'il est menacé par son peuple, de guerre civile; voilà pourquoi c'est quelque chose de nouveau et d'une grande tristesse".

"La responsabilité impardonnable et grave de cette situation incombe avant tout à la classe politique albanaise, à la société albanaise qui a laissé pourrir cette situation. Parce que personne n'a le droit moral d'accuser l'autre, parce que tous ont participé à ce crime, l'Etat, l'opposition, la société, les media, les journaux, et même une partie de la population qui savait en pensait profiter. Six mois auparavant, quant le ministre des Finances d'Albanie a condamné à la télévision albanaise ce système pyramidal, tout le monde s'est jeté sur lui et l'a obligé à se taire".

A la question "comment les Albanais se sont laissés 
berner à ce point ?", l'écrivain répond :

Je crois que c'est lié à cette psychose après la chute du communisme. Les gens voulaient rattraper le temps perdu, dire adieu pour toujours à la pauvreté. Ils ont construit un autre rêve : s'enrichir par tous les moyens. Ils ont cru à ce rêve, ils ne voulaient pas sortir de leur rêve et êtzre réveillés"

"Je pense que si la classe politique albanaise continue de profiter de cette situation tragique, elle va être accusée non seulement d'irresponsabilité, mais de participer au crime".

"Le sang-froid et la sérénité sont indispensables. Il ne faut surtout pas en faire un spectacle. Si la situation ne s'améliore pas, je suis convaincu de la nécessité absolue d'un arbitrage international. Nous avons devant nous un peuple qui a perdu sa sérénité, en train de se dévorer lui-même, de commettre son suicide. Devant cette tragédie colossale, il faut absolument un arbitrage, c'est très important pour les Balkaniques, et surtout pour les Albanais".

"Il faut une aide politique ou militaire. Il suffit d'une présence militaire, par l'ONU ou l'OTAN, conçue comme une force tampon, pour restaurer le sang-froid".

Originaire de Girokaster dans le Sud de l'Albanie, 
Ismaïl Kadaré estime que la réaction du sud est venue
parce que cette région est "plus dynamique économiquement
et politiquement plus agitée". 
Avait-il senti la crise venir ?

"J'avais un lugubre pressentiment lors de mon dernier voyage en Albanie, fin novembre. Je l'avais senti à cause de la radicalisation de la pensée, une violence verbale, un langage inacceptable dans la presse. Auparavant, l'offense verbale dans le code coutumier était passible de peine de mort; après, tout le monde a commencé à parler contre tout le monde. J'ai pensé que cette vengance privée allait prendre des dimensions colossales".

Trois mois d'insurrection

Janvier

Février

Mars

Avril


Les développements de la crise

Trois mois d'insurrection dans le sud de l'Albanie

(AFP 11.3) Le 11 mars, les insurgés du sud contrôlaient treize villes et un quart du territoire albanais :

Les Comités des villes du sud forment un Comité de salut national

Les "Comités" de Saranda, Gjirokastra et Delvina, mis en place par les insurgés , ont commenc(#233; à coordonner leur action le 13 mars au cours d'une réunion à Saranda avec le Consul général de Grèce pour préparer l'arrivée d'une aide humanitaire grecque. Des officiers à la retraite ou limogés sont à la tête de ces trois comités, qui sont en contact permanent pour coordonner leurs actions en matière de sécurité et d'ordre public. Les responsables des comités de Saranda, Gjirokastra, Delvina, Tepeleni et Vlora ont créé le 13 mars un "Comité national de salut public" qui a demandé d'être associé au règlement de la crise albanaise. Ce comité national serait présidé par le responsable du comité de Gjirokastra, Agim Gozeica. Le responsable du comité de Saranda, Xhevat Kociu, a démenti toute intention de constituer un "gouvernement" sécessioniste du sud insurgé.

Les développements de la crise

(AFP 3.3) Sali Berisha a été réélu le 3 mars et pour 5 ans président de la république albanaise par le Parlement, au lendemain de la proclamation de l'état d'urgence, par 113 voix contre une et quatre abstentions. L'élu a aussitôt prêté serment devant le Parlement, pouvoir organe suprême de l'Albanie, où le Parti démocratique détient 122 sièges sur 140 et que les principaux partis d'opposition boycottent.

(AFP 6.3) Dans le premier appel conjoint lancé depuis le début des troubles par le parti au pouvoir et les partis de l'opposition, les partis politiques albanais ont appelé dans l'après-midi du 6 mars, à l'issue d'une table-ronde qui les a réuni autour du président Berisha pendant plus de cinq heures, les insurgés du sud à rendre les armes et proposé une amnistie pour ceux d'entre eux qui n'ont pas commis de "crimes". Les partis proposent également que les opérations militaires dans le sud soient suspendues pendant 48 heures à partir du vendredi 7. Le Conseil de la défense, présidé par le président Berisha, a décidé le 6 mars au soir de suspendre les opérations militaires "offensives" dans le sud du pays pour une durée de 48 heures à partir de vendredi, 6 heures du matin.

(AFP 8.3, 9.3) Le 9 mars le président Berisha a proposé, dans une déclaration en direct à la télévision, la formation d'un gouvernement de "réconciliation nationale" réunissant tous les partis (socialistes compris), ce qu'il refusait encore la veille, et une amnistie à tous les insurgés, ainsi que des élections législatives dans les deux mois. Il a à nouveau appelé les insurgés à rendre leurs armes dans un délai d'une semaine. Ces propositions, qui correspondent à un recul complet du président Berisha et à une acceptation par le pouvoir de presque toutes les exigences des insurgés.

(AFP 9.3) Le pouvoir et l'opposition se sont mis d'accord le 9 mars sur la formation d'un gouvernement de coalition nationale et l'organisation d'élections générales avant le mois de juin, sous la surveillance de l'OCDE. L'opposition a accepté de lancer un appel aux insurgés pour qu'ils rendent les armes dans un délai d'une semaine, en échange de l'amnistie générale acceptée par le président Berisha.

L'accord du 9 mars

Poursuite du dialogue entre les partis politiques.

Un post-scriptum du texte invite le Parti socialiste a cesser son boycott du Parlement.

(AFP 2.4) Le Parti socialiste a décidé le 2 avril, par 66 voix contre 9 et 8 abstentions lors d'une réunion de son Conseil national, de participer aux travaux du parlement qu'il boycottait depuis mai 1996, à l'issue d'élections qu'il accusait le gouvernement d'avoir truquées, et qui ne lui avaient accordé que 9 sièes.

(AFP 8.4, 9.4) Le président Berisha a invité le 7 avril tous les partis politiques du pays à une "table ronde" pour discuter d'un "nouveau projet de constitution". Le parti socialiste, sans repousser formellement l'invitation, a estimé que "discuter de la constitution lorsque les chars sont présents dans les rues semble absurde". Le Parti socialiste, le Parti social-démocrate et l'Alliance démocratique ont qualifié d'"inacceptable" la proposition de faire approuver une nouvelle constitution "par le parlement actuel qui est illégitime" en raison des fraudes qui ont marqué son élection. Selon le PS, "une nouvelle constitution ne peut être approuvée que par un nouveau parlement après de nouvelles élections libres".

(AFP 9.4, 12.4) Le prétendant au trône d'Albanie, "Leka 1er", est arrivé à Tirana le 12 avril après 56 ans d'exil en provenance d'Afrique du sud où il s'était installé au début des années '80. Accueilli par 2000 partisans enthousiastes, "Leka 1er" n'avait auparavant passé que les trois premiers jours de sa vie dans le pays dont il revendique le trône, en succession de son père Zog 1er, qui s'était auto-proclamé roi en 1928 après avoir pris le pouvoir lors d'un putsch. Pendant son exil, Leka avait joui de l'accueil et des faveurs du régime franquiste espagnol, avant d'être expulsé d'Espagne pour avoir servi d'intermédiaire dans un trafic d'armes entre l'Afrique du sud (au temps de l'Apartheid) et la Rhodésie (devenue Zimbabwe).

(AFP 17.4) Les partis politiques albanais se sont mis d'accord pour que les élections législatives anticipées aient lieu le 29 juin prochain. Cependant des divergences persistent sur ses conditions. Subistent entre autres les problèmees de l'accès aux media, toujours contrôlés par le parti de Sali Berisha, et celui du maintien ou non de l'actuelle loi électorale, les partisans du président souhaitant qu'elle soit conservée et ceux de l'opposition qu'elle soit "proportionnalisée".

(AFP 18.4) Le président Berisha a donné son accord le 18 avril pour l'organisation d'un référendum sur la "forme de régime que doit avoir l'Albanie, monarchie ou république", conformément à un accord établi en mars entre tous les partis politiques. Le vote aura lieu en même temps que les élections législatives prévues en juin,

(AFP 17.5) L'opposition albanaise a posé le 17 mai ses conditions pour participer aux élections législatives convoquées le 29 juin, et qu'elle menace de boycotter si ces conditions ne sont pas remplies. Les huit partis d'opposition, dont le PS, réclament que la commission centrale électorale soit nommée par le gouvernement, que ses décisions soient prises à la majorité des deux tiers et que des observateurs internationaux y participent. Ils exigent également que le découpage électoral soient confiés au gouvernement, qu'un nouveau chef de la police secrète soit nommé dans un délai de trois jours, qu'un nouveau conseil de la radio-télévision sot nommé, comprenant des représentants de tous les partis composant le gouvernement de réconciliation nationale, et que soit signé un "contrat" entre le gouvernement, les partis politiques et les institutions internationales sur la participation de ces dernières à la supervision des élections. Selon les signataires de cette déclaration, ces propositions représentent la dernière possibilité de compromis avec le Parti démocratique de Sali Berisha.

(Reuter 23.6, TG, NQ 24.6) Les dirigeants de cinq parti politiques albanais, dont les trois plus importants, ont signé le 23 juin à Rome, à l'initiative de la Communauté de Sant-Egidio, un accord en quatre points (le "Pacte pour l'avenir de l'Albanie") promettant d'assurer un "dialogue politique correct, en évitant toute violence qui puisse entraver la liberté de mouvement et d'expression des idées politiques" avant les élections législatives du 29 juin, dont le "bon déroulement libre et correct" est une condition de la "solution à la grave crise que traverse l'Albanie". Le Pacte reconnaît la nécessité d'un gouvernement de coalition stable et démocratique, et garantit à l'opposition l'obtention de postes de surveillance désicifs au Parlement, donc sa vice-présidence, la présidence d'une commission de contrôle et de diverses commissions parlementaires. Cet accord a été signé par Tritan Shehu pour le Parti démocratique, Fatos Nano pour le Parti socialiste et Skender Gjinushi pour le Parti social-démocrate. Les dirigeants de deux petits partis de droite (le Parti républicain et le Front national) ont également participé à la réunion mais n'ont pas signé le texte final pour ne pas porter préjudice aux autres petits partis, absents de Rome. "Le futur de l'Albanie sera sans Berisha", a déclaré à l'issue de la réunion des partis politiques albanais à Rome, le Président du PS Fatos Nano, qui a cependant ajouté que Sali Berisha pourra "vivre en paix" avec l'actuelle opposition si elle arrive au pouvoir, car elle lui a "offert des chances pour trouver un nouveau rôle politique".

Les élections du 29 juin et du 6 juillet

(AFP, Reuter, 29.6, 30.6) Les élections du 29 juin se sont déroulées dans un calme relatif, mais trois personnes ont néanmoins été tuées et quatre blessées le jour du vote.

(AFP, Reuter, ATS, Libération 29.6, 30.6, 1.7, Le Monde 10.7) Les différents partis en lice se sont mutuellement accusés de fraude et d'entraves à la liberté du scrutin. Des représentants du Parti démocratique ont affirmé que leur parti avait été empêché de faire campagne dans une vingtaine de circonscriptions, essentiellement dans le sud du pays; des représentants du Parti socialiste ont porté la même accusations, mais concernant le nord du pays. La Commission électorale centrale (CEC) a signalé avoir reçu de nombreuses plaintes à propos de bulletins de vote non arrivés ou arrivés trop tard dans les locaux de vote, de "pressions" contre des membres des commissions électorales. La responsable de la mission de l'OSCE de contrôle du processus électoral, Catherine Lalumière, s'est déclarée satisfaite du déroulement du scrutin, qu'elle a considéré comme "acceptable et adéquat". Le communiqué des observateurs internationaux, signé par Catherine Lalumière, Johnston Russell pour le Conseil de l'Europe et Javier Ruperez pour l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, considère que les électeurs ont pu voter "sans crainte et sans intimidation, bien qu'il y ait eu de sérieux problèmes de dépouillement dans quelques secteurs", et note un "comportement impartial et correct des commissions électorales dans la plupart des cas". Au total, selon le communiqué, "il a été démontré que l'Albanie, en dépit de quelques irrégularités mineures et de quelques problèmes sérieux dans de rares zones, était capable, avec la proche collaboration de l'OSCE, de procéder à des élections de manière raisonnablement ordonnée". La coordinatrice de l'OSCE pour les élections, Catherine Lalumière, a quitté Tirana le 7 juillet en déclarant que "compte tenu de la situation d'où on venait, on a tout lieu d'être content". Le Premier ministre italien Romano Prodi s'est dit "extrêmement satisfait" du déroulement des élections, qui "se sont déroulées dans le plus grand respect possible de l'ordre", selon lui.

(Reuter, 30.6) La participation au scrutin a été plus forte que prévu lors du premier tour des élections, le 29 juin, et une heure avant la clôture du scrutin, elle atteignait 65 % des inscrits. Le 6 juillet, par contre, la participation était en baisse par rapport à la semaine précédente, le vote du second tour ne pouvant plus empêcher les socialistes d'obtenir la majorité absolue des sièges au parlement.

(Libération 1.7, Reuter 1.7, 2.7, AFP 5.7) Les résultats du premier tour du scrutin accordent au PS 80 sièges sur 155. Dix autres sièges sont attribués au Parti social-démocrate et à l'Alliance démocratique, alliés au PS. Le Parti démocratique de Sali Berisha n'a emporté que 7 sièges au Premier tour. La coalition emmenée par le PS a l'avantage dans 18 des 19 circonscriptions en ballotage. Le Premier ministre Fino a été élu avec 92 % des suffrages. La commission électorale centrale a confirmé le 5 juillet que les socialistes ont remporté au premier tour des élections législatives la majorité absolue des sièges à repourvoir (80 sièges sur 155).

(Le Monde 10.7, 20.7) Le deuxième tour des élections a confirmé et même amplifié la victoire socialiste déjà acquise au premier tour. Le PS et ses alliés disposeront, avec 117 sièges sur 153 selon les résultats définitifs publiés le 18 juillet par la commission électorale centrale, d'une majorité des deux tiers au Parlement (le PS étant majoritaire à lui seul). Le Parti démocratique a perdu tous les sièges qu'il détenait à Tirana (soit 19), et six de ses sept sièges à Durrës.

(Reuter 30.6, ATS, Libération, 1.7, Le Monde 3.7) Le Parti démocratique a annoncé qu'il "accepte le résultat des élections", pour "le bien de l'Albanie". Le Président Berisha a pour sa part reconnu le 30 juin que "les électeurs ont voté pour que le Parti démocratique soit dans l'opposition" et a appelé ses partisans à "traiter le verdict de dimanche avec courage et dignité et à poursuivre ensemble (...) nos efforts dans l'opposition pour consolider la démocratie". Le 1er juillet, le président du PD, Tritan Shehu, a annoncé que le parti de Sali Berisha "restera fidèle à tous les accords signés par lui pendant la période pré-électorale et fera tout ce qui est nécessaire pour qu'ils se réalisent". Tritan Shehu a cependant considéré que le scrutin ne s'est "pas déroulé selon des normes démocratiques" et s'est dit "convaincu que le peuple est conscient du danger communiste".

(Libération 1.7, AFP 5.7) Fatos Nano a déclaré le 30 juin que le PS voulait faire de l'Albanie une "république parlementaire" dotée d'un "gouvernement fort" et d'une présidence "honorifique". Kastriot Islami, porte-parole du PS, avait quant à lui déclaré le 29 juin, que le PS était ouvert à une coalition plus large que ses alliances électorales, "y compris avec le Parti démocratique, mais bien sûr sans Berisha". Le 5 juillet, Fatos Nano a annoncé qu'il serait le prochain Premier ministre de l'Albanie et ajouté que l'actuel Premier ministre, le socialiste Bashkim Fino, serait son bras droit.

(ATS 1.7, AFP 2.7) Le Président Sali Berisha a annoncé le 2 juillet qu'il démissionnerait dès que le Parti socialiste, vainqueur des élections, aura formé un nouveau gouvernement. "Je n'accepterai pas une cohabitation avec les socialistes. C'est inacceptable", a déclaré Sali Berisha a des journalistes.

(ATS, Reuter 1.7, AFP 14.7) Le prétendant au trône d'Albanie, Leka, a déclaré que les résultats du référendum sur la restauration de la monarchie avaient été truqués et que 54 à 66 % des électeurs s'étaient prononcés en faveur d'une monarchie parlementaire, soit le double de ce qu'annoncé officiellement. Leka a accusé le Parti socialiste d'être responsable de manipulations et d'intimidations généralisées. Les monarchistes ont annoncé leur victoire dès la fermeture des bureaux de vote, avant même le dépouillement. Selon les résultats officiels, les électeurs se sont prononcés à 66,7 % pour le maintien de la République, la restauration de la monarchie n'obtenant une majorité que dans quelques circonscriptions du nord du pays, et un résultat supérieur à Tirana qu'en moyenne nationale.

(Reuter 23.7) Le président Berisha a démissionné le 23 juillet, peu avant la réunion inaugurale du nouveau Parlement à majorité socialiste. Dans une lettre à l'Assemblée nationale, Sali Berisha explique qu'il démissionne pour siéger désormais en qualité de député du Parti démocratique et qu'il attent que "les heures qui viennent donneront à tous les Albanais la possibilité d'examiner à nouveau de sang froid les cinq ans de démocratie comparés aux cinq mois de rébellion". La nouvelle de cette démission a été saluée par des salves d'armes à feu en signe d'allégresse à Tirana, Berat et Vlora.

(Reuter 24.7, 25.7) Le Secrétaire général du Parti socialiste Rexhep Mejdani a été élu le 24 juillet Président de la République par le Parlement, en remplacement de Sali Berisha, démissionnaire la veille. R. Mejadini, qui était le seul candidat, a été élu à bulletins secrets par 110 voix contre trois, deux abstentions et sept bulletins nuls. Ce physicien de 52 ans n'a rejoint le PS qu'en 1996 après une carrière d'universitaire. Sitôt élu, le nouveau Président a prêté serment et appelé la population à un "dépassement de la crise" par la "tolérance" et "l'arrêt des vengeances", ainsi qu'à la "restauration de l'ordre et à une restructuration de l'économie en développant l'initiative privée et l'intégration dans les organisations internationales". M. Majdani a démissionné de toutes ses autres fonctions politiques, notamment du secrétariat général du PS. Le Parti démocratique accuse le nouveau président d'être une "marionnette" dans les mains de Fatos Nano, président du PS et futur Premier ministre, et lui reproche d'avoir été élu dans le sud du pays dans une circonscription où le Parti démocratique a été empêché de faire campagne. L'élection du nouveau président a été saluée à Tirana par des rafales et des salves de tirs -qui ont blessé trois policiers.

(Reuter, ATS, AFP, 24.7, 25.7) Le nouveau Président albanais Rexhep Mejdani a reçu la démission du Premier ministre Bashkim Fino et a chargé le président du Parti socialiste, Fatos Nano, de former un nouveau gouvernement. Fatos Nano s'est engagé à former un gouvernement de coalition avec les cinq formations politiques de la coalition victorieuse des élections législatives. Ce nouveau gouvernement compte 22 membres, issus de tous les partis de la coalition. Il a été présenté au Président de la République le 25 juillet. Le président Mejdani a appelé "tous les Albanais" à l'aider à accomplir sa "mission sur le chemin difficile de la normalisation de la vie du pays et de ses institutions", et a appelé "tous les émigrés albanais, où qu'ils se trouvent, à revenir et participer à la reconstruction de l'Albanie".

(AFP 30.7) Le Premier ministre Fatos Nano a participé le 31 juillet à la conférence internationale de Rome sur l'aide à l'Albanie. Fatos Nano est accompagné du vice-Premier ministre Bashkim Fino et des ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Défense et des Finances. Il a exprimé l'espoir que la conférence "donnera des impulsions nouvelles aux relations de l'Albanie avec la communauté et les institutions internationales", et mis l'accent sur l'importance de l'aide internationale, sans laquelle "le gouvernement albanais aurait beaucoup de difficultés à tenir son parti de rétablir l'ordre dans le pays et de relancer l'économie". Le gouvernement albanais envisage de demander une aide de 120 millions de $ aux participants à la conférence, afin d'éponger le déficit de la balance des paiements. Il va également présenter des programmes économiques pour 500 millions de $ par an. Le déficit budgétaire albanais se creuse à raison de 10 millions de $ par semaine. L'Albanie envisage également de demander une aide à la réorganisation de son armée, de sa police et de sa justice.

(AFP 6.9) Le président Rexhep Meidani a limogé le 6 septembre 17 généraux, dont les commandats de la marine et des forces anti-aériennes, ainsi que les commandats de plusieurs divisions de l'armée de terre de Tirana, Gjirokastër, Korçë et Shkodër, ainsi que des chefs de départements du Ministère de la défense.

(AFP 29.9) 32 anciens responsables communistes, dont 13 anciens membres du Bureau politique du Parti du Travail, condamnés en août 1996 à des peines de prison allant de quinze ans à la perpétuité pour "génocide et crimes contre l'humanité", ont finalement été acquittés le 29 septembre par la Cour de cassation à Tirana. Les procureurs chargés du dossier ont en effet estimé que les accusés ne pouvaient être poursuivis pour des crimes que le Code pénal en vigueur à l'époque où ils les auraient commis ne prévoyait pas. Ils avaient été condamnés sous l'empire d'une loi votée en septembre 1995 par le Parlement dominé par le Parti démocrate de Sali Berisha, mais s'étaient enfuis de prison en mars 1997 à la faveur des troubles consécutifs à l'insurrection du sud de l'Albanie. Quatre d'entre eux étaient ensuite retournés volontairement en prison, mais l'ancien président Ramiz Alia avait quant à lui qutté le pays.

(AFP 1.10) La société d'épargne pyramidale Vefa a commencé le 1er octobre à rembourser ses épargnants, au rythme d'une cinquantaine de personnes par jour selon une liste publiée par la presse albanaise. La communauté internationale avait conditionné son aide à l'Albanie au remboursement des centaines de milliers de petits épargnants ruinés dans les faillites successives des sociétés d'usure.

(Le Monde, 19.10) Selon le Premier ministre albanais Fatos Nano, l'Albanie a besoin d'une aide de 100 $ par habitants, soit 300 millions de dollars, chiffre jugé "réaliste" par le ministre italien des Affaires étrangères Lamberto Dini et par Johannes Linn, représentant de la Banque Mondiale, qui a évoqué un apport de 80 millions de $ au premier semestre 1998, de 250 à 300 millions sur l'année et d'un milliard de $ sur trois ou quatre ans.

(JGE 23.10) La communauté internationale a décidé le 22 octobre d'octroyer une aide d'urgence de 185,5 millions de $ à l'Albanie, soit plus que prévu, au terme de la première Conférence des donateurs qui s'est tenue à Bruxelles et a rassemblé une vingtaine de pays et onze organisations internationales. La conférence s'est également engagée sur une somme de 500 millions de $ pour les trois ans à venir. Sur les 185,5 millions de $ de l'aide d'urgence, 100 millions seront consacrés à la réduction du déficit budgétaire, 79 millions à la stabilisation et à la reprise économique et 6,5 millions au démantèlement du système "pyramidal" à l'origine de la crise du printemps 1997.

(AFP 20.10) Ramiz Alia, dernier président de l'Albanie communiste, a été acquitté le 20 octobre par le tribunal de Tirana du chef d'accusation de "génocide et crimes contre l'humanité" pour lequel il avait été précédemment condamné. Agé de 71 ans, il s'était évadé de sa prison en mars 1997 avec 1300 autres détenus à la faveur de l'insurrection populaire en Albanie, et s'était réfugié en Suède.

(AFP, Reuters, 23.12) Le dernier président communiste d'Albanie, Ramiz Alia, 72 ans, a regagné l'Albanie et mis fin à son exil à l'étranger après avoir été finalement acquitté des charges de "génocide" pour lesquelles iol avait été condamné. Profitant de l'insurrection du printemps dernier, il s'était évadé de sa prison et s'était enfui à l'étranger, sans doute en France puis en Suède.

Le nombre d'orphelins a triplé en Albanie depuis le début de l'année 1997, et une centaine de nouveaux-nés ont été abandonnés en deux mois. Selon la directrice du planning familial albanais, ce phénomène s'est intensifié après l'éclatement de l'insurrection fin février.

(AFP 10.8) La police albanaise reprend progressivement le contrôle du pays et a arrêté "un grand nombre de personnes, soupçonnées de crimes", a déclaré le 10 août le secrétaire d'Etat à la Défense Ndre Legisi. Plus de cent personnes ont été arrêtées en une semaine et la police a instauré des points de contrôle sur la plupart des axes routiers. Des unités spéciales ont été dépêchées dans les villes du sud et deux routes menant à Burrel (nord) et à Kakavija (sud) ont été reprises aux bandes armées. De nouveaux préfets ont été nommés dans la plupart des villes. La police s'est attaquée aux trafiquants, et a bloqué la route par laquelle ils écoulaient vers le Monténégro le matériel provenant des usines albanaises pillées. Il est prévu de mettre sur pieds un bureau spécial de la police chargé de la protection des investisseurs étrangers.

(AFP 22.9) La police a saisi depuis la mi-août 40'000 armes détenues illégalement, a annoncé le ministre de l'Intérieur Neritan Ceka. Il reste selon les autorités environ 600'000 armes dérobées pendant l'insurrection du printemps qui n'ont toujours pas été récupérées.

(Le Monde 17.12) 25'000 hommes viveraient actuellement cloîtrés dans le nord de l'Albanie, par l'effet du "kanûn" -le droit coutumier autorisant une famille à se venger du meurtre de l'un des siens en tuant un mâle de la famille du meurtrier 8000 hommes ont en outre quitté leur lieu de domicile, voire le pays, pour échapper à une menace pesant sur eux par le fait du kanûn, et 6000 garçons sont enfermés pour échapper au risque d'être assassiné.

(AFP 17.12) La police albanaise a reçu l'ordre de tirer sans sommation sur tout malfaiteur masqué et va créer des unités spéciales sont les membres seront cagoulés afin de pouvoir agir sans crainte de représailles, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

1998

(AFP, Reuters 25.2) 25 attaques contre des casernes militaires ont été enregistrées en Albanie au cours des quatre derniers mois, selon le ministère de la Défense.

(AFP, Reuters 23.2, 25.2, 26.2) Les forces gouvernementales ont repris le 23 février le contrôle de Shkodër, bastion du Parti démocratique (PD) de Sali Berisha, qui était tombée le 22 février aux mains d'un groupe armé d'une centaine de personnes qui avait fait fuir la police locale après avoir pris d'assaut le commissariat central et libéré 35 détenus, puis incendié des bâtiments officiels et saccagé des magasins. Les policiers des forces spéciales qui ont été dépêchés sur place ont pour mission de "réorganiser" la police locale. 150 policiers locaux ont été limogés pour "manque de vigilance et désertion" et selon un responsable du ministère de l'Intérieur, qui a estimé "indamissible que 600 policiers n'aient pas pu faire face à 100 bandits", les autorités envisageraient d'importantes purges au sein de la police. Le parlement a levé le 25 février l'immunité du député PD Azem Hajdari, accusé d'être à l'origine des troubles. "Le PD a armé les terroristes", titrait le 26 février le quotidien indépendant "Koha Jone", citant des sources du Parquet de Tirana.

(AFP, Reuters 25.2) 80 personnes ont été interpellées le 25 février à Tirana lors d'une manifestation du Parti démocratique (PD) et sont menacées d'être inculpées de "trouble à l'ordre public", selon le chef de la police de Tirana. Environ 2000 partisans de l'ancien président Sali Berisha s'étaient rassemblés au centre-ville malgré l'interdiction de leur manifestation. Sali Berisha a appelé les manifestants à organiser des "protestations massives" dans toute l'Albanie pour obtenir de nouvelles élections. Il a accusé le gouvernement du socialiste Fatos Nano de vouloir "embraser" Shkodër et accusé la police de "violation des droits des citoyens" dans cette ville.

(AFP, Reuters, 25.2) Le Parlement albanais a adopté le 24 février une loi "anticrime" qui autorise la police et l'armée à tirer sans sommation contre des "criminels" lorsque "leurs vies ou les vies d'autres personnes sont en danger et quand des personnes armées attaquent des institutions de l'Etat ou des casernes militaires".

(AFP 26.2) Dans la nuit du 25 au 26 février, 150 des 300 prisonniers de la prison 313 de Tirana, où sont détenus une trentaine de partisans de l'ancien président Berisha impliqués dans des affrontements armés avec la police, se sont mutinés et pris trois gardiens en otage, pour réclamer une amélioration de leurs conditions de détention. Ils se sont rendus le 26 au matin sans résistance alors que les forces de l'ordre s'apprêtaient à donner l'assaut.

(AFP 26.2) Les instances européennes ont exprimé leur inquiétude face à une nouvelle montée de la tension politique et de la violence en Albanie. Le 24 février, le Conseil de l'Europe a invité "l'ensemble des forces politiques de l'Albanie à rejeter (les) actes de destruction" et exhorté tous les Albanais à "faire preuve de retenue", en rappelant sa détermination à aider l'Albanie "à consolider ses institutions démocratiques et la prééminence du droit". L'Union européenne a pour sa part jugé "inacceptable" le refus du Parti Démocratique de siéger au parlement, et appelé l'opposition à s'engager "sans délai" dans le processus démocratique afin de "contribuer à la reconstruction du pays". L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, enfin, a souhaité le 24 février une rapide mise en place de programmes d'aide internationale en Albanie, spécialement au profit des zones défavorisées.

(AFP 10.4) Des dizaines de personnes (environ 60 depuis 1997) ont été tuées, dont six () en deux semaines, en allant récupérer explosifs et métaux dans un ancien dépôt de munitions à Suke, à 20 km de Shkodër, pillé en 1997. Cinq enfants ont été tués en jouant avec des explosifs et des munitions ramenés chez eux par des adultes. Les autorités albanaises ont recensé quinze "foyers explosifs" de ce genre dans cinq "zones à risques", qu'elles n'ont pas les moyens de nettoyer et qu'elles se contentent d'entourer de barbelés.

(AP 13.4) Sept personnes ont été tuées dans la nuit du 12 au 13 juillet dans trois incidents survenus à Tirana, où quatre jeunes gens ont été abattus après un hold-up, dans la benlieue de Tirana, où un homme a été abattu, et à Permet, au sud-est de la capitale, où deux passagers d'une voiture ont été abattus par des hommes qui tentaient de les rançonner.

(AFP 27.5) Le nord de l'Albanie se retrouve coupé de la Kosove après la fermeture de la frontière à Morina, près de Kukës, décidée par la Yougoslavie, et qui a mis fin à un commerce transfrontaliers dont vivaient des milliers de personnes de part et d'autre de la frontière. Le Maire de Kokës, Safet Sula, confirme que "le petit commerce avec Prizren est la principale activité économique de la région, pour ne pas dire la seule". Morina, fermé le 21 mai, était le seul poste-frontière par lequel les Albanais étaient autorisés à entrer en Yougoslavie depuis le début de l'insurrection de mars 1997 en Albanie. Tous les jours, environ 200 personnes se rendaient de Kukës à Prizren pour vendre de la quincaillerie, des vêtements et du poisson et en ramener de la farine, de l'huile, et des oeufs. Les prix sur le marché de Kukës ont augmenté de 30 % après la fermeture de la frontière. La région de Kukës est la plus pauvre d'Albanie, et les produits qui y arrivaient de Kosove étaient 20 % moins chers que ceux qui arrivaient du reste de l'Albanie. La fermeture prolongée de la frontière devrait relancer la contrebande, y compris celle des armes.

(AFP 28.5) L'OTAN a adopté le 28 mai un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine afin de renforcer le programme de coopération militaire du Partenariat pour la paix au bénéfice des deux pays. Un exercice prévu en Macédoine du 10 au 18 septembre va être intensifié et des manoeuvres seront organisées en Albanie fin août, associant forces terrestres et aériennes. Des navires de l'OTAN feront escale à Durres et une cellule de représentation sera ouverte à Tirana. L'OTAN a également décidé d'aider l'Albanie et la Macédoine à "sécuriser leurs frontières". Un premier rapport estimait à 7000 à 20'000 hommes les effectifs nécessaires à la sécurisation de la frontière nord de l'Albanie. Ces mesures ont été prises pour répondre aux risques régionaux induits par la crise en Kosove.

(AFP 12.9, 13.9) Le député du parti démocratique (PD, opposition de droite) Azem Hajdari a été assassiné d'une rafale d'arme automatique le 12 septembre à Tirana, alors qu'il sortait des locaux de son parti. L'un de ses deux gardes du corps a été tué, l'autre grièvement blessé. Le leader du PD, l'ancien président Sali Berisha, a accusé le 13 septembre le gouvernement de Fatos Nano (PS) d'avoir commandité le meurtre et lui a donné "24 heures pour démissionner". "C'est un ultimatum", a proclamé Sali Berisha, pour qui "l'assassinat d'Azem Hajdari est un attentat politique organisé par le gouvernement socialiste et le Premier ministre criminel Fatos Nano". L'ancien président a accusé un responsable de la police de Tropoja (nord), Jaho Salihi, d'avoir tendu avec trois complices une embuscade au député. Des responsables du PD ont affirmé qu'une voiture de la police était devant le bâtiment au moment de l'attentat. Le ministre de l'Intérieur a quant à lui annoncé que Jaho Salihi était recherché par la police, qui a offert une récompense de 100'000 dollars à celui qui aiderait à identifier les meurtriers d'Azem Hadjari. Le gouvernement a dénoncé un "acte terroriste et criminel qui mérite la punition la plus sévère", et le vice-Premier ministre Kastriot Islami a demandé à la population d'aider la police à retrouver les assassins. Hazem Hajdari avait été une première fois blessé par balle le 18 septembre 1997 dans l'enceinte même du Parlement par un député socialiste, Gafur Mazreku, condamné ensuite à 15 ans de prison. Il avait ensuite, en juin 1998, échappé à un attentat à Tropoja.

Après que Sali Berisha ait accusé le gouvernement en place d'être responsable du meurtre du député, Une manifestation d'environ 1500 personnes s'est dirigée vers le siège de la police, qu'elle a lapidé. Les manifestants ont incendié et endommagé des véhicules de la police, qui les a dispersés en tirant en l'air, puis se sont dirigés vers le siège du gouvernement. Ils ont désarmé les soldats en faction et ont fait usage de leurs armes en tirant sur le façade et les vitres du bâtiment.. La police a fait usage d'armes à feu lorsqu'une vingtaine de manifestants ont pénétré à l'intérieur du bâtiment aux cris de "Tuez, tuez, tuez Fatos Nano" et un homme a été tué. Quatre gardes qui défendaient les bâtiments ont été blessés. Le gouvernement siégeait au moment de la manifestation et a dû s'échapper par l'arrière de l'immeuble. Les manifestants se sont ensuite rendus devant le siège du PD. Un barrage armé a été formé près de Kajava, à une trentaine de kilomètres de Tirana. Sali Berisha a invité la population à assister aux obsèques de Azem Hajdari, le 14 septembre, et à pousser "un cri de révolte pour renverser le gouvernement" -à qui il a demandé de décreter trois jours de deuil national. Après les affrontements, Sali Berisha a appelé ses sympathisants à revenir au calme. Le président albanais Rexhep Meidani a également lancé un appel au calme.

(AFP, Reuters, AP 14.9, 15.9) Une fusillade entre forces de l'ordre et manifestants du Parti démocratique de Sali Berisha, qui tentaient de prendre d'assaut le siège du gouvernement, a fait un mort dans les rangs des manifestants et quatre blessés dans ceux de la police le 13 septembre. Sali Berisha a exigé la déimssion du Premier ministre socialiste Fatos Nano, qu'il a qualifié de "criminel" en le rendant responsable de l'assassinat le 12 septembre du député d'opposition Azem Hadjari et de son garde du corps, et a menacé d'utiliser "tous les moyens pour le renverser". Le président Rexhep Meidani a pour sa part lancé le 13 septembre au soir un appel au calme à la population : "Abandonnez les armes et le langage de la vengeance afin que nous puissions reconstruire notre avenir", a plaidé le président, afin que l'Albanie ne soit pas replongée "dans le cahos du printemps 1997 que nous avons payé si cher". Le président a mené dans la nuit du 13 au 14 septembre des consultations avec des représentants de tous les partis politiques, l'ensemble des partis de droite réclamant la démission du gouvernement de Fatos Nano et deux partis membres de la coalition gouvernementale, l'Alliance démocratique et le Parti des droits de l'Homme n'y étant pas opposés. Le Premier ministre Fatos Nano a cependant refusé de démissionner et son porte-parole a déclaré que "les responsables politiques albanais comptaient beaucoup sur une intervention de la communauté internationale, qui ne soit pas uniquement politique", car "l'Europe ne doit pas permettre un coup d'Etat sur son sol". Ben Blushi a reconnu que "pour le moment" la situation était "hors de contrôle" et a souligné que si les troubles venaient à "s'étendre à d'autres villes que Tirana, ce serait catastrophique pour l'Albanie, mais aussi pour la Kosove et l'ensemble de la région".

Le 14 septembre, trois manifestants ont été tués et 14 blessés dans des échanges de tirs, notamment lorsque les forces de l'ordre protégeant la siège du gouvernement ont ouvert le feu sur une manifestation de plusieurs milliers de personnes accompagnant la dépouille d'Azem Hadjari, de son garde du corps et d'un manifestant tué le 13 septembre jusqu'au bureau du Premier ministre. Les manifestants se sont emparés de quatre chars et des hommes en armes circulaient dans les rues en tirant en l'air, alors qu'aucune présence policière n'était visible. En début d'après midi, plusieurs centaines de manifestants ont occupé sans rencontrer de résistance les studios de la télévision d'Etat, où ils s'étaient rendus avec un char d'assaut dont ils s'étaient emparés près d'une caserne. Un porte-parole des manifestants est apparu à l'écran pour annoncer que l'opposition avait "pris le pouvoir", pendant que des pillages se produisaient dans la ville et que les partisans de Sali Berisha occupaient le Parlement. En fin de journée, les forces gouvernementales ont repris le contrôle du Parlement et de la télévision et le ministre des Affaires étrangères Paskal Milo pouvait assurer que "les tentatives de Sali Berisha pour revenir au pouvoir par un coup d'Etat sont vaines". Le gouvernement a lancé un "ultimatum" à Sali Berisha le sommant de quitter le pays avant le 15 septembre, sans quoi il sera arrêté. Sali Berisha a refusé de quitter l'Albanie et a dénoncé dans cet ultimatum, confirmé par le ministère de l'Intérieur, une tentative de faire "éclater une guerre civile en Albanie". Sali Berisha a nié que ses partisans aient tenté un "coup d'Etat" et a demandé au président Meidani de "prendre la tête du gouvernement jusqu'à ce qu'une table ronde des partis politiques décide d'une solution politique". L'ancien chef d'Etat a déclaré condamner "fermement la violence" et a affirmé que les occupants de la télévision n'étaient pas des militants de son parti.

Sali Berisha a demandé aux Albanais de "ne pas aggraver la situation et ne pas s'attaquer aux institutions d'Etat" pour donner "une chance à la résolution politique" de cette "profonde crise", mais le ministre des Affaires étrangères Paskal Milo a affirmé que l'Albanie était "à la veille d'un coup d'Etat" et a appelé la population à se mobiliser pour "protéger et défendre la démocratie". Selon le ministre, "les forces de police et de sécurité ne sont pas capables aujourd'hui de faire face aux hommes de Berisha, qui sont bien armée" et qui "arrivent d'autres régions albanaises que Tirana, où ils sont peu nombreux". Les partisans de Sali Berisha sont en effet comme lui même (originaire de Tropoja) essentiellement originaires du nord de l'Albanie, région acquise à l'ancien président, renversé au printemps 1997 par une insurrection partie, elle, du sud, région acquise aux socialistes. En outre, selon des journalistes étrangers sur place, des Kosovars auraient participé aux côtés des partisans de Sali Berisha aux émeutes du 14 septembre, et des diplomates occidentaux évoquent l'hypothèse d'un soutien, y compris en hommes et en armes, de l'UCK kosovare à l'opposition albanaise.

L'Union européenne, le Conseil de l'Europe et l'OTAN ont appelé le 14 septembre les responsables politiques albanais à tenter de ramener le calme. Le Secrétaire général de l'OTAN a appelé dans un communiqué "toutes les parties à faire preuve d'une extrême réserve et à établir les conditions d'un retour à un environnement pacifique et stable", que l'OTAN est "déterminée à promouvoir". Le porte-parole de l'Union européenne, Lousewies van der Laan, a averti pour sa part que la violence pourrait mettre en péril le programme d'aide européenne à l'Albanie. L'Autriche (qui préside l'UE) a appelé les Albanais à se détourner de la violence et à faire preuve de "maturité démocratique", la France a condamné "toute tentative de prise du pouvoir par la force" et a rappelé dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères que "le gouvernement en place est issu des élections démocratiques de l'été 1997", et le ministère grec des Affaires étrangères a déclaré à l'intention des Albanais que "s'abstenir de toute violence est la seule façon d'éviter de déstabiliser l'Albanie". Le porte-parole du département d'Etat américain, James Rubin, a appelé les "chefs des partis politiques en Albanie" en être "responsables du comportement de leurs partisans" et a menacé "ceux qui ne jouent pas un rôle constructif" d'en "supporter les conséquences". Quant au Conseil de l'Europe, il a appelé les dirigeants albanais à faire preuve de "retenue" et à "prendre toutes les initiatives politiques nécessaires afin de ramener l'Albanie aux méthodes normales de la démocratie". Le ministre des Affaires étrangères albanais Paskal Milo s'est félicité le 14 septembre que "la communauté internationale réagit très rapidement". Le lendemain, le Premier ministre Fatos Nano rétirait ces remerciements à l'égard de "tous les partenaires internationaux qui se sont trouvés proches de l'Albanie et de son gouvernement en ces moments très durs".

(AFP, AP, Reuters 15.9) Sali Berisha a affirmé le 15 septembre devant un millier de ses partisans rassemblée à Tirana, et criant "mort à Fatos Nano", vouloir "éviter tout acte de violence". La police patrouillait autour du siège du Parti démocratique, qui avait appelé à une manifestation au centre-ville, manifestation interdite. Sali Berisha a cependant demandé au ministre de l'Intérieur de retirer l'ordre donné le 14 septembre à la police de tirer sans sommation sur "quiconque s'attaquerait aux institutions de l'Etat", ordre qualiié par l'ancien président de "véritable coup d'Etat militaire". Sali Berisha a réclamé une nouvelle fois la démission de Fatos Nano, la mise en place d'un gouvernement technique et des élections législatives anticipées. La police a appelé les partisans de Sali Berisha à "rendre leurs armes de façon pacifique afin d'éviter de nouveaux incidents". La manifestation de l'opposition, interdite par le gouvernement, a cependant eu lieu et a rassemblé environ 3000 personnes, qui ont défilé dans le calme autour de la place Skanderbeg, sous haute surveillance policière, alors que le siège du Parti démocratique était gardé par deux chars saisis par les manifestants le 14 septembre et par des hommes armés, dont des adolescents. Le vice-président du Parti démocratique a assuré que ses militants se défendraient si les forces gouvernementales venaient leur reprendre leurs armes, et a affirmé qu'il ne les contrôlait pas. Quant à Sali Berisha, il a déclaré que "la violence n'est pas le recours du Parti démocratique pour accéder au pouvoir", et a appelé à une nouvelle manifestation le 16, à moins que Fatos Nano n'ait annoncé sa démission. Pendant toute la journée du 15 septembre, des convois de véhicules de la police ont sillonné les rues de Tirana afin de signifier à l'opposition que les autorités contrôlaient la capitale. Les deux chars d'assaut dont les manifestants s'étaient emparés le 14 ont finalement été restitués à la police.

Le président Meidani a discuté avec des représentants américains, italiens, allemands et de l'Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe afin de trouver une solution à la crise. Le président aurait évoqué l'hypothèse d'une démission de Fatos Nano lors d'une rencontre le 14 septembre avec le Premier ministre, mais Fatos Nano a déclaré le 15 qu'il ne démissionneraiot pas et que "le coup d'Etat fomenté par Sali Berisha et son groupe armé a échoué". Dans sa première intervention télévisée depuis le début des troubles, Fatos Nano a accusé l'ancien président d'avoir "voulu semer la mort en Albanie" et a expliqué que dans un premier temps l'Etat n'était pas intervenu contre les partisans de Berisha "afin d'éviter un bain de sang", mais que la patience du gouvernement était "à bout" et qu'"aucun gouvernement élu grâce à un scrutin libre ne peut accepter des ultimatums d'un groupe de terroristes armés" même si ce groupe agit "au nom d'un parti parlementaire" et est "dirigé par des personnes jouissant de l'immunité parlementaire". Le Premier ministre a ajouté qu'aucune négociation n'aurait lieu entre le pouvoir et l'opposition tant que le Parti démocratique "n'aura pas rendu l'arsenal d'armes en sa possession", mais qu'une fois ces armes rendues et "après le retour à la normalité", l'"intégrité physique" de "Berisha et (de) ceux qui l'entourent (...) sera intouchable". Dans la soirée, un communiqué du gouvernement annonçait plus crûment que celui-ci avait "décidé de considérer les évènements du 14 septembre comme une tentatiove de (Coup d'Etat) dirigée, encouragée et organisée par Sali Berisha et ses collaborateurs".

Le ministre italien des Affaires étrangères Lamberto Dini a exhorté le 15 septembre les partis albanais à "éviter (..) une transformation de la crise actuelle en une spirale de violence sans fin". La Russie a également lancé aux leaders politiques albanais un appel à la médoration "dans l'intérêt du peuple albanais et de la paix" dans les Balkans. Les ministres italien et allemand des Affaires étrangères ont recommandé le 15 septembre l'envoi d'une force de police internationale en Albanie et appelé l'Union européenne à accroître son aide à ce pays.

(AFP, AP, Reuters 16.9, 17.9) Le 16 septembre, le bras de fer entre Sali Berisha et Fatos Nano semblait se solder par la défaite du premier. La manifestation à laquelle Sali Berisha avait appelé ses partisans en milieu de journée au centre de Tirana n'avait rassemblé qu'entre 2000 et 3000 personnes et la vie dans la capitale reprenait lentement un cours normal. Les déclarations des uns et des autres étaient cependant toujours aussi virulentes, chacun accusant l'autre de "terrorisme" et de tentative de coup d'Etat : "L'immeuble du Parti démocratique est plein de gens en armes parmi lesquels se trouve Berisha, l'organisateur d'une tentative de coup d'Etat", a déclaré Fatos Nano. Le gouvernement a en outre proposé la levée de l'immunité parlementaire de Sali Berisha et de cinq autres responsables de l'opposition, pour pouvoir engager contre eux des poursuites. La Commission des mandats du parlement a demandé que les cinq parlementaires viennent témoigner avant de se prononcer. Les cinq ont refusé et un dirigeant du Parti démocratique, Pjeter Arbenori, a affirmé que "Le PD est décidé à reprendre le pouvoir à la clique qui nous gouverne", et à le reprendre "par la révolte populaire". Sali Berisha a appelé à une nouvelle manifestation à Tirana le 18 septembre. La commission a finalement décidé le 17 septembre la levée de l'immunité parlementaire de Sali Berisha mais, faute de preuves suffisantes, non de celle des cinq autres élus du Parti démocratique. On reconnaissait de source gouvernementale que des responsables occidentaux ont discrètement fait pression pour que toute sanction contre l'ex-président soit la plus légère possible afin de ne pas jeter de l'huile sur le feu.

(AFP 17.9) Le 16 septembre, environ 80 hommes armés de grenades et de fusils automatiques ont attaqué une banque et un commissariat à Lezha (55km au nord de Tirana). Trois d'entre eux ont été tués et plusieurs autres blessés dans les affrontements avec la police, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

(AFP, Reuters 18.9 19.9, 20.9) Le Parlement albanais a levé le 18 septembre par 108 voix sur 113 députés présents (la droite boycottant la séance) l'immunité parlementaire de Sali Berisha, dont le sort est désormais entre les mains du gouvernement, qui peut soit se contenter de l'inculper, soit tenter de l'arrêter. Sali Berisha s'est dit "prêt à comparaître devant n'importe quelle commission internationale". Sali Berisha a annoncé qu'il allait de nouveau "appeler à manifester, chaque jour, partout". Dès la levée de l'immunité de Sali Berisha, le procureur général Arben Rakipi peut unilatéralement prendre la décision de l'envoyer en prison ou le laisser en liberté après l'avoir inculpé. "C'est une affaire à haut risque, qui doit être envisagée sous tous ses aspects, dans le respect de la légalité", a déclaré le procureur à l'issue du vote parlementaire. "Nous ne nous laisserons influencer par aucun parti politique et voulons être soutenus par tous les Albanais, afin que la terreur soit éradiquée dans notre pays", a-t-il affirmé. Devant environ 4.000 manifestants réunis sur la grande Place Skanderbeg, M. Berisha aappelé ses partisans "au soulèvement populaire et au sacrifice uprême", afin de renverser le gouvernement Nano. "Je suis un résistant et nous n'allons pas marchander avec des gens qui font de fausses accusations de crime contre l'humanité et d'insurrection armée", a-t-il lancé à la foule qui répondait aux cris de "mort aux communistes". Une manifestation pacifique d'un millier de personnes s'est tenue à Skodra (nord) etquelques centaines de personnes ont défilé sans incident à Korça (sud-est de Tirana). Le PD a de nouveau appelé à une manifestation, le 19 septembre à Tirana. Au moment où le parlement votait la levée de l'immunité, la Cour de cassation adoptait une mesure d'apaisement en libérant de prison quatre opposants qui entamaient une grève de la faim et en les assignant à résidence. A Tirana, cependant, la police municipale a été remplacée par des unités de police militaire et de commandos de l'armée. Des soldats encagoulés, disposant d'armes de gros calibre, ont été postés sur les toits des édifices publics. Des policiers ont fait irruption, kalachnikov au poing, dans de nombreux cafés de Tirana, à la recherche d'armes.

Les pressions diplomatiques en vue d'apaiser le conflit entre le gouvernement et l'opposition se sont intensifiées avec l'arrivée le 19 septembre à Tirana d'une délégation européenne d'une dizaine de personnes, alors que les partisans de Sali Berisha commençaient à donner des signes d'essoufflement. ``Nous pensons qu'il serait très bien que les gens restent chez eux, afin de n'être pas manipulés à des fins politiques'', avait déclaré avant la manifestation du 18 septembre Daan Everts, représentant de l'OSCE. Après avoir rencontré des responsables internationaux, le président albanais Rexhep Meidani a également lancé un appel au calme. Le Parlement devait poursuivre ses discussions sur d'éventuelles mesures contre Sali Berisha, mais les responsables de l'OSCE et de l'Union européenne ont obtenu que toutedécision soit reportée à la semaine prochaine pour permettre à la tension de retomber. Le président de l'Organisation pour la sécurité et la Coopération en Europe, le ministre polonais des Affaires étzrangères Bronislaw Geremek, a rencontré le 19 le président Rexhep Meidani, le Premier ministre Fatos Nano et le chef de l'opposition Sali Berisha -qui a demandé "aux pays démocratiques d'isoler la clique Nano et de condamner son attitude envers l'opposition albanaise". La délégation européenne, présidée par Bronislaw Geremek, comprend notamment le président du Conseil des ministres du Conseil de l'Europe, Georges Papandréou. Bronislaw Geremek, a promis de soutenir les efforts du président albanais Rexhep Meidani, mais il a renvoyé dos à dos Berisha, sur lequel il a rejeté la responsabilité des émeutes, et Nano, qu'il a accusé de traîner les pieds pour appliquer son programme politique. "Nous soutenons les efforts de Meidani pour parvenir à un consensus et trouver une solution politique. L'opposition devrait y participer", a déclaré Geremek, qui a rejeté sur le Parti démocratique la responsabilité des émeutes consécutive à l'assassinat de Azem Hajdari, un point de vue partagé par le ministre grec des Affaires étrangères George Papandreou, qui représentait le Conseil de l'Europe et a lancé un avertissement à l'ancien président, affirmant qu'il risquait d'être isolé au sein de la communauté internationale si lui et son parti continuaient de menacer le processus politique. Bronislaw Geremek a en outre estimé que l'arrestation de Berisha ne résoudrait rien Le président français Jacques Chirac a également demandé le 19 septembre à son homologue albanais "que le dialogue politique dans le cadre des institutions l'emporte sur une logique d'affrontements". Dans la lettre qu'il a adressée à Rexhep Meidani, Jacques Chirac assure que "l'assistance de la commnauté internationale et de l'Union européenne en particulier trouvera alors à s'exercer de manière efficace". Le président Chirac a assuré de son "soutien' son homologue albanais, qui a la "responsabilité de garantir le fonctionnement normal des institutions", et lui a rappelé que la France est attachée à la stabilité en Albanie, en ajoutant que "l'issue de la crise au Kosovo en dépend pour partie".

Environ 2000 partisans de Sali Berisha ont manifesté pacifiquement en fin de matinée le 19 septembre au centre de Tirana, passant notamment devant les locaux du ministère de l'Intérieur en scandant "mort aux communistes". Sali Berisha avait auparavant annoncé à ses partisans que désormais les manifestations seraient quotidiennes, et il les a appelé à se rendre le 20 sur la tombe d'Azem Hajdari. Il a également appelé à la création d'un "Front du refus de la dictature" ouvert à toutes les formations politiques de l'opposition.

(Reuters 20.9) 3000 partisans de l'opposition ont défilé le 20 septembre sans incident jusqu'au cimetière de la périphérie de Tirana où est inhumé Adzem Hadjari, sur la tombe de qui Sali Berisha a déposé une gerbe de fleurs. Le gouvernement a de son côté plus que doublé la prime offerte à toute personne qui fournirait des informations permettant de retrouver les assassins de Hajdari. La récompense est désormais de 200.000 dollars, une fortune dans un pays où le PNB par habitant est estimé à environ 850 dollars. Sali Berisha a de son côté juré aux journalistes de poursuivre la lutte dans la rue jusqu'au départ de Fatos Nano, et a déclaré que "l'opposition est favorable à des solutions politiques et demeure résolue à poursuivre des manifestations puissantes et pacifiques dans tout le pays".

L'appel à la modération du président de l'OSCE, Bronislaw Geremek, est donc resté sans écho, et le Conseil national du Parti démocratique (PD) a annoncé avoir décidé de créer un "front du refus contre la dictature", de rompre "tout contact" avec le gouvernement et de poursuivre les manifestations quotidiennes dans l'ensemble du pays.

(AFP 17.9) Un groupe d'environ 80 personnes disposant de lance-roquettes, de grenades et de mitrailleuses a attaqué le 16 septembre la préfecture de police de Lezha. Des affrontements avec les forces de l'ordre ont fait trois morts et de nombreux blessés parmi les assaillants

(AFP 17.9) 2500 partisans de Sali Berisha ont manifesté le 17 septembre au centre de Tirana, après que Sali Berisha ait lancé un appel à tous les Albanais "afin d'intensifier le mouvement de protestation contre le gouvernement communiste" et ait accusé Fatos Nano d'être "un procureur des temps révolus". Sali Berisha a également annoncé que cinq opposants emprisonnés par le gouvernement et un sixième placé aux arrêts domiciliaires allaient entamer dès le 18 septembre une grève de la faim illimitée; il s'agit d'un ancn ancien ministre de l'Intérieur (Halit Shamata), d'un ancien ministre de la Défense (Safet Zhulali), d'un ancien président de la Cour des comptes (Blerim Cela) et de deux généraux (Bujar Rama et Sokol Musulmani), tous détenus, et de l'ancien chef de la police secrète Kreshnik Luzha, assigné à résidence. Ils sont accusés d'être "les organisateurs de la rébellion armée" du printemps 1997.

(AFP 22.9) Sali Berisha a réitéré le 22 septembre ses appels à manifester contre le gouvernement, à qui il a attribué la co-responsabilité (avec le gouvernement yougoslave) de l'assassinat la veille du ministre de la Défense du gouvernement kosovar, Ahmet Krasniqi. Plusieurs centaines de partisans de Sali Berisha ont manifesté sans incident le 22 septembre à Shkodër. Une manifestation a été convoquée à Tirana pour le 23 septembre. Un ancien directeur de l'agence officielle de presse ATA, Ilir Zhilla, a été arrêté le 21 septembre, sous l'accusation d'avoir participé à l'occupation le 14 septembre de la télévision. Un journaliste d'une radio proche de l'opposition avait été arrêté le 20 septembre sous la même accusation, et une vingtaine de mandats d'arrêts ont été lancés. Les domiciles du chef du Parti des droits de l'Homme (gouvernemental) et d'un procureur chargé d'instruire le dossier de Sali Berisha ont été attaqués au cocktail molotov et à la grenade le 21 septembre, et le quotidien socialiste "Zerit i Popullit" a mis en garde contre "des attentats politiques" qui pourraient se produire en Albanie, et "viser même des étrangers".

(AFP 28.9 29.9 ) Le Premier ministre Fatos Nano a démissionné le 28 septembre, après que son ministre de l'Intérieur Perikli Teta ait annoncé sa propre "démission irrévocable" en affirmant ne pas être en mesure de "collaborer et travailler avec une classe politique corrompue et incapable". Aucune personnalité socialiste n'a accepté de reprendre le poste de Perikli Teta, ce qui a hâté la démission de Fatos Nano. Dans sa lettre de démission, envoyée après qu'il ait échoué à remanier son gouvernement et à l'élargir à des partis d'opposition, Fatos Nano déclare assumer "la pleine responsabilité pour tout ce que (son) gouvernement n'est pas arrivé à faire, soit à cause de ses erreurs, soit à cause des pressions exercées sur lui de tous les côtés". Le Premier ministre démissionnaire constate également n'avoir eu le soutien "ni des membres de la coalition, ni de (son) parti". La présidence du PS a proposé Pandeli Majko, Secrétaire général du parti et chef de son groupe parlementaire, à la succession de Fatos Nano, dont la démission a été saluée par des tirs de joie des partisans de Sali Berisha -lequel a estimé que le président Meidani avait joué un "rôle positif" dans le départ de Fatos Nano, départ "ouvrant la voie à une solution politique de la crise". Le secrétaire du Parti démocratique de Sali Berisha, Genz Pollo, a cependant estimé que "la décision de mettre à la tête du gouvernement un autre socialiste qui jouira du même soutien politique ne sortira pas l'Albanie de la crise". Pandeli Majko, âgé de 31 ans, dont la candidature à la succession de Fatos Nano doit être confirmée le 29 septembre par le direction du PS, est originaire de Korca (sud) et a été l'un des chefs de file du mouvement étudiant "Décembre 1990" qui avait contribué au renversement du système communiste après la mort d'Enver Hodja. Il est considéré comme un modéré. Le président Meidani a appelé Fatos Nano et son gouvernement à continuer d'assumer leurs t'aches jusqu'à l'entrée en fonction du nouveau gouvernement.

(AFP, AP 29.9, 30.9) Le président Meidani a approuvé le 29 septembre le choix de Pandeli Majko comme Premier ministre, après que cette candidature ait été proposée officiellement par le PS. Deux autres candidats s'étaient présentés, le Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Ilir Meta et le vice-Premier ministre Kastriot Islami. Le nouveau Premier ministre Pandeli Majko a entamé le 30 septembre des consultations avec les représentants des partis politiques en vue de former un gouvernement, alors que le Parti démocratique de Sali Berisha appelait à une nouvelle manifestation dans la soirée à Tirana. Le PD exige la libération de tous les "prisonniers politiques" et la "levée des accusations d'insurrection armée" portées contre ses responsables. Sali Berisha avait précisé le 29 septembre que son parti ne souhaitait pas participer au nouveau gouvernement mais qu'il soutiendrait ses efforts pour "le rétablissement de l'ordre public, le désarmement de la population" et le renforcement de la "sécurité nationale". Sali Berisha a également appelé à une table ronde réunissant tous les partis albanais et le PD a réclamé le 29 septembre qu'un gouvernement par interim comprenne des personnalités affiliées à aucun parti, jusqu'à l'organisation de nouvelles élections. Un dirigeant du PD, Vili Minarollu, a dénoncé Majko comme une "marionnette" de Fatos Nano. Quant au nouveau Premier ministre, il a annoncé que son gouvernement allait préparer la nouvelle constitution albanaise, qui doit en principe être soumise à référendum populaire à la fin du mois de novembre. L'Albanie est en effet sans constitution depuis quatre ans. M. Majko a également évoqué la crise kosovare, "qui menace sérieusement non seulement l'avenir de l'Albanie mais toute la région" des Balkans.

(AFP 1.10) Pandeli Majko a poursuivi le 1er octobre ses consultations en vue de former un nouveau gouvernement et était notamment à la recherche d'un ministre des Transports et des Travaux publics. Bénéficiaire d'abondants fonds d'aide étrangère, ce ministère est revendiqué par le PS et par le Parti social-démocrate, qui le détenait dans le gouvernement de Fatos Nano, mais dont le titulaire était accusé de corruption par l'opposition. Deux des postes de vice-Premier ministres seraient supprimés, et les ministres des Affaires étrangères, Paskal Milo (Alliance démocratique) et Luan Hajdagara (PS) garderaient leur poste. L'ancien Premier ministre Bashkim Fino quitterait le gouvernement. Les USA ont appelé le nouveau Premier ministre à ouvrir son gouvernement à l'opposition, mais Sali Berisha, dont 3000 partisans ont manifesté contre le pouvoir en place à Tirana, a appelé à des manifestations "jusqu'à la victoire finale" contre "le groupe de contrebandiers" au pouvoir.

(Reuters, AFP 2.10) Pandeli Majko a finalement réussi à former un nouveau gouvernement le 2 octobre, dont la composition a été approuvée par le président Meidani en attendant de l'être par le Parlement. "Les principales priorités du nouveau gouvernement seront de rétablir la stabilité, proposer une nouvelle constitution et régler le problème de la Kosove". Le ministère de l'Intérieur sera détenu par un socialiste, Petro Koci. Le Parti social-démocrate conservera le ministère des Travaux Publics et des Transports (dont le titulaire change) et un ministère de l'Information est créé. La répartition des ministères entre les différents partis reste la même, soit deux ministères pour les sociaux-démocrates et pour l'Alliance démocratique, un ministère pour les agrariens et le Parti des droits de l'Homme et deux ministères à des indépendants.

(IWW 27.10) Le responsable locale d'un syndicat indépendant, Astrit Balluku, a été tué à Tirana le 26 octobre, et un militant blessé, lors d'un affrontements entre partisans de deux tendances rivales du syndicat. La police a arrêté 20 personnes à la suite de ces affrontements, dont les deux leaders nationaux des tendances rivales, Xhevdet Lubani et Fatmir Musaku. Les affrontements entre les deux tendances du syndicat ont commencé en 1995, lorsque le responsable (récemment assassiné) du Parti démocratique de Sali Berisha a créé une faction dissidente du syndicat -celle dont Astrit Balluku était membres. L'ancien présidnt Berisha a accusé les services gouvernements d'être responsables de la mort de Balluku.

(AFP 30.10, 31.10) L'envoyé spécial de l'OSCE pour l'Albanie, Franz Vranitzky, a estimé le 30 octobre que la communauté internationale avait joué son rôle vis-à-vis de l'Albanie et qu'il revenait désormais aux Albanais eux-mêmes de "prendre leur avenir en main". L'ancien Chancelier autrichien a effectué les 30 et 31 octobre sa dernière visite en Albanie en tant qu'envoyé spécial de l'OSCE. Il a déclaré lors de l'inauguration du bureau de l'OSCE à Shkodër que l'Albanie avait encore besoin du soutien international et a promis que l'OSCE serait "active dans le processus de transformation des institutions du pays". Le 31 octobre, Franz Vranitzky s'est déclaré convaincu qu'il fallait donner au plus vite aux Albanais des raisons d'espérer en un avenir meilleur : "Chacun ici souhaite une nouvelle Constitution et des réformes des institutions, mais cela ne sert à rien de parler de Constitution et de réformes à des gens qui ne peuvent ni manger, ni se loger", a-t-il confié au président albanais Reixhep Meidani.

(AFP 3.11, Reuters 4.11) Le premier "sommet des pays d'Europe du sud-est" ("sommet balkanique") s'est ouvert le 3 novembre en Crète pour débattre de l'"espace balkanique" et examiner les contentieux régionaux, dont principalement le conflit gréco-turc sur la mer Egée et sur Chypre, et le conflit serbo-albanais en Kosove. Le sommer réunit les présidents yougoslave Milosevic et macédonien Gligorov, ainsi que les Premiers ministres grec (Kostas Simitis), turc (Mesut Yilmaz), albanais (Fatos Nano), bulgare (Ivan Kostov) et roumain (Victor Cioba). Le conflit kosovar a été évoqué au premier jour du sommer lors d'une rencontre entre Fatos Nano et Slobodan Milosevic. La veille, le Premier ministre grec avait rencontré séparément Fatos Nano et Slobodan Milosevic. La Grèce avait déjà à plusieurs reprises exprimé le souhait de voir l'Albanie et la Serbie-Yougoslavie s'entendre sur le dossier de la Kosove. Le sommet s'est achevé le 4 novembre par un engagement commun à "la création des conditions de la prospérité dans notre région, dans un cadre de paix, de sécurité, de bon voisinage et de stabilité". Les chefs d'Etat et de gouvernement réunis en Crète ont également promis de coopérer pour lutter contre le crime organisé, l'immigration illégale, la contrebande d'armes, le trafic de drogue et le terrorisme, d'harmoniser leurs législations et leurs infrastructures, de coordonner leurs recherches de financements pour des projets communs, de réduire les barrières commerciales, juridiques et de communication entre eux. Ils ont enfin insisté sur l'"orientation européenne" des Balkans.

(JGE 3.11) Le président albanais Rexhep Meidani, en visite à Genève, s'est montré très optimiste le 1er novembre sur les chances de redressement de son pays et a mis l'accent sur les problèmes de politique étrangère, notamment ceux liés au sort des populations albanaises de Macédoine et de Kosove. Le président albanais a exprimé le souhait que la Macédoine se montre plus tolérante envers son importante minorité albanaise (entre un quart et un tiers de la population), notamment dans le domaine de l'éducation, en acceptant au moins l'ouverture d'écoles privées albanaises. S'agissant de la Kosove, le président albanais, qui a évoqué la question lors d'un entretien le 31 octobre avec le président de la Confédération suisse Arnold Koller, a souhaité que la communauté internationale contribue à un apaisement de la situation et a plaidé pour une "européanisation" des Balkans.

(AFP 21.11) 110 personnes ont été tuées par balles en Albanie en septembre et en octobre 1998, selon les chiffres officiels.

(AFP 16.11) Les ministres de la Défense de l'Union de l'Europe Occidentale sont réunis depuis le 16 novembre à Rome pour une session semestrielle lors de laquelle ils aborderont la mission menée actuellement par l'organisation européenne de défense en Albanie, où une centaine de policiers européens forment et conseillent la police locale. Une étude a été lancée pour renforcer la mission européenne, dont les effectifs pourraient atteindre jusqu'à 300 hommes.

(AFP 20.11, 21.11) près de 2 millions d'Albanaises et d'Albanais sont appelés à se prononcer le 22 novembre, dans 4583 bureaux de vote, sur un projet de nouvelle constitution élaboré par le gouvernement socialiste de Pandeli Majko et les experts internationaux, et posant en 180 articles les fondements des libertés fondamentales et des droits politiques. Le Président Meidani, le Premier ministre Majko, ainsi que des représentants de la communauté internationale, ont lancé le 20 novembre des appels aux Albanais pour qu'ils participent au référendum constitutionnel du 22 novembre, alors que le Parti démocratique a appelé au boycott du référendum, et appelé ses partisans à manifester le 21, malgré la loi imposant un "silence électoral" pendant les 48 heures précédant le scrutin. Le PD a finalement annulé au dernier moment sa manifestation. Le parti de Sali Berisha accuse le gouvernement "de la mafia et du crime" de vouloir "tuer la démocratie", et utilise contre les socialistes la même tactique qu'ils avaient utilisé contre lui en 1994 et 1996, alors qu'il était président, lorsqu'ils avaient boyotté les élections législatives après qu'un projet de constitution ait été rejeté par les citoyens pour excès de "présidentialisme". Sali Berisha affirme aujourd'hui que la constitution proposée par les socialistes "viole les intérêts de la nation, de la société et de l'individu" et qu'il s'agit d'un "texte anti-albanais qui vise à morceler le pays et à diviser les Albanais", notamment en autorisant les changements de noms et de religion. Sali Berisha promet que son parti élaborera "une vraie constitution démocratique" une fois revenu au pouvoir. Le représentant de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, Daan Everts, qui a fait l'objet de menaces, a précisé que le projet de nouvelle constitution avait été élaboré avec le concours d'éminents experts étrangers "qui n'auraient jamais accepté un document anti-démocratique", à quoi l'opposition a répliqué en accusant l'OSCE d'avoir soutenu "de manière partiale" le gouvernement. L'OSCE a appelé les Albanais à participer au scrutin, mais non forcément à soutenir le projet, et Daan Everts a déclaré que "le boycott n'est pas un instrument positif de la démocratie". La Constitution peut être adoptée même si l'abstention est supérieure à 50 %. Pour le président Meidani, "un Etat de droit est indispensable afin d'éviter de nouvelles crises et d'assurer la stabilité au pays"; pour le Premier ministre Majko, l'adoption de la nouvelle constitution permettra "que l'Albanie soit intégrée dans l'Europe". La présidente de la délégation du Parlement européen venue observer le déroulement du vote, Doris Pack, a affirmé qu'il était "temps pour l'Albanie de se doter d'une constitution, sinon les investissements étrangers n'arriveront pas". 200 observateurs de l'OSCE vont contrôler la régularité du vote, pour l'organisation duquel 35'000 personnes ont été mobilisées par le gouvernement, mais l'OSCE a exprimé son inquiétude pour la sécurité de ses 88 équipes, notamment pour celles qui devront faire leur travail dans le nord du pays, fief de Sali Berisha (le 10 octobre, les locaux de l'OSCE à Shköder ont été mis à sac par des hommes armés) et a reconnu qu'elle ne pourra pas contrôler la totalité du territoire. Le porte-parole de la police a menacé de tirer "sans hésitation contre quiconque se (livrerait) à des actes de violence ou de terreur" lors du déroulement du scrutin.

(AFP 22.11) Le scrutin constitutionnel s'est ouvert en Albanie le 22 novembre dans une ambiance lourde. A Shköder, où le taux de participation était manifestement faible, les responsables de bureaux de vote ont accusé le Parti démocratique de "saboter les opérations de vote" et la mairie, aux mains du PD, d'avoir déplacé les bureaux de vote et convoqué les électeurs dans des bureaux éloignés pour créer la confusion et d'avoir inscrit sur les listes électorales "des morts et des Albanais vivant à l'étranger". Sur 698 électeurs inscrits dans un bureau de vote, au moins 70 étaient hors d'Albanie. Dans d'autres locaux, des électeurs n'étaient pas inscrits sur les listes. Des rafales de Kalachnikov ont été entendues dans la ville en fin de matinée. A Tirana, aucune affluence n'était constatée en fin de matinée dans les locaux de vote.

(AFP 22.11) Le gouvernement et l'opposition (laquelle contrôle 90 % des municipalités, essentiellement dans le nord du pays) se sont mutuellement accusés de "manipulations" et d'"irrégularités" dans le scrutin du 22 novembre. Le ministre de l'Information Musa Ulqini à dénoncé "d'énormes irrégularités sur les listes électorales, établies par les pouvoirs locaux" au main du Parti démocratique, "qui ont saboté le scrutin". Le chef du Parti démocratique, l'ancien président Sali Berisha, a dénoncé en retour des "irrégularités et des fraudes" commises par le gouvernement et les partis au pouvoir.

(AFP 22.11, 23.11) Selon la commission centrale électorale, la participation au scrutin constitutionnel du 22 novembre a été supérieure à 50 %, alors que le chef de l'opposition, Sali Berisha, l'a estimée à 38 %. A 16 heures, deux heures avant la fermeture de la plupart des bureaux de vote, le chiffre officiel de la participation était de 43,5 %. Le soir, le président du Parlement Skender Gjinushi a affirmé que le "oui" avait remporté 90 % des suffrages. Sali Berisha a rejeté les résultats officiels du référendum et a appelé le 23 novembre ses partisans à manifester au centre de Tirana, où 2000 personnes ont à son appel conspué le gouvernement. Après avoir accusé le ministre de l'Intérieur Petro Koçi d'être "un terroriste et une ordure" et appelé la foule à scander "A bas le parlement, à bas la constitution", l'ancien président Berisha à affirmé que "ceux qui violent notre constitution devront passer sur nos corps". Les partisans du Parti démocratique ont en outre exigé le départ de Daan Everts, chef de la mission de l'OSCE en Albanie, qui a de son côté estimé que le processus électoral s'était déroulé "dans le calme et de manière normale", qu'il semblait "que la participation (était) très encourageante pour le gouvernement" et que Sali Berisha se comportait en "mauvais perdant" ne faisait que montrer "son mépris pour la démocratie lorsque la situation lui est défavorable".

(AFP, AP 23.11, 24.11) Selon les premiers résultats officiels mais partiels diffusés par la présidence albanaise le 23 novembre, "plus de 55 % des Albanais ont voté oui au référendum malgré des conditions climatiques difficiles" et alors que "plus de 25 % des Albanais figurant sur les listes sont à l'étranger" et que "le taux d'abstention moyen lors d'élections" en Albanie "est de l'ordre de 15 à 20 %", selon le Conseiller à la présidence, Preç Zogaj, pour qui seule une "infime partie de l'électorat a suiivi les consignes de boycottage du Parti démocratique de M. Berisha". De toutes manières, la Constitution pouvait être adoptée même si le taux de participation était inférieur à 50 %. Dann Everts, chef de la mission de l'OSCE, a cependant estimé qu'une participation inférieure à 30 % entamerait la légitimité des résultats. La Commission électorale a annoncé que la participation avait été supérieure à 50 %. Quant à Sali Berisha, il a à nouveau affirmé le 23 novembre que "le vrai résultat du vote est de 38 %" de participation, puis rectifié le 24 novembre en déclarant que la participation avait été de 39,6 %, et en a tiré la conclusion que "le référendum a été rejeté par les Albanais" et que ceux ci ont "refusé la proposition du gouvernement le plus corrompu d'Europe". Sali Berisha a appelé le 23 novembre ses partisans à "prendre les rues" de Tirana "en guise d'autodéfense". Seules 2000 personnes ont répondu à cet appel le jour même.

(AP 28.11) Selon les résultats officiels définitifs, la nouvelle constitution albanaise a été approuvée par 93 % des votants, avec une participation de 50,57 %.

(AFP 23.11) Selon L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, qui avait chargé 200 observateurs de les suivre, les opérations du vote référendaire albanais du 22 novembre se sont "déroulées de manière correcte" et "tous les partis ont rempli leur rôle dans la plupart des commissions électorales locales", même si "quelques incidents violents ont été observés". De même, l'Union européenne s'est déclarée "satisfaite" du déroulement du référendum et a promis de soutenir "encore énergiquement l'Albanie dans sa voie en direction de l'Europe.

(AFP 23.11, 24.11, 28.11) La nouvelle Constitution albanaise adoptée le 22 novembre par référenduma été promulguée et est entrée officiellement en vigueur le 28 novembre. Elle définit l'Albanie comme une "République démocratique" et un Etat de droit, affirme la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, reconnaît l'économie de marché, garantit la liberté des cultes et les droits des minorités. L'ancien Procureur de la République Maks Haxhia a estimé que la nouvelle constitution était "un bon début car en Albanie nous n'avons pas l'expérience de la vraie démocratue (et) pas de culture du respect de la loi". En promulguant la nouvelle constitution, le président Meidani l'a qualifiée de "symbole de l'avenir européen de l'Albanie".

(AFP 12.12) Le Premier ministre Pandeli Majko a appelé le 12 décembre les étudiants en grève de la faim depuis le 10 à Tirana à cesser leur mouvement. 90 étudiants observent le mouvements lancé pour obtenir de meilleures conditions de vie et une augmentation de 50 % du montant des boures, qui varie de 35 à 40 dollars. Le salaire d'un professeur débutant atteint tout juste 80 dollars. Le Premier ministre assure que le gouvernement "s'efforce d'améliorer les conditions de vie dans les cités universitaires" mais précise que ses possibilités sont "limitées" et qu'il ne peut "satisfaite entièrement" les revendications des édutiants. Le porte-parole des grévistes assure au contraire que le pouvoir "a les moyens de satisfaire" leurs revendications, et dément que le mouvement ait un caractère politique, le Premier ministre accusant l'opposition de "voulir se servir de la grève des étudiants pour déstabiliser le pays". Les grévistes ont reçu la visite de l'ex-président Berisha, leader de l'opposition, venu avec plusieurs centaines de ses sympathisants leur exprimer le soutien du Parti démocratique. Le fils de Sali Berisha, soupçonné d'être l'un des organisateurs du mouvement de contestation étudiant, via l'Union indépendante des étudiants, proche du PD, a été interpellé le 11 décembre. A Shkodër, l'ensemble des étudiants boycottent les cours. Deux mouvements étudiants ont déjà été le prélude à la chute des gouvernements en place en Albanie, en décembre 1990 (chute du régime communiste) et en février 1997 (chute de Sali Berisha).

(AFP 23.12) Le Premier ministre Pandeli Majko et le chef de l'opposition Sali Berisha ont tous deux affirmé le 23 décembre leur volonté de dialoguer et de coopérer, deux jours après leur rencontre, la première entre un Premier ministre et un chef de l'opposition depuis 1991. "La place de l'opposition n'est ni en prison ni dans la rue+, a déclaré Pandeli Majko, pour qui dans le dialogue entre le gouvernement et l'opposition, "on ne peut pas dire (...) qu'il y ait eu des gagnants et des perdants". Pour sa part, Sali Berisha, qui a qualifié sa rencontre avec M. Majko de "fructueuse", s'est déclaré prêt à coopérer avec le gouvernement afin de "rétablir l'ordre public, éradiquer la contrebande et la corruption, et désarmer la population". Le 22 décembre, l'Union indépendante des étudiants, proche de l'opposition, a décidé de mettre fin à la grève de la faim poursuivie depuis douze jours par plusieurs dizaines d'étudiants. Sali Berisha a cependant posé comme condition du retour de l'opposition au parlement (boycotté par elle) que le gouvernement se montre "disposé à prendre des mesures concrètes" pour identifier les assassins d'Azem Hajdari et de "21 autres membres du Parti démocratique tués par le pouvoir", selon l'ancien président, qui a assuré que "la non participation des démocrates aux travaux du parlement ne signifie pas que le dialogue sera bloqué".

1999

(AFP 16.1) Les Nations Unies vont lancer fin janvier un programme de désarmement de la population albanaise en lui promettant des conditions de vie meilleures, de meilleures infrastructures, de nouvelles lignes de télécommunications, un système routier efficace et la création d'emplois en échange des armes volées dans les casernes pendant la rébellion de 1997. Ce programme sera appliqué dans un premier temps à la région de Gramsh (sud), plaque tournante du trafic d'armes à destination du nord de l'Albanie, puis de la Kosove, et où 60 personnes ont été tuées (dont 25 enfants) et des centaines d'autres blessées depuis mars 1997. Plus d'un million d'armes ont été pillées dans les dépôts militaires au printemps 1997 et les efforts du gouvernement pour inciter les gens à rendre volontairement les armes n'ont guère eu de succès : au moins 80 % des armes volées sont restées aux mains de ceux qui les avaient volées, ou de ceux à qui ils les ont revendues ou distribuées. La seule population de Gramsh (50'000 habitants) devrait rendre environ 10'000 armes. Trois personnes sont tuées en moyenne chaque jour en Albanie. Le programme de l'ONU prévoit une assistance à la police.

(AFP 6.2) Le prétendant au trône d'Albanie, Leka, qui vit en Afrique du Sud, a été arrêté à son domicile le 4 février. Un important stock d'armes a été saisi chez lui (des pistolets mitrailleurs, des fusils d'assaut, des lance-grenades, des pistolets, des mines antipersonnel). Le statut dont bénéficiait Leka en Afrique du Sud (une forme d'immunité diplomatique partielle) a été suspendu. Depuis longtemps, Leka est suspecté de trafic d'armes.

