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LES RÉSULTATS DEFINITIFS DU VOTE DU 24 AVRIL 2005

LES RÉSULTATS DEFINITIFS DU VOTE DU 24 AVRIL

 


EXPLORATION DES TROUS DE LA PRAILLE ET DE L'EUROFOOT

Lorsque la décision a été prise de construire un nouveau stade, le projet a été mis au concours, et le projet primé prévoyait 25'000 places assises (soit, déjà, 10'000 de plus que nécessaire). Le 19 juin 1997, le Grand Conseil vote un premier crédit de 20 millions de francs. A ce stade, si on ose dire, le projet est devisé à 64 millions, plus 4 millions de TVA, soit un total de 68 millions.

La rénovation du stade des Charmilles, pourtant appelé à disparaître, et celle des terrains de Balexert, ajoutent 3,8 millions à la facture.

Fin 2000, le projet définitif passe de 25'000 à 30'000 places, et son coût grimpe de plus de 20 millions, pour atteindre 93 millions. Parallèlement, la facture pour les rénovations de Balaxert et des Charmilles augmente d'un million.

Fin 2003, le stade est ouvert : la facture a grimpé de 25 millions supplémentaires, du fait d'aménagements supplémentaires non prévus au projet initial (pour 9,1 millions), d'aménagements de sécurité et de déplacement des infrastructures CFF (pour 10 millions) et d'autres modifications. Le coût du stade atteint 117 millions.

A l'été 2007, l'UEFA impose de nouvelles normes pour les stades appelés à recevoir des matches qu'elle organise. Surcoût : 14 millions. On atteint les 131,6 millions.

De 68 millions au départ, le coût du stade sera passé en dix ans (1997-2007) à au moins 140 millions -et la facture n'est pas close. Le canton a déversé 24,4 millions dans ce trou, la Ville de Lancy 6 millions, la Confédération 5 millions, la Ville de Genève 5 millions, le Fonds d'équipement communal a été contraint de verser 18,8 millions. Jelmoli a déboursé 36 millions (mais ça n'est pas une subvention, c'est un loyer), le Crédit Suisse a prêté (et entend bien se les faire rembourser) 20 millions, une souscription publique a rapporté 3,8 millions, le Sport Toto a accordé une subvention de 700'000 francs et on a 300'000 francs de subventions diverses.

Il y a trois ans, onze millions de travaux étaient encore dus à l'entreprise Zschokke (Implenia) qui avait construit le Stade. Les électeurs de la Ville ayant massivement refusé (à plus de 70 %) d'accorder un prêt de 2,5 millions à la Fondation du Stade, l'Etat a pioché onze millions dans le Fonds d'équipement communal, après avoir en avoir modifié les statuts pour s'autoriser ce racket.

Quant à l'Eurofoot, les seuls coût de sa sécurisation devraient se monter à (au moins) 100 millions au plan suisse. A Genève, il devrait coûter au moins 28 millions, pour des retombées en termes de chiffre d'affaire se situant dans une fourchette de 10 à 50 millions.

L'Eurofoot coûtera au moins aux collectivités publiques genevoises :

14,6 millions pour l'adaptation du stade de la Praille aux exigences de l'UEFA
7,2 millions pour la sécurité
2,6 millions pour les manifestations annexes
1,8 million pour les coûts liés aux transports
1,5 million pour les coûts de coordination de l'organisation
1,3 million pour la promotion touristique (baudruche comprise ?)

Les coûts liés à la mobilisation des services de voirie ne sont apparemment pas compris dans ces chiffres. Ni, apparemment, les heures supplémentaires de la police, l'utilisation de locaux publics (comme l'Université pour le "Media Center") etc...

En termes financiers, l'Euro2008 c'est (selon les chiffres de l'UEFA) :

- 1,3 milliard de francs de droits de retranmission TV (42,3 % de plus qu'en 2004), soit 60 % des recettes
- 461 millions de francs de sponsoring et merchandising (57 % de plus qu'en 2004), soit 21 % des recettes
- 215 millions de francs retirés de la location des loges "VIP" (plus du quintuple qu'en 2004), soit 12 % des recettes
- 149 millions de francs de billetterie (17,3 % de plus qu'en 2004), soit 7 % des recettes
- un total de recettes de 2,117 milliards de francs (50 % de plus qu'en 2004)
- Des dépenses d'organisation de 977 millions (150 % de plus qu'en 2004)
- un bénéfice net de 412 millions(28,4 % de plus qu'en 2004)

et que fait l'UEFA de tout ce pognon ? Martin Kallen, responsable de l'organisation de l'Euro a beau dire que l'UEFA veut "redistribuer le plus d'argent possible à ses 53 fédérations nationales et à ses programmes de solidarité", en réalité elle en redistribue moins d'un septième aux équipes participants (294 millions), et à peine un tiers aux "programmes de solidarité".  Les fédérations nationales de l'UEFA (y compris celles des équipes participantes) recevront, en tout, 450 millions d'euros La distribution aux équipes participantes représente un peu plus de la moitié des seules ressources de sponsoring et moins que ce que l'UEFA gardera pour elle. Quant aux programmes de "solidarité", ils atteignent péniblement le 60 % des seuls droits de retransmission TV.  Les contributions des sponsors et les droits de télévision sont versés directement à l'UEFA (qui encaisse ainsi près de 1,8 milliard), les premiers par l'intermédiaire de sa division "UEFA commercial marketing", les seconds par "Marketing & Media Rights", qui a sous-traité la négociation des droits à une société française, Sportfive, filiale du groupe Lagardère. Une fois payés les frais d'organisation, redistribuée la petite part des équipes participantes, des programmes de solidarité et les subventions aux associations, l'UEFA pourra capitaliser plusieurs centaines millions de francs, sur lesquels elle ne payera pratiquement pas un sou d'impôt.

Pour faire fonctionner à plein sa pompe à fric, l'UEFA a créé fin 2004 une filiale, Euro 2008, une société anonyme holding que l'UEFA détient à 100 % et qui payera quelques millions de francs d'impôt, en tant que "holding de services", comme "New Media technologie" (qui fera une vingtaine de millions de francs de bénéfices). Mais l'UEFA en tant que telle ne paiera pas un sou d'impôt, alors qu'elle retirera plus d'un milliard de francs du tournoi et que le total de ses recettes budgetée pour 2007-2008 atteint les trois milliards (dont moins de la moitié sera redistribué aux équipes participantes), soit un milliard de plus que lors de l'exercice précédent,  et que ses fonds propres se montent à 732 millions, soit 300 millions de plus qu'en 2006-7... Résultat : la fédération européenne de foot professionnel dégage plus de chiffre d'affaire que la fédération mondiale, et est la fédération sportive la plus puissante du monde.

Selon une étude macro-économique réalisée par le bureau privé Rütter+Partner, et publiée par l'Office fédéral du sport, sur l'importance du secteur sportif (défini en un sens très, très large : on y inclut (en plus du sport proprement dit, amateur ou professionnel) les remontées mécaniques, le fitness et la muscu, le commerce d'appareils, articles et vêtements, le tourisme et même les accidents sportifs), le secteur générerait 80'000 places de travail (plus que l'industrie pharmaceutique, l'horlogerie ou les assurances), soit 2,5 % du "marché de l'emploi" en Suisse, à peu près autant que l'industrie mécanique. Le chiffre d'affaire du secteur dépassait les quinze milliards en 2005, sa valeur ajoutée brute atteindrait 8 milliards, sa part au produit intérieur brut 1,8 %, juste un peu moins que les 2 % de l'industrie de l'alimentation, des boissons et du tabac.


HOHL DE GARE

A Genève, l'un des heureux bénéficiaires des millions pompés dans les caisses publiques pour financer les à- côtés de l'Eurofoot est un député radical, Frédéric Hohl, mandaté (apparemment sans réel appel d'offre) et financé (apparemment sans publication d'une adjudication) à hauteur de 800'000 francs par le canton (plus 400'000 de la Loterie romande et du Sport Toto et 470'000 francs de  l'UEFA), sans compter la prise en charge par l'Etat et la Ville de la sécurité, des transports, de la voirie, de l'espace (la Plaine de Plainpalais) et de l'accueil.  Frédéric Hohl est député (radical) au Grand Conseil. Le député Frédéric Hohl est mandataire du canton pour l'organisation des à-côtés de l'Eurofoot, en plus d'être producteur de la Revue genevoise, ancien président des Fêtes de Genève, ancien directeur d'exploitation d'Expo02. Le député Frédéric Hohl est patron de la société NEPSA, qui a conclu avec le canton, dont le député Frédéric Hohl est législateur, un contrat assurant à la société de Frédéric Hohl, la moitié des bénéfices éventuels tirés de la "Fan Zone" de Plainpalais et de ses troquets (avec le Coca officiel du sponsor et la bière officielle du sponsor, et pas d'autre coca et pas d'autre bière, et pas le droit de venir avec sa boisson et son casse-croûte), que la Ville a "louée" presque gratuitement au canton (500'000 francs, soit le 30 % du tarif normal pour trois semaines de squat légal), canton qui l'a refourguée à Hohl). La location de la Plaine de Plainpalais, du Bout-du-Monde et des Vernets représente, au tarif préférentiel accordé par la Ville, une facture de 700'000 francs (en gros) que le canton n'avait pas budgetée, puisqu'il comptait carrément sur la mise à disposition gratuite de l'espace public, et que Hohl n'a jamais eu l'intention de payer, puisqu'il est toujours parti du principe qu'une collectivité publique (la Ville ou le canton, il s'en fout, il est pas sectaire, Hohl) allait le faire pour lui... Mais Frédéric Hohl a sous-traité une partie de son mandat à d'autres mandataires, des sociétés privées logées à la même adresse que la sienne, et appartenant à des amis ou des collaborateurs :

- la société Skynight de Christian Kupferschmid s'occupait de la technique, de la sono et des lumières

- la société DPO (de Christian Kupferschmid aussi,) de la sécurité

- la société APSA de Patrick Abegg (co-administrateur avec Hohl et Kupferschmid de CPF Genève Organisation, qui détient la moitié de DPO) de la programmation musicale

- GL Events,  du montage des tentes et pavillons de la Fan Zone...

"Ce n'est pas parce que ces sociétés ont la même adresse qu'elles ont un lien entre elles", déclare le porte-parole de Mark Muller, Laurent Forestier. Ben voyons, c'est un pur hasard si toutes les sociétés mandatées et sous-mandatées pour l'organisation des à-côtés de l'Euromachin sont logées à la même adresse. Y'avait pas d'autre adresse de libre dans toute le canton, c'est la crise, on doit tous loger dans le même immeuble.

Le petit montage de Hohl lui permettait, selon ses détracteurs (lui le nie), de court-circuiter l'accord passé avec le canton : par la facturation (gonflée ou non) de prestations fournies par ses sociétés proches de sa propre société, il réduirait comptablement ses bénéfices, et donc la part qu'il doit en reverser à l'Etat, tout en encaissant les subventions de l'Etat (votées par le Grand Conseil dont il est membre), de la Loterie romande, du Sport-Toto et de l'UEFA,  et en bénéficiant de la quasi gratuité de services cantonaux et municipaux, et de services privés, alors que les 40 emplacements loués à des restaurateurs et petites entreprises diverses l'ont été par Hohl, et à son profit, à raison d'au moins 35'000 francs l'emplacement. La société APSA aura eu l'exclusivité de la vente des bières (5 francs la petite cannette), dont les bénéfices ne reviendront à l'Etat qu'à raison de 25 %, au lieu de 50 % que Hohl aurait du reverser si sa société n'avait pas sous-.traité le marché à APSA (qui rétrocécera la moitié de ses bénefs à NEPSA). Frédéric Hohl se défend : les accusations portées contre lui sont mensongères et relèvent de la "cabale politique". Même si tel était le cas, à qui la faute ? Quand on accumule les casquettes, faut pas s'étonner d'avoir la migraine. Pour se laver de tout soupçon, le député Hohl a demandé à l'Etat de faire toute la lumière sur l'application du contrat passé avec l'entrepreneur Hohl (qui affirmait, une semaine après le début de la fête à beaufs, avoir déjà perdu 400'000 balles). Il n'y a effectivement peut-être rien, également, à lui reprocher (mais on n'en pas sûrs) -sauf qu'en tant que député, Hohl aurait du avoir l'élégance de ne même pas prendre part au concours lancé par le canton pour l'organisation des "animations extra-sportives" de l'Eurofoot.  Il est vrai que parler d'élégance à propos de l'Eurofoot est à peu près aussi pertinent qu'évoquer les droits humains à propos des JO de Pekin. Et que le député Hohl vivant, comme il le reconnaît lui-même, des marchés publics, s'il s'abstenait d'y revendiquer sa place parce qu'il est député, l'entrepreneur Hohl, pourrait fermer boutique.

Hohl n'est d'ailleurs pas content que les media aient, quoique prudemment, évoqué les quelques questions embarrassantes que pose le montage financier de l'Eurofoot. Et comme il n'est pas content, Hohl, il se venge en faisant circuler des rumeurs, voire de fausses informations, sur le compte de l'un des journalistes, Didier Tischler, à l'origine de la mise en éviedence du montage financier. Hohl a donc sorti un document présenté comme un document de police portant sur un hypothétique passé judiciaire de Tischler. Or le journaliste a un casier judiciaire vierge, et il semble bien qu'aucune trace de délit n'apparaisse dans son dossier de police (lequel ne serait d'ailleurs accessible qu'à un policier tenu au secret de fonction). Il semble donc bien que Hohl ait montré à des journalistes et à des collaborateurs de l'organisation de l'Eurofoot un document bidon. Et tout ça pourrait finir au tribunal.

L'Eurofoot terminé, Hohl la joue profil bas : "Nous avons réalisé un bénéfice en termes d'image" (ça doit être l'effet baudruche...), mais pas en termes de pognon : "Nous allons équilibrer notre budget", ajoutait Hohl deux jours après la fin des festivités, on a jamais vu des comptes bouclés aussi vite -ou alors, ils étaient bouclés avant que la fête ne commence ?. Hohl précisait (juste avant de partir en vacvances) que si lui "équilibrera" son budget, ça ne sera pas le cas des collectivités publiques : le canton, qui aurait eu droit à une partie des excédents s'il y avait eu des excédents, ne touchera rien du tout : "Nous n'avons pas réalisé de bénéfices, donc il n'y aura pas de bénéfices pour l'Etat non  plus". La société de Hohl, NEPSA, avait pour l'ensemble des festivités, un budget de 4 millions et demi (pour la Fan Zone, le Fan Village, le Fan Club). Les huits bars gérés par la société du copain de Hohl, mandaté par Hohl, auraient rapporté 1,2 million (ça paraît léger, vu une fréquentation de près de 700'000 personnes sur les trois sites à bibine), dont la moitié couvrira les frais. Hohl a encore encaissé le prix de la location des stands d'artisanat (une vingtaine, à 4000 balles pièce), une commission sur la vente des boissons par APSA aux tenanciers des stands, et 5000 nuitées du camping. Et l'Etat devra même payer à la place de NEPSA la location de l'espace public de la Ville, facturé 700'000 francs, alors que cet espace a été quasiment intégralement utilisé par NEPSA et ses sous-traitants. 

Du coup, toute une série de politiciens qui roupillaient profondément quand il aurait fallu s'inquiéter du racket et des prébendes en train de se répartir, se sont réveillés fin juillet pour crier au scandale (il est vrai qu'il y a des élections en automne) : le MCG Cerutti, candidat à l'exécutif de Vernier, trouve subitement "indécent que les pouvoirs publics paient la facture d'une fête organisée par un privé" , le libéral Ivan Slatkine trouverait "un peu fort que les Genevois paient une facture due à un oubli au niveau du business plan" et not'bon Maire, Manu, estime qu'il n'y a "aucune raison que l'on fasse des cadeaux à une société privée qui a fait des bénéfices" (ou alors, qu'elle prouve le contraire).

Hohl a tout de même commencé à faire ses comptes : les sponsors ont rapporté 50'000 francs, la pub sur les écrans géants 100'000 francs. La "Fan Zone" a été visitée par 626'000 personnes en 25 jours (soit en gros 25'000 par jour, alors qu'elle pouvait en contenir plus de 60'000), la discothèque des Vernets par 38'000 personnes et le "Fan Village"... par 24'000 personnes (alors qu'on en attendait vingt fois plus). Les victimes du racket (les tenanciers des stands loués à prix d'or -36'000 francs pour trois semaines- au Bout du Monde, que les loueurs faisaient passer pour une "Fan Zone" officielle de l'UEFA, ce qu'elle n'était pas) demandent le remboursement de cette location. Mais si le Fan Village a été déserté, c'est la faute au mauvais temps, explique Hohl. La météo était différente à Plainpalais et au Bout-du-Monde ? L'avocat des commerçants rackettés du Bout du Monde, Christian Grobet, a saisi le Tribunal administratif et la Cour des Comptes, et a demandé au Conseil d'Etat (qu'il a prévenu qu'il pourrait être tenu pour responsable de la situation des commerçants) copie des contrats de concession entre NEPSA (la société du copain de Hohl mandaté par Hohl pour "gérer" les parcs à bestiaux, alors que le bénéficiaire d'une concession de l'Etat ne peut en principe pas conclure une "sous-concession", même au profit de copains). Le porte-parole du Conseiller d'Etat Mark Muller, responsable du dossier (mais payé par l'Etat), mais en vacance, a renvoyé la décision à fin juillet. Mi-août, on attend toujours. Bonnes vacances, les rackettés...

La Cour des Comptes a donc été saisie par les victimes du Bout-du-Monde, qui lui demandent de lancer un audit sur les relations entre l'Etat, la société Nepsa de Hohl et ses sous-traitants, comme Apsa. Le dossier adressé à la Cour (qui à la mi-août n'avait toujours pas décidé de s'en saisir ou non, vu qu'elle est en principe vouée à contrôler le fonctionnement de l'Etat et des organismes publics, et que le conflit dont elle est saisie à propos de l'Eurofoot oppose des privés -mais l'une des sociétés mises en cause, NEPSA, était mandataire de l'Etat, et l'autre mandataire de ce mandataire) accuse les organisateurs du "Fan Village" d'avoir donné de fausses garanties, octroyé des concessions non conformes aux dispositions de la loi sur le domaine public, d'avoir reçu des dessous de table, de tenir des comptes non transparents... Les commerçants demandent le remboursement intégral du coût de location (généralement 36'000 francs) et une indemnisation pour le manque à gagner. Ils demandent aussi que le contrat d'organisation de manifestation signé entre le Conseil d'Etat et Hohl soit rendu public. Ils estiment que le fait que les subventions versées à Hohl, n'aient pas été soumises au Grand Conseil constitue une violation de la loi (une de plus dans le feuilleton du stade et de l'Eurofoot...)

L'Etat fera réaliser un audit au bouclement des comptes de Nepsa, en principe cet automne, mais les sous.traitants ne seront pas audités, à moins que la Cour des comptes décide de les auditer eux aussi. On n'a peut être pas fini de rigoler.


EUROT 2008 : BURP...

Le droit de manifester a été fortement restreint pendant l'Eurofoot : le Département des Institutions a édicté une directive stipulant que, sauf exception, aucune manifestation imprévue ne serait autorisée sur la voie publique en juin, compte tenu de la mobilisation des forces de police autour de l'Eurofoot et de ses à-côtés. En Ville, des manifestations régulières (la Fête de la Musique, les Promotions) ont certes été maintenues, mais toute nouvelle demande de manifestation d'importance allait être refusée, et des manifestations prévues (y compris des tournois de foot) ont été déplacées (Pro Velo), repoussées (Gena Festival à Avully) ou suspendues (la Ville est à vous). " Le droit constitutionnel de manifester sera maintenu ", assurait un porte-parole du département des institutions, qui ajoutait cependant que " chaque demande sera examinée attentivement ". la Ville a annoncé qu'elle donnerait son accord pour de telles manif's imprévues provoquées par les tumultes du monde, mais à la condition que le canton soit d'accord.

Etat de bain de siège

Engouement forcé, joie obligatoire, jubilation tarifée, pompe à fric aspirante mais pas refoulante… l'Euro2008 avait déjà tout pour plaire. Au cocktail de ramdam médiatique, de racket financier et de privatisation de l'espace public, il ne manquait que la petite touche finale de paranoïa politico-policière. Ce fut fait : pendant les festivités dictées par l'UEFA (et financées, sur ses instruction péremptoires, par les caisses publiques), les manifestations de rue ont été, sauf exceptions, purement et simplement interdites. Pendant l'Euro, la vie du monde est priée de s'arrêter, la solidarité internationale aussi, la défense des droits fondamentaux de même (qu'on se rassure cependant : si les manifestations politiques de rue étaient interdites à Genève pendant l'Eurofoot, Genève n'allait pas se priver d'en dénoncer l'interdiction à Pékin pendant les Jeux Olympiques). La grosse baudruche flottant (quand le vent ne souffle pas à plus de 30 km/h) au dessus du jet d'eau était décidément bien à l'imagede la " grande fête du foot " : gonflée, coûteuse, ridicule, tenant à de gros cordages mais défaillante au moindre souffle de vent.  Cette baudruche était une lanterne éclairant Genève en état de siège -comme on le dit d'un bain.


EURORACKET

Et allez donc, pourquoi se géner, on ne change pas une méthode qui gagne et un racket qui marche : 7,8 millions de plus ont été balancés dans le trou de la Praille. Des millions puisés dans les caisses publiques, en l'ocurrence celles du Fonds d'équipement communal, alimenté par les communes et le canton, et dont les décisions (celle-là a été prise le 19 février) ne sont pas, suprême avantage, susceptibles d'être contestées par référendum populaire (ce à quoi, d'ailleurs, la Constituante devrait remédier). Et à quoi ont-ils servis, ces millions, s'ajoutant aux millions déjà rackettés dans le même fonds il y a un an pour payer les dettes de la Fondation du stade ? A rien d'utile : à financer l'installation d'une nouvelle tribune pour les media, d'un centre de presse et d'un "espace d'accueil" pour les sponsors, et de la sonorisation et l'éclairage de l'esplanade. Tout ça imposé par contrat à la Fondation du Stade par l'UEFA, qui ne paye pas un rond, impose ses conditions et a reçu presque gratuitement (sauf une location de 450'000 francs par match, et une participation d'un million et demi aux quinze millions investis) un stade clés en main  et flambant neuf , pour en user à sa guise pendant un mois.. Ces travaux ne devaient coûter que 6,8 millions et être payé par le Sport Toto et la Confédération, mais comme d'hab, ça a coûté plus du double et ça a été payé essentiellement par les collectivités publiques. Les arracheurs de dents de service ont tenté de se justifier : "ces travaux sont d'intérêt public", a déclaré Laurent Forestier, le porte-parole du Conseiller d'Etat Mark Muller, lequel "espère vraiment que ce sera la dernière rallonge". Ben voyons... ça fait bientôt dix ans qu'on nous annonce "la dernière rallonge", avant d'en demander une autre. Au passage, le Conseiller d'Etat Muller a poussé à la démission le protégé du Conseiller d'Etat Moutinot, Jean-Pierre Carera, président de la Fondation du Stade, à qui les faux derches gouvernementaux font jouer le rôle de fusible. Carera avait assuré, le 6 décembre, deux mois avant le nouveau racket du FEC, qu'"il n'y aura pas de nouvelle rallonge". La différence entre Carera et Muller, c'est que le premier peut être lourdé par le second, dont on ne pas se débarrasser avant les prochaines élections cantonales. Ce qui évidemment ne l'a pas empêché de proclamer son intention de jouer une "transparence totale" dans le dossier du financement de l'Eurofoot. Après avoir pompé huit millions en toute transparence dans le fonds d'équipement communal, histoire de se soustraire à un référendum populaire.

Le Fonds d'équipement communal avait pourtant fait mine (mais seulement fait mine) de refuser de verser les 7,8 millions directement à la fondation du stade, ce qui aurait obligé les autorités cantonales à déposer un crédit devant le parlement. Vu le parlement dont Genève est gratifiée, il aurait accepté -mais nous aurions lancé un référendum, avec toutes les chances qu'il aboutisse. Lors de la séance du 19 février, les représentants des communes, sauf la représentante de la Ville, Sandrine Salerno, qui s'y est opposée au nom du respect de la volonté populaire (et parce qu'elle estime que le canton ne peut pas utiliser la part des ressources du FEC qui revient à l'Etat pour payer les factures du stade), se sont abstenus sur la proposition du Conseil d'Etat. Proposition qui a donc été votée par les seuls représentants de l'Etat, les deux Conseillers d'Etat Verts Hiler et Cramer, contre la seule opposition de la représentante de la Ville. Et c'est comme cela, brave gens, qu'on vous prive de la possibilité de dire par un vote ce que vous en pensez : par un tour de passe-passe au terme duquel, parce qu'ils sont deux, les représentants du canton imposent leur seule volonté à la volonté de la seule représentante de la seule Ville en l'absence de toute trace de volonté des autres communes, qui se sont lamentablement dégonflées.

La nouvelle ponction dans le fonds d'équipement communal avait pourtant, avant d'être effectuée, suscité quelques réactions négatives -qui ne l'ont pas empêchée, mais retardée. Le président du FEC avait écrit au Conseiller d'Etat Mark Muller pour lui dire ses réserves, tout en lui confirmant qu'il versera en bloc 17 millions au canton, libre à celui-ci de les utiliser comme bon lui semble, mais tout de même en respectant les règles légales : pas d'utilisation avant le début 2008, et utilisation pour des projets cantonaux inscrits au budget.

De son côté, la responsable des finances de la Ville, Sandrine Salerno, s'était opposée (mais elle a été la seule à le faire) à l'utilisation du FEC pour payer les factures d'une fondation de droit privé, et avait demandé au canton, s'il tenait vraiment à ponctionner ses caisses pour payer ses factures, de le faire conformément aux usages, en déposant un projet de loi. Elle croit quoi, Sandrine ? Qu'elle a affaire à des démocrates ? Déposer un projet de loi, c'est justement ce que le canton voulait à toute force éviter, puisqu'un projet de loi est susceptible de référendum, et que le dernier référendum lancé contre le financement public du stade a tourné à la confusion des partisans de ce financement.

La dernière rallonge financière accordée au stade (pour le conformer aux desiderata de l'UEFA) a fait monter à 16,5 millions de francs le coût de son adaptation à l'Euro2008. Pour trois matches jouée à Genève. Ces matches ont rassemblé 90'000 spectateurs. Ce qui nous fait un coût d'adaptation du stade équivalant en gros à 170 francs par spectateur. Comme lesdits spectateurs n'auront pas payé ce prix pour obtenir un billet, et que plusieurs centaines d'entre eux n'ont rien payé du tout, qui paiera la différence ? Ben... le contribuable... en toute transparence...


Michel Bonnefous, président de la société organisatrice de la Coupe de l'America, a intégré le Conseil de fondation du stade, ainsi que deux nouveaux membres, Sami Kanaan en tant que représentant de la Ville, et Serge Bednarczyk.  Après la démission forcée de Carera, c'est un ancien directeur de l'UBS, Benoît Genecand, qui a pris la tête de la Fondation, élu à l'unanimité à sa présidence. Un banquier, en effet, ça s'y connaît, en pompes à fric. Et un banquier de l'UBS, en trous financiers. Ce qui n'empêche pas que le nouveau président se fixe un objectif hors d'atteinte : "faire du stade un lieu de rencontre beaucoup plus sexy et qui puisse faire rêver".


"Le budget consacré à l'Euro est en passe d'être respecté", a assuré, la fête terminée, le coordinateur cantonal de la chose pour Genève, Michael Kleiner. Le budget en question s'élève à 16 millions -soit en gros, et au plus, la moitié de ce que coûtera réellement l'Eurofoot aux collectivités publiques genevoises, puisqu'au budget s'ajoute tout ce qui n'a pas été budgeté (comme les 700'000 francs de la location du domaine public de la Ville -Plainpalais, Vernets, Bout-du-Monde), et tout ce qui l'a été sur d'autres postes que l'Euro.


Assurer la sécurité publique pendant l'Euro a coûté des dizaines de millions (au moins 92 millions et demi, alors qu'on n'en avait budgétés au départ que cinq) à la Confédération, aux cantons et aux communes, y compris à ceux et celles qui n'ont pas accueilli de matches (mais des "fans zone" avec écrans géants et baraques à saucisses). Dans le seul canton de Fribourg, la facture se monte à au moins 2 millions et demi. Dans le canton de Vaud, même facture. La Confédération ne verse que dix millions et demi, et aux seuls quatre cantons-hôtes (Bâle, Berne, Genève, Zurich), en plus des frais qu'elle assume directement (genre mobilisation de l'armée). Du coup, les autres cantons réclamaient, eux aussi, des sous à Maman Helvetia. Officiellement, la sécurité coûtera 82,5 millions à la Confédération, aux cantons et aux communes, plus dix millions de réserve. A Genève, le budget "sécurité" dépassait les sept millions.  "On donne beaucoup d'argent aux villes-hôtes : Genève a reçu plus de 2 millions de francs", se justifiait Michel Platini, ci-devant président de l'UEFA : "beaucoup d'argent" selon Platini, c'est moins de la moitié de ce que va coûter à Genève la seule sécurité. Et en tout, Genève va claquer vingt fois plus pour l'Euro2008 que le "beaucoup d'argent" qu'elle aura reçu de la princière UEFA).  La Ville de Genève (qui, dans son magazine "Vivre à Genève" s'en montre toute fière) a assumé l'intensification par la Voirie du ramassage des déchets et de la fréquence du nettoiement des sites touchés par l'Euro, ce qui a nécessité un renforcement du personnel et du matériel, ainsi que l'installation de onze chiottes mobiles; elle a devoir payé en plus la mobilisation au sein d'un "groupe circulation" d'une vingtaine d'agents de sécurité municipaux pour "canaliser la circulation des véhicules", l'organisation de patrouilles d'ASM à pied, à vélo et en roller le long des itinéraires piétons, la mobilisation des pompiers du SIS au sein du dispositif "Osiris" des situation exceptionnelles, la mobilisation des gardes dans la zone du Bout du monde, et de la Protection civile pour le montage et le démontage des installations du Bout-du-Monde et de Plainpalais, l'accueil des campeurs et la surveillance du site. ça a coûté combien, tout ça ? Et la mise à disposition de l'Euro 2008 de tout ou partie du temps de tavail de dizaines de fonctionnaires, ça équivaut à quel coût pour la collectivité ? A au moins un million et demi pour la seule Ville de Genève...


L'engagement de Swisscom, "sponsor national" de l'Eurofoot, aura coûté également fort cher (plusieurs dizaines de millions de francs) pour assurer les télécommunications dans les quatre stades hôtes et dans une vingtaine d'autres sites, garantir la transmission vers l'Autriche des images télé de tous les matches joués en Suisse, répondre aux besoins des organisateurs (plusieurs centaines de personnes), des media (8000 journalistes accrédités), des équipes, des bénévoles et du public. 300 techniciens auront été mobilisés dans les stades, 1300 employés impliqués dans l'événement. Un service public (Swisscom) au service d'une organisation privée (l'UEFA), c'est du New Public Management ou on ne s'y connaît pas.

Bon, d'accord, on ne s'y connaît pas.


Certaines communes et certains cantons en fait encore plus que ce que l'UEFA et ses commis politiques leur demandaient : Lugano a ainsi payé les billets d'avion qui ont permis à l'équipe de Suède, qui séjournait à Lugano, d'aller jouer ses matches en Autriche. Ce beau geste coûtera autour de 80'000 balles aux contribuables luganais. A Neuchâtel, la Ville a "adapté" le site d'entraînement réservé à l'équipe du Portugal. Dans le canton de Vaud, la collectivité a offert des prestations de relations publiques aux équipes de France et de Hollande, qui séjournaient dans le canton. A Genève, en revanche, on assure (mais les promesses, dans le feuilleton de l'Euroracket, ne valent pas grand chose) qu'aucune dépense particulière n'a été consentie pour l'équipe qui séjournait dans le canton (mais s'entraînait à Nyon). Il est vrai qu'il s'agit de l'équipe de Turquie. Des gens carrément pas de chez nous.

L'UEFA, qui fait raquer les collectivités publiques pour l'organisation à son profit de l'Euro2008, est particulièrement soucieuse de contrôler les droits de diffusion et de marketing liés à ladite compétition. Disons que, d'une main l'UEFA puise dans les caisses publiques, et que de l'autre elle tape sur tous ceux qui auraient l'impudence de vouloir saisir l'occasion de l'Euro pour se faire un peu de pub. Depuis l'Euro2004, au Portugal, c'est une entreprise mise en place par l'UEFA ("Euro 2008 SA) qui gère les droits de diffusion (y compris de la diffusion des matches, puisque l'UEFA s'est instituée productrice des images de télé) et de marketing, et réprime le "marketing parasitaire" (il y en a donc un autre ?) de tous ceux qui tentent d'obtenir une petite part d'un gâteau que l'UEFA entend bien se réserver. Un réseau mondial de juristes veille : la porte-parole d'Euro2008 SA annonce à mi-décembre que la société est déjà intervenue auprès de 250 contrevenants (contrevenants à quoi, au juste ?) par des lettres de mise en demeure, et que cinq cas ont débouché sur des actions en justice. L'UEFA accusait en outre publiquement la Migros de se faire de la pub sur le dos de l'Euro2008 en proposant des jeux en marge de la compétition (du genre "championnat des supporters", à la télévision) alors qu'elle avait été écartée du choix des sponsors officiels de la compétition au prétexte que les distributeurs ne constituent pas un bon partenaire pour ce genre d'événements. De leur côté, les responsables de l'organisation des à-côtés de l'Euro2008 à Genève commençaient à trouver l'UEFA et Euro2008 S.A. un tantinet encombrantes, procédurières, maniaques : "des dizaines de pages de document réglementent le moindre détail". Et "Le Temps" de se demander (le 17 décembre) si, "à force d'obstination mercantile", l'UEFA ne serait pas en train de dresser contre elle "une grande partie de l'opinion publique". Certes. Mais c'était juste un peu tard pour se poser la question.

Le coordinateur de l'Eurofoot pour Genève, Michael Kleiner, et les fonctionnaires impliqués dans l'organisation du machin, se donc mis, deux mois avant le raoût, à critiquer l'UEFA et les conditions qu'elle imposait aux villes hôtes. Des conditions tellement draconiennes que les autorités genevoises ont pris une décision dont l'héroïsme impressionne : tenir leurs "événements promotionnels" sur la plaine de Plainpalais, et pas dans le Stade de la Praille, vu que l'UEFA, qui s'est arrogée la maîtrise de cette espace payé par la collectivité imposait des tarifs de location prohibitifs (une réception coûtant jusqu'à 3000 balles par invité). Les représentants de l'UEFA "arrivent avec des contrats fleuves où tout est prévu et imposé : clause sur la sécurité, sur la décoration, sur la publicité. Les autorités signent et (les représentants de l'UEFA) décident de tout". Et Michael Kleiner, un tantinet jésuite, de s'interroger : "Comment expliquer aux contribuables (genevois) que nous utilisons leur argent pour louer à des prix prohibitifs des surfaces dans leur propre stade, via une société mandatée par l'UEFA afin de vendre des espaces (...) qui, en réalité, appartiennent (aux Genevois)". Et alors ? Qu'est-ce que c'est que ces scrupules tardifs ? Comment a-t-on expliqué aux Genevois qu'on allait pomper des dizaines de millions dans les caisses publiques pour construire un stade inutile ? On ne leur a rien expliqué du tout, on s'est contenté de leur bourrer le mou en affirmant que le stade était indispensable, qu'il ne coûterait rien et qu'il serait toujours plein...


L'UEFA a aussi fait raquer les sponsors (ils servent à ça, d'ailleurs). La firme horlogère vaudoise Hublot a ainsi payé entre trois et cinq millions pour être, avec Coca-Cola, l'UBS et les chocolats Ferrero, sponsor national suisse de l'Euro. Mais Hublot, au moins, a décidé d'offrir les espaces publicitaires qu'elle a acheté à l'organisation "Football contre le racisme en Europe" (FARE), qui il est vrai a beaucoup de boulot pour civiliser les supporters de foot. L'exemple de Hublot devrait être suivi : on attend donc que l'UBS offre désormais ses espaces publicitaires à la Banque Alternative, Coca Cola aux associations de lutte contre la malbouffe et Ferrero à la fondation Max Havelaar.

Les sponsors de l'Euro2008 n'étaient pas contents : des entreprises (et pas les plus petites : Swiss, par exemple, ou Migros) récupéraient le bruit médiatique autour de l'Euro pour en tartiner leurs propres campagnes promotionnelles (Swiss s'intitulait "compagnie aérienne officielle des fans", Migros organisait un "Euro des supporters"...). L'UEFA avait carrément exigé de la Suisse qu'elle adopte une loi contre le marketing sauvage pendant l'Eurofoot, c'est-à-dire l'exploitation de la compétention sportive sans,  crime de lèse-majesté, versement de royalties à l'UEFA. Mais, surprise : les exigences de l'UEFA n'ont pas été entérinées par la Suisse officielle, et la loi contre le "marketing sauvage" avait sombré en procédure de consultation. L'UEFA a donc dû intervenir elle-même auprès de 430 entreprises pour leur demander de cesser d'utiliser l'image de l'Eurofoot. Dure est la loi du marché dans la jungle du sport pognon.

Ayant fait raquer ses sponsors, l'UEFA les couve ensuite, et va jusqu'à les protéger comme une hypothétique indépendance de comportement des spectateurs des matches : la porte-parole de l'UEFA, Pascale Vögeli, a rappelé en mai que tout détenteur d'un ticket d'entrée pour un match avait noué une "relations contractuelle" avec l'UEFA, que pendant le tournoi les stades accueillant les matches devenaient juridiquement des spaces privés dont l'UEFA usait à son gré, selon ses règles. On ne pouvait être plus clair. Et donc, si un groupe de supporters arborait des accessoires portant le logo de marques qui n'étaient pas des sponsors officiels du tournoi, lesdits supporters pouvaient se voir confisquer ces accessoires. l'EUFA avait même prévu d'expédier des "contrôleurs" dans les "Fan zones" et les lieux de retransmission publique, pour y faire régner l'ordre des marques. Big Sponsor is watching you.

A  Bâle, un petit brasseur local, Istvan Akos, avait décidé de distribuer des T-shirt à l'effigie de sa propre marque, "Unser Bier", pendant l'Euro, y compris dans les zones soumises au monopole visuel des sponsors (en l'occurrence, la bière Carlsberg). Intervention immédiate de l'UEFA : les gens qui porteront ces T-Shirts seront carrément interdits d'entrée dans les zones officielles. Istvan Akos a également sillonné le Rhin, sous les yeux du public (qui applaudissait) et des organisateurs, sur un rafiot aux couleurs de sa bière. On aurait aimé que le brasseur de la bière "Calvinus" en fasse autant à Genève mais bon... Toujours à Bâle, où trois restaurateurs ont été punis par la fermeture de leurs terrasses pour avoir refusé de vendre la bière-sponsor, de petites fêtes de "résistance" au diktat du sponsor ont été organisées, et une Conseillère nationale verte a ouvert un "jardin à bière" pour signifier que Bâle est "plus que seulement de la Carlsberg".

Même la police genevoise s'est fait engueuler par l'UEFA : elle avait fait confectionner (pour ses collaborateurs) des T-Shirts et des casquettes aux couleurs de l'Euro2008 par un fabriquant que l'UEFA n'avait pas autorisé à utiliser son logo. L'opération a coûté 10'000 balles, pour 500 T-Shirt et 300 casquettes. La police devra utiliser ses fanfreluches à d'autres occasions, ou les distribuer gratuitement.


L'UEFA ayant décidé de produire elle-même les images télé des matches, elle entendait se substituer à l'organisme suisse de défense des droits d'auteurs, la SUISA, et attribuer ses propres licences pour la retransmission des matches de l'Euro2008, parallèlement à la SUISA. Parallèlement, mais à un prix explosé : la SUISA accordait des licences à 160 francs pour l'ensemble des compétitions de l'Euro2008, l'UEFA  voulait taxer jusqu'à 200 balles... mais par match. Las ! Elle a été déboutée par le Tribunal administratif fédéral.

Si l'UEFA n'a pas été autorisé à attribuer ses propres licences pour la retransmission des matches, elle a tout de même réussi à choisir ce qui sera retransmis. En clair : à sélectionner les "bonnes" images (celles qui lui servent" et les "mauvaises" (celles qui risquent de déplaire). Les télés nationales suisse et autrichienne ne pouvaient, éventuellement, transmettre leurs propres images que dans leur pays. Résultat : Des images de supporters croates allumant des feux de bengale pendant le match Allemagne-Croatie, ou d'un supporter croate pénétrant sur le terrain et oursuivi par des flics, ont été censurées. Et les télés nationales suisse et autrichienne ont râlé contre cette censure. Après en avoir accepté, sinon le principe, du moins l'éventualité. Cocus et faux derches, donc. De leurs molles protestations, l'UEFA n'avait de toute façon cure : son porte-parole expliquait suavement dans "Le Temps" du 17 juin que "le vrai débat est celui de ces petites télévisions publiques qui n'ont plus beaucoup de ressources et deviennent dépendantes des producteurs d'images sportives", comme l'est désormais l'UEFA. Le directeur de l'information à la télé publique autrichienne a déclaré que les télés publiques devaient "réfléchir si (elles allaient) continuer à accepter" cette situation...que  personne ne doute que sa télé va, comme toutes les autres, continuer à accepter. Jusqu'en 2004, les images des Eurofoots étaient produites par l'Union européenne de radiodiffusion (UER). L'Euro2008 a été le premier où les images étaient produites directement par l'UEFA, qui a créé une filiale, UMET-UEFA, gérant les aspects techniques et mettant le matériel à disposition.

Le premier test après l'Euro a été celui des JO de Pekin. Parce que là aussi, l'organisateur (le CIO, comme l'UEFA) se fait producteur d'images. Il a créé avec le comité d'organisation des jeux une organisation (le BOB, Beijing olympic broadcasting) qui va produire le signal télévisuel fourni aux chaînes qui détiennent les droits de diffuser.


Après plusieurs mois de bras de fer, la Confédération a réussi à imposer à l'UEFA le principe de la fiscalisation des primes reçues par les joueurs des équipes en lice en Suisse pendant l'Euro : elle les imposera à hauteur de 20 % sur les primes reçues au cours de la compétition. L'UEFA demandait à ce qu'ils soient carrément dispensés de taxation sur leurs primes. Or les montants en jeu méritent tout de même un minimum d'attention du fisc : chaque équipe qualifiée recevra de l'UEFA 7,5 millions d'euros pour sa participation au tournoi, plus un million par victoire, plus deux millions pour les quart de finales, trois millions pour les demi-finales et 7,5 millions pour le vainqueur...

Cela dit, c'est pas avec le produit de l'imposition des joueurs qu'on va remplir les caisses publiques : le montant total des recettes fiscales que pourraient toucher l'Autriche et la Suisse se situera, modestement, entre quatre et huit millions de francs. Même pas ce que coûte à la Confédération (dix millions) la campagne de marketing de "Suisse Tourisme"...

Les joueurs, pourtant, recevront (du moins certains d'entre eux) de jolies primes: les Turcs recevront chacun environ 725'000 francs pour avoir réussi à aller jusqu'aux demi-finales; les Russes, qui sont dans le même cas, recevront 195'000 francs. Eliminés en quart de finales, les Croates toucheront 486'000 francs. Les Espagnols, vainqueurs du tournoi, recevront, eux, 347'000 francs -et les Allemands, qu'ils ont battus, à peu près autant.


Quant à l'UEFA elle-même, rappelons qu'elle ne paie pas un sou d'impôt, en tant que "société d'utilité publique". Statut que l'administration fédérale des contributions semble vouloir lui contester, comme à d'autres fédérations du sport professionnel (la FIVB -Volleyball- ou la FIG -gymnastique) au prétexte mesquin que la moitié de son chiffre d'affaire 2008 (trois milliards de prévus) proviendra de la commercialisation de droits TV, qu'il s'agit donc d'une activité économique et que ça exclut l'exemption d'impôts. Du coup, mobilisation générale chez ces philanthropes : si vous nous imposez, on part ailleurs ousque y'aura pas d'impôts à payer. Une soixantaine de fédérations et associations sportives internationales ont leur siège en Suisse, dont une quarantaine dans le canton de Vaud, qui s'inquiète : les retombées économques de leur présence sont évaluées (à la louche) à 200 millions par an, et elles emploient un millier de personnes -qui sont imposées comme contribuables individuels quand elles habitent en Suisse. En mars 2006, la Conseillère nationale vaudoise Géraldine Savary (PS) déposait une initiative parlementaire demandant la publication des bilans annuels, des salaires des dirigeants et de l'échelle des salaires des organisations sportives internationales implantées en Suisse. En octobre 2007, cette proposition était rejetée par la Commission de l'économie du Conseil national, mais à une seule voix de majorité, ce qui laissait craindre au gouvernement vaudois une acceptation en plénière, d'où un lobbying insistant auprès des parlementaires fédéraux, sur le thème : "touchez pas aux vaches sacrées sportives".


Malgré ses déboires dans la crise des "subprimes", l'UBS avait encore du pognon à foutre en l'air, mais pas trop, tout de même : Elle sponsorisait les "amphithéâtres de l'Euro", dits "UBA Arena", installés dans seize villes suisses pendant un mois (en Romandie : à Bienne, la Chaux de Fonds, Lausanne, Nyon et Sion), mais les groupes qui y jouaient devant 5000 à 6000 personnes au maximum (dont 1200 places assises payantes, entre onze et seize balles) n'étaient pas payés, au motif que ces machins étaient "un tremplin pour se faire connaître"."Tout a été investi dans les infrastructures", y'a plus un rond pour payer les artistes, expliquait le porte-parole de l'organisateur. On pouvait pas demander un chti coup de main à "Chauffe Marcel" Ospel, l'ex-patron de l'UBS à plus de 20 millions annuels de salaires et gratifications diverses ?

Les concerts des "UBS Arena" ont d'ailleurs été revus à la baisse, pour cause de nuisances sonores, et ne duraient plus qu'une demie-heure avant les matches, priorité étant donnée à un programme télé spécialement produit par la SSR, "Arena TV", qui, lui, durait 70 minutes.

Les UBS Arena ont produit un intéressant règlement pour leurs parcs à bestiaux : y étaient interdits les cloches, les mégaphones, les klaxons à gaz, les crécelles, les parapluies, les caméras vidéos, les boissons autres que celles des marques des sponsors. Il était également interdit de se tenir debout sur les places assises, de répandre des liquides, de faire ses besoins hors des toilettes (on pouvait chier dans son froc, quand même ?). Il  était en revanche prescrit de trier ses déchets et de se soumettre à la fouille. Pas de doute, l'Eurofoot, ça va être une grande fête populaire.


Les retombées économiques de l'Eurofoot ne sont pas quantifiables, estiment l'institut zurichois BAK et le secrétariat autrichien à l'économie : l'événement ne devrait pas faire augmenter le produit intérieur brut de la Suisse et de l'Autriche, ni le PIB genevois, de plus de 0,1 % (un pour mille, donc, mais l'Union industrielle autrichienne espère que ça montera à 0,21 %, et le cabinet Rütter+Partner suggère une fourchette de 0,14 à 0,18 % duPIB, soit entre1,1 et 1,5 milliard), ce qui relativise beaucoup les promesses faites et les assurances données pour justifier l'organisation du machin en Suisse ("ça va doper l'économie !"). Et non seulement l'Eurofoot n'amènera, dans le mailleur des cas, que un pour mille de PIB de plus (un effet "quasiment invisible" et "à peine quantifiable" à l'échelle macroéconomique, selon Rütter+Partner), mais l'effet sera ponctuel : les emplois créés seront temporaires, comme les dépenses supplémentaires de consommation. Quant aux rentrées fiscales, l'Union industrielle autrichienne les estime à 25 millions, et Rütter+Partner entre 80 et 110 millions (entre Confédération, cantons et communes). Soit bien moins que le coût de l'Eurofoot pour les caisses publiques. A Genève, les retombées économiques mesurables et directes de l'Eurofoot, c'est-à-dire celles amenées par les "visiteurs" et les dépenses supplémentaires des indigènes, devraient se situer entre 22 et 40 millions. Soit de toutes façons moins que ce que l'"événement" aura coûté aux caisses publiques municipales et cantonales genevoises, entre subventions directes et indirectes, dépenses de sécurité et de voirie, heures supplémentaires du personnel public mobilisé, aménagement des parcs à bestiaux de Plainpalais et du Bout-du-Monde, adaptation du stade aux exigences de l'UEFA etc...

A Genève, le "laboratoire d'économie appliquée" de l'Université situe le chiffre d'affaire net, direct et indirect, de l'Euro dans une fourchette de 70 à 110 millions, la création de valeur ajoutée entre 40 et 60 millions, et les rentrées d'impôt direct(canton et commune) entre 2,1 et 3,1 millions. Une poussière, un vingtième, en gros, de ce que le machin aura coûté aux caisses publiques (16,6 millions sur le budget cantonal, huit millions pompés dans le fonds d'équipement communal, plus les coûts liés à la mobilisation des services publics...)

Sitôt  l'Eurofoot terminé, on a commencé à faire les comptes dans les villes-hôt es. Et A Bâle, on s'est aperçu que si les fast-food et bistrots du centre-villes ont vu leur chiffre d'affaire augmenter, les restaurants ont vu le le leur baisser de 15 à 30 %, voire 50 %, et qu'au total, seul un établissement sur quatre a tiré profit de l'Eurofoot. Même constat à Zurich et à Berne. Et aussi à Genève (et dans la région), où l'on estime déjà que les hôtels n'ont pas vu leur chiffre d'affaire s'accroître  : ils étaient déjà remplis par la conférence annuelle de l'OIT, et une bonne partie des supporters (ceux des pays d'où provient l'immigration genevoise, les Portugais et les Turcs, notamment) ont logé chez des parents ou des amis. En réalité, les résultats ont même été mauvais. Sauf à Bâle, le nombre de nuitées vendues en Suisse a diminué de 2,6 % en juin 2008 par rapport à juin 2007. A Genève, le recul a atteint 4 %, à Zurich 4,8 %, à$ Berne 12,7 %. A Bâle, elles ont certes augmenté de 3,6 %, mais uniquement grâce à celle passées dans les hôtels les plus bas de gamme (une étoile), qui sont aussi les seuls  à avoir vu le nombre de leurs nuitées augmenter à Genève (de 1 % par rapport à juin 2007 pour les deu étoiles). Le président de la société des hôteliers genevois se dit très surpris, le directeur de Genève Tourisme pas vraiment déçu.

Par ailleurs, selon le Secrétariat d'Etat suisse à l'économie, l'Euro2008 aurait du faire monter le cours du franc suisse par rapport au dollar et à l'euro, du moins si les prévisions de 1,4 million de visiteurs étrangers, d'un milliard et demi de chiffre d'affaire et de 7300 emplois temporaires créés s'étaient réalisées.

Finalement, les organisateurs, forcément (auto)satisfaits, de l'Eurofoot helvéto-autrichien ont annoncé que la durée moyenne du séjour des visiteurs des stades a été de 3,4 nuits en Suisse et 3,6 en Autriche, et qu'ils ont dépensé chacun 2189 francs en Autriche et 1621 francs en Suisse.


Fin juillet, l'UEFA  criait victoire. Elle pouvait : l'Eurofoot a généré des recettes records de 2,14 milliards de francs, soit 50 % de plus (ou près d'un milliard de plus) qu'au Portugal en 2004. Les seuls droits de retransmission télévisée ont amené 1,3 milliard (les marches ont été suivie en moyenne par 155 millions de téléspectateurs). Le sponsoring et le merchandising ont ramené 461 millions, le programme "VIP" our les enreprises 215 millions, la billetterie la plus petite part : 149 millions. Ce qui confirme que l'Eurofoot n'était pas une manifestation sportive, mais un bazar commercial (tant pis pour le pléonasme). Le bénéfice net atteint 412 millions. Quelle part pour la Suisse et l'Autriche ? Rien. Ou alors une "image positive" (qu'elle avait déjà) et les "retombées financières" de l'installation de l'UEFA sur son sol (Eurooot ou non). L'Eurofoot a coûté au moins 180 millions aux collectivités publiques suisses (Confédération, cantons, communes), dont au moins 72 millions à la Confédération. A Genève, les collectivités publiques y auront claqué une trentaine de millions.


Finalement, c'est Adidas qui a remporté la coupe : le fabriquant de cothurnes sportives sponsorisait cinq équipes (Allemagne, Espagne, France, Grèce, Roumanie), dont la tenante du titre (la Grèce) et les deux finalistes (l'Espagne et l'Allemagne). Nike en sponsorisait autant (la Croatie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie et la Turquie), comme Puma (l'Autriche, l'Italie, la Pologne, la Suisse et la République Tchèque), et Umbro sponsorisait la Suède). On croit que l'Eurofoot oppose des équipes nationales de foot ? Ben non : ça oppose des fabriquants de godasses. Nike a payé 69 millions pour pouvoir être le sponsor de l'équipe de France entre 2011 et 2018 (les Français étaient sous contrat avec Adidas), et Adidas espère en 2008 un chiffre d'affaire, pour ses seuls produits "foot", de près de deux milliards de francs.


EUROSOUK

L'organisme faîtier du secteur touristique suisse, Suisse Tourisme, espère pour 2008 une croissance du chiffre d'affaire du secteur, et du nombre de nuitées, supérieures à celle enregistrée entre 2006 et 2007... grâce à l'Eurofoot, qui devait, selon Suisse Tourisme, générer 500'000 nuitées supplémentaires (ce qui ne fait toutefois que 1,5 % du total). Mais comme prudence est mère de sûreté, Suisse Tourisme voulait encore inciter les fans de foot à prolonger leur séjour en Suisse après les matches. C'est raté : la durée moyenne du séjour des visiteurs de l'Eurofoot a été en Suisse de 3,4 nuits (3,6 en Autriche), et ils n'ont dépensé sur sol helvétique que 1621 francs en moyenne (2189 francs en Autriche)  Suisse Tourisme espèrait une croissance du nombre de nuitées supérieure en 2008, grâce à l'Euro, à celle observée en 2007. Quant aux hôteliers, ils font grise mine : des quatre villes hôtes de l'Eurofoot en Suisse, seule Bâle a vu le nombre des nuitées hotelières augmenter (de 3,6 % en comparant juin 2008 à juin 2007), mais uniquement grâce à l'augmentation de celles dans les puciers une étoile. A Genève, le recul des nuitées a atteint 4 %, à Zurich 4,8 %, à Berne 12,7 %.

Les commerçants de Nyon et de Genève ont fait suer le burnous de leurs employés en nocturne et le dimanche, pendant l'Eurofoot, les Nyonnais aux environs de l'écran géant du bord du lac, les Genevois un peu partout (aux abords du stade, aux abords des "fans zones", sur le parcours des troupeaux de supporters...). Du 7 au 28 juin à Genève, les magasins situés entre Cornavin et la vieille ville pouvaient rester ouverts en semaine jusqu'à 20 heures, les samedis 21 et 28 juin jusqu'à 18 heures, les samedis 7 et 14 juin jusqu'à 19 heures et le dimanche 15 juin de 11 à 17 heures. Les travailleuses et travailleurs pouvaient bosser jusqu'à 14 heures par jour, six jours de suite. Retour à la semaine de 84 heures. L'Eurofoot, c'est Germinal. Les syndicats ne sont pas contents : ils étaient opposés à ces prolongations, mais c'est la Confédération qui les a autorisées, le canton allant un peu moins loin que ce qui était autorisé (la Confédération autorisait les ouvertures jusqu'à minuit). Compensation salariale : un salaire doublé pour le travail dominical.

Les travailleurs des transports publics ont eux aussi été appelés à bosser plus -et eux non plus ne sont pas très heureux de cette pression supplémentaire. L'Euro2008 avait averti la direction des CFF (et celles des transports publics urbains) en requérant un "engagement maximal" de la part de l'ensemble du personnel des transports publics suisses pendant trois semaines. Les CFF ont fait circuler 2500 trains spéciaux (et les compagnies annexes, BLS et de Suisse orientale, 1300 autres) pendant ces trois semaines de juin, et offert deux millions de places supplémentaires (dont un million pour les voyageurs liés à l'Euro2008), sur les lignes desservant les quatre villes hôte et douze villes accueillant des "arènes" à écran géant. Le trafic régional autour des quatre villes hôtes a fonctionné les jours de matches, 24 heures sur 24. Au passage, les CFF avaient annoncé qu'ils ne prendraient pas de réservations les jours de matches, ce qui perturbait totalement la planification des courses d'école se déroulant dans toute la Suisse à cette période de l'année.

Cette mobilisation des CFF, qui va, concrètement, l'assumer ? Le personnel a dû renoncer à des jours de congé et effectuer des tours de service plus longs. Les contrôleurs se sont vu raboter des jours de congé, sans consultation des syndicats, on a pas de temps à perdre à un "dialogue social" archaïque quand sonne l'heure du foot.

Si les vendeuses et vendeurs, et contrôleurs des transports publics ont été appelés à bosser un peu plus, les maraîchers et puciers de Plainpalais, eux, ont été mis au régime : l'installation du parc à blaireaux de la "fans zone" à Plainpalais a bouffé une partie de l'espace du marché -d'où une solide rogne naissant entre le comité de l'association des marchés et le Conseiller administratif Maudet, qui promettait aux marchands que la "fan zone" n'aurait pas "d'incidence notable" sur les marchés, mais c'est plus d'un mois de perturbations et de réduction de l'espace qu'ils occupent habituellement que les marchands ont eu à subir, dans la meilleure période de l'année pour eux. Et comme ils n'avaient pas pu obtenir les précisions qu'ils demandaient sur ce qui les attendait, ils nourrissaient quelques doutes sur la crédibilité des assurances données en décembre dernier par les zautorités municipales et cantonales, leur promettant que la foire à blaireaux de Plainpalais n'entraînera pratiquement aucune nuisance pour eux. Finalement, un accord a été signé le 18 avril entre la Ville et les marchands de Plainpalais (puciers, maraîchers). La "Fan zone" a été entourée de palissades (c'était bien un parc à blaireaux).

L'installation de la Fan Zone à Plainpalais a eu quelques autres effets collatéraux : le glacier de la plaine a dû plier bagage pour libérer l'espace réservé aux éventuelles évacuations de la Fan Zone. L'indemnisation que lui a proposé la Ville ne couvre évidemment pas les pertes occasionnées, mais tant pis : faut faire de la place au corral.

Une bonne nouvelle, tout de même On a  trouvé une utilité sociale à l'Euro 2008 : la décroissance. La perte de productivité du travail entraînée par les discussions, les nuits blanches, les beuveries et autres joyeusetés liées à l'Euro pourrait correspondre à 0,4 % du Produit intérieur brut de la Suisse (et de l'Autriche), soit, pour la Suisse, à environ 1,8 milliard de francs, c'est-à-dire deux ou trois fois plus que ce que les hypothèses les plus optimistes promettent de création de valeur ajoutée brute à l'économie suisse.Selon une étude d'une université allemande, les "bavardages" autour du Mondial de foot de 2006 ont fait perdre un quart d'heure de travail par jour et par travailleur à l'économie allemande. La réduction du temps de travail par le bavardage sur le foot, fallait y penser.

Et puis une autre bonne nouvelle, faut rester positifs : le trafic automobile privé a été limité autour du stade de la Praille. Bon, c'est pas par conviction écologiste, c'est parce que l'UEFA l'a exigé (et que quand l'UEFA exige, villes et cantons s'inclinent).

Travail des enfants, salaires de misères, absence de contrats ou contrats précaires : c'est le contexte de la fabrication des ballons de foot dans la région de Sialkot, au Pakistan, où 75 % des ballons vendus dans le monde sont fabriqués. Du coup, le réseau genevois du commerce équitable (Magasins du monde, Capi Indigo,  le Balafon, Heartical, la Calebasse, Ayni) a proposé des ballons certifiés "équitables" et écolos. La matière première du ballon sera payée plus cher que le prix fixé par le "marché", les salaires seront supérieurs de 50 % aux salaires "normaux", le produit fini sera acheté 20 % plus cher que le prix "du marché".


EUROTOILE

Le directeur d'une société spécialisée dans la protection contre le piratage internet, Ilion, estime que le site de l'UEFA est "une cible idéale pour les hackers", et celui de la division française d'une société de surveillance informatique, Webensee, qu'avec les JO de Pékin, "l'Euro2008 offrait un terrain de jeu parfait pour les cybercriminels". On rappelle notamment qu'en janvier 2007, 20'000 internautes américains avaient été infectés par un "maliciel" (logiciel mouchard envoyant des données depuis l'ordinateur infecté vers l'ordinateur du "cybermalfrat") en commandant sur le site des "Miami Dolphins" des billets pour la finale du championnat de base-ball. Et après la victoire de la Suisse contre la Turquie à Istambul, en foot, des sites suisses avaient été piratés et des photos d'Atatürk y avaient été collées. Si c'était à la place des photos de Blocher, c'est pas grave.

A vos claviers


EUROCULTURE

Un livre de poche intitulé "90 minutes" et contenant 90 contributions (en allemand, français et italien) d'écrivains narrant leur relation à la baballe a été distribué, gratuitement et à 20'000 exemplaires, à l'entrée des stades où se jouaient les rencontres accueillies par la Suisse dans le cadre de l'Euro2008. Sachant que ces rencontres ont attiré 350'000 personnes (Soit 17 fois plus que le tirage du bouquin), on se dit que les auteurs de cette intéressante initiative ne sont pas très optimistes quant au goût des supporters de foot pour la lecture. Et que si les textes publiés (1300 signes au maximum) avaient été édités sous forme d'étiquettes collées sur des bouteilles de bière, ils auraient eu plus de succès. Surtout qu'on aurait pu balancer les bouteilles sur les joueurs et l'arbitre si on n'était pas content du résultat du match, ou de l'arbitrage.


SELECTION NATURELLE

Selon une étude menée durant la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, le nombre d'urgences cardiaques a été multiplié par trois pendant les matches, et les jours où l'Allemagne jouait, les cas d'intervention médicale pour raisons d'origine cardiaque étaient multipliés par au moins 2,5 par rapport à un jour normal, voire trois lors des quart et demi finales, Les cardiologues du CHUV, à Lausanne, avaient déjà constaté une augmentation de 60 % des morts subites lors du Mondial 2002. Stress, colère, abus d'alcool ou de tabac décuplent les risques chez les fans. D'où ce titre de "20 Minutes" (du 11 mars) : "L'Eurofoot tuera les coeurs faibles". Pour les cerveaux faibles, on n'avait même pas attendu le début des compétitions.

Les centres de transfusion sanguine étaient inquiets : on risquait de manquer de dons de sang pendant l'Eurofoot, comme en Allemagne lors du Mondial 2006. Les besoins devaient augmenter du fait de l'arrivée des spectateurs étrangers, mais les donneurs n'étaient pas plus nombreux (ils risquaient même de l'être moins), et un projet de collaboration avec l'UEFA avait échoué, du fait de l'UEFA, qui avait refusé d'offrir des billets pour les matches aux donneurs. C'est pas que l'UEFA soit contre le don du sang, non, c'est simplement qu'elle est contre le don de billets. En fait, les dons, elle y est favorable, l'UEFA. Mais seulement quand elle en bénéficie.


EUROBIDE

Les deux mascottes ridicules de l'Eurofoot, "Trix et Flix", ont fait un bide. Vendue avant les compet' au prix de 16 francs, elles étaient bradées à quatre balles trois semaines plus tard. Sur les 500'000 pièces produites, 450'000 restent sur les bras de ceux qui pensaient les vendre. La Coop en avait encore, à elle seule, 90'000 sur les bras à la fin de l'Euro. Interdiscount offrait 75 % de rabais pour se débarraser des siennes et "faire place au matériel des Jeux Olympiques". Produites par la Warner Bros (le géant du cinéma), les deux machins étaient supposés, selon les promoteurs de l'Eurofoot, "porter l'événement". Le porter où, on sait pas. Aux Cheneviers, sans doute. 


EUROPOULETS

Le droit de manifester a été fortement restreint pendant l'Eurofoot : le Département des Institutions a édicté une directive stipulant que, sauf exception, aucune manifestation imprévue ne serait autorisée sur la voie publique en juin, compte tenu de la mobilisation des forces de police autour de l'Eurofoot et de ses à-côtés. En Ville, des manifestations régulières (la Fête de la Musique, les Promotions) ont certes été maintenues, mais des manifestations prévues (y compris des tournois de foot) ont été déplacées (Pro Velo), repoussées (Gena Festival à Avully) ou suspendues (la Ville est à vous).

Comment nos zautorités auraient-elles fait si l'actualité politique avait eu le mauvais goût de ne pas se plier au calendrier des festivités footballistiques, et provoquait des manifestations ? Elles auraient été emmerdées (surtout si les organisateurs de manifestations de protestation ou de soutien ne demandaient pas d'autorisation, vu qu'ils avaient la quasi-certitude de ne pas l'obtenir) ? la Ville avait annoncé qu'elle donnerait son accord pour de telles manif's imprévues provoquées par les tumultes du monde, mais à la condition que le canton soit lui aussi d'accord. "Le droit constitutionnel de manifester sera maintenu", assurait le Secrétaire adjoint du département des institutions, Nicolas Bolle, qui ajoutait cependant que "chaque demande sera examinée attentivement". Autant ne pas déposer de demande -et même, utiliser intentionnellement les moments de rassemblement autour de l'Euro pour y greffer la manif. Hélas (trois fois), tel ne fut pas le cas.

Pourtant, y'aurait eu des squats à tenter...

La majorité de droite du Grand Conseil genevois a accordé au Conseil d'Etat (dit "de centre gauche") un crédit de 5 millions pour doter, hors de toute base légale utilisable, huit sites "sensibles" de caméras de surveillance en prévision de l'Eurofoot -mais les caméras resteront après, premiers fils d'une toile de vidéosurveillance plus étendue. La gauche s'est opposée à cette proposition, mais l'intellectuel de service, Eric Stauffer, du MCG, lui a répondu que "ceux qui sont contre sont ceux qui ont quelque chose à se reprocher".

La police genevoise avait commencé fin janvier à s'entraîner pour l'Euro2008 : à la Gare Cornavin, le 23 janvier, des policiers déguisés en supporters et des policiers déguisés en policiers ont fait mumuse pour tester le dispositif d'encadrement des premiers par les seconds. Au Stade de la Praille, où le 10 avril des policiers déguisés en supporters ont fait mine d'affronter des policiers déguisés en policiers. Explication de la police : 30'000 personnes à la Praille pendant les matches, et une activité "festive" presque 24 heures sur 24 pendant trois semaines, ça équivaut aux Fêtes de Genève plus la Lake Parade. Et faut se préparer. D'ailleurs, on avait préparé une prison provisoire "spéciale Euro", sur le modèle des prisons temporaires créées en Allemagne pendant le Mondial 2006 (elles avaient accueilli 400 supporters). A Genève, la prison temporaire (Champ-en-jachère-Dollon ?) était installée à Palexpo  dans la halle 7 et pourrait être réutilisée pour le Mondial de hockey en 2009. C'est "pour le bien de la collectivité", expliquait le porte-parole de Palexpo. On est sauvés, Palexpo veut notre bien. De toutes façon, on pouvait pas mettre les supporters violents à Champ-Dollon, ousque ce ne sont pas les clients qui sont bourrés, mais la prison elle-même. D'ailleurs, une fois terminé, l'Eurofoot est venu au secours de Champ-Dollon : douze des cabanes en bois utilisées comme lieux de rétention provisoire à Palexpo, dans le cadre de l'Eurofoot, vont être mises à disposition de Champ-Dollon, au cas où. Au cas où quoi ? Non, pas en cas de surpopulation, c'est promis, assure le directeur Franziskakis. Juste en cas d'"événement exceptionnel", comme un incendie. Provoqué par exemple par une mutinerie elle-même provoquée par la surpopulation, on joue un peu sur les mots, là...

Les gendarmes genevois toucheront une indemnité spéciale, forfaitaire, pour leur service pendant l'Eurofoot, et leurs heures supplémentaires seront payées. L'Union du personnel du corps de police réclamait le versement d'une prime exceptionnelle pour la surcharge de travail pendant l'Eurofoot. A l'occasion du G8, une prime de 2500 francs avait été octroyée aux gendarmes et policiers genevois. Si une prime équivalente était versée pendant l'Eurofoot, et on ne voit pas au nom de quoi elle ne le serait pas, la facture de l'Eurofoot pour les collectivités publiques s'alourdirait d'au moins un million.

La police lucernoise s'est quant à elle fait la main, le 1er décembre, sur des manifestants n'ayant rien à voir avec l'Euro, mais ayant eu le mauvais goût de défiler en ville pour protester contre les menaces de fermeture d'un centre alternatif, alors que l'UEFA s'apprêtait à organiser à Lucerne le pince-fesse du tirage au sort des matches de l'Euro. Pour les flics lucernois, c'était une sorte d'exercice grandeur nature avant l'Euro, où une partie d'entre eux ont prêté main-forte aux flics des villes-hôtes alémaniques. Donc, bilan du test (ou on a scrupuleusement respecté les consignes énoncées pour les matches de l'Euro) : dispersion de la manif en tirant des balles de caoutchouc, 245 personnes arrêtées, emmenées dans un abri PC transformé en prison, fouillées, parfois désabillées et photographiées (parfois à poil, y compris les filles de moins de 18 ans, dénudées devant des policiers et des employés de la protection civile, certaines étant en outre l'objet de fouilles intimes). Des personnes ont été enchaînées pendant des heures, entassées dans de petites cellules sans sanitaires.

Des accords de coopération ont été signés avec la France et l'Allemagne pour que des policiers français et allemands (entre 500 et 1000 au total) puissent renforcer les flics suisses pendant l'Euro. A Genève, des agents français pouvaient être engagés pour une durée maximale de 48 heures, pour les matches Portugal-Turquie du 7 juin, République tchèque-Portugal le 11 juin et Turquie-République tchèque du 15 juin. Les Allemands sont allés s'ébrouer à Bâle et à Zurich. Berne a bénéficié de renforts des polices argovienne, soleuroise et de Suisse centrale. Avec tout ça, la Suisse était prête à tout. Mais les polices cantonales avaient averti : avant, pendant et après les matches de l'Euro, on sera aux abonnés absents pour tout ce qui relève de nos tâches habituelles. La police zurichoise a annoncé que les jours des matches, elle ne pourra assurer qu'un service minimum. Et elle a aussi annoncé qu'elle testait un drone (avion sans pilote) embarquant une camera pour pouvoir identifier les situations critiques.

Heureusement, quand les polices d'Etat menacent d'être débordées, les polices privées veillent : Securitas annonçait vouloir engager 400 personnes pour Vaud, le Valais et Genève (la moitié à Genève), et Protectas 1000 personnes pour toute la Suisse, dont 300 en Romandie. Les deux poulaillers privés n'avaient, fin mars, trouvé que la moitié de ce nouveau personnel. En attendant, ce sont bien des "agences de sécurité" privées -plus clairement dit : des polices privées- qui ont assuré la "sécurité" de la "fan zone" de Plainpalais. Et les organisateurs du parc à bestiaux ont été "très satisfaits" des prestations de Python Sécurité et AS Sécurité. Ils ont raison : obliger les vieilles dames avec des cannes et les jeunes mères avec poussettes à faire le tour de la plaine squattée par le parc à beaufs, ça méritait toutes les félicitations.

Et puis, notre glorieuse armée était sur le pied de guerre : en 2006, le Conseiller fédéral Samuel Schmid avait annoncé que 15'000 soldats seraient¨ mis à disposition des cantons pendant l'Eurofoot. La plus forte mobilisation depuis la Guerre Mondiale. On en avait tiré fort judicieusement la conclusion  que l'armée se cherchait, et trouvait là où elle pouvait, des missions pouvant justifier son existence. Mais en réalité, des 15'000 soldats annoncés, on n'en a mobilisé que quelques centaines. A Genève, la gendarmerie a annoncé qu'elle comptait sur le renfort d'une seule compagnie, soit une centaine de troufions, chargés de régler la circulation et d'accomplir des tâches purement logistiques. C'est pour ça qu'on a besoin d'une armée, pour faire le boulot d'une police municipale ? Ben oui, c'est pour ça...

Et c'est pour ça aussi qu'on a besoin d'hélicoptères militaires : un Super Puma de l'armée, équipé d'une caméra embarquée, a remplacé à Genève les drones (avions sans pilotes) utilisés dans les autres villes-hôtes. Explication : l'aéroport est trop proche. Et la baudruche à Jobin aussi ?

Le Tribunal fédéral a annulé partiellement le règlement zurichois contre le hooliganisme, adopté en prévision de l'Euro2008, et mis également hors-jeu le dispositif genevois. Le contrôle judiciaire de la garde à vue (24 heures au maximum) des supporters arrêtés était jugé insuffisant par le TF, qui trouvait discutable le principe même de l'emprisonnement avant toute commission de délit, et qui précisait que tout individu arrêté doit pouvoir recourir immédiatement contre son arrestation et sa détention auprès d'un  juge ou d'un tribunal, ce que ni le règlement zurichois, ni le règlement genevois ne permettaient. A Zurich comme à Genève, les réglements ne satisfaisaient pas aux exigences posées par la Convention européenne des droits de l'Homme, puisqu'ils ne prévoyaient de premiers recours qu'auprès d'autorités administratives ou politiques. A Genève, le règlement prévoyait qu'un recours doit être déposé d'abord auprès du Département cantonal (celui des Institutions), et, en deuxième instance, auprès du Tribunal administratif. Procédure trop lente, et insatisfaisante au regard de la Convention européenne, estime le TF. Du coup, Genève a du revoir sa copie : le supporter mis en garde à vue a inalement pu saisir la justice, et celle-ci (en l'occurence le Tribunal administratif) avait 24 heures pour rendre une décision. Restait un problème : celui de la détention de mineurs. Pour la présidente du Tribunal de la jeunesse, Sylvie Wegelin, il ne pouvait être question "de mettre les jeunes ailleurs qu'à la Clairière" -mais celle-ci est déjà surpeuplée, et ses cellules dédoublées.


EUROBASTONS

La venue de dizaines de milliers de supporters tchèques, turcs et portugais à Genève, en sus des supporters vivant déjà dans la région, inquiètait ? Y'a pas de raison, assuraient leurs représentants : "nous avons des problèmes de violence entre clubs tchèques, mais très peu avec l'équipe nationale", affirmait la représentante des supporters tchèques. Pour son collègue turc, "le foot, c'est une fête, pas la guerre". Sauf évidemment si les Kurdes avaient utilisé (ils auraient dû) l'événement pour se rappeler au bon souvenir de la Turquie. Les autorités genevoises assuraient, par la voix de Mark Muller, n'avoir identifié, sur les trois matches joués à Genève, que deux matches à "risque faible" (Portugal-République tchèque et République tchèque-Turquie) et un match à "risque moyen" (Turquie-Portugal), pour lesquels les effectifs policiers locaux devraient suffire, surtout qu'en réserve se tenaient les CRS français et que l'armée suisse était prête à prendre en charge des tâches policières normales (la régulation du trafic, la "surveillance de certains lieux") pour en décharger la police genevoise. En fait, la prévision d'un EWurofoot sans baston a été la seule, du moins à Genève, qui se soit réalisée.

De toutes façons, les supporters étaient accueillis à Genève les bras ouverts. Ils ne doivent pas "être considérés comme une menace", avait proclamé le coordinateur de l'Euro2008 pour Genève, Michael Kleiner. Ben non, ils ne sont ni immigrants, ni requérants d'asile, ni mendiants. Et ils étaient même consommateurs.

A Bâle, Zurich, Genève, mais aussi dans le canton de Vaud (qui n'accueillait, heureusement pour lui, aucun match), les supporters ne pouvaient pas se masquer le visage (c'est dommage, de si belles têtes d'intellectuels), et pouvaient être amendés (jusqu'à 10'000 balles) s'ils le font. Même avec un masque de "Kobi" Kuhn ?

En tous cas, des hooligans, on n'a pas ça à Genève. Ou presque pas : selon le commandant de la gendarmerie genevoise, Genève ne compterait que dix hooligans potentiellement dangereux (on veut les noms !). Selon les estimations policières, il y aurait en Suisse entre 1500 et 2000 supporters violents, dont 264 étaient répertoriés début février dans la base de données "Hoogan".

A Berne, le club "phare" local, les Young Boys, a eu une riche idée : donner une "deuxième chance" aux supporters interdits de stade, en leur permettant d'assister, à condition d'être parrainés et accompagné de leur parrain, aux matches dans le stade de Suisse, stade que les pupilles et leurs parrains devront quitter au plus tard une demie-heure après la fin du match. On les materne, ces petits jeunes, c'est de la bonne graine, ça, Monsieur...

Petite chronique des bastons ordinaires :

Le 27 octobre, quatre personnes sont blessées dans une bagarre après un match à Wünnewil (Fribourg), entre l'équipe locale et le FC Schönberg, dont les joueurs ont saccagé les vestiaires. L'arbitre a été blessé. Dix jours plus tard, tous les matches sont annulés à Fribourg, du fait d'une grève de protestation des arbitres.

Le 11 novembre, un supporter de l'équipe romaine de la Lazio est tué par un policier après une rixe avec des supporters de l'équipe turinoise de la Juventus. Il s'ensuit trois heures de violents affrontements à Rome entre des centaines de supporters et la police. Les affrontements font une cinquantaine de blessés parmi les policiers. Les supporters ont dévasté les locaux du Comité olympique italien, incendié des voitures, cassé des vitrines, attaqué une caserne des carabiniers et un commissariat de police.

A Rome, 66 supporters de l'AS Rome ou de la Lazio se sont vu interdire l'accès au stade à la suite d'actes racistes. Dès 1990, un groupe néo-fasciste paramilitaire, le "Mouvement occidental", organise les skinheads, dont des supporters des deux clubs romains : on les verra à chaque match brandir des drapeaux à croix celtiques ou gammées, pousser des cris de singe à l'encontre des joueurs "de couleur", et autres joyeusetés du même tonneau. 

Une soixantaine de supporters nord-irlandais en état d'ébriété (c'est pas un pléonasme ?) ont été empêchés le 18 novembre de prendre l'avion pour Las Palmas (Canaries) où leur sélection affrontait l'Espagne en match de qualifications à l'Euro-2008.

Le même 18 novembre, à Bâle, un match entre Servette et Concordia dégénère : les supporters servettiens (il en reste donc) affrontent dans les tribunes le service de sécurité du stade du Rankhof. Des coups sont échangés, des objets arrachés au stade lancés sur le terrain, la police intervient et un supporter servettien est interpellé (non, c'est pas Marc Roger, il était déjà au trou)

Le 1er décembre, le gardien du FC Lucerne, qui jouait contre Sion au stade de Tourbillon, s'est pris une "GameBoy" sur la gueule, lancée depuis la tribune des supporters "ultras" valaisans. On se félicite de ce que la miniaturisation des consoles de jeux ait fait des progrès : y'a vingt ans, il se serait pris une Amiga ou un Commodore dans la tronche.

Quant au gardien du Neuchâtel Xamax, dans le même stade de Tourbillon, il s'était pris une grosse clef d'hôtel à boule, en fer, quelques semaines auparavant.

Le 26 janvier, à Sankt Margrethen, une bagarre générale entre joueurs et spectateurs turcs et albanais lors d'un tournoi amateurs a fait un blessé (un adolescent de 16 ans, dont la machoire a été fracturée).

Le 12 avril, des échauffourées ont opposé à Saint-Gall des supporters des clubs de St-Gall et de Berne (Young Boys). Des pierres et des bouteilles ont été lancées contre le train spécial des Bernois. Plusieurs personnes ont été interpellées.

Le 3 mai, des heurts entre supporters, et entre supporters et policiers, ont fait plus de 45 blessés à Berne et à Bâle. A Berne, la police a dû faire usage de gaz et de balles en caoutchouc contre une centaine de supporters bernois et neuchâtelois, et à Bâle, des jets de fumigènes et de feux de bengales par des supporters zurichois sur des supporters bâlois ont fait deux blessés, avant que des affrontements avec la police à l'extérieur du stade fassent 45 blessés, dont un policier. 

Le même jour, les joueurs du FC Etoile-Laconnex Juniors A2 essuient une pluie d'injures et de menaces de la part de leurs adveraires du FC Vernier. La semaine suivante, ce sont les joueurs de Vernier qui sont accueillis par les supporters de Laconnex en étant aspergés de bière. e Conseiller administratif Alain-Dominique Mauris s'inquiète : des supporters de foot viennent au stade avec des battes de baseball -d'une utilité contestable dans un match de foot, et qu'il est assez vraisemblable en revanche de supposer être prévues pour être utilisées à taper sur la gueule des supporters adverses. Une dizaine d'actes de violence ont été signalés en six mois dans la commune. Que fait Cerutti ?

Le 8 mai, des supporters bâlois pillent le rayon alcool d'une Coop à la gare de Neuchâtel, après un match entre Bâle et Xamas.

Le 10 mai, pour la finale du championnat de Ligue A (pardon pour l'archaisme) à Bâle, entre Bâle et Berne, la vente de boissons alcoolisées a été interdite dans le stade.

Le 20 mai, des centaines de supporters saint-gallois furieux de la relégation de leur équipe en division inférieure ont saccagé le stade de l'Espenmoos (qui accueillait son dernier match) et affronté la police. Des pavés, des fusées et des pétards ont été lancés, un feu a été allumé dans la tribune principale du stade, dont le mobilier a été pillé et saccagé.Trois policiers et quatre agents de sécurité ont été blessés, 59 supporters ont été arrêtés, une dizaine de battes de base-ball ont été saisies, et entre 100'000 et 200'000 francs de dégats ont été causés.

Le 11 juin, après l'élimination de la Suisse par la Turquie dans le tour préliminaire de l'Euro, une centaine de supporters suisses ont été arrêtés, à Bâle, Berne, Aarau, Zurich et Winterthur. A Aarau, quelques centaines de Suisses ont provoqué quelques centaines de Turcs qui célébraient pacifiquement la victoire de leur équipe; à Berne, des échauffourées se sont produites entre supporters suisses et policiers, qui ont dû faire usage de balles en caoutchouc.

La fédération de foot de Croatie a écopé d'une amende de 20'000 francs pour la punir du comportement xénophobe de supporters croates, lors du quart de finale de l'Eurofoot contre la Turquie (qui y a éliminé la Croatie).

Face à la violence sur et autour des stades, qu'ils attribuent spécifiquement aux joueurs et aux supporters étrangers", des responsables de clubs de foot suisses ont eu une idée géniale : celle de créer en Suisse un championnat "séparé" (dans des clubs séparés,peut-être, et éventuellement dans des quartiers réservés, qu'on pourrait appeler des ghettos ?)  pour les clubs étrangers en général, voire les clubs "balkaniques" en particulier, "pour qu'ils se molestent entre eux". A Genève, cette idée (émanant de responsables de clubs alémaniques, en particulier des régions de Bâle et de Zurich) laisse perplexe : il y a 40 % d'étrangers dans le foot à Genève, et la menace de retraits de points au classement suffit à calmer les équipes les plus agitées et leurs supporters, d'où qu'ils viennent - la violence étant aussi le fait de joueurs et de supporters suisses.

Selon une étude de l'Université de Neuchâtel et du Fonds national, le milieu des supporters militants de foot est dominé par de jeunes "ultras" machos, chauvins, potentiellement violents, mais suisses et bien intégrés. Sans blague ? Et nous qui croyions avoir affaire à de vieux intellectuels féministes étrangers vivant en communauté...

L'association "Juris Conseil Junior" a édité un guide juridique des "droits et obligations" des jeunes" fréquentant les manifestations de l'Eurofoot. On leur signalait qu'à partir de 16 ans (mais pas en dessous) ils ont le droit de boire de la bière, du vin ou du cidre, mais pas des alcools forts, qu'ils ne pourraient pas accéder avant 18 ans aux clubs éphémères installés dans les "fan's zones" (du genre du "Fan Club 08" des Vernets), que la loi punit les injures et incitations à la haine raciale même exprimées sous forme de SMS ou de MMS. Mais que si ils se font coffrer pour avoir, complètement bourrés, injurié les nègres de l'équipe adverse, les chtis supporters mineurs peuvent demander la présence de leurs parents une fois amenés au poste. Surtout si les parents, aussi cons que leur progéniture, ont déjà été coffrés pour les mêmes raisons que leurs gniards.


EUROTERRORISME

Soupçon d'inquiétude à la police fédérale : sur les forums internet "djihadistes", on pouvait lire des messages du genre "Transformons les deux pays les plus sûrs d'Europe en enfer, comme l'enfer irakien ou afghan". C'est vrai que l'Autriche est un des pays les plus sûrs d'Europe : les enfants y vivent protégés dans des caves pendant des années. En Suisse, la gare de Zurich aurait été évoquée (sur un site internet djihadiste) comme cible possible d'un attentat. Des craintes ont été également exprimés d'actions du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), la Turquie jouant plusieurs de ses matches en Suisse, où réside une assez importante communauté kurde de Turquie. Finalement, ces craintes étaient aussi injustifiées que les espoirs de voir l'équipe de Suisse passer le cap des éliminatoires de la compétition. Le ministère autrichien de l'Intérieur s'était d'ailleurs fait rassurant : "aucun élément ne permet de conclure à une menace terroriste pesant sur l'Autriche ou la Suisse durant l'Euro". Même optimiste de Samuel Schmid : "Il n'y a aucun indice concret de plans d'attentats pendant l'Euro". Mais le Conseiller fédéral n'en avait pas moins pris, au cas où, de solides résolutions : Quand un journaliste de la "Tribune" (du 31 mai) lui demandait : "Un avion rempli de passagers ne répond pas aux appels des chasseurs. Ordonnez-vous qu'il soit abattu ?", Sami répondait "Oui", parce que "Dans cet avion il y a des terroristes (comment il le sait, puisque l'avion ne répond pas ?) et des personnes innocente. Mais au sol, il y a aussi des milliers d'innocents". Bref : tuez les tous en  vol, Dieu reconnaîtra les siens au sol.

Et comme on n'est jamais trop prudent, un porte-parole de la police fédérale, Jürg Bühler, ajoutait que ladite police ne surveillait pas seulement les islamistes, mais aussi les gauchistes : "Nous gardons à l'oeil des groupes d'êxtrême-gauche". Que le Securitas infiltré dans le comité contre les racket de la Praille et de l'Eurofoot se dénonce !


EUROPROXOS

Profitant de l'Euro2008, une coalition de 25 organisations (www.traitedesfemmes2008.ch) a mené avant et pendant l'Euro, une campagne contre la traite des femmes. La coalition rappelle que chaque pays dont l'équipe de foot participe à l'Euro2008 (y compris la Suisse) est soit un pays d'origine, soit un pays de destination de ce trafic. Comme l'événement a attiré en Suisse et en Autriche des dizaines de milliers de personnes, en très grande majorité des hommes, dont de nombreux clients potentiels de prostituées pouvant avoir été victimes de la traite (celle-ci n'épargnant pas la Suisse, où selon l'Ofice fédéral de la police entre 1500 et 3000 victimes de la traite sont acheminées chaque année), le moment était particulièrement bien choisi : "Je compte sur une hausse du chiffre d'affaire de 10 à 15 %" pendant l'Eurofoot, se réjouissait le patron de plusieurs lupanars alémaniques, Ingo Heidbrink. Fléau mondial, la traite des êtres humains frappe, selon l'OIT, 2 millions et demi de personnes chaque année, dont 80 % de femmes et de filles, et rapporterait 35 milliards de dollars par an.

Les responsables policiers genevois et suisses estimaient qu'il ne devait pas se produire une aggravation de la traite des femmes pendant l'Euro 2008, mais la Brigade des moeurs qui, à Genève, sera chargée de surveiller le marché local du sexe pendant cette période chaude reconnaît être en sous-effectifs (elle est composée d'une vingtaine de policiers, dont cinq, en temps "normal", affectés au contrôle de la prostitution). En novembre 2006, une motion socialiste s'inquiétait de ce manque de moyens. Le porte-parole de la police admettait qu'on pourrait "rencontrer durant l'Euro quelques cas de prostitution illégale", et la coordinatrice d'Aspasie, l'association qui défend les travailleuses du sexe, évoque de petites structures "issues de la misère".

Un spot contre la prostitution forcée avait été tourné pour pouvoir être diffusé à la télé, dans les stades, les UBS Arenae et dans les "Fan Zone" de l'Eurofoot. Mais pas dans la "*Fan  Zone de Genève" : le canton, qui avait pourtant contribué financièrement à cette action a ensuite estimé qu'il  n'y avait "aucun  lien entre prostitution et football" et qu'il ne fallait pas contribuer à faire croire qu'il pourrait y en avoir un (c'est Mark Muller qui cause). C'est bien connu, le supporter bande mou.

Cela étant, il n'y a pas que les supporters qui se laissent guider par leurs couilles : les joueurs aussi. Neuf joueurs du FC Thoune (six de l'équipe en fonction et trois anciens) ont été poursuivis pour abus sexuels sur une supportrice mineure (elle avait quinze ans au moment des faits). Quatorze personnes ont été inculpées dans cette affaire (les joueurs actifs, les anciens et des supporters), trois personnes, dont un joueur, sont accusées d'avoir contraint l'adolescente à des actes sexuels. Du coup, les responsables des clubs suisses ont tous protesté de leur vigilance : le président du Lausanne-Sport a déclaré que le club avait rendu les joueurs "attentifs à leurs obligations", et que les joueurs et les membres de l'encadrement doivent "signer un engagement éthique" portant notamment sur les moeurs et le dopage. Même type d'engagement au Servette. Et la "Swiss Football League" a transmis aux clubs des directives rappelant les obligations des joueurs : non, on ne culbute pas les supportrices mineures sur la pelouse. Quant aux joueurs du FC Thoune poursuivis pour abus sexuels, quatre d'entre eux n'ont été condamnés qu'à des peines pécuniaires (de 2700 à 4950 francs), aux frais de justice et mille francs d'indemnités à la jeune fille victime (consentante, paraît-il). Ils ont probablement écopé d'une peine si légère en plaidant l'irresponsabilité : des joueurs de foot, on ne peut pas leur demander de savoir ce qu'ils font.

En Autriche, un programme avait été prévu pour lutter contre l'augmentation des violences conjugales pendant l'Eurofoot (augmentation  à laquelle on s'attendait, comme pendant tous les grands événements sportifs du même genre). En Allemagne, les violences domestiques ont augmenté de 30 % duant la Coupe du monde de foot 2006, et dans près de la moitié des cas, la hausse de la consommation d'alcool peut être incriminée.

Quant à la Suisse, elle n'avait strictement rien prévu pour lutter contre le phénomène : "nous n'avons malheureusement ni les moyens, ni le temps" de faire quelque chose, a déclaré le délégué genevois à la violence domestique. En revanche, le temps et les moyens n'ont pas manqué pour organiser, encadrer, promouvoir et annoncer les innombrables à-côtés de la fête à blaireaux.

La moitié des Européens fans de foot préfèrent regarder un match important plutôt que d'avoir des relations sexuelles, affirme une étude de l'organisme britannique Sirc réalisée pour Canon… ça ne les a pas empêché de se faire baiser par l'UEFA, comme tout le monde.

Début septembre 2007, à l'occasion de la Coupe du Monde féminine de foot en Chine, la Fédération intenationale du foot pognon (la FIFA) et l'UNICEF ont lancé une campagne ("Goals for Girls")  sur les "valeurs du sport et notamment du football afin de promouvoir l'éducation, l'égalité des sexes et les droits de la femme", qui, à constater le comportement des supporteurs -et désormais teuses- de foot dans les stades ont en effet bien besoin d'être promues et promus. Il faut "montrer comment les jeunes filles et les femmes peuvent lutter contre la discrimination des sexes", expliquent la FIFA et l'UNICEF. On voit pas comment on pourrait le montrer par le foot, sinon en réalisant l'égalité dans la connerie, le dopage et la violence, mais bon : c'est pas du militantisme, c'est de la promo...


EURODOPE

Le 12 mars, entraîneurs et dirigeants des fédérations de foot des seize pays participant à l'Eurofoot ont signé une charte contre le dopage, prévoyant des tests sanguins en plus des tests d'urine déja pratiqués. Avant que tout test ait été effectué, les  patrons du foot européen avaient clamé qu'il n'y a pas, et qu'il n'y aura pas, de dopage dans "leur" sport... c'est dire si ces tests allaient être efficaces. Platini : "il n'y a pas à mon sens de dopage organisé" dans le foot; Kühn : "il est beaucoup plus difficile de se doper" dans le foot que dans d'autres sports, et "en équipe de Suisse, personne n'est dopé". Sur quoi, 300 contrôles antidopages ont été réalisés pendant l'Eurofoot. Tous négatifs, comme prévu, et comme annoncé. Il faudrait donc croire qu'aucun footballeur professionnel ne consomme des "drogues de performance". En fait, la seule chose qu'on doit croire c'est qu'aucun ne s'est fait prendre la dope dans le sang ou la pisse. Parce qu'on peut parfaitement se doper sans être pris : en consommant des substances interdites non décelables, des substances décelables mais non  interdites, ou des substances décelables et en principe interdites sauf quand elles sont prescrites dans le cadre d'un traitement médical. Bref, on peut se doper aux hormones de croissance, aux transfusions autologues, à l'ACTH, à l'EPO biosimilaire, à l'insuline, à l'IGF-1, au Néoton, à l'Actovégin, aux hormomnes thyroïdiennes, à l'HMB... sans que cela apparaisse dans les contrôles ultérieurs. Les contrôles sanguins ne permettent pas la mise en évidence de la consommation de substances non hormonales, le dopage par hormone de croissance peut se faire quasiment en toute impunité (il faut être con pour se faire repérer), puisque trois heures après l'administration du produit, le contrôle sanguin ne le révèle plus. Bref, la seule vertu des contrôles effectués dans le foot, largement inférieurs en efficacité à ceux effectués par exemple sur le Tour de France, est une vertu de blanchiment : ça décerne un label de propreté à tous ceux qui ont été contrôlés, y compris ceux qui se sont dopés mais ne se sont pas fait repérer, ou à ceux qui se dopent habituellement mais se sont arrangés pour se faire contrôler à un moment où ils ne se se sont pas dopés.

Personne ne croit d'ailleurs sérieusement que le football professionnel soit préservé du dopage. Sinon, pourquoi la FIFA aurait-elle attendu d'être menacée de se retrouver devant le tribunal arbitral du sport pour mettre son réglement antidopage en conformité avec le code de l'Agence mondiale antidopage ? "Au sein de la FIFA, il y a des intérêts qui ne veulent aucun changement et d'autres qui sont plus progressistes", résumait en novembre  le président sortant de l'agence mondiale antidopage, Richard Pound, qui expliquait que les intérêts économiques en jeu expliquent les libertés prises avec les codes : "les gens engagés dans les équipes ne veulent pas prendre le risque de perdre leurs stars pour une 'broutille' comme le dopage" ("Le Temps" du 14 novembre). Faut être con comme Maradona pour se faire piquer, quoi...

Dans le genre faux derche, le président du CIO, Jacques Rogge, a fait fort, dans un entretien au "Monde", en octobre dernier, déclarant : "je trouve que l'opinion publique est trop tolérante vis-à-vis du dopage en général : on a vu des athlètes pris en flagrant délit être encouragés le lendemain". On voit surtout aux JO des athlètes pratiquement tous dopés, et qui ne se distinguent que par la légalité ou non des substances et des méthodes de dopage.


EURORAMDAM

La "Tribune de Genève" a été désignée début février "Journal exclusif de la ville hôte" de l'Eurofoot par MediaMark Muller, Conseiller d'Etat en charge des constructions de fêtabeaufs à la Praille et dans les quartiers circonvoisins. Vu la manière dont la Julie a couvert depuis des années le feuilleton de la Praille, puis les préparatifs de l'Euro, et a servi de relais aux appels désespérés à la mobilisation de l'enthousiasme populaire défaillant à l'égard de la Praille comme de l'Euro, cette désignation est plus un constat qu'une mission. En tous cas, ça nous présageait (et on n'a pas été déçus) une couverture médiatique à venir, à la hauteur de la couverture médiatique déjà assurée sur le stade et l'Euro   : toute tissée d'indépendance et farcie d'esprit critique. D'ailleurs, c'est pour manifester cette indépendance et assurer cet esprit critique que la Julie, toute fiérote, annonçait qu'elle avait "engagé des moyens exceptionnels" (une trentaine de personnes) pour couvrir l'événement. Et que, princièrement, et avec l'Etat, elle mettait au concours cent places pour les matches joués à Genève.

La megasuperteuf du foot à Plainpalais et au Bout du Monde va coûter au moins 2,6 millions, dont un million à la charge du canton -mais sans tenir compte des frais qu'elle va entraîner pour la Ville. C'est la société (privée) d'un député radical au Grand Conseil, Frédéric Hohl, qui a été mandatée pour organiser les diverses manifestations annexes à l'Eurofoot, à Genève : sur la plaine de Plainpalais (écran géant, stands, animations, quelques concerts), au Bout du Monde (écran géant, stands, animations, concerts, camping). Et comme ladite société privée dudit député radical a le sens des vraies valeurs, elle avait prévu d'installer à Plainpalais, pour dominer la plèbe, une tour de trois étages pour les VIP, à qui étaient proposés (contre rémunération de 170 à 550 balles par jour et par personne) repas gastronomiques, consommations à discrétion, salon (pardon : "lounge")... et plus (au "Club o8" des Vernets) si affinités.

A Plainpalais, la "Fan zone" (pour laquelle on a déboulonné les jeux pour enfants -pendant l'Euro, la vie s'arrête...) fermait à minuit. Autant dire que les nuisances se poursuivaient jusqu'à l'ouverture des premiers bistrots du quartier, à 4 ou 5 heures. "Il y aura du bruit, la fête est à ce prix", se défendaient les organisateurs. Et les dommages collatéraux (vols, dégradations), se demandaient les habitants, qui savent que les assurances ne remboursent pas les dégâts dus à des "événements exceptionnels" ? ben... euh... l'Etat n'engage pas sa responsabilité civile, la Ville non plus, démerdez vous, répondaient les zautorités... On se demande par ailleurs pourquoi la "Fan Zone" a été installée à Plainpalais, en pleine ville, pendant trois semaines, alors qu'on aurait pu la coller au calme au Bout-du-Monde (ça aurait évité au "Fan Village" qu'on y a établi de se transformer en zone tout court), ou dans le stade les jours où il n'était pas utilisé pour des matches...

Pour nettoyer les parcs à bestiaux, la Ville a dû faire appel à des entreprises privées, la Voirie ne pouvant à elle seule débarrasser ces espaces privatisés des détritus que les joyeux supporters laissaient derrière eux. Elle avait d'ailleurs fort à faire, la Voirie, avec le reste de la Ville : au maximum de sa capacité, elle avait même interdit à ses hommes de prendre des vacances en juin, et les avait prévenus qu'ils auraient sans doute à faire des heures supplémentaires. En revanche, elle n'avait pas prévu de rendre obligatoire l'utilisation de vaisselle réutilisable avec consigne, et laissait utiliser de la vaisselle jetable qui est partie gonfler la montagne de déchets expédier aux Cheneviers, faut bien rentabiliser cette usine... Et alors, vous n'avez tout de même pas cru une seconde que les grands discours sur l'écologie, le développement durable et autres Agendas 21 étaient autre chose, précisément, que de grands discours ?

Pour faire chier encore plus de monde, et la nuit, le Conseil fédéral a autorisé pendant l'Euro les vols nocturnes (entre 22 heures et 6 heures) au départ des aéroports de Genève, Berne et Zurich, pour évacuer les supporters les soirs de matches. Et emmerder les riverains des aéroports les nuits qui suivent.Pour ne pas laisser souffrir ceux de leurs habitants allergiques aux réjouissances de l'Eurofoot, mais voisins des zones de ces réjouissances, Bâle et Berne avaient décidé de les aider à prendre des vacances et avaient entamé des négociations avec des régions de montagne en Valais et dans les Grisons. Aucune négociation n'a cependant été prévue avec la Chine pour offrir aux riverains des parcs à blaireaux de jolies vacances au Tibet.

Plusieurs villes de Suisse ont en outre tenté de limiter les débordements tribaux d'avant et après-matches : Berne a rappelé qu'il était interdit de tenir un drapeau hors de sa voiture, Neuchâtel et Nyon ont interdit les défilés automobiles dans certains secteurs.

A Berne, on a mis sur pied une campagne de préparation de l'accueil des supporters des équipes qui jouaient sur place, campagne devant théoriquement comporter un volet de "sensibilisation aux langues" des pays concernés. Sensibilisation "aux langues" (au pluriel) qui s'est finlement réduite en la distribution d'une feuille résumant les principales phrases d'accueil ("Bonjour", "c'est par là", "veuillez déposer vos bombes à la consigne", etc...) en hollandais et en roumain, outre le français et l'italien dont on rappellera qu'il s'agit de langues nationales et officielles de la Suisse. Mais pour tout le reste, la "sensibilisation aux langues", ça c'est résumé en un usage systématique du pidgin touristique anglo-américain. Vivement les Chinois, qu'on se marre.

L'organisateur des parcs à bestiaux de l'Eurofoot, le député radical Frédéric Hohl, s'est pris une bûche de 12'400 francs pour avoir laissé entrer des mineurs dans le "Fan Club 08", la disco éphémère installée aux Vernets. Et il s'est plaint, Hohl, d'avoir dû subir "une leçon de morale très politisée par un adversaire de gauche", l'ancien syndicaliste du SIT Ismaïl Türker, responsable du service des autorisations du Département de la Santé et de l'Economie. C'est vrai qu'entendre un discours de gauche pendant l'Eurofoot, ça avait de quoi surprendre. Mais qu'on s'est finalement assez peu plaints, de notre côté,  d'avoir dû subir pendant un an des "leçons de sport très commercialisées par des fétichistes du foot".

En novembre, un sondage effectué pour "Coopération" indiquait que 54 % des 500 personnes interrogées déclaraient ne pas s'intéresser à l'Euro (22 % pas à l'Euro proprement dit, et 32 % pas au football en général). 7 % se disaient déjà "dans la fièvre de l'Euro", et 39 % attendaient le début de la compet' pour s'en réjouir. Les autres attendaient la fin pour être soulagés.


EURONOTABLES

Les Conseillers fédéraux, les sept, se sont mobilisés pour l'Euro, et se sont tapés les matches. Le ministre des sports et réjouissances militaires, Samuel Schmid, s'en est farci neuf; le président de la Confe, Pascal Couchepin, cinq; le ministre des Finances, Hand-Rudolf Merz, la ministre de la Justice et de la police, Eveline Widmer-Schlumpf et la ministre de l'Economie, Doris Leuthard, quatre. Les deux socialistes ont traîné les pieds : Moritz Leuenberger ne s'est farci que Suisse-Portugal et un quart de finale, et Micheline Calmy-Rey Portugal-Turquie. Mais c'est uniquement parce qu'il n'y avait pas de Kosovo-Ossétie du Sud à l'affiche.

A Genève, le canton disposait de 240 billets par match, pour les notables locaux. Mais seuls vingt billets sont offerts par l'UEFA. Les 220 autres, le canton a dû les payer. Pour pouvoir ensuite les offrir.


EUROBOF

En Autriche, l'Euro a laissé à peu près indifférent, quand il n'a pas énervé. On craignait une hausse des prix, la violence, le vandalisme, la congestion du trafic, la surconsommation d'alcool et de drogues, la surproduction de déchets, et on se contrefoutait de la "dimension festive et sportive" de l'événement, brandie par ses organisateurs. Un tiers des Autrichiens se désintéressaient complètement de l'événement, selon un sondage.


EUROBIGOTS

A défaut de sabre, le goupillon a jeté son dévolu sur le ballon rond : les Eglises catholiques et réformées de Suisse ont tenté de se greffer sur l'Euro2008 (mais surtout en Suisse alémanique), avec un projet oécuménique subtilement intitulé "Eglise 08-2008 ans et toujours de la partie". La Communauté de travail des églises chrétiennes de Suisse espérait voir se multiplier dans le public une écharpe de supporter rouge barrée de l'inscription "Eglise 08". A défaut de multiplier les pains ? Un accompagnement spirituel était offert aux joueurs (pour les inciter à tendre l'autre joue ?) et un encadrement pastoral proposé aux équipes (ça a sûrement enthousiasmé les Turcs). A Genève, les protestants expliquaient qu'ils ne feraient pas grand chose, leur énergie étant mobilisée pour la célébration du 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin. Et à Zurich, on s'est goinfré le 80 % du budget total (modeste : 750'000 francs)  prévu pour toute la Suisse par les églises protestantes pour assurer leur présence à l'Euro2008.


EUROMOUTARDS

Le Conseiller fédéral Samuel Schmid, qui s'est dit convaincu "que l'Euro2008 aura des effets positifs à long terme sur la population, sur la société, sur l'économie et sur l'encouragement du sport", rien que ça, a présenté à la mi-février quatre projets de promotion du sport auprès des chtis nenfants : tournois de foot dans les écoles, pratique du sport en sus de l'éducation physique "normale", incitations particulières pour les plus petits, tout ça... La Ville de Genève avait embrayé, en organisant pour les djeuns de 15 à 18 ans un "Euro des quartiers" : un tournoi de "street foot" en avant-première du tournoi de flouze-foot. Et après l'Euro, la Ville nous organisera quoi ? un tournoi de gérontofoot entre pensionnaires des EMS ? des matches de nécrofoot entre carrés confessionnels du cimetière de Saint-Georges ?


EUROCHIOTTES

Les entreprises de location de sanitaires mobiles ont tiré la chasse d'alarme : durant l'Euro2008, le nombre de toilettes mobiles risquait d'être insuffisant et les fournisseurs de n'avoir "pas assez de WC pour tout le monde", selon le directeur de "Toi Toi", un des leaders de la branche vespasienne. Presque tous les containers aménagés en toilettes étaient déjà loués. Angoisse : les supporters allaient-ils aller pisser dans les plate-bandes publiques et les parcs ? En 2006, pendant le Mondial de foot, le parc public berlinois du Tiergarten avait reçu en cadeau des supporters 100'000 litres d'urine par jour. Cet arrosage acide avait causé d'importants dégâts à la flore, malgré les six millions de litres d'eau quotidiennement giclés pour diluer l'urine. Le directeur des espaces verts de la Ville de Zurich s'inquiètait : les arbres et les plantes risquaient de périr sous les flots d'urine, souvent alcoolisée, déversés par les supporters. En juin 2008, la Suisse terre de miction ?

Mais, miracle, la solution était là : ça s'appellait le Roadbag, c'est une poudre qui gélifie l'urine, ça coûte sept balles les trois unités, et on en a déjà vendu 50'000 pièces, déclarait avant la compet', heureux comme après avoir soulagé un besoin pressant, son inventeur.

Comme y'a pas de petits profits, l'Association suisse des cafetiers (SCV) avait préconisé de rendre payant l'usage des chiottes des bistrots par ceux qui en usent sans consommer au bistrot, pendant l'Euro 2008, autour des stades et des "fan-zones" du genre Plaine de Plainpalais.

Tout confirmait donc que, décidément, l'Euro2208, allait faire chier beaucoup de monde.

On  a pu fumer dans les stades suisses et autrichiens pendant l'Euro. En revanche, aucun paquet de clopes ni de tabac n'a été vendu pendant l'Euro dans les stades, et on a recommandé aux spectateurs de ne pas fumer -sans les y contraindre. En revanche, les entraîneurs et les accompagnateur des équipes ont été, eux, frappés d'une stricte interdiction de fumer sur leurs bancs. On pouvait d'ailleurs déjà fumer dans le stade de la Praille, même après l'adoption par le peuple de l'initiative antifumée. De toutes façons, à la Praille, en dehors de l'Euro, on peut fumer tant qu'on veut et ce qu'on veut, vu la fréquentation des lieux on risque pas de gêner grand monde.


Y'A PAS DE PETIT PROFIT

On ne sait pas combien l'accueil forcé de l'Euro2008 par Genève pourrait rapporter : les estimations varient du simple au double. Rütter+Partner évoque une fourchette de 44 à 80 millions de francs de dépenses directes et indirectes des participants et des spectateurs (logement, nourriture, shopping) à Genève, entre 90 et 170 millions à Zurich -ce qui ne signifie pas grand chose en termes de retombées économiques ou de rentrées fiscales. D'autant qu'il faudra, pour évaluer ce qu'éventuellement l'Euro2008 aura rapporté, déduire de son "produit événementiel brut" ce qu'il aura coûté : au  moins vingt millions de dépenses directement liées à l'événement, si tout se passe bien. Plus le coût de la mise en conformité du stade, le paiement des dettes de la fondation du stade, et les impondérables...

En tous cas, les hôteliers font grises mines : à Genève, les nuitées pendant le mois de l'Euro, juin 2008, ont été de 4 % plus basses qu'en juin 2007, et seuls les hôtels deux étoiles ont eu plus de nuitées que l'an dernier (et encore, pas beaucoup : 1 %)-

De petits malins comptaient bien s'en mettre plein les poches pendant l'Euro, en sous-louant leur appartement le temps des compétitions, et en le sous-louant jusqu'à trois, quatre ou cinq fois le loyer normal (un trois-pièces à 900 balles par mois sous-loué 150 balles par nuit, un autre loué 1300 francs par mois, et sous-loué 4000 francs par mois, une chambre à Chancy pour 200 euros -exemples cités par "20 minutes").

D'autres petits malins entendaient également profiter de l'Euro : les responsables de la société qui perçoit les droits d'auteurs en Suisse, la Suisa, qui a rappelé qu'elle pouvait exiger de toute personne faisant voir sur sa télé ou sur n'importe quel écran des matches de l'Euro hors de sa sphère privée, au sens restrictif du terme (un ensemble de gens que l'on connaît tous et qui se connaissent sous), la somme de 25 francs 95 par diffusion. Quant aux bistroquets, ils aueraient dû payer une redevance supplémentaire dès que la diagonale de l'écran sur lequel ils diffusaient les matches dépassait trois mètres. Quelques fans de foot ont annoncé qu'ils avaient l'intention  de diffuser gratuitement sur internet les matches de l'Euro, au motif, particulièrement naïf, que "la fête du foot appartient à tous et pas seulement à ceux qui peuvent se la payer". Mais l'UEFA, qui a vendu pour des centaines de millions, ou des milliards, les droits de diffusion des matches, veillait : elle n'avait pas la moindre intention de laisser filer le moindre centime et a annoncé qu'elle ne tolérerait aucune action du genre diffusion gratuite des matches. Le problème, c'est que, selon la Commission arbitrale fédérale pour la gestion des droits d'auteurs, l'UEFA n'a pas le droit de demander une redevance aux organisateurs des rediffusions de matches, et que seules les sociétés détentrices d'une concession de la Confédération, comme la Suisa, peuvent le faire, alors que des organisateurs avaient déjà, avant l'Euro, été rançonnés par l'UEFA (celui des retransmissions de l'Euro au jardin du Rivage, à Nyon, a ainsi payé 6000 francs pour la retransmission des rencontres), et à des tarifs largement supérieurs à ceux demandés par la Suisa (l'organisateur nyonnais a payé 6000 francs pour ce que la Suisa tarife à 2500 francs maximum). A Compesières, où 400 personnes devaient se réunir pour suivre les matches et griller quelques cervelas, les organisateurs ont failli être taxés de 2400 balles par l'UEFA, et être forcée de ne faire glouglouter que la bière officielle de l'Euro.

Quant à l'UBS, qui a mis sur pieds les UBS-Arena (scènes de retransmission des matches sur écrans géants, agrémentées de quelques productions musicales), elle avait passé des contrats d'exclusivité avec les communes où les ABS Arena sont implantées -pas question pour des associations ou des clubs d'essayer de mettre sur pied leurs propres retransmissions sur écrans géants, c'est verboten, la taille maximale des écrans autorisés sur le domaine public,  hors UBS Arena, est de 3 mètres de diagonale. On rigole pas avec les contrats d'exclusivité.

Autre monopole : celui attribué à Eurosport, numéro un de la distribution des articles de sport en Suisse, qui avait décroché l'exclusivité de la vente dans les quatre stades hôtes des produits officiels liés à l'Euro.

Petit malins aussi, les limonadiers et brasseurs : l'Office fédéral de la santé publique demandait que les villes hôtes offrent gratuitement de l'eau potable à leurs visiteurs pendant l'Euro, pour éviter qu'ils ne soient conduits à se désaltérer à la bière. Ben non, elles n'ont pas pu : les sponsors s'y sont opposés. Tout au plus, à Genève, a--t-on vendu à prix réduit du jus de pomme genevois.

Petits malins encore, les encaveurs de la Cave de Genève : ils ont lancé pour l'Euro 2008 trois pinards de "qualité gastronomique" à onze balles la totoille : un chardonnay baptisé "coup d'envoi", un pinot rosé baptisé "mise en touche" et un assemblage de rouges baptisé "prolongations". Pour "pénalty", "hors jeu" et "coup franc", rien n'est prévu -sinon la consommation des trois bouteilles précitées. La secrétaire générale de la Fédération genevoise pour la prévention de l'alcoolisme, la députée socialiste Laurence Fehlmann-Rielle, a trouvé qu'"associer le sport et le vin n'est pas très malin". S'agissant du foot, c'est surtout pas très pertinent : c'est à la bière que carburent les supporters, et plutôt à la coke que s'explosent les joueurs.

Petits malins enfin, les tenanciers des Auberges de Jeunesse : dans les villes-hôtes, la nuit dans une AJ a coûté généralement jusqu'à 20 % de plus que d'habitude...

Dans un ramdam comme l'Euro2008, tout est un marché, même (ou surtout ?) la sécurité : la société "Python Sécurité" a ainsi reçu mandat d'assurer la sécurité sur le site du stade pendant les trois matches de l'Euro joués à Genève. Elle espérait en retirer une augmentation de 40 % de son chiffre d'affaire entre 2007 et 2008, mais avoue avoir eu de la peine à recruter des "stadiers bénévoles" (il lui en manquait encore 200 fin mars).

Toujours à propos du petit commerce : le Crédit Suisse a commencé le 16 avril à distribuer 200'000 ballons de foot dans ses 183 succursales. Mais selon la télé alémanique DRS, les ballons ont été fabriqués au Pakistan, par une entreprise non contrôlée, employant non seulement des hommes et des femmes, mais aussi des enfants, payés princièrement l'équivalent de 39 centimes par ballon (soit la moitié du tarif normal). Et alors ? pour ces basanés qui vivent de rien et se contentent de peu, 39 centimes, c'est le début de la fortune, non ? La valeur totale des ballons distribués par le Crédit Suisse, ça ne se monte qu'à 78'0000 francs. A peine un jour de boulot pour la patron de la banque... Et une année de subsistance pour tout un village pakistanais.

Feldschlosschen est contente : "nous avons même dépassé nos ambitieux objectifs", a déclaré le patron du groupe, Thomas Amstutz, commentant le bilan de la vente de bibine pendant l'eurofoot : la consommation a grimpé de 20 % par rapport à la même période de l'année dernière, ce qui correspond à cinq millions de litres supplémentaires, dont 200'000 lites pour le seul 21 juin, jour du match bâlois Russie-Pays Bas (c'est que ça boit, le Russe et le Batave)

Enfin, y'en a un à qui l'Euro2008 a rapporté 30 millions avant même qu'il ne débute, c'est l'un  des sponsors de la compet', la marque horlogère Hublot, qui a écoulé avant même sa mise sur le marché les 2008 exemplaires de la "montre officielle" de l'Euro, à 15'000 balles pièce. C'est beau, le sport populaire.


EUROMARCHE (NOIR)

Alors que les organisateurs et les politiciens locaux pressaient les Genevois et voises de faire le meilleur accueil possible aux foules de spectateurs et supporters venus assister aux matches (ou à leur retransmission sur écrans géants), moins de 2000 places sur les 30'000 disponibles par matches à la Praille étaient disponibles pour ces mêmes Genevois et voises. 2000 places desquels il fallait encore déduire les places réservées aux notables, invités et autres sponsors : la "grande fête populaire" se faisait sur invitation. Ou par le marché noir : mi-décembre, des billets pour les matches de l'Euro étaient mis en vente sur le site internet eBay pour des prix atteignant sept fois le prix officiel -mais les matches "genevois" n'avaient pas la cote. Féroce gardienne de ses petits profits, l'UEFA a annoncé que les petits malins se livrant à ce petit commerce pouvaient être amendés jusqu'à 5000 euros (mais amendés par qui ?)...

A Genève, l'absence de petits cadeaux a entretenu l'inimitié entre la Ville et le canton, que la première accusait d'accaparer les billets de faveur (240 par match, soit 40 billets gratuits et 200 billets payants, mais réservés) pour l'Euro2008 à la Praille. Comme ça n'est pas la Ville mais le canton de Genève qui était hôte officiel du machin (contrairement à ce qui était le cas à Berne et Zurich), le canton décidait tout seul l'usage de ses billets. Les parlementaires et les clubs de foot se sont vus "offrir la possibilité d'acheter" un billet payant (c'est joli, comme expression : "offrir la possibilité d'acheter"...); quant aux billets gratuits, la "Tribune de Genève" (du 3 avril) annonçait que les Conseillers d'Êtat en feraient ce qu'ils voudraient. D'où une grosse jalousie des Conseillers administratifs de la Ville, puisque celle-ci aller claquer au moins un million et demi pour une manifestation dont elle supportait les nuisances, et qu'elle paierat  pour la mobilisation des pompiers et de la voirie et la mise à disposition de la Plaine de Plainpalais...

Les villes hôtes avaient droit en tout et ensemble à 750 places par match. A Genève, chaque club de foot n'avait droit qu'à deux billets... payants. Et, princièrement, le canton et la "Tribune de GenèveW" mettaient au concours 100 places, pour l'un ou l'autre des trois matches "genevois".

Pendant que le supporter de base ramait, et claque son pognon, pour essayer (sans, le plus souvent, y arriver) d'obtenir une place dans un stade pour un match de l'Euro, des milliers de places restaient vides, jusqu'à 8000 lors d'un seul match à Bâle, soit en gros le quart du stade. Parce que les sponsors, qui avaient leur lot de places gratuites, n'en faisaient rien.


EUROMAFIAS

On est rassurés : à coups de dizaines de millions, la paix a été conclue entre les familles de la mafia du foot pognon, l'UEFA (faîtière du foot européen), la FIFA (faîtière du foot international) et le G14 (lobby des clubs les plus riches, et donc les plus puissants, d'Europe). Le G14 va se dissoudre, et se transformer en une Association européenne des clubs (ECA), de droit suisse, qui se substituera au "Forum des clubs" de l'UEFA, s'ouvrira à une centaine de clubs européens de 53 pays, et enverra quatre représentants au Conseil stratégique de l'UEFA. Les bagarres entre le G14 et l'UEFA (ou la FIFA) étaient saignantes : le G14 réclamait pas moins d'un milliard de dollars d'indemnités rétroactives à la FIFA, pour les clubs ayant eu à déplorer en dix ans des blessures de joueurs lors de tournois internationaux organisés par la FIFA. Pour calmer le jeu, l'UEFA va claquer 157 millions de FS, et la FIFA 122 millions, ces modestes contributions étant allouées aux clubs qui "mettent à disposition" leurs joueurs pour les compétitions européennes et internationales, jusqu'en 2014. Ce sont donc les grands, gros et riches clubs, qui n'en auraient pas besoin qui vont en bénéficier. Comme disait l'autre, "l'argent va là où est déjà l'argent".

Faut dire que le foot professionnel, ça mobilise un paquet de pognon. Le foot professionnel est devenun une sorte d'archétype du libéralisme sauvage : la dérégulation règne, et la seule loi est celle du plus fort -c'est à dire celle du plus riche.

Lors de la saison 2006-7, vingt clubs ont généré des revenus de plus de 150 millions de francs suisses, dix des revenus de plus de 250 millions et deux de plus de 500 millions : en tête, le Real Madrid, avec 561,6 millions, et Manchester, avec 507,5 millions, suivis de près de Barcelone (467,1 millions), Chelseau (455,6 millions) et Arsenal (424,9 millions). Les clubs anglais croulent sous le pognon, et placent trois des leurs dans les cinq clubs les plus riches d'Europe -et donc du monde, et quatre autres dans les quinze suivants. Espagnols (deux clubs dans les cinq plus riches, trois dans les vingt plus riches) et Italiens suivent (quatre dans les vingt plus riches). Les vingt clubs les plus riches constituent ensemble une masse financière de 6 milliards de francs.

En France, l'attribution des droits de diffusion du Championnat de Ligue 1 avait vu, en 2004, Canal+ sortir 1,8 milliard d'euros sur trois ans pour s'adjuger ces droits, face à TPS. Mais ça ne suffisait pas à la Ligue de football professionnel, qui pour les droits 2008-2011 a organisé des enchères où on ne vend plus que des "lots" (il y en a douze : les dix meilleurs matches, les matches du samedi soir...), et où les enchère se poursuivent tant que la Ligue n'est pas satisfaite du montant atteint. Quant aux budgets des équipes de Ligue 1, ils vont de 25 (Auxerre) à 155 millions (Lyon) d'euros.

Par ailleurs, selon le magazine "Forbes", une dizaine de footballeurs ont engrangé des revenus supérieurs à 17 millions de dollars US en 2007. En tête du classement, David Beckham s'est fait plus de 50 millions de francs suisses, dont 38 en contrats publicitaires. Il est suivi, de loin, par Ronaldinho (34 millions FS), Michael Ballack (33,4 millions), Thierry Henry et Ronaldo (25 millions). Le joueur français le mieux payé est Djibril Cissé, qui  se fait environ 6 millions brut par an. Une misère. Selon le journal sportif allemand "Sport Bild", les 26 joueurs allemands sélectionnés pour l'Eurofoot touchent ensemble 163 millions de francs de salaire et gratifications diverses par an. Le salaire global des joueurs de la seule équipe anglaise de Chelsea totalise 464 millions.

Au total, le "marché" du foot européen lors de la saison 2006-7 a pesé 22 milliards de francs, soit 1,6 milliard de plus que la saison précédente. Les cinq championnats nationaux les plus importants (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie et France) pèsent 11,5 milliards, et la seule Bundesliga allemande a dégagé 340 millions de bénéfices.

L'Eurofoot a aussi été l'occasion pour les lobbies rôdant autour des parlementaires, et pour les grandes entreprises planant au-dessus des lobbies, de distribuer le genre de petits cadeaux qui entretiennent l'amitié et les votes. Par exemple des billets pour les matches, dans des carrés VIP. Dans l'EuroJulie du 12 juin, on apprend ainsi que l'UDC Parmelin s'est fait inviter par EOS et le PDC Darbellay par le Crédit Suisse. Mais les grandes entreprises râlent quand même : les billets sont rtares, et s'il faut se les payer au marché noir, ils sont chers. Des dizaines de grandes entreprises désireuses de faire de petits cadeaux qui entretiennent l'amitié et les affaires, sous forme de billets de l'Eurofoot, sont démarchées par des "revendeurs non autorisés" qui essaient de leur fourguer des billets pour des prix allant jusqu'à 200'00 balles pour la finale viennoise, en passant par 60'000 balles pour un France-Italie, par exemple. Une multinationale américaine basées à Genève aurait ainsi payé 90'000 francs pour dix billets de demi-finale -des billets dont on n'est même pas sûr qu'ils seront valables, l'UEFA ayant annoncé qu'elle ne laissera pas entrer dans les stades de porteurs de billets qui n'auraient pas été vendus par les vendeurs quelle a autorisés. Quand on détient un monopole, on le défend...

L'Euro2008 n'était pas terminé que les pontes de l'UEFA començaient déjà à ouvrir les caisses de l'Euro2012, organisé par la Pologne et l'Ukraine (si Poutine n'envoie pas ses chars avant) : un chantier de 46 milliards d'euros, pour des travaux d'infrastructure (stades, aéroports, hôtel.s, routes etc...) , dont sept milliards pour les seules infrastructures de Kiev, 20 milliards  avec celles des cinq autres villes ukrainiennes, plus 26 milliards pour les villes polonaises (l'Union européenne en financera la plus grande partie, sans avoir aucune capacité de régulation et de contrôle sur l'UEFA, grande organisatrice et grande bénéficiaire de manifestations payées par les collectivités publiques (locales, régionales, nationales, européenne). L'UEFA, organisation sans but lucratif (on ne ricane pas, dans le fond), et ne payant pas d'impôts (on ne pleure pas, devant), réalise un chiffre d'affaire de plus d'un milliard par an (plus de deux milliards les années d'Eurofoot, probablement plus de trois milliards en 2008). Surtout, elle entend maîtriser les droits de retransmission TV, sa principale source de revenus, dont le montant a littéralement explosé : l'équivalant de 6,9 millions d'euros en 1988, de 28,3 millions en 1992, de 80 millions en 1996, de 140 millions en 2000, de 560 millions d'euros en 2004 et de 1,3 milliard en 2008... En quatre ans, de 2004 à 2008, les droits commerciaux sont passée de 183 à 250 millions d'euros (461 millions de recettes de sponsoring et merchandising lors de l'Eurofoot 2008). Il n'y a guère que les entrées payantes dans les stades qui plafonnent (autour de 80 millions habituellement, 150 millions pour l'Euro) -c'est d'ailleurs normal, les matches et le jeu sont ce qui importe le moins dans l'Eurofoot. Mais l'opacité la plus totale règne sur le montant réel des contrats passés avec les sponsors et les partenaires privés. On ne sait qu'une chose : ils se chiffrent en dizaines de millions d'euros.

Or aucun organisme de surveillance n'encadre la bénéficiaire (l'UEFA) de cette masse financière.


SQUATTERS

" Le Journal" de l'Université (feuille bi-mensuelle) nous a appris l'installation du centre de presse de l'UEFA à Uni Dufour, durant l'Eurofoot. Sur le site de l'Etat (www.ge.ch/euro2008/pdf/GMC_Factsheet_FR.pdf) on apprenait que 600 m2 étaient mobilisés, pendant un mois. Bref, au racket des finances publiques pratiqué depuis bientôt deux ans par l'UEFA (avec la complicité active de nos zautorités cantonales et municipales) s'est ajouté le squat de l'espace public (que fait Zappelli ?). Mais connaissant le souci de transparence qui anime, dans un bel esprit d'émulation démocratique, le canton, la Ville et l'UEFA, on ne doute pas un instant qu'on saura très précisément quels accords ont été passés pour l'occupation de l'Uni par l'UEFA, par qui, et pour quel montant et quelles auront été les compensations pour les travailleurs lésés…

L'Université ajoutait que vu la proximité de ses bâtiments et de la Fan Zone" de Plainpalais, le service STEPS (Santé au travail, environnement, prévention, sécurité) elle allait devoir prendre quelques précautions : on redoutait la transformation des locaux en dortoirs, la dégradation de matériel, l'utilisation massive des toilettes. D'où mobilisation supplémentaire d'agents de sécurité chargée d'empêcher les importuns d'entrer dans l'université.


PETITION A L'INTENTION DU CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE GENEVE

A renvoyer au : Comité de citoyennes et de citoyens - Case postale 2003 - 1211 Genève 2

Pour la transparence des dépenses financières de la Ville occasionnées par les manifestations de l'UEFA

Les personnes soussignées, domiciliées sur la commune de la Ville, constatent que :

·           les manifestations de l'UEFA ont occasionné d'importantes dépenses pour la Ville

·           ces dépenses seront réparties dans différents postes des comptes de la Ville

·           les citoyennes et les citoyens de la Ville ont intérêt à connaître le montant total des dépenses publiques induites par les manifestations de l'UEFA

Elles demandent donc au Conseil municipal de la Ville de bien vouloir fournir aux citoyennes et aux citoyens de la Ville un décompte détaillé des coûts occasionnés par les manifestations de l'UEFA, notamment celui :

·           des heures de travail effectuées par les employées et les employés de la Ville en général

·           des heures de travail effectuées par le personnel administratif

·           des heures de travail effectuées par les ASM et les AM

·           des heures de travail effectuées par le service du SIS

·           des heures de travail effectuées par le service de la Protection civile

·           des heures de travail effectuées par la Voirie (voire par les jeunes qui auraient collaboré)

·           du total des heures supplémentaires accomplies

·           des aménagements spécifiques mis en place sur la Plaine de Plainpalais et au Bout du Monde

·           des aménagements pour l'accueil spécifique des visiteuses et visiteurs venus d'ailleurs

·           de l'aménagement des sanitaires

·           des installations de santé et du personnel social ou médical

·           de toutes autres dépenses publiques liées à ces manifestations (cadeaux, frais de déplacement, frais administratifs, frais de publicité, etc).

NOM                           PRENOM                   ADRESSE                               SIGNATURE

                                  

A renvoyer au : Comité de citoyennes et de citoyens - Case postale 2003 - 1211 Genève 2


EUROLEX

Le plan des zautorités pour l'Euro2008 à Genève, plan subtilement nommé "Eurolex" (sed lex), et présenté par le Conseiller d'Etat Mark Muller, prévoyait des mesures indispensables (du genre gobelets en plastique obligatoires sur les terrasses -fallaiz se balancer directement les cannettes et les bouteilles à la gueule), la mobilisation des agents de sécurité municipaux pour la circulation routière, des ouvertures vespérales et dominicales de magasins (jusqu'à 20 heures en semaine, 19 heures les samedis, de 11 à 17 heures le dimanche) et cafés (dans lesquels on pourra fumer). Les chauffeurs de taxi, les hôteliers et les douaniers étaient invités à suivre gratuitement une formation pour apprendre à améliorer leur contact avec les touristes. Les prix des boissons étaient déplafonnés : une majoration était autorisée si elle est affichée. En tchèque, en portugais et en turc ?

Les syndicats UNIA et SIT estimaient que les patrons genevois du secteur du commerce de détail utilisaient le prétexte de l'Eurofoot pour " tenter de créer de nouvelles habitudes de consommation ", lancer "un ballon d'essai" (une baudruche de plus, quoi) en faveur de l'ouverture des commerces le dimanche. et que le Conseil d'Etat " sert les intérêts des commerçants du canton au détriment des employées et employés de la vente " en faisant "un pas supplémentaire en direction d'une libéralisation future des horaires des magasins". C'est bien vu. Et ça ne surprend pas : les zautorités genevoises s'étant mises à plat ventre devant l'UEFA, on ne voit pas pourquoi elles se seraient redressées devant les commerçants locaux. Le syndicat UNIA annonce "d'inévitables violations des droits des travailleurs". Le 15 juin, le syndicat organisait une action pour rappeler ce qu'est (ou ce qu'était) le repos dominical. On appelle les travailleurs à la messe et au culte ? UNIA et le SIT avertissaient : pour les employeurs de la vente, le " ballon d'essai à l'occasion de l'Euro 2008 risque bien de se transformer en auto-goal ". Ouais. En attendant, ce sont les travailleurs qui se sont pris un penalty. Justifiant l'ouverture prolongée des magasins pendant l'Euro, le porte-parole de la Fédération des artisans et commerçants genevois, Eric Markus, la minimisait : "Il s'agit d'un ballon d'essai"... Encore un ? Levez-vous, orages désirés...

En plus des travailleurs mobilisés pour l'ouverture vespérale et dominicale des magasins, l'Euro a mobilisé des bénévoles. Même pas payés, ceux là, pour assurer notamment l'accueil, la prise en charge, le transport des invités... Si on avait payé cette main d'oeuvre, on aurait du débourser une vingtaine de millions de francs, soit moins de 1,5 % des recettes estimées de l'Euro. Mais on allait tout de même pas écorner ces recettes pour payer des gens qu'on espère pouvoir employer à l'oeil...

Fin février, sur les 3000 bénévoles nécessaires en Suisse, il en manquait encore au moins 500, dont plus de 200 à Genève. Le coordinateur cantonal de l'Euro pour Genève expliquait que c'est la faute à l'air du temps (entendez : "la crise du bénévolat dont souffre notre pays"). Ben voyons. C'est sûrement aussi à cause de la "crise du bénévolat" que le nombre de chambres chez l'habitant proposées aux supporters étrangers restait maigre à Genève -et que celles qui sont proposées l'étaient à des tarifs défiant toute concurrence à la hausse (200 euros pour une chambre à Chancy, par exemple...) : pour 280 chambres proposées à Bâle et 261 à Berne, début janvier, on n'en recensait que 91 à Genève -et encore : la moitié provenant de Vaud, Fribourg ou de France... Finalement, à Genève, un peu moins de 400 bénévoles ont accompli plus de 15'000 heures de travail.

Quant au président de l'UEFA, Platoche, il invitait "ceux qui ne souhaitent pas faire du bénévolat" à "s'abstenir, ou demander à être salariés". C'est cela, demandez toujours, on vous écrira... Finalement, 500 "volontaires" de l'UEFA âgée de 18 à 81 ans ont pu être recrutés à Genève et ont été chaleureusement remerciés pour leur engagement par les organisateurs de l'Euro. Qui en effet peuvent les remercier -comme n'importe quel Marabout peut remercier l'andouille qu'il a escroqué.

Trois étudiantes engagées par une agence d'intérim (Top Conseil) comme barmaids intérimaires dans les Fan Zones de Plainpalais et du Bout du Monde ont été licenciées par téléphone après moins d'une semaine de travail. Elles avaient un contrat (on appelle ça comme ça) prévoyant deux jours de préavis de licenciement. Le contrat a donc été respecté. Au Bout-du-Monde, vu le résultat calamiteux de la fréquentation et du petit commerce, les intérimaires se sont fait licencier au fur et à mesure que les stands quittaient le "Fan village" déserté. La différence entre le salariat et le bénévolat, à l'Eurofoot, était assez ténue. La différence entre la sélection et la xénophobie aussi, d'ailleurs : huit jeunes noirs inscrits comme barmens intérimaires ont été recalés, et tout indique qu'ils l'ont été pour délit de couleur de peau. Dans le bureau de recrutement du personnel intérimaire, l'un d'eux a pu voir, placardée, une liste de personnel potentiel, sur laquelle tous les noms à consonnance africaine étaient tracés, sur instruction de la société "événementielle" APSA (le client du recruteur), pour qui il y avait "trop de blacks" dans le personnel potentiel. Un proche d'un candidat "black" recalé aurait en outre vu les photographies de 17 personnes non engagées : parmi elles, 13 "blacks".

Les commerçants locaux avaient trouvé dans l'Eurofoot le prétexte idéal pour étendre leurs horaires d'ouverture, le Centre commercial de la Praille, lui, s'est carrément mis au service de l'UEFA : il mettait à sa disposition l'ensemble de ses salles de conférences, son "Event Center", son parking et 500 mètres carrés de locaux. Mais le centre commercial a dû être fermé pour répondre à l'exigence de l'UEFA de ne pas concurrencer ses "marques officielles".


APRES L'EURORACKET, LES J.O.RACKET ?

Deux visionnaires, le directeur de l'Hôtel de Rhône, Marco Torriani, et le président de Genève Tourisme, Jean-Pierre Jobin, ont donc eu une idée de génie, reprise (c'est dire si c'est une idée de génie) par Mark Muller et la "Tribune de Genève"  : faire organiser les Jeux Olympiques d'hiver 2018 à Genève. C'est vrai que ça manquait à notre station de sports d'hiver. Torriani et Jobin ont donc monté un comité exploratoire, pompé 200'000 francs au Sport Toto, et sont allés quémander des soutiens moraux divers et variés. Ils ont obtenu notamment celui, comme on s'y attendait, de Mark Muller, toujours partant pour soutenir ce genre de foutaises (invariablement qualifiées de projets "ambitieux et enthousiasmant", youpie !). Dans la "Tribune" du 27 juin, le rédac'chef nous pond carrément un édito orgasmique : Non seulement "l'Euro2008 est un succès total que même le fiasco du Bout-du-Monde ne peut entamer" (faudra qu'on nous explique comment un succès contenant un fiasco peut être total...)" et l'image de la baudruche à Jobin sur le jet d'eau a été une image "parfaite", mais "dans la griserie de l'instant" (raaaah lovely) "un seul projet semble désormais capable de satisfaire l'appétit des nouveaux rois de l'événement" et de leurs porte-plumes : les JO 2018, qui ramèneraient "l'Euro aux dimensions d'une belle fête foraine", et permettraient en plus aux fétichistes de la bagnole et aux drogués du béton de nous coller la traversée routière de la rade, la troisième voie autoroutière et un nouvel aéroport. Reste plus que quelques détails à peaufiner : s'assurer "l'appui des autres cantons, de la Confédération et de la France voisine" (Ruetschi a oublié l'Union européenne et l'ONU, mais ça doit être dans l'exaltation du moment), et surtout du peuple (qui devra se prononcer), de "Swiss Olympic" (l'organe faîtier de l'olympisme en Helvétie), qui avait déclaré renoncer à une candidature suisse pour 2018, et des instances olympiques (qui, comme l'UEFA pour l'Euro, ne donneront pas leur appui mais le vendront, très cher) et du "reste du monde", qui évidemment n'a que ça comme préoccupation essentielle. Les promoteurs des JO de Genève veulent encore trouver une personnalié qui soit la "figure de proue" du projet (Mark Muller pense à Stéphane Lambiel, Pirmin Zurbriggen ou Didier Cuche, c'est dire la hauteur des figures de proue...). Et Marc Roger, alors, on l'oublie ?

Quant à nous, on va devoir tirer les leçons de l'Euroracket pour éviter les JOracket, et nous y prendre assez tôt pour faire capoter un projet encore plus imbécile que celui dont on vient de sortir. Parce que "si la candidature (genevoise) se concrétise, les Genevois devront voter en 2009". Mais aussi, si nous les y convions, à chaque demande de crédit, à chaque projet de loi, à chaque déclassement de zone, en 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017...

De toute façon, une candidature genevoise aux JO de 2018 aurait apparemment peu de chances : les Jeux Olympiques étant organisés non  par des pays mais par des villes (ce que Manuel Tornare n'a pas manqué de rappeler à Mark Muller), et les règles de Swiss Olympic (qui n'a d'ailleurs même pas été informée de la pseudo-candidature genevoise, et avait même annoncé qu'il n'y aurait pas de candidature suisse pour les jeux de 2018) imposant une ratification des candidatures par vote populaire (communal ou cantonal, voire les deux), les Genevois (de la Ville en tous cas, et du canton en plus, vraisemblablement) devront obligatoirement être consultés, et pas seulement sur le principe : aussi sur un crédit d'investissement, une subvention, une garantie de déficit -bref, le montant officiel du racket. Racket dont Mark Muller assure qu'il n'a "aucune idée".

Et c'est là qu'on va rigoler. Parce que le budget d'une plaisanterie du genre JO d'hiver va avoisiner les deux milliards (c'était le budget des JO de Turin en 2006), soit deux ans de budget total de la Ville. Dans une Ville (et un canton) incapables de payer les 150 millions de son stade vide, c'est peut-être un peu excessif. Autant dire que le gag de Jobin et Torriani risque de faire long feu. D'autant que pour "Swiss Olympic", une candidature suisse pour 2018 n'aurait "pas de sens et quasiment aucune chance", les jeux précédents (2014) se déroulant déjà en Europe (à Sotchi, en Russie, aux portes de l'Abkhazie et de la Géorgie, va y'avoir du sport) et la règle étant celle d'un tournus entre continents (il y a déjà deux candidatures asiatiques et une candidature américaine).. En plus, Swiss Olympic doute de la ferveur populaire invoquée par Mark Muller. Et Manuel Tornare de la pertinence de la comparaison avec l'Eurofoot : organiser des Jeux Olympiques, même d'hiver, c'est autrement plus complexe que d'accueillir trois matches de foot.

Cela dit, faut les comprendre, les taborniaux qui veulent organiser des JO d'hiver à Piogre : comme l'UEFA, le CIO est une gigantesque pompe à fric (depuis le début de l'ère Samaranch, en 1984). Durant l'olympiade 2004-2008, le mouvement olympique aura perçu cinq milliards de revenus. Plus de la moitié (53 %) des revenus du mouvement olympique proviennent des droits de retransmission télé, les sponsors suivent avec 34 %, la billetterie traîne avec 11 %, les produits dérivés dérivent avec 2 %. Le CIO perçoit 8 % de cette manne et reverse le reste aux comités d'organisation des Jeux, ainsi (mais dans une moindre mesure) aux fédérations des sports olympiques et aux comités olympiques nationaux, et quelques miettes au comité international paralympique et à l'Agence mondiale antidopage. Dans un programme de financement "TOP" (T he Olympic Partner") étaient réunies pour les JO de Pékin douze multinationales (Coca-Cola, Visa, Panasonic, Kodak, McDonald's, Samsung, Lenovo) qui ont payé 866 millions de dollars le droit d'utiliser l'emblème olympique. Dans le Comité d'organisation des JO de Pekin (BOCOG), on trouvait 35 entreprises (la plupart chinoises, mais aussi des multinationales comme Adidas ou Volkswagen) qui payaient chacune 28,5 millions (soit un milliard au total), plus des prestations en nature (VW fournit 5000 véhicules, Adidas habille les volontaires), dans l'attente d'un bon retour sur investissement (Adidas attend un retour immédiat de 100 millions, soit trois fois sa mise, et le doublement de ses points de vente en Chine). Pour la première fois, les montants perçus par le sponsoring national (700 millions) ont dépassé ceux du sponsoring international (500 millions). L'addition des deux n'atteindra toutefois pas le total des droits de télévision : 1,7 milliard de dollars). Quant à la billetterie, elle atteint tout juste (selon les prévisions) la centaine de millions. Une paille. Une grosse paille, mais une paille.

Le temps passe : en 1948, lors des premiers jeux télévisés, la BBC avait payé ses droits 800 balles. Et le CIO les lui avaient rendu, parce qu'il avait fait du bénéfice. Il fera évidemment un bénéfice incomparable en 2008, mais ne rendra rien des centaines de millions (1,737 milliard de dollars) qu'il aura encaissé en droits TV. La seule chaîne américaine NBC a payà 894 millions de dollars, ce qui lui donnait le pouvoir d'imposer les horaires des compétitions pour qu'elles passent à de bonnes heures pour ses téléspectateurs, et surtout ses annonceurs. L'Europe suivait à bonne distance, avec 400 millions de droits (pour tous les pays d'Europe réunis, de l'Alantique à l'Oural).


LA PRAILLE, MORNE TROU

Le Conseil administratif de la Ville avait des doutes sur la légalité du procédé utilisé par le canton pour faire à la Fondation du stade un cadeau lui permettant de régler sa dette à l'égard de l'entreprise Zschokke (devenue Implenia), et pour faire financer ce cadeau par le Fonds d'équipement communal. L'exécutif municipal avait donc saisi la Cour des Comptes, en février. En juin, la Cour a rendu son verdict : le racket était légal, le canton avait parfaitement le droit d'instrumentaliser le Fonds d'équipement communal pour payer les dettes d'une fondation privée. Cela dit, la Court précise tout de même qu'elle ne se prononce ni sur la constitutionnalité du procédé, ni sur la question de savoir s'il respecte ou non les droits des citoyens.

La Ville formulait trois reproches : le versement aurait été décidé sans l'accord de l'Association des communes, il aurait servi à payer la dette d'une fondation privée, ce qui serait contraire aux buts du FEC, et la dette ainsi payée était antérieure aux dispositions de la loi permettant au FEC de financer des investissements de ce genre. Réponses de la Cour des comptes :

Le Comité de citoyennes et yens contre les rackets de la Praille et de l'Eurofoot avait déposé trois recours (auprès du Tribunal administratif et du Tribunal fédéral, ceux auprès du Tribunal fédéral ayant été rejetés, sur la forme, par celui-ci, qui a nié la qualité pour agir aux recourants) contre la décision (et ses modalités) du fonds d'équipement communal de pomper dans ses ressources pour payer les dettes de la fondation du stade. Le comité a aussi dénoncé auprès du Procureur général ce qui s'apparente objectivement (sinon juridiquement) à un détournement de fonds publics.

La décision de faire un cadeau de onze millions à la fondation du stade a été prise, sur injonction du Conseil d'Etat, par le Conseil du fonds, administré par le département du Territoire (celui de Bob Cramer). Le Conseil du fonds est composé de représentants des communes et du Conseil d'Etat. Pour le Conseil d'Etat, Robert Cramer et David Hiler. Pour la Ville de Genève, c'était à l'époque Pierre Muller. Pour les communes, on avait les conseillers administratifs, maires et adjoints de Meyrin (Monique Boget) et Bellevue (Claude Etter) pour la rive droite, Cologny (Jean Murith) et Thônex (Isabel Rochat) pour la partie Arve-Lac de la rive gauche, Onex (Laurent Nicole) et Fernand Savigny (Perly-C ertoux) pour la partie Arve-Rhône.

Pour le président de la fondation, Jean-Pierre Carera, "il n'y a rien de pénal dans cette affaire, l'argent a seulement transité par la FSG pour régler ses dettes, tout s'est fait au grand jour, personne (...) n'a triché pour détourner de l'argent" ("20minutes.ch" du 20 avril). Une argumentation qu'il vaut la peine de reprendre point par point :

Quant au Conseiller d'Etat Muller, il estime que "ce qui aurait été déloyal, c'est de ne pas régler les dettes du stade". Le Conseiller d'Etat Muller a de la loyauté une conception qui rrangerait les dizaines de milliers de débiteurs privés de la République : vous avez des dettes ? adressez-vous à l'Etat, ou au fonds d'équipement communal ? ils les régleront pour vous. En puisant dans les fonds publics. Pour régler vos dettes privées.

C'est exactement ce qu'il a fait dans le cas du stade : la dette privée d'une fondation privée à l'égard d'une entreprise privée a été réglée par le fonds d'équipement communal, alimenté par 45 communes, dont 43 n'ont strictement aucune responsabilité dans le merdier de la Praille.

Ce n'est pas le coût de la construction des stades qui constitue pour les collectivités publiques la charge la plus lourde, mais les frais de fonctionnement, d'entretien, de rénovation, sur deux ou trois générations : il faut remettre l'installation aux nomes, la rénover, la réparer, l'entretenir. Et quand on veut s'en débarrasser, il faut encore payer pour la démolir. De ce point de vue, l'exemple de la Praille est particulièrement éclairant : une fois construit le stade, on n'arrête pas de payer. Et comme la rentabilité d'une installation sportive lourde est illusoire, et que s'en aporiocher dépend directement de l'existence d'un club local résident, classé dans l'"élite" du football national (voire européen), et disposant d'une "base" de supporters importante, Genève se retrouve particulièrement mal partie, avec un club relégué en division inférieure, et qui, même lorsqu'il oeuvrait en division supérieure, ne mobilisait que moins de 4000 supporters, pour un stade de 30'000 places. Le trou creusé à la Praille est ainsi voué à s'agrandir, et à s'aprofondir au fil du temps.


LE DESERT DE LA PRAILLE

Le président de la Fondation du stade, Benoît Génecand, a eu un gros coup de fatigue, et a démissionné. Pas de la fondation du stade, mais de la direction du projet  "Praille-Acacias-Vernets" (PAV), où il avait été nommé par le Conseiller d'Etat Mark Muller. Explication de Genecand, sur le fait qu'il reste à la tête de la fondation du stade mais quitte celle du projet PAV : la présidence du Stade "n'a rien de comparable en termes de charges". Sauf de charges sur les caisses publiques, mais ça, c'est pas un problème pour Muller.

Le président du Servette FC, Francisco Vinas, estime que pour couvrir les seuls frais de l'utilisation (location du stade, sécurité, éclairage) du terrain vague de la Praille par le club, il faudrait que les matches attirent 1500 spectateurs payants. Ils n'en attirent souvent pas la moitié, et n'atteignent que très rarement cette fréquentation  minimale nécessaire pour que le club ne perde pas de l'argent en utilisant le stade. Quant au stade lui-même, il lui faudrait en gros 14'000 spectateurs par match de l'équipe locale pour être rentable. Or il n'atteint pas le dixième de cette jauge :

Le 28 octobre, Servette reçoit Lugano à la Praille : 2010 spectateurs. Le stade est vide à 93 %

Le 11 novembre, Servette reçoit La Chaux de Fonds à la Praille : 1210 spectateurs. Le stade est vide à 96 %

Le 2 décembre, Servette reçoit Gossau à la Praille : 759 spectateurs. Le stade est vide à 97 %

Le 24 février, Servette reçoit Concordia à la Praille : 1782 spectateurs. Le stade est vide à 94 %

Le 19 mars, Servette reçoit Vaduz à la Praille : 839 spectateurs. Le stade est vide à 97 %.

Le 5 avril, Servette reçoit Schaffhouse à la Praille : 1117 spectateurs. Le stade est vide à 96 %

Le 16 avril, Servette reçoit Locarno à la Praille : 1063 spectateurs. Le stade est vide à 96 %

Le 21 avril, un match de gala avec de nombreuses vedettes du foot (Karembeu, Lizarazu, Zidane, Cantona...) attire 19088 spectateurs à la Praille. Même alors, le stade est au tiers vide.

Le 28 avril, Servette reçoit Lausanne à la Praille : 2011 spectateurs. Le stade est vide à 93 %.

Le 7 juin, le Portugal et la Turquie se rencontrent dans le cadre de l'Eurofoot : 29'106 spectateurs. Le stade est enfin presque plein (à 97 %). Il le restera pour les deux autres matches de l'Euro joués à Genève.

Le 26 juillet, Servette reçoit Lugano à la Praille : 1531 spec tateurs. Le stade est vide à 95 %.


STADES EN VRAC

Il y a beau temps que les stades ne sont plus des enceintes sportives, mais seulement les accessoires (encombrants et coûteux, certes) de centres commerciaux. Plus aucun stade n'est rentable. Et même pour des manifestations comme l'Eurofoot, les gestionnaires de ces pompes à fric, aspirantes mais pas refoulantes, annoncent qu'ils seront heureux de ne pas perdre trop d'argent. Le football n'est pas une activité rentable en elle-même -ce qui est rentable, c'est tout ce qu'on organise autour. Il faut 14'000 spectateurs par match de l'équipe normale pour rentabiliser le stade de Suisse, à peu près autant pour rentabiliser le stade de Genève . Le stade de Suisse, à Berne, qui a coûté 350 millions, contient des boutiques, une écoles, des salles de conférence, une centrale solaire. Et ac cessoirement un terrain de foot. Le stade de Bâle a coûté 220 millions de francs, le stade de Zurich 130 millions, le stade de Genève 240 millions.Les stades suisses accueillant des matches de l'Euro pèsent, ensemble, 930 millions d'investissements pour leur construction. Loués à l'UEFA pour l'Euro, ils ont dû y être adaptés aux frais des collectivités publiques. La facture s'est montée à dix millions à Zurich, à quinze à Genève.

Pour Jelmoli, la construction du stade de la Praille avait été le moyen de faire avaler celle de son centre commercial. Mais le groupe zurichois voulait bien maintenant vendre ce stade, avec tout le parc immobilier du groupe (une centaine d'immeubles en Suisse), pour 3 milliards et demi. Jelmoli pensait même avoir trouvé des acquéreurs : un groupe israélien. Et le 31 juillet, Jelmoli Holding annonçait la vente. Pour, deux mois plus tard, annoncer que la transaction était compromise, les acquéreurs contestant la somme convenue (Jelmoli aurait ainsi demandé 300 millions pour le seul centre de la Praille, qui ne lui en acoûté que 140)...

Le bon vieux club genevois de foot Urania Genève Sport (UGS) est résidant du plus beau stade de la République, celui de Frontenex (qui aurait d'ailleurs bien besoin de recevoir quelques miettes de ce qu'on a accordé à l'étron de la Praille). UGS est aussi locataire, par son cercle, de la Ville de Genève, pour son bistrot sis dans l'ancienne Mairie des Eaux-Vives. Or la Ville de Genève veut récupérer ces locaux pour agrandir l'Office de l'état-civil, effectivement très à l'étroit au rez-de-chaussée de la vieille Mairie. Et la Ville envisage donc de résilier le bail du cercle UGS, dont le président, le brave Alain Morisod, a écrit aux chefs des groupes politiques du Conseil municipal pour leur demander leur soutien, et leur annoncer qu'il envisage au minimum une pétition, voire une initiative pour que le bistrot d'UGS ne subisse pas le sort qui menaçait (l'imparfait est optimiste) l'Alhambar et qui a déjà frappé le Cristallina, le Radar et le Relais de l'Entrecôte -ce qui avait d'ailleurs suscité des protestations de la Ville.

Cela dit, si la Ville cherche des locaux pour son Office de l'Etat Civil, elle peut les trouver à la Praille : y'a là un grand machin généralement inutilisé, ou vide à 90 %, et dont la fonction essentielle reste celle de pompe à fric. Mais de pompe aspirante, seulement.

A Lausanne, un comité de citoyens a lancé et fait aboutir une initiative populaire communale attaquant le plan "Métamorphose" de la municipalité, pour lequel un crédit d'étude de 6,3 millions a été voté par le Conseil communal. et qui implique (du moins dans une de ses trois variantes) la démolition du vieux stade de la Pontaise et l'aménagement sur le site d'un "écoquartier", le réaménagement du stade d'athlétisme de Vidy, le bétonnage d'une partie de la zone de détente de Vidy et la construction d'un nouveau stade (de 12 à 15'000 places), d'un piscine olympique et d'un boulodrome à la Bourdonnette et d'une salle polyvalente sports-cinéma à la Blécherette.  Pour les initiants, les stades d'athlétisme et de football de la Pontaise sont un "élément clé de l'identité du nord de la ville" et doivent y rester (pas forcément à la Pontaise, quoiqu'il serait stupide de démolir le stade, comme à Genève, alors qu'il peut être rénové) mais en tous cas dans le nord de la Ville. Les initiants plaident en outre pour la mixité des affectations : "chaque quartier doit avoir des logements, du travail, des équipements publics...". La droite lausannoise, inquiète, demande que la Municipalité organise elle-même, et spontanément (ou presque) un référendum sur le projet "Métamorphose", histoire d'éviter une victoire des initiants, et surtout de faire voter le bon peuple le plus vite (et le mieux) possible. Les Verts lausannois se sont prononcés contre l'initiative, en l'accusant d'être "contraignante" (ce qui est généralement le cas des initiatives formulées), de ne pas respecter le "fonctionnement de nos institutions" (le droit d'initiattive faisant pourtant partie du  "fonctionnement de nos institutions") et de "court-circuiter" la démarche "participative" lancvée par les autorités (quoi de plus "participatif", pourtant, qu'une initiative populaire ?)...