(AP 6.2) Le porte-parole du gouvernement albanais a annoncé le 6 février que le gouvernement avait décidé d'avaliser une pratique jusqu'alors illégale, mais commune, celle du port d'arme par les hommes d'affaires importants.

(Albanie 9.6) Selon le quotidien "Albania", proche du Parti démocratique (opposition), le président Meidani aurait pris le contrôle politique complet du système judiciaire albanais et de son administration en nommant deux de ses proches à des postes-clefs, le ministère de la Justice, où Ilir Panda a été nommé en replacement de Thimio Kondi, lequel a été nommé à la présidence de la Cour de Cassation en remplacement d'Avni Shehu, limogé.

(AIM 29.7) Après un armistice politique entre le gouvernement socialiste de Pandeli Majko et l'opposition de droite de Sali Berisha, penmdant la période du "refuge" accordé à un demi-million de Kosovars, la politique albanaise a repris le cours normal de ses conflits. Le Parti socialiste au pouvoir vit une crise interne due à l'opposition de la tendance de Pandeli Majko et de celle de son prédécesseur Fatos Nano, qui a lancé une campagne de reconquête de la direction du parti pour le prochain congrès de celui-ci, prévu en octobre. De son côté, Majko a établi des relations plus détentues que son prédesseur avec l'opposition, et bénéficie du soutien de la communauté internationale, ainsi que de l'UCK kosovare. Si Nano réussit à reprendre le contrôle du parti, cela pourrait être la fin du gouvernement Majko. S'il échoue, il pourrait faire scision et créer un nouveau parti. En outre, deux petits partis membres de la coalition au pouvoir, l'Alliance démocratique et l'Union pour les droits de l'Homme (parti de la communauté grecque) ont demandé un remaniement ministériel. Du côté de l'opposition, Sali Berisha a mis à fin à son boycott parlementaire, qui durait depuis un an, mais au sein de son parti (le Parti démocratique), un groupe critique ce boycott et l'autoritarisme de la direction de Berisha.

2000

(IWW 21.3) L'opposition albanaise menace de boycotter les élections locales de l'automne 2000 à cause d'un désaccord sur la composition d'une commission chargée de superviser le scrutin. Des représentants de l'OSCE sont intervenus pour tenter de résoudre le conflit, après de difficiles négociations entre le Parti socialiste au pouvoir et le Parti démocratique de Sali Berisha. L'opposition a annoncé qu'elle boycotterait les élections si sa représentation à la Conmission centrale des élections (KQZ ), composée de sept membres, et au sein de laquelle elle n'avait qu'un représentant, n'était pas augmentée. Le PD réclame de nouvelles élections législatives et tient chaque semaine des rassemblements à Tirana et dans d'autres villes, notamment dans le nord, traitant le gouvernement en place de "bande de voleurs et de criminels". Le PS a offert en février à l'opposition la moitié des sièges dans les commissions électorales locales, mais cette offre a été refusée. Le PS a ensuite proposé de transférer les compétences de la commission centrale aux commissions locales. Pour sa part, l'OSCE a exclu tout changement constitutionnel rapide et proposé que les membres de la commission centrale soient des personnalités politiques impartiales, mais les observateurs étrangers craignent que cette polémique ne retarde tout le processus électoral et les Etats occidentaux membres du groupe des "Amis internationaux de l'Albanie" pressent les partis albanais de mettre un terme à leurs querelles. La communauté internationale craint en effet que l'Albanie ne connaisse un regain d'instabilité politique si le conflit en cours n'est pas réglé. Dans le passé, chaque camp avait à son tour accusé le camp adverse de manipuler les élections, et boycotté les scrutins organisés. En mai 1996, les socialistes avaient boycotté les élections générales organisées (et donc remportées) par le PD. Un an plus tard, le PD a refusé de reconnaître les résultats des élections organisées pour mettre fin à une insurrection qui les avait chassé du pouvoir et installé à leur place une coalition dominée par le PS.

(IWPR 6.10) Après les mauvais résultats obtenus par son parti lors des élections municipales, gagnées par le PS au pouvoir, l'ancien président Sali Berisha subit de fortes pressions pour qu'il se retire de la direction du Parti démocratique. Les socialistes ont conquis, le 1er octobre, au premier tour, 27 municipalités sur 65, le PD n'en gardant que 9, et perdant la plupart de celles qu'il détenait, à commencer par celle de Tirana où le ministre de la Culture Edi Rama a battu l'ancien ambassadeur en France, Besnik Mustafaj, qui a néanmoins obtenu plus de voix à Tirana que les candidats du PD en moyenne au plan national. Berisha a récusé ces résultats, après avoir été tenté de boycotter le scrutin. L'OSCE, le Conseil de l'Europe et les USA ont tous reconnu la loyauté de l'élection du 1er octobre, et sa bonne organisation. Après la défaite du PD, le député Genc Pollo a demandé à Berisha de ne pas prendre le parti en otage pour "assurer sa survie".

(AP, AFP 29.11) L'ex-président Sali Berisha a été brièvement arrêté le 29 novembre à la suite de violences à Tropoja (nord), le 28 novembre, fête nationale albanaise lors desquelles de deux à cinq personnes, dont au moins un policier, ont été tuées, alors que des sampathisants de Sali Berisha avaient pris d'assaut un tribuna et attaqué un poste de police pour protester contre ce qu'ils considéraient comme des "fraudes" lors des élections locales d'octobre. A Tirana, environ 2000 personnes ont manifesté pour protester contre l'arrestation de Berisha, qui a qualifié les heurts du 28 novembre de "massacre" du à la "terreur communiste", et qui a appelé à poursuivre la "lutte à la vie et à la mort contre le gouvernement". A Tropoja, les locaux du Parti démocratique de Sali Berisha ont été encerclés par la police. Le Premier ministre Ilir Meta a assuré que désormais "toute personne qui ose tirer contre les institutions se retrouvera face aux forces de l'ordre", et qu'il n'y aura "pas de compromis politique avec les groupes extrémistes".

2001

(ATS 11.7) Lors du second tour des élections législatives albanaises, le PS au pouvoir a obtenu 33 des 44 sièges qui restaient à repourvoir, le PD n'ayant obtenu que quatre sièges. Au total, sur 140 sièges, le PS en détient donc 66 (dont 33 au premier tour), le PD 21 (dont 17 au premier tour), l'ensemble des autres partis, les uns alliés au PS les autres au PD, 53 sièges.

2002

(AIM 17.2) Le Premier ministre albanais Illit Meta a démissionné, après l'exacerbation de ses désaccords avec le chef du Parti socialiste, Fatot Nano, ce qui a provoqué une crise politique à Tirana, sur fonds d'affrontements entre diverses tendances au sein du PS. Meta a été remplkacé à la tête du gouvernement par son ministre de la Défense, Pandeli Majko, lui-même ancien Premier ministre (et qui avait déjà du démissionner à la suite de désaccords avec Fatos Nano). Si Majko n'était pas le candidat de Nano, les amis de celui-ci obtiennent les ministères de l'économie, des finances, de l'agriculture et de l'industrie. Les partisans de Meta détiennent le ministère des Affaires étrangères. Le PS albanais semble désormais comporter en fait deux partis distincts, celui de Fatos Nano et celui d'Illir Meta, sans différence idéologique entre eux, mais en lutte pour le pouvoir. L'opposition de droite, conduite par l'ancien président Berisha, ne semble toutefois pas en mesure d'en profiter.

(Gazeta shqiptare 5.3.02) La dette extérieure de l'Albanie se monte à près d'un milliard de dollars (ou d'euros), et le FMI a prévenu qu'elle ne devait pas augmenter. Un programme triennal a été passé entre le FMI et l'Albanie, auprès de laquelle la Russie a exigé le remboursement de ses créances. L'Albanie a contracté des dettes considérables envers la Banque Mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d'investissements (BEI), le Fond international pour le développement de l'agriculture, le fond de l'OPEC et la Banque islamique de développement, ainsi qu'envers plusieurs Rtats (le Koweït, l'Italie, l'Allemagne, le Japon, l'Autriche, la Grèce, la Norvège, la Suède et la Chine). L'aide et les prêts internationaux constituent l'essentiel des sources de financement des investissements publics.

(Gazeta shqiptare 5.3.02) Le Département d'Etat américain considère, dans un rapport sur les trafics, le blanchiment d'argent et le crime organisé, que l'Albanie est "une base opérationnelle pour le crime organisé et le blanchiment de l'argent sale", du fait du manque d'autorité de l'Etat et du "faible contrôle exercé par le gouvernement" sur les activités économiques et les échanges financiers. Le Départzement d'Etat US constate que l'Albanie est utilisée pour blanchir les profits de trafics accumulés dans d'autres pays.

La position de la Grèce

(AFP 4.3, 5.3) Le 4 mars, l'attaché de presse de l'ambassade de Grèce à Tirana a estimé qu'il existait "un danger pour les membres de la minorité grecque car ils se trouvent sous les tirs", et l'ancien ministre des Affaires étrangères Carolos Papoulias a exprimé sa crainte d'une attaque contre le consulat grec de Gjirokaster.
(AFP 8.4, 9.4) En visite en Grèce, où il s'est entretenu avec son homologue grec Akis Tsohatzopoulos, le ministre albanais de la Défense Shaqir Vukal a affirmé que "la minorité grecque a été et sera toujours un pont d'amitié entre la Grèce et l'Albanie" et qu'elle n'avait pas été impliquée dans les troubles. Les entretiens entre les deux ministres de la Défense ont permis d'"adapter l'accord bilatéral de défense (...) en fonction des nouvelles conditions", selon le ministre grec. La Grèce collaborera avec l'Albanie pour la reconstruction de son armée.

(AFP 19.3, 21.3) Dans une rencontre à Skoplje le 19 mars des ministres grec et macédonien des Affaires étrangères -la première rencontre à ce niveau entre les deux pays depuis l'indépendance de la Macédoine en 1991-, la Grèce et la Macédoine ont décidé de coopérer étroitement afin d'"assurer la paix et la stabilité" des Balkans. Avant de quitter Skoplje pour Belgrade, le ministre grec, Theodore Pangalos, a reconnu que la situation en Albanie avait motivé sa visite en Macédoine. Après avoir également conféré à Belgrade avec son homologue yougoslave Milan Milutinovic et avec le président serbe Milosevic, M. Pangalos a annoncé le 19 mars une position commune de la Grèce, de la Macédoine et de la Yougoslavie, en faveur de "la sauvegarde et l'inviolabilité des frontières" et du "respect des droits de tous les citoyens", ainsi que de "l'ordre et la sécurité dans la région". M. Pangalos a enfin estimé que les risques d'une extension de la tension albanaise au Tetovo macédonien et à la Kosove yougoslave diminuaient : "Les évolutions en Albanie ont peut-être découragé les milieux nationalistes" albanais dans ces deux régions, selon lui. Le Premier ministre grec Costas Simitis a annoncé le 21 mars à Bucarest son intention de se rendre "à un moment approprié" à Skoplje.

(AFP 26.3) Le chef démissionné de la police secrète albanaise, le SHIK (Service d'information nationale) a accusé le 26 mars à la tribune du parlement albanais des associations grecques d'avoir provoqué l'insurrection armée du sud de l'Albanie. Bashkim Gazidede a affirmé qu'un plan baptisé "Lotos" avait mis sur pied dès 1990 par des associations d'émigrés grecs aux Etats-Unis et et Europe, en collaboration avec un ancien chef d'état-major de l'armée albanaise (Kico Mustaqi) et d'un ancien ministre de l'intérieur du régime communiste albanais. Ce plan avait pour but de "libérer l'Epire du Nord" (c'est-à-dire le sud de l'Albanie, où vit une importante communauté gréco-albanaise) "de la domination albanaise par une insurrection armée". Le ministère grec des Affaires étrangères a rejeté ces accusations, qui selon lui "ne méritent même pas un démenti, et doivent probablement être attribuées à la confusion dans laquelle il est naturel que se trouve" Bashkim Gazidede. Le porte-parole du ministère a rappelé que la Grèce avait signé un accord d'amitié et de coopération avec l'Albanie et "montré en pratique, durant la crise actuelle, son aide au pays voisin". Il a également rappelé que le président et le premier ministre albanais avaient tous deux "rendu hommage" à la position grecque, et assuré que "la Grèce continuera d'apporter son concours" à l'Albanie, sur le plan bilatéral et dans le cadre d'efforts communs. La Grèce avait formellement condamné en 1994 et 1995 les activités d'organisations irrédentistes grecques prônant le rattachement de l'"Epire du nord" à la Grèce. Le chef du parti Omonia, représentant la minorité grecque d'Albanie, a dénoncé le 30 mars lors des obsèques d'une femme abattue par des truands à la frontière albano-grecque, assassinat qu'il a imputé à une "haine anti-grecque", une montée de tension en Albanie envers la minorité grecque "après les accusations de Bashkim Gazidede".

(AFP 13.4) La Grèce a protesté le 13 avril auprès de l'Italie contre un rapport qu'elle a jugé "diffamatoire" des autorités militaires italiennes, adressé au comité directeur de la force multinationale en Albanie. Ce rapport reprend en les traitant avec sérieux les accusations lancées fin mars par l'ancien chef (démissionné) des services secrets albanais, Bashkim Gazidede, qui accusait des extrémistes grecs d'être à l'origine de la rébellion armée dans le sud de l'Albanie. La Grèce a demandé à l'Italie de retirer immédiatement le rapport incriminé, et de diffuser une correction. Le ministère italien des Affaires étrangères a soutenu la demande grecque, les militaires italiens ayant été beaucoup plus réticents, selon l'hebdomadaire grec "To Vima".

(Reuters 24.6) La Grèce a présenté le 24 juin à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe un plan en quatre points, qui sera ensuite présenté au comité des ministres, pour un réglement de la crise du Kosovo et "pour empêcher la multiplication des actes de violence", selon les termes du ministre adjoint des Affaires étrangères, Giorgios Papandréou. Le plan grec comprend un cessez-le-feu immédiat entre les deux parties, la "mise en place d'un mécanisme de suivi de la situation des droits de l'Homme", une action pour le développement de la démocratie en Yougoslavie et un renforcement du mécanisme de suivi de ces engagements au sein du Conseil de l'Europe.

(AFP 3.10) Le Premier ministre grec Costas Simitis a appelé le 3 octobre l'Union européenne à mener des "actions positives" pour aider les pays des Balkans à "surmonmter leurs problèmes", et a pris ses distances avec une éventuelle action armée en Kosove. Costas Simitis s'exprimait à l'ouverture d'un sommet avec les présidents bulgare et roumain, à Delphes, avec notamment à l'ordre du jour la crise kosovare et l'instabilité albanaise. Le ministre grec des Affaires étrangères Théodore Pangalos a pour sa part déclaré que s'il y avait "plusieurs pays qui décident", c'étaient les pays balkaniques qui allaient "payer la note" d'une intervention armée.

(AP 9.10) La Grèce a annoncé le 9 octobre que son aviation de participera pas à d'éventuelles frappes aériennes contre la Serbie et la Yougoslavie, mais le Premier ministre Costas Simitis a précisé que son gouvernement ne s'opposera pas à l'utilisation des bases de l'OTAN en Grèce pour lanmcer des actions contre Belgrade. Le porte-parole du gouvernement a réitéré la conviction de la Grèce que "l'usage de la force armée ne constitue pas le meilleur moyen de gérer cette crise".

(AFP 14.10) Le ministre grec des Affaires étrangères Théodore Pangalos a réaffirmé le 14 octobre que la Grèce participera à la mission de vérification de l'OSCE et fera "tout son possible pour participer au suivi de l'application de l'accord" Milosevic-Holbrooke. Il n'a cependant pas donné de précisions quant à une participation de la Grèce aux missions de vérirication aérienne de l'OTAN, mais a affirmé que le Grèce "restera en contact" avec la Yougoslavie "pour l'application immédiate et fidèle de l'accord".

1999

(AFP 2.4) La mobilisation contre la poursuite des bombardements alliés en Yougoslavie a pris de l'ampleur en Grèce, où elle témoigne souvent plus de l'anti-américanisme que d'une volonté de solidarité avec le peuple serbe. La gauche, en particulier communiste, a multiplié les manifestations et, comme à Belgrade, les concerts contre la guerre.

(AP 16.5) Le ministre grec des Affaires étrangères George Papandreou a demandé le 16 mai à l'OTAN de suspendre pour 48 heures ses bombardements sur la Yougoslavie afin de "donner une dernière chance à la paix". En échange de cette "pause" dans les bombardements, le président Milosevic devrait accepter les principes posés par la communauté internationale pour mettre fin au conflit.

(AIM 1.6) La campagne pour les élections européennes en Grèce a été notamment marquée par l'émergence à gauche d'un discours radicalement national, et albanophobe, de la part du Parti communiste (KKE), et notamment de deux de ses candidats, Costas Zouraris, qui accuse le gouvernement socialiste d'être un gouvernement de "collabos" (en identifiant l'OTAN à l'occupant nazi de la deuxième Guerre mondiale), et Liana Kanelli, connue jusqu'alors pour ses tendances conservatrices, et éditrice d'un mensuel nationaliste, "Nemesis". Mikis Theorodakis a dénoncé la "barbarie de l'âme" de la culture occidentale, le "monstre jusqu'à maintenant bien caché dans les Etats occidentaux" et qui a "soif de destruction, de sang et d'asservissement", et les intellectuels occidentaux qui ont soutenu les frappes de l'OTAN contre la Yougosdlavie, qui "ressemblent aux singes dans les cages des zoos, qui adorent montrer leur derrière aux visiteurs". Costas Zouaris a qualifié la guerre en ougoslavie de "bestialité occidentale hyper-barbare perpétrée par le peuple bestial de l'ouest". L'albanophobie a pour sa part été réveillée par la prise d'otage du 28 mai 1999, lorsqu'un albanais de Grèce a pris un bus et ses passagers en otage dans la banlieue de Salonique, puis fui avec eux vers l'Albanie et a été abattu par la police albanaise -qui a tué un otage grec dans l'affrontement. Le gouvernement grec serait en train d'élaborer une série de mesures contre les immigrés illégaux albanais, "basées sur le principe de la "culpabilité collective" (et) incompatibles avec la démocratie", selon les comités Helsinki de Grèce et d'Albanie.

(AP 14.7) Un Albanais a à nouveau détourné le 14 juillet un autocar grec en prenant au moins six otages et en menaçant de faire sauter une grenade si on ne lui remettait pas 250 millions de drachmes (environ 1,25 mio FS, 5 mios FF), deux armes automatiques et le libre passage en Albanie. Cette prise d'otage survient alors que les immigrés, principalement Albanais, sont désignés comme responsables de la criminalité.

(AP 2.10) Un soldat américain servant dans la KFOR a été arrêté le 1er octobre à Thessaloniki pour conduite en état d'ivresse, avec un taux d'alcoolémie trois fois supérieur à la normale. Thessaloniki sert de base arrière aux 40'000 soldats de la KFOR, et plusieurs d'entre eux ont déjé été arrêtés pour divers délits contre l'ordre public.

La position de l'Italie

(AFP 16.3, 18.3, 19.3, 21.3) Le Premier ministre italien Romano Prodi a appelé le 16 mars à Brindisi les Albanais à ne pas fuir leur pays : "Ce n'est pas par la fuite mais par la recomposition de l'Albanie que la crise se résoudra", a déclaré Romano Prodi. La question des réfugiés albanais en Italie divise la classe politique et l'opinion publique italiennes, par delà le clivage gauche-droite. Le parti post-fasciste Alliance Nationale a demandé au gouvernement de "mettre fin à l'invasion" de réfugiés albanais, la Ligue du Nord a annoncé son intention d'organiser des manifestations contre l'"invasion albanaise" et demandé la "mobilisation des forces armées pour empêcher le débarquement de soi-disant réfugiés", le chef des démocrates-chrétiens alliés de Silvio Berlusconi, Rocco Buttiglione, a reproché au gouvernement d'avoir "laissé se disperser des réfugiés sur tout le territoire", le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Piero Fasino, membre du PDS (ex-PC) a estimé qu'on était passé d'une immigration de "réfugiés qui fuyaient une situation de conflit" à "un phénomène organisé d'immigration clandestine", le responsable du secteur "étranger" du PDS a déclaré qu'il n'était pas possible "d'accueillir des réfugiés pour une longue période" et le secrétaire national de Refondation Communiste a estimé que les "préoccupations des gens des Pouilles", inquiets devant l'afflux de réfugiés albanais, "étaient légitimes". A l'inverse, l'ancien ministre des Affaires étrangères Antonio Martino, dirigeant du parti "Forza Italia" de Silvio Berlusconi, a estimé que l'"Italie a le devoir d'assurer un accueil temporaire digne pour les réfugiés albanais", le porte-parole des Verts a estimé que les réfugiés albanais en Italie pouvaient être "accueillis sans peur", en rappelant qu'"il s'agit de 10'000 fugitifs qui arrivent dans un pays de 57 millions d'habitants" et le démocrate-chrétien de gauche Sergio Mattarella a affirmé qu'il serait "barbare" de renvoyer les réfugiés chez eux et que "l'accueil est un impératif moral". Le 18 mars, le Maire de Rome, Francesco Rutelli, a annoncé que la capitale italienne était prête à accueillir des réfugiés albanais "en état de besoin, comme par exemple les enfants" mais demandé que les "délinquants" et les "condamnés" doivent être "mis sur des bateaux de rapatriement". L'Italie a accueilli 11'000 réfugiés albanais du 13 au 21 mars et demande aux pays de l'Union Européenne de décider rapidement le lancement d'un programme d'aide humanitaire susceptible de décourager le départ des Albanais d'Albanie.

(AFP 19.3, 24.3, 28.3, 29.3, 30.3) Plus de 12'000 Albanais sont entrés en Italie du 13 au 24 mars sur des centaines d' embarcations diverses. Au moins quatre-vingt huit personnes, dont deux enfants, sont mortes dans le naufrage d'une vedette militaire albanaise volée à Saranda par des truands et chargée d'émigrants à Vlora, qui avait heurté un bateau militaire italien qui lui intimait l'ordre de s'arrêter, au large des côtes italiennes le 28 mars, alors que la mer était forte et que le vent était de force 4 à 5. 34 personnes, dont une seule femme, ont été récupérées par la marine italienne. Le bateau albanais pouvait contenir une quarantaine de personnes mais en transportait officiellement 121, selon l'ambassade albanaise en Italie, toutes originaires de Vlora, dont une majorité de femmes et d'enfants, et 84 personnes sont portées disparues. 4 corps ont été repêchés par la marine italienne. Des naufragés et l'ambassadeur d'Albanie à Rome ont accusé la marine italienne d'avoir délibérément "éperonné" le navire albanais. Le chef d'état-major de la Marine italienne a pour sa part déclaré que la collision entre les deux navires avait été provoquée par une "manoeuvre imprudente" du bateau albanais, qui aurait coupé la route de la corvette italienne. Le gouvernement albanais a estimé à plusieurs dizaines le nombre des morts de l'accident, déclaré que "la tragédie pouvait être évitée" et demandé "des enquêtes rapides" pour "faire toute la lumière sur la tragédie. Le président Berisha a exprimé la même demande, ainsi que celle "que les autorités italiennes prennent des mesures pour que de tels incidents n'aient plus lieu". Deux enquêtes ont été ouvertes par les autorités militaires italiennes et par le parquet de Brindisi. Le commandant de la vedette, originaire de Vlora, a été arrêté sous l'accusation d'avoir favorisé "l'immigration clandestine à des fins pécuniaires". A Vlora d'où sont originaires victimes, disparus et rescapés du naufrage, la colère s'est exprimée par des menaces adressées à l'Italie, alors que le contingent international, majoritairement italien, envoyé en Albanie au début avril a précisément prévu de "sécuriser" le port de Vlora pour l'acheminement de l'aide humanitaire. Le ministre italien de la Défense, dont le leader du Parti radical italien, Marco Panella, a exigé la démission pour "homicide involontaire", a présenté ses condoléances à son homologue italien. Les Verts et Refondation communiste, alliés du gouvernement de Romano Prodi, ont critiqué le blocus des ports albanais par la marine, blocus également contesté par le chef de l'opposition de droite, Silvio Berlusconi, qui l'a qualifié de "décision improvisée, hasardeuse et indigne d'un pays comme l'Italie". Le lundi 31 mars a été décrété "jour de deuil national" en Albanie par le président Berisha, en hommage aux victimes du naufrage.

(AFP 17.3, 18.3) La mafia albanaise organise ouvertement depuis le port de Durres des traversées vers l'Italie, embarquant à bord de bateaux de pêche hommes, femmes et enfants. Le prix du passage atteindrait 500 à 1000 $ par personne. La police, présente sur le port, ne tente pratiquement rien pour empêcher la mafia d'agir, sinon de tirer en l'air pour disperser la foule des candidats au départ, dont certains accusent les policiers d'être complices des mafiosi. Les candidats au départ les plus fortunés peuvent quant à eux acheter des bateaux, à la mafia ou à des particuliers, pour 20'000 ou 30'000 dollars.

(AFP, Reuter, 12.3, 13.3, 15.3) Le gouvernement italien a indiqué le 8 mars que l'Italie n'accorderait pas le statut de réfugiés politiques aux Albanais en fuite chez elle, et qu'ils serait tous renvoyés dans leur pays. Le ministre de l'Intérieur italien Giorgio Napolitano précisait le 13 mars que ces expulsions n'avaient pas encore commencé. Le secrétaire d'Etat à l'intérieur Nicola Sinisi a confirmé que l'Italie n'accorderait pas l'asile politique aux Albanais en fuite, car la crise albanaise n'est pas une guerre civile mais une "dégénérescence de l'ordre public". La section italienne d'Amnesty Internationale s'est inquiétée le 12 mars du sort des Albanais réfugiés en Italie depuis le début de la crise, et a demandé au ministre de l'Intérieur que le gouvernement italien respecte "pleinement" les normes internationales concernant le renvoi des réfugiés; l'organisation rappelle que "personne ne peut être rapatrié de force dans un pays où sa vie et sa liberté sont en danger" et qu'"être loi des lieux d'affrontements armés ne signifie pas automatiquement avoir des garanties de protection de la part de l'Etat et se voir assurer les droits de l'Homme les plus élémentaires", alors que "par manque de protection, les évacués pourraient être tentés de retourner chez eux dans des zones de conflits et privés de toute sécurité". Amnesty précise enfin que "tous ceux qui abordent sur les côtes italiennes ont le droit de remplir une demande d'asile et de ne pas être rapatriés tant que leur demande n'aura pas été examinés au cas par cas par l'administration".

(AFP 19.3, 23.3, 24.3) L'Italie a pris le 19 mars des mesures d'urgence pour faire face à la vague de réfugiés albanais arrivant sur son sol, et décidé de l'envoi d'une aide humanitaire en Albanie. L'état d'urgence a été décrété sur tout le territoire italien pour faire face à "un exceptionnel afflux de personnes venant d'Albanie". Le Conseil des ministres italien a adopté un décret-loi limitant le durée du séjour des réfugiés albanais à 60 jours avec une éventuelle prolongation de 30 jours, et autorisant le renvoi dans leur pays de deux que l'Italie jugerait dangereux pour la sécurité publique. 62 milliards de lires (38 millions de $) ont été affectés à l'aide aux réfugiés albanais. Le 23 mars, le ministre des Affaires étrangères Lamberto Dini a affirmé que "pour les enfants, les femmes, les personnes âgées" cherchant refuge en Italie "en raison de la situation chaotique" en Albanie, l'accueil était un "devoir" pour le gouvernement italien, mais qu'en revanche il devait "rejeter l'immigration clandestine" organisée "par la criminalité mafieuse qui met des gens sur des bateaux contre de l'argent", et qu'il fallait pour ce faire "établir un cordon sanitaire dans le détroit d'Otrante et, si nécessaire, contrôler, avec l'accord des autorités albanaises, les ports d'où partent ces bateaux" d'immigrés. Le 24 mars, un accord a été conclu entre l'Italie et l'Albanie pour une surveillance de l'Adriatique afin d'"arrêter le flux" des réfugiés albanais en Italie. Le Premier ministre albanais Bashkim Fino a déclaré que l'accord était destiné à "collaborer sur la question de l'immigration". Le 25 mars, un accord prévoyant des patrouilles militaires italiennes dans le détroit d'Otrante afin de réduire au minimum l'arrivée de nouveaux bateaux de réfugiés albanais sur les côtes italiennes était conclu entre les ministres italien et albanais des Affaires étrangères.

(AFP 19.3, 27.3) Amnesty International a appelé le 19 mars le gouvernement italien à ne pas renvoyer dans leur pays les demandeurs d'asile albanais. "Personne ne doit être renvoyé dans un pays où il ne peut être protégé par son gouvernement", estime Amnesty, pour qui "étant donné le chaos en Albanie, tous les demandeurs d'asile albanais devraient être protégés". Amnesty demande le respect par l'Italie du principe de "non refoulement" qui implique de ne pas renvoyer de personnes dans des pays où leurs droits de l'Homme risquent d'être violés. Le 27 mars, le délégué en Italie du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a critiqué le blocus mis en place par l'Italie pour empêcher l'arrivée des réfugiés albanais : "Nous demandons toujours que les personnes qui ont besoin de protection puissent y avoir accès", a déclaré Fazzlul Karim, qui a rappelé que le HCR avait demandé aux pays voisins de l'Albanie "d'accueillir ceux qui quitteraient ce pays à cause de la situation d'anarchie et de désordre y régnant" et que l'"Italie l'a fait" jusqu'à ce qu'elle ait "pris une position plus rigide". "Il faut au contraire répondre à la demande de protection de ceux qui arrivent", a estimé le représentant du HCR, qui a également recommandé "une attention maximum dans les critères de sélection de deux qui sont rapatriés" et une "protection temporaire" pour tous les réfugiés.

(AFP 17.3, 17.3, 18.3, 21.3) L'afflux de réfugiés albanais en Italie a provoqué de nombreuses réactions politiques. La Ligue du Nord a prévu d'organiser des manifestations contre le "danger albanais" et accuse le "gouvernement de Rome de vouloir exécuter, avec une incroyable légèreté, un plan de renvoi des Albanais dans les régions du nord", déja "envahies au-delà du tolérable par les immigrés et les nomades", selon les termes du député "léguiste" Mari Borghezio, qui a appelé à "organiser l'autodéfense des citoyens de la Padanie contre le danger albanais". Le coordinateur de l'Alliance nationale (post-fasciste), Maurizio Gasparri, a demandé le 18 mars au gouvernement italien de prendre des mesures pour empêcher "un exode d'Albanais vers l'Italie", qui ne peut acceuillir "une quantité infinie d'Albanais" et a le "droit de raccompagner de l'autre côté de l'Adriatique ceux qui viennent en Italie". Les autorités régionales des Pouilles ont quant à elle demandé que l'état d'urgence y soit proclamé pour faire face à l'afflux de réfugiés albanais, et que le gouvernement central répartisse "les réfugiés dans les autres régions italiennes et pas seulement dans les provinces méridionales", qui ne sont en mesure d'accueillir que 4000 réfugiés au maximum selon le responsable sanitaire régional, Michele Saccomanno -qui a indiqué que des cas de tuberculose et de gale avaient été enregistrée parmi les réfugiés. Le 21 mars, environ 8000 réfugiés albanais étaient hébergés dans les Pouilles, sans hostilité manifeste de la population locale -où se sont au contraire organisées des actions de solidarité et d'entraide, comme à Ostuni, à 30 km de Brindisi, où des habitants ont été nombreux à apporter au centre d'accueil de la "Cité de l'espérance" des produits de première nécessité. Dès le 16 mars, les autorités italiennes ont commencé à placer des réfugiés albanais dans des centres d'accueil provisoires situés au centre de l'Italie, notamment dans les Abruzzes et les Marches, pour désengorger les structures d'accueil des Pouilles.

(AFP 16.3, 19.3, 20.3) Les forces armées italiennes ont effectué le 20 mars une première opération sur sol albanais, le gouvernement excluant parallèlement toute intervention militaire italienne unilatérale d'envergure en Albanie. Des fusiliers-marins italiens ont débarqué à proximité de Durrës pour reconduire quelque 400 réfugiés secourus par la marine italienne dans l'Adriatique en pleine tempêcte le 19 mars. Plusieurs centaines de soldats d'élite équipés de moyens de transport blindés embarqués sur des navires patrouillent le long des côtes albanaises, en conformité avec un accord bilatéral italo-albanais destiné à lutter contre l'immigration d'Albanais en Italie. Un navire amphibie se trouve déjà dans l'Adriatique avec des fusilliers marins et des véhicules blindés à son bord, prêt à participer à toute opération.

(AFP 3.4, 4.4, 6.4) Selon des chiffres officiels, 13'000 Albanais se sont réfugiés en Italie du 13 mars au 3 avril. Le vice-directeur du secteur international de Caritas, Roberto Rambaldi, a dénoncé le "racisme latent" et la "xénophobie sous-jacente" sévissant en Italie à l'égard des Albanais, alimentées par "un problème de criminalité organisée entre les clans mafieux du sud Italien, l'Albanie et la Grèce" et "basée notamment sur la prostitution des femmes et l'exploitation des mineurs". Le quotidien "La Repubblica" a fustigé le 4 avril "la torpeur et le silence de la société civile" face au drame des réfugiés albanais. Un ancien responsable du PDS (Parti démocratique de la gauche, principale formation de la majorité gouvernementale" a déploré que "les valeurs de solidarité et de tolérance qui constituent le patrimoine de la gauche" aient été abandonnées à l'Eglise catholique. Mariapia Garavanglia, responsable de la Croix-rouge italienne, a pour sa part démenti que les réfugiés albanais apportent des épidémies en Italie : "les Albanais qui viennent nous voir ne présente que des ennuis de santé mineurs et des problèmes de refroidissement consécutifs aux conditions de transport sur l'Adriatique", a-t-elle précisé. Le 6 avril, 67 bateaux civils albanais (49 chalutiers et 18 bateaux de commerce) avaient été bloqués dans les ports italiens par les autorités portuaires, depuis le début de l'exode. Les responsables des villes italiens ont adopté des stratégies divergentes face à l'afflux de réfugiés albanais : Rome, où séjournent déjà 4000 Albanais en situation régulière, a accepté de recevoir des réfugiés albanais et a créé avec Bologne, qui hésite à les recevoir, un groupe de travail au sein de l'Association nationale des communes (Anci), qui considère qu'"il ne faut pas que les communes restent seules à supporter le fardeau moral et financier de l'accueil des réfugiés", qui réclame une aide du gouvernement et plaide pour une "répartition homogène" des réfugiés sur tout le territoire italien. Le Maire "léguiste" de Milan a réaffirmé un "blocus total à l'entrée de réfugiés albanais". Environ 6000 des 13'000 réfugiés albanais de ces dernières semaines en Italie sont hébergés dans des campings, des caravanes ou des foyers de Caritas et de la Croix-Rouge près de Brindisi et de Bari. Le dirigeant du secteur "tourisme" de la Confédération italienne des commerçants a imputé à la "crise albanaise" la chute, selon lui, de 50 % des réservations touristiques estivales dans les Pouilles et en Toscane.

(AFP/Reuter, 18.4) Quelque 1500 Albanais réfugiés en Italie ont disparu des centre d'accueil mis à leur disposition, a annoncé le 18 avril le ministère italien de l'Intérieur. Au total, 13'450 Albanais sont entrés en Italie depuis le début de l'état d'urgence et ont reçu un visa provisoire de 90 jours; environ 7600 d'entre eux sont hébergés dans des centres d'accueil disséminés dans plusieurs régions d'Italie, et1'500 réfugiés ont "quitté les centres d'accueil sans en informer les autorités" et sont entrés dans la clandestinité, gagné d'autres régions de l'Italie voire d'autres pays européens, notamment la France, la Suisse ou l'Allemagne. 1302 Albanais réfugiés en Italie ont en outre été rapatriés en Albanie.

(AFP 4.5) Un bateau citerne transportant 1223 candidats albanais à l'émigration (535 hommes, 299 femmes, 389 enfants) a accosté le 4 mai à Bari, en provenance de Velipoja (près de Shkodër). Le bâtiment "Irini", qui pourrait avoir été acheté au Monténégro pour 100'000 $ par une organisation de "passeurs" albanais, a été escorté depuis l'Albanie par des garde-côtes italiens qui ont tenté sans succès de le convaincre de rebrousser chemin. Parmi ses passagers se trouvaient de nombreuses femmes et des enfants. Les passagers avaient payé 600 $ pour le voyage. Le 5 mai, un premier groupe de 180 hommes jugés "indésirables" par l'Italie a été renvoyé en Albanie. Sept personnes ont été arrêtées sous l'accusation d'immigration clandestine à des fins délictueuses. Le 6 mai, 300 autres personnes de nationalité albanaise seront renvoyées en Albanie, escortées jusqu'à Durrës par plus d'une centaine de policiers et de soldats italiens.

(Razzismostop, 14.7) Des rondes de miliciens de la Lega Nord (les "Agents de la Padanie") ont commencé à circuler dans les rues de Mestre (proche de Venise) pour "inviter" les immigrants clandestins albanais, et en particulier les prostituées albanaises, à retourner en Albanie ou à aller à Venise, "chez Cacciari" (le maire de Venise). A la tête des miliciens leghistes se trouve un parlementaire piémontais de la Lega, Mario Borghezio, qui a déjà proposer de ficher tous les immigrés extra-communautaires. La Lega assimile "criminalité" et immigration, mais sa milice ne s'en prend à Mestre aux délinquants étrangers, et ne touche pas aux délinquants indigènes, faisant ainsi le tri entre prostituées, pickpockets, vendeurs ambulants, mendiants et dealers étrangers (notamment albanais) et locaux, qu'elle considèrent comme exerçant une "profession libérale padane" (du nom de la "Padanie", comme la Lega a décidé d'appeler le nord de l'Italie dont elle revendique l'indépendance). Aux rondes "padanes" s'ajoutent en outre les exactions commises contre les immigrés par des groupes de néo-fascistes, néo-nazis et autres skinheads.

(AFP 10.10) Les immigrants clandestins albanais et kosovars continuent de débarquer sur les côtes italiennes en provenance d'Albanie, en étant exploités par des "passeurs" sans scrupules. Le 8 octobre, par crainte d'être arrêtés par une patrouille italienne, des passeurs n'ont pas hésité à jeter à la mer neuf enfants dont trois bébés pour pouvoir s'éloigner le plus vite possible des côtes et prendre la fuite. Leur bateau transportait trente personnes. Dans la seule journée du 8 octobre 274 immigrés clandestins sont arrivés dans le port d'Otrante, en provenance d'Albanie, de Kosove ou du Kurdistan vis l'Albanie. Les Kurdes et les Kosovars ont pu rester, les Albanais ont été refoulés en Albanie. A Bari, une trentaine de Kosovars, avec quelques bébés, ont été découverts à la Gare. Ils ont déclaré à la police qu'une avaient versé un million de lires (environ 1000 FS) par personne pour la traversée, et 350'000 lires pour le covoyage de la plage à la gare. Les mafias albanaise et italienne contrôlent ce trafic, qui se fait en général à partir du port albanais de Vlorë.

(Reuters 28.10) L'immigration clandestine albanaise vers l'Italie "n'est plus tolérable", a déclaré le 28 octobre le nouveau Premier ministre italien Massemo d'Alema, qui a proposé "aux autorités albanaises une coopération renforcée pour contrer et prévenir l'immigration illégale", qui selon lui "doit être traitée là-bas, du côté albanais de l'Adriatique". Le nouveau ministre de l'Intérieur, Rosa Russo Jervolino, s'est rendue à Tirana pour examiner la question avec le gouvernement albanais. "Nous devons faire comprendre aux Albanais qu'il est possible d'entrer sur le territoire italien en observant certaines réglementations" mais qu'il n'est "pas juste qu'ils risquent leur vie en mettant leur sécurité dans les mains de trafiquants sans scrupule".

(ATS 7.1.1999) 220 immigrés clandestins, en majorité Kurdes et Kosovars, ont été interceptés par les policiers italiens en divers endroits de la côte des Pouilles. 50 d'entre eux (hommes, femmes en enfants) ont été sauvés après avoir été jetés à la mer par les passeurs au large d'Otrante, et avoir réussi à gagner à la nage un récif où les policiers les ont récupérés. Entre Noël et le Jour de l'An, plus d'un millier de personnes ont débarqué sur les côtes des Pouilles.

(AP 19.1) Le gouvernement italien envisage de créer des camps de réfugiés sur territoire albanais pour stopper l'exode d'immigrants albanais (dont de très nombreux Kosovars) vers l'Italie à travers l'Adriatique. Dans les seules journées du 18 et du 19 janvier, plus de 500 immigrants en provenance d'Albanie ont été interceptés dans la seule province des Pouilles, dans le sud de l'Italie. Le Premier ministre italien Massimo d'Alema a affirmé le 18 janvier que ces immigrants étaient devenus "un des principaux problèmes" du gouvernement. L'Italie est donc en contact avec l'Albanie pour créer des camps de réfugiés sur territoire albanais, dans les montagnes du nord, à proximité de la frontière albano-kosovare. L'Italie serait garante de la sécurité de ces réfugiés.

(ATS 25.1) Le Premier ministre italien Massimo D'Alema a affirmé que l'Italie soutenait l'Albanie dans sa lutte contre les mafias gérant le trafic d'immigrés clandestins vers ses côtes, mais qu'elle ne pouvait mener d'action policière sur sol albanais sans l'accord de Tirana.

(Reuters 25.4) Les organisateurs albanais de l'émigration clandestine vers l'Italie profitent largement de la crise kosovare, et multiplient les navettes entre les ports du sud de l'Albanie, comme Vlorä, et ceux du sud de l'Albanie, à travers le canal d'Otrante, au prix de 500 dollars par personne. Dans la seule journée du 24 avril, la police italienne a interpellé près de 500 immigrants clandestins, pour la plupart venus de Kosove. Les "passeurs" peuvent ainsi gagner plusieurs dizaines de milliers de dollars par mois, alors que le salaire moyen d'un fonctionnaire albanais n'est que de 60 dollars mensuels, ce qui favorise la corruption. Le trafic d'émigrants clandestins fait vivre un dixième de la population d'une ville comme Vlorë, une dizaine de familles étendues vivant sur l'activité d'une seule vedette rapide.

(AP 8.10) Le Premier ministre italien Romano Prodi a réitéré le 8 octobre son soutien à une solution diplomatique de la crise kosovare et a considéré que les conditions n'étaient pas encore réunies pour des frappea aériennes de l'OTAN, auxquelles les communistes italiens, dont le soutien est essentiel à la survie du gouvernement Prodi, sont opposés. Romani Prodi a demandé que le Conseil de Sécurité se prononce avant une éventuelle intervention militaire occidentale contre la Yougoslavie et la Serbie.

(ATS 16.5) Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté en Italie entre Perouse et Padoue, lors d'une marche pour la paix, contre l'intervention de l'OTAN en Yougoslavie. Parmi les participants se trouvaient non seulement des représentants de l'opposition communiste, mais également des membres de partis de la coalition gouvernementale et des responsables syndicaux.

(AFP 19.5) Le Premier ministre Massimo d'Alema a estimé le 19 mai, devant la Chambre des députés, qu'il fallait "oeuvrer pour une suspension des bombardements" contre la Yougoslavie.


La crise en Kosove et ses conséquences en Albanie

(AFP 12.5) L'Union de l'Europe Occidentale (UEO) a décidé le 12 mai de réorienter la mission de ses policiers en Albanie, afin qu'ils apportent à la police locale une formation spécifique en matière de contrôle des frontières. L'objectif de cette décision, prise à l'initiative de la Grande-Bretagne, est d'inscrire l'action de l'UEO dans un "ensemble" (groupe de contact, OSCE, OTAN) auquel elle apporterait une "valeur ajoutée, sa complémentarité" aux efforts entreprises pour faire baisser la tension en Kosove.

(AFP 20.5) Une réunion albano-yougoslave se tiendra le 25 mai à Kukes (Albanie) pour discuter des incidents armés frontaliers entre groupes armés et contrebandiers venus d'Albanie et garde-frontières yougoslaves.

(AFP 3.6) Des milliers de Kosovars chassés de chez eux par l'offensive serbe ont passé la frontière albanaise et se sont réfugiés en Albanie. Environ 3500 Kosovars sont arrivés entre le 1er et le 3 juin dans la région de Tropoja, la plus défavorisée de l'Albanie. 1500 d'entre eux ont pu être hébergés dans des familles de la région. Les autorités albanaises ont lancé un appel aux organisations humanitaires internationales. Le Maire de Tropoja a annoncé manquer de vivres. 80 % de la population active de Tropoja est sans emploi, les prix des denrées alimentaires sont parfois vingt fois plus élevés qu'à Tirana et une bonne partie de la population vivait de divers trafics avec la Kosove ou le reste de l'Albanie, y compris des trafics d'armes.

(AFP 3.6) L'OTAN a décidé d'envoyer de nouvelles équipes militaires de reconnaissance en Albanie et en Macédoine dans la perspective d'un éventuel déploiement, du fait de l'aggravation de la crise en Kosove. L'envoi d'une première équipe militaire en mai dans la nord de l'Albanie avant abouti à la conclusion qu'il faudrait entre 7000 et 20'000 militaires pour pouvoir contrôler la frontière entre l'Albanie et la Kosove, chiffre élevé mais justifié selon les experts par le caractère accidenté du terrain, sa difficulté d'accès et la manque d'infrastructures. Une cellule de représentation de l'OTAN a été ouverte le 1er juin à Tirana et des discussions entre l'OTAN et l'ONU sont en cours sur des plans civils d'urgence, en cas par exemple d'afflux de réfugiés, mais selon un responsable de l'Alliance, cité par l'AFP sous couvert d'anonymat, ses membres "sont tous d'accord pour ne pas s'engager plus avant dans la crise au Kosovo sans conseils militaires". Le même responsable a rappelé que l'OTAN se prononçait pour une solution politique de la crise : "pas de statu quoi, pas d'indépendance mais une large autonomie"

(Reuters 6.6) L'Albanie a demandé le 6 juin 20 millions de dollars à la communauté internationale pour lui permettre d'accueillir les réfugiés de Kosove, dont l'hébergement commence de l'avis du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à poser problèmes.

(AFP 10.6, 13.6, 14.6) L'OTAN va organiser un exercice mobilisant des avions de combat, de reconnaissance, de détention et de ravitaillement ainsi que des hélicoptères, en Albanie et en Macédoine. L'exercice de l'OTAN débutera le 15 juin, afin de "démontrer sa force" à la Serbie, face à la recrudescence de la violence en Kosove. Cette décision a été formellement entérinée le 11 juin par les ministres de la Défense des 16 pays de l'Alliance, qui ont aussi décidé de demander aux militaires un "avis" sur diverses options d'intervention armée en Kosove. L'exercice en Albanie consisterait en un "appui aérien rapproché" à des troupes au sol, au nord de Tirana. Neuf pays prendront part à l'exercice, qui utilisera une quiarantaine d'appareils et sera dirigé depuis un navire américain dans l'Adriatique.: la Belgique, le Danemark, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne, la Turquie, la Grande-Bretagne et les USA. Le Conseil de l'Alliance devrait également avancer d'une semaine l'examen des résultats d'une étude militaire sur un éventuel déploiement de troupes dans le nord de l'Albanie. En août, de petites manoeuvres devraient engager un millier d'hommes pour entraîner les forces albanaises à une mission de maintien de la paix, sans rapport officiel avec la situation en cours en Kosove.

(AFP 10.6, 12.6) Des journalistes occidentaux ont pu constater que dans la région frontière albano-kosovare de Tropoja et Padesh, les armes destinées aux combattants de l'UCK se vendaient en plein jour. Grenades, armes antichars et mitraillettes se vendent ouvertement à des prix allant de 30 à 420 dollars, venant des villages des environs. Plusieurs dépôts d'armes ont été attaqués en Albanie en mai et juin, signe selon la police que les fratiquants veulent continuer à augmenter leurs stocks. "Tropoja ressemble de plus en plus à une ville de western", a déclaré à l'AFP un observateur de l'OSCE. La population de la ville (4000 habitants en temps normal) a quadruplé. "Le manque de sécurité est devenu un véritable problème pour les organisations internationales" a déclaré le porte-parole du HCR. La police est quasiment invisible et des convois muletiers partent ouvertement d'Albanie vers la Kosove, escortés d'hommes armés et pris en charge dans la ville de Padesh par des membres de l'UCK, pour passer ensuite la frontière. On a également constaté l'arrivée dans la région de nombreux Kosovars revenus d'émigration en Allemagne ou en Suisse et ammenant l'argent récolté dans les communautés kosovares d'Euirope occidentale pour l'achat d'armes en Albanie, certains affirmant en outre leur intention de passer en Kosove pour s'enrôler dans l'UCK. Le hameau de Vicidol a été transformé en base de l'UCK, gardée par des hommes armés.

(AFP, AP. Reuters 10.6, 11.6, 12.6) Environ 12'000 Kosovars ont trouvé refuge en Albanie (au 9 juin), notamment dans la région de Tropoja, la plus pauvre du pays. Les autorités albalaises et les représentants des Etats étrangers insistent pour que les réfugiés restent dans cette région, afin d'éviter des troubles sociaux et de mieux contrôler les réfugiés. Les diplomates étrangers craignent notamment que ces derniers ne tentent de quitter l'Albanie pour les pays occidentaux. Les conditions d'hébergement et de prise en charge médicale des blessés sont en outre encore plus mauvaises dans le nord de l'Albanie qu'en Kosove.

(AFP, Reuters 11.6, 12.6), 13.6 Les premiers contingents d'aide alimentaire destinée aux réfugiés kosovars ont commencé à être distribués le 11 juin à Tropoja. Plus de 200 tonnes de nourriture doivent être distribuées dans cette région du nord de l'Albanie. Chaque famille de réfugiés pourra recevoir tous les 20 jours 15 kilos d'aide alimentaire (dont 12 kilos de farine), distribués par le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés. Le Croix Rouge internationale, l'UNICEF et d'autres organisations internationales sont également présentes dans la région. Outre l'aide aux réfugiés, ils faudra, selon le responsable du HCR dans la région, prévoir une assistance aux familles locales qui vivent dans la "misère". L'armée de l'air norvégienne a commancé le 13 juin à effectuer des rotations entre la Bosnie et Tirana pour acheminer des secours d'urgence (matelas, couvertures, toiles en plastique, repas, eau, matériel de cuisine, vivres) destinés au nord de l'Albanie et prélevés sur les stocks constitués en Bosnie par le HCR. de 150 à 200 tonnes de matériel seront ainsi acheminées avant le 16 juin, en évitant en principe l'espace aérien yougoslave.

(AFP 15.5) L'OTAN a organisé comme prévu et sans incident les manoeuvres annoncées au-dessus de l'Albanie et de la Macédoine, survolées par 80 avions de 13 pays le 15 juin. "Nous avons atteint notre objectif", a commenté le Secrétaire général de l'OTAN Javier Solana, pour qui le président Milosevic a une "dernière occasion de se conformer aux recommandations de la communauté internationale pour trouver une solution pacifique au conflit" kosovar. Tous les membres de l'OTAN ont participé aux manoeuvres, sauf le Canada, faute de temps, et le Luxembourg et l'islande, sans forces aériennes. Les appareils n'ont a aucun moment été menacés par la défense serbe (ils n'ont pas violé l'espace aérien yougoslave) et ont seulement été "accrochés" par un radar serbe. Aucun exercice de tir n'a été organisé.

(Reuters 17.6) Le président albanais Rexhep Meidani s'est rendu le 17 juin auprès des Kosovars réfugiés dans le nord de l'Albanie, et a déclaré qu'il fallait faire cesser "par tous les moyens" la répression exercée par les Serbes contre les Albanais de Kosove, "pour créer une situation nouvelle, sans l'armée ni la police secrète". Le président albanais a engagé l'OTAN à ne pas relâcher sa pression sur la Yougoslavie. Il a reçu un accueil chaleureux des Kosovars réfugiés à Mergegaj et a visité un hôpital de Bajram Curri et un camp destiné à recevoir des réfugiés, à Molle e Kuqe.

(Reuters 22.6) Réitérant son appel à l'OTAN pour une intervention dans la crise kosovare, le Premier ministre albanais Fatos Nano a déclaré le 22 juin que son pays était "à la veille d'une guerre" avec la Serbie. Fatos Nano a également reconnu que son gouvernement était en contacts avec des représentants de la "résistance armée" albanaise en Kosove, sans citer explicitement l'UCK et en parlant de "résistance spontanée sur le terrain" face aux "massacres" perpétrés par les Serbes. Fatos Nano s'est dit favorable à ce que des liens soient préservée entre les groupes politiques albanais et les groupes armés en Kosove et s'est prononé en faveur d'un statut de République fédérée de la Kosove au sein de la Yougoslavie.

(AFP 10.7) L'armée fédérale yougoslave a accusé le 10 juillet les autorités albanaises d'armer les combattants de l'UCK. Les garde-frontgières yougoslaves venaient d'intercepter, dans la nuit du 9 au 10 juillet, un groupe d'Albanais tentant d'entrer en Kosove avec un convoi d'une trentaine de chevaux charmés d'armes. "La police, l'armée et d'autres organes de l'Etat albanais ont organisé une collecte d'armes et leur acheminement avec des terroristes vers le Kosovo" depuis Tropoja et Bajram Curri, a déclarer un officier yougoslave, qui accuse aussi bien le gouvernement socialiste albanais que l'opposition de droite (dont le leader, Sali Berisha, est lui-même originaire de Tropoja) d'encourager le trafic d'armes. Ce trafic donne également la possibilité aux Albanais de part et d'autre de la frontière de s'enrichir : l'accompagnement d'un cheval chargé d'armes rapporte une centaine de dollars au passeur, la vente d'une kalashnikov une trentaine de dollars, celle d'une grenade trois dollars. Un "passeur" arrêté par les militaires yougoslaves a déclaré devant la presse internationale avoir acheté les armes qu'il convoyait à un sous-officier albanais.

(AP 14.7) Les responsables de l'aide humanitaire internationale dans le nord de l'Albanie déclarent s'attendre à devoir faire face à des conditions difficiles dans les mois à venir, et à la nécessité de mettre rapidement en place les infrastructures nécessaires à la survie des réfugiés et de la population locale pendant l'hiver, a déclaré le responsable de l'Aide humanitaire suisse, Charles Rädersdorf, qui a constaté que la population locale était encore plus pauvre que les réfugiés qu'elle accueillait, que des dizaines de milliers de personnes vivaient dans le nord de l'Albanie sans eau courante ni électricité.

(Reuters 15.7) L'OTAN organisera des exercices militaires en Albanie du 17 au 22 octobre. Ces exercices ont été décidés en mai afin de manifester l'inquiétude de la communauté internationale vis-à-vis de la crise kosovare, et engageront des troupes américaines, britanniques, allemandes, grecques, espagnoles, françaises, italiennes et albanaises -l'Albanie ne faisant pas partie de l'Alliance. La Lithuanie, la République tchèque, l'Autriche, le Danemark et la Suède disposeront d'un statut d'observateur lors de ces exercices, qui se dérouleront à une centaine de kilomètres de Tirana et comprendront des opérations de parachutage, de contrôle, de soutien aérien rapproché et d'assistance humanitaire (reconstruction d'une école, soins à la population). Un millier d'hommes devraient participer à des exercices comparables en Macédoine en septembre.

(AFP 18.6) La gouvernement albanais a accusé le 18 juillet la Yougoslavie de "menacer l'intégrité et la souveraîneté" de l'Albanie, après les violents combats entre l'armée fédérale yougoslave et les combattants de l'UCK, combats qui auraient fait plus d'une centaine de morts les 18 et 19 juillet, à la frontière albani-yougoslave, après qu'un groupe d'un millier d'hommes de l'UCK eût tenté de franchir la frontière et se soit heurté aux forces yougoslaves, près de Djeravica. L'armée yougoslave a affirmé que le feu avait été ouvert contre ses soldats depuis le territoire albanais. Des obus yougoslaves sont tombés en territoire albanais sans faire de victiemes. "Les opérations serbes (...) sont une provocation et une menace pour l'intégrité et la souveraineté de notre pays, et elles visent à impliquer l'Albanie dans un conflit régional très dangereux", a déclaré le gouvernement albanais, qui dénonce "l'agression fasciste que Belgrade mène contre la population albanaise en Kosove".

(AFP 20.7) L'Albanie a assuré le 20 juillet, avec une brutale montée de tension avec la Yougoslavie, qu'elle était prête à assurer "la sauvegarde de son intégrité territoriale". Le ministre albanais des Affaires étrangères Paskal Milo a reconnu que "la situation à la frontière est très tendue" et que "cette tension peut mener à une escalade du conflit". Le ministre a qualifié de "provocations" les accusations serbes selon lesquelles 300 militaires albanais se trouveraient en Kosove aux côtés de l'UCK. L'Union européenne a quant à elle renvoyé l'Albanie et la Yougoslavie dos à dos, en appelant la première "à faire preuve de retenue et à adopter une attitude plus modérée" sur la Kosove, en se disant "particulièrement préoccupée que les bombardements de l'armée yougoslave aient apparemment violé la frontière internationale", et en demandant à Belgrade "de mettre immédiatement un terme à de tels actes".

(Reuters 22.7) L'Albanie a à nouveau protesté le 22 juillet contre la chute sur son territoire le 21 juillet d'obus tirés par les forces serbes à la frontière kosovo-albanaise.

(Reuters 23.7) Après des discussions, le 23 juillet à Ohrid, en Macédoine, entre le Secrétaire général de l'OTAN Javier Solana et l'émissaire américain dans les Balkans Christopher Hill, un "diplomate proche des discussions" a déclaré à Reuters que "l'Albanie ne peut se passer d'une aide immédiate, de toute urgence" pour éviter d'être aspirée dans la crise kosovare, car "elle se trouve dans un état de fragilité institutionnelle aiguë" et a besoin d'une aide politique, économique et militaire sans laquelle elle risquerait de n'être plus que la base arrière de l'UCK et la cible d'attaques serbes et yougoslaves. On estime également de source diplomatiques que le déploiement de troupes de l'OTAN dans le nord de l'Albanie pourrait avoir un effet bénéfique sur le développement de la crise, en sécurisant la frontière, en coupant l'approvisionnement logistique de l'UCK et en préservant l'Albanie d'interventions serbo-yougoslaves.

(AFP 27.7) L'Albanie a protesté le 27 juillet auprès de la Yougoslavie après une série d'incidents armés sur la frontière entre les deux pays. Le chargé d'affaires yougoslave à Tirana a été convoqué au ministère albanais des Affaires étrangères pour recevoir une note de protestation demandant au gouvernement yougoslave de "faire cesser toutes les provocations contre l'intégrité territoriale de l'Albanie", a déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères Paskal Milo, qui a ajouté que l'"Albanie suit avec inquiétude la situation sur la frontière" et que "ses forces militaires ont prêtes à faire face à toute éventualité". "Nous avons appelé l'armée et la police albanaises ainsi que les habitants des villages albanais proches de la frontières yougoslave à ne pas rééondre aux provocations serbes", a encore déclaré le ministre. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, un incident est survenu sur la frontière, à Vrbica côté yougoslave et Morina côté albanais, l'armée yougoslave affirmant que l'un de ses postes frontaliers avait été touché par des tirs de mitrailleuses venus d'Albanie alors que les militaires tentaient d'empêcher une infiltration de l'UCK en Kosove, et les autorités albanaises affirmant pour leur part que les forces yougoslaves avaient tiré à l'arme automatique sur un poste-frontière albanais, et que des soldats yougoslaves sont entrée en territoire albanais en tirant à l'arme automatique.

(AFP 6.8) Plusieurs pays et partenaires de l'OTAN mèneront un exercice d'entraînement en Albanie du 17 au 22 août. L'exercice, appelé "Cooperative Assembly '98", se déroulera près de Tirana. Il verra la participation de quatorze pays de l'OTAN (Belgique, Canada, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Espagne, Turquie, Royaume-Uni, USA) et du "Partenariat pour la Paix" (Albanie, Lituanie, Russie). Les forces aériennes, maritimes et terrestres des participants s'exerceront à la recherche et au sauvetage, au soutien aérien rapproché, à l'évacuation sanitaire, au large e aérien et à des "opérations de soutien de la paix" impliquant l'infanterie. L'exercice se déroulera sous la direction de l'amiral Joseph Lopez, commandant en chef des forces du sud de l'Europe.

(Libé 18.8) L'exercice "Cooperative Assembly 98" a commencé le 17 août en Albanie, et doit se poursuivre jusqu'au 22, avec pour but de "développer une appréciation commune des opérations de soutien de la paix" et de "mettre en pratique l'interopérabilité entre les forces militaires des pays participants". L'amiral américain Joseph Lopez qui dirige ces manoeuvres de l'OTAN et du Partenariat pour la paix a précisé qu'elles n'étaient "pas spécifiquement dirigé(es) vers le Kosovo ou vers Belgrade". La Russie, hostile à une intervention militaire de l'OTAN en Kosove, participe aux manoeuvres avec un détachement symbolique d'une trentaine de fantassins. Le plus gros contingent des quatorze participant à l'exercice (qui mobilise au total 1500 hommes) est le contingent italien (500 hommes). Les Américains sont 150, comme les Français. Un exercice similaire est prévu à la mi-septembre en Macédoine.

(AP 22.8) La police et les services secrets albanais ont interpellé dix ressortissants étrangers le 21 août, dont des ressortissants de pays arabes, dans une opération "anti-terroriste". Des gilets pare-balles, des faux passeports, des cartes, des émetteurs radio et du matériel électronique ont été saisi.

(AFP 28.8) Le Premier ministre yougoslave Monir Bulatovic a accusé le 28 août l'Albanie d'être la "base matérielle" de l'UCK, "bien que l'on ne puisse affirmer qu'il s'agisse d'une politique officielle" du gouvernement albanais. Pour le Premier ministre yougoslave, "l'Albanie est un facteur d'instabilité dans la région".

(AFP 9.1.1999) L'initiative lancée par le gouvernement albanais en direction des leaders albanais de Kosove, pour les amener à adopter une position commune de négociation avec la Serbie et la Yougoslavie, s'accompagne d'une tentative de rapprochement entre le gouvernement de Pandeli Majko, plus solidaire de l'UCK que son prédécesseur Fatos Nano, et l'opposition "nordiste" menée par Sali Berisha. Pandeli Majko et Sali Berisha se sont rencontrés pour la première fois en décembre 1998 et ont affirmé leur volonté de "coopérer". Sali Berisha a affirmé que le conflit entre l'opposition et le pouvoir en Albanie avait eu des "répercussions directes" sur les rapports de force en Kosove, et que l'Albanie peut "jouer un rôle important" dans l'élaboration d'une unité des Albanais de Kosove, sans que l'on puisse "prétendre que les solutions doivent passer par Tirana", car "la solution de la crise passe par Prishtine".

(AFP, AP, Reuters 19.7, 20.7, 21.7) Le ministre albanais des Affaires étrangères Paskal Milo a justifié le 19 juillet le soutien de l'Albanie à "la juste lutte des Albanais de Kosove qui défendent leurs terre de l'extermination moyenâgeuse perpétrée par la machine militaire serbe en Kosove". Le ministère yougoslave des Affaires étrangères a quant à lui accusé le gouvernement albanais de tolérer "des activités terroristes et de graves violations frontalières, sans prendre aucune mesure pour les arrêter". Le ministère yougoslave a adressé une note de protestation à l'ambassade d'Albanie à Belgrade, contre une "tentative d'incursion en territoire yougoslave le 18 juillet de plusieurs centaines de terroristes qui ont attaqué des garde-frontières yougoslaves, blessant grièvement l'un d'entre eux". Le ministère yougoslave fait état de cinq incidents de frontières en deux jours et en rejette la responsabilité sur le gouvernement albanais, qu'il accuse de manquer "grossièrement à ses engagements internationaux et au principe du respect de la souveraîneté et de l'inviolabilité du territoire" d'un autre pays. Le quotidien pro-gouvernemental serbe "Vecernje Novosti" accuse le 20 juillet l'Albanie de "miner les Balkans" et de lancer "en quelque sorte (une) déclaratoion de guerre", pour "faire la guerre au Kosovo par l'intermédiaire des troupes de l'OTAN" afin de "réaliser son rêve de Grande Albanie, c'est-à-dire de sécession du Kosovo". Le 20 juillet, Paskal Milo a déclaré qu'il ne pouvait y avoir de "dialogue politique" sur la question kosovare "que si Belgrade retire ses troupes et arrête son intervention milkitaire", faute de quoi l'Albanie n'aursait d'autre chois que "d'encourager la résistance d'un peuple contre son anéantissement". Le 21 juillet, le Premier ministre albanais Fatos Nano a appelé les grandes puissances à lancer des frappes aériennes contre "la machine de guerre serbe" avant "que le conflit armé n'arrive (à) un point où une solution pacifique serait impossible". La même position a été défendue par le Président Rexhep Meidani.

(AFP 12.11) Le Premier ministre albanais Pandeli Majko a estimé le 12 novembre à Athènes qu'il existait en Kosove un "vide dangereux", une situation de "ni guerre, ni paix" exigeant une "intervention immédiate" pour "aboutir à une solution, peut-être avec un statut provisoire" pour la Kosove. Le Premier ministre albanais a dénoncé les "mauvais traitements" subis par des enfants et des femmes et s'est prononcé pour "une solution venant d'un dialogue entre les forces politiques de Kosove avec la partie serbe", en assurant que l'Albanie soutiendra "un accord garanti par la partie albanaise et la communauté internationale".

1999

(AFP, Reuters 14.1, 15.1.1999) Le gouvernement yougoslave a demandé le 14 janvier à la communauté internationale de condamner l'Albanie, qu'il accuse d'encourager "le terrorisme et le séparatisme". Le ministère yougoslave des Affaires étrangères relève dans un communiqué que les dirigeants de Tirana ont apporté leur "soutien officiel" à l'UCK et se sont déclarés "prêts" à défendre la cause de tous les Albanais, en "avivant leur illusion d'une 'Grande Albanie'". Le ministère yougoslave déclare que "l'Albanie poursuit sa politique de violation flagrante de la charte de l'ONU, des principes de l'OSCE, des règles fondamentales internationales et des résolutions du Conseil de Sécurité". Le président et le gouvernement albanais tentent de réunir les responsables politiques et militaires albanais de Kosove pour les amener à adopter une position commune de négociation avec Belgrade. Le président Meidani, le Premier ministre Majko et le ministre des Affaires étrangères Milo ont reçu début janvier à Tirana le représentant politique de l'UCK, Adem Demaçi, et ont également invité le président kosovar Ibrahim Rugova -qui tarde à répondre à cette invitation. Le 15 janvier, le Premier ministre Pandeli Majko a exprimé sa crainte que le conflit kosovar s'étende à l'Albanie, au Monténégro et à la Macédoine, et a exhorté l'OTAN a déployer une force d'interposition en Kosove.

(Reuters 19.1) L'Albanie a exhorté le 18 janvier l'OTAN à intervenir pour "mettre fin au bain de sang" en Kosove et (créer) les conditions d'un début de dialogue".

(AP 22.2) Le Premier ministre albanais Pandeli Majko a considéré le 22 février dans un communiqué que tout accord de paix sur la Kosove devait permettre aux Albanais de Kosove d'exprimer leur "libre arbitre et leur volonté d'indépendance, et les a assuré du soutien de l'Albanie, quelle que soit leur décision finale sur le plan de paix. Si les discussions échouent, estime le Premier ministre albanais, la faute en incombera aux Serbes.

(AP 6.3) Le ministre albanais des Affaires étrangères Paskal Milo a exhorté le 6 mars dans une lettre à ses homologues des pays membres du Groupe de contact, la communauté internationale, et en particulier l'OTAN, à intervenir militairement en Kosove, et affirmé que "la présence de l'OTAN est d'une d'importance essentielle pour la région, en particulier pendant le processus de mise en oeuvre de l'accord provisoire pour la Kosove"

(AFP 15.3) Le président albanais Rexhep Meidani a appelé le 14 mars la délégation albanaise à la conférence de Paris, qui débute le 15, à signer le plus vite possible le projet d'accord, avec d'empêcher les Serbes, qui selon le président "s'efforcent de manipuler cet accord et de repousser sa signature", de faire capoter les négociations.

(AFP 30.3) 100'000 réfugiés sont arrivés en quatre jours en Albanie, du 27 au 30 mars, alors que le pays ne pouvait en accueillir correctement que 10 à 15'000. Le 30 mars, 40'000 réfugiés ont quitté Kukes (dans le nord, submergé) pour Tirana et Durres. Plusieurs centaines de réfugiés seraient également arrivés le 30 mars à Vlora, dans le sud, la plaque tournante de l'émigration illégale vers l'Italie, et plus d'un millier d'autres se sont installés dans les villes côtières du sud dans l'espoir de pouvoir passer en Albanie. Le gouvernement albanais a annoncé qu'il se trouvait, du fait de l'afflux de réfugiés, dans l'impossibilité de tenir son engagement d'augmenter de 10 % les salaires des fonctionnaires, et qu'il réduisait de 30 % tous ses investissements publics pour pouvoir débloquer des fonds supplémentaires afin de faire face à l'afflux des réfugiés, à leur transport, à l'aide humanitaire et à la construction de centres d'hébergement. Selon les estimations du HCR, l'aide d'urgence aux 100'000 réfugiés arrivés fin mars nmécessite à elle seule au moins 150 millions de dollars, alors que l'Albanie sort d'une très grave crise économique, qu'elle est le pays le plus pauvre d'Europe et que la fermeture de sa frontière avec la Yougoslavie a réduit de 45 % les revenus de l'Etat, lui faisant perdre plus de 10 millions de dollars en cinq jours.

(Reuters 30.3) Plus de 80'000 réfugiés sont passés en Albanie par le poste-frontière de Brovina en une semaine, 6000 dans le seul après-midi du 30 mars.Le Premier ministre albanais Ilir Meta a réitéré le 30 mars l'appel de son gouvernement à un déploiement au sol de troupes de l'OTAN en Kosove afin de mettre un terme au nettoyage éthnique entrepris par Belgrade.

/AFP 31.3) La ville de Kukes, dans le nord-ouest de l'Albanie, est devenue la principale porte d'exil pour les milliers d'Albanais de Kosove chassés par les Serbes, ou fuyant de leur plein gré la province. 20'000 réfugiés sont entrée en deux jours, les 30 et 31 mars, en Albanie, rejoignant les 100'000 réfugiés qui s'y trouvaient déjà. La Macédoine s'est mise à refouler dès le 29 mars des réfugiés de Kosove vers l'Albanie, et le Monténégro menace d'en faire autant, ses capacités d'accueil étant dépassées. Les autorités albanaises accusent le HCR d'avoir ignoré leurs avertissements, de n'avoir pas pris en compte l'Albanie dans les mesures préventives qu'il a prises et d'avoir privilégié l'hypothèse d'un afflux de réfugiés vers la Macédoine. L'Albanie fait face à un véritable désastre humanitaire et sollicite l'aide de la communauté internationale, tout en lançant un appel aux Albanais de Kosove pour qu'ils ne fuient pas leur terre et résistent à l'offensive serbo-yougoslave. L'UCK incite de son côté les hommes valies à s'engager dans ses rangs et à retourner en Kosove pour y "combattre l'épuration éthnique qu'ont entreprise les Serbes".

(AFP 1.4) Le nord de l'Albanie, la région la plus pauvre d'Europe, est submergé par l'afflux de réfugiés kosovars, et ne peut plus y faire face. Depuis le déclenchement des raids aériens de l'OTAN contre la Yougoslavie et de l'opération d'épuration éthnique des forces serbo-yougoslaves en Kosove, environ 100'000 personnes se sont présentées au poste-frontière de Morine. La principale ville des environs, Kukes, a été transformée en point de transit, d'où les réfugiés repartent vers d'autres régions d'Albanie. Kukes a déjà accueilli autant de réfugiés (20'000, pris en charge par les habitants de la ville) qu'elle ne compte d'habitants en temps normal, et 10'000 réfugiés ont été accueillis dans les villages de la région. Le plan d'urgence élaboré par le gouvernement albanais prévoyait la logistique nécessaire à l'accueil de 50'000 personnes. En quatre jours, il a fallu en accueillir le double, en sus des 18'000 déjà réfugiées en Albanie à la suite de l'offensive serbe de l'été 1998.

(ATS 11.4, Le Monde 12.4) L'Albanie est disposée à acceillir sur son territoire davantage de troupes de l'OTAN et a abandonné à l'Alliance le contrôle de l'ensemble de son espace aérien, de ses ports et de toutes ses infrastructures militaires, a annoncé le ministre albanais des Affaires étrangères Paskal Milo. Le président Meidani a quant à lui réclamé "une sorte de plan Marshall" pour les Balkans afin que le développement économique permette l'instauration d'un "nouvel ordre" régional et le dépassement des "ressentiments nationalistes". L'Albanie a en outre demandé à l'OTAN d'intervenir pour "neutraliser" les unités d'artillerie serbe opérant à proximité de sa frontière, après des tirs qui ont tué deux civils albanais et fait plusieurs blessés dans quatre villages frontaliers.

( AFP 14.4) Le président Meidani a annoncé le 14 avril un renforcement de la présence militaire albanaise à la frontière avec la Yougoslavie, au lendemain d'une incursion serbe sur territoire albanais (démentie par Belgrade).

(AFP, AP 20.4, 23.4, 24.4) Une part importante de l'aide internationale qui afflue en Albanie pour les réfugiés kosovars est détournée par les mafias albanaises en direction des circuits parallèles, constatent des diplomates occidentaux et des responsables d'ONG sur place. Des dizaines de camions "s'évaporent" chaque jour entre Durres et Tirana et des ONG ont déjà quitté certaines régions devant l'ampleur des détournements. De son côté, le gouvernement albanais dénonce l'incompétence du HRC, "l'insuffisance" de son personnel, son "manque de coordination des aides internationales" sa "lenteur dans l'installation des camps de réfugiés et sa non assistance aux familles (albanaises) qui ont accueilli des Albanais de Kosove chez eux", selon le Premier ministre Pandeli Majko, pour qui "si l'Albanie reposait uniquement sur l'aide du HCR, plusieurs réfugiés seraient déjà morts de faim", mais qui reconnait que "sur le marché de Tirana, on retrouve des denrées qui sont destinées aux réfugiés kosovars". Le gouvernement albanais a demandé à l'OTAN de prendre "directement en charge l'installation et la gestion des camps de réfugiés". Le 23 avril, les forces de l'ordre albanaises ont empêché les réfugiés qui arrivaient à Tirana de s'y installer et les ont obligé à continuer leur route en direction du sud du pays. Le gouvernement albanais va évacuer vers le sud environ 75'000 réfugiés kosovars depuis le nord de l'Albanie, débordé et où selon le ministre de l'information "chaque famille de Kukës a déjà accueilli au moins 20 réfugiés". 3500 réfugiés kosovars sont littéralement parqués à Shkodër, dans une manufacture de tabac désaffectée et insalubre. Shkodër compte 20'000 réfugiés, dont 9000 sont hébergés dans des familles, et il en arrive tous les jours des centaines en sus.

(Le Monde 22.4) Le président albanais Rexhep Meidani estime dans un entretien publié par "Le Figaro" que "la présence d'une force de l'OTAN en Kosove devra être le stade final de l'engagement international", et que cela devra pouvoir se faire même "sans accord préalable de paix" et "dans un environnement hostile". Le président albanais s'est en outre prononcé contre toute partition de la Kosove, qui devra rester "une et multiéthnique".

(AP 27.4, 28.4, Le Monde 28.4) Le président albanais Rexhep Meidani, en visite officielle à Paris, a réitéré sa proposition de "plan Marshall" pour la région des Balkans, exposé sa conception d'un "protectorat international" sur le Kosovo et évoqué "les modalités de l'aide au-delà de l'humanitaire, de l'aide économique, que l'Union européenne (doit accorder) à l'Albanie pour lui permettre de surmonter ses difficultés et de reprendre son développement", selon les termes du président français Jacques Chirac, qui a souligné l'"extraordinaire générosité" de l'Albanie, dans l'accueil de 360'000 réfugiés kosovars "chassés comme des bêtes par les troupes serbes". Le président albanais a en outre reconnu que les autorités albanaises étaient en contact régulier avec l'UCK et a exprimé le souhait que l'Alliance atlantique aide cette organisation dans sa lutte contre les forces serbes. Devant les parlementaires du Conseil de l'Europe, le 28 mai à Strasbourg, ainsi que dans un entretien avec le quotidien français "Le Monde", Rexhep Meidani a mis en garde contre une partition de la Kosove, a plaidé en faveur de l'instauration d'un "protectorat international" ou d'une "autorité internationale" sur la Kosove et a estimé que les Kosovars ne pourraient pas rentrer chez eux "sans retrait des forces de la machine de guerre serbe et sans (être mis) sous la protection militaire internationale dirigée par l'OTAN". Pour le président albanais, la nouvelle guerre des Balkans n'est "pas une guerre entre deux Etats, entre deux ethnies, mais un conflit entre deux mentalités, deux façons de voir bien différentes. C'est la lutte entre la dictature et (la) politique de l'épuration éthnique, d'un côté, et la démocratie, le respect des droits de l'Homme, des droits politiques, de l'autre". Rexhep Meidani a récusé l'accusation, "pure production de la propagande serbe", lancée contre l'Albanie de vouloir absorber la Kosovë dans une "Grande Albanie", et a affirmé qu'il fallait "encourager les sociétés multiethniques" et "arrimer" les Balkans à l'Europe.

(AFP 4.5) L'OTAN a annoncé qu'elle prévoyait la construction de nouveaux camps en Albanie pour héberger quelque 160'000 réfugiés kosovars supplémentaires, dont 60'000 à la frontière macédonienne.

(AFP 21.5) La région de Bajram Curri, à la frontière de la Yougoslavie, échappe totalement au contrôle des autorités de Tirana, et est passés sous celui, conjoint, des chefs de clans et des commandants locaux de l'UCK. Bajram Curri est devenue un refuge et un lieu de repos pour les combattants de l'UCK revenus de Kosove, mais les réglements de compte claniques et les liquidations politiques se multiplient dans la région, fief par ailleurs de l'ancien président albanais Sali Berisha.

(AFP 23.5) La plupart des hameaux et des villages de la zone immédiatement frontalière avec la Kosove ont été pratiquement désertés par leurs habitants, après la multiplications des incidents frontaliers entre forces serbo-yougoslaves d'une part, combattants de l'UCK et forces albanaises d'autre part. Les bunkers construits par centaines de milliers du temps d'Enver Hodja en Albanie, et qui en parsèment le territoire, ont enfin trouvé une utilité et sont investis par la police albanaise, les milices locales ou l'UCK. Les villages albanais sont cependant encore visés par les tirs serbes et les forces antagonistes s'observent. Le 20 mai, de violents affrontements ont éclaté à Letaj et ont duré toute la journée. Selon certains témoignages, les Serbes auraient passé la frontière et auraient pénétré dans le village, puis seraient repartis. La frontière semble en outre avoir été partiellement minée par les forces serbo-yougoslaves. Un homme a été tué entre Golaj et Letaj par des "snipers" serbes.

(AFP 22.5) Ibrahim Rugova a renoncé à se rendre en Albanie le 21 ou le 22 mai comme prévu, à l'invitation de l'UCK qui lui avait demandé le 21 mai de se rendre à Tirana pour discuter de l'avenir de la Kosove.Un contexte défavorable à Ibrahim Rugova a été créé en Albanie par le soutien du gouvernement de Tirana à l'UCK.

(ATS 29.5) L'Albanais qui avaient pris en otage le 28 mai les passagers d'un autocar grec au sud de Tirana a été abattu par lapolice, après avoir tué un passager et blessé un autre. Huit autres otages ont été libérés sains et sauf.

(AFP 18.6) Les associations humanitaires présentes à Kukes s'inquiètent de la sécurité des camps, après plusieurs tentatives de pillage menées par des villageois albanais armés, qui ont semé la panique parmi les réfugiés et blessé le 17 juin un garde albanais. Les réfugiés d'un camp géré par Médecins sans frontières ont été relogés ailleurs, deux camps de tentes ont été démantelés et leurs occupants transférés ailleurs. Le porte-parole du HCR sur place, Rupert Colville, confirme que "les vautours rôdent de plus en plus autour des camps pour les piller". 11'000 à 12'000 réfugiés restent à Kukes, après que les deux tiers des réfugiés soient rentrés en Kosove.

(AP 13.8) Le Premier ministre albanais Pandeli Majko a entamé le 13 août une visite de deux jours en Kosove pour rencontrer des dirigeants kosovars, dont Hashim Thaçi et Ibrahim Rugova, et des responsables de la communauté internationale, dont le général Mike Jackson et Bernard Kouchner. Le Premier ministre albanais doit également s'acquitter en Kosove de la tâche de demander à une famille kosovare la main d'une jeune femme pour son frère cadet.