A Bienne, le 9 décembre, 70 % des citoyennes et yens ayant consenti à voter (taux d'abstention : 73 %) ont accepté le projet d'un nouveau stade de foot et celui d'une nouelle patinoire. Le financement de ce complexe sportif est supposé être totalement assuré par un partenariat avec le secteur privé.

En Valais, et en janvier, le séminaire intégriste catholique d'Ecône a déposé un recours auprès du gouvernement contre le changement d'affectation des zones, indispensable à la réalisation du projet de stade et de centre commercial (plus éventuellement un téléphérique et une patinoire) présenté par le patron du FC Sion, le promoteur Christian Constantin, qui contrôle déjà 140'000 m2 de terrain (il en est propriétaire ou dispose d'un droit de préemption) Les écônards invoquent les "nuisances", notamment sonores, qu'ils subiraient si le stade se construisait. Y'a pourtant qu'à faire chanter les supporters en grégorien.

A Zurich, le vieux stade du Hardturm a été occupé pendant trois jours, une semaine après la fin de l'Euroboxon,  par des militants de la gauche alternative, qui y ont organisé une "Fan zone alternative" pour protester contre "la domination de l'UEFA sur l'espace public" et la "commercialisation du football". Des milliers de personnes ont participé à la fête organisé dans le stade, inutilisé depuis un an. Voilà une idée qu'elle est bonne. Et importable à Genève, où on a aussi un stade généralement inutilisé...

Les supporters des équipes suisses de foot dénoncent les tarifs prohibitifs pratiqués dans les stades du pays, surtout pour les supporters des équipes reçues (c'est moins cher pour ceux des équipes domiciliées). La différence entre le prix du billet pour le supporter de l'équipe locale et celui de l'équipe visiteuse va de 30 % à Zurich à 50 % à Berne. Dans le stade tout neuf du Letzigrund, la place la moins chère est à 35 francs : c'est 50 % de plus qu'à Milan ou Munich. A Neuchâtel et à Berne, les visiteurs payent 10 francs de plus que les hôtes; à Bâle, 11 francs de plus...

La France veut se lancer dans un vaste programme de construction de nouveaux stades, dans la perspective de l'Euro 2016 -qu'elle souhaite se voir attribuer. Les pouvoirs publics français ont mis en place une commission "Grands stades 2016", présidée par l'ancien ministre Philippe Séguin. La France veut présenter sa candidature à l'Euro 2016, et doit le faire en 2010, la désignation du pays organisateur se faisant en 2011. Il se pourrait que l'Eurofoot fasse s'affronter 24 équipes (au lieu de 16 actuellement). Mais pour l'Euro 2012 déjà, l'UEFA impose (car c'est l'UEFA qui impose, pas les collectiités publiques qui décident...) au pays organisateur huit sades d'au moins 30'000 places, dont deux d'au moins 50'000 places. Or la France ne possède que cinq stades de plus de 40'000 places. Mais treize stades vont être rénovés ou construits dans les prochaines années, à Grenoble, Lille, Valenciennes, Lens, Le Mans, Le Havre, Nice, Lyon et Strasbourg.

- A Lyon, le futur "grand stade" d'une capacité de 62'000 places pourraît être livré fin 2001.

- A Strasbourg, un Eurostadium (forcément) est projeté.

- A Lille, c'est un stade de 50'000 places, financé par les collectivités publiques de la communauté urbaine (à hauteur d'au moins 490 millions d'euros), qui est projeté. La Communauté urbaine fournirait en plus, gratuitement, le terrain. Deux autres projets de stades planent sur le nord de la France, à Valenciennes et à Lens, ce qui ferait des chtis les heureux habitants de la région à plus forte concentration de stades payés par des fonds publics, avec trois stades d'au moins 30'000 places à 30 kilomètres les uns des autres. (Lille - la folie du Grand Stade : http://rezo.net/113736)


LES AVENTURES DE RORO

Ramené manu policiari de Madrid à Genève le 11 octobre dans un avion médicalisé (le transfert a dû coûter dans les 100'000 balles, d'autant que la France avait refusé le transit de Roro par son territoire), inculpé de gestion fautive, banqueroute frauduleuse, escroquerie, abus de confiance, l'ancien patron du FC Servette, Marc Roger s'est vu refuser ensuite à moult reprises sa mise en liberté provisoire, le 19 octobre, le 14 décembre, le 5 février,  le 12 février, le 4 avril, le 20 mai, le 4 juin, le 28 juillet. A chaque fois le même argument pour le même refus : le risque de fuite, chat échaudé craignant l'eau froide, et de collusion (faut dire que du naufrage du Servette, Roro est le seul responsable éventuel à être en tôle). Le dossier ayant été  transmis au Ministère public, la Chambre d'accusation a estimé que le risque de fuite était aggravé, et le Tribunal fédéral a confirmé. Pourtant, Roro a tout osé : il a non seulement promis, juré, qu'il ne s'enfuirait pas, mais même assuré qu'il voulait rester à Genève... pour reprendre le Servette, grâce au règlement de créances impayées pour 30 millions de francs.

Le procès de Roro devrait s'ouvrir le 1er septembre, devant la Cour correctionnelle avec jury. Pluie annoncée de témoins (pas moins de 95) plus ou moins crédibles et plus ou moins utiles à la manifestation de la vérité : Pelé, Bernard Tapie, Alain Morisod, Guy Roux (increvable entraîneur de l'AJ Auxerre), Thierry Henry, Patrick Vieira, Claude Makelele (joueurs français), Roman Abramovic (milliardaire russe, président du FC Chelsea), Sepp Blatter (président de la fédération du foot-pognon)...  D'ici là, et pendant tout le procès, le bouc émissaire doit rester dans son enclos, estiment les parties civiles. Les avocats de Roger étaient évidemment d'un autre avis, estimant qu'une détention préventive de deux ans est disproportionnée par rapport à la peine encourue, et proposaient sa mise en liberté conditionnelle contre une caution de 40'000 francs, que le parquet estimait insuffisante -sans pour autant s'opposer à la remise du bouc émissaire en stabulation libre, mais moyennant une caution plus élevée. Roro affirme être totalement fauché, mais la justice genevoise a enquêté sur un compte qu'il avait ouvert  en 2001 au Luxembourg, et dont la rumeur suggérait qu'il était encore crédité d'un petit million, alors que lui affirmait qu'il était à sec depuis 2003. C'est presque le cas : le compte a été en grande partie vidé avant l'arrivée de Roro au Servette en 2004. Il avait été alimenté en 2001 et 2002 par des commissions versées pour le transfert du joueur Clude Makelele en Espagne.

Dans la même procédure que Roro sont impliqués son ancienne avocate, Marguerite Fauconnet, le patron d'une fiduciaire zurichoise et l'ancien administrateur du Servette FC, Olivier Maus, qui s'est opposé à ce que sa déclaration fiscale soit versée au dossier, a demandé des compléments d'expertise financière (qui lui ont été  refusée) et accuse de la faillite du SFC son ancienne équipe dirigeante, dont son ancien président, l'actuel Conseiller national libéral Christian Lüscher, ainsi que les deux anciens administrateurs Olivier Carrard et Alain Rolland (de Jelmoli) que Maus accuse d'avoir tout fait pour repousser une faillite inéluctable, et d'avoir enjolivé la situation du SFC pour pouvoir le fourguer, moribond, à Roger. Même les accusateurs de Marc Roger sont d'accord que "le club a été artificiellement sauvé" en 2004, et que "tout le monde a été dupé", comme le reconnaît le procureur Zanni, pour qui il est "risible de dire qu'on ne savait pas" que le club avait besoin de 15 millions "pour sortir la tête de l'eau"... "J'ai acheté le club en croyant qu'il avait un passif de 4,5 millions de francs. En réalité, il était de 14,5 millions. Les dirigeants du Servette FC qui m'ont vendu le club ont dilapidé l'héritage légué par Canal Plus", a déclaré (en octobre dernier) Marc Roger, qui a promis qu'il allait "prochainement" publier sur internet les preuves comptables qu'il s'est fait avoir par les dirigeants du Servette à l'époque où il l'a acheté. On attend. Avec impatience.

En attendant, Roro est seul à payer les pots cassés. Et ça fait 20 mois qu'il est au gnouf.Au passage, son avocat, Alain Marti, a été inculpé de faux dans les titres, pour avoir produit un document selon lequel un notaire genevois disposerait de l'argent pour "sauver Servette" de la faillite. Et même largement : selon ce "document", près de six milliards de francs seraient en mains du notaire, ce pactole provenant d'une invention géniale d'un Libanais, Joseph Ferraye, qui aurait découvert le moyen d'éteindre les puits de pétrole incendiés en Irak. L'avocat de Roger se trouvait donc à l'automne 2007 inculpé pour avoir produit le document supposé prouver que le notaire détenait cette fortune. L'avocat admet avoir produit le document, mais plaide la bonne foi. Celle du charbonnier, sans doute.

Pour compléter le palmarès de Roro, on l'accuse non seulement d'avoir à lui tout seul coulé le Servette, mais aussi d'avoir payé des hommes de main pour menacer un débiteur récalcitrant, et tenter de lui extorquer 150'000 balles. Dans cette affaire, Marc Roger n'est cependant entendu qu'à titre de témoin, puisque ce sont les hommes de main qui sont passés devant le tribunal en novembre.

Roro n'est d'ailleurs pas seulement accusé devant la justice genevoise, il est aussi de temps à autre accusateur. Le 16 janvier, il est sorti de sa geôle pour accuser devant le Tribunal de police un ancien journaliste du "Temps", contre qui il a porté plainte pour diffamation et qu'il accuse d'avoir par un article paru en décembre 2004 fait capoter le sauvetage du Servette par de mystérieux investisseurs russes, qui étaient (selon Roro) prêts à y balancer trois millions de francs, mais y auraient renoncé après avoir lu dans l'article que Roro était recherché par la police espagnole pour avoir falsifié une lettre de change et avoir été compromis dans la faillite du club de foot FC Lorca.

Pour couronner le tout, le père de Roro s'est lui aussi retrouvé au gnouf, à la mi-novembre, et pour un peu moins de deux ans, pour abus de biens sociaux, faux et usage de faux: il avait utilisé les fonds de deux sociétés, à raison de 2,7 millions d'euros,  pour nourrir le club de foot dont il était président, l'Olympique d'Alès (l'argent a servi à payer des loyers, des déménagements et des cadeaux aux joueurs et à leurs proches).

Enfin, Roro a écrit (ou plutôt fait écrire par le journaliste Michel Biet) ses mémoires. Il avait commencé à le faire juste avant son arrestation, en février, mais n'a pas trouvé d'éditeur, parce qu'il demandait une avance excessive sur ses droits d'auteurs. L'agence de presse DATAS a obtenu une copie des Mémoires de Roro, et "Le Courrier" nous en a fait un chti résumé (dans son édition du 25 juin). Roro décrit les réseaux de copinage, les magouilles et les habitudes du "footbusiness", mais n'apporte pas de révélations particulières : il nous décrit un milieu pourri, qu'on savait déjà pourri avant qu'il nous le décrive. Il se présente lui-même comme la victime d'un système mafieux, qu'on sait pertinemment être mafieux. Il regrette d'avoir mis quinze ans pour comprendre qu'il se trouvait dans un "milieu sans foi ni loi", ou "tout est permis pour la vente ou l'achat d'un joueur", et où règnent "les arrangements, les dessous de table, les retro-commissions, les menaces, les parties de poker menteur, les arnaques", avec comme acteurs des joueurs "âpres au gain", des dirigeants, des agents, des "intermédiaires véreux" et des entraîneurs, "prêts à tout, pour toujours plus d'argent", le tout sur fond de  retro-commissions, de fraude fiscale, d'évasion fiscale, de transactions en liquide ou par chèques sur des comptes dans des paradis fiscaux... le sport professionnel, quoi, dans toute sa beauté.

Fin mai, la mise aux enchères des reliefs du Servette de Marc Roger (les affaires saisies lors de la faillite de la SA) ont pris des allures de bradage. la machine à imprimer les maillots, qui vaut 10'000 balles, est partie pour 500 balles, la veste de Roro et une vingtaine de survêtements sont partis pour 90 balles, les maillots estampillés du nom des joueurs ont plafonné à quelques dizaines de thunes.


LES AVENTURES DU SERVETTE

Deux investisseurs iraniens, Canadiens et Français d'adoption, Majid Pishyar et son  fils Amin, à la tête d'un groupe industriel de Dubaï (32Group) et de plusieurs sociétés, dont la "Swiss Financial Consulting Services" à Genève, et qui étaient entrés dans le comité du Servette au début novembre, projettaient carrément de le racheter (pour huit millions), de le transformer en société anonyme, de créer une structure, du marketing, des finances solides, un management professionnel, un centre de formation... et de le faire remonter en "Super League". Majid Pishyar est "l'homme du futur pour Servette", assurait l'actuel président du club, le brave Francisco Vinas, avant de couper les jambes dudit "homme du futur". Ceux qui cherchent des poux dans la coiffure de Micheline Calmy-Rey parce qu'elle s'est rendue en Iran n'auraient certainement pas manqué de protester contre l'hypothèse d'un achat du Servette par des Iraniens,  mais, patatras ! "La Tribune" du 7 juin annonçait que "l'homme du futur" n'était vraisemblablement plus que celui du futur antérieur : le président Vinas a fait annoncer sur le site internet du club que "Messieurs Pishyar voulant s'en tenir à des assurances de nature générale", sans signer les quinze pages de convention proposée par Vinas, "il n'a pas été possible d'obtenir des engagements jugés suffisants". L'Occident chrétien est sauvé. Surtout que les Pishyar se sont déjà illustrés dans la reprise d'un club de foot autrichien, Admira Wacker Modling, de Vienne, huit fois champion d'Autriche, mais mis en liquidation judiciaire après avoir été présidé par Majid Pishyar. Le club a d'ailleurs ensuite purement et simplement disparu. Toute la famille Pishyar siègeait au comité du club (le père, ses fils et son neveu), ce qui n'a pas empêché le club d'être deux fois relégué, la deuxième fois "sur le tapis vert" en raison d'une garantie bancaire non versée par le clan Pishyar. Finalement, le 7 juillet, et par sept voix contre cinq (mais en l'absence des deux Pishyar), le comité de l'association du Servette refusait le plan Pishyar, et donc la passation de pouvir entre Vinas et Pishyar. Du coup, l'entraîneur pressenti du FC Servette, Gérard Castella, qui s'était engagé au côtés des Pishyar, a jeté l'éponge, et Jacques Barlie veut la tête de Vinas. 

Le 23 mai, les objets saisis dans le cadre de la faillite du Servette FC ont été bradés par l'Office des faillites, dans une vente aux enchères qui a pu éventuellement (et encore, on  n'est pas sûrs) rapporter de quoi payer les frais de la vente aux enchères. Du fond de son trou, Marc Roger s'étonne : les coupes gagnées par Servette, les drapeaux de ses adversaires, les maillots de Pelé, Zidane, Henry ou Ronaldinho offerts au club n'ont pas été mis en vente, et ont disparu.

S'il n'y avait que ça qui ait disparu... En fait, y'a que Roger qu'on ait réussi à garder.


JELMOLI, JELMOLO ET JELMOLLAH

Jelmoli a ouvert à Alger fin juin le chantier d'un Centre commercial inspiré de celui de la Praille, à Genève. Ce sera le premier centre commercial algérien, après celui de Riadh el Feth. Il s'étendra sur 32'000 m2, comprendra en sus 17'000 m2 de bureaux, emploiera un millier de personnes et sera situé dans le quartier de Bab Ezzouar, entre Alger et son aéroport. L'ouverture du centre est prévue à l'automne 2008. Le devis du projet atteint 70 millions de francs suisses. Jelmoli espère pouvoir ensuite construire d'autres centres commerciaux à Oran, Annaba, Constantine, et un second centre à Alger. Jelmoli a créé en Algérie une société par actions, de droit algérien, au capital de 10 millions de dinars (en viron 180 millions de francs suisses), détenu à 45 % par Jelmoli et à 55 % par deux sociétés genevoises, Darsi et Valartis. Le partenaire bancaire algérien du projet est le Crédit populaire algérien (CPA), en voie de privatisation, ce qui, déclare le directeur général de Jelmoli, Alain Rolland, a "renforcé notre confiance". Alain Rolland a en outre souligné "les excellentes conditions d'implantation" dont Jelmollah a bénéficié en Algérie, "grâce à une administration efficace et rigoureuse", a affirmé n'avoir jamais rencontré en Algérie "la moindre forme de corruption" et a exprimé sa convictio n qu'on devrait assister en Algérie "à une prompte diversification des ressources du pays et une hausse du pouvoir d'achat de ses habitants".

On est toujours ébahi devant la sincérité et la pertinence des déclarations de Jelmolo.

Un mois après avoir ouvert son chantier algérois, et deux mois après avoir vendu à la Coop la marque Fust, pour 990 millions de FS, Jelmoli (plus précisément sa filiale immobilière) vend à un consortium d'investisseurs israéliens 98 immeubles (et les impôts qui vont avec), plus des options pour le rachat du centre commercial de la Banhofstrasse zurichoise et la Jelmoli Bonus Card. La valeur de ces 98 immeubles (grands magasins, boutiques, bureaux, centre commerciaux, pour une surface totale équivalant à une centaine de terrains de foot) était estimée à 2,7 milliards de francs, et la vente a atteint 3,4 milliards, soit le tiers de toutes les transactions immobilières effectuées en Suisse en 1996 (quand on pense que Jelmoli ne voulait pas payer quelques millières de cette somme pour renflouer le stade de la Praille, que cette modeste entreprise avait réussi à coller aux genevois pour faire passer son centre commercial...). Le portefeuille immobilier de Jelmoli en Russie est exclu de la transaction.

Les biens vendus par Jelmoli comprennent d'ailleurs le centre commercial de la Praille (et celui de Carouge), ainsi que le Globus de Genève (ex-Grand Passage). On n'aurait pas pu en profiter pour fourguer le stade (dont Jelmoli est l'un des principaux actionnaires) au consortium acheteur, pour le franc symbolique qu'il vaut (et encore, on est optimistes) ?

MILLE ET UNE NUITS (EN VINGT-CINQ VOLUMES)

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) a décidé d'autoriser sans préalable ("devoir d'autorisation") l'ouverture des commerces (et dont la mise au travail de leurs employés) jusqu'à minuit et le dimanche dans les villes hôtes des matches de l'Euro 2008, du 7 au 28 juin, pendant la compétition, mais également dans les villes qui ont prévu des écrans géants rediffusant les matches (par exemple Lausanne, Nyon, Vevey, Yverdon). Le SECO renonce donne donc une autorisation globale, mais les autorisations définitives resteront de la compétence des autorités locales (municipales ou cantonales, selon les cantons : cantonales à Genève). A Berne, les autorités (municipales) sont très réticentes à autoriser des ouvertures prolongées en semaine. Evidemment, les chtis commerçants (et plus encore les gros) sont enthousiastes, au prétexte d'éviter que "les touristes ne trouvent une ville morte". Evidemment aussi, les syndicats protestent : le Seco (en l'ocurrence sa direction du travail, dirigée par l'ancien syndicaliste USS Serge Gaillard) s'est fondé uniquement sur des critères consuméristes, en occultant totalement les intérêts des travailleurs. En voilà une surprise. L'Etat s'apprête à ouvrir des négociations, les syndicats à organiser des actions de blocage, les commerçants, persuadés que l'Euro2008 aura un effet favorable sur leurs recettes, à produire un "projet commercial global".

Le département cantonal genevois de l'économie et de la santé (celui d'Unger) se dit favorable à une "animation" impliquant l'ouverture prolongée des commerces : "animation" venant, étymologiquement, d'"anima", l'âme, on dira que Genève aura l'âme qu'elle mérite.

EUROBOURRAGE DE CRANE

Grâce (ou à cause) d'un projet scolaire binational austro-suisse, "Fait Play Euro Schools" (l'anglais étant comme chacun sait la langue commune de l'Autriche et de la Suisse), un mini-Euro mixte sera organisé en juin, opposant des écoles moyennes (le Cycle d'Orientation, à Genève) de Suisse d'Autriche, chaque équipe représentant un pays européen (participant ou non à l'Euro officiel). Au sort, Genève a tiré l'Allemagne.

Cette compétition devant opposer des ados (en gros, de 12 à 15 ans), fallait trouver quelque chose pour les plus petits. Donc, dans la perspective d'une "promotion durable du sport", toutes les classes primaires qui le désirent (et quelques unes qui ne le désirent pas mais à qui on va tout de même l'imposer) recevront un "Euro-kit", destiné aux enfants de cinq à dix ans. De cinq à dix ans d'âge légal. Parce que si on devait le distribuer à tous les supporters de cinq à dix ans d'âge mental, les stocks seraient insuffisants.

Bien marrie, la Migros qui avait cru pouvoir surfer sur une hypothétique vague d'enthousiasme féminin pour le foot à l'approche de l'Euro, et qui avait annoncé à Genève, Neuchâtel, Fribourg, Bulle, Sion et dans le canton de Vaud des cours de son Ecole-Club sur les règles du foot (trois séances de cinquante minutes, pour 50 balles), en proclamant avec un peu de précipitation que ce cours est de tous ceux prévus dans la perspective de l'Euro celui "qui a rencontré le plus large écho"... Résultat : à Genève, le cours de juin a été annulé faute de participantes, aucune inscrption n'était enregistrée pour les cours d'octobre et de novembre, itou à Neuche, Fribourg, Bulle et Sion, et dans le canton de Vaud ce sont tous les cours de foot qui ont été annulés.

La femme est décidément l'avenir de l'homme.

Et tout ça n'empêche pas l'entraîneur-adjoint de l'équipe suisse, Michel Pont (comme la lune) d'affirmer dans "la Tribune de Genève" (du 22 août) que "l'identification de la population à l'équipe helvétique concerne toutes les régions du pays".

La chaîne de grands magasins Manor a aussi eu l'idée d'ûtiliser l'Euro2008 pour sa propre pub : elle a lancé une opération "ballon rouge" en s'inspirant du concept des relais de la flamme olympique, le ballon en question étant intelligemment placé au départ au sommer du Cervin, pour ensuite se promener en Suisse jusqu'à Bâle, où il arrivera la veille du match inaugural de l'Eurofoot, le 6 juin 2008. "On tient à passer par tous les endroits connus situés à proximité de nos magasins", explique le responsable du sponsoring de Manor, Markus Laub : en Valais, ça a par exemple été la vigne de Farinet, et à Lausanne le Musée olympique. A Genève, on sait pas. Mais y'a sûrement des chiottes publiques pas loin des magasins Manor.

On ne comptera en tous cas pas sur la presse romande pour une critique de l'Euro 2008 : les huit principaux quotidiens régionaux romands (La Tribune de Genève, 24 Heures, L'Express, l'Impartial, la Nouvelliste, la Liberté, le Journal du Jura et le Quotidien Jurassien) mettent leurs "forces en commun" pour servir la soupe à l'Euro2008, proclamé carrément "plus important événement sportif du siècle organisé en Suisse". Ce siècle n'ayant que six ans, on admire la prescience du pool de supporters pour les 93 années à venir après l'Euro.

On notera l'abence dans cette belle équipe du "Temps" (probablement considéré comme un quotidien national, et non régional) et du "Courrier", vraisemblablement considéré comme potentiellement trop critique).

Quant à la télévision nationale (la SSR, donc), elle a conclu un partenariat avec l'UEFA pour l'Euro 2008 : "UEFA EURO 2008 with SRG SSR idée suisse". On notera le "with" plutôt que le "mit", "avec" ou "con" (qui même en français s'imposerait). Mais on a quand même échappé à une devise tout à fait nationale idée suisse, proposée par le dirgé de la SSR, Armin Walpen, pour "motiver le personnel" de la boîte, au cas où il aurait quelque réticence à se mettre à la botte de l'UEFA : "We light the Euro fire"...

Enfin, un barman genevois, Daniel Pion, a créé des "coktails officiels de l'Euro 2008", dont un sans alcool : nectar de fraises du Valais et d'abricot, avec un jus de pomme pétillant.

C'était inutile : le cockail officiel de l'Euro, on le connaît déjà : un tiers de nectar d'arnaque, un tiers de jus de racket et un tiers de blabla. Servir tiède, mais réchauffer si besoin est.

Le coordinateur de l'Euro2008 pour Genève, Michael Kleiner, dit vouloir "céer une fête formidable avec cet Euro et présenter une Genève festive et chaleureuse". Et pour cela, il espère des matches engageant la France et l'Italiue, ou éventuellement, on n'est pas difficiles, l'Espagne ou le Portugal, vu la force des communautés espagnoles et portugaises à Genève. "Il y aurait de l'ambiance", soupire Kleiner, qui visiblement ne compte pas trop sur les indigènes pour mettre ladite ambience.

CULTURLUTUTU EURO POINTU

Le projet (alibi) de faire accompagner l'Euro2008 de manifestations culturelles risque fort d'être un bide : le seul projet à l'échelle nationale, imaginé par le Musée du sport de Bâle ("1924, nous allons reconquérir le titre") pourrait lui-même être annulé, faute d'argent. Le budget public initial de 3,5 millions a été réduit de plus de la moitié (il n'en reste qu'un million et demi), et les sponsors se font très, très rares.

ECOLEURO

L'Euro 20008 sera écologique, si, si, ce sont les ministres suisse et autrichien de l'environnement, Moritz Leuenberger et Josef Pröll, qui l'ont assuré en signant le 25 juin une "charte pour un Euro 2008 durable". ça veut dire quoi, un "Euro 2008 durable" ? ça veut rien dire.

Ah si : dans les stades, des gobelets réutilisables seront utilisés, et les supporters devront trier leurs déchets.

Quant aux hooligans, ils sont priés de confectionner les cocktails Molotov avec de l'essence sans plomb, et les flics de taper sur les hooligans avec des matraques Max Havelaar.

POMPE A FRIC

Le ministre neuchâtelois des Finances, Jean Studer se demande, comme nous, si les collectivités publiques ne sont pas en passe de se faire joliment empapaouter par les organisateurs de l'Euro2008 : selon lui, les coûts de sécurité du machin seront largement supérieurs aux 64,4 millions annoncée (partagée entre la Confédération, pour 35,7 millions, les cantons et les villes (28,7 millions), puisque cette projection ne tient pas compte des coûts supportés par les cantons non-hôtes des matches, mais devant tout de même contribuer à la mobilisation des forces de l'ordre : les cantons romands (hors Genève) devraient ainsi payer 16 millions, et les cantons alémaniques (hors Zurich, Bâle et Berne) au moins autant, ce qui fait déjà monter la facture à 100 millions, soit 50 % de plus que prévu. Et sans compter les frais de sécurité liés à l'installation des écrans géants dans des villes et des cantons n'accueillant pas de matches.

En revanche, le coût de l'appel à des flics étrangers (français et allemands) serait couvert. On est rassurés.

Le Conseil administratif Pierre Maudet assure qu'il va "remettre en cause" la pratique de la Ville de céder gratuitement l'usage du domaine public à des privés ("Tribune de Genève" du 21 septembre 2008), et qu'il va donc revenir sur les largesses de son prédécesseur, André Hediger.

On verra ça lors de l'Euro 2008, quand la plaine de Plainpalais sera squattée par les organisateurs de la fête à beaufs.

On le sait, les promoteurs de l'Euro2008, et leurs commis politiques, ont largement évoqué les mirifiques avantages ("retombées") économiques de la chose pour les pays et les villes hôtes, tous les grands événements sportifs étant supposés être largement bénéficiaires. Mais bénéficiaires à court terme, et quand on ne tient pas compte des coûts d'infrastructure, des effets de substitutions (touristes évitant les lieux où se déroulent les manifestations sportives, supporters restreignant leurs dépenses de visiteurs pour amortir le coût d'un billet), de la charge financière des nuisances liées aux manifestations et aux infrastructures, des éventuelles désordres liés au hooliganisme...

On se rappellera utilement que trente ans après les jeux olympiques de Montréal (1976), les habitants de la ville payent encore la dette (1,5 milliard d'euros) laissée par les infrastructures des jeux, et que quinze ans après les jeux olympiques d'Albertville (1992), les équipements olympiques sont sous-utilisés.

On se rappellera surtout que l'essentiel de l'impact économique positif du sport (pour ne rien dire de son impact social positif) vient de sa pratique en amateur. En France, celles-ci génèrent un chiffre d'affaire de plus de 25 milliards d'euros, alors que le sport business en génère sept fois moins (3,3 milliards) ("Le Monde" du 4 septembre).

RECRUTEMENT DE BENEVOLES POUR UNE POMPE A FRIC

La campagne de recrutement de bénévoles en vue de l'Euro2008 a débuté (elle va se poursuivre jusqu'àé fin octobre, et reprendra en décembre), et les syndicats s'inquiètent. 2700 volontaires sont recherchés dans les villes-hôtes, dont 400 à Genève, en plus des 5000 bénévoles recrutés directement par "Euro 2008 SA". Ces volontaires, baptisés (évidemment en anglais) "host city volonteers", seront chargés notamment de l'information du public, de l'accueil des supporters, de l'aide à la "mobilité du trafic", de l'entretien et du nettoyage, du transport de personnes... toutes tâches qui auraient pu être confiées à des professionnels, mais voilà : les professionnels, faut les payer. Les syndicats, notamment UNIA, ont fait savoir que s'ils n'étaient pas opposés en principe au bénévolat, c'était à la condition qu'ils ne servent pas des dessins lucratifs. Or la société organisatrice de l'Euro, Euro2008 S.A., est une société à but lucratif, et elle entend bien exploiter (gratuitement) des bénévoles plutôt que de payer des salariés, pour des tâches nécessitant des compétences professionnelles (informatique, travail avec les media). "Il n'est pas acceptable qu'une entreprise qui retirera d'énormes bénéfices de l'événement fasse alors travailler des personnes grauitement". Pas acceptable, certes, mais pas surprenant non plus : quant on pompe des millions dans les caisses publiques, on peut aussi en gratter d'autres sur les salaires.

UNIA exige donc des organisateurs de l'Euro2008 qu'ils garantissent des conditions de travail correctes pour les milliers de volontaires et de salariés impliqués dans l'Euro2008, qu'ils respectent les conventions collectives et que là où il n'y a pas de convention collective, un salaire horaire minimal de vingt francs de l'heure soit respecté.

On peut toujours rêver.

EUROBASTON

Le 23 septembre, lors d'un match opposant en Haute-Savoie Ayze à Magland, un joueur de l'équipe de Magland a tenté de lâcher son chien (un molosse) contre l'arbitre après que celui-ci ait sanctionné l'un de ses coéquipiers. Fuite des uns, prise du chien à partie par les autres. Le joueur à cléb rd rejoint son équipe dans les vestiaires, et le chien, pas sectaire, attaque le gardien et le mord à le cheville.

EUROPOULETS

Un match amical entre la Suisse et les Pays-Bas, le 22 août à la Praille, a permis à la gendarmerie genevoise de tester le "concept sécurité" élaboré pour l'Euro 2008. Le commandant de la gendarmerie, Christian Cudré-Marcoux, se dit satisfait du test, quoique un peu inquiet des problèmes de billetterie (lecture des code-barres à l'entrée du stade) et de buvette (manque de personnel) : "c 'est le cumul de ces microproblèmes qui peut poser des problèmes", résume le pandore en chef.

Par ailleurs, la presse s'est faite l'écho de rumeurs selon lesquelles des militants islamistes arrêtés récemment en Autriche et au Canada projeteraient des attentats dans les villes hôtes de l'Euro, pendant l'Euro. Les autorités suisses et autrichiennes ont démenti. A toutes fins utiles, nous adressons un message à Oussama Ben Laden : si vous voulez balancer un avion sur le stade de la Praille, faites-le quand il est vide. Vous n'aurez que l'embarras du choix du moment.

En attendant, le Conseiller fédéral Samuel Schmid et le Conseiller d'Etat Mark Muller se font rassurants : "l'Eurofoot ne prendra pas les allures d'un nouveau G8" ("Le Temps" du 24 août), "les vitrines genevoises ne seront pas barricadées" et l'Euro2008 sera "avant tout une fête populaire"... S'ils le disent... Mais le G8, finalement, ça a bien été une grande fête populaire...

Selon le Conseiller fédéral Samuel Schmid, on surestime les risques de violences pendant l'Euro 2008 : 0,4 pour mille des spectateurs du Mondial 2006 ont été des perturbateurs (9000 interpellation pour, au total, 22 millions de spectateurs). Ce qui, sur 90'000 spectateurs attendus à Genève, fait tout de même entre 350 et 400 fouteurs de merde pour notre bonne ville.

Le canton de Genève va adhérer à un concordat intercantonal instituant des mesures contre la violence lors de manifestations sportives, concordat dont le texte est mis en consultation auprès des ministres cantonaux de la police. Le concordat prévoit des mesures d'interdiction de périmètres des obligations de se présenter à la police, des gardes à vue etc... Et si les cantons ne parvenaient pas à s'entendre, le Conseil fédéral agite la menace de légiférer lui-même pour sécuriser les stades.

La loi actuelle, en vigueur depuis janvier, prévoit déjà la création d'une banque de données (opérationnelle depuis le 1er mars) recensant les hooligans et la possibilité de les interdire de s'approcher d'un stade ou de se rendre à l'étranger. Elle prévoit aussi la possibilité de leur imposer de se présenter à la police, ou de les mettre en garde à vue (s'ils ont au moins 15 ans, les autres mesures s'appliquant dès l'âge de douze ans. Mais ce dispositif est limité dans le temps, et deviendrait caduc dès la fin 2009, d'où l'idée d'un concordat entre cantons, qui pourrait prendre la suite.

La grande fête populaire annoncée pour l'Euro 08 a une drôle de couleur (vert de gris) : Un engagement de police intercantonal "de dimensions exceptionnelles" est prévu pour l'Euro 2008, et une demande d'aide auprès de pays étrangers est possible "en dernier ressort", notamment pour un apport de flics allemands et français. Un seul match à risque devra mobiliser 900 policiers pour le seul maintien de l'ordre. De plus, les villes hôtes ont été invitées par notre glorieuse armée à préparer un "modèle de requête de soutien pour l'Euro-08" : le comique de la chose tient au fait qu'on se retrouve avec une armée si peu convaincue de sa propre utilité qu'elle va proposer ses services aux autorités civiles, pour des tâches ne relevant nullement d'une mission militaire. L'histoire du gros truc inutile à quoi on cherche désespérément une affectation utile, ça ne vous rappelle un peu l'histoire du stade de la Praille ?

EUROTAPAGE

Le programme "sleep-in", supposé permettre aux spacxtateurs des matches de l'Euro de se faire louer une chambre ou un appartement par des indigènes, fait un bide à Genève : non seulement il n'y a que 42 hôtes à s'être annoncés pour louer une chambre ou un appart', mais la majorité de ces hôtes crêchent dans le canton de Vaud ou en France.

L'autre programme d'accueil, destiné celui-ci aux victimes des nuisances provoquées autour de la plaine de Plainpalais par les réjouissances de la fête à blaireaux installée sur la plaine pendant l'Euro, fait un bide encore plus retentissant : cinq personnes, en tout et pour tout, se sont annoncées. Seule réaction de Mark Muller : tant pis pour les riverains, il faudra qu'ils soient compréhensifs à l'égard des bruits de la fête.

Le société NEPSA du député radical Frédéric Holh a prévu d'installer deux écrans géants pour la retransmission des matches, trois ou quatre concerts "géants" en plein air. L'autre radical de service, Pierre Maudet, assure que "tous les services" dont il a la charge (pompiers, voirie, pritection civile, agents de ville) seron t "sur le pied de guerre pendant le mois de juin". Ils ne seront pas les seuls : les riverains de Plainpalais aussi.

LA PRAILLE, MORNE PLAINE

Salué dans l'exaltation par la bonne presse locale et régionale, un nouveau-né nous est donné : le futur quartier la Praille-Acacias-Vernets (PAV), "symbole de l'entrée du canton dans le XXIe siècle" selon "La Tribune", avec des gratte-ciel qui sont autant de "cathédrales de vie" (Xavier Comtesse, "Le Matin" du 27 mai). On a les calendriers qu'on peut et les cathédrales qu'on mérite, là où on les mérite. Le futur quartier, s'exalte-t-on, accueillera 40'000 emplois (le double qu'actuellement), neuf gratte-ciel autour de l'Etoile et du stade, allant jusqu'à 175 mètres de hauteur, et 9000 logements (3000 actuellement). Cette "Défense genevoise" (pour qui connaît la sinistre Défense parisienne, c'est tout un programme) aurait un densité d'habitants comparable à celle du quartier des Eaux-Vives, et le Conseiller d'Etat Mark Muller nous promet "un vrai quartier, avec commerces, lieux d'activités" et tout et tout... Le gros bébé (prénommé PAV, pour Praille-Acacias-Genève) a été présenté à la presse enthousiaste (forcément enthousiaste) par ses trois parrains, les Conseillers d'Etat Cramer, Unger et Muller. Le dernier cité a fort justement résumé le principal intérêt du projet : "le nouvel eldorado genevois de l'immobilier". Qui a surtout l'avantage de pouvoir être réalisé dans une zone industrielle à 85 % en mains publiques. Et déjà sinistrée par des centres commerciaux et un stade.

RAVALEMENT DE FACADE

Dans la perspective (exaltante) de l'Euro20087, le stade de Genève va subir un "léger lifting". Léger ? Un système de contrôle d'accès, des bureaux (pour l'UEFA), des studios avec vue panoramique, un centre media pour 250 journalistes... Le tout payé par le Sort Toto et, évidemment, les caisses publiques (fédérales, en l'ocurrence).

EURORACKET

L'Autriche investira officiellement l'équivalent de 220 millions de francs dans l'organisation de l'Euro2008, la Suisse 182 millions. Il faut évidemment placer l'expression "au moins" avant le chiffre officiel. Et attendre les comptes pour savoir ce que le machin aura réellement coûté aux collectivités publiques.

Le 17 juin, les citoyennes et yens de la Ville de Berne ont accepté, à une courte majorité, un crédit de 5,2 millions de francs pour l'accompagnement des matches de l'Euro2008. La votation avait, loyalement, été organisée par les autorités bernoises sans attendre un référendum populaire, exercice auquel s'étaient non seulement bien gardées de se livrer les autorités genevoises, mais qu'elles avaient même rendu impossible en noyant les crédits consentis à l'Euro dans le budget ordinaire du canton, contre lequel aucun référendum ne peut être lancé.

Comme quoi la Sarine n'est pas seulement une frontière linguistique, mais aussi une frontière politique, entre ceux pour qui "démocratie" est un mot et ceux pour qui ce mot est aussi une pratique.

EUROBOURRAGE DE CRANE

Une fort opportune étude du bureau zurichois Rütter+Partner (sur)évalue à une fourchette de 1,1 à 1,5 milliard le chiffre d'affaire de l'euro2008 pour la Suisse. La valeur ajoutée de l'événement serait comprise dans une fourchette de 637 à 859 millions, et les dépenses des visiteurs dans une fourchette de 250 à 400 millions (le nombre de visiteurs étrangers étant évalué entre 1 et 1,4 millions, pour 2,8 à 5,4 millions de visiteurs au total). Tout cela est bien beau, mais d'une part la même étude constate que pour les collectivités publiques, l'Euro2008 aboutira à un déficit d'au moins 30 millions (les investissements publics s'élevant à au moins 140 millions, et les rentrées fiscales à au plus 110 millions), et d'autre part une étude allemande sur les retombées économiques du Mondial allemand de 2006 constate que ces retombées ont été bien moindre que prévues, et qu'en particulier celles dans le secteur du tourisme avaient été largement surestimées : si un événement sportif majeur attire des spectateurs étrangers, il pousse d'autres touristes à renoncer à se déplacer dans la région sinistrée. Le seul domaine où le Mondial de foot semble avoir eu quelque effet, c'est la démographie : dans plusieurs villes allemandes, neuf mois après l'événement, on a constaté un "baby boom" (plus 20 % de naissances à Berlin, par rapport à l'année précédente, par exemple). Economiquement, cepenant, le Mondial n'a eu aucun effet sur la conjoncture allemande : les bénéfices supplémentaires enregistrés dans certains secteurs (le commerce de détail par exemple) et sous-secteurs (la gastronomie, les articles de sport) ne se traduisent que par des retombées tout à fait margin ales sur l'ensemble de l'économie. En Suisse, les prévisions de Rütter+Partner sont contestées pour leur optimisme excessif : pour un porte-parole de la Migros ("20minutes.ch" du 14 mai), le doublement escompté du chiffre d'affaire est "illusoire". En revanche, comme il pourrait être moins illusoire dans certains secteurs très particuliers, les collectivités publiques organisatrices ont décidé de soutenir financièrement une campagne contre la traite des femmes et la prostitution forcée, après analyse des faits lors du Mondial allemand de 2006. Il faut donc bien admettrre que certains secteurs de l'économie vont effectivement profiter de l'Euro2008, même si selon le service de coordination contre la traite d'être humains ne prévoit pas une "flambée de la prostitution forcée" pendant l'Euro 2008. Logique : on s'est déjà fait baiser avant.

En Autriche également, on a produit des prédictions très optimistes sur l'impact économique de l'Euro : des recettes de 320 millions d'euros, 5400 nouveaux emplois, dont un e moitié de longue durée, des centaines de milliers de nuitées.

Le directeur des opérations de l'UEFA, Martin Kallen, ayant annoncé que le tournoi austro-suisse serait "le plus réussi de l'histoire", ce qui est assez logique puisque c'est le dernier en date, le président de l'UEFA, Michel Platini, a nuancé : "il a du dire la même chose avant l'Euro 2004 au Portugal, et il dira sans doute la même chose avant l'Euro 2012 organisé par la Pologne et l'Ukraine"... C'est ce qu'il y a de bien avec l'UEFA : on a affaire à des optimistes. Près de leurs sous, mais optimistes quand même.

Du côté des organisateurs suisses de la foire à beaufs, on est aussi optimistes, mais on prend des précautions, au cas où l'enthousiasme spontané des masses ne serait pas au rendez-vous. On lance donc une campagne destinée à réveiller cett enthousiasme, ou à le susciter, ou à faire croire qu'il est là. ça s'appelle (en anglo-zurichois, forcément, vu qu'en français ou en italien, ça a tout de suite l'air de la chanson : tarte) "Play Football Switzerland on Tour", ça dure 140 jours et ça doit "ancrer le football d'un point de vue émotionnel dans toutes les régions du pays" et y laisser "une trace tangible au-delà de l'Euro". Quelle genre de trace, on sait pas, mais une trace.

Au cas où on aurait oublié que l'Euromachin est une grosse affaire de gros sous, la campagne "Play Football Switzerland on Tour" est soutenue par le Crédit Suisse et Oechsner Sport". Et bien sûr, la SSR, jamais en reste de soutien à la ringardise.

EUROBASTON

Le FC Zurich a envoyé à quatre de ses supporters les plus excités une amende de 10'000 balles qui lui (au club, donc) a été infligée à cause de leurs "débordements" lors de matches à Zurich. La commission de discipline de la Souisse Foutbol Ligue avait puni le FC Zurich après que ces supporters aient lancé des objets ou allumé des feux d'artifice interdits dans les stades ou jouait le club.

Si on peut même plus rigoler, alors..

Europoulets

Une soixantaine de pandores de la Brigade d'intervention ont envahi le 7 mai la gare de Cornavin (une semaine avant, une quinzaine de poulets vaudois s'étaient livrés au même exercice dans la gare de Lausanne). Pas de panique, c'était un exercice, dans la perspective de l'Euro2008 : nos gendarmes ont simulé l'encadrement de supporters arrivés en masse par le rail. On entraîne donc nos gentils gendarmes à accueillir gentiment les gentils supporters des gentilles équipes du gentil Eurofoot. Et si les supporters sont pas gentils ? Ben... Comme le suggère le commandant des pandores de Piogre, "tout dépend des équipes que l'on recev ra : si c'est le Liechtenstein contre les Iles Féroé, cela devrait aller". Si les phoques des Féroé sont de bonne humeur. Et si c'est Serbie-Croatie, on fait quoi ? On appelle l'OTAN ?

On saura en décembre, après tirage au sort des groupes du tour final de l'Euro, quelles équipes s'affronteront dans quelles villes. On considère généralement que les supporters européens les plus violents se trouvent en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie et en Pologne, mais on en a quand même quelques centaines dans notre beau pays (où 600 supporters violents sont interdits de stade). Dans l'Union européenne, 10'000 interdictions de stade sont en vigueur contre des hooligans et des supporters violents. 16'000 policiers suisses seront mobilisés dans les villes hôtes et ailleurs. 15'000 soldats pourront leur donner un coup de main, ainsi que des flics français et allemands (on évalue le besoin de tels renforts étrangers dans une fourchette de 400 et 650 policiers pour Genève seulement), et des policiers en civils originaires des pays dont les équipes seront sur le stade, et spécialistes du hooliganisme ("spotters"). A Genève, les 1650 gendarmes, policiers et employés de la police seront privés de congés pendant toute la période de l'Euro. Dans les stades, la surveillance sera effectuée par des privés, sous la responsabilité de l'Association suisse de football. Les policiers ne pénétreront dans les stades qu'en cas de grabuge.

Les fans, les joueurs, les employés, les supporters et les hooligans non répertoriés comme tels n'auront à l'occasion de l'Euro2008 besoin que d'un seul visa pour la Suisse et l'Autriche -quand encore ils auront besoin d'un visa. Ce visa austro-suisse sera un visa "Schengen" spécial, portant l'indication Euro2008.

EUROPROXOS

La coalition "Euro 08 contre la traite des femmes" annonce une "campagne de grande envergure contre la traite des femmes" à l'occasion de l'Eurofoot, pour rendre le "grand public (...) attentif à la nécessité de mieux protéger les victimes de la traite des femmes et de la prostitution forcée". La coalition va lancer une pétition demandant une meilleure protection des victimes et des témoins, pétition qui sera lancée dans la semaine du 8 mars, journée internationale des femmes, et qui sera accompagnée, jusqu'à l'Eurofoot, d'actions publiques (stands, manifestations etc...) puis, avant et pendant l'Euro, de la projection d'un spot, sur les écrans retransmettant les matches et, "si possible", à la télévision.

 

Au Grand Conseil genevois, une motion socialiste demandant un renforcement de la prévention et de la répression du proxénétisme lors de l'Eurofoot a été renvoyée le 28 juin à l'examen en commission judiciaire (à une voix de majorité, contre la droite qui n'en voulait pas, et contre le Conseiller d'ERtat socialiste Moutinot, qui n'en voyait pas l'utilité vu qu'il n'y a pas à Genève "de réseaux mafieux qui contrôlent la prostitution" et que la police fait déjà bien son travail. Pourtant, le chef de la section compétente à l'état-major de la police genevoise, Jean Nobs, déclarait une semaine auparavant dans GHI qu'on assistait à Genève à une véritable "explosion de la prostitution", avec 1500 prostituées, soit une fille pour 300 habitants, nourrissons et grabataires compris, ce qui représente plus du triple de la proportion normale pour une ville de la taille de Genève. Le nombre de prostituées recensées aurait été multiplié par vingt en cinq ans, et par quatre en un an, entre 2006 et 2007, du fait des bilatérales et de la libre circulation. Et Jean Nobs d'ajouter qu'avec l'Eurofoot 2008, "il y aura plus de mendiants, plus de voleurs et plus de prostituées". Ce que précisément la droite parlementaire niait, et dont doutait le ministre de la police.

EUROTAPAGE

Le 7 juin, dans les quatre villes hôtes de l'Eurobeauf (Bâle, Berne, Genève et Zurich), les organisateurs du machin ont installé des compteurs à rebours "se mettant en branle sous le regard émus des officiels locaux" ("Le Temps" du 7 juin). A 18 heures ce jour là, il restait encore 31'536'000 secondes avant le coup d'envoi du premier match. Et le délégué du Conseil fédéral pour l'Euro2008 de prédire : "Au final, je suis persuadé que tout le monde sera emballé". Personne n'ayant d'ailleurs le choix.

Si on n'a pas le choix d'être ou non emballés (on est déjà ficelés), on a encore l choix de s'emballer nous mêmes ou de nous y refuser. Un so ndage (sans représentativité, et par internet) aurps des lecteurs de "20minutes.ch", a priori plutôt sensibles à ce genre d'événements, signale que si 43 % d'entre eux se "réjouissent" à l'avance de l'Euro2008, 30 % s'en foutent et 27 % y sont allergiques. "La sauce tarde à prendre, surtout à Genève", observe le prébendier de service (le député radical Frédéric Hohl, organisateur des à-côtés festifs du machin). Normal, c'est pas une sauce, c'est un bouillon de onze heures.

A Genève, en plus du reste, une boîte de nuit sera spécialement aménagés à la patinoire des Vernets pour que les supporters puissent boire et se secouer jusqu'au bout de la nuit (la voirie les rammassera au matin).

Si la plaine de Plainpalais est surpeuplée, s'il pleut, s'il grèle, si... les euromaniaques pourront suivre les matches sur l'écran des Vernets : c'est une "soupage de sécurité", explique le député radical Frédéric Hohl, organisateur de l'"événement", qui ajoute que tous les soirs une réunion sera organisée (avec la police, entre autres) pour savoir si on ouvre ou non le parc à beauf des Vernets en plus ou à la place de celui de Plainpalais. Aux riverains de Plainpalais, on a une bonne nouvelle a donner : après deux heures du matin le week end et onze heures du soir la semaine, ujn peu de tranquillité reviendra. Un peu. Réaction des riverains : "limiter le bruit (en le déplaçant aux Vernets), c'est toujours mieux que de nous proposer d'aller nous installer ailleurs", ce que les braves organisateurs du machin n'avaient pas hésité à suggérer aux malheureux habitants.

Dans 17 villes triées par les organisateurs, une "UBS Arena" sera installée paer la société Perron8, mandatée par la banque UBS, pour permettre au bon peuple de "vivre l'Euro comme s'ils (les habitants) y étaient" : des écrans de 45 m2, des arènes jusqu'à 1000 places assises et 10'000 debout (on n'a pas les chiffres pour les places couchées). Six villes ont déjà été désignées (Bienne, Kreuzlingen, Locarno, Lugano, Sion et Soleure), trois ont le bonheur d'avoir déjà été mises hors course (dont Montreux et Martigny), mais les masochistes de ces villes peuvent encore espérer la mise en oeuvre d'un projet privé (il leur faudra se payer une licence auprès de l'UBS). Plusieurs villes "sélectionnées" par l'UBS (heureux pays, où une banque privée "sélectionne" des municipalités...) ont refusé le cadeau : Fribourg, Delémont, Schaffhouse. Et Lucerne a fait savoir qu'elle n'en voulait pas. La principale raison de ces refus tient aux coûts élevés générés par ces sites, coûts évidemment à la charge des communes, et se montant à plus de 100'000 francs par site.

Pour l'installation des "UBS Arena" dans 17 villes, les organisateurs annoncent que des sponsors privés assureront "l'essentiel des coûts". Pour l'accessoire, qui risque de coûter aussi cher (voire plus) que l'essentiel, on fera comme d'habitude appel aux caisses publiques ?

Et dans les villes qui n'auront pas été retenues par les organisateurs pour l'installation de ces parcs à beaufs, des privés pourront toujours monter leurs propres parcs, mais à condition de se payer une licence. Y'a pas de petit profit dans le sport pognon.

EUROSOUK

Des billets pour la demi-finale bâloise de l'Euro2008 sont déjà en vente sur internet pour 6500 francs le jeu de quatre, soit douze fois plus cher que leur prix normal. Ces billets sont soit mis en vente par des particuliers les ayant obtenu normalement, ou par des revendeurs plus ou moins légaux sachant où s'approvisionner au noir. En Angleterre, des sites internet de vente non autorisée opérant à grande échelle font déjà l'objet d'enquête.

C'est pas juste, faut pas tuer le petit commerce, il est inséparable de la beauté du foot. Pour certains, il en est même le seul intérêt.

C'est ainsi que des entreprises sont prêtes à débourser des sommes "colossales" (selon "Le Matin" du 29 avril) pour obtenir des places VIP lors des matches de l'Euro 2008, histoire de s'en servir pour appâter des clients, réceptions dans de grands hôtels à la clef (et escort girls en prime ?). Les 80'000 billets VIP disponibles, distribués par la société américaine IMG, sont en vene depuis la mi-avril, mais des arrangements se négocient depuis le début de l'année, par des filières parallèles, notamment des sociétés installées dans des paradis fiscaux (genre Lichtenstein), qui proposaient mi-avril les trois matches du premier tour dans le groupe de la Suisse pour 18'000 balles la place (3000 francs de plus que le prix officiel) , avec réception dans un grand hôtel de Bâle. Dans les coulisses de l'UEFA, on admet qu'il est possible que des fédérations nationales de foot, malgré l'interdiction qui leur en est faite, alimentent ce marché noir (ou gris foncé).

Quant au spectateur de base, il aura été convié à la loterie : l'UEFA a reçu 8,7 millions de demandes de billets, pour 350'000 billets disponibles. Sur 24 demandes, 23 n'auront donc pas été satisfaites ailleurs que sur le marché noir. A Genève, 750 billets sont réservés à la population du canton pour chacun des trois matches diputés à la Praille, les 7, 11 et 15 juin 2008. ça fait 2250 billets en tout, pour le vulgaire. Pour l'élite, le Conseil d'Etat dispose de 40 billets par match à distribuer à ses petits copains. La Fédération suisse de foot dispose en outre de 19 % des places pour chaque match de l'équipe de Suisse, tous disputés à Bâle.

Au total, sur 1,05 million de places, un tiers sont attribuées par tirage au sort au "grand public", 38 % aux fédérations de foot des pays qualifiés, 14 % aux sponsors, le reste se partageant entre happy few : invités spéciaux, notables de l'UEFA et leurs copains, villes hôtes, propriétaires des stade. Le marché noir va quant à lui se nourrir des reliefs de ces attributions.

EURODIMAT

Garde à vous ! C'est le mot d'ordre imposé par la radio et la télé publique suisse (SSR SRG Idée Suisse) à ses collaborateurs, à propos de l'Euro 2008. La SSR a passé un accord avec la société Euro2008 SA, et entend bien faire en sorte que cet accord ait force de loi supérieure à la liberté d'informer -et plus encore, évidemment, à celle de critiquer. Une missive adressée au personnel pose clairement le diktat : "L'Eurol va devenir au cours des 13 prochains mois le sujet dominant pour tous les services des sports, mais les émissions d'information, de divertissement et les programmes culturels reprendront eux aussi ici et là les divers éléments marquants de cette manifestation. "We light the Euro fire", telle est la devise que s'est donnée la SRG SSR Idée suisse pour les mois à venir". "We light the Euro fire" : on a bien fait d'appeler le swiss public network "idée suisse". Et on fait bien de mettre au pas les quelques journalistes qui pourraient à la SSR avoir encore quelques bribes de morceau de fantôme d'esprit critique. Et de préciser que les collaborateurs de la SSR SRG Swiss idea devront désormais et jusqu'au 29 juin 2008 utiliser un papier à en-tête et des enveloppes portant le logo de l'Euro.

Le service public va donc rouler pour l'UEFA. Le pire, c'est qu'on n'est même pas surpris de cet aplaventrissement

RORO, LE RETOUR

Le gouvernement espagnol a donné son aval définitif et sans recours possible à l'extradition de Marc Roger vers la Suisse. L'extradition de l'ancien patron du FC Servette et de la Société d'exploitation du Stade, détenu à Madrid depuis février, devrait, annonce l'Office fédéral de la Justice le 21 septembre, se faire "dans les semaines qui viennent". On ne sait pas comment viennent les semaines, ni comment viendra Roro. On sait seulement qu'il ne viendra pas en avion, sa santé l'excluant. Restent le bateau (mais pour la Suisse, c'est un peu compliqué, sauf à remonter le Rhône, et de toutes façons Roro est aussi malade en bateau, certificat médical à l'appui), le train (mais faut passer par la France, et si Roro décide de sauter du train pendant le voyage, ou demandait à y être hospitalisé, il se soustrairait à la justice suisse puisque la France n'extrade pas ses ressortissants et que Roro est français) ou la voiture, qui pose les mêmes problèmes que le train. La Montgolfière, personne n'y a pensé ? Transporter une baudruche dans un ballon, ça semble pourtant assez cohérent...

La justice genevoise a confisqué la caution de 300'000 francs qui avait été versée par l'ancien patron du Servette (et de la SA d'exploitation du stade), Marc Roger, en échange de sa libération provisoire -suivie de sa fuite en France, d'où il ne pouvait être extradé, et conclue par une escapade en Espagne, où il a été coffré sur mandat international. La justice espagnole a donné son accord à l'extradition de Roro, demandée par la Suisse. L'avocat espagnol de Marc Roger ne se faisait d'ailleurs pas d'illusions sur ses chances d'éviter son extradition (il a quand même fait recours contre la décision espagnole) et déclarait que le Bouc émissaire était "prêt à revenir en Suisse" (mais pas en avion), et était même "plutôt en forme". Après quoi, sans doute pour attester de la bonne forme de l'nimal, il a produit un certificat médical tenant de l'inventaire vésalien : Roro souffre de troubles respiratoire, d'hypertension artérielle, de surpoids, d'un taux trop élevé de cholestérol et de dépression. Un vrai sportif, quoi. La justice espagnole a admis que l'état de santé de Roro était incompatible avec son transport en avion vers la Suisse. Le transport du malade extradé devra donc se faire en train ou en bagnole. Problème : pour aller d'Espagne en Suisse, faut passer par la France. Dont Roger est ressortissant. Et qui n'extrade pas ses ressortissants. Si Roro sautait du train ou de la bagnole ou s'annonçait simplement à la frontière française en tant que ressortissant français extradé d'Espagne vers la Suisse, il pourrait rester en France. Libre ou pas, mais en France. Et la justice genevoise se retrouverait le bec dans l'eau. L'office fédéral de la justice négocie certes avec les autorités françaises la garantie qu'elles ne s'opposeront pas à l'extradition de Roger, mis cette garantie n'est pas acquise. L'avocat des joueurs (plaignants contre Roro) du Servette s'inquiète et propose... un transfert en bateau. Comment aller en bateau d'Espagne en Suisse quand on ne navigue pas sur Alinghi ? Et Me Canonica de suggérer une croisière méditerranéenne d'Espagne vers l'Italie (encore faudrait-il ne pas passer par les eaux territoriales françaises, Roro est capable de se foutre à l'eau pour peu qu'elle soit française), puis le train et la bagnole d'Italie vers la Suisse.

Le feuilleton de la faillite du Servette tourne carrément à la farce.

Quant à l'extradition, elle aurait pu être contestée si les délits poursuivis n'existaient pas en droit espagnol ou si les conditions de détention en Suisse violaient les droits de l'homme, mais les délits retenus contre Roger existent en Espagne et la Suisse n'est pas une dictature militaire. Seulement, et en 2008, une dictature médiatique du foot pognon, mais c'est pas une violation des droits de l'homme.

Roro avait pourtant commencé par refuser son extradition, en invoquant des motifs aussi sérieux que sa gestion du Servette et du Stade : la peur de l'avion, la claustrophobie et ses ennuis cardiaques. Résultat : il sera extradé en train. Pourquoi pas en char à boeufs ? Parce qu'on n'a pas trouvé de char. Les boeufs, on les avait déjà : les supporters du Servette et les contribuables qui ont, les uns et les autres (les uns étant d'ailleurs aussi parmi les autres) payé les conneries de Roro, et la connerie plus gtrande encore de ceux qui lui ont filé les clefs du stade et du club.

Bref, on attend Roro à Genève d'ici la mi-août (s'il ne trouve pas le moyen d'échapper d'ici là). Il est inculpé de gestion déloyale, banqueroute frauduleuse abus de confiance et faux dans les titre. Ses parrains et soutiens genevois, eux, ne sont inculpés de rien : la connerie n'est pas un délit.

TERRAIN VAGUE

Le 31 mai, un match a opposé à la Praille l'équipe des régies immopbilières et l'équièe du Crédit Suiisse. Les régies ont battu la banque 10 à zéro. Un match entre régies et banque, c'est le seul genre de match où les deux équipes peuvent jouer à domicile à la Praille.

TERRAINS VAGUES

Pendant le premier (été 2007) des quatre tours du championnat 2007-2008 de "Super League" du foot suisse, la fréquentation des stades où résident (ou qu'utilisent, faute de mieux), les dix équipes de la ligue a atteint en moyenne 12'000 spectateurs par matrch, en 45 matches. L'objectif de la ligue est une moyenne de 15'000 spectateurs, "lorsque toutes les conditions seront réunies".

Pour la "Swiss Football League", s'exprimant par la voix de son directeur Edmond Isoz, de nouveaux stades, dans les villes qui n'en ont pas, sont une "nécessité absolue", et les clubs qui n'en auront pas "seront condamnés à disparaître de l'élite". Ces nouveaux stades devront comporter au moins 10'000 places, dont au moins les deux tiers en places assises sur sièges individuels, avec des espaces dévolus aux "invités d'honneur", aux supporters des clubs adverses, au personnel médical, aux handicapés et aux media,. Les clubs qui ne satisferaient pas à ces exigences pourraient être privés de licence.

Ces dix équipes utilisent les stades suivants (et, le cas échéant, espérent en la réalisation des projets suivants :

A Bienne, la municipalité a annoncé avoir trouvé un financement pour ses nouveaux stades, par l'octroi d'un droit de superficie de 99 ans pour 42 millions de FS à un partenaire privé, la vente de son vieux stade du Gurzelen à ce partenaire (l'entreprise HRS), la vente d'une parcelle voisine à Rolex et l'encaissement d'une subvention cantonale. La ville mettra le terrain à disposition de HRS, qui construira un stade de foot de 6000 places et une patinoire de 7000 places et les remettra ensuite à la ville. Tant de bonté émeut.

FONDS DE CORBEILLE

FOOTBALLEURS AU NOIR

Le président à vie de la Ligue des Tessinois, "Nano" Bignasca, a écrit dans son canard, "La Regione", le 26 août, que l'équipe nationale suisse de foot alignait "trop de joueurs noirs", et que la Suisse n'ayant jamais colonisé l'Afrique (elle a seulement profité de la colonisation de l'Afrique par d'autres), "un footballeur de couleur chocolat est acceptable, mais trois, c'est décidément trop". Pour le président de la LICRA, Elie Elkaim, Bignasca n'a rien dit d'autre "qu'un Suisse noir n'a pas la même valeur qu'un autre Suisse". Or, selon le ministère public tessinois, Bignasca n'a pas commis de discrimination raciale en le disant. Quant à l'Association suisse de foot, elle se dit "consternée" par les propos de Bignasca, mais les reltivise : "il s'agit d'un politicien isolé". Comme Le Pen en France, qui depuis la victoire de la France au Mondial de 1998 attaque systàmatiquement l'équipe nationale "black blanc beur", trop black et trop beur. Isolés, donc, Bignasca et Le Pen. Isolée peut-être, mais pas solitaires : il y a fort à parier que des conneries du genre de celles proférées par le Nano, un bon paquet de Suisses normaux, blancs, les pensent (et un bon paquet de supporters les disent, à leur manière, en poussant dans les stades des cris de singes dès qu'un joueur noir a le ballon).

POURQUOI TANT DE HENTSCH ?

Le "parc Gustave et Léonard Hentsch" va-.t-il naître des décombres du stade des Charmilles ? Le Grand Conseil dont encore avaliser un projet de loi du Conseil d'Etat, modifiant les limites de zone, et un protocole d'accord entre la fondation Hippomène, la Ville et le canton doit encore être signé. Quant tout ça sera bouclé, il faudra encore attendre plusieurs mois pour que le parc voie le jour, et deux bonnes anéées pour que les logements promis suivent. Benedict Hentsch assure que 130 logements seront mis sur le marché, dont une quarantaine de logements subventionnés, ce qui paraît insuffisant à la Ville, dont le Conseil municipal a demandé une vingtaine de logements HBM en plus -réponse de Hentsch : c'est trop tard.

EUROBURP

Aucune bière et aucun autre alcool ne seront vendus dans les stades suisses pendant l'Euro2008, a annoncé l'UEFA. Quoique... d'une part, cette interdiction ne vaut que dans l'0enceinte des stades -à l'extérieur, on pourra se biturer. Et d'autre part, cet antialcoolisme ne frappe que le spectateur de base : dans les loges VIP, on pourra trinquer sans limite ni remord. "on présume que les nantis savent gérer l'alcool et le bon peuple un peu mois", regrette le directeur de l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme.

JEUX OLYMPIQUES ET PIQUE ET COLERE GRAVE

Lorsque la Chine a été désignée pour accueillir les Jeux Olympiques de 2008, elle s'était engagée à faire des progrès sur le terrain du respect des droits humains.

Tu parles

Moins d'un an avant l'ouverture des JO de Pekinb, le 8 août 2008, Amnesty International et Reporters sans frontières observent une intensification des violations des droits humains, et l'utilisation par les autorités des JO 2008 comme prétexte pour intensifier la répression. Ainsi, dans le cadre des opérations de "nettoyage" de Pekin, un recours accru à la détention sans jugement est constaté. Quant à la liberté d'expression, les seuls à avoir pu bééficier d'un petit relâchement de la répression sont les journalistes étrangers. Commentaire du Comité international olympique : on n'en a rien à cirer, c'est pas notre problème.

Ca n'a d'ailleurs jamais été son problème : le CIO a organisé des jeux à Rome sous la fascisme, à Berlin sous le nazisme, à Moscou sous le bréjnévisme, il peut en organiser à Pekin dans le régime de l'économie de marché à parti unique.

ENCARTE

Depuis le 27 juin, un certain Jérôme Valke est devenu le numéro deux de la fédération internationale du foot-pognon, la FIFA. Valke, ancien journaliste, puis dirigeant de sociétés, avait pourtant été licencié le 15 décembre 2006 de la FIFA, pour avoir indûment favorisé la société Visa, au détriment de la société MasterCard, dans la négociation d'un contrat de sponsoring. Du coup, Sepp Blatter, président de la FIFA, licenciait VBalke... qui revenait donc six mois plus tard à la FIFA, après que celle-ci et MasterCard aient commercialement divorcé pour les coupes du monde 2010 et 2014, et que la FIFA ait choisi Visa (la candidate de Valke, précisément) comme partenaire pour toutes ses compétitions entre 2007 et 2014.

Entre coquins, on finit toujours par s'arranger comme entre copains.

Les joueurs participant à l'Euro2008 en Suisse seront imposés à la source, comme l'ont toujours envisagé les autorités suisses, et comme l'a admis le président de l'UEFA, Michel Platini. En revanche, le litige se poursuit en ce qui concerne les joueurs des coupes européennes, opposant entre eux des clubs : là, l'UEFA veut que les joueurs soient imposés sur leur lieu de résidence, et pas sur le lieu où ils ont joué. Les joueurs de l'Euro seront donc imposés en Suisse. Les joueurs, pas les organisateurs : l'UEFA, elle, ne paie pas d'impôts. Mais encaisse les benef's.

Le Conseil national a accepté de lever l'interdiction de courses automobiles en Suisse. L'ancien patron d'écurie automobile Peter Sauber s'en réjouit, avec cet argument curieux que la F1 est un sport écologique puisque la grande majorité de ceux qui s'y intéressent le regardent à la télé (mais alors, qu'on les organise en Suisse ou en Patagonie, ça change quoi ?). Heureusement, comme le constate Sauber, "il y a encore beaucoup d'obstacles à franchir" avant qu'une course F1 ait lieu chez nous : d'abord, il y a de moins en moins de courses F1 organisées en Europe; ensuite, la construction d'un circuit coûte très cher (plusieurs centaines de millions de francs). Enfin, parce qu'il y aura "des résistances et oppositions aux émissions sonores". Pas seulement aux émissions sonores.

L'Euro2008 a déjà fait une victime : le marathon de Genève. Le sport qu'on mate (le sport-pognon) a ainsi repoussé le sport qu'on fait, parce que l'organisation du premier implique un tel engagement de la police genevoise qu'elle ne pourra assurer le moindre autre service. Or la quatrième édition du marathon était prévue en juin 2008, en plein Euro. On a donc dû la reporter à l'automne suivant. Entre une véritable manifestation sportive et une pompe à fric, le choix étzait en effet évident.

L'Euro 2008 sera l'invité d'honneur des Fêtes de Genève, en août prochain. Qui se ressemble, s'assemble.

"La culture sera le parent pauvre de l'Euro2008", annonce (à regrets) "Le Temps" du 16 juin. Sans blague ?

Jusqu'à 20'000 prisonniers pourraient participer, dans la joie et la bonne humeur, et sous bonne garde, à la construction des stades prévus pour l'Euro2012 en Pologne, annonce l'AFP (21 juin). Et on fait des misères aux Chinois sous le prétexte futile de leurs quelques lacunes en matière de droit de l'homme, avant les JO de Pékin ? A Genève, au moins, on n'a pas fait construire le stade par des prisonniers. On l'a seulement fait payer par les contribuables.

Euronotables

Le Suisse Joseph Blatter, président de la Fédération internationale du sport-pognon (la FIFA) depuis 1998, apparatchik de la FIFA depuis 32 ans, a été réélu à la tête de ladite FIFA, le 31 mai, par acclamations. Il était le seul candidat. Et il est âgé de 71 ans. Candidature unique, vote unanime, gérontocratie : on a l'amour du sport à la soviétique, à la FIFA.

On notera la présence de Suisses (d'âge plus ou moins respectable) dans la nomenklatura sportive internationale : Joseph Blatter préside la fédération internationale de foot (et siège au Comité international olympique), René Fasel préside la fédération internationale de hoykey sur glace (et siège aussi au CIO), Gilbert Felli est directeur exécutif de la commission du CIO pour les JO de Vancouver (2010) et de Londres (2012), Gianfranco Kasper préside la fédération internationale de ski (et siège au CIO), Denis Oswald préside la fédération internationale d'aviron (et siège au CIO), Raphaël Martinetti préside la fédération internationale de lutte. Toute une série de fédérations sportives internationales ont par ailleurs le siège en Suisse, comme le comité international olympique. Finalement, qu'on supporte de temps à autre les nuisances des compétitions sportives organisées par ces bureaucrates, ça n'est peut-être que justice...

Sur nos monts quand le football

Le président à vie de la fédération internationale de foot-pognon, Joseph Blatter, a proposé, et obtenu de la FIFA, que désormais on n'organiserait plus de matches internationaux au-dessus de 2500 mètres d'altitude "pour des raisons médicales et dans un souci de mieux protéger les joueurs". Et pas du tout parce que de tels matches ne rapportent rien. Pour des raisons sociales et dans un souci de mieux protéger les caisses publiques, on pourrait aussi décider de ne plus organiser de matches internationaux au-dessus de 2500 balles. Mais faut pas rêver.

Jouer en altitude étant supposé malmener les organismes des joueurs qui n'y sont pas habitués, les stades de La Paz (Bolivie, 3600 m-), Bogota (Colombie, 2640 m.), Quito (Equateur, 2800 m.), Cuzco (Perou, 3500 m), pour ne citer que les capitales sud-américaines, seraient mis hors compétition par la FIFA. Du coup, les présidents péruvien (Alan Garcia) et bolivien (Evo Morales) ont lancé, soutenus par leurs homologues vénézuélien (Hugo Chavez) et chilienne (Michelle Bachelet) une offensive pour faire annuler la décision de la FIFA, soutenue en revanche par les Brésiliens et les Argentins, l'idole cacochyme du foot brésilien Pelé expliquant que "jouer en altitude a toujours désavantagé les Brésiliens", ce qui justifie sans doute qu'on y renonce. Comme, sans plus de doute, il serait justifié de renoncer à jouer dans des pays chauds pour ne pas désavantager les joueurs des pays scandinaves, dans des pays froids pour ne pas désavantager les joueurs des pays africains. Et en Suisse pour ne pas désavantager les joueurs des pays pauvres ? Un hebdo colombien, "Semana", pose donc la bonne question : "Si la FIFA interdit de jouer en altitude pour de raisons de santé, pourquoi ne le fait-elle pas aussi avec les basses températures, la neige, la pluie et la canicule ?"... Réponse : parce que les pays qui seraient victimes d'une telle interdiction sont plus riches que les pays victimes de l'interdiction de jouer en altitude...

Pendant ce temps, l'ONU décide de s'appuyer sur le sport pour réunir les populations en conflit dans des pays en crise. On ne ricane pas, côté hooligans, au fond à droite, c'est officiel : l'ONU a décidé d'investir dans le domaine du sport en République démocratique du Congo, au Liberia et en Côte d'Ivoire (après les massacres, le sport) afin de "créer des liens et des passerrelles entre les gens". L'ONU va pour cela travailler avec la mafia du foot-pognon, la FIFA, qui organise la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010. Et pour couronner le tout, le directeur du bureau de l'ONU pour le "sport au service de la paix et du développement", Djibril Diallo, a proclamé que le sport était "un outil majeur pour la paix". Comme en témoigne sans doute la mobilisation de milliers de policierset de soldats en Suisse pour assurer la sécurité autour de l'Euro 2008.


LES PETITS CADEAUX ENTRETIENNENT LE STADE

Or donc, l'entreprise Implenia, ex-Zschokke, a reçu son petit cadeau : onze millions, pour payer une vieille facture du stade de la Praille. Ces onze millions ont été prélevés sur l'argent accordé au Fonds d'équipement communal (FEC, fonds commun aux 45 communes genevoises) par le Grand conseil qui y avait transféré des ressources allouées auparavant aux communes. L'exercice auquel se sont livré les autorités cantonales consiste donc à remplir les caisses d'un organisme intercommunal (le FEC) avec de l'argent revenant aux communes, pour ensuite vider les caisses du dit organisme pour payer une dette de la Fondation du stade, en échappant ainsi à un référendum (puisque les décisions du FEC ne sont pas soumises à référendum).

La procédure utilisée pour vider les caisses du FEC est assez intéressante : le cadeau accordé à la Fondation du stade l'a été par le Conseil du FEC alors que l'ordre du jour ne prévoyait que d'avaliser la nouvelle loi modifiant les statuts. Ainsi les membres du conseil du fonds ne pouvaient se douter qu'on allait prendre une décision de pomper onze millions au profit de la fondation du stade, décision pour laquelle ils n'avaient donc pu recevoir de mandat. Le conseiller administratif (libéral) de la Ville Pierre Muller, excusé, assure qu'il s'y serait fermement opposé pour respecter le vote des citoyens de sa commune, comme il l'a déclaré publiquement.

Deuxièmement, cette décision du FEC a été prise sur un préavis favorable de l'ACG, là encore sans que l'ordre du jour de l'ACG ne mentionne ce point spécifique, et donc sans que les exécutifs ne soient informés de la nécessité de prendre position sur ce sujet, ce qui ressort d'un courrier de l'ACG adressé aux Maires, Conseillers administratifs et Adjoints, et signé par le secrétaire général Michel Hug, qui commence par cette phrase révélatrice (adressée aux Maires, adjoints et Conseillers administratifs) : "Vous avez sans doute été surpris d'apprendre récemment dans la presse que le Fonds d'équipement communal (FEC) avait épongé les dettes de la Fondation du Stade de Genève". Les magistrats municipaux en ont effectivement été surpris, puisque personne n'avait pris la peine de les informer qu'une telle décision pouvait être prise, en violation des règles générales de procédure qui impliquent le droit de chacun (en l'occurrence les communes) d'être entendu et de pouvoir se prononcer sur une décision qui le concerne, ce qui implique évidemment que l'on sache que cet objet fera l'objet d'une décision. Le procès-verbal de la séance du comité de l'ACG du 4 décembre 2006 ne fait d'ailleurs mention que d'une information, tronquée, et non d'une décision : "Le Président (Pascal Chobaz) annonce que le Conseil d'Etat envisage de négocier avec la société Implenia pour tenter de résoudre définitivement les problèmes liés à la créance que le Stade de la Praille a envers cette société". Le 30 janvier, le Comité Praille s'est adressé aux élues et élus des 45 communes genevoises pour les inviter à exiger la communication des convocation s et des procès-verbaux des réunions du FEC et de l'ACG, et à envisager des recours au Tribunal administratif et/ou au Tribunal fédéral, ainsi qu'une dénonciation à la Cour des comptes. Le 13 février, "A Gauche Toute !" s'est adressée au Conseil administratif pour lui demander de recourir contre "la décision illégale du Conseil" du FEC.

L'entourloupe ne s'arrête pas à la manipulation de l'ACG et du FEC : premièrement, le don prélevé dans les caisses du FEC sert à payer la dette d'une fondation de droit privé à l'égard d'une entreprise privée. Or ce fonds est légalement destiné à permettre la prise en charge des intérêts des emprunts que les communes ont contractés pour faire face à leurs frais d'équipement. Il peut également être utilisé pour financer les charges que les communes sont appelées à supporter dans le cadre de leurs responsabilités ou toute prestation publique intercommunale ou cantonale, mais pas pour assurer le paiement d'une dette privée -celle de la fondation du stade- à l'égard de l'entreprise Zschokke (Implenia).

Deuxièmement, cette nouvelle possibilité d'utilisation du FEC, introduite dans la loi en juin 2006, est limitée aux années 2006 et 2007. En faire usage pour régler une dette de plusieurs années antérieure est donc à la fois hors attribution et hors délais.

Le Comité Praille a invité les communes à exiger la communication des convocations, sous leur forme originale, aux réunions du FEC et de l'ACG, ainsi que les procès-verbaux de ces réunions.

Par ailleurs, deux recours au Tribunal fédéral et un recours au Tribunal administratif genevois ont été déposés par des membres du Comité Praille.

La Ville de Genève a de son côté demandé aux 44 autres communes de demander avec elle la convocation d'une Assemblée générale de l'Association des communes genevoises pour débattre de la méthode utilisée par le Conseil d'Etat et les exécutifs de l'ACG et du Fonds d'équipement communal pour faire payer à ce dernier les dettes de la Fondation du Stade. En outre, le 9 février, le Conseil administratif de la Ville, qui a "des doutes sur la régularité" de la manoeuvre, a dénoncé à la Cour des comptes l'attribution par le FEC des 11 millions remboursant la dette de la Fondation du stade.

Par ailleurs, 21 conseillères et conseillers municipaux de la Ville de Meyrin, représentant presque tous les partis, et les deux tiers du Conseil municipal, ont exprimé le 6 mars leur "profonde indignation" au Conseil d'Etat, à l'ACG et au FEC, à qui ils ont demandé d'annuler le don fait à la Fondation du stade, et de restituer les onze millions au FEC.

Enfin, le Procureur général a été saisi d'une dénonciation pour une possible gestion déloyale des fonds publics, puisque le FEC a été utilisé pour toute autre chose que ce à quoi il est destiné.

PETITE CHRONOLOGIE AMUSANTE, ET PETIT ARGUMENTAIRE DES RECOURS

Le 26 avril 1996, le Grand Conseil a adopté un crédit de 20 millions de francs pour la reconstruction du stade des Charmilles. Une année plus tard, ce crédit a été réaffecté à la construction d'un nouveau stade à la Praille.

Le 29 février 1998, la Fondation du stade de Genève (FSG) était créée.

En 1999, le plan localisé de quartier concernant le stade et le centre commercial y atenant était adopté, les autorisations de construire suivirent en janvier et juin 2000, et le chantier de démolition des installations sises sur le site du stade et du centre commercial s'ouvrait le 22 mars 2000. Une semaine auparavant, une initiative pour un stade plus raisonnable que celui projeté était lancée. Elle aboutissait et était déposée le 12 juillet 2000. A cette date, l'autorisation de construire le stade n'était pas encore délivrée. Elle ne le sera que trois mois plus tard, le 5 octobre. A ce moment là, le stade ne devait coûter que 86 millions de francs, dont 31 millions provenant de fonds publics (20 millions du canton, 3 millions de la Ville de Genève, 3 millions de la Ville de Lancy et 5 millions de la Confédération.

Selon le rapport du 25 octobre 2004 (RD 547) de la Commission de gestion du Grand Conseil, en octobre 2000 déjà il manquait 2,7 millions de francs à la Fondation du stade, à le veille de l'ouverture du chantier. Depuis fin 2004, la Fondation du stade de Genève (FSG) fondation de droit privé, traîne en outre une dette envers l'entreprise Zschokke SA (devenue Implenia SA) de Fr. 14,5 millions.

Cette dette concerne les travaux de construction du Stade de la Praille, travaux engagés entre le 27 mars 2000 (ouverture du chantier de démolition pour construire un quai voyageurs) et le 29 mars 2001, alors que, quelque soit la date que l'on choisisse de prendre pour marquer le début de la construction du stade, cette date est ultérieure soit au lancement, soit au dépôt, soit à l'aboutissement de l'initiative populaire "pour un stade raisonnable" (deux fois plus petit).

Le 24 avril 2005, les citoyens de la Commune de la ville de Genève (membre de l'ACG, comme toutes les communes genevoises), suite à un référendum populaire, ont refusé par 72,3% des votants, un crédit de Fr. 2,5 millions destiné à financer un prêt à la FSG, prêt lui-même destiné à contribuer au paiement des mêmes dettes qui seront finalement payées par le fonds d'équipement communal (auquel la Ville, et donc des contribuables, et donc ses citoyens, contribue lourdement).

Le 8 juin 2006, le Grand conseil a adopté la loi 9679 modifiant les statuts du fond d'équipement communal (FEC) afin notamment de permettre à celui-ci de financer des équipements de nature cantonale pour les années 2006 et 2007. Dans les débats, à aucun moment il n'est question du stade ou de la dette de la FSG et de son remboursement éventuel par le FEC. En revanche, le Conseiller d'Etat Robert Cramer est très clair : la manoeuvre consiste à améliorer le budget cantonal en puisant dans les caisses des communes pour remplir celles d'un fonds dont les décisions, contrairement à celles du canton et des communes, ne sont pas soumises à référendum.

En date du 18 janvier 2007, la presse annonçait que la dette de la FSG avait été réglée par le FEC pour un montant de Fr. 11 millions, "pour solde de tout comptes.". C'est la décision du FEC de régler la dette de la FSG qui fait l'objet des recours déposés par des membres du Comité Praille. Cette décision a été annoncée par un communiqué commun de la Fondation du stade et de Implenia, daté du 17 janvier. Le communiqué annonce que "la FSG a versé un montant forfaitaire de Frs 11'000'000.- à IMPLENIA REAL ESTATE SA, qui l'a accepté pour solde de tout compte et de toute prétention". La FSG ajoute qu'elle remercie (elle peut, en effet) "l'Etat de Genève de son intervention et le Fonds d'équipement Communal d'avoir mis à sa disposition les fonds nécessaires" (et qui aurait été bien nécessaires à d'autres projets bien plus utiles), et qu'elle entend se conmscarer "désormais aux nouveaux défis qui l'attendent, en particulier la mise sur pied de l'Euro 2008, événement planétaire, vitrine de Genève".

Le 22 janvier 2007, à l'occasion de la séance du Conseil municipal de la Ville de Genève, Messieurs Manuel Tornare et Pierre Muller (Conseillers administratifs), firent savoir que la décision à prendre concernant le prélèvement sur le FEC à destination de la FSG, n'avait pas été communiquée en temps utile aux autorités municipales membres de l'ACG et du FEC, ce que corrobore une lettre sur en-tête de l'ACG du 22 janvier 2007, adressée aux Maires, Conseillers administratif et adjoints des communes de Genève, et signée par Monsieur Michel Hug, Secrétaire général de l'ACG. MM Tornare et Muller ont ajouté qu'averties à temps, les autorités municipales de la ville de Genève auraient refusé ce versement afin de tenir compte de la votation populaire du 24 avril 2005.

Sur proposition du Conseil d'Etat, le Fonds d'équipement communal a donc pris une décision visant à obtenir le versement d'un montant de 11 millions à l'Etat pour payer la dette d'une instition de droit privé (la Fondation du Stade de Genève, FSG, fondation mixte de droit privé ne bénéficiant pas de la garantie de l'Etat) à l'égard du société privée (Zschokke-Implenia). La Fondation privée du stade résulte de la volonté de milieux privés, notamment de la société anonyme du Servette FC et de la société Jelmoli. Le canton ne devait verser à la fondation qu'une unique subvention de 20 millions de francs.

Sur proposition du Conseil d'Etat, le Fonds d'équipement communal a donc pris une décision visant à obtenir le versement d'un montant de 11 millions à l'Etat pour payer la dette d'une instition de droit privé (la Fondation du Stade de Genève, FSG, fondation mixte de droit privé ne bénéficiant pas de la garantie de l'Etat) à l'égard du société privée (Zschokke-Implenia). La Fondation privée du stade résulte de la volonté de milieux privés, notamment de la société anonyme du Servette FC et de la société Jelmoli. Le canton ne devait verser à la fondation qu'une unique subvention de 20 millions de francs.

Le paiement par le Fonds d'équipement communal de la dette de la fondation du stade à l'égard de l'entreprise Zschokke-Implenia a été proposé (et obtenu) par le Conseil d'Etat. Or, dans la mesure où l'Etat voulait verser une contribution supplémentaire à la Fondation pour compléter le financement du stade, il avait l'obligation de présenter un projet de loi au Grand Conseil, loi qui, si elle était acceptée par le parlement, devait ensuite être soumise à référendum facultatif.

En contournant cette procédure, le Conseil d'Etat et le FEC ont non seulement violé la loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat et superbement ignoré les condition s posées à tout financement par le FEC, mais ont bafoué le droit de vote des citoyens, droit garanti par la constitution cantonale et la constitution fédérale. Une décision soustraite malignement au vote populaire viole ces dispositions constitutionnelle.

Dans sa dénonciation à la Cour des comptes, le Conseil administratif note les faits suivants :

Bref, le versement de 11 millions par le FEC à la Fondation n'a pas été décidé d'entente avec l'ACG, comme il aurait dû l'être. En outre, il n'entre pas dans le champ d'application des buts du FEC.

EURORACKET

Le même genre de procédé utilisé pour contourner la démocratie (et les lois) à propos du Stade de la Praille a également été utilisé pour faire payer à la collectivité les frais liés à l'organisation de l'Eurofoot 2008 à Genève, et exclure un référendum.

Officiellement (c'est-à-dire au budget de l'Etat, et donc sans projet de loi idoine, histoire d'éviter un référendum puisqu'on ne peut pas lancer un référendum contre le budget), le canton devrait débourser 8,78 millions sur les 21,2 millions annoncée comme étant le coût pour Genève de l'Euro2008 (si ce coût annoncé suit, pour aboutir au coût réel, la même progression que celle qui avait marqué les coûts annoncés par la Confédération, ça amènerait le coût de l'Euro 2008 à Genève à la hauteur de 200 millions, dont un peu moins de la moitié à charge de la collectivité publique genevoise...). Ces 8,78 millions annoncés sont affectés à la sécurité pour plus de cinq millions (là-dessus, on a réservé quatre millions pour payer les heures supplémentaires de la police), aux transports et aux manifestations annexes (plus d'un million chaque fois), à la promotion et au marketing. La Confédération, la Fondation pour le tourisme, le Sport-Toto et la Loterie Romande sont également mis à contribution.

L'Euroracket a une autre utilité : celle de faire payer par la collectivité publique fédérale (et le Sport Toto) de nouveaux travaux au stade de la Praille, pour 6,8 millions.

On rappellera qu'officiellement, l'Euro2008 coûtera 180 millions aux caisses puibliques, dont 108 millions à la charge des villes et cantons hôtes. Le 17 juillet 2006, un crédit de 10 millions et demi est princièrement accordé par la Confédération aux villes hôtes. Bâle a prévu de débloquer 14,5 millions. Le 7 février dernier, le parlement de la Ville de Zurich a accepté un crédit de 18 millions. Trois jours avant, le parlement de la Ville de Berne a adopté un crédit de 5,5 millions, mais l'exécutif infiniment plus courageux et plus respectueux des droits démocratiques que son homologue cantonal genevois, a décidé de soumettre le crédit au référendum.

L'Association suisse de football (ASF) consacre 12 millions à la préparation et à la promotion de l'événement, et devrait en retour recevoir au moins autant (voire plus) de l'UEFA. Y'a au moins quelqu'un à qui l'Eurofoot rapportera. Il est vrai que l'ADF en a besoin : son exerc ice 2005-6 s'est achevé par un déficit de 1,2 million, et le budget d l'exercice suivant prévoit un déficit de 4 millions, en raison notamment des investissements consentis pour l'Euro2008. Investissements qui seront donc largement compensés par ce que l'UEFA versera ensuite à l'ASF.

L'Euro2008 va attirer huit fois moins de monde à Genève que le Salon de l'auto. Et devrait donc rapporter en gros sept à huit fois moins, soit 4,5 millions de recettes fiscales, pour un produit brut de 60 millions.

Rappelons qu'à Genève ne se dérouleront aucun des matches les plus importants de l'Euro2008, ce qui ne signifie évidemment pas que les nuisances provoquées par la "grande fête du sport" seront réduites par la réduction de l'intérêt des matches, puisque le pire ne sera pas dans le stade, mais à Plainpalais, avec une "*zone tampon" ouverte en permanence, une grande scène prévue pour six concerts, deux écrans géants, une "fan zone"pouvant accueillir 30'000 personnes ("noceurs et supporters", précise innocemment la "Tribune de Genève" du 9 février....

Le match d'ouverture de l'Euro2008 se déroulera le 7 juin à Bâle, ainsi que l'une des demi-finales, et la finale se déroulera à Vienne. La Suisse jouera ses trois premiers matches à Bâle les 7, 11 et 15 juin, mais on ne sait pas encore contre qui (la répartition des équipes dans les quatre groupes du tournoi ne sera connue que le 2 décembre 2007). Les trois autres équipes faisant partie du même groupe que la Suisse joueront leurs premiers matches à Genève.

La répartition des places disponibles dans les stades suisses et autrichiens est amusante (la grande fête du foot, on ne va pas laisser n'importe qui y participer, non mais, on n'est pas au Grand Théâtre) : 38 % des places seront attribuées (vendues ou offertes) par les fédérations nationales, qui les vendront dans leur pays, 14 % par les "partenaires" (sponsors) officiels, 8 % par des entreprises, 3 % aux notables de l'UEFA et à leur invités, 3 % aux "VIP" (politiciens locaux et nationaux, personnalités diverses et variées) et 1 % aux représentants et invités des villes hôtes et propriétaires des stades. Et le public ? Ben... il devra se contenter de 35 % des places disponibles, celles vendues par l'UEFA, et comme il y aura plus de demandes que d'offre (chaque personne pouvant commander jusqu'à quatre billets par match et par jour), il faudra tirer les possesseurs de billets au sort. A Genève, sur les 28'000 places disponibles pour chaque rencontre, seules 8132 seront en vente libre. 750 Genevois (ou présumés tels grâce au code postal figurant sur leur commande de billets) pourront asseoir leurs postérieurs dans la tribune Est du stade, la seule à être ouverte à la vente libre, l'autre tribune étant réservée aux postérieurs des sponsors, de la presse et des "VIP", et les deux virages aux supporters des équipes en lice. Le Conseil d'Etat disposera de quarante invitations par match, et pourra acheter 250 billets, dont il négociera la répartition avec les sponsors locaux. Dans les autres stades suisses accueillant les rencontres de l'Euromachin, les proportions de places attribuées, de places libres et de places réservées sont les mêmes. Commentaire de "La Tribune" : "si l'on n'est ni VIP, ni journaliste, ni mécène, ni supporter d'une équipe en lice, il va falloir sérieusement réseauter auprès des sponsors". Le foot, c'est vraiment un sport populaire.

Le prix officiel des places se situe entre 70 et 880 francs, mais avant même que le vente commence, le marché noir s'organisait et affichait des prix allant de 470 à 4780 francs. Un peu plus d'un million de billets seront vendus, ce qui devrait rapporter 138 millions de francs suisses. Ler 31 mars, 588'716 personnes ou supposées telles (la même personne pouvant passer commande sous deux noms et adresses différents) ont commandé 10'359'177 billets, pour 346'000 places disponibles à la vente avant fin mars (les places attribuées par copinage et celles attribuées par les fédérations le seront plus tard). Une bonne partie de ces commandes venaient d'Allemagne. omme une bonne partie des renforts policiers dont la Suisse aura besoin pour assurer la sécurité autour des stades.

Quant au Conseil fédéral, il s'est dégagé, par la voix de Samuel Schmid, de toute responsabilité dans la fixation du prix des billets. Il est vrai qu'il est déjà responsable de l'explosion du coût de l'Eurofoot pour les caisses publiques (officiellement 180 millions). La vente des billets devrait rapporter 138 millions, soit moins que ce que les collectivités publiques suisses (Confédération, cantons, villes) devront payer pour l'organisation des matches.

Le torchon fiscal brûle entre l'UEFA et les autorités fiscales cantonales bernoises, qui ont l'invrasemblable culot d'exiger de l'UEFA qu'elle s'acquitte de l'impôt à la source sur les primes versées au joueurs étrangers du match Thouse-Arsenal de 2005, en Ligue des Champions. Les associations nationales du foot-pognon (l'ASE en Suisse et la FB autrichienne), qui ne veulent pas payer d'impôt, estiment que les joueurs de foot doivent être au bénéfice d'une exemption fiscale (on se demande pourquoi, puisque les artistes étrangers, eux, doivent payer l'impôt anticipé lorsqu'ils se produisent en Suisse), alors que la Confédération part du principe de l'égalité fiscale entre les footballeurs et les autres, et donc que l'impôt à la source est dû par les premiers.

EUROBLABLA

Sepp Blatter n'est pas content : le président de la Fédération internationale du foot-pognon (FIFA, dans un entretien à la feuille footballistique alémanique ("Eurosoccer") dénonce l'absence de vision et d'engouement pour l'Euro2008 de la part des hautes sphères helvétiques, absence de quoi découlerait un impact négatif auprès de l'opinion publique. "Nous en sommes encore à nous disputer pour savoir qui paiera quoi", se plaint Blatter -qui a du retard : on ne dispute plus, on sait : l'UEFA et la FIFA ne paieront rien, ou presque, les collectivités publiques paieront le maximum. Dans une telle ambiance, "le public ne peut pas s'enthousiasmer", geint Blatter. Il devrait s'enthousiasmer, le public ? Et pour quoi donc ? En réalité, ce n'est pas tant le public que les milieux de l'économie qui entéressent le président de la FIFA : "le secteur du tourisme, le monde politique, economiesuisse et les instances sportives doivent unir leurs forces". Et les proxénètes, les putes et les flics, on les oublie ?

Le Conseiller d'Etat genevois Mark Muller n'est pas d'accord avec Blatter : "Sur le terrain, nous rencontrons un écho très positif", assure le libéral. Sur quel terrain ? La Praille ? La Plaine de Plainpalais ? Et le factotum de Muller, le député radical Frédéric Hohl, responsable des manifestations annexes à l'Eurofoot, estime lui aussi que l'écho de l'événement est "plutôt exceptionnel". Et il en veut pour preuve que lors d'un sondage, un Suisse sur deux "a même déclaré s'intéresser à l'Euro". "Même", comme dit Hohl : ce qui fait un Suisse sur deux qui ne s'y intéresse pas ou y est allergique. Après tout le battage médiatique que le public a enduré à propos de l'Eurofoot, la performance est mince.

Les promoteurs de l'Eurofoot à Genève affirment que le machin va rapporter un saladier à l'économie genevoise.

A titre de comparaison, le Salon de l'auto, avec ses 750'000 visiteurs, rapporte 32 millions de recettes fiscales en représentant un produit brut de 400 millions. L'Euro2008 va attirer huit fois moins de monde à Genève, soit moins que le Salon du Livre. Et devrait donc rapporter en gros huit fois moins (allez, on vous le laisse à sept fois moins en supposant aventureusement qu'un nombre plus important de visiteurs passeront une nuit à l'hôtel pendant l'euro que pendant le Salon de l'auto). L'Euro2008 devrait donc rapporter 4,5 millions de recettes fiscales, et représenter un produit brut de 60 millions. Ce qui signifie, compte tenu de ce que les collectivités publiques devront débourser, que non seulement ce machin ne rapportera pas un rond aux caisses publiques, mais qu'il leur coûtera plusieurs millions.

EUROBASTON

Le chef de l'état-major de la police, Raphaël Rebord, responsable de la sécurité pour l'Euro2008, annonce que les effectifs militaires additionnels aux effectifs policiers iront jusqu'à 350 hommes les jours de matches, 150 le reste du temps, et qu'on fera appel à des renforts français si la configuration des matches l'impose.

De leur côté, les entreprises privées de sécurité Protectas et Securitas ont créé un consortium, PriSec-F08, pour coordinner les prestations de sécurité privée (genre vigiles devant les bijouteries) pendant l'Euro2008. es deux boîtes assurent qu'elles seront "un soutien pour les autorités publiques". Quand il y a un marché à prendre, tous les arguments sont bons.

Bonne nouvelle : les supporters anglais et allemands violents et interdits de stade chez eux ne pourront se rendre en Suisse et en Autriche pour l'Eurobaston.

Mauvaise nouvelle : les supporters français et italiens violents et interdits de stade chez eux pourront se rendre en Suisse et en Autriche pour l'Eurobaston.

Et le chef de la gendarmerie genevoise, le commandant Cudre-Mauroux, prévoit des risques de débordements plus élevés "sur les sites équipés d'écrans géants ou dans les rues" que dans les stades. Amis de Plainpalais, bon courage : "Genève va s'éclater pendant l'Eurofoot 2008" titre "La Tribune de Genève" du 9 février. Et dans "Le Temps" du 3 mars, un hooligan explique : "Le foot touche tout le monde, il est universel. (...) Les stades sont combles, les journaux parlent sans cesse d'émeutes qui ont éclaté ici ou là. Qui irait cogner un brave supporter de rugby ? (...) Au foot, tu te sens au coeur de l'événement. Tu vis". En cognant. On a la vie qu'on mérite.

Les supporters suisses ne sont pas contents : avec la méthode d'attribution des places pour les matches de l'Euro220, "même si on réussit à avoir un billet, on sera dispersé dans le stade, ce qui cassera l'ambiance", geint (dans "Le Matin" du 26 février) le vice-président du fan club "Swiss Active Movement". Ben pourquoi que ça casserait l'ambiance ? y'a qu'à taper sur son voisin... avec un peu de pot, ça tombera sur un étranger.

De toutes façons, assure le directeur de la "Swiss Football League" (en zurichois dans le texte), "60 % du public des matches de l'Eurofoot n'a rien à voir avec les équipes sur le terrain". Tu parles, Charles : un tiers des billets sont réservés aux fédérations nationales des équipes sur le terrain, pour qu'elles les revendent à leurs compatriotes, et un autre tiers est mis en vente par les organisateurs à qui en veut -y compris les supporters des équipes en lice, habitant la Suisse ou non.

De son côté, la Confédération mobilise l'armée pour maintenir l'rdre autour des stades : jusqu'à 15'000 soldats pourront intervenir dans les villes qui accueillent (de bon ou mauvais gré) l'Euro2008. Les deux chambres du parlement ont accepté l''angement de l'armée en service d'appui. Au Conseil national, la décision a été prise le 5 mars par 111 voix contre 51 (les socialistes, qui voulaient ramener le nombre de soldats engagés à un maximum de 10'000, et les verts, qui refusaient tout engagement de l'armée).

A nos vaillants troufions s'ajouteront nos vaillants policiers : près de 2000 policiers genevois, confédérés et étrangers seront mobilisés, annonce fièrement la cheffe de la police genevoise, Monica Bonfanti. Près de 400 policiers étrangers pourraient prêter main forte à leurs collègues suisses, ceux-ci devant tout de même assurer en plus leurs tâches notmales : "On ne peut pas dire à celui qui a été cambriolé : 'il y a le foot'", on ne peut pas intervenir...

C'est pourtant vraisemblablement ce que va entendre "celui qui a été cambriolé".

L'Association suisse de foot a adressé, ou va le faire, à tous les clubs affiliés un "Pacte pour le fair-play et contre la violence". Pourquoi ? y'a un problème ? En signant ce pacte à Neuneu, les clubs s'engagent notamment à "condamner la violence, la discrimination, le racisme, le vandalisme et l'intolérance", à "refuser l'accès au stade aux fauteurs de troubles" qui "font preuve de violence à l'égard des personnes ou des choses", W"pénètrent sur le terrain", "déploient des banderoles ou entonnent des chansons racistes, sexistes ou portant atteinte à l'honneur". Bref, si les signataires de ce pacte étaient cohérents (ce qu'ils ne sont pas), en signant le pacte il s'engageraient à jouer tous leurs matches à huis-clos.

EUROTAPAGE

Genève accueillera, bon gré, mal gré (à moins d'un miracle) trois matches de l'Eurofoot, les 1er, 11 et 15 juin (84 à 90'000 spectateurs, si on fait le plein). En eux-mêmes, ces matches sont déjà générateurs de nuisances. Il y'a ajoutera les nuisances des corrals de Plainpalais, du Bout du Monde, et éventuellement des Vernets et du Jardin Anglais. A Plainpalais, les riverains devront supporter une "*zone tampon" ouverte en permanence, une grande scène prévue pour six concerts, deux écrans géants, une "fan zone"pouvant accueillir 30'000 personnes ("noceurs et supporters", précise innocemment la "Tribune de Genève" du 9 février....

"Genève va s'éclater pendant l'Eurofoot 2008" titre "La Tribune de Genève" du 9 février. Amis de Plainpalais, bon courage : vous aurez droit à une "Fan Zone" pouvant accueillir 30'000 blaireaux, une "Zone tampon", une scène pouvant accueillir des stars devant un public de plusieurs dizaines de personnes, six "mégaconcerts", deux écrans géants... Réponse des organisateurs de la fête à beaufs aux inquiétudes des riverains : "Déménagez", "Allez habiter dans un autre quartier quelque temps", dans des "chambres d'hôtes". C'est quoi, le slogan de l'Eurofoot ? "Courage, fuyons !" ? Commentaire de l'intellectuel du peloton, Christian Constantin : les riverains de la plaine de Plainpalais "sont simplement des grincheux". Et même : des grincheux bientôt sourds.

38 villes suisses (en plus des trois villes hôtes) sont en compétition pour savoir quelles, d'entre elles, seront les dix-sept qui auront le droit d'emmerder leurs habitants avec l'installation d'écrans géants pour suivre l'Euro 2008. Parmi ces 38 villes, onze sont romandes (ou à moitié romandes) : Bienne, La Chaux de Fonds, Delémont, Fribourg, Lausanne, Martigny, Neuchâtel, Nyon, Sierre et Sion. Les dix sept villes retenues devrot installer une arène, protégée par des agents de sécurité privés. Les villes choisiront les sociétés de sécurité privées assurant la surveillance des corrals, mais seront responsables de la sécurité en dehors de l'enceinte.

EUROBURP


La marque de Bière Carlsberg, déjà sponsor des championnats d'Europe de foot, de la finale de la Coupe de l'UEFA, du maillot du FC Liverpool et de l'équipe suisse de foot, lance un concours (mais faut acheter 10 cannettes pour avoir le tickert de participation), avec comme prix 100 billets d'entrée à l'Eurofoot.

Les supporters peuvent donc commencer à se biturer un an avant les festivités. Qu'est-ce que ça va être pendant...

EUROTICTAC

Nouveau sponsor de l'Euro2008 pour la Suisse, aux côtés de l'UBS et de Swisscom : la marque de montres Hublot (des montres étanches pour naviguer en eau trouble), qui va lancer un modèle "exclusif" Euro2008, et sera chronométreur officiel de l'Euro2008. Le patron de Hublot, Jean-Claude Biver, se dit fier "d'ouvrir le luxe au football". L'inverse est déjà fait, vu les revenus des stars du foot, des patrons de clubs, et les masses de pognon en jeu.

EUROSOUK

"Nous mettons des paires d'yeux à disposition des sponsors" : Ainsi le "stratège du marketing" du club anlgais FC Chelsea, cité par "Le Temps" (du 8 mars) résume-t-il la fonction des clubs de foot professionnel.

... Au moins, c'est franc : le foot n'est plus un sport, mais un support de pub. Et une pompe à fric.

EURODIMAT

Les organisateurs de l'Euro annonce une "audience cumulée" de "près de dix milliards de téléspectateurs". Vous nous direz que dix milliards de téléspectateurs sur une planète peuplée, nourrissons et grabataires compris, de sept milliards d'invididus humains, dont la moitié n'a pas la télé, ça fait beaucoup, mais "audience cumulée", ça veut dire que chaque téléspectateur est compté autant de fois qu'il suit un match (ce qui permet de faire grimper les tarifs de pub) Et que s'il en suit douze, il est compté douze fois. Probable aussi qu'on compte comme téléspectateurs les chiens, les chats, les poissons rouges, les hamsters et les canaris à portée de vue de la télé. Un peu contraints, certes, comme téléspectateurs, mais a priori pas plus décérébrés que les humains vautrés devant le match.

La SSR a acheté les droits de diffusion exclusive de tous les matches de l'Euro2008 pour la Suisse. Elle n'a pas communiqué le montant de cette transaction. En France, TF1 et M6 se partageront les retransmissions.

En attendant, une grosse moitié (51 %) des Suisses interrogés par sondage (Demoscope) en janvier se "réjouissent" de l'Eurofoot et une petite moitié s'en foutent (44 %) ou y sont allergiques (3 %). Et quand on cause pognon, 44 % des personnes interrogées trouvent que l'utilisation des fonds publics pour l'"événement" est justifiée, 43 % s'y opposent. Et en mars, selon un autre sondage (Isopublic), 71 % des personnes interrogées soutiennent l'entraîneur de l'équipe nationale de foot, Köbi Kuhn, 53 % pensent que la Suisse atteindra les quarts de finales (autrement dit : sera dans les huit meilleurs équipes européennes), alors que 17 % ne la voient pas passer même le premier tour (heureusement qu'elle est qualifiée d'office en tant que co-organisatrice), et que 2 % la voient championne d'Europe. Sur un échantillon représentatif pour un sondage de cette importance (incontestable), 2 %, ça correspond en gros aux joueurs de l'équipe nationale et à leurs remplaçants. Pour un échantillon plus large, on peut y ajouter les entraîneurs et les soigneurs. D'ailleurs, l'entraîneur, Koebi Kuhn, assure que "Gagner l'Euro, c'est un rêve qui peut devenir réalité". Transformer le stade de la Praille en plantation de chanvre écologique aussi. "On veut gagner, contre n'importe qui", poursuit Kuhn. Contre le Lichtenstein, Andorre, Saint-Marin ou le Vatican (à condition sur les joueurs soient en soutanes), c'est possible, en effet. Face à des adversaires plus sérieux, le doute place : "ça n'est pas parce que la Suisse n'a jamais gagné contre l'Allemagne depuis 50 ans qu'on ne veut pas remporter le prochain match (le 7 février) à Düsseldorf". Match que la Suisse a perdu. Et quand elle fait une tournée d'entraînement en mars en Floride, elle réussit à ne pas perdre contre la Jamaïque (la ganja doit y être pour quelque chose), mais elle échoue devant la Colopmbie (ça doit être la faute à la coke).

EUROGER

Hosannah ! On a retrouvé notre bouc émissaire. Marc Roger a donc été agrafé en Espagne le 23 février et embastillà à Madrid, après, suggère son avocat, avoir été filé et dénoncé par un détective privé engagé par la partie adverse.

Roger est inculpé de banqueroute frauduleuse, gestion déloyale, abus de confiance, escroquerie et avantages accordés à des créanciers. Il était depuis septembre 2006 sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Arrêté le 15 mars 2005, détenu à Champ-Dollon, libéré sous caution le 10 juin 2005 (caution qu'il va perdre, puisqu'il a pris la fuite), il avait quitté la Suisse pour la France, et avait fourni un certificat médical attestant de son état de détresse morale, et ne s'était présenté à aucune des auditions par le juge Tappolet, lequel, estimant que Roro se défilait, avait délivré un mandat d'arrêt international. Comme Roger est Français et que la France n'extrade pas ses ressortissants, il fallait donc attendre que cette andouille commette l'erreur de quitter le territoire français pour le coincer, et demander son extradition. Extradition à laquelle il peut cependant s'opposer (d'autant qu'il est évident que s'il devait être extradé, il serait remis en prison en préventive, pour un bon bout de temps, le procès étant prévu pour 2008), l'expérience attestant du ridque de fuite. Si Roro s'oppose à son extradition vers la Suisse, l'Office fédéral de la justice devra déposer une requête en extradition. Ensuite, la procédure d'extradition peut prendre jusqu'à six mois (et son aboutissement n'est pas automatique), selon le juge Tappolet.

L'avocat de Roro, Alain Marti, s'inquiète : son client "n'est pas en état de supporter ce qu'il a enduré" (trois mois de Champ-Dollon), et qui l'a "démoli psychiquement et physiquement". Après sa libération, il a sombré dans une "dépression profonde", et a "tout perdu : sa famille, sa fortune et sa réputation". "Il y a un gros risque que Marc Roger mette fin à ses jours", conclut l'avocat.

Et compte tenu de ce qu'il sait des magouilles qui ont entouré la reprise, puis la faillite, du FC Servette et de la société d'exploitation du stade, ce serait dommage.

Surtout que Roro prépare un bouquin, dont "Le Parisien" du 30 mars publiait quelques extraits, où l'ex-patron du Servette expliquait comment il avait arrosé le patron de la Juve de Turin, évoquait le rôle de la Camorra napolitaine dans le financement du foot, le parcours d'une petite valise remplie de billet et le transfert de Zidane au Real. Le bouquin ne paraîtra probablement, et malheureusement, pas avant 2008. Pourvu qu'il paraisse avant l'euro, qu'on ait un peu de lecture pendant...

TERRAIN VAGUE


Deux stades verniolans ont été fermés au public, après avoir été régulièrement vandalisés. Les stades d'Aïre et des Libellules n'accueilleront plus que les entraînements des clubs locaux.

Après de violents incidents ayant entraîné la mort d'un policier, puis la fermeture de plusieurs stades italiens non conformes aux normes de sécurité (sur 31 stades accueillant des équipes professionnelles, seuls six sont conformes à ces normes : Rome, Turin, Sienne, Cagliari, Palerme et Gênes"., il avait été envisagé de faire jouer à Genève un match européen entre l'Inter de Milan et Valencia. On y a renoncé. On a bien fait. Parce que'il n'y a pas de raison d'accepter que la seule manière d'amener un public au stade de Genève soit de buter un policier au stade de Catane.

FONDS DE CORBEILLE

Un championnat international de football pour séminaristes catholiques a débuté le 17 février en Italie, par un match opposant des séminaristes mexicains à des séminaristes brésiliens.

Foot et religion ensemble, ça fait overdose d'opium du peuple.

Le stade de Bâle se dotera d'un "nouveau concept d'élimination des déchets" en prévision de l'Eurofoot, annonce "20minutes.ch" du 16 février : les déchets seront triés et recyclés écologiquement. Les supporters et les hooligans aussi ? Par ailleurs, verres et assiettes seront fabriqués avec "des substances naturelles". Les cocktails Molotov et les matraques aussi ?


PRAILLE : RACKET, MODE D'EMPLOI

Le Stade de la Praille, à défaut d'utilité publique, a trouvé sa vocation : celle d'une sorte de trou noir financier, aspirant tout ce que les caisses publiques situées à proximité peuvent laisser échapper. Dernière entourloupe du genre, qui tient à la fois du racket et du déni de démocratie : le don princier en décembre dernier, par le Conseil du Fonds d'équipement communal (FEC)I sur proposition du Conseil d'Etat (en période de "vaches maigres" budgétaires) de onze millions puisés dans le FEC, sans possibilité de référendum, pour permettre à la Fondation du stade de payer l'ardoise (moins les intérêts, abandonnés par le créancier) laissée auprès de l'entreprise qui a construit ce machin, Zschokke, devenue Implenia. Cette méthode a été proposée par le Conseil d'Etat "rose-vert", soutenu par l'Association des communes (mais en l'absence du représentant de la Ville, et sans que le sujet soit indiqué à l'ordre du jour), et finalement ratifiée par le fonds (également en l'absence du représentant de la Ville et également sans que le sujet soit porté à l'ordre du jour)... Il y a donc de la cohérence dans la démarche des stadolâtres genevois : cela fait bien des années qu'ils pratiquent un "ninisme" assez particulier : "ni souci des finances publiques, ni respect des droits démocratiques", sur fond de politique du fait accompli -et comme ce sont les mêmes qui s'agitent autour de l'Eurofoot2008, il y a fort à parier qu'ils useront des mêmes méthodes pour faire casquer les collectivités publiques à la place des organisateurs, et empêcher les citoyennes et citoyens de se prononcer sur ce financement, comme ils les ont empêché de se prononcer sur la construction du stade, sur son ampleur, et aujourd'hui sur le financement de ses dettes.

Pour la bonne bouche, on notera que la décision de pomper onze millions dans le fonds d'équipement communal pour les balancer dans le trou de la Praille a été prise en l'absence du représentant de la Ville, le Conseiller administratif Pierre Muller, qui assure n'avoir pas été informé de l'intention du FEC d'allouer effectivement onze millions au stade, n'avoir pas pris part aux discussions sur le fond, ni au vote final, et ajoute que la question n'a jamais été traitée au Conseil administratif et que rien dans les convocations des réunions de l'Association des communes et du fonds d'équipement communal ne laissait présager qu'on allait y prendre la décision de pomper onze millions dans le fonds. Le président du Fonds d'équipement communal, dans lequel onze millions ont été pompés par la fondation du stade de la Praille, se défend de tout soupçon de coup fourré : "lorsque nous avons voté pour l'attribution de ces 11 millions à la Fondation du stade, il n'y a pas eu d'opposition majeure de la part des communes" explique Claude Etter ("Le Courrier" du 19 janvier)... ben évidemment : elles n'étaient pas informées qu'on allait proposer vider leur caisse commune pour payer les dettes de la fondation, et du coup la Ville était absente lors du vote. Pour éviter les oppositions, évitons de communiquer les propositions. C'est simple comme un vol à la tire. Du coup, le Muller de la Ville accuse le Muller du canton, le Conseil d'Etat et le FEC de s'être livrés à un "tour de passe-passe politique et comptable" en utilisant un fonds de soutien aux investissements d'utilité publique pour payer des dettes, et cela sans avoir annoncé cette proposition à l'ordre du jour de la réunion du comité du FEC (l'Association des communes genevoises usant de la même opacité). Pierre Muller "décerne un carton rouge au Conseil d'Etat pour déni démocratique", et assure que s'il avait été présent lors de la décision du FEC, il aurait voté contre le don à la fondation du Stade. puisque la décision du FEC n'est suceptible d'aucun référendum (un recours au tribunal administratif restant éventuellement possible, s'il y a violation des réglements et des statuts du FEC et/ou de l'ACG), comme d'ailleurs une dénonciation à la Cour des comptes s'il se confirme que le FEC ne peut pas être utilisé pour payer des dettes.

Racket et déni de démocratie, donc.

Racket, d'abord : la facture finale de la construction du stade a atteint le double de ce qui était prévu au départ (au moins 117 millions aujourd'hui, contre 68 prévus). Pour tenter de boucher le gouffre ainsi creusé, la fondation du stade a successivement racketté l'Etat, la Ville de Lancy, et maintenant l'ensemble des communes, via le Fonds d'équipement communal (au passage grossi de ressources auparavant restituées aux communes : part sur l'impôt immobilier, part sur l'impôt à la source des frontaliers). On admirera l'exercice : on remplit les caisses d'un organisme intercommunal en vidant celles des communes, pour ensuite vider les caisses de l'organisme en question en payant les factures d'une fondation privée, dans laquelle les collectivités publiques ont déjà englouti plus de 65 millions de francs (46,2 millions pour le canton, 3 millions pour la Ville de Genève, 5 millions pour la Confédération, 6 millions pour la Ville de Lancy, plus 1,3 millions annuels sortis des caisses cantonales pour assurer le fonctionnement de la fondation, incapable de même autofinancer son propre fonctionnement).

Mais l'exercice ne se limite pas au racket : il atteint au sublime dans le déni de démocratie. Il y a moins de deux ans, en avril 2005, les citoyennes et citoyens de la Ville refusaient, à une majorité écrasante (près de 75 %) que la Ville puisse prêter 2,5 millions à la Fondation du Stade, compte tenu de l'absence à peu près totale d'espoir que ce prêt soit un jour remboursé (Lancy et le canton, qui avaient eux aussi prêté de l'argent à la Fondation, n'ont pas vu la couleur du moindre début de remboursement. C'est le principe du trou noir, la perfection de la constipation : ça avale, ça digère, ça ne relâche rien. On a bien eu un pet -mais il ne venait pas du trou noir : c'était l'édito de la "Tribune" (du 20 janvier), qui applaudissait à la manoeuvre, en affirmant que les communes ont de l'argent "à profusion alors que l'Etat tire le diable par la queue", et voyait dans la méthode utilisée pour boucher le trou de la Praille en ponctionnant un fonds intercommunale un signe "précurseur" de la manière dont le canton entend se décharger de ses charges (sans renoncer à ses compétences). Voilà au moins les communes prévenues.

Or donc, le plus démocratiquement du monde, le "peuple souverain" de la Ville refuse de prêter 2 millions et demi à la Fondation -mais moins de deux ans plus tard, c'est trois millions que la Ville va, non plus prêter, mais donner à cette même Fondation, par l'intermédiaire d'un fonds alimenté pour un tiers par la Ville. Et qui est ponctionné de onze millions, soit du tiers de ses disponibilités totales. A titre sûrement, de coïncidence malheureuse, on puise dans des fonds publics pour éponger une dette privée alors qu'on explique au bon peuple que les collectivités n'ont plus assez d'argent pour maintenir les prestations sociales (et, par exemple, qu'on décide de ne pas indexer les prestations d'assistance en 2007, alors que la loi prévoit une telle indexation). Et pour plus de sécurité, on puise dans les fonds publics en contournant toute possibilité de contrôle démocratique : non seulement le peuple n'aura rien à dire (il n'y a pas de référendum possible contre un don du fonds d'équipement communal, même extorqué dans des conditions dont on dira par euphémisme qu'elles sont plus que douteuses), mais le parlement lui-même n'a rien à dire : il se retrouvera seulement à devoir constater qu'il manque onze millions dans les comptes de l'Etat pour 2006).

Au Conseil municipal de la Ville, la méthode utilisée par les stadolâtres pour boucher le trou de la Praille a fait grand bruit -mais pas grand mal, une majorité (l'Entente plus le PS) ayant admis le fait accompli du racket, cette même majorité ayant déjà admis le fait accompli de la construction, pour un montant final deux fois plus élevé que prévu, d'un stade deux fois plus grand qu'utile et trois fois plus grand que nécessaire. Pour la droite, de toutes façons, c'est la faute à Hediger, tout est de la faute à Hediger : le dépassement du budget, la taille du stade, sa sous-utilisation, et sans doute aussi la multiplication par vingt des dépenses publiques pour l'Eurofoot péar rapport au budget initial, sans parler des hooligans (probablement entraînés par Hediger).

S'inclinant devant le fait accompli du pompage du fonds d'équipement communal pour payer les dettes du stade, et histoire de montrer qu'il n'a pas complètement perdu tout sens critique, le PS de la Ville a fait adopter par le Conseil municipal une motion acratopège (pour un Euro 2008 "adapté à la ville et écocompatible") dont l'adoption (par toute la droite, en sus du PS et des Verts) posait d'autant moins de problèmes que son contenu était insignifiant. Le Conseiller municipal AGT Sébastien Bertrand a résumé la motion socialiste ainsi : elle consiste "à demander aux hooligans de mettre leurs tessons de bouteille dans les containers pour le verre". C'est un résumé injuste. La motion socialiste demandait beaucoup plus. Elle demandait aussi aux hooligans de fabriquer leurs cocktails Molotov avec de l'essence sans plomb.

Et finalement, si le contenu de la motion socialiste était insignifiant, sa forme rhétorique était assez inventive. Et après l'appel à un "Euro2008 écocompatible", on peut donc attendre des socialistes un appel à un "djihad oécuménique" à des "bigs mac's macrobiotiques".

Comment riposter à la méthode utilisée pour ponctionner les caisses publiques sans que le bon peuple n'y puisse rien, et sans même que les représentants des communes en soient informés ? Plusieurs éléments pourraient être constitutifs d'un recours au Tribunal administratif, et d'une dénonciation à la Cour des Comptes :

On notera que les communes qui s'estiment lésées par une décision du FEC (et là, elles le sont toutes, les 45) peuvent recourir auprès du Conseil d'Etat, autorité de surveillance du fonds (art. 4 des statuts du FEC). Mais comme, dans le cas qui nous occupe, le Conseil d'Etat n'est pas seulement complice de la manoeuvre, mais qu'il en est le co-organisateur, on ne peut guère accorder beaucoup de chances de succès auprès d'une autorité de surveillance qui ne surveille guère que les oppositions potentielles à ses manoeuvres.

A ces éléments de possibles démarches auprès du Tribunal administratif s'ajoutent des éléments de dénonciation politique -et là, c'est au représentants des communes qu'il faut s'adresser, puisque ce sont eux qui ont été mis devant le fait accompli d'une ponction dans un fonds d'équipement qu'elles alimentent toutes, et d'une approbation de cette ponction par une association (l'ACG) qui les regroupe toutes. Nous allons donc nous adresser aux Conseiller-e-s administratifs-ives, aux Maires et adjoint-e-s, aux Conseiller-e-s municipaux-ales pour les rendre attentifs au fait qu'ils ont été empêchés d'exercer leurs droits et leurs responsabilités

EURORACKET

La méthode utilisée pour boucher le trou de la Praille en puisant dans les fonds publics présage de celle qui sera utilisée pour payer les frais annexes de l'organisation à Genève de trois matches de l'Eurofoot, en 2008 : tout faire pour contourner les droits populaires, user de n'importe quelle méthode, même légale, pour empêcher le lancement d'un référendum. Le Conseiller d'Etat Mark Muller annonce certes qu'un budget devra passer devant le Grand Conseil "cette année", mais minimise les chiffres : "en tenant compte de l'investissement de l'UEFA et, aussi, de celui de la Confédération, on arrivera à une somme nettement inférieure" aux vingt millions déjà annoncés, et même inférieure à 10 millions. Et peu importe si ces crédits n'auront avec les dépenses prévues qu'un rapport symbolique. Le but, clairement exprimé par Mark Muller, c'est "d'éviter le lancement d'un référendum", en présentant la demande de crédits "de manière raisonnable". En clair : on proposera au Grand Conseil un crédit de moins de 20 millions, ou plusieurs crédits de moins de 10 millions (quand ? on sait pas : la commission des finances du parlement n'a encore été saisie d'aucune demande de crédit). Comme ces crédits ne couvriront pas les dépenses, mais que ceux qui les présenteront le savent déjà, on ajoutera ensuite ce qui manque, en contournant le Grand Conseil et le peuple, en puisant dans des fonds ou des dépenses de fonctionnement, ou en représentant, la bouche en coeur, des crédits supplémentaires le plus tard possible C'est exactement ce qui a été fait au niveau fédéral : on a fait voter un budget de 10 millions aux Chambres fédérales, pour annoncer quelques moins plus tard qu'en fait c'est de 200 millions dont a besoin. Le porte-parole du département de Mark Muller annonce que tout sera dévoilé en février. On se réjouit.

EUROFRIC

Un accord a été trouvé entre l'UEFA et les villes "hôtes" de l'Eurofoot. Un accord signé à Zurich le 23 janvier, et par lequel l'UEFA accorde aux villes en question une aumône (dont elles se disent satisfaites) de 3,3 millions (3,7 millions pour Bâle, qui accueille six matches alors que Berne, Zurich et Genève n'en accueilleront que trois), dont 1 million et demi en nature (contreparties diverses, dont la pose d'écrans géants et l'organisation des parcs à huitres, dits "Fans Zones"). Genève recevra donc 1,2 million pour l'organisation du parc à huîtres de Plainpalais, plus 600'000 de dédommagement pour les prestations des collectivités publiques. Dans les "Fans zones", l'UEFA s'est arrogée le droit de mettre en évidence ses propres sponsors (dix pour l'ensemble de la compétition, pour quatre pour la Suisse). Les villes n'auront le droit d'accorder de l'espace qu'à quatre annonceurs locaux, et encore : pour autant qu'ils ne soient pas concurrents des sponsors officiels. C'est ce que le représentant de Genève, le Conseiller d'Etat, appelle un accord "équilibré" : ce que l'UEFA verse aux villes ne couvre qu'un dixième de ce que les villes auront à payer, alors que les benefs pour l'UEFA se calculent en centaines de millions...

Un accord a été trouvé entre l'UEFA et les villes "hôtes" de l'Eurofoot. Un accord signé à Zurich le 23 janvier, et par lequel l'UEFA accorde aux villes en question une aumône (dont elles se disent satisfaites) de 3,3 millions (3,7 millions pour Bâle, qui accueille six matches alors que Berne, Zurich et Genève n'en accueilleront que trois), dont 1 million et demi en nature (contreparties diverses, dont la pose d'écrans géants et l'organisation des parcs à huitres, dits "Fans Zones"). Genève recevra donc 1,2 million pour l'organisation du parc à huîtres de Plainpalais, plus 600'000 de dédommagement pour les prestations des collectivités publiques. Dans les "Fans zones", l'UEFA s'est arrogée le droit de mettre en évidence ses propres sponsors (dix pour l'ensemble de la compétition, pour quatre pour la Suisse). Les villes n'auront le droit d'accorder de l'espace qu'à quatre annonceurs locaux, et encore : pour autant qu'ils ne soient pas concurrents des sponsors officiels. C'est ce que le représentant de Genève, le Conseiller d'Etat, appelle un accord "équilibré" : ce que l'UEFA verse aux villes ne couvre qu'un dixième de ce que les villes auront à payer, alors que les benefs pour l'UEFA se calculent en centaines de millions...

L'UBS sponsorise, à hauteur de 15 millions (une paille sur son bilan) la pose d'écrans géants installés dans 13 à 17 villes de Suisse (plus les quatre villes hôtes) : 15 millions pour assourdir plusieurs milliers de riverains et voisins de ces écrans géants, et réjouir jusqu'à 10'000 personnes (qui payeront entre 10 et 15 balles) dans chacune des 13 à 17 villes victimes, ça va au moins relancer la vente des boules quies pour les uns et de la bière pour les autres. Encore un effet économique positif de l'Eurobeauf, sans doute : les partisans du machin chiffrent à 4 millions la valeur des "retombées promotionnelles indirectes" pour chacune des villes hôtes -qui aura son petit logo de l'Eurofoot et pourra l'utiliser dans ses opérations de promotion, ainsi qu'un clip promotionnel télé de 20 secondes (pas plus, l'espace publicitaire est capté par les sponsors, on va pas le laisser perdre) avant chaque match se déroulant chez elle. S'agissant de Genève, en tous cas, croire que l'Eurofoot sera de la moindre utilité promotionnelle relève de la mystification pure et simple : Genève est d'ores et déjà la ville suisse la plus connue au monde (et le foot n'y est pour rien), et on aura beaucoup de peine à trouver ne serait-ce qu'un taborniau au fin fond du trou du cul du monde qui apprendrait l'existence de Genève à la faveur de l'Eurofoot.

La campagne suisse de promotion touristique pendant l'Euro2008 (budget : 15 millions) aura pour slogan : "Suisse, un plus à découvrir" (pour des centaines d'évadés fiscaux friqués, la découverte est déjà faite. Mais c'est pas un plus, c'est un moins. D'impôts). L'Office fédéral des sports attend entre un million et plus de trois millions de visiteurs étrangers (mais que fait l'UDC ?). Dont la plupart ne viendront que pour le temps d'un match et repartiront sitôt après.

Le foot anglais va encaisser entre 2007 et 2010 plus de quatre millards d'euros, soit un milliard par saison, en droits de diffusion media (internet compris). Sur ce pactole, un quart sera redistribué aux équipes de première division : 120 millions pour le champion, 70 millions pour le deuxième, 70 millions à se partager entre les autres. Meuh non, le sport ça n'a rien à voir avec le pognon...

EUROBLABLA

Le slogan officiel de l'Euro 2008 (en quatre langues -mais on a remplacé la langue des indiens (le romanche) par celle des cow-boys (l'anglais) sera "L'émotion est au rendez-vous". L'arnaque aussi.

Pour le directeur général de l'UEFA, ce slogan "met en lumière l'essence mèême de ce que le tournoi vise à offrir" (du pognon ?), et pour le président de l'Association suisse de football, Ralph Zloczower, l'Euro 2008 en Suisse sera "une expérience inoubliable pour tous les fans de sport". Et les caisses publiques. Et d'ajouter qu'il est "difficile d'imaginer quelque chose de plus coloré, de plus festif et de plus excitant". Ben si, une bonne baston entre supporters. Quant au président de l'Association autrichienne de foot, il estime que le slogan "L'émotion est au rendez-vous" s'applique "également aux joueurs et aux entraîneurs (...) et bien sûr aux fans". Et bien sûr aussi aux contribuables.

EUROBEAUFS

Les à-côtés festifs de l'Eurofoot se précisent (si on peut dire) : Mark Muller a annoncé, confirmé ou évoqué, en vrac, l'installation d'un corral (une Fans Zone) sur la plaine de Plainpalais, une draille de la gare à Plainpalais, voire de Plainpalais à la Praille, des écrans géants à Plainpalais, au Bout-du-Monde et à la Praille, un camping au Bout-du-Monde. Mais pour tout ça, il a pas les sous (du moins officiellement), Muller. Et il craint comme la peste le référendum, Muller. Et il va donc essayer de les trouver en contournant les droits démocratiques, Muller.

A Plainpalais, où les riverains de la Plaine se souviennent du calvaire endurée lors du Mondial de foot, on se prépare au pire. L'organisateur de la fetabeaufs, Frédéric Hohl, député radical (qui votera probablement en tant que député les millions dont il aura besoin en tant qu'organisateur), noie le poisson et dit qu'il "comprend les craintes ds riverains", mais explique qu'à Genève aucun endroit ne peut accueillir jusqu'à 100'000 personnes (jusqu'à présent il prétendait être capable d'en accueillir 80'000, c'est comme pour le coût de l'organisation de l'Euro pour les collectivités publiques : c'est surinflationniste). Et Hohl de s'engager à rencontrer régulièrement les habitants. Pour leur distribuer du Lexomil et des boules Quies ?

Une rencontre entre les habitants du quartier prochainement sinistré (les riverains de la Plaine, quoi) et des représentants de la Municipalité (notamment Manuel Tornare, Véronique Purro, une Conseillère municipale membre de la Commission des pétition) et des organisateurs de l'Eurobeaufs a eu lieu fin décembre. But de l'exercice : noyer le poisson. Genre "on vous comprend très bien, les habitants, mais la plaine est un lieu de fête, et la fête ça fait du bruit, et d'ailleurs du bruit y'en a aussi ailleurs, et la fêete du foot, on peut pas l'organiser ailleurs" etc. etc.

Arguments massues (entre autres) : on ne peut pas organiser l'Eurobeaufs à la patinoire, elle est trop petite. On peut pas non plus l'organiser au Bout du Monde, la nappe phréatique nme le supporterait pas. Au Stade de la Praille, alors ? Non, la pelouse est fragile. La question de savoir s'il faut l'organiser où que ce soit n'a bien sûr pas à être posée.

Bref, ce qui attend les malheureux indigènes de Plainpalais, ce sont plusieurs semaines invivables. Du bruit avant les matches, pendant les matches, et encore plus après. Et quand il n'y aura pas de matches, on organisera des concerts (de musique à beaufs, pas de grégorien).

L'UEFA "offre" à chaque ville organisatrice, et pour la population locale, 700 ou 750 billets par match se déroulant sur son sol. Sur le total des billets qui seront vendus, c'est une paille : 290'000 billets (soit moins du tiers du total des places disponibles) seront mis en vente sur internet en mars prochain. Chaque internaute pourra réserver jusqu'à 4 billets (bonjour le marché noir) pour un seul match par jour. Les billets seront plus chers que lors de l'Euro2004, mais moins chers que lors du Mondial 2006, assure-t-on à l'UEFA. Dont on connaît la sincérité et le souci de la vérité des chiffres.

Selon un sondage par internet effectué (sans confection d'un échantillon représentatif) par "20minutes.ch", auprès d'un nombre indéterminé d'internautes, ceux-ci se divisent, en gros, en trois tiers à propos de l'Eurofoot : un petit tiers n'y trouve aucun intérêt, un gros tiers ira au match, un autre gros tiers les regardera à la télé. Avec le quatrième tiers qui est parfaitement allergique à ce machin, on aura complété l'ensemble en usant de la même arithmétique que celle dont usait le Conseil fédéral quand il annonçait que les collectivités publiques n'aurait que 10 millions à payer pour organiser la part helvétique de l'Eurofoot.

EUROBASTON

La "NZZ am Sonntag" a annoncé que la police pourrait rendre une petite visite préventive aux hooligans suisses, histoire de les sensibiliser (car ce sont de grands sensibles) aux conséquences que pourraient avoir leurs actes de hooligans, de leur faire savoir qu'ils sont connus de la police et que la police saura où les trouver si elle les cherchait. Cette idée géniale du chef de la sécurité de l'Euro, Martin Jäggi, a cependant suscité l'opposition du préposé fédéral à la protection des données, qui craint la stigmatisation sociale (devant leurs proches ou leurs employeurs) des hooligans, évoque les risques d'erreurs, et propose plutôt de convoquer les intéressés au poste. Quant à la porte-parole de l'Office fédéral du sport, Barbara Meier, elle rappelle ("Le Matin" du 11 janvier) que les hooligans ne sont pas seuls à pouvoir foutre le bordel et que "d'autres groupes utilisent les stades pour être violents". Par exemple les joueurs ?

La loi (toute récente) prévoit contre les hooligans un dispositif allant de l'interdiction de périmètre à la garde à vue pour 24 heures. Ces mesures sont applicables à toute personne de plus de 12 ans, et peuvent être prises jusqu'en 2009. Mais on ne sait pas si un hooligan étranger (vu qu'y a des hooligans étrangers qui viennent manger le pain des hooligans suisses) interdit de stade dans son pays se verra notifier la même sanction en Suisse. En Valais, trois supporters du FC Sion ont été interdits de stade pendant trois ans, et condamnés à deux mois de prison avec sursis et 1000 francs d'amende pour avoir provoqué des incidents en 2003 lors d'un match entre Sion et Lucerne. Pendant trois ans, donc, il leur est interdit d'approcher à moins de 400 mètres d'un stade de foot, dans la période qui va de trois heures avant le match à trois heures après, pour des matches de "Challenge League, de "Super League" et de Coupe de Suisse (on dit pas encore "Swiss Cup ?"). Mais apparemment pas pour des matches de l'Euro. On les retrouvera donc peut-être à Genève. Où on annonce que la zone du stade de la Praille (du Bachet à l'Etoile en passant par la gare), le Centre sportif des Vernets (parvis et parking compris), Palexpo (parc compris) et la Plaine de Plainpalais seront interdits aux hooligans. Dont on connaît le respect qu'ils portent à ce genre d'interdits. Ces interdictions sont prononcées sans condition préalable de condamnation pénale (il suffit d'avoir été repéré par une caméra, un policier ou un témoin).

Petit problème : les organisateurs de l'Euro2008 sont inquiets du manque de lieux de détention préventive pour les hooligans. Il faudrait 1200 places de stockage dans les villes hôtes, et on ne les a pas. D'où l'idée géniale évoquée par le "Sonntagsblick" : utiliser Palexpo pour y installer une prison de 400 places.

Palexpo a déjà accueilli fin janvier une vente de surplus militaires, pourquoi pas, en effet, y stocker les surplus sportifs.

Le délégué cantonal genevois à la sécurité pour l'Euro 2008, Marcel Brühlart, estime ("La Tribune de Genève" du 4 décembre) que l'estimation de 1400 places nécessaires pour la détention préventive de hooligans en Suisse était "exagérée" : "il n'y a pas de raison de paniquer". ... t'as raison Marcel, on a déjà suffisamment de raisons de rigoler...

Le Conseil des Etats a accepté l'engagement de 15'000 militaires en service d'appui à la sécurité pendant l'Euro. On a enfin trouvé une utilité à notre glorieuse armée.

Même au Liechtenstein, et même hors des stades, la baston règne : un arbitre d'un tournoi de foot en salle a été passé à tabac par des joueurs de foot, et a dû être hospitalisé, nous apprend "Le Matin Bleu" du 9 janvier... Comme le déclare l'inénarrable Adolf Ogi (dans "Coopération" du 27 décembre) : "Dans le sport, j'apprends à respecter l'adversaire (...), j'apprends à gagner sans penser que le suis le meilleur, j'apprends à perdre sans penser que c'est la fin du monde, j'apprends la tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage, le respect"...

La tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage et le respect règnent à ce point dans le monde du sport (professionnel en l'ocurrence) que la rencontre de Coupe de l'UEFA du 13 décembre à Paris, entre le PSG et le Panathinaïkos d'Athènes, a été classée à "hauts risques" par la préfecture de police, qui a fermé la partie basse d'une tribune, mobilisé 700 stadiers et 2000 policiers, et interdit de stade 201 supporters.

La tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage et le respect règnent aussi dans le sport amateur : l'un des huit trépanés qui ont, à Marseille, en octobre, pour faire comme à Nanterre et mieux qu'à Lyon, incendié un bus et brûlé vive une étudiante de 26 ans, était capitaine d'une équipe de foot, un autre était arbitre de sports collectifs et tous étaient fans de foot.

De toutes façons, y'a pas que le foot dans la vie. Y'a aussi le hockey. Deux joueurs du hockey-club de La Chaux de fonds ont été inculpés à la mi-décembre de viol sur quatre mineures de moins de 16 ans, et l'un d'eux, en plus, de tentative de viol sur majeure.

EURONOTABLES

Le 26 janvier, les 52 fédérations nationales de l'UEFA étaient appelées à élire le président de la coupole du foot européen. Ils avaient le choix entre un vieux crocodile cacochyme de 78 ans, le Suédois Lennart Johansson, président sortant, en poste depuis 1990. et un ancien jeune de 52 ans, le Français Michel Platini, challenger, qui a finalement été élu avec 27 voix au premier tour. Johansson, qui a été consolé avec une présidence d'honneur, était le candidat de Johansson à la succession de Johansson, Platini le candidat du patron de la coupole internationale, la FIFA, Sepp Blatter, qu'il avait soutenu (en vain) contre Johansson pour l'élection du président de la FIFA en 1998. Retour d'ascenseur, donc : Platini soutient Blatter contre Johansson, donc Blatter soutient Platini contre Johansson, et affirme après l'élection de Platini : "nous avons la même conception du football, qui n'est pas seulement un produit et une entreprise". Pas seulement, non. Mais surtout. Commentaire du journaliste anglais Andrew Jennings, auteur d'une enquête ravageuse sur la FIFA et son président, l'élection de Platini est "une catastrophe pour le football, parce que comme il baisera la main de Blatter (grâce à qui il a été élu), ce dernier jouira alors des pleins pouvoirs" sur le foot mondial et le foot continental". Elu à la présidence de l'UEFA, Platini se retrouve d'ailleurs automatiquement vice-président de la FIFA, c'est-à-dire de Blatter.

Pour rester à son poste, le vieux crocodile avait pourtant arrosé : chaque association nationale (ce sont elles qui élisent) a reçu 600'000 balles de dotation supplémentaire. Et ça n'a pas suffi. Fallait verser plus. Pour conquérir le poste, le vieux jeune avait promis de renforcer le poids des petites fédérations nationales (les plus nombreuses) face aux grandes (l'italienne, la française, l'allemande, l'anglaise et l'espagnole). Promesses électorales. D'ailleurs, les deux candidats promettaient, la bouche en coeur, qu'ils allaient lutter avec vigueur contre le racisme, la violence, le dopage et la corruption. Parce qu'il y a tout ça dans le foot ? On en apprend de belles...

En même temps que son président, l'UEFA élisait son comité exécutif. Et vlam ! le seul Suisse candidat (un papy de 73 ans, Giangorgio Spiess) a été battu. Mais comme l'UEFA a son siège en Suisse (à Nyon) et que Platini a promis de s'installer en Suisse (à Nyon, pas à Gstaad), à défaut d'honneur, l'intérêt est sauf.

L'UEFA travaille, c'est sûr, pour les jeunes et leur bonne santé psychique et physique : "Le Monde" du 12 janvier décrit donc les membres de la coupole du foot européen (l'UEFA) : "le représentant espagnol soliloque en boîtant bas, le délégué anglais peine à réajuster sa ceinture de pantalon (...) (le) président suédois (...) semble usé par la maladie et seize années d'un pouvoir absolu". ... Allez les jeunes !

TERRAINS VAGUES

Selon les chiffres officiels de fréquentation des stades où se sont joués les matches de "Super League" dans la première partie du championnat 2006-7, la moyenne générale de fréquentation des stade a été de 9274 spectateurs (soit, en gros, entre un tiers et la moitié de la capacité des stades). A Bâle (19776 spectateurs en moyenne), Berne (15'725 spectateurs) et Sion (12'342 spectateurs), les stades ont remplis à plus de la molitié de leur capacité -mais partout ailleurs, il y avait en moyenne plus de places inoccupées que de places occupées.

Le "taux de remplissage" moyen des stades les plus récents est de 92 % en Angleterre, de 83 % en Allemagne, de 73 % en France, de 71 % en Espagne, de 52 % en Italie.

Et de moins de 10 % à Genève.

A Lausanne, on se prépare à patauger dans le même genre de marigot que celui dans lequel on barbotte depuis des années à la Praille : faut remplacer le stade de la Pontaise, comme il fallait remplacer celui des Charmilles. Et on entend déjà les mêmes arguments foireux que ceux dont nous avons eu les oreilles rebattues à Piogre : un nouveau stade est vital pour l'équipe phare, le football moderne exige des installations capables d'attirfer non seulement les spectateurs, mais aussi les sponsors et les investisseurs, et quand on aura un nouveau stade tout beau, le club phare du canton se portera comme un charme. Si des copains lausannois ont besoin d'un petit coup de main pour empêcher qu'on fasse les mêmes conneries à soixante kilomètres de distance, on est disponibles.

On est aussi disponibles pour aider nos copains français : onze projets de nouveaux stades sont lancés en France (où les stades appartiennent en général aux municipalités, et sont loués aux clubs), pour un coût moyen de 50 millions d'euros, mais pour 200 à 250 millions à Lyon, et 300 millions à Lille.

On a pas eu le temps de demander à l'abbé Pierre combien de sans-abri on pouvait loger avec 300 millions d'euros, il est parti dégoûté de la connerie du monde avant qu'on ait pu lui poser la question.

Pendant ce temps, à Genève, le parc public qui devait remplacer le stade des Charmilles n'est toujours ni parc, ni public. Le stade n'est toujours pas démoli. En octobre 2004, le banquier Bednedict Hentsch lançait à grands fracas médiatique le projet de réaménagement de la parcelle occupée par le stade, et sur laquelle devaient prendre place (pour 2008) un immeuble et un parc public.La parcelle est propriété de la fondation Hippomène, dont le but n'est pas de réaliser des opérations immobilières mais de construire les parcs et de "favoriser la pratique et le développement de tous les sports athlétique" à Genève, et en particulier de soutenir le Servette FC. Qui joue désormais à la Praille (dans un stade vide), stade dans la construction duquel ni Hentsch, ni sa fondation n'ont investi un fifrelin. Par ailleurs, le don à la fondation du Stade de Genève des terrains d'entraînement de Balexert n'a toujours pas été fait. Il avait pourtant été promis. Mais bon, vous savez ce que c'est, les promesses des privés, dans l'histoire du stade de Genève, on aurait pu en paver le stade. Et revendre les pavés ensuite pour payer le stade.

La tendance dans l'économie du football (disons : le foot-pognon) est de donner aux stades non pas le nom de la ville où ils sont situés ou de l'équipe qui y joue, mais de l'entreprise privée qui y a investi, précisément pour que le stade porte son nom : le stade d'Arsenal se nomme donc "Emirates Stadium", du nom d'une compagnie aérienne; le stade du Bayern de Munich l'"Allianz Arena" (assurances), celui du Borussia Dortmund le "Signal Iduna Park" (assurances) et le stade du HV Hambourg l'"AOL Arena" (communication).

Pour le stade de la Praille, le "Trou du fonds d'équipement communal" s'impose donc, de toute évidence.

BREVES

La Fondation du stade a un nouveau directeur d'exploitation : Olivier Carnazzola, qui sort du Comité international olympique pour s'occuper de l'exploitation de ce qu'il décrit comme un "endroit idyllique pour le sport et pour la culture", et dans lequel il entend faire venir les Genevois pour l'Escalade et pour le Premier Août. On a besoin d'un stade pour ça ? Non, mais on a besoin de faire n'importe quoi dans le stade (y compris ce qu'on fait déjà ailleurs depuis longtemps) pour donner l'impression qu'il sert à quelque chose -disons : à quelque chose d'autre qu'à vidanger les caisses publiques.

"La Tribune de Genève" du 8 décembre nous apprend que Marc Roger, le méchant ex-patron du Servette et de la société d'exploitation du Stade de la Praille, aurait mandaté deux hommes de main pour extorquer de l'argent (150'000 francs) à l'un de ses débiteurs genevois. Les deux encaisseurs ont été arrêtés par la police, et inculpéés de tentative d'extorsion. Roro nie. Faut dire qu'il serait bien con d'user de méthodes aussi primitives pour extorquer 150'000 balles, alors qu'il suffit à la fondation du Stade de s'adresser poliment au fonds d'équipement communal pour extorquer 100 fois plus aux communes genevoises.

Marc Roger décrit ainsi sa situation actuelle : "Je suis en arrêt maladie. J'ai fait trois mois et demi de préventive. Je souffre de dépression et je suis en instance de divorce" ("La Tribune de Genève" du 8 décembre).

... faudrait pas que le bouc émissaire nous claque entre les mains, on serait obligés d'en trouver un autrre avant l'Euro2008...

Le sport, c'est la santé : selon une enquête de l'Agence française de lutte contre le dopage, 10 % des jeunes sportifs français (15 % des jeunes sportifs américains) ont accès à des produits dopants, 2 à 3 % en prennnt en toute connaissance cause, un pourcentage indéterminé en prennent parce qu'on les leur fait prendre, sans qu'ils sachent précisément ce qu'ils consomment, et les jeunes sportifs sont confrontés pour la première fois à un âge situé entre 9 et 13 ans à la "recherche de l'amélioration chimique de la performance physique". En Espagne, selon "Le Monde", plusieurs clubs de foot, dont le Real de Madrid et Barcelone, et peut-être le FC Valence et le Betis Seville, ont été clients du bon docteur Fuentes, grand dispensateur de produits dopants à injecter, et dont les clients connus se retrouvaient surtout, jusqu'à présent, dans le cyclisme, et qui confirme au "Monde" (du 7 décembre) avoir eu comme clients "athlètes, joueurs de tennis, footballeurs, joueurs de handball, boxeurs"... pas de joueurs de pétanque ni de pelote basque ? Les clubs de foot accusés nient. Ils n'ont pas dopé leurs joueurs, promis, juré.Ou alors à l'insu de leur plein gré ?

En Suisse, selon le Bureau de prévention des accidents, le sport fait 300'000 blessés et 135 morts par année, les accidents du sport représentent un coût économique et social de deux milliards par an, et la tendance est à la hausse du nombre des victimes et du coût des accidents, en raison du nombre croissant d'activités sportives, et de la manière de plus en plus violente (pour soi-même ou les autres) de les pratiquer.

Un "kit euro2008" va être proposé aux écoles primaires de toute la Suisse par le comité organisateur du machin. On n'est pas sûrs de savoir ce que ce kit contient : une seringue, une épèrouvette, de l'EPO, de la fausse monnaie, une pompe à fric et un cocktail Molotov nous paraissent en tous cas indipensables.

Un projet de réaménagement de la plaine de Plainpalais est en cours. L'installation du parc à huîtres de l'Eurobeaufs2008 suffit pas à embellir la plaine (et faire chier les riverains) ?

Un supporter du Servette, Pal Matyas, a payé de sa poche une amende (de 5400 francs) infligée au club par la Ligue suisse de foot, après des incidents occasionnés par des supporters genevois à Chiasso, en septembre 2006. Beau geste. Pour une fois qu'un privé met la main au portefeuille, on ne peut que le saluer. Et envoyer l'exemple à Jelmoli, au Crédit Suisse et à Benedict Hentsch.

Qui, il est vrai, n'en ont plus rien à cirer, puisque les travaux du stade ont été payés. En puisant dans les caisses publiques.

La SSR a décidé de ne plus retransmettre les grands prix bagnolesques de Formule 1, pour économiser 55 millions (qu'elle espérait obtenir d'une augmentation de la redevance, plus importante que celle qu'elle a finalement obtenue). Comme de toutes façons les grands prix en question sont déjà retransmis par une palanquée de chaînes télé qu'on reçoit en Suisse de toutes les manières possibles (par air, par cable, par satellite, par internet, par téléphone), personne n'y perdra rien.

Mais on se demande pourquoi la SSR a claqué- des centaines de millions (combien, au juste ?), encaissés par l'UEFA, pour retransmettre les matches de l'Eurofoot, qui eux aussi seront retransmis par la même palanquée de chaînes télé qu'on reçoit en Suisse de toutes les manières possibles (par air, par cable, par satellite, par internet, par téléphone).

Panique dans les clubs de sport suisses : le ministre fédéral des Finances, Little Merz, propose de soumettre à la TVA les cotisations de leurs membres, les finances d'entrées aux manifestations, les tombolas, les lotos... actguellement, les clubs sont exemptés de la TVA, et Merzeli propose d'abolir ces exemptions. Hurlements dans le milieu du sport, où, comme d'habitude, on fait dans la dentelle et la nuance : Merz "veut tuer le tissu social qui fait la force d'un village ou d'une ville. Il préfère que les jeunes aillent zoner", déclare l'entraîneur Yves Debonnaire... C'est cela, voui, Merz est un anarchiste masqué. Très bien masqué, même : jusqu'à présent, on le prenait pour le nain de jardin de Blocher...

Panique dans le foot anglais : de sales étrangers pleins d'argent pas forcément propre rachètent à tour de bras les clubs de foot anglais. Après Manchester United et Chelsea, c'est Liverpool qui se vend (et à un arabe, en plus : Sameer Al-Andsari, de Dubaï, qui a acheté le club pour environ 450 millions de livres, soit plus d'un milliard de francs suisses. Liverpoll est le septième club anglais en sept ans à passer sous le contrôle de milliardaires étrangers, ou d'entreprises étrangères : West Ham (Londres) a été racheté par un consortium islandais, Aston Villa par un homme d'affaire américain, Portsmouth par le Russe Gaydamak, Chelsea par le Russe Abramovitch, Manchester par l'Américain Glazer et Fulham par l'Egyptien Al Fayed. Les quatre premières places du championnat anglais sont occupées par des clubs appartenant à des étrangers, et on n'est pas très rassurés sur l'origine des fonds : l'origine des fortunes d'Abramovitch et d'Al Fayed est mystérieuse, Gaydamak est le fils (et probablement le prête-nom) d'un trafiquant d'armes, et l'argent qui a servi à racheter Liverpool pourait bien venir de la caisse personnelle de l'émir de Dubaï, qui se confond avec le budget de l'Emirat. A Zurich, l'entrepreneur immobilier Sven Hotz, 77 ans, a cédé la présidence du club de foot (FC Zurich) à un membre du directoire d'Ernst & Young, Ancillo Canepa, 53 ans, époux de la dirigeante richissime du leader mondial de l'implant dentaire, Nobel Biocare. Pour maintenir son club à flots, l'ancien président y avait injecté cinq millions par saison pendant vingt saisons. Et dire qu'à Genève, comme acheteur étranger, on n'a trouvé que Marc Roger... On pouvait pas demander à Ben Laden ?

Les autorités chinoises ont dépensé près de 50 milliards de francs pour équiper Pekin dans la perspective (exaltante) des Jeux Olympiques de 2008 : nouvelles autoroutes, extension du métro, nouveau terminal d'aéroporet -et au passage, destructions de quartiers anciens, expulsion de leur population à la périphérie... Les sponsors, parrain s et investisseurs ont afflué. Et forcément, y'a de mauvaises têtes qui sont de mauvaise humeur et qui râlent : les organisations internationales de défense des droits de l'homme ont accusé la Chine de profiter de l'organisation des JO pour accentuer la répression et les violations des libertés fondamentales, Amnesty International accuse le gouvernement chinois de violer "l'esprit olympique" (qui a déjà subi tous les outrages possibles, du racisme au terrorisme en passant par le dopage et la corruption, sans oublier la récupération politique), Reporters sans frontières classe la Chine au 163ème rang sur 167 pays en ce qui concerne le respect de la liberté de la presse, les organisations de défense de l'environnement rappellent que Pekin est l'une des villes les plus polluées du monde (en novembre, les habitants ont été priés de rester chez eux, tellement l'air était pollué)... Et puis quoi ? Qui se préoccupe des conditions politiques, sociales, environnementales, dans lesquelles les pays organisateurs de grandes compétitions sportives les organisent ? pays organisateurs de grandes compétitions sportives les organisent ? Lors de la visite du président du Comité international olympique en Chine, les gardes-frontières chinois ont abattu une jeune fille de 17 ans qui tentait de passer la frontière entre le Tibet et l'Inde. Les compétition de tir ont commencé.