(Albanian Daliy News 15.9) Le président albanais Rexhep Meidani a déclaré le 13 septembre que son pays ne cherchait pas à former une "Grande Albanie" et que son but était l'intégration dans une "Europe unie". Le président albanais a évoqué la création de "petites entités balkaniques" (la Kosove, le Monténégro) en lien direct avec l'Uni0n européenne, et considéré que tant que Slobodan Milosevis sera au pouvoir à Belgrade, la Yougoslavie n'aura aucune chance de s'intégrer dans l'Europe.

2000

(AIM 7.3) Le 3 mars, le sous-secrétaire d'Etat américain pour l'Europe, J. Swigert, a annoncé que le gouvernement américain allait verser à l'Albanie une aide d'environ 50 millions de dollars pour l'année 2000. C ette aide s'inscrit dans ce qui apparaît comme de nouvelle relations américano-albanaises, à rattacher évidemment aux développements de la situation dans la région, en particulier en Kosove. Depuis la fin de la campagne de l'OTAN contre la Yougoslavie, plusieurs responsables américains se sont rendus à Tirana, dont le Secrétaire d'Etat à la Défense, William Cohen et la Secrétaire d'Etat Madeleine Albright, fin février, qui a appelé devant le Parlement les partis albanais à un consensus. Les projets d'établissement d'une présence militaire américaine en Albanie sont soutenue par tous les partis albanais, et cette présence a été sollicitée par le président Meidani, et sur tous les points de divergence entre l'Union européenne et les USA à propos de la situation dans les Balkans, l'Albanie (son président et son Premier ministre, lir Meta, en tête) est plus proche des positions américaines que des positions européennes.

(IWPR 16.6) L'administrateur des Nations Unies pour le Kosovo, Bernard Kouchner, a annulé le 14 juin une visite de l'ancien président albanais Sali Berisha en Kosove, et lui a demandé de retarder sa visite jusqu'à ce que les choses se calment. Les Nations Unies craignent que l'ancien président, actuel chef de l'opposition albanaise, ne cherche à encourager les nationalistes "grand albanais" de Kosove. Berisha a protesté contre cette mesure, qui a déclenché une campagne hostile de la presse albanaise de Kosove à l'égard de Kouchner -d'autant que la Mission des Nations Unies en Kosove (MINUK) avait fermé le journal "Dita" pendant une semaine, après qu'il ait publié des articles pèrovocateurs. Sali Berisha a assuré qu'il se rendrait en Kosove lorsque celle-ci aurait son propre président et son premier ministre. La visite de l'ancien président albanais trouvait ses raisons dans la politique intérieur albanaise : berisha n'a jamais renoncé à revenir au pouvoir, et entend bien utiliser la question kosovare pour cela.

(IWPR 1.8) Les leaders albanais des Balkans tentent de convaincre les Occidentaux qu'ils ne souhaitent nullement constituer une "Grande Albanie", un an après la signature du Pacte de Stabilité, et alors que les responsables politiques non-albanais des pays des Balkans continuent d'exprimer leur inquiétude face à l'hypothèse d'une Kosovë indépendante, qui pourrait être le premier pas de la constitution d'une "grande Albanie" menaçant toute la stabilité régionale, puisque des minorités albanaises sont présentes dans de nombreux pays, et que les Albanais sont même majoritaires dans une partie de la Macédoine. La président albanais Rexhep Meidani a déclaré que l'objectif de l'Albanie n'était pas, ou plus, la constitution de cette "Grande Albanie" mais l'émergence d'une "Grande Europe" balkanique, au sein de laquelle les six millions d'Albanais de souche n'aurait plus besoin, ni même envie, de former un Etat unique. Un forum politique pan-albanais, proposé en mai 2000 par le leader du PS albanais Fatos Nano, est en passe d'être mis sur pieds. Une réunion s'est tenue entre le Premier ministre albanais, l'ancien chef politique de l'UCK Hashim Thaçi, et le président du Parti démocratique des Albanais en Macédoine, Arben Xhaferi. Ce forum se présente, "objectivement", comme une alternative à la "Grande Albanie", et a pour fonction non seulement de faciliter les liens transfrontaliers entre Albanais, mais aussi de rassurer les voisins de l'Albanie et les Etats occidentaux. A contrario, cette méthode permet au pouvoir en place à Tirana de marginaliser son opposition de droite, dirigée par l'ancien président Sali Berisha, dont les déclarations en faveur de la "Grande Albanie" ont eu pour effet que les Nations Unies lui ont interdit, en juin 2000, l'accès à la Kosove.

(AIM 5.9.2000) Bien qu'elles soient très importantes dans le programme politique automnal des Balkans, les élections locales albanaises n'ont pas suscité une grande attention de la communauté internationale, concentrée sur des problèmes plus urgents (la Kosove, les possibilités de changement en Yougoslavie...). Ces élections (où la question kosovare n'a joué qu'un rôle secondaire) sont toutefois un test important, et une épreuve, pour l'embryonnaire démocratie albanaise. Il s'agit du troisième scrutin local en Albanie depuis la chute du régime stalinien, en 1990. Les premières élections locales, en juillet 1992, trois mois après l'arrivée au pouvoir de Sali Berisha, avaient vu la victoire de l'opposition socialiste (ex-communistes), mais les grandes villes, dont Tirana, avaient été gagnées par le Parti démocratique de Sali Berisha (droite libérale). Le deuxième scrutin local s'est déroulé en octobre 1996, quelques mois après les élections législatives de mai 1996, boycottées par les socialistes. Le Parti démocratique raffla 87 % des municipalités. Quelques mois plus tard, le pays sombrait dans la crise provoquée par la chute du système "pyramidal", crise qui devait amener la chute du pouvoir de Sali Berisha après une insurrection armée du sud du pays, et la victoire des socialistes aux élections législatives qui suivirent. Les élections d'octobre 2000 vont permettre de faire le point sur l'état des forces politiques dans le pays : les socialistes contrôlent les deux-tiers du parlement, la droite les deux tiers des municipalités. Ces élections vont mettre face à face les deux grands partis, le PS de Fatos Nano et le PD de Sali Berisha. Les petits partis risquent de disparaître totalement, à l'exception du Parti des droits de l'homme, représentatif de la minorité grecque du sud du pays. Mais, outre les résultats électoraux, ce sont les conditions de déroulement des élections qui vont représenter un test politique : le Premier ministre Ilir Meta a d'ailleurs déclaré qu'il était plus intéressé par la manière dont les élections vont se dérouler que par leurs résultats. Le Parti démocrate a exigé que des élections législatives anticipées aient lieu s'il gagnait les élections locales -hypothèse peu probable par ailleurs, sauf dans le nord du pays. Le PD a déjé commencé à se préparer à une défaite, en refusant de reconnaître le Code électoral et la Commission électorale, et en critiquant la mission d'observation de l'OSCE. Une défaite du PD serait un coup très dur pour l'ancien président Sali Berisha, qui ne s'est jamais remis de sa défaite de 1997, et pourrait encourager ses opposants à l'intérieur du parti.

(AFP 1.10) Les Albanais ont voté dans le calme le 1er octobre pour élire leurs municipalités, et, selon le Premier ministre Ilir Meta, "exprimer la détermination de l'Albanie de s'intégrer dans la grande famille européenne et de se séparer une fois pour toutes de son passé conflictuel". Les opérations de vote ont été surveillées par des observateurs internationaux, américains et de l'OSCE, qui ont indiqué avoir constaté des "signes évidents de progrès" dans le déroulement du processus électoral, comme l'a déclaré l'envoyé américain Robert Frowick. Aucun incident majeur n'avait été signalé en milieu de journée, et le taux de participation se situait à ce moment entre 30 et 40 %. Une aide financière a été accordée aux autorités pour l'organisation du scrutin par plusieurs organisations internationales. Le Parti démocratique (opposition) de Sali Berisha a néanmoins accusé le gouvernement de préparer une "fraude massive" et a menacé de ne pas reconnaître les résultats du scrutin, tout en annonçant qu'il demanderait la démission du gouvernement et l'organisation d'élections législatives anticipées si son parti gagnait les élections.

(AFP 15.10) Les Albanais ont voté sans incident (à l'exception de quelques incidents mineurs dans la région à forte population grecque, dans le sud du pays), le 15 octobre pour le deuxième tour des élections municipales, boycotté par le Parti démocratique (droite, opposition) de Sali Berisha, grand perdant du premier tour. Le retrait des candidats du PD n'a pas affecté la régularité du scrutin, a déclaré le porte-parole de la Commission électorale centrale, à quoi le porte-parole du PD a répondu que ce scrutin se résumait en "une course avec un seul candidat". Le PD a annoncé que le 95 % de ses candidats s'étaient retirés de la course, mais les media indépendants et la commission électorale ont, eux, affirmé que seuls 30 % des candidats du PD s'étaient retirés, sur les 160 en course pour le second tour. Le Premier ministre Ilir Meta a affirmé que le PD n'avait retiré ses candidats que "dans les circonscriptions où il savait qu'il ne pouvait pas gagner" et avait maintenu ceux qui pouvaient l'emporter. Au premier tour, le parti de Sali Berisha avait perdu une bonne partie des municipalités qu'il contrôlait depuis 1992, dont celle de Tirana. Il avait attribué sa défaite à la "fraude" et dénoncé un scrutin "truqué", mais les observateurs européens de l'OSCE ont constaté que le scrutin avait été "libre et correct", et constaté que le PD ne faisait que suivre la "tradition" albanaise : "le perdant a toujours contesté le résultat des élections". Dans le sud du pays, dans la région à forte minorité (voire, dans certaines communes, à majorité, grecque, le PS et le PD se sont par ailleurs alliés pour écarter, à Himara, le candidat du Parti des droits de l'Homme, représentatif de la population grecque. Le gouvernement grec a dénoncé des "irrégularités allant jusqu'au trucage électoral", et a accusé les autorités albanaises d'avoir empêché 600 Albanais de souche grecque, immigrés en Grèce, de se rendre en Albanie pour voter.

2001

(IWPR 24.1) L'Albanie a réussi à apaiser les protestations nationalistes qui ont salué en Kosove le rétablissement de ses relations diplomatiques avec la Yougoslavie. Les leaders kosovars avaient considéré cette reprise comme une trahison, et avaient été relayés par l'opposition albanaise dans leur dénonciation du gouvernement de Tirana. L'ancien président Berisha avait ainsi accusé le gouvernement socialiste albanais d'être "lié" à la Yougoslavie. Le vice-ministre des Affaires étrangères albanais, Pellumb Xhufti, a ensuite négocié avec les leaders albanais de Kosove, et semble les avoir convaincu que loin d'abandonner les Kosovars, Tirana établissait une base solide pour leur indépendance.Ramush Hamada, leader de l'Alliance pour l'Avenir du Kosovo a exprimé son soutien à la décision albanaise. Les relations diplomatiques albano-yougoslaves ont été rétablies le 17 janvier, à la demande de la Yougoslavie. Elles avaient été rompues en mars 1999 par la Yougoslavie, après que l'Albanie se soit engagée aux côtés de l'OTAN dans la guerre. Le 21 janvier, le ministère albanais des Affaires étrangères déclarait que "la libération des prisonniers politiques kosovars et le sort des personnes disparues durant le conflit au KLosovo étaient des questions particulièrement importantes que les nouvelles autorités de Belgrade devraient traiter en priorité et de façon démocratique".

(Klan 13.5.2001) Le Parti démocratique de Sali Berisha a publié la liste de ses cent candidats à la députation, dans la perspective des élections législatives. Cette liste apparaît sans surprise : les noms des "fidèles" de Berisha y figurent, ceux de personnalités qu'on avait envisagé y voir (comme Ismaïl Kadaré) n'y figurent pas, ni ceux des critiques de Berisha (Kalakula, Baleta). L'appel de Sali Berisha à la création d'un grand front d'opposition est donc resté sans réponse, et la liste du PD recouvre le "pré carré" du parti de Berisha. Pourtant, il était apparu que le chef de l'opposition voulait tenter de rompre avec son image de boutefeu de la politique albanaise : il avait appelé à la collaboration et au dialogue, et avait cessé d'appeler au renversement violent du gouvernement socialiste.Cette mue n'avait cependant pas convaincu, et une bonne partie de l'opinion publique continue de le croire capable de tout pour revenir au pouvoir.

(Korrieri 7.6.01) La Commission européenne a approuvé le 6 juin le rapport sur les progrès de l'Albanie dans la préparation des négociations pour un accord de sécurité et de coopération avec l'UE. Le rapport conclut "qu'il est temps d'ouvrir les négociations avec l'Albanie pour conclure une entente dans ces domaines". Le rapport constate les progrès faits par l'Albanie dans les domaines du respect de l'ordre public et de la loi, de la sécurité interne, de la démocratisation, du fonctionnement des institutions publiques et des réformes économiques, tout en considérant que "l'Albanie a encore du travail à faire pour remplir toutes les conditions d'un accord". Pour l'ouverture des négociations, cependant, les conditions sont, pour les auteurs du rapport, remplies; elles le seront pour sa conclusion si l'évolution positive actuelle se poursuit. Lors du processus de négociation, la priorité devrait être donnée au renforcement des capacités administratives. Le rapport devrait être transmis au Conseil des ministres, ensuite de quoi la Commission devrait pouvoir préparer les aspects techniques de l'ouverture des négociations. La Macédoine et la Croatie ont déjé conclu les négociations dans le cadre de l'Accord de sécurité et de coopération, projet de l'UE pour les Balkans, ayant pour but de préparer les Etats de la région à une éventuelle intégration à l'Union.

(AFP, AP 24.6.2001) Les deux principaux partis rivaux en Albanie s'apprêtaient simultanément le 24 juin, sans connaître encore les résultats des votes, à proclamer leur victoire à l'issue du premier tour des élections législatives, marqué par de nombreux incidents. "Après des estimations et des sondages dans les bureaux de vote, nous savons que le Parti démocratique est gagnant", a déclaré à l'AFP Edi Paloka, porte-parole du Parti démocratique de l'ancien président Sali Berisha (PD, opposition), alors que Musa Ulqini, secrétaire général pour Tirana du Parti socialiste (PS, au pouvoir), était également formel: "Nous sommes convaincus de la victoire des socialistes, qui mèneront l'Albanie en Europe". Avant les élections, la plupart des observateurs s'attendaient à une victoire du Parti socialiste. Une multitude de petits incidents se sont produits dans des bureaux de vote, ce qui risquait de ralentir le déroulement des élections et de créer un vide de pouvoir favorable au retour de la violence. Dans deux circonscriptions, le scrutin, qui constituait selon la communauté internationale un test déterminant pour la démocratie en Albanie, sera vraisemblablement annulé. Ainsi, à Lushnja (centre), en raison de conflits locaux, les opérations de vote n'avaient pas pu commencer et de sérieux incidents ont été signalés dès l'ouverture des 5. 000 bureaux de vote à Tirana et dans le nord, bastion du parti de Sali Berisha. Deux personnes, un scrutateur et un électeur, ont été légèrement blessées par balles dans le bureau de vote d'un quartier périphérique de Tirana. L'agresseur est le garde du corps d'un député socialiste, Luan Hajdaraga, ancien ministre de la Défense. Auparavant, des hommes armés sont entrés dans un bureau de vote à Shllak, dans le nord, fief de l'opposition dirigée par l'ancien président Sali Berisha, et ont incendié le matériel électoral.. Dès samedi soir, M. Berisha avait accusé, avant même le début du scrutin, la police secrète des socialistes "de fraudes électorales et de sabotage". Ces accusations ont été démenties par le parti socialiste comme la commission centrale électorale albanaise. Son président Ilirjan Celibashi a précisé que des ''irrégularités techniques'' avaient été signalées dans quatre bureaux de vote en raison de disputes entre des membres de partis différents. L'ex-président Berisha a appelé les forces de l'ordre à la désobéissance civique contre "les communistes corrompus du pouvoir". De leur côté, les socialistes du gouvernement du Premier ministre Ilir Meta n'ont pas manqué une occasion de proclamer que M. Berisha était "la cause de tous les maux" de l'Albanie. Plus de 200 observateurs de l'OSCE ont assisté au déroulement de ce premier tour de scrutin parlementaire unicaméral, le second tour devant avoir lieu dans quinze jours. Le taux de participation était encore faible, avec 45%, à 17h00 locales, et l'ouverture des locaux de vote devait être prolongée. 100 parlementaires seront désignés directement dimanche, les 40 sièges restant étant attribué à la proportionnelle. Les petits partis doivent recueillir au minimum 2,5% des suffrages pour être représentés au Parlement.

(AP 8.7) La participation était en baisse pour le deuxième tour des élections législatives albanaises, le 8 juillet, par rapport au premier tour (60 % de participation) qui avait vu en juin le PS au pouvoir arriver en tête, en remportant 33 des 100 sièges attribués au suffrage direct, contre 17 au Parti démocratique de Sali Berisha, les 40 sièges restant étant répartie à la proportionnelle entre les petits partis ayant recueilli au moins 2,5 % des suffrages.

(AP 7.10) Cinq personnes d'origine arabe soupçonnée d'appartenir au réseau de la Qaeda d'Oussama Ben Laden ont été arrêtés en Albanie et vont en être expulsées, a annoncé le 7 octobre un responsable de ministère albanais de l'Intérieur, sous couvert d'anonymat. La presse albanaise rappelle régulièrement la possibilité que des cellules "terroristes islamistes" soient toujours opérationnelles en Albanie, où des "extrémistes islamistes" se sont installés dans les années '90 à la faveur du désordre ambiant. Les organisations caritatives musulmanes se sont multipliées en Albanie, d'où deux membres du Djihad égyptien ont été arrêtés et extradés en 1998.

(AIM 6.11) Lors de la conférence au sommet des pays des Balkans, à laquelle participaient notamment les présidents yougoslave et albanais, lesquels ont toutefois évité toute rencontre directe à l'exception d'une brêve poignée de main, Vojislav Kostunica et Rexhep Meidani, le président albanais a demandé à son homologue yougoslave d'accepter que Slobodan Milosevic et les autres accusés serbes de crimes de guerre soientt remis au Tribunal pénal international de La Haye, que le nouveau pouvoir yougoslave condamne clairement le régime qui l'a précédé, et libère les prisonniers albanais encore détenus en Serbie. Le président albanais a également demandé que la Serbie paie pour les dommages causés par la pose de mines à la frontière de Kosove et pour leurs victimes, et a soutenu le droit de la Kosove à l'autodétermination, et donc à l'indépendance. L'Albanie et la Yougoslavie n'ont pas de relations diplomatiques : la seconde les a rompues après le début des bombardements de l'OTAN en 1999; le président Kostunica a toutefois déclaré que ces relations seraient rétablies, l'Albanie estimant que c'est à la Yougoslavie de faire le premier pas. Pour sa part, le président yougoslave a demandé la pleine application de la résolution 1244 de l'ONU, qui reconnaît la souveraîneté yougoslave sur la Kosove.

(AP 6.12) En visite en Kosove, le Premier ministre albanais a exhorté le 6 décembre les membres des communautés albanaise et serbe au dialogue. Illir Meta a rencontré Bernard Kouchner à Prishtina, et les deux hommes ont discuter des moyens de mieux contrôler la frontière entre la Kosove et l'Albanie. Tout en soutenant "les droits nationaux des Albanais", Illit Meta a invité Serbes et Albanais à dialoguer "le plus vite possible afin d'éviter tout nouvel acte de violence".

(IWPR 21.12) Le Premier ministre albanais Ilir Meta a été le premier chef de gouvernement albanais à se rendre en Kosove depuis la fin de la première guerre mondiale. Sa visite, début décembre, avait officiellement pour but de promouvoir la paix et la stabilité dans la région, mais les observateurs de la politique albanaise considère que les enjeux de politique intérieure albanaise ont également joué leur rôle, et notamment celui de rétablir de bonnes relations entre le Parti socialiste au pouvoir à Tirana et la Ligue démocratique de Kosove (LDK) d'Ibrahim Rugova, majoritaire en Kosove. qui avait jusque là toujours refusé de rencontrer les responsables du PS albnais et avait privilégié les relations avec le Parti démocratique de Sali Berisha, tandis que le PS albanais privilégieaut le Parti démocratique de Kosove de Hashim Thaçi. Récemment, les relations entre Rugova et Berisha se sont distandues, et Thaçi a perdu les élections municipales kosovares. Du coup, Ilir Meta et Ibrahim Rugova se sont rencontrés à Prishtine et ont décidé de consolider leurs relations. Le Premier ministre albanais a annoncé que l'Albanie allait développer ses relations économiques et culturelles avec la Kosove, et un projet d'autoroute entre Tirana et Prishtine va être étudié. En outre, le gouvernement albanais va probablement tenter de mettre un frein à l'empressement des Occidentaux à soutenir le nouveau pouvoir de Belgrade.

(AP 24.12) La majeure partie de l'Albanie s'aprête à passer les fêtes de fin d'année dans le noir, à cause de baisses d'alimentation des barrages hydroélectriques, due à une sécheresse qui a réduit l'alimentation en eau des barrages jusqu'à 90 %. L'électricité a été coupée le 23 décembre au matin. La panne révèle l'état calamiteux du réseau de production hydroélectrique albanais, qui n'a connu aucune rénovation depuis plusieurs dizaines d'années.

(Korrieri 31.10.01) L'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères Arta Dade s'oppose à la candidature du leader du PS, Fatos Nano, à la présidence albanaise : Nano ne serait pas un chef d'Etat crédible, pour Dade, qui rappelle que le PS a adhéré à l'Internationale Socialiste et se veut une force modérée, "garant d'une société démocratique". En outre, le PS jouit d'une bonne image en Albanie et sa politique a donné "des résultats concrets" dans des domaines essentiels (l'infrastructure, l'école, l'ordre et la sécurité), ce qui a été positivement sanctionné lors des élections. Dans ces conditions, estime Dade, la candidature de Nano apparaîtrait comme un désaveu du gouvernement socialiste, Nano y étant de notoriété publique opposé. Dade renvoie d'une certaine manière les deux "frères ennemis" de la politique albanaise, Fatos Nano et Sali Berisha, dos à dos, en affirmant qu'ils agissent l'un et l'autre de manière irresponsable pour régler des comptes.

(Korrieri 5.11) L'ancien vice- ministre de l'Intérieur et directeur général de la police Agim Shehu, fidèle inconditionnel de l'ex-président Sali Berisha, a été condamné par contumace à sept ans de prison par le tribunal de première instance de Tirana, le 4 novembre 2001, pour avoir réprimé dans le sang des manifestationsde l'opposition, puis avoir pris la fuite en juin 1997. Ce verdict a mécontenté à la fois le procureur, qui réclamait 14 ans de prison, et la défense, qui demandait l'acquittement. Les deux parties ont annoncé qu'elles allaient faire appel. Selon certaines sources, Shehu résiderait actuellement en Allemagne et y aurait demandé l'asile politique.

(Klan 11.11) Le ministre albanais de la Défense, Pandeli Majko, se rend à Washington fin novembre pour signer un accord sur la restructuration de l'armée albanaise, laquelle devrait perdre la moitié de ses effectifs. Une équipe d'experts américains est arrivée à Tirana en septembre, pour détailler les mesures devant être intégrées dans un projet de loi. La restructuration de l'armée albanaise pourrait prendre dix ans. Elle est supposée mener à une armée professionnelle, intégrable à l'OTAN, utilisable lors de catastrophes naturelles ou industrielles, pour la construction d'infrastructures routières ou la lutte contre le crime organisé. Les troupes terrestres devraient comporter 6000 soldats professionnels, l'armée de l'air et la marine 1600 hommes chacune. Cette armée de métier devrait être opérationnelle en 2006. Une "Université intégrée de la Défense" est en projet.



La diaspora albanaise

(AFP 6.1.1999) Un Albanais sur six a émigré, légalement ou illégalement, depuis 1991, selon le ministère albanais du Travail. Cette émigartion massive a commencé en 1991, après la chute du régime communisme, et "l'on entrevoir pas la fin de cet exode", a déclaré le responsable du département de l'émigration. 10'000 Albanais ayant une formation universitaire ont déposé des demandes d'immigration au Canada et 9'000 aux Etats-Unis. Près d'un tiers (31 %) des 600'000 Albanais qui ont quitté le pays depuis 1991 sont professeurs d'université, scientifiques ou artictes. Nombre d'entre eux ont dû payer des milliers de dollars pour se procurer frauduleusement un visa à destination d'un pays occidental, et "une grande majorité des Albanais souhaite s'expatrier", selon le vice-président de l'Académie des sciences. La plupart des candidats à l'émigration partent vers l'Italie ou vers la Grèce, et quelque 200 d'entre eux sont déjà morts noyés lors de leur tentative d'émigration. Les jeunes les plus favorisés s'inscrivent dans des écoles et universités occidentales et, une fois sur place, acceptent n'importe quel travail pour rester : un professeur qui en Albanie touche un salaire de 150 dollars par mois gagnera dix fois plus comme ouvrier en Europe occidentale. La fuite massive des cerveau porte, selon le Centre d'études économiques et sociales, un préjudice énorme à l'Albanie, qui investit dans la formation des fonds importants, en grande partie accordés par des pays européens. La diaspora albanaise fait cependant rentrer chaque année dans le pays environ 2 milliards de dollars, selon les experts de la Banque Mondiale, ce qui permet à des centaines de milliers d'Albanais restés sur place de vivre.

Un Albanais sur deux vit hors d'Albanie (qui ne compte que 3,2 millions d'habitants, dont probablement 300'000 gréco-albanais), dont les frontières ont été tracées arbitrairement en 1913 par les grandes puissances.

(Republika 14.11.01) On estime à 600'000-700'000 le nombre de ressortissants albanais ("Albanais d'Albanie") résidant hors d'Albanie. La plupart de ceux qui ont quitté le pays depuis 1992 (chute du régime communiste) résident en Grèce ou en Italie. Selon la direction de la migration, les deux tiers (environ 67 %) des Albanais diplômés ont quitté le pays en dix ans. Près de 45 % d'entre eux seraient des universitaires ou des scientifiques, ce qui correspond à une "fuite des cerveaux" massive. En dix ans, l'Albanie a perdu 60 % de ses enseignants. Les départs les plus importants ont eu lieu en 1992-93, après la chute du régime communiste, et en 1997-98, au moment de l'effondrement du système des "pyramides financières" qui a entraîné la chute du régime de Sali Berisha. L'émigration albanaise dans le reste de l'Europe contribue pour 300 à 500 millions de dollars par an à l'économie nationale.


mars 1998 : le conflit en Kosove


Macédoine

(AFP 23.2) Le Premier ministre macédonien Branko Crvenkovski a justifié le 23 février la loi instituant l'albanais comme langue d'enseignement à la faculté de pédagogie de Skoplje, loi contre laquelle des milliers de lycéens et d'étudiants manifestent quotidiennement depuis le 17 février. La constitution macédonienne prévoit que les minorités nationales (dont les Albanais sont la principale) ont la possibilité de suivre l'enseignement primaire et secondaire dans leur propre langue, ce qui, a relevé le Premier ministre, implique que les enseignants suivent une formation dans cette même langue. Le Premier ministre a mis en garde contre la mise en oeuvre d'une politique d'intolérance ethnique en Macédoine, ce qui ne pourrait qu'y conduire à la même situation que "dans d'autres régions de l'ex-Yougoslavie, en Bosnie, en Croatie et au Kosovo".

(AFP 7.3) Le Haut commissaire chargé des questions des minorités de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Max van der Stoel, a appelé le 7 mars à Skoplje les groupes ethniques en Macédoine à "respecter les lois afin d'assurer la stabilité du pays". M. van der Stoel s'est entretenu avec le président macédonien Gligorov, le Premier ministre Crvenkovski et le ministre des Affaires étrangères Ljubomir Frckoski des tensions entre Macédoniens et Albanais, à la suite de l'adoption d'une loi instaurant l'albanais comme langue d'enseignement à la faculté de pédagogie de Skoplje, loi contestée par les étudiants macédoniens. La minorité albanaise représente environ 20 % de la population de la Macédoine, et son parti a récemment pris le pouvoir dans la ville de Tetovo (ouest), chef-lieu de la région où cette minorité est concentrée. M. van der Stoel a dénoncé "des slogans peu tolérants" entendus dans la bouche soit des étudfiants macédoniens, soit dans celle des autonomistes albanais. Quinze étudiants macédoniens ont entanéle 4 mars une grève de la faim pour obtenir l'abrogation de la loi instaurant partiellement l'albanais comme langue d'enseignement, et les étudiants "nationalistes" macédoniens ont manifesté le 7 mars pour la 18ème journée consécutive pour cette abrogation et le limogeage du ministre de lé'ducation nationale.

(AFP 14.3) Le chef du Parti de la prospérité démocratique albanais, principale formation albanaise de Macédoine (PDPA), Arben Dzaferi, a appelé le 14 mars "l'Union européenne et (les) autres puissances (à) aider l'Albanie qui n'est plus en mesure de faire face à ses problèmes", et a exprimé sa crainte que "si la destabilisation de l'Albanie devait se prolonger", elle ait "des répercussions négatives en Macédoine". Abdurahman Aliti, leader du deuxième parti albanais de Macédoine, Le Parti de la prospérité démocratique (PDP), a également considéré qu'"une Albanie stable et démocratique revêt un intérêt non seulement pour la République de Macédoine, mais pour toute cette région des Balkans"; il s'est en revanche dit convaicu que la situation albanaise ne se répercuterait pas en Macédoine.

(AFP 10.3, 12.3, 13.3) La Macédoine a demandé le 10 mars la suspension de processus de réduction du nombre des Casques bleux de l'ONU stationnés sur son territoire, en raison de l'"escalade de la crise" dans l'Albanie voisine. Le 12 mars, la Macédoine a élevé d'un cran l'état d'alerte de ses troupes déployées dans la région limitrophe de l'Albanie. Le ministère macédonien de la Défense a annoncé préparer avec le ministère de l'Intérieur des "mesures destinées à empêcher des passages illégaux de la frontière" par des réfugiés albanais. Les forces de la FORDEPRENU déployées le long de la frontière macédono-albanaise, ont été placées le 13 mars en état d'alerte "orange" (sur une échelle qui va du vert au rouge) en raison de tirs du côté albanais de la frontière, non loin de Debar. Le même jour, la Macédoine fermait sa frontière avec l'Albanie. De brefs affrontements ont eu lieu entre garde-frontière albanais chassés par les insurgés s'étant emparés de quatre postes d'observation militaires à la frontière macédonienne, entre les lacs d'Ohrid et de Prespa, et tentant de gagner la Macédoine, et les garde-frontières macédoniens tentant -et réussissant- à les en empêcher. L'incident n'a pas fait de blessés.

(AFP 19.3, 29.3) La crise albanaise a avivé les craintes de déstabilisation de la Macédoine et de radicalisation des revendications des quelque 400'000 Albanais qui y vivent. Les autorités macédoniennes craignent également un afflux de réfugiés albanais. Le Président Kiro Gligorov a appelé le 18 mars devant le Parlement à la tolérance interethnique en faisant valoir qu'il y va de la "survie du pays". Les députés albanais avaient auparavant réclamé une modification de la Constitution pour y introduire la formule "La République de Macédoine est l'Etat des peuples macédonien et albanais", et exigé que l'albanais soit reconnu comme langue officielle au même titre que le macédonien. Le ministre de la justice leur a répondu que l'Etat ne pouvait "permettre l'existence de deux systèmes d'enseignements parallèles". Le maire (albanais) de Tetovo, au nord-ouest du pays, a quant à lui déclaré qu'"une Grande Albanie est gravée dans le subconscient de tous les Albanais". Le président macédonien a cependant déclaré, dans une interview au "Monde" du 29 mars, que la Macédoine avait "de bonnes chances de sauvegarder sa paix et sa sécurité", même si les Albanais de Macédoine "ont comme but final la création d'une Grande Albanie".

(AFP 6.5) Des experts yougoslaves et macédoniens se sont réunis le 5 mai à Belgrade pour discuter du tracé de la frontière entre la Yougoslavie (c'est-à-dire la Serbie et la Kosove) et la Macédoine. Les experts sont chargés de préparer un projet de traité international sur la frontière séparant la Yougoslavie et la Macédoine, à l'intention des gouvernements des deux Etats, pour remédier à l'imprécision du tracé actuel de cette frontière qui coupe en deux des propriétés d'habitants des zones frontalières, obligeant par exemple des bergers kosovars à franchir la frontière pour faire paître leurs troupeaux en Macédoine.

(AFP 7.9) Deux policiers macédoniens ont été tués le 7 septembre dans la région de Tetovo, au cours d'une fusillade entre la police macédonienne et des immigrés albanais illégaux. De nombreux "bandes armées" albanaises ont pénétré ces derniers mois dans l'ouest de la Macédoine et, selon les autorités, y attaquent des villages. Un policier macédonien a été tué et deux autres blessés à la fin du mois d'août dans la région de Gostivar lors d'un échange de tirs avec un groupe d'Albanais.

(AFP 3.12) Une centaine d'incursions en Macédoine de bandes armées venues d'Albanie ont été enregistrées depuis le début de l'année, et 6 Albanais ainsi qu'un policier macédonien ont été tués dans des affrontements.

(AFP 3.12) Le député Arben Djaferi, chef du Parti démocratique des Albanais (DPA), a été exclu du parlement macédonien en octobre pour avoir boycotté ses sessions, faute de pouvoir s'y exprimer en albanais et d'obtenir la légalisation de l'Université (albanaise et non-officielle) de Tetovo.

(AFP 3.12) Les ministres macédonien et albanais des Affaires étrangères, Blagoj Handziski et Paskal Milo, se sont rencontrée le 3 décembre à Debar (Macédoine). Cette rencontre devrait marquer le début d'un processus de normalisation des relations entre les deux pays, selon les voeux du président de Macédoine Kiro Gligorov et du Premier ministre albanais Fatos Nano. Une quinzaine d'accords de coopération en souffrance depuis 1991 (date de l'accession de la Macédoine à l'indépendance) devraient être signés le 4 décembre par le ministre macédonien, qui se rendra à Tirana et sera reçu par le Président Meidani, le Premier ministre Nano et le président du Parlement Gjinushi.

1998

(AFP 7.1, NQ 8.1) L'"Armée de Libération de Kosove" (UCK) a revendiqué pour la première fois le 7 janvier des attentats commis en Macédoine. Son communiqué, daté et localisé de Prishtinë, annonce des attentats contre les commissariats de police macédoniens de Kumanovo et Prilep ainsi que contre le tribunal de Gostivar, ville macédonienne dont le maire albanais a été condamné en septembre à plus de 13 ans de prison pour son activisme "nationaliste". Ces attentats à l'explosif n'ont pas fait de victimes. Les autorités macédoniennes ont mis en doute la paternité de l'UCK dans ces attentats, et l'ont accusé de vouloir indûment "se présenter comme une puissante organisation terroriste susceptible de provoquer des conflits à l'échelle de la région" des Balkans.

(AFP 3.2) Le danger de voir la crise de Kosove dégénérer en conflit armé suscite la crainte des milieux politiques macédoniens, gouvernementaux ou d'opposition. La crainte d'une déstabilisation de la Macédoine par le conflit kosovar a été exprimée par le président Kiro Gligorov, qui a évoqué la mise en place d'un "corridor" permettant à d'éventuels réfugiés kosovars de gagner l'Albanie en transitant par l'ouest de la Macédoine, région peuplée en majorité d'Albanais. "En cas de conflit armé au Kosovo, où il semble que la situation s'aggrave de jour en jour et que les Albanais perdent patience (...) on pourrait s'attendre à une vague de réfugiés", a estimé le président Gligorov, pour qui la Macédoine aurait "du mal à contrôler un afflux de 300'000 Albanais" de Kosove, "voire davantage". Au début des années soixante, alors que la Kosove et la Macédoine faisaient toutes deux partie de la yougoslavie titiste, une vague d'immigration albanaise de Kosove vers la Macédoine avait déjé provoqué de gros problèmes. Le président macédonien n'envisage pas l'installation de nouveaux réfugiés albanais en Macédoine m'eme, car cela modifierait la composition éthnique du pays au détriment des macédoniens et serait "une source probable d'une nouvelle guerre dans les Balkans". La Macédoine compte deux millions d'habitants, dont un quart d'Albanais. Les Albanais constituent 40 % de la population de la capitale, Skopje. L'idée d'un "corridor" macédonien pour conduire les Kosovars en Albanie a été jugée "dangereuse et néfaste" par de nombreux responsables politiques de macédoine, pour qui il est fort peu probable, en cas de conflit en Kosove, de voir les réfugiés kosovars aller se réfugier en Albanie où l'économie est moribonde, d'autant que les Albanais de Kosove sont plus "proches" de ceux de Macédoine que de ceux d'Albanie et que de nombreux Kosovars tentent déjà de s'installer en Macédoine. Dimitar Dimitrov, membre de la direction du principal parti macédonien d'opposition, craint en outre que si des centaines de milliers d'Albanais de Kosove venaient grossir les rangs de la communauté albanaise de l'ouest de la Macédoine, l'Albanie "ne manquerait pas de revendiquer ce territoire" où les Albanais sont déjà majoritaires. L'Alliance social-démocrate, au pouoir en Macédoine, suggère au contraire du président Gligorov de "fermet hermétiquement les frontières" de la Macédoine en cas de conlit en Kosove.

(AFP 25.3) L'Albanie et la Macédoine ont signé le 25 mars à Tirana un accord quinquennal de coopération militaire, qui prévoit notamment une intensification des échanges de documentation et d'expériences dans les domaines de la politique de défense, de la logistique et de la santé publique.

(Le Monde 28.3) Interrogé par "Le Monde" sur les répercussions possibles de la crise de Kosove sur la Macédoine, le président macédonien Gligorov a estimé qu'"une aggravation des affrontements pourrait entraîner un afflux de réfugiés cherchant à sauver leur vie", vers une Macédoine où l'"arrivée de 100'000 ou 200'000 réfugiés" serait un "fardeau économique" insupportable et provoquerait, "si ces réfugiés demeuraient dans la partie ouest" de la Macédoine, à forte population albanaise, une modification du "rapport démographique". Comme "il est impossible de fermer hermétiquement les frontières" avec la Serbie et l'Albanie, "pour des raisons pratiques et humanitaires", la Macédoine étudie l'établissement d'un "corridor reliant au travers de la Macédoine le Koso et l'Albanie". Le président Gligorov évoque également le risque d'une destabilisation d'une "partie des Balkans" si des "policiers serbes décident de franchir la frontière avec la Macédoine", et demande la prolongation du mandat de la mission de préventions des forces des Nations Unies en Macédoine. S'agissant de l'attitude de la population albanaise de son pays, le président Macédonien se montre confiant : "je ne pense pas qu'il y ait un risque de dérive violente chez nous. Les Albanais sont ici davantage préoccupée par le niveau de vie de leurs familles que par la création d'une "grande Albanie", peu atrayante actuellement en raison de l'instabilité qui règne tant en Albanie qu'au Kosovo". Enfin, le président Gligorov appelle au "dialogue" serbo-albanais en Kosove pour éviter "un conflit plus large", et considère que "les affrontements armés entre les forces serbes et les combattants pour la libération du Kosovo ne sont pas une affaire intérieure serbe, mais internationale".

(AFP 28.5) L'OTAN a adopté le 28 mai un plan d'aide à l'Albanie et à la Macédoine afin de renforcer le programme de coopération militaire du Partenariat pour la paix au bénéfice des deux pays. Un exercice prévu en Macédoine du 10 au 18 septembre va être intensifié et des manoeuvres seront organisées en Albanie fin août, associant forces terrestres et aériennes. Des navires de l'OTAN feront escale à Durres et une cellule de représentation sera ouverte à Tirana. L'OTAN a également décidé d'aider l'Albanie et la Macédoine à "sécuriser leurs frontières". Un premier rapport estimait à 7000 à 20'000 hommes les effectifs nécessaires à la sécurisation de la frontière nord de l'Albanie. Ces mesures ont été prises pour répondre aux risques régionaux induits par la crise en Kosove.

(Reuters 10.6) Des dizaines de milliers de d'Albanais de Macédoine ont manifesté à Skoplje pour demander une intervention de l'OTAN dans la crise kosovare.

(AFP 11.7) Le président macédonien Kiro Gligorov s'est prononcé le 11 juillet contre une intervention militaire de l'OTAN en Kosove à partir de la Macédoine : "Que les troupes de l'OTAN viennent en Macédoine pour prévenir le trafic d'armes et l'infiltration de combattants de l'UCK est une chose, mais qu'elles se servent du territoire macédonien pour lancer une opération contre la Yougoslavie, c'en est une autre", a déclarté le président Gligorov au quotidien "Dvevnik". Le président a demandé une nouvelle prorogation du mandat de la Force de prévention de l'ONU en Macédoine (FORDEPRENU), qui expire le 31 août, mais s'est opposé à une "recomposition" de cette force, déployée depuis 1993 pour prévenir l'extension en Macédoine du conflit bosniaque. Kiro Gligorov a enfin réaffirmé la politique d'"équidistance" de son pays vis-à-vis de ses voisins.

(AFP 12.7) Le leader radical albanais de Macédoine Arben Dzaferi a exprimé le 11 juillet à la télévision son soutien à l'UCK. Le leader albanais modéré Abdurahman Aliti, chef du Parti albanais de la prospérité démocratique, représenté au gouvernement macédonien, a réclamé quant à lui l'examen de "la question de l'autonomie et d'un statut spécial pour les Albanais de Macédoine", dont il n'a pas exclu la "sécession". L'UCK kosovare avait par la voix de son porte-parole Jakup Krasniqi déclaré le 11 juillet qu'elle luttait désormais non seulement pour l'indépendance de la Kosove, mais "pour la libération de tous les territoires albanais occupés (...) et pour leur unification avec l'Albanie", laquelle regrouperait les sept millions d'Albanais dispersés dans les Balkans, dont le demi-million (au moins) habitant en Macédoine. Les autorités macédoniennes craignent désormais une déstabilisation de leur pays par le conflit kosovar. Les Albanais de Macédoine ont manifesté le 11 juillet à Skoplje et Tetovo leur soutien aux Albanais de Kosove, et les garde-frontières macédoniens ont intercepté dans les derniers jours plusieurs groupes d'Albanais qui tentaient d'introduire des armes en Macédoine.

(AP 21.7) Trois attentats à la bombe conçus pour ne pas faire de victimes ont été commis dans la nuit du 20 au 21 juillet à Skoplje, à Kumanovo (à la frontière yougoslave) et sur la frontière macédo-yougoslave. Les attentats ont fait des dégats importants mais aucune victime et n'ont pas été revendiqué. On suppose néanmoins qu'ils sont l'oeuvre de membres de l'UCK, qui a déjà revendiqué des attentats à Kumanovo et dans deux autres localités à majorité albanaise.

(AP 22.7) Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé le 21 juillet d'augmenter de 300 personnes le contingent de la force de maintien de la paix en Macédoine, principalement pour renforcer la sécurité le long des frontières avec la Kosove et l'Albanie. Le contingent passera ainsi à 1000 hommes, doit une moitié d'Américains.

(AFP 10.9, 12.9) L'OTAN effectue à partir du 21 septembre et pendant une semaine des manoeuvres en Macédoine, destinées selon le scénario mis en place à vérifier l'aptitude de l'Alliance à intervenir pour séparer deux Etats en guerre. Baptisées "Best Cooperative Effort 98", les manoeuvres regrouperont 1500 soldats de 26 pays (dont 600 soldats macédoniens), soit 13 membres de l'OTAN et 13 membres du Partenariat pour la Paix. Dans l'hypothèse de départ du scénario des manoeuvres, l'OTAN intervient en vertu d'une résolution de l'ONU. Selon le porte-parole de l'OTAN pour l'occasion, Simon MacDowell, "ces manoeuvres ne sont pas liées au processus d'élaboration des plans de l'OTAN" sur la Kosove, affirmation reprise en substance le 12 septembre par le général américain Wesley Clark, commandant en chef des forces de l'OTAN en Europe. Le chef des exercices, le colonel canadien Frederick Noseworthy, a été plus évasif en déclarant qu'"il y aura toujours quelqu'un pour trouver un lien entre ces manoeuvres et la situation au Kosovo". Les pays riverains de la Yougoslavie participent cependant tous aux manoeuvres (Italie, Autriche, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Albanie, Macédoine), à l'exception de la Croatie et de la Slovénie. Les manoeuvres comprendront des vols de chasseurs bombardiers et d'avions de transport, des parachutages d'hommes et de matériel, des simulations d'acheminement d'aide humanitaire.

(AFP 16.10, 17.10, 18.10) La Macédoine renouvelle le 18 octobre son Parlement dans un climat marqué par les revendications de la minorité albanaise et par la crise kosovare, le risque d'une extension de cette crise à la Macédoine (dont le quart, voire le tiers, de la population est de souche albanaise) étant fréquemment évoqué. Les Albanais sont représentés au Parlement et au gouvernement, et affirment de plus en plus leur identité, au risque de provoquer, notamment à Skoplje, une "homogénéisation éthnique" par quartiers (la rive gauche du Vardar aux Albanais, la rive droite aux Macédoniens). Une dizaine d'attentats à la bombe ont été commis depuis le début de l'année contre des bâtiments officiels, et les autorités les attribuent à l'UCK kosovare. Neuf personnes ont été arrêtées depuis septembre sous l'accusation de participation à ces attentats ou de trafic d'armes à destination de l'UCK. Les saisies d'armes aux frontières et à l'intérieur du pays se sont multipliées, des arsenaux ont été découverts, constituée par des armes achetées en Albanie. C'est dans ce climat, et avec un taux de chômage de 40 %, que plus d'un million et demi d'électeurs sont appelés aux urnes le 18 octobre pour renouveler les 120 députés du Parlement. 30 partis se disputent leurs suffrages. Des islamistes participent à l'élection, ainsi que des partis défendant les minorités turques et tziganes. Seule une demie-douzaine de partis peuvent espérer franchir la barre du quorum de 5 %. Le parti au pouvoir (l'Alliance social-démocrate SDSM) et le principal parti d'opposition (le Mouvement pour la restauration de la Macédoine (VMRO-DPMNE) sont créditée d'environ 25 % des suffrages chacun par les derniers sondages. Le parti "vainqueur" restant minoritaire, une coalition devra être formée avec des partis "éthniques", notamment avec la coalition albanaise PDPA-NDP, dont le leader, Arben Djaferi, a dénoncé le 16 octobre le campagne de "satanisation" des Albanais dans toute la région, sous la pression serbe, et a affirmé que les Albanais "représentent un tiers des deux millions de Macédoniens, mais n'ont que 4,3 % des emplois dans l'administration". Dans le parlement sortant, les Albanais avaient 19 députés, les Macédoniens 98, les Tsiganes et les Turcs deux. Le 18 octobre, le vote s'est déroulé dans le calme, et la majorité et l'opposition ont reconnu le bon déroulement du scrutin. Le président Gligorov a pour sa part salué la "tradition démocratique" qui a permis cette consultation.

(AFP 19.10) Le parti au pouvoir (Alliance sociale-démocrate SDSM) a subi un net recul lors du premier tour (au scrutin majoritaire, portant sur 85 des 120 sièges) des élections législatives macédoniennes, face à la coalition de l'opposition. Le SDSM détenait 61 sièges dans le parlement sortant, mais après dépouillement de 65 % des suffrages exprimés, il n'en avait obtenu que 10 contre 43 à ses adversaires du VMRO-DPMNE-DA. et 9 à la coalition albanaise PDPA-NDP (les partis albanais détenaient 19 sièges dans le parlement sortant, et devraient en obtenir plus dans le futur parlement). Les libéraux du NDP, qui détenaient 26 sièges, n'en avait gardé aucun selon les premiers résultats partiels. Le second tour des élections, qui se déroulera à la propotionnelle, aura lieu le 1er novembre et pourvoira aux 35 sièges non attribués au premier tour.

(AFP 2.11, 4.11) Le second tour des élections législatives macédoniennes a vu la victoire de l'opposition. La coalition de la droite (VMRO-DPMNE) et du centre (Alliance démocratique) a remporté 58 sièges sur les 120 du parlement, contre 28 aux sociaux-démocrates (qui en avaient 61 dans le partement sortant), 24 aux partis albanais 4 aux libéraux, 2 aux socialistes. Les partis albanais sont donc les "autres vainqueurs" du scrutin, en devenant la troisième force du parlement macédonien. Ils sont cependant divisée entre les modérés du Parti de la prospérité démocratique (PDP) d'Abdurahman Aliti, qui a fait savoir qu'il préférait être dans l'opposition, et les "radicaux" du Parti démocratique des Albanais (DPA) d'Arben Xhaferi, qui détient sept sièges.

(AFP 21.10) Le président Macédonien Kiro Gligorov a condamné le 21 octobre la "répression serbe" en Kosove et invité les protagonistes du conflit kosovar au "dialogue". Interrogé par l'AFP sur la revendication d'indépendance de la Kosove, Kiro Gligorov a jugé cette éventualité acceptable à condition qu'elle se réalise dans la paix et avec l'accord de toutes les parties concernées. A l'égard de la minorité albanaise de Macédoine, Kiro Gligorov a déclaré que sa politique "repose sur un dialogue constant" et sur "la compréhension face aux problèmes que soulèvent (les) minorités dans le cadre des conventions et chartes internationales". "Cela ne signifie pas que notre politique sur les minorités résolve tous les problèmes", a reconnu le président macédonien, qui a jugé que "le plus important (est) que la force et la répression sont exclues au profit du dialogue permanent". Kiro Gligorov s'est dit prêt à intervenir diplomatiquement pour aider à une solution de la crise kosovare. Il a en outre annoncé que les maires des villes albanaises de Tetovo et Gostivar, emprisonnés pour avoir accroché le drapeau albanais au fronton de leur mairie, allaient être libérés.

(AFP 18.11) La réaction négative de la Yougoslavie à l'intention prêtée à la Macédoine d'autoriser le stationnement sur son sol d'une force d'intervention rapide de l'OTAN, suceptible d'întervenir en Kosove, a mis le gouvernement macédonien dans l'embarras. Le ministère yougoslave des Affaires étrangères a jugé le 15 novembre que le déploiement d'une telle force en Macédoine constituerait une atteinte potentielle à l'intégrité de la Yougoslavie et serait "contraire aux intérêts des deux pays". Le ministère macédonien a répliqué le 18 novembre en protestant "vigoureusement" et en accusant la Yougoslavie de "ne pas respecter l'indépendance politique" de la Macédoine et de "s'ingérer dans ses affaires intérieures".

(AFP 30.11) Le nouveau gouvernement macédonien, dirigé par le chef de la coalition de centre-droit victorieuse des élections législatives du 1er novembre, a été formé le 30 novembre. Le nouveau Premier ministre est Ljubco Georgievski. L'une de ses premières décisions sera d'autoriser formellement le stationnement en Macédoine de la force d'intervention rapide de l'OTAN chargée de protéger les vérificateurs de l'OSCE en Kosove. Le gouvernement compte 26 membres, tous nouveaux. Il a été approuvé par le parlement où le Parti démocrate pour l'unité nationale (VRMO-DPMNE, droite nationaliste) et l'Alternative démocratique (DA, centre), détiennent 62 sièges sur 120. Le VRMO détient 13 postes ministériels, la DA huit et le Parti démocratique des Albanais (DPA) cinq. Le DPA détient dix sièges au parlement. Le nouveau Premier ministre a expliqué qu'en formant un gouvernement avec le principal parti albanais de Macédoine, il entendait "montrer à la communauté internationale que la Macédoine entend sortir des standards balkaniques et oeuvrer à la stabilité de la région", et il a assuré que son gouvernement s'opposera "énergiquement à toute forme d'intolérance ou de ségrégation sur une base éthnique".

(Reuters 30.11) Le vice-Premier ministre serbe Tomislav Nikolic a déclaré le 30 novembre que la Yougoslavie, qui a protesté auprès de la Macédoine contre le déploiement de la force de l'OTAN, ne pourrait l'empêcher, mais a mis en garde contre "toute entrée de forces de l'OTAN en territoire yougoslave ou serbe", qui ne pourrait se faire qu'"en violation du droit international et constituerait une occupation d'un Etat par une organisation militaire".

1999

(AFP 7.1, NQ 8.1) L'"Armée de Libération de Kosove" (UCK) a revendiqué pour la première fois le 7 janvier des attentats commis en Macédoine. Son communiqué, daté et localisé de Prishtinë, annonce des attentats contre les commissariats de police macédoniens de Kumanovo et Prilep ainsi que contre le tribunal de Gostivar, ville macédonienne dont le maire albanais a été condamné en septembre à plus de 13 ans de prison pour son activisme "nationaliste". Ces attentats à l'explosif n'ont pas fait de victimes. Les autorités macédoniennes ont mis en doute la paternité de l'UCK dans ces attentats, et l'ont accusé de vouloir indûment "se présenter comme une puissante organisation terroriste susceptible de provoquer des conflits à l'échelle de la région" des Balkans.

(AFP 3.2) Le danger de voir la crise de Kosove dégénérer en conflit armé suscite la crainte des milieux politiques macédoniens, gouvernementaux ou d'opposition. La crainte d'une déstabilisation de la Macédoine par le conflit kosovar a été exprimée par le président Kiro Gligorov, qui a évoqué la mise en place d'un "corridor" permettant à d'éventuels réfugiés kosovars de gagner l'Albanie en transitant par l'ouest de la Macédoine, région peuplée en majorité d'Albanais. "En cas de conflit armé au Kosovo, où il semble que la situation s'aggrave de jour en jour et que les Albanais perdent patience (...) on pourrait s'attendre à une vague de réfugiés", a estimé le président Gligorov, pour qui la Macédoine aurait "du mal à contrôler un afflux de 300'000 Albanais" de Kosove, "voire davantage". Au début des années soixante, alors que la Kosove et la Macédoine faisaient toutes deux partie de la yougoslavie titiste, une vague d'immigration albanaise de Kosove vers la Macédoine avait déjé provoqué de gros problèmes. Le président macédonien n'envisage pas l'installation de nouveaux réfugiés albanais en Macédoine m'eme, car cela modifierait la composition éthnique du pays au détriment des macédoniens et serait "une source probable d'une nouvelle guerre dans les Balkans". La Macédoine compte deux millions d'habitants, dont un quart d'Albanais. Les Albanais constituent 40 % de la population de la capitale, Skopje. L'idée d'un "corridor" macédonien pour conduire les Kosovars en Albanie a été jugée "dangereuse et néfaste" par de nombreux responsables politiques de macédoine, pour qui il est fort peu probable, en cas de conflit en Kosove, de voir les réfugiés kosovars aller se réfugier en Albanie où l'économie est moribonde, d'autant que les Albanais de Kosove sont plus "proches" de ceux de Macédoine que de ceux d'Albanie et que de nombreux Kosovars tentent déjà de s'installer en Macédoine. Dimitar Dimitrov, membre de la direction du principal parti macédonien d'opposition, craint en outre que si des centaines de milliers d'Albanais de Kosove venaient grossir les rangs de la communauté albanaise de l'ouest de la Macédoine, l'Albanie "ne manquerait pas de revendiquer ce territoire" où les Albanais sont déjà majoritaires. L'Alliance social-démocrate, au pouoir en Macédoine, suggère au contraire du président Gligorov de "fermet hermétiquement les frontières" de la Macédoine en cas de conlit en Kosove.

(AP 5.2) La Macédoine est prête à ouvrir ses portes à l'OTAN si l'Alliance décide de déployer des forces de maintien de la paix en Kosove, a fait savoir le 5 février le Premier ministre macédonien Ljupco Georgijevski, qui a appelé à une "solution rapide par le dialogue" de la crise Kosovare, et qui a donné la Macédoine en exemple de la cohabitation inter-éthnique (les partis albanais sont membres de la coalition gouvernementale macédonienne).

(TransFax 10.2) Le 7 février, le président macédonien Kiro Gligorov a signé la loi d'amnistie adoptée par le Parlement fin décembre, permettant ainsi la libération de quatre dirigeants politiques de la communauté albanaise de Macédoine, dont les Maires de Gostivar et de Tetovo, MM Osmani, Demiri, Basheti et Dauti.

(AFP 27.2) Les autorités macédoniennent craignent que la Serbie ne veuille entraîner la Macédoine dans le conflit kosovar, par des bombardements de villages situés près de la frontière afin de contraindre leurs habitants à se réfugier en Macédoine. A Skoplje, de jeunes Macédoniens et Albanais se sont affrontés et le ministre sans portefeuille Ernar Fajzulahu (membre du parti albanais) a accusé les "services secrets serbes" de "manipulations" pour "déstabiliser la Macédoine". Le 26 février, 500 Albanais de Kosove (essentiellement des femmes et des enfants) se sont réfugiés en Macédoine

(AFP 1.3, 8.3) Les soldats de la Force de protection de l'ONU en Macédoine (FORDEPRENU) font leur valise alors que s'installent les 3000 soldats de la Force d'extraction de l'OTAN pour la Kosove et où se met sur pied la force de paix pour la Kosove (KFOR, 6000 hommes dans un premier temps . Après six ans de présence sur les frontières de la Macédoine avec l'Albanie et la Kosove, les 1050 soldats de la FORDEPRENU ont mis fin le 1er mars à leur mission, mais une partie d'entre eux devrait intégrer les rangs de la KFOR. C'est la Chine qui, en opposant son veto le 25 février au Conseil de Sécurité à la proposition de prolonger le mandat de la FORDEPRENU, est à l'origine de son départ. D'ici la mi-mars, l'OTAN disposera de 10'000 soldats d'élite déployés dans la région frontalière de la Kosove, mais pourrait disposer de quelque 26'000 hommes après un accord de paix. Le 8 mars, près de 7000 hommes, principalement français, britanniques, allemands, italiens et néerlandais, étaient déjà stationnée en Macédoine. Au 8 mars, 1870 soldats font partie d'unités combattantes et 630 d'unités de soutien, de logistique et du génie, le tout formant la Force d'extraction. La Force de renforcement comprenait au même moment 3650 hommes, dont 2000 Britanniques et 1000 Français. Un embryon d'état-major du corps de réaction rapide de l'OTAN (ARC) est en place à Skoplje, sous le commandement du général britannique Michael Jackson, futur commandant de la force de paix en Kosove (KFOR). Enfin, 150 hommes constituent le Centre de coordination et de vérification (KVCC), c'est-à-dire le service spécifique de renseignements de l'OTAN sur la situation militaire en Kosove.

(AFP 27.3) Une centaine de réfugiés kosovars sont arrivés le 27 mars à Blace et plusieurs milliers de personnes attendraient dans les montagnes proches, en Kosove, l'occasion de passer la frontière. 11'000 réfugiés sont arrivés en Macédoine depuis la Yougoslavie depuis le début du mois de mars, mais dans les deux dernières semaines leur nombre a chuté.

(AFP 27.3) Le gouvernement macédonien a interdit le 26 mars toute manifestation à Skopje et a interpellé le président et une dizaine de militants du Parti démocratique serbe, organisateur supposé d'une manifestation de protestation contre les frappes occidentales en Yougoslavie, le 25 mars, manifestation qui avait dégénéré et menacé les ambassades américaine, britannique et allemande.

(Le Monde 28.3) Interrogé par "Le Monde" sur les répercussions possibles de la crise de Kosove sur la Macédoine, le président macédonien Gligorov a estimé qu'"une aggravation des affrontements pourrait entraîner un afflux de réfugiés cherchant à sauver leur vie", vers une Macédoine où l'"arrivée de 100'000 ou 200'000 réfugiés" serait un "fardeau économique" insupportable et provoquerait, "si ces réfugiés demeuraient dans la partie ouest" de la Macédoine, à forte population albanaise, une modification du "rapport démographique". Comme "il est impossible de fermer hermétiquement les frontières" avec la Serbie et l'Albanie, "pour des raisons pratiques et humanitaires", la Macédoine étudie l'établissement d'un "corridor reliant au travers de la Macédoine le Koso et l'Albanie". Le président Gligorov évoque également le risque d'une destabilisation d'une "partie des Balkans" si des "policiers serbes décident de franchir la frontière avec la Macédoine", et demande la prolongation du mandat de la mission de préventions des forces des Nations Unies en Macédoine. S'agissant de l'attitude de la population albanaise de son pays, le président Macédonien se montre confiant : "je ne pense pas qu'il y ait un risque de dérive violente chez nous. Les Albanais sont ici davantage préoccupée par le niveau de vie de leurs familles que par la création d'une "grande Albanie", peu atrayante actuellement en raison de l'instabilité qui règne tant en Albanie qu'au Kosovo". Enfin, le président Gligorov appelle au "dialogue" serbo-albanais en Kosove pour éviter "un conflit plus large", et considère que "les affrontements armés entre les forces serbes et les combattants pour la libération du Kosovo ne sont pas une affaire intérieure serbe, mais internationale".

(AFP 25.2, ATS 27.2.1999) Une manifestation de plusieurs milliers de personnes opposées à la présence des forces de l'OTAN en Macédoine s'est déroulée le 25 février à Kumanovo, où siège l'état-major de la Force d'extraction de l'OTAN pour la Kosove, à l'appel de la Ligue des communistes de Macédoine et de deux partis de la minorité serbe. Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj (ultra-nationaliste) a menacé la Macédoine de "disparition" si son territoire était utilisé par l'OTAN pour attaquer la Serbie.

(AFP 15.3) Environ 10'000 soldats de l'OTAN (dont près de 4000 Britanniques, plus de 3500 Allemands et plus de 3000 Français), dotés d'hélicoptères , d'artillerie et d'un imposant matériel blindé et de lutte antichar, sont massés en Macédoine où ils attendent le résultat des négociations de Paris sur la Kosove, pour savoir s'ils vont y pénétrer en avant-garde d'une force de paix ou en composante d'une force d'invasion. Cette force de l'OTAN est déjà à elle seule plus importante que l'armée macédonienne toute entière (10'000 hommes, sous-équipés, et dont une partie de conscrits). Les habitants de Skoplje sont appelés par des organisations nationalistes à manifester le 15 mars leur hostilité au stationnement des troupes de l'OTAN.

(AFP 31.3) Les 12'000 soldats de l'OTAN stationnés en Macédoine se cantonnent pour l'essentiel à un rôle d'observateurs et assistent sans intervenir à l'exode des Kosovars, laissant à l'armée macédonienne le soin de contenir, avec rigueur, le flot des réfugiés, le gouvernement macédonien s'étant lui-même montré intransigeant sur sa volonté de tout contrôler. Les soldats macédoniens ont empêché le 31 mars des réfugiés de passer en Macédoine par la montagne. Les soldats de l'OTAN sont désormais placés chacun sous leur propre commandement national (britannique, français, allemand, italien et néerlandais), un état-major conjoint restant en place, avec participation des USA. Cet état-major prépare, sous contrôle de l'OTAN, une éventuelle force d'interposition pour la Kosove.

(ATS 3.4) Les autorités macédoniennes ont averti qu'elles ne pourront plus accueillir de réfugiés de Kosove sur leur territoire, où sont arrivés près de 50'000 réfugiés kosovars depuis le début des bombardements de l'OTAN. La présidence macédonienne estime que l'arrivée de nouveaux réfugiés "menacerait la sécurité du pays" et provoquerait une "catastrophe économique et une instabilité politique". La Macédoine, dont 30 % de la population est déjà albanaise, craint en particulier que l'équilibre entre cette minorité et la majorité slave ne soit rompu par un afflux de réfugiés albanais.

(AFP 5.4) L'assistance internationale aux dizaines de milliers de réfugiés kosovars en Macédoine commençait à se mettre en place le 5 avril, mais le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est plaint du manque de coopération des autorités macédoniennes dans la gestion de la crise humanitaire. Le vaste centre d'assistance mis en place près de la frontière par l'OTAN est cependant opérationnel. Des estimations très diverses circulent sur le nombre de réfugiés présents au poste-frontière de Blace : le HCR a évoqué des chiffres allant jusqu'à 65'000 personnes, de nombreux journalistes s'en tenant à 20'000 personnes au maximum. Le porte-parole du HCR a affirmé que l'organisation et l'OTAN avaient la capacité de déplacer "au moins 20'000 personnes par jour" et a proposé aux autorités macédoniennes l'aide du HCR pour l'enregistrement des réfugiés. Selon le HCR, le nombre total des réfugiés présents en Macédoine était le 5 avril de 120'000 (5000 de plus en un jour), dont seuls 20'000 ont été enregistrés par les autorités macédoniennes, qui affirment elles en avoir enregistré 70'000. Parallèlement, des dizaines de tonnes d'aide humanitaire affluent en Macédoine, au rythme de plus de 30 vols par jour.

(Reuters, AFP 5.4, 6.4) 150 réfugiés kosovars en Macédoine ont quitté ce pays le 5 avril par avion pour la Turquie. Ce départ marque le début d'un pont aérien d'évacuation des réfugiés kosovars en Macédoine vers d'autres pays d'accueil. Selon des témoins, les réfugiés concernés n'étaient pas tous consentants pour quitter la région et ont été avertis au dernier moment de leur destination. Certains ont été contraints de partir par la force, et des familles ont été séparées. Le gouvernement macédonien semble mettre sur pieds une véritable politique d'expulsion, dans des conditions humainement difficiles. Les premières évacuatioons se sont faites hors de la présence des organisations humanitaires et des représentants étrangers. Le porte-parole de l'OTAN a affirmé le 6 avril que l'Alliance n'était pas impliquée dans ces expulsions mais seulement "par l'attribution et la coordination de l'espace aérien". Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés a également été pris de court.

(AP, AFP 7.4, 8.4) Près de 10'000 réfugiés, la plupart en provenance du camp de Blace en Macédoine, ont été transférés par bus dans la nuit du 6 au 7 avril en Albanie, à Korça (sud) , sur décision unilatérale des autorités macédoniennes. Le 7 avril, le camp de Blace, entre les frontière macédonienne et serbe, et où des dizaines de milliers de réfugiés s'entassaient depuis des jours, était vide. 20'000 à 30'000 réfugiés s'y trouvaient encore la veille, et leur sort restait inconnu le 7 avril, alors que la police macédonienne empêchait les journalistes d'accéder au site. Des milliers de réfugiés sont arrivée du camp de Blace à celui de Stenkovec mais le HCR ignorait encore le 8 avril au matin ce qu'étaient devenus environ 10'000 réfugiés qui se trouvaient la veille à Blace. Les militaires de l'OTAN présents en Macédoine dans l'hypothèse d'une intervention en Kosove ont dû à la hâte construire des camps pour les réfugiés kosovars, et se retrouvent devoir en assumer l'intendance et la gestion, avant que de la transférer au HCR. Le ton monte entre la Macédoine et les Alliés à propos de la crise des réfugiés de Kosove, Skoplje accusant les USA et l'Union européenne d'irresponsabilité et rejetant les critiques que les occidentaux et les ONG lui adressent. "Ni l'Union européenne, ni les Etats Unis n'ont trouvé le moyen d'alléger le travail de la Macédoine", a déclaré le Premier ministre Ljubco Georgievski. Pour sa part, la commissaire européenne à l'aide humanitaire a dénoncé les évacuations forcées de réfugiés albanais de Kosove par les autorités macédoniennes, leur reprochant d'"ajouter l'exil forcé à la déportation". Des positions et des critiques similaires ont été exprimées par la France, l'Italie, le HCR, qui s'est dit "préoccupé par le fait qu'il y ait eu un certain degré de pression" sur les réfugiés pour les faire partir, et le CICR, dont un délégué s'est indigné des "départs sauvages et désordonnés" de réfugiés kosovars."Des bus sont arrivés, sans aucune information sur leur destination", s'est indigné le porte-parole du HCR à Genève, qui a dénoncé les séparations arbitraires de familles. Le président macédonien Gligorov a pour sa part estimé que les transferts massifs de réfugiés kosovars vers l'Albanie étaient une "chose normale" car "l'Albanie est le mère patrie" et que la Macédoine est "un petit pays, un petit peuple". Une cellule de crise va être créée réunissant tous les partenaires concernés par l'aide humanitaire. Le 8 avril, le ministre macédonien des Affaires sociales, Bedredin Ibraimi, a assuré qu'aucun réfugié kosovar "n'a été ni ne sera déporté de Macédoine", c'est-à-dire renvoyé à l'étranger sans son accord.

(Dnevnik 17.4) Le gouvernement macédonien s'est opposé le 16 avril aux demandes de l'OTAN, du HCR et de l'Union européenne de construire de nouveaux camps, et a affirmé que "les nouveaux réfugiés kosovars devront quitter le pays". La Macédoine n'exclut cependant pas l'extension des camps existants. Le HCR s'attend à un nouvel afflux de réfugiés, soit 70'000 personnes en provenance des régions d'Uroshevac et de Gnjilane. Le 16 avril, près de 3000 nouveaux réfugiés en provenance de la région d'Uroshevac sont entrés en Macédoine. 2000 autres sont arrivés en train. Le HCR estime à 118'000 le nombre de réfugiés kosovars en Macédoine, dont un peu plus de 40'000 dans des camps, les autres étant hébergés par la population albanaise de Macédoine. La gouvernement macédonien estime quant à lui à 130'000 le nombre de réfugiés. Un peu plus de 12'000 réfugiés ont été transférés de Macédoine vers des pays tiers, essentiellement l'Allemagne (qui en a accepté 13'000 le 16 avril) et la Turquie.

(AP 17.4.99) Les autorités macédoniennes ont saisi 300 fusils d'assaut, des grenades, des lance-roquetrtes, des mines antichar, des zaookas et des munitions dans un poste de commandement de l'UCK abandonné par les combattants kosovars, près de Kumanovo. Le ministre macédonien de l'Intérieur Pavle Trajanov a accusé l'UCK de se préparer à déstabiliser la Macédoine en l'utilisant d'abord comme base arrière, en s'appuyant sur la population albanaise de Macédoine.

(AFP 18.4) Soucieuse de ne pas "s'impliquer dans la guerre au Kosovo", la Macédoine est décidée à "empêcher toute activité de l'UCK" sur son territoire, a annoncé le 17 avril le ministre macédonien de l'Intérieur, qui a fait état d'indices de la présence de membres de l'UCK en Macédoine et d'une importante contrebande d'armes dans le pays.

(AP 20.4) La Macédoine n'autorisera pas les forces de l'OTAN à lancer une attaque terrestre en Kosove à partir de son territoire, a annoncé le 20 avril le ministre macédonien des Affaires étrangères Aleksandar Dimitrov, qui a estimé qu'une intervention terrestre des Alliés contre la Yougoslavie ne signifierait que davantage de morts et de souffrance dans la région.

(AP 22.4) Trois soldats macédoniens ont été blessés le 22 avril dans l'explosion d'une mine dans le "no mans's land" entre la Macédoine et la Yougoslavie, envahi par des réfugiés kosovars "piégés" entre les forces macédoniennes et les forces yougoslaves.

(AFP 25.4) La crise kosovare, s'ajoutant à la crise économique chronique du pays, à son sous équipement infrastructurel et aux difficultés de la "transition vers l'économie de marché", menace la Macédoine d'effondrement économique. La pertes de marchés, les coûts supplémentaires dûs à l'allongement des distances et des temps de transports, l'inscription de la Macédoine dans les zones à risque, l'annulation d'investissements étrangers laisse planer une menace d'effondrement économique à laquelle seul un soutien international massif peut parer. Le 5 mai, les donateurs de la Macédoine se réunissent en conférence à Paris et devraient élargir leur soutien à la balance des paiements et au budget macédoniens. La Macédoine a besoin de 50 à 100 millions de dollars d'aide financière urgente. 90 % du commerce extérieur de la Macédoine se faisaient à travers le territoire yougoslave, et la Yougoslavie était le principal partenaire commercial de la Macédoine, avec 15 % du total des échanges. Les matières premières provenant de Yougoslavie n'arrivent plus, ce qui a provoqué la fermeture des principales usines. Les pertes économiques dues à la crise de Kosove devraient se chiffrer à 1,6 milliard de dollars, sans compter le coût des réfugiés (200 millions de dollars par mois). Les sanctions économiques contre la Yougoslavie avaient déjà fait perdre à la Macédoine 3,5 milliards de dollars avant la guerrre de Kosove.

(AP, AFP, Reuters 26.4, 27.4, 28.4, 29.4) Plus de 3000 nouveaux réfugiés sont arrivée en Macédoine par Blace, le 26 avril, et 3500 à 4000 le 27 avril. 2000 personnes ont été évacuées le 27 avril du camp de Blance à celui de Stankovic, où s'entassent 30'000 personnes. "On n'a plus de place", a expliqué une représentante du HCR en Macédoine, alors que le lendemain, le président macédonien Kiro Gligorov estimait que le retour chez eux des réfugiés kosovars était sérieusement compromis, que "ce serait un acte de violence supplémentaire que de pousser au retour des réfugiés au Kosovo dans un futur proche" car "leurs maisons ont été détruites ou brûlées, leurs familles sont brisées, beaucoup ont perdu des membres de leur famille ou des proches" et qu'en outre, "ils voient que la vie (en Macédoine) est meilleurs qu'au Kosovo ou qu'en Albanie". Selon le porte-parole du HCR. Chris Janowski, cependant, "les conditions de vie deviennent intenables" dans les camps, "en raison de la surpopulation", et "la tension est très très forte et doit être désamorcée rapidement". "Dans les camps surpeuplés, nous sommes au bord de l'émeute", a déclaré le porte-parole, en sus de quoi "les risques d'épidémie vont augmenter très vite quand la température va monter". Un nouveau camp pouvant accueillir 20'000 réfugiés devait être ouvert le 30 avril.

(AP 28.4, 1.5) La population albanaise et la police se livrent en Macédoine à une véritable "chasse aux réfugiés" kosovars pour les retrouver, les Albanais afin de les recueillir chez eux, les policiers afin de les envoyer dans des camps. Cette "compétition" a dégénéré le 27 avril à Vaksince, où des habitants albanais ont arraché une cinquantaine de Kosovars des mains des policiers qui procédaient à l'embarquement d'un millier de réfugiés. Le 1er mai, Médecins du Monde s'est élevée contre le traitement réservé aux réfugiés kosovars par l'armée macédonienne. Près de 2000 réfugiés arrivée à Straja sont "encerclés par les militaires macédoniens, en plein soleil, sans eau ni nourriture". Médecins du Monde réclame "l'accueil au moins temporaire de ces populations sur le territoire macédonien et un traitement digne et humain de ces personnes".

(AP 5.5) Le ministre macédonien des Finances Boris Stojmenov a annoncé le 5 mai que son pays, frappé par la crise de Kosove, allait demander au Club de Paris (réunion des Etats prêteurs) "un moratoire sur le reboursement" de sa dette "et une annulation totale ou partielle du principal et des intérêts". 46 pays donateurs se sont engagés en outre à fournir à la Macédoine une aide financière de 252 millions de dollars (230 millions d'euros) à la Macédoine pour l'aider à faire face à ses besoins immédiats.

(AFP 5.5, Reuters 7.5) Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé le 5 mai que plusieurs milliers de réfugiés kosovars installés en Macédoine pourraient partir vers l'Albanie, après l'ouverture d'un "couloir humanitaire" permettant à 5000 à 6000 personnes de quitter les camps surpeuplés de Macédoine, et 60'000 être à terme évacuées, avec leur accord, vers Korça, au sud de l'Albanie, où 12'000 Kosovars sont déjà hébergés. Plus de 211'000 Kosovars vivaient en Macédoine le 4 mai, soit un dixième de la population totale du pays, dont plus de la moitié entassés dans des camps surchargés alors que plusieurs milliers d'autres arrivent tous les jours. Les réfugiés non hébergés dans des camps le sont par la population albanaise de Macédoine. Les autorités macédoniennes ont en outre donné leur accord pour l'extension du camp de Cegrane, qui pourrait accueillir au total 15'000 réfugiés de plus que les 28'000 qui y sont déjà.La Macédoine continue par ailleurs à évacuer des réfugiés par avion vers des pays plus éloignés (450 vers les USA le 5 mai, 750 pour la France à la fin de la semaine, par exemple).Par contre, le poste-frontière de Blace a été brutalement fermé le 5 mai en fin d'après-midi, des milliers de personnes restant bloquées du côté yougoslave de la frontière et les autorités macédoniennes expliquant qu'elles n'accueilleraient pas plus de nouveaux réfugiés qu'ils n'y aura eu de réfugiés évacués vers des pays tiers. Le HCR a exprimé le 7 mai son inquiétude devant le fait qu'aucun réfugié de Kosove n'était passé en Macédoine dans la matinée alors que les autorités macédoniennes avaient affirmé avoir rouvert la frontière.

(AP 9.5) Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 9 mai à Skoplje contre l'OTAN, et ont respecté une minute de silence en hommage aux victimes des bombardements sur la Yougoslavie.

(AI 6.5) Amnesty International a protesté le 6 mai contre la fermeture par la Macédoine de sa frontière avec la Kosove, décision que l'organisation qualifie de "manquement flagrant aux obligations" qui incombent à la Macédoine en vertu du droit international. Selon certaines sources, un millier de réfugiés qui attendaient de pouvoir entrer en Macédoine ont été refoulés vers la Kosove, alors que le principe de non-refoulement interdit à tout Etet d'expulser ou de refouler une personne vers un pays où elle risque d'être victime de "graves violations de ses droits fondamentaux". Cependant, Amnesty International a reconnu qu'il incombait "à la communauté internationale tout entière de garantir la protection des réfugiés", et non à quelques Etats (la Macédoine, l'Albanie, le Monténégro) qui auraient "à assumer une part disproportionnée de cette responsabilité du fait de (leur) situation géographique". Toutefois, "le respect par la Macédoine du principe de non-refoulement ne saurait en aucun cas être subordonné à la mise en oeuvre d'un programme de partage de ces responsabilités", et "les obligations de la Macédoine en matière de droits humains ne constituent pas une monnaie d'échange négociable en contrepartie d'un dispositif d'évacuation satisfaisant", a souligné Amnesty International.

(ATS 19.5) Un rapport d'Amnesty International publié le 19 mai dénonce l'attitude de la Macédoine à l'égard des réfugiés kosovars, et accuse la Macédoine de sacrifier la protection des réfugiés au nom de considérations d'ordre politique. Amnesty critique notamment les fermetures répétées de la frontière macédonienne avec la Kosove, à seule fin d'accélérer l'évacuation des réfugiés.

(Reuters 19.5) Le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan s'est rendu le 19 mai en Macédoine pour des discussions consacrées à l'afflux de réfugiés kosovars et à ses conséquences économiques et sociale sur le Macédoine, qui en a accueillu 230'000 (soit 10 % de sa population totale), dont 80'000 dans des camps de réfugiés Prenant le contre-pied d'Amnesty International, qui a accusé la Macédoine d'atteinte aux conventions internationale sur les réfugiés, Kofi Annan a exprimé sa gratitude à l'égard des autorités et de la population macédonienne (pour l'assistance qu'elles ont offerte aux réfugiés et pour la façon dont elles collaborent avec les Nations Unies".

(Dnevnik 15.5) Le président macédonien Kiro Gligorov a démenti dans un entretien accordé au quotidien "Dnevnik" avoir passé un accord avec le président Milosevic, et avoir informé les Américains du message personnel qu'il a adressé au président yougoslave, l'invitant à tenir compte du rapport de forces entre la Yougoslavie et les 19 pays les plus développés du monde. Le président macédonien explique sa lettre par sa volonté de donner à son homologue yougoslave un "aperçu exact de la situation", que Slobodan Milosevic ne serait "plus en mesure d'avoir" du fait de son "pouvoir absolu". Kiro Gligorov reconnaît par ailleurs que le peuple macédonien "a peur d'être entraîné dans la guerre", et même que "la présence massive des réfugiés, les attaques verbales entre le gouvernement et les organisations humanitaires internationales nous ont malheureusement introduit de fait dans cette guerre". Le président Macédonien constate ensuite que l'"OTAN n'avait aucune idée de la durée de la campagne" et "s'imaginait que la Yougoslavie se comporterait comme l'Irak", et repousse l'hypothèse de l'indépendance de la Kosove, qui "menacerait de manière certaine" la Macédoine, mais "aussi un grand nombre d'autres pays" qui "ont un Kosovo dans leurs frontières". Pour Kiro Gligorov, "les questions nationales ne peuvent pas être résolues par des changements territoriaux".

(AFP 21.5) "L'afflux de réfugiés et la présence de ceux qui sont déjé installée en Macédoine rendent la situation extrêmement alarmante" et risquent de "mettre en danger la stabilité politique du pays", a déclaré le ministre macédonien des Affaires étrangères Alexandar Dimitrov. La taux de chômage est passé de 36 % avant la crise à 50 % en mai, et les partes économiques du pays sont estimées à la moitié de son PIB, soit 1,5 milliard de dollars. La population d'origine albanaise de Macédoine est passée de 22,6 % de la population du pays avant l'arrivée des réfugiés à 34 % avec les réfugiés. Ceux-ci sont plus de 225'000, soit 10 % de la population, dont plus de 75'000 dans des camps d'où ils ne sortent pas, les autres (dont 55'000 personnes rien qu'à Tetovo) étant hébergés par la population macédonienne d'origine albanaise, et risquent donc de rester longtemps en Macédoine, où la population non-albanaise est devenue minoritaire dans les villes du nord-est.

(AFP 22.5) Ibrahim Rugova a renoncé à se rendre en Macédoine le 21 ou le 22 mai comme prévu, et a reporté cette visite de plusieurs jours au moins. Plusieurs dirigeants du Parti démocratique des Albanais de Macédoine (PDA) avaient exprimé leur hostilité à cette visite, l'ont accusé de "collaboration" avec Slobodan Milosevic et lui ont reproché son refus de participer au "gouvernement" formé par l'UCK. Alajdin Demiri, l'un des dirigeants du PDA, avait pronostiqué qu'Ibrahim Rugova ne serait pas "bien reçu" dans les camps de réfugiés kosovars installés en Macédoine, alors que de nombreux réfugiés affirmaient au contraire leur confiance en le président élu de Kosove.

(AFP 24.5, 29.5) Le camp de transit de Blace est à nouveau saturé, après l'arrivée les 23 et 24 mai de milliers de nouveaux réfugiés kosovars. Le ministre macédonien de la Défense Nikola Klusev a rendu le HCR responsable d'éventuelles "épidémies (...) dans les camps en raison d'évacuations trop lentes".

(ATS 27.5) L'OTAN va demander à la Macédoine d'autoriser le déploiement de 14'000 hommes supplémentaires sur son territoire, ce qui porterait à 30'000 hommes les effectifs de l'Alliance en Macédoine, officiellement considérés par l'OTAN comme une "avant-garde" d'une future force de paix pour la Kosove (KFOR), mais dont la Macédoine craint qu'ils soient en fait l'avant-garde d'une force d'invasion de la Kosove.

(AFP 29.5) La Macédoine s'inquiète des conséquences de l'inculpation de Slobodan Milosevic par le Tribunal pénal international et réclame des garanties à l'OTAN en cas d'envoi de troupes supplémentaires. L'inculpation du président yougoslave par le TPI "est une indication selon laquelle la guerre pourrait durer", a estimé le 29 mai le Premier ministre macédonien Ljubco Georgievski, qui regrette que l'OTAN le laisse pas "d'espace à Milosevic pour qu'il puisse faire un pas en arrière" et le condamne à "se bettre jusqu'au bout". Le ministre des Affaires étrangères Aleksandar Dimotrov estime pour sa part que cette inculpation "complique la recherche d'une solution politique". Quant aux forces supplémentaires que l'OTAN voudrait stationner sur le territoire macédonien (14'000 hommes, en sus des 16'000 déjà présents), la M;acédoine insiste pour qu'ils aient "une fonction exclusivement pacifique" et réclame un "accord financier" préalable avec l'OTAN.

(AFP 3.6) Le gouvernement macédonien a accepté le 2 juin la demande de l'OTAN de porter à 30'000 hommes ses effectifs en Macédoine.

(IWPR 18.6) Le Premier ministre du gouvernement autoproclamé de l'UCK pour la Kosove, Hashim Thaci, s'est rendu en Macédoine pour une rencontre trilatérale avec le Premier ministre albanais Pandeli Majko et des responsables politiques albanais de Macédoine. Le 16 juin, Thaci a été reçu par le Premier ministre macédonien Llubco Giorgievski avec les honneurs réservls aux chefs d'Etat, et a reçu le soutien du gouvernement macédonien -dont le chef a déclaré qu'il était "dans lé'intérêt de la Macédoine que l'administration de Hashim Thaci soit établie au Kosovo". Ce soutien de la Macédoine à l'UCK intervient au moment où en Kosove la KFOR cherche à la démilitariser et à la contrôler, et alors que jusqu'à présent le parti nationaliste au pouvoir à Skoplje dénonçait les projets de l'UCK de créer une "grande Albanie" englobant la région albanaise de Tetovo, en Macédoine.

(IWPR 5.5.2000) On estime qu'environ 1000 jeunes Albanais de Macédoine ont combattu au sein de l'UCK et que 150 d'entre eux ont été tués.

(Reuters 23.6) Les autorités macédoniennes ont annoncé le 23 juin l'arrestation le 22 d'un groupe de dix Macédoniens d'origine serbe, manipulés par la Yougoslavie et soupçonnés d'avoir commis un attentat contre l'OTAN le 18 juin à Skoplje, au cours duquel une jeep et un camion de l'OTAN avaient été détruits (sans faire de victimes). Le ministre macédonien de l'Intérieur Pavle Trajanov a annoncé que cinq des dix personnes arrêtées avaient été inculpées de terrorisme international et que l'attentat du 18 juin avait été organisé par deux militaires yougoslaves contre lesquels Interpol avait lancé un mandat d'arrêt. La police macédonienne a saisi des mines anti-char, des lance-grenades, des fusils automatiques, des grenades à main, des munitions et une minuterie.

(ATS 25.6) Au moins 20'000 personnes ont manifesté le 24 juin à Skoplje contre le gouvernement, qu'elles accusent de courber l'échine devant les pays occidentaux. La manifestation était organisée par l'opposition ex-communiste.

(AEC 31.8) Le Centre européen pour les droits des Roms (ERRC) a adressé le 31 août une lettre au ministre de l'Intérieur macédonien Pavle Trajanov pour lui demander de réaffirmer et de faire respecter les engagements de la Macédoine à l'égard des Roms, en particulier l'engagement de leur offrir un asile sûr. L'ERRC se dit "préoccupée par les déclarations récemment publiées dans la presse macédonienne, qui suggèrent que la Macédoine devrait rapatrier les réfugiés Romani du Kosovo dans les zones sous contrôle serbe", le ministre lui-m^^eme ayant fait une déclaration de ce type au quotidien "Dnevnik" du 27 août. L'ERRC rappelle que les réfugilés en Macédoine sont autorisés à y rester jusqu'au 28 septembre et que "les Roms du Kosovo peuvent démontrer la réalité des menaces de persécutions les concernant", ce qui en fait "des réfugiés au sens de la Convention de 1951", et les rend non-refoulables, sauf à commettre un "crime au regard de la loi internationale".

(IWW 17.9) La présence des forces de l'OTAN en Macédoine est l'un des thèmes de la campagne pour l'élection présidentielle macédonienne. Le contingent des forces de l'OTAN en Macédoine a certes été réduit de 20 % depuis le fin des opérations militaires contre la Yougoslavie, mais il se monte encore à 7000 hommes (soit plus que les effectifs professionnels de l'armée macédonienne), et le gouvernement, l'opposition et l'opinion publique sont de plus en plus majoritairement opposés à la poursuite de la présence en Macédoine. Ce sentiment "anti-OTAN" s'est encore accru lorsque le 28 août, un capitaine norvégien a tué dans un accident de voiture un ministre macédonien, Radovan Stojanovski, sa femme, sa petite fille et son chauffeur. Il s'en était suivi un affrontement armé entre la police macédonienne et les troupes de l'OTAN qui tentaient de le faire sortir du pays. L'officier a finalement été arrêté par la police macédonienne, dans un hélicoptère de l'OTAN. Dans 140 accidents de la circulation, qui ont fait 10 morts, et dans 50 incidents violents, des militaires de l'OTAN ont été impliqués en Macédoine.

(Utrinski Vesnik, AIM, 29.9) Depuis le 22 septembre, environ 500 Roms (tziganes) de Kosove, dont une moitié de femmes en d'enfants, attendent à Blace de pouvoir entrer en Macédoine, les autorités macédoniennes leur ayant fermé la frontière. Le seul député rom au Parlement macédonien, Amdi Bajram, a demandé au gouvernement "de traiter les réfugiés roms de la même manière que les réfugiés albanais" et a évoqué le risque que des Roms de Macédoine interviennent pour faire entrer leurs camarades kosovars en Macédoine. Le 24 septembre, le gouvernement macédonien a décidé de ne pas permettre aux Roms de Kosove d'entrer en Macédoine, niant ainsi aux Tziganes la possibilité d'obtenir le statut de réfugié dont les Albanais avaient finalement bénéficié. Le parti albanais membre de la coalition gouvernementale, le DPA, serait particulièrement opposé à l'entrée des Roms, alors qu'il s'était particulièrement illustré pour défendre celle des Albanais. Quant à la KFOR, elle assure le transport des Roms de Kosove jusqu'à la frontière macédonienne, mais ne les aide pas à la franchir. Des représentants du HCR ont tenté de persuader les autorités macédoniennes de laisser entrer les Tziganes. Environ 20'000 Roms sont réfugiés en Macédoine, la plupart étant hébergés chez des parents ou des amis. Les Roms (50'000 personnes environ) ont un statut de minorité éthnique en Macédoine, ce qui leur donne droit à l'usage et l'enseignement de leur langue, l'ouvertture de stations de radio et de télévision et une représentation au Parlement.

(AFP 5.12) Malgré quelques bagarres, le scrutin présidentiel s'est déroulé normalement en Macédoine le 5 décembre dans les locaux ou le scrutin avait été annulé le 14 novembre. Une dizaine de membres de l'opposition social-démocrate (SDSM, ex-communistes), à l'origine des plaintes pour fraude, ont été blessés et certains hospitalisés. Les heurts sont semble-t-il imputables à des membres de partis albanais ou de la coalition gouvernementale. Quatre membres du SDSM ont été blessés à coups de couteau par des Albanais près de Struga, deux autres par des Macédoniens, dans la même région, où des bagarres ont opposé des membres du SDSM et du partio au pouvoir, faisant trois blessés dont un député du SDSM. La Commission électorale avait dû organiser cette nouvelle élection dans 230 bureaux, correspondant à un dixième du corps électoral, après les vastes fraudes qui ont marqué le second tour des élections présidentielles, le 14 novembre, essentiellement dans les régions à population albanaise, à Skoplje et dans la région de Kumanovo. L1 14 novembre, le candidat du centre-droit au pouvoir (VMRO-DPMNE), Boris Trajkovski, avait obtenu 52,85 % des suffrages contre 45,94 % au candidat du SDSM, Tito Petkosvki.

(AFP 26.12) Le Premier ministre Llubco Georgievski a présenté le 26 décembre son nouveau gouvernement, au sein duquel son parti, le Parti démocratique pour l'unité nationale (VRMO-DPMNE) se voit attribuer le ministère de l'Intérieur, alors que l'Alternative démocratique (DA) perd celui de la Justice, attribué à un membre du Parti démocratique albanais (DPA). Les rapports de force entre les trois partis restent cependant globalement stables, le VMRO-DPMNE détenant 13 ministères comme auparavant, la DA sept (un de moins) et le DPA cinq (sans changement).

2000

(IWPR 14.1) Politiciens et media de l'opposition accusent le gouvernement macédonien de collusion avec la criminalité organisée, après le meurtre de trois policiers lors d'une patrouille de routine le 11 janvier, dans la village albanais d'Aracinovi. Les occupants de deux voitures ont ouvert le feu sur des policiers en train d'en contrôler une troisième. La police pense qu'il s'agissait de voitures volées en train d'être livéres en Kosove, et les media macédoniens accusent un gang criminel albanais d'être responsable de l'incident, survenu dans un village suspecté d'abriter un prospère trafic de cigarettes de contrebande, d'armes, de drogue et de voitures. Le leader du Parti démocratique des Albanais (DPA), principal parti albanais de Macédoine, et le Premier ministre ont demandé que les meurtres ne deviennent pas un problème politique. La police a quant à elle admis qu'une "fuite" au sein de ses services aurait pu se produire, avertissant les criminels de l'imminence de l'inspection. Plusieurs media ont cependant considéré que l'affaire était le signe d'un lien dangereux entre criminalité et politique, sous l'influence notamment du "trou noir" que serait la Kosove. Le quotidien "Makedonia Denes" a accusé la coalition au pouvoir, dominée par la VMRO-DPMNE, de contrôler les profits générés par la contrebande de cigarettes, de permettre le trafic de drogue et de participer à celui des armes. Le journal accuse le parti albanais DPA de profiter de 70 % des affaires illégales, les 30 % restant profinant à la VMRO-DPMNE. L'Alliance sociale-démocrate (opposition) a accusé les deux partis de s'être partagés les affaires illégales, et l'opposition accuse le DPA d'être financé par la mafia albanaise.

(AIM 11.1) Le ministre macédonien de la Défense a annoncé la prochaine réforme de l'armée macédonienne et sa transformation en une petite armée mobile. La Macédoine a pris la décision d'adhérer à l'OTAN et a été placée par l'Alliance sur la liste des pays (ils sont neuf) candidats à cette adhésion, à laquelle l'OTAN a placé plusieurs conditions : la Macédoine doit présenter un plan annuel d'opérations définissant ses priorités et son calendrier. Ce plan comporterait une diminution des effectifs de l'armée, de 22'000 soldats d'active actuellement à 16'000, et de 120'000 à 60'000 réservistes. Selon certaines sources, l'OTAN aurait trouvé ces chiffres encore excessifs et aurait demandé à la Macédoine de se contenter de 10'000 soldats d'active. De même, les chefs de l'armée macédonienne souhaitaient disposer de quatre bataillons de chars, l'OTAN n'en souhait que deux. Finalement, deux bataillons seront formés, mais avec un nombre de chars supérieurs à celui initialement prévu (44 contre 31). Au lieu d'avoir trois corps d'armée, la Macédoine n'en aurait plus que deux. Un corps aux frontières est prévu. Une partie des miradors placés aux frontières bulgares et grecques seraient abandonnée. Enfin, l'état-major de l'armée macédonienne serait modifié, avec des mises à la retraite. La tendance générale serait à la professionnalisation de l'armée macédonienne.

(AIM 2.2) La ministre bulgare des Affaires étrangères, Nedezda Mihailova, a fait allusion fion janvier à la possibilité que la Bulgarie introduise un régime de visas pour les ressortissants macédoniens si la Macédoine se rapprochait de l'Union européenne. Les autorités bulgares ont ensuite fait quelque peu marche arrière en déclarant que la Macédoine serait le dernier pays c ontre lequel une telle mesure serait prise si elle s'avérait nécessaire, mais le premier "message" bulgare, s'ajoutant aux décisions prises par la Slovénie, la République tchèque et la Slovaquie d'introduire dès le 1er janvier l'obligation du visa pour les ressortissants macédoniens, n'en a pas moins suscité l'inquiétude en Macédoine, particulièrement offusqués par la décision de la Slovénie (qui était, comme la Macédoine, une Répuglique de la Yougoslavie tisiste). En Slovénie, on explique que la décision d'introduire l'obligation du visa a été prise sur pression de l'Union Européenne, à laquelle la Slovénie veut adhérer, et qui entend la considérer comme une sorte de "hall d'entrée" dont il conviendrait de surveiller l'accès. Actuellement, les seuls pays européens dans lesquels les Macédoniens peuvent encore se rendre sans visa sont la Yougoslavie, la Croatie, la Bulgarie, la Turquie, la Pologne, la Hongrie, l'Ukraine et la Russie. Sur le continent américain, seule Cuba n'impose pas de visa aux Macédoniens. L'obtention de viasa pour les pays européens de l'"espace Schengen" est en outre rendue difficile par le nombre de documents exigés par les ambassades des pays concernés, et par le fait que ces pays n'ont pas tous d'ambassades en Macédoine, et qu'il faut parfois demander un visa pour un pays auprès de l'ambassade d'un autre pays (celle de France pour l'Espagne et le Portugal, ou celle d'Allemagne pour la Belgique et les Pays-Bas, par exemple), ou de l'ambassade de ce pays ailleurs qu'en Macédoine, ce qui implique d'obtenir un visa d'entrée pour un pays où l'on doit se rendre pour obtenir le visa que l'on souhaite pour un autre pays (un Macédonien qui veut se rendre en Irlande, par exemple, doit demander un visa pour se rendre à Vienne afin d'obtenir un visa pour l'Irlande auprès de l'Ambassade irlandaise en Autriche...). Cette situation est due, expliquent des sources policières européennes, par le fait que la Macédoine est considérée par les polices occidentales comme un pays de transit pour les immigrants illégaux d'Europe de l'est et du Moyen Orient, et par l'assez grand nombre de ressortissants macédoniens figurant sur les listes d'Interpol pour diverses activités criminelles.

(IWPR 15.3) L'opinion publique macédonienne craint l'arrivée d'une nouvelle vague de réfugiés albanais, venant du sud de la Serbie, accompagnée (ou suscitant) une recrudescence de la violence politique et du crime organisé. Plus précisément, on craint en Macédoine que les conflits latents dans les municipalités à majorité albanaise, au sud de la Serbie, n'éclatent violemment en provoquant un afflux de réfugiés albanais de Serbie vers la Macédoine. Au début du mois de mars, 200 réfugiés sont arrivée en Macédoine du sud de la Serbe, après avoir traversé la frontière tout à fait légalement. Le président macédonien, Boris Trajkovski, a déclaré qu'il pouvait s'agir là d'une avant-garde d'un nombre bien plus important de réfugiés, et a envisagé la création d'un "couloir humanitaire" qui permettrait aux Albanais déplacés de passer en Macédoine pour rejoindre la Kosove. Cette crainte d'un nouvel afflux de réfugiés s'est ajoutée à des mouvements de troupes européennes, vers la Kosove pour renforcer la KFOR, et à l'annonce de patrouilles communes entre l'armée macédonienne et la KFOR à la frontière pour combattre les trafics d'arme et de drogue et l'infiltration en Macédoine d'éléments criminels kosovars. Pour couronner le tout, à la crainte d'un nouvel afflux de réfugiés et à celle d'une implication de la Macédoine dans une nouvelle guerre balkanique, concernant celle-là le sud de la Serbie, s'est ajoutée la crainte d'une résurgence de la violence politique en Macédoine même. Le 8 mars, un commissariat de police de Tetovo a été attaqué à la bombe, et c'était la troisième attaque de ce type contre les forces de l'ordre depuis le début de l'année -attaques attribuées par une bonne part de l'opinion publique à la "mafia albanaise" ou à des éléments de l'UCK kosovare, qui viseraient à la sécession de l'ouest de la Macédoine (à majorité albanaise) et à son "unification" avec une Kosove indépendante. L'UCK avait déjà été active dans la région, en 1997 et 1998, et une grande quantité d'armes y ont été récemment saisies, sans que l'on sache précisément si elles étaient destinées à des éléments albanais de Serbie ou de Macédoine. Cette ambiance de troubles et de craintes s'installe alors que des discussions difficiles se mènent sur la modification de la constitution macédonienne : les Albanais (entre 30 et 40 % de la population selon les estimations) demande d'être reconnus comme "nation constituante" de la Macédoine, aux côtés des Macédoniens proprement dit, ce que refusent les partis macédoniens, qui craignent que cela soit le premier pas vers une fédéralisation, voire une décompisition, de la Macédoine.

(IWPR 21.3) Une succession d'"affaire" de corruption, de contrebandes et de trafics divers occupe la presse et inquiète l'opinion publique macédoniennes depuis plusieurs semaines. D'entre ces "affaires", l'une impliquerait des soldats de la KFOR, après que 15 camions de l'OTAN aient été bloqués par les douanes macédoniennes à la frontière grecque, et que les media de Skoplje aient affirmé que ces camions transportaient des marchandises destinées au marché noir. Des sources officieuses de la KFOR auraient quant à elles affirmé que des responsables macédoniens exigeaient un pot de vin de 2000 DM par camion pour laisser passer le convoi. Des soldats de la KFOR (il y en a 4000 en Macédoine) auraient en outre été impliqués dans la contrebande d'alcool, de cigarettes et de parfum. L'opinion publique dénonce quant à elle une corruption généralisée, et l'obligation répandue de verser des pots de vin pour la moindre démarche administrazive (1000 DM pour changer de numéro de téléphone, pour obtenir un rendez-vous chez un médecin. Le point de départ de cette corruption aurait été l'imposition de l'embargo occidental contre la Yougoslavie, la Macédoine étant l'une des "plate-formes" de violation de cet embargo, tout ce dont la Serbie avait besoin pouvant passer par la Macédoine. A La contrebande s'est ajoutée le racket, et une commission parlementaire d'enquête sur la corruption a été créée après la victoire de la coalition pour le changement (VRMO-DPMN, Alternative démocratique), rejointe par le Parti démocratique des Albanais- La commission a présenté un rapport au début mars, accusant l'ancienne administration de corruption, en réponse à quoi le nouvelle majorité a été accusée par l'ancienne d'être elle-même corrompue. C'est ainsi que les autorités auraient commandé pour la police 400 véhicules américains très onéreux et vendu une raffinerie.

(IWPR 28.3) Des milliers de réfugiés tziganes tentent de survivre en Macédoine, indésirables en Europe occidentale, et ne pouvant rentrer chez eux, en Kosove. Le 21 mars, le gouvernement macédonien a décidé de prolonger leur permis de séjour dans le pays, pour une période de trois mois. Les représentants du HCR pressent le gouvernement macédonien d'accorder l'asile au Tsiganes, mais ceux-ci ne souhaitent pas rester en Macédoine, où il n'y a aucune perspective pour eux, mais aller ailleurs, en Europe occidentale, ou rentrer chez eux en Kosove. Ennviron 8500 réfugiés, pour la plupart tziganes, vivent en Macédoine, où existe une communauté rom de 60'000 à 150'000 personnes. Les réfugiés ont afflué à l'été 1999, après avoir été expulsés de Kosove par les "extrémistes" albanais. Ils ont passé les premiers mois de leur séjour macédonien sous des tentes et dans des camps improvisés. Des réactions xénophobes sont nées dans une partie de la population (à Stari Dorjan, par exemple, les habitants ont littéralement organisé un blocus du camp de réfugiés), craignant une modification de l'équilibre "éthnique" et une hausse de la criminalité. 2400 réfugiés tziganes ont été hébergés dans dix centres disséminés dans toute la Macédoine, dont le gouvernement a toujours insisté pour qu'ils puissent un jour rentrer chez eux, au point de négocier même un retour en Serbie avec les autorités de Belgrade (les négociations n'ont pas abouti) et d'affirmer qu'ils ne couraient pas de réel danger s'ils rentraient en Kosove, ce que tous les observateurs démentent. Le HCR pour sa part a fait le choix inverse et incite les Roms à rester en Macédoine, où leur hébergement ne semble pas assuré, et où leur survie est difficile : environ 80 % des habitants de la ville rom de Shuto Orizari sont au chômage. "Nous survivons", déclarent les réfugiés, qui reconnaissent, malgré tout, que la Macédoine est le pays d'Europe le moins inhospitalier pour les Roms.

(IWPR 4.4) De nombreux Macédoniens sont convaincus que des extrémistes albanais sont responsables d'une série récente d'attaques à la bombe contre des postes de police, attaques attribuées par les autorités à des agents yougoslaves. Trois attaques de ce typ commises à Oslomej (20 janvier), Kumanovo (30 janvier) et Tetovo (début mars) ont été attribuées fin mars par le ministre de l'Intérieur Dosta Dimovska à la police secrète de Belgrade. La ministre a accusé le régime de Slobodan Milosevic de vouloir entraîner la Macédoine dans le conflit kosovar. Cette hypothèse a également été évoquée par le leader du Parti démocratique des Albanais (membre de la coalition gouvernementale), Arben Xhaferi. Parallèlement, les USA ont annoncé qu'ils renforçaient leur présence militaire en Macédoine comme "dissuasion contre les troubles qui pourraient se produire le long des frontières". Aucune preuve concrète de l'implication yougoslave dans les attaques contre des postes de police n'a cependant été fournie, ce qui nourrit la rumeur selon laquelle ces attaques sont le fait d'extrémistes albanais. Neuf attaques contre des postes de police et des salles de justice avaient été perpétrées dans les six premiers mois de 1998, revendiquées pour trois d'entre elles par l'UCK, et attribuées pour d'autres à de jeunes Albanais. Le principal parti albanais de Macédoine étant membre de la coalition gouvernementale, beaucoup de Macédoniens soupçonnent le gouvernement de vouloir ménager la communauté albanaise en attribuant des actes commis par des Albanais aux services secrets yougoslaves. Au moment de l'intervention de l'OTAN en Kosove, des Serbes avaient été impliqués dans des attentats contre des véhicules de l'OTAN. Un diplomate yougoslave s'est contenté de répondre que "notre pays est toujours accusé de tous les troubles qui se produisent en Macédoine".

(IWPR 11.4) La libération controversée d'un ancien commandant de l'UCK, accusé de meurtre en Macédoine, a soulevé en Macédoine une tempête politique. Selon les media macédoniens, les autorités de Skoplje auraient échangé Xhavit Hasani contre des garde-frontières macédoniens enlevés par des Albanais de Kosove, échange nié par les autorités (qui ont cependant reconnu l'enlèvement des garde-frontières), mais condamné par l'opposition. Hasani a été extradé en mars en Macédoine par la mission de l'ONU en Kosove (MINUK), et libéré le 4 avril contre une caution de 200'000 DM, et est rentré triomphalement à Vitina, en Kosove. Les media indépendants macédoniens assurent que les autorités l'ont échangé contre quatre garde-frontières macédoniens enlevés le 2 avril à la frontière kosovare par 30 hommes masqués, qui seraient membres du "corps de protection du Kosovo" formé par l'ONU à partir de l'UCK. Selon le quotidien de Prishtine "Koha Ditore", Hasani serait rentré en Kosove avec le leader du Parti démocratique des Albanais de Macédoine, Arben Xhaferi. Ce parti est membre de la coalition gouvernementale macédonienne. En 1998, Hasani avait ouvert le feu sur des policiers et des ouvriers venus démolir une maison qu'il avait fait construire illégalement dans un faubourg de Skoplje. Il avait ensuite fui en Kosove et était devenu l'un des commandants de l'UCK. Il aurait emsuite, selon l'hebdomadaire"Start", été impliqué dans une affaire de conmtrebande d'armes entre la Macédoine et la Kosove et aurait créé dans son village natal macédonien de Tanusevci, dont il aurait chassé les habitants, une base de l'UCK. Après l'enlèvement des garde-frontières, le président macédonien Boris Trajkovski a déclaré qu'il tenait le commandant de la KFOR, le général Reinhardt, personnellement responsable de la sécurité des garde-frontières. La Macédoine a également augmenté le nombre de ses soldats patrrouillant à la frontière, et les a mis en état d'alerte. La KFOR a elle aussi envoyé des soldats supplémentaires dans la région. Quant à l'opposition macédonienne, elle fait de l'affaire un scandale politique et dénonce le viol par le gouvernement de la séparation constitutionnelle de la justice et du pouvoir politique. Enfin, la police macédonienne a déclaré que le départ des forces serbo-yougoslaves de Kosove et l'arrivée de la KFOR à leur place a coÏncidé avec une augmentation du nombre de criminels cherchant refuge en Macédoine, depuis la Kosove. La KFOR est accusée par la Macédoine de ne pas patrouiller suffisemment à la frontière. Doutze mandats d'arrêts contre des criminels ayant fui la Kosove ont été adressés à Interpol.

(IWPR 9.5) Les autorités macédoniennes retardent les réformes démocratiques promises au moment de l'élection présidentielle, et le pays est toujours confronté à l'urgence de la création d'institutions réellement démocratiques, soutenues aussi bien par la majorité macédonienne que par la minorité albanaise. La constitution macédonienne en vigueur est largement inspirée de cette de la Yougoslavie titiste de 1971, mais sans le caractère fédéral de la Yougoslavie d'alors. Le gouvernement est centralisé, la minoritzé albanaise est discriminée, sa langue n'est pas reconnue comme langue officielle et elle a du se doter d'une Université "illégale", dont les diplômes ne sont pas reconnus, à Tetovo. En 1999, Boris Trajkovski a été élu à la présidence grace au soutien des voix de la minoritp albanaise, qui espérant que de cette élection allaient découler des changement -qui ne sont pas venus, malgré une loi d'amnistie permettant la libération de deux prisonniers politiques albanais. Le principal parti albanais, l'ADP, est membre de la coalition gouvernementale, qui propose une modification de la loi sur le gouvernement local, offrant une certaine dose de régionalisation et de contrôle par les Albanais des affaires locales des municipalités où ils sont majoritaires. Cette réforme apparait cependant insuffisante.

(IWPR 23.5) Un conflit au sujet de l'enseignement en albanais fait naître des tensions politiques en Macédoine. Des milliers d'enseignants, d'étudiants et de parents sont descendus au début mai dans les rues de Bitolj pour protester contre le projet du gouvernement de créer une classe en langue albanaise dans une école secondaire locale. Les manifestants estimaient qu'un enseignement en albanais ne se justifiaient pas alors que les Albanais ne représentent que 3 % de la population de la ville. Au plan national, cependant, un quart de la population macédonienne est de culture albanaise, et l'enseignement de la langue minoritaire n'est dispensé que limitativement, dans les écoles primaires et secondaires, si au moins 24 élèves albanais y étudient. Les partis albansis demandent que ce principe soit étendu aux universités, à quoi s'opposent les Macédoniens, qui y voient le début d'un mouvement de sécession de la région à prédominance albanaise de la Macédoine occidentale. Les Albanais de Macédoine ont créé, illégalement, leur propre université il y a cinq ans à Tetovo, et s'opposent au projet de création d'une université macédonienne plurilingue, financée par la communauté internationale, projet défendu notamment par le Haut Commissaire de l'OSCE pour les minorités nationales, Max van der Stoel. A Bitolj, les manifestants macédoniens ont finalement contraint le gouvernement à retirer son projet d'une classe à enseignement en albanais.

(IWPR 2.6) Le gouvernement macédonien est accusé par l'opposition d'avoir provoqué une vague de corruption, de désertions et d'indiscipline dans les forces armées, d'avoir tenté de placer les membres "dissidents" des forces armées sous contrôle et d'avoir placé des activistes du parti dirigeant, incompétents militairement, à des postes élevés. Une enquête gouvernementale a impliqué de hauts responsables du ministère de la Défense dans un trafic de poudre au profit d'une fabrique de munitions yougoslaves. Le chauffeur du ministre de la Défense, Nikola Kljusev, a été accusé de chantage sexuel par une employée du QG de l'armée. Des soldats font l'objet d'enquêtes pour avoir accepté des pots-de-vin d'Albanais souhaitant passer en Albanie. Une quarantaine de membres d'un bataillon d'élite ont été transférés pour rébellion dans d'autres unités de l'armée. Le gouvernement est enfin accusé d'avoir échangé un commandant de l'UCK, Xhavit Hasani, contre quatre soldats macédoniens capturés par des membres de la Force de Protection de Kosove. Dans le même temps, les désertions et les actes d'insoumission seraient en augmentation, quoique le ministère le nie, et en tous cas le recrutement se fait mal, notamment dans les familles les plus aisées et au sein de la minorité albanaise. L'armée macédonienne a été réduite de 26'000 à 10'000 hommes aux termes d'un accord avec l'OTAN, mais elle aura même de la peine à recruter ces 10'000 hommes, alors que les officiers, eux, craignent pour leur poste, faute de soldats. Certains analystes dénoncent comme cause de la crise des forces armées leur politisation, et accusent les dirigeants du principal parti au pouvoir, le VMRO-DPMNE, d'avoir fait entrer un grand nombre de ses activistes au ministère de la Défense afin d'exercer un contrôle politique sur les officiers sociaux-démocrates. Cette politisation frapperait également la police, et une centaine de policiers auraient été licenciés pour faire place à des membres de partis au pouvoir. Dans l'armée comme dans la police, ces nominations se feraient sans considération pour la compétence des personnes nommées (ni pour celle des personnes licenciées ou bloquées dans leur avancement), ce qui affecterait l'efficacité des deux corps.

(IWPR 4.7) La police macédonienne semble impuissante à stopper le nombre croissant d'étrangers qui traversent illégalement les frontières du pays. En trois mois, elle a bien réussi à intercepté plus de 7000 personnes, contrebandiers, trafiquants d'armes de Kosove et immigrants clandestins en transit vers la Grèce, mais le nombre de ceux qui auraient réussi à passer serait dix fois plus important. La plupart des immigrés tentent de passer de Yougoslavie en Grèce par la Macédoine, où nombre d'entre eux trouveront du travail chez des producteurs de fruits. Un petit nombre d'entre eux restent en Macédoine : prostituées, travailleurs saisonniers ou clandestins, petits trafiquants, souvent venus d'Albanie ou de Kosove. La plupart des immigrants sont roumains, albanais (d'Albanie ou de Kosove), bulgares ou yougoslaves (serbes). Leur passage est de plus en plus organisé par des réseaux montant de véritables convois de camions. Ce flux migratoire nourrit des réflexes xénophobes, et une partie de la presse considère que la loi n'est pas assez sévère à l'égard des immigrants clandestins qui, selon le ministère de l'Intérieur, utilisent dans la moitié des cas des faux papiers. Depuis le début 2000, 700 incidents opposant des immigrants clandestins, des passeurs ou des trafiquants aux forces de l'ordre macédoniennes ont été enregistrés. deux gardes macédoniens ont été blessés eau début juin par des tireurs situés en Kosove, ce qui a provoqué le renforcement des forces macédoniennes le long de la frontière kosovare. De plus, des militants nationalistes albanais tentent de s'infiltrer en Macédoine occidentale -à forte population albanaise- pour y susciter un mouvement de révolte. 25 % de la population de la Macédoine (au moins) est albanaise, et les leaders politiques albanais de Macédoine ont estimé que le renforcement des mesures de sécurité à la frontière était inutile. Le chef du Parti démocratique des Albanais (membre de la coalition gouvernementale), Arben Xhaferi, a considéré que ces mesures isolaient la Macédoine de ses voisins et assuré que la Kosove ne représentait pas une menace pour la Macédoine. La président Trajkovski a pour sa part demandé à l'OTAN d'accroître ses efforts pour garantir la sécurité des frontières macédoniennes, et le ministre de la Défense Nikola Kljusev a demandé une assistance militaire et technique à l'OTAN pour lutter contre le problème des passages clandestins des frontières.

(IWPR 25.8) La décision prise par l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) de continuer à "surveiller la démocratie" en Macédoine provoque une controverse avant les élections locales du 10 septembre. l'OSCE doit déployer 200 contrôleurs pour couvrir les 123 bureaux de vote, et bien qu'aucun parti n'ait déclaré être opposé à la présence d'observateurs internationaux, plusieurs, parmi les plus importants (le VMRO-DPMNE, l'Alliance Démocratique, gouvernementaux) ont assuré que cette présence était inutile. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avait quant à elle décidé en avril de suspendre ses projets de contrôle en Macédoine en se disant satisfaite de la manière "exemplaire" avec laquelle la Macédoine a honoré ses "obligations en tant qu'Etat membre du Conseil de l'Europe". Les partis d'opposition se sont quant à eux félicité de la présence d'observateurs étrangers, le chef de l'opposition social-démocrate, Branko Crvenkosvi, déclarant qu'"avec un gouvernement anormal, il ne peut y avoir d'élections normales". Lors des précédentes élections (locales, en 1996, présidentielles, en 1999), des bourrages d'urnes, des destructions de bulletins de vote en favur de l'opposition, des expulsions d'observateurs, avaient été constatés.

(AFP 10.9) Les Macédoniens ont voté le 10 septembre pour le premier tour d'élections municipales très politisées, avec pour enjeux principaux l'avenir du gouvernement de centre-droit et la sécurité liée aux soubresauts kosovars. Le scrutin a été plutôt calme, malgré quelques incidents dans les régions à majorité albanaise (les opérations ont été suspendues dans six bureaux de vote à Debar, où des urnes ont été détruites dans un affrontement entre candidats de deux formations albanaises opposées) et les sondages prévoyaient une chute du soutien au gouvernement de Ljubco Georgievski, du notamment au chômage (35 %), à la hausse du coût de la vie, à l'introduction de la TVA et au climat de corruption. Le Premier ministre a accepté le principe d'élections législatives anticipées si sa coalition, menée par l'ORIM-DPMNE, obtenait 10 % de moins de voix que l'opposition.

(IWPR 19.9) L'opposition unie macédonienne a gagné les élections locales du 10 septembre, mais n'a pas aussi clairement qu'elle l'espérait pour pouvoir contraindre le gouvernement à organiser des élections législatives anticipées, et le Premier ministre Georgjievski pourrait politiquement survivre à sa défaite. Georgjievski avait promis de démissionner et d'organiser des élections anticipées si la coalition de l'opposition (dominées par le Parti social-démocrate SDSM) devançait la coalition gouvernementale (dominée par l'ORIM) d'au moins 10 %. Elle n'y arrive pas. L'opposition et le gouvernement sont arrivés quasiment à égalité, avec autour de 340'000 voix pour chacune des deux coalitions, dans 122 des 123 municipalités dont les résultats étaient disponibles le 13 septembre. L'opposition a cependant clairement gagné dans la capitale, Skoplje, avec 64 % des suffrages. Elle a remporté au premier tour 24 municipalités, contre 16 à la coalition gouvernementale. Dans trois municipalités, les bureaux de vote ont du être fermée et les élections devront être réorganisées le 24 septembre. Le Parti démocratique des Albanais (gouvernemental) a gagné dans 12 circonscriptions à prédominance albanaise, le Parti pour la prospérité démocratique (opposition) dans une.

(AP, AFP 24.9) Les électeurs macédoniens se sont rendus aux urnes le 24 septembre pour le second tour des élections municipales, quinze jours après le premier, en espérant que la fin du processus électoral mette un terme à des semaines de tensions et de violences. Quelques incidents se sont produits le 24 septembre, notamment à Strumica, mais de bien moindre importance que ceux du 10 septembre, qui avaient fait au moins un mort et trois blessés lors d'affrontements entre Albanais de partis rivaux. Le 24 septembre, ce sont des Macédoniens qui se sont affrontés, entre partisans de l'Union social-démocrate (PC réformés, opposition) et du Parti démocratique pour l'unité nationale-ORIM (gouvernemental). Un député rom a été hospitalisé après avoir été pris à partie alors qu'il détruisait une urne à Skoplje, où dans deux bureaux de vote, les opérations électorales ont été suspendues temporairement à cause d'irrégularités. L'enjeu du scrutin est le contrôle des municipalités des 124 circonscriptions du pays, mais aussi un test pour la coalition tripartite de centre droit au pouvoir. Le Premier ministre Georgievski est confronté à la faiblesse de l'économie du pays et aux tensions entre la majorité slave et la minorité albanaise. Quinze jours après le premier tour, ses résultats officiels ne sont toujours pas connus, les autorités ayant refusé de les communiquer, se contentant d'annoncer qu'un deuxième tour était nécessaire dans 54 circonscriptions, pour l'élection d'un Maire, et que les élections devaient être réorganisées complètement dans 27 autres, du fait d'irrégularités. Plus que sur les gestions municipales, la campagne a porté sur d'éventuelles élections législatives anticipées, réclamées par l'opposition, et dont le Premier ministre a accepté le principe si sa coalition obtenait au moins 10 % de v^suffrages de moins que l'opposition. A 17 heures, la participation électorale était estimée à 40 % (20 % à 14 heures)

(IWPR 6.10) Une corruption endémique sape les fondements mêmes de la société macédonienne, écrit le correspondant à Skoplje de l'Institure for War andPeace Reporting de Londres. Diverses commissions ont mis en évidence de très nombreux cas de corruption lors du passage de la Macédoine d'une économie totalement dirigée à une économie en grande partie "libéralisée". La crise de Kosove a offert encore plus de tarrain à la corruption : des policiers et des "travailleurs humanitaires" ont été convaincus d'avoir réclamé des pots-de-vin pour accorder l'asile ou une place dans des camps à des réfugiés, ou arranger leur évacuation vers des pays tiers. Le ministère de l'Intérieur a confirmé que la corruption s'étendait aux directeurs de sociétés, aux responsables des douanes, aux inspecteurs des impôts, aux arbitres de football, aux médecins et aux enseignants, mais le service anti-corruption du ministère n'a officiellement découvert que 143 cas de corruption, impliquant 170 personnes, en trois ans et demi. La police explique cette relative inefficaxité par l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de poser des micros ou de filmer clandestinement. Sur les 1056 accusations de corruption lancées en trois ans, près des deux tiers (64 %) ont été abandonnées faute de preuve, et les deux tiers des accusations maintenues n'ont abouti à aucune condamnation devant un tribunal. e gouvernement a été incité par les Etats partie prenant du Pacte de stabilité pour les Balkans à signer tous les accords internationaux existants contre la corruption et à promulguer ses propres mesures dans ce domaine, mais tarde à le faire : les lois anti-corruption ne seront pas promulguées avant décembre 2000, au prétexte que des problèmes plus urgents doivent être réglés. En outre, le manque de coordination au sein de la police, entre la police, la justice et l'administraztion fiscale risque de rendre illusoires les engagements qui seront pris. Or le Premier ministre Georgievski et sa coalition "Pour les changements" ont été élus sur l'engagement de lutter contre le crime organisé. Le gouvernement a certes ordonné des enquêtes, mais celles-ci ont essentiellement porté contre des responsables de l'ancien gouvernement et de l'actuelle opposition, qui a dénoncé une "vengeance politique". Le Premier ministre a finalement reconnu que "certaines personnes appartenant au VMRO-DPMNE (son parti) ont été impliquées dans le crime organisé", et promis de ne pas le tolérer.

(AIM 6.10) La Macédoine est l'un des pays les plus pauvres des Balkans. Plus de 20 % de sa population n'a aucun moyen de subsistance et 74 % des salariés reçoivent des traitements moyens d'environ 1080 FF (270 FS). 42'000 Macédoniens doivent survivre avec moins de 2,5 dollars par jour. Le pourcentage de pauvres est passé de 4 % en 1991 à 20 % en 1996, et augmente de 1 à 2 % (de la population totale) par an. Entre 1997 et 1999, le pourcentage de pauvres aurait augmenté de 10 % (de la population totale). Près de 100'000 salariés reçoivent leur salaire avec au moins deux mois de retard; 80'000 ménages sont au chômage et ne reçoivent que 180 à 540 FF (45 à 130 FS) d'allocations. Les analyses sociales définissent plusieurs groupes particulièrement frappés par la pauvreté : d'abord, et traditionnellement, les habitants illétrés et non propriétaires de terres des régions rurales; ensuite, les personnes âgées; enfin, les "nouveaux pauvres" : chômeurs victimes de la "transition" vers l'économie "libérale" et/ou de la faillite de leurs entreprises. Le nombre total des chômeurs, indemnisés ou non, s'élève à plus de 350'000 personnes, plus les 150'000 qui survivent grâce à des "petits boulots" plus ou moins "au noir". Près de la moitié des pauvres ont entre 20 et 30 ans. 56,7 % des personnes interrogées lors d'un sondage du Centre d'analyse et de recherche du journal "Morning News" estiment être dans une situation pire que l'année précédente.

2001

(IWPR 5.1.2001) Quatre ambassadeurs en Macédoine de pays voisins, la Yougoslavie, la Grèce, l'Albanie et la Bulgarie, qui admettent parfois difficilement l'indépendance de la Macédoine, ont éré récemment pris à partie par la presse macédonienne et accusés d'ingérence dans les affaires intérieures macédoniennes. Les journaux de l'opposition ont ainsi demandé que le gouvernement retire ses lettres de créance à l''Ambassadeur bulgare Angel Dimitrov, à cause de son soutien à une organisation (Radko) elle même soutenue par la branche historiquement proébulgare de la vieille organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM), dont le siège se trouve précisément à Sofia, et qui considère la Macédoine comme une entité transitoire devant être réunifiée à la Bulgarie. L'Ambassadeur bulgare aurait affirmé que la Macédoine était une "formation artificielle". Quant à l'Ambassadeur yougoslave, Zoran Janackovic, il a été accusé par le Parti du renouveau serbe de Vuk Draskovic, puis par la Sécurité d'Etat macédonienne (qui a demandé au président Gligorov de lui retirer ses lettres de créance) d'être un agent de milosevic mandaté pour organiser à Skopje un "centre d'espionnage balkanique".

(IWPR 22.1) Des représentants macédoniens et yougoslaves ont entamé le 16 janvier de nouveaux pourparlers pour résoudre le problème du tracé de la frontière entre leurs deux pays. Le ministre macédonien des Affaires étrangères, Srdjan Kerim, a exprimé l'espoir de la conclusion d'un accord avant le 23 février, date du sommet du Pacte de stabilité pour les Balkans. La Macédoine demande que l'ancienne frontière intérieure yougoslave, en la République fédérée de Macédoine et les autres républiques yougoslaves, soit constituée en frontière internationale. La yougoislavie a refusé et a revendiqué des zones situées à l'intérieur de l'ancienne République fédérée, à Cupa, Korab et Skopska crna gora. La Macédoine réclamait pour sa part un statut spécial pour le monastère macédonien de Prohor Pcinjski, du côté serbe de la frontière. La plus grande partie de la frontière s'est ainsi trouvée contestée. En 1995, la Yougoslavie a officiellement reconnu l'indépendance de la Macédoine, faute de pouvoir l'empêcher. Depuis, l'essentiel des désaccords semblent avoir été résolus. Pour la Yougoslavie, la délimitation de la frontière avec la Macédoine sur le tracé de l'ancienne "frontière" intérieure aurait d'ailleurs l'avantage de signifier clairement la revendication du maintien du Kosovo en Yougoslavie. Pour la Macédoine, ce tracé signifierait clairement le refus de la revendication irrédentiste des Albanais de Kosove et de Macédoine. De fait, les Albanais semblent être les seuls à ne pas vouloir que la question de la frontière yougoslavo-macédonienne soit résolue par la reconnaissance du tracé de l'ancienne frontière intérieure comme frontière internationale, cette frontière séparant la Kosove des régions albanaises de Macédoine.

(AFP 26.2) Des Albanais de Macédoine se réclamant de l'UCK macédonienne et les forces de sécurité macédoniennes ont échangé des tirs nourris le 26 février à la frontière kosovo-macédonienne, entre Tanusevci (M acédoine) et Debelden (Kosove). Plusieurs centaines d'habitants de Tanusevci, essentiellement des femmes et des enfants, se sont réfugiés en Kosove après la mort d'un jeune villageois de 22 ans, tué selon les villageois par des soldats macédoniens. Le gouvernement macédonien a confirmé des mouvements de population mais a qualifié le départ de civils macédoniens vers la Kosove de "mise en scène très bien organisée". L'UCK macédonienne a revendiqué en janvier l'attaque à la roquette d'un pose de police macédonien à Tearce. Un policier avait été tué et trois autres blessés. Le commandant de la force de l'OTAN en Kosove (KFOR), le général Carlo Cabigiosu, a déclaré que des liens existaient entre les groupes irrédentistes albanais de Serbie, les groupes armés albanais de Kosove et de Macédoine. La Macédoine a dénoncé les incursions sur son territoire d'hommes armée venus de Kosove, et a fait état d'accrochages près de Tanusevci entre des patrouilles militaires macédoniennes et des hommes armés vêtus d'uniformes noirs.

(AP 4.3) Les combats entre irrédentistes albanais et forces armées macédoniennes ont redoublé d'intensité le 4 mars, faisant trois morts au sein des troupes macédoniennes : deux soldats ont sauté sur une mine près de Tanusevci, village occupé par les Albanais venus de Kosove, et un troisième soldat a été abattu dans le même secteur par un tireur ambusqué. Selon la police macédonienne, plus de 200 Albanais armés prennent par aux combats, qui se sont étendus à Malina et à Kodra Pura. Les points frontaliers de passage entre la Kosove et la Macédoine ont été fermés le 4 mars.

(Monitor 9.3) Depuis une dizaine de jours, des affrontements opposent les forces macédoniennes à des groupes armés albanais dans la région frontalière du Kosovo. Trois bataillons américains de la KFOR se sont installés face au village macédonien de Tanusevci, contrôlé par les groupes armés albanais. Des hélicoptères et des avions de reconnaissance survolent la zone des combats et les journalistes ont été invités à quitter la région. Selon les autorités macédoniennes, ce sont les groupes armés albanais quim ont engagé les hostilités. Un officier et un soldat macédonien ont été tués le 4 mars dans l'explosion d'une mine au passage de leur char, et le même jour un soldat était tué par un tireur embusqué près de la frontière, à Tanusevci. Les autorités macédoniennes estiment avoir réussi à limiter le conflit à la zone de Tanusevci, à 30 km au nord de Skopje, mais des combats menacent d'éclater ailleurs et de gagner toute la région à forte population albanaise. Les groupes armés albanais utilisent la "zone interdite" d'un kilomètre qui longe la frontière entre la Kosove et la Serbie, et ceux qui se manifestent en Macédoine aparraissent liés à ceux qui, sous le nom d'Armée de libération de Presevo, Medvedja et Bujanovac (UCPMB), se manifestent dans la région serbe frontlière de la Kosove.

(Le Monde, AFP 11.3) Un nouveau parti albanais, le Parti national démocratique (NDP), a été créé le 11 mars à Skopje. Le NDP prône la création de deux entités, dont une albanaise, en Macédoine et exige la transformation de "la Macédoine, qui est un pays multiethnique, en fédérations de deux entités, l'utilisation officielle de l'albanais et plus d'emplois pour les Albanais dans les institutions d'Etat". Le NDP entend également lutter pour "l'égalité entre les Albanais et la Macédoniens". Le parti sera présidé par l'ancien député du Parti de la prospérité démocratique (PDP) Kastriot Hadziredza. Le nouveau parti va entrer en concurrence directe avec les deux partis albanais de Macédoine, le PDP et le Parti démocratique albanais (DPA). Les Albanais de l'UCK macédonienne ont également exigéà le 10 mars la transformation de la Macédoine en fédération de "deux peuples constitutif". Le dirigeant du DPA, Arben Dzaferi, a déclaré le 11 mars que le mouvement armé albanais affrontant les forces macédoniennes était bel et bien un mouvement d'Albanais de Macédoine, et non un mouvement importé de Kosove. Arben Dzaferi s'est prononcé pour "la paix, l'intégrité territoriale de la Macédoine et les efforts de la communauté internationale pour la paix et la stabilité dans les Balkans", mais a mis en garde le pouvoir macédonien contre le risque de renforcer les rangs des irrédentistes albanais par la répression et la marginalisation des Albanais. Selon les autorités macédoniennes, les Albanais représentent le quart de la population du pays; selon les Albanais eux-mêmes, ils en représentent le tiers.

(AFP 14.3) De violents affrontements ont opposé le 14 mars policiers et manifestants albanais à Tetovo, faisant un mort (un civil tué par un sniper albanais, selon les autorités) et 13 blessés, dont 11 policiers (dont 3 policiers albanais). Cinq des policiers blessés l'ont été par balles. Un journaliste a également été molesté par des manifestants, et hospitalisé. Le Premier ministre Georgievski a déclaré que le gouvernement envisageait d'introduire des "mesures d'exception" pour faire face à l'extrémisme albanais. Les affrontements ont débuté à Kale dans la matinée, lorsque neuf hommes armés en uniformes ont ouvert le feu contre les forces de sécurité macédoniennes, qui ont acheminé des renforts. Plus tard, 5000 personnes se sont rassemblées au centre de Tetovo pour dénoncer "la terreur de l'Etat macédonien à l'encontre des Albanais". La manifestation s'est rapidement transformée en manifestation de soutien à l'UCK macédonienne. Plus des trois quarts des 200'000 habitants de Tetovo sont albanais.

(IWPR 16.3) De violents accrochages opposant des membres de l'UCK-M aux forces de sécurité macédoniennes se sont succédées en nord-ouest de la Macédoine, et l'UCK-M a appelé les Albanais de Macédoine à la rejoindre, alors que le ministère macédonien de l'Intérieur affirmait que l'organisation armée albanaise disposait de caches d'armes à travers tout le pays, et qu'il s'attendait à voir le conflit s'étendre. Ce conflit provoque en outre une scission au sein même de la communauté albanaise. Le 14 mars à Tetovo, plusieurs organisations proches de deux partis non-gouvernementaux albanais, le Parti de la proséprité démocratique et le Parti démocratique national, opposés au Parti démocratique albanais d'Arben Xhaferi (PDA, gouvernemental), ont organisé une manifestation qui a tourné à la manifestation de soutien à l'UCK-M, laquelle se déployait en même temps non loin de là, autour de la forteresse de Kale. La veille, le PDA avait organisé à Skopje une manifestation pour la "paix et la justice". L'UCK-M exige l'égalité de traitement entre Albanais et Slaves au sein de la Macédoine, et affirme n'avoir pris les armes qu'après avoir constaté l'inefficacité de la démarche purement politique. L'un de ses porte-paroles, Fazli Veliu, assure qu'elle ne revendique pas une "Grande Albanie" et reconnaît l'intégrité territoriale de la Macédoine. Pour sa part, le président macédonien Boris Trajkovski a assuré que "La Macédoine ne négociera jamais avec des terroristes".

(IWPR 16.3) Les dirigeants politiques albanais ont généralement condamné la violence en Macédoine (et dans le sud de la Serbie) et conseillé aux Albanais de Macédoine de déposer les armes. Même l'ancien président Berisha, par ailleurs nationaliste et irrédentiste, a condamné l'usage de la violence par les Albanais en Macédoine. "Les actes extrémistes ne sont d'aucune utilité", a pour sa part déclaré le ministre albanais des Affaires étrangères Paskal Milo, avant une rencontre avec son homologue yougoslave à Vienne. Le 12 mars, le Premier ministre albanais Ilir Meta a reçu les dirigeants des deux principaux partis albanais de Macédoine, Arben Xhaferi (Parti démocratique des Albanais, DPA, gouvernemental) et Imer Imeraj, rencontre au terme de laquelle une déclaration commune a été rendue publique, selon laquelle "la violence, sous quelle forme que ce soit, (va) à l'encontre des intérêts des Albanais de Macédoine et des choix de leurs représentants". Reçu plus tard par le Premier ministre Albanais, le chef du Parti démocratique de Kosove (PDK), et ancien chef de l'UCK, Hashim Thaçi, a lui-même dénoncé comme "inacceptable" l'"utilisation de la violence à des fins politiques". Pour le Premier ministre albanais, les Albanais de Macédoine doivent "faire valoir leurs droits par des moyens démocratiques", et la souveraîneté et l'intégrité territoriale de la Macédoine sont "une nécessité pour la stabilité de l'ensemble de la région". Cela étant, tous les dirigeants albanais, de quelque pays que ce soit (Albanie, Macédoine, Kosove notamment) considèrent que des réformes politiques sont indispensables en Macédoine pour répondre aux revendications légitimes de la communauté albanaise du pays. Le ministre macédonien des Affaires étrangères, Srdjan Kerim, qui a lui aussi rencontré son homologue albanais, a assuré que le gouvernement macédonien ne tenait pas l'ensemble des Albanais pour responsables des violences, et qu'il était prêt à accéder aux demandes de la communauté albanaise.

(AFP 17.3) De très violents combats ont opposé le 16 mars les forces gouvernementales macédoniennes à l'UCK albanaise à la périphérie de Tetovo, dont le centre a été touché par quatre obus. Les forces macédoniennes tentent de déloger les combattants de l'UCK postée sur la colline qui surplombe la ville. Cinq civils ont été blessés. Six villages des environs ont été privés d'électricité après qu'un pylône électrique ait été touché par un obus albanais. Les Albanais ont tiré contre une caserne où sont stationnés un millier de soldats allemands, dont un a été blessé. 400 soldats allemands ont quitté la caserne, et le ministre allemand de la Défense a assuré que l'Allemagne répondra "à l'arme lourde si la situation l'exige". Des chars venant du contingent allemand de la KFOR vont être acheminés de Kosove en Macédoine. Le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, arrivé à Skopje le 16 mars, a dénoncé "le recours à la violence, l'extrémisme et le terrorisme" par les Albanais. L'envoyé spécial de l'ONU pour les Balkans, Carl Bildt, a exprimé le soutien "fort et unanime" de la communauté internationale à la "stabilité et la démocratie de la Macédoine", le président de l'OSCE Mircea Dan Geoana en a fait autant, le rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'Homme Jiri Dienstbier a plaidé pour une action communes des forces yougoslaves et de l'OTAN afin de "bloquer les activités des terroristes" et le secrétaire général de l'OTAN George Robertson a affirmé que l'Alliance agira "avec vigueur" pour empêcher la déstabilisation de la Macédoine par "un petit nombre d'extrémistes". 2000 personnes environ ont fui Tetovo, peuplée en majorité d'Albanais. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, a exprimé sa crainte d'un nouvel exode dans les Balkans. Les autorrités macédoniennes ont interdit la circulation et la présence (hors celles des résidents) dans une zone de 100 mètres le long de la frontière avec la Yougoslavie.

(AP, AFP 18.3) Les combats ont continué autour de Tetovo les 17 et 18 mars, alors que l'UCK appelait le 17 "tous les citoyens en bonne santé à prendre les armes" et à la rejoindre, y compris les soldats et policiers albanais de Macédoine. L'UCK affirme avoir tué onze policiers macédoniens et en avoir blessé 18 autres, ce que démentent les autorités macédoniennes. Le Parlement macédonien a adopté le 18 mars (sans opposition) une résolution imputant les violences à des "groupes extrémistes armés" et demandant à la KFOR un effort supplémentaire pour empêcher hommes et armes de traverser les frontières entre la Kosove, le sud de la Serbie et la Macédoine. La Macédoine a mobilisé ses réservistes de l'infanterie et instauré un couvre feu à Tetovo, dès le 18 mars, de 19 heures à 6 heures. Quant à l'UCK, elle a assuré qu'elle n'avait pas l'intention de prendre Tetovi, et qu'elle allait désigner un représentant politique afin de prendre contact avec les dirigeants macédoniens. Selon son porte-parole, l'UCK aurait enrôlé 2000 volontaires et disposerait de 6000 hommes. Le Premier ministre Georgievski a annoncé l'envoi de forces supplémentaires à Tetovo, et exigé des gouvernements occidentaux, notamment américain et allemand, qu'ils empêchent les "terroristes" d'agir. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné "énergiquement" le 18 mars les groupes armés albanais, mais sans désigner nommément l'UCK Le 19 mars, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne devaient discruter de la situation en Macédoine, au moment où leur haut représentant, Javier Solana, sera à Skopje. Le président français Jacques Chirac, s'entretant au téléphone avec le président macédonien Boris Trajkovski, a "souhaité une action résolue de la KFOR au Kosovo" pour "mettre fin aux actes terroristes", et le commandant de la KFOR en Kosove, le général Carlo Cabigiosu, a averti "les groupes extrémistes albanais que la KFOR ne tolérera pas des attaques contre ses soldats en Macédoine".

(IWPR 21.3) Le 17 mars au soir, un millier de manifestants se sont rassemblée à Skopje, devant le parlement, pour exiger des mesures plus sévères à l'encontre des groupes armés albanais, et des armes pour les combattre. Le lendemain, les manifestants étaient 3000 à exprimer les mêmes exigences. Le Parlement a adopté le 17 mars une déclaration commune de tous les partis, albanais compris, condamnant la violence, exigeant le respect de l'intégrité territoriale de la Macédoine, lançant un appel au calme et demandant à la KFOR d'accroître sa présence le long de la frontière kosovo-macédonienne. Selon le journal "Dnevnik", le Parti démocrate des Albanais d'Arben Xhaferi aurait menacé de quitter la coalition gouvernementale si le gouvernement ou le président instauraient l'état d'urgence.

(AFP 21.3) L'OTAN a décidé le 21 mars de s'impliquer davantage dans la crise en Macédoine et a demandé aux pays membres de l'Alliance de fournir des troupes supplémentaires à la KFOR pour mieux surveiller la frontière. Selon un diplomate s'exprimant sous couvert de l'anonymat auprès de l'AFP, le quartier général des forces alliées en Europe a demandé un renfort de cinq compagnies, soit un millier d'hommes. L'Espagne a proposé une compagnie et la France des drones (avions de reconnaissance sans pilote). Le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général Ralston, a confirmé que l'OTAN fournissait aux autorités macédoniennes des renseignements militaires sur les activités des rebelles albanais à la frontière, mais a écarté un engagement de l'OTAN dans les combats. La KFOR compte actuellement 42'000 hommes, dont 37'000 stationnée en Kosove, et entre 4 et 5000 en Macédoine et en Albanie. En deux jours, environ 300 soldats norvégiens et britanniques ont été dépêchés par la KFOR près de la frontière entre la Kosove et la Macédoine. L'OTAN a en outre appelé ses pays membres à fournir une "assistance bilatérale directe" à la Macédoine, sous la coordination de l'Alliance. Cette assistance pourrait consister en conseillers militaires, en équipes de formation ou en fourniture de matériel militaire.Des équipements de transmission et de vision nocturne ont été fournis à la Macédoine par la France et des conseillers militaires britanniques sont déjà arrivés sur place. L'armée macédonienne ne compte que 20'000 hommes, au plus, et est mal équipée d'ancien matériel soviétique. 90 % de ses officiers sont slaves, mais seulement 40 % de ses soldats.

(AFP 21.3) Après un intense pilonnage, le 20 mars, par les forces macédoniennes, des collines surplombant Tetovo, et où sont retranchés les combattants albanais, le secteur est resté calme le 21 mars. De nombreux blindés légers macédoniens ont été acheminés à Tetovo. A Skopje, un policier a été abattu dans un quartier albanais, par des inconnus. La Macédoine a donné jusqu'au 21 mars à minuit aux rebelles albanais opérant près de Tetovo pour se rendre ou se retirer du pays. L'UCK-M a rejeté cet ultimatum mais a annoncé un cessez-le-feu. Le gouvernement macédonien, qui a refusé de prolonger l'ultimatum, a fait savoir qu'il était prêt à combattre les groupes armés albanais "jusqu'à leur anéantissement", et a ordonné à l'armée d'"instaurer l'ordre aux frontières". Selon le criminologue français Xavier Raufer, l'UCK-M est l'aile paramilitaire de la mafia albanaise et de ses réseaux de trafic de drogue, d'immigration clandestine et de prostitution vers l'Europe occidentale. Elle a pour fonction d'assurer un territoire sûr à la mafia, installée en Kosove, et qui contrôle (via l'UCK-M) la localité de Veliki Trnovac, que Xavier Raufer qualifie de "Medellin des Balkans". Selon des sources émanant de la police italienne, l'UCPMB du sud de la Serbie, l'UCK kosovare et l'UCK de Macédoine sont liées à un réseau composé de chefs de clans balkaniques, de gagsters de la diaspora et d'ancien membres des services secrets albanais (sous le régime Berisha), le SHIK. Selon Raufer, jusqu'à 70 % de l'héroïne consommée en Suisse, Autriche et Allemagne (trois pays où la disparo kosovare est nombreuse) y est acheminée par des réseaux albanais.

(AFP 24.3) Les dirigeants européens ont affiché le 24 mars, lors du sommet européen de Stockholm, leur soutien au président macédonien Trajkovski, invité au sommettout en appelant la Macédoine à la retenue face aux rebelles albanais "pour prévenir une escalade de la violence". "Les extrémistes n'ont pas de place dans l'Europe du XXIème siècle", ont affirmé les dirigeants de Quinze, alors que Boris Trajkovski déclarait que les "terroristes" devraient "payer leurs crimes de leur vie". Le président de la Commission européenne, Romano Prodit, a déclaré que l'UE avait insisté auprès du président macédonien "pour que l'action menée pour stabiliser la situation soit mesurée et réfléchie", et il a précisé que le soutien européen à la Macédoine était conditionné à la "consolidation d'une véritable société pluriéthnique en Macédoine".

(AFP 24.3, 25.3) Le 24 mars, des hélicoptères de combat de l'armée macédonienne ont tiré des roquettes sur des positions albanaises sur les collines surplombant Tetovo. Le président macédonien Boris Trajkovski a donné l'ordre à ses forces armées de pourchasser "sans compromis" les combattants de l'UCK-M. Plus de 20'000 personnes ont déjà fui les combats. Le 25 mars à l'aube, l'artillerie macédonienne a commencé à pilonner les position de l'UCK-M. Le porte-parole de l'armée, le colonel Markovski, a annoncé que les combattants albanais avaient abandonné plusieurs villages qu'ils occupaient (Lavce, Drenok, Selce). Des chars sont entrée à Tetovi, et des fantassins ont commencé de progresser dans les collines, et se sont heurtés à l'UCK-M. Des combats sporadiques sont survenue à la périphérie de Tetovo. Les forces macédoniennes sont entrées à Gajre, ouvrant le feu sur chaque maison. Le village était désert, à une quarantaine de personnes terrées dans une cave. Une autre opération était en cours du côté de Gracani, à la frontière kosovare. Dans l'après-midi, de source macédonienne, on annonçait que quatre civils albanais et un policier avaient été blessés.

(AP 25.3) Plusieurs milliers d'Albanais venue de Suisse et des pays voisins ont manifesté le 24 mars à Genève pour demander à l'ONU qu'elle fasse pression sur le gouvernement macédonien afin qu'il "abandonne son discours guerrier et revienne à la table des négociations, selon un communiqué du Mouvement populaire de Kosove (fondé en Suisse en 1982 par des Kosovars partisans de Enver Hodja.

(AFP, ATS 28.3) Les combats ont repris dans le nord de la Macédoine, le 28 mars, et des tirs nourris (mortier, artillerie lourde, armes automatiques) étaient entendus à Lipkovo, où 250 soldats ont passé la nuit avant de se déployer sur les hauteurs, et ont bloqué les routes autour de la localité, et à Kuckovo, près de la frontière kosovare et du hameau de Gracani, vidé de ses habitants, où des combats opposent les forces macédoniennes et l'UCK-M. Selon le porte-parole du ministère de la Défense, les rebelles albanais ne contrôlent plus aucun village de Macédoine. Des "commandants" de l'UCK-M ont de leur côté assuré que les forces macédoniennes ne réussiront pas à entrer à Gracani, où les combats se poursuivaient encore le 27 mars. La Croix-Rouge international a évacué 29 civils des villages situés au-dessus de Tetovo, et bombardés par l'armée macédonienne. Au total, 30'000 personnes ont été déplacées par les combats, dont 20'000 à l'intérieur de la Macédoine, mais une partie des civils qui avaient quitté Tetovo, notamment pour Skopje, ont commencé à y revenir. Par ailleurs, un député du Parti démocratique des Albanais (DPA, gouvernemental), Hisni Shaqiri, a annoncé qu'il quittait le parti et ralliait l'UCK-M.

(AFP 28.3) L'Université parallèle, albanaise, de Tetovo, créée en 19094, cristallise les dissensions entre les communautés albanaise et macédonienne (slave) de Macédoine. Tetovo abrite la seule université albanaise de Macédoine, alors qu'au moins un quart de la population du pays est de culture et de langue albanaises, mais cette université, ni ses diplômes, n'a jamais été reconnue par le gouvernement, qui cependant finance les écoles albanophones jusqu'au second degré. Selon les autorités macédoniennes, l'enseignement supérieur ne peut se fonder sur une langue minoritaire. Les autorités macédoniennes s'inquiètent en outre de l'utilisation possible, à des fins politiques "extrémistes" et éthnistes, d'une université albanaise. Le ministère de l'Education évoque cependant un projet de collège albanophone à Tetovo, mais privé et financé par la communauté internationale. Ce projet est soutenu par le principal parti albanais de Macédoine, le Parti démocratique des Albanais (DPA, gouvernemental), même si le DPA estime que les 2500 places que le collège offrira sont loin de répondre à la demande, et qu'un changement de la constitution est nécessaire pour faire des Albanais "un élément à part entière de ce pays, y compris en matière d'éducation", selon le secrétaire du DPA à Tetovo, Abedin Imeri. Le ministre macédonien des Affaires étrangères Srdjan Kerim a annoncé le 28 mars que son gouvernement allait prendre des mesures pour améliorer la situation de la population albanaise, et que "des réponses légitimes" allaient être apportées "à toutes les revendications".

(IWPR 28.3) Les responsables politiques albanais de Kosove, comme ceux du gouvernement albanais, et la communauté internationale-elle-même, poussent à la fois la Macédoine à la négociation, et l'UCK-M à la cessation des hostilités. Les politiciens kosovars ont insisté auprès du gouvernement macédonien pour qu'il négocie avec l'UCK-M : tenter de réduire celle-ci par une offensive militaire, "c'est comme essayer de tirer sur des mouches avec un pistolet", a estimé Naim Maloku, ex commandant de l'UCK et membre de l'"Alliance pour le Futur en Kosove" (AAK) dirigée par un autre ancien chef de l'UCK, Ramush Haradinaj. L'AAK a condamné l'usage de la violence en Maécoine, comme l'ont condamnée les deux principaux partis kosovars, la LDK d'Ibrahim Rugova et le PDK de Hashim Thaçi. Mais en même temps, les partis albanais de Kosocw estiment que plus des négociations sérieuses entre le gouvernement macédonien et l'UCK-M tarderont, plus le soutien de la population albanaise de Macédoine à celle-ci risquera de devenir important. Le Secrétaire d'Etat américain Colin Powell, le Secrétaire général de l'OTAN George Robertson et le chef de la diplomatie européenne Javier Solana ont eux aussi incité le gouvernement macédonien à la modération et à la négociation.

(AFP 29.3) Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé le 29 mars la "violence croissante dirigée contre les journalistes" couvrant le conflit en Macédoine, après la mort d'un caméraman del 'Associated Press (APTN) tué par un obus de mortier à Krivenik (Kosove), le même jour (deux civils kosovars ont aussi été tués), et les tirs essuyée par deux journalistes de l'AFP à Gracani. Le Secrétaire général de RSF, Robert Ménard, a adressé deux lettres au représentant de l'OSCE pour la liberté de l'information, Freimut Druve, et au rapporteur de l'ONU pour les droits de l'Homme en ex-Yougoslavie, Jiri Dienstbier, en appelant les protagonistes du conflit au respect des conventions de Genève.

(Vreme 29.3) Dans un entretien avec "Vreme", l'ancien président macédonien Kiro Gligorov accuse l'UCK-M d'avoir substitué un projet de "Grand Kosovo" à leur projet de "grande Albanie", récusé par la communauté internationale. "Les incidents actuels ont pour but de signifier à l'OTAN et aux Occidentaux que la question albanaise dans les Baklans n'est toujours pas résolue", estime Gligorov, pour qui la transformation du Kosovo, région autonome, en un Etat indépendant "serait un dangereux précédent qui entraînerait de graves conséquences" non seulement pour la Yougoskavie et la Macédoine, mais dans tous les Balkans, notamment en Bosnie, voire dans le reste de l'Europe (par exemple en Espagne, avec les questions basque et catalane). Mais l'ancien président estime que "les groupes terroristes venus du Kosovo (n'ont) pas réussi à inciter les Albanais de Macédoine à la révolte". Quant aux réformes constitutionnelles envisagées pour accorder plus de place et de droits aux Albanais, Gligorov estime que si la Macédoine répond "aux exigences des indépendantistes, si la Macédoine est coupée en deux, les Macédoniens auront le sentiment de perdre leur Etat".

(IWPR 30.3) Les pressions internationales s'accentuent sur la Macédoine pour qu'elle accepte d'ouvrir des pourparlers de paix avec la communauté albanaise, et d'étudier des solutions politiques au conflit qui oppose les forces de sécurité macédoniennesà l'UCK-M. Le 28 mars, les forces macédoniennes ont lancé une offensive dans les régions de Gracane, Brest, Malino et Grosine, ce qui a provoqué le boycott du parlement par les partis albanais d'opposition. Les Albanais de Macédoine demandent d'être considérée comme l'une des nations constitutives de la Macédoine, et non plus comme une minorité (d'autant qu'ils contestent les chiffres du recensement de 1994, selon lequel ils représentaient 23 % de la population, et estime représenter au moins le tiers de la population du pays). Les Albanais demandent également la reconnaissance de l'albanais comme langue officielle , un degré supérieur d'autonomie, et une meilleure représentation dans les services publics.

(AFP 1.4) Un retour progressif à la normale semblait être assuré en Macédoine après plusieurs semaines d'affrontements albano-macédoniens à la frontière et autour de Tetovo. Aucun tir n'avait été signalé depuis le 31 mars au soir le long de la frontière, et le porte-parole de l'armée macédonienne a pu affirmer que celle-ci contrôlait "totalement" le territoire, et le déminait. Le Premier ministre Georgievski a cependant estimé que "le danger militaire" n'était pas écarté, ce qu'a confirmé un porte-parole de l'UCK-M, Ali Daja, qui a affirmé que celle-ci était "toujours en position".

(AFP 1.4) L'économie macédonienne est sans doute la première victime du conflit entre les forces gouvernementales et l'UCK-M. Les nombreuses entreprises macédoniennes qui commercent avec la Kosove sont directement touchées par la fermeture de la frontière, les investissements directs ont été suspendus, des contrats annulés, l'activité est stoppée dans le bâtiment dans toute le nord-ouest. Les touristes ont déserté le pays, la consommation locale a été brutalement stoppée et des partenaires étrangers de l'économie macédonienne ont commencé à se retirer. 32 % de la population macédonienne étaient déjà au chômage avant les troubles.

(AFP 4.4) Un véritable ballet diplomatique se déroule à Skopje, où les ministres de la Défense de l'Europe du Sud Est (Albanie, Bulgarie, Croatie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Turquie, Yougoslavie), auxquels se joignent les représentants de l'Italie, des USA, de la Suède, de la Slovénie, de l'ONU, de l'OTAN, de l'OSCE et de l'Union européenne, et les représentants d'organisations régionales et internationales se retrouvent le 5 avril pour évoquer la coopération régionale au moment où la Macédoine reconnaît que de nouveaux foyers de guerilla albanaise risquent d'apparaître. La capitale macédonienne doit accueillir les ministres des Affaires étrangères de Roumanie, d'Autriche et du Portugal, qui forment la "troïka" de l'OSCE, et qui se rendent en Macédoine pour aider à la "relance du dialogue politique". Le ministre britannique des Affaires étrangères est également attendu le 5 avril à Skopje., et le ministre Ukrainien de la Défense y est arrivé le 4.

(AFP 4.4) Les autorités macédoniennes ont reconnu le 4 avril que les actions des groupes armés albanais n'avaient pas totalement cessé, et ont annoncé que des groupes armés étaient entrée dans l'ouest de la Macédoine depuis l'Albanie pour recruter des hommes et constituer un nouveau front. Un groupe armé a été localisé près de Debar, à 5 kilomètres de la frontière albanaise. Le groupe a ensuite quitté la Macédoine. Selon la police, les groupes armés arborent l'écussion de l'UCK Kosovare.

(ATS 5.4) L'OSCE a demandé à la Macédoine de renoncer au recensement prévu en mai, craignant que cette opération n'attise la tension avec la minorité albanaise. Les Albanais soutiennent que leur communauté représente plus du tiers de la population de la Macédoine, alors que les autorités les évaluent officiellement à moins du quart.

(AFP 11.4) En signant le 9 avril un accord d'association et de stabilisation avec l'Union européenne, la Macédoine s'est engagée à aboutir "d'ici juin" à de premiers résultats substantiels dans le dialogue politiques entre les communautés macédonienne slave et albanaise. Les chefs des onze partis politiques représentés au Parlement, partis albanais compris, se sont réunis à deux reprises depuis le 31 mars, mais le gouvernement, qui prône officiellement le "dialogue politique" et assure que celui-ci s'"intensifie", refuse toute concession sur les principales revendications politiques albanaises, et s'en tient à proposer des "réformes économiques et politiques destinées à renforcer la multi-éthnicité du pays". Les Albanais réclament une modification de la Constitution leur accordant un statut de peuple constitutif de la Macédoine, certains d'entre eux réclament la fédéralisation du pays -ce qui a été balayé par le gouvernement et la grande majorité des partis politiques.

(AP 18.4) Le gouvernement macédonien a limogé le 18 avril le chef (albanais) de la police de Tetovo (dont la population est majoritairement albanaise), quelques semaines après la fin des combats entre les groupes armés albanais et les forces gouvernementales. Aucune explication n'a été fournie après le renvoi de Rauf Ramadani, mais la radio d'Etat a émis l'hypothèse qu'il avait été limogé en raison de son "implication supposée avec des activités extrémistes".

(AFP 18.4) La Macédoine est devenue une véritable plaque tournante de la prostitution et du proxénétisme internationaux, selon le ministère macédonien de l'Intérieur et plusieurs polices occidentales. Selon une "source proche du ministère macédonien de l'Intérieur" interrogée par l'AFP, du fait de sa position géographique, la Macédoine est devenue un "territoire idéal" pour les réseaux de prostitution et de proxénétisme alimentés par des filles venant de Moldavie, Roumanie, Bulgarie, Ukraine", "vendues" pour des sommes allant de 1000 à 2000 DM, dépossédées de leurs papiers, et qui ne restent qu'un temps en Macédoine pour repartir ensuite vers la République tchèque, l'Italie et l'Allemagne, à moins qu'elles ne réussissent à "racheter leur liberté" pour un prix allant jusqu'au décuple (10'000 DM) de celui auquel elles ont été achetées. Un proxénète gagne ainsi entre 30'000 et 40'000 DM par mois. La demande en prostituées est alimentée par la présence des soldats de l'OTAN en Macédoine et en Kosove, alors que la prostiotution est théoriquement interdite (mais non réprimée faute de moyens) en Macédoine. Les prostituées n'osent pas porter plaintes, celles qui le font se rétractent ensuite par peur des représailles. La police macédonienne assure que les réseaux de prostitution et de proxénétisme sont en Macédoine aux mains de la mafia albanaise.

(AFP, AP 29.4) Huit soldats et policiers macédoniens (quatre de chaque) ont été tués, et six autres blessés le 28 avril dans une embuscade tendue à Vejce, à la frontière kosovare, par un groupe armé albanais d'une trentaine d'éléments, selon la police. Les forces macédoniennes ont renforcé le 29 avril la sécurité sur les hauteurs de Tetovo, où un couvre-feu a été établi entre 22 heures et 5 heures du matin. Les forces de la KFOR en Kosove ont reçu l'ordre d'empêcher tout franchissement "illégal" de la frontière et toute activité "illicite". A Belgrade, le président Kostunica a estimé que l'embuscade du 28 avril prouvait la persistance de la menace du "terrorisme" albanais sur la stabilité des Balkans.

(AFP 2.5) De nouvelles violences anti-albanaises ont éclaré à Birola, au sud de la Macédoine, et à Skopje, dans un climat de tension ravivée par la mort de huit policiers et soldats le 28 avril, dans une embuscade de l'UCK-M. Le 1er mai, plusieurs centaines de personnes ont attaqtl des maisons albanaises à Bitola, d'où quatre des policiers tués le 28 étaient originaires. Une quinzaine de commerces ont été incendiés ou saccagés. La veille, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, plusieurs centaines de personnes s'en étaient déjà prises à une quarantaine de commerces albanais, et un jeune homme avait été grièvement blessé. A Skopje, trois hommes encagoulés ont fait irruption dans un café albanais le 1er mai et ont ouvert le feu à l'arme automatique, tuant l'un des consommateurs et blessant le propriétaire et un client. Un magasin albanais de Skopje a également été attaqué (trois blessés) et l'ambassade d'Albanie a été visée par des tirs d'armes à feu. Le gouvernement macédonien à condamné "vigoureusement" ces violences qui "servent les intérêts des terroristes". Un couvre-feu a été imposé à Bitola.

(Reporter 9.5) Le 3 mai, l'armée macédonienne a violemment riposté aux attaques de l'UCK-M, en bombardant à l'artillerie et par des hélicoptères les environs de Kumanovo, après que huit soldats macédoniens aient été tués par l'UCK-M. Cette ripose militaire laisse cependant entière la question politique posée par le soulèvement armé albanais. "Reporter" signale le passage à l'UCK-M de responsables de partis politiques albanais légaux, comme le député Hisni Sakiri, devenu commandant de l'UCK-M.

(IWPR 5.5) Un état de guerre larvée s'est installé à Kumanovo. Les villages voisins de Vaksince et Slupcane sont tenus par l'UCK-M, et quelques familles albanaises ont déjà quitté la région. L'armée macédonienne bombarde des positions de l'UCK-M, sans trop se préoccuper des civils albanais restés sur place, à quelques kilomètres, les écoles de la ville sont fermées et un couvre-feu a été imposé de 22 heures à 5 heures. Des sources locales font état d'une dizaine de morts et d'une cinquantaine de blessés dans les bombardements des villages albanais par les hélicoptères macédoniens. Une vingtaine de policiers macédoniens d'origine albanaise auraient déserté et seraient passés à l'UCK-M. Komanovo même est calme, mais la menace place de pogroms anti-albanais, et plusieurs centaines d'Albanais auraient quitté la ville pour se rendre à Skopje.