La téléromande est toute contente : elle a réussi à attirer 412'000 spectateurs pour regarder la Suisse se faire sortir de l'Euro par la Turquie, et a atteint jusqu'à 48, 8 % de part de marché (55 % pour TSR 1, 42,9  pour TSR 2) pendant les "prime time" de la période de l'Eurofoot. Bon, cela dit, 412'000 spectateurs, ça fait guère qu'un gros quart de la population romande... Si on ajoute les chaînes françaises (TF1 et M6), qui font ensemble 21,4 % de part de marché, on arrive à un peu gros tiers de la population, ce qui correspond aux sondages effectués avant l'Eurofoot et qui indiquaient qu'un tiers de la population s'y intéressaient, un tiers s'en foutaient et un tiers y était allergique. Au bilan final, selon l'UEFA elle-même, l'Eurofoot a été  suivi en moyenne par 155 millions de téléspectateurs, dans le monde entier, ce qui est bien moins que claironné avant l'"événement" : pour pouvoir affirmer que l'Eurofoot allait susciter un intérêt passionné, puis pour pouvoir confirmer qu'il suscitait effectivement un intérêt passionné, on avait sorti des estimations d'une crédibilité improbable, selon lesquelles 6,4 millions de personnes vivant en Suisse, soit 91,6 % de la population, nourrissons et grabataires compris, allaient regarder (et avaient regardé) au moins une fois une retransmission en direct d'un match de l'Euro. Selon la même statistiques, les hommes auraient passé 11 heures et demie devant la télé à regarder l'Eurofoot (ça équivaut grosso modo à six matches, en comptant la mi-temps) et les femmes 8 heures et demi (quatre matches et des poussières). 

 Une recherche visant à mettre en évidence comment les acteurs d'une grande manifestation sont amenés à intégrer l'évaluation des risques et les problèmes de sécurité dans l'organisation de la manifestation a été lancée par l'Ecole polytechnique fédéral de Lausanne. Elle est co-financée par l'EPFL et la Fédération internationale du foot professionnel, la FIFA. Mais pas, apparemment, par l'UIEFA. Ben ça alors, pour une surprise, c'est une surprise...

Le président de l'UEFA n'aimant pas la couleur orange, l'espace VIP du stade de la Praille a été repeint en bleu. Aux frais de qui, au juste ?

Idée géniale de plus : celle, lancée par le rédacteur de la revue "Tracés", Francesco Della Chiesa, et reprise (elle le mérite) par GHI : une scène flottante sur le lac, se promenant entre Genève, Lausanne, Montreux et Evian. Après la baudruche à Jobin, c'est vrai que ça manquait. Le lac, c'est devenu le marché aux puces ?

Les cailloux sur la plaine de Plainpalais ont été enlevés, parfois à la main, et remplacés par du gravier. "Nous avons veillé à ne fournir aucune munition à l'intérieur du site en cas d'échauffourées", a précisé l'inévitable député radical prébendier des à côtés de l'Euromachin, Frédéric Hohl. En fait, on a pas enlevé les munitions, on a seulement changé leur calibre.

 

Après le dégonflage final de la baudruche à Jobin (qui s'enthousiasme pour l'effet de l'image de ce machin au dessus du jet d'eau, image qui a fait "le tour du monde"), Genève Tourisme annonce qu'elle évalue "l'impact publicitaire" de la chose, en essayant de comparer le coût d'annonces publicitaires payantes sur les 140 chaînes de télé qui ont diffusé l'image de la baudruche sur le jet.

C'est complétement con comme comparaison : de toutes façons, Genève ayant été, hélas, une des villes-hôtes de l'Eurofoot, des images du jet d'eau sans baudruche, auraient été diffusées sur les mêmes chaînes de télé que celles qui les ont diffusées avec baudruche. Et le jet d'eau aurait-il été illuminé en teinte vert caca d'oie que l'image aurait aussi "fait le tour du monde"...

Le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger et ses homologues autrichien, allemand et liechtensteinois, ministres de l'environnement, se sont permis, les malpolis, de critiquer l'UEFA pour son absence de conscience environnementale, et pour les émissions de CO2 provoquées par l'Eurofoot. Ils sont bien naïfs, nos ministres de l'Environnement : attendre de l'UEFA qu'elle manifeste un soupçon de conscience environnementale ? Et pourquoi pas demander à l'UDC de défendre la solidarité internationale ?

De toute façon, l'UEFA a la conscience tranquille : elle fait dans l'humanitaire. Si, si. Elle s'est engagée à faire un dont de 4000 euros au CICR pour chaque but marqué. Humanitaire, mais pingre.

Un fauconnier a été mandaté pour éloigner, grâce à des oiseaux de proie, les pigeons du Stade de la Praille, pigeons qui ont, comme tous les pigeons, la mauvaise habitude de chier sur les lieux qu'ils occupent. Une méthode "écologique, peu coûteuse et surtout très efficace", commente le directeur du stade, Carnazzola. Le contraire du stade, en somme. Et le directeur de se réjouir dans le "Matin Dimanche" du 25 mai  : "les sièges et les vitres des loges ne sont plus souillés par les fientes" (il s'agit toujours des pigeons, pas des occupants des loges). Un faucon et deux buses vont donc patrouiller tous les jours au-dessus du stade pour en faire fuir les pigeons. Ce rapprochement entre le sport-pognon et l'ornythologie était, forcément, dans l'air : dans le feuilleton de la Praille et de l'Eurofoot, les buses, les (vrais ou faux)cons et les pigeons sont présents depuis le début.

Souvenirs (dans "Le Temps" du 27 mai) du gardien de l'équipe suisse de foot lors de la Coupe du monde 1954 (elle se déroulait en Suisse), Eugène Parlier, dit "Gégène" ) : les joueurs avaient reçu en tout en pour tout 900 balles de dédommagement (ils avaient tous un boulot à côté), une caisse de "vivi-cola" et vingt paquets de clopes "Marocaines"... Et ils avaient abouti en demi-finale. Ben dis donc, ça nous rajeunit pas...

Une série humoristique produite par la télé romande (et deux chaînes privées françaises), "futurofoot", s'est attirée les foudres de l'UEFA, qui en a interdit (elle en avait donc le pouvoir ?) la diffusion dans la "fan-zone" de Plainpalais, en l'accusant de se moquer "du football, de ses instances, de ses règles et de sa philosophie" en montrant des "contenus sexuels (...) ainsi que des scènes de violence" (docteurs battant des joueurs, joueurs se battant entre eux, bagarres entre arbitres et joueurs). Les sketches (ou officie Jean-Luc Bideau en "professeur Blotter") expliquent "comment soudoyer un arbitre", "comment provoquer un joueur sans se faire sanctionner", "comment marquer ou arrêter un pénalty à coup sûr". Elle a raison, l'UEFA, de critiquer "futurofoot" : c'est pas une série humoristique, c'est un documentaire... Le réalisateur dudit documentaire, Nicolas Wadimoff, trouve judicieusement à la lettre de l'UEFA "un ton hallucinant sorti tout droit de l'ère stalinienne", et fait observer que les "fan-zones" sont carrément devenues des "zones UEFA, où il faut penser UEFA, rire UEFA" ("Le Matin Dimanche" du 25 mai). Ouais. Mais c'est pas seulement la fan-zone de Plainpalais qui était une "zone UEFA" : c'était tout Genève.

Selon deux enquêtes de l'Institut de recherches et études des media publicitaires (REMP), 15 % de la population susse joue au foot pour le plaisir et pas pour le pognon), et un footballeur amateur sur cinq est une footballeuse (une sur quatre chez les moins de 35 ans).  La pratique du foot amateur concerne 16 % des Alémaniques, 11 % des Romands et 10 % des Tessinois. La proportion de fumeurs est plus élevée (31 %) chez les footballeurs amateurs que dans l'ensemble de la population (29 %), mais ils consomment moins d'alcool. Les supporters compensent.

La plupart des ballons de foot sont fabriqués à la main, au Pakistan, et plus particulièrement à Sialkot, dans le Pendjab, où 35'000 personnes (femmes et hommes, mais aussi, encore, des enfants) fabriquent vingt millions de ballons par an. Jusqu'en 1996 au moins, cette production était en grande partie assurée par des enfants, travaillant à domicile, et exclus de l'école par leur travail. 17'000 enfants et 42'000 adultes travaillaient dans la fabrication des ballons de foot en 1996. En 1997, un traité conclu entre les producteurs, l'UNICEF et l'OIT interdisait le travail des enfants de moins de 14 ans. Ce traité a produit des effets : 10'000 enfants ont pu suivre l'école primaire, 5000 continuer leur formation ensuite -mais les familles ont pertdu une source de revenu, et la rémunération du travail ne s'est pas améliorée -elle a même baissé de 10 % en dix ans. Aujourd'hui, les ouvriers, payée à la pièce, gagnent 40 à 75 centimes par ballon fabriqué dans les conditions "normales", ou 50 % de plus pour ceux fabriqués dans les conditions du commerce équitable -on trouve ces "ballons équitables" dans le commerce chez nous, pour un prix à peine supérieur à celui des autres.

La Suisse importe chaque année un million et demi de ballons de foot, vendus entre vingt et quarante francs. Les écoles achètent 20 à 30 % de cette marchandise, sans trop vérifier si elle a été produite dans les conditions habituelles de servage ou celles du "commerce équitable". Il est donc vraisemblable que des écoles de notre beau pays achètent des ballons "fabriqués dans des conditions de misère" et d'exploitation, comme le signale l'Oeuvre suisse d'entraide ouvrière (OSEO). Avant l'Eurofoot, le Crédit Suisse avait eu l'idée géniale de lancer une opération marketing en distribuant 200'000 ballons de foot. Avant qu'on lui fasse remarquer qu'une bonne partie de la production de ces ballons était encore assurée par des enfants, ce qui a finalement poussé la banque à faire un don d'un million à l'UNICEF. Quand à la Fédération internationale du foot professionnel, la FIFA, elle a "interdit" aux entreprises qu'elle certifie de faire travailler des enfants, mais comme elle ne fait aucune vérification préalable et ne sanctionne une violation de cette interdiction qu'a posteriori, une fois l'infraction dénoncée (quand elle l'est), constatée (quand on en fait l'effort) et prouvée (quand on le peut), cette interdiction est probablement aussi souvent violée que les règles du foot lors des matches internationaux. Surtout que les "entreprises certifiées" font fréquemment appel à des sous-traitants qui, eux, ne sont pas "certifiés".

Selon l'"England Journal of Medecine", regarder un match de foot à "fort enjeu" augmente le risque d'accident cardiaque. Les services d'urgence enregistrent un pic de fréquentation dans les deux heures suivant le coup d'envoi d'une rencontre sportive, et certains cardiologues se demandent s'il ne faudrait pas, par prophylaxie, supprimer l'épreuve des "tirs au but". Des médecins français recommandent à leurs patients sortant d'infarctus de ne pas regarder de matches de foot importants. En 2006, lors du Mondial de foot, les hospitalisations ont augmenté de 25 % en Allemagne. Il s'agit certes dans la plupart des cas de pathologies bénignes, mais comme les Urgences sont déjà encombrées, ces pathologies bénignes les ont encombrées encore plus. Lors de la Coupe du monde en Allemagne, le nombre de malaises cardiaques a doublé à Munich, et le risque d'accident cardiaque pendant les matches de l'équipe allemande a été 3,26 fois plus élevé pour les hommes, et 1,82 fois plus élevé pour les femmes, que normalement. Au sein de la population souffrant de problèmes artériels, les malaises ont quadruplé.

D'où les bons conseils du "Matin Dimanche" du 1er juin : pendant les matches, "bougez au moins les jambes de temps en temps", "évitez l'alcool", "n'oubliez pas vos médicaments", "regardez les matches avec des amis ou de la famille" (ils appelleront les secours), et "Composez le 144 en cas d'urgence". Ce serait pas plus simple de se faire carrément hospitaliser avant le début du match ?

Selon la gendarmerie genevoise, le record d'alcoolémie enregistré durant l'Eurofoot s'est établi à 3,67 pour mille chez les hommes et 2,69 pour mille chez les femmes.

L'égalité avance à grands pas. Enfin... quand elle arrive encore à tenir debout.

On estime à 770 tonnes par an la consommation mondiale de produits dopants, en ne tenant compte que des stéroïdes anabolisants et de la testostérone. ça correspond annuellement à 14 milliards de doses de stéroïdes et 34 milliards de doses d'EPO et GH, et à 15 millions de consommateurs de stéroïdes, 1 million et demi de testostérone et deux millions d'EPO et GH. Les sportifs, professionnels ou amateurs, constituent la très grande majorité des consommateurs de ces saloperies : de 38 à 40 % des consommateurs se trouvent dans la clientèle des salles de gymnastique (et des professionnels de la sécurité), et de 35 à 37 % chez les athlètes, tous sports confondus ("Le Monde", 17 juin 2008).

La consommation de bière, de saucisses et de chips a été dopée par l'Eurofoot en Suisse : en juin, les ventes de bière ont augmenté de 15 % par rapport à juin 2007, les ventes de saucisses de 11 %, les ventes de chips de 9 %, les ventes de cacahouètes, noix et graines salées de 6 %, celles d'articles de sport de 15 %. En revanche, les ventes de télévisions, d'équipements vidéo et d'appareils de photo ont reculé de 3 à 25 %.  Tout le monde ne peut pas faire du fric au même moment.

Depuis deux ans, l'Autriche s'entraînait intensivement pour l'Euro. En août 2006, une jeune femme, Natascha Kampusch, réussissait à s'évader d'une cave où elle avait été séquestrée pendant huit ans et demi près de Vienne. En avril 2008, on découvrait qu'un homme séquestrait depuis des années sa propre fille dans une cave, après l'avoir violée et lui avoir fait sept enfants. En mai 2008, enfin, un homme de 39 ans tuait toute sa famille à coups de hache au prétexte d'éviter à ses proches la honte de sa propre ruine. L'équipe autrichienne de foot (qualifiée d'office pour l'Euro) commençait à faire peur à ses adversaires.

Pourtant, selon un sondage, juste avant le début de la compétition, 34 % des Autrichien-ne-s se disaient "pas du tout intéressés" par l'Eurofoot, et 22 % "peu intéressés". Et en septembre 2007, une pétition avait été lancée sous le titre "l'Autriche sait se tenir" pour que l'Autriche, qualifiée d'office pour l'Euro puisqu'organisatrice (comme la Suisse : pour concourir, on n'a pas besoin de jouer, suffit de payer) se désiste du tournoi en raison de son faible niveau footbalistique, et pour permettre à des équipes plus dignes de participer à l'Eurofoot d'y participer. En un mois, la pétition avait réuni 10'000 signatures.

Un criminel de guerre croate, l'Oustachi Milijov Asner, ancien chef de la police du régime fasciste d'Ante Pavelitch, 95 ans aux fraises et supporter de la Croatie, a été repéré et photographié à la terreasse d'un café de Klagenfurt. Jugé "sénile" par la justice autrichienne, et donc inapte à être jugé, il est présenté par le Centre Simon-Wiesenthal comme un exemple de la protection accordée par l'Autriche à d'anciens criminels de guerre. Un autre exemple d'un passé qui ne veut pas passer, c'est le lieu de la finale de l'eurofoot : un stade viennois au passé nazi. Ben quoi ? Pour les dieux du stade, ça vaut bien Nuremberg, non ?

Selon les chiffres publiés par "Le Temps" (du 31 mai), 146'300 juniors sont inscrits à un club de foot en 2008 en Suisse, dont 19'000 filles. En dix ans, le nombre des juniors inscrits dans un club a augmenté de 20 %, pendant que, dans le même temps, les clubs d'athlétisme perdaient la moitié de leurs juniors.

Après l'Euro2008 de foot, le Mondial2009 de hockey. Et donc, après Flix et Trix, Cooly. Cooly, c'est la mascotte choisie pour le championnat du monde 2009 de Hockey sur glace, qui se tiendra en Suisse. Et Cooly, c'est une vache. Une vache pour un championnat du monde de hockey, ça tombe sous le sens. Mais on ne sait pas trop sous quel sens.

L'Etat, la Fondation pour le tourisme, Genève Tourisme et la commission cantonale du Sport Toto ont claqué 360'000 balles poour faire flotter un gros ballon (de quinze mètres de diamètre) au-dessus du jet d'eau (du moins quand le vent ne souffle pas à plus de 30 km/h). Le machin était retenu par trois cables, deux fixés sur la jetée, un relié à une barge flottante. L'installation des points d'amarrage avait nécessité la pose de 40 tonnes de merdier dans le lac, et la mise à l'eau d'une barge équipée d'un treuil. Et il a fallu mobiliser une quinzaine de spécialistes, le 23 avril, pour mettre en place cette grosse connerie.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Association des ligues de football professionnel ont signé le 14 avril un accord de coopération pour la promotion d'initiatives visant à sensibiliser le public aux questions relatives à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la faim. Les deux organisations estiment que le pouvoir du football est un outil efficace au service du développement et pour la promotion de la lutte contre la faim dans le monde ainsi que pour atteindre l'objectif de réduire de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes souffrant de la faim et de la pauvreté. Tout ça est très bien. Mais vu la quantité de saloperies diverses que les supporters de foot vont bâfrer pendant l'Euro, faudrait voir à signer un autre accord de coopération : pour la lutte contre la goinfrerie et l'obésité.

Après les JO de Pekin, se tiendront les JO (d'hiver) de Vancouver, en 2010. Et là encore, y'a des indigènes qui râlent. Pas des Tibétains, évidemment, mais des Amérindiens. Les maudits sauvages râlent contre la constructions de nouvelles infrastructures sur des territoires qui sont supposés être les leurs, et n'ont jamais été cédés au gouvernement fédéral ni à la province : Hôtels, télécabines et parkings devraient fleurir sur les dernières terres de chasse intactes de la nation Salish. Qui n'a jamais été consultée ni par le comité olympique local, ni par le CIO. Font chier les peaux-rouges, ils savent pas qu'ils ont été battus par John Wayne ?

Quant aux JO de Pekin, ils se seront tenus dans une ville nettoyée de ses dissidents : Fin juillet, Amnesty International fait le point sur les "valeurs de la Charte olympique" (qui veut "encourager une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine"), confrontées à la réalité chinoise. Bilan : les condamnations à mort et les exécutions (8000 par an) se poursuivent, les "rééducations par le travail" pour les petits délinquants et déviants divers aussi, la pression et la répression sur les défenseurs des droits humains itou, la censure s'est renforcée contre les journalistes et sur internet, les minorités nationales, en particulier les tibétains et les ouïgours, sont ciblées... dès fin décembre 2007, la police a commencé à arrêter et à mettre en résidence surveillée des dizaines de militants des droits humains, d'intellectuels critiques et d'avocats des uns et des autres. Ce qui n'émeut pas le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, qui ne cesse de répéter qu'il ne faut pas "mélanger le sport et la politique", qu'il ne faut pas "demander au CIO de régler tous les problèmes de la planète" (d'ailleurs, nous, on ne lui demande rien, au CIO), que le CIO est une "organisation sportive" (formée tout de même de comités nationaux contrôlés, de près ou de loin, par des Etats) et qui a déclaré au "Financial Times" qu'il fallait se montrer "patients" avec la Chine, étant donné son histoire. Et aux journaliste du "Temps" qui lui rappellent que la Charte olympique, dans son art. 5, "fait référence aux droits de l'Homme", Rogge répond : "Nous défendons le principe général des droits de l'Homme, sans entrer dans le domaine spécifique du monde de la politique". C'est commode, ça fait des droits de l'Homme une sorte d'ectoplasme métaphysique sans contenu réel, et ça évite d'avoir à se battre pour les faire respecter.

Le 27 juillet, le Secrétaire Général et l'Assemblée générale de l'ONU ont lancé un "appel solennel" à tous les Etats membres pour une "trêve olympique" dès l'ouverture des jeux, le 8 août, afin de "permettre de réfléchir au prix élevé de la guerre, d'ouvrir un dialogue et d'apporter une assistance aux populations qui souffrent d'un conflit".

Résultat : pendant les Jeux, la Géorgie attaque l'Ossétie du Sud, la Russie envahit la Géorgie, la guerre se poursuit en Afghanistan et en Irak...

La Coupe du Monde 2014 aura lieu au Brésil -qui était le seul pays en lice, le 30 octobre 2007, lors de la décision par la FIFA. "Une Coupe du monde au Brésil, c'est comme aller en pélerinage à La Macque, à Saint-Jacques de Compostelle ou à Jerusalem", a déclaré, inspiré par le Très-Haut, le président de l'UEFA, Saint Michel Platini. ça va pas être facile de jouer au foot prosterné ou à genoux. Quant à l'écrivain Paulo Coelho, il a tenté de plaisanter : "l'émotion du foot dure plus longtemps que le sexe. Mais ce n'est pas meilleur". L'humour de Coelho est du même niveau que ses bouquins.

Quant au Brésil, il a promis un "Mondial" social et écologique. On jouera donc, dans un Mondial sans sponsors et sans hymnes nationaux les matches dans des terrains vagues avec des ballons en fibres végétales, dans des matches mettant aux prises des équipes d'amateurs. Non ? Ah bon...

"Le Courrier" casse l'ambiance de la "grande fête du foot" en rappelant (le 13 juin) ce à quoi ont servi, et ce qu'on pu provoquer, les matches de quelques équipes nationales en compétition internationale :

- match entre l'Italie fasciste et l'Espagne républicaine au Mondial de 1934 : plusieurs joueurs espagnols blessés, le match est annulé;

- match entre l'Italie fasciste et la Hongrie fasciste en 1938 au Mondial : les Italiens reçoivent la coupe en uniforme militaire;

- match entre une équipe ukrainienne et une équipe allemande en 1942 à Kiev. Les Ukrainiens gagnent. Toute l'équipe ukrainienne est arrêtée par la Gestapo, tous les joueurs sont torturés et déportés, beaucoup meurent dans les camps.

- match entre le Perou et l'Argentine en 1964 à Lima. L'arbitre annule un but péruvien, les spectateurs protestent, deux d'entre eux déboulent sur le terrain, la police tire des coups de feu en l'air et provoque une panique qui fait 320 morts et 800 blessés.

- matches éliminatoire du Mondial entre le Honduras et le Salvador en 1969 : le Salvador perd le match aller au Honduras, gagne le match retour à domicile après que l'hôtel des joueurs honduriens ait été incendié. Des échauffourées font deux morts. Le Salvador gagne ensuite le match de barrage au Mexique. Une guerre éclate entre le Salvador et le Honduras, elle dure une semaine, fait 2000 morts et des milliers de blessés.

Selon le sexologue Ronald Virag, les hommes préfèrent désormais le foot et la télé au sexe, et le mois de l'Eurofoot s'annoncerait particulièrement déprimant pour les couples (mais assez excitant, en revanche, pour les hommes célibataires en chasse d'épouses de supporters).


EURORACKET 2008

Les partis socialistes des quatre villes hôtes de l'Eurofoot (Bâle, Berne, Genève, Zurich) ont exigé ensemble que ledit Eurofoot soit une "manifestation propre" : l'Euro 08 ne doit engendrer aucune émission supplémentaire de CO2, et si émissions supplémentaires il devait y avoir (comme si un doute pouvait subsister à ce sujet) du fait du trafic généré par la compétition, ces émissions devraient être compensées par l'achat de certificats. Non, les socialistes n'ont pas dit d'"indulgences", doit y avoir des protestants parmi eux, mais le système est le même : on paie pour effacer ses péchés. Après ce grand moment de naïveté politique (demander à l'UEFA d'être écolo, c'est à peu près aussi crédible comme démarche que demander aux Talibans d'être féministes), les socialistes expriment quelques doutes sur la pertinence de leur propre démarche : "Malgré les millions de subventions dont elle bénéficie, l'UEFA veut économiser sur la protection de l'environnement" et n'a aucune intention de compenser les émissions de Co2 supplémentaires, ni par exemple de renoncer à la vaisselle jetable. A quoi ça tient, tout ça : l'UEFA userait-elle de vaisselle pas jetable, elle en serait toute transformée en petite soeur de Greenpeace...

A moins qu'elle ne le soit déjà : selon sa porte-parole, Pascale Voegeli, l'UEFA est "très concernée par la protection de l'environnement". Ben ouais. Comme les Talibans par la promotion des droits des femmes.

Ou les socialistes bâlois, bernois, genevois et zurichois par la défense des caisses publiques contre le racket de l'Eurofoot.

Ah c'te folie que ça va être, l'Eurofoot ! Le 20 novembre, les promoteurs du machin ont présenté en grandes pompes (à crampons), et à Macolin, les activités "sportives et culturelles" liées à l'"événement". Du genre : la Confédération va recueillir auprès de la population souvenirs et objets liés au football (tessons de bouteille, sparadrap, casques et boucliers de flics, tatoluages de hooligans, banderoles racistes ?) et exposer le résultat de la récolte dans une expo itinérante intitulée "1924, nous allons reconquérir le titre" -ce qui fait allusion à la revendication parfaitement illusoire d'un pseudo-titre européen que la Suisse aurait conquis en accédant à la finale olympique de foot face à l'Uruguay... il y a 83 ans ! Un camion rouge et blanc sillonnera villes et villages de notre beau pays (avant que les paniers à salade ne sillonnent les quatre villes hôtes pendant les matches). Quant aux chtis nenfants, ils seront vivement invités à faire comme les grands qui sont restée de chtis nenfants dans leur tête, et à disputer un mini-euro. Et toutes les classes d'école primaire qui le désirent (et sans doute aussi celles qui n'en ont rien à foutre) recevront un "Euro-kit". Avec des figurines de flics allemands et français ou des DVD de Derrick et Navarro, des petits soldats suisses de plomb, des billets de Monopoly et les inévitables mascottes de l'Euro, Frik et Frik ?

La Migros s'y met aussi. Elle va organiser un championnat des supporters (M'08), "le premier de l'histoire du football" à être télévisé. Ben non, c'est pas le premier : tous les week-end, on a droit à des championnats de supports, dans les stades et les rues alentours. Bon, on compte pas vraiment les buts marqués, et plutôt les vitres cassées, les flics mobilisés et les supporters démolis (ou, à Paris, les flics antillais lynchés et les supporters fachos dégommés), mais c'est un bon début. "M'o8" débutera à la mi-2007, un an avant l'Euro 2008. "Nous devons faire en sorte que la fièvre monte", explique le responsable du machin, Patrick Chevin. Pourquoi pas, si ça peut épuiser le malade...

A Genève, le député radical Frédéric Hohl, organisateur des festivités annexes à l'Eurofoot, festivités pour lesquelles on ne doute pas que le député radical Frédéric Hohl votera les soutiens financiers demandés par l'organisateur Frédéric Hohl aux caisses publiques, explique qu'il ne faut pas que "la fête se réduise au stade de la Praille". Et que donc les nuisances seront aussi exportées sur la plaine de Plainpalais (scène et écran géant), le stade du Bout du Monde (scène et camping), voire dans les rues de Genève. Mais comme on n'est jamais trop prudent, dans les zones de spectacles et de concerts les spectateurs seront fouillés à l'entrée, et les zones elles-mêmes seront délimitées et fermées.

FRIC...

On est bien content pour eux : l'Association suisse de football et les joueurs de l'équipe nationale ont trouvé un accord sur les primes que les seconds recevront lors de l'Euro. Si la Suisse remportait le titre (faut pas rêver), chaque joueur toucherait 540'000 balles. Si elle arrive en finale (et la perd), le brave joueur touchera encore 430'000 balles, puis, en descendant, 270'000 si la Suisse se fait lourder en demi-finale, 160'000 si elle se fait lourder en quart de finale, et 90'000 si elle échoue au seuil des quarts de finale. Dans les éliminatoires, chaque joueur touche 10'000 balles pour un match nul, 30'000 balles pour une victoire. Et même en cas de défaite, une somme minimale de 20'000 balles pour les trois matches éliminatoires est assurée. Et même les matches de préparation (y'a pas de matches de sélection, puisque la Suisse, co-organisatrice, est qualifiée d'office), les joueurs sont payés (3000 balles pour un match nul, 7000 pour une victoire, et un forfait de 2000 balles par engagement quel que soit le résultat).

Finalement, y'a pas que l'UEFA qui va gagner quelque chose lors de l'Euro 2008.

"Le moteur de l'UEFA, c'est la passion qu'engendre le football", déclare le directeur du marketing de l'UEFA, Philippe Margraff ("Le Temps" du 17 novembre). Le moteur peut-être. Mais le carburant, c'est le pognon. Surtout celui que l'UEFA n'a pas à sortir de ses propres caisses, vu qu'elle le pompe dans celles des collectivités publiques.

Lors du Mondial 2006, le Comité d'organisation du Mondial a enregistré un bénéfice net de 90 millions de francs, reversés à la Fédération allemande et à la Ligue professionnelle allemande. Les revenus du Mondial 2006 se sont élevés au total à 222 millions, dont 63 ont été reversés à la FIFA.

L'Euro 2004 a généré des recettes de 1,31 milliard de francs.

Selon un sondage réalisé auprès de 122 grandes sociétés suisses par la société Sport + Markt, seule une sur quatre a, à l'automne 2006, décidé d'utiliser l'Eurofoot à des fins de marketins. Les autres ne sont soit pas intéressées (39 %), soit indécises. Pour l'Euro2008, dix autorisations d'exploiter l'image de la manif (les deux mascottes à la noix, Frik et Flik) ont été vendus à dix sociétés, pour un total d'environ 400 millions. Quatre "supporters nationaux" sont prévus dans chacun des pays organisateurs, mais un seul s'est manifesté en Suisse, l'UBS. Un second était à la mi-novembre sur le point de signer (l'investissement nécessaire serait compris entre 5 et 8 millions).

Le groupe français d'Arnaud Lagardère a acheté pour 865 millions d'euros (1,4 milliard de francs) la société de marketing et de droits sportifs Sportfive, qui s'occupe (entre autres) de la revente des droits télévisés des matches de l'Euro 2008 dans 50 pays. C'est avec elle que la SSR devra traiter, et payer des centaines de millions (le chiffre de 300 millions est articulé : pour les sortir, la SSR devra tailler dans ses prestations. On s'attend à une floraison de séries américaines pas chères à la place de productions originales) pour diffuser des matches que cinquante autres chaînes captables en Suisse (dont une bonne dizaine par le réseau herzien) diffuseront en même temps que l SSR. Sprtfive gère le marketing de 270 clubs de foot, négocie les droits d'image, recherche des sponsors etc... La firme avait déjà été revendue une première fois, en 2004, à un fonds d'investissement américain et à RTL, pour 560 millions d'euros. En deux ans, sa valeur a donc augmenté de plus de 50 %.

Dans le même temps, on apprend que le club madrilène Real a cédé ses matches pour 1,1 milliard d'euros à la société de production Mediapro, et l'autre club madrilène, l'Atletico a signé avec la Mairie de la capitale espagnole un accord sur la vente de son stade (situé dans une zone qui intéresse les promoteurs immobiliers) pour 350 millions d'euros, ce qui permettrait au club de payer ses dettes et d'acheter de nouveaux joueurs. En 2002, le Real avait vendu ses terrains d'entraînement pour 400 millions d'euros à des promoteurs immobiliers.

Le premier qui dit que le foot professionnel est d'abord une affaire de pognon, ensuite une affaire de pognon, surtout une affaire de pognon et finalement essentiellement une affaire de pognon sera poursuivi pour diffamation. Et relapse.

Rapport sur l'impact économique de l'Euro 2004

Les principaux bénéfices associés à le tenue de la finale de l'Euro 2004 de l'UEFA au Portugal sont (selon l'UEFA) :

Au total, donc, on a d'un côté des investissements (essentiellement publics) de 795 millions d'euros, et de l'autre des retours sur investissement d'un peu moins de 400 millions. En d'autres termes, les investissements n'ont été compensés qu'à moitié, et le Portugal en a été de sa poche pour 400 millions. L'UEFA doit donc expliquer que le Portugal n'y a tout de même rien perdu, car l'Eurofoot lui a permis (ou l'a obligé) de rendre ses infrastructures plus performantes pour d'autres événements, a suscité une expansion économique, a renforcé l'attrait du pays pour des voyageurs potentiels à d'autres occasions, a généré un "bénéfice social" et a développé le sport. Mais dans le même temps où l'UEFA évoque ces bénéfices indirects, elle reconnaît qu'ils ne sont pas "facilemement mesurables et quantifiables", que d'autres événements que l'Eurofoot auraient pu avoir les mêmes effets, et que d'entre ceux que l'UEFA évoque, certains peuvent ne pas se concrétiser "immédiatement".

A propos de l'impact de l'Euro2004 sur le tourisme vers le Portugal, l'UEFA se contente de noter que le nombre de visiteurs étrangers du Portugal s'est accru de 50 % entre 2000 et 2005, que les profits retirés au Portugal du tourisme international ont crû dans la même période de 46 % et se situent dans une fourchette de 83 à 100 millions d'euros. La part de cette croissance qu'on pourrait attribuer à l'impact médiatique de l'Euro 2004 n'est cependant pas précisément évaluée (pour Genève, de toutes façons, cet impact serait à peu près nul, la renommée de la ville -et donc de sa région) étant déjà largement "assise" internationalement, et ne devant rien à des événements du genre de l'Eurofoot).

L'UEFA note par ailleurs qu'un spectateur étranger sur deux de l'Euro2004 n'a passé qu'un jour (celui du match) au Portugal. Elle évalue à 64 euros par jour et par personne l'apport financier des visiteurs étrangers du Portugal à la faveur de l'Euro2004, et situe dans une fourchette de 197,5 à 262,3 millions d'euros le volume financier lié à l'ensemble des visiteurs étrangers venus pour l'Euro2004. Une grande partie de ce volume (de 59,3 à 91,5 millions d'euros) représente toutefois le coût du voyage au Portugal, et non des dépenses sur place.

S'agissant des stades construits dans la perspective ou au prétexte de l'Euro 2004, l'UEFA estime qu'il y en a sept dans ce cas : ceux de Braga (30'000 places), de Coimbra (30'000), de l'Algarve (30'000), l'Antas de Porto (50'000), d'Aveiro (30'000), le Luz de Lisbonne (65'000) et le stade José Alvalade. L'Antas et le Luz remplacent des stades plus anciens. Le coût total de ces nouvelles infrastructures et de la rénovation des anciennes a été de 795 millions d'euros (680 liés aux stades eux-mêmes, 115 à d'autres coûts). Ces coûts ont été couverts à 21,1 % par l'Etat, à 45 % par des emprunts bancaires, à 28,5 % par les ressources propres des stades (mais ces ressources dépendent elles-aussi en partie de subventions publiques, notamment municipales) et à 5,4 % d'autres sources.

La construction de nouveaux stades a impliqué directement 17'790 emplois par an, pesant 112,2 millions d'euros, et l'UEFA estime qu'elle a indirectement impliqué 18'360 emplois, pesant 131,5 millions d'euros. L'UEFA estime cependant que moins de la moitié de ces emplois (8030 sur 17'790) et de la masse financière qu'ils représentent (54 millions sur 112,2) sont explicitement dus à l'Euro2004, le reste correspondant donc vraisemblablement à des emplois et une masse financière qui auraient de toutes façons été réalisés puisqu'il aurait de toutes façons fallu entretenir, ou démolir, ou reconstruire, les stades existants.

... ET FLIC

Et Dieu dans tout ça ? Ben le v'la, il manquait plus que lui : 500 églises et communautés évangéliques (de l'Alliance évangélique suisse) veulent retransmettre les matches de l'Eurofoot en direct dans leurs salles, et cherchent des sponsors. Après le sabre et le goupillon, le prêche et le ballon. Les églises protestantes traditionnelles (celles de la Fédération des églises protestantes de Suisse) font (discrètement, on est chez les protestants) la moue (mais pas le guerre) : "nous ne souhaitons pas concurrencer les cafetiers", explique la Fédération protestante. En clair : on mélange pas Alleliua et Allez les Suisses, chacun pour soi, Dieu et l'UEFA reconnaîtront les leur et se partageront le benef'.

Ils pourront se partager un benef' d'autant plus réjouissant qu'ils ne payeront pas les frais de sécurité de l'Eurofoot, frais assumés par les collectivités publiques. Et d'entre ces frais, il y aura ceux de la venue en Suisse de flics étrangers (vu qu'on a n'en a pas assez, entre Genève et Zurich, et que les 14'000 troufions mobilisables pour l'Eurofoot ne devront pas, c'est promis, être mis en contact avec les spectateurs, les supporters et les hooligans, et donc ne devraient pas effectuer de service d'ordre). Or donc, et pour être clairs, ce sont les contribuables qui payeront la venue en Suisse de flics allemands et éventuellement français. Et si on pouvait avoir à Genève l'insigne honneur d'accueillir des CRS, ça sera aux frais de la République. Pas de la République française : de la République (et canton) genevoise.

Mais c'est pas encore fait, parce qu'il faut que les Français soient d'accord de nous envoyer leurs cognes. Avec l'Autriche et l'Allemagne, ça pose moins de problèmes vu que des accords permettent des échanges de "fonctionnaires avec exercice du droit de souveraineté", c'est-à-dire la mise en disposition de flics allemands et autrichiens sous commandement suisse. Mais avec la France, le traité existant ne permet à la police française d'intervenir sur territoire suisse que dans le cas du droit de poursuite, d'assistance transfrontalière ou de patrouilles mixtes. Donc, pour l'instant, on a droit à l'inspecteur Derrick, mais pas au commissaire Navarro.

Les policiers suisses s'inquiètent de l'état d'impréparation dans les questions de sécurité liées à l'Eurofoot : "On est très, très en retard dans les questions de sécurité", déclare à "la Tribune de Genève" (du 18 novembre) le vice-président de la Fédération suisse des fonctionnaires de police, Olivier Prevosto. Selon lui, les polices suisses (et leurs renforts étrangers) ne pourront mobiliser que 900 hommes pour les matches à haut risque, 700 pour les matches à risque moyen, 450 pour les matches sans risque particulier (il y en a donc ?), alors que lors du Mondial de foot de 2006, l'Allemagne mobilisait 3000 hommes par match, ce qui avait permis de limiter la casse (sans l'éviter totalement).

Le sociologue allemand, spécialiste du hooliganisme, Günter Pilz, a inventé un nouveau concept : les "hooltras", croisement entre le hooligan pur jus (violent par principe) et le supporter "ultra", fana de son club et potentiellement (mais pas systématiquement) violent. Le "hooltra" est un personnage intéressant : raciste et violent, son ennemi principal n'est pas le supporter du club adverse, mais la police et toute espèce de service d'ordre. Sachant que les "hooltras" représentent, selon Pilz, 10 % des "ultras", et que ceux-ci (potentiellement violents) sont entre 1500 et 2000 en Suisse, on a donc, en Suisse même, un petit vivier de 150 à 200 "hooltras" (âgée de 18 à 30 ans, issus de toutes les couches sociales, et majoritairement suisses, selon le chef de la police fédérale, Urs von Däniken), qui vont s'ajouter à leurs congénères des autres pays participant à l'Eurofoot pour participer aux festivités, y'a pas de raison.

Petite chronique des beautés du sport

"Le football n'a ni les moyens ni l'ambition de résoudre des problèmes de société", déclare le porte-parole de l'UEFA, William Gaillard ("Le Temps" du 2 décembre), à propos des batailles rangées et actes racistes qui se multiplient dans les stades, et à leurs abords, dans toute l'Europe (y compris en Suisse). Il a raison le Gaillard : le football ne peut pas résoudre les problèmes de sociétés. Il peut juste les aggraver en en inventer de nouveaux.

Depuis le début de la saison, il est interdit de fumer dans les stades suisses, y compris sur la pelouse et sur les bancs de touche, lors des matches.

Tant qu'il n'est pas interdit de picoler avant et après...


Endettée à hauteur de plus de 10 millions depuis l'ouverture du stade, la Fondation du Stade de Genève recherche un directeur d'exploitation (de l'exploitation du stade, pas d'exploitation de la crédulité populaire, ça, les politiques s'en chargent à merveille), pour, explique l'annonce parue dans "Le Temps", "relever le défi et faire vivre le Stade de Genève avec de multiples manifestations". Et y'a du boulot. D'ailleurs, c'est un superman que cherche la Fondation du stade : un universitaire, gestionnaire et manager expérimenté, bon connaisseur des milieux économique, sportif et culturel romands, expérimenté dans l'organisation d'événements, maîtrisant les tâches administratives et les outils informatiques, âgé de 30 à 45 ans, trilingue (français, anglais, allemand), dynamique, positif, à l'aise dans les contacts humains... La Fondation du stade a juste omis de signaler que son futur directeur d'exploitation doit aussi être un peu masochiste, ne doit pas souffrir d'agoraphobie et de vertiges devant l'immensité vacante d'un stade de 30'000 places occupé par 800 personnes et avoir suffisamment d'imagination pour trouver le moyen de régler les dettes (La Ville de Lancy attend toujours le premier remboursement des trois millions qu'elle a prêtés à la Fondation du Stade de la Praille, en 2003. Et l'entreprise Implenia, anciennement Zschokke, attend toujours le début du remboursement des dix millions dus sur la construction du stade), tout en préparant l'Euro 2008 sans faire de nouvelles dettes.

Dans son annonce d'offre d'emploi, la Fondation du Stade s'autopromeut en affirmant avoir "réussi à créer une nouvelle dynamique en organisant avec succès de nombreux événements". Ah ouais ? lesquels ? La "Tribune de Genève" avait annoncé (le 16 novembre) un symposium sur "des sujets passionnants avec des intervenants de grande qualité" (Pierre-Alain Dupuis, Nicole Petignat, Michel Pont, Jürgen Muller, Michael Kleiner...) le 23 novembre toute la journée, à l'"Event Center" de la Praille. Plus rien ensuite, pas un compte-rendu, que dalle, le désert médiatique. Il était éventé, l'Event ?

Dans le stade, en tous cas, c'est toujours la foule des grands jours :


L'Euro2008 "sera le plus beau tournoi de l'histoire", prédit le directeur de l'Euromachin pour l'Autriche, Christian Schmölzer ("Le Temps" du 7 octobre) ... le plus beau tournoi de poker menteur, certainement... Le président du Comité suisse d'organisation de l'Eurofoot, Martin Kallen (un apparatchik de l'UEFA), ne craint en effet pas d'affirmer qu'au plan commercial, son comité est prêt "à 70-80 %", au niveau des concepts et des stratégies à 80 %, et pour l'aspect "opérationnel, infrastructurel (...) à 30-40 %". Y'a que pour payer qu'ils ne sont à 1000 % pas prêts.

Les deux mascottes officielles de l'Euro2008 ont été présentées le 27 septembre et baptisées le 10 octobre. Ceux qui les verront (à supposer que qui que ce soit en Europe puisse y échapper) se demanderont à quoi ont bien servi les six mois de travail et les 4000 heures consacrées par la Warner (les producteurs de dessins animés) à accoucher des deux bestioles tartignolles. Leurs noms devaient être choisis entre trois propositions (toutes basées sur des diminutifs allemands) par les internautes et les clients de Mac Donald. Score final : 36,3 % des suffrages pour "Trix et Flix", 33,7 % pour "Flitz et Bitz", 30 % pour Zagi et Zigi. C'est donc "Trix et Flix" qui gagnent.

Le président de l'Association suisse de football déclare : "Je suis persuadé que ces deux mascottes contribueront à créer l'ambiance. Elles symbolisent parfaitement (l'Autriche et la Suisse) et l'événement" ("Tribune de Genève" du 28 septembre)... ouais... sauf que pour symboliser "parfaitement" l'événement, il n'aurait pas fallu les baptiser "Trix" et "Flix", mais "Fric" et "Flic"...

FRIC...

A Bâle, l'exécutif a annoncé un budget de 18 millions pour couvrir le coût d'un projet de "boulevards des fans" de 3,2 kilomètres de long. A Genève, en revanche, le délégué cantonal au sport, Michael Kleiner, est prudent : "nous n'avançons encore aucun chiffre" ("Le Temps" du 30 septembre), et l'organisateur des festivités annexes à l'Eurofoot, Frederic Hohl, l'est tout autant : "on est encore en négociation avec l'UEFA". Mais Hohl annonce que les grands écrans de Plainpalais ou du Bout du Monde coûteront, à eux seuls, entre 700'000 francs et un million l'unité. A Genève Tourisme, le responsable de l'Eurofoot, Beat Dreier, est lui aussi très prudent (la menace d'un référendum ne serait-elle pas pour quelque chose dans toute cette prudence ?) et souligne "que de nombreux paramètres doivent être pris en compte dans le calcul du budget, tel que les transports, la sécurité, le marketing etc..." et que donc les investissements restent "à définir".

Rappelons (en passant) que le budget annuel de l'UEFA est de l'ordre du milliard dans les années sans championnat d'Europe, et du double dans les années avec championnat d'Europe. Et que c'est cette association milliardaire qui attend des caisses publiques qu'elles financent la sécurité et les à-côtés festifs de l'Eurofoot... et se contente de dire (ou plutôt de faire croire, en le faisant dire au directeur de l'Eurofoot pour la Suisse, Christian Mutschler) qu'elle "se propose même de participer financièrement". On admire le "même"....

Rappelons (toujours en passant) que les seuls frais d'engagement de la seule police neuchâteloise pour le seul club de Xamax a coûté 365'000 balles au canton -dont le ministre des Finances, le socialiste Jean Studer, estime que "ce n'est pas à la collectivité de payer une telle facture" ("20 Minutes" du 14 septembre). Message transmis aux socialistes genevois et au ministre genevois (et Vert) des Finances, lorsqu'il s'agira de se prononcer sur une facture 30 fois supérieure pour l'Eurofoot.

La Fédération internationale de foot (FIFA) examine (avec une attention dont on ne se permettra pas de douter qu'elle est scrupuleuse) un rapport que l'AFP qualifie d'"accablant" ("Le Courrier" du 14 septembre) sur les tripatouillages financiers de l'un de ses vice-présidents, Jack Warner, et son fils, suspectés de s'être remplis les poches en revendant des billets pour le Mondial 2006, billets obtenus grâce au statut du père, et revendus par le fils, par l'agence de voyage qu'il dirige. Le bénéfice indu dépasserait le million de FS.

Un autre responsable de la FIFA, le président de la Fédération sud-américaine (Conmebol), Nicolàs Leoz, aurait de son côté touché l'équivalent de 200'000 FS de pots-de-vin, via une société liée à une autre société, en faillite, l'ISMM, qui détenait les droits marketing de la Coupe du monde -et dont la faillite avait creusé un trou dans les finances (limpides) de la FIFA.

 

... ET FLIC

Le canton de Genève a demandé des renforts policiers aux autres cantons, à la France et à l'Allemagne en prévision du service d'ordre pour l'Eurofoot 2008. On nous refait le même coup que pour le G8. Spoerri est partie, les conneries continuent. C'est ce qu'on appelle la continuité de l'Etat.

En tous cas, les polices s'inquiètent : la base de données "deuxième génération" du système Schengen cafouille, et ses problèmes techniques pourraient retarder son introduction, ce qui serait "catastrophique" selon les polices européennes, car cela empêcherait la Suisse et l'Autriche d'avoir accès à des informations importantes sur les supporters violents et autres hooligans (voire les terroristes ou supposés tels, soupçonnés de tenter quelque chose pendant l'Euromachin).

Le 13 septembre, le Conseil fédéral a donné son feu vert à la mise à disposition de quinze bataillons et huit compagnies (jusqu'à 15'000 soldats) du 2 au 28 juin, pour assurer la sécurité de l'Eurofoot (protection et surveillance de bâtiments, soutien aux garde-frontières, surveillance de l'espace aérien, escorte de personnes protégées par des véhicules blindés etc...). Cette mobilisation d'effectifs, à disposition des villes et cantons hôtes, s'accompagnera d'une mobilisation de matériels de communication et de radars, et l'armée pourrait engager des hélicoptères Puma équipés de caméras à infrarouge et des drones de reconnaissance. On est soulagés : les bombes à fragmentation ne sont pas prévues. Le Conseiller fédéral Samuel Schmid déclare cependant qu'il vaut mieux que ce soit la police et non l'armée qui s'occupe de l'encadrement des supporters". La Fédération des fonctionnaires de police, quant à elle, a des doutes : elle relève que la police n'a pas les compétences nécessaires pour traiter les données obtenues par les zélicos et les drones de l'armée.

Mark Muller, lui, est tout content, cette mobilisation de l'armée fédérale pour la sécurité d'une manifestation organisée par l'UEFA le ravit : le Conseil fédéral "prend en compte nos soucis". En compte, c'est le mot. Et d'ajouter : "Nous n'espérons pas devoir utiliser des drones ou des hélicoptères. Cependant, nous savons que nous pourrions en faire usage". Contre qui ? les joueurs, le public, les supporters, les hooligans ou les référendaires ?

Le président du comité suisse d'organisation de l'Euromachin est optimiste : "l'exaltation suscitée auprès des supporters helvétiques est déjà un gage de succès". Si on y ajoute l'exaltation des supporters des autres pays, et celle des hooligans, on va friser le triomphe. Surtout auprès des vendeurs de bibine, des vitriers, de la police, de la justice et de l'armée.

Un lecteur du "Temps" compare judicieusement (dans un courrier de lecteur paru le 19 septembre) deux chiffres évoqués par le même journal cinq jours avant : l'OTAN a envoyé 20'000 soldats en Afghanistan, la Suisse en mobilise 15'000 pour assurer la sécurité de l'Eurofoot. Chacun ses priorités, quoi.


Le Conseiller d'Etat Mark Muller, partisan du subventionnement public des festivités annexes à l'Eurofoot 2008 (comme l'ensemble du Conseil d'Etat, d'ailleurs, Verts et socialistes compris, le Conseil d'Etat in corpore ayant en effet adhéré au Comité des beaufs "Vivement l'Euro 2008"), s'est fracturé la clavicule gauche en jouant au foot contre des politiciens de gauche.

Y'a une justice, même dans le sport.


Dans la chronique des beautés du foot, quelques petites notules roboratives :


A Lancy, plus de 60 % des votants (mais avec plus de 60 % d'abstentionnistes, et avec, au total, moins de personnes ayant voté que de personnes ayant signé l'appel -cantonal, il est vrai- à voter "oui") ont refusé le crédit d'étude pour l'implantation d'un centre socio-culturel comprenant une Maison de la Danse. Le Grand Lancy l'a refusé un peu moins nettement que le Petit Lancy, mais dans les deux cas on est au dessus de 60 % de "non" (60,6 % au Grand Lancy et 62,6 % au Petit). Un centre socioculturel, les Lancéens estiment ne pas en avoir besoin. C'est vrai qu'ils ont déjà le stade de la Praille. Et qu'apparemment, ils ne méritent pas mieux.


Un extra-terrestre dans le monde du foot : ainsi apparaît le président du Servette FC, Francisco Vinas, dans l'entretien qu'il a accordé au "Matin" du 8 octobre. Lui-même résume sa propre étrangeté : "Moi, je fais du foot passion, pas du foot business". Mais ce dernier des Mohicans résume aussi la situation du club qu'il porte à bout de bras : "Je reçois une subvention qui correspond à la moitié de ce que touchent d'autres clubs du canton. Et Servette doit encore payer pour jouer à la Praille". Et Vinas d'ajouter : Si j'avais 5 millions de francs devant moi, je construirais un centre de formation".

Est-ce que ça ne serait en effet pas plus utile d'accorder une subvention de 5 millions à Vinas pour un centre de formation, que d'en claquer au moins trois fois plus dans les à-côtés de l'Euro2008 ?


La Fondation du stade a lancé, début 2006, un appel d'offre pour "améliorer et renforcer l'infrastructure internet" du stade dans la perspective (exaltante) de l'Euro 2008. C'est la société Deckpoint qui a été choisie. Elle a installé 15 bornes wi-fi, mais qui ne couvrent que la moitié du stade, et dont l'usage est strictement réservé aux "professionnels", et fermé au public.

Quand encore public il y a à la Praille :


La cheffe de la police genevoise annonce benoîtement qu'elle a officiellement déjà demandé l'aide des différentes polices cantonales et de polices étrangères ("notamment" allemande et française) pour faire face à l'Eurofoot 2008. "La police genevoise ne possède pas des forces nécessaires suffisantes" pour assurer l'ordre pendant la "fête du foot". On se retrouve donc dans la même situation que lors du G8,de joyeuse mémoire.

On ne sait pas si l'Euro 2008 sera la "fête du foot" promise, mais grâce à la police allemande, on pourra toujours en faire une fête de la bière.

Ce qui devrait plaire au comité formé (sous le nom "Vivement l'Euro 2008") pour apporter son soutien à la compétition (qui n'en a pas besoin), à l'organisation de matches à Genève (ils sont prévus) et surtout au pompage des finances publiques pour compenser la pingrerie de la milliardaire UEFA, organisatrice de la sauterie.

"Il s'agit de prolonger la fièvre du football, la passion du sport et le potentiel festif (...) ressentis en Allemagne durant la Coupe du monde", explique l'ancien journaliste de télé Jean-Philippe Rapp. Plus trivialement, il s'agit de faire avaler au bon peuple le coût de l'Euromachin pour Genève (au moins 18 millions, qui seront puisés dans les caisses publiques au moment où au prétexte de leur vacuité, on supprime les allocations de vêtements aux "plus pauvres d'entre les pauvres". On retrouve dans le comité, aux côtés de Pont et Rapp : Alain Morisod et Jean-Luc Bideau.


LA PRAILLE, MORNE PLAINE

Match international à la Praille, le 14 août (Sion-Ried) : 7500 spectateurs. Le stade est donc aux trois quarts vide.

Autre match international à la Praille le 7 septembre (Suisse-Costa Rica) : 12'000 spectateurs. Le stade est donc vide à 60 %.

Pour remplir les stades lors des matches "amicaux" et de "préparation" de l'équipe suisse, avant l'Eurofoot, puisque comme le constate "Le Temps" (du 2 septembre) ces matches "ne mobilisent pas les foules", les organisateurs, toujours futés dans l'amélioration des procédures de racket, ont trouvé un truc : les détenteurs d'un billet pour une rencontre dont presque tout le monde se contrefout (genre Suisse-Costa-Rica) seront prioritaires pour en obtenir un pour une rencontre plus courue (genre Suisse-Brésil). Commentaire d'un supporter : "je trouve spécial de forcer quelqu'un à aller voir un match pour être sûr de pouvoir assister au suivant".

Bof... c'est pas plus spécial que de demander à la majorité de la population qui n'en a rien à secouer de l'Eurofoot de payer (via les caisses publiques) pour la minorité qui s'y intéresse.


De mieux en mieux : on se souvient de la lamentable arnaque mise en scène par le Conseil fédéral pour faire avaler aux parlementaires fédéraux l'organisation en Suisse d'une partie de l'Eurofoot 2008, en présentant une facture ridiculement basse (10 millions), puis, après la décision prise, présenter un début de facture réelle 18 fois plus élevée (182 millions au printemps dernier), et taxer les villes et les cantons "hôtes" (et rackettés), dont Genève, sur la base d'un accord signé aveuglément par l'administration fédérale et l'engageant à couvrir, sans limite, tous les surcoûts liés à la sécurité des manifestations. Ces débuts étaient prometteurs, la suite tiendra ces promesses : on se retrouve aujourd'hui avec une intéressante répartition des tâches, résumée ainsi par l'éditorialiste de la "Tribune de Genève" (du 8 août) : "A l'UEFA (Union européenne de football association) le milliard de retombées financières de l'Euro 2008, aux contribuables, la facture des hooligans". Facture à la laquelle on ajoutera toutes celles liées aux opérations parallèles aux matches.

Brillante opération, qui confirme le fonctionnement remarquable de l'UEFA comme pompe à fric : une pompe aspirante d'argent public et refoulante (dans les caisses de l'UEFA, qui va retirer de colossaux bénéfices de l'organisation de l'Eurofoot, notamment en encaissant de considérables droits de télévision et de partenariat publicitaire, mais qui refuse d'assumer les coûts de sécurité des manifestations qu'elle organise, et les fait assumer par des collectivités publiques, en plus de leur laisser assumer les bastringues connexes qu'on impose aux habitants de quartiers sinistrés par leurs dommages collatéraux.

Mais l'UEFA ne s'est pas arrêtée au racket financier, elle y ajoute désormais la revendication de l'exemption fiscale. L'Association suisse de football, partenaire de l'UEFA dans l'organisation de l'Eurofoot, aurait ainsi promis à celle-ci, sans en informer ni les cantons, ni la Confédération, qu'elle n'aurait pas un sou d'impôt à payer sur les primes distribuées aux joueurs des équipes nationales dispurant des matches en Suisse. De quel droit une association privée (l'ASF) engage-t-elle ainsi les collectivités publiques suisses ? Mystère. Mystère d'autant plus épais que la promesse de l'ASF à l'UEFA est totalement contradictoire des lois fédérales et cantonales. De plus, même si elle pouvait être honorée dans le cadre légal (ce qui n'est pas le cas), elle priverait les collectivités publiques (communes, cantons, Confédération) de millions de rentrées fiscales, dans le même temps où on leur demande de sortir des millions pour garantir la sécurité des matches, et assurer les festivités annexes.

Donc, si jamais (on n'en est pas à une manipulation près) l'accord mafieux passé entre la petite famille de l'ASF et la grande famille de l'UEFA était avalé par les autorités politiques fédérales et cantonales, il en coûterait aux collectivités publiques entre 15 et 20 millions de rentrées fiscales perdues. En gros, ce que coûteraient au canton de Genève les matches de l'Eurofoot prévus à la Praille.

Comme on s'en doute, l'UEFA a sauté sur l'occasion et, sans trop se préoccuper de savoir si l'ASF était habilitée à lui faire des promesses d'exemption fiscale, et si ces promesses étaient compatibles avec la loi, est partie du principe que cette proposition allait être la règle, que les joueurs de l'Euro 2008 ne seraient pas imposés à la source sur leurs primes, et qu'ils bénéficieraient donc d'un privilège. Or les lois fédérales et cantonales sont claires : les sportifs, artistes et conférenciers domiciliés à l'étranger et se produisant en Suisse sont imposés à la source, sur toutes les sommes qu'ils perçoivent pour leurs prestations. D'autant qu'en l'occurence ces sommes leurs seraient reversées, via les fédérations nationales, par une organisation (l'UEFA) dont le siège est en Suisse.

Les administrations fiscales cantonales et fédérale ont donc confirmé à l'UEFA, en 2005, que nul ne peut se soustraire à la loi, qu'il n'y a aucune raison que les Rolling Stones soient imposés lorsqu'ils donnent un concert en Suisse et que les stars du foot européens ne le soient pas lorsqu'ils jouent un match pour lequel ils sont payés et primés. Les collectivités publiques tentent aujourd'hui d'établir un minimum de respect du principe de l'égalité devant l'impôt ? L'UEFA s'asseoit dessus. On impose à la source les nettoyeurs frontalières de l'hôpital, mais faut pas toucher aux footballeurs étrangers. Dans la plupart des pays européens, sportifs et artistes venus de l'étranger sont imposés sur le lieu de leurs prestations ? L'UEFA n'en a cure. Lors des "mondiaux" de foot de 1998 et de 2002 les primes verséles aux joueurs ont été imposées ? l'UEFA ne veut pas le savoir. Lors de l'acceptation du crédit d'organisation de l'Eurofoot, le message du Conseil fédéral précisait que les joueurs seraient imposés, et les organisateurs ne l'ont pas contesté ? l'UEFA ne veut plus s'en souvenir.

Faut-il alors s'étonner, ou s'indigner, de la dernière manipulation en date dans ce dossier pourri ? S'en étonner, sûrement pas : la tentative de soustraction fiscale est prévue dans le mode d'emploi de la pompe à fric. S'en indigner, alors ? Pourquoi pas ? Mais c'est un peu tard.

Les "politiques" déjà grugés par les organisateurs de l'Eurofoot se sont, tardivement réveillés et jouent aujourd'hui les matamores, histoire de sauver ce qui peut encore l'être auprès de l'opinion publique : le Conseiller d'Etat libéral Mark Muller assure que le référendum qui sera lancé contre les crédits alloués à l'organisation de l'euro ne remettra en cause que les événements connexes, mais pas les matches, et que la "sécurité sera assurée" (aux frais des contribuables, mais pas sur un budget spécifique, ce qui permettra aux larbins de l'UEFA de contourner la sanction poulaire). Le radical Pierre Maudet fait dans le mouvement de menton et dénonce un "amateurisme complet dans la conduite des négociations" lors de l'accord signé en 2002 pour l'organisation de l'Eurofoot. Le même Maudet était de ceux qui voulaient que la Ville de Genève rallonge de 2,5 millions et demi les sommes versées dans le trou de la Praille : à amateur complet, amateur et demi... La Conseillère nationale libérale Martine Brunschwig Graf déclare quant à elle qu'il y a "une loi à respecter dans ce pays" et que ça vaut pour les lois fiscales comme pour les autres, et pour l'UEFA et l'ASF comme pour tout le monde. C'est bien de le rappeler. Le problème, c'est que l'UEFA, l'ASF et les pingouins qui ont négocié l'accord de 2002 se croient précisément au-dessus des lois -et surtout au-dessus de l'exigence de la bonne foi.

Référendum il y aura donc si le crédit alloué à l'organisation de l'Eurofoot à Genève dépasse le million. Et opposition il y aura, de toutes façons, à ce que le budget cantonal, conçu dans la douleur, soit ponctionné. L'Eurofoot, devrait être financé par les organisateurs : la sécurité, notamment. Et si d'aventure le refus des Genevois du racket mis au point par l'UEFA devait inciter les organisateurs de l'Eurofoot à déplacer les matches "genevois" à Berne, Bâle ou Zurich, Genève n'y perdra rien. Même si le secrétaire général de l'Association suisse de football (celle-là même qui a "promis" à l'UEFA que les joueurs de foot seront exemptés d'impôts...) dit ne pas comprendre "que Genève, avec le statut de ville internationale qui est le sien, puisse se discréditer au point de laisser filer l'événement". Admettons que l'ASF soit orfèvre en matière de discrédit, mais signalons-lui tout de même que le statut de ville internationale de Genève a bientôt cinq siècles d'existence et ne doit rien à des "événements" du genre de l'Eurofoot.

Qu'est-ce que Genève aurait à gagner à l'Eurofoot ? La question se pose, et la réponse s'impose : rien, des nèfles, des clous (ou des crampons) et des emmerdements : presque aucune enquête crédible n'a jamais été réalisée sur l'impact économique mesuré (c'est-à-dire postérieur) d'événements du genre de l'Eurofoot. On n'a que des estimations, des prévisions, des effets d'annonce, qui ne prennent pas en compte les coûts indirects (embouteillages, nuisances sonores, déchets, déprédations etc...) des manifestations, ni le coût des infrastructures, mais surestiment les retombées économiques.

Quant à l'"effet d'image", pour une ville comme Genève, il est nul : Genève est d'ores et déjà la ville de Suisse la plus connue à l'étranger, et une ville connue dans le monde entier pour de toutes raisons que celle d'accueillir éventuellement des matches de foot. Elle ne retirerait rien d'une hypothétique "publicité" que lui ferait l'Eurofoot. Et elle ne retirerait pas grand chose, en termes d'impact économique direct, de la venue des spactateurs des matches : ceux-ci se dérouleront à une période (en juin) où les hôtels sont remplis du fait des sessions annuelles des organisations internationales, les hôtels genevois étant d'ailleurs trop chers pour la très grande majorité des supporters, qui iront se loger en France ou fileront dès les beuveries d'après match cuvées.


On nous promet donc à Plainpalais des "événements" qui vont peser de leur poids de nuisances pour les malheureux habitants du quartier, en particulier pour les riverains de la Plaine sur laquelle les supporters devraient pouvoir festoyer dans la joie, la bonne humeur, la bière et le tintamarre. La Plaine devrait, selon les organisateurs, pouvoir accueillir jusqu'à 30'000 personnes, autour d'un écran géant, d'une scène pour des concerts de "qualité" (mesurée en décibels ?) et des stands divers et variés.

Au Bout-du-Monde, on stockera 3000 pauvres (ceux qui n'ont pas trop de pognon à claquer dans les flons flons de Plainpalais) dans un camping, avec des écrans (plus petits qu'à Plainpalais, c'est pour les pauvres), d'une petite (c'est pour les pauvres) scène et même, luxe inouï, des "installations sanitaires indisèpensables", même si c'est pour des pauvres, on est beaux, grands et généraux, même au Bout du Monde on pourra pisser ailleurs que dans les buissons -s'il en reste.

Le Conseil d'Etat a confié un mandat de gestion des événements au Bout du Monde et à Plainpalais à la société "New Events Productions" (c'est mieux en anglais, parce que "production d'événements nouveaux", en français dans le texte, s'agissant des beauferies footeuse, ça fait doucement rigoler), mais l'utilisation du Bout du Monde est encore en négociation avec la Ville de Genève.


Prompt à assurer la sécurité d'une manifestation dont, pour user d'un euphémisme on dira qu'il n'est pas évident que les Genevois veuillent, le Conseil d'Etat a aussi quémandé de la Confédération l'aide de l'armée et de la protection divile, et des autres cantons un renfort de police. On ne sait pas combien ce cirque va coûter, mais on se doute bien que ça sera pris sur le budget ordinaire de l'Etat, ne serait-ce que pour éviter un référendum.


Les responsables de l'organisation de l'Euro2008 en Suisse, le Conseiller fédéral Samuel Schmid, le chef de l'Office fédéral des sports Matthias Remund et le président de l'Association suisse de football Ralph Zloczower ont empilé les compliments dithyrambiques sur l'organisation du Mondial de foot par l'Allemagne, histoire d'en tirer quelques arguments pour faire passer la pilule de l'Eurofoot en Suisse. Samuel Schmid en est encore tout retourné : "Nous avons même pu cheminer à pied" et "même des Coréens ont pu se déplacer sans que cela ne pose de problème". Vous vous rendez compte ? Même des Coréens ! Ah ben ça alors, c'est une performance...

En passant, Samuel Schmid a annoncé que pour l'Eurofoot, et rien que pour la Suisse, une dizaine de milliers de soldats seront engagés pendant plusieurs semaines, soit un engagement équivalant à "environ le double de l'engagement en faveeur du Forum économique de Davos". Ah ben faut ce qu'il faut, et quand on aime on ne compte pas.

"Nous venons de vivre une Coupe du Monde paisible. Réjouissons-nous maintenant d'un Championnat de Suisse pacifique", proclame une pub de la "Swiss football league" parue (notamment) dans "20 minutes" du 19 juillet. Une "coupe du monde paisible" ? Même à mille kilomètres de la baballe, la fête à blaireaux a pourri l'atmosphère. "Entre les klaxons, les hurlements des supporters et les bagarres tardives", les riverains de la plaine de Plainpalais "ne savent plus où donner de la tête" (contrairement à Zidane), écrit "La Tribune" du 30 juin. La police, hypocrite, assure qu'"on ne peut rien faire contre le bruit en soi" et qu'elle ne peut intervenir que "lorsque les klaxons sont accompagnés d'entraves à la circulation ou d'état d'ivresse". Pour le reste, que les habitants se résignent. Et se contentent de décrire la situation à la "Tribune" : rues jonchées de débris de verres, scotters renversés, bagarres sous les fenêtres, sirènes des pompiers ou de la police longtemps après la fin des matches, voitures secouées avec leurs passagés coincés à l'intérieur... Bref, ce que l'édito de la "Tribune" de Genève qualifie de "formidable communion de tous le pays avec son équipe", et de "folie si furieuse et si douce à la fois", en annonçant que "les espoirs allumés brûleront au moins jusqu'en 2008", c'est-à-dire jusqu'à l'Eurofoot.

La récolte de signatures pour le référendum contre le subventionnement public de l'Eurofoot s'annonce en effet fructueuse à Plainpalais.

Planipalais est effet à nouveau prévue pour accueillir le tintouin . Le délégué cantonal genevois aux sports, Michael Kleiner, bombardès ès qualités "Monsieur Eurofoot genevois", prévoit d'y accueillir jusqu'à 50'000 personnes par soir : c'est six fois plus que lors du Mondial. ça promet pour les riverains. "Nous prévoyons des animations pendant la journée, ainsi que des concerts certains soits où il n'y aura pas de (matches)", ajoute "Monsieur Eurofoot". Autrement dit, les riverains n'auront plus aucun répit. Comme le dit suavement "Monsieur Eurofoot", "il faut s'attendre à des perturbations majeures".

Bon, tout ça est encore suspendu à la réalisation de quelques petites conditions préalables : d'abord, que les négociations entamées avec l'UEFA pour le financement de l'installation de l'écran géant aboutissent; or l'UEFA impose ses propres sponsors, et exclut les sponsors locaux... Ensuite, que le canton (et la Ville ?) passent à la caisse. Autrement dit, que les demandes de crédit qui vont certainement être faites aux parlements concernés d'ici la fin de l'anné soient d'abord acceptées par ces parlements, et ensuite par le bon peuple -à qui pendant ce temps on explique qu'il faut se serrer la ceinture vu que les budgets sont à sec. Et comme un référendum sera lancé si les crédits pour la fête à neuneu dépassent le million, à moins d'une entourloupe politicienne (à prévoir) "il faut s'attendre à des perturbations majeures", comme dirait "Monsieur Eurofoot". Mais des perturbations dans le calendrier politico-financier et dans le fonctionnement de la pompe à phynance.


Le stade de la Praille a un concurrent sérieux, pour le prix du stade le plus inutile au monde : Stefan Trellenkamp, un spécialiste allemand des nanotechnologies, est "très fier" d'avoir fabriqué le plus petit terrain de foot du monde : un terrain qui mesure 380 nanomètres sur 500 (un nanomètre est égal à un millionième de millimètre), et ne peut être vu qu'avec un microscope électronique très puissant. Le seul problème que le génial inventeur trouve à son invention, c'est qu'il ne sait "vraiment pas quoi en faire", et qu'il ne peut "même pas l'exposer, puisque personne ne le voit".

A Genève non plus, personne ne sait quoi faire du stade de la Praille. Mais on l'expose, et tout le monde peut le voir. C'est la différence entre l'art pour l'art et la connerie spectaculaire.


Des nouvelles de Marc Roger ? ben oui : le petit chaperon rouge (il déclare vivre chez sa grand-mère et n'avoir ni revenu, ni charges) avait demandé à bénéficier de l'assistance judiciaire (bref, à ce que la collectivité publique lui paie ses frais de photocopie du dossier pénal dans le cadre du procès qui lui est fait depuis la faillite du Servette FC (SA) et de la société (anonyme, elle aussi) d'exploitation du suade de la Praille. Faut dire que la justice genevoise fait payer les photocopies assez cher (2 francs la photocopie pour les dix premières pages, 1 franc par photocopie pour les pages suivantes). La justice genevoise lui a refusé cette assistance, considérant que puisque Roro avait pu payer la caution exigée pour sa libération en juillet 2005 (300'000 balles), il pouvait payer lui-même ses photocopies, et que ses arriérés d'impôts (800'000 euros) et de loyers (20'000 euros) ne suffisaient pas à èprouver son indigence. Du moins pas son indigence financière. L'avocat de Roro annonce qu'il fera recours à la Cour européenne de justice de Strasbourg.

Roro ne s'est plus montré à Genève depuis sa libération en juillet 2005. Il aurait, selon son avocat, souffert d'une "sévère dépression nerveuse" à sa sortie de Champ-Dollon.

Vu les conditions de détention à Champ-Dollon, c'est plutôt à l'entrée dans la tôle qu'on devrait souffrir de dépression. La sortie, elle, devrait rendre euphorique.


En Suisse romande, on notera que le Mondial a été le prétexte d'une sorte de défoulement francophobe, chauvin et compensatoire. Une sorte d'écho aux campagnes antifrontaliers qu'on a connues à Genève lors des dernières élections cantonales. C'est dans ce brouet qu'un édito de von Burg dans "La Tribune" voit "un sentiment de fierté débarrassé de toute fausse pudeur". En effet. Et débarrassé aussi de toute vraie pudeur. En clair : une connerie basique s'exposant au grand jour. Heureusement que l'équipe de Suisse s'est fait jeter en huitième de finale, on serait tombé encore un peu plus profond dans le magma tribal.

Un tribalisme salué d'ailleurs, on devait s'y attendre, par le parti officiel du tribalisme suisse : l'UDC s'est fendue le 24 juin d'un communiqué proclamant que la qualification de l'équipe nationale en 8ème de finale du Mondial "est un bel exemple de qualité suisse". On n'a par contre pas pu lire de communiqué proclamant que l'élimination de l'équipe suisse lors de ces 8ème de finale était un "bel exemple de qualité ukrainienne", mais on n'en félicitera pas moins l'équipe ukrainienne d'avoir contribué à dissiper les pestilences chauvines en Suisse. Dans "Le Matin", le Conseiller national radical Yves Christen témoigne avoirt entendu de jeunes supporters de l'équipe de foot suisse crier "vive Blocher !" devant le Palais fédéral. Il s'attendait à quoi, Christen ? A entendre des supports de foot crier "vive Zysiadis !" ?

Fait pas bon critiquer la FIFA pendant (ou avant, ou juste après) le Mondial (de la FIFA) : ARTE (pas la pire chaîné télé, pourtant) a déprogrammé, le 28 juin, deux documentaires sur la FIFA et ses magouilles, prévus dans le cadre d'une soirée "Thema" intitulée "carton jaune pour la FIFA". Raison officielle de la programmation : le second documentaire ("quand la FIFA dicte sa loi à l'Allemagne") n'était pas terminé. or il était terminé. Mais voila : le doc' montrait comment la FIFA a imposé son marketing, fait rebaptiser des stades, installé des tribunes spéciales pour le potentat de la FIFA, Sepp Blatter, demandé divers privilèges pour ses sponsors et ses petits copains et joué un rôle douteux dans l'attribution des billets. Toutes pratiques qu'il était donc de mauvais goût de révéler pendant la "grande fête du foot".

Le premier documentaire, déprogrammé lui aussi (et là, on ne prend même pas le peine de prétendre qu'il n'était pas terminé, puisqu'il avait déjà été diffusé à la BBC) est une adaptation du livre du journaliste Andrew Jennings "Carton rouge pour la FIFA". La FIFA avait tenté de faire interdire le livre en Suisse et n'y était pas arrivée. Le doc détaille les transferts douteux d'argent vers la FIFA (notamment un virement d'une société de marketing sportif, International Sport Leisure, pour 1 million de francs suisses à l'hiver 1998), les étranges remboursements obtenus par le président de la FIFA, Sepp Blatter, après sa campagne pour se faire élire à la présidence en 1998.

Bref, la loi de la FIFA est toujours celle de la mafia : l'omertà.

De toutes façons, le Mondial a surtout été affaire de gros sous. On rappellera donc que l'Allemagne a claqué au moins 7 milliards d'euros pour le Mondial : 1 milliard et demi pour la construction et la rénovation des stades, quatre milliards et demi pour le réseau routier, 700 millions pour la nouvelle gare centrale de Berlin. On signalera que le prix du spot publicitaire est passé à 250'000 euros les 30 secondes sur TF1 (quinze ans de salaires d'un smicard, rapelle -méchamment- le "Monde Diplomatique"- pour la finale France-Italie (ce qui n'a pas empêché TF1 d'accuser une perte d'environ 40 millions d'euros dans l'opération "Mondial", entre ses 70 millions de recettes publicitaires et ses 110 millions d'achat de droits et de frais de production). De son côté, M6 devrait perdre dans les quinze millions. Pendant ce temps, la FIFA devait percevoir au moins 1,1 milliard d'euros pour les seuls droits télévisés et les parrainages publicitaires. Les investissements publicitaires pour le Mondial ont dépassé les trois milliards, le groupe Uma a annoncé que ses ventes avaient progressé de 40 % au premier semestre 2006, et Adidas a vendu plus de trois millions de maillots.

Quant à la FIFA, elle a encaissé un milliard et demi de francs pour les droits télé et un milliard de francs de ses 15 sponsors. Et ça ne lui suffit pas : les quinze sponsors actuels ont mis chacun entre 45 et 50 millions de dollars sur (ou sous) la table pour avoir leur nom lié à la fête à blaireaux, la FIFA a décidé de réduire le nombre des sponsors à six, mais de tripler le ticket d'entrée. Faites le calcul : la FIFA va encaisser 150 millions de dollars de plus de sponsoring (Coca-Cola, Adidas, Hyundai, Emirates Airlines, Sony, Visa) lors du prochain Mondial, en Afrique du Sud en 2010.