(AFP 4.5, 6.5, AP 5.5, 6.5) L'armée macédonienne a pilonné sans relâche le 4 mai les villages abritant les groupes armés albanais près de Kumanovo, au deuxième jour de l'offensive macédonienne contre l'UCK-M. Les tirs d'artillerie se sont concentrés sur Slupcane. Le village de Vaksince, où deux soldats ont été tués le 3 mai par l'UCK-M, a lui aussi été bombardé, ainsi qu'Otja et Matejce. Les autorités macédoniennes ont appelé les villageois à quitter les villages. Elles accusent l'UCK-M de garder de force 3500 civils à Vaksince et Slupcane, en les utilisant comme "boucliers humains" au rez-de-chaussée de maisons occupées par des hommes armés. Des habitants de Vaksince se réfugiant en Kosove ont cependant démenti le 6 mai ces accusations.Selon le CICR, deux civils ont été tués le 3 mai à Slupcane. En une semaine, 10 soldats et policiers macédoniens ont été tués. Le 3 mai, selon des journalistes, des dizaines d'hommes de l'UCK-M, en civil ou en uniforme, occupaient plusieurs routes et villages. A Skopje, les principaux dirigeants politiques macédoniens ont examiné la possibilité d'instaurer l'état de guerre. Une réunion du parlement a été convoquée pour le 8 mai, afin de se prononcer sur la question. Le Premier ministre Georgievski a annoncé le 5 mai son intention de demander au Parlement de déclarer l'état de guerre. "Ce qui est en train de se passer sur le territoire de la Macédoine, c'est la guerre", a déclaré le Premier ministre. Une session du parlement prévue le 4 mai a été ajournée à la demande des partis albanais, le Parti démocratique des albanais (DPA, gouvernemental) et le Parti pour la prospérité démocratique (PDP, opposition), qui se sont néanmoins démarqués du recours à la violence comme moyen de défendre les droits des Albanais de Macédoine. Le président Trajkovski a présenté le 5 mai un plan en cinq points destiné à régler la crise. Il propose l'évacuation des civils des zones de combats, une meilleure représentation des minorités éthniques au sein d'un gouvernement décentralisé, la répression du crime organisé, l'utilisation des langues minoritaires dans certains documents officiels.

(AFP 6.5) Des centaines d'Albanais de Macédoine ont commencé le 6 mai à se réfugier en Kosove, fuyant les bombardements contre les groupes armés de l'UCK-M dans la région de Kumanovo. La plupart des réfugiés viennent de villages qui n'ont pas encore été pris pour cible par l'armée macédonienne, mais d'autres ont quitté des villages tenus par l'UCK-M, comme Vaksince, que les forces macédoniennes bombardent depuis le 3 mai.

(AFP 6.5) La crise en Macédoine contraint l'Union européenne à réagir dans l'urgence pour éviter son extension, et l'éclatement de la Macédoine. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE, réunis les 5 et 6 mai en Suède, se sont alarmée de la possible instauration de l'état de guerre en Macédoine, et ont fait savoir qu'ils ne la souhaitaient pas. Ils craignent notamment que cette mesure pousse les partis albanais à se radicaliser, et contraigne le parti albanais membre du gouvernement à le quitter. L'UE a dépêché le 6 mai au soir le représentant de sa diplomatie, Javier Solana, à Skopje afin d'inciter les autorités macédoniennes et les partis albanais à poursuivre le dialogue. Cela étant, les Européens reconnaissent leur propre part de responsabilité dans la gestion du conflit, du fait d'un contrôle insuffisant par la KFOR de la frontière entre la Kosove et la Macédoine, beaucoup de combattants de l'UCK-M venant de Kosove.

(AFP, AP 9.5) Le gouvernement macédonien tente de sauver la fragile coalition dont la création a été annoncée le 8 mai, mais que l'opposition albanaise menace de ne pas rejoindre si les opérations militaires devaient se poursuivre dans le nord du pays. Or le Parti pour la démocratie et la prospérité (PDP), parti albanais à qui deux ministères ont été promis, est un maillon essentiel de l'alliance politique sur laquelle le gouvernement doit reposer. Selon une source gouvernementale, le gouvernement a proposé un cessez-le-feu de 72 heures afin de permettre à l'UCK-M de se retirer, mais le 9 mai au matin, des tirs répétés d'artillerie lourde ont frappé le village de Slupcane, près de Kumanovo, où des combattants albanais sont retranchés. Plusieurs positions "rebelles" ont été "détruites", a annoncé le ministère de la Défense. Un nouvel appel a été lancé aux villageois pour qu'ils quittent la région. Un commandant de l'UCK-M a affirmé que ces villageois refusaient de partir, et a démenti qu'ils soient utilisés comme boucliers humains.Selon le HCR, environ 8000 habitants de la région se sont réfugiés en Kosove. Le Secrétaire général de l'OTAN George Robertson, en visite à Skopje le 7 mai, a assuré que la communauté internationale ne laissera pas la Macédoine être "menacée par une bande de criminels".

(AFP 12.5, AP 13.5) L'armée macédonienne a repris le 12 mai ses bombardements contre des positions de l'UCK-M, au lendemain de l'annonce d'un accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. Les positions de l'UCK-M ont été bombardées à Vaksince et Slupcane, dans la région de Kumanovo, et le ministre de la Défense a affirmé qu'un "groupe terroriste" avait été "détruit" et des rebelles tués, affirmations démenties par un représentant de l'UCK-M.Selon le porte-parole de l'armée macédonienne, les "rebelles" auraient subi de lourdes pertes, des informations non-virifiées évoquant le chiffre de trente tués dans leurs ranrs. Aux tirs d'artillerie de l'armée macédonienne, l'UCK-M répondait par des tirs de mitrailleuse lourde, selon des policiers.macédoniens. Le Premier ministre Georgievski a promis que la Macédoine allait "continuer à se battre" contre l'UCK-M, puisque les combattants de celle-ci vont eux aussi "continuer à se battre". "Nous n'avons pas d'autre choix, ils doivent quitter le pays", a affirmé le Premier ministre. Le 13 mai, cependant, l'armée et la police macédoniennes ont quelque peu relâché leur offensive contre les positions de l'UCK-M, après une nuit et une journée calmes. Dans l'après-midi, cependant, de nouveaux affrontements étaient signalés près de Slupcane et Orizare.

Pendant ce temps, à Skopje, les responsables des principaux partis macédoniens discutaient de l'attribution des postes au sein d'un gouvernement d'union nationale, formé du VMRO-DPMNE (ORIM), le parti de l'actuel (et vraisemblablement futur) Premier ministre Georgievski, de l'Alliance sociale-démocrate macédonienne (SDSM), du Parti libéral et de deux partis albanais, le Parti démocratique des Albanais (DPA), déjà au gouvernement, et le Parti pour la prospérité démocratique (PDP, actuellement dans l'opposition, et qui avait dans un premier temps subordonné sa participation au gouvernement à un arrêt de l'offensive militaire contre les positions de l'UCK-M, avant de lever cette condition, tout en faisant "traîner" les discussions pour manifester son désaccord avec les déclarations du Premier ministre, qualifiant de "terroristes" les rebelles de l'UCK-M, et les accusant de vouloir "détruire l'Etat et de faire régner la peur et la terreur"). Ce nouveau gouvernement a été rejeté par l'UCK-M, qui accuse le PDP de s'être fait "amadouer par Skopje", et assure que même au gouvernement, ce parti n'aura "aucun pouvoir" pour faire cesser le conflit. L'UCK-M exige d'être associée directement à des négociations avec Skopje, mais n'a désigné aucun représentant pour ce faire.Le 13 mai, à quelques heures du vote du parlement sur l'investiture du nouveau gouvernement, les tractations continuaient entre les partis. Finalement, le 13 mai au soir, le Parlement a soutenu la formation du gouvernement d'"union nationale", formé des trois partis slaves (l'ORIM, les sociaux-démocrates et les libéraux) et des deux partis albanais.

(Korrieri 12.5.2001) La Macédoine a répondu aux pressions internationales pour une solution politique au conflit avec sa minorité albanaise par la création d'un gouvernement d'"union politique" au sein duquel le parti albanais de la prospérité démocratique (PPD) détient deux portefeuilles. Cependant, le gouvernement macédonien accentue parallèlement sa pression militaire sur l'UCK-M.

(AFP 16.5) A la veille de l'expiration d'un nouvel ultimatum adressé par les forces macédoniennes à l'UCK-M, le gouvernement macédonien semble hésiter sur la stratégie à adopter face aux rebelles albanais. Deux jours après sa formation, le gouvernement d'union national a lancé "un dernier appel" à l'UCK-M, qui occupe une dizaine de villages dans le nord du pays, et lui a donné jusqu'au 17 mai à midi pour déposer les armes ou quitter le pays. Après dix jours d'opérations, la situation sur le terrain n'a pas bougé. Les autorités macédoniennes refusent de négocier directement avec les rebelles albanais (ce que demandent les deux partis albanais membres de la coalition gouvernementale), et une offensive d'envergure risquerait de provoquer de lourdes pertes des deux côtés, mais surtout parmi la population civile restée dans les villages tenus par l'UCK. En outre, la communauté internationale appelle la Macédoine à la "mesure" et à la "retenue" contre l'UCK-M. Une offensive militaire risquerait en outre de faire voler en éclat la fragile coalition gouvernementale, les deux partis albanais l'ayant par avance refusée.

(AFP 20.5) Echanges de tirs et périodes de calme alternent autour de Kumanovo, depuis l'annonce le 17 mai d'une suspension des opérations militaires macédoniennes contre l'UCK-M. Le 20 mai, les armes se sont tues dans les villages occupés par l'UCK-M près de Kumanovo. La veille, des tirs nourris avaient opposé forces macédoniennes et guerilla albanaise. L'accalmie a permis le 20 au Comité international de la Croix Rouge de faire parbenir des équipes dans les villages pour évacuer les malades et apporter des médicaments. Pour autant, la face à face entre soldats macédoniens et combattants albanais se poursuivait. Les déclarations d'apaisement du gouvernement macédonien n'ont pas empêché les forces macédoniennes de reprendre les bombardements d'artillerie contre Slupcane, bastion de l'UCK-M, ni le président Trajkovski d'affirmer que la Macédoine avait "les moyens d'en finir avec les terroristes". Les appels aux rebelles pour qu'ils déposent les armes ou se retirent en Kosove se sont multipliés, venant du président Trajkovski, de l'OSCE ou du Parti albanais pour la démocratie et la prospérité (PDP), récemment entré au gouvernement.

(ATS 23.5) Les tirs ont repris le 23 mai dans la région de Kumanovo entre l'UCK-M et les forces macédoniennes dans la région de Tetovo, où huit policiers avaient été blessés le 22 mai près de Lisec. Une équipe du CICR s'est rendue dans la région de Kumanovo pour évaluer la situation des civils présents dans les villages tenus par la guerilla albanaise.

(AP 27.5) Une crise gouvernementale a éclaté en Macédoine après que les deux partis albanais représentés au gouvernement aient signé un "accord de paix" avec l'UCK-M, accord qui a provoqué l'indignation des partis gouvernementaux "slaves". Signé par les dirigeants du Parti démocratique des Albanais et du Parti pour la démocratie et la prospérité, l'accord appelle à un cessez-le-feu en échange de l'octroi aux Albanais de Macédoine d'un droit de veto sur les décisions les concernant.

(AFP, AP 27.5) Les combats entre forces macédoniennes et UCK-M se sont déplacés le 27 mai autour du village de Matejce, jusque là à l'écart du conflit. Les bombardements sur Slupcane, place-forte de l'UCK-M, ont repris. Matejce et Otlja ont également été bombardlés, après que le poste de police de Matejce ait été attaqué le 27 mai et la nuit précédente. Des blindés se sont dirigés vers Matejce, partiellement occupée par l'UCK-M, à qui les forces macédoniennes ont repris Vaksince et Lojane le 25 mai. 1400 villageois ont été évacués de Nikustak et de Vistica et les forces macédoniennes tente d'ouvrir un couloir depuis Slupane (4000 habitantsd) pour en évacuer les civils, tout en isolant le village. Près de 3000 réfugiés macédoniens, dont de nombreux albanais, ont gagné la Yougoslavie ces dernières semaines, dont 1300 en 24 heures, le 26 mai.

(ATS 30.5, AP 31.5, AFP 3.6) L'armée macédonienne a mis fin le 30 mai après quelques heures à sa trêve unilatérale à la suite d'une attaque lancée par l'UCK-M contre ses soldats. Cette trêve avait été décrétée par Skopje pour permettre l'évacuation des civils piégés par les combats. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN et de l'Union européenne ont appelé à un arrêt des violences et ont qualifié l'UCK-M d'"extrémistes armés". Le 31 mai. la KFOR a annoncé l'arrestation de neuf membres présumés de l'UCK-M qui tentaient de rentrer en Kosove, et la saisie de munitions et de matériel de communication.Le 3 juin, de nouveaux bombardements de char, d'artillerie et par hélicoptèresont visé les villages de Matejce, Otlja et Slupcane, occupés par l'UCK-M. A Metejce, depuis le monastère qu'elle occupe, l'UCK-M a riposté par des tirs d'armes automatiques. Entre 8000 et 15'000 villageois de la région se sont co concentrée dans les villages épargnés par les affrontements, notamment à Lipkovo, dans des conditions sanitaires catastrophiques. Le CICR tente d'organiser leur évacuation.

(ATS, AP 31.5, AFP 3.6) Le Premier ministre macédonien a annoncé le 30 mai un "probable changement" de la constitution dans les mois à venir, afin de reconnaître la minorité albanaise comme "peuple constitutif" de la Macédoine au même titre que les Macédoniens slaves, et l'albanais comme langue officielle. Il s'agit là de deux revendications essentielles pour les partis albanais, désormais membres du gouvernement. Lujbco Georgievski a également laissé entendre que la constitution pourrait ne plus reconnaître officiellement l'Eglise orthodoxe comme église d'Etat. Le président Trajkovski a tenté de renoué le dialogue entre partis "slaves" et albanais en convoquant pour le 3 juin une réunion de leurs leaders, alors que malgré la proposition d'amnistie partielle et de modification de la constitution, l'UCK-M refuse de désarmer.

(Monitor 1.6.01) L'offensive de l'armée et de la police macédoniennes dans la région de Kumanovo, contre l'UCK-M, se poursuit, à l'aide d'hélicoptères et d'artillerie -à quoi l'UCK-M répond à l'arme légère. Les combats auraient fait des dizaines de victimes (morts et blessés), essentiellement civiles, dont beaucoup de femmes et d'enfant. Des milliers de civils sont pris au piège dans les villages albanais, l'UCK-M étant accusée par les autorités macédoniennes de les utiliser comme "boucliers humains". Parallèlement, les tensions sont de plus en plus fortes entre les partis albanais et slaves de Macédoine, y compris au sein de la coalition gouvernementale. Les dirigeants des deux partis albanais PDP et PDA, Imer Imeri et Arben Xhaferi, ont rencontré à Prishinte, en Kosove, des représentants de l'UCK-M; les partis slaves ont aussitôt dénoncé le double jeu, voire la "trahison" des partis albanais, et le président Trajkovski lui-même a du demander à ceux-ci de renoncer à l'accord de coopération conclu avec l'UCK-M, et qui, selon Imeri et Xhaferi, était une tentative de faire émerger une solution politique au conflit.

(Koha Dittore 1.6) L'Académie des Sciences et des Arts de Macédoine a annoncé la publication d'un memorandum proposant une partition pacifique et procédant d'accords de la Macédoine entre Slaves et Albanais, "dans l'intérêt des deux peuples". En fait, la Macédoine slave correspondrait à l'actuel territoire de la Macédoine, amputé de petites régions albanaises (Pollogu, Teto et Gostivar, le pied de la montagne de Shari, Dibra) en échange de deux régions albanaises (les bords des lacs de Prespa et d'Ohrid, afin d'intégrer totalement les deux lacs en Macédoine).

(AFP, ATS 6.6) Le gouvernement macédonien a relancé le 6 juin l'idée d'instaurer l'état de guerre, comme il l'avait déjà fait en mai, après plusieurs attaques de l'UCK-M qui ont fait 5 morts parmi les soldats macédoniens, près de Tetovo. "Il faut proclamer l'état de guerre et procéder à une mobilisation générale", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Antonio Milososki, qui a ajouté : "nous sommes en guerre et (une) puissante action militaire est la seule solution". Pour sa part, le ministre de la Défense Vlado Buckovski a reconnu que "les armes lourdes ne sont pas adaptées aux tactiques complexes" utilisées par l'UCK-M. Le 5 juin, cinq soldats ont été tués et six soldats et policiers blessés dans une embuscade tendue par l'UCK-M dans le secteur de Gajre, sur les hauteurs de Tetovo. Le 6 juin, de nouveaux échanges de tirs ont éclaté autour des villages occupés par l'UCK-M dans la région de Kumanovo, et les forces macédoniennes ont bombardé la localité de Matejce. A Blajce, le couvre-feu a été imposé. Des incidents ont cependant éclaté et plusieurs magasins appartenant à des Albanais (ou plus généralement à des "musulmans" ont été incendiés. Trois personnes ont été blessées. Trois des soldats tués le 5 juin par l'UCK-M étaient originaires de la ville. L'état de guerre permettrait au gouvernement de légiférer par décret, nommer ou révoquer les ministres, décreter un couvre-feu général, fermert les frontières.

(HRW 7.6, AFP 10.6) L'ONG américaine Human Rights Watch accuse l'UCK-M d'avoir fait subir des sévices physiques à huit civils d'origine serbes qu'elle a arbitrairement détenus à Metejce, où 21 hommes d'origine serbe, pour beaucoup des hommes âgés, ont été détenus dans la mosquée de Matejce. Il ne s'agissait pas de combattants, et les porte-parole de la population albanaise de Matejce avaient demandé à l'UCK-M de rester à l'écart du village, où cependant l'UCK-M est entrée vers le 24 mai, et a emmené plusieurs hommes d'origine serbe (dont un homme de près de 80 ans) dans la mosquée, les a battus, a fait mine de les exécuter, les a gardé en détention et leur a fait subir des brutalités pendant quatre jours, avant de les relâcher et de les expulser vers les villages voisins, au moment où la population civile de Matejce a été expulsée de son village. Le 10 juin, Matejce était toujours occupée par l'UCK-M, et quotidiennement bombardée par les forces macédoniennes

(AFP 10.6) Des milliers d'Albanais de Macédoine se sont réfugiés en Kosove depuis le début des affrontements entre l'UCK-M et les forces macédoniennes, prenant deux ans après la guerre de Kosove, et en sens inverse, le chemin qu'avaient alors pris des centaines de milliers d'Albanais de Kosove, qui s'étaient réfugiés en Macédoine. Le 10 juin, des centaines d'Albanais de Macédoine se sont retrouvés à Blace, qui fut en 1999 l'un des principaux points de regroupement des réfugiés kosovars. Selon le HCR, 7000 personnes venant de Macédoine se sont réfugiées en Kosove entre le 8 et le 9 juin.

(AFP 10.6) L'UCK-M, installée aux portes de Skopje, à Aracinovi, à 10 km du centre de Skopje, a menacé le 10 juin d'attaquer la capitale macédonienne et de bombarder au mortier "l'aéroport, la raffinerie, le gouvernement et les postes de police", si les bombardements se poursuivaient sur les villages qu'elle occupe dans le nord du pays. Les combats se poursuivaient autour des villages de la région de Kumanovo, notamment Slupcane et Orizare. Un soldat a été tué et trois autres blessés. L'UCK-M a notamment pris le contrôle du barrage alimentant Kumanovo en eau, et la ville est privée d'eau depuis le 6 juin.

(AP, AFP 13.6) Des inconnus armés ont abattu le 12 juin à Struga (sud-ouest) un militant albanais, à la veille d'une importante réunion entre dirigeants politiques macédoniens, slaves et albanais, pour mettre fin au conflit. Membre du Parti démocratique des albanais (DPA), Nasser Ilani a été abattu par des hommes circulant en voiture. Le porte parole du DPA, le plus important parti albanais de Macédoine, a estimé que cet assassinat était le signe d'une situation "chaotique et peu sûre". Les participants à la réunion prévue le 14 juin doivent débattre du plan de paix proposé par le président Trajkovski, plan qui envisage des actions "militaires et politiques conjuguées" pour mettre fin à la rébellion, désarmer les insurgés, réparer les dégâts et conclure un accord de longue durée entre représentants de la majorité slave et représentants de la minorité (un tiers de la population macédonienne) albanaise. Le gouvernement macédonien a approuvé le 12 juin un plan de paix acceptant un contrôle international (par la KFOR) pour superviser le désarmement de l'UCK-M.

(AFP 13.6) L'OTAN a écarté le 13 juin, au moins temporairement, une intervention de ses troupes en Macédoine, option évoquée par le président français Jacques Chirac lors d'un sommet de l'Alliance à Bruxelles. Selon le président américain George Bush, la plupart des alliés (et donc pas tous) "pensent qu'il y a encore une solution politique avant d'engager des troupes", mais que l'OTAN doit "continuer à maintenir (sa) présence à la frontière pour empêcher que les armes atteignent les extrémistes albanais". Le Secrétaire général de l'OTAN George Robertson a estimé que le dialogue politique en Macédoine progressait et que l'OTAN n'envisageait "pas d'autre option pour le moment" que de le soutenir. "Ce dont nous avons besoin maintenant est un cessez-le-feu continu, une reconnaissance par les rebelles armés que le processus de réformes qu'ils réclamaient peut être réalisé à travers des moyens démocratiques", a ajouté George Robertson. Par contre, le président français a appelé l'Alliance à l'exclure "aucune mesure" pour mettre un terme aux violences en Macédoine. Jacques Chirac a toutefois reconnu qu'il n'y avait "pas de solution militaire" à la crise, et qu'une intervention armée de l'OTAN ne serait qu'un "ultime recours".

(AFP 17.6) Les leaders politiques de Macédoine, albanais et macédoniens, débattent depuis le 15 juin d'un programme de réformes politiques destinées à rapprocher leurs deux communautés, avec pour mission de ne pas se séparer tant qu'un accord ne sera pas conclu. Autour du président Boris Trajkovski, les chefs des quatre principaux partis de la coalition gouvernementale, deux albanais et deux macédoniens, tentent de se mettre d'accord, sur injonction de la communauté internationale, sur les réformes prévues dans le plan de paix du chef de l'Etat, comme moyen de répondre aux revendications des Albanais et saper les bases de l'UCK-M. Ces entretiens se sont ouverts à la faveur d'une pause dans les hostilités, pause observée depuis le 13 juin par le gouvernement et l'UCK-M. La trêve est cependant menacée quotidiennement. Le 17 juin, selon l'armée, l'UCK-M a tiré au mortier près du village de Slupcane, qu'elle contrôle, et un obus est tombé, sans exploser, près d'une caserme dans la ville toute proche de Kumanovo. Les discussions politiques portent sur les principales revendications de la minorité albanaise, relayées à la fois par les partis albanais et l'UCK-M, dont la modification de la Constitution de 1991, les Albanais réclamant d'y figurer comme "peuple constitutif", au même titre que les Macédoniens. Le chef de l'Etat plaide, lui, pour un "Etat de citoyens", et non de communautés ethniques. Le statut de la langue albanaise et de la religion musulmane, que les Albanais souhaitent voir reconnaître officiellement par la Constitution, figure aussi au menu des discussions. Le représentant politique de l'UCK-M, Ali Ahmeti, bien qu'absent des négociations, a décrété un cessez-le-feu jusqu'au 27 juin, afin de laisser du temps aux discussions politiques. Mais plusieurs de ses exigences restent "inacceptables" pour le gouvernement, en particulier celle d'une amnistie générale pour les combattants de l'UCK-M qui déposeraient les armes, et celle d'une intégration future d'anciens rebelles dans la police et l'armée.L'amnistie proposée par le président Boris Trajkovski ne concerne, elle, que les "citoyens macédoniens ayant pris les armes sous la pression", et exclut les chefs rebelles ainsi que les combattants venus du Kosovo. L'Union européenne, soucieuse d'éviter une escalade de la violence en Macédoine, a décidé de nommer un envoyé spécial à Skopje et attend des résultats pour le 25 juin, date à laquelle les leaders politiques sont été conviés à Luxembourg par le représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana.

(AFP 20.6) Le secrétaire général de l'OTAN George Robertson, parlant de risques de "guerre civile", a indiqué mercredi que l'Alliance était prête à une mission de désarmement en Macédoine - à laquelle les Etats-Unis pourraient participer, selon Washington - mais il a réclamé au préalable un accord politique dans ce pays. L'Alliance atlantique a été sollicitée par le président Trajkovski, qui souhaite une présence internationale pour superviser un éventuel désarmement de la guérilla, dans le cadre d'un plan de paix prévoyant également la relance du dialogue entre partis macédoniens et albanais. Des conversations à ce sujet entre le gouvernement macédonien et les partis représentant la minorité albanaise ont été suspendues à Skopje. L'OTAN se prépare "à envoyer des forces très rapidement quand la situation sera appropriée", pour superviser un désarmement de la guérilla de l'Armée de libération nationale (UCK), a souligné M. Robertson. Ce contingent, qui sera armé pour sa protection, ne participera pas à une séparation des adversaires sur le terrain, a-t-il dit. Auparavant à Bruxelles, l'OTAN avait annoncé l'envoi de quelque 3.000 hommes, sous la condition d'un accord politique au préalable. "Un grand nombre de pays ont fait des offres" pour envoyer des soldats ou participer à la logistique", a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, sans précision. L'Espagne et l'Allemagne, notamment, envisagent de participer. Les quelque 700 soldats américains présents en Macédoine "pourraient participer à ce processus" si le projet de l'OTAN aboutissait. Les négociations visant à sortir la Macédoine du conflit avec la guérilla ont été suspendues le 20 juin, le chef de l'Etat macédonien accusant les partis albanais de blocage, au moment où l'OTAN insistait sur la nécessité d'un accord politique avant de déployer des troupes dans le pays."Je dois malheureusement dire que les négociations sont bloquées, et que ce blocage vient en premier lieu des partis albanais", le Parti démocratique des Albanais (DPA) et le Parti pour la démocratie et la prospérité (PDP), a déclaré le président Boris Trajkovski, après une série de rencontres infructueuses, entamées le 15 juin à Skopje, entre partis albanais et macédoniens.Le chef de l'Etat a ajouté que ces discussions "ne pourront continuer que si les partis albanais abandonnent sans réserve, clairement et publiquement, leurs appels" à une fédéralisation du pays, et acceptent la création d'une "société de citoyens", plutôt que d'une société basée sur les communautés ethniques. Ces accusations ont été immédiatement rejetées par le leader albanais Arben Xhaferi, chef du DPA, qui s'est dit prêt à "parler avec tous ceux dont le but est de parvenir à un véritable accord" et affirmé que M. Trajkovski essayait "de donner une mauvaise image des Albanais". Une fédéralisation de la Macédoine en deux entités, l'une macédonienne et l'autre albanaise, est fermement rejetée par les dirigeants macédoniens, représentant la communauté majoritaire, qui y voient un risque d'éclatement du pays. Une telle demande n'a toutefois jamais été formulée officiellement par les partis politiques albanais représentés au gouvernement et au Parlement, qui réclament une modification de la Constitution et des droits accrus pour leur communauté. Les partis albanais réclament un statut de peuple constitutif, à égalité avec les Macédoniens, alors que le chef de l'Etat propose une modification du préambule de la Constitution, qui ferait de la Macédoine un "Etat de citoyens" et non de communautés ethniques.

(AFP, AP 24.6) Un cessez-le-feu a été conclu le 24 juin, après trois jours de bombardements, à Aracinovo, aux portes de Skopje occupé par l'UCK-M, au terme d'un nouvelle mission en Macédoine du représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana. Une délégation occidentale, avec des représentants de l'OTAN, de l'Union européenne et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), s'est rendue immédiatement après cette annonce à Aracinovo. Un responsable de l'UCK-Mdans le nord de la Macédoine, le commandant Sokoli, joint par téléphone, a déclaré : "Nous avons posé comme condition que des observateurs de l'OTAN soient déployés à Aracinovo et que l'armée macédonienne ne rentre pas dans le village", précisant que les combattants albanais se replieraient alors vers les positions de l'UCK autour de Lipkovo, près de Kumanovo, dans le nord de la Macédoine. L'UCK-M occupe depuis le début du mois de mai plusieurs villages de cette région. Le gouvernement macédonien, selon des sources gouvernementales, a proposé de son côté un retrait de l'UCK-M d'Aracinovo, de préférence vers le Kosovo, ce que l'UCK-M semble avoir refusé. L'UCK s'était emparée le 8 juin d'Aracinovo sur des hauteurs de Skopje, concrétisant pour la première fois une menace d'extension du conflit à la capitale. L'armée macédonienne avait lancé le 22 juin une attaque massive sur Aracinovo, affirmant vouloir "éloigner la menace sur Skopje". Un responsable gouvernementale avait affirmé avoir vaincu les insurgés dans la région d'Aracinovo, ajoutant que les rebelles avaient hissé un drapeau blanc et étaient disposés à se rendre à condition que les troupes de l'OTAN viennent ''les désarmer rapidement''. La télévision publique macédonienne a indiqué que son équipe sur place avait aperçu plusieurs drapeaux blancs flotter sur les toits d'Aracinovo. Des responsables de l'armée ont précisé qu'ils surveillaient la situation pour déjouer un piège éventuel. Dans la nuit du 23 au 24 juin, des combats ont également été signalés autour du village de Vistica près de Kumanovo dans le nord du pays et dans le village de Vejce sur les pentes du Mont Sara, près de la frontière yougoslave avec la province serbe du Kosovo. Le cessez-le-feu "est un pas très important pour l'avenir du pays, en vue de la poursuite du dialogue politique", a déclaré Javier. Solana avant de quitter Skopje. La Macédoine "s'est engagée à la paix, nous allons donc travailler à aider le dialogue politique et l'avenir de ce pays", a-t-il ajouté.

(AP 24.6) Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont se concentrer le 25 juin à Luxembourg sur les efforts diplomatiques visant à éviter que le conflit entre Skopje et les rebelles albanais de l'UCK-M ne tourne à la guerre civile en Macédoine. Les responsables européens ont prévenu quez les projets de renforcement de l'aide financière accordée à la Macédoine pourraient être compromis par l'absence de progrès dans les négociations politiques entre partis représentatifs des communautés slave et albanaise. Les Quinze ont alloué environ 120 millions d'euros d'aide à la Macédoine en 2001. Les ministres européens nommeront également un représentant spécial permanent en Macédoine pour permettre à M. Solana de se consacrer davantage à la crise au Proche-Orient. Le nom de l'ancien ministre français de la Défense François Léotard est évoqué.

(AFP 27.6) Les Etats-Unis ont décidé le 27 juin de fermer les portes du territoire américain aux extrémistes albanais opérant en Macédoine, et ont apporté un ferme soutien au président macédonien Boris Trajkovki après une opération controversée d'évacuation de rebelles. Le président Bush a signé deux décrets interdisant tout soutien financier ou matériel insi que l'accès du sol américain aux membres de l'UCK-M. "Nous avons reçu certaines indications que les extrémistes d'origine albanaise collectaient de l'argent non seulement en Amérique mais aussi en Europe, et nous entendons faire ce qu'il faut pour empêcher le financement d'activités extrémistes pouvant déstabiliser le gouvernement démocratiquement élu de Macédoine", a déclaré le président américain, qui a également indiqué qu'il "n'écartait aucune option" en matière de présence militaire en Macédoine, où les Etats-Unis disposent déjà de quelque 700 hommes dans le cadre du soutien aux forces internationales présentes au Kosovo. George Bush a rappelé que lors de son récent voyage en Europe il avait promis de ne pas procéder à un désengagement unilatéral des forces américaines mises à la disposition de l'OTAN dans les Balkans. Washington a par ailleurs apporté un ferme soutien au président macédonien Boris Trajkovski après une opération controversée d'évacuation de rebelles albanais de la localité d'Aracinovo, aux portes de la capitale Skopje, sans qu'ils soient désarmés. La police macédonienne, encadrée par des observateurs internationaux, a entrepris de sécuriser Aracinovo mais tout reste à faire pour régler le conflit qui mine la petite république depuis cinq mois. Les combats, quasi quotidiens aux abords des zones occupées par la guérilla, se sont ainsi poursuivis le 27 juin, donnant lieu pendant cinq heures, à des échanges de tirs particulièrement soutenus, de mortiers et d'artillerie lourde, dans le nord. Selon l'armée, les rebelles ont ouvert le feu depuis Nikustak, le village où ils avaient été précisément raccompagnés après leur départ d'Aracinovo. A quelques km, des obus de mortiers se sont abattus sur la périphérie de Kumanovo, selon le porte-parole, qui n'a pas fait état d'éventuelles victimes, tandis que des combats éclataient dans les montagnes du nord-ouest, près de Tetovo. A Aracinovo, les policiers, chargés notamment de missions de déminage, ont commencé à se positionner dans la commune, dévastée par des combats intenses Le président macédonien Boris Trajkovski s'était félicité du retrait des rebelles sous escorte américaine, assumant une décision qui a selon lui levé les menaces d'extension du conflit à la capitale. Plusieurs centaines de membres de l'Armée de libération nationale (UCK) des Albanais de Macédoine, qui occupaient Aracinovo depuis le 8 juin, avaient, après accord avec la communauté internationale, quitté les lieux en gardant leurs armes, pour gagner les territoires sous leur contrôle au nord. La décision, vue comme un aveu de faiblesse à l'égard des Occidentaux et de la guérilla, avait provoqué la fureur de milliers de manifestants, civils mais aussi réservistes de l'armée, dont certains avaient forcé l'entrée du parlement à Skopje. Depuis, le calme était revenu dans les rues de Skopje mais restait précaire. La Maison Blanche avait fait savoir le 26 juin que cette opération avait reçu le feu vert du président Bush. Un porte-parole du département d'Etat, Philip Reeker, a salué le 27 juin les propos tenus la veille par le président Trajkovski pour soutenir cette opération et appeler au calme. "Nous accueillons très favorablement les déclarations du président Trajkovski demandant à tous les citoyens de Macédoine de garder le calme et de soutenir le processus politique", a déclaré M. Reeker, pour qui "il est important désormais de continuer le cessez-le-feu qui est en place à Aracinovo, et de l'étendre formellement à tout le pays", a estimé M. Reeker. La poursuite des tensions a également conduit les Etats-Unis à prendre des mesures de prudence pour leurs ressortissants dans ce pays. Le département d'Etat a recommandé aux citoyens américains de reporter tout voyage en Macédoine, et a autorisé le départ du personnel diplomatique américain non indispensable à Skopje. Les affrontements entre forces gouvernementales et guérilla albanaise rendent la situation dans le pays "instable et potentiellement dangereuse", a affirmé le département d'Etat dans un communiqué. Le communiqué fait également état de "sentiments anti-étranger croissants" parmi la population, notamment vis-à-vis des Américains. "Un certain nombre de sondages que nous avons faits dans la population montrent qu'il y a parmi les Macédoniens un assez grand niveau de suspicion contre l'OTAN, les Etats-Unis et maintenant l'Union européenne", a estimé un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat. Dans ce contexte, les premières déclarations, le 27 juin, du nouveau représentant permanent de l'Union européenne, l'ancien ministre français François Léotard, incitant au dialogue avec la guérilla, pourraient être de nature à semer le trouble. "Il n'est pas question de remettre en cause la légitimité du gouvernement macédonien. Par contre, il faut bien discuter avec cette guérilla, en tout cas il faut bien qu'eux (le gouvernement macédonien) discutent avec cette guérilla... pour que la paix puisse s'installer," a-t-il déclaré à la radio française Europe 1. A Skopje, on préférait ne pas commenter la remarque, et attendre que M. Léotard, qui devait s'installer le 28 juin dans la capitale macédonienne, puisse éventuellement la clarifier. La déclaration "nous prend par surprise", relevaient simplement des sources gouvernementales. Il était difficile de savoir si la "discussion" évoquée par François Léotard concernait le plan de paix de M. Trajkovski, qui propose un désarmement de la guérilla, ou les négociations interethniques en cours concernant le futur statut de la minorité albanaise. Les Macédoniens ont toujours, sur ce dernier point, refusé nettement toute participation des francs-tireurs albanais. Ces négociations englobent jusqu'à présent les seuls partis macédoniens et albanais représentés au Parlement. Elles n'en restent pas moins laborieuses, les partis albanais souhaitant inclure la guérilla. La dernière rencontre entre les leaders politiques remonte au 25 juin, et a dû être interrompue en raison des émeutes à Skoplje. Aucune date n'a été officiellement communiquée en vue de nouveaux entretiens. Entamé en avril sous pression occidentale, ce fameux dialogue politique vise à élargir les droits de la minorité albanaise, revendication reprise par la guérilla. Il bloque notamment sur la question de la réforme constitutionnelle, les Albanais souhaitant être considérés comme peuple constitutif de Macédoine au même titre que les Macédoniens.

(Reporter 27.6.01) Sellon l'un des fondateurs de l'UCK macédonienne, Fazli Veliju, réfugié en Suisse, le conflit armé entre Albanais et Macédoniens slaves pourrait durer encore six mois ou une année. Selon lui, l'UCK-M compterait 3000 hommes et pourrait en recruter 3000 de plus. Elle serait dirigée par Gezim Ostreni pour ce qui est des opérations militaires, et par une direction politique autour de Veliju, qui résume le programme de l'UCK-M en ces termes : "Nous ne demandons que (...) les mêmes droits que les Macédoniens". Elle serait financée notamment par l'immigration albano-macédonienne : Selon Veliju, pour la seule Suisse, les 40'000 Albanais de Macédoine auraient versé au moins 4 millions de FS, et jusqu'à 12 millions, aux organisations albanaises du pays, armées ou non. En ce qui concerne la fin du conflit, Vejilu se dit prêt à négocier, mais pas avec les seuls Macédoniens : avec la garantie, et l'implication, des Européens ou des Américains. Le chef politique de l'UCK-M évoque la possibilité d'un "protectorat" international, comme celui sur la Kosove.

(AP 30.6) Les combats ont repris le 30 juin entre les troupes macédoniennes et l'UCK-M dans le nord du pays, à la veille de l'arrivée de l'émissaire américain James Pardew, chargé de "faire avancer les négociations de paix". Le porte-parole de l'armée macédonienne Blagoja Markovski a affirmé que l'UCK-M avait attaqué des positions des forces gouvernementales sur les pentes du mont Sara, à proximité du Kosovo. L'UCK-M a ouvert le feu depuis le village de Gajre, le long du canyon de la rivière Pena et près de la station de ski Popova Sapka, entraînant une riposte des troupes gouvernementales. Les combats ont été décrits par Blagoja Markovski comme ''occasionnellement violents en intensité''. Des coups de feu provenant du village de Nikustak, contrôlé par l'UCK-M, étaient également audibles. Le porte-parole de l'armée a précisé que les troupes macédoniennes n'étaient pas visées, indiquant que les tirs étaient échangés dans le cadre d'un différend entre insurgés. Ces nouvelles violences surviennent à la veille de l'arrivée du conseiller spécial des Etats-Unis chargé des affaires européennes, James Pardew, dépêché par le président Bush pour relancer les négociations de paix entre partis politiques slaves et albanophones. M. Pardew, qui est ''bien connu et connait bien les Balkans'', travaillera en étroite collaboration avec son homologue de l'Union Européenne, François Léotard, a annoncé le porte parole du Département d'Etat américain Philip Reeker.

(AP, AFP 4.7, 5.7) Albanais et slaves de Macédoine ont accepté de discuter, sur une base commune, de réformes institutionnelles destinées à résoudre le conflit en Macédoine. Les dirigeants des quatre principaux partis politiques macédoniens, entourés des émissaires européen François Léotard et américain James Pardew, ont repris le 2 juillet le dialogue sur un projet de réforme de la Constitution, sur la base d'un texte rédigé par l'ancien ministre français de la Justice Robert Badinter. Le projet ne fait cependant pas l'unanimité, les partis albanais regrettant qu'il n'aille pas "assez loin" et réclamant la reconnaissance de l'albanais comme deuxième langue officielle de la République. Le président macédonien est pour sa part disposé à accorder aux Albanais une représentation proportionnelle dans les institutions publiques, et un plus large emploi de la langue albanaise dans les affaires publiques, ainsi qu'une amnistie aux rebelles n'ayant commis aucun crime de sang. Selon le président Trajkovski, les partis ont "aplani" leurs divergences sur la question de l'unité de l'Etat et se sont engagés à des "progrès rapides" dans les discussions, progrès devant permettre d'en finir avec les affrontements armés. Ces affrontements continuent cependant, et plusieurs accrochages ont été signalés le 4 juillet, au-dessus de Tetovo et près de Radusa, ainsi que dans la région de Kumanovo. Le 5 juillet, huit personnes ont été blessées à Tetovo, dont cinq grièvement, dans des tirs de l'UCK-M, qui a fait usage de mortiers, sur des positions de la police macédonienne. Dans les dernières heures avant la trêve, des tirs d'armes automatiques et de mortier ont résonné au centre de Tetovo, toujours sous couvre-feu de 23 heures à 5 heures. Selon la télévision macédonienne, l'UCK-M se serait emparée de deux villages dans la région de Tetovo. De source officieuse, on affirme qu'un émissaire de l'OTAN, Pieter Feith, négocierait avec l'UCK-M les détails d'un cessez-le-feu et d'un désarmement, mais un porte-parole de l'UCK-M a déclaré que celle-ci "n'acceptera aucun accord politique" auquel elle n'aurait pas participé. Finalement, un cessez-le-feu entre le gouvernement macédonien, représenté par le chef d'état-major de l'armée, Pande Petrevski, et l'UCK-M, représentée par son chef politique Ali Ahmeti, a été signé le 4 et le 5 juillet, sous les auspices de l'Union européenne, des USA et de l'OTAN, dont une force sera déployée pour participer aux désarmement des insurgés, à condition que la trêve soit respectée et le dialogue politique engagé. Le cessez-le-feu devait entrer en vigueur le 6 juillet à zéro heure. Le gouvernement macédonien a cependant averti que ses forces se réservaient le droit de riposter "en cas de provocations". Dès la mi-juillet, environ 3000 soldats de l'alliance sont attendus en Macédoine, et le désarmement de l'UCK-M devrait commencer le 1er août, sous la conduite de forces britanniques, et pendant un mos à un mois et-demi. L'accord de cessez-le-feu ouvre la voie à des élections générales anticipées en novembre, avec une meilleure représentation politique de la population albanaise (dont seuls 25 des 120 députés actuels sont issus, alors qu'elle représente le tiers de la population du pays). Une amnistie est également prévue pour les rebelles n'ayant pas commis de crimes.

(Courrier des Balkans 6.7) Les médiateurs américain James Pardew et européen François Léotard ont rencontré le président macédonien Boris Trajkovski à Skopje, en lui demandant de reprendre le dialogue politique entre Macédoniens slaves et albanais. Le ministre de la défense macédonien a prédit que faute d'accord politique, l'OTAN interviendrait en Macédoine. Un envoyé spécial de l'OTAN, Pieter Faith, a commencé à nogécier avec l'UCK-M son désarmement. Le dialogue a repris à Skopje entre les dirigeants des principaux partis macédoniensy compris les albanais, et les deux médiateurs internationaux s'apprêtent eux aussi à rencontrer les partis politiques. Les partis albanais seraient prêts à renoncer à leur revendication d'un vice-président albanais aux côtés d'un président slave, mais insistent sur le bicaméralisme, la démocratie "consensuelle", le reconnaissance de l'albanais comme langue nationale et de la population albanaise comme constitutive de la nation macédonienne au même titre que la population slave.

Pendant ce temps, les combats se poursuivent dans la région de Koumanovo, de Tetovo et de Radusha, entre forces macédoniennes et UCK-M.

(AP, AFP 8.7) Des incidents armés sont survenus dans la nuit du 7 au 8 juillet entre l'UCK-M et les forces gouvernementales : une attaque des rebelles contre un poste de police à Jazince, près de Tetovo, et des tirs contre les forces gouvernementales près de Slupcane, dans la région de Kumanovo. Dès le 6 juillet, l'UCK-M a installé des barrages routiers à la périphérie de Tetovo, notamment à Drenovec et Poroj, où ses hommes arrêtent les véhicules. Par ailleurs, plus de 1000 civils déplacés, pour la plupart des Albanais, sont rentrés le 8 juillet du Kosovo vers la Macédoine.

(AP 8.7) Des négociations auxquelles participeront les différents partis de la coalition gouvernementale macédonienne devraient s'ouvrir le 9 juillet sur un nouveau plan de paix destiné à transformer en paix "durable" le cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et l'UCK-M. Le nouveau projet s'appuie sur une proposition émise par l'ancien ministre français de la Justice Robert Badinter, projet auquel un autre ancien ministre français, de la Défense, François Léotard, présentement émissaire spécial de l'Union européenne en Macédoine, a appelé à "apporter des commentaires et des amendements". Les différents partis macédoniens sont convenus le 7 juillet que ce document serait le seul soumis aux négociations, et que les précédents projets en seraient écartés. Un accord sur des réformes institutionnelles et des mesures permettant d'accorder plus de droits à la minorité albanaise est la condition du déploiement d'une force de l'OTAN chargée de désarmer l'UCK-M. Le chef politique de l'UCK-M, Ali Ahmeti, a démenti dans un entretien au "Figaro" que son mouvement souhaitait une partition du pays, et a prôné un système fédéral dans lequel coexisteraient Slaves et Albanais : "Nous insistons pour respecter l'intégrité de la Macédoine, dans ses frontières existantes", a affirmé Ahmeti, qui ne voit pas "de perspectives pour les peuples dans une partition des territoires". Ali Ahmeti s'est déclaré partisan pour la Macédoine d'un modèle fédéral de type belge ou suisse, et a revendiqué la participation de l'UCK-M à une conférence internationale sur la Macédoine.

(AP 11.7, AFP 15.7) Les négociations entre partis macédoniens progressaient lentement et difficilement, alors que sur le terrain tant l'UCK-M que les forces gouvernementales mettaient la trêve à profit pour renforcer leurs positions. Le vice-président du Parti pour la démocratie et la prospérité (PDP, parti albanais) a reconnu que les positions entre partis albanais et slaves étaient "très éloignées" et que les discussions étaient "très difficiles", butant notamment sur l'intégration ou non dans la constitution de le mention des Albanais comme "peuple constitutif" de la République, comme les slaves. Aucune date-butoir n'a été fixée pour les négociations. Le 15 juillet, le leader du Parti démocratique des Albanais (PDA), Arben Xhaferi, a fait état de "progrès" dans les négociations et a assuré qu'un règlement était "proche", malgré une négociation ardue et la non-résolution de points de blocage. "Nous discutons encore de la décentralisation du pouvoir et des mécanismes de vote au Parlement", a déclaré Arben Xhaferi, après des entretiens avec les émissaires européen et américain, François Léotard et James Pardew. Un autre responsable du PDA, Menduh Thaçi, s'est cependant montré moins optimiste, ajoutant que le principal (mais non le seul) problème était celui de la lngue albanaise, que les partis albanais veulent ériger en langue officielle, ce que les slaves refusent par crainte que cela ne soit le début d'une évolution vers un Etat bi-national, qu'ils refusent. Les modalités du vote au parlement constituent un autre point de blocage, les Albanais réclamant un droit de veto pour toute loi à caractère culturel ou "identitaire". Selon des sources diplomatiques occidentales, les partis albanais de macédoine sont en contact régulier avec l'UCK-M, qui ne participe pas en tant que telle aux négociations, mais qui défend les mêmes revendications que les partis albanais. Parallèlement, des représentants de l'OTAN négocient avec l'UCK-M pour son désarmement, mais l'OTAN n'a jamais officiellement confirmé ces contacts.

(AP, AFP 18.7 / ATS 22.7) Les dirigeants macédoniens ont rejeté le 18 juillet le plan de paix soutenu par les émissaires européen et américain, et visant à mettre fin au conflit en Macédoine en accordant davantage de droits à la minorité albanaise. Le Premier ministre macédonien Llubco Georgievski (dirigeant du parti nationaliste ORIM) a qualifié le texte proposé de "violation flagrante des affaires intérieures de la Macédoine" et a considéré que ce texte, s'il était accepté, "morcèlerait le pays". Le Premier ministre a accusé les USA et l'Europe de soutenir l'UCK-M, dont les "actions terroristes sont réalisées avec le soutien logistique des sois-disant démocraties occidentales", et leur a reproché un "texte brutal" et le "style de cow-boys avec lequel il essaient de casser les institutions étatiques de la Macédoine". Dans un communiqué conjoint, les médiateurs européen François Léotard et américain James Pardew ont au contraire affirmé que le texte proposé "préserve la souveraineté, l'intégrité territoriale et le caractère unitaire de la République de Macédoine". Selon François Léotard, le point de blocage principal concerne le statut de la langue albanaise : Les Albanais veulent en faire une deuxième langue officielle, les Slaves considèrent qu'il n'y a pas de majorité parlementaire pour accepter une telle mesure L'accord proposé prévoit également des garanties de représentation "proportionnelle" de la communauté albanophone (un tiers de la population totale) dans les gouvernements locaux, les institutions, la justice, la police et l'éducation. Pour le Premier ministre macédonien, signer un tel accord équivaudrait à une "capitulation" et à faire des Macédoniens "des citoyens de second rang". Sur le terrain, le chef d'état-major de l'armée, le général Pande Petkovski, a donné l'ordre aux forces de sécurité de "répondre de manière adéquate" au cas où les combattants albanais se rapprocheraient de leurs positions, s'ils ouvraient le feu ou si les vies de membres des forces macédoniennes étaient menacées. Le 22 juillet, de violentes fusillades ont éclaté entre l'UCK-M et les forces macédoniennes près de Tetovo, mettant en péril la trêve proclamée au début du mois.

(AP, AFP 25.7) Plus de 8000 personnes, selon les autorités macédoniennes, ont fui la région de Tetovo, théâtre le 22 et le 23 juillet de nouveaux affrontements entre UCK-M et forces macédoniennes. Les ministres macédoniens de l'Intérieur et de la Défense ont donné jusqu'au 25 juillet à l'UCK-M pour reculer jusqu'à ses précédentes positions, sinon une offensive militaire pourrait être lancée contre eux. Le secrétaire général de l'OTAN George Robertson a appelé les dirigeants albanais et macédoniens à prendre la décision "d'emprunter la voix de la paix et non de la guerre", et un émissaire de l'OTAN a rencontré des représentants de l'UCK-M, alors que les émissaires européen et américain François Léotard et James Pardew tentaint de relancer les négociations sur un plan de paix. Pendant ce temps, chaque jour, à dos de mule ou dans des véhicules automobiles, les marchandises et les armes passent la frontière entre le Kosovo et la Macédoine, vers les zones contrôlées par l'UCK-M, dont les combattants trouvent en sens inverse refuge (et camps d'entraînenements) en Kosove. Une partie de l'armement de l'UCK-M provient des stocks de l'UCK démilitarisée en 1999, une autre partie provient d'Albanie, via la Kosove. Un nombre importants de combattants de l'UCK-M seraient en fait des anciens combattants de l'UCK. La KFOR intercepte régulièrement des convois, mais l'impact de ces interceptions est négligeable.

(AFP, AP 25.7) Après la reprise des combats avec l'UCK-M, le gouvernement macédonien et l'opinion publique slave dirigent leur colère contre les Occidentaux, accusés de soutenir l'UCK-M plutôt que de rechercher une solution équilibrée au conflit. Le porte-parole du gouvernement, Antonio Milososki, a accusé le 14 juillet l'OTAN de voulair faire de la Macédoine un "protectorat international" sous son contrôle. Le soir-même, des milliers de personnes ont manifesté à Skopje pour dénoncer l'OTAN, incendiant des véhicules de l'OSCE, brisant des vitres des ambassades de Grande-Bretagne et d'Allemagne et lapidant l'Ambassade américaine.

(ATS 25.7 / AP, AFP 29.7) Un accord aurait été signé le 25 juillet entre le gouvernement et l'UCK-M, a annoncé l'OTAN. Il prévoit un retrait de celle-ci d'une grande partie des zones qu'elle occupe. Les négociations entre les représentants du gouvernement macédonien et des partis albanais ont quant à elles repri le 28 juillet, sous l'égide des représentants de l'Union européenne et des USA. Un accord semble difficile à atteindre, la reconnaissance de l'albanais comme langue officielle étant toujours un point d'achoppement. Sur le terrain, l'UCK-M a tiré quatre obus de mortier contre des casernes de l'armée le 29 juillet, sans faire de victime, et des affrontements sporadiques se sont produits autour de Tetovo.A Skopje, une centaine de "déplacés" macédoniens des villages attaqués par l'UCK-M (notamment Lesok, Dobroste, Tearce) ont manifesté, et campent, devant le Parlement. Ils accusent l'OTAN de soutenir l'UCK et le pouvoir macédonien de les ignorer.

(AP 1.8) Alors que les pourparlers de paix se poursuivaient sous les auspices de l'Union européenne et des USA, un policier macédonien a été tué le 1er août dans la banlieue de Tetovi, lors d'une attaque de l'UCK-M contre un barrage de police. Ce décès porte à 41 le nombre de tués au sein des forces macédoniennes depuis le début des affrontements en février 2001. On ignore le nombre de victimes albanaises, membres de l'UCK-M ou non. Cinq membres de l'UCK auraient cependant été tués le 29 juillet près de Gostivar, où pourtant aucun affrontement ne s'est produit récemment. Les circonstances de ces morts, non confirmées, restent incertaines. Au nombre des victimes figurerait un ancien responsable de l'UCK kosovare, Tahir Sinani.

(AFP 1.8) Les dirigeants politiques slaves et albanais de Macédoine ont conclu le 1er août un premier accord pour tenter de ramener la paix en Macédoine, après six mois d'affrontements. Les dirigeants des partis albanais ont consulté pendant la journée l'UCK-M pour tenter d'obtenir son accord sur le projet, qui officialise partiellement la langue albanaise, à la condition d'un accord global de règlewment du conflit. Un accord définitif sur la langue albanaise "dépend d'un accord politique" sur lees autres points en discussion, a souligné l'émissaire de l'Union européenne, François Léotard. Selon le projet d'accord, le macédonien restera la langue officielle et nationale dans tout le pays, et la langue officielle pour les relations internationales, mais l'albanais sera aussi langue officielle dans les régions où au moins 20 % de la population est albanophone. Au parlement, l'albanais sera utilisé pour les documents importants, les séances plénières et dans les commissions. Il sera également utilisé devant les tribunaux, et les lois seront rédigées dans les deux langues. Au niveau du gouvernement, seul le macédonien pourra cependant être utilisé. Sur les autres thèmes en négociation, le projet d'accord prévoit que la police restera sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, mais les responsables locaux seraient nommée en "cogestion", avec un droit de regard des Albanais sur les affectations. Un accord semble s'être fait par ailleurs sur le principe de la "double majorité" (majorité des députés et majorité des partzs= sur les questions touchant les relations entre communautés, ainsi que sur l'autonomie des collectivités locales et l'égalité de l'accès aux emplois publics.

(AFP 5.8) L'Union Européenne, représentée par son responsable de la politique étrangère Javier Solana, a obtenu le 5 août à Ohrid un accord entre macédoniens slaves et albanais, sur une réforme de la police, quatre jours après un premier accord sur le statut de la langue albanaise. L'accord global (sur la langue et sur la police) devrait être finalisé le 6 août. L'accord sur la police prévoyerait le maintien de la police sous le contrôle du ministère de l'Intérieur, mais l'augmentation du nombre de policiers albanais de manière à en porter le pourcentage de 3 à 23 % du total des effectifs. 500 policiers albanais devraient être embauchés en 2002, 500 autres en 2003. Dans les localités majoritairement albanaises, les conseils municipaux devraient avoir le droit de valider les candidatires de chefs de la police proposées par le ministère de l'Intérieur.

(ATS, AFP, AP 8.8) Dix soldats macédoniens ont été tués et deux autres blessés le 8 août dans une embuscade tendue par l'UCK-M entre Skopje et Tetovo, et des combats ont éclaté à Grupcin. La veille, cinq civils macédoniens avait été enlevés par l'UCK-M, puis relâchés, mais trois d'entre eux ont du être hospitalisés en raisons de sévices subis. Cet enlèvement faisait luimême suite à la mort de cinq membres de l'UCK-M, le 7 août, et l'arrestation de cinq autres, lors d'une opération de la police macédonienne à Skopje. A Tetovi, des combats opposent forces gouvernementales et l'UCK-M, qui aurait pris le contrôle de certains quartiers. Ces combats ont fait un mort (albanais) et deux blessés (slaves). La route de Skopje à Tetovo a été coupée et le porte-parole du gouvernement a annoncé que des éléments de l'UCK-M descendaient des montagnes pour renforcer la zone que l'organisation armée albanaise contrôle déjà dans le nord du pays. A prilep, dans le sud du pays, une mosquée et des commerces albanais ont été incendiés par des manifestants slaves.

(AP 8.8) Alors qu'en deux jours, les affrontements entre forces gouvernementales et UCK-M ont fait 15 morts, partis slaves et albanais de Macédoine se sont engagés à signer un accord de paix le 13 août à Skopje. Le principal parti slave, l'ORIM, s'était pourtant retiré des négociations après la mort de dix soldats dans une embuscade de l'UCK-M, mais avait ensuite repris sa place à la table des négociations. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Skopje pour protester contre l'attaque de l'UCK-M, et ont dressé des barricades au centre de la capitale. Le président macédonien Trajkovski a pour sa part reçu des assurances du Secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, selon lesquelles l'UCK-M serait désarmée grâce au déploiement de 3500 soldats de l'OTAN après la signature de l'accord et l'engagement du gouvernement macédonien d'amnistier les rebelles albanais (sauf ceux accusés de crimes de guerre ou contre l'humanité).

(AP, ATS, AFP 12.8) Les forces macédoniennes ont lancé le 12 août une offensive contre l'UCK-M autour de Skopje, à la veille de la signature prévue d'un accord de paix entre les dirigeants politiques slaves et albanais de Macédoine. Les partis slaves et albanais ont confirmé qu'ils signeraient l'accord le 13 août, malgré la recrudescence des violences sur le terrain, mais un porte-parole de l'UCK-M, le "capitaine Shpati", a qualifié l'accord de "farce" et prédit que "la partie macédononienne continuera la guerre". Le village de Ljuboten a été la cible de tirs de mortiers, en représailles à la mort de huit soldats le 10 août, dans l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule. L'UCK-M a menacé, en représailles de ces représailles, d'attaquer le faubourg slave de Radisani. Selon un villageois de Ljuboten, l'attaque macédonienne aurait fait plusieurs blessés, et peut-être des tués. Des affrontements se sont égalements produits au nord-ouest de la Macédoine entre forces gouvernementales et UCK-M, notamment autour de Tetovo. Quatre soldats et deux civils ont été blessés. Près de Radusan des policiers macédoniens ont été attaqués par l'UCK-M, et huit d'entre eux ont été blessés. L'UCK-M a annoncé qu'au moins trois personnes avaient été tuées dans les attaques gouvernementales au nord-ouest de la Macédoine. Selon les autorités, l'UCK-M a reçu le 11 août des renforts de Kosove, ce que qu'un porte-parole de la KFOR a démenti. Par ailleurs, à Prishtine, une nouvelle organisation armée albanaise, l'"Armée nationale albanaise" (AKSH) a revendiqué les deux dernières attaques meurtrières contre les forces macédoniennes, qui ont fait 18 morts (10 le 8 août, huit le 10 août) au sein de l'armée macédonienne. De son côté, l'UCK-M a enlevé en une semaine onze civils macédoniennes, dont cinq ont été relâchés.

(AP 15.8) L'OTAN a donné son feu vert le 15 août à un premier déploiement de 400 hommes en Macédoine, après que la Macédoine ait approuvé l'opération de désarmement (partiel) de l'UCK-M et l'entrée sur son territoire de troupes de l'OTAN chargée de la superviser. Un premier contingent britannique, légèrement armé, sera envoyé pour mettre en place le QG de l'opération "Récolte essentielle", sous le commandement du général britannique White-Spunner. La mission devrait mobiliser au total environ 3500 hommes, dont le déploiement prendra une dizaine de jours. Elle sera commandée par le général danois Lange, qui a précisé que les soldats de l'Alliance "ne viendront pas ici pour imposer la paix", et espéré que la mission serait achevée en 30 jours. Dès la fin du désarmement de l'UCK-M, les députés macédoniens seront appelés à ratifier la réforme constitutionnelle donnant plus de droits à la minorité albanaise de Macédoine. Pour autant, les affrontements continuent autour de Tetovo et de Kumanovo. Dans la nuit du 14 au 15 août, l'UCK-M a attaqué les forces gouvernementales près du stade de Tetovo, autour du Mont Sara et dans la région de Kumanovo. Les forcss gouvernementales ont répliqué.

(ATS, AFP, AP 27.8) Un soldat britannique des forces de l'OTAN a été tué le 26 août près de Skopje, par un bloc de béton lancé sur lui alors qu'il circulait en direction de l'aéroport. C'est le premier décès d'un soldat de l'OTAN en Macédoine dans le cadre de la mission "Moisson essentielle". Il intervient quelques heures avant le début de la phase opérationnelle de la collecte des armes de l'UCK-M.Le même jour, deux Macédoniens (slaves) ont été tués dans une explosion près de Tetovo et 96 membres de l'UCK-M ont été arrêtés par la KFOR alors qu'ils tentaient de passer de Macédoine en Kosove. La veille, 25 août, 26 Albanais avaient été interceptés dans les mêmes conditions. Au total, depuis mi-juin, 750 présumés membres de l'UCK-M ont été ainsi interceptés à la frontière kosovo-macédonienne. Les combattants de l'UCK-M ont commencé le 27 août à rendre une partie de leurs armes à Metejce (nord). 400 armes ont été rendues aux militaires français et britanniques. Le gouvernement macédonien a exprimé son total désaccord avec l'OTAN sur le nombre d'armes à collecter : l'OTAN compte ramasser 3300 armes en 30 jours (plus des mines, des grenades et des munitions), mais le gouvernement estime que l'UCK-M détient jusqu'à 100'000 armes et pense qu'elle en gardera la plupart pour "continuer la guerre".

(AP 30.8) Le général Gunnar Lange, commandant de l'OTAN pour la mission "Moisson essentielle" en Macédoine, a annoncé le 30 août que plus d'un tiers des armes de l'UCK-M avaient été collectées, et qu'il en avait informé le président macédonien Boris Trajkovski. Le porte-parole de l'OTAN à Skopje a précisé que 1400 atm,es avaient été collectées. Les tensions restaient cependant vives en Macédoine, où un quartier commercial albanais de Skopje a été secoué le 30 août par une explosion qui a détruit un restaurant albanais. Le parlement macédonien doit commencer à débattre le 1er septembre des réformes politiques en faveur des Albanais de Macédoine, comme prévu à la fin de la première phase de la collecte des armes. Les réformes ne seront mises en oeuvre que lorsque toutes les armes devant être collectées le seront.

(AFP 30.8) Les députés du parlement allemand ont massivement approuvé (par 497 voix contre 130) le 29 août l'envoi de soldats allemands en Macédoine, mais le vote a été marqué par un double désaveu : celui d'une partie de la majorité gouvernementale à l'égard du gouvernement, celui de l'opposition à l'égard de sa direction. 24 députés de la coalition gouvernementale (19 sociaux-démocrates et 5 Verts) ont voté contre la proposition du gouvernement, et 66 députés de l'opposition en ont fait autant, ou se sont abstenus, alors que la présidente du parti chrétien-démocrate avait appelé à voter pour la "solidarité avec l'OTAN"

(AFP 1.9) Des barrages routiers tenus les uns par des albanais les autres par des slaves se faisaient face le 1er septembre à la sortie de Tetovo, à Drenovec, où commence le territoire tenu par l'UCK-M. Du côté macédonien, on accuse l'UCK-M d'avoir "kidnappé cinq Macédoniens" début juillet, et de les détenir depuis. Du côté albanais, on accuse les slaves d'empêcher les Albanais de se rendre en ville, d'y faire leurs achats et d'y travailler, et on évoque également des violences. Les soldats britanniques de l'OTAN font la navette entre les barrages pour tenter de calmer les esprit et d'empêcher l'affrontement. A Skopje, le président du parlement a suspendu la séance en guise de protestation contre les barrages albanais.

(AP 2.9) Une bombe incendiaire a détruit le 2 septembre un café albanais de Skopje. Une maison albanaise et une entreprise slave ont également été endommagées dans deux autres attentats. Ces incidents sont survenus après la suspension de la séance du parlement par le président de l'Assemblée, alors que celle-ci débattait des droits nouveaux accordés à la minorité albanaise. Le président du parlement, Stojan Andov, a annoncé que la session ne reprendrait que lorsque le président Trajkovski se sera engagé en faveur du retour de toutes les personnes ayant fui les combats depuis février.

(ATS 5.9) Les débats au Parlement macédonien sur la révision de la Constitution prévue par le plan de paix s'éternisent, au point que le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer a appelé les députés à "faire preuve de responsabilité".

(AP 5.9) L'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) a accusé le 5 septembre les forces macédoniennes d'avoir torturé et exécuté des civils albanais et d'avoir détruit leur maison dans le village de Lluboten, près de Skopje, lors d'une opération qui avait fait 10 morts le 12 août. HRW affirme que la police macédonienne a tué par balles six civils et brûlé au moins 22 maisons, abris et magasins. Des bombardements aveugles auraient provoqué la mort de trois autres civils, et un dernier civil qui tentait de fuir le village aurait été abattu par balles. Deux jours plus tard, le ministre macédonien de l'Intérieur Ljube Boskovski avait nié qu'un massacre ait été perpétré, et expliqué que cinq "terroristes" avaient été abattus dans des combats. Le gouvernement macédonien avait justifié l'attaque par des représailles à l'explosion d'une mine qui avait tué huit soldats deux jours plus tôt. En réponse au rapport de HRW, le porte-parole du gouvernement a encore assuré le 5 septembre qu'"aucun acte répréhensible" n'avait été commis par les forces de sécurité macédoniennes.

(AP 9.9) Les soldats de l'OTAN ont préparé le 9 septembre un nouveau site de collecte des armes de l'UCK-M près de Brodec, dans la région de Tetovo, dans le cadre de l'opération "Moisson essentielle". La deuxième phase de la récolte d'une partie des armes de l'UCK-M (3300 armes doivent être récupérées et détruites) a commencé le 7 septembre, et l'opération progresse "au rythme prévu", a annoncé le porte-parole de l'OTAN. L'opération mobilise 4500 soldats de l'OTAN et devrait s'achever le 26 septembre.

(ATS 16.9) Une force réduite de l'OTAN sera maintenue en Macédoine après la fin de septembre. Elle aura pour mission de protéger les observateurs de l'OCDE, chargés de se déployés dans les zones sensibles du nord du pays. Plus de 4500 soldats de l'OTAN sont actuellement déployés en Macédoine dans le cadre de l'opération "Moisson essentielle" de collectve des armes de l'UCK-M, opération qui devrait se terminer le 26 septembre.

(ATS 19.9) Le chef de la diplomatie européenne Javier Solana a mis en garde le 19 septembre le Parlement macédonien contre un projet de référendum sur la révision constitutionnelle, qui donnerait plus de droit à la minorité albanaise. Le référendum retarderait de deux mois le processus d'adoption de la révision constitutionnelle (à supposer qu'une majorité l'accepte en référendum, ce qui n'est pas acquis), alors que l'accord entre les autorités macédoniennes et l'UCK-M fixait une échéance au 27 septembre, à la date prévue pour la fin de la mission de récolte des armes de l'UCK-M par l'OTAN.La Macédoine a cependant demandé à l'OTAN de rester plus longtemps, et d'envoyer une force légère afin d'assurer la protection des observateurs internationaux et de prévenir de nouvelles violences. Le HCR et l'Union européenne appuyeraient une telle mission.

(AP 26.9) L'opération "Moisson essentielle" se prépare à se terminer pour laisser place à une nouvelle opération de l'OTAN en Macédoine, au terme officiel, le 26 septembre, de la récolte des armes de l'UCK-M. Selon l'OTAN, plus d'armes ont été collectées qu'initialement prévu (3300 armes devaient l'être). Le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté une résolution appuyant "énergiquement la mise en place d'une présence multinationale pour contribuer à la sécurité des observateurs internationaux" déployés en Macédoine par l'Union européenne et l'OSCE, en application de l'accord signé le 13 août par le président macédonien Trajkovski et les partis politiques macédoniens, slaves et albanais. L'Allemagne a proposé une nouvelle mission à l'OTAN, l'opération "Renard roux", impliquant un millier de soldats (dont une moitié d'Allemands) chargés d'assurer la sécurité des 120 observateurs civils de l'UE et de l'OCDE chargés de superviser l'application de l'accord de paix du 30 août.

(ATS, AP 30.9) Le ministre macédonien de la Défense, Vlado Buckovski, a accusé le 30 septembre l'Albanie d'accueillir des camps d'entraînement de l'UCK-M, accusation démentie par les autorités albanaises (dont on sait cependant qu'elles ne contrôlent pas réellement une partie du nord du pays). Le 17 septembre, le chef politique de l'UCK-M, Ali Ahmeti, avait affirmé que l'organisation avait été formellement démantelée en Macédoine et que ses combattants étaient retournés à la vie civile. Dans le nord-ouest de la Macédoine, cependant, des coups de feu ont été entendus, sans faire de blessés. Ces tirs sont considérée comme un avertissement de l'UCK-M aux autorités pour qiêlles retirent les forces gouvernementales des bastions albanais de la région de Tetovo.

(AP 3.10) L'armée macédonienne compte reprendre le contrôle des zones tenues par l'UCK-M, a annoncé le 3 octobre le ministre macédonien de l'Intérieur. Les forces macédoniennes devraient commercer à se déployer dès le 4 octobre avec des armes légères et des patrouilles "éthniquement mixtes" près de Tetovo et de Skopje. Les occidentaux craignent que ce projet menace le processus de paix. Le 3 octobre, une personne a été tuée et une autre blessée dans l'explosion d'une voiture à Skopje, mais on ne sait pas s'il s'agit d'un accident ou d'un attentat.

(ATS 25.10) Le Secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, a lancé le 24 octobre un appel pressant aux partis macédoniens pour qu'ils se mettent d'accord sur une révision de la constitution, afin d'élargir les droits des Albanais, comme ils s'y étaient engagés dans le cadre de l'accord de paix conclu à Ohrid le 13 août. George Robertson a rappelé que le désarmement et le démantèlement des groupes albanais rebelles avaient (selon lui), été effectués, et a mis en garde contre la "frustration (qui) grandit) au sein de la minorité albanaise, et qui pourrait déboucher sur de nouvelles violences.

(IWPR 31.10.01) L'église orthodoxe macédonienne a engagé le combat contre la majorité de la classe politique afin de maintenir dans la Constitution les privilèges dont elle dispose, face aux autres confessions religieuses. L'église orthodoxe menace de retirer son appui au gouvernement (qui, lui, n'ose pas s'opposer frontalement à elle) et aux personnalités politiques approuvant une révision constitutionnelle consacrant un recul de l'influence de l'église. Un nouvelle rédaction de l'article 19 de la Constitution mettrait tous les cultes et religions à égalité. Les dirigeants de l'église se sont violemment opposé à cette proposition, acquise dans le cadre de la négociation avec les partis albanais, et a qualifié de "traîtrise" la reconnaissance du pluralisme religieux de la Macédoine. Le gouvernement a proposé un compromis, accordant à l'église orthodoxe et à l'islam un statut privilégié par rapport aux autres confessions, notamment aux confessions chrétiennes non orthodoxes (catholique et protestantes), mais l'église a, du moins dans un premier temps, refusé ce compromis, qui ne consacrerait pas le rôle privilégié qu'elle revendique, y compris par rapport à l'islam.

(ATS 16.11) Le parlement macédonien a adopté dans la nuit du 15 au 16 novembre les réformes constitutionnelles destinées à améliorer la situation de la minorité albanaise de Macédoine. Il a ensuite proclamé la nouvelle constitution, condition centrale de l'accord de paix passé avec l'UCK-M. Les nouvelles dispositions constitutionnelles prévoient notamment l'officialisation de la langue albanaise et la réorganisation de la police, avec une amélioration de la représentation des Albanais en son sein. La nouvelle constitution a été acceptée au vote final par 94 députés contre 14.

(IWPR 23.11) La procureure du TPI pour les crimes de guerre dans l'ex-Yougoslavie a annoncé l'ouverture d'enquêtes sur les possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité commie par des Albanais et par des Macédoniens lors du récent conflit en Macédoine. Les nationalistes macédoniens (slaves) affirment que des fosses communes contiennent les corps de civils slaves assassinés. Deux enquêtes sont en cours de la part du TPI, l'une relative aux crimes dont sont accusées les forces macédoniennes, notamment dans le village de Luboten, où dix civils ont été tués le 12 août l'autre à ceux dont est accusée l'UCK-M, notamment dans le village de Vejce, où huit soldats et policiers macédoniens ont été tués le 1er mai 2001. Les corps des Macédoniens tués par des Albanais devraient être exhumés.

(AP 12.12) Malgré la tension persistance avec les rebelles albanais, le gouvernement macédonien a annoncé le 12 décembre son intention de continuer à reprendre le contrôle des régions encore tenues par l'UCK-M. Sous la surveillance de représentants de l'OTAN et de l'UE, des patrouilles de la police macédonienne envisagent de rentrer dans quinze villages du nord-ouest pour "rétablir l'autorité du gouvernement dans tout le territoire" (l'UCK-M contrôle encore 10 % du territoire). Le gouvernement se donne deux mois pour atteindre son objectif.

2002

(AP 10.2.2002) Le frère d'un policier macédonien a été tué dans un attentat à la bombe le 10 février dans la banlieue de Skopje. L'attentat, qui visait vraisemblablement le policier, vivant dans le fief albanais d'Aracinovo, n'a pas été revendiqué.

(AFP 2.3, 3.3) Sept personnes désignées par les autorités macédoniennes comme des membres d'un "groupe terroriste international" ont été abattues le 2 mars dans un affrontement avec la police près de Ljuboten, au nord de Sokje. Il s'agirait selon la police de ressortissants pakistanais préparant une attaque contre les ambassades des USA, de Grande-Bretagne et d'Allemagne -lesquelles ambassades ont déclaré n'avoir aucune information ni indide donnant à craindre une attaque armée contre elles. La police a lié l'incident à l'arrestation douze jours auparavant, devant l'ambassade allemande, de deux Jordaniens et deux Bosniaques également soupçonnée de préparer des attaques contre de hauts fonctionnaires et des ambassades occidentales. Le 21 février, en outre, quatre Albanais de Macédoine avaient été arrêtés sur le soupçon de "terrorisme". Le 22 février, trois Albanais et une Albanaise de Macédoine ont été arrêtés sous l'accusation de trafic d'armes (et de drogue). Le 28, cinq Albanais de Macédoine, anciens membres de l'UCK-M, ont été arrêtés sur le soupçon de possession illégale d'armes.

(ATS 12.5) Les quatre principaux partis politiques macédoniens ont conclu un accord sur les réformes politiques, qui fait suite à l'accord de paix avec les groupes armés albanais imposé en août 2001 par les Occidentaux. Les responsables des partis slaves et albanais se sont entretenus pendant trois jours sous l'égide du président Trajkovski et se sont mis d'accord sur 16 lois concernant les élections, l'usage de la langue albanaise et la représentation des minorités dans le gouvernement. Le président Trajkosvi s'est dit confiant sur l'acceptation de l'accord par le parlement. Les élections doivent avoir lieu le 15 septembre, au scrutin proportionnel à un tour si l'accord est entériné par les députés de l'actuel parlement.

(AIM 25.12) Le nombre exact des victimes du conflit macédonien reste encore inconnu, les seules données disponibles étant celles fournies par les belligérants eux-mêmes. De source officielle macédonienne, on annonce la perte de 63 membres des forces de sécurité; l'UCK-M, elle, annonce la perte de 64 de ses membres. Quant aux victimes civiles, essentiellement albanaises, leur nombre est encore inconnu : de source albanaise, on annonce au moins 50 civils tués dans les régions de Lipkovo, Tetovo et Lljuboten. De source macédonienne, on évoque 12 civils enlevés, exécutés et enterrés dans une fosse commune.

(AIM 25.12) Le 20 décembre, lors d'un incident à un poste de contrôle policier près de Rataje, un homme a été tué et un autre blessé par les policiers. Les autorités ont annoncé que les deux hommes, tous deux Albanais, étaient armés. Les villageois affirment qu'ils étaient désarmés.

2002

(IWPR 24.1) Les partis albanais de Macédoine ont finalement souteni l'appel lancé par l'ancien dirigeant de l'UCK-M, ali Ahmeti, à former un front uni, alors que les partis slaves montrent de leur côté des signes de fragmentation de plus en plus prononcée. Une équipe de coordination pour la fusion des partis albanais devrait être mise sur pieds, comprenant deux représentants de chaque parti : le Parti pour la prospérité démocratique (PDP), le Parti démocratique albanais (DPA) et le Parti démocratique national, ainsi que trois représentants de l'ex-UCK-M, officiellement dissoute. La nouvelle coalition devrait s'appeler l'Alliance Démocratique - Mouvement pour l'intégration. Elle se placerait sousle signe du respect des accords d'Ohrid et militerait pour la démocratisation et de la rénovation de la Macédoine. Parallèlement, les signes de conflits se succèdent au sein des partis slaves : la vice-Premier ministre (modérée) de la VRMO-DPMNE, Dosta Dimovska, en conflit avec les nationalistes "durs" du parti, a ainsi démissionnéà la mi-janvier.

(IWPR 6.2) La confusion règne sur une amnistie gouvernementale pour les anciens rebelles albanais, dont beaucoup n'osent pas revenir dans leurs villes et leurs villages. L'amnistie avait été proclamée en 2000, mais ne touchaient pas tous les combattants de l'UCK-M, ni même leur représentant politique, Ali Ahmeti, rechercé par la police macédonienne. L'amnistie n'était en fait qu'une grâce présidentielle, accordée aux combattants ayant rendu leurs armes le 26 septembre et n'ayantg pas commis de crimes contre des civils innocents, alors qu'il aurait fallu une loi ad hoc, ce que le représentant de l'Union Européenne, Javier Solana, demande au président et au gouvernement. Les Albanais refusent de laisser entrer dans leurs villages les patrouilles de police "multiethniques" prévues par l'accord de paix, tant qu'une loi d'amnistie n'est pas votée. De nombreux anciens combattants de l'UCK-M sont toujours dans le maquis en attente de cette loi, ce qui laisse planer la menace d'une reprise des affrontements armés.

(AIM 12.2) Un "symbole" de la coexistence possible entre les différentes communautés macédoniennes a été agressé, battu et blessé le 29 janvier, en la personne de Pavle Todorowski, créateur et vice-président du "Conseil multiethnique" de Tearce, près de Tetovo, Conseil qu'il avait formé en 2001après les affrontements albano-slaves, pour prouver que les uns et les autres pouvaient vivre ensemble. L'agression semble avoir été commise par un groupe de macédoniens slaves l'accusant de "trahir la Macédoine". Dans un premier temps, la plupart des journaux macédoniens avaient accusé l'UCK-M. Todorowski était un adversaire résolu du ministre de l'Intérieur, Ljube Boskovski, partisan de la "manière forte" avec les Albanais, et qu'il considérait comme un obtscale à la paix.Le Secrétaire général de l'OTAN, george Robertson, a rendu hommage à Todorowski, et lui a rendu visite.

(IWPR 6.9.02) La campagne électorale pour les élections générales du 15 septembre se déroule dans une ambiance tendue, marquée par plusieurs actes de violence, et une menace d'arrestation de journalistes indépendants et militants d'ONG accusés par le pouvoir encore en place de conspiration contre le gouvernement et le parti encore majoritaire, l'ORIM, donné perdant par tous les sondages. Quant aux actes de violence, deux policiers macédoniens ont été tués le 26 août, cinq civils macédoniens ont été pris en otage par un albanais quelques jours plus tard, et deux Albanais ont été tués le 4 septembre.

(Shekulli 19.2) Un accord de libre échange entre la Macédoiune et l'Albanie a été signé, qui abolit théoriquement les contrôles douaniers pour un nombre considérables de produits (ainsi des exportations albanaises, et en partie aussi des exportations macédoniennes, de fruits et légumes et de produits alimentaires, le bétail et les animaux domestiques).

(ATS 16.9) Les électeurs macédoniens ont rejeté le 15 septembre dans l'opposition le vieux parti nationaliste ORIM (VMRO-DPMNE), au pouvoir, en accordant massivement leurs voix au Parti social-démocrate SDSM (formé à partir de l'ancienne Ligue des communistes) et, pour la minorité albanaise, à l'Union démocratique pour l'intégration (UDI), de l'ancien chef de l'UCK-M Ali Ahmeti. Le Premier ministre Liubco Georgievski a admis la défaite de son parti et celle de son allié, le Parti libéral. La coalition "Ensemble pour la Macédoine", formée autour de l'Union sociale-démocrate de Branko Crvenkovski, recueille 40,4 % des suffrages selon ders résultats officieux, la coalition formée autour du VMRO 24,4 % et l'UDI 11,8 %, mais 80 % du vote des Albanais. On note d'ailleurs la lourde défaite de l'autre parti albanais, qui participait au gouvernement, le Parti démocratique (PDSH). La question qui se pose désormais est celle de la formation du nouveau gouvernement : coalition entre les sociaux-démocrates et l'UDI (hypothèse qui a les faveurs de la communauté internationale) ou non.

(Courrier des Balkans 19.9) Le leader de l'Union démocratique pour l'intégration (UDI), Ali Ahmeti, l'un des vinqueurs (avec les sociaux-démocrates) des élections législatives macédoniennes, a appelé les trois autres partis albanais à se rassembler autour de l'UDI (qui a obtenu les trois quarts des suffrages albanais à elle seule), à former une coalition avec elle et à construire "un processus démocratique viable" en Macédoine. Ali Ahmeti a cependant également déclaré que l'UDI n'avait pas encore eu de contacts directs avec les sociaux-démocrates pour la constitution d'une coalition gouvernementale, vivement souhaitée par la communauté internationale.


Montenegro

(AFP 14.3, 15.3, 26.3) La surveillance de la frontière entre l'Albanie et le Monténégro a été "renforcée 24 heures sur 24" a annoncé le 14 mars le ministère de l'Intérieur du Monténégro. Le poste-frontière albanais de Bozaj a été pillé par les insurgés et déserté par son personnel. 130 étrangers, en majorité des diplomates et des membres du personnel d'ambassades scandinaves et d'Allemagne, ont été évacués le 14 mars d'Albanie vers le Monténégro à bord d'hélicoptères de la Force de paix de l'OTAN en Bosnie (SFOR). 40 Albanais armés ont également pris place de force dans les hélicoptères, et ont été désarmés et séparés des autres passagers à leur arrivée à l'aéroport de Podgorica, puis renvoyés le 15 mars en Albanie. 200 réfugiés albanais, en majorité des femmes et des enfants, qui avaient accosté le 24 mars sur le littoral monténégrin faute de pouvoir atteindre l'Italie à cause du mauvais temps, ont été renvoyés en autocars en Albanie par les autorités yougoslaves.

(AFP 31.5) Des centaines de tonnes de fer et autres métaux volés en Albanie sont acheminées quoptidiennement au Monténégro par des trafiquants qui fournissent l'aciérie de Niksic à des prix défiant toute concurrence (75 $ la tonne de fer, 88 $ la tonne de chrome, soit huit fois moins que sur le marché), en organisant une véritable noria de 150 à 200 camions quotidiens. "Les dommages causés à l'économie albanaise par ce trafic sont incalculables", a déclaré le ministre albanais de l'Industrie, Kastriot Shtylla. Des usines entières sont littéralement démontées par les trafiquants, dans les secteurs du pétrole et des mines. Le réseau électrique est également pillé. Une usine de papier de Lezha a été démontée en une semaine et l'ensemble de ses installations vendues au Monténégro; la seule voie ferrée reliant l'Albanie au Monténégro a été démontée sur 3 kilomètres. Des monuments de bronze de Shkodër ont été abattus à la dynamite et découpés. Les trafiquants albanais bénéficient de la "compréhension" de la police monténégrine et de la passivité des douaniers et des policiers albanais.

(AFP, Reuters 8.3) Environ 3500 Albanais de Kosove sont arrivés au Monténégro entre le 6 et le 8 mars, fuyant les affrontements en Kosove, a indiqué le 8 mars l'agence indépendante yougoslave Beta. Ces personnes ont trouvé refuge auprès de membres de leurs familles au Monténégro, ou vit déjà une forte minorité albanaise.

(AFP 28.3, 30.3, 4.4) Après l'échec des pressions internationales sur la Serbie et la Yougoslavie, les acteurs internationaux semblent vouzloir tenter de "jouer" le président du Monténégro, Milo Djukanovic, élu en octobre 1997, contre celui de la Yougoslavie, Slobodan Milosevic. Les autorités de Belgrade n'ont d'ailleurs toujours pas reconnu officiellement la validité de son élection et le Conseil suprême de défense, qui réunit les présidents de Serbie, du Monténégro et de Yougoslavie, ne s'est pas réuni depuis l'élection monténégrine. En décembre 1997, M. Djukanovic avait averti que le Monténégro "n'acceptera plus d'être le satellite d'une autorité centrale" et avait déclaré qu'"à partir de maintenant, au sein de l'Etat fédéral, le Monténégro sera politiquement exactement ce qu'il doit être : 50 % de l'Etat". L'indépendance affirmée du président monténégrin à l'égard de Belgrade a séduit les responsables internationaux : "J'ai trouvé un partenaire en la personne du président Djukanovic", a déclaré le président en exercice de l'OSCE, le ministre polonais des Affaires étrangères Bronislaw Geremek, qui a estimé après s'être entretenu avec Milo Djukanovic qu'un médiateur international devrait parler "en premier lieu" avec le président monténégrin et non avec le président fédéral. Le médiateur américain pour les Balkans Robert Gelbard a également apporté son soutien à M. Djukanovic.: "Le Monténégro semble beaucoup plus en harmonie" que Belgrade "avec les développements en Europe et dans le reste du monde", a ainsi déclaré Robert Gelbard. Le représentant de l'Union européenne a également soutenu le programme du président Monténégrin "pour la démocratie, l'économie de marché et l'avenir de la Yougoslavie au sein de l'Europe". M. Djukanovic a annoncé qu'il allait présenter aux autorités yougoslaves un programme pour une "nouvelle politique" de la RFY, et a expliqué que s'opposaient actuellement "deux conceptions politiques de base" en Yougoslavie, l'une, celle de Slobodan Milosevic et de la direction serbe, qui propose "le maintien de la situation économique et politique actuelle" et qui "pousse inéluctablement la RFY vers le fond", et l'autre, celle de la direction monténégrine, qui est fondée sur "les réformes économiques, la privatisation, la démocratisation du pays et l'ouverture de la RFY au monde", et qui, s'agissant de la question kosovare, soutient les initiatives internationales : "des médiateurs internationaux sont bienvenus, et je dirai même indispensables", a déclaré le président Djukanovic en invitant au Monténégro le représentant spécial de l'OSCE, Felipe Gonzalez. Dans desdéclarations rapportées par la presse serbe le 30 mars, Milo Djukanovic a qualifié Slobodan Milosevic d'"autocrate" détruisant "toutes les institutions yougoslaves" en s'accaparant leurs compétences. Pour le président du Monténégro, ce n'est pas le séparatisme kosovar qui menace la Yougoslavie mais la "déliquescence économique et sociale continue" qui est "le résultat funeste du couple de Dedinje" (Slobodan Milosevic et son épouse Mira Markovic, présidente de la "Gauche yougoslave" néo-communiste. Pour sa part, le Premier ministre du Monténégro, Filip Vujanovic, a accusé Slobodan Milosevic d'avoir manqué à la "décence politique élémentaire" en refusant le 27 mars de recevoir l'émissaire américain Robert Gelbard. Le 4 avril, le président Djukanovic a présenté un plan de réformes globales pour la Yougoslavie et a prévenu que la RFY était menacée d'une catastrophe politique, économique et sociale si le cours actuel était poursuivi. Pour lui, "le danger d'un conflit intérieur devient de plus en plus réel", notamment du fait de la crise en Kosove. Le plan du président monténégrin, intitulé "bases pour un nouveau commencement", est fondé sur l'internationalisation de la vie économique et sociale, les réformes économiques, la privatisation, l'Etat de droit, la justice sociale et la solidarité. M. Djukanovic a en outre qualifié de "sérieux défi aux acteurs internationaux" la proposition de Slobodan Milosevic de tenir un référendum en Serbie sur la médiation internationale dans la crise kosovare. Pour le président du Monténégro, cette proposition "revient à jouer avec le sort du peuple" et risque "d'engendrer une tragédie".

(AFP 14.4) Le président du Monténégro Milo Djukanovic a demandé le soutien de l'Occident pour "barrer la route" à la politique "néfaste" du président yougoslave Slobodan Milosevic, dans un entretien avec l'Agence France-Presse. Milo Djikanovic a demandé "à la communauté internationale" le soutien de ses "efforts visant à constituer un bloc de forces réformistes" et a averti qu'"en tant que représentant du Monténégro", il ne s'efforcerait "pas de prouver (sa) solidarité fraternelles avec le peuple serbe dans le suicide collectif" offert par le président yougoslave. Pour le président monténégrin, Slobodan Milosevic "tarde tragiquement dans ses appréciations et se retrouve souvent en situation de signer (de) nouveaux échecs politiques". Milo Djukanovic, qui reproche à la Serbie de ne pas traiter le Monténégro en partenaire égal en droits, dénonce les "obstructions" de Belgrade à une coopération "pour le bien de notre Etat commun". S'agissant de la Kosove, le président monténégrin reproche à Slobodan Milosevic d'avoir "occulté" le problème pendant dix ans et d'avoir ensuite "choisi de défier irrationnellement le monde entier" au lieu de "coopérer", et plaide pour l'octroi à la Kosove d'une "autonomie maximale sous la surveillance de la communauté internationale", mais se déclare "contre la politique de sanctions" et en faveur d'un encouragement aux partisans des réformes, en particulier en Serbie, où il pourrait tenter de convaincre les leaders rivaux de l'opposition de reconstituer la coalition Zajedno (Ensemble).

(AFP 5.5) Le président du Monténégro Milo Djukanovic a mis en garde le 5 mai contre le danger de guerre en Kosove si un dialogue n'était pas engagé rapidement entre Belgrade et les Albanais, et a assuré que le Monténégro "fera tout son possible afin de prévenir un conflit et trouver une solution pacifique" à la crise. Le président monténégrin a averti que si l'armée yougoslave "venait à être impliquée au Kosovo, le Monténégro demanderait que les soldats monténégrins ne soient pas envoyés dans la province", et a estimé que le président Milosevic finira par accepter une médiation étrangère dans le conflit : "lorsqu'il aura jugé qu'il y va de son intérêt, il opérera un tournant dans sa politique".

(AFP 19.5, Reuters 20.5) Le président yougoslave Slobodan Milosevic s'est attaqué de front au président monténégrin Milo Djukanovic en désignant le 19 mai le principal rival de ce dernier au poste de Premier ministre fédéral, en la personne de Mmir Bulatovic, et ce malgré l'opposition catégorique du président Djukanovic et son annonce qu'il ne reconnaîtrait pas une telle décision. Le 20 mai, les représentants monténégrins au Parlement yougoslave n'ont pas participé à la désignation du nouveau Premier ministre. M. Bulatovic, un fidèle de Slobodan Milosevic, avait été battu en octobre 1997 par M. Djukanovic lors de l'élection présidentielle monténégrine. Le Parlement du Monténégro, réuni le 19 mai, a refusé de reconnaître la destitution du Premier ministre sortant, un autre monténégrin, Radoje Kontic, à qui Slobodan Milosevic reprochait d'être resté neutre dans le conflit entre la Serbie et le Monténégro. Cette destitution intervient à moins de deux semaines des élections législatives monténégrines du 31 mai. Pour le vice-Premier ministre (monténégrin) de Yougoslavie, Vojin Djukanovic, la coup de force de Slobodan Milosevic marque le "début de la désintégration" de la République fédérale, alors que le nouveau Premier ministre fédéral a annoncé que sa priorité serait de sauver la Fédération. Le conflit entre la direction yougoslave et la direction monténégrine, qui se manifestait essentiellement sur le terrain des réformes économiques et sociales proposées par la seconde, s'est également manifesté à propos de la crise en Kosove, les Monténégrins récusant la politique de force de la Serbie et soutenant les positions du Groupe de contact.

(AP, AFP 27.5, 30.5, 31.5) Les élections législatives anticipées du 31 mai au Monténégro vont mettre aux prises les "réformateurs" du président monténégrin Milo Djukanovic et les "conservateurs" partisans du président yougoslave Slobodan Milosevic. Le scrutin a finalement pour enjeu l'avenir même de la fédération yougoslave en déterminant dans une large mesure la composition de la Chambre haute du parlement yougoslave, dont le Monténégro élit la moitié des députés, et qui a un droit de veto sur les décisions de la Chambre basse. Le scrutin monténégrin sera dominé par la lutte entre Le Parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic, qui a appelé à la création d'un front réformiste dans toute la Yougoslavie, et le Parti socialiste populaire (SNP) de Momir Bulatovic, fidèle de Slobodan Milosevic, qui accuse son adversaire de "trahison", de collusion avec l'Occident, de contrebande et de faire le jeu des séparatiste albanais de Kosove. Momir Bulatovic a annoncé qu'il allait proposer au parlement fédéral de fusionner les services de sécurité yougoslaves, serbes et monténégrins, ce qui permettrait à Belgrade de contrôler toutes les polices politiques de la fédération. 15 autres formations sont en lice. 150 observateurs de l'OSCE suivront le scrutin, qui a lieu à la proportionnelle et auxquels se présentent 709 candidats, pour 78 sièges Des élections municipales sont organisées parallèlement aux législatives. Les derniers sondages donnent les "réformateurs" de Milo Djukanovic vainqueurs avec 42 % des intentions de vote (et 34 sièges) contre 30 % (et 30 sièges) aux "conservateurs" de Momir Bulatovic, 9 sièges aux libéraux et 5 sièges aux partis albanais. Momir Bulatovic serait essentiellement soutenu par les électeurs des régions limitrophes de la Serbie, Djukanovic par les électeurs du centre et de la côte. Des rumeurs de coup de force serbo-yougoslave, préventivement ou consécutivement à une défaite des partisans de Slobodan Milosevic, circulent. Le quotidien "Politika" (pro-Milosevic" a mis en garde le 30 mai contre "des succès politiques" obtenus "contre la volonté du peuple" par "certains criminels" aidés par "des visiteurs" étrangers et mettant "en péril la Yougoslavie et la sécurité du peuple". Après avoir voté, Momir Bulatovic a déclaré que son parti ne "reconnaîtrait le résultat du vote que si le scrutin est équitable et honnête". Seule une majorité relative des Monténégrins (moins de 50 %) souhaiteraient, selon un sondage de l'institut Damar, le maintien du Monténégro dans la Yougoslavie.

(AP, Reuters, AFP 31.5) Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures du matin et ont fermé à 20 heures au Montéénégro. 423'000 électeurs étaient convoqués aux urnes. 34'000 personnes ont été exclues des lites électorales faute d'avoir pu présenter des papiers d'identité. La participation électorale a été forte (45 % à 14 heures), aucun incident n'a été signalé.

(Reuters 1.6) La coalition "Pour une vie meilleure" emmenée par le président Milo Djukanovic a remporté les élections législatives en obtenant 49,5 % des suffrages, 42 sièges et la majorité absolue des 78 sièges de la Chambre. Les partisans de Momir Bulatovic (c'est-à-dire de Slobodan Milosevic) ont obtenu pour leur part 36 % des suffrages et 28 sièges. L'Alliance libérale obtient 6 % des suffrages, les petites formations (notamment albanaises) se partageant le reste. Libéraux et Albanais devraient soutenir le président Djukanovic. Le bon déroulement des élections a été salué par les observateurs de l'OSCE. Le seul incident notable a été une fisullage dans un bar du centre de Podgorica, un homme ayant tiré sur cinq partisans de Djukanovic. La coalition présidentielle pourra former seule le gouvernement du Montenegro. Le nouveau parlement désignera en outre de nouveaux représentants de la République à la Chambre haute de la Fédération yougoslave, où les représentations serbe et monténégrine sont à parité. On estime que la victoire de Djukanovic pourrait lui permettre de prévenir les manoeuvres duz président Milosevic et ses projets de centralisation. Les pays occidentaux se sont félicités de ce résultat, y voyant "un pas vers la construction de la démocratie" en Yougoslavie selon le département d'Etat américain et le ministre allemand des Affaires étrangères.

(AP 4.6) Des centaines de Kosovars fuyant les combats dans l'ouest de la Kosove se sont réfugiés les 3 et 4 juin dans la région de Plav. Contrairement à ce qui semble être le cas des Kosovars fuyant en Albanie, et que les forces serbes laissent passer, ceux qui se dirigent vers le Monténégro sont fréquemment empêchés de s'y rendre, ou contraints de payer leur passage aux barrages serbes. Du 12 mars au 4 juin, 313 Kosovars ont été enregistrés dans la seule localité de Plev par la section locale de l'Union démocratique des Albanais du Montenegro.

(AP 12.6) Le Haut Commissariat des Nations-Unies aux réfugiés a annoncé le 12 juin que 350 personnes par jour passaient de Kosove au Monténégro. Pour un tiers d'entre eux, il s'agit de Serbes, notamment d'objecteurs et de réfractaires.

(AP 26.8) Le président du Montenegro, Milo Djukanovic, a à nouveau préconisé, lors d'un congrès de "décideurs" politiques, économiques et culturels internationaux se tenant à Alpbach en Autriche, que le Monténégro s'"éloigne" de la politique yougoslave, "quii est un échec", et de "ceux qui en sont les auteurs". Depuis le 3 août, le gouvernement monténégrin a rompu tout contact avec le gouvernement fédéral yougoslave, et l'hypothèse d'un référendum sur l'indépendance du Monténégro a été évoquée.

(AFP 12.9, 13.9) Environ 11'000 nouveaux réfugiés albanais fuyant les combats en Kosove sont arrivés à Plav, dont 5000 entre le 11 et le 13 septembre. Le Monténégro héberge déjà 45'000 réfugiés kosovars, selon les chiffres de la Croix-Rouge locale. Dans la seule ville d'Ulcinj, sur la côte adriatique, les réfugiés sont plus de 17'000 (plus nombreux que les résidents). Les nouveaux arrivants, parmi lesquels beaucoup d'enfants et de personnes âgées, sont épuisés et manquent de médicaments. Plusieurs milliers d'autres personnes seraient encore dispersées dans les montagnes à la frontière entre la Kosove et le Monténégro, dont le gouvernement a fait savoir le 11 septembre qu'il n'avait plus de "possibilités objectives" d'accueillir de nouveaux réfugiés, et qu'il appelait "ceux qui s'ypprêtent à venir au Monténégro à y renoncer". Il a appelé "les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités qui provoquent des déplacements de population".

(AFP 14.9) Plusieurs milliers de réfugiés kosovars ont été bloqués à la frontière entre la Kosove et le Monténégro par la décision monténégrine de fermer la frontière. De source albanaise, on annonce qu'environ 2000 personnes se trouvaient bloquées dans les gorges de Rugova. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a demandé au président monténégrin Milo Djukanovic de "rouvrir le passage frontalier". Les autorités monténégrines ont annoncé qu'elles avaient évacué le 13 septembre environ 3000 réfugiés kosovars vers l'Albanie, et empêché 5000 réfugiés kosovars d'entrer au Montenegro, dont le gouvernement considère qu'il ne peut plus accueillir de nouveaux réfugiés après en avoir déjé accueilli 45'000 (qui s'ajoutent aux 30'000 réfugiés de Bosnie et de Croatie), pour une population totale de 650'000 habitants. L'Union démocratique albanaise (parti albanais du Montenegro) dénonce une "mesure contraire à la convention de Genève et aux autres documents internationaux concernant les droits de l'Homme".

(AFP 28.9) Des réfugiés kosovars continuent d'arriver au Montenegro, dans les régions frontalières de la Kosove, où par ailleurs la population albanaise est déjà nombreuse (voire majoritaire). A Rozaje, la population totale a augmenté d'un tiers en quelques semaines, à Plav elle a augmenté de moitié et dans l'ensemble du Montenegro, les réfugiés kosovars représentent déjà 12 % de la population totale. Le président montenegrin Milo Djukanovic accuse le régime serbe et la présidence yougoslave de pousser le plus grand nombre possible de réfugiés vers le Montenegro pour le déstabiliser. Milo Djukanovic n'en a pas moins assuré le 27 septembre le Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés Sadako Ogata qui lui demandait de rétablir le libre accès à son territoire, suspendu le 11 septembre, que cette mesure "serait mise en pratique avec une grande souplesse et en tenant compte des cas particuliers". Des collaborateurs du HCR ont fait état d'une nervosité croissante des policiers monténégrins à l'égard des réfigués kosovars.

(AFP 5.10) Le président monténégrin Milo Djukanovic a dénoncé le 5 octobre "le comportement irresponsable et le faux patiotisme" des dirigeants de Belgrade, et plaidé pour "une action politique rapide et claire, qui fera réfléchir les créateurs de la politique mondiale avant de passer à l'acte contre notre pays" (la Yougoslavie). Le président Djukanovic a appelé le président yougoslave Slobodan Milosevic à s'engager puvliquement à remplir les exigences de la résolution 1199 du Conseil de sécurité de l'ONU, et a dénoncé l'absence "d'initiative sérieuse et convaincante" pour un "compromis politique" permettant d'é"éviter un conflit avec le monde entier", dont des innocents paieraient le prix alors que "les Albanais du Kosovo auront une autonomie" de toutes façons. Milo Djukanovic a suggéré à Slobodan Milosevic d'autoriser des représentants internationaux à venir s'assurer sur place que les opérations des forces serbes ont cessé en Kosove et que "les forces anti-terroristes ont été ramenées à leur niveau du temps de paix". Il a demandé que des experts légistes étrangers puissent venir enquêter sur les crimes commis contre la population civile en Kosove, que des représentants de la Croix-Rouge internationale et du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU organisent le retour des réfugiés et que des missions internationales puisse observer la situation "librement et sans restrictions". Il a enfin réaffirmé la position du Monténégro sur la Kosove, "partie intégrante de la Serbie et de la Yougoslavie", mais pour laquelle "il faut tout faire" pour qu'elle "s'intègre réellement à la vie sociale du pays". Dénonçant à la fois le terrorisme et "un anti-terrorisme unilatéral, démesuré et non sélectif (...) qui attise la méfiance et la haine mutuelles", il a attribué les problèmes yougoslaves à "l'absence de démocratie", et en a donné comme exemple le fait que les députés monténégrins de sa coalition n'avaient pas été invités à la session du Parlement yougoslave consacrée à la question kosovare, alors que ceux de l'opposition monténégrine, dirigée par un fidèle de Slobodan Milosevic, y avaient été invités.

(AP 1.11) Le président du Monténégro, Milo Djukanovic, a pris le 1er novembre la tête du parti au pouvoir à Podgorica, le Parti démocratique socialiste. Il dirigeait déjà de facto le parti depuis la scission des partisans de Slobodan Milosevic, et a été élu à la présidence du parti lors de son congrès, tenu les 31 octobre et 1er novembre. Le Premier ministre et le chef du Parlement du Monténégro ont été élus à la vice-présidence. Milo Djukanovic a dénoncé la "tyrannie du régime autocratique" de Slobodan Milosevic et a assuré que le Monténégro continuerait de résister à la domination serbe et à gérer ses affaires de manière indépendante. Il a également assuré de son "attachement" à la Yougoslavie, mais en précisant que "toutes les possibilités d'une transformation démocratique de l'Etat fédéral (yougoslave) n'ont pas été épuisées". Le congrès a adopté une "déclaration sur le Monténégro et la Yougoslavie" dans laquelle il affirme que "la Yougoslavie doit être gérée par des lois et non pas par des individus qui se placent au-dessus des lois".

1999

(AFP 31.1) Le Monténégro a exprimé le 31 janvier le souhait d'être associé aux négociations sur la Kosove afin d'éviter une "déstabilisation constitutionnelle" de la Fédération yougoslave et du Monténégro lui-même. Le président du parti démocratique des socialistes (au pouvoir), Miodrag Vukovic, a affirmé que le Monténégro "n'acceptera absolument pas un changement de sa position constitutionnelle", et le vice-président du parlement, Predrag Popovic, a déclaré que si la Kosove se voyait accorder un statut modifiant celui du Monténégro, "cela marquerait la fin de la Yougoslavie fédérale".

(AP 10.3) Les relations entre le Monténégro et la Serbie au sein de la Fédération yougoslave ont atteint "*un point critique", a déclaré le 10 mars le président monténégrin Milo Djukanovic, qui accuse Slobodan Milosevic de "manipuler les sentiments patriotiques" des Monténégrins, Milosevic accusant pour sa part Djukanovic de "trahison" pour avoir appelé à la signature du plan de paix sur la Kosove. "Le régime de Belgrade maintient le climat d'hostilité contre tout le monde démocratique. La guerre contre le monde entier ne mènera pas seulement à la perte du Kosovo, mais aussi à la perte de la Yougoslavie", a prédit Milo Djukanovic.

(AP 4.3.1999) Le Montenegro a décidé le 4 mars, sans consulter la Serbie avec laquelle il forme la République fédérale de Yougoslavie, de supprimer les visas d'entrée sur son territoire du 15 mars au 15 octobre, avec reconduction possible de la mesure.

(AFP, AP 25.3) Les raids de l'OTAN sur le Monténégro pourraient y encourager les vélléités sécessionnistes. Le gouvernement monténégrin espérait que sa prise de distance d'avec Belgrade laisserait le pays hors du champ des bombardements, mais tel n'a pas été le cas. Le 24 mars, à la télévision, le président Djukanovic a dénoncé la "polirique insensés de confrontation avec le monde entier" menée par Slobodan Milosevic, et affirmé que le Monténégro était "aujourd'ui la seule voix de la raison dans (la) région". Le président monténégrin a demandé au président yougoslave de changer de politique, et a appelé les Monténégrins à ne pas s'affronter entre eux. Pour leur part, les USA (qui mènent l'essentiel des bombardements sur le Monténégro) ont mis en garde le président Milosevic contre "toute tentative de renverser le gouvernement démocratiquement élu" du Monténégro, ou d'y "créer l'instabilité politique", ce qui conduirait "à une escalade du conflit avec l'OTAN", a averti la Secrétaire d'Etat Madeleine Albright. La représentante du Monténégro aux USA, Zorica Maric, a de son côté exprimé la crainte que si les bombardements continuent, ils "sapent le soutien du peuple" au gouvernement anti-Milosevic du Monténégro.

(AP 27.3) Le Monténégro a annoncé le 27 mars son intention de maintenir ses relations diplomatiques avec les USA, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, deux jours sprès que la Yougoslavie ait annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec ces mêmes pays, engagés dans les bombardements de l'OTAN contre la Yougoslavie.

(AFP 30.3) L'afflux de réfugiés se poursuit au Monténégro, où plus de 30'000 Kosovars sont arrivés du 27 au 30 mars et où 40'000 autres sont attendus à bref délai, s'ajoutant aux 20'000 Kosovars déjà sur place (et aux 30'000 réfugiés de Croatie et de Bosnie). Près du quart de la population totale du Monténégro serait ainsi composé de réfugiés, et près du sixième de réfugiés Kosovars, déséquilibrant la composition "éthnique" du Monténégro (7 % d'Albanais, sans compter les réfugiés) et le plongeant dans la vrise économique, alors que la République ne compte que 100'000 salariés (dont un tiers sont payés par l'Etat et un cinquième sont au salaire minimum -30 dollars) pour 80'000 retraités et 68'000 chômeurs. La valeur du DM, monnaie de référence pour les prix à la consommation, a doublé en quelques jours par rapport au dinar, monnaie dans laquelle les salaires sont payés, Le ministre monténégrin des Affaires étrangères a sollicité l'aide de la communauté internationale pour installer des camps capables d'accueillir 50'000 personnes, et le président monténégrin Milo Djukanovic a lancé le 30 mars un appel pressant à l'OTAN pour lui demander de cesser ses raids contre la Yougoslavie, qui non seulement n'ont "rien résolu" mais au contraire "éloignent d'une solution".

(Reuters 31.3) Chaque bombe de l'OTAN tombant sur le Monténégro menace son fragile début de démocratie, estiment observateurs et responsables politiques monténégrins. Le Monténégro avait réussi jusqu'à l'offensive de l'OTAN à se tenir à l'écart des conflits balkaniques depuis 1989, et avait, depuis 1998, renforcé ses relations avec l'Occident. Les bombardements de l'OTAN sur des sites stratégiques (ou supposés tels) au Monténégro pourraient remettre en cause cette évolution, Les USA ont averti le 30 mars Belgrade que toute tentative de renversement du gouvernement monténégrin ne ferait qu'aggraver la guerre, et le président monténégrin, Milo Djukanovic, a déclaré qu'il y avait "un danger sérieux et authentique de disparition" du Monténégro comme Etat, "emporté dans les violences". Milo Djukanovic a appelé ses partisans comme ses adversaires au calme, mais a refusé de reconnaître la déclaration yougoslave d'état de guerre. Il a même menacé les Monténégrins de licenciement s'ils désertaient leur emploi pour répondre à l'appel à la conscription dans les rangs de l'armée yougoslave, dont la Deuxième armée (10'000 hommes) est stationnée au Monténégro, où, dans l'hypothèse d'un conflit avec Belgrade, elle aurait à faire face à 10'000 policiers fidèles au régime (mais moins bien armés et équipés). Selon le dernier recensement effectué au Monténégro, en 1991, 61,7 % de la population est "monténégrine", c'est-à-dire slave mais non serbe, 9,3 % est "serbe", 14,5 est "musulmane" et 6,5 % est "albanaise".

(AFP 2.4) Le limogeage, le 1er avril par Slobodan Milosevic, de huit généraux, dont le commandant de la Deuxième Armée fédérale yougoslave, le général Martinovic, couvrant le Monténégro, inquiète les dirigeants monténégrins, à l'insu desquels il a été opéré. Pendant ce temps, des milliers d'adversaires du président Djukanovic (et donc de partisans du président Milosevic) manifestent quotidiennement à Podgorica pour condamner les frappes de l'OTAN, laquelle s'est déclarée "très inquiète" du risque d'un putsch militaire au Monténégro, qui selon elle aurait "des conséquences imprévisibles". L'"état de guerre" a été proclamé en Yougoslavie sans que le Conseil suprême de défense, dont fait partie le président Djukanovic, se ne soit jamais réuni, et le Monténégro a regusé de souscrire à cette décision priose sans lui. Il a en revanche appelé tous les salariés de la République à se rendre régulièrement sur leur lieu de travail et de ne pas se laisser mobiliser.

(Le Monde 3.4, AFP 4.4) Les dirigeants réformistes du Monténégro soupçonnent le président yougoslave Slobodan Milosevic de vouloir profiter de l'état de guerre entraîné par les bombardements de l'OTAN pour remettre au pas leur république avec l'aide de l'armée. Le président Milosevic a limogé le 1er avril huit généraux de la deuxième armée, stationnée au Monténégro, à l'insu du président monténégrin Milo Djukanovic. L'OTAN s'est déclarée "très inquiète" d'un possible putsch militaire au Monténégro. Cette inquiétude a également été exprimée par les USA, la France et la Grande-Bretagne. Les USA ont prévenu le président Milosevic que si des forces étaient transférées de Serbie au Monténégro, l'OTAN lancerait "des attaques encore plus intensives qui viseront tout particulièrement ces forces".

(AFP 8.4) L'armée yougoslave tente avec insistance de s'imposer au Montenegro, dont le président refuse de souscrire à l'état de guerre avec l'OTAN décrété par Belgrade. Depuis le 7 avril, les unités de l'armée fédérale stationnées au Montenegro sont sorties de leurs casernes et se sont déployées sur le territoire monténégrin, y compris dans la capitale, Podgorica. Le 1er avril, huit généraux ont été limogés par le président Milosevic, qui a mis l'un de ses fidèles à la tête de la 2ème armée (qui couvre le Monténégro), le général Milorad Obradovic. L'OTAN s'est déclarée "très inquiète" du risque de putsch militaire "pro-Milosevic" au Montenegro. le général Obradovic a exigé du président Monténégrin qu'il applique les ordres de Belgrade, notamment en ce qui concerne la mobilisation des hommes en âge de combattre et le placement de la police du Monténégro sous les ordres de l'armée fédérale. Le président Djukanovic a refusé d'obtempérer et les autorités monténégrines ont au contraire mobilisé toutes leurs forces de police disponibles, soit près de 15'000 hommes, pour les déployer autour des principales institutions et des bâtiments publics.

(Le Monde 12.4) Le président du Monténégro, Milo Djukanovic, a prévenu Belgrade, dans un entretien publé le 12 avril par le "Daily Telegraph" britannique, que toute tentative de renversement du gouvernement monténégrin par la Serbie polongerait le Monténégro dans la guerre civile.

(AP 14.4.99) La tension et le ton sont montés entre le Monténégro et la Serbie, après que le gouvernement monténégrin ait prévenu la Serbie qu'il était prêt à répliquer à une attaque militaire ou une tentative de coup d'Etat : "la police est prête à défendre le Monténégro", a déclaré le ministre de l'Intérieur Vukasin Maras, qui dénonce "la terreur juridique, économique et sociale de Belgrade", qui s'ajoute aux bombardements de l'OTAN contre la Yougoslavie, qui n'épargne pas le Monténégro. La police monténégrine compte 10'000 hommes armés, et l'armée fédérale yougoslave 15'000 hommes au Monténégro. Plusieurs manifestations ont eu lieu le 12 avril contre l'armée fédérale, à Cetinje et à Bar.

(ATS 16.4) Le Monténégro exige l'arrêt des bombardements de l'OTAN et appelle la Serbie à relancer le processus de paix en Kosove. La guerre et l'afflux de réfugiés ont un effet déstabilisant, a indiqué le cabinet du président Djukanovic. Le Monténégro refuse de reconnaître l'état de guerre proclamé par Belgrade, mais il est tout de même bombardé par l'OTAN. Le 15 avril, les environs de la capitale monténégrine, Podgorica, et le port de Bar ont été bombardés.

(AFP 17.4) Le président du Monténégro, Milo Djukanovic, a mis en garde le 16 avril contre les risques d'embrasement des Balkans, et exhorté à la fois Belgrade à "accepter les initiatives de paix" et l'OTAN a arrêter ses frappes. Le Monténégro "soutient tout effort tendant à rétablir la paix", qu'il vienne de Moscou ou de Bonn, du Vatican ou des Nations Unies", a affirmé le président Djukanovic, qui a demandé à la Serbie de "cesser de défier le monde en exposant la vie des autres" et à l'OTAN d'"arrêter ses bombardements brutaux".

(AP 22.4, Courrier des Balkans 23.4) Plus de 10'000 personnes ont manifesté le 22 avril à Podgorica leur soutien à la Serbie et leur condamnation de l'"agression" de l'OTAN, à l'appel du Parti socialiste populaire (SNP) "pro-Milosevic" de Momir Bulatovic (Premier ministre fédéral yougoslave). La manifestation a eu lieu sous étroite surveillance de la police du Monténégro, fidèle au Président monténégrin Milo Djikanovic, lequel craint une manoeuvre de déstabilisation de son gouvernement par les partisans de Slobodan Milosevic. Les manifestants ont exigé que la police macédonienne soit placée sous les ordres de l'armée yougoslave. Le 21 avril, une manifestation du même genre a eu lieu à Niksic. Le 23 avril, Momir Bulatovic a menacé : "si la police monténégrine n'accepte pas de se placer sous l'autorité de l'Armée yougoslave, la guerre civile est inétivable au Monténégro". Le Premier ministre monténégrin Filip Vujanovic a quant à lui rappelé les positions du gouvernement monténégrin : arrêt des frappes de l'OTAN, engagement de la Serbie et de la Yougoslavie dans un processus de négociation, attachement à la paix civile, à la tolérance éthnique et religieuse au monténégro, demande d'aide humanitaire internationale. L'UNICEF a annoncé une aide d'un demi-million de dollars destinée aux réfdugiés kosovars, mais le ministère fédéral yougoslave des affaires sociales a refusé que l'aide humanitaire soit déchargé à Bar (Monténégro). Les autorités fédérales yougoslaves entendent contrôler toute l'aide humanitaire pénétrant en RFY, et lui ont ouvert un seul point de passage, à la frontière hongroise. De grands stocks humanitaires, notamment alimentaires, sont bloqués dans les douanes de Bar.

(AFP, Courrier des Balkans 23.4) L'afflux en Albanie de Kosovars réfugiés au Monténégro se poursuit depuis le début de la semaine au rythme d'environ 1500 personnes par jour et le HCR s'attend à ce que ce mouvement se poursuive. La tension qui règne au Monténégro entre l'armée fédérale yougoslave et la police monténégrine contribue à pousser des milliers de Kosovars à fuire le Monténégro, où environ 65'000 Kosovars sont encore réfugiés. 6337 réfugiés ont été enregistrés à Podgorica le 23 avril. Près de 1200 nouveaux réfugiés sont arrivés à Rozaje le 21 avril, où 13'000 réfugiés se trouvaient déjé. Six Kosovars ont été tués le 19 avril à Rujova, des civils selon les réfugiés, des combattants de l'UCK selon les autorités yougioslaves. En outre, les bombardements de l'OTAN sur le Monténégro. amplifient le mouvement d'exode

(Alternativna informativna mreza, 23.4) Un communiqué du Commandement suprême de l'armée fédérale yougoslave informe que "de la façon la plus opportune, en fonction des besoins, les unités seront envoyées d'un bout à l'autre du champ de bataille yougoslave", ce qui laisse supposer que des recrues monténégrines pourraient être envoyées en Kosove. Dans les milieux monténégrins opposés à Slobodan Milosevic, on estime que cette mesure n'obéirait à aucune logique militaire (le Monténégro ne compte que 24'000 soldats et réservistes, et l'armée fédérale yougoslave dispose déjà de 150'000 hommes en Kosove), mais pourrait être utilisée comme "punition" des personnes "politiquement non conformes", qui seraient alors expédiées là où il y a le plus de danger.

(Courrier des Balkans 26.4, 28.4, 2.5) Selon le représentant régional du HCR en Albanie, 1500 personnes franchissent chaque jour le poste-frontière de Bozaj, en provenance du Monténégro, afin de se réfugier en Albanie. La peur de voir le Monténégro basculer dans la guerre civile n'est pas étrangère à ces départs vers l'Albanie. Chaque nuit, près de 300 personnes tentent en outre de traverser l'Adriatique à destination des côtes italiennes. Les réfugiés continuent cependant d'arriver de Kosove. 45'000 réfugiés kosovars sont présents à Ulcinj, dont 35'000 sont arrivés depuis les frappes de l'OTAN. Plus de 3000 réfugiés sont enregistrés à Niksic, dont un peu moins de 800 sont arrivée depuis le début des frappes. Un nouveau camp de réfugiés géré par Médecins sans Frontières-France devrait être installé près d'Ulcinj. Le HCR a salué le 28 avril l'accueil des réfugiés kosovars par le Monténégro : "Les réfugiés représentent au moins 15 % de la population totale du pays et le gouvernement a toujours fait preuve d'une coopération exemplaire", a déclaré le représentant du HCR. Selon la Croix-Rouge monténégrine, 130'000 réfugiés et déplacés se trouvaient au Monténégro le 30 avril, sans compter les réfugiés et déplacés serbes et croates qui y sont depuis plusieurs années.

(Courrier des Balkans 26.4) Malgré la demande pressante des autorités du Monténégro de voir le pays être épargné par le blocus pétrolier occidental à l'encontre de la Yougoslavie, le Monténégro s'apprête à devoir vivre sur ses réserves, qui pourraient satisfaire les besoins de deux mois -du moins si les autorités yougoslaves ne font pas main basse dessus. A la frontière albanaise, les contrebandiers se préparent à une reprise de leurs activités, tout en craignant des contrôles de l'OTAN côté albanais.

(Courrier des Balkans 28.4) 2000 habitants musulmans de Bjelo Polje, à la frontière serbe, ont quitté la commune en direction de la Bosnie. Bjelo Polje, 6000 habitants, accueille 2000 réfugiés albanais de Kosove et un nombre indéterminé de Serbes fuyant les frappes de l'OTAN.

(AIM 29.4) Plus de 500 réservistes de l'armée yougoslave venus de Cacak le 26 avril ont été affectés dans les unités d'infanterie de marine pour "défendre la côte monténégrine d'une éventuelle agression de l'OTAN", et sont arrivés à Bar. 1000 autres réservistes de l'armés fédérale ont été affectés ailleurs au Monténégro, y compris dans la zone démilitarisée de la Prevlaka. Il semble que l'armée fédérale yougoslave envoie de plus en plus systématiquement ses réservistes serbes au Monténégro et ses réservistes monténégrins au Sandjak et en Kosove

(Courrier des Balkans 2.5) Le village de Murino a été frappé les 29 et 30 avril par les bombes de l'OTAN,Podgorica touchée le 30 avril, la ville de Plav privée de courant électrique le 1er mai, les installations de télécommunication installées dans les environs de Cetinje visées dans la nuit du 1er au 2 mai. Six civils, dont deux kosovares de 10 et 12 ans, ont été tuées dans le bombardement de Murino le 29 avril.

(Courrier des Balkans 2.5, 8-5) Selon le commandement de la 2ème armée yougoslave, stationnée au Monténégro, des combattants de l'UCK seraient présents à Rozaje et y enregistreraient les réfugiés.Le quotidien pro-Milosevic "Dan" a accusé le 8 mai le gouvernement monténégrin de complaisance à l'égard de l'UCK.

(Courrier des Balkans 2.5, 6.5, 7.5, 8.5) Selon la Croix rouge monténégrine, 130'000 réfugiés et déplacés de Kosove, de Croatie et de Serbie se trouvaient le 1er mai au Monténégro. Le 6 mai, la Croix-Rouge de Niksic a annoncé que ses magasins étaient vides et ses stocks épuisés. 1275 réfugiés de Kosove sont enregistrée à Niksic. Par ailleurs, le blocage du port de Bar par la marine de guerre yougoslave depuis le 1er mai rend pratiquement impossible l'arrivée de l'aide humanitaire au Monténégro (et, en outre, menace les activités de l'usine d'aluminium de Podgorica). Un cargo a cependant pu quitter le port le 8 mai. Des stocks importants d'aide humanitaire sont toujours bloqués à Bar. Le ministre monténégrin des Affaires étrangères a dénoncé le blocage des ports de la République par la Marine yougoslave et demandé une aide internationale pour faire face à la crise des réfugiés. L'Union européenne va débloquer une aide de 13 millions d'euros (env. 20 mios FS) pour le Monténégro

(AP 3.5, Courrier des Balkans 4.5) Le Parti populaire socialiste monténégrin (partisan de Slobodan Milosevic) demande au gouvernement du Monténégro, qui a proclamé sa neutralité dans le conflit des Balkans (ce qui n'a pas empêché le Monténégro d'être bombardé par l'OTAN) de reconnaître l'armée fédérale yougoslave comme "seule autorité militaire du pays", dans un projet de résolution des élus pro-Milosevic, qui estime même que l'armée fédérale devrait contrôler "toutes les institutions et les ressources humaines du pays dans le cas d'une guerre".

(Courrier des Balkans 8.5) Le président Djukanovic a déclaré le 7 mai à l'"Independant" que "l'indépendance du Monténégro est inévitable si Milosevic reste au pouvoir", tant "les différences de vue sur l'avenir de l'Etat (sont) grandes entre le Monténégro et la Serbie"

(Courrier des Balkans 9.5) Une colonne d'environ 1500 réfugiés est arrivée le 9 mai à Rozaje, en provenance de Pec, et 4000 à 5000 autres personnes seraient en marche de Pec vers Rozace, où la mairie s'est dite incapable d'assurer l'accueil de ces nouveaux réfugiés dans des conditions satisfaisantes.

(Courrier des Balkans 11.5, 13.5) Le blocus du port de Bar par la Marine yougoslave a été levé le 10 mai, mais des ferries étaient toujours bloqués dans le port le 13 mai, faute d'avoir obtenu l'autorisation de naviguer des autorités fédérales.

(Courrier des Balkans 11.5) Plusieurs de centaines de réfugiés arrivent à nouveau chaque jour à Rozaje, en provenance de la région de Pec. Par exception à la "règle" générale de l'exode des Kosovars, la plupart de ces réfugiés sont des hommes, qui expliquent que les forces serbes acceptent le départ des femmes et des enfants en Albanie contre rançon de 25'000 DM (environ 20'000 FS) par convoi de dix tracteurs, mais que les hommes doivent s'enfuir à pied vers la Monténégro sous protection de l'UCK. Il est cependant vraisemblable qu'une bonne partie de ces "réfugiés" sont en fait des combattants de l'UCK, dont certains repartent vers l'Albanie.

(Courrier des Balkans 12.5, 13.5) L'armée yougoslave a affirmé le 12 mai avoir saisi une importante quantité d'armes, dont des mortiers et des lance-roquettes, à la frontière entre le Monténégro et la Kosove, près du mont Cakor, entre Murino et Pec, où l'UCK tenait côté kosovar d'importantes positions. Par ailleurs, l'armée fédérale a renforcé sa position dans le village de Bogaje, entre Berane et Rozaje, où la police monténégrine a également établi un important point de contrôle.

(ATS 13.5, 14.5) Les adversaires "pro-Milosevic" du président Djukanovic ont engagé une procédure en vue de sa destitution pour avoir selon eux violé la Constitution Yougoslave en se rendant en Allemagne et en France, pays participant aux opérations militaires de l'OTAN contre la Yougoslavie. Le PSP de Momir Bulatovic reproche également à Milo Djukanovic d'avoir violé la constitution en acceptant d'assister en observateur à une conférence sur la stabilité dans les Balkans, le 27 mai. Le 13 mai, la télévision serbe a accusé Milo Djukanovic et le chef du Parti démocratique serbe Zoran Djindjic de "trahison" et de "collaboration avec l'agresseur".

(ATS 14.5) Le président Djukanovic a déclaré à Paris, à l'issue d'une rencontre avec son homologue français Jacques Chirac, qu'il souscrivait aux conclusions de la réunion ministérielle du "G8" prévoyant notamment le déploiement d'une force de paix en Kosove, et qu'il considèrait que ces conclusions "doivent être mises en oeuvre de la manière la plus rapide qui soit et qu'une résolution doit être votée par le Conseil de sécurité des Nations Unies".

(Monitor 14.5) Selon le quotidien "Monitor", le Monténégro "est frappé d'une épidémie de procès militaires" conduits par les autorités fédérales yougoslaves, malgré le refus du Monténégro de reconnaître l'état de guerre, contre des personnes qui refusent de se laisser incorporer dans l'armée fédérale, ou d'y porter des armes, refus puni selon le code pénal yougoslave d'une amende ou de trois ans de prison au maximum en temps de paix, ou de un à dix ans de prison en temps de guerre ou de menace de guerre. Les tribunaux militaires sont organisés auprès du Commandement de la IIème armée yougoslave et des commandements des circonscriptions militaires et de la marine.

(ATS 16.5) L'armée yougoslave a fermé le 15 mai le poste-frontière entre le Monténégro et l'Albanie et arrêté 25 réfugiés kosovars qui tentaient de quitter le Monténégro. Les points de passage avec la Bosnie ont également été bouclés.

(Courrier des Balkans 14.5, 15.5) A l'issue d'entretiens avec le président et le Premier ministre français Jacques Chirac et Lionel Jospin, le président Djukanovic a rappelé que le Monténégro condamnait la politique de Slobodan Milosevic et soutenait le plan du "G-8" pour le réglement de la crise en Kosove, mais tenait également à rester membre de la Fédération Yougoslave. Le président monténégrin a rappelé que le Monténégro était prêt à s'engager pour la démocratisation de la Yougoslavie en soutenant toutes les forces de l'opposition serbe, mais a nié qu'un accord ait été passé avec elles. Il a également demandé aux ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne un "soutien plus visible" au Monténégro, que celui-ci soit épargné par les sanctions touchant la Yougoslavie et qu'il soit inclus dans le Pacte de stabilité européen. Le président français a invité le Monténégro à participer à la prochaine conférence balkanique et a fait l'éloge du "modèle monténégrin d'une politique multi-éthnique, démocratique et réformiste dans les Balkans".

(Monitor 14.5) Le Tribunal militaire de la Deuxième armée yougoslave, stationnée au Monténégro, a lancé un mandat d'arrêt contre le fondateur de l'hebdomadaire "Monitor" et de la radio "Antenna M", Miodrag Perovic, et contre le rédacteur de la radio "Free Monténégro", Nebosja Redzic. La diffusion de "Monitor" a été interdite en Serbie, et son fondateur est accusé d'"infraction au renom de la République fédérale de Yougoslavie" et d'"entrave à la lutte contre l'ennemi", ainsi que de s'être "moqué de l'Armée fédérale", d'avoir tenter de diassuader les monténégrins de "lutter contre l'ennemi". Les autorités du Monténégro ont protesté contre les tentatives yougoslaves "d'entraver le travail d'un media au Monténégro, à moins qu'une décision du tribunal ne reconnaisse que ce media appelle à la destruction violente de l'ordre constitutionnel, porte atteinte à l'intégrité territoriale de la République ou incite à la haine nationaliste ou religieuse".

(Courrier des Balkans 17.5) Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont décidé le 17 mai de faire une place au Monténégro dans le pacte de stabilité balkanique et de l'inclure en tant que tel dans les discussions préparatoires à ce pacte, avec un statut d'observateur. Le principe d'une aide européenne spécifique de 18 millions d'Euros (env. 29 mios FS, 120 mios FF) a été acquis, subordonné cependant à des garanties que cette aide ne profite pas à la Serbie.

(Courrier des Balkans 16.5, 18.5, 19.5) Le poste-frontière de Debeli Brijeg entre le Monténégro et la Croatie a été fermé le 14 mai par l'armée yougoslave, qui a en outre pris position aux trois passages frontaliers avec la Bosnie, tenus par la police monténégrine. Près de Scepan Polje, l'armée a refoulé tous les hommes âgée de 18 à 65 ans tentant de passer en Bosnie-HerzégovineA la frontière croate, des camions transportant une cargaison de farine pour le Monténégro ont été refoulés par l'armée fédérale. La police monténégrine a été dépêchée vers Debeli Brijeg pour tenter de faire passer la frontière au convoi. L'armée fédérale a pour sa part renforcé ses points de contrôles et les autorités monténégrines ont déconseillé le 19 mai aux Occidentaux de tenter d'entrer en Yougoslavie par la frontière croate, tout en tentant de convaincre l'armée fédérale de démanteler leurs points de contrôle à l'intérieur du territoire monténégrin, ce qu'elle ne semble pas du tout prête à faire.

(Courrier des Balkans 16.5, 17.5) L'Armée yougoslave a arrêté le 15 mai, entre Tuzi et Bozaj, une vingtaine de réfugiés Kosovars faisant route vers l'Albanie dans deux autobus. Après en avoir libéré plusieurs, elle en a maintenu d'autres en détention en expliquant qu'il s'agit de membres de l'UC, puis les a également libérés le 17, à l'exception de deux jeunes hommes. Les réfugiés arrêtés puis libérés ont été renvoyés en Kosove, selon les autorités monténégrines. Le commandement de la IIème armée yougoslave a indiqué qu'il ne laisserait plus aucun homme réfugié âgé de 16 à 60 ans se rendre en Albanie.

(Courrier des Balkans 18.5, 19.5, 21.5) L'arrivée massive à Cetinje de réservistes de l'armée fédérale yougoslave provenant pour la plupart de Bar et d'Herceg Novi a été expliquée par le vice-Premier ministre monténégrin Dragisa Burzan par la volonté de l'armée de "montrer qu'en contrôlant Cetinje, elle peut contrôler tout le pays". Le vice-Premier ministre a appelé la poulation à ne pas répondre aux "provocations de l'armée" et a déclaré que le gouvernement monténégrin a décidé de ne pas envoyer de renforts de police à Cetinje afin de ne pas exacerber la tension. La population de Cetinje, massivement acquise à l'indépendance du Monténégro, est également massivement armée et deux groupes indépendantistes armés, dont une "Armée de libération du Monténégro", sont signalés. Un face à face tendu s'est établi entre l'armée yougoslave, la police monténégrine et les groupes indépendantistes, et la ville est encerclée par les positions et les barrages de l'armée. Des tirs ont été entendus le 19 mai. Le 21 mai, des milliers de personnes ont participé sans incidents, à l'appel des autorités locales, à une manifestation contre la présence massive de l'armée fédérale yougoslave

(Courrier des Balkans 18.5, 19.5) Les réfugiés kosovars arrivent au rythme de 1200 par jour à Ulcinj, la plupart en provenance directe de Kosovska Mitrovica. La municipalité a annoncé que les magasins de la Croix Rouge d'Ulcinj étaient vides.

(Courrier des Balkans 19.5) Le vice-Premier ministre monténégrin Novak Kilibarda s'est prononcé le 18 mai en faveur d'une solution confédérale pour résoudre la crise balkanique et les relations du Monténégro avec la Serbie.

(Courrier des Balkans 18.5) Le président du Parti démocratique de Serbie, Zoran Djindjic, qui a cosigné avec le président Djukanovic une déclaration dans laquelle les deux hommes faisaient de la démocratisation de la Yougoslavie et du départ de Slobodan Milosevic des conditions de la survie de la République fédérale, a déclaré au "Courrier des Balkans" qu'un coup d'Etat militaire pro-Milosevic au Monténégro était "improbable", car "l'appareil d'Etat et notamment la police sont fermement unis sous le contrôle du gouvernement civil" et "Milosevic ne se résoudra qu'en dernière instance à provoquer une guerre civile au Monténégro (ce qui) sera la dernière cartouche que ce suicidaire choisirait de tirer". Zoran Djindjic considère que "le Monténégro représente un espoir pour tous les démocrates de Serbie" et que "Djukanovic représente aujourd'hui le principal obstacle à la toute-puissance de Milosevic, car il peut lui opposer sa propre légitimité et parler non seulement au nom du Monténégro, mais de la Yougoslavie".

(Reuters, 23.5) Le président Djukanovic a dénoncé le 22 mai à la télévision monténégrine la "dictature de Belgrade", déploré que la Constitution yougoslave actuelle permettre à la Serbie d'asservir le Monténégro et de le priver de sa "dignité", et a estimé que son pays devra redéfinir ses relations avec la Serbie après la guerre. Le président monténégrin a accusé l'armée fédérale de s'être "sciemment ou non" mise "au service de la dictature de Belgrade qui est obsédée par la conquête du Monténégro".

(Courrier des Balkans 22.5) 400 réservistes de l'armée yougoslave cantonnés à Kolasin sont partis le 22 mai pour la Kosove, d'où un grand nombre de réservistes se dirigent en sens contraire, vers le Monténégro, dont le Premier ministre Filip Vujanovic a dénoncé une concentration de forces militaires yougoslaves que rien ne justifie et a demandé que diminue le nombre de réservistes de l'armée fédérale stationnés au Monténégro. Il a également dénoncé la présence de barrages de l'armée fédérale sur les routes principales et le blocage de l'aide humanitaire par les autorités yougoslaves.

(Courrier des Balkans, 22.5, 23.5, 25.5) Les réservistes de l'armée yougoslave encerclent toujours la ville de Cetinje, tenue par la police monténégrine. L'Armée aurait disposé de 1500 à 3000 soldats autour de la ville, où la police dispose de 500 à 1000 hommes, auxquels s'ajoutent les centaines d'hommes armés (et parfois en uniforme arborant l'emblème -une croix blanche sur fond rouge- de l'ancienne dynastie royale monténégrine des Petrovic Njegos, des différents groupes indépendantistes, renforcés ces derniers jours de nom,breux habitants de la ville, et qui se considèrent comme sous l'autorité de la police monténégrine. Dans certains quartiers, les groupes indépendantistes armés et les réservistes yougoslaves sont presque face à face. En outre, des miliciens serbes venus de la République serbe de Bosnie ont été aperçus. Après des incidents opposant des réservistes de l'armée yougoslave à des habitants, dans des bars de la ville, les autorités municipales ont ordonné à tous les établissements publics de Cetinje de fermer à 21 heures

(Courrier des Balkans, 23.5, 28.5) Un grand nombre de réfugiés kosovars albanais de Rozaje cherchent à quitter la ville, paniqués par la pression exercée par l'armée fédérale yougislave et les paramilitaires serbes. Les réservistes yougoslaves sont nombreux à traverser Rozaje, tirant fréquemment en l'air. La police monténégrine explique qu'un grand nombre de soldats se redéploient en Kosove de Pec à Mitrovica en passant par le Monténégro. Le 25 mai, 63 réfugiés kosovars ont été arrêtés à Dacici, à la périphérie de Rozaje, par l'armée fédérale. Ils faisaient partie d'une colonne de plus de 600 réfugiés se dirigeant vers Rozaje, en provenance de Novosellë, dans la région de Pec. Les policiers militaires ont séparé les hommes et les femmes et ont arrêtés les premiers. Le reste de la colonne a été installé dans un camp de réfugiés.

(Courrier des Balkans 24.5) Le Parti socialiste populaire (SNP, pro-Milosevic) a réagi aux récentes déclarations du président Djukanovic en affirmant que celui-ci a perdu le soutien de la majorité de la population du Monténégro et n'est plus, de facto, membre du Conseil de sécurité fédéral yougoslave. Le SNP considère qu'un référendum devra décider du statut du Monténégro et de ses relations avec la Serbie, après la guerre.

(Vijesti 24.5) Plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup de parents de militaires, ont manifesté à nouveau le 23 mai à Krusevac pour le retour de leurs proches envoyée en Kosove. La veille, les démonstrations populaires pour la même exigence avaient été massives et les réservistes revenus de Kosove avaient affirmé qu'ils n'y retourneraient pas. Le commandement militaire yougoslave avait répliqué en les menaçant de punition "conformément aux lois martiales en vigueur", en exigeant d'eux qu'ils rendent "leurs armes et autres moyens militaires" et en leur interdisant de participer à des réunions publiques pendant les alertes aériennes. Selon des avis de décès placardés dans la ville, cinq nouveaux réservistes originaires de Krusevac sont morts en Kosove.

(Courrier des Balkans 27.5, 28.5) Le président Djukanovic a participé à la réunion de Bonn pour la préparation d'un pacte de stabilité européen devant être signé en juin notamment par les pays membres de l'Union européenne, neuf pays de l'Europe du sud-est (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Macédoine, Hongrie, Roumanie, Slovénie et Turquie), la Russie, les USA, le Canada et le Japon, et garanti par l'OSCE, l'ONU, l'OTAN et la Banque Mondiale. Le Monténégro devrait avoir un statut consultatif dans les institutions du Pacte, mais aucun consensus n'a été dégagé sur cette hypothèse et un groupe de travail consacré à la "question monténégrine" a été formé, composé de représentants des USA, de la Russie, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la Slovénie, de la Macédoine et de la Croatie.

(Courrier des Balkans 31.5, 1.6, 1.6, Monitor 28.5) Des affrontements, qui n'ont fait ni morts ni blessés, se sont produits à Cetinje entre soldats yougoslaves et membres de l'"Armée de libération du Monténégro" (OVCG) et de l'"Armée monténégrine" (CC) dont deux responsables, ainsi qu'un policier monténégrin, ont été arrêtés par les militaires désireux de reprendre le contrôle d'un barrage établi par l'OVCG sur le mont Lovcen. Des renforts de la police monténégrine ont bloqué les accès à Centinje pendant que la population locale s'attroupait devant la Mairie. Les militaires yougoslaves ont finalement relâché leurs prisonniers et ont entrepris d'évacuer la ville, où un important dispositif policier était maintenu.Des tirs d'armes automatique ont cependant été entendus dans la nuit du 1er au 2 juin. Les hommes de la CC ont été désarmés par la police monténégrine, ceux de l'OVCG ont été bloqués dans les abords du mont du Lovcen. Le parti libéral (indépendantiste), accusé par le parti social-démocrate au pouvoir d'armer les milices indépendantistes, a accusé en retour le gouvernement de distribuer "massivement des armes à la population afin de multiplier les incidents et de discréditer l'espoir d'indépendance". Il y aurait plus de 500 réservistes yougoslaves à Cetinje et dans ses environs, pour la plupart venus de Serbie (mais pour une minorité, du Monténégro).

(Courrier des Balkans 2.6, 3.6) Selon le Procureur de la République du Monténégro, les réservistes yougoslaves ont été impliqués dans 138 affaires de droit commun depuis le début de l'offensive aérienne de l'OTAN sur la Yougoslavie. Selon la justice militaire yougoslave, cinq instructions seulement ont été ouvertes contre des militaires yougoslaves.

(Courrier des Balkans 3.6) La classe politique monténégrine a salué unanimement, mais sans enthousiasme, les perspective de paix ouvertes par l'accord donné par le parlement serbe au plan de paix du G-8. Le Parti socialiste populaire (pro-Milosevic) s'est félicité de la "fin des souffrances du peuple serbe" et du respect du principe de l'"intégrité territoriale de la Fédération yougoslave". Le Parti ddémocratique des socialistes (au pouvoir au Monténégro) a été plus critique, et évoqué une solution politique "encore plus mauvaise" pour la Kosove "que ce que les accords de Rambouillet prévoyaient".

(Monitor 28.5, Courrier des Balkans 12.6) Le Monténégro, malgré un afflux continu de réfugiés kosovars, a jusqu'à présent réussi à garder le contrôle de la situation, selon le Commissaire aux réfugiés de la République, Djorjije Scepanovic. Plusieurs milliers de réfugiés sont installés à Rozaje, dans des hangars d'usine et des mosquées, et dans des conditions inconfortables. 30'000 réfugiés de Bosnie et de Croatie étaient déjà hébergés au Monténégro, et 50'000 Kosovars les avaient rejoint avant l'automne 1998, puis 20'000 au début des "frappes" de l'OTAN, fin mars 1999. Fin mai, le Monténégro accueillait 73'000 réfugiés albanais de Kosove, soit un peu plus de 10 % de la population résidente normale de la République. Dès le 10 juin, des milliers de réfugiés serbes et monténégrins de Kosove ont commencé à affluer au Monténégro, principalement en provenance de Pec et d'Istog. De 4000 à 5000 réfugiés serbes et monténégrins sont ainsi arrivés au Monténégro entre le 10 et le 12 juin. Les autorités monténégrines ont assuré qu'ils seraient accueillis comme leurs prédécesseurs albanais.

(Courrier des Balkans 8.6) Le président Djukanovic a annoncé le 8 juin que le Monténégro était prêt à ouvrir ses frontières à une force internationale de maintien de la paix en Kosove, agissant dans le cadre d'une résolution de l'ONU, a exclu la possibilité d'un retrait des forces yougoslaves de Kosove vers le Monténégro et réaffirmé son exigence d'une démocratisation de la Fédération yougoslave : "l'avenir de la Serbie, ce n'est pas Milosevic, mais la démocratie", a affirmé le président monténégrin, tout en précisant que le départ de Milosevic ne suffira pas à assurer cette démocratisation, et en écartant la possibilité de briguer lui-même une charge fédérale

(Courrier des Balkans 9.6) Le procureur général du Monténégro Bozidar Vukcevbic a indiqué que 151 procédures judiciaires avaient été engagées contre des réservistes de l'Armée yougoslave.

(Courrier des Balkans 12.6) L'armée fédérale a commencé à évacuer Cetinje, après des accords passés avec le gouvernement monténégrin prévoyant que l'armée ait entièrement regagné ses cantonnements dans un délai d'une semaine.

(AFP 3.7) La Serbie est prête à "mettre de côté" son différend avec la Monténégro "au nom de l'unité de la Fédération yougoslave", a affirmé le quotidien pro-gouvernemental serbe "Politika" le 3 juillet, citant des sources proches du pouvoir de Belgrade.

(AFP 3.7) La Yougoslavie a une présence militaire quatre fois supérieure à la normale au Monténégro, affirme le 2 juillet le Département d'Etat américain, qui estime que cela constitue une menace permanente pour le Monténégro.

(IWW 7.7) L'armée fédérale yougoslave est toujours stationnée en effectifs et matériel importants au Monténégro, où elle a même été renforcée de 25'000 hommes et a pris le contrôle de certaines fonctions civiles, bloquant des routes et fermant des frontières. Le gouvernement monténégrin prépare un projet de "nouvel ordre relationnel entre la Serbie et le Monténégro", qui sera proposé au président Djukanovic, puis au parlement fédéral yougoslave. Celui-ci a déjà proposé une réduction du gouvernement fédéral, composé actuellement de 23 ministres, à 5 ou 6 personnes, et une réorganisation de l'armée fédérale. Le Monténégro souhaite pouvoir battre sa propre monnaie. Quant à Slobodan Milosevic, il pourrait offrir le poste de Premier ministre fédéral à un membre du parti de Milo Dkikanovic, en lieu et place de l'actuel titulaire, Momir Bulatovic, fidèle de Slobodan Milosevic et opposant au président monténégrin.

(AP, Reuters 14.7) Le Monténégro a entamé le 14 juillet à Belgrade des discussions avec la Serbie pour changer la structure de la République fédérale de Yougoslavie, et la conduire vers un système de confédération de deux Etats souverains, avec une monnaie, une défense, une politique étrangère et douanière communes. La délégation monténégrine est conduire par Zeljko Sturanovic et le président Djukanovic a expliqué à la télévision qu'il espérait que la Serbie prendrait au sérieux la demande monténégrine, sans quoi le Monténégro "organisera seul sa vie". Les délégations serbe et monténégrine sont convenues le 14 juillet, à l'issue de discussions exploratoires, de poursuivre leurs efforts. Zeljko Sturanovic a déclaré avoir "l'impression que les représentants des partis politiques" serbes au pouvoir "n'avaient aucune objection sérieuse aux principes que nous leur avons proposés". Le chef de la délégation du parti de la Gauche Yougoslave (de Mira Karmovic) a confirmé que les partis serbes étaient d'accord de poursuivre les discussions.

(AFP 17.7, 18.7) Le général Momsilo Perisic, ancien chef d'Etat-major de l'armée yougoslave limogé par Slobodan Milosevic, a donné son soutien aux propositions du président Djukanovic d'une nouvelle définition des relations entre le Monténégro et la Serbie au sein de la Fédération yougoslave. Le ministre serbe sans portefeuille Bogoljub Karic s'est prononcé le 17 juillet pour l'attribution du poste de Premier ministre fédéral à un membre du parti du président monténégrin.

(AFP 4.8) Le Parti démocratique des socialistes (DPS) du président monténégrin Milo Djukanovic a annoncé qu'il ne participera pas aux consultations sur un remaniement du gouvernement yougoslave, entamées le 5 août par le Premier ministre yougoslave (et chef de l'opposition monténégrine) Momir Bulatovic.

(AFP, AP 5.8, 6.8, Le Monde 6.8) Le gouvernement monténégrin a mis au point le 5 août une "plate-forme" de redéfinition de ses relations institutionnelles avec la Serbie, dont l'essentiel avait déjà été présenté sans succès à Belgrade les 14 et 15 juillet lors de négociations entre les partis (socialistes, tous deux) du président monténégrin Milo Djukanovic et du président yougoslave Slobodan Milosevic. Le Monténégro propose de débaptiser la République fédérale de Yougoslavie et de la désigner désormais sous le nom de "Communauté du Monténégro et de la Serbie" ou de "Communauté des Etats du Monténégro et de la Serbie". "Le Monténégro ne peut plus attendre, il n'a aucune raison de continuer à souffrir", a déclaré le Premier ministre monténégrin Filip Vujanovic. Les grandes lignes de la plate-forme monténégrine, qui selon le gouvernement du Monténégro n'est pas un "ultimatum" et est "négociable", prévoient des pouvoirs très larges pour les Etats membres de la Communauté proposée et des prérogatives limitées pour ses institutions communes, un parlement, un président, un Conseil des ministres (de cinq ministères) et un organe des autorités judiciaires, tous organes composés en respectant un principe de parité entre la Serbie et le Monténégro. La communauté n'aurait que les compétences que les Etats membres lui confieraient, dans les domaines de la Défense, des Affaires étrangères, de la Justice, des Finances et de l'Economie. Le Monténégro envisage de se doter de sa propre diplomatie et de sa propre monnaie. Deux états-majors militaires distincts seraient constituée, avec un commandement fédéral assuré par rotation par la Serbie et le Monténégro, et des contingents ne pouvant être stationnés que dans leur République d'origine. En réponse à cette proposition, le vice-Premier ministre serbe (ultra-nationaliste( Vojislav Seselj a menacé de l'usage de "tous les moyens constitutionnels pour empêcher" une séparation de la Serbie et du Monténégro. Si, comme il est vraisemblable, les propositions monténégrines sont rejetées par Belgrade, le gouvernement monténégrin, qui a laissé six à huit semaines à la Serbie pour accepter d'entrer en matière sur ces propositions, envisage l'organisation d'un référendum sur l'indépendance de la République, à l'automne 1999. Le président du Parti social-démocrate (membre de la coalition au pouvoir) a cependant déclaré le 6 août : "nous ne sommes pas pressés car nous ne voulons pas obtenir l'indépendance comme l'avait fait la Croatie, comme l'avait fait la Bosnie au prix de 250'000 morts et comme l'a fait le Kosovo avec 15'000 morts". Cela étant, Zarko Rakcevic a affirmé que "nul n'a le droit de nier le droit à l'autodétermination du Monténégro, qui est l'un des plus vieux pays d'Europe".

(AFP 6.8) Le parti socialiste populaire (SNP, opposition) de Momir Bulatovic a critiqué le projet du gouvernement monténégrin le 6 août, mais s'est déclaré prêt au dialogue. "Ce que propose le gouvernement monténégrin n'est ni une fédération, ni une confédération, ni une alliance d'Etats, ni un Etat fédéral", a estimé Emilio Labudovic. Le SNP se prononce pour une "fédération-Etat de républiques égales en droit". Une autre formation de l'opposition monténégrine, le Parti populaire serbe du Monténégro (SNS) a pour sa part dénoncé le "coup de couteau dans le dos" que représenterait pour la démocratie, la Serbie et le Monténégro le projet du gouvernement monténégrin. A Belgrade, Zoran Djindjic, président du Parti démocratique a considéré au contraire que ce projet était "une tentative légitime pour redéfinir les relations entre la Serbie et le Monténégro", tout en doutant que "ce soit le moment approprié pour soulever le problème", la "priorité" àtant pour Zoran Djindjic de "chasse M. Milosevic du pouvoir". Le Mouvement serbe du renouveau de Vuk Draskovic s'est pour sa part dit "favorable à toute solution qui préserve la fédération" yougoslave, qui devrait être "fondée sur des relations paritaires entre les Etats membres".

(AFP 6.8) Les USA ont appelé le Monténégro à rester "au sein de la Yougoslavie" afin de "s'assurer que (ses) droits sont garantis". La Russie a pris une position semblable, ainsi que le gouvernement allemand, alors que la Grande-Bretagne a estimé que le problème relève "des affaires internes du Monténégro".

(IWW 6.8) Le Président monténégrin Milo Djukanovic a déclaré que si Belgrade continuait à faire marcher la "planche à billet", à accroître la masse monétaire et à dévaloriser la monnaie en augmentant l'inflation, le Monténégro lancerait sa propre monnaie -comme le fit en 1991, pour les mêmes raisons, la Slovénie, quelques mois avanmt de proclamer son indépendance. Milo Djukanovic a engagé dans cette éventualité l'économiste américain Steve Hank, qui envisage de lancer au milieu de l'automne un dinar convertible indexé sur la Mark allemand.

(IWW 17.8) Si Belgrade décide de rejeter la proposition monténégrine de restructuration de la Fédération yougoslave, les autorités du Monténégro organiseront probablement un référendum sur la question, à l'automne 1999. Lorsqu'il a dévoilé les propositions de son gouvernement, le Premier ministre monténégrin Filip Vujanovic avait insisté sur le fait qu'elles ne représentaient pas un ultimatum lancé à la Serbie, mais qu'elles exprimaient le degré maximum d'unité que le Monténégro était encore prêt à accepter. Pour plusieurs formations politiques monténégrines, comme le Parti social-démocrate (membre de la coalition au pouvoir) ou le parti socialiste national (opposition pro-Milosevic) ces propositions représentent par contre un pas vers l'indépendance, même si elles ne supposent pas une souveraîneté internationalement reconnue. Toutes les propositions du gouvernement monténégrin visent à assurer un statut d'égalité entre le Monténégro (650'000 habitants) et de la Serbie (10 millions d'habitants) au sein d'une sorte de confédération dont chacune des deux composantes disposerait d'une souveraîneté maximale.

(AP, Reuters 20.8) Des responsables de l'Union européenne ont apporté le 20 août leur soutien au Monténégro dans sa tentative de redéfinition de ses relations avec la Serbie, au sein de la Fédération yougoslave. L'ambassadeur finlandais en Yougoslavie, dont le pays préside l'UE, a déclaré à l'issue d'une rencontre avec les responsables monténégrins que l'Union européenne "comprend la volonté des autorités monténégrines d'entreprendre de sérieux efforts pour restructurer leurs relations avec la Serbie" et "réaffirme son engagement en faveur de l'établissement de la démocratie dans toutes les parties de la Yougoslavie dans ses frontières actuelles et salue les réformes démocratiques au Monténégro". Le porte-parole européenne a cependant déclaré que l'UE veut "encore croire qu'il ne serait pas dans l'intérêt de la région ni même dans celui du Monténégro qu'il accède à l'indépendance totale". L'UE envisage de rétablir certaines exportations vers le Monténégro, dans le mesure où elle a la garantie que la Serbie n'en bénéficiera pas.

(AIM 6.9) Des réunions ont été organisées à Kuci, Rovci, Vasojevici, Drobnjaci et Zeta par des comités locaux sans affiliation politique explicite, mais à l'instigation du Parti socialiste populaire (SNP, pro-Milosevic) et de l'église orthodoxe serbe du Monténégro, afin de répondre aux tentatives d'"autonomisation" du Monténégro de la Serbie. "Nous appertenons de façon indossociable sur le plan éthnique, historique et spirituel (à) la Yougoslavie, communauté des Etats du peuple serbe", ont proclamé les participants à ces réunions. A Rovci, on a déclaré que l'"appel à un Monténégro souverain correspond à un appel à prendre les armes"; à Golubovci, on a affirmé l'orbejctif de "l'union de tous les Serbes dans un Etat commun". A Vasojevici, on a affirmé qu'"il n'y aura pas de référendum" sur l'indépendance du Monténégro) , parce qu'il y en a déjà eu un (...) à Kosovo polje". Ces réunions (appelées "assemblées du peuple" sont la réponse des nationalistes serbes du Monténégro à la volonté du gouvernement monténégrin de réaménager les relations avec la Serbie, au sein d'une Fédération yougoslave profondément renouvelée. Selon la presse monténégrine, le nombre des partucupants à ces réunions variait de quelques centaines à 3000. On rappelle au Monténégro que c'est par de telles "assemblées du peuple" qu'a débuté en 1991 le conflit avec la Croatie, et on évoque également le fait que les armes sont très nombreuses à circuler au Monténégro, y compris des armes automatiques, qu'on soupçonne l'armée fédérale et les services spéciaux serbes de distribuer -mais que les autorités monténégrines distribueraient aussi, à titre de précaution.

(Reuters 16.9) Le Montenegro a reproché le 16 septembre à la Serbie d'avoir augmenté sans le consulter le nombre de policiers militaires yougoslaves (c'est-à-dire serbes) déployés au Montenegro, et le Premier ministre Filip Vujanovic a envisagé de demander une aide internationale si la Serbie continuait le blocus alimentaire de fait dont souffre le Monténogro, du fait du refoulement par les postes de contrôle serbes, près de Prijepolje, de camions transportant des produits alimentaires. "Ce blocus est "une stupidité sans non, qui retombera bientôt sur les sociétés serbes", a déclaré le Premier ministre, pour la Serbie est en train de pousser le Monténégro à la rupture. Pour autant, et même si, à son avis, "le gouvernement serbe actuel mène une politique nuisible à tous", les autorités monténégrines n'ont pas à soutenir l'opposition serbe : "Nous ne voulons pas choisir le gouvernement de la Serbie, c'est aux Serbes de décider".

(IWW 17.9) Le président monténégrin Milo Djikanovic tente de réconcilier les forces concurrentes de l'opposition serbe, en s'entremettant entre Vuk Draskovic et l'Alliance pour le Changement de Zoran Djindjic, avec l'accord (voire sur la demande) de diplomates occidentaux, notamment de l'ancien émissaire américain dans les Balkans, Robert Gelbard. Djukanovic a rencontré Draskovic les 11 et 12 décembre, après avoir rencontré Djindjic. L'opposition nationaliste monténégrine, qui reproche à Djukanovic d'être trop timide dans ses efforts d'émancipation de la tutelle de Belgrade, et qui prône l'indépendance totale du Monténégro (c'est-à-dire la rupture de l'actuelle fédération yougoslave), voit d'un très mauvais oeil cette intervention du président monténégrin dans les affaires politiques serbes, dans la mesure où elle confirme la pérennité des liens politiques entre Serbes et Monténégrins. Milo Djikanovic s'est prononcé pour une rénovation de la fédération yougoislave, et pour plus d'autonomie du Monténégro en son sein, mais non pour l'indépendance, et les indépendantistes lui reprochent désormais de faire passer le salut de la Serbie (et le soutien à l'opposition serbe) avant celui du Monténégro.

(AP 20.9) Le Procureur général du Monténégro a annoncé le 20 septembre l'ouverture de poursuites judiciaires à l'encontre du Premier ministre yougoslave, Momir Bulatovic, par ailleurs chef de l'opposition monténégrine, accusé d'avoir projeté un putsch contre le pouvoir en place au Monténégro. Le Procureur Bizidar Vukcevic accuse Bulatovic d'avoir menacé l'"ordre d'Etat" et la Constitution et d'avoir proposé de faire "occuper" par l'armée fédérale yougoslave tout le territoire et les media du Monténégro, ce qui, estime le procureur, "équivaut à un putsch". Il est évidemment peu probable que le Parquet de Belgrade, aux ordres de Milosevic, donne suite aux poursuites du Procureur du Monténégro contre un fidèle de Milosevic.

(Reuters 24.9) Le Monténégro a instauré son propre système de douanes en riposte à la politique fiscale discriminatoire de la Serbie, a annoncé le 23 septembre le vice-Premier ministre monténégrin Asim Telacevic, qui a expliqué que l'établissement par les autorités serbes et yougoslaves d'un "barrage routier près de Prijepolje (...), le long de la frontière administrative" entre la Serbie et le Monténégro, perturbait le "fonctionnement du marché commun yougoslave", ce qui avait conduit le gouvernement monténégrin à décider d'assumer le contrôle exclusif de ses échanges extérieurs. Le Monténégro accuse Belgrade d'avoir introduit des quotas sur les produits de base pour provoquer des pénuries et une hausse des prix au Monténégro, en suscitant ainsi le mécontentement de la population contre le gouvernement du président Djukanovic. Le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj avait justifié le blocage des livraisons de blé, sucre, maïs et viande au Monténégro par leur subventionnement par la Serbie, et par le fait que ces produits finissent régulièrement en Bosnie ou en Albanie, faute d'un contrôle le long des frontières du Monténégro. La Serbie a en outre annoncé que seules les entreprises acquittant régulièrement un impôt à l'Etat yougoslave seraient autorisées à effectuer des transactions. Or le Monténégro encourage les entreprises installées sur son territoire à ne pas payer cet impôt fédéral, pour protester contre le refus des autorités de Belgrade de distribuer au Monténégro sa part des recettes douanières.

(IWW 15.10) Après avoir dénoncé les "vélléités sécessionnistes" du Monténégro, le pouvoir de Belgrade a subitement proposé mi-octobre de poursuivre les négociations avec le Monténégro et de discuter de l'avenir de la Fédération yougoslave, proposition acceptée par le président Djukanovic. L'invitation a été lancée par le Parti socialiste de Slobodan Milosevic au Parti social-démocrate de Milo Djukanovic. Les représentants monténégrins ont cependant refusé que la rencontre ait lieu du Parlement fédéral yougoslave, qualifié d'institutions "illégitime et illégale" par le Premier minietre Filip Vujanovic. Selon le président du Parlement monténégrin, la majorité des habitants du Monténégro seraient favorables à un référendum immédiat sur l'indépendance et à un changement constitutionnel vers plus d'autonomie dans le cadre d'une confédération d'Etats, mais pas forcément à l'indépendance elle-même.

(AP 16.10) Le ministre monténégrin des Affaires étrangères, Branko Popovic, a déclaré dans le quotidien autrichien "die Presse" le 16 octobre que le Monténégro pourrait organiser "plus tôt qu'on ne le croit" un référendum sur son indépendance, si le président yougoslave Milosevic ne répondait pas à sa demande de réformes profondes et rapides. "Les Monténégrins s'impatientent" et la "détérioration croissante de la situation économique nous forcera à prendre des mesures", avertit Branko Perovic. Le vice-Premier ministre serbe Tomislav Nikolic (extrême-droite) a menacé le Monténégro de mesures de rétorsion, du genre instauration de "permis de travail" pour les Monténégrins travaillant en Serbie.

(RSF 21.10) Dans une lettre adressée au ministre de l'Industrie et de l'Energie du Monténégro, chargé de l'attribution des fréquences, Reporters sans frontières (RSF) proteste contre l'interdiction de la station de radio "Free Monténégro", de Podgorica, et dénonce une "violation de la liberté d'informer". Pour Robert Ménard, secrétaire général de RSF, cette interdiction constitue un "*dangereux précédent pour le Monténégro, dont les autorités ont été jusqu'ici respectueuses de la liberté de la presse. Proche du parti libéral (opposition), Free Monténégro émettait sans licence et a été interdite de diffusion le 20 octobre. Son rédacteur en chef, Nebosja Redzic, a dénoncé une mesure "strictement politique".