Le Conseil des Etats a finalement décidé, le 22 juin, de revenir sur sa position du 19 juin sa position sur le financement public de l'Eurofoot, et a finalement accepté ce qu'il refusait jusqu'alors, c'est-à-dire d'accorder 10,5 millions de plus aux quatre villes hôtes des matches en Suisse -ce qui ne suffit d'ailleurs de loin pas à convrir leurs dépenses prévues. Avec l'explosion du coût de la sauterie footballistique (on est passé entre 2002 et 2005 de 3,5 à 72 millions pour la Confédération, ou 182 millions au total), les quatre villes hôtes (Berne, Bale, Zurich et Genève) vont être mises à contribution dans une proportion imprévue. Elles ont donc réclamé une aide globale de 17 millions, alors qu'elles n'avaient rien dit lorsque le premier crédit bidon de 3,5 millions, bricolé pour ne gêner personne et laisser croire que l'Eurofoot n'allait quasiment rien coûter, avait été mis en consultation. Sur les 17 millions que les villes réclamaient (en plus de ce qui leur avait déjà été accordé), le Conseil national leur en avait accordé 10,5, que le Conseil des Etats leur avait refusé, avant de se résigner à accepter. Il manquera de toutes façons encore 7,5 millions (au moins). La part fédérale passe à 82,5 millions, celles des cantons accueillant des matches à 70,5 millions, celle des autres cantons à 29 millions. 64 millions seront affectés aux seules mesures de sécurité. On puisera donc dans les caisses fédérales pour alimenter les caisses cantonales afin de payer les à-côtés de l'Eurofoot. De toutes façons, ce sont toujours des caisses publiques que l'on va mettre à contribution pour assurer matériellement une manifestation organisée par une structure privée (l'UEFA), qui va en encaisser les bénéfices. Une splendide illustration du précepte : "privatisons les bénéfices, socialisons les pertes", et une raison suffisante pour le référendum qui sera lancé à Genève si le canton s'avise de demander plus d'un million. Le Conseiller fédéral Samuel Schmid a certes assuré que des contrats précis seraient élaborés avec les villes hôtes, et que l'argent ne serait versé aux villes que sur présentation de factures précises, mais comme c'est le même Conseiller fédéral qui avait assuré en 2002 que l'Eurofoot n'allait quasiment rien coûter, on a un peu de peine à la croire. Au Conseil des Etats, le socialiste jurassien Pierre-Alain Gentil, a exprimé sa crainte que le Conseil fédéral entraîne le parlement dans une débâcle, a dénoncé une répartition confuse des charges, et a relevé que les organisateurs (FIFA, UEFA) ne participent que marginalement aux dépenses alors qu'elles se garderont les rentrées. Gentil a résumé ainsi la position des organisateurs : "Vous voulez ces compétitions ? Alors payez-les. Et le pire, c'est que ça marche", et qu'on paie...

Une résolution va en outre être proposée au Conseil municipal de la Ville de Genève, par la gauche de la gauche municipale (ni le PS ni les Verts ne l'ont signée), lui enjoignant de refuser par avance toute mise à contribution de la commune pour l'Eurofoot.

La Ville ne défend et ne finance que le sport pour toutes et pour tous

Projet de résolution du Conseil municipal de la Ville de Genève

Considérant que :

Le Conseil municipal décide que :

la Ville de Genève ne contribuera en aucune manière aux dépenses induites par l'organisation des matchs de l'UEFA sur le territoire du canton


D'ici la fin de l'année, le responsable de l'Eurobeauf pour Genève, Michael Kleiner, devrait avoir peaufiné un projet de loi pour le Conseil d'Etat, qui devrait le soumettre au Grand Conseil, qui va certainement l'adopter, sur quoi nous lancerons un référendum.

Le plus gros budget pour le canton va concerner la sécurité hors du stade : fermeture de postes de douane, renforcement du contrôle aérien, surveillance particulière en ville et aux abords du stade, heures supplémentaires que devront effectuer les policiers, à quoi vont s'ajouter des dépenses de promotion publicitairedu canton (qui n'en a pas besoin, vu que Genève, déjà la ville la plus connue de Suisse à l'étranger, ne le sera pas plus parce que trois matches de foot s'y tiendront) et de renforcement des TPG.

Que va payer de son côté l'UEFA ? Des clopinettes : 300'000 francs par match, si le stade correspond à ses exigences (et ce n'est pas encore le cas de la Praille, à qui il manque encore des espaces media). 300'000 francs, ça paie même pas les heures supplémentaires des policiers qui seront mobilisés pour chaque match...

Du côté des partisans du subventionnement public de l'Euro 2008, on continue de prétendre que ce sera tout benef compte tenu des fameuses "retombées économiques" du machin. Mais quand on tente de chiffrer lesdites "retombées économiques", les belles promesses ont tendance à se ternir : ainsi des "retombées" touristiques. Selon une étude de l'institut zurichois (forcément) Rütter+Partner, mandaté par les organisateurs de l'Euro (forcément), l'ASF et l'UEFA, les nuitées provoquées par l'Euro 2008 n'équivaudraient qu'à 4,4 % du total des nuitées de 2005, et moins d'un dixième des visiteurs supplémentaires le seraient poour des raisons directement liées à l'Euro : tous les autres seraient de "vrais touristes" qui n'auraient donc fait que modifier les dates de leurs voyages en Suisse. A Genève, pour l'ensemble des matches prévus, on n'aurait que 62'000 nuitées supplémentaires (soit une quinzaine de millions de francs de chiffre d'affaire -moins que ce coûterait l'Euro 2008 aux caisses publiques genevoises). Une étude de la Banque cantonale de Zurich a d'ailleurs considérablement relativisé l'impact économique de manifestation du genre Eurofoot (l'étude prend comme exemple celui du Mondial) : la contribution du Mondial à la performance économique allemande ne devrait pas dépasser 0,5 % du PIB...


Déferlement de connerie tribale autour du Mondial de foot : en plus des rabotés du bulbe s'enrobant d'un drapeau et klaxonnant à tire larigot au moindre but, d'autres taborniaux ont hissé sur le Palais fédéral à Berne (avec l'accord du bureau des Chambres fédérales et de la Ville de Berne) une immense banderole proclamant (en tudesque dans le texte) "Fussball regiert !" (le football gouverne). On croyait que dans une démocratie, c'était un gouvernement légitimement adoubé par un parlement élu qui gouvernait, ben non, c'est le foot.

Ce Mondial qui nous gouverne est d'abord une gigantesque pompe à fric : la FIFA (fédération internationale du foot pognon) a encaissé 1,6 milliard de francs pour la seule vente des droits TV, Coca-Cola s'est lié à la FIFA (et réciproquement) pour seize ans, Adidas a signé avec la FIFA un contrat qui, jusqu'en 2014, porte sur 400 millions de francs, et le marché du football devrait peser en 2006 autour de quatre milliards de francs (soit une croissance de 15 % en deux ans). Cette masse de fric est captée par des groupes dont le sport est la moindre des préoccupations. D'ailleurs, la Coupe du monde de foot n'est plus la Coupe du monde de foot, c'est, officiellement, la Coupe du monde de la FIFA. En réalité, c'est la Coupe du Monde des sponsors et des détenteurs des droits de télévision. Ainsi, le groupe ART, du milliardaire saoudien Salah El Kamel, s'est adjugé, contre les télévisions publiques arabes, le monopole de la retransmission des matches dans le Maghreb et le monde arabe, sur son réseau crypté, privant les chaînes nationales des pays arabes de la possibilité de conclure avec lui des accords permettant la diffusion des matches en clair et en direct. Pour pouvoir accéder au "bouquet" du groupe ART, les téléspectateurs des pays concernés devaient payer l'équivalent d'un à trois mois de salaire, le groupe s'étant arranché pour que seules les cartes d'abonnement les plus chères soient disponibles -du coup, les gouvernements ont du subventionner l'achat par les téléspectateurs de cartes à bas prix. Les téléspectateurs n'avaient pas même la possibilité, par exemple en Afrique du nord, de suivre les retransmissions en clair et en direct assurées par les chaînes françaises, puisque ART avait aussi obtenu le droit de faire crypter ces chaînes à destination des pays qu'elles arrosent. La presse algérienne dénonce la "FIFA du fric" et son "oligarchie opaque" qui a vendu à un millardaire saoudien le droit des téléspectateurs algérien de suivre les matches du Mondial.

La poule eux oeufs d'or est cependant menacée de ne plus pondre que de tristes coquilles vides : le développement de l'internet et des retransmissions gratuites sur la toile, est une menace : déjà le Mondial est diffusé sur le web par des chaînes chinoises...


Le marché du foot est structuré par un appareil pyramidal de ligues, partant des clubs amateurs locaux jusqu'aux premières divisions nationales, puis en Europe à l'UEFA (Ligue des champions, championnat d'Europe) et, cerise sur la gâteau, la FIFA (Coupe du monde). le football est un système intégré où les clubs forment des ligues, regroupées au niveau continental (UEFA) et international (FIFA). Ce marché pyramidal est aussi un trafic, une traite : des milliers de jeunes Africains, recrutés par des réseaux qui ratissent le continent, viennent chaque année en Europe (la moitié en France)avec l'illusion d'y pouvoir faire une carrière de footballeurs professionnels. Leurs familles, bercées de la même illusion, payent 3000 ou 4000 euros un voyage qui, la plupart du temps, se termine dans la rue, sans papiers. L'association Culture Foot Solidaire a dénombré, rien qu'en France, plus de 600 joueurs africains en rupture de ban. La seule Fédération de foot du Cameroun a délivré en 2005 huit cent cinquante lettres de sortie. Les règles de la FIFA qui interdit le recrutement des mineurs sont contournées par les réseaux (au vu et au su de la FIFA) par le maquillage des papiers d'identité (on vieillit les joueurs pour povoir les transférer, après quoi on les rajeunit pour augmenter leur valeur marchande). On maquille aussi leur identité. Ce nouveau "bois d'ébène" est tout benef' : les clubs européens qui les achètent aux réseaux n'ont rien eu à payer pour leur formation, et encaissent une plus-value considérable quand ils les transfèrent à d'autres clubs.

On notera que la Coupe du monde (pardon : la Coupe de la FIFA) qui sévit actuellement n'aurait pas dû se dérouler en Allemagne, mais en Afrique, et que ce n'est qu'à la suite de sombres magouilles qu'elle a été déplacée d'un continent pauvre (et donc d'un marché inintéressant) à un pays riche.


Le 13 mai, à Berlin, les supporters de deux équipes berlinoises (le Dynamo et l'Union) se sont affrontés. Ces affrontements ont fait cinq blessés et une trentaine de hooligans présumés ont été arrêtés. L'Allemagne compterait une dizaine de milliers de hooligans, dont la surveillance (et celle de leurs congénères importés des autres pays producteurs de cette matière primaire) pendant le Mondial de foot aura nécessité la mobilisation de 30'000 policiers. Après la rencontre Allemagne-Pologne, lors du premier tour du Mondial, 430 supporters ont été arrêtés après de violents incidents dans la rue.

Même les retransmissions télévisées de matches suscitent des incidents à des centaines de kilomètres des stades : à Genève, le 19 juin, après le match Suisse-Togo, deux supporters s'en sont pris à des piétons, qu'ils ont roués de coups, avant d'être arrêtés par la police après une course-poursuite... Quant aux matches "amicaux", ils le sont à peine plus que les autres : le 31 mai, juste avant le début d'un match amical Suisse-Italie, des supporters italiens fascistes sont interpellés par la police, qui leur confisque un drapeau et une banderole insultante et incitant à la violence. Les fachos sont ensuite autorisés à entrer dans le stade... et à récupérer leurs accessoires de fachos avant de rentrer chez eux.

En Suisse, on a compté plus d'une centaine d'incidents lors de matches de foot, nécessitant l'intervention de la police, entre début janvier 2005 et fin mai 2006. 350 à 400 individus (dont environ 150 ont moins de 20 ans) sont interdits de stade suite à des violences. La liste de leurs noms a été transmise aux organisateurs du Mondial, et les supporters suisses au Mondial ont été chaperonnés par une cinquantaine de policiers suisses, et huit "spotters" (repéreurs) de la police zrichoise, experts en hoologanisme. Après les incidents de Bâle, mi-mai, lors d'un match Bâle-Zurich, la présidente du FC Bâle a écrit au FC Zurich pour s'excuser du comporter des supporters bâlois, et le Procureur a demandé aux spectateurs des incidents de lui envoyer photos ou films permettant de confondre les trublions. Quant à l'inénarrable Adolf Ogi, il a fièrement déclaré : "nous devons redécouvrir la discipline, la justice et l'ordre", et le directeur de l'Euro2008 pour la Suisse, Martin Kallen, a assuré vouloir maintenir les hooligans à l'écart des stades en instaurant rien moins que trois périmètres de sécurité successifs : le premier pour empêcher les personnes sans billet de pénétrer dans la zone sécurisée, le second pour fouiller les spectateurs (soit les personnes avec billets), et le troisième pour trier les porteurs de vrais et de faux billets. Et cela sans exclure d'autres contrôles supplémentaires (des miradors avec des mitrailleuses ?), et en prévoyant jusqu'à 1000 agents de sécurité par match. Le Conseiller fédéral Samuel Schmid y ajoute l'armée : "de 8000 à 10'000 soldats seront nécessaires pour assurer la sécurité lors de l'Eurofoot", et les cantons pourront aussi utiliser des drones (avions sans pilotes) pour surveiller les supporters. On a enfin réussi à trouver une utilité à notre glorieuse armée -et ça tombe bien, c'est la même utilité que celle qu'on a trouvé à notre mirifique stade. Si vous avez d'autres trucs parfaitement ineptes et superfétatoires à fourguer, envoyez un mot aux organisateurs de l'Eurofoot, ils auront surement une idée géniale.

Mais qu'ils paieront avec votre propre pognon.


Pendant ce temps, les polices suisses s'entraînent et se préparent. Le commandant de la gendarmerie vaudoise, Alain Bergonzoli, résume : "les stades seront sanctuarisés" (le foot étant devenu une religion, c'est assez logique) : d'abord, les hooligans ne devraient pas pouvoir entrer en Suisse et devraient être arrêtés à la frontière. Ensuite, s'ils ont pu passer, ils sevraient être arrêtés sur les voies d'accès aux stades. Et si ont encore pu passer, il devraient être arrêtés à l'entrée des stades. Et s'ils ont encore pu passer, on fait quoi ? on les arrête sur la pelouse, dans les vestiaires, aux chiottes ? De toutes façons, le gendarme assure que "le hooligan n'est pas un ennemi, mais un citoyen passagèrement égaré, qui constitue une menace pour d'autres citoyens". Un policier genevois fait dans l'anthropologie : "un hooligan n'est pas uniquement un crâne rasé qui se déplace avec sa horde, ça peut être deux ou trois gamins avinés capables d'entraîner toute une tribune dans une bagarre générale". Vu la fréquentation habituelle du stade de la Praille, entraîner "toute une tribune" équivaut à entraîner tout le stade, et une bagarre générale à une dispute privée, mais on ne s'en plaindra pas.

Hypothèse amusante du gendarme vaudois : "il faudrait par exemple éviter que de trop nombreux supporters allemands et anglais se retrouvent (sur) le même bateau de la CGN, sur le Léman" ("Le Temps" du 21 juin). Et alors ? Y'aurait plus qu'à couler le bateau... Pour une fois que les supporters ne se noieraient pas dans de la bière mais dans de la flotte...

D'ailleurs, le Conseiller fédéral Samuel Schmid est opposé à la vente d'alcool autour des stades pendant l'Eurofoot, tout en ajoutant que la décision relève des cantons ("Tribune de Genève" du 29 mai).

Ouais. On pourrait aussi interdire le foot dans les stades, ça réglerait définitivement le problème des hooligans autour des stades : quand y'a pas de merde, y'a pas non plus de mouche à merde.

Ajoutons au tableau, pour qu'il soit à peu près complet, qu'au-delà (ou à côté) du hooliganisme et des affrontements entre supporters, le foot collectionne les effets collatéraux amusants : suicides de supporters après la défaite de leur équipe, assassinats de supporters de l'équipe adverse, assassinats d'arbitres ou de joueurs (comme ce joueur colombien auteur d'un autogoal, en 1994), émeutes et pogroms divers et variés... Le top du top, ce fut la "guerre du football" (ou "guerre des cent heures") entre le Honduras et le Salvador, en 1969 : 2000 morts, 4000 blessés, 130'000 réfugiés (voir l'article paru dans "Le Courrier" du 12 juin

Y'a pas que les media, les fans de foot et les multinationales partenaires (genre Coca Cola) qui ont préparé le Mondial (et préparent déjà l'Euro) : les fachos aussi. Fin mars, une cinquantaine de hooligans polonais et allemands se sont offerts une petite répétition, un entraînement avant le Mondial. Et en Autriche, des hooligans de plusieurs pays auraient "signé un pacte" (selon le quotidien italien "La Repubblica") en vue de réaliser des "attaques ciblées" lors du Mondial.

De son côté, le Conseil des communautés africaines de Berlin a publié une liste de "no-go areas", c'est-à-dire de zones et de quartiers de Berlin et d'autres villes du Brandebourg et de Saxe où il est fortement déconseillé au "étrangers de couleur" de s'aventurer.

Comme disait on ne sait plus (et on n'a plus envie de savoir) qui, "le sport est un instrument de la fraternité entre les peuples". Et la fraternité, comme disait Caïn à Abel, ça se cultive.

Surtout dans des stades comme celui qui accueillera la finale du Mondial : le stade olympique de Berlin, construit sur ordre de Hitler, inauguré par Goebbels, célébré par Leni Riefenstahl. Un lieu emblématique de la fraternité entre les peuples, quoi.


En attendant Godot 2008, le stade de la Praille peine toujours autant à se trouver une utilité pérenne : même les retransmissions des matches du Mondial peinent à remplir un peu plus que dérisoirement ce stade (ces retransmissions, il est vrai, font double emploi avec celles de Plainpalais, bien plus conviviales : le "Maracana Festival" attire plus les foules que "Prailletime", qui comptait attirer 100'000 personnes en retransmettant tous les matches, ce qui ne fait en moyenne qu'environ 2000 spectateurs par match, soit un stade vide à plus de 90 %. A Plainpalais, on attendait le double de spectateurs qu'à la Praille, et on en aura probablement le quadruple).

Du coup, à la Praille, on se tourne vers la Providence : Les églises et communautés chrétiennes genevoises (protestantes, catholique romaine) vont utiliser le stade de la Praille pour une célébration religieuse à l'occasion de la Coupe du monde de foot ("Prailletime" devient "Praytime", dans la nouvelle langue du culte. Ou "Playtime" dans celle de Jacques Tati) . Ce qui confirme que le foot est l'opium du peuple, mais ouvre d'intéressantes perspectives : puisque Dieu seul peut encore sauver de l'inutilité le Titanic échoué à la Praille, autant faire carrément dans le biblique et tourner autour du stade en soufflant dans les chofars pour faire s'effondrer le machin.

Et y'aura du boulot, vu que même Johnny n'y est pas arrivé en juin 2003. Pire : son concert avait valu à son organisateur, Michael Drieberg, une plainte précautionneuse du canton (qui voulait se garantir d'éventuelles poursuites) pour suroccupation et violation des règles de sécurité. La plainte a d'ailleurs été retirée. Mais Drieberg, qui dit toujours vouloir organiser des concerts dans le trou de la Praille, précise que ça ne sera vraisemblablement pas avant 2008, et pas de la taille du concert de Johnny.

Le quatuor Sine Nomine, ça irait ?

Le 11 juin, pour le match Servette UGS et l'accession de Servette en "Challenge League", on a compté 3515 spectateurs à la Praille. Ce qui nous fait un stade vide à 88%

On notera que pour pouvoir se payer les retransmissions des matches à la Praille (devant un stade largement vide, donc), les organisateurs ont prévu un budget de 900'000 francs, couvert entre autres... par la Ville de Lancy. Quand on a pris l'habitude de puiser dans les caisses publiques, y'a pas de raison d'arrêter.


Socialistes et Verts ont dénoncé dans une conférence de presse le maintien par le Conseil d'Etat (à majorité socialo-verte, non ? de la suppression de l'allocation transports (60 francs par mois) et du forfait vêtements (60 francs par adulte, 75 francs par enfant) pour les bénéficiaires de l'assistance et du revenu d'aide sociale (RMCAS). Ajoutées à l'entrée en vigueur à Genève des normes fédérales d'aide sociale, en-dessous des normes genevoises, c'est près de 10 % du montant de l'assistance que perdent celles et ceux qui sont visés. Tout ça pour une économie de 18 millions qui risque d'être intégralement bouffée par le coût pour Genève de l'Eurofoot 2008.

Après en avoir lancé un à Lancy contre la Maison de la Danse, la droite lance un référendum à Satigny contre une crèche (plus précisément : contre un crédit de 2,9 millions destiné à transformer en crèche un bâtiment existant). Les droites municipales ne veulent donc ni de centres culturels, ni de crèches. La droite cantonale ne voulait pas non plus d'un vivarium.

Par contre, la droite (municipale et cantonale) voulait bien du stade de la Praille. Et veut bien d'un tunnel sous la rade.

On devrait proposer à la droite un vivarium pour automobilistes, une crèche pour jeunes sportifs et un tunnel pour danseurs. Histoire de reprendre les derniers refrains centristes des Verts : "échappons à l'opposition absurde" et "sortons de la confrontation stérile".


L'ancien directeur (de 1986 à 2003) de la Fondation des parkings, Roland Borel, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour s'être octroyé des salaires fastueux et avoir engagé la collectivité publique dans des projets non moins fastueux. Après une enquête administrative, qui a abouti au licenciement de Borel, et une instruction pénale, qui a abouti à sa condamnation, on a appris que dès 1995, Borel s'était régulièrement augmenté son propre salaires, et s'était accordé des annuités que son contrat de travail, jusqu'à toucher, à la fin de son mandat, 230'000 balles par an, soit presque autant qu'un Conseiller d'Etat, et s'être mis 426'000 balles dans la poche Il avait aussi gratifié certains de ses collaborateurs de ce genre de cadeaux.

En plus, Borel est responsable d'avoir engagé la Fondation dans des projets imbéciles : celui d'une boîte de nuit installée dans le parc-relais de l'Etoile, boîte de nuit dans laquelle la Fondation a engagé plus de sept millions au lieu des deux prévus, et qui a finalement fait faillite, et celui du parking de Genève-Plage, "gaspi d'or" du magazine "Bilan", dont le coût avait été estimé au pifomètre à 36 millions, et qui en a coûté finalement 55. Là, Borel s'explique : en annonçant un montant erroné, dit-il, je n'ai pas menti, j'ai "juste caché la vérité" pour faire aboutir le projet. Un peu comme Samuel Schmid quand il a annoncé que les collectivités publiques n'auraient que quelques millions à sortir pour assurer l'Eurofoot 2008 -alors que finalement, c'est en dizaines de millions que se chiffrera le coût de ce machin.

Borel a donc été condamné pour avoir usé de méthodes que d'autres (les promoteurs du stade de la Praille) ont utilisées sans que jamais personne ne leur en ait pénalement tenu rigueur. Quelqu'un pourrait peut-être suggérer une fusion de la Fondation des parkings avec la Fondation du stade de Genève...

En d'autres termes, une fusion des trous.


La campagne internationale contre le commerce du sexe, connexe au commerce du foot, semble avoir eu un effet positif : le nombre de prostituées plus ou moins clandestinement importées d'Europe de l'est, parfois contre leur gré, a été moins important que prévu. Mais ce trafic n'en a pas moins été constaté. En 2005 déjà, l'Allemagne, où la prostitution est légale depuis 2002, détenait le record d'Europe du nombre de femmes prostituées. Le Mondial 2006 lui aura permis de conserver son titre, malgré la campagne lancée par le Frauenrat sur le thème "carton rouge à la prostitution forcée". Campagne qui n'a d'ailleurs pas reçu le soutien de la FIFA (explication de la porte-parole du Frauenrat, Ulrike Helnwerth : "les fans de foot sont de potentiels clients de la prostitution, et la FIFA n'a pas voulu choquer son propre public"). Malka Marcovitch, directrice européenne de la Coalition contre la traite des femmes (CATW), confirme : "le foot des supporters offre l'image d'un monde valorisant les clichés machistes". Selon une étude menée par la CATW, auprès de 200 prostituées des Pays-Bas, où la prostitution est légale (comme en Allemagne), 80 % d'entre elles ont subi des violences physiques de la part de proxénètes ou de clients. La police fédérale allemande (le Bundeskriminalamt) a estimé à environ 40'000 le nombre des prostituées illégales, soit le 10 % du nombre total des prostituées du pays.

En Suisse, c'est pas plus brillant qu'en Allemagne : les Chambres fédérales ont refusé de débloquer des fonds pour lutter contre la prostitution forcée dans la perspective de l'Euro 2008.


Y'a pas que le sexe dans la vie du foot pognon, y'a aussi la dope. la Fédération internationale de foot (FIFA) est la seule fédération internationale de sport à ne pas autoriser l'agence mondiale antidopage (AMA) à effectuer des contrôles inopinés hors compétition. Contrairement au Tour de France ou au Comité international olympique (CIO), la FIFA n'invite pas non plus d'observateurs indépendants de l'AMA à superviser les procédures antidopages pendant le Mondial. La FIFA pratique donc ses propres contrôles, ce qui lui permet d'affirmer que seuls 0,37 % de ces contrôles antidopage se sont révélés positifs en 2005. Sur les 78 cas de dopage recensés, 63 concernaient l'usage du cannabis et de la cocaïne. Par ailleurs, le dopage médicamenteux destiné spécifiquement à améliorer les performances des joueurs concernerait un pourcentage insignifiant des joueurs (0,6 pour mille), ce qui, vu le nombre de joueurs, concernerait tout de même des milliers de ceux-ci. Ces chiffres sont cependant notoirement sous-estimée. Ainsi, en novembre 2005, le médecin chef de la Juve de Turin a été condamné (par la justice civile, pas par la FIFA, faut pas rêver) pour avoir "systématiquement et intensivement" administré de l'EPO à des joueurs du club entre 1994 et 1998. Le bon docteur a ensuite été relaxé parce que la loi italienne ne permettait de sanctionner que les cas de dopage survenus après 2000. Un expert italien, le professeur d'Onofrio, ne se fait pas d'illusion : "le football est intouchable" et "personne n'enquêtera plus sur ce qui se passe dans les pharmacies des équipes de football". Personne, sauf la FIFA ? En l'ocurrence, personne ou la FIFA, c'est kif-kif. Le manager du club anglais Arsenal a révélé que des clubs dopaient "leurs joueurs à leur insu", en leur disant leur injecter des vitamines. (voir "Le Monde" du 25 mai 2005)


Comme annoncé dans la presse (et accompagné de quelques sanglots plus ou moins contenus), nous lancerons donc un référendum contre tout crédit affecté par le canton (ou la Ville) à l'organisation de l'Euro2008 à Genève, à moins que ce crédit ne dépasse pas le million (et qu'on ne nous fasse pas le coup de proposer plusieurs crédits d'un million pour atteindre la somme espérée, parce qu'on est tout à fait capables de faire signer quinze référendums d'un coup...)

Seul un référendum pourra en effet poser au bon peuple la question qui fâche : combien de millions est-on prêt à sortir des caisses publiques pour arroser le foot-pognon, alors que les caisses publiques sont asséchées et qu'on rogne sur les aides sociales ? A quel niveau situe-t-on le montant acceptable d'un cadeau fait aux organisateurs (privés) d'une manifestation dont ils se réservent les bénéfices tout en exigeant que les collectivités publiques en assument les charges ?

Et quand l'Office fédéral du sport nous sort opportunément un sondage qu'il a lui-même commandité, et affirmant que près de 90 % des Suisses (et les Romands plus que les Alémaniques) seraient "en faveur de l'Euro 2008", on se contentera de rappeler qu'on nous clamait la même chose à propos du Stade de la Praille lorsque nous avons lancé le référendum municipal contre le prêt accordé par la Ville à la fondation du stade -et en réalité, plus de 72 % des votants ont refusé ledit prêt. Et on ajoutera que selon le même sondage, 43 % des Alémaniques (et donc au moins un tiers des partisans de l'Euro) et 34 % des Romands (et donc au moins un quart des partisans de l'Euro) pensent qu'il ne servira à rien. Ce qui n'est évidemment pas l'avis de l'UEFA qui compte en retirer un milliard.

Le coût total de l'Euro 2008 pour les collectvités publiques est, pour l'instant (pas de panique, ça va grimper !) de 182 millions de FS : 72 pour la Confe, 81 pour les cantons et les villes "hôtes", 29 pour les autres cantons. Le budget de la sécurité atteint à lui seul 64 millions (soit sept fois plus que le total du budget initial...), dont près de la moitié à la charge des villes et des cantons, et 35,7 millions à la charge de la Confédération.

Genève est appelée à claquer 20,4 millions. Mark Muller est prêt à en claquer treize. C'est douze de trop, et de toutes façons, entre ce que Muller est déjà prêt à claquer et ce que la Confédération est prête à avancer, il manque encore sept millions. Muller a pris sa sébille et est parti à Berne le 16 mars quémander des sous. Il a arraché 2,6 millions, et s'est vu refuser 1,8 million de plus (la majorité du Conseil national ayant refusé de donner ce "coup de pouce" aux cantons et aux villes, qu'acceptaient les socialistes). Du coup, Muller revient avec un manco de 4,8 millions, s'il s'en tient au plafond de 13 millions à sortir des caisses cantonales pour financer les à-côtés de l'Eurofoot, ou de 7,8 millions s'il abaisse ce plafond à 10 millions comme il l'a déclaré en réponse à l'annonce d'un référendum.

Le Conseil national était appelé le 16 mars à voter un crédit de 72 millions pour l'Euro, crédit comportant une petite "rallonge" de 10,6 millions aux cantons pour couvrir les surcoûts en matière de sécurité, ou de 17 millions pour les quatre cantons et villes hôtes, et 10,6 millions pour l'engagement de l'armée (sans qu'on sache précisément à quoi va correpondre cet engagement). Les Verts demandaient le renvoi du projet de crédit au Conseil fédéral, avec mandat de faire cracher les organisateurs (UEFA et ASF) au bassinet. Peine perdue : la droite a fait bloc, la plupart des socialistes se sont dégonflés arguant du fait accompli (la piquette est tirée, il faut la boire) et finalement, le Conseil national s'est prononcé pour un crédit de 82,5 millions, en augmentant de 10,5 millions la somme proposée par le Conseil fédéral pour la sécurité. La "rallonge" fédérale comprend aussi un crédit de 10,8 millions pour l'aménagement des stades, alors que la même somme avait déjà été votée une première fois en 1998, une seconde fois en 2000, sans être utilisée.

Au total, l'Euro2008 coûtera au moins 182 millions, dont la plus grande partie (100 millions) sera prise en charge par les villes et cantons. Mais ces chiffres sont encore tout ce qu'il y a de plus provisoires, les villes et les cantons devant encore négocier avec la société organisatrice (une société anonyme, évidemment, Euro 2008 S.A.), "Le Matin" annonçant que les négociations pour la location des stades n'ont commencé que début mars, et la Confédération ayant si bien négocié avec l'UEFA qu'elle se retrouve pieds et poings liés par un accord au bénéficice exclusif de l'UEFA (tous les profits lui reviennent, toutes les dépenses d'infrastructure et de sécurité sont à la charge des collectivités publiques).

On notera avec l'amusement nécessaire les chiffres ronflants annoncés par le Conseil fédéral pour justifier la mise à contribution des caisses publiques pour l'Euro2008 : le truc est supposé produire un milliard de chiffre d'affaire (mais là, c'est l'UEFA qui encaisse), 50 millions de retombées fiscales (soit quatre fois moins que ce qu'on va sortir des caisses, tu parles d'un investissement rentable), 800 nuitées (en comptant les bordels ?), 2500 journalistes, 180 chaines de télévision retransmettant l'événement "pour plusieurs milliards de téléspectateurs". Rien que ce chiffre donne le vertige -mais c'est l'incompétence arithmétique de ceux qui le donnent qui est vertigineuse. Petit problème de calcul :

Sachant

... calculez :

Dans le petit paquet accordé par la Confe à Piogre, on trouve 2,8 millions destinés à aménager le stade de la Praille conformément aux normes de l'UEFA et aux critères de sécurité -ce qui confirme que ledit stade n'était pas conforme à ces normes et ces critères. Mark Muller n'en démord pas : il veut permettre à Genève l'organisation d'une "grande fête" parallèlement à l'Eurofoot. Une fête qui durera un mois, annonce son organisateur, l'inévitable Frédéric Hohl. Quant au projet de l'évitable Gérard Ramseyer, l'"Eurokids", il a été abandonné, mais l'immarcescible stadolâtre s'accroche à son projet en affirmant vouloir le faire financer par des privés. Férédéric Hohl plus Gérard Ramseyer : la "fête" autour de l'Euro2008, c'est la fête à neuneu...

Quant aux réactions à l'annonce du lancement d'un référendum contre tout crédit de plus d'un million, le moins que l'on puisse en dire est qu'elles sont convenues, à l'exemple de Mark Muller, qui évoque le risque d'"empêcher Genève de profiter de l'impact extraordinaire de l'Euro 2008", de Martine Brunschwig Graf, qui se plaint que "les grands événements nous dépassent" ("La Tribune de Genève" du 18 mars) et qui se demande "ce qui arriverait si nous né'tions pas capables (d'accueillir l'Euro) après avoir accepté collectivement de le faire" (réponse : rien !), ou de cette reprise par le commentateur de la "Tribune", Marc Bretton (édition du 17 mars), qui nous re-serine le refrain du fait accompli, sur l'air de "on vous a entubé d'un stade, utilisez-le !", même si "on peut condamner l'incurie des pouvoirs publics", "l'amateurisme du secteur privé" et la "méthode qui consiste à sous-estimer des frais pour faire passer des manifestations". C'est vrai, on peut ? Ben merci, alors, on est vraiment en démocratie : on peut condamner, mais verbalement, et si possible sans hausser le ton. Et ensuite on la ferme, et on fait ce que le Monsieur il a dit de faire : on paie ! Finalement, la différence entre le sport-pognon et la prostitution c'est que dans une relation de prostitution on paie pour baiser, alors qu'avec le sport pognon on paie pour se faire baiser.

Dans les à côtés festifs de l'Euro 2008, on notera l'hypothèse d'une prohibition de l'alcool dans les quatre villes hôtes (Genève, Bâle, Berne et Zurich), hypothèse évoquée par la "Sonntagszeitung", qui fait référence à des discussions entre les experts de la sécurité et l'Union européenne de football (UEFA) autour de plusieurs projets allant de la prohibition dans toute la ville à l'instauration d'un périmètre d'interdiction de la vente d'alcool autour des stades (ce qui n'empêchera évidemment pas les supporters d'arriver bourrés, pour peu qu'ils aient siphonné ailleurs, ce qui fut le cas lors du match amical Angleterre-Argentine à Genève il y a quelques mois, alors que la vente d'alcool était interdite dans toute la ville). Le Conseil national a cependant courageusement refusé de lier le soutien de la Confédération à l'Euroburp à l'interdiction de la publicité pour l'alcool dans et autour des stades, et à l'interdiction de sa consommation : que les villes et les cantons se démerdent avec d'éventuelles mesures de police a, en gros, répondu Samuel Schmid aux socialistes et aux Verts qui proposaient, bande d'irresponsables !, un Eurohips sans alcool. Et de toutes façons, on peut pas interdire la publicité pour l'alcool, parce que ça violerait la liberté du commerce, a ajouté le radical Wasserfallen (qui en l'ocurrence porte mal son nom). Et qu'en plus, a surenchéri Samuel Schmid, ça fâcherait les sponsors sans lesquels une manifestation comme l'Eurogarçonencoreunpetitdernierpour laroute ne pourrait pas être organisée. Mais que pour calmer les esprits, seuls les noms des sponsors seront affichés dans les stades, et pas des pubs pour leur produit. C'est pas hypocrite du tout, ça... On a généralement raison de prendre les supporters pour des cons, mais tout de même pas au point de croire que lorsqu'ils voient en gros "Heineken" dans un stade ils pensent à autre chose qu'à de la bibine.


Sans alcool et sans fachos, l'Euro? Les néo-nazis européens, en tous cas, s'organisent pour faire du Mondial 2006 l'occasion d'un "massacre" de "musulmans", annonce "La Reppublica", s'appuyant sur les confidences d'un supporter d'extrême-droite de l'AS Roma, qui déclare : "nous parlons et planifions ensemble, avec les Anglais, les Allemands, les Néerlandais, les Espagnols" un "massacre" des supports turcs, algériens et tunisiens, tous "terroristes islamistes" et "ennemis à éliminer". Tout comme la police, d'ailleurs.

Tout ça, c'est pour le Mondial 2006. L'Euro 2008, c'est deux ans après. Le temps pour la coordination européenne des trépanés de s'entraîner.

En Suisse aussi, à notre petite échelle, on s'inquiète des violences des supporters : 400 personnes sont actuellement interdites de stade en Suisse, et 40 % de ces personnes ont moins de 20 ans. Confronté à la violence de certains de ses supporters, le FC Bâle a dû mettre en place un encadrement de ses fans (on rappelera d'ailleurs que "fan" est le diminutif de "fanatique").

Après avoir bu et cogné, le supporter, à supposer qu'il soit encore en état de le faire, va vouloir baiser. Et donc les bordels allemands sont sur le pied de guerre (ou le pied de grue) pour le Mondial de cet été : "Je pense que le football et le sexe vont bien ensemble", commercialement parlant, déclarait en décembre l'avocat du plus grand bordel de Berlin, Norman Jacob. Y'a pas de petit profit. Et même si le supporters bande mou après le match, il casque : ce que le client paie aux prostituées et aux tenanciers des boninards, c'est pas l'acte de baiser, c'est le temps passé à essayer de le faire, qu'il y soit parvenu ou non. En ce sens, le supporter de foot, c'est le client rêvé : il paie pour rien. Et deux fois : une fois au stade, une fois au bordel.


Et pendant ce temps à Genève, le foot court après le pognon, et comme le pognon court plus vite, les collectivités publiques courent après le pognon qu'elles ont prêté pour le foot et les stades.

A Meyrin, la majorité de droite, aidée des socialistes, a accordé le 14 mars un prêt de 150'000 francs (sans intérêts, dans tous les sens du terme) au club de foot local, le FC Meyrin. Une partie de l'AdG et les Verts se sont vainement opposés au vote dans l'urgence d'un tel prêt, alors que la faillite du club n'est pas (encore) imminente, et que le prêt n'est là que pour masquer la gestion désastreuse du club. Bref, les élus municipaux se sont fait forcer la main par un club qui figure certes au dernier rang de la "Challenge League", mais tout de même devant Servette, et qui risque tout au plus d'échanger sa place avec Servette en Première ligue la saison prochaine.

Le prêt de 150'000 balles accordé au club s'ajoute donc au crédit de 9 millions voté (par les mêmes) pour la construction d'une nouvelle tribune, mais également à un versement de 66'000 francs versé par la commune pour couvrir le déficit de la saison 2004-2005.

Bref, à Meyrin aussi la pompe à fric est amorcée.

A Lancy, ladite pompe avait été amorcée en décembre 2002, lorsque la Ville avait accordé un prêt de 3 millions à la Fondation du Stade, prêt remboursable à partir du 31 décembre de l'année dernière, à coup de 100'000 balles. Or non seulement Lancy n'a pas vu venir l'ombre d'un remboursement mais en plus les avantages accordés à Lancy en échange du prêt ont été supprimés : Lancy ne reçoit plus de billets gratuits pour les "événements" qui ont lieu au Stade, et ne peut plus utiliser l'"Even center". "Les citoyens ont le droit de savoir si ce dossier a été mal géré", s'énerve le Conseiller municipal radical Alain Eretzian. Parce qu'un doute subsiste encore à ce sujet ? "On se fiche des contribuables de Lanvy", s'énerve aussi le Conseiller municipal Thierry Aeschbacher. Ben oui, mais on est égalitaires à la fondation du stade : on se fiche de l'ensemble des contribuables du canton. Le président du Conseil de fondation du stade, Jean-Pierre Cerera, se contente de déclarer que le budget d'exploitation de la fondation est "équilibré", ce qui en creux signifie qu'il est impossible en plus d'honorer les dettes de ladite fondation à l'égard de Lancy et de l'Etat, ainsi que de l'entreprise Zschokke -qui, elle, n'entend pas se faire rouler dans la farine.

Contrairement aux collectivités publiques dont apparemment la farine est le biotope.

Il faut dire que le stade est toujours aussi fréquenté : le 19 mars, Servette s'y est fait battre par Nyon devant 1612 spectateurs. Ce qui laisse 28400 sièges vides, ce qui correspond à un taux de "remplissage" du stade de moins de 5,5 %. Du coup, a défaut de foot, la fondation du stade se lance dans l'aviron, et rame comme une galérienne pour trouver de quoi utiliser le machin qu'elle est supposer gérer. Dernière trouvaille : y faire se préparer quelques équipes participant à la coupe du monde de foot 2006, en particulier l'équipe d'Allemagne. Qui a choisi le stade, révèle Cedric Zurn, responsable du site, parce qu'elle pouvait y jouer à huis-clos.

En effet : un stade vide à 94,5 % même quand les rencontres y sont publiques est idéal pour un entraînement à huis-clos.

Quant à la situation financière du stade, on la résumera ici en reprenant mot pour mot les termes du "bilan de législature 2001-2005 présenté par Laurent Moutinot au congrès du PS genevois, le 11 mars (Moutinot était en charge politique du dossier, avant de passer la main à Mark Muller et de reprendre le département de Micheline Spoerri) :

"Après les faillites du Servette FC SA et de la société d'exploitation du Stade de Genève SA, la Fondation du Stade de Genève a repris, au premier février 2005, l'exploitation du stade de Genève avec l'appui du canton, ce qui permettra d'atteindre, sur le plan de l'exploitation au sens strict, le petit équilibre à fin 2005 grâce aux nombreux efforts qui ont permis de générer des évènements au Stade de Genève. Une négociation est en cours avec le créancier principal de la fonation du Stade de Genève et ses principaux partenaires pour trouver une solution au manco de financement de l'investissement qui est de CHF 11,5 mio au 30 juin 2005"

... "exploitation au sens strict", "petit équilibre", "manco de financement de l'investissement"... les mots sont choisis.

Pour leur effet émollient.

Question posée par le Conseiller municipal Jacques Mino (SolidaritéS) au Conseil administratif de la Ville (une question comparable devrait être posée au Conseil d'Etat par un député PS) :

Question écrite : Où en sont les finances du Stade de la Praille ?

Considérant que la Ville de Genève est toujours partie prenante de la Fondation du Stade de la Praille, je prie le Conseil administratif de bien vouloir remettre au Conseil municipal les informations suivantes :


Et un ex-président du FC Servette de plus en tôle : Michel Coencas, président du Servette entre septembre 2001 et avril 2002, a été condamné à deux ans de prison (dont six avec sursis) et 200'000 euros d'amende, pour escroquerie, par la correctionnelle de Nanterre, pour la cessation de paiement d'une société qu'il détenait en usant d'un prête-nom.

Coencas avait pris la présidence du Servette à la suite de la démission de Christian hervé (Canal+). Il avait aussi été le président du club de Valenciennes au moment du scandale du match truqué contre l'OM. Il avait enfin été au coeur de la bouffonerie des "msytérieux investisseurs syriens" qui devaient, en février 2005, racheter le Servette FC juste avant la faillite de la SA du club.

Coencas est donc le deuxième président du Servette à se retrouver en tôle, après Marc Roger. Et avant qui ?


Le 15 février, le Conseil d'Etat, sagace bailli des Communes, a constaté officiellement l'aboutissement d'un référendum municipal obsolète : celui lancé par la gauche meyrinoise contre un crédit de plus de onze millions destiné au stade de Meyrin. Lequel référendum n'a plus d'objet puisque la délibération qu'il contestait a été annulée par une autre délibération (pour un crédit de 9,5 millions) contre laquelle un référendum ne sera pas lancé. Le procédé consistant à modifier une décision combattue par référendum pour obliger les référendaires à relancer un nouveau référendum a été justement dénoncé par la gauche meyrinoise comme une manière particulièrement sournoise de contourner le vote démocratique. Mais ladite gauche meyrinoise se félicite toute de même d'avoir, grâce à son référendum, fait économiser plus d'un million et demi à la commune. N'empêche que finalement il sera dépensé un million et demi de plus que ce que les référendaires proposaient (eux s'en tenaient à huit millions).


Le Conseil fédéral a approuvé le 22 février le versement d'une "avance" (vu le coût total de la plaisanterie, "avance" est le mot) de 3,4 millions pour la préparation de l'Eurofoot 2008. Un crédit de 72 millions est demandé au parlement, pour l'Office fédéral du sport, afin de financer la sécurité des matches et de leurs à-côtés et de faire de la promotion économique et touristique autour de l'Eurobeaufs.

A ces 72 millions puisés dans la caisse fédérale vont s'ajouter les dizaines de millions puisés dans les caisses des cantons et des communes. Plus très vraisemblablement quelques autres dizaines de millions puisés à nouveau dans la caisse fédérale.


Un lecteur avisé de "La Tribune de Genève", David Pataracchia, fait observer dans l'édition du 20 février qu'avec l'argent demandé aux collectivités publiques genevoises pous assurer le déroulement de trois matches de l'Euro 2008 à Genève (c'est à dire pour faire trottiner sur une pelouse 66 personnes pendant quatre heures et demie), on pourrait offrir pendant 35 ans à 10'000 enfants ou 10'000 personnes âgées un abonnement pour la piscine.

Voui. Mais d'abord quand on on aime (le sport professionnel) on ne compte pas.

Ensuite, les gamins ou les vieux dans la piscine, ça permet pas à une mafia du sport pognon de se faire des couilles en or pendant que les collectivités publiques payent l'organisation des festivités.

Enfin, il ne s'agit de permettre à la population de faire du sport, mais de permettre aux sponsors de se faire de la pub.

Alors, les chtis nenfants y zont qu'à faire se faire payer la piscine par leurs parents. Et les chtis vieux y zont qu'à prendre des bains chez eux. S'ils arrivent encore à entrer dans la baignoire.

Toujours dans la rubrique "c'est la collectivité qui paie, c'est les privés qui encaissent", le seul match amical Argentine-Angleterre à la Praille a coûté 18'000 heures supplémentaires à la police genevoise -et donc à la caisse cantonale. A vue de nez, ça doit faire dans le million et demi.


Le stadolâtre de service à la "Tribune de Genève" (Visentini) annonce (édition du 14 février) qu'un match amical Suisse-Italie est "presque" programmé le 31 mai à la Praille. Mais ça pourrait aussi être Suisse-Chine. Ou rien du tout. Et de prédire, si c'est Suisse-Italie, "une ruée sur la prélocation des billets". Et d'ajouter que le Brésil pourrait aussi gambader à la Praille, le 3 ou 4 le 4 juin, mais sans qu'on sache contre qui. Ni d'ailleurs si ça se fera. Conclusion du stadolâtre : "Avec en plus l'Allemagne à l'entraînement, la Praille sera presque la capitale "Mondial" d'avant la grand-messe.

C'est dire à quoi peuvent se réduire les capitales et les grand-messes dans la tête des footeux.


Y'a des taborniaux que l'Eurofoot de 2008 ne contentent pas, et qui ne se consolent pas d'avoir loupé les Jeux Olympiques de 2006 : c'est le cas d'Adolf Ogi, qui propose dans "Le Matin" (du 23 février) que la Suisse soit candidate pour l'organisation des JO d'hiver 2018, afin de "ressusciter cette émotion qui avait étreint les Suisses lors de la candidature de Sion 2006". Nous, on se souvient surtout de l'émotion rigolarde qui nous avait étreint à la vue des mines déconfites des supporters de "Sion 2006" apprenant que finalement, c'est Turin qui organisera les JO, mais on est prêts à répéter l'expérience (à l'âge qu'on aura en 2018, on n'aura peut-être pas tellement d'occasions de se marrer).

Pour Dolfi, un machin comme les JO, c'est carrément une "question de survie" pour la Suisse, "en panne de grands projets", ce "courage et d'audace". On a les "grands projets qu'on mérite", et "le courage et l'audace" qu'on peut. Et du coup, le Génie des Alpages veut "changer les mentalités des politiques, des décideurs économiques, mais aussi des responsables sportifs" pour que toute la Suisse soit "d'accord sur une candidature" et la soutienne. Toute la Suisse ? Non, car un petit comité d'irréductibles... "Que l'Eurofoot 2008 réveille ce pays", clame Dolfi. Au prix que ça va nous coûter, ce serait bien la moindre des choses : ça sera le réveil le plus cher de l'histoire de l'horlogerie.


Mobilisation générale à Berlin (et dans le reste de l'Allemagne) avant la Coupe du Monde de foot du 9 juin au 9 juillet prochains : on attend un afflux record de clients dans les bordels (la prostitution a été légalisée en Allemagne en 2002), et la 18e Coupe du monde de foot battra certainement tous les records en matière de racolage et de baise tarifée.

400'000 prostituées travaillent en Allemagne, mais elles risquent d'être en nombre insuffisant pour les millions de spectateurs (essentiellement masculins) venus du monde entier, et 40'000 femmes recrutées par des réseaux de proxénétisme, voire de traite des femmes, s'apprêteraient à franchir la frontière. Interpol confirme : "Au moment des grands événements sportifs, les réseaux de prostitution mettent en place des structures spécifiques". Début février, les députées de la Commission des droits des femmes et de l'égalité des genres ont déposé au Parlement européen une motion dénonçant "la prostitution forcée dans le cadre des événements sportifs mondiaux" et demandant à la Commission européenne et aux Etats membres de "lancer une large campagne européenne (...) pour informer et éduquer le public en général, les sportifs et supporteurs en particuliers, sur la problématique de la prostitution forcée et du trafic, mais surtout pour limiter la demande en sensibilisant les clients potentiels". La Coalition internationale contre la traite des femmes a lancé une pétition demandant aux équipes participant au Mondial de foot de rendre "publique leur opposition à l'exploitation sexuelle des femmes". Le Conseil allemand des femmes a demandé à l'équipe d'Allemagne de parrainer sa campagne contre la prostitution forcée -mais un seul joueur (un remplaçant) a répondu favorablement, avant de se rétracter. L'organisation féministe "Le droit de la femme est un droit de l'homme" n'a réussi à enrôler qu'un ancien footballeur des années '60, Siggi Held, pour parrainer son action.

Il n'y a finalement que la Fédération internationale de football pour croire, et même assurer, qu'il "n'y aura pas de prostitution dans et autour des stades". Organisations féminines et autorités publiques n'en croient pas un mot et tentent de limiter les dégâts. L'association "Solidarité pour les femmes en détresse" (Solwodi) a lancé une campagne d'information dans les pays d'origine des femmes qui se verront "proposer des boulots dans les bars ou dans des restaurants pour la Coupe du monde (mais) courent le risque d'être prises dans des filières de prostitution". La municipalité de Berlin prévoit de distribuer 100'000 préservatifs et de diffuser un tract en anglais demandant aux supporters de rester "polis et respecteux", "propres" sur eux, et de ne "pas trop" boire. Des supporters polis, respectueux, propres et abstinents : le nouveau rêve berlinois.

De leur côté, les professionnel(le)s de la profession se préparent à faire peut-être de bonnes affaires. Une patronne de bordel (le Café Pssst) en doute ("les fans de football sont souvent saouls", mais le porte-parole du plus grand bordel d'Europe, Artemis (le nom grec de Diane, déesse chaste et vierge), ouvert à l'automne dernier, est plus optimiste : il lui suffira de 250 clients par jour pour 40 prostituées en moyenne pour rembourser en un an 90 % de son investissement initial de 6,4 millions d'euros. Dans ces conditions, la Coupe du monde, c'est tout bénéfice. Artemis est conçu pour accueillir 100 prostituées et 600 clients sur quatre étages, à trois stations de métro du stade olympique.

Moralité (si on ose dire) : dans le petit monde du foot-pognon, y'a pas que les contribuables qui vont se faire baiser.


A Thoune, le 12 février, Plus de 60 % des votants ont refusé un crédit de 55 millions FS pour la construction d'un nouveau stade dans un nouveau complexe sportif. On comprend de mieux en mieux pourquoi à Genève (invalidation de l'initiative pour un stade raisonnable) et à Meyrin (contournement du référendum pour la rénovation du stade), les stadolâtres ont tout fait pour éviter les votes populaires.


On sait que la fondation n'arrive qu'à assurer l'entretien courant du stade (et encore, on peut en douter), et qu'elle n'a pas les ressources nécessaires pour régler sa dette de 12 millions à l'égard de Zschokke, ni pour assurer sa mise en conformité aux normes de l'UEFA dans la perspective de l'Euro2008, ni pour rembourser les prêts qui lui ont été consentis par le canton et la Ville de Lancy, ni même pour terminer ses travaux d'aménagement. Nous tenons donc pour quasi évident que le canton va être appelé à cracher au bassinet, s'il ne le fait pas déjà. Nous avons donc à préparer la riposte, laquelle, en cas de dépôt et d'acceptation d'un projet de loi accordant un crédit, une subvention ou un prêt à la fondation du stade, passera forcément par un référendum.

S'agissant de la dette de 12 millions que la fondation a à l'égard de l'entreprise Zschokke, le directeur général de cette dernière, Christian Bubb se dit (dans "La Tribune de Genève" du 31 janvier) "très confiant pour la récupération" de sa créance "avant qu'on en arrive à une mise aux enchères", mais explique qu'ils ont activé la justice et l'Office des faillites pour "protéger (les) intérêts" de l'entreprise "et mettre la Fondation du Stade sous pression". Finalement, le débat entre le stade est un débat de brasserie. Les uns (Zschokke) veulent mettre la Fondation sous pression, les autres (nous) veulent la mettre en bière.

Le 5 février, au stade de Genève et en quart de finale de la Coupe de Suisse, Servette recevait Winterthur, devant 4900 spectateurs. Ce qui nous faisait plus de 25'000 places vides. Et donc un stade à 85 % vide.


Rappel : le 27 février 2002, le Conseiller fédéral Samuel Schmid proposait au Parlement (qui acceptait) d'inestir 3,5 millions de francs pour l'organisation éventuelle de l'Euro2008 de foot, si la double candidature austro-suisse était acceptée. Les collectivités publiques devraient être ponctionnées de 10,5 millions sur les 120 millions de coûts d'organisation globaux -personne ne disant à personne qui est supposé payer les 109,5 millions manquant. Le 12 décembre 2002, la Suisse et l'Autriche sont désignées pour organiser l'Euro2008, du 7 au 29 juin. Trois ans plus tard, le 13 novembre, on apprend que le machin devrait coûter au moins dix-huit fois plus que prévu aux collectivités publiques, soit 182 millions au lieu de 14), que les seules dépenses de sécurité se monteront au moins à 60 millions, et que la facture pour les villes et cantons se montera à 80 millions. Pour Samuel Schmid, c'est la faute du 11 septembre, à la situation "tendue" sur la scène internationale et aux nouveaux standards de sécurité. On suppose plutôt que les partisans de l'Euro2008 en Suisse ont sciemment minimisé le coût du machin pour mieux le faire avaler aux parlementaires. Mais l'augmentation vertigineuse de ces coûts fait grincer des dents : Berne refuse de prendre en charge les 20 millions qu'elle devrait, et Genève annonce qu'elle refusera aussi de se charger d'une telle somme. Mais on apprend qu'un accord a été signé par la Confédération, engageant les cantons et les communes, pour qu'elle assume absolument tous les sucroûts liés à la sécurité de l'Eurofoot, alors que l'organisateur (privé) de la chose, l'UEFA, qui en escompte des rentrées de l'ordre du milliard, s'en lave les mains (et le reste). La Suisse serait donc obligé de payer. Or ni les cantons, ni les communes n'ont eu leur mot à dire sur la nouvelle répartition des coûts proposée par le Conseil fédéral, et l'explosion de la charge leur incombant. En clair : La Berne fédérale a décidé, dans une totale opacité, pour les villes et les cantons. Et Samuel Schmid n'exclut même pas que la facture continue de grimper et que la sécurité puisse coûter encore plus cher que ce qu'annonce la dernière estimation. Et en effet, il est tout à fait vraisemblable que les 182 millions annoncée en novembre 2005 vont encore faire des petits.

Sous pression de Berne et de Genève, la commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil national propose de réduire la part des villes et des cantons de 10,5 millions, en augmentant d'autant celle de la Confédération. Même si cette réduction était acceptée, les villes et les cantons resteront devoir payer dans les septante millions.

Selon le Conseiller d'Etat genevois (et libéral) Mark Muller, un crédit de neuf à 12 millions pourrait être accepté par le Grand Conseil pour couvrir les frais "extérieurs" de l'organisation à la Praille de trois matches de l'Eurofoot. De notre côté, nous nous sommes mis d'accord sur le principe suivant : nous lancerons un référendum contre tout crédit dépassant le million.

On notera à ce sujet que les économies escomptées de la réduction des aides sociales accordées aux bénéficiaires de l'assistance sociale, c'est-à-dire aux plus pauvres des plus pauvres sont inférieures aux dépenses prévues pour l'Eurofoot : sept millions pris sur le dos des pauvres, neuf à douze millions en attente d'être claqués pour couvrir les frais de l'organisation par une structure privée (l'UEFA) de trois matches de foot. On s'attend à ce que les diverses mesures urgentes que s'apprête à proposer le Conseil d'Etat pour empêcher le déficit budgétaire de dépasser le demi-milliard frappent de préférence les chômeurs, les assistés, les handicapés, les retraités, la fonction publique et les communes -et que c'est dans ce contexte que seront proposés des crédits pour l'Euro 2008 ou le Stade de la Praille.

C'est aussi dans ce contexte qu'avait émise l'idée saugrenue d'une candidature commune de Lyon et Genève pour l'organisation des Jeux Olympiques d'été 2020 -une pompe à fric à côté de laquelle l'Euro 2008 relève du bricolage, et qui n'a depuis longtemps plus rien à voir ni avec des jeux, ni avec l'olympisme. L'idée de l'association française "Lyon Nouvel Horizon" n'a cependant pas eu beaucoup de succès à Genève et même les plus fervents sectateurs du sport font la moue : pour Dédé Hediger, "ce projet ne peut être décemment envisagé par genève d'un point de vue financier", pour Pierre Maudet "Lyon et Genève n'ont pas l'habitude de collaborer" et pour Eric Frécon, de l'association lyonnaise, "l'organisation des JO en 2020 ne semble vraisemblablement pas faire partie des priorités de la municipalité genevoise".

Voilà au moins une connerie à laquelle on a des chances d'échapper.

Pendant ce temps, les sponsors privés suisses et autrichiens de l'Eurofoot se font rares : l'UEFA en prévoyait huit (quatre en Autriche, quatre en Suisse), les organisateurs n'en ont trouvé qu'un (l'UBS). Seuls les grands groupes multinationaux semblent intéressés, dont Coca-Cola, partenaire principal de l'Eurofoot -et à ce titre en mesure d'empêcher que d'autres fabricants de saloperies à bulles (comme l'autrichien Red Bull) ne viennent s'immiscer dans la fête à blaireaux.


Le juge d'instruction en charge de l'affaire de la faillite du Servette FC (Société anonyme, quoique connue de nos services) espère boucler son enquête cet automne. On s'en pourlèche déjà les babines. L'enquête se concentre actuellement sur la responsabilité pénale éventuelle des administrateurs du Servette FC entre 2002 et 2004, et la question de savoir si les comptes du club pendant ces années ont été ou non présentés de manière à dissimuler le surendettement de la société. Selon l'avocat de Marc Roger, la dette déclarée du club se montant à 4,5 millions FS au moment de sa reprise par Roger, mais toutes les factures n'avaient pas été correctement comptabilisées.

Quant au "nouveau" Servette, celui de Première ligue, son patron, Francisco Vinas, affirme (dans "La Tribune" du 4 février) que des investisseurs viennent le voir pour racheter le club, mais refuser ce rachat tant que Servette n'est pas monté en "Challenge League" (Ligue B), après quoi une Société anonyme (ben voyons) sera créée, et Vinas signera une convention stipulant que ni lui, ni aucun membre de sa famille n'en sera actionnaire.

Le 5 février, dans un stade vide à 85 %, Servette se faisait battre par Winterthur en quart de finale de la Coupe de Suisse. Concert calimeresque dans "La Tribune" du lendemain : gnest pas juste, on pas eu de chance (Daniel Visentini), c'est la faute à l'arbitre (Francisco Vinas), c'est trop cruel (Chedly)... la routine, quoi.


LETTRE DE PIERRE-ALAIN TSCHUDI, CONSEILLER MUNICIPAL DE MEYRIN, À LA SURVEILLANCE DES COMMUNES

Par la présente, je souhaite vous exprimer mes doutes quant à la validité de la délibération No 01/2006 votée par le Conseil municipal de Meyrin, le mardi 24 janvier 2006.

Pour rappel, le 3 janvier 2006 un référendum contre la délibération no 30a/2005 munie de 2120 signatures était déposé au service des votations (cf. pièce jointe) .

Le référendum s’opposait à un crédit de CHF 11'091'000 destiné à la réalisation d’une tribune, ainsi que d’aménagements extérieurs du stade de compétition, voté lors de la séance du Conseil municipal du 22 novembre 2005.

Toute l’argumentation du comité référendaire portait sur le montant de la somme de 11'091'000 jugée exorbitante, et en contradiction avec le plan d’investissement qui prévoyait une somme de 8 millions.

« Non à une dépense supplémentaire inutile de 3 millions de francs. La tribune et les aménagements extérieurs pourraient être réalisés pour le montant de 8 millions. La délibération no 30a/2005, si elle n’est pas rejetée par un vote populaire, coûtera donc aux contribuables meyrinois 3 millions de trop » pouvait-on lire sur la feuille référendaire(cf. pièce jointe). Un argument qui a convaincu 2120 électrices et électeurs.

Les référendaires, sensibles au fait que le référendum retardait les travaux et pouvait ainsi porter préjudice au Meyrin FC ont proposé au Conseil municipal de voter une nouvelle délibération qui plafonne les dépenses à 8 millions, une solution qui pouvait satisfaire tout le monde, les signataires du référendum d’une part, mais aussi ceux qui n’avaient pas signé le référendum de crainte de nuire au Meyrin FC. Les partis référendaires ont déposé un projet de délibération dans ce sens (cf. pièce jointe). Le bureau du Conseil municipal et le Conseil administratif ont proposé de le renvoyer en commission des Finances élargies, pour qu’il puisse être étudié. Le projet ne pouvait en effet pas être voté tout de suite, notamment parce qu’au point 7 du décide aucune répartition n’était précisée. (cf. annexe).

Lors de la séance du Conseil municipal, la majorité des Conseillers municipaux ont d’abord voté en faveur d’un vote immédiat, puis ont modifié par amendement la délibération à un crédit de CHF 9'350'000. Il y avait de toute évidence une volonté de prendre une revanche : d’abord par le refus de renvoyer la délibération en commission, ensuite par le refus d’accorder un temps de réflexion aux partis référendaires ( refus d’une suspension de séance), et enfin en annulant la délibération 30a/2005 tout en votant un crédit de CHF 9'350'000 que les signataires du référendum ne peuvent que considérer trop élevé, puisqu’ils s’étaient ralliés à l’argument des 8'000'000 en signant le référendum.

Le Conseil municipal a voté la délibération sans connaître la répartition entre la construction et le mobilier figurant au point 7 du "décide" qui a été rajoutée le lendemain par l’administration communale, preuve , s’il en faut, de la précipitation dans laquelle la majorité a imposé ce vote.

La question n’est pas tellement de savoir si la somme se justifie ou non, mais bien jusqu’à quel point l’on peut mépriser des droits de notre démocratie semi-directe qui font partie intégrante de notre identité nationale. Cela fait deux mois que les référendaires se font insulter par cette même majorité sur la place publique, d’avoir eu l’outrecuidance de lancer un référendum, alors qu’ils sont minoritaires (sic !). Après avoir tenté parfois même physiquement d’empêcher la récolte de signatures, la volonté des signataires du référendum est aujourd’hui à nouveau bafouée par un tour de passe passe qui décrédibilise nos institutions. Si cette délibération devait être validée, cela signifierait qu’il suffit donc simplement de modifier un tantinet une délibération contestée par référendum pour empêcher le souverain de se prononcer. Cela me semble grave. Combien de nos concitoyens pensent déjà qu’il ne sert à rien de voter ou de signer quoi que ce soit, considérant que les politiciens font de toute façon ce qu’ils veulent.

On pourrait certes reprocher aux référendaires d’avoir favorisé cette dérive. Leur proposition de délibération avait pour objectif de calmer les esprits et permettre de gagner du temps, mais non de trahir les 2120 signataires du référendum.

C’est pourquoi, j’espère beaucoup que cette délibération amendée sera invalidée par le Conseil d’Etat.

Si tel n’était pas le cas un recours sera envisagé auprès du Tribunal administratif.

En vous remerciant de bien vouloir étudier le problème que pose cette délibération, je vous prie d’agréer, Madame, mes salutations distinguées.


L'entreprise Zschokke, qui ne voit rien venir du remboursement de sa créance de 12 millions à l'encontre de la fondation du Stade de Genève (créance qui correspond aux travaux de fin de construction du mammouth), a fini par perdre un peu patience, et a saisi l'Office des poursuites en décembre 2005 dans le cadre d'une procédure de "réalisation de gage immobilier" permettant aux entreprises et aux artisans de se protéger contre les débiteurs insolvables. Cette procédure peut aboutir à la mise aux enchères publiques du gage, en l'ocurrence le stade, afin de couvrir la créance.

Le 19 janvier, la Fondation du stade a été prévenue par l'Office des poursuites qu'un architecte allait visiter le stade pour constituer un dossier de mise aux enchères.

Mais la fondation, qui ne sait toujours pas comment faire tourner financièrement et remplir humainement son stade, ne veut pas le vendre. Elle prétend toujours pouvoir éponger ses dettes, et assurer une exploitation équilibrée de ce machin superfétatoire et déserté. Elle rêve toujours à un repreneur providentiel, mais le président de la fondation, Jean-Pierre Carera, reconnaît (dans "La Tribune de Genève" du 26 janvier 2006) avoir "peu d'espoir" à ce sujet, et avoir été désagréablement instruit par le fait que "jusqu'à présent les personnes intéressées (à la reprise) du stade ont disparu lorsqu'il s'est agi de fournir des garanties. notamment sur l'origine de l'argent". Autant dire que cette origine était assez douteuse, et qu'à défaut de servir au sport, le stade menaçait de servir au blanchiment d'argent sale. Ne reste donc plus que deux solutions : la cavalerie (des rallonges de crédits bancaires, mais on n'a aucune garantie qu'on pourra les rembourser autrement qu'en obtenant de nouveaux crédits bancaires) ou un nouvel apport de fonds privés (on ne se presse pas au portillon), et surtout publics, mais le résultat du vote municipal d'avril 2005 a jusqu'ici dissuadé les partisans de cette solution -la seule en réalité qui pourrait retarder la mise en vente du stade- de la proposer ouvertement, et de déposer un Grand Conseil une proposition de crédit qui serait immédiatement attaquée par référendum, et aurait toutes les chances d'être balayée par le peuple.

Le directeur romand de Zschokke, François Dieu, veut bien espérer que son débiteur (la fondation) trouve une autre solution que la vente aux enchère, mais "cette année", et pas dans dix ans. En attendant, les intérêts de retard alourdissent la facture : à 5 % l'an sur un principal de 12 millions, ça nous fait du 600'000 par année. Et la dette date de plus de deux ans...

Quant à Mark Muller, il n'a pas seulement hérité de son prédecesseur Laurent Moutinot le dossier pourri du stade, il en a aussi hérité l'obstination à vouloir que ce machin reste contrôlé par les collectivités publiques, même si son exploitation devra être confiée à un privé. Qui en veut ?


A Meyrin, on votera (peut-être) sur le crédit de onze millions accordé par la majorité de droite du Conseil municipal pour les aménagements somptuaires du stade -à moins, bien entendu, que le Conseil municipal revienne sur sa décision initiale, en rabatte des ambitions du club local et réduise la dépense aux huit millions que les opposants estiment suffisants. Le référendum lancé par l'Alternative contre le crédit a abouti avec 2120 signatures (1400 étaient nécessaires), dont 387 signatures de ressortissants étrangers, qui pour la première fois pouvaient signer un référendum à Genève, et ont donc apporté 18 % des signatures (alors qu'ils représentent 36 % du nouveau corps électoral municipal). Le référendum aurait de toutes façons abouti sans les signatures des étrangers. Et il a abouti alors qu'au début de la récolte de signatures, le club, ses supporters et les partisans du crédit avaient tenté d'intimider les référendaires et de perturber la tenue de leurs stands.

La droite et le club veulent une tribune de 645 places (alors que les matches du FC Meyrin, club de Ligue B, attirent entre 300 et 500 spectateurs dans tout le stade, et que les places assises "normales" actuelles ne sont même pas toutes remplies), une salle de presse, une salle de réunion, un secrétariat, une buvette et une salle de musculation. L'Alternative propose de renoncer à la salle de presse et à la salle de musculation et de réduire les tribunes de moitié, le tout réduisant le coût des aménagements d'un tiers. Si ces propositions sont refusées, les Meyrinois voteront (en juin ou septembre, vraisemblablement).

L'aménagement du stade n'est que l'un des éléments du projet de suréquipement sportif de Meyrin : il s'y ajoutent une nouvelle patinoire fermée (entre 16 et 21 millions) et un boulodrome (3,8 millions), le total se situant entre 31 et 35 millions. Et les crédits pour la patinoire et le boulodrome pouvant, comme ceux pour le stade, faire l'objet d'un référendum.

31 à 35 millions d'équipements sportifs ? A ce prix là, Meyrin pourrait se racheter le stade de la Praille...

Le 25 janvier, le Conseil municipal de Meyrin (c'est-à-dire sa majorité de droite renforcée curieusement d'un Vert) a voté un nouveau crédit pour la rénovation du stade meyrinois, nouveau crédit de 9,3 millions de francs, remplaçant celui de 11,9 millions voté deux mois avant par le même Conseil, et contre lequel un référendum avait été lancé par la gauche, et avait abouti. But de l'exercice : contourner le référendum (ou obliger à un nouveau référendum) en faisant mine de réduire la dépense, sans d'ailleurs pouvoir fournir la moindre garantie que la diminution de 2,6 millions d'un crédit à l'autre pourra être tenue, puisqu'il va falloir négocier avec les mandataires de l'ancien projet pour les prier de le revoir à la baisse.

C'est un sport genevois, que celui qui consiste à essayer de faire passer des projets d'équipement sportifs mégalomanes en coutournant les droits populaires : au plan cantonal, les promoteurs du Stade de la Praille avaient réussi l'exercice, en faisant traîner l'examen de l'initiative "pour un stade raisonnable" le temps nécessaire au lancement des travaux de construction du stade déraisonnable, afin de permettre l'annulation au Tribunal fédéral de ladite initiative au prétexte qu'elle n'impliquait plus la construction du stade qu'elle proposait, mais la démolition de celui qu'on était en train de construire... Au plan municipal de la Ville, les stadolâtres auraient bien voulu, mais n'ont pas pu, empêcher le référendum contre le crédit de 2,5 millions destiné à égréner un peu d'argent public dans le trou qu'ils avaient creusé. Au plan municipal meyrinois, nouvelle tactique : on annule la délibération contestée par référendum pour en prendre une nouvelle qui lui ressemble comme une petite soeur. Bref, tout est bon pour empêcher les habitants de se prononcer sur des équipements qu'on affirme vouloir construire pour eux, mais dont on se doute bien qu'ils n'ont strictement rien à braire.

D'ailleurs, l'équipe résidante du stade, le FC Meyrin, se retrouve (mais pour d'autres raisons que le FC Servette) dans une situation aussi précaire que celle de l'équipe résidante du stade de la Praille : "Mauvais budget, mauvaise gestion, résultats sportifs qui conduisent droit à une relégation" en 1ère ligue (où elle rejoindrait Servette), résume "La Tribune de Genève". A Meyrin, le trou financier de l'équipe locale est de 300'000 francs. Trente fois moins que le nouveau crédit de rénovation du stade, quarante fois moins que l'ancien crédit. La brave conseillère municipale PDC qui, dans la "Julie" du 20 janvier, annonce déjà les émeutes et les incendies allumés par les jeunes privés "d'intégration par le sport" et privés de stade (un stade dont personne ne demande d'ailleurs la démolition), n'a pas dû mesurer le rapport (ou l'absence de rapport) entre ce dont l'équipe locale a besoin et ce que les promoteurs de la rénovation du stade ont fait voter par le Conseil municipal...

Une brave conseillère municipale PDC meyrinoise, partisane de la rénovation à neuf, dix ou treize millions du stade municipal, annonce donc émeutes et incendies allumés par des jeunes privés "d'intégration par le sport" et privés de stade au cas où le référendum lancé par la gauche contre ladite rénovation aboutirait au rejet du crédit nécessaire.

D'ailleurs, le risque de voir des "jeunes" crâmer Meyrin faute de foot reste assez faible. Contrairement au risque de voir les matches de l'Euro 2008 permettre aux hooligans et supporters violents se défouler dans et autour des stades. Une loi fédérale contre le hooliganisme est d'ailleurs prévue -le Conseiller national radical neuchâtelois Burkhalter demande qu'elle soit applicable au-delà de l'échéance prévue (2009), vu que le hooliganisme et les violences périsportives ne vont pas cesser avec l'Euro 2008 (suivi du championnat du monde de hockey sur glace, en 2009)

A Genève, traumatisée par le G8, la droite avait pondu un projet de loi restreignant autant que possible la liberté de manifestation, mais en prenant soigneusement la précaution de préciser que cette loi ne s'appliquait pas aux manifestations sportives, une vitrine cassée par des fans de foot étant évidemment nettement moins cassée qu'une vitrine cassée par un altermondialiste radical. Et un commerçant pillé par un hooligan nettement moins traumatisé qu'un commerçant pillé par un loubard traîné dans le sillage d'une manif.

Non ?


La fondation stade de la Praille, toujours à la recherche de n'importe quoi qui puisse donner l'impression qu'il sert à quelque chose, a trouvé un nouveau truc : à défaut de matches, la télé. Pendant la coupe du monde, du 9 juin au 9 juillet prochains, un écrant de 40 mètres carrés sera installé en face de la tribune nord pour retransmettre tous les matches de la compétition, histoire de "faire de ce stade un lieu de vie et de rencontres", explique le responsable de la chose, Alexis Delmege. Ce qui a contrario confirme que le stade n'est habituellement ni un lieu de vie, ni un lieu de rencontres. A peine est-il un lieu, d'ailleurs. Delmege ajoute : "les gens pourront s'asseoir dans le stade". Dans un stade comportant 30'000 places assises, c'est bien la moindre des choses. Sur l'esplanade, une tente sera installée dans laquelle des entreprises pourront louer des espaces pour des conférences ou des repas. Enfin, un tournoi pour les juniors E et D, des ateliers de foot pour les chtis nenfants de 5 à 8 ans, et un concours de tirs au but pour les adultes, sont prévus.

Bref, on a trouvé au stade de la Praille une utilité : celle de la Plaine de Plainpalais.


"La Tribune de Genève" du 11 janvier annonce, sous la plume (à crampons) d'Arnaud Cerutti qu'il "se murmure avec insistance" que l'équipe de Suisse pourrait affronter dans le stade de la Praille "un adversaire africain (ou plus prestigieux ?) dans le cadre de sa préparation en vue du Mondial 2006". On aime beaucoup le "ou plus prestigieux ?". Plus prestigieux qu'un nègre, quoi. Mark Skipperjin, membre du Conseil de fondation du stade, tempère : "il y a beaucoup de rumeurs infondées", mais admet que la fondation "aimerait bien que l'équipe nationale vienne disputer une ou deux rencontres à Genève". Même contre des nègres ? "La Tribune", elle, ne tempère rien et assure que "les équipes qui se préparent pour le Mondial ont apparemment les yeux rivés sur Genève". Mouais.... sur le stade ou sur les banques ? Schipperjin, lui, se contente de jouer les mystérieux : "il se pourrait bien qu'il y ait quelque chose à la Praille" le 1er mars. ça mange pas de pain. Il se pourrait bien qu'il y ait quelque chose, mais on sait pas quoi. Et de toutes façons on n'en est pas sûr. Mais il faudrait qu'il y ait quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Et peut être même quelqu'un. N'importe qui, mais quelqu'un. Pour changer.


Nouvelle inculpation dans le cadre de la faillite du Servette SA : celle de Georges Philippe, fondateur d'une société fiduciaire (Orconsult) en relation directe avec Marc Roger et sa société (Avenir Football Investissement). Georges Philippe est inculpé de blanchiment. Son avocat affirme pouvoir démontrer que le juge d'instruction a été mis "sur une fausse piste par la partie civile" (les joueurs du Servette). Des transferts d'argent vers un compte de Marc Roger, ou en liquide à Roger, seraient à l'origine de l'inculpation de Philippe. Dont un transfert de 10'000 francs, en janvier 2005, quelques jours avant la faillite du club.

Par ailleurs, une expertise judiciaire va être ordonnée par le juge. Elle concernera les états financiers (comptes, bilans) du Servette dans les dernières années.