(Le Temps 2.11) Le Mark allemand devrait devenir prochainement monnaie officielle du Monténégro, au même titre que le dinar. La population semble s'en réjouir, satisfaite notamment de toucher retraites et salaires en monnaie forte plutôt qu'en monnaie régulièrement dévalule. Depuis avril 1998, le taux de change officiel du dinar a été fixé à 6 finars pour un mark, mais le taux de change réel, c'est-à-dire "au noir", était de 17 dinars pour un mark le 1er novembre. Après l'introduction du mark comme monnaie officielle, si la dévaluation du dinar se poursuit, le Monténégro pourrait soit introduire l'usage exclusif du DM, soit créer une monnaie monténégrine spécifique, à parité fixe avec le DM (comme le mark bosniaque). "Tout est prêt pour introduire la nouvelle monnaie", a assuré le président Djukanovic, alors que le porte-parole du département d'Etat américain encourageait les monténégrins à assurer leur "liberté économique".

(AIM 13.11) Au Monténégro, parallèlement au budget officiel, existe un budget officieux dans lequel le gouvernement puise si nécessaire des fonds destinés à alimenter le budget officiel ou à financer des projets particuliers. Ce budget parallèle serait alimenté par la contrebande d'Etat de cigarettes et de matières premières, constituant des réserves de devises permettant au Monténégro de présenter un budget équilibré et de le respecter. L'opposition accuse le gouvernement de falsifier le bilan financier du Monténégro (crime punissable de 20 ans de prison).

(AP 27.11) Le Premier ministre du Monténégro, Miodrag Vulovic, a menacé le 27 novembre, dans un entretien au journal "Vijesti", d'organiser un référendum d'indépendance "dans la première moitié de l'an prochain", si ses propositions visant à redéfinir les relations avec la Serbie dans le cadre de la Fédération yougoslave n'étaient "pas prises au sérieux" -ce à quoi le vice-Premier ministre serbe Vojislav Seselj (extrême-droite) a répondu en menacer le Monténégro d'une "guerre civile" en cas de "tentative de sécession".


Le président Djukanovic et le président macédonien Gligorov

(AP 9.12) Des unités militaires yougoslaves lourdement armées ont pris le 8 décembre le contrôle du principal aéroport du Monténégro, celui de Podgorica, pour empêcher une prise de contrôle par les Monténégrins. La police monténégrine occupait toujours cependant l'intérieur de l'aéroport, dont les autorités monténégrines avaient prévu de s'assurer avec celui de Tivat.

(Vreme 25.12, Monitor 31.12) Dans un entretien à "Vreme", le président monténégrin déclare ne pas être pressé de "profiter de (l')incontestable disposition constitutionnelle qui nous donne droit à un référendum sur l'indépendance", et être disposé à "donner le temps au public serbe, politique et avant tout démocratique" de répondre aux propositions monténégrines. S'agissant des élections fédérales yougoslaves, prévues en 2000, Milo Djukanovic considère qu'elles n'ont "aucun sens dans une situation où la Constitution de la République fédérative de Yougoslavie, et surtout son premier principe, c'est-à-dire l'égalité des Républiques, est gravement violée". Le président monténégrin rappelle que "Milosevic a choisi ceux qui ont perdu (les élections au Monténégro) comme représentants du Monténégro dans la fédération", en "grave infraction à la Constitution et aux principes démocratiques". Certains analystes occidentaux, comme Zoran Kusovac (du groupe britannique "Jane's", ou Paul Beaver) craignent une tentative militaire de Milosevic contre le Monténégro à partir de mars 2000, alors que l'administration américaine sera préoccupée par les élections présidentielles, et que la Russie sera elle aussi en pleine période d'élection présidentielle. Pour ces analystes, un éventuel coup de force serbe contre le Monténégro ne pourrait prendre la forme que d'une opération éclair, compte tenu de l'importance des forces de la police monténégrine. Cependant, selon "Monitor" et d'aorès les sondages d'opinion effectués en Serbie m'eme, l'opinion publique n'y montrera pas beaucoup d'enthousiasme pour une nouvelle guerre, même parmi les électeurs des partis "extrémistes" (le parti radical ou la gauche unie), et l'armée fédérale elle-même n'y serait pas encline. De plus, certains "ballons d'essais" de proches de l'équipe au pouvopir (comme Kutlesic, dans les colonnes de "Politika", déclarant que le départ du Monténégro ne signifierait pas la fin de la Yougoslavie) permettent de croire en un divorce pacifique du Monténégro et de la Serbie, celle-ci se transformant elle-même en Yougoslavie en se fédéralisant, avec autonomie de la Voïvodine et du Sandzak.

2000

(Monitor 7.1) Le ministre des Affaires étrangères du Monténégro, M. Perovic, a démissionné de son poste le 6 janvier, après avoir été accusé de collaboration avec le crime organisé dans des affaires de contrebande de cigarettes. Il a justifié sa démission par sa volonté de prouver qu'il "n'abuse pas de la haute fonction (qu'il) occupe au gouvernement pour dissimuler toute cette affaire", et a protesté de son innocence. Le président monténégrin Milo Djukanovic a admis que la démission du ministre allait rendre "plus facile la position du gouvernement et du Monténégro dans l'environnement international".

(IWPR 18.1) Plusieurs milliers de partisans du président yougoslave Milosevic se sont rassemblée le 13 janvier à Podgorica pour célébrer le Nouvel-An orthodoxe. "La célébration du Nouvel An serbe a démontré que le Parti socialiste du Peuple est le plus important parti politique du Monténégro", a déclaréMomir Bulatovic, Premier ministre de Yougoslavie et leader de l'opposition monténégrine. Les partisans du président monténégrin Djukanovic, opposant, lui, à Slobodan Milosevic, ont accusé en réponse Bulatovic et son parti d'"hypocrisie, d'immoralité et de démagogie", en relevant que la manifestation de Podgorica aurait coûté un demi-million de DM, soit l'équivalent de 10'000 pensions de retraites. Le Parti socialiste de Milosevic et la "Gauche yougoslave unifiée" de son épouse auraient financé le rassemblement de Bulatovic, qui l'a nié, et a accusé la police du Monténégro d'avoir voulu perturber la manifestation et d'être "payée par d'autres pays". Bulatovic a également dénoncé le "caractère anti-yougoslave des autorités actuelles" du Monténégro. Selon des sondages d'opinion effectués en décembre, le parti de Bulatovic aurait le soutien de 22 % des électeurs monténégrins (soit 14 % de moins que son résultat lors des dernières élections), avec un soutien particulièrement fort dans les couches socialement les plus modestes du pays.

(AIM 17.1) Dans un entretien publié au début de l'année par le quotidien gouvernemental serbe "Politika", le président yougoslave Slobodan Milosevic a déclaré que le Monténégro pouvait librement choisir de rester ou non au sein de la Yougoslavie, coupant ainsi l'herbe sous les pieds de ses propres partisans au Monténégro. Slobodan Milosevic a en effet déclaré que "la meilleure solution pour le Monténégro est celle qui convient à la population monténégrine. Si les citoyens du Monténégro estiment que la vie hors de la Yougoslavie serait meilleure pour eux, ils ont le droit de choisir cette vie". Et d'ajouter : "Vivre ensemble est (...) difficile et désagréable pour ceux qui vivent ensemble contre leur gré" et une telle vie "n'a pas non plus d'avenir". A quoi le leader de l'extrême-droite serbe, Vojislav Seselj, a immédiatement répliqué que Slobodan Milosevic n'exprimait qu'une "opinion personnelle". Au Monténégro, les déclarations du président yougoslave ont pris au dépourvu les partis politiques : le vice-Premier mionistre Novak Kilibarda (Parti du Peuple) a conseillé la prudence et rappelé que "chaque fois que Milosevic a recommandé la paix, une tempête sanglante s'est levée". Predrag Bulatovic, vice-président du Parti socialiste du peuple (opposition pro-yougoslave) a accueilli la déclaration de Milosevic comme une confirmation que "nos partenaires (...) respectent le Monténégro, les monténégrins (et) le droit des citoyens du Monténégro à décider seuls dans quel sorte d'Etat ils souhaitent vivre". Or, il y a peu, le leader du SNP, et Premier ministre fédéral de Yougoslavie, Momir Bulatovic, déclarait qu'un référendum sur l'indépendance du Monténégro signifierait la guerre. Enfin, le président de la direction du Parti démocratique des socialistes (le parti du président monténégrin Djukanovic), Miodrag Vukovic, a déclaré que "c'était une bonne chose que Milosevic se soit rendu compte que le Monténégro ne pouvait lui appartenir", mais qu'il "est possible qu'il s'agisse de la suite de la manipulation qui dure depuis dix ans, où Milosevic dit une chose et en pense une autre" -dite clairement par "ses Seselj".

(Courrier des Balkans 13.1) La guerre du Kosovo a marqué une rupture entre les media et les journalistes serbes et monténégrins, les seconds n'ayant pas respecté la censure militaire pesant en principe sur tous les media yougoslaves. Depuis 1998, la législation sur l'information est devenue beaucoup plus souple au Monténégro qu'en Serbie, et les media monténégrins en ont largement profité, au risque, comme "Monitor" en 1999, de se voir interdits et condamnés en Serbie- -mais cette contradiction entre la situation en Serbie et au Monténégro a abouti à une contradiction entre les media et les journalistes des deux Républiques. ANEM, le réseau des media électroniques indépendants fondés par l'équipe de "B-92" a été abandonné par les Monténégrins, qui ont créé leur propre réseau (l'UNEM), en même temps qu'ils accroissaient leur diffusion hors du Monténégro. En septembre 1999, un colloque organisé au Monténégro par l'OSCE sur le thème du traitement de la guerre dans les media a abouti au départ des journalistes serbes, excédés par les critiques et le reproche d'avoir accepté de travailler sous la censure pendant les bombardements, et de ne pas avoir ensuite ouvert le débat sur la responsabilité serbve dans les crimes commis en Kosove. Selon le directeur du quotidien monténégrin "Vijesti", cité par le magazine serbo-bosniaque "Reporter", "la différence entre les media indépendants en Serbie et au Monténégro tient dans une question essentielle : savoir s'il est encore trop tôt pour la dénazification ou non et s'il est exagéré d'en parler". Les media monténégrins ont en tous cas, contrairement aux media serbes, clairement accusé la République serbe de Krajina (Croatie) d'être une création fantoche de Belgrade, la Republique serbe de Bosnie d'avoir été établie sur des crimes de guerre et les pratiques du régime serbe en Kosove de relever de l'apartheid. Milka Tadic, directrice de "Monitor", considère ainsi que "les journalistes serbes (ont) désormais un grand devoir à accomplir, celui de se pencher sur ce qui s'est passé depuis 10 ans, sur les crimes et responsabilités d'un régime et pas seulement d'un régime mais aussi du peuple qui a suivi ce régime". Quant aux media et aux journalistes serbes, ils reprochent à leurs homologues monténégrins de tenter de séduire l'Occident en adoptant son discours "antiserbe", de dissimuler leur nationalisme derrière un discours démocratique et de refuser de comprendre le point de vue serbe. En outre, pendant la guerre de Kosove, les contacts des media avec les réfugiés albanais étaient fréquents au Monténégro, et nuls en Serbie.

(AIM 16.1, 28.1) Le leader social-démocrate monténégrin Zarko Rakcevic a menacé de faire chuter la coalition gouvernmentale en la privant du soutien de son parti aux niveaux de la République et des municipalités, à la suite d'un incident en apparence mineur : l'interdiction faite par les autorités aux prêtres et fidèles de l'église orthodoxe monténégrine de brûler la bûche de Noël à Podgorica, devant la chapelle du tribunal de Krusevac. L'incident, et la réaction du SDP, n'est en fait que le dernier d'une série illustrant le malaise des sociaux-démocrates au sein du coalition formée de partis fort différents d'eux, coalition à laquelle les sociaux-démocrates reprochent la lenteur de la mise en oeuvre des réformes, mais aussi son parti pris en faveur de l'église orthodoxe serbe contre l'église orthodoxe monténégrine. Au sein des autres partis de la coalition, les réactions aux menaces social-démocrates ont été contrastées : le Parti démocratique des socialistes (DPS) du président Djukanovic s'est gardé de toute réaction publique, alors que le parti "populiste" (le "Parti du Peuple") a considéré que le retrait du SDP de la coalition pourrait "ébranler la stabilité politique" de la République, et ne serait compris ni au Monténégro, ni à l'extérieur. Le problème pourrait être réglé au prix de quelques concessions faites aux sociaux-démocrates pour les inciter à rester au sein de la coalition, comme le sacrifice du ministre des Cultes, Slobodan Tomovic, "protecteur" du métropolite serbe Amfilohije et adversaire du métropolite monténégrin Mihailo. Au cas où cela ne serait pas suffisant, le Parti social-démocrate rejoindrait dans l'opposition le Parti libéral (Ligue Libérale, LS). En attendant, le SDP a décidé de rester dans la coalition à la condition qu'une décision sur le tenue d'un référendum sur l'indépendance du Monténégro soit prise avant le printemps 2000.

(IWPR, Monitor 28.1) Le tribunal constitutionnel yougoslave a cassé deux décisions du gouvernement monténégrin : celle de créer un système monétaire utilisant le Deutschmark comme monnaie parallèle, et celle accordant l'amnistie aux réfractaires monténégrins à l'incorporation dans l'armée fédérale pendant la guerre de Kosove. A la suite de ces décisions, les juges monténégrins ont boycotté le tribunal et le vice-Président du Monténégro, Novak Kilibarda, a estimé que "Milosevic provoque délibérément le gouvernement monténégrin dans l'espoir que celui-ci va prendre (la) décision subite et irraisonnée (...) de faire scission avec la Yougoslavie", le président Djukanovic estimant quant à lui que le moment n'était pas bien choisi pour le Monténégro pour organiser un référendum sur l'indépendance, et qu'il fallait donner "plus de temps" à Belgrade pour répondre aux propositions monténégrines de redéfinition des relations entre la Serbie et le Monténégro. Par contre, le leader du Parti social démocrate (SDP), membre de la coalition gouvernementale monténégrine, Zarko Rakcevic, a pressé le président et le gouvernement de préparer le référendum sur l'indépendance : "la RFY appartient au passé et les propositions de redéfinition des relations entre le Monténégro et la Serbie sont déjà dépassées". La loi monténégrine sur l'amnistie était en grande partie restée lettre morte, son application dépendant de la bonne volonté de l'armée fédérale. La police militaire yougoslave ne s'était d'ailleurs pas privée d'arrêter des soldats déserteurs et de poursuivre des recrues monténégrines ayant refusé de servir en Kosove. "Monitor" relate ainsi la condamnation de l'un de ces refractaires à cinq ans d'emprisonnement par la justice militaire, puis le harcèlement de sa famille à Podgorica pour le retrouver et l'emprisonner. La constitution fédérale n'oblige pas l'armée fédérale à respecter les lois d'une république fédérée, ce qui fait que, finalement, seuls une vingtaine de déserteurs ont demandé à être amnistiés par les autorités monténégrines (19 l'ayant effectivement été).

(Monitor 28.1) La coalition au pouvoir au Monténégro (Parti démocratique des socialistes DPS, Parti social-démocrate SDP et Parti du Peuple NS) semble avoir surmonté sa première crise, provoquée par les menaces social-démocrates de passer dans l'opposition si le gouvernement continuait de soutenir l'église orthodoxe serbe contre l'église orthodoxe monténégrine. Le 21 janvier, les sociaux-démocrates avaient annoncé qu'ils restaient dans la coalition, mais qu'il fallait que celle-ci engage une nouvelle phase du processus de réforme et résolve, "de façon démocratique, la question du statut juridique et étatique du Monténégro" dans (ou hors) la Fédération yougoslave. Les sociaux-démocrates demandent notamment le partage des biens de l'ancienne Ligue des communistes et la décentralisation interne. Pour eux-mêmes, ils demandent à pouvoir participer à la politique extérieure et budgétaire, et aux activités du ministère de l'Intérieur. S'agissant de la question de l'église, l'église orthodoxe monténégrine a été officiellement enregistrée, et le SDP attribue cette avancée aux pressions qu'il a exercées à l'intérieur de la coalition, et à l'internationalisation de la crise politique interne. En outre, le ministre des Affaires religieuses, Slobodan Tomovic, est en instance de départ de son poste. Reste la question institutionnelle : les sociaux-démocrates sont partisans de l'indépendance du Monténégro, les socialistes de Djukanovic d'une renégociation des liens avec la Serbie au sein de la Fédération yougoslave, et les deux approches restent contradictoires.

(Monitor 4.2) La Banque britannique "Hong Kong Shanghaï" (HSBC) a protesté, dans une lettre au président Djukanovic, contre le fait de ne pas avoir été retenue pour la fonction de conseil financier de la privatisation des Telecoms monténégrins, alors qu'elle affirme avoir proposé la meilleure offre de vente de l'entreprise. La HBSC avait déjà été liminée en 1998 pour la provation du combinat de tabac "Duvanski", au profit de la Merryl Lynch américaine. Pour la Telecoms, c'est l'autrichienne "Kreditanstalt" qui a été retenue. Au plan politique, l'opposition libérale et des députés sociaux-démocrates ont dénoncé une violation de la procédure d'appel d'offres.

(Vijesti 7.2) Pour le ministre monténégrin des Affaires étrangères, Branko Lukovac, s'exprimant dans un entretien accordé à "Vijesti", "le Monténégro n'est plus en situation d'être largement accepté par la communauté internationale. Il représente un cadre trop étroit, et la Fédération yougoslave est isolée et conflictuelle". Dans ces conditions, le Monténégro est condamné soit à "perdre des décennies" à attendre un changement radical de la Fédération yougoslave, soit à "décider indépendamment de son destin". Le ministre explique que "le projet d'Etat du Monténégro est de rendre ses citoyens maîtres de leur propre destin et de la position internationale du pays, soit dans une communauté avec la Serbie, soit indépendamment". Au retour d'une visite officielle en Slovénie, le ministre a annoncé que le Monténégro recevra 30 % des moyens investis par la Slovénie dans les programme du Pacte de stabilité des Balkans, et que "toutes les conditions sont remplies pour que le Monténégro et la Slovénie construisent de nouveaux rapports, qui seraient un exemple de coopération entre les Etats créés depuis l'éclatement de la Yougoslavie". Cela étant, actuellement, "le statut juridique et d'Etat du Monténégro est un facteur limitatif pour ()sa) politique extérieure" et pour son "développement intérieur, économique et général", dès lors qu'"aujourd'hui, chaque lien, même virtuel avec la Yougodlavie (...) rend impossible toute collaboration qui ne touche pas, de près ou de loin, à la résolution de la crise". Le ministre évoque enfin la possibilité pour le Monténégro de se présenter comme candidat à l'intégration euro-atlantique, "après la résolution de la crise dans la région, à moins que le Monténégro se décide à l'indépendance".

(IWPR 10.2) Le meurtre du ministre yougoslave de la Défense, Pavle Bulatovic, assassiné à Belgrade début février, a suscité au Monténégro de sérieuses inquiétudes, Bulatovic étant monténégrin, farouchement opposé à l'indépendance du Monténégro et partisan de l'opposition au gouvernement monténégrin. Bulatovic était égamement soupçonné d'avoir au moins contribué à organiser au sein de l'armée yougoslave un bataillon paramilitaire formé de Monténégrins opposés au gouvernement du Monténégro (et donc partisans du gouvernement yougoslave). Pendant la guerre de Kosove, Bulatovic avait qualifié la politique de neutralité adoptée par le Monténégro de "déshonneur". A Belgrade, des rumeurs ont rapidement couru après son assassinat pour en rendre responsable, soit la "mafia monténégrine", déjà accusée du meurtre d'Arkan en janvier, soit le pouvoir monténégrin lui-même.

(Monitor 16.2) Une barrière douanière entre la Serbie et le Monténégro a été réinstaurée à partir du 12 février par la direction fédérale des douanes, afin "d'empêcher le trafic illicite des marchandises soumises à la douane". Des postes de douane ont également été installés à la "frontière" entre la Serbie et le Kosovo. La douane fédérale souhaite empêcher l'entrée sur territoire serbe de marchandises soumises au paiement de droits et taxes, et entrées librement par le Monténégro et le Kosovo sans que ces droits et textes soient perçus. La décision de réinstaurer une douane entre la Serbie et le Monténégro fait suite à l'échec de négociations entre les premiers ministres serbe et monténégrin, Zoran Djindjic et Filip Vujanovic. Le ministre monténégrin du commerce a regretté la décision serbe, qui manifeste en réalité la différence entre les économiques respectives de la Serbie (qui a besoin d'une protection car elle n'est pas en état de faire face à une concurrence étrangère, et où l'agriculture joue un rôle relativement important) et du Monténégro (qui développe le tourisme et les prestations de transit, et donc des activités impliquant une ouverture maximale).

(Monitor 23.2) Le parlement monténégrin, élu en mai 1998, sera renouvelé le 22 avril à la faveur d'élections législatives fixées par le président Djukanovic. Les prévisions électorales sont incertaines, le Monténégro étant politiquement divisé en deux camps assez équilibrés. Le Parti démocratique des socialistes (DPS) du président Milo Djukanovic n'a pas encore décidé de former ou non une coalition "monténégrine", notamment avec le Parti social démocrate et le Parti libéral, face à la coalition "yougoslave" emmenée par le Parti socialiste populaire (SNP) du Premier ministre fédéral Momir Bulatovic Le SNP est cependant traversé par un conflit interne qui le fragilise, et qui l'empêche concrètement de prendre la tête d'une coalition d'opposition, notamment avec le Parti du peuple. En arrière-plan des élections législative, on retrouve toujours la question des rapports avec la Serbie, et le projet de référendum d'autodétermination. Compte tenu du relatif équilibre des forces entre "souverainistes" monténégrin et "fédéralistes" yougoslaves, quel que soit le résultat d'un tel référendum, il ferait apparaître une importante minorité refusant la solution choisie par la majorité, ce qui réduirait forcément la légitimité de la décision.

(IWPR 29.2) Des pressions sont exercées par le pouvoir serbe sur les Monténégrins vivant en Serbie pour les inciter à prendre parti (pour les partisans du pouvoir yougoslave) dans le conflit politique entre la majorité gouvernementale monténégrine et son opposition. Plus d'un million de Monténégrins vivent en Serbie (dont 300 à 400'000 à Belgrade), soit près du double de la population totale du Monténégro (Serbes du Monténégro compris). Leur intégration à la société serbe n'a jusqu'à présent posé pratiquement aucun problèmes, les cultures serbes et monténégrines étant très semblables, les deux peuples parlant la même langue et la même religion y étant majoritaire. De très nombreux hommes politiques serbes sont d'origine ou d'ascendance monténégrine, à commencer d'ailleurs par le président Milosevic, mais le pouvoir yougoslave a progressivement éliminé des instances fédérales tous les mMnténégrins proches du gouvernement de Podgorica qui y siégeaient : il n'y a plus de Monténégrins à la direction de la Banque nationale yougoslave, ni aux principaux postes de l'armée, du ministères des Affaires étrangères et de la police yougoslaves. Tous les directeurs monténégrins d'entreprises yougoislaves partisans du président Djukanovic ont été démis de leur fonction. En revanche, les partisans de l'opposition monténégrine (et donc du pouvoir yougoslave) ont prospéré, à l'image de Milovan Bojic, vice-Premier ministre serbe, Miodrag Zecevic, directeur de banque, de son frère Milija, qui dirige le "Mouvement yougoslave des Monténégrins".

(IWPR 29.2) Le pouvoir yougoslave intensifie son action pour contrecarrer les vélléités autonomistes, voire indépendantistes, du Monténégro. La dernière dispute en date entre les présidents yougoslave Milosevic et monténégrin Djukanovic a porté sur l'appartenance des aéroports : yougoslaves ou monténégrins ? Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement de Podgorica a reporté l'organisation d'un référendum sur l'indépendance, mais des rumeurs persistantes font toujours état de la volonté du régime de Belgrade de déclencher un conflit avec le Monténégro. Des sanctions économiques ont été imposées dès fin janvier au Monténégro (retenue à la frontières de livraisons de marchandises, blocage des exportations alimentaires serbes vers le Monténégro (d'où augmentation des prix, liée à la nécessité d'importer des denrées de Slovénie et de Croatie à des prix plus élevés). Une véritable "guerre des media" a été déclenchée avec la diffusion au Monténégro, en utilisant les infrastructures de communication militaires, d'un programme de télévision ("Yu Info") qui se fait le porte-parole du parti de Mira Markovic (l'épouse de Slobodan Milosevic), la "Gauche Unifiée Yougoslave". Personne ne s'attend réellement à une invasion militaire serbe du Monténégro, mais plutôt à une provocation de conflits locaux violents, notamment du nord du Monténégro (majoritairement pro-serbe), entre partisans et adversaires du régime de Belgrade. Le parti du président Djukanovic (Parti démocratique des socialistes) a accusé les généraux yougoslaves, en particulier le chef des services secrets de l'armée, le général Aleksandar Vasiljevic (qui a démenti) de former une unité paramilitaire au Monténégro (le 7ème bataillon de Police militaire) avec des militants du parti de Momir Bulatovic (fidèle de Milosevic), le Parti socialiste du Peuple. Selon l'hebdomadaire monténégrin "Monitor", les forces du 71ème bataillon sont passées de 400 à 900 hommes depuis la fin 1999 et pourraient atteindre 1900 hommes d'ici le printemps. Ce bataillon serait positionné en cas de conflit pour prendre le contrôle des aéroports et des postes-frontières. En face, la police spéciale du gouvernement monténégrin est forte de 15'000 hommes et dispose de matériel de guerre et de tenue de campagne.

(AIM 2.3, Monitor 3.3, IWPR) L'armée fédérale yougoslave a déployé des forces le long de la frontière serbo-monténégrine et sur des sites stratégiques monténégrins : points de passage aux frontières, aéroports, ports. La cause de ce déploiement est vraisemblablement la signature, le 24 février à Shkodër, d'un accord entre l'Albanie et le Monténégro sur l'ouvderture de leur frontière à Bozaj, dans la région de Tuzi. Toutes les tentatives précédentes des autorités monténégrines d'ouvrir des points de passage aux frontières pour permettre le passage des personnes et des marchandises s'étaient déjà heurtées à l'opposition, l'obstruction ou la résistance du gouvernement fédéral. Pour tenter cette fois de surmonter cette opposition, le Premier ministre monténégrin Filip Vujanovic avait proposé aux général Obradovic, commandant la Deuxième Armée fédérale, que l'armée participe au contrôle des frontières et à des patrouilles communes avec la police monténégrine. Cette proposition a été refusée dans les faits par Belgrade le 29 janvier : la route conduisant à Bozaj a été bloquée par l'armée fédérale et d'importants mouvements d'unités militaires fédérales ont été constatés dans la région, majoritairement peuplée d'Albanais. L'armée a expliqué que ses troupes déployées dans la région de Tuzi effectuaient des "exercices dans le cadre des préparations régulières au combat" et a nié tout rapport "entre ces activités et la signature d'un accord entre représentants du gouvernement de la République du Monténégro et la République d'Albanie", mais a néanmoins rappelé qu'une décision fédérale du 13 mars 1997 fermant la frontière albano-monténégrine était toujours en vigueur. Une zone frontalière de cinq kilomètres à l'intérieur du territoire monténégrin est réservée aux troupes fédérales. Le point de passage de Bozaj se situe dans cette zone, et le 25 février, jour prévu pour son ouverture, une partie des unités de l'armée fédérale a été mise en alerte. A Bozaj, les soldats fédéraux contrôlent le trafic, vérifient les papiers et suscitent un sentiment de crainte au sein de la population locale, majoritairement albanaise. Des unités de l'armée ont également été envoyées à la frontière bosno-monténégrine, le poste de contrôle de Scepan Polje restant ouvert. La frontière serbo-monténégrine est elle, gardée par la police et la police militaire. L'unité de police militaire du 21ème bataillon, équipée de blindés, a été envoyée dans la région de Dubrava, près de Tuzi, une partie de la 326ème Brigade d'artillerie de Danilovgrad a été engagée autour de l'aéroport de Golubovci ou envoyée à Radovce, le 71ème Bataillon a été mis en état d'alerte, après avoir été renforcé de 120 officiers venus de Serbie et déployé dans tout le Monténégro. Après avoir parlé à ses officiers supérieurs de possibles "provocations de la part de la police" monténégrine, et même évoqué un siège de l'aéroport Golubovci, le général Obradovic a justifié le déploiement de forces fédéral comme une mesure de prévention contre une éventuelle intrusion de troupes de l'OTAN en provenance d'Albanie. Au Monténégro, on a bien plutôt l'impression d'une sorte de "guerre psychologique" engagée contre le gouvernement monténégrin. Cette utilisation de l'armée fédérale dans le conflit politique entre les pouvoirs serbo et monténégrin suscite au sein même de l'armée des critiques de soldats (certains déclarant qu'ils ne servaient dans l'armée au Monténégro que par crainte du chômage) et d'officiers, l'un d'entre eux déclarant à l'hebdomadaire monténégrin "Monitor" que "l'emploi de l'armée (fédérale) contre la police monténégrine et la population aurait pour conséquence la disparition finale de la VJ" (l'armée fédérale). Ces dissensions au sein de l'armée ne seraient pas étrangères à la formation du 7ème bataillon, force inconditionnelle du régime de Belgrade, recrutant parmi les partisans de l'opposition monténégrine et du parti de Momir Bulatovic, et accordant à ses hommes des salaires plus élevés que dans le reste de l'armée

(Monitor 3.3) Sept ans après l'enlèvement et la "disparition" (c'est-à-dire probablement la mort) de 20 musulmans, dont huit Monténégrins, à la station ferroviaire de Strepci, sur la ligne Belgrade-Bar, le 27 février 1993, et alors qu'on ne sait toujours pas officiellement qui ordonna et qui exécuta ce crime, le Forum démocratique pour les droits de la personne humaine et les relations internationales a lancé un appel aux autorités monténégrines afin qu'elles mettent tout en oeuvre pour "faire toute la vérité sur cette tragédie et punir les coupables comme ils le méritent". Une commission parlementaire avait été chargée d'enquêter sur l'enlèvement de Strpci, et a adressé un rapport aux instances internationales, avant que de clore ses travaux au début 2000. Depuis, les familles de disparus, des ONG monténégrines et le tribunal de Bijelo Polje, qui a inculpé un Monténégrin, Nebojsa Ranisaljevic, et un Serbe de Bosnie, Milan Lukic, pour l'enlèvement et l'exécution des 20 personnes, tentent de faire la lumière sur l'affaire. Le procès intenté par le tribunal contre Ranisaljevic, a été interrompu, après que les requêtes lancées par le tribunal en Serbie et en Bosnie soient restées sans réponse.Le vice-président du gouvernement monténégrin, Dragisa Burzan, et le président du Comité Helsinki du Monténégro, Slobodan Franovic, considèrent que l'affaire est désormais du ressort du Tribunal Pénal International (TPI) de La Haye, dont le Monténégro a reconnu la compétence.

(Monitor 10.3) Selon "Monitor", le président yougoslave Milosevic chercherait à négocier avec le président monténégrin Djukanovic, et une rencontre entre les deux hommes serait préparée, notamment par Ratko Markovic. Les autorités monténégrines ont cependant démenti l'information, qui n'a pas été officiellement confirmée à Belgrade mais a été donnée à "Minotir" par un "fonctionnaire" . Ratko Markovic s'est contenté de déclarer qu'il n'avait pas personnellement participé à la préparation de négociations entre Belgrade et Podgorica.

(IWPR 28.3) La Serbie et le Monténégro ont finalement résolu leur dernier problème de frontière en date, après que les autorités monténégrines aient accepté la présence de soldats de l'armée fédérale yougoslave le long de ses frontières avec la Kosove, près de Rozaje, l'armée assurant la surveillance de la frontière avec la police monténégrine, officiellement pour mettre un terme à la contrebande d'armes et de drogue. D'autres points communs de contrôle doivent être créé, l'armée fédérale ayant, sitôt l'accord trouvé sur le premier point de contrôle, réclamé qu'il en soit créé d'autres. Dès la fin janvier, l'armée fédérale avait mis en place, seule, un point de contrôle à la frontière albanaise, puis, début mars, à la frontière bosniaque. Le contrôle des points de passage à la frontière avec la Kosove (même si celle-ci fait toujours formellement partie de la Yougoslavie) est particulièrement important pour le Monténégro, le transit de marchandises vers la Kosove via le Monténégro générant des millions de DM de revenus pour le Monténégro depuis la prise de contrôle de la Kosove par l'ONU.

(Monitor 31.3) Le marché d'automobiles de Rozaje est devenu un véritable paradis pour le trafic de voitures, achetées essentiellement par des Albanais de Kosove, mais également par des Serbes ou des Sandzakis. Chaque semaine, plusieurs centaines de voitures se dirigent vers le marché, en provenance de la République serbe de Bosnie. Les voitures sont le plus souvent volées en Kosove, mais porteront, après leur achat, des plaques monténégrines. Les vendeurs et les intermédiaires gagnent pèlusieurs centaines de DM sur chaque voiture vendue, pour 1000 ou 2000 DM, voire plus (jusqu'à 16'000 DM) Les voitures allemandes sont celles qui se vendent le mieux. Le marché de Rozaje est pratiquement légal, et a été ouvert à la demande des autorités municipales pour débarrasser la ville des abouteillages provoqués par la vente de voitures dans les rues.

(Vreme 8.4) Plusieurs hauts responsables de l'armée fédérale yougoslave ont rejoint le camp monténégrin. Le général Blagoje Grahovac, ancien adjoint du chef d'état-major de la marine et de la défense antiaérienne fédérales, destitué en 1999, est devenu Conseiller chargé de la défense auprès du président Djukanovic; le général Radoslav Martinovic, ancien commandant de la Deuxième armée, lui aussi destitué en 1999, est devenu Conseiller chargé de la défense et de la sécurité auprès du Premier ministre Vujanovic; l'ancien chef du service de sécurité de l'état-major fédéral, le général Nedjeljko Boskovic, est devenu Conseiller chargé des relations avec l'armée fédérale auprès du ministre de l'Intérieur monténégrin.

(Courrier des Balkans, avril 2000)L'Association pour la prospérité démocratique, née en 1998 de l'Association des étudiants du génie civil de l'université de Podgorica, et qui diffuse le magazine "Zid", a élaboré, en réaction au "Pacte de stabilité pour l'Europe du sud-est", un projet de "Pacte citoyen pour les Balkans, visant à la réconciliation entre les peuples. Le "Pacte citoyen" met en relations des associations et réseaux de jeunes en Bosnie, Croatie, Serbie (le mouvement "Optor"), en Slovénie et en Macédoine, mais aussi en France, en Grande-Bretagne et au Pays-Bas. Ses trois objectifs principaux sont la promotion du processus d'intégration des Balkans, leur démilitarisation et la recherche d'une solution pour mettre fin à l'émigrazion économique. L'association, explique l'un de ses porte-paroles à Podgorica, Slobodan Zivkovic, veut "prendre au mot les gouvernements qui ont signé le Pacte de stabilité" et qui ont oprécisé que ce pacte devait être accompagné d'un autre, passé au niveau de la société civile. L'association veut donc mettre en place des jumelages entre villes des Balkans et de l'Europe de l0ouest, faire circuler l'information, échanger les cultures.

(Vijesti 28.4) "L'Etat commun" à la Serbie et au Monténégro "existe aujourd'hui uniquement pour la Serbie et dans ses intérêts", estime le ministre monténégrin des Affaires étrangères, Branko Lukovac, dans un entretien à "Vijesti". Le ministre affirme que les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU "soutiennent la plate-forme que (le Monténégro a) proposée à Belgrade" pour redéfinir le cadre de la Fédération yougoslave, et que "presque tous" les acteurs internationaux "importants" soutiennent la le choix politique du Monténégro, que le ministre définit comme étant "une politique de transformation démocratique, de réformes économiques, de coopération avec la communauté internationale, de coopération régionale et d'intégration dans les structures européennes". Belgrade, par contre, affirme être soutenue par la Russie et la Chine, mais Branko Lukovac est "persuadé que ce serait une faute de considérer ceraines positions décisives de la Russie et de la Chine concernant le rôle du Conseil de sécurité et l'utilisation de la force en dehors du Conseil, l'intégrité territoriale et l'immixtion dans des affaires internes aux pays, comme un soutien à la politique de Belgrade". Le ministre reconnaît cependant que la Russie tient au maintien d'un Etat commun au Monténégro et à la Serbie, mais assure qu'elle respectera les résultats des négociations entre les deux Républiques. Branko Lukovac se dit partisan de "l'indépendance des uns et des autres, sans menaces ni violences", pour "hôter le lourd héritage du passé" et le sentiment "qui existe chez une grande partie de nos citoyens (...) que nous représentons un fardeau les uns pour les autres". Il se dit "entièrement persuadé" que si les négociations pour la redéfinition de la Yougoslavie échouent, la communauté internationale acceptera le choix indépendantiste du Monténégro, mais admet n'avoir aucune garantie en ce sens.

(Monitor 12.5) Le commandant de la Deuxième armée yougoslave, le général Milorad Ojdanic, a déclaré à "Nedjeljni Telegraf" que l'armée ferait tout pour empêcher toute tentative de "sécession" du Monténégro, et le général Obradovic a dénoncé une tentative de la police du Monténégro de devenir "un pendant à l'armée, ou de créer un équilibre des forces sur le territoire monténégrin", assurant que l'armée ne le permettra pas. Quant au président Milosevic, il s'est fait proclamer commandant suprême de l'armée fédérale, en dépossédant de fait le Conseil duprême de la Défense (après en avoir "chassé" le président monténégrin Milo Djukanovic) de ses prérogatives.

(Monitor 12.5) Un mouvement de récupération (ou de restitution) des églises orthodoxes du Monténégro à l'Eglise nationale monténégrine, après des décennies de mainmise serbe, est en cours. Le village natal de la dynastie monténégrine Petrovic, Njegusi, a ainsi décidé de restituer toutes ses églises (au nombre de quinze, pour un village de 1200 habitants) à l'Eglise orthodoxe monténégrine, qualifiée de "fausse église" par les partisans de Slobodan Milosevic au Monténégro. Les villages de Tomici et de Predis ont également accordé leurs églises à l'Eglise orthodoxe monténégrine, et une dizaine de villages du Monténégro se préparent à en faire autant.

(Monitor 19.5) Dans un entretien avec "Monitor", le prince Nicolas Petrovic Njegosh, représentant officiel du Monténégro en France, qui après avoir "vécu cinquante comme un Français, ayant seulement une idée de (son) origine monténégrine" (l'héritier de la dynastie monténégrine a en effet passé toute sa vie en France, jusqu'à son premier retour au Monténégro) se dit devenu "avant tout monténégrin, obsédé par le Monténégro", et qui est l'organisateur de la Biennale d'art, "conçue tout d'abord comme (...) un lieu loù nos cultures (d'Europe occidentale et orientale), notre art allaient de nouveau se rencontrer", fait un constat finalement assez optimiste de la situation au Monténégro. "Nous (Monténégrins) avons sauvegardé le Monténégro, nous ne nous pas battus entre nous, la confiance entre les gens de différentes nations qui vivent ici n'est pas détruite", et "on peut sans problèmes créer une société civile, multiéthnique (sans) pour cela, comma dans certaines autres régions des Balkans, (investir) des millions de DM et une énorme énergie". Pour Nicolas Petrovic Njegosh, la "vie de différentes nations et religions en commun est possible ici"". Cela étant, la vie est "difficile, les gens sont en général laissés à eux-mêmes, ils doivent se débrouiller de différentes manières afin de survivre. Beaucoup de choses ont été détruites". Politiquement, le prince monténégrin fait preuve également d'un optimisme prudent : "Il y a dix ans le Monténégro était aux côtés de Milosevic, pour sa conception nationaliste et belligérante. Aujourd'hui il est sur un tout autre chemin (...) qui pourrait le mener vers les intégrations européennes". Aujourd'hui, poursuit Pour Nicolas Petrovic Njegosh, "nous nous distinguons de la Serbie : elle voit son avenir sans les Albanais. Par ailleurs les Albanais du Kosovo désirent toujours cet espace pour eux seuls; ils ne veulent pas le partager avec les Serbes. Alors qu'ici, au Monténégro, il y a de la place pour tous". En ce qui concerne les relations avec la Yougoslavie, il explique que "le bâtiment (que le Monténégro) a construit avec la Serbie est à moitié détruit mais pas encore abandonné", et qu'il "risque de s'écrouler et d'anéantir nos vies". Il faut donc "abandonner (cette maison) et en construire une nouvelle. Avec ou sans la Serbie, ce sont nos citoyens qui en décideront (...). Il n'y a plus de Yougoslavie. Personne ne nous défend de continuer à aimer notre ex-pays, mais comme un monument des temps passés".

(Monitor 26.5) Créé en 1999, le "Groupe 99", rassemblant des artistes, des écrivains, des intellectuels, entend renouer les contacts et la coopération entre acteurs culturels yougoslaves séparés depuis dix ans, et reconstituer une scène culturelle dans l'ensemble de l'ex-Yougoslavie. Le président de l'Association monténégrine des écrivains indépendants, Milorad Popovic, explique que même les artistes, écrivains et intellectuels des divers nations de l'ex-Yougoslavie, qui avaient en commun la même opposition à la guerre, la haine éthnique et la xénophobie, ne communiquaient pas entre eux, et que leurs oeuvres n'étaient pas traduites d'une langue "yougoslave" à une autre, alors qu'elles l'étient en anglais, en allemand ou en français. Par contre, relève Popovic, ceux qui ont provoqué et mené les guerres entre "yougoslaves" n'ont, eux, cessé de communiquer. Le groupe a été formé en octobre 1999 au Salon du livre de Francfort, avec le soutien notamment de Günter Grass et de plusieurs organisations culturelles européennes. Les écrivains du groupe ont présenté fin mai la jeune littérature monténégrine, et le groupe a apporté son soutien aux media indépendants de Serbie, et à la militante des droits de l'Homme en Kosove, Flora Broviva. Le Monténégro a été la première des républiques de l'ancienne yougoslavie a accueillir officiellement l'association dont les membres viennent également de Serbie, Croatie et Bosnie. Pour Milorad Popovic, "le Monténégro peut, avec ses spécificités géopolitiques et multi-éthniques, représenter un pont de coopération entre tous ces peuples malheureux qui ont fait la guerre récemment". La rencontre du Groupe 99 a décidé de la publication d'un magazine littéraire du groupe et d'une visite en Kosove avant la fin 2000, afin d'établir une communication entre intellectuels serbes et albanais.

(Vijesti 8.6) Un groupe d'intellectuels monténégrins s'est adressé le 7 juin à l'opinion publique en lançant un "Appel à la conscience civile" demandant la tolérance et prônant la résistance aux "dangereux défis du sang, du couteau et du sol".

Appel à la conscience civile

L'histoire et les évènements dans les Balkans n'ont jamais été conformes au moment historique global. Il serait normal qu'à la fin du millénaire et du siècle les régions urbaines et rurales des Balkans soient dominées par des valeurs civilisatrices correspondant à toutes les couches humaines de notre époque. Le temps, critère et porteur d'une morale et d'une sensibilité constante créée à l'image de l'homme à travers l'expérience humaine, ne peut tirer sa prospérité matérielle et spirituelle d'un passé impossible à oublier ni des reliques de formes figées d'une pensée et d'une vie claniques.

Il n'est pas permis de rester sourd et muet dans une ambiance de passions éthniques réveillées par un lexique sanguinaire, devant les attaques insensées d'une mythomanie destructive, d'un kitsch épèique et d'une logique clanique limitée. C'est un grand devoir civilisateur de l'homme de prendre position et de rester debout, de ne pas se soumettre aux défis du sang, du couteau et du sol ! C'est avant tout un devoir des citoyens de la République du Monténégro, Etat qui abrite des églises à deux autels, qui présente de grands exemples de la cohabitation multiconfessionnelle et multinationale, une éthique de voisinage selon laquelle le voisin ressemble fortement au frère et qui estime que le respect des valeurs humaines effacent toute question confessionnelle !

Le Monténégro a survécu au dernier tourbillon balkanique sans avoir versé de sang. Malheureusement, le sang humain a été versé dans un attentat commus dans ses rues par une chaude soirée méditerranéenne, il y a quelques jours... Serait-ce un tir contre le Monténégro et son refus des poursuites éthniques et des éthnocides, sa résistance aux guerres et aux humiliations ? Le Monténégro a ouvert ses frontières et ses portes à tous ceux qui étaient poursuivis et chassés de leurs foyers et de leurs lieux saints. Ce n'est pas un Monténégro à trois doigts, mais un Monténégro tourné vers le monde, vers l'Europe, vers la Méditerranée. Ce n'est pas un Monténégro qui demande à ses citoyens non-monténégrins de passer tous les jours un examen de nationalisme monténégrin. Il faut tourner son regard vers un Monténégro de tolérance civile et non pas d'hostilité clanique et politique contre les formes civilisatrices de la vie et contre tous les progrès de la conscience technique et civilisatrice du XXIème siècle. La société civile monténéàgrine ne doit pas connaître un Monténégro éternellement composé d'amis et d'ennemis, mais plutôt un Monténégro avec des intérêts constants et un code civilisateur européen.

Signataires :

Prince Nikola Petrovic II Njegos, Dado Djuric, Obren Blagojevic, Branko Pavicecis, Dragisa Ivanovic, Voso Stanic, Veljki Milatovic, Stevan Dedijer, Mijat Sukovic, Dimitrije Popovic, Bozina Ivanovic, Jevrem Brkovic, Nikola Popovic, Mirko Kovac, Svetlana Kana Redevic, Branko Radojidid, Husein Basic, Sreten Perovic, Miodrag Perovic, Vukic Pulevic, Gojko Kastratovic, Miodrag Vukmanovic, Momo Vukovic, Cedo Vukovic, Sreten Asanovic, Vojislav Vulanovic, Zuvdija Hodzic, Mihailo Plamenac, Djerdj Berisa, Aga Simonovic, Andja Kapicic, Jelena Manja Radulovic, Branislav Micunovic, Pavle Pejovic, Radmila Vojvodic, Mladen Lompar, Ranko Radovic, Kozidar Nikolic, Cedomir Draskovic, Djeljos Djokaj, Dubravka Vukotic, Branimir Popovic, Mladen Nelevic


(Reuters, AFP, AP 11.6) Le 11 juin se sont déroulées au Monténégro des élections municipales à valeur de test politique, notamment dans l'hypothèse d'un référendum à venir sur l'indépendance. Les deux municipalités étaient celles de Podgorica, la capitale du Monténégro (110'000 électeurs), remportée par la coalition "Vivre mieux" du président Djukanovic, et Herzeg Novi, sur la côte adriatique (22'000 électeurs), remportée par la coalition "Pour la Yougoslavie", formée autour du PS monténégrin du Premier ministre yougoslave Momir Bulatovic, allié à l'extrême-droite (parti radical) et à la "Gauche yougoslave". Lors d'un meeting électoral, le président Djikanovic avait résumé le duel majorité/opposition en "une lutte entre la démocratie et la dictature, une lutte entre l'intégration et l'isolement, une lutte entre le progrès économique et l'effondrement économique". Le vice-président du Parti socialiste monténégrin (SNP), Predag Bulatovic, avait quant lui dénoncé les "tendances séparatistes du régime du Monténégro". Le résultat des élections municipales illustre finalement la persistance d'un profond clivage. Les deux municipalités en jeu concentraient à elles seules le tiers de l'électorat monténégrin. Selon le politologue Rados Ratkovic, le président Djukanovic disposerait a priori du soutien inconditionnel de près de 50 % des électeurs, et l'opposition pro-yougoslave de celui d'environ 20 % des électeurs. Les 30 % d'indécis font donc la différence. Les taux de participation ont été voisins de 70 % à Podgorica et de 70 % à Herceg Novi. Plus de 400 observateurs internationaux et locaux, dont 80 envoyés par l'OSCE, surveillaient le vote et le dépouillement.

(IWPR 13.6) Ni les partisans du président Djukanovic (qui l'ont emporté à Podgorica), ni ceux du Premier ministre yougoslave Momir Bulatovic (qui l'ont emporté à Herceg Novi) n'ont réellement gahné les élections locales monténégrines, quoique les uns et les autres aient fêté leur victoire respective dans l'une ou l'autre ville. A Podgorica, le président Djukanovic a déclaré que la victoire de ses partisans représentait "un véritable triomphe pour notre politique dans la capitale", où elle a emporté 28 sièges sur 55 au parlement municipal. A Herceg Novi, où la coalition "Yougoslavie" a obtenu 19 sièges sur 35, on a aussi fêté la victoire, en buvant à la santé de Sllbodan Milosevic et de la Yougoslavie. "La Serbie est notre Etat et nous travaillerons pour lui", a déclaré le futur maire, Djuro Cetkovic. Mais si les élections locales n'ont pas fait de gagnant, elles ont fait un perdant : l'Alliance libérale, favorable à l'indépendance, et qui avait provoqué des élections anticipées dans les deux villes, n'a finalement gagné que quatre sièges à Podgorica et deux à Herceg Novi, mais a perdu l'influence qu'elle détenait en étant membres des coalitions locales. En outre, la progression des partisans de l'indépendance est insuffisante pour garantir leur succès lors d'un référendum sur ce thème dans l'ensemble du Monténégro.

(IWPR 13.6) Le président Djukanovic a déclaré, lors d'un entretien avec un collaborateur de l'Institute for Ware & Peace Reporting de Londres, n'être pas pressé d'organiser un référendum au sujet de l'indépendance. "Les changements vont se produire progressivement, et plus lentement que nous le souhaitons", a déclaré le président monténégrin, qui a assuré ne pas vouloir "laisser traîner les réformes", mais devoir "respecter les divisions profondes qui existent au Monténégro" entre partisans du régime serbo-yougoslave et partisans de l'indépendance. "Le Monténégro est un Etat qui a rejoint (la Yougoslavie) par la volonté de ses citoyens, et ces mêmes citoyens peuvent décider qu'ils souhaitent un statut constitutionnel et juridique différent", a déclaré le président monténégrin. S'agissant de l'attitude de Slobodan Milosevic, Milo Djukanovic a admis qu'"il pourrait essayer d'imposer un état d'urgence au Monténégro", mais a assuré qu'"il échouerait parce qu'il n'est pas assez puissant pour détruire la volonté démocratique du Monténégro", dont le président se dit "certain que la communauté internationale ne restera pas les bras croisés" si un conflit éclate et que la Serbie attaque le Monténégro, ce qui serait "une attaque contre la démocratie, une attaque contre la politique du Pacte de stabilité de l'Europe du sud-est et donc une attaque contre l'Union européenne, l'Amérique et la Russie".

(Monitor 16.6) Les résultats définitifs des élections municipales partielles monténégrines ne font apparaître ni vainqueur (puisque chacune des deux coalitions a gagné dans la ville où elle l'espérait), ni vaincu, sinon l'Alliance libérale, qui en quitté la coalition au pouvoir et s'est privée de la possibilité de se constituer en troisième force, entre la coalition "Vivre Mieux" du président Djukanovic et la coalition "Yougoslavie" de Momir Bulatovic. La coalition du président monténégrin a obtenu 28 sièges à Podgorica, et peut gouverner la ville seule, contre les 22 sièges de la coalition du Premier ministre yougoslave, et les quatre sièges du Parti libéral. A Herceg Novi, c'est la coalition "Yougoslavie" qui peut gouverner seule, avec 19 sièges, contre les 15 de la coalition "Vivre Mieux" et les deux des libéraux.

(Monitor 16.6) Pour le spécialistes des sondages d'opinion Rasenko Cajdenovic, les motivations des électeurs de Herceg-Novi ont été plus "politiques" que celles des électeurs de Podgorica. Dès les premiers sondages, effectués un mois et demi avant les élections, la victoire de la coalition favorable au président Djukanovic se dessinait à Podgorica, et celle de la coalition favorable à Momir Bulatovic à Hercec-Novi, mais, dans ce dernier cas, avec plus d'incertitudes, un plus faible écart edntre les deux coalitions, et, au final, un taux d'abstention un peu plus élevé qu'à Podgorica (25 % contre 21,2 %). Selon le "sondeur", ces abstentions ont finalement profité à la coalition "pro-yougoslave", qui a pu obtenir la majorité absolue à Herceg Novi grâce à une moindre mobilisation de ses adversaires. Cadjenovic signale également qu'un tiers de la population d'Herceg Novi se déclare comme étant serbe (contre 20 % pour l'ensemble du Monténégro). Les sondages portant sur les motivations des électeurs font enfin apparaître qu'une majorité des électeurs considéraient que la coalition "présidentielle" serait mieux à même de régler les problèmes concrets de la ville, mais qu'une majorité s'apprêtait tout de même à voter pour la coalition "yougoslave", par choix politique.

(Monitor 4.7) Les réactions internationales au résultat des élections monténégrines expriment le sentiment largement répandu que le faible écart entre partisans et adversaires de l'indépendance oblige les premiers à ouvrir le dialogue avec les seconds, et à ne pas précipiter les échéances. Pour l'Union européenne, il importe, selon Javier Solana, responsable de l'UE pour la politique extérieure, de "soutenir un Monténégro démocratique dans une Yougoslavie démocratique". Joshka Fischer, ministre allemand des Affaires étrangères, attend de Belgrade et de Podgorica "des discussions sérieuses pour un avenir en commun". Pour l'Ambassadeur américain à Belgrade, William Montgomery, "la seule véritable solution est que par le dialogue les intérêts de tous soient satisfaits". Quelques voix se sont élevées cependant pour soutenir la revendication d0indépendance : le Premier ministre slovène Janez Dmovsek estime ainsi que "le Monténégro a droit à l'indépendance comme toutes les autres républiques de l'ancienne Yougoslavie"

(Monitor 23.6) La cérémonie officielle d'ouverture de la Mission monténégrine à Sarajevo va avoir lieu sous peu, a déclaré le chef de la Mission, Novak Kilibarda. Cette représentation du Monténégro en Bosnie a été décidée en 1998. Le Monténégro dispose de représentations "diplomatiques", quoique n'étant pas un Etat souverain, à Washington, New York, Bruxelles, Llubljana, Londres et Rome. Novak Kilibarda y voit les prémices de "futures ambassades du Monténégro (...) si le Monténégro passe à des relations confédérales avec la Serbie". Par ailleurs, des échanges interuniversitaires entre doctorants de Sarajevo et de Niksic devraient s'établir.

(Nin 29.6) Dans un entretien accordé à "NIN", le président monténégrin Milo Djukanovic déclare que "les réformes démocratiques et économiques et l'ouverture du Monténégro à la communauté internationale ont été confirmées aux dernières élections" municipales, et qu'il lui est possible d'être le président de tous les Monténégrins, même si ceux-ci sons divisés. Se déclarant opposé à l'organisation d'élections fédérales en Yougoslavie, qui "augmenteraient le chaos législatif ambiant" dans un pays qui "n'existe qu'en théorie" et dont "aucune institution fédérale ne fonctionne" depuis trois ans, Milo Djukanovic réitère sa demande aux "acteurs politiques serbes (de se) prononcer sur la proposition monténégrine de redéfinir les rapports entre la Serbie et le Monténégro"", et affirme souhaiter "encore" vouloir que Monténégrins et Serbes vivent ensemble, même si "l'intérêt yougoslave des Monténégrins va décroissant" et que "le Monténégro se rapproche de plus en plus de (la) possibilité) d'un référendum sur son indépendance. Le président monténégrin reproche par ailleurs à l'opposition serbe "sa division et son égoïsme", l'incapacité de ses chefs à "surpasser leur vanité et les intérêts étroits de leurs groupes politiques" et, finalement, d'aider "le renforcement de la dictature et le prolongement de l'agonie en Serbie". Enfin, à propos du Kosovo, Milo Djukanovic, tout en considérant que "Belgrade a raté de façon irresponsable les occasions de paix des rencontres de Rambouillet et de Paris", accuse la communauté internationale d'avoir "sous-estimé" le nationalisme albanais "très agressif" et qui "souhaite purifier le Kosovo de la population non-albanaise" et "mettre au monde un Kosovo indépendant comme première étape de la constitution de la Grande Albanie".

(Monitor 30.6) Le mandat de l'actuel "Conseil des citoyens" (Chambre basse) du Parlement fédéral yougoslave expire à la fin de l'année, et il faudra donc élire de nouveaux députés, en Serbie et au Monténégro. En Serbie, tous les acteurs politiques attendent ces élections et espèrent en tirer profit : les partisans de Milosevic pour garder le pouvoir, l'opposition pour le prendre. Au Monténégro, par contre, la coalition gouvernementale a toutes les raisons de craindre ces élections, et ne peut s'attendre qu'à une défaite politique, même si elle gagnait les élections, puisqu'y participer signifierait l'abandon de la plate-forme monténégrine de réforme des institutions fédérales yougoslaves. A l'inverse, l'opposition monténégrine, liée au pouvoir serbe, a tout intérêt à cette consultation, qu'elle la gagne ou la perde, puisqu'elle signifie, indépendamment de son résultat, la pérennité du lien entre la Serbie et le Monténégro.

(Monitor 30.6) "Je voudrais, en mon propre nom et au nom des citoyens du Monténégro, et surtout de ceux qui partagent mes convictions morales et politiques, exprimer mes regrets à tous les citoyens de la République de Croatie, en particulier à ceux de Konavlje et de Dubrovnik, aux citoyens de Neretvljanka Zupa, pour tout le mal, toutes les souffrances et toutes les pertes matérielles qu'ils ont subies de la part de tout représentant du Monténégro engagé dans l'armée nationale yougoslave" lors de la guerre serbo-croate (ou l'armée yougoslave servait les intérêts serbes), a déclaré le président monténégrin Milo Djukanovic lors d'une conférence de presse suivant sa première rencontre avec le président croate Stipe Mesic. Cette déclaration a été accueillie en Croatie avec approbation mais prudence. Le vice-président du Parti social-démocrate (SDP) l'a qualifiée d'"excuses par nécessité", Milo Djikanovic ayant, au moment de la guerre avec la Croatie, soutenu le point de vue serbe. En Serbie, on a évidemment tiré à boulets rouges sur le président Monténégrin, qualifié de "traître", y compris par l'opposition monténégrine, partisane de Slobodan Milosevic, Milo Djukanovic est d'ailleurs allé plus loin que l'expression de regrets, et a déclaré au journal "National" de Zagreb que le Monténégro était "prêt à supporter toutes les conséquences" de ses fautes passées, et même à payer des dommages de guerre à la Croatie.

(IWPR 4.7) Après la rencontre entre les présidents croata, Stipe Mesic, et monténégrin, Milo Djukanovic, le 24 juin à Cavtat, rencontre après laquelle le président monténégrin avait présenté ses excuses aux Croates pour la participation de soldats monténégrins aux côtés des Serbes pendant la guerre de 1991-1995 (alors que Djukanovic lui-même était Premier ministre du Monténégro), un rapprochement se dessine entre les deux pays, malgré un contentieux territorial au sujet de la péninsule de Prevlaka (inhabitée), théoriquement croate mais occupée depuis 1991 par les troupes yougoslaves. Un projet d'autoroute de l'Adriatique à la mer Ioninenne, reliant l'Italie à la Grèce en traversant la Slovénie, la Croatie, le Monténégro et l'Albanie, est à l'étude.

(IWPR 9.7) De plus en plus nombreux semblent les Serbes venant s'installer au Monténégro, pour fuire les réalités (sociales, économiques, politiques) prévalant en Serbie, alors qu'il n'y a pas si longtemps, le flux était inverse, que c'étaient les Monténégrins, venant d'une petite république sous-développée, qui affluaient en Serbie, et particulièrement à Belgrade. Aujourd'hui, c'est Podgorica qui devient un pôle d'attraction pour des Serbes relativement favorisés (hommes d'affaire, politiciens, journalistes, étudiants, professeurs, médecins), les uns parce qu'ils sont opposants politiques, les autres parce qu'ils souhaitent trouver une situation matérielle moins difficile. Des politiciens (comme Goran Vesic), des artistes (comme Miroslav Nine Popovic), des militaires même (comme le général Martinovic) se sont ainsi établis au Monténégro. La répression et la violence régnant en Serbie ont également conduit au Monténégro nombre de Serbes, parfois riches et célèbres, comme le millionnaire Bogoljub Karic. En trois mois, le centre de Sécurité de Podgorica a délivré 5000 nouveaux documents d'identité. Des journaux ont transféré leur publication de Belgrade à Podgorica, comme le "Dnevni Telegraf" et "Evropljanin", pour échapper à la loi serbe sur l'information. Le plus fort tirage de la presse serbe, "Blic", a transféré une partie de ses travaux d'imprimerie à Podgorica.

(IWPR 14.7) En réaction aux changements opérés à la constitution yougoslave par les partisans du président Milosevic, le gouvernement monténégrin semble commencer à préparer le terrain pour un référendum sur l'indépendance de la République. Le président Djukanovic a déclaré que "jamais auparavant le Monténégro n'avait été si prêt de réaliser son indépendance", et les autorités monténégrines ont décidé de boycotter les élections fédérales yougoslaves. La communauté internationale est plus circonspecte, et craint une intervention militaire serbe contre le Monténégro, sous une forme ou une autre. L'"Institute for War and Peace Reporting" de Londres fait état d'informations selon lesquelles des plans étaient prêts pour le déploiement de tanks yougoslaves dans les rues de Podgorica, et le blocage des bâtuments officiels. Des unités de l'armés yougoslave, y compris de la marine et de la police, pourraient être mises en alerte très rapidement en cas de proclamation de l'indépendance par le Monténégro. Le président Djukanovic a appelé, dans cette hypothèse, la communauté internationale à "défendre son honneur et sa politique dans les Balkans" en soutenant le Monténégro. Le 7 juillet, le porte-parole du Département d'Etat américain a cependant réitéré l'opposition des USA à l'indépendance du Monténégro "qui provoquerait Belgrade et pourrait donner lieu à un conflit". La Secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright, a offert au président Djukanovic 16,5 millions de dollars d'aide à la démocratisation et aux réformes économiques au Montenegro. L'Union Européenne et la Russie ont également exprimé leur opposition aux vélléités indépendantistes monténégrines, mais les présidents slovène Milan Kucan, tchèque Vaclav Havel et croate Stipe Mesic ont soutenu, lors d'une rencontre le 11 juillet avec le président Djukanovic, le droit du Monténégro à l'autodétermination. Le 14 juillet, une rencontre a réuni à Sveti Stefan des conseillers de Milo Djukanovic et des représentants de l'opposition serbe, dont au moins plusieurs composantes sont prêtes à participer aux élections organisées par le pouvoir de Belgrade.

(IWPR 25.7) La société monténégrine est en train de se diviser profondément entre les partisans de l'indépendance et ceux de la fédération avec la Serbie. Les seconds, partisans de l'opposant monténgrin mais Premier ministre yougoslave Momir Bulatovic, s'engagent de plus en plus nombreux dans des unités de réserve de l'armée fédérale, alors que les premiers, partisans du président monténégrin et opposant yougoslave Milo Djukanovic rejoignent les unités de réserve de la police monténégrine. Une division sommaire traverse le Monténégro entre le nord, partisans de Bulatovic et de la fédération, et le sud, partisan de Djukanovic et de l'indépendance.

(Albaniannews.com 25.7) Un barrage routier de l'armée fédérale yougoslave, établi à Hani I Hotit (Bozaj) empêche les Albanais ne détenant pas de visas yougoslaves d'entrer au Monténégro depuis le 23 juillet, malgré un accord passé le 25 février entre le Monténégro et l'Albanie, et abolissant l'obligation du visas pour les Albanais désireux d'entrer au Monténégro, et accordant à la frontière même le visa nécessaire aux Monténégrins se rendant en Albanie. Le barrage n'empêche par contre pas les personnes venant du Monténégto d'entrer en Albanie. 300 Albanais ont été renvoyée en Albanie en deux jours par l'armés yougodlave, deux kilomètres après la frontière où la police monténégrine les avait laissés passer. Un millier d'Albanais en vacances au Monténégro auraient été sommés de rentrer en Albanie avant le 30 juillet. Pendant ce temps, la liaison maritime entre Durres (Albanie) et Bar (Montenegro) continue de fonctionner. 2000 à 3000 Albanais traversent en temps normal la frontière avec le Monténégro, pour affaires, tourisme ou visites familiales.

(AP 20.8) Deux officiers de l'armée yougoslave ont été arrêtés le 19 août par la police monténégrine alors qu'ils tentaient de faire passer 25 clandestins chinois en Italie.

(AIM 24.8) Le Monténégro se prépare à mettre en place des contrôles douaniers à sa frontières avec la Serbie, a déclaré Miodrag Radusinovic, directeur de l'administration douanière à Podgorica, qui a précisé que ces contrôles ne seraient pas accompagnés de taxes et qu'il ne s'agissait pas d'une mesure de rétorsion après le blocage du trafic entre les deux républiques yougoislaves, imposé par Belgrade. Des unités de l'armée fédéral (VJ) ont été envoyées pour bloquer les routes régionales entre Plvelje et la République serbe de Bosnie, et détourner vers la Serbie les marchandises qui se dirigeaient vers le Monténégro, à la frontière de celui-ci et de la Bosnie serbe. A la frontière entre la Serbie et le Monténégro, des souaniers, des inspecteurs commerciaux et des membres de la police financière yougoslaves ont rejoint la police pour opérer des contrôles très stricts. Depuis juillet, on ne peut plus passer de la nourriture de Serbie au Monténégto. Les exportations de charbon du Monténégro vers la Serbie ont également cessé. Des taxes supplémentaires sont perçues pour le passage de marchandises (déjà taxées à l'entrée en Yougoslavie) entre la Serbie et le Monténégro. Du coup, la contrebande augmente, notamment via la Kosovë. Par ailleurs, les autorités monténégrines ont repris à leur compte toutes les taxes fédérales yougoslaves (hors commerce extérieur et douanes), et ont abaissé les taces douanières d'un tiers par rapport aux tarfifs fédéraux.

(RSF 28.8) Dans une lettre adressée au président monténégrin Milo Djukanovic, Reporters sans Frontières (RSF) a protesté contre la décision du gouvernement monténégrin d'interdire aux media publics monténégrins de couvrir les élections législatives et présidentielles yougoslaves du 24 septembre. Pour RSF, il s'agit d'un acte "arbitraire et partisan", auquel l'organisation demande qu'il soit mis fin. Le Secrétariat à l'information du gouvernement monténégrin avait averti le 26 août que "les media fondés par la République du Monténégro seront sanctionnée s'ils participent à la campagne électorale pour les élections fédérales illégales". Seize télévisions et radios sont concernées par cette interdiction, qui rompt avec la politique jusqu'alors libérale du Monténégro en matière de media.

(IWPR 1.9) Les réseaux criminels monténégrins profitent de l'accroissement du trafic d'immigrants clandestins. Deux officiers de l'armée fédérale yougoslave ont été arrêtés en aout après la découverte de 25 immigrants clandestins chinois dans leur véhicule. Les deux officiers ont avoué avoir fait payer aux immigrants 400 DM chacun pour les transporter de Podgorica à Jaz, sur la côte adriatique, d'où ils devaient s'embarquer clandestinement pour l'Italie. L'armée fédérale avait auparavant accusé la police monténégrine d'abriter des trafiquants et des membres de réseaux criminels. Chaque semaine, la police italienne arrête un millier d'immigrants dans la seule région des Pouilles. En 1999, 100 Tziganes étaient morts noyés dans le naufrage du bateau qui les transportait du Monténégro vers l'Italie. Les organisateurs du trafic d'immigrants sont rarement déférés aux tribunaux. Ce trafix aurait commencé à être organisé au Monténégro vers 1996, par des trafiquants de cigarettes. Il a commencé à être particulièrement prospère avec l'exode des réfugiés kosovars (albanais d'abord, tziganes ensuite), et s'est intensifié avec l'amélioration des liens entre la Yougoslavie et la Chine, et la Bosnie et l'Iran. Deux fois par jour, des avions yougoslaves atterrissent à Belgrade remplis de passagers chinois déterminés à rester en Europe. Les migrants iraniens, eux, s'envolent vers la Bosnie, qui ne les enregistre pas s'ils ne restent pas plus de 90 jours dans le pays. Les immigrants sont ensuite conduits dans des centres proches du Monténégro, qu'ils quittent clandestinement pour passer au Monténégro et de là tenter de passer en Italie, par petits groupes dans les hors-bords utilisés pour la contrebande de cigarettes, les groupes importants dans des bateaux plus gros. La traversée coûte entre 2000 et 3000 DM par personne. Les immigrants sont abandonnés par les passeurs à l'approche des côtes italiennes, les passeurs rentrant au Monténégro en hors-bords et laissant les immigrants se débrouiller avec les embarcations sur lesquelles ils sont entassés. Dans le meilleur des cas, ils sont interceptés par les garde-côte italiens et conduits dans des centres. Dans de nombreux cas, ils font naufrage, et leur corps sont rejetés sur les côtes italiennes de l'Adriatique.

(Monitor 1.9) Dans un entretien accordé à "Monitor", le candidat de l'opposition serbe à la présidence yougoslave, Vojislav Kostunica, affirme que "toutes les solutions sont acceptables" pour résoudre la crise des relations serbo-monténégrines, mais reproche au président monténégrin Milo Djikanovic de ne pas faire savoir "s'il est pour ou contre un Etat fédéral". Pour Kostunica, "si la majorité du peuple dans les deux unités fédérales est pour un Etat commun, il faut alors organiser cet Etat d'une manière qui soit acceptable et pour la Serbie et pour le Monténégro", et qui garantisse "l'égalité de la Serbie et du Monténégro en tant qu'unités déaérales", formant un "Etat fédéral flexible". Mais, ajoute Vojislav Kostunica, "si la majorité des Monténégrins s'exprime contre un Etat commun, cette volonté sera pour moi une loi, qui devra être respectée". Cela étant, le candidat de l'opposition à la présidence fédérale reproche à Milo Djikanovic et à sa coalition, qui ont annoncé qu'ils boycotteraient les élections fédérales, de faire "cadeau à Milosevic de ni plus ni moins cinquante sièges sur les 178 que comprend l'Assemblée fédérale", et finalement d'amener "plus d'eau au moulin de Milosevic" qu'à celui de l'opposition démocratique de Serbie.

(Monitor 8.9) Les syndicats de Budvanska Rivera demandent la démission du ministre du Tourisme, Vladimir Mitrovic, et de son adjoint, Dragan Ivancevic, après la signature d'un contrat léonin, et contesté, attribuant la gestion des hôtels de la société à la chaîne hôtellière française Accor, contrat retirant à Budvanska Riviera la gestion des trois meilleurs hôtels mais lui imposant le remboursement d'un crédit de 28 millions de DM, et ne protégeant pas les droits des employés -lesquels, avec leurs salaires, gains et bénéfices, restent à charge de la partie monténégrine. En outre, le contrat offre au partenaire français la possibilité de le transférer à un tiers sans le consentement du propriétaire des hôtels, et de se retirer en cas de restitution de propriété ou d'expropriation de tout ou partie des hôtels concernés. Enfin, en cas de résiliation du contrat, quelle qu'en soit la raison, les sanctions financières seraient exclusivement à la charge de la partie monténégrine : "Accor a des droits clairements définis mais aucune obligation", commente "Monitor" -qui ajoute que la partie française est exemptée d'impôts et de taxes.

(Monitor 8.9) L'économiste monténégrin Zeljko Bogetic, expert du FMI, explique dans un entretien à "Monitor" pourquoi il s'est retiré du groupe d'experts de l'opposition yougoslave, le G-17+, formé, explique-t-il, pour "réduire l'espace laissé aux incroyables malversations de la politique économique, telles que, par exemple, l'hyperinflation de 1992/93 dont les responsables directs sont la Banque populaire de Yougoslavie (NBJ, Banque centrale), les institutions financières et (les) groupes d'intérêts qui lui sont liés et qui la contrôlent". Bogetic explique avoir d'abord adhéré au Groupe G-17 pour contribuer à "montrer les effets (de la politique du pouvoir) sur le niveau de vie, et (à) développer une plate-forme économique de qualité après la démocratisation", mais il reproche au coordinateur du groupe, Mladjan Dinkic, de s'être "de plus en plus impliqué dans la politique serbe", d'être "passé sur le terrain politique de l'oligarchie dirigeante" et de commencer "à oeuvrer directement contre les intérêts du Monténégro". Bogetic reproche au G-17 d'avoir attribué dans un rapport la responsabilité des destructions subies par la Serbie pendant la guerre avec l'OTAN à la communauté internationale, et non au pouvoir serbo-yougoslave. Un nouveau groupe a été créé, le Groupe "17+", et s'est fait enregistrer comme ONG serbe. Dinkic est devenu le Conseiller de Kostunica, et le "G-17+" s'est engagé dans la campagne électorale yougoslave, organisée sur la base d'un changement constitutionnel contesté par le Monténégro. "J'ai décidé de ne plus être membre d'un Groupe dont le coordinateur oeuvre directement contre les intérêts du Monténégro", explique Bogetic.

(Monitor 15.9) Le Monténégro et la Croatie entendent oeuvrer en commun pour la construction d'un centre touristique et l'ouverture d'une autoroute adriatico-ionienne, neuf ans après une guerre serbo-croate dans laquelle le Monténégro avait été entraîné aux côtés de la Serbie. Le projet consiste en la transformation d'un territoire contesté entre la Croatie et le Monténégro, les Bouches de Kotor, en centre touristique, avec l'aide de la communauté internationale et du Pacte de Stabilité dans les Balkans, qui pourrait le financer jusqu'à hauteur de 200 millions de DM

(AFP 17.9) Le Monténégro attend dans la crainte les élections fédérales yougoslaves, que son président et son gouvernement ont appelé à boycotter, et qui vont opposer les partisans du président Milosevic, candidat à sa propre succession, et le bloc d'opposition DOS, qui présente Vojislav Kostunica contre Slobodan Milosevic à la présidence fédérale. Tous les adversaires monténégrins de Slobodan Milosevic soutiennent le choix du président Milo Djukanovic de boycotter des élections convoquées après une réforme "à la hussarde" de la constitution fédérale, opérée sans l'accord du Monténégro. Cela étant, Milo Djukanovic exprime son soutien au candidat de la DOS, Vojislav Kostunica, que les sondages annoncent probable vainqueur, et dont Milo Djukanovic attend qu'il permette de régler pacifiquement les problèmes entre le Montenegro et la Serbie.

(IWPR 19.9) Les autorités monténégrines affirment avoir découvert un complot organisé par l'armée fédérale yougoslave pour arrêter le président Djukanovic, alors que des rapports des services de renseignement américains (et un commentateur politique serbe) affirment que Djukanovic serait confronté à un danger imminent. Les forces spéciales de la police serbe et de l'armée fédérale auraient été placées en état d'alerte et des troupes d'élite installées dans des caserbes fédérales à travers le Monténégro. L'ancien ministre serbe de l'Intérieur Aleksandar Tijanic a affirmé que "Milosevic a donné l'ordre d'emmener Djukanovic à Belgrade à n'importe quel prix".

(Monitor 20.9) L'attitude de l'opinion publique serbe à l'égard du Monténégro est conditionnée par le manque d'information sur la situation, et par la propagande des partisans du régime de Belgrade, mais également par un vieux réflexe centralisateur, qui ne prend pas en compte la spécificité du "petit frère" monténégrin". L'opinion publique serbe ne comprend pas pourquoi en trois ans, la Serbie et le Monténégro soient devenus si différents, si opposés. Pour les partisans du pouvoir serbe, le pouvoir monténégrin est "sécessionniste" et vendu à l'OTAN. L'opposition démocratique "flotte" entre l'attente de recevoir de l'"aide du Monténégro" dans une lutte commune contre le régime de Milosevic, et le renvoi dos à dos de Milosevic et Djukanovic. Vesna Pesic, de l'Alliance Citoyenne, a appelé les Monténégrins à choisir entre "participer aux prochaines élections ou être honnêtes et sortir de la Fédération yougoslave". Mais la majorité monténégrine n'accepte plus le discours de l'opposition serbe, consistant en un appel à une lutte commune contre Milosevic pour chasser Milosevic et démocratiser la Serbie d'abord, et régler le problème fédéral (et donc celui des rapports entre la Serbie et le Monténégro) ensuite. L'opposition serbe avait même tenté de susciter la candidature du président monténégrin Milo Djukanovic aux élections présidentielles yougoslaves, Djkukanovic refusant finalement d'être "instrumentalisé" et de cautionner par sa propre candidature une constitution imposée par les partisans de Milosevic.

(IWPR 22.9) Plus l'échéance (24 septembre) des élections fédérales yougoslaves se rapproche, plus l'inquiétude semble grandir au Monténégro, face à une éventuelle épreuve de force provoquée par Slobodan Milosevic, donné perdant contre Vojislav Kostunica par tous les sondages, et qui pourrait être tenté de provoquer un conflit avec le Monténégro. Milosevic a d'ailleurs fait campagne au Monténégro même le 20 septembre, à Berane, ville littéralement bouclée par l'armée et la police fédérales pour cette occasion. 15'000 à 20'000 partisans de Milosevic sont venus l'acclamer. Deux chaînes de télévision "pro-Milosevic" (TV-Yu Info et People's TV) ont commencé à émettre sans autorisation des autorités monténégrines, grâce à des émetteurs de l'armée, diffusant des programmes élaborés à Belgrade. Sur 440'000 électeurs potentiels du Monténégro, au moins 20 % auraient l'intention de suivre les consignes de boycott données par le président Djukanovic -mais il ne s'agit là que d'estimations minimales. A l'approche du scrutin, il semble qu'une pression militaro-policière yougoslave soit en train d'être mise en place, du moins si l'on en croit les autorités monténégrines : des soldats de l'armés fédérale ont été déployés dans plusieurs casernes du Monténégro. De sources policières monténégrines, on affirme qu"une liste de personnes devant être arrêtées ou liquidées dès le début du combat a déjà été dressée" et que des plans sont prêts "pour se saisir des immeubles essentiels comme les bureaux de poste, les sites de télécommunications, les stations de télévision et de radio de Podgorica", dans le cadre d'une opération-éclair des forces serbes devançant toute riposte efficace des forces monténégrines. L'armée fédérale yougoslave s'est attachée à se rendre visible au Monténégro : passages d'avions et d'hélicoptères à basse altitude au-dessus de Podgorica, mouvements de véhicules militaires et de soldats, établissement de bases à Podgorica. De source du ministère monténégrin de l'Intérieur, on affirme que l'ordre a été donné de suspendre vacances, congés et absences de tous les officiers de l'armés yougoslave stationnés au Monténégro. En face, la police monténégrine est passée à 20'000 hommes et des "quartiers généraux de crise" ont été créés par le ministère monténégrin de l'Intérieur dans toutes les grandes villes.

(Monitor 22.9) Selon "Monitor", un groupe d'opération formé par l'état-major de l'armée fédérale a étudié en détail, "au cas où", les scénarios de protection et de reprise des bâtiments et secteurs vitaux de Belgrade et de Podgorica, fin août, dans l'hypothèse d'une éventuelle action militaire, dans l'hypothèse d'une insurrection contre le pouvoir en place, où d'une intervention du pouvoir de Belgrade contre le pouvoir monténégrin. "Monitor" note également un regroupement militaire à proximité des grandes villes du Monténégro (Podgorica, Cemovsko Polje, Pljevlja, Berane, Bijelo Pole et dans la vallée de la Zeta. Un poste de commandement extraordinaire a été créé à Berane et a été confié au chef d'état-major de la Deuxième Armée, le général Stojanovic. Les unités de Podgorica ont été renforcées par des réservistes et des soldats d'active en provenance de Serbie. En même temps, la formation des officiers monténégrins à l'Académie militaire a été interrompue, et les élèves officiers ont tous été renvoyés au Monténégro.

(Monitor 30.9) Seul un quart du corps électoral monténégrin aurait participé aux élections yougoslaves, selon l'opposition. Dans quelques localités de quelques localités où l'abstention est minoritaire (Andrijevica, Pluzine, Kolasin), celle-ci est majoritaire dans tout le Monténégro. Même à Herceg Novi, où le parti "pro-yougoslave" de Momir Bulatovic avait gagné les élections locales, les deux tiers des électeurs se seraient abstenus. Dans la capitale, Podgorica, l'abstention atteint les tois quarts des électeurs.

(Monitor 3.10) Selon un sondage réalisé du 15 au 23 octobre par "Damar" pour le Centre pour la démocratie et les droits de l'Homme (CEDEM), 43,7 % des citoyens du Monténégro (toutes communautés confondues) pensent que la question du statut du Monténégro ne peut être réglée que par un référendum populaire, et 31,2 % pensent qu'il ne fait organiser ce référendum que si les négociations avec la Serbie échouent. 17,8 % des sondés sont partisans du maintien de la communauté avec la Serbie. 36,8 % des sondés se disent partisans de l'indépendance, 26,1 % d'une fédération avec une large souveraîneté de chacune des deux composantes, 19 % défendent la fédération actuelle, 10.2 % une pure et simple fusion du Monténégro et de la Serbie dans un Etat unique. Ces proportions sont pratiquement stables depuis le dernier sondage réalisé sur ce thème par le CEDEM, en avril 2000, sauf en ce qui concerne la solution unirtaire (qui recueille un soutien plus que double en octobre que celui recueilli en avril) Le nombre des "sans opinion" est cependant passé de 14,7 % à 7,9 %.