Bien avant de tomber en faillite, le FC Servette (SA) était tombé en magouilles, englué dans le bourbier du foot business. La présence dans l'actionnariat de la société du Servette de Canal+ (actionnaire majoritaire entre 1997 et 2002) lie le Servette aux magouilles du foot français, et le juge d'instruction Renaud van Ruymbecke s'interroge sur d'étranges transferts de joueurs, conclus par les dirigeants de Canal + et le président du Servette à l'époque, Michel Coencas (un copain de Marc Roger).

C'est ainsi que le joueeur argentin Eduadro Tuzio a été acheté 3,67 millions de francs en juillet 2001, puis revendu à l'Olympique de Marseille 4,5 millions trois jours après avoir été acheté. Mais le directeur financier de l'OM à l'époque, Pierre Dubiton, affirme qu'en réalité l'OM a payé 8,2 millions de francs ce joueur supposé en valoir 4,5, ce qui laisse 3,7 millions qui apparaissent dans un compte ouvert par le Servette au Crédit Suisse, mais pas dans le bilan officiel de la SA du club genevois. Question : où est passé le pognon ? Sûrement dans le soutien désintéressé au football amateur...

D'autres joueurs ont aussi fait l'objets de trafics douteux : les Brésiliens Dill, Robert et Hilton, le Bosniaque Skoro, par exemple.

Pour les enquêteurs français, le but de ces petits trafics est limpide : gonfler artificiellement la valeur marchande des joueurs (puisque le foot professionnel internationale fonctionne sur le même principe que la traite des esclaves : l'individu est acheté et vendu comme une machandise qui a son cours, et dont on peut faire monter ou descendre le prix) afin de dégager un profit que les acteurs de la traite se partageront.

Dans un grand dossier publié le 19 janvier, "Le Monde" décrit la traite des footballeurs africains. Selon l'organisation faîtière du foot européen (UEFA) elle-même, des agents "véreux" opérant pour le compte de clubs européens de divisions inférieures se livrent à de véritables trafics d'enfants. Des jeunes Africains d'une dizaine d'années sont envoyés illégalement dans des "camps d'entraînement" du sud de l'Italie, en Espagne ou au Portugal, puis revendus à de grands clubs. Le géographe Raffaele Poli, de l'Université de Neuchâtel, résume : "le footballeur africain est une matière première qu'on va chercher dans l'espoir de la qualifier pour la revendre plus cher". Et pour accroître la valeur de cette marchandise humaine, on fait transiter les footballeurs africains par des championnats de troisième zone (genre Albanie, Chypre, Malte), puis de deuxième zone (comme la Suisse, Belgique, Pays-Bas) avant de les revendre aux grands clubs professionnels de la première zone (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, France etc...). Et on empoche la plus-value. Et c'est ainsi qu'on trouve une floppée de footballeurs ghanéens en Roumanie et une palanquée de footballeurs nigérians en Albanie. En 2003, les africains représentaient 20 % des étrangers évoluant dans des clubs professionnels ou semi-professionnels européens (un millier de joueurs africains sur 5000 joueurs étrangers), et la plupart d'entre eux sont utilisés comme une sorte de main d'oeuvre bon marché (mais revendue fort cher) et subalterne. Pour détourner les règles de la fédération internationale de foot (la FIFA), qui interdisent les transferts internatiopnaux de joueurs de moins de 18 ans, et prévoient des indemnités pour les clubs formant des joueurs transférés, les agents et les clubs qui participent à la traite des footballeurs africains changent le nom ou l'âge des joueurs. Et au bout du compte, la traite des footballeurs rejoint la traite tout court : des enfants à qui on a promis (et aux parents de qui on a promis) des carrières de footballeurs en Europe se retrouvent domestiques en Côte d'Ivoire, au Cameroun ou au Maroc, victimes de réseaux mafieux.


En Allemagne, l'approche du "Mondial" de foot réveille les passions patriotiques, pour ne pas dire nationalistes : le Secrétaire général de la CSU bavaroise (la droite de la droite, l'équivalent de ce qu'est l'UDC en Suisse), Markus Söder, s'est dit persuadé que le Mondial contribuera à développer "un patriotisme positif, une foi en la patrie" (bien dans la tradition allemande...), et a estimé que l'hymne national ("Deutschland über alles", en français "L'Allemagne au dessus de tout") étant l'expression de ce sentiment, il serait bienvenu que les enfants l'apprennent à l'école.

En novembre, Joseph Blatter, président de la Fédération internationale de football (FIFA) s'était au contraire demandé, après les incidents des matches Suisse-Turquie (les supporters suisses avaient sifflé l'hymne turc) et Turquie-Suisse (les joueurs suisses avaient dû fuir le stade à la fin de la partie pour ne pas être lynchés), s'il était bien raisonnable d'en rajouter sur le chauvinisme émaillant les rencontres internationales en faisant jouer les hymnes nationaux. Le Comité international olympique (CIO) s'était posé la même question à l'époque de la guerre froide. Ni la FIFA, ni le CIO n'étaient allés plus loin que ces interrogations vertueuses. Et Blatter a annoncé que durant le "Mondial" de foot, on continuera à jouer les hymnes.

Et à manifester, au choix, son patriotisme, son chauvinisme, son nationalisme ou son racisme.

Pendant ce temps, sous l'égide de la coopération suisse au développement (DDC), s'est tenue à macolin une conférence "pour le sport et le développement" qui a, le 6 décembre, lancé un appel à "tirer parti du sport de manière active et ciblée afin d'améliorer partout dans le monde la qualité de l'éducation et de la santé, de réduire la pauvreté et de promouvoir la paix et la tolérance". Ben, y'a du boulot. Et la DDC s'en rend compte, puisqu'elle déclare intégrer "judicieusement le sport et le jeu dans ses activités" et que "dans plus de 60 programmes et projets menés dans le monde entier, elle vise à améliorer la santé physique et mentale des adolescents et des adultes, à favoriser l'intégration sociale des minorités et à surmonter les barrières culturelles". Message à transmettre au journaliste (Arnaud cerutti) de "La Tribune" (du 11 janvier) écrivant son espoir que l'équipe de Suisse pourra rencontrer une équipe "plus prestigieuse" qu'une vulgaire équipe africaine.

Avec un peu de pot, quelques stades allemands pourraient bien se révéler lors du Mondial 2006 autant de pièges à (patriotes / chauvins / nationalistes / racistes / biffez ce qui ne convient pas). C'est en tous cas ce que suggère une enquête de l'organisation allemande de consommateurs, la Stiftung Warentest, qui a relevé des "manquements graves" à la sécurité dans plusieurs des stades accueillant le Mondial, et des problèmes dans les deux tiers des stades concernés. Le stade olympique de Berlin (un monument du nazisme triomphant), qui acceuillera la grande finale du 9 juillet, le Veltins de Gelsenkirchen et le stade central de Leipzig sont particulièrement visés : tous souffrent de "manquements graves" et en cas de mouvements de panique, ceux-ci pourraient "avoir des conséquences dramatiques". Les spectateurs ne peuvent pas accéder au terrain de jeu en cas de bousculade, à Berlin un fossé sépare les tribunes du terrain, à Leipzig c'est un mur et un fossé qui empêchent la fuite des spectateurs. A Kaiserlautern, les mesures contre les risques d'incendie sont insuffisantes, notamment dans les tribunes de presse construites en bois. Dans huit autres stades, des problèmes plus ou moins graves sont évoqués. Les deux tiers des stades requis pour la Coupe du monde ne remplissent pas les critères de sécurité de la Fédération internationale, alors que des sommes colossales ont été investies dans la rénovation ou la construction des stades : autour d'un milliard et demi d'euros en cinq ans, dont un quart de milliard pour le seul stade de Berlin, remis à neuf pour passer de Leni Riefenstahl à Franz Beckenbauer (et des Dieux du Stade aux dieux du fric).


Rappel : la charge pour les collectivités publiques de l'organisation de l'Eurofoot 2008 est passée de 10 millions à au moins 182 millions en trois ans - et l'Eurofoot, c'est dans deux ans : les 182 millions aujourd'hui demandés à la Confédération (72,2 millions), aux cantons (28,7 millions) et aux villes (81,4 millions) vont encore faire des petits. L'évènement est organisé par l'Union européenne de football (UEFA), qui entend bien en recevoir les bénéfices sonnants et trébuchants (autour du milliard), mais n'a pas l'intention de dépenser un liard pour cela : "le cahier des charges est très clair, tout ce qui est externe au déroulement du match est du ressort des pouvoirs publics. Point", assène le directeur de la communiation (à sens unique) de l'UEFA, William Gaillard. "Ce qui est externe au déroulement du match", késako ? La sécurité, les transports, le maintien de l'ordre, tout ça quoi... tout ce qu'entraînent les matches organisés par l'UEFA, qui donc se lave les mains et les comptes en banque des conséquences de ce qu'elle organise. Il y a un cahier des charges, il a été négocié entre l'UEFA et la Confédération (ni les cantons ni les villes n'ont eu leur mot à dire, z'ont qu'à payer) et on s'y tient.

Mais qui sont les abrutis qui ont négocié un "cahier des charges" qui laisse les collectivités publiques payer pour une manifestation dont les bénéfices iront dans la poche d'une organisation privée (l'UEFA), faîtière d'autres organisations privées (les fédérations nationales) regroupant des entreprises privées (les clubs transformés en Sociétés anonymes, vu qu'on ne peut pas redistribuer des bénéfices dans une association, et que le sport, pour l'UEFA, c'est d'abord du pognon, ensuite du pognon, et enfin du pognon) ? Qui sont les abrutis qui ont négocié cet accord qui fait payer le public pour remplir les poches du privé ? En 2002, des hauts fonctionnaires fédéraux (des hauts fonctionnaires, pas la secrétaire de service, et donc, derrière les hauts fonctionnaires, leurs directions politiques) ont signé un chèque en blanc à l'UEFA, organisatrice de l'Euro et bénéficiaire de ses retombées financières. Et par ce chèque en blanc signé par la Confédération, celle-ci ne s'est pas contentée de s'engager elle-même à financer sans limite tous les coûts, surcoûts et mauvais coups liés à "la sécurité", mais elle a aussi engagé les cantons et les villes à qui personne n'a demandé leur avis.Quant aux parlementaires fédéraux, on les a fait voter un crédit de 3,5 millions en 2003, alors qu'on savait pertinemment que ces 3,5 millions n'allaient rien couvrir du tout et que les coûts réels de ce à quoi on s'était engagé allaient être des dizaines de fois supérieurs.

Dans "Le Temps" (du 27 janvier), le Maire de Sion, François Mudry, en arrive à se féliciter de ce que sa ville n'ait pas été choisie pour accueillir les Jeux Olympiques d'hiver 2006 (attribués à Turin) : "je pense à la catastrophe financière à laquelle nous avons échappé", quand "les coûts de sécurité ont été multipliés par dix, voire vingt, depuis le 11 septembre 2001" et que c'était la Ville de Sion qui allait se retrouver responsable d'un déficit éventuel, la Confédération et le canton ne garantissant qu'un montant fixe.

Mais pour les organisateurs de l'Euro, pas de problème, tout baigne, et tant pis si les collectivités publiques suisses devront casquer au moins 18 fois plus que prévu (enfin, prévu : disons plutôt 18 fois plus qu'annoncé, parce que si on avait donné des chiffres crédibles, l'enthousiasme suscité par l'Eurofoot aurait été nettement moins perceptible en Suisse). Y'a un problème ? Pas de panique, "d'ici au coup d'envoi, le problème sera réglé", annonce le président de la fédération suisse de foot, Ralph Zloczower. Tout sera réglé comment ? en puisant dans les caisses publiques. Finalement, le foot-pognon, c'est assez simple : j'organise, tu paie, j'encaisse. A toi les coûts, à moi les bénéfices.

Les villes, les cantons et les politiques (et la presse) se sont réveillés bien tardivement : si l'UEFA est une bande de margoulins et ceux qui ont négocié avec elle au nom de la Confédération, une bande de taborniaux, que dire de ceux qui ont cru que l'organisation de l'Euro2008 pouvait ne coûter aux collectivités publiques toutes ensemble (la confédération, quatre cantons, quatre villes) que 10 millions... soit moins que ce que le Conseil municipal de Meyrin a voté pour rénover son stade municipal ? Et que dire des braiements de joie la presse à l'annonce que la Suisse allait co-organiser la fête à blaireaux de 2008 ?

Or donc, cantons et villes se réveillent (ou font semblant), et demandent aujourd'hui que la Confédération assume ses conneries et n'en reporte pas le coûts sur des collectivités publiques qui n'ont pas été consultées au moment de la signature du "chèque en blanc", et que les grands bénéficiaires de l'Euro 2008 (l'UEFA) en assument au moins une partie des coûts sécuritaires. A Genève, le Conseiller d'Etat en charge du dossier, Mark Muller, proteste de son "approche positive" du débat -lequel débat est précisément le résultat de l'"approche positive" de la Confédération il y a trois ans : une approche un peu plus négative aurait évité qu'on se retrouve en 2006 avec une facture (provisoire) dix-huit fois plus élevée qu'annoncé en 2003. Muller demande, avec ses collègues de Berne et, formellement au moins, de Bâle et de Zurich, que la Confédération soutienne les quatre villes hôtes à hauteur de 17 millions de francs. La Commission parlementaire chargée de l'Euro 2008 mégotte, discoute le bout de gras, et propose à la Confédération d'accorder 10,5 millions sur les 17 demandés par les cantons et les villes. Genève demande aussi un "effort" à l'UEFA -dont la disponibilité à un tel effort est d'autant moins évidente qu'elle peut, pour refuser de payer quoi que ce soit, s'appuyer sur les engagements pris par la Confédération en 2003.

Le directeur de l'Eurofoot pour la Suisse, Christian Mutschler, fait mine de se demander si on peut "imaginer un Euro sans Genève, ville de l'ONU et des institutions internationales". Ben si, on peut. On peut imaginer un Euro2008 sans Genève, et Genève sans Euro2008.

Pour Mark Muller, un crédit de neuf à treize millions serait acceptable par le Grand Conseil. Mais si ledit Grand Conseil vote pour cette sauterie un crédit supérieur au coût total d'une votation populaire, soit en gros, pour une votation cantonale, un million, la question du lancement d'un référendum sera non seulement posée, mais aura un début de réponse.

Plutôt positive, la réponse. Et de plus en plus positive au fur et à mesure que le volume du crédit grossira. A un million, le référendum est envisageable. A cinq, il est probable. A dix, il est certain. Et au-delà, on peut d'ores et déjà le donner pour victorieux. Après tout, nous avons lancé, fait aboutir et gagné un référendum sur un crédit de 2 millions et demi pour le stade -alors, un crédit de 10 millions (ou plus) pour que l'UEFA puisse se remplir les poches...

Les conneries continuent ? Le combat contre les conneries aussi...


"Quand j'ai joué en Suisse, des gamins de vingt ans se faisaient des grosses injections de sang de boeuf avant tous les matches. Ils étaient aussi dans la créatine à fond. Ils en prenaient aussi facilement que du chocolat en poudre au petit-déjeûner", raconte dans "L'Equipe Magazine" du 21 janvier 2006" Jean-Jacques Eydelie, footballeur professionnel passé de l'OM de Marseille au FC Zurich et au FC Sion, pour finir au chômage. Evidemment, côté foot suisse, on dément. C'est bien connu, le foot est un sport propre et le sport c'est bon pour la santé.

Tellement bon que selon une enquête menée en 2002 par l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme (ISPA), les jeunes qui pratiquent le sport pendant leurs loisirs ont un net penchant pour le tabac et l'alcool, et ont 24 % de plus de risques de tomber dans le tabagisme que la moyenne des jeunes de leur âge. Le même genre d'enquêtes, faites au niveau international par l'OMS donne le même genre de résultats pour les autres toxicomanies, au point que le sport professionnel est l'un des milieux professionnels les plus frappés par les toxicomanies, légales (médicaments, alcool) ou illégales (opiacés, drogues de synthèse), sans même tenir compte du dopage.


Cedric Zurn, responsable de l'exploitation du stade de la Praille, est tout content : il a réussi à louer son terrain vague (pour un loyer dont le montant est "strictement confidentiel") à l'équipe nationale allemande, qui va s'y entraîner du 20 au 30 mai 2006, pour la coupe du monde qui se déroulera en Allemagne du 9 juin au 9 juillet suivants. L'équipe allemande s'entraînera à huis-clos dans un stade qu'elle a choisi pour le calme et l'isolement qu'il offrait : "il leur fallait un terrain à l'abri des regards indiscrets", diz Zurn. La Praille, c'est en effet le terrain idéal : vu la fréquentation du Stade de Genève, on y risque moins qu'ailleurs des "regards indiscrets". Vu qu'il n'y a personne pour regarder.

Le 18 décembre, Servette reçoit Thoune à la Praille en huitième de finale de la Coupe de Suisse (et gagne aux pénalties) : 4098 spectateurs occupent les 30'000 places du stade. Le stade est donc vide à plus de 85 %. Et c'est son meilleur résultat de la saison...


Euro 2008 : on s'achemine vers un joyeux merdier, à mi-chemin de l'expo 02 et du Stade de la Praille (avec quelques ingrédiens de Swissair). Le Maire de Berne, Alexandre Tschäppät, résume : "ce qui se passe est un exemple classique de socialisation des coûts et de privatisation des pertes". Motif de l'ire du Maire : la facture supplémentaire à la charge des villes de Berne, Genève, Bâle et Zurich pour l'organisation de l'Euro 2008 de foot, qui se tiendra (ou devrait se tenir) en Autriche et en Suisse. Le budget a explosé : il est aujourd'hui dix-huit fois supérieur à ce qui avait été annoncé au départ. En réalité, il s'agit moins d'une erreur d'estimation au départ que d'une sous-évaluation délibérée des coûts : il s'agissait de "faire passer la pilule" de la tenue d'une partie de l'Eurofoot en Suisse, et si on avait joué cartes sur tables dès le début (on sortait alors de l'Expo 02 et de son demi-milliard de déficit), il est assez vraisemblable que la candidature de la Suisse à la co-organisation de la coupe n'aurait pas passé la rampe de l'opinion publique : à peu près à l'époque du dépôt de cette candidature, les citoyennes et citoyens bernois refusaient que Berne se portât candidate à l'organisation des Jeux Olympiques de 2010

Le Département fédéral de la Défense (et des sports, l'apparentement sport-armée étant en soi révélateur) a avoué le 8 décembre que le coût d'organisation de la part suisse de la fête à blaireaux dépassera 190 millions, 18 fois plus que ce qui avait été budgété au départ (10,5 millions) ! Le parlement fédéral est invité à accepter que 72 millions soient puisés dans la caisse de la Confédération (qui ne devait en payer que trois et demi), les 120 millions restant étant à la charge des cantons et des villes "hôtes" (c'est le genre de fête où les hôtes sont rackettés), qu'on prive par ailleurs d'une enveloppe promise de 17 millions. Bref, les collectivités publiques sont priées de passer à la caisse pour assurer l'organisation d'une manifestation privée, qui rapportera 1,5 milliards à l'Union européenne de foot (UEFA), et pas un kopek aux cantons et aux villes.

En effet, l'UEFA, réclame des collectivités publiques qu'elles prennent en charge à coups de dizaines de millions l'organisation d'une coupe sportive dont l'UEFA elle-même définit le cadre et encaisse les profits : 900 millions escomptés des seuls droits TV, 400 millions du sponsoring et des licences.

Pour obscurcir le flux du pognon, l'UEFA a confié les droits TV à une société privée (Sportfive), tout en gérant directement le sponsoring (d'entre les sponsors, l'UBS). Objectif : un résultat financier (pour la mafia du foot professionnel, pas pour les collectivités publiques) de 20 % supérieur à celui de 2004, au Portugal. Qui va se partager le pognon ? Les équipes participantes (autour de 200 millions), les fédérations nationales (autour de 400 millions), l'UEFA elle-même, qui se farde en donatrice humanitaire en assurant que quelques dizaines de millions iront à des programmes de "solidarité" (dont le CICR), mais qui ne donne aucune information crédible sur l'affection de ces fonds "solidaires".

En trois ans, le coût, pour les collectivités publiques, de la footerie européenne a donc été multiplié par 18 -et c'est pas fini. En 2002, le Conseil fédéral annonçait un coût de 10,5 millions. En octobre 2004, le directeur de l'Office fédéral du sport annonçait que la seule sécurité coûtera au moins 20 millions. En décembre 2004, la facture de la "sécurité" passe à 53 millions. En octobre 2005, la Conférence des gouvernements cantonaux annonce une facture globale de 178 millions. En décembre 2005, le Conseiller fédéral Samuel Schmid arrondit la facture à 180 millions, dont 72 millions à la charge de la Confédération, le reste (la majeure partie du total, donc) à la charge des cantons et des communes. Mi-décembre, on en est à 182 millions : 72 millions à la charge de la Confédération, 81,4 millions à celle des cantons et des villes de Bâle, Berne, Genève et Zurich,, 28,7 millions à celle des autres cantons. La seule facture de la sécurité frise les 65 millions, et a été multipliée par six et demi en trois ans...

LE BUDGET "OFFICIEL" DE L'EURO 2008 (état début décembre 2005, en millions FS)
Financement par : La Confédération     les cantons et villes "hôtes"
Stades              10,8                 7,3
Sécurité            25,2                 10,5 (+28,7 des autres cantons)
Direction du projet  7,0                  5,2
Infrastructures 
et transports        4,0                 23,7
Promotion économique, 
tourisme            10.0                 14,7
Projets d'animations 5,0                 12,0
 
Réserve             10,0                  8,0
 
TOTAL :             72,0                81,4 (+ 28,7 des autres cantons)

Cantons et villes sont donc menacés d'un joyeux racket, alors que le contrat d'organisation de l'Euro 2008 a été conclu entre l'Union européenne et l'Association suisse de foot, avec la bénédiction de la Confédération, mais sans que les cantons soient signataires. Le Conseiller d'Etat Mark Muller rappelle que "la Confédération est en première ligne" car "c'est elle qui a donné son aval à la tenue de l'Euro. Les cantons et les villes hôtes n'ont rien eu à dire". Muller rappelle également que ce sont les organisations professionnelles européenne (l'UEFA) et suisse (l'ASF) du foot qui ont voulu que l'Euro 2008 se tienne à moitié en Suisse. Conclusion logique : "il serait normal qu'elles (...) financent" la manifestation qu'elles organisent, et ne contentent pas d'en recevoir les profits.

Selon un sondage commandé par l'Office fédéral du sport, neuf Suisses sur dix se réjouiraient de la tenue d'une partie de l'Euro 2008 en Suisse. Est-ce que neuf Suisses sur dix se réjouiront aussi de payer à la place des organisateurs les frais de cette manifestation ?

Selon une étude commandée par les organisateurs de l'Euro 2008, le chiffre d'affaire dudit Euro serait pour la Suisse de 470 à 545 millions, et les retombées économiques de 280 à 315 millions. Soit moins du tiers de ce que l'UEFA encaissera grâce à l'Eurofoot. Comme l'écrit benoîtement "Le Temps" (du 21 décembre), "L'Euro 2008 est un business". Ah bon ? C'est pas du sport ?

Pour Genève, la facture se monte, provisoirement à 20 à 25 millions. Sans compter les manifestations "extrasportives" liées à l'Euro. Et le canton renâcle (pour l'instant, il ne fait d'ailleurs que renâcler). Le nouveau patron du département des Constructions, qui a hérité du dossier, Mark Muller, ne fait pas montre d'un enthousiasme débordant. Bref, s'il venait au Conseil d'Etat l'idée baroque de proposer au Grand Conseil de casquer pour cette fête à blaireaux, et au Grand Conseil l'idée rococo d'accepter de casquer, y'aurait du référendum dans l'air. Et le résultat de la votation municipale sur la Praille a quelque peu échaudé les enthousiasmes stadophiles et footballomaniaques de la droite (et d'un morceau de la gauche) : le président du parti libéral, Olivier Jornot, observe que "les gens ont l'impression d'être placés devant le fait accompli et une erreur grave de prévision". Tous n'ont pas été cependant suffisamment instruits par le vote municipal d'avril 2005 : le président du parti radical, Pierre Maudet, chaud partisan du financement public du trou de la Praille, persiste : une "mise de départ" est nécessaire, car "que Genève ne participe pas à l'Euro donnerait une image très provinciale de notre ville". Comme si l'image de Genève à l'extérieur dépendait de l'organisation de deux ou trois matches européens à la Praille...

Genève (son gouvernement, son parlement -ou ses citoyennes et citoyens- peut donc parfaitement refuser de casquer. Si tel était le cas, les matches se dérouleraient simplement ailleurs, là où les pigeons sont d'accord de se laisser plumer et les moutons de se laisser tondre : à Bâle ou à Zurich. Mais le directeur de l'Euro 2008, Martin Kallen, craint un double refus de Genève et de Berne : si reporter les matches d'une ville sur trois autres est possible, reporter les matches de deux villes sur deux autres est "inimaginable", selon Kallen. Ne reste plus qu'aux Genevois et aux Bernois d'avoir de l'imagination pour quatre.

A Genève, c'est l'inénarrable Ramseyer qui avait été nommé responsable de l'organisation du machin. Fin 2004, il avait démissionné (ou avait été démissionné) et remplacé à titre inrimaire par l'ancien chef de la police Laurent Walpen, avant qu'un proche de l'ancien Conseiller fédéral Adolf Ogi prenne la suite, en janvier 2006.

Martin Kallen, organisateur de l'Euro en Suisse, pointe par ailleurs les insuffisances du stade de la Praille pour des compétitions du genre de celle de l'Euro, insuffisances relevées à partir de l'exemple donné lors du match "amical" Angleterre-Argentine de novembre : "la coopération entre les organisateurs et la police n'était pas optimale, les files d'attente bien trop longues, les signaux indiquant le chemin à suivre insuffisants. Les supporters des deux camps ne savaient pas bien quel chemin emprunter", il y avait "des bouchons pour accéder au stade", la gare ferroviaire était fermée et l'accès depuis les arrêts du tram jusqu'aux entrées respectives ne respectait pas la sécurité des piétons...

On s'en fout, comme le dit Martin Jäggi, chef du secteur "sécurité" de l'organisation de l'Eurofoot ("Le Temps" du 19 décembre 2005), "Tout sera mis en place pour une grande fête du football" (les fêtes du football étant aux fêtes ce que leur financement est à la rigueur budgétaire), "les quatre villes helvétiques qui accueilleront des matches de l'Euro2008 sont parfaitement préparées à assurer la sécurité d'un événement de cette envergure" et "les quatre commandants des polices concernées préparent des dispositifs adaptés selon la dangerosité des rencontres". Même que Genève s'y est entraînés. Lors du G8.


Le capitaine de l'équipe italienne de foot de Lazio Rome, Paolo di Canio a été suspendu par la Fédération italienne de football pour avoir fait à plusieurs reprises le salut fasciste à l'intention de ses supporters et de ceux qui "partagent (ses) idées". "Je suis fasciste, mais pas raciste", explique Ducon Lajoie, qui a pris pour se défendre un avocat militant d'extrême-droite.

C'était notre rubrique : le foot est une grande école de démocratie.

Le foot est aussi une grande école de sociabilité : fin novembre, les dirigeants des clubs genevois ont dû se réunir avec le chef du département de l'Instruction publique, Charles Beer, pour tenter de donner une réponse aux comportements débiles constatés autour du foot junior : "des bandes qui s'invitent sur la touche d'un match de football avec des objets contendants, des éducateurs qui prennent leur douche avec les enfants" etc..., narre "La Tribune de Genève" (24 décembre). Même la Confédération a dû s'en mêler, en lançant une campagne de prévention (LaOla) pour soutenir les clubs confrontés à ce genre de comportements.


Hosannah ! Le 12 novembre, on prévoit de rejouer les Malouines à la Praille (préparez vos Exocets), dans un match amical Argentine-Angleterre. "On en rêvait", trépigne "La Tribune". On a les rêves qu'on peut. Le match, organisé par Sportart SA, sponsorisé par le Crédit Suisse et Ochsner Sport (on ne l'invente pas) aura donc lieu le même jour, mais pas à la même heure, que le match Suisse-Turquie pour la qualification au "Mondial". Il est supposé remplir le trou de la Praille. Une fois n'est pas coutume. Pour la fondation du stade (en la personne de son président, Jean-Pierre Carera), il s'agit d'effacer des mémoires (compte dessus...) "les faillites retentissantes de l'an dernier et faire revivre un stade trop souvent déserté", histoire sans doute de pouvoir tendre ensuite la sébille auprès du canton pour obtenir une chtite subvention.


En attendant la possible chicorée entre supporters anglais et argentins, on répète Shakespeare à La Praille : Maya Büsch, future co-directrice du Théâtre du Grütli, a organisé sur le terrain vague (à l'âme) une "journée d'entraînement" de la mise en scène du Richard III qu'elle monte pour la Comédie : "nous utilisons la métaphore su sport pour parler du pouvoir et par cette métaphore, nous ouvrons un espace de guerre", explique Maya Bösch. Pouvoir, guerre... manque la toxicomanie, le racisme et la connerie, et on aura fait le tour des beautés du foot...

Policiers et responsables (si on peut dire) du foot suisse s'inquiètent : la balle au pied attire les hooligans violents comme un étron les mouches à merde. En Suisse comme ailleurs, et de la plus "basse" à la plus "élevée" des ligues : arbitre tabassé pas des supports de l'équipe perdante en 2003 lors d'un match de 2ème ligue entre Marly et Favargny menaces de mort des joueurs de Sonceboz contre ceux de Rebeuvelier, joueur de Vendlincourt tabassé par un joueur de Delémont et ses copains, entraîneur d'une équipe fribourgeoise de 5ème ligue étranglant l'arbitre... Fin juin 2005, le "tour d'honneur" de la finale de la Coupe suisse est annulé après des affrontements entre les supporters lucernois et zurichois. En août, des bagarres entre supporters de Young Boys et de Grasshopper font quatre blessés. A la Chaux de Fonds, en septembre, les supporters saint-gallois sèment la merde autour de la gare, et 25 d'entre eux sont arrêtés par la police. A Copenhague, toujours en septembre, en marge d'un match de Coupe UEFA entre Copenhague et le FC Zurich, les supporters zurichois foutent le bordel, une centaine d'entre eux sont arrêtés, cinq policiers sont blessés. Vivement l'Euro 2008 qu'on se marre...

La seule consolation, c'est que le foot ne rend pas seulement cons les joueurs, les entraîneurs et les supporters : il connifie aussi les politiciens. "Un jour, si les présidents de clubs suisses ne prennent pas conscience de la montée d'une certaine violence, des mamans diront à leurs enfants : <<Non, t'iras pas au stade, c'est trop dangereux>>", sanglote Thomas Helbling, responsable de la sécurité au sein de la "Swiss Football League". On n'est pas des mamans, les Moutinot, Chobaz et autres Lüscher ne sont plus des enfants, mais on passe notre temps à leur demander déja de ne plus "aller au stade".


Roro boude la justice genevoise : attendu chaque lundi (dès le 12 septembre pour la reprise de l'instruction de son affaire et des affaires du Servette) dans le bureau du juge Tappolet, Marc Roger (soufrrant et dépressif selon son avocat) ne s'y est jamais présenté. Roro est resté en France, et son avocat a d'abord expliqué qu'ayant demandé la récusation du juge, pour partialité, la procédure était suspendue et Roger n'était donc pas tenu de se présenter. L'avocat des plaignants (qui se dit victime de pressions et de menaces) a répondu que l'effet suspensif de la procédure n'ayant pas été accordé, l'instruction se poursuivait et que Roro devait répondre aux convocations, sinon au mandat d'arrêt international sera lancé contre lui. Ce qui serait d'ailleurs sans effet, puisque la France n'extrade pas ses ressortissants. L'argument de la demande de récusation ayant fait long feu, la défense de Roger a sorti celui de l'état de santé de son client, tout dépressif qu'il serait. O Pôvre.

En octobre, donc rebelote (et dix de der) : Roro ne se présente toujours pas aux audiences du juge Tappolet. Et sa défense présente un premier certificat médical valable jusqu'au 10 octobre, puis un second valable jusqu'au 6 novembre. Selon un des avocats de Roro (qui s'est séparé de deux de ses anciens avocats, Gilbert Collard et Jacques Barillon, pour garder Alain Marti et engager Jean-Louis Andreau, ami d'une amie de la femme de Roro), les semaines passées par Roger à Champ-Dollon l'ont "profondément épuisé". C'est pourtant plutôt reposant, Champ-Dollon. Selon les avocats des joueurs, Roro a certes le droit d'être malade, mais sa maladie commence à avoir plutôt l'image d'une dérobade. L'instruction se poursuit donc sans lui, en pendant que le juge Tappolet instruit, Roger se repose à Annecy, et prévoit de déménager à Alès. Qui est encore plus reposante qu'Annecy, comme ville. Et surtout 300 kilomètres plus loin de Genève.

Sont jamais contents les Genevois : quand les frontaliers viennent, on râle parce qu'ils prennent nos emplois, nos exhibitions phalliques sur la scène du Grand Théâtre et nos places de parking, et quand ils ne viennent pas on râle parce qu'on les attendait. Que fait Grobet ?


Le groupe Jelmoli, qui a repris l'"Event Center" du stade de la Praille, depuis le 1er septembre, l'a inauguré le 12 octobre, dans un charmant pince-fesses auxuquels un demi-millier de patrons et "décideurs" divers et variés étaient invités. Au menu : défilé de mode, spectacle d'une école de danse, feu d'artifice tiré dans le stade (faut bien que le terrain vague serve à quelque chose). Le responsable de la promotion de l'Event Center, Jean-Pail Carron, un ancien du Servette FC (est-ce de bonne augure ?) annonce que 18 réservations du machin center ont été effectuées d'ici fin 2005 (ça fait moins de deux par semaine, mais c'est présenté comme un grand succès) : soirées de fin d'années d'entreprises, défilé de mode, petit Noël des nenfants des collaborateurs d'une grosse entreprise, présentation d'un nouveau modèle de montres et d'un nluveau modèle de bagnole. Le grand écran du stade sera utilisé (s'il fonctionne) pour transmettre des messages de bienvenue aux invités. Et le parking pour stocker les bagnoles des susdits. Tout ça donne toujours pas la moindre utilité au stade, mais au moins, là, c'est Jelmoluche qui paie.


Enfin, l'équipe désormais phare (ça nous rajeunit pas, mais ça nous fait bien plaisir) du foot genevois, UGS, envisage d'aller jouer à la Praille, pour éventuellement y jouer en "Challenge League" (ex-Ligue nationale B), si UGS y monte. Mais surtout, UGS a besoin d'aide pour rénover son stade, celui de Frontenex. Or ce stade là mérite qu'on y consacre une toute petite part de ce qu'on a claqué à la Praille. La tribune du stade de Frontenex est classée au patrimoine, et ne peut être modifiée. Elle doit cependant être entrenue. Mais UGS envisage une nouvelle tribune, de l'autre côté du terrain. Il faudrait en outre agrandir le terrain, créer une véritable buvette, améliorer l'accès au stade. Ce stade-là est beau. Dès lors, à la prochaine proposition de soutien financier au trou de la Praille, opposons une contre-proposition : Frontenex, plutôt que la Praille.


Nième "réunion de crise" à la Fondation du Stade, le 1er juin : le président de la fondation réunit les "partenaires privés" (Crédit Suisse, Jelmoli, Hippomène) pour les convaincre de payer ce que la Ville de Genève a refusé de payer.

Selon le président de la fondation, Jean-Pierre Carera, c'était la réunion "de la dernoère chance". Une de plus : dans ce feuilleton, les réunions de "la dernière chance" concluent chaque épisode. Et il s'en tient au moins une tous les mois.

Selon "La Tribune de Genève", Le principal créancier de la fondation, Zschokke (à qui la fondation doit douze millions) est (selon son directeur romand, François Dieu) "ouvert à un abandon partiel des intérêts de la créance". Pas fou, Zschokke : il abandonne, partiellement, les intérêts, mais pas le principal.

Quant aux partenaires privés du stade, qui ont tout intérêt à éviter une faillite de la fondation, deux d'entre eux font au moins mine d'être éventuellement, peut-être, sous réserve, et à certaines conditions, de remettre un peu d'argent dans le trou :

Du côté du troisième partenaire privé, la Fondation Hippomène (Benedict Hentsch), en revanche, on rechigne, on explique : "Nous sommes des mécènes et pas des partenaires", et on rappelle qu'on n'avait accepté d'avancer 2,5 millions qu'à la condition d'un vote positif des citoyennes et citoyens de la Ville sur le prêt municipal de 2,5 millions. Or vote positif, y'a pas eu. Dans ces conditions, la fondation Hippomème ne veut pas passer pour "les fossoyeurs du stade" et (pour l'instant) ne veut pas aller plus loin que son offre du parc aux Charmilles (le fameux "parc Hentsch"...) et de quelques terrains. "Les tentatives de culpabilisation que nous avons subies de chanreont rien", conclut (toujours pour l'instant...) le porte-parole de la fondation, Laurent Paoliello.

Restons groupés, le référendum cantonal mitonne doucement.

Dernière idée en date pour tenter de trouver une utilité au stade : y faire jouer les matches d'un FC-Romandie construit à partie du club Yverdon (YS). L'idée vient du président d'YS, Paul-André Cornu. La SA du club s'appelle déjà FC Romandie, la première équipe va s'appeler FC Romandie-Yverdon-Sport, le président du club d'Yverdon regarde le stade d'Yverdon avec dédain et celui de la Praille avec envie. Bof... s'il tient vraiment à s'y perdre, on va pas l'en dissuader...Mais un club de foot chapeauté par une SA et jouant à la Praille, ça vous rappelle rien ? Non, Roger, on ne souffle pas.


Le dernier rapport de l'Office fédéral de la police sur la sécurité intérieure de la Suisse note une "nette augmentation" du hooliganisme lors des marches de hockey et de football, et pas seulement dans les ligues de l'"élite", mais aussi dans les ligues inférieures. Les hooligans sont en outre de plus en plus voyageurs : ainsi, des Suisses vont semer la merde en Allemagne et des Allemands en Suisse. Pour couronner le tout, le milieu des hoologans est un "vivier de forces brutes pour l'extrême-droite", constate le cinéaste Daniel Schweizer.

Le rapport de l'Office fédéral de la police prévient : "Les hooligans se préparent... l'Euro (2008) sera l'occasion pour eux de se manifester".

Vivement l'Euro 2008, qu'on se marre autant que lors du G8.

L'actuelle fondation du stade étudie toutes les opportunités pour trouver une solution financière afin d'éviter la faillite, et de permettre l'exploitation de son trou, annonce "La Tribune de Genève" du 4 mai, mais si cette étude (attentive) ne débouche sur rien, ou pas assez, "alors en finalité, sans soulution, nous nous dirigerons vers une faillite", avertit Mark Schipperjin, représentant du DAEL au Conseil de fondation du stade. Le spectre de la faillite, ça fait des semaines qu'on l'agite. Comme au moins deux "partenaires" privés du stade (Jelmoli et le Crédit Suisse) ont tout à y perdre, on va vraisemblablement les voir revenir. Le directeur de Jelmoli déclare à "la Tribune" que son groupe est "prêt à doscuter" et est disposé "à verser une certaine somme si tout le monde en fait de même". Mais c'est qui, au juste "tout le monde" ? Et quelles collectivités publiques vont-elles être appelées à cracher au bassinet ? Et contre quel crédit, émanant de qui, va-t-on devoir (re)lancer un référendum popualaire ?

On notera que le projet de loi transformant la fondation privée du stade en fondation de droit public, et lui allouant une subvention régulière (de 500'000 FS par an au début, histoire de pas effaroucher le contribuable, mais sans nul doute d'un ou deux millions par la suite), n'a pas été retiré par le Conseil d'Etat. Et est donc toujours (sauf erreur de notre part) soumis au Grand Conseil.

Le Comité référendaire est donc, lui aussi, toujours sur pied.


Le bailleur de l'"Event Center" du stade de la Praille annonce qu'il a entrepris des travaux permettant à cet espace d'accueillir des manifestations. Le bailleur, c'est Jelmoli (par l'intermédiaire de La Praille SA), qui a décidé d'exploiter lui-même la salle, après la faillite de la Société d'exploitation du stade. Jelmoli/La Praille SA a établi un "business plan", qui table sur une quinzaine d'"événements" en 2005, une quarantaine ensuite, une soixantaine à "plein régime" : "Nous offrons les infrastructures du centre commercial : parking, hôtel, bowling" et "nous sommes ouverts à toutes demandes : congrès, repas, expositions", annonce Jean-Paul Carron, ancien responsable de la promotion du Servette FC, et désormais responsable de celle de l'"event center" du stade, devenu l'"event center" du centre commercial.


Le président de l'Association du Servette, Francisco Vinas, annonce à "La Tribune" (6 mai) que son association a trouvé près de 3,3 millions sur trois ans, pour assurer l'avenir du club et de son équipe de première ligue. Trois investisseurs privés se sont engagés, mais ils ne veulent pas apparaître (ces mystérieux investisseurs sont-ils syriens ?), et ils ne manquent qu'un "petit peu d'argent" pour vivre pendant les trois prochaines saisons, avec l'espoir de voir l'équipe remonter pendant cette période de première ligue en "challenge league".


L'Office fédéral du sport et "Swiss Olympic" lancent ensemble, depuis fin octobre 2004, avec (notamment) les départements de l'instruction publique, la Commision fédérale du sport et les offices fédéraux de la santé publique et des assurances sociales, une campagne contre les abus sexuels dans le sport, en expliquant que les personnes les plus touchées par ces abus sont les jeunes entre 10 et 17 ans et qu'à cet âge, en dehors de la famille, les clubs de sports figurent au nombre des lieux les plus propices aux abus sexuels.

 

C'était notre rubrique : le sport, c'est bon pour la santé des jeunes.


Match à Servette-Etoile Carouge à la Praille, le 1er mai : 1200 spectateurs. Ce qui doit nous faire dans les 29'000 places vides.

Mais on a tort de se gausser : Servette-Etoile Carouge, c'est un de ces bon vieux derbies tout parfurmés de nostalgie. Et comme Servette est en Première ligue, on a aussi droit à Servette-Chênois et Servette-UGS, comme dans les années soixante...



LES RÉSULTATS DEFINITIFS DU VOTE DU 24 AVRIL 2005

LES RÉSULTATS DEFINITIFS DU VOTE DU 24 AVRIL

Résultats à 15:09 : 17 locaux de vote complètement dépouillés sur 17

En faveur du crédit : 27.27% des suffrages exprimés

Contre le crédit : 72.73% des suffrages exprimés

On constatera avec intérêt (mais sans surprise excessive) que les locaux de gauche votent plus massivement que ceux de droite contre le crédit*, alors même qu'un parti de l'Alternative appelait à soutenir ledit crédit et qu'on nous serine depuis des années que le stade de Genève est un grand projet populaire.

On constatera aussi qu'aucun quartier n'accepte le crédit, alors que les partis le soutenant sont, ensemble, électoralement majoritaires dans tous les quartiers.

* Les Pâquis, Cluse-Roseraie, les Acacias, Mail-Jonction refusent le crédit à plus de trois contre un; Cité-Rive, Florissant-Malagnou et Champel se content d'un peu moins de deux contre un...


Sitôt connu le résultat du vote municipal, les courageux "investisseurs" privés (qui n'investissaient pas, mais prêtaient ou payaient leur loyer d'avance) ont commencé à se défiler : la Fondation Hippomène reprend ses billes (un prêt de 2,5 millions) et va jouer avec dans le parc Hentsch, Jelmoli et le Crédit Suisse déclarent qu'ils n'iront pas au-delà des 2,5 millions proposés chacun et Jelmoli pousse même le bouchon plus loin : non seulement le groupe ne veut pas payer, mais son directeur, Alain Rolland demande ("Le Temps" du 25 avril) à Zschokke un "important rabais" sur sa facture. C'est toujours la même chanson de Rolland : que les autres casquent, nous, on a notre centre commercial à la Praille, on veut en plus y coller un complexe cinema, et on projette un nouveau centre commercial à Blandonnet (au prétexte non plus d'un stade, mais d'une patinoire...)...

Parachuté à la tête (si l'on peut dire) de la fondation du stade, Jean-Pierre Carera est inquiet (avec quelque raison de l'être) de ce coïtus interruptus : "Une quelconque contribution publique supplémentaire n'est pas envisageable après le message exprimé par les électeurs genevois", admet Carera (ATS, 25 avril), qui ajoute : "Nous voulons esquisser des pistes susceptibles de nous faire sortir de cette situation inextricable".

Le propre d'une situation inextricable étant, par définition du terme "inextricable", qu'on ne peut s'en extirper, on souhaite bonne chance à Carera.

Le commentateur de la "Tribune de Genève" (Bertrand Stämpfli) se demande, le lundi 25 avril, si la conclusion (au deuxième degré, au cas où on n'aurait pas compris) du communiqué du Comité référendaire saluant la victoire du référendum, conclusion en forme de détournement de la bonne vieille idée fixe de ce bon vieux Caton ("Est delendum stadium", pour le "Est delenda Cartago" de Caton), est "très responsable ?".

... elle l'est certainement moins que le soutien obstiné apporté au stade de la Praille par la "Tribune de Genève" depuis que ce très responsable projet a été concocté par ses très responsables promoteurs...

Le même Stämpfli nous crédite d'un "triple exploit" : d'abord, avoir réussi à récolter des signatures pendant la "trêve estivale". Salauds de militants : peuvent pas prendre des vacances comme tout le monde ? ensuite, d'avoir réussi à "mobiliser l'opinion publique contre un prêt, remboursable sur trente ans, comme s'il s'était agi d'une subvention à fonds perdus". Stämpfli est à peu près le seul à voir la différence entre un prêt à la fondation (privée ou publique) du stade et une subvention à "fonds perdus". Enfin, les référendaires ont eu le toupet d'exclure, parleur victoire écrasante, "toute autre possibilité de financement public" du trou de la Praille. On plaide coupables : c'est même pour l'exclure, et en le proclamant dans son nom, que le comité s'est formé. La "Tribune" a finalement compris ce qu'on voulait. Ne perdons pas espoir : d'ici l'Euro 2008, peut-être que même GHI l'aura aussi compris.

"Les électeurs, choqués par les dérives d'un projet mal conçu, mal chiffré et mal géré, auraient été mieux avisés d'en facturer le prix politique aux élus lors des prochaines élections", écrit enfin Stämpfli. Comme si les électeurs allaient s'en priver...

"La Tribune" et GHI, notamment, ont gravement expliqué aux 73 % de votants qui ont eu le front de ne pas accepter le "prêt" municipal pour le Stade qu'ils s'étaient trompés de cible et que par leur vote, ils allaient faire cadeau à des "privés" d'une infrastructure payée en grande partie par des fonds publics... Tu parles d'un cadeau ! Et finalement, c'est encore Laurent Moutinot qui a le mieux résumé le sens du vote du 24 avril : les collectivités publiques ont peut-être perdu 60 millions dans ce trou, mais si on s'en tient au vote municipal, elles n'y perdront pas un sou de plus. C'était bien le but du référendum.

Reste évidemment à savoir si, précisément, on s'en tiendra au "non" massif du 24 avril, ou si on ne tentera pas de faire à nouveau passer les collectivités publiques à la caisse.

"Nous avons dû assurer le service après-vente d'un dossier (celui du stade) qui a été mal géré pendant cinq ans", se lamente ("Tribune de Genève" du 25 avril) le chef de groupe des radicaux de la Ville, Pierre Maudet, après la claque reçue par les stadolâtres le 24 avril... On a enfin réussi à trouver quelque chose de cohérent dans ce dossier : le service après-vente a été aussi lamentable que le service avant-vente, le service de vente, le service de construction et le service d'exploitation.

Le même Maudet regrette, dans la même "Julie", que les électeurs aient "sanctionné les gens qui ont mal géré le stade, alors que telle n'était pas la question posée par le référendum"... la question posée par le référendum était tout de même de savoir si on allait "prêter" deux millions et demi à ces mêmes "gens", après substitution d'un costume de fondation publique à celui, bouffé aux mites, de fondation privée.

Cerise amère sur le gâteau rance, comme diraient les Verts : le Comité central de l'Association suisse de football (ASF) a attribué aux stades de Bâle et de Berne deux matches de qualification pour la coupe du monde 2006, que le stade de Genève convoitait : Suisse-Israël, le 3 septembre, et Suisse-France, le 8 octobre.


Le vote du 24 avril a, outre quelques autres effets plus sérieux, permis la désignation, à la quasi-unanimité des commentateurs (mais avec une insistance particulière de ceux de droite), d'un deuxième bouc-émissaire officiel de la République, après Marc Roger : André Hediger. Le premier a été proclamé responsable de la cacade du Servette, le second de celle du stade.

Le bouc-émissaire No 1 continue à brouter l'herbe du terrain de foot de Champ-Dollon : le 29 avril, la Chambre d'accusation a refusé de le remettre en liberté provisoire. Le 25, Marc Roger a ajouté à sa collection d'inculpations celle d'avoir accordé des "avantages à certains créanciers". Mickey Maus est dans le même cas -mais lui n'est pas en prison. Maus et Roger sont donc accusés d'avoir, pour éviter la faillite de leur SA, privilégié le réglement de certaines créances au détriment d'autres, ce qui est contraire à la loi.

Une nouvelle plainte a été déposée contre Roger, par son partenaire madrilène, Lorenzo Sanz, qui se demande à quoi ont servi les 3,25 millions d'euros qu'il lui a versé, en comptant bien profiter du Servette pour réaliser de juteux transferts de joueurs : comme le dit poétiquement le procureur Dario Zani, Lorenzo Sanz n'était "pas un mécène qui soutenait le Servette à fonds perdus mais un financier à qui l'on a vendu du vent". Et l'avocat des joueurs du Servette, François Canonica, d'ajouter que "dans ce monde pollué du football, il faut faire (du dossier Servette) un exemple". A quoi l'avocat de Roger, Jacques Barillon, répond, tout de même, que "dans le ciel du Servette, il n'y a pas que des anges et un seul diable".


Comme on le sait (depuis octobre 2003), Jelmoli a en projet l'implantation d'un complexe multisalles de cinéma sur le site de son centre commercial de la Praille. Un tel projet suppose un plan localisé de quartier, ou la modification du plan existant, adopté pour le centre commercial actuel. Un projet de plan localisé de quartier a donc été mis en l'enquête publique -mais sans étude d'impact sur l'environnement, alors que la jurisprudence du Tribunal fédéral impose une telle étude d'impact non seulement pour les nouvelles installations, mais également pour les modifications des installations existantes (art. 1 et 2 de l'ordonnance du 19.X.1988 OIEI, RS 814.011, vous pouvez vérifier...), dès lors que cette modification contient la possibilité d'une atteinte à l'environnement -ce qui est le cas, puisqu'un complexe multisalles de cinéma implique (à moins qu'on le souhaite aussi peu fréquenté que le stade) un public, donc des bagnoles, donc un parking (ou le parking sauvage), donc du bruit, de la pollution etc...

Or le DAEL s'est bien gardé de faire effectuer une étude d'impact, et il s'est contenté d'une "notice d'impact", qui ne répond pas aux exigences de la loi, ni à celles de la situation, déjà marquée par d'importants dommages à l'environnement provoqués par le centre commercial.

L'ouverture du complexe cinéma, avec l'apport de circulation automobile qu'il va générer, va provoquer une augmentation des émissions polluantes, dans des zones où ces émissions atteignent, voire dépassent, déjà les valeurs limites.

Il n'y a pas que le débat politique que le stade et le centre commercial de la praille polluent.


LE STADE DE LA PRAILLE, DE LA FONDATION PRIVÉE DU TROU À LA FONDATION PUBLIQUE DU GOUFFRE : INSTITUTIONNALISER LE RACKET, PÉRENNISER LE GASPILLAGE

Le Conseil d'Etat a, comme prévisible, adopté, deux semaines avant le vote municipal sur le crédit de 2,5 millions destiné à combler une (petite) partie du trou financier creusé par la stade de la Praille, un projet de loi visant à transformer l'actuelle fondation de droit privé du stade en fondation de droit public. Autrement dit, de passer d'une fondation privée du trou financier à une fondation publique du gouffre économique.

Cette transformation d'une structure juridique en une autre ne changerait rien à la situation actuelle du stade, mais elle institutionnaliserait le racket auquel se livrent depuis sept ans, sur les collectivités publiques, promoteurs et partisans du stade.

En réalité, il s'agit de pérenniser la ponction opérée, sur les budgets municipaux et cantonaux, pour maintenir à flot un stade surdimensionné, inadapté à tout autre usage que l'organisation de matches de football, désormais privé d'équipe résidente, et voué, pendant soixante ans, à accumuler déficits d'exploitation et coûts d'entretien.

Si l'on en croit l'évaluation la plus sérieuse faite à ce jour, et a minima, de ces déficits et de ces coûts, évaluation faite par l'Inspectorat cantonal des finances fin 2004, la charge annuelle pour les collectivités publiques du maintien à flot du Titanic de la Praille s'élèvera à au moins 5 millions de FS par année, pendant soixante ans. Soit un total d'au moins 300 millions de FS, imprévus, intérêts, renchérissement et travaux supplémentaires non compris.

Les ressources que le Conseil d'Etat entend consumer à la Praille correspondent donc, grosso modo, au déficit annuel des comptes 2004 du canton (322 millions).

Et c'est au moment où le Conseil d'Etat annonce une augmentation de la dette cantonale de 895 millions de FS, où cette dette dépasse désormais les 12 milliards, et où ce même Conseil d'Etat explique que le canton ne dispose plus des moyens nécessaires pour assurer le financement de sa politique sociale, de sa politique de formation et de sa politique de santé publique, qu'il est proposé au Grand Conseil, et qu'il sera proposé aux citoyens, de maintenir artificiellement en survie financière un équipement inutile, inutilisable et inutilisé, Or donc, au moment où le Conseil d'Etat annonce une augmentation de la dette cantonale de 895 millions de FS, où cette dette dépasse désormais les 12 milliards, et où ce même Conseil d'Etat explique que le canton ne dispose plus des moyens nécessaires pour assurer le financement de sa politique sociale, de sa politique de formation et de sa politique de santé publique, il est proposé au Grand Conseil, et il sera proposé aux citoyens, de maintenir artificiellement en survie financière un équipement inutile, inutilisable et inutilisé, en lui versant une subvention publique (prudemment, voire hypocritement, annoncée à 500'000 fs par an, montant que l'on pourra aisément doubler, tripler, quintupler ou décupler quand le besoin s'en fera sentir -et il s'en fera sentir rapidement. Et subvention qu'il faudra verser pendant plus d'un demi-siècle.

La dette cantonale a augmenté de 895 millions de francs en 2004, et dépasse désormais les 12 milliards. Cette dette, ce sont des emprunts. Auprès des banques privées. Dont le Crédit Suisse. Qui se trouve être intéressé (dans tous les sens du terme) au stade de la Praille. Stade qui porte son logo et ses couleurs. Quant le canton versera une subvention au stade, il la financera par l'emprunt. Emprunt auprès des banques privées. Dont le Crédit Suisse. Qui se remboursera sur la bête publique des prêts qu'il aura "consenti" au stade.

Conclusion : le Crédit Suisse gagne sur tous les tableaux : il se remplit les poches en prêtant au stade, contre avantages. Il envisage de se remplir les poches en reprêtant, contre rémunération, pour payer les facteurs de la construction du stade. Il se remplit les poches en prêtan au canton qui s'endette parce que son budget est déficitaire. Déficit dans lequel pèsent les 50 millions déjà balancés dans le trou de la Praille par le canton, et déficit qui sera encore alourdi par une éventuelle subvention régulière à une éventuelle fondation publique du stade.

Meuh non, y'a pas d'arnaque...

EXTRAIT DU "POINT DE PRESSE" DU CONSEIL D'ETAT, 7 AVRIL :
Adoption d'un projet de loi concernant la création de la Fondation pour le Stade de Genève

Le Conseil d'Etat a adopté un projet de loi concernant la création d'une fondation de droit public pour le Stade de Genève. Conscient de l'importance de cette infrastructure pour le canton de Genève, nécessaire pour accueillir de grands événements comme l'EURO 2008, le gouvernement propose de modifier la structure juridique de cet important équipement par la transformation de la fondation de droit privé actuelle en une fondation de droit public.

Le Conseil d'Etat a adopté un projet de loi concernant la création d'une fondation de droit public pour le Stade de Genève. Conscient de l'importance de cette infrastructure pour le canton de Genève, nécessaire pour accueillir de grands événements comme l'EURO 2008, le gouvernement propose de modifier la structure juridique de cet important équipement par la transformation de la fondation de droit privé actuelle en une fondation de droit public.

Cette solution est également préconisée par la motion du Grand Conseil consécutive au rapport de la commission de contrôle de gestion sur le Stade de Genève.

Pour permettre à cette fondation de droit public d'assurer la bonne gestion de cet équipement, le projet de loi prévoit l'allocation d'une subvention à l'infrastructure, annuelle, de 500'000 francs."


On dirait que des promoteurs privés proposeraient de créer une nouvelle toute belle toute grande installation sportive aux portes de Genève.


Mammouth migrant de la Praille à Blandonnet

On dirait qu'au nombre de ces promoteurs privés, y'aurait Jelmoli.

On dirait que cette installation aurait un club résident, qui s'appellerait Servette.

On dirait que ses promoteurs expliqueraient qu'elle pourrait servir à une foultitude d'autres choses. Comme par exemple accueillir des concerts.

On dirait qu'il y aurait des loges VIP, des bureaux administratifs etc...

On dirait qu'avec cette inslallation, Genève pourrait se porter candidate à l'organisation ou à l'accueil d'un grand campionnat sportif international.

On dirait surtout que le promoteur (Jelmoli, donc) "accompagnerait" son projet sportif de celui d'un centre commercial...

On dirait qu'enthousiaste, la "Tribune" clamerait que Genève Servette a besoin d'un équipement moderne, vu que "le club phare du canton évolue dans des installations indignes de son rang".

On dirait qu'on nous assurerait que ce projet tout privé ne coûterait pas un rond aux collectivités publiques et que ce serait (c'est "la Tribune" qui l'écrit) que ce serait un "véritable cadeau tombé du ciel".

ça vous rappelle rien ? Allez, un chti effort ? Non ? Pas même les débuts des prémices de la fécondation in vitro d'un mammouth finalement vautré dans le permafrost au fond du trou de la Praille ?

Ben non, vous avez perdu : c'est le nouveau grand projet enthousiasmant pour Genève. Pas un stade, mais une patinoire.

Pas un stade de 30'000 places, mais une patinoire de 8000 à 10'000 places.

Pas à la Praille mais quelque part du côté du centre commercial Carrefour à Blandonnet, aux limites de Vernier et de Genève.

Pas au prétexte de l'Euro 2008 de football, mais au prétexte de pouvoir organiser les championnats du monde de Hockey en 2010.

euh... et si on gelait la pelouse du stade de la Praille, on pourrait pas y coller cette patinoire ?

C'était notre rubrique : l'histoire est un éternel recommencement. Et qu'elle se répète, en farce ou en tragédie.

Et là, on est dans la farce.


Pendant ce temps, à la Praille, la Fédération des architectes suisses (section genevoise) annonce qu'elle va lancer un concours d'urbanisme sur l'avenir d'un territoire de 20 km2 compris entre l'Arve, à la hauteur des Vernets, et la route de Saint-Julien, au-delà du stade de la Praille, et sur lequel un nombre inévaluable de logements pourraient être construits.

Au cas où la zone devait être réellement urbnisée, avec des logements à la clef, on a un parc à proposer (suffit de remplacer le faux gazon par du vrai et de démolir gradins et clôture). Avec le parc Hentsch aux Charmilles, on aurait le parc Hediger (ou le parc Rolland, ou le parc Moutinot, on sait pas encore) à la Praille.

L'avenir est radieux.


L'Association du Servette, en les personnes de Francisco Vinas et Sébastien Fournier, respectivement président et vice-président de l'entité qui a survécu à la faillite du "club phare" du canton, on annoncé leurs projets et leurs priprités : "honnêteté et travail", formation et intégration des jeunes, constitution d'une première équipe "ambitieuse", le tout à partir d'un projet financièrement sain. Du passé faisons table rase, donc.

Certes, il manque des sous (500'000 francs par an, 1,5 millions au total), mais apparemment, le projet tient debout, avec un budget annuel de 1,4 million de francs (500'000 pour la première équipe, 900'000 pour la formation), et Franisco Vinas garantit "la totale transparence quant à l'utilisation des fonds", le rattachement à l'association de tout investisseur et de tous les groupes de soutien.

L'Association a reçu le soutien d'un "groupement sfc2005", constitué le 19 février et présidé par un analyste financier, Philippe Rezzonico, qui va verser 10'000 francs, et d'une association, "un partenaire pour Servette" (APSEC), qui entend elle aussi fournir un apport financier au club. L'association est notamment soutenue par Jean-Luc Bideau, Michel Pont, Jacques Ducret et Eric Pédat.

Vinas et Fournier veulent voir Servette remonter en "Challenge League" le plus rapidement possible. Comme actuellement Servette se traîne en queue de classement de Première ligue, c'est pas gagné. Et si ça marche, si Servette se retrouve en "Challenge League", il faudra créer une société anonyme. C'est-à-dire retomber dans la structure juridique typique du football-fric. Fin de la transparence, même si Vinas s'engage à ne pas devenir actionnaire de la future SA, et à proposer en priorité les actions aux membres de l'association qui auront investi de l'argent. S'il ne trouve pas les 600'000 francs qui lui manquent d'ici juin, Vinas annonce qu'il partira.

Quant à un éventuel financement public, on rappelle que les villes de Lugano et de Lausanne subventionnent directement ou indirectement leurs clubs à hauteur de 800'000 FS pour Lugano (qui subventionne le centre de formation) et de 100'000 FS pour Lausanne (plus l'entretien des terrains). pendant que la Ville de Genève, elle, propose de claquer 2,5 millions et demi pour payer les factures en retard du trou de la Praille, lequel est parfaitement inutile à ce qu'il reste du Servette.


Match Servette-Malley le 17 avril à la Praille : 1000 spectateurs. 29'000 sièges vides. Et Servette a perdu.

Beuverie, fumette et extase collective aux Charmilles dans la nuit du 16 au 17 avril : 400 pochtrons ont dû être évacués du vénérable stade par la police, en présence du Maire de Genève, Pierre Müller.

Où il se confirme que la Ville de Genève est tout de même bien gouvernée : on a un Conseiller administratif pour construire la Praille (Hediger) et un autre pour vider les Charmilles (Müller).


Le nouveau stade du Wankdorf, à Berne (dit "Stade de Suisse") ouvrira ses (grandes) portes le 30 juillet. Un stade de 31'784 places, avec l'inévitable centre commercial, les inévitables bureaux, l'inévitable parking et une plus évitable discothèque, mais pourquoi pas, tant qu'on y est...). Tout pour le vrai sport, donc. Un complexe qui aura coûté 350 millions de francs. Comme à Bâle, et comme à Genève. Et comme le stade de la Praille était supposé être "le stade de tous les Genevois", celui du Wankdorf est supposé être non seulement le stade de "tous les Bernois" (ours compris), mais aussi celui de "tous les Suisses". Genevois compris, donc. Ce qui achève de rendre symboliquement superfétatoires les arènes de la Praille. Et garantit en tous cas que les matches de l'Euro 2008 pourront être accueillis sans problème en Suisse, même si le Mammouth de la Praille devait d'ici là perdre ses poils et ses défenses.


Les "entrepreneurs progressistes" appellent, mollement, à soutenir le crédit municipal pour payer une partie de la facture laissée par les entrepreneurs pas franchement progressistes de la Praille. Argument massue du vice-président des entrepreneurs progressistes, Reto Ehrat : "Toutes les parties engagées doivent assumer leurs responsabilités, même si, au final, c'est le peuple qui passe à la caisse" ("Le Courrier du 9 avril").

C'est toujours comme ça : quand y'en a des qui engagent leurs parties, ce sont les autres qui en font les frais. Ou plus clairement dit : c'est le baisé qui paie.


Marc Roger a été inculpé de "faux dans les titres", en plus de l'être déjà gestion fautive, banqueroute frauduleuse et abus de confiance.

"Faux dans les titres", ça sonne bien. Mais à relire les titres dithyrambiques pondus par quelques quotidiens locaux et régionaux sur le stade de la Praille de sa conception aux mois suivant son inauguration, on se demande si Marc Roger devrait rester seul à être inculpé de "faux dans les titres".

Quant à l'abus de confiance, on repeuplerait les gradins du stade avec la cohorte de taborniaux annonçant pendant sept ans qu'on allait construire, qu'on construisait et qu'on avait construit à la Praille la huitième merveille du monde.


La "Swiss Football League" (organe faîtier du foot suisse, comme son nom l'indique en anglozurichois dans le texte) a annoncé qu'elle allait se joindre à la cohorte des vautours agglutinés devant la dépouille de la SA du Servette et qu'elle allait déposer une requête en dédommagement auorps de l'Office des faillites pour "sauvegarder ses droits créanciers avant qu'il ne soit trop tard".

Quels droits créanciers au juste ? C'est un peu tiré par le maillot, comme raisonnement, mais on vous le livre quand même :


Marc Roger a été inculpé le 11 avril de "faux dans les titres" (ce qui suggère une volonté de tromper et de s'enrichir de manière illégitime) par le juge Tappolet.

Cette inculpation s'ajoute donc à celles déjà prononcées pour gestion fautive et banqueroute frauduleuse. Elle concerne les effets de change délivrés par Lorenzo Sanz, brandis par Marc Roger pour obtenir la licence du Servette auprès de la "Swiss football league", alors que ces effets étaient sans valeur parce qu'ils avaient déjà été encaissés, ou parce qu'ils étaient échus.

Inutile d'ajouter que ce qui est en réalité reproché à Marc Roger, c'est de s'être planté. Parce que si on devait inculper tous ceux qui, dans les dossiers du Servette et de la Praille, ont été animés de la "volonté de tromper" et de celle de "s'enrichir de manière illégitime", il faudrait sérieusement envisager d'affecter le stade à l'hébergement des détenus en surnombre à Champ-Dollon.


(Le Monde 14.4) On ne s'en était pas rendus compte, mais notre combat (héroïque) contre la pillage des finances publiques pour boucher le trou de la Praille s'inscrit dans un vaste mouvement populaire international (usons de la langue de bois paléo-stalinienne, ne serait-ce que par nostalgie des spartakiades). Ainsi, nous apprend "Le Monde", "le combat de deux associations lilloises de défense du patrimoine contre l'extension du stade Grimonprez-Jooris, au pied de la citadelle Vauban, classée monument historique, a connu une nouvelle avancée, lundi 21 avril", avec l'appel du commissaire du gouvernement au Conseil d'Etat à rejeter le pourvoi en cassation de la Ville de Lille contre la suspension du permis de construire. Cette suspension avait été décidée le 11 février. Si ce pourvoi est définitivement rejeté, le projet d'extension du stade restera "gelé" comme un mamouth dans son permafrost, et il faudra trouver un autre site pour un futur grand stade.


Conférence de (com)presse de Laurent Moutinot, Jean-Pierre Carera (président de la fondation du stade), Laurent Paoliello (représentant de Benedict Hentsch) Alain Rolland (directeur de Jelmoli) et Mark Schipperjin (DAEL), le 4 avril. Pour annoncer quoi ? La même chose que ce qu'ils couinent depuis deux ans : faut que la Ville paye, sinon les "privés" ne payeront pas. Et que si si la Ville paie, les privés feront au moins mine de payer. Mais en mettant un gros élastique au pognon pour qu'il revienne, faudrait pas croire qu'il s'agit de mises de fonds propres.

Résumé, donc, de la présentation de la collection de printemps des sparadraps (usagés) à coller sur les dettes de la fondation du stade : les "privés" (Jelmoli, Crédit Suisse, fondation Hippomène" promettent, main sur le coeur -mais cadenas sur le portefeuille- que si les électrices et teurs de la Ville acceptent le crédit de 2,5 millions et demi soumis à votation le 24 avril, eux aussi mettront, chacun, 2 millions et demi. Total : 10 millions.

On notera que ça suffit pas à payer les dettes, si ça suffit à donner l'impression qu'on s'en préoccupe.

On notera aussi que l'enthousiasme des "prêteurs" privés reste pour le moins douteux. On investit pas, on prête. Et donc on alourdit la facture à payer chaque année pendant au moins trente ans (il faudra rembourser les prêts, voire payer des intérêts).

"Conditionnel", cela implique une condition : Jelmoli veut en effet coller un complexe "multisalles" de cinéma sur son complexe *multisouk" commercial de la Praille. Et ça nécessite une modification du plan localisé de quartier, d'où une enquête publique. Mais on s'est bien gardé de rouvrir l'étude d'impact fédérale : on s'est contenté d'une "notice d'impact" cantonale, bien plus sommaire, et bien moins gênante pour les promoteurs puisque la "preuve du besoin" n'est plus exigée. Quel besoin ? celui de poursuivre l'étranglement des petites salles de cinéma de quartier ?

Un lien se dessine donc entre le besoin subit de Jelmoli d'ouvrir un complexe cinéma dans son centre commercial et le prêt arraché à Jelmoli pour prêter 2,5 millions à une fondation du stade perclue de dette ? Un lien ? Mais vous n'y pensez pas, proteste le Conseiller d'Etat Moutinot (mais le représentant de Jelmoli, lui, ne confirme ni n'infirme le lien). Laurent Moutinot affirme : y'a pas de lien. Y peut pas y avoir de lien. Supposer qu'il y ait un lien, c'est rien que de la malveillance.

Y'a pas de lien, mais y'a juste une coïncidence : dix jours après la clôture de l'enquête publique (No 1413) sur le complexe cinéma de Jelmoli, Moutinot annonce que le dossier du complexe est "en bonne voie" et Rolland annonce que Jelmoli accorde un prêt à la fondation du stade. Coïncidence que tout cela, donc.

Et coïncidence aussi que tout cela se fasse et s'annonce deux semaines avant le vote municipal.

On pataugeait déjà dans les dettes, on patauge en plus dans les coïncidences. Comme l'écrit "La Tribune de Genève" du 5 avril, "voici donc un accord qui tombe bien, comme par hasard en pleine campagne" (référendaire).

Le représentant de la fondation Hippomène (la fondation de Benedict Hentsch) déclare : "ce prêt sans intérêt sur trente ans est notre dernière contribution".

Quant au Crédit Suisse, il veut bien consentir à accorder un prêt (pas un don, ni un investissement, mais un prêt). Mais à "taux préférentiel", c'est-à-dire avec intérêts. Pas tout à fait usuraire, mais rémunéré. C'est bien gentil de la part d'une banque qui a fait cinq milliards de bénéfices en 2004, d'accorder un prêt de 2,5 millions (0,05 % du bénéfice de la banque...) à un stade qui porte ses couleurs et son logo (et qui ne peut pas changer de logo ni de couleurs, vu qu'un contrat aussi bétonné que le stade lui-même lie la fondation au Crédit Suisse.

Laurent Moutinot déclare, lui, qu'en cas de refus lors du vote municipal le 24 avril, "il faudra tout reprendre avec l'ensemble des partenaires privés et publics". Et ça tombe bien : "tout reprendre", c'est précisément ce que nous demandons depuis des années. Et s'il faut aller jusqu'à la faillite de la fondation actuelle (privée) pour "tout reprendre", eh bien qu'on y aille ! De toutes façons, la faillite d'une structure juridique n'entraîne pas la démolition du stade dont elle est propriétaire...


La Conférence de presse des stadolâtres, le 4 avril (suivie le surlendemain d'une conférence de presse de la tendance masochiste du PS-Ville) a eu au moins un aspect positif : elle a confirmé que lesdits stadolâtres (soutenus par lesdits masochistes) s'apprêtaient, si le vote municipal leur était favorable, à ponctionner chaque ennée, pendant soixante ans, les finances publiques pour faire "tourner" le stade, qui "n'a que peu de chances de tourner" (sinon en eau de boudin) "sans une aide" publique, a confirmé le Conseiller d'Etat Moutinot -qui s'est bien gardé d'articuler le moindre chiffre, mais l'Inspectorat cantonal des finances l'a fait pour lui : c'est entre 2,5 et 5 millions par années pendant soixante ans, pour couvrir les frais d'entretien du bâti et les déficits d'exploitation. Total sur soixante ans : entre 150 et 300 millions, sous prétexte de ne pas "perdre les soixante millions déjà investis dans le stade". C'est l'intelligent calcul des stadolâtres : payer 300 millions ce qui en a déjé coûté soixante, et présenter cette arnaque comme une bonne affaire.

Le président de la fondation actuelle du stade renchérit (si on ose écrire) sur le Conseiller d'Etat : "le stade ne pourra pas équilibrer ses comptes. On peut penser qu'une subvention modérée doit être votée". Il s'agit là du seul déficit d'exploitation du stade, et la commission de gestion du Grand Conseil évoquait pour combler ce déficit un montant, minimum puisque la situation s'est encore dégradée depuis son rapport, de un à deux millions par année, à sortir des caisses publiques.

On peut donc être à peu près certain qu'une subvention pas modérée du tout sera votée, si les Genevois-es de la Ville ne mettent pas fin à ces pitreries le 24 avril.

Et pourtant, on aime les pitres. Mais au cirque, pas au stade.

Enfin, toujours lors de la conférence de presse des stadolâtres, le 4 avril, il est annoncé que le Conseil d'Etat présentera un projet de loi prévoyant le changement de statut de la fondation actuelle du stade, de fondation de droit privé en fondation de droit public, avec à la clef une subvention régulière (chiffre évoqué, prudemment : de un ou deux millions de francs).

A ce chiffre s'applique la désormais incontestable "loi mutiplicatrice de la Praille" : quand un partisan du stade vous donne un chiffre exprimant un coût*, multipliez le par deux ou trois : ça a fonctionné pour le coût de la construction, ça a fonctionné pour le volume des apports des collectiités publiques, ça fonctionnera aussi pour le volume des subventions.

A ce chiffre s'applique la désormais incontestable "loi mutiplicatrice de la Praille" : quand un partisan du stade vous donne un chiffre exprimant un coût*, multipliez le par deux ou trois : ça a fonctionné pour le coût de la construction, ça a fonctionné pour le volume des apports des collectiités publiques, ça fonctionnera aussi pour le volume des subventions.

A défaut d'être utile à la collectivité, le stade de la Praille aura au moins fait progresser la science arithmétique.

Et l'activisme politique, puisqu'après le référendum contre le crédit municipal, il nous faudra peut-être lancer (quelque soit le résultat du vote municipal) un référendum contre un projet de loi institutionnalisant le racket, en transformant une fondation de droit privé en fondation de droit public.


En attendant, et en partant de l'hypothèse (et de l'espoir) d'une victoire du NON le 24 avril, que pourrait-il se passer ? Le président de la fondation actuelle (de droit privé), Jean-Pierre Carera, explique : "je me verrai dans l'obligation de constater notre insolvabilité et de saisir l'Autorité de surveillance des fondations pour étudier une mise en faillite". Si cette mise en faillite était décidée, elle devrait aboutir à la totale ouverture des comptes de la fondation, et on saura, enfin, où on en est, et comment on y est arrivé. Autant dire que la faillite de la fondation actuelle ne pourra qu'avoir un effet bénéfique : celui de la transparence.

Quant au stade lui-même, il ne sera pas, physiquement, touché par cette faillite, qui n'est que celle d'une structure juridique (d'une entreprise). Le stade sera toujours là, dans son état actuel (pas tout à fait terminé, mais presque tout à fait vide). Sans propriétaire, mais grevé d'une hypothèque dont le titulaire (Zschokke) pourra exiger la mise en vente du stade, aux enchères et au plus offrant (à moins, ce qui est peu vraisemblable, qu'il ne décide de devenir lui-même propriétaire du Titanic, mais on ne voit pas très bien ce qu'il pourrait en faire, dès lors que ce machin est inexploitable et non rentabilisable).

Mis aux enchères, le stade pourra donc être racheté par n'importe qui. Y compris d'ailleurs, et peut-être à moindre prix que le montant de l'hypothèque (10 millions et des poussières d'intérêts) détenue par Zschokke, par une collectivité publique, s'il s'en trouve une assez masochiste pour s'en charger, ou par plusieurs collectivités publiques ensemble.


La cheffe du groupe socialiste au Conseil municipal, défendant la position officielle du PS dans "La Tribune", se félicite de ce que la Ville et ses habitants pourront bénéficier d'un beau parc aux Charmilles, grâce à l'échange de terrains lié à la construction du stade de la Praille (et à la démolition de celui des Charmilles).

Un beau parc, voui. Mais quand ? Quand Benedict Hentsch aura fini de construire les immeubles qui bordent le futur parc, route des Sports. Et quand la démolition des gradins aura été faite.

Un beau parc, voui. Mais sous quel nom ? Parc des Charmilles ? Non : Parc Hentsch. Alors que le terrain appartient à la Ville. Et la route des sports, on la rebaptise avenue Hentsch ? Et tout le quartier des Charmilles, quartier Hentsch ?

Pourquoi tant de Hentsch ?