(AP, AFP 8.10) Le nouveau président yougoslave Vojislav Kostunica a déclaré le 7 octobre qu'une modification constitutionnelle pourrait être nécessaire afin d'instutzer de nouvelles relations entre la Serbie et le Montenegro au sein de la République fédérale de Yougoslavie. Vojislav Kostunica a exprimé son espoir que "les discussions entre la Serbie et le Monténégro (commencent) très prochainement", et son souhait de "négocier avec toutes les formations politiques du Monténégro". Pour leur part, les autorités du Monténégro restent prudentes, et le président Milo Djokanovic a brillé par son absence lors de la cérémonie d'investiture du nouveau président yougoslave, le 7 octobre, président avec lequel il est cependant prêt à négocier, non pas en tant que "président de Yougoslavie, mais comme représentant d'un nouveau courant démocratique en Serbie" et "représentant de la majorité démocratique de Serbie", Le président monténégrin a averti que "deux possibilités s'offrent aujourd'hui au Monténégro : parvenir à une entente sur ses relations avec la Serbie au sein de la fédération yougoslave ou se constituer en Etat indépendant", ce qui ne pourrait manquer de se faire si les relations serbo-monténégrines n'étaient pas normalisées "dans un temps prévisible", mais a également estimé que la situation s'était considérablement améliorée depuis la victoire de Vojislav Kostunica, pour qui "la réconciliation entre la Serbie et le Monténégro est la tâche des tâches", mais pour qui cette réconciliation dépend "de la normalisation des relations de la Yougoslavie avec la communauté internationale". L'Eglise orthodoxe monténégrine a pour sa part appelé le Monténégro à "se diriger vers la reconstruction de l'indépendance".

(ATS 8.10) Le président Kostunica a levé le 7 octobre le blocus économique de la Serbie contre la Monténégro, et c'est sa première décision en tant que président yougoslave. Les barrières douanières mises en place par Belgrade en 1998, et les postes de douane installés par les autorités fédérales entre la Serbie et le Monténégro, devraient donc être levés.

(Monitor 13.10) Depuis sa séparation de fait d'avec la Serbie, le Monténégro a commencé à assumer seul diverses compétences qui étaient auparavant, et restent de droit, du ressort fédéral : commerce extérieur, douanes, politique monétaire. Le Monténégro s'est engagé dans une politique de libéralisation économique (libéralisation du commerce extérieur, réduction des textes sur les importations etc...). Dès l'élection de Vojislav Kostunica, la Yougioslavie a décidé de lever les barrières que le régime Milosevic avaient mises aux échanges entre Serbie et Monténégro, mais a demandé en échange que le Monténégro réduise son autonomie de décision en matière de politique économique. Le nouveau pouvoir yougoslave tente de recréer un marché unique serbo-monténégrin, mais le Monténégro ne semble pas prêt à renoncer à l'autonomie acquise, et craint un "retour en arrière" à Belgrade. De plus, une communauté économique yougoslave semble moins avantageuse pour le Monténégro que son intégration progressive au système économique européen. Des secteurs comme le tourisme ont un avantage évident à l'"européanisation" du Monténégro, qui, en outre, a développé ses échanges avec ses voisins à la faveur du blocus de fait qui lui était imposé par Belgrade. Des projets comme celui de la "transversale adriatique" s'inscrivent dans la poursuite de cette ouverture.

(Monitor 13.10, IWPR 20.10) L'élection de Vojislav Kostunica à la présidence yougoslave n'a pas fondamentalement changé les données du problème des relations entre la Serbie et le Monténégro, dont le président, Milo Djukanovic, a assuré que l'indépendance recueillerait 80 % des votes dans un référendum populaire, alors que pour le nouveau président yougoslave, "la sécession du Monténégro est hors de question". Pour Djukanovic, il y a deux options : "arriver à un accord avec une Serbie démocratique", sur la base des propositions monténégrines, ou "un Monténégro indépendant". Le chef de l'opposition démocratique de Serbie, Zoran Djindjic, a quant à lui défendu l'idée d'une "fédération avec la Serbie et le Monténégro, qui auraient une sécurité et une politique monétaire et extérieure communes", mais rien de plus. Au Monténégro, le leader du Parti social-démocrate (SDP), Zarko Rakcevic, pense qu'il est temps d'organiser un référendum sur l'indépendance", indépendance à laquelle l'Alliance libérale est également favorable, mais le président du Parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic tempère : "il vaut mieux perdre encore un peu de temps plutôt que de perdre une vie". A l'inverse, le Parti du Peuple de Dragan Soc (gouvernemental) pousse le Monténégro à s'engager dans la fédération yougoslave. Au sein même du DPS de Djukanovic, des voix s'élèvent pour tenter l'expérience d'une nouvelle collaboration avec la Serbie : telle est notamment la position du président du parlement, Svetozar Marovic. Le SNP de Momir Bulatovic (opposition monténégrine, pro-Milosevic) pourrait se résigner à une distension des liens entre la Serbie et le Monténégro pour éviter l'indépendance pure et simple de celui-ci. Kostunica a en fait été élu par les Serbes pratiquement seuls, l'appel du gouvernement monténégrin à boycotter l'élection ayant été largement suivi (à 80 % à Podgorica, par exemple). Kostunica a proposé le poste de Premier ministre fédéral, qui revient à un Monténégrin dès lors que le président fédéral est serbe, au SNP, et des postes ministériels au DPS, qui a refusé.

(Monitor 20.10) Dans un article paru dans "Monitor", le ministre des Affaires étrangères du Monténégro, Branko Lukovac, salue le "grand changement historique, longtemps attendu, survenu en Serbie" avec l'élection de Vojislav Kostunica", et se dit persuadé que "cet événement va mettre fin au processus d'éclatement de la Yougoslavie", mais à la condition que "le dernier pont qui existe entre le Monténégro et la Serbie" soit "démonté" pour "partir sur de nouvelles bases" -celles proposées par le Monténégro. Pour Branko Lokovac, "l'indépendance du Monténégro est une des conditions pré-requises avant d'engager tout type de collaboration" avec la Serbie, les autres conditions étant la coopération avec les "pays qui formaient l'ex-Yougoslavie" et avec "le reste de l'Europe". Pour le ministre, "l'indépendance du Monténégro ne doit pas être regardée comme un processus contraire à ce qui est aujourd'hui une tendance générale : contacts, intégration, globalisation", mais comme "une condition préalable pour s'inscrire dans ces mécanismes socio-économiques". Branko Lukovac conclut en considérant "qu'il faudrait, le plus tôt possible, définir notre projet dans sa globalité, choisir comme modèle la démocratie (en érigeant une constitution)".

(Monitor 20.10) Le président de l'Union démocratique des Albanais, Ferhat Dinosa, a salul, prudemment, l'élection de Vojislav Kostunica à la présidence yougoslave, qu'il a qualifié de "soulagement, bien que nous nous souvenions de ses photos avec les paramilitaires au Kosovo" et bien que "son attitude par rapport au Monténégro n'est pas tellement différente de celle de son prédécesseur". Mais, pour Ferhat Dinosa, les choses seront "plus faciles" avec Kostunica qu'éavec Milosevic, car "il est en mesure d'entendre les aspirations du Monténégro et les injonctions de la communauté internationale". Le leader albanais plaide pour l'indépendance du Monténégro et la création éventuelle, mais ensuite, d'une "nouvelle communauté avec la Serbie". Les Albanais représentent 7 % de la population de l'ensemble de la Yougoslavie, et Ferhat Dinosa considère que cette proportion devrait "se refléter dans les organismes d'Etat et les services publics" au Monténégro, mais assure "qu'il n'y a pas et n'y aura pas de revendications (albanaise) qui représenteraient une menace pour le Monténégro".

(AP 29.10) Le ministre monténégrin des Affaires étrangères, Branko Lukovac, a déclaré le 29 octobre que le Monténégro ne s'opposera pas au souhait de la communauté internationale de voir la Yougoslavie rejoindre l'ONU, mais a néanmoins estimé que la demande de réadmission de Belgrade était un "geste hâtif et quelque peu triomphaliste", et que le Monténégro ne renonçait pas à son "droit à l'autodétermination", voire à l'indépendance (et donc à son admission à l'ONU) en cas d'échec des pourparlers avec la Yougoslavie.

(IWPR 31.10) Le Comité central du Parti démocratique des socialistes (le parti de Milo Djukanovic) a proposé que la Serbie et le Monténégro deviennent deux Etats souverains reconnus internatiolement, membres chacun des Nations Unies et des institutions internationales, mais ayant une arnée commune (avec cependant deux commandements séparés), une monnaie commune (mais convertible, contrairement au dinar) et une politique étrangère commune. Le Monténégro a en outre écrit à plusieurs instances internationales pour tenter de faire retarder le retour de la Yougoslavie au sein du système des Nations Unies, retour qui a fait l'objet d'une démarche du nouveau président yougoslave Vojislav Kostunica. La position de Milo Djukanovic sur la souveraîneté du Monténégro ne semble cependant plus faire l'unanimité au sein de sa coalition, le Parti du Peuple (NS), essentiellement serbe, étant évidemment favorable au maintien du lien fédéral avec la Serbie.

(Monitor 10.11) Un mouvement reprenant le nom ("Otpor") et le sigle (le poing fermé) du mouvement d'opposition "Otpor", jusqu'à présent absent du Monténégro, commence à se manifester, notamment dans le quotidien de Podgorica "Dan", en se donnant pour objectif le renversement du pouvoir en place -mais il ne s'agit plus du régime de Sllbodan Milosevic, mais de celui de Milo Djukanovic. Les responsables d'Otpor en Serbie déclarent ne pas soutenir cet "Otpor monténégrin", dont ils considèrent qu'il ne fait qu'ajouter "à la déstabilisation du Monténégro et de la République fédérale yougoslave". Selon "Monitor" et "Dan", derrière l'Otpor monténégrin se cacherait le "Jeunesse orthodoxe serbe" de Cetinje, dont on ne connaît pas les fondateurs - mais l'église orthodoxe de Podgorica renvoie à l'archidiocèse de Cetinje, qui renvoie à la sûreté nationale. Le métropolite serbe du Monténégro affirme que l'église ne soutient "aucune organisation politique au Monténégro, et encore moins le mouvement Otpor", et que "faire un lieu entre (elle) et ce mouvement (...) est une tentative de plus" pour discréditer l'église. Le métropolite monténégrin accuse quant à lui directement "l'église serbe (de) tirer les ficelles dans l'ombre" pour "obstruer et interrompre le processus démocratique monténégrin, nuire au peuple monténégrin et nier l'histoire, l'Etat, la langue, le passé, le présent et l'avenir de notre pays". Selon "Monitor", l'Otpor monténégrin est apparu pour la première fois à Cetinje le 30 octobre, puis aurait essaimé à Niksic, Podgorica, Danilovgrad, Kotor et Berane. Selon les responsables d'"Otpor" de Danilovgrad, le mouvement compterait "exactement 777 membres", mais un policier de la ville affirme qu'en fait, "ils tiendraient tous dans une voiture"

(Monitor 10.11) Il y aura très vraisemblablement un référendum sur le statut du Montenegro avant le 31 juin 2001, mais la question qui y sera posée n'est pas encore très clairement définie. Me président Djukanovic, le Parti populaire (NS) et le Parti social-démocrate sont d'accord pour que le référendum se tienne dans le premier semestre de l'année, mais divergent sur les termes du référendum. La question posée devra être telle qu'on ne puisse y répondre que par "oui" ou "non", de manière claire.

(ATS 13.11) Le dinar yougoslave ne sera plus en circulation à partir du 14 novembre au Monténégro. Il sera remplacé par le Mark allemand (puis, sans doute, par l'Euro). Depuis un an, le dinar et le DM étaient utilisés en parallèle. En introduisant le DM, lequel est supposé disparaître dans un an pour laisser place à l'Euro, comme seul outil de paiement légal, le Monténégro fait un pas de plus vers l'autonomie à l'égard de Belgrade, et vers son arrimage à l'Europe. Jusqu'au 15 novembre, la population pourra échanger ses dinars contre des DM au Monténégro. Après cette date, le dinar n'aura plus cours légal qu'en Serbie (et, théoriquement, en Kosove), où il pourra être échangé contre n'importe quelle autre monnaie, au cours légal (surévalué) ou au cours parallèle.

(Monitor 1.12) Dans un entretien accordé à "Monitor", le général Blagoje Grahovac, Conseiller du président Djukanovic, estime que si le changement en Yougoslavie (avec l'élection de Kostunica à la présidence) est "une véritable chance", il n'en reste pas moins que "le nationalisme est reté", et que seul "le sommet de la pyramide s'est modifié" et que "presque tous les leviers du règne de la précédente dictature sont restés", d'autant que qu'"il semble que le sommet militaire plaise beaucoup à Kostunica", alors que Milosevic "n'avait pas confiance" en l'armée, qui en retour "ne l'estimait pas beaucoup". Le général Grahovac observe que "la police et la (justice) en Serbie sont intacts" et que "dans les médias tout est resté identique dans une certaine mesure : n'est changée que la personne dont on parle". Il appelle de ses voeux une purge à la tête de l'armée fédérale, notamment contre les officiers du "sommet militaire" qui ont soutenu "la politique insensés qui a provoqué plusieurs guerres", et ont "bâti un mythe de la victoire sur une défaite évidente". Il considère que "quelle que soit la façon dont seront établis les rapports futurs, le nouvel Etat ou les Etats devront en priorité mettre l'armée sous la primauté de la politique et définir quatre nouveaux devoirs stratégiques" : soutenir "la paix et (les) processus pacifiques démocratiques", soutenir les forces de la KFOR au Kosovo, habiliter l'armée à effectuer des "missions pacifiques" et finalement "passer aux standards et aux règles de comportement de l'OTAN le plus tôt possible". Le général souhaite une certaine démilitarisation, mais également le maintien d'une "armée à effectif peu élevé", notamment face aux "nombreuses forces paramilitaires et parapolicières" existant encore dans l'espace yougoslave et compte tenu de la "grande quantité d'armes" en circulation. Enfin, Blagoje Grahova plaide pour l'intégration dans l'Europe, et pour l'acceptation des conditions de cette intégration : "des excuses réciproques pour les maux et les souffrances engendrés, une obligation sans alternative envers le Tribunal de La Haye, des poursuites judiciaires devant les tribunaux publics pour les crimes commis (...) et une interdiction des droits civiques aux partis politiques et à leurs leaders qui ont participé au pouvoir fédéral au moment des guerres (...) afin d'empêcher le retour des revenants nationalistes et d'aventuristes guerriers".

(Monitor 8.12) Les enquêteurs du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie s'intéressent, si l'on en croit "Monitor", à deux politiciens monténégrins, Momir Bulatovic et Branko Kostic, dans le cadre de l'enquête menée sur des meurtres de civils, des actes de torture, des arrestations illégales, des pillages et des persécutions, commis dans la région de Dubrovnik. Des unités monténégrines ont participé aux opérations militaires engagées par les forces yougoslaves dans la région de Dubrovnik-Herzégovine, sous le commandement du général Pavle Strugar. Momir Bulatovic était à l'époque président du Monténégro et commandant de la Défense territoriale monténégrine, et Branko Kostic était président de la Yougoslavie. Le 1er octobre 1991, Bulatovic avait signé un ordre de mobilisation de l'unité spéciale de police et d'un détachement d'infanterie dans le cadre du "conflit guerrier entre la République du Monténégro et la République de Croatie". Cet ordre avait formellement fait entrer le Monténégro en guerre contre la Croatie.

(IWPR 8.12) Les Etats Unis, et les autres Etats occidentaux, commencent à s'inquiéter de la campagne du président Djukanovic en faveur de l'indépendance du Monténégro. Après le départ de Milosevic et l'arrivée de Kostunica, Belgrade n'est plus l'"ennemi numéro un" des Occidentaux en Europe, et leur soutien au Monténégro est devenu moins important que la rétablissement de relations normales avec la Serbie et la Yougoslavie. Le ministre monténégrin des Affaires étrangères Branko Lukovac le reconnaît : "Auparavant, le Monténégro était considéré comme une option pro-européenne démocratique", alors que depuis l'élection de Kostunica, "la Serbie est sans doute considérée comme le principal partenaire dans la région", les partisans monténégrins de la séparation d'avec la Serbie devenant, eux, "des fauteurs de troubles ou de potentiels fauteurs de troubles". Pendant trois ans, les USA avaient soutenu le pouvoir monténégrin, y compris financièrement. Or les USA (et les Europpens) ne sont pas favorables à l'indépendance du Monténégro, et le soutien qu'ils lui accordaient était en fait un soutien contre Milosevic, non contre la Yougoslavie. En outre, le candidat Bush (finalement "élu" à la présidence) avait déclaré, pendant la campagne, qu'il envisageait un désengagement des USA dans la région. En tout état de cause, ni les USA, ni l'Union européenne ne souhaitent affiblir le nouveau pouvoir de Belgrade.

(ATS, AFP 29.12) Le Monténégro a annoncé le 28 décembre qu'il souhaitait se séparer de la Serbie pour la rejoindre ensuite, aux termes d'un accord moins contraignant que celui en vigueur. Ces deux étapes, l'indépendance puis la confédértation, devraient être soumis aux citoyens du Monténégro et de la Serbie, et aboutir à une communauté de deux Etats indépendants, conservant leur souveraineté dans le cadre d'une alliance plus lâche qu'actuellement, avec un parlement monocaméral paritaire, un président, un gouvernement, une même armée mais chaque République contrôlant les troupes stationnées sur son territoire. L'Union conduirait la Défense, la politique extérieure et la politique monétaire. Cette prise de position du gouvernement monténégrin a entraîné la rupture de la coalition gouvernementale, le Parti populaire (NS, serbe) de Dragan Soc, allié aux Parti démocratique des socialistes (PDS) du président Djukanovic et au Parti social-démocrate de Zarko Rakcevic, ayant quitté cette coalition. Le NS détenait 7 des 78 sièges du Parlement, un poste de vice-président et plusieurs ministères, dont celui de la Justice (qu'occupait Dragan Soc). Le PDS détient 30 sièges et le PSD 5 sièges. Après la départ du NS, deux solutions s'offrent au présidnt Djukanovic : la formation d'un gouvernement minoritaire ou des élections anticipées. L'Union libérale (LS, indépendantiste) a annoncé qu'elle était prête à soutenir un gouvernement minoritaire "afin que soit organisé le plus rapidement possible un référendum sur l'indépendance". La défection du NS intervient trois jours après des entretiens à Belgrade entre le président monténégrin Djukanovic et le président yougoslave Kostunica, réunion lors de laquelle Djukanovic a obtenu le limogeage de hauts responsables militaires nommés au Monténégro par Slobodan Milosevic, mais a reçu une mise en garde contre toute action "unilatérale" en faveur de l'indépendance.

2001

(IWPR 5.1) La détermination du président monténégrin Djukanovic à pousser la revendication de l'indépendance du Monténégro jusqu'au référendum intensifie les tensions en Yougoslavie, et menace d'y raviver l'agitation. Cette détermination a suscité l'hostilité du nouveau pouvoir de Belgrade, et fait éclater la coalition gouvernementale monténégrine, le Parti du peuple (NS) s'en retirant et laissant les sociaux démocrates de Djukanovic (DPS) et de Rakcevic sans majorité parlementaire. Le NS, qui avait commencé sous Milosevic à prendre quelque distance envers son attachement traditionnel à la fédération yougoslave, s'est mise à la défendre à nouveau, et a reconnu Vojislav Kostunica comme le président légitime de la Yougoslavie, alors que Djukanovic affectait de ne considérer que comme un "super-président serbe", ou comme le chef de la majorité serbe. Le NS a refusé de ratifier la "Plate-forme pour les nouvelles relations avec la Serbie" préparée par le Premier ministre monténégrin Filip Vujanovic, et affirme que celle plate-forme n'a pas de légitimité, faute d'une majorité parlementaire pour la soutenir. Cependant, les derniers sondages d'opinion effectuée au Monténégro indiquent toujours une majorité en faveur de l'indépendance, alors que seuls 30 % des "sondés" se disent en faveur du maintien d'une union fédérale avec la Serbie. Le coalition gouvernementale pourrait donc, afin d'éviter des élections anticipées, se rallier le Parti libéral, partisan de l'indépendance. De son côté le Parti socialiste du peuple (SNP), l'équivalent monténégrin du parti socialiste serbe de Milosevic, ont menacé d'organiser des manifestations et de boycotter le référendum, le NS prévenant qu'il ne tiendrait pas compte des résultats du référendum si un consensus concernant son contenu et ses conditions n'était pas préalablement obtenu. Quant au président yougoslave Kostunica, il reconnaît que le statut actuel de la fédération yougoslave ne peut perdurer, et que la fédération doit être réformée, mais il est clairement opposé à sa division en deux Etats reconnus internationalement, et se donne pour priorité de maintenir une fédération entre la Serbie et le Monténégro. Le futur Premier ministre serbe, Zoran Djindjic, a également exprimé son opposition à un référendum sur l'indépendance au Monténégro, et a qualifié la plate-foprme de son ancien allié monténégrin Djukanovic d'"inacceptable".

(Monitor 12.1) Un haut fonctionnaire de la Sûreté nationale monténégrine, Darko Raspopovic, a été abattu en plein jour, à bout portant, au centre de Podgorica, par un tueur isolé. La police et les autorités monténégrines n'ont donné aucune information sur les motifs et les auteurs, ou les commanditaires, de cette assassinat. Rapopovic avait été impliqué dans une tentative de "forçage" par un tanker du blocus contre la Monténégro et la Serbie, sur la mer adriatique, au large de Bar. Il avait été ensuite l'un des acteurs du "déjouement" d'une tentative présumée de putsch pro-serbe, en janvier 2000, lorsque des partisans du leader de l'opposition monténégrine, Momir Bulatovic, avaient tenté de s'emparer du siège du gouvernement monténégrin. Le 31 mai 2000, le Conseiller du président monténégrin pour la Sécurité, Goran Zugic, avait déjà été assassiné, assassinat attribué par les autorités fédérales yougoslaves à la CIA.

(IWPR 15.1) Les autorités monténégrines espèrent de la nouvelle administration américaine (de George Bush) qu'elle ne tentera pas de les dissuader de poursuivre leur route vers l'indépendance, laquelle serait, selon les sondages, soutenue désormais par la majorité de la population (57 % selon le dernier sondage. Or les USA n'ont jamais été partisans de l'indépendance du Monténégro, alors même qu'avec 55 millions de dollars d'aide financière par an, le Monténégro est le pays étranger qui reçoit l'aide américaine la plus importante après Israël. Les USA craignent en outre que l'accession du Monténégro à l'indépendance ait un "effet de domino", notamment sur la Kosove, que la résolution de l'ONU considère toujours comme une partie de la Yougoslavie -laquelle cesserait de fait d'exister si le Monténégro la quittait, sauf à ériger la Kosove en République fédérée. Cela étant, la ligne systématiquement "pro-américaine" du pouvoir monténégrin devrait inciter les USA à ne rien faire pour empêcher la tenue d'un référendum d'autodétermination, mais plutôt à s'attacher à en garantir le caractère démocratique et transparent.

(Reporter 16.1) Dans un entretien à "Reporter", le Premier ministre monténégrin Filip Vujanovic répond à la "plate-forme" proposée par le président yougoslave Kostunica pour redéfinir les relations entre la Serbie et le Monténégro au sein d'une fédération yougoslave renouvelée, que la "communauté" d'Etats indépendants proposée, elle, par le Monténégro rendrait les rapports serbo-monténégrins plus durables et plus stables que la fédération "fonctionnelle" proposée par Kostunica, qui selon le Premier ministre monténégrin a "déjà provoqué et provoquera encore des tensions". Filip Vujanovic croit qu'un accord sera trouvé entre Serbes et Monténégrins sur la répartition des compétences entre l'échelin fédéral (ou communautaire) et celui des Républiques, et estime "positif" que "la Serbie" (ce qui suggère que les autorités monténégrines ne reconnaissent toujours pas le titre de président fédéral de Vojislav Kostunica) ait fait une proposition. Pour le Premier ministre monténégrin, "il est absolument impossible de maintenir la fédération avec deux unités fédérales aussi différentes" que la Serbie et le Monténégro, "avec de telles différentes territoriales et de population".

(IWPR 22.1.01) Le Parti démocratique des socialistes (DPS), du président Djukanovic, a réclamé à la mi-janvier des élections anticipées en mars suivies en juin d'un référendum sur l'indépendance -référendum réclamé par les libéraux et les sociaux-démocrates, mais auquel le DPS était jusq'alors opposé, et que les partisans du maintien d'un lien fort de la Serbie et du Monténégro dans le cadre de la Yougoslavie menaçaient de boycotter. Quant au élections anticipiées, elles pourraient être le moyen, pour le gouvernement monténégrin, minoritaire, de se doter d'une majorité parlementaire.

(Monitor 26.1) L'Union européenne invite, par la voix de ses ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles le 22 janvier, la Serbie et le Monténégro à négocier afin de trouver dans un cadre fédéral une solution aux rapports conflictuels qu'entretiennent les deux Républiques. L'Union européenne se prononce ainsi contre l'indépendance du Monténégro, qu'elle invite à ne prendre aucune décision unilatérale, et à renforcer la stabilité de la Yougoslavie et de toute la région. "La Serbie et le Monténégro doivent trouver un modèle de coopération dans le cadre du système existant", a déclaré la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ana Lind. Il semble que les USA soient eux aussi opposés à l'indépendance du Monténégro, de peur qu'elle n'encourage les tendances "sécessionnistes" ou irrédentistes en Kosove, et provoque de nouvelles violences dans les Balkans (où sont stationnés des milliers de soldats, notamment américains).

(Monitor 2.2) Le président du Parti socialiste populaire (SNP, pro-Milosevic, opposition monténégrine), Momir Bulatovic, a annoncé qu'il quittait son poste. Cette décision fait suite à la défection des trois vice-présidents du SNP, passés dans le camp de l'opposition démocratique yougoslave (DOS). "Si l'on m'accuse d'avoir coopéré avec l'ancien président de de la RFY et du Parti socialiste serbe (Slobodan Milosevic) comme avec un partenaire naturel, j'accepte ma culpabilité. Je la reconnais, mais je ne regrette rien. Qui plus est, je suis fier des résultats obtenus", a déclaré Momir Bulatovic. Le vice-président du SNP, Predrag Bulatovic, a pris le contrôle du parti, dont le Premier ministre yougoslave, Zizic, est membre, et dont un autre membre, Bozovic, est président du Sénat (Conseil des Républiques).

(Monitor 9.2) Le président monténégrin Milo Djukanovic s'est rendu en visite aux Etats-Unis début février, à l'occasion de l'ibvestiture du nouveau président américain George Bush, mais cette visite a reçu un accueil mitigé de la part des autorités américaines, et le président Bush n'a pas reçu la président Djukanovic, qui n'a pas non plus été reçu par le nouveau Secrétaire d'Etat Colin Powell, qui a par contre reçu le Premier ministre serbe Zoran Djindjic, les leaders albanais de Kosove Ibrahim Rugova et Hashim Thaçi et le président macédonien Momcilo Trajkovic. Pour le "New-York Times", cela signifie que l'"administration américaine ne soutien pas l'indépendance du Montenegro". Par contre, les USA vont soutenir économiquement le Monténégro en lui versant une aide de 70 millions de dollars

(Monitor 6.4) L'indépendance du Monténégro n'assurerait pas le rétablissement économique promis par ses partisans, si l'on croit les chiffres avancés par les dirigeants des plus importantes sociétés monténégrines, qui évoquent comme raisons des difficultés économiques le marché restreint, l'insolvabilité des certaines entreprises (y compris de banques) et l'incertitude politique. Le directeur de la société de distribution d'électricité du Monténégro (EPCG) fait état de près de 100 millions de DM de dettes à l'égard de sa société, dont un tiers dus par l'usine d'aluminium KAP, qui consomme la moitié de l'énergie électrique de la province, et force celle-ci à importer de l'électricité à un prix triple (5 pf) de celui où elle le facture (1,4 à 2 pf). La Banque du Monténégro détient un milliard de DM de créances impayées. La situation économique est perçue par 49 % des citoyens comme le principal problème du Monténégro, loin devant le statut de l'Etat (indépendance ou fédération avec la Serbie), avec 33 %.

(AFP 18.4, ATS 19.4) Le président monténégrin Milo Djukanovic a affirmé le 18 avril devant plus de 15'000 personnes rassemblées à Podgorica, dans le cadre de la campagne électorale pour le renouvellement du parlement de la République, que le Monténégro accéderait à l'indépendance le 13 juillet au plus tard. En cas de victoire de sa coalition, donnée favorite dans les sondages, les Monténégrins seront appelés à se prononcer par référendum sur le maintien ou nom d'un lieu fédéral ou confédéral avec la Serbie, dans le cadre de l Yougoslavie. Les mêmes sonsages qui prédisent une victoire de la coalition du président Djukanovic aux élections prédisent par contre une courte victoire des partisans du maintien d'un lien "yougoslave" avec la Serbie lors de ce référendum. Moscou et Belgrade ont souligné le 18 avril le risque de "rayer les Balkans de la carte de l'Europe" si l'hypothèse de l'indépendance du Monténégro devenait réalité. Le Premier ministre yougioslave Zoran Djindjic, en visite à Moscou, et le ministre russe des Affaires étrangères Igot Ivanov, ont souligné "l'importance de préserver l'Etat fédéral" yougoslave et le risque d'une "déstabilisation dans les Balkans" si, le Monténégro devenant indépendant, la Serbie restait seule. Pour Zoran Djindjic, "l'apparition de frontières supplémentaires pourrait entraîner une escalade de l'extrémisme et du terrorisme". Igor Ivanov a affirmé que "la Russie se prononcer fermement pour le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Yougoslavie". Le 11 avril, le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie s'était également prononcé, quoique moins clairement, contre l'indépendance du Monténégro.

(AFP 22.4) Les Monténégrins ont voté massivement le 22 avril pour des élections législatives matquées par l'affrontement de deux coalitions opposées sur le choix de l'indépendance (coalition gouvernementale) ou du maintien dans la Yougoslavie (coalition d'opposition). A 13 heures, après cinq heures de vote, le taux de participation atteignait près de 45 % des inscrits, les bureaux de vote restant encore ouverts pendant 8 heures. Le président Djukanovic tente d'obtenir un soutien massif pour organiser, dès la fin juin ou le début juillet, un référendum sur l'indépendance. Les sondages sont toutefois incertains quant à la capacité de sa coalition (Parti démocratique des socialistes et Parti social-démocrate) d'obtenir une majorité absolue au parlement sans le soutien de l'Alliance libérale (indépendantiste, non-gouvernementale). Le chef de la coalition d'opposition dominée par le Parti socialiste populaire a appelé toutes les forces politiques à accepter le résultat des élections. Les ONG qui surveillent le scrutin n'ont relevé que "quelques irrégularités (qui) ne sont pas de nature à perturber le processus électoral".

(IWPR 28.3) Le vote des minorités pourrait décider du résultat d'un référendum sur l'indépendance du Montenegro. Les électeurs "musulmans" représentent 16 % de la population, les Serbes 9 %, les Albanais 7 % . Or depuis la chute de Milosevic, une bonne partie de ces "minorités", opposées à la Serbie quand elle était celle de Milosevic, ne le sont plus. Les "musulmans" (bosniaques) sont majoritairement à la fois anti-serbes et pro-yougoslaves, par souci de maintenir le Sandjak dans une entité politique commune. Pour le dirigeant du principal parti musulman, le Parti pour une action démocratique, déclare que la sécession du Monténégro "fragmenterait plus encore la communauté bosniaque". Le président de la coalition du Mouvement national du Sandjak, Djemaïl Suljedic et le chef de la communauté musulmane du Sandjak, le mufti Muamer Efendi Zukorilic, se prononcent également pour le maintien de l'"unité yougoslave". D'entre les minorités du Monténégro, seuls les Albanais semblent être partisans de la sécession. Mais l'ensemble des autres minorités, plus les Monténégrins qui se déclarent serbes (20 % de la population) représentent 45 % de la population monténégrine. Leur vote massif contre l'indépendance riseuqrait fort de faire basculer le résultat du référendum -si référendum il y a.

(AFP 25.4) Après les résultats très serrés des élections législatives monténégrines, le président Djukanovic a paru reculer sur la question de l'indépendance, et a reconnu le 25 avril "que la société reste divisée et qu'une direction responsable a l'obligation de poursuivre une politique de prudence et de retenue". La courte victoire de la coalition présidentielle aux élections ne permet en réalité pas au président monténégrin de lancer son programme indépendantiste, faute d'une majorité parlementaire et populaire suffisemment forte. Sa coalition n'a pas la majorité absolue au parlement et n'a pas d'autre allié "naturel" que le Parti libéral, indépendantiste, partisan d'une rupture totale avec la Serbie et d'un référendum rapide. Milo Djukanovic a proposé, lors d'une conférence de presse avec le ministre britannique des Affaires étrangères en visite à Podgorica le 25 avril, un triple dialogue : avec les forces politiques du Monténégro, avec la Serbie et avec les grands partenaires internationaux. Il s'est dit persuadé que l'idée indépendantiste gagnait du terrain et finira par s'imposer. Les autorités yougoslaves ont affiché quant à elle leur volonté de dialogue, rassérénées par le résultat des élections. Le ministre yougoslave de l'Intérieur Zoran Zivkovic s'est dit "absolument ouvert aux discussions sur l'avenir de l'Etat commun".

(Monitor 27.4) Les élections législatives du 22 avril au Monténégro ont consacré la séparation de l'opinion publique monténégrine en deux camps dont aucun ne parvient à dominer réellement l'autre. Avec une participation de 81 %, ces élections ont donné aux deux coalitions, "Ensemble pour la Yougoslavie" (opposition, favorable au maintien des liens avec la Serbie) et "Victoire pour le Monténégro" (gouvernement, partisans de l'indépendance), de véritables bastions. La coalition anti-indépendantiste a gagné dans douze communes et obtient 45 % des suffrages et 33 sièges. La coalition indépendantiste a gagné dans la capitale et obtient 55 % des suffrages (avec les libéraux) et 47 sièges. L'alliance libérale a gagné à Cetinje et obtient six sièges. Ce clivage de l'électorat rend problématique l'organisation d'un référendum sur l'indépendance, les partisans du maintien d'un lien fédéral avec la Serbie ayant annoncé qu'ils boycotteraient un tel référendum, lequel, pour que son résultat soit valide, devrait attirer aux urnes la majorité absolue des électeurs inscrits. Or, aux 45 % d'opposants à l'indépendance, se sont ajoutée aux législatives 20 % d'abstentionnistes.

(AP 29.4) Le ministre monténégrin des Affaires étrangères a estimé dans un entretien au magazine allemand "Focus" que le référendum sur l'indépendance du Monténégro, prévu pour cet été, devrait être reporté à l'automne : "nous avons besoin de plus de temps pour travailler, pour réunir davantage de partisans et aussi pour négocier avec la Serbie", a reconnu Branko Lukovac, pour qui désormais "organiser un référendum d'ici le 13 juillet serait irréaliste", mais pour qui il serait tout aussi "irréaliste" de "rester dans la fédération" yougoslave actuelle, le but des autorités monténégrines restant de former une "association de deux Etats indépendants" avec la Serbie.

(Monitor 27.4) Le processus de privatisation par bons de souscription s'est ouvert au Monténégro, en pleine campagne préélectorale. 430'000 lettres ont été adressées aux habitants, avec un formulaire de souscription et la liste des sociétés dont les actions peuvent être achetées. Les bons de souscriptions devraient pouvoir être échangés contre des actions dès début octobre 2001 (voire fin septembre), mais des incertritudes demeurent sur le bon déroulement de l'opération, compte tenu du fait qu'un nouveau gouvernement sera vraisemblablement formé et qu'il n'est pas certain que ce nouveau gouvernement sera partisan de poursuivre les privatisations engagées.En outre, la Cour constitutionnelle ne s'est toujours pas prononcée sur la légitimité du Conseil pour la privatisation. Enfin, les bons de souscriptions sont offerts sans que les comptes des sociétés privatisables soient clairement présentés, ni les bilans analysés. La valeur réelle des sociétés pèrivatisables est donc encore inconnue (la valeur établie pour l'ouverture de la souscription date de 1992). Dans ces conditions, l'opération de privatisation risque d'être plus une opération spéculative que l'ouverture d'un "actionnariat populaire", d'autant qu'il n'est pas évident que les nouveaux actionnaires individuels puissent devenir, individuellement ou collectivement, majoritaires et décisionnaires dans les sociétés privatisées. Jusqu'au terme des privatisations, il sera d'ailleurs impossible de connaître le nombre et l'identité rlelle des investisseurs, ce qui va favoriser les "délits d'initiés" et la spéculation.

(Monitor 11.5) Selon le ministère monténégrin des Finances, le produit national brut du Monténégro a augmenté de 30 %, soit 300 millions de DM, de 1999 à 2000 et devrait augmenter de 12 % (155 mios DM) entre 2000 et 2001. Cependant, l'aide extérieure contribue pour une part importante à ce résultat, et il n'est pas du tout évident qu'elle se poursuivrait si le Monténégro devenait indépendant, la communauté internationale ayant à réitérées reprises exprimé son soutien au maintien du Monténégro dans un ensemble fédéral yougoslave. De 1990 à 2000, les ressources du Monténégro, hors aide étrangère, ont diminué de moitié, et l'aide étrangère représente à elle seule un quart du budget de la République. De 1999 à 2000, la production industrielle a certes augmenté de 3,7 %, mais les branches industrielles les plus importantes ont, ensemble, connu un taux de production inférieur de 8,6 % par rapport à 1999, et le bon résultat de l'ensemble de l'industrie tient à celui d'une seule branche : la production d'aluminium. Hors cette branche, la production industrielle a reculé de 1,7 % en un an.L'aide financière extérieure tend de plus à se réduire : ainsi, les USA accorderont en 2001 une aide de 20 millions de dollars au Monténégro, soit la moitié de l'aide précédemment accordée, lorsque le Monténégro avait affaire à la Yougoslavie de Milosevic. Il a depuis perdu de son importance politique, puisqu'un nouveau pouvoir s'est installé à Belgrade, avec le soutien des Occidentaux.

(Monitor 25.5.01) La principale institution financière du Monténégro, Montenegrobanka, est pratiquement en état de faillite, avec une dette de 580 millions de DM, et des créance très difficilement recouvrables de 72,5 mios DM, à l'encontre de débiteurs dans une situation financière très difficile. Le directeur de Montenegrobanka, Bozidar Gazivoda, a été limogé. La Banque centrale affirme être disposée à aider la banque privée à rétablir sa situation, mais la banque privée accuse la banque centrale de comportements dominateurs et bureucratiques.

(Monitor 25.5.01) Après de longues négociations, la coalition du Parti démocratique des socialistes (DPS) du président Djukanovic et du Parti social-démocrate (SDP) pourra constituer le prochain gouvernement monténégrin, avec le soutien, provisoire et conditionnel, des libéraux. Les deux partis de la coalition s'engagent à réaliser le projet de l'indépendance du Monténégro et à garantir la stabilité politique du pays.

2002

(Monitor 1.6.01) Selon l'hebdomadaire croate "Nacional", l'un des principaux chefs mafieux des Balkans, Stanko Subotic, dit "Cane", dont l'hebdomadaire évalue la richesse à un demi-milliard de DM, devrait sa puissance au soutien, voire à la protection, de hautes autorités de quasiment tous les Etats de l'ancienne Yougoslavie, dont, actuellement, et toujours selon "Nacional", l'actuel Premier ministre serbe Djindjic et l'actuel président monténégrin Djukanovic, que le journal accuse de bénéficier de profits tirés notamment de la contrbande de cigarette. Subotic serait impliqué dans plusieurs assassinats, et disposerait de commandos de tueurs responsable notamment de l'assassinat de l'ancien vice-ministre serbe de la police, Radovan Stojicic Badza, mais également de plusieurs alliés ou collaborateurs du président Djukanovic, accusé d'avoir lui-même commandité ces meurtres (celui de Milorad Vucelic ou celui de Goran Zugic). Subotic aurait également financé le parti de Milo Djukanovic et aurait payé des voitures blindées aux autorités monténégrines. Toutes ces accusations ont été démenties par les autorités monténégrines et par les autres accusés, y compris par Subotic lui-même, qui a affirmé qu'"aucune relation spéciale n'existe" entre lui et le président monténégrin, et qu'il y a "aucune affaire dans laquelle ils seraient partenaires". Subotic attribue ces accusations à une tentative de chantage et de racket. Le président Djukanovic a porté plainte contre l'hebdomadaire croate qui a lancé l'affaire, et contre un journal monténégrin, contrôlé par l'opposition pro-serbe, qui l'a reprise, "Dan", mais l'hebdomadaire croate a poursuivi sa campagne, publiant notamment le témoignage d'un ancien associé de Subotic déclarant que "les amis de Djukanovic" empochaient 15 % des recettes du trafic de cigarettes.

(Monitor 8.6) Plusieurs responsables de la police du Monténégro, ou des policiers, ont été tués en l'espace d'une année à Podgorica : Goran Zugic, Darko Raspopovic, Milan Radulovic, Milos Krstovic, Samir Usenagic. Les enquêtes sur ces meurtres piétinent. Aucune explication n'a été donnée par le ministère pour les meurtres de trois de ses responsables (zigic, Raspopovic, Usenagoc), attribuée par la rumeur à la mafia monténégrine -la rumeur accusant également la police de bénéfécier, voire de contrôler, le commerce du tabac. Selon des sources proches de la police, citées par "Monitor", depuis plus de dix ans s'effectue au sein de la police locale et du ministère de l'Intérieur un recrutement de responsables "selon les critères politiques et non pas (...) professionnels".

(Monitor 21.6) De nombreuses grèves ont éclaté au Monténégro, parfois accompagnées d'opérations de blocages des routes : en avril 2001, les employée de l'usine Titex (textile) ont bloqué la route Cakor-Pec-Plav, entre le Monténégro et la Kosove. En mai, les ouvriers de la coopérative agricole d'Andrijevica ont fait grève pendant 40 jours et ont bloqué la route Plav-Berane pendant une semaine, les syndicalistes d'Obod (électroménager) de Cetinje ont menacé de bloquer le carrefour Podgorica-Cetinje-Budva. Des grèves "simples" se sont produites à Kotor (usine de gomme), à Pljevlja (boulangerie industrielle Zitoprodukt). 20'000 travailleurs sont employés au Monténégro par des entreprises en faillite.

(Monitor 22.6) Réagissant à des rumeurs colportées et diffusées depuis plusieurs jours par les media serbes, le porte-parole des députés albanais au parlement monténégrin, Ferhat Dinosa, a qualifié ces rumeurs de "délirantes". Des media serbes ("Nedeljni Telegraf", notamment) ou pro-serbes au Monténégro ("Dan"), mais également des sources de l'armée fédérale yougoslave (y compris son site internet) ont annoncé que les Albanais du Monténégro étaient prêts à l'insurrection armée, qu'une UCK monténégrine disposait au mnténégro même de centres d'entraînement, qu'une majorité des Albanais du Monténégro soutenaient le projet d'une insurrection armée et que l'UCK kosovare, avec des unités venues d'Albanie, pourrait lancer une offensive pour rattacher plusieurs villes monténégrines à la "grande Albanie". Ferhat Dinosa accuse "certaines forces pro-serbes" de tenter de susciter une opposition violente entre Monténégrins albanais et slaves, pour faire échouer le projet d'indépendance du Monténégro en divisant les forces le soutenant. le porte-parole des Albanais du Monténégro assure que les Albanais soutiennent le processus démocratique et le pluralisme culturel et éthnique au Monténégro.

(Polje 4.10) Le meurtre d'un ouvrier forestier par trois Kosovars près de Plav, dans la région frontalière avec la Kosove, a été utilisé par le Parti populaire socialiste (SNP) pour agiter la crainte que le Monténégro connaisse "les mêmes problèmes que la Macédoine", c'est-à-dire l'extension de la "rébellion albanaise". Le Maire de Plav, toutefois, rappelle que de tels incidents se produisent depuis des décennies, et qu'ils ont jusqu'ici impliqué des voleurs de bétail ou d'autres délinquants de droit commun, et non des groupes armés à mobiles politiques. Les autorités locales nient que les circonstances se prêtent à un scénario "macédonien", et appellent les autorités monténégrines à protéger les citoyens des groupes de voleurs qui passent la frontière.

(Monitor 19.10.01) Alors que les sondages indiquent qu'une légère majorité des citoyens du Monténégro soutiendraient l'indépendance de la République, les partis politiques partisans de cette indépendance n'ont pas résolu le problème de la stratégie à adopter pour y parvenir, face à une forte minorité d'opposants au Monténégro (au moins 40 % des citoyens), mais également face à la communauté internationale, en particulier les USA et l'Union Européenne, qui cherchent à éviter l'éclatement de la Yougoslavie. La commission parlementaire formée des partis favorables à l'indépendance (le Parti démocratique des socialistes, le Parti libéral, le Parti social-démocrate et les partis albanais) n'a pas pu se mettre d'accord sur le projet de loi relatif au référendum sur l'indépendance; Le Parti démocratique des socialistes (DPS, parti au pouvoir) propose notamment qu'une majorité des électeurs inscrits participe au vote pour que celui-ci soit valide, condition que l'OSCE poserait également pour reconnaître la validité du référendum, alors que les autres partis sont opposés à ce quorum. Quant aux partisans du maintien du lien "yougoslave" avec la Serbie, ils menacent de boycotter le référendum, à moins que ne soit posée la règle selon laquelle l'indépendance ne sera proclamée que si la majorité des électeurs inscrits se prononcent en sa faveur. L'OSCE recommande en outre au Monténégro, en cas de référendum sur l'indépendance, que seuls les citoyens du Monténégro y résidant effectivement puissent y participer.

(Vreme 25.10) Le général monténégrin (à la retraite) Pavle Strugar, qui commandait la deuxième zone d'opération de l'armée fédérale yougoslave durant le siège de Dubrovnik de 1991 à 1992, s'est rendu volontairement au Tribunal pénal international de La Haye le 21 octobre, où il doit comparaître sous le chef d'accusation d'infraction aux lois et coutumes de la guerre et graves violations de la Convention de Genève. Trois autres officiers de l'armée fédérale yougoslave sont également poursuivis dans la même affaire : le vice-amiral Miodrag Jokic, le vice-amiral Milan Zec et le capitaine Vladimir Kovacevic. Le général Strugar avait déclaré qu'il se rendrait volontairement au TPI pour apporter la preuve de son innocence. Il a expliqué que son engagement sur le front de Dubrovnik avait pour motivation l'obéissance aux ordres et le sentiment patriotique yougoslave. Il affirme avoir ordonné de traiter les prisonniers selon les dispositions de la Convention de Genève, et d'assurer la sécurité de la population civile. Il affirme également avoir sanctionné ses subordonnés lorsqu'ils n'appliquaient pas ces consignes, et avoir la conviction d'avoir personnellement contribué à limiter les destructions et les souffrances de la population. Pavle Strugar est le premier général monténégrin et le premier général de l'armée fédérale yougoslave qui se soit volontairement rendu au TPI. Il est le seul à être accusé par le TPI en tant que général de l'armée fédérale.

(IWPR 30.11) Le responsable de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité, Javier Solana, a insisté lors de sa visite au Monténégto sur la volonté européenne de voir la République reprendre les négociations avec la Serbie sur la rénovation d'une Fédération Yougoslave dont les deux Etats soient membres. L'Union européenne a exprimé sa préférence pour "un Monténégro démocratique au sein d'une Yougoslavie démocratique", et Javier Solana a exprimé sa conviction qu'il valait mieux reprendre les négociations avec la Serbie plutôt que "d'aller vers un référendum sur l'indépendance à l'issue incertaine". Le représentant de l'UE a même précisé qu'il était illusoire de croire que le Monténégro rejoindrait l'Europe plus vite en étant indépendant qu'en étant Etat fédéré au sein de la Yougoslavie. Le président monténégrin Milo Djukanovic a néanmoins affirmé que "le référendum (sur l'indépendance) est inévitable au Monténégro". La situation s'est singulièrement compliquée depuis la chute de Slobodan Milosevic : l'aide occidentale au Monténégro s'est presque totalement tarie, et le soutien politique des Occidentaux à Milo Djukanovic, évident lorsque celui-ci était l'adversaire de Slobodan Milosevic, est désormais très improbable.

(AIME, 10.12) L'Association indépendante des media électroniques yougoslaves a protesté contre la condamnation à trois mois de prison de Vladislav Asanin, ancien rédacteur en chef du quotidien monténégrin "Dan", accusé de diffamation à l'encontre du président Djukanovic, qu'il avait accusé d'être lié à la mafia des cigarettes. L'AIME demande aux autorités monténégrines (et serbes) de revoir leur législation criminelle afin d'empêcher que le code pénal soit utilisé comme instrument de répression des media, et demande aux autorités judiciaire monténégrines de revoir le verdict prononcé contre Vladislav Asanin.

(Vijesti 13.12) Une centaine d'intellectuels monténégrins ont adressé un appel aux gouvernements européens et américain, leur demandant de "rendre au Monténégro ce qui lui a été volé : son indéopendance". L'appel reproche aux Européens de vouloir "soutenir ceux que Milosevic finançaient", et de vouloir obliger le Monténégro à "être confondu à la Serbie" et les Monténégrins à être transformés "en une minorité nationale dans un Etat serbe moyenâgeux".

(Monitor 14.12) Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Lord Russel Johnston, s'est distancé de la position de l'Union Européenne, opposée à l'indépendance du Monténégro, en se prononçant dans un entretien accordé à "Minotir" pour que les citoyens du Monténégro expriment eux-mêmes leur volonté. Cela dit, Lord Johnston affirme que le Conseil de l'Europe ne doit soutenir aucune des deux parties en présence au Monténégro (indépendantistes ou fédéralistes).

2002

(Vijesti 3.1) Dans les deux jours qui ont suivi l'introduction de l'Euro comme monnaie commune européenne, un million de DM (monnaie courante au Monténégro) ont été convertis en euros dans les banques monténégrines, à chacune de qui un million de DM avait été fourni. L'Euro va devenir, au Monténégro comme en Kosove, la monnaie de référence.

(Monitor 11.1.2002) La célébration du Noël orthodoxe a failli dégénérer en affrontements sérieux entre partisans de l'église monténégrine et partisans de l'église serbe, le 6 janvier à Berane. La police a du protéàger l'église monténégrine des partisans de l'église serbe, dirigés par le Maire de Berane et ancien député de l'actuelle opposition pro-yougoslave. Plusieurs manifestants pro-serbes étaient armés et des coups de feu ont été tirés. Les orthodoxes monténégrins ont du renoncer à leur célébration, et les manifestants pro-serbes s'en sont pris à la police monténégrine, qui a arrêté plusieurs responsables de la manifestation

(Koha Ditore 3.2) Dans un entretien accordé à "Koha Ditore", le ministre des Affaires étrangères du Monténégro, Branko Lukovac, explique que le projet gouvernemental de refonte des rapports entre la Serbie et le Monténégro correspond "très exactement" au passage d'un cadre fédéral à un cadre "selon le modèle de l'Union européenne", et ouvert à d'autres Etats, "comme la Macédoine, la Bosnie ou la Croatie". S'agissant du référendum que le gouvernement entend toujours organiser sur ses propositions, le ministre assure que "si nous n'obtenons pas la majorité, nous accepterons la volonté des urnes", sans préciser si la majorité à laquelle il fait allusion est celle des votants ou celle des inscrits.

(Reporter 6.3.02) Dans l'hypothèse d'une séparation de la Serbie et du Monténégro, c'est-à-dire de la fin de tout cadre fédéral ou confédéral entre les deux républiques, le problème du partage des biens collectifs fédéraux et des la réappropriation par chaque république de ses biens situés sur le territoire de l'autre république actuels risque d'être plus difficile à résoudre que prévu. D'une part, selon l'économiste Ljubomir Madzar, les données manquent sur les possessions de chaque république sur le territoire de l'autre, et d'autre part, le Monténégro va se retrouver dans une position défavorisée par rapport à la serbie pour ce qui est des biens fédéraux. Les propriétés de l'armée fédérale, notamment, vont poser problème : elle possède des caserbes (notamment à Podgorica), des infrastructures portuaires et maritimes, des terrains, du matériel...

(Courrier des Balkans 14.3.02) La Yougoslavie a officiellement cessé d'exister le jeudi 14 mars 2002, pour être remplacée par une Union de la Serbie et du Monténégro, concrétisée par quelques organes communs (une Présidence et un Conseil des ministres). L'accord en a été signé à Belgrade après de longues négociations, entre le président yougoslave Vojislav Kostunica et le président monténégrin Milo Djukanovic, ainsi que par le responsable de la politique étrangère européenne Javier Solana. Au terme d'une période probatoire de trois ans, les deux Etats pourront décider de poursuivre ou non leur union, ce qui ouvre la possibilité d'un référendum d'autodétermination. L'accord semble représenter le moins mauvais compromis possible entre les partisans monténégrins de l'indépendance et les partisans (serbes et monténégrins) du maintien d'un lieu entre la Serbie et le Monténégro.

(Koha Ditore 15.3) Les présidents yougoslave Kostunica et monténégrin Djukanovic ont signé l'accord pour la création d'une nouvelle communauté confédérale entre la Serbie et le Monténégro, l'Union de la Serbie et du Monténégro (USM), en précisant qu'il ne s'agit pas de construire un nouvel Etat, mais d'unir deux Etats souverains conservant chacun leur marché, leur système douanier et leur devise (le dinar et l'euro). Le but de l'union est de doter, dans un délai de trois ans, ses deux entités d'autant d'institutions et de caractéristiques communes qu'en ont les Etats de l'Union européenne. L'USM aura son propre président, son Conseil des ministres et son parleement, sur la base d'une charte constitutionnelle adoptée par leurs deux parlements. L'armée sera commandée par un collège de trois chefs, un chef commun, un chef serbe et un chef monténégrin. Diplomatiquement, la Serbie et le Monténégro se partageront leur représentation à l'ONU, en l'assumant à tout de rôle. Formellement, le Kosove restera sous juridiction serbe, mais avec une large autonomie (accordée non pas par l'USM, mais par la communauté internationale). La question du statut de la Voïvodine et des relations avec la République serbe de Bosnie n'est pas tranchée. Selon le quotidien kosovar (albanais) Koha Dittore, l'Union européenne pourrait faire pression pour que la Kosove soit partie prenante de l'USM.

(Monitor 8.3) En acceptant le maintien d'un lien confédéral avec la Serbie, le Monténégro a également accepté le retour du dinar comme monnaie légale de la République. Les analystes craignent que cela n'aboutisse à une "spirale inflationniste". L'Euro était devenu, après le Deutschmark (qui avait pris la place du dinar) la monnaie du Monténégro, sans pour autant être sa monnaie officielle. Les prix augmentent actuellement au taux annuel de 40 %, et les bureaux de change (légaux ou non) fonctionnent à plein régime : les salaires sont versés en dinars, mais taxes et impôts sont perçus en euros. L'épargne des citoyens est calculée en dinars, mais la monnaie d'usage est l'euro. Depuis 1952, le dinar a été dévalué 23 fois. début décembre, un Deutschmark valait 60 millions de dinars. Trois semaines plus tard, le DM valait 450 milliards de dinars... La majorité des monténégrins avait accepté avec soulagement le remplacement du dinar par le DM, puis l'Euro comme monnaie de référence. Actuellement, le cours officiel du dinar est de 60 DY pour un Euro.

(Vijesti, IWPR 15.3.2002) Présentant l'accord obtenu avec la Serbie pour la création d'une union confédérale de deux républiques souveraines, le président monténégrin Milo Djukanovic a annoncé le 14 mars que le "représentant de l'Union européenne, Javier Solana, avait garanti l'organisation au Monténégro, après une période de trois ans, d'un référendum sur le statut national et juridique de la République (indépendance complète ou association avec la Serbie), référendum "dont les résultats seront désormais assurée d'être reconnus", selon le président monténégrin. Milo Djukanovic a reconnu que la solution négociée avec le président Kostunica était en deçà de ses propres projets, mais a expliqué : "nous n'avons pas la majorité absolue, et il est beaucoup plus important de conserver tout ce que nous avons accompli pour le statut du Monténégro que de risquer de le perdre à cause d'éventuels résultats inattendus du référendum". Le président monténégrin a cependant estimé que le Monténégro n'avait jamais été si près de recouvrer l'indépendance perdue en 1918 : "Le Monténégro a maintenant le droit incontestable, confirmé par la serbie et les acteurs-clés de la communauté internationale, de prendre la décision d'organiser un référendum sans pressions et sans conditions

Les opposants à l'indépendance du Monténégro ont quant à eux exprimé leur satisfaction et leur solagement à l'annonce de l'accord. Le bloc indépendantiste n'avait gagné les élections législatives, en avril 2001, qu'avec une avance de 1,4 % des voix sur le bloc anti-indépendantiste, ce qui rendait très aléatoire un référendum sur l'indépendance, d'autant que des partisans du président Djukanovic avait quitté son camp pour passer au camp anti-indépendantiste, par opposition au projet d'indépendance totale du Monténégro : tel avait notamment été le cas des maires de Barane et Bijelo Polje. Le soutien des musulmans du Sandjak monténégrin apparaissait également comme de plus en plus précaire.

(IWPR 15.3.2002) La déclaration constitutionnelle de l'Union entre la Serbie et le Monténégro devra être ratifiée par les trois parlements, serbe, monténégrin et yougoslave. L'Union aura plusieurs institutions communes (parlement, présidence, gouvernement, Cour de Justice). Elle sera fondée sur l'égalité entre la Serbie et le Montenegro. Le gouvernement ne comprendra que cinq ministères (Affaires étrangères, Défense nationale, relations économiques internationales, Finances, droits de l'Homme et minorités. Chacune des deux républiques conservera pour un temps son propre système économique et sa propre monnaie (le dinar en Serbie, l'Euro au Monténégro), mais dans les faits, l'Euro deviendra progressivement la monnaie commune. Un référendum sur l'indépendance pourrait être organisé dans les trois ans. L'Union sera représentée en tant que telle à l'ONU.

(Monitor 5.4) Après la signature de l'accord pour la création de l'Union de la Serbie et du Monténégro (USM), les partis indépendantistes ont retiré leur soutien au gouvernement et au président Djukanovic. L'Alliance libérale a renoncé à participer à la formation d'une nouvelle coalition, et le Parti social-démocrate hésite entre son retrait de la coalition et une sorte de soutien critique. Les libéraux posaient comme condition à leur soutien l'organisation d'un référendum sur l'indépendance, référendum repoussé d'au moins trois ans. Le projet même de l'indépendance apparaît désormais pour le parti de Milo Djukanovic (les démocrates socialistes) comme un fardeau, dont il s'est débarrassé à la première occasion. L'opinion publique elle-même semble ne plus être si favorable qu'auparavant à cette idée, la chute de Milosevic ayant éclairci l'horizon, et rendu plus acceptable une collaboration institutionnelle avec la Serbie. Djukanovic a cependant réaffirmé que la cause de l'indépendance était "historiquement légitime", mais les indépendantistes ont l'impression de s'être fait rouler...

(AFP 15.5) Les électeurs monténégrins ont été appelés le 15 mai à lire les 19 des 21 municipalités de la République. Ni Podgorica, ni Herceg Novi, n'étaient concernées par le scrutin, des municipales anticipées y ayant été organisées en juin 2000 (elles avaient vu la victoire de la coalition gouvernementale à Podgorica et celle de l'opposition "pro-yougoslavde" à Herceg Novi). Cinq heures avant la fermeture des locaux de vote, le taux de participation ne dépassait pas les 40 %, ce qui était considéré comme "satisfaisant" par les autorités. 120 observateurs de l'OSCE supervisent le scrutin, auquel se présentent seize partis et cinq coalitions. Le 14 mai, un attentat à la grenade a été commis à Niksic, contre le siège du Parti socialiste populaire (pro-yougoslave) de Pedrag Bulatovic.

(Courrier des Balkans 16.5.2002) Selon les premiers résultats, encore partiels, les élections municipales monténégrines donnent le DPS (parti social-démocrate) du président Djukanovic vainqueur à Bar, Berane, Bijelo Polje, Danilovgrad, Niksic, Rozaje et Plav, le parti pro-yougoslave SNP vainqueur à Budva, Kotor, Kolasin, Andrijevica, Zabljak, Pluzine, Savnik, le parti libéral indépendantiste LSCG à Cetinje et la coalition albanaise à Ulcinj. Dans la plupart des cas, cependant, les écarts entre les différents partis sont très faibles (trois points à Budva, deux à Kotor, quatre à Cetinje et Niksic), et aucun parti n'obtient la majorité absolue, sauf exception (le DPS à Bijelo Polje, par exemple). La capitale, Podgorica, n'était pas concernée par ces élections.

(Courrier des Balkans 29.7.02/ Monitor) Trois semaines après la formation d'une nouvelle coalition gouvernementale entre l'"Alliance libérale du Monténégro", qui a rompu avec les socialistes démocrates de Milo Djukanovic pour s'allier à la coalition "Pour la Yougoslavie", les libéraux ont proposé une série de lois sur les media et les élections qui comportent toutes des dispositions autoritaires, souvent empruntées à l'ancien régime titiste, voire à celui de Milosevic, et réduisant les possibilité d'action des partis politiques, leur libetrté d'action, leurs possibilités de participer aux élections.

(Courrier des Balkans 21.10) La coalition dominée par le Parti du président Djukanovic, "Pour un Monténégro européen", a gagné les élections législatives monténégrines en obtenant 48,1 % des suffrages, et 39 des 75 sièges du Parlement. La coalition pro-yougoslave, "Ensemble pour les changements", obtient néanmoins 39,4 % des suffrages et 30 sièges. L'Alliance libérale n'obtient que 5,8 % des suffrages et 4 sièges, et son apport n'est pas nécessaire au président Djukanovic. La "coalition patriotique" n'obtient obtient 2,7 % des suffrages et aucun sièges. Les partis bosniaques n'obtiennent ensemble que 1,4 % des suffrages, et la coalition "Albanais ensemble" 0,2 %, mais néanmoins deux sièges, grâce à un collège réservé. Les élections municipales tenues dans le même temps à Podgorica et Tivat ont vu dans les deux villes la victoire de la coalition présidentielle, qui obtient la majorité absolue à Podgorica et 13 des 32 sièges à Tivat, contre 12 à la coalition yougoslave, 5 au parti croate et deux aux libéraux.

(Courrier des Balkans 23.12) Filip Vujanovic, le candidat du nouvesu Premier ministre (et président sortant) du Monténégro Milo Djukanovic, n'a pas réussi à s'imposer lors de l'élection présidentielle monténégrine du 22 décembre. Le taux de participation électorale n'a été que de 46 %, alors qu'il en fallait au moins 50 % pour que l'élection soit valide.

2003

(AP 30.12.03) Le Parlement monténéàgrin a adopté le 29 janvier, par 55 voix contre 7 (et 13 abstentions) les textes mettant fin à la Yougoslavie et la remplaçant par l'Etat de Serbie et Monténégro pour au moins trois ans. Le Parlement serbe avait fait de même le 27 janvier. La Serbie et le Monténégro auront une administration commune dans les domainbes de la Défense et des Affaires étrangères, et une capiale commune (Belgrade). Le Parlement fédéral yougoslave doit encore approuver l'accord, conclu sous l'égide de l'Union Européenne en 2002. La Serbie et le Monténégro pourront organiser en 2005 des référendums sur l'indépendance.

(AFP 9.2) Les élections présidentielles monténégrines ont abouti, le 9 février, au même résultat que lors d'une première tentative, en décembre, avec un taux de participation insuffisant pour valider le scrutin (une majorité des électeurs inscrits doivent avoir voté pour que le résultat du vote soit valide). Filip Vujanovic est à nouveau sorti largement en tête du vote, devant dix autres candidats. L'opposition avait appelé au boycott du scrutin. Un nouveau scrutin devra être organisé, et la loi électorale sera très vraisemblablement modifiée, pour abolir la condition d'un taux de participation supérieur à 50 % (ou abaisser cette barre).

(Courrier des Balkans 12.5) Filip Vujanovic, candidat soutenu par le président sortant Milo Djukanovic, a finalement été élu à la troisième tentative (les deux scrutins précédents ayant été annulés faute d'une participation suffisante) président du Monténégro, le 11 mai. Pour que le scrutin soit valide, la loi électorale a du être modifiée afin que disparaisse l'obligation légale d'un taux de participation supérieur à 50 % (il aura été de 48,5 %).

2006

(ONU 28.6.2006) Le Monténégro est devenu le 192e Etat membre des Nations Unies, le 28 juin, après l'adoption le 21 mai en référendum, par 55,5 % des votants, du projet de séparation d'avec la Serbie, et la proclamation de l'indépendance le 3 juin. Le président Vujanovic a assuré que le Monténégro indépendant était prêt à respecter toutes les obligations découlant des instruments signés et ratifiés précédemment par la Serbie-Monténégro. La Serbie, que l'indépendance du Monténégro rend elle aussi indépendante, a assuré qu'elle nouera des relations étroites et amicales avec le Monténégro, avec lequel elle a été attachée pendant un siècle.


Grèce, Italie

(AFP, 30.8.1996) Les préfectures de police de Milan et de Florence ont indiqué que des enfants albanais en Italie étaient contraints à la mendicité ou à la prostitution ou recevaient des avances de pédophiles. A Milan, des organisations criminelles albanaises contraignent des femmes et des jeunes filles mineures à la prostitution et des enfants à le mendicité et à la prostitution. A Florence, huit adultes albanais ont été arrêtés pour avoir contraint des enfants à un véritable esclavage, les battant, les faisant coucher sous les ponts et les contraignant à mendier jusqu'à 16 heures par jour.

(AFP 31.8, 1.9) Le ministre grec des Affaires étrangères, Théodore Pangalos, en visite officielle en Albanie, a inauguré le 31 août un consulat de Grèce à Gjirokastra, dans le sud de l'Albanie, où vivent entre 60'000 (selon Tirana) et 300'000 (selon Athênes) personnes de culture grecque. Le gouvernement albanais a autorisé l'ouverture de trois écoles primaires en langue grecque dans la région. La Grèce pourrait de son côté augmenter de 8 à 12'000 le quota de visas octroyés aux Albanais désireux de se rendre en Grèce. Une chère de langue albanaise sera créée à l'Université d'Athênes et un collège grec à Tirana. La Grèce et l'Albanie vont étudier les moyens de régulariser la situation des ouvriers saisonniers albanais en Grèce, au nombre (selon Tirana) de 300'000.

(AFP 11.2, 15.2.1997) Les patrouilles militaires et policières grecques ont été renforcées le long de la frontière greco-albanaise en raison de la tension qui règne en Albanie, ont annoncé le 11 février des sources policières de Ioannina (nord-est de la Grèce). De source également policière, les garde-frontières grecs ont été placés le 15 février en état de "préparation maximum" à la frontière avec l'Albanie pour faire face à un éventuel afflux massif de réfugiés. Un hélicoptère de la police a été dépêché pour assurer une surveillance aérienne et deux bâtiments de la marine de guerre ont été envoyés à Corfou, où une unité de forces spéciales est attendue pour renforcer les patrouilles côtières. Selon le ministère grec des Affaires étrangères, le nombre de demandes de visas pour la Grèce déposées par les Albanais a augmenté, et les autorités grecques craignent une vague d'immigration clandestine en provenance d'Albanie, de Bulgarie et de Turquie. La création de centres d'accueil provisoire est prévue dans certains départements du nord de la Grèce. Selon la police, plus de 250'000 immigrants albanais clandestins, en sus des 20'000 immigrants légaux, vivent actuellement en Grèce.

(AFP 5.8) La Grèce et l'Albanie ont signé le 5 août à Tirana un protocole d'accord ouvrant la voie à la légalisation du travail saisonnier des immigrés albanais en Grèce. Environ 300'000 Albanais vivent en Grèce, mais la plupart d'entre eux y sont en situation irrégulière.

(Reuters 22.10) Un trafic de nouveaux-nés albanais, volés à leur naissance en Albanie pour être vendus en Italie, a été mis en évidence par la découverte de cercueils vides par un fossoyeur de Tirana. Les bébés sont volés dès leur naissance à leur mère, à qui l'on fait croire qu'ils étaient morts-nés, et sont ensuite vendus à des couples stériles en Italie et dans le reste de l'Europe. Les justices albanaise et italienne ont entrepris de coopérer pour démanteler ce trafic.

(Reuters 7.11) 250 immigrants clandestins abandonnés par leurs passeurs à bord d'un vieux navire abandonné par son équipage et dérivant au large des Pouilles ont été transférés dans un centre près de Lecce, après que les garde-côtes italiens aient remorqué le bateau jusqu'à la côte.

(Reuters 7.11) L'Italie a commencé à délivrer le 6 novembre les 38'000 cartes de séjour promises dans le cadre d'une opération de régularisation de la situation d'une partie des immigrants clandestins, au nombre d'au moins 230'000 dans tout le pays. 3000 d'entre eux ont forcé un barrge de police à Milan pour tenter de déposer leur dossier. Les immigrants ont jusqu'au 15 décembre pour déposer leur dossier, mais ils craignent que seuls les premiers à le faire aient une chance d'être régularisés, les critères de régularisation n'ayant pas été clairement définis.

(ATS 11.11) Environ 300 immigrants clandestins kosovars et kurdes transportés sur des embarcations provenant d'Albanie ont été interceptés par les autorités italiennes le long du littoral des Pouilles, les 10 et 11 novembre. Deux passeurs albanais ont été arrêtés.


Un appel d'Amnesty International

(AI 19.3.97) Amnesty International est fortement préoccupée par les informations selon lesquelles le gouvernement italien aurait refoulé environ 300 demandeurs d'asile albanais et le prie de veiller à ce que les demandeurs d'asile ne se voient pas refuser l'entrée en Albanie.

"Nul ne doit être renvoyé dans un pays où il ne pourrait s'en remettre à la protection de son gouvernement. Etant donné la situation chaotique que connaît actuellement l'Albanie, tout demandeur d'asile albanais devrait se voir accorder une protection" a déclaré AI au moment du lancement de sa campagne en faveur des réfugiés du monde entier.

Selon une délégation de l'Union européenne, de retour d'Albanie aujourd'hui après une mission d'enquête, la confusion règne dans l'appareil policier et dans les dispositifs de sécurité.

L'organisation avait précédemment demandé à tous les gouvernements de cette région et à la communauté internationale de veiller à ce qu'une assistance efficace soit apportée aux pays voisins et de partager équitablement la charge de l'accueil des réfugiés albanais.

Le gouvernement italien a proclamé aujourd'hui l'état d'urgence pour faire face à l'arrivée de plus de 10'000 demandeurs d'asile albanais qui ont fui vers les vôtes italiennes, ce qui lui permettra d'apporter aux demandeurs d'asile une aide et une protection temporaire. Toutefois, il ne sera délivré de permis de séjour qu'aux personnes les plus vulnérables, pour des périodes de 60 jours au plus, et avec la possibilité d'obtenir un renouvellement de 30 jours au maximum.

"Il ne suffit pas de fixer des délais pour déterminer à quel moment on peut cesser de protéger une personne", a déclaré Amnesty International. "Le cas de la Bosnie-Herzégovine nous a bien démontré que la seule référence temporelle ne saurait permettre d'affirmer qu'une personne est désormais en sécurité. Il convient d'assurer la protection des demandeurs d'asile albanais tant que la situation l'imposera."

Le gouvernement italien a également annoncé que les Albanais considérés comme dangereux pour la sécurité publique seraient immédiatement "mis à la porte"- Quelque 1000 détenus se sont échappés ou ont été libérés des prisons albanaises durant les troubles; ceux dont la peine devait se terminer dans moins de deux ans ont été amnistiée par un décret présidentiel du 16 mars 1997.

Amnesty International appelle le gouvernement italien à veiller à ce que les demandeurs d'asile ne soient pas arbitrairement privés de protection. L'Italie doit respecter le principe de non-refoulement selon lequel un Etat ne doit ni refouler à ses frontières ni renvoyer dans leur pays les personnes qui risqueraient d'y subir de graves violations de leurs droits fondamentaux.

"Nous avons lancé notre campagne consacrée aux réfugiés afin de rappeler au monde entier que les réfugiés sont des personnes bien réelles, qui ont de vraies raisons d'avoir peur, des personnes qui ont pris la terrible décision de quitter leur maison, leur quartier, leur village, leur pays parce qu'elles craignent réellement pour leur vie" a déclaré Amnesty International. "La situation des réfugiés albanais montre à quel point il est urgent de résoudre la question de la protection des personnes en danger".

Amnesty International exhorte le gouvernement italien à respecter ses obligations internationales envers les réfugiés et les demandeurs d'asile et tout particulièrement le principe de non-refoulement, reconnu sur le plan international.

(AFP 1.9) Les immigrés albanais qui se trouvent en Italie sans autorisation ou qui ne sont pas enregistrés dans des centres d'accueil "doivent être immédiatement éloignés du territoire italien", selon une directive de la Présdidence du Conseil diffusée le 1er septembre et signée par le Premier ministre Romani Prodi. Cette directive concerne les Albanais qui sont arrivés en Italie après le 1er mars 1997, c'est-à-dire dès le déclenchement de l'insurrection dans le sud. Les opérations de rapatriement doivent durer trois mois et s'achever le 30 novembre. Une première directive avait, en juin dernier, fixé au 31 août la date limite pour le rapatriement des Albanais mais sur demande de l'Albanie cette échéance avait été repoussée. La présidence du Conseil italien a indiqué que la directive sur le rapatriement des réfugiés fait partie d'une "politique globale de relations avec l'Albanie, inspirée par la plus grande volonté de coopération et axée sur un programme d'aide multiforme pour la réorganisation de l'Etat albanais, de l'économie et de la convialité civile". Le nombre de réfugiés albanais en Italie est évalué à 10'000 personnes, dont 3000 dans des centres d'accueii, 4000 hébergés par des institutions religieuses, des amis ou des parents et 3000 qui se sont évanouis dans la nature après avoir quitté les centres d'accueil. Le "rapatriement immédiat" concerne ces 3000 "clandestins" et ceux qui ne disposent pas d'autorisation en règle. Les préfets de province établiront un calendrier de départ échelonné pour les autres. Selon la presse italienne, les célibataires en règle et les personnes originaires de la région de Tirana, actuellement pacifiée, seront les premiers à partir. Les derniers seront les familles accueillies dans les centres publics et les personnes ayant des parents ou des amis disposant d'un permis de séjour en règle. Environ 13'500 Albanais étaient arrivée en Albanie depuis le début de l'année 1997, et 3500 y sont volontairement ou non retournés.

(TAO, 13.9) Plus de 500 immigrés ont été interpellés le 13 septembre dans la région romaine au cours d'une vaste opération de police destinée à rechercher des personnes en situation irrégulière, a annoncé la police. En milieu de matinée, environ 70 Albanais sans papiers avaient déjà reçu une notification d'expulsion. La police italienne a multiplié ces derniers temps les opérations contre les immigrés clandestins, en particulier les Albanais, notamment dans les régions de Turin et de Rome, et plusieurs centaines de personnes (dont une majorité d'Albanais) ont été expulsées à la suite de ces interpellations. L'Italie compte officiellement un peu plus d'un million d'immigrés en situation régulière, dont 64'000 Albanais, mais également, selon Caritas, quelque 250'000 immigrés.

(Reuters 21.11, AFP 26.11) Cinq immigrants clandestins, dont une fillette, sont morts noyés et seize autres sont portés disparus après avoir tenté de gagner le sud de l'Italie en traversant l'Adriatique à partir de Durrës dans deux canots pneumatiques, alors que la mer était agitée. Dans la nuit du 25 au 26 novembre, plusieurs canots pneumatiques venant d'Italie ont été repérés dans le canal d'Otrante. Deux ont été refoulés, un troisième, avec une quinzaine de personnes à bord, a pu accoster. Selon la police italienne, ces passages d'Albanie vers l'Italie seraient organisés par un réseau de passeurs d'immigrés clandestins, mais également de drogue (essentiellement de la marijuana), qui a été démantelé à Brundisi. Le réseau "passait" également des prostituées, littéralement "vendues" à des clans mafieux pour des sommes moyennes de 4 millions de lires, mais pouvant atteindre les 20 millions pour des filles mineures. Selon les magistrats chargés de l'enquête, les mafias albanaise et italienne se sont réparties les "secteurs à gérer" et ont passé pour cela des "accords clairs".

(AFP 4.12) Le rapatriement forcé des Albanais réfufiés en Italie après l'insurrection du printemps 1997 a commencé le 3 décembre avec l'appareillage de Brindisi pour Durrës d'un bateau militaire transportant 256 personnes, après le départ de 54 autres Albanais par avion d'Ancône. Le 4 décembre, 150 autres réfugiés albanais ont été rapatriée par bateau en Italie. Ces rapatriements massifs se font sous la contrainte, et la télévision italienne a pu filmer et diffuser des images d'enfants et de femmes en pleurs.

(AFP 17.3) Trois officiers supérieurs de la Marine italienne, dont son actuel chef d'Etat-major, l'amiral Guarnieri, ont été cités à comparaître devant le parquet de Brindisi dans le cadre de l'enquête sur le naufrage du bateau albanais Kater-I-Rades, éperonné par une corvette italienne le 28 mars 1997 et qui avait sombré dans le détroit d'Otrante (52 personnes au moins avaient été noyées). Les commandants des navirea italiens impliqués dans ce naufrage sont également poursuivis. Selon les témoignages de rescapés, un navire italien avait délibérément heurté le bateau albanais; les capitaines italiens affirment au contraire que le bateau albanais avait volontairement coupé la route à la corvette italienne qui le suivait. Selon le quotidien "Il Messagero", l'enquête aurait établi que la Marine italienne avait utilisé des méthodes "trop agressives" pour tenter de barrer la route au bateau albanais.

(AFP 25.3, 26.3) Le Conseil municipal de Keramidi, près de Katérini (nord de la Grèce) a décidé le 24 mars d'interdire la circulation des immigrés albanais après le coucher du soleil, et les habitants de la commune ont formé des groupes d'auto-défense pour faire respecter cette décision, illégale et sans précédent, qui manifeste une véritable psychose sécuritaire et s'accompagne de mesures comparables dans le reste du pays, dénoncées par les organisations de défense des droits de l'Homme et des minorités. Seuls une vingtaine d'Albanais vivent dans la commune de Kéramidi, qui compte 800 habitants. Le ministre de Macédoine-Thrace, Philippos Petsalnikos, a dénoncé la décision de la commune : "de telles décisions sont inacceptables, irresponsables et créent des problèmes supplémentaires nourrissant la xénophobie et le racisme, des sentiments étrangers au peuple grec et à ses traditions", a déclaré le ministre, pour qui "des actions comme celles de Keramidi (...) conduisent à des situations d'hystérie et de règlent aucun problème". Le préfet de la région a souligné de son côté que la décision municipale "était sans précédent et condamnable", même si "l'inquiétude des citoyens est compréhensible". l'ambassade d'Albanie en Grèce a dénoncé le 25 mars la "campagne anti-albanaise" de certains media grecs, campagne qui selon le communiqué de l'ambassade créée "une fausse opinion contre les Albanais en général, qui parfois débouche sur des réactions extrémistes, racistes et xénophobes". Le 24 mars, le ministre grec de l'Intérieur Georges Romaios a désigné "les Albanais en particulier" comme "le principal facteur de la hausse de la criminalité" et a attribué cette hausse à "l'indulgence des autorités envers les clandestins". Le quotidien de gauche "Avghi" a répliqué le 25 mars en rappelant que "le crime n'a pas de nationalité" et que pour les cinq premiers mois de 1997, le 95,5 % des personnes interpellées pour des crimes ou délits en Grèce étaient de nationalité grecque. Le quotidien "Eleftherotypia" a dénoncé le 26 mars l'"apartheid" organisé par le maire de Kéramidi. A Kastoria, près de la frontière albanaise, 4000 personnes ont manifesté le 24 mars pour réclamer la fermeture de la frontière après le meurtre d'un policier grec par des trafiquants de drogue albanais. A Symi, dans le Dodécanèse, des habitants ont occupé le commissariat de police pour réclamer des mesures contres les Albanais de lîle. A Karpathos, des habitants ont manifesté pour demander le départ des immigrés. L'évêque orthodoxe de Salonique a demandé dans son homélie du 22 mars que "tous les étrangers soient jetés dehors et que les frontières soient fermées".




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Biblio

Ismaïl Kadaré
. L'Hiver de la grande solitude
Fayard, Paris, 1999

. Concert en fin de saison
Fayard, Paris, 1999





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