Actualité annexe : un ancien membre du comité du Servette FC, Henri Gillet, propose le déménagement du Servette actuel (celui de l'association) de Balexert aux Evaux. Motif : Balexert tombe en ruine, malgré les promesses faites pour le restaurer (le restaurer, en effet, ça coûte. Et quand les ressources dont on disposerait pour cette restauration sont balancées dans le trou de la Praille, elles ne peuvent plus l'être pour restaurer, ni même entretenir correctement, les autres installations existantes). Il faudrait en gros cinq millions pour remettre Balexert à niveau (refaire l'éclairage des terrains, refaire les grillages, aménager un terrain synthétique, mettre les bâtiments aux normes de sécurité).

Selon Jean-Pierre Aeschlimann, cité par "La Tribune de Genève" (5 avril), les mystérieux investisseurs syriens qui, après le moins mystérieux (mais beaucoup plus rigolo) Joseph Ferraye, voulaient "sauver Servette", veulent toujours "sauver Servette". C'est plus le même Servette, mais ce sont toujours les mêmes mystérieux investisseurs syriens, prêts à injecter dans le centre de formation autour d'un million par année. Un premier rendez-vous avait été pris pour discuter avec eux, "mais il a dû être annulé", précise la "Tribune". ça commence très, très fort.


Le PDC s'est fendu d'une conférence de presse pour appeler les citoyennes et yens de la Ville à approuver le crédit de 2,5 millions de FS proposé, pour payer les factures excédentaires du stade, par le Conseil municipal de la Ville.

Argument massue : "On ne peut plus reculer, le stade est là". Et alors ? Que la Ville claque ou non deux millions et demi de plus dans ce trou, le stade sera toujours là. Et le trou aussi -de plus en plus profond le trou, et toujours aussi vide, le stade.

Pour le PDC, il est "logique que la municipalité participe au financement de la facture". Drôle de logique : il est "logique" que l'arnaqué participe au paiement des factures que l'arnaqueur n'a pas payé ? on croyait pourtant se souvenir que pour les chrétiens (démocrates ou non), le masochisme était une perversion...

Le Conseiller municipal Robert Pattaroni ajoute que "c'est le rôle des collectivités publiques de mettre en place des infrastructures". Droopy aurait pu ajouter que c'était leur rôle de mettre en place des infrastructures utiles, utilisables, correspondant aux besoins et à quelques critères minimaux de bonne gestion. Mais c'était du stade de la Praille dont il parlait. On en déduira donc que pour le PDC c'est "le rôle des collectivités" de mettre en place des infrastructures surdimensionnées, ingérables, inexploitables, condamnées à rester vides et à ne produire que des déficits.

Selon "Le Courrier", le PDC aurait ajouté que lorsque la municipalité aura participé au "financement de la facture" du stade, celui-ci devra être remis à la collectivité sous la forme d'une fondation de droit public. C'est pourtant la démarche inverse que propose l'arrêté que soutient le PDC : pas de financement municipal avant que ladite fondation soit créée (ce qui va prendre au moins une année, et impliquer, faites nous confiance, un référendum populaire). Bon, "Le Courrier" a peut-être mal compris les explications emberlificotées du PDC, mais si on ne peut plus croire ce qu'on lit des déclarations du PDC dans un quotidien qui fut quasiment celui de la curie épiscopale, autant se fier à "Genève Home Informations" pour être informé des actions de Christian Ferrazino...

Quant aux libéraux, il font encore plus fort que le PDC dans la contorsion politique (on ne trouve guère que des socialistes pour faire preuve de la même souplesse, quand ils nous expliquent qu'en tant que citoyens ils voteront "non" au crédit après qu'en tant que responsables politiques, il aient appellé à voter "oui").

Or donc, les libéraux ont déposé au Grand Conseil un projet de motion demandant que le stade de la Praille soit mis gratuitement à disposition des équipes de Première ligue (genre Servette-21) et de Challenge League (ça mange pas de pain, y'a aucune équipe genevoise dans l'ex LNB), histoire de creuser un peu plus les déficits d'exploitation du stade, sans remplir beaucoup celui-ci (2500 spectateurs pour le match Servette-Gd Lancy début mars...).

Les libéraux, fervents défenseurs de la réduction des dépenses publiques et de la réduction des subventions, n'en demandent pas moins qu'une subvention de 180'000 FS soit allouée dès 2006 à l'organisation de matches à la Praille, pour autant que les clubs utilisateurs ne soient pas des clubs professionnels. On voit le genre : FC Champ-Dollon contre FC Office des Poursuites, en Satus, ça irait ?

Et pour couronner le tout, les libéraux, fervents partisans de la réduction quantitative de la fonction publique et du blocage de l'embauche de nouveau personnel de l'Etat, demandent à celui-ci d'engager "sans délai" une personne capable d'organiser à la Praille des manifestations sportives ou culturelles. Ou autres. Enfin n'importe quoi, mais nom des dieux du stade, quelque chose, pour qu'on ait au moins l'impression, même fugace, que ce truc peut servir à autre chose qu'à pomper de la fraîche dans les finances publiques.

Résumons donc : les libéraux demandent d'engager du personnel supplémentaire sur le budget de l'Etat, d'allouer une subvention nouvelle sur le budget de l'Etat, et d'assurer la gratuité d'utilisation d'une infrastructure pseudo-publique.

On attend donc de l'Alliance de Gauche qu'elle propose une amnistie fiscale, des Verts qu'ils proposent à la Voirie de s'équiper de 4x4 et de l'UDC qu'elle soutienne la régularisation des sans-papiers. Et des socialistes qu'ils soient socialistes.


Les partisans du stade (et du crédit municipal de 2,5 millions) ont formé un comité "pour terminer le stade".

Ce stade, il ne faut pas le "terminer", il faut l'achever.

Le susdit comité explique benoîtrement que l'arrêté soumis au vote est le "fruit d'un compromis entre les partis de l'Entente et de l'UDC rejoints par le parti Socialiste". Le Parti socialiste, lui, explique que lors du vote au Conseil municipal il tenait "le couteau par le manche", que sans lui l'arrêté n'auraitt pas été voté, et que c'est grâce à lui que cet arrêté contient finalement des conditions politiques, la droite étant prête à claquer sans délai ni conditions un maximum de pognon dans le stade.

Résumons donc : la droite affirme que c'est elle qui mène le jeu et qu'elle a été "rejointe par le Parti socialiste", qui de son côté explique que, que nenni, le jeu c'est lui qui le mène et que la droite a été obligée de passer par là où voulait.

C'est le jeu du "qui nique qui" ?

 


Il semble que Marc Roger ait un nouvel avocat : Gilbert Collard. Oui, le Collard qui fut l'avocat de Richard Virenque, lourdé d'un Tour de France avec toute son équipe pour dopage, et qui, conseillé par le Collard, expliquait (en substance) que s'il s'était dopé, c'était sans le savoir. "A l'insu de son plein gré", comme le lui firent dire les "Guignols" de Canal+.

Roger conseillé par le conseiller de Virenque, on est bien parti pour bien se marrer avant, pendant et après le procès.

C'est aussi à l'insu de leur plein gré que les membres du Conseil de fondation du stade ont confié les clefs dudit stade à Roger.

C'est encore à l'insu de leur plein gré que tous les politiciens partisans du stade ont contribué à faire claquer par les collectivités publiques 40 millions de plus que prévu.

C'est enfin à l'insu du plein gré de tout le monde que le stade a coûté deux fois plus cher que prévu et qu'il accueille dix fois moins de public que prévu.

Mais ce ne sera pas à l'insu de leur plein gré que les citoyennes et citoyens de la Ville diront, peut-être, non à l'institutionnalisation de l'arnaque, le 24 avril prochain.

Quant à Marc Roger, il reste au trou -pas celui de la Praille, mais celui de Champ-Dollon. Le 22 mars, sa détention provisoire a été prolongée jusqu'au 30 avril. Il pourra donc fêter comme il se doit le résultat de la votation du 24 avril -quel que soit ce résultat.

Selon la Chambre d'accusation qui a décidé de prolonger la détention de Roger, celle-ci se justifie par des risques patents de collusion et de fuite.

Si on devait coller au gnouf tous les acteurs du feuilleton du stade entre lesquels les risques de collusion sont "patents", les institutions politiques genevoises seraient dépeuplées. Quant aux risques de fuite, on est toujours sans nouvelle de celle de 40 millions de fonds publics engloutis dans le Titanic de la Praille.


Le gardien de l'équipe de France, le "divin chauve" Fabien Barthez, en a sa claque du milieu du football professionnel.

Le 24 mars, deux jours avant le très nul (zéro-zéro, on peut pas faire plus nul) match France-Suisse au stade de France (match salué comme une éclatante victoire de l'équipe de Suisse par toute la presse helvète, ce qui en creux signale bien le niveau auquel on se situait), Fabien Barthez "déballe" (l'expression est du "Monde") : "Je pense aux supporteurs tarés qui agressent les joueurs, à certains jeunes de 20 ans qui, après trois matches, se prennent pour des stars, à tout un état d'esprit que je ne supporte plus".

Et Barthez de conclure : "ce milieu est de plus en plus pourri".

Putaing cong, Fabien, avant ta retraite, en 2006, viens nous rendre visite à Genève : on va t'en présenter un, de milieu, qui n'est pas pourri. Mais carrément moisi : celui des supporteurs du trou de la praille.


La Confédération alloue au sport un budget de 130 millions de FS. Sur quoi 26 millions vont directement ou indirectement dans les caisses du sport professionnel (autrement dit du sport-pognon), c'est-à-dire du sport qui n'a aucune légitimité à demander, et à recevoir de l'aide. Pour la formation des entraîneurs, à l'enseignement et à la recherche, on se contente de 20 millions. Et à la formation de la "relève" des sportifs de haut niveau, de 7 millions.

Moralité, la "pourriture" du milieu sportif professionnel n'attire pas les mouches, mais les millions.

Chaque année, la pratique du sport provoque 130'000 accidents, et quelques dizaines de morts. Ces accidents coûtent 1,3 milliards en traitements divers.

C'était notre rubrique : faites du sport, c'est bon pour la santé.

Il paraît qu'un stade maousse construit dans les année 80 par, pour ou dans la ville de Melbourne en Australie aurait assez rapidement été détruit faute de spectateurs et d'utilité. Sont fous ces Australiens : quand on a un stade vide et inutile, non seulement on le garde, mais on continue pendant 60 ans de le surpayer.

La Ville de Genève a placé sur la façade de la Mairie (Palais Eynard) les portraits de trois otages, Florence Aubenas et son accompagnateur irakien, otages en Irak, et Ingrid Bettancourt, otage en Colombie, pour manifester sa solidarité avec eux (elles et lui) et le mouvement de solidarité exigeant leur libération.

La Ville de Genève a placé sur la façade de la Mairie (Palais Eynard) les portraits de trois otages, Florence Aubenas et son accompagnateur irakien, otages en Irak, et Ingrid Bettancourt, otage en Colombie, pour manifester sa solidarité avec eux (elles et lui) et le mouvement de solidarité exigeant leur libération.

On attend donc que soient placés sur la façade du Stade de la Praille :

(l'idée de cette exposition des portraits des otages du stade nous a été partiellement suggérée par un Roger de nos amis, las de la "honteuse campagne de calomnie anti-Roger" à laquelle il nous reproche de nous associer; mais non, Roger, on a rien contre les Roger. On en a seulement contre ceux qui sont trop contents d'avoir trouvé un bouc émissaire marseillais pour le charger de leurs propres turpitudes genevoises...)


Dimanche 20 mars : le match entre le Servette des moins de 21 ans et le Grand Lancy attire 2500 spectateurs à la Praille.

Bon, 2500 spectateurs dans un stade de 30'000 places, ça rend pas le stade beaucoup plus utile. Mais ça n'est encore qu'un défaut de prévision : vu le vieillissement de la population, c'est pas sur le Servette des moins de 21 ans qu'il faut compter pour remplir le stade, mais sur le Servette des plus de 80 ans.

On attend donc le match Servette +80 contre Loëx.

Avec Grabataire des Hommes comme sponsor.


Jeudi 17 mars : après Marc Roger, le deuxième administrateur du SFC S.A., Olivier Maus, a été entendu par la police, puis un juge d'instruction, et inculpé (de gestion fautive). Mais contrairement à Roger, Maus a été relaxé, et n'a donc pas été conduit à Champ Dollon.

Explications possibles de la mansuétude à l'égard de Maus, relativement à Roger :

1. Maus étant l'héritier des grands magasins Manor (concurrents de Jelmoli), s'il a contribué à la chute du principal utilisateur du stade dont Jelmoli est l'un des "partenaires", c'est pour emmerder Jelmoli, et pas du tout par incompétence.

2. Maus est Suisse, alors que Roger est Français, et Champ-Dollon est essentiellement utilisée pour coffrer des étrangers. C'est l'explication du juge Tappolet : "M. Roger est un ressortissant français. Il y a un risque de collusion et un risque de fuite"...

3. Champ Dollon est pleine.

4. Explication officielle : si Maus a été inculpé, c'est pour gestion fautive, et non pour banqueroute frauduleuse, abus de confiance ou détournement de fonds. Et sa gestion fautive est la conéquence de son incompétence, pas de sa malhonnêteté.

Maus, c'est rien qu'un Mickey.


Deux anciens quelque chose (Claude Haegi, ancien Conseiller d'Etat, et Pierre Aeschlimann, ancien directeur général du Servette) ont eu une idée géniale : faire jouer un club de troisième division française, le FC Croix de Savoie, club de Gaillard, dans le Stade de la Praille, vu que le club n'a pas de stade et que le stade n'a plus de club. Haegi est enthousiaste.On ne s'étonnera pas de le trouver embarqué dans un tel projet : c'est lui qui affirmait le 27 mai 1999 devant le Grand Conseil, à propos du stade de la Praille, qu'avec le Servette et les entreprises engagées dans le projet de la Praille, "nous nous situons dans un milieu rigoureux au niveau de la gestion".

Aeschlimann est plus circonspect : "Il ne faudrait pas que le FCS vienne faire de l'ombre au Servette" ("La Tribune de Genève" du 12 mars 2005).

Faudrait pas, non. Avec Roger à Champ-Dollon (et Maus en liberté provisoire), Servette est déjà à l'ombre.


Le football français est dans le colimateur de la justice française. Et ça pourrait avoir des retombées à Genève : Canal+, qui est dans le colimateur du juge Van Ruymbeke, fut l'actionnaire principal du FC Servette jusqu'en 2002. Et d'étranges (mais juteux) transferts de joueurs attirent l'attention des enquêteurs : celui du joueur argentin Eduardo Tuzzio, par exemple.

En 2001, Bernard Tapie faisait son grand retour à l'OM de Marseille. Et Tapie voulait absolument Tuzzio dans son équipe. Mais l'équipe avait atteint son quota maximum de cinq joueurs non européens. Idée géniale de Nanar : Tuzzio est transféré au Servette, qui l'achète 3,687 millions de FS (on est dans le marché à bestiaux) puis, dans un deuxième temps, racheté par l'OM pour 4,505 millions de FS. Mais l'OM paie 8,2 millions, au lieu de 4,5 millions. Et on ne sait pas où sont passés les 3,7 millions de surplus...

Et deux autres joueurs sont passés par Servette avant d'être revendus à d'autres : le Brésilien Dill et le Slovène Skoro.


Marc Roger, double président de feues les sociétés anonymes du Servette FC et d0exploitation du Stade de la Praille a été arrêté le 14 mars à l'Office des poursuites de Carouge et incarcéré à Champ Dollon.

Officiellement, Roger est inculpé de banqueroute frauduleuse et gestion déloyale, sur plainte de plusieurs joueurs du SFC. L'autre administrateur du SFC, Olivier Maus, est aussi dans le colimateur de l'avocat des joueurs, voire de la justice.

Officieusement, nous sommes en mesure de révéler que le Conseil d'Etat entend confier l'exploitation de la prison de Champ Dollon à Marc Roger.

Roger a en effet fait ses preuves : lorsque la fondation du stade lui a confié la société d'exploitation dudit stade, celui-ci était aux trois quarts vide. Il a réussi à le vider complètement. Or Champ Dollon est surpeuplée. Seul Roger est apparu à Micheline Spoerri capable de vider la prison.

On est bien gouvernés.

La nouvelle entrée du Stade de la Praille (inaugurée le 14 mars 2005)


Encore un projet intelligent pour le stade de la Praille : y installer un "sablier du Millenium" qui trônait dans le centre commercial de Balexert depuis le printemps 2000. GHI indique que "contactés par la fondation du Stade", les concepteurs du mirifique sablier en question, proposent de l'installer sur le toit de la billéetterie du stade.

Rappel : ce fameux sablier était supposé marquer le pssage d'un millénaire (le deuxième) à un autre (le troisième). Mais comme ni ses concepteurs, ni les analphabètes qui l'avaient installé sur la Plaine de Plainpalais fin 1999, n'avaient compris qu'un millénaire se termine le dernier jour d'un millésime zéro (donc, en l'ocurrence, le 31 décembre 2000), et commence le premier jour d'un millésime un (donc, en l'occurence, le 1er janvier 2001) (puisque la première année du premier millénaire est l'an I, et qu'un millénaire, est-ce possible, compte mille ans...), le "sablier du millénaire" avait été installé, et avait annoncé le passage d'un millénaire à un autre, un an trop tôt.

Il est vrai que l'an 2000, avec ses trois zéros, ça faisait joli.

Et que donc planter le sablier des trois zéros dans un trou dont la profondeur en millions perdus se mesure avec sept zéros, ça s'imposait.

Et que l'installer sur le toit de la billetterie d'un stade vide relève d'une logique imparable.

Et que claquer encore 1,4 million pour cette action indispensable au bien public procède d'un sens aigu de l'utilité des investissements.

Exercice d'arithmétique praillesque :

Sachant que

calculez le nombre de zéros politiques siégeant

a. au Conseil municipal de la Ville

b. au Conseil municipal de Lancy

c. au Grand Conseil

d. au Conseil d'Etat


Servette (ou ce qu'il en reste, c'est-à-dire l'équipe des fauchés, des petits, des sans grades -bref, des amateurs, ou presque, de Première ligue) devra payer pour jouer au Stade de Genève, annonce le porte-parole de la fondation dudit stade, Mark Schipperjin. Bonne princesse, la fondation précise qu'elle ne fera pas payer la location du stade au Servette (elle se contente de vouloir en faire payer la construction aux collectivités publiques), mais que Servette devra couvrir les frais occasionnés par un match à la Praille.

On serait Servette, on irait jouer à Frontenex.

La fondation estime qu'au lieu des 40'000 francs demandés au Servette de ligue nationale pour jouer à la Praille (et que Servette ne payait d'ailleurs plus), elle pourrait se contenter de demander 6000 francs au Servette de première ligue. La différence tient au fait qu'on n'aura plus besoin d'éclairage pour les matchs en nocturne, vu qu'il n'y en aura plus (l'obscurité régnera sur le stade comme elle règne sur son financement), et que les frais de sécurité seront réduits puisque le public le sera aussi (il pouvait donc encore l'être).


L'exploration (attentive) des comptes du Servette par la presse genevoise ("La Tribune" du 4 mars, et "Le Temps" du 9 mars, notamment) se poursuit, dans l'allegresse générale et révèle que les administrateurs de la société anonyme de l'équipe phare du football genevois, par ailleurs résidente du stade phare de l'urbanisme genevois, avant que de l'être des bureaux phares de l'Office des faillites et du Palais de Justice, avait un sens certain de l'invention comptable.

En se basant sur le bilan intermédiaire de la SA du Servette au 31 décembre 2004, et ses comptes de profits et pertes du second semestre 2004, "Le Temps" écrit que le club était "condamné dès les premiers mois de son existence en raison du déséquilibre entre les recettes et les charges". De ce point de vue, rien ne ressemble plus au club que le stade dont il était club résident, à ceci près qu'il ne fallait même pas attendre les premers mois d'existence du stadenpour comprendre qu'il était financièrement "condamné" : nous l'avions annoncé avant même le premier coup de pioche, tant le projet était déséquilibré, financièrement absurde, surdimensionné et structurellement cafouilleux.

Selon un premier audit (succint) effectué par un expert indépendant, les recettes prévues par le budget 2004-2005 du SFC avaient augmenté de 138 % par rapport au budget (déjé surévalué côté recettes) de la saison précédente. En réalité, la perte opérationnelle du 1er juillet au 31 décembre 2004 (une demi-saison) a dépassé les 7,5 millions (soit une moyenne de 1,255 million par mois). Bref, chaque jour que les dieux du stade faisaient, Servette perdait 40'000 balles. Mais en claquait 1500 francs par jour en (250'000 FS en "frais de restauration VIP" (petites sauteries avec "personnalités" dans les bons -et chers- restaurants). Soit près de la moitié de recettes de billetterie. Amis spectateurs, sachez donc que la moitié du prix de votre billet a servi à payer les notes de restaurant des "VIP"...

Les joueurs, eux, n'ont pas été payés. A la Praille, le ballon de rouge coûte plus cher que le ballon de foot.

Autre question (angoissante) que se posent les journaux : qui va payer après la faillite du Servette S.A. "La Tribune" signale que l'ancien administrateur de la SA du Servette Olivier Maus avait signé le 19 mai 2004 un engagement "irrévocable" de verser 800'000 FS à la "Swiss Football League" (en züripidgin dans le texte) si le surendettement de Servette dépassait 2,2 millions au 30 juin 2005. C'est sur la base de ce document que l'autorité de recours pour l'octroi des licences en avait accordée une au SFC pour la saison 2004-2005.

Olivier Maus va-t-il casquer ? Y'a pas de raison : on est dans une histoire où personne ne paie (sauf les collectivités publiques, pour le stade).

Et donc, Maus se défausse (cherchez pas, y'a pas de contrepeterie) : "vous n'avez pas le bon papier, j'en ai signé un autre", déclare-t-il à "La Tribune".On est aussi dans une histoire où personne n'a le bon papier et où tout le monde signe d'autres papiers que ceux qu'ils ont déjà signé.

Quant à l'avocat de Maus, il trouve "inadmissible" que "la Tribune" soit en possession du (mauvais) papier signé par Maus, annonce qu'il en contestera la validité juridique, ajoute que c'est Roger qui a demandé à Maus de signer ce papier, mais que Roger a repris l'engagement de Maus à son compte le lendemain même. Rappelons qu'on est dans une histoire où les anciens copains comme cochons se font des procès et s'accusent mutuellement des pires vilénies.

Comme l'écrit le directeur de la coopération et du développement au Département fédéral des Affaires étrangères, Walter Fust, "Travailler en équipe, respecter l'adversaire, savoir gérer la victoire comme la défaite, observer certaines règles : ces valeurs dépassent largement le cadre du sport".

Et encore plus largement le cadre de la gestion financière. Pour entrer dans le cadre de la justice, civile ou pénale.


L'Union de Banques Suisses a vendu début 2005 pour 9,5 millions de FS son centre sportif de la Gradelle (plus de 15 hectares, avec quatre courts de tennis, une piscine, un terrain de basket, six jeux de boules, trois tables de ping pong, un restaurant). Il est prévu d'y construire des logements.

L'ex Société de Banque Suisse a vendu il y a quelques années son centre sportif du Pré-Babel, à la Gradelle.

En septembre 2003, le Crédit Suisse a vendu son centre sportif de l'Ermitage, à Chêne-Bougeries, à l'entreprise MSC, qui l'a affecté à l'usage de ses propres collaboreteurs et trices.

La Banque cantonale dispose toujours de son centre sportif à Conches, la banque LODH de ses deux courts de Tennis à la Gradelle, les Services industriels de leurs quatre courts de tennis à Chêne-Bougerie. Et la fondation du stade de Genève de son stade vide à la Praille.


Le 24 avril prochain, les citoyennes et citoyens de la Ville de Genève auront à se prononcer sur un crédit de 2,5 millions de francs destiné à payer les dettes liées à la construction du stade de la Praille. Le 24 février, la petite trentaine de militants socialistes de la Ville de Genève qui avaient consenti à se pencher sur cet objet (la quasi totalité des opposants déclarés, ou virtuels, ou rhétoriques, au stade ayant brillé par leur absence ont décidé (à quelques oppositions et queléques abstentions près) de soutenir ce crédit, fût-ce en se bouchant le nez (et les yeux, et la bouche, allouette...).

De leur côté, et le même jour, et au même endroit, et par une majorité de la même taille, les Verts ont confirmé leur choix inverse : celui de l'opposition au financement public de ce stade.

Englué depuis cinq ans dans le trou de la Praille, comme la majorité des formations politiques genevoise (les Verts et solidaritéS exceptés), le PS a donc décidé de ne pas s'en extirper. Et les Verts de ne pas s'y crotter.

Les socialistes avaient le choix entre trois prises de positions possibles :

Les socialistes de la Ville ont donc choisi de persister dans la position absurde qui est la leur, à l'égard du Titanic de la Praille, depuis des années. La réitération obstinée de l'absurdité étant constitutive de la naissance d'un dogme, il était en effet illusoire de s'y attaquer : la stadolâtrie vaut la virginité de Marie.

Un NON socialiste aurait certes pu être interprété comme un désaveu du groupe socialiste au Conseil municipal -et c'est probablement pour éviter d'exprimer ce désaveu, autant que par résignation à ce qui leur était présenté comme un fait accompli, que les socialistes de la Ville, tout sens critique ravalé, ont rejoint l'Entente dans le soutien à l'utilisation de fonds publics pour boucher les trous creusés à la Praille.

On rappellera que l'une des premières déclarations du nouveau représentant du Conseil d'Etat à la capitainerie du Titanic, Jean-Pierre Carera a été celle-ci : " le Stade de Genève ne doit plus être un objet de moquerie ". Carera a raison : le Stade de la Praille ne doit plus être un objet de moquerie. Il est temps qu'il devienne un objet de refus. Malgré le PS.


Le Jeudi 17 mars (20 heures 05), l'émission-phare de la TSR, "TEMPS PRÉSENT", se penchera sur le naufrage du Servette et la mise à l'eau (avant naufrage) du Stade de la Praille, avec de larges extraits (choisis par la TSR...) du film de Roland Pellarin, "Du Pain et des Jeux"

L'émission sera rediffusée sur TSR2 le vendredi 18 mars à 0 heure 50 et le lundi 21 mars à 10 heures 10 et 14 heures 40, ainsi que sur TV5 (à une date que nous ne connaissons pas)

La diffusion par la TSR du film, même tronqué, de Roland Pellarin est la conclusion (en forme de verre à moitié plein et donc à moitié vide) d'une longue suite de démarches, la TSR, pourtant co-productrice du film, ayant manifesté une extraordinaire mauvaise volonté en ce qui concerne cette difussion même, et ayant exigé du réalisateur de très nombreuses coupures, notamment celles des bandeaux de fin de film et d'une allusion à une "politique des petits copains" dans la construction du stade (on ne sait pas si ce sont le terme "politique", le qualificatif "petit" ou le substantif "copains" qui a choqué. Probablement "copains", vu que les "petits copains" évoqués, s'ils sont restée petits, ne sont plus copains du tout...). Le 17 novembre 2004, le rédacteur en chef des magazines d'information, Eric Burnand, annonçait encore que la programmation du film de R. Pellarin était "impossible". L'actualité servetto-praillesque a a décidé autrement. Marc Roger aura donc tout de même réussi à sauver quelque chose dans ce dossier : un bout de la liberté d'information.

La Commission des travaux du Conseil municipal de la Ville a rejeté le 23 février un projet du Conseil administratif de construire ou de rénover 35 WC publics pour un total de 13 millions de FS, soit 371'428,60 FS par chiotte. La même commission n'avait vu aucune objection à balancer 2 millions et demi dans le trou (sans couvercle) de la Praille.

Le Conseil administratif devrait confier la réalisation des WC publics une fondation privée, à Zschokke, Jelmoli et au Crédit Suisse, demander ensuite un crédit additionnel et extraordinaire pour payer les factures et proposer la transformation de la fondation privée des chiottes et fondation publique des chiottes publiques (slogan : "pour des fèces en main publique" : la commission des travaux n'y verrait que du feu.

Et quand on dit du feu, c'est pour éviter d'en rajouter sur la scatologie.


Après avoir déclaré forfait pour les deux premières rencontres de l'année 2005 en "superleague", le Servette d'"élite" a été définitivement retiré du championnat national.

En coulisses, on s'active encore pour tenter d'éviter que le SFC ne tombe en première ligue, avec les pelés, les pouilleux et les galeux des équipes amateurs, et puisse au moins s'accrocher à une bouée en "challenge league" (rappel : tant qu'on est dans les ligues sous-prolétariennes, le français est utilisé. Dès l'ancienne ligue nationale B;, on cause anglo-zurichois). Pour cela, il faudrait que la majorité des deux tiers des clubs de la "Swiss fottball league" (toujours en anglo-zurichois dans le texte) accepte de changer le règlement en cours de saison, pour complaire au Servette. Et il faudrait encore sortir au moins 4 millions de francs pour obtenir la licence (quand ils auront évacué le Liban, les investisseurs syriens pourront peut-être faire un geste). Et il faudrait encore que le président de l'Association du Servette, Francisco Vinas, soit d'accord de signer une convention entre son association et une future société anonyme du Servette à créer pour remplacer la société en faillite, puisque dans le sport d'"élite", la société anonyme, la plus anonyme possible même, est de rigueur. Si le mot "rigueur" signifie encore quelque chose pour les crocodiles qui s'ébrouent dans cette soue.

Bref, actuellement, Servette reste en première ligue. Et si Servette reste quelque part et ne disparaît pas puirement et simplement , c'est grâce au choix de Francisco Vinas de maintenir une séparation rigoureuse entre son association et la SA de l'équipe professionnelle. C'est la bonne moralité de l'histoire : celle qui voit, à la fin, le foot amateur rester seul sur le terrain vidé du foot pognon.


L'ouverture du nouveau stade du Wankdorf à Berne est prévue le 31 juillet 2005. Elle va intensifier la concurrence entre les villes suisses disposant d'un stade (de préférence surdimensionné par rapport à leurs besoins). Et comme Berne est à la fois la capitale fédérale et la "grande" ville la plus centrale du pays, ça réduira les possibilités de Genève d'accueillir dans son trou de la Praille les matchs internations que les quémandeurs de la fondation du stade tentent d'arracher aux "instances compétentes".

Réelection à l'albanaise (époque Enver Hodja) à Berne : le président central de l'Association suisse de football, Ralph Zloczower, a été réélu par acclamation. Avec le soutien de la ligue "amateurs" de foot, alors que les subventions pour la formation de joueurs ne sont attribuées qu'aux clubs professionnels de "superleague".

Masochisme et copinage sont les deux mamelles du sport professionnel.


L'une des âneries les plus couramment lues et entendues après le naufrage du Servette tient en l'accusation portée contre les collectivités publiques en général, et la Ville en particulier, de ne "rien faire pour le sport".

Rappelons que le budget 2004 de la Ville prévoit 46,591 millions de dépenses pour le département des sports (et de la sécurité, mais ces 46,591 millions ne concernent que le sport), avec 4,158 millions de recettes à la clef, soit un débours de plus de 42 millions pour la seule Ville de Genève.

Pour les stades et les salles de sport, le même budget prévoit 14.536 millions de charges, et 998'000 francs de revenus, soit plus de 13,5 millions de débours.

S'agissant des subventions, le même budget prévoyait, pour les sports et la sécurité, un total de 6,287 millions de subventions. 150 clubs sportifs, associations sportives, fédérations sportives, manifestations sportives etc... reçoivent des subventions de la Ville. Tous les sports sont représentés dans la liste des bénéficiaires de ces subventions, depuis la pétanque jusqu'aux échecs en passant par le canoë et le tir à l'arc, et évidemment le football.

Pour le football, reçoivent des subventions de la Ville (en 2004) : L'Association cantonale genevoise de football (trois subventions, dont une exceptionnelle pour son 100e anniversaire), l'association Genève Servette FC, l'association genevoise de football corporatif, le FC Saint-Jean, l'UGS FC, l'Athlétique Regina FC.

Si les citoyennes et citoyens de la Ville devaient, le 24 avril, dire "oui" au crédit municipal de 2,5 millions pour le stade de la Praille, un nouveau sport s'ajouterait officiellement (officieusement, c'est déjà fait) à la liste de ceux déjà subventionnés par la Ville : le lancer de fonds publics.

L'avocat d'une trentaine de joueurs du Servette, François Canonica, annonce son intention de déposer (dans les prochaines semaines) des plaintes pénales contre les administrateurs de la S.A. du Servette, Marc Roger et Olivier Maus. Les joueurs, explique François Canonica ("Tribune de Genève" du 18 février), veulent "savoir quelles sont les responsabilités et les fautes des uns et des autres" (bonne chance !).

Depuis l'arrivée de Marc Roger à la tête de la SA du Servette, celle-ci a fonctionné avec deux administrateurs : Marc Roger lui-même et Olivier Maus (du 11 août 2004 au 28 janvier 2005). Un administrateur peut être tenu sur ses propres biens responsable de toute aggravation du surendettement d'une entreprise quand ce surendettement dépasse la moitié du capital action et qu'un juge n'en a pas été averti.La question est dès lors de savoir si la faillite du Servette est le résultat d'une gestion fautive (pour user d'un euphémisme), dont Roger et Maus seraient pénalement responsables. Pour François Canonica, c'est le cas : "des comportements relevant du droit criminel ont été adoptés". En outre, l'avocat annonce qu'après la procédure pénale, des procédures civiles seront engagées. On n'a donc pas fini de rigoler.

François Canonica relève qu'alors que la société était "sans doute déjà en surendettement", elle a "massivement" engagé des joueurs "très coûteux" et a pris des obligations contractuelles portant sur des sommes "considérables", ce qui a "fortement" augmenté les dettes et provoqué une crise de trésorerie.

En délivrant de fortes pensées ("Toute fin est aussi un début", "L'avenir est plus important que le présent"...), que nous invitons évidemment nos lecteurs à méditer, les toujours anonymes "investisseurs syriens" ont annoncé urbi et orbi leur intention de soutenir l'Association du Servette (qui tourne avec 1,5 millions par an) et le centre de formation du Servette, à Balexert, qui n'est pas touché par la faillite de la SA du club de "superleague". Les Syriens ajoutent qu'ils ont toujours l'intention, une fois que Servette sera "remonté en Challenge League", c'est-à-dire en Ligue nationale B, de créer une nouvelle société anonyme, dont ils seraient propriétaires. Mais d'ici là, l'eau de l'Arve a le temps de couler sous les ponts du quartier de la Praille.

Il semble que le facteur déterminant du renoncement des Syriens à "sauver le Servette" ait été un complément au rapport d'audit sur la situation réelle de la SA du club, laissant planer un lourd doute sur la sincérité des comptes au 31 décembre 2004. Les Syriens affirment pourtant avoir été disposés à injecter 28,5 millions de FS en deux ans dans le club ("Tribune de Genève" du 17 février). Faut-il comprendre que le trou financier du club dépassait cette somme ? De ce point de vue, c'est "Servette et le Stade même (douteux) combat" : un combat pour l'opacité financière...

La fillite de la SA du Servette n'est pas, nous l'avons déjà dit, la disparition du Servette. Le nouvel "homme fort" du club (parce que le club est toujours là) est désormais Francisco Vinas, président du Servette association et, de fait, du centre de formation de Balexert.

Quant au Stade, "rien ne s'oppose" à ce qu'il soit utilisé pour accueillir les matches du Servette de première ligue, a déclaré ("Le Temps" du 17 février) Pascal Chobaz, membre du Conseil de fondation du Stade de Genève. Pascal Chobaz ajoute qu'on pourra réduire "au maximum" les coûts d'utilisation du stade, puisque pour des matches de première ligue, on n'a pas besoin "d'un grand déploiement policier" et qu'on peut se contenter d'ouvrir "une seule tribune".

C'est bien pensé. On avait avec le Servette de "superleague" un stade aux trois quarts vide, on aura avec le Servette de première ligue (puis, éventuellement, si tout va bien, de ligue B) un stade vide à 90 %. On aurait pu tout aussi bien se contenter de rénover le charmant stade de Frontenex plutôt que de se goinfrer le mammouth de la Praille.

"Le Temps" annonce qu'une délégation de la fondation du Stade (qui a repris l'exploitation du monstre, avec le concours -sûrement désintéressé- de la firme Aton) va tenter le 28 février de convaincre le comité central de l'Association suisse de football d'organiser à la Praille une rencontre éliminatoire de la Coupe du Monde, avec l'équipe de Suisse, le 3 septembre contre Israël (les investisseurs syriens sont cordialement invités) ou le 8 octobre contre la France (avec un arbitrage de Marc Roger ?).

Il est vrai que ce stade a une solide expérience en matière d'éliminations : il a d'abord éliminé le public, il a ensuite éliminé soixante millions de fonds publics, il a enfin contribué à éliminer Servette. A la place de l'équipe de Suisse, on s'inquièterait.

La Fondation va également demander à l'Union européenne de football (UEFA) d'organiser en 2006 la finale de la "supercoupe", qui oppose le vainqueur de la Ligue des champions à celui de la Coupe de l'UEFA. Et la finale opposant l'équipe de l'Office des faillites à celle de la Brigade financière de la police, elle est prévue pour quand ?


Feuilleton servettien : on joue les prolongations. Aucun émissaire des "investisseurs syriens" ne s'est présenté le 14 février au greffe du tribunal pour déposer un recours contre le jugement de faillite, et c'est par la poste que la garantie bancaire de quinze millions aurait (parce qu'on n'en est même pas sûrs) été adressée au juge de la cour d'appel. Qui devra vérifier aussi minutieusement que possible la provenance des fonds avant de décider, éventuellement, de suspendre la faillite. L'appel a formellement été déposé par l'avocat Nicolas Droz, pour le compte d'un créancier de la SA du Servette, Touriscar.

Sur les toujours mystérieux investisseurs syriens candidats à la reprise de la SA du Servette, "Le Temps" (12 février) donne quelques renseignements : ils seraient personnnifiés par un "duo plutôt disparate" formé d'un homme d'affaire qui se "fait appeler docteur Bachar" -titre et nom portés un temps par l'actuel président syrien, fils de son père, Bachar el Assad- et du "vrai bailleur de fonds", dont aucun nom ne nous est donné, mais qui serait "actif dans l'import-export". L'import-export de quoi ? Mystère et balle de match... Les Syriens viendraient à Genève pour "diversifier leurs investissements", Servette étant "le pionnier dans une opération à deux branches qui se veut novatrice". Ce qui ne signifie pas grand chose, puisque l'avocat des joueurs du Servette, François Canonica, rappelle qu'il n'y a pas d'investissement rentable possible dans un club de football en Suisse, qu'on ne peut qu'y "perdre de l'argent" et qu'y investir quoi que ce soit relève du "mécénat pur et simple". Or pour effacer l'ardoise du Servette, il faut casquer plus de 20 millions (dont 7,5 millions de "perte opérationnelle" accumulée en six mois, du 1er juillet au 31 décembre 2004...). Soit cinq millions de plus que ce qui a été jusqu'à présent promis par les "mystérieux Syriens".

Dans "La Tribune de Genève", Jean-Noël Cuenod se demande "pourquoi donc ces investisseurs proche-orientaux s'intéressent-ils tant à Servette ?", et laisse répondre (évasivement) un "banquier genevois", qui relève que "les financiers arabes désinvestissent massivement les Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001" par crainte de voir leurs fonds séquestrés par les autorités américaines au moindre soupçon, et "diversifient leurs placement". Lesquels placements "transitent souvent par Genève qui demeure une place financière attractive". Et notre banquier de poursuivre : "il n'est donc pas étonnant qu'un groupe de financiers d'origine syrienne ou autre veuille s'implanter à Genève", ni que "ce groupe conserve son anonymat".

Mais avouez qu'il serait assez farce que l'on découvre finalement que ces financiers sont aussi ceux de réseaux islamistes...

Quant au sort du Servette, le nouveau représentant de l'Etat au Conseil de fondation du stade, Jean-Pierre Carera (par ailleurs président du Conseil d'administration de l'Arena) assure qu'une faillite du club offrirait "l'occasion d'une réflexion en profondeur" sur l'avenir du stade. Dommage, cependant, que cette "réflexion en profondeur" n'ait pas été entamée avant la construction du stade...).

Carera affirme ("Le Matin" du 8 février) qu'un producteur se spectacles "se tient prêt, cette année, à organiser un concert à la Praille", mais ne peut "pour l'instant" rien dire de ce "projet très sérieux" (un de plus) : ni quand aura lieu ce concert, ni avec qui.

Nous pouvons cependant évoquer un projet du comité référendaire contre le crédit municipal de 2,5 millions, soumis au vote en Ville de Genève le 24 avril : l'exécution du "Requiem" de Verdi par l'orchestre philarmonique de Damas, le lundi 25 avril 2005...

Si l'orchestre devait être réduit à deux solistes, le requiem pourrait être réduit au "lacrymosa"...


Le 4 février, le juge Patrick Chenaux, président de la Chambre commerciale du Tribunal de première instance de Genève, a prononcé la double faillite de la Société anonyme du Servette FC et de la Société anonyme d'exploitation du Stade de Genève, pour cause de surendettement. Dans la journée, l'Office des poursuites et faillites a changé les serrures des locaux administratifs et de la boutique du Servette

Cette faillite est encore contestable par appel (recours dans les dix jours) à la Cour de Justice, qui peut accorder un sursis concordataire, sur la base d'un projet financier clair, solide et incontestable. C'est-à-dire quelque chose dont personne n'a vu jusqu'à présent l'ombre de la couleur. L'appel n'a cependant aucun effet suspensif a priori : pour obtenir une suspension de faillite, les recourants (les sociétés mises en faillite) doivent éteindre les dettes et prouver la viabilité de leur société.

En outre, l'assemblée des créanciers des deux sociétés pourra se prononcer sur d'éventuelles propositions de repreneurs potentiels (Syriens anonymes ou extincteurs de puits de pétrole mythomanes, par exemple).

Par cette double faillite, le stade, déjà sous-utilisé, perd son principal utilisateur (le Servette) et son exploitant.

L'utilisateur ne sera pas remplacé. Le stade sera donc encore un peu plus vide.

Par contre, l'exploitant a été remplacé : c'est la fondation propriétaire du stade qui s'est auto-proclamée exploitante, sur injonction du canton (dont les représentants avaient pourtant proclamé qu'il n'était pas de la mission de l'Etat d'exploiter un stade).

En revanche, la faillite de la SA du Servette n'entraîne pas la disparition du club, puisqu'elle ne concerne que la société chapeautant l'équipe professionnelle. Les autres équipes servettiennes ne sont pas touchées.

Quant aux conséquences sportives de la mise en faillite du SFC (SA), si aspect sportif on peut encore trouver dans cette histoire, elles sont d'abord la promotion du FC Meyrin (présent en "Challenge League", en français : "Ligue nationale B") au rang d'"équipe phare" du canton, ensuite une fin de championnat suisse à neuf équipe en "Super League" (en français "Ligue nationale A"), enfin une relégation du Servette en première ligue.


Depuis le 1er février, l'exploitation du Stade de la Praille est passée des mains défaillantes de la Société d'exploitation présidée par Marc Roger à celles (guère plus fermes) de la Fondation du Stade elle-même, qui avait déjà joué ce rôle d'exploitant en 2003, avant que Marc Roger ne prenne la Société d'exploitation en même temps que le Servette.

Mission (impossible) assignée à l'équipe qui reprend l'exploitation du stade : redresser l'image de l'installation dans le public (y'a du boulot), et cela avant le 24 avril (date du vote municipal sur le "prêt" de 2 millions et demi de la Ville de Genève à la fondation), et trouver des clients pour l'organisation d'"événements" dans l'"event center" (pas terminé) de la Praille. Mark Schipperjin, haut fonctionnaire du DAEL, ex-président intérimaire de la fondation et toujours membre du Conseil de ladite fondation, explique à l'ATS que les "nouveaux" exploitants (qui sont donc les anciens) se donnent jusqu'à fin 2006 pour atteindre leurs objectifs.

Ce sont pourtant les mêmes qui clament sur tous les tons depuis des semaines que le stade risque d'être vendu aux enchères dans les mois à venir...

Il est vrai que c'étaient aussi les mêmes qui affirmaient juste après l'inauguration du stade que la mission des collectivités publiques n'est pas d'exploiter un stade. Ce qu'ils affirment pourtant vouloir et pouvoir faire maintenant.

Quant à Marc Roger, lâché comme une vieille chaussette par son fringant avocat Dominique Warluzel (par ailleurs ancien président du Servette), le toujours président du susdit Servette à l'heure où ce bulletin est rédigé (soit le 2 février à 23 heures) a dû se trouver un autre avocat. Chose faite en la personne d'Alain Marti, également défenseur du mirifique sauveteur d'un jour du Servette, Joseph Ferrayé.

Le dernier actionnaire important du Servette, Michel Coencas, a par ailleurs affirmé qu'il détenait toujours 30 % des actions de la SA du club, vu que Roger, qui en avait négocié le rachat, ne les a jamais payés. Roger serait cependant toujours majoritaire (à 57 %) dans la SA du Servette, à moins que son ex associé Lorenzo Sanz, qui a pris 20 % des parts de la société détentrice des actions du Servette (société créée par Roger) ne les détienne toujours, ce qui ferait tomber la part de Roger en dessous des 50 % (autour de 46 %). Roger serait toujours le principal actionnaire de la SA du club, mais ensemble, les autres actionnaires (Coencas, Sanz, Vinas, Weiller et Maus) seraient majoritaires. Majoritaires dans une société dont les pertes avoisineraient, selon le rapport de la fiduciaire Berney, les 12,5 millions.

Les repreneurs potentiels du club, moyen-orientaux, vraisemblablement syriens (pourquoi pas ?) mais (au 2 février) inconnus, se disent prêts à y investir 25 millions de FS dans les deux ans à venir et développant un projet commercial, en créant des postes de travail et en assurant des rentrées d'argent pour le Servette FC. En changeant l'eau du lac en vin, aussi ?

Et tout ça par amour pour Genève, ville de paix, et pour créer un "pont culturel" avec le Moyen Orient. Le "pont culturel" avec le Moyen-Orient, c'est presque aussi beau que la traversée de la rade. Ou qu'un tunnel de la Praille à l'Office des faillites.


Bal tragique à la Praille : trois victimes

1. L'ancien Conseiller d'Etat Gérard Ramseyer, qui avait été bombardé responsable de l'organisation des matches de l'Euro 2008 à Genève, a été, fin janvier 2005, viré de ce poste, où il aurait pourtant pu donner toute la mesure de ses compétences (sur l'air de : "le G8 vous a plu ? Ne manquez pas l'Euro 2008"), et où il a été remplacé par l'ancien chef de la police, Laurent Walpen. En tant que "Monsieur Euro 2008", Ramseyer siégeait au Conseil de fondation du Stade de Genève -mais il y représentait l'Etat, et c'est contre les instructions de l'Etat qu'il avait voté pour que les clefs de la société d'exploitation du stade soient remises à Marc Roger en même temps que celles du Servette.

2. Marc Roger, président des S.A. du Servette et d'exploitation du stade, est en cure de repos, après avoir déposé plainte contre des supporters genevois qu'il accuse d'avoir tenté de le menacé physiquement et de l'avoir menacé de mort. Les supporters évoluent (lentement) : il y a quelques années, ils se promettaient, pour défendre la construction du stade, de "pendre les écologistes au dernier arbre" (celui, sans doute, d'où eux-mêmes venaient de descendre). Roger affirme avoir dû quitter son hôtel car des personnes l'y cherchaient. Dans l'après-midi du 26 janvier, Roger avait dû quitter le stade de la Praille sous escorte policière. Il a ensuite accusé un ancien membre de la "section grenat" (les supports les plus bas de plafond) et l'ancien responsable du marketing du Servette d'encourager des supporters à lui envoyer des menaces de mort par SMS sur son portable. Résultat : à la clinique de Genolier (où devait encore se trouver André Hediger...), un médecin lui a prescrit une "cure de repos intensive".

3. Le secrétaire général du Parti radical genevois, Bernard Favre, fait l'objet d'une plainte pénale pour diffamation, voire calomnie, plainte déposée par la section genevoise (et la section argovienne) de l'Association Transports et Environnement, que l'apparatchik radical avait accusé (dans la "Tribune de Genève", le 7 décembre 2004) de pratiquer le racket en déposant des recours pour en monnayer ensuite la retrait. Polémique à replacer dans un stade, puisque née à Zurich, après que le projet de nouveau stade du Hardturm, à Zurich (là aussi le Crédit Suisse est dans le coup), ait été bloqué par des recours. On notera avec intérêt que le stade de la Praille semble être un biotope particulièrement favorable aux radicaux genevois : c'est un ancien Conseiller d'Etat radical (Ramseyer) qui a contribué, au sein du Conseil de fondation du stade, à refiler la société d'exploitation à Marc Roger... c'est un ancien Conseiller administratif radical (Rossetti) qui est alllé actionner le tribunal fédéral pour empêcher que l'initiative "pour un stade raisonnable" soit soumise au peuple... et c'est un Conseiller municipal radical (Maudet) qui a fait des pieds et des mains pour que la Ville accorde un financement supplémentaire à la fondation du stade, sans, au départ, poser la moindre condition à ce financement...

Bal tragique à la Praille : un nouveau pompier

L'avocat Jean-Pierre Carera a été nommé par le Conseil d'Etat à la présidence du Conseil de fondation du Stade de Genève. Il y remplace Mark Schipperjin, haut fonctionnaire du Département de l'Aménagement, de l'équipement et du logement, qui avait lui-même remplacé (au pied levé) le Conseiller administratif André Hediger.

Bal tragique à la Praille : les rats quittent le navire

Dans le même temps (ou presque), l'avocat genevois du président du Servette (SA) et de la société d'exploitation du stade (SA) annonce qu'il lâche son client. Warluzel, lui-même ancien président du Servette, explique qu'à partir du 25 janvier il cessera de défendre les société anonymes du Servette et de l'exploitation du stade "et par conséquent leur propriétaire, Marc Roger", car "le lien de confiance qui doit unir l'avocat à son client a été rompu".

Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c'est le vent (proverbe éolien)


  • 21 janvier 2004 : Le juge de la Chambre de commerce du tribunal de première instance de Genève repousse au 31 janvier la décision (finale ?) sur la mise ou non en faillite de la S.A. du Servette FC (et avec elle, de la SA d'exploitation du stade ?). Une demande en sursis concordataire émanant d'un créancier du Servette a maintenu en survie temporaire les deux sociétés anonymes. La demande a été formulée par un avocat, représentant à la fois une entreprise créancière et un groupe de repreneurs potentiels.
  • 24 janvier 2004 : après des semaines de bouffonneries diverses et variées autour du sort du Servette FC (S.A.), on bascule dans la poésie pure, avec l'annonce par Marc Roger du "sauvetage" de l'équipe, pour les cinq ans à venir, grâce à l'apport miraculeux de 147 millions de FS investis par Joseph Ferraye, inventeur libano-austro-corse d'un système d'extinction des puits de pétrole en feu (et de renflouage des équipes de foot naufragées).

Ferraye promet 17 millions pour le 25 janvier, 20 millions par saison pendant cinq ans, 20 millions pour un centre de formation et 15 millions pour payer les travaux effectués et à effectuer dans le stade... Le total dépasse de cinq millions les 147 millions promis ? Aucune importance : quand on aime on ne compte pas, et de toutes façons, Ferraye n'a pas un sou (sa fortune, virtuelle, consiste en une créance hypothétique)...

Pendant ce temps, un "mystérieux investisseur" est annoncé. Lui aussi en provenance du Moyen-Orient, terre de tous les miracles, de tous les mirages, des souks et des marchands de tapis. A la tête d'une société d'investissement, Aladin, Sindbad ou Ali Baba préparerait l'installation de sa société à Genève "dans des bureaux luxueux" (tant qu'à faire). Et serait prêt à reprendre le Servette FC à condition qu'on lui amène la tête de Marc Roger sur un plateau. Bref, on a commencé par les contes des Mille et une nuits, et on continue par Salomé.

Mais peu importent ces triviaux détails à ceux pour qui "la Ville doit payer". D'où comme une sorte de chantage : si la Ville ne paie pas, il faudra mettre le Stade aux enchères, et les collectivités publiques d'accord de payer (le canton et Lancy, bonnes poires) devront le racheter pour éviter de le voir "tomber dans des mains privées". Mais qu'il y tombe ! Et qu'il y reste ! Et qu'il leur pèse, plutôt que sur les finances publiques !

Car on ne voit pas au nom de quoi des collectivités publiques devraient se sentir tenues de racheter un équipement dont elles n'ont pas besoin, dont elles savent qu'il ne sera jamais ni rentable, ni pleinement utilisable, et dont la durée de vie n'excède pas cinquante ans...

Le commentaire de la journaliste de la "Tribune" était titré "Le roi Ubu au stade de la Praille". C'était un bon titre : le Roi Ubu maniait comme personne la pompe à phynances. Et c'est bien cet instrument là que l'on appelle les citoyennes et les citoyens de la Ville à faire fonctionner... pour remplir un puit sans fonds.

Le Stade de la Praille a été bâti en priorité pour le football, et le football, à Genève, c'est d'abord le Servette FC. On a donc bâti un stade de 30'000 places pour les 7000 spectateurs des matches d'un club en état de cessation de paiement…

Un million et demi (ou plus) par an pour quoi ? pour rien. Pour avoir un stade de football sans football, sans équipe, sans footballeurs et sans spectateurs. Et le même Conseiller d'Etat d'ajouter que " le stade est fait pour durer soixante ans " et qu'il prendra " tout son sens avec le temps ". En effet : dans soixante ans, ce stade sera pourri, et à démolir. C'est tout son sens. Et pendant soixante ans, il n'aura pratiquement jamais servi à rien. Sauf à pomper dans les caisses publiques.

Coûts : 115,8 millions FS (dont 69,8 millions correspondent au projet initial)

Travaux à terminer : 900'000 FS

Total (provisoire) des charges : 116,7 millions FS

Produits : 99,2 millions FS (dont 38,4 millions provenant des collectivités publiques)

Volume du trou : 17,5 millions FS

Manco : Au moins 10 millions de FS (déduction faites de la TVA et des provisions)

Une faillite de la SA du Servette et de la SA d'exploitation du Stade impliquerait que leurs dettes envers la Fondation du Stade, et donc envers les différentes entités publiques ayant financé le mammouth ne seront vraisemblablement jamais honorées. Le SA du club paie (ou plutôt devait payer, mais n'a jamais payé) un loyer à la SA d'exploitation, qui paie (ou plutôt devait payer) une redevance à la Fondation).

Devisé initialement à 64 millions de FS, le Stade de Genève en a coûté (au 31 décembre 2004) près du double : 116,7 millions. 99,2 millions ont été apportés par les partenaires du " tour de table initial " :

Soit au total 38,4 millions des collectivités publiques

Fin mai 2004, le coût de la construction du Stade de la Praille dépassait déjà les 100 millions, dettes non comprises. Entre 1999 et l'été 2004, la facture du stade est passée de 92 à 117 millions. En décembre 2004, le Conseiller d'Etat Laurent Moutinot se refuse à articuler le montant que l'Etat, qui a déjà englouti 46 millions dans le stade (qui, Moutinot dixit , a déjà coûté " beaucoup d'argent aux contribuables "), va encore y verser : " c'est suspendu à l'issue du référendum sur les 2,5 millions de francs que la Ville de Genève a prévu de payer ". Argument de poids pour le référendum : si le prêt de la Ville est accepté par les citoyennes et les citoyens, d'autres millions suivront… Il en manque au moins vingt pour terminer les arènes (le canton, en pleine crise budgétaire, s'apprête à casquer une fois de plus) -et leur exploitation, chaque année, sera déficitaire, d'où quelques millions supplémentaire à intervalles réguliers… La socialisation des pertes (et la privatisation des bénéfices), c'est encore plus beau quand c'est prôné par des socialistes.


Présenté le 28 octobre, le rapport de la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil met en évidence les carences politiques et les amateurismes de gestion qui ont marqué l'entier déroulement du feuilleton du "Stade de Genève" :


Fin septembre 2004, la SESGE a reçu de la part de Jelmoli (La Praille SA) un avis de résiliation de bail pour les locaux administratif, avec effet fin octobre. Motif : la SESGE ne paie plus ses loyers depuis janvier 2004 et doit environ 200'000 FS à Jelmoli. Marc Roger explique qu'il ne veutnpas payer un loyer de 30'000 FS par mois pour exploiter des locaux inutilisable, car non terminés, comme ceux de l'"Event Center". Quant à Jelmoli, son directeur, Alain Rolland, rétorque que la SESGE a signé un contrat pour une exploitation des locaux "en l'état", que Marc Roger a repris ce contrat et que dès lors il n'y a aucune raison pour qu'il ne paie pas...


  • Le 7 décembre 2004, le Secrétaire du Parti radical genevois, Bernard Favre, accuse dans "La Tribune de Genève" l'Association Transport et environnement (ATE) de "racket" et d'"abuser" de son droit de recours pour en monnayer le retrait afin de se financer. Or non seulement l'ATE n'a jamais touché un sou en échange du retrait d'un recours, mais les indemnités qu'elle obtient parfois se basent sur des directrives fédérales (DETEC) et ne servent qu'à couvrir des frais de négociations. Dans le cas du Stade de Genève, l'ATE avait fait recours contre le projet initial de centre commercial, mais ce recours avait permis d'améliorer la desserte du souk par les transports publics, et n'avait entraîné aucun retard dans l'achèvement du projet. Penaud, le secrétaire général du parti radical admet que le terme de "pressions" conviendrait mieux que celui de "racket" et avoue ne pas connaître tel dossier auquel il faisait allusion (celui du centre commercial de Balexert). Il lui reste encore à prendre conscience que la possibilité donnée aux associations (y compris d'ailleurs à des associations comme le TCS) de saisir la justice est la seule garantie que la loi soit respectée, lorsque des intérêts économiques importants sont en jeu (comme dans le cas de la construction d'un centre commercial, superfétatoire, ou d'un stade, surdimensionné).

Le Conseil d'Etat s'inquiète pour le Stade de Genève

ATS - 25.08.2004, 22:18
GENÈVE - Le Conseil d'Etat genevois s'inquiète de la façon dont le
propriétaire du Servette FC, Marc Roger, gère le Stade de Genève. Des
problèmes de sécurité ont surgi, notamment lors d'un match entre l'OM et
Benfica Lisbonne, et des factures restent impayées.
 
La Société d'Exploitation du Stade de Genève (SESGE), dont Marc Roger a
pris le contrôle au printemps dernier, n'a ainsi toujours pas versé la
redevance de 95 000 francs due au 30 juin 2004 à la Fondation du Stade de
Genève (FSG). Sans cet argent, la FSG ne se trouve plus en mesure de faire
face à ses obligations.
 
Le Conseil d'Etat genevois a aussi rappeler que le 30 juillet dernier, lors
du match opposant le Servette au FC Bâle, l'écran géant installé dans le
stade est resté noir car la société prestataire des services audiovisuels
n'avait pas été payée par la SESGE.
 
Depuis la reprise de la SESGE par Marc Roger, plus aucun évènement
d'importance majeure autre que les matches du Servette FC (SFC) n'a été
organisé dans le Stade de Genève. De même, a ajouté le gouvernement
genevois, rien n'est fait pour exploiter l'Event Center, pourtant source de
revenus pour la SESGE.
 
Le Conseil d'Etat menace de reprendre les choses en main si la gestion du
Stade de Genève continue de se faire à la petite semaine. Il a en tout cas
fait savoir mercredi qu'il se réservait le droit d'intervenir si les
conditions d'exploitation mises en place ne sont pas respectées.

Stade de Genève : le Conseil d’Etat exprime sa vive préoccupation

Conseil d'Etat - Point de presse du mercredi 25 août 2004
Le Conseil d'Etat a pris connaissance des difficultés que la Fondation du
Stade de Genève (FSG) rencontre dans le cadre de ses relations avec la
Société d’Exploitation du Stade de Genève (ci-après SESGE). Il est inquiet
de la situation générale et des nombreux problèmes qui ont surgi depuis la
reprise de la SESGE par Monsieur Marc Roger, notamment en matière de
gestion de la sécurité. Le Conseil d'Etat se réserve le droit d’intervenir
si les conditions d'exploitation mises en place pour le Stade de Genève ne
sont pas respectées.
 
Le Conseil d’Etat invite dès lors Monsieur Marc Roger à répondre aux
légitimes questions posées par la FSG dans ses divers courriers, restés
tous sans réponse, et notamment à celui du 4 août 2004. Il invite également
Monsieur Marc Roger à respecter les engagements qu’il a pris vis-à-vis de
la FSG, notamment quant au paiement des redevances dues à la FSG par la
SESGE. En effet, sans le paiement de ces redevances, la FSG n’est pas en
mesure de faire face à ses obligations et il n’appartient pas à la
collectivité publique de se substituer à l’exploitant actuel.
 
Le Conseil d'Etat soutient par ailleurs les efforts considérables ainsi que
toutes les démarches entreprises par le Conseil de la FSG, afin de résoudre
tant les problèmes de financement du Stade de Genève que les problèmes liés
à son exploitation.
 
Il ne cache toutefois pas son inquiétude si le résultat du vote prochain
des citoyens de la Ville de Genève, quant au crédit de CHF 2'500'000 que la
Ville de Genève s’est dit prête à allouer, devait être négatif.
 
Sur le même sujet, les pourparlers se poursuivent avec le groupe Jelmoli.
Le Credit Suisse a annoncé une contribution de CHF 2'500'000 avec les mêmes
conditions que celles posées par la Ville de Genève. Enfin, faute de
réponse, la fondation Hippomène a été sollicitée à nouveau pour qu’elle
contribue également à cet effort collectif, conformément aux conditions
posées par les partenaires prêts à consentir des investissements
complémentaires.
 
Dans cet esprit, le Conseil d'Etat soutiendra les démarches entreprises par
la FSG pour que chaque partenaire contribue à ce financement complémentaire
et il réitère son entière confiance aux membres du Conseil de la FSG.

Note de synthèse des événements survenus depuis la reprise de la SESGE par M. Marc ROGER

Les 21/22 février 2004, au cours d'une séance marathon entre la Fondation
du Stade Genève (ci-après FSG) et l'avocate conseil de M. Marc ROGER, un
accord a été trouvé pour la reprise, par M. Marc ROGER, du 100% du
capital-actions de la Société d'exploitation du Stade de Genève (ci-après :
SESGE) détenu par la FSG. Cette reprise a été faite à la demande expresse
de M. Marc ROGER, qui a posé un ultimatum à la FSG : si cette dernière
refusait la cession de la SESGE, M. Marc ROGER renoncerait à « sauver » le
Servette de Genève Football SA (ci-après : SFC). M. Marc ROGER a repris la
SESGE rétroactivement au 1er janvier 2004.
 
C'est le 29 mars 2004 que tous les contrats et documents concernant la
SESGE ont été remis à la mandataire de M. Marc ROGER, parallèlement à la
cession formelle des actions de la SESGE à ce dernier, à savoir les
statuts, l'organigramme, les contrats et conventions, les documents
relatifs aux sponsors, aux partenaires et diverses autres pièces.
Lors de cette même rencontre du 29 mars 2004, le mandataire de l'Etat de
Genève a remis à l'avocate de M. Marc ROGER deux originaux de la convention
de cession d’actions de la SESGE, dûment signés par la FSG. Celle-ci devait
faire contresigner ces conventions par M. Marc ROGER et renvoyer un
exemplaire original pour les dossiers de la FSG.
Le 14 avril 2004, le conseil de l'Etat de Genève a écrit à l'avocate de M.
Marc ROGER en lui rappelant :
1°) le fait que la FSG n’a toujours pas reçu l’original de la convention de
cession d’actions de la SESGE, dûment contresignée par M. Marc ROGER;
2°) que les couvertures d'assurances de la FSG étaient modifiées (celle-ci
ne détenant plus la SESGE, avait rayé cette dernière des personnes
couvertes par les polices de la FSG), et qu'il convenait que la SESGE
contracte diverses assurances;
3°) qu'il sollicitait le budget d'exploitation de la SESGE pour le 30 avril
2004, conformément à la convention passée entre la FSG et la SESGE;
4°) que devaient être fournis l'organigramme et la structure de la SESGE.
Ce courrier est resté sans réponse à ce jour.
 
Le 9 juin 2004 s'est tenue à Lancy une séance du Conseil de la FSG, en
présence de M. Marc ROGER et de son avocate. Il a été convenu que M. Marc
ROGER remettrait la liste des doléances d'exploitation, notamment celles
liées aux concerts, à la FSG. Cette dernière est toujours dans l’attente de
cette liste et des raisons ayant conduit l'organisateur à annuler le
concert de Florent PAGNY.
C'est également le 9 juin 2004 qu'a été remis à M. Marc ROGER un classeur
contenant tous les plans, descriptifs techniques, l'inventaire, la
répartition des charges d'entretien, le cahier des charges des
installations fixes, les accords passés entre la FSG et des tiers sur les
droits de superficie, avec l'Etat de Genève, l'accord La Praille-SESGE
(parking), la convention Cisin, les contrats d'assurances de la FSG, l'état
de la situation et des  négociations Unireso, les documents relatifs à la
souscription publique, etc. M. Marc ROGER a signé une quittance à cet
effet. C’est à cette date que son avocate remet enfin à la FSG l'exemplaire
de la convention de cession d’actions de la SESGE dûment contresigné par M.
Marc ROGER.
C'est encore le 9 juin 2004, qu'un état complet des lieux a été effectué en
présence de l'avocate de M. Marc ROGER, de l'architecte du Stade de Genève,
et d'un autre employé de la SESGE, ainsi que du mandataire chargé de la
sécurité par la FSG, et du représentant de l'Etat de Genève.
 
Le 1er juillet 2004, M. Marc ROGER, au nom de la SESGE, a sollicité
l'accord de la FSG pour procéder à des travaux dans le stade.
 
Le Stade de Genève a connu ses premiers incidents lors du match Olympique
de Marseille - Benfica Lisbonne du 21 juillet 2004, où la pelouse fut
envahie par les supporters de ces deux équipes. De plus, certaines rumeurs
font état de ce que ce match aurait fait l’objet d’un accord passé
directement entre le SFC et Gama Sport, alors que seule la SESGE est en
mesure d’assurer l’exploitation du Stade de Genève, à l’exclusion de toute
autre entité. Une telle pratique constituerait une grave violation de la
concession accordée à la SESGE, avec notamment pour conséquence la
soustraction de redevances dues à la FSG. M. Marc ROGER n’a toujours pas
répondu aux questions posées par la FSG à cet effet. De plus, l’exclusivité
accordée à la société devant fournir les prestations en matière
d’audiovisuel dans le Stade de Genève a été violée par la SESGE qui a
autorisé Gama Sport à effectuer sa propre production TV.
L'un des membres du Conseil de fondation informe la FSG que M. Marc ROGER
ne paie pas les loyers de l’Event Centre.
 
Le 26 juillet 2004, l'entreprise en charge de la sécurité informe la FSG
des difficultés qu'elle rencontre avec la SESGE, notamment l'absence totale
de réponse aux téléphones, courriers, etc.
Peu après, la FSG apprend que de manière unilatérale et en complète
violation des accords passés, la SESGE change la politique tarifaire des
souscriptions publiques.
 
Le 30 juillet 2004, pour le match Servette - Bâle, l'écran géant est resté
noir car la société prestataire des services audiovisuels n'avait pas été
payée par la SESGE.
 
Le 2 août 2004, un avocat informe la FSG que l'employé de l'entreprise
chargée de la sécurité lui a confié ses intérêts dans le litige qui
l'oppose à la SESGE, le mandat relatif à la sécurité ayant également été
résilié par la SESGE.
 
Le 4 août 2004, le responsable de la maîtrise d'ouvrage délégué par la FSG
écrit à M. Marc ROGER en s'indignant des propos de ce dernier, rapportés
dans Le Matin du 31 juillet 2004, mettant en cause les anciens dirigeants
de la SESGE. Il rappelle à M. Marc ROGER que c'est grâce aux anciens que
l'équipe de Suisse s'est produite quatre fois dans le stade et qu'une date
supplémentaire était réservée le 18 août 2004, par la suite non confirmée.
Le 4 août 2004, la FSG a adressé un courrier à M. Marc ROGER lui rappelant
non seulement ses obligations (documents à remettre, souscription publique,
obligation de louer le stade via la SESGE, etc.) mais également la
nécessité de respecter les conditions de sécurité prévues par les autorités
compétentes. Par ailleurs la FSG a demandé des explications sur le non
respect des conventions liant la SESGE à divers partenaires et fournisseurs
de prestations. Enfin, sans garantie du paiement des travaux à effectuer,
la FSG a refusé de les autoriser, eu égard aux risques d'hypothèque légale.
 
Le 6 août 2004, l'avocate de M. Marc ROGER a écrit sur papier en-tête de la
SESGE à la FSG, pour lui communiquer copie de deux commandements de payer
émanant de deux sociétés prestataires d'équipements et de services en 2003,
prétendant que la FSG ne respecterait "à nouveau" pas ses engagements.
 
Le 10 août 2004, un avocat se constitue pour la défense des intérêts de la
société EVP dans le cadre du litige qui l'oppose à la SESGE et en informe
la FSG.
 
Le 12 août 2004, un courrier de la FSG est adressé aux TPG pour confirmer
la teneur des accords passés entre la FSG, les TPG et l'Etat de Genève.
 
L'un des membres du Conseil de la FSG a écrit en date du 17 août 2004 à une
entreprise créancière pour confirmer une proposition de paiements
échelonnés de la créance de celleci contre la SESGE.
 
Le 18 août 2004, la FSG a répondu au courrier du 6 août 2004 de la SESGE
émanant de l'avocate de M. Marc ROGER, en lui indiquant que, d'une part, un
accord avait été trouvé avec le premier créancier au printemps 2004, mais
que ce dernier ne l'avait pas respecté, et d'autre part, qu'en ce qui
concerne le second, des négociations étaient en cours. Le même jour, un
courrier de confirmation de l'accord trouvé le 30 mars 2004 avec le premier
créancier précité est envoyé à ce dernier.
 
Le 20 août 2004, la FSG reçoit une copie d'une convocation adressée par le
Tribunal de première instance à la SESGE, concernant la créance des TPG
contre la SESGE, objet de la poursuite notifiée le 16 mars 2004.
 
Le 23 août 2004, un courrier est adressé au second créancier pour une
proposition, en confirmation des modalités négociées par l'un des membres
du Conseil de fondation.
 
A ce jour, et depuis la reprise de la SESGE par M. Marc ROGER, plus aucun
événement d’importance majeure autre que les matches du SFC, n’a été
organisé dans le Stade de Genève. De même, plus rien n’est fait pour
l’exploitation de l’Event Center, autre source de revenus pour la SESGE.
 
Enfin, la SESGE n'a pas payé la redevance de CHF 95'000 due au 30 juin 2004.

La société d'exploitation répond au Conseil d'Etat (et à la fondation)

Communiqué de presse de la SESGE

01-09-2004

(tiré du site du Servette FC)

Le 25 août 2004, le Conseil d¹Etat genevois a pris la singulière initiative
de diffuser un communiqué de presse (voir ci-dessous) qui se voulait critique 
de l¹activité déployée par la Société d¹exploitation du Stade de Genève (SESGE). 
Insolite, cette intervention semble avoir eu pour vocation unique de capter la
bienveillance d¹un électorat et d¹une population auxquels étaient ainsi
proposées des informations tronquées, fragmentaires et partant, erronées.
L¹administrateur de la SESGE a consacré le temps nécessaire à une réflexion
de principe qui le conduit à retenir qu¹alors que lui est due la survie d¹un
club que son action a détourné d¹une mort certaine, il ne reçoit aucun
soutien des pouvoirs publics qui, méconnaissant leur sujet, se bornent à lui
distiller critiques infondées et intempestives récriminations.
 
La direction de la SESGE se détermine par le présent communiqué quant aux
griefs énoncés par le Conseil d¹Etat.
 
1. SECURITE DU STADE
 
La SESGE a constaté la parfaite incurie du responsable désigné à la sécurité
du Stade. Redoutant que ne soit mise en péril l¹intégrité de l¹édifice et
celle du public qui le fréquente, la SESGE a décidé dans l¹intérêt de la
collectivité de résilier le mandat qui la liait audit responsable. Elle
s¹est alors assurée les services de son prédécesseur dont les compétences
reconnues lui avaient permis de prendre la mesure de l¹activité du personnel
de sécurité ainsi que d¹assurer la conformité du Stade aux normes de
sécurité en vigueur. Les manquements ci-dessus relevés sont à l¹origine de
ce que les autorités dénoncent comme autant de débordements qui ont pris la
forme de l¹envahissement de la pelouse à l¹issue de la rencontre OLYMPIQUE
DE MARSEILLE / BENFICA LISBONNE le 21 juillet 2004.
 
2. PAIEMENT DES REDEVANCES
 
Singulière présentation, là encore, des faits : Il est reproché à la SESGE
de n¹avoir point acquitté la redevance échue au 30 juin 2004. Cette
abstention est une abstention raisonnée : la Fondation du Stade de Genève
s¹est contractuellement engagée à teneur de la convention passée entre
ladite Fondation et la SESGE à apurer l¹entier du passif à la date du 31
décembre 2003. La Fondation se dérobe à ce qui lui incombe et n¹honore en
aucune manière son engagement. C¹est ainsi que la SESGE se trouve
aujourd¹hui assignée par les Transports Publics Genevois à raison d¹une
créance née antérieurement à la date du 31 décembre 2003 qu¹il appartient à
la Fondation de régler. La rétention de cette redevance est ainsi la
conséquence directe des carences de la Fondation. De nouvelles poursuites
sont en outre régulièrement notifiées à raison de dettes contractées par la
FSG et non honorées par elle.
 
3. PRETENDUE SOUS-EXPLOITATION DU STADE ET LITIGE EVP
 
A l¹heure de la cession dont on ne soulignera jamais assez qu¹elle
constituait la seule solution à même d¹éviter la faillite du Club et la
probable mise en cause de ses anciens dirigeants, il avait été représenté à
Monsieur Marc ROGER que la configuration du Stade et l¹application des
normes en vigueur en matière de sécurité publique et de nuisances sonores
autoriseraient l¹organisation d¹événements sportifs ou artistiques à même
d¹assurer la rentabilité de l¹édifice. Monsieur Marc ROGER y vit le signe
d¹une harmonisation et d¹une cohérence entre la direction du Club et le
fonctionnement du Stade. Or, il apparaît indiscutablement que la
configuration de ce Stade est proprement incompatible avec la production
d¹événements de cette nature. La sécurité du public ne peut y être garantie
lors de telles manifestations et les règles en vigueur excluent que des
concerts soient organisés, appelés à perdurer au-delà de 22 heures,
considération qui est à l¹origine de la renonciation aux concerts prévus. Ce
nonobstant Monsieur Marc ROGER demeure prêt à prêter la main aux
transformations nécessaires pour peu qu¹il reçoive des pouvoirs publics
l¹appui nécessaire, économique et politique, dont il a été souligné qu¹il
lui fait cruellement défaut.
 
Quant à l¹EVENT CENTRE, celui-ci est proprement inexploitable : faux
plafonds non posés, cuisines destinées à assurer le service des convives
inexistantes et finitions non entreprises sont autant de manquements, pour
n¹en citer qu¹eux, dont la SESGE subit les insupportables conséquences.
 
Quant aux allégués formulées par la société prestataire de services
audiovisuels, cette dernière est liée à la Fondation par une convention à
laquelle la SESGE n¹est pas partie et qui en conséquence ne l¹oblige en
aucune manière.
 
4. RAPPORT ENTRE LE PRETENDU NON-RESPECT DES ENGAGEMENTS DE LA SESGE ET
L¹OCTROI D¹UN CREDIT COMPLEMENTAIRE
 
La votation prochaine relative à l¹octroi d¹un crédit complémentaire à
hauteur de CHF 2'500'000.- par la Ville de Genève est un débat à caractère
politique auquel la SESGE n¹a évidemment pas vocation à prendre part. Elle
constate que l¹édification du Stade a dans le passé généré une forte
polémique qui permet d¹anticiper la mobilisation de ses détracteurs en vue
de cette échéance. Dans l¹hypothèse d¹un refus, ni la SESGE ni Monsieur Marc
ROGER n¹endosseront la responsabilité d¹un échec qui ne pourrait être imputé
qu¹à la passivité de l¹Autorité qui semble vouloir s¹abstenir de convaincre
de la pertinence de cet indispensable investissement

La Fondation répond à la Société d'exploitation (et à Marc Roger, et à son avocat)

(extraits de la "mise au point" du président de la Fondation, Marc D. Schipperijn)

(Tribune de Genève du 14 septembre 2004)

(...) Monsieur Roger n'a jamais "hérité" de la Société d'exploitation du Stade de Genève (SESGE), mais il en a exigé le contrôle et en a même fait une condition sine qua non à la reprise du FC Servette. (...)

(...) à aucun moment Monsieur Roger a demandé un audit préalable sur les comptes et les contrats alors qu'il aurait eu tout loisir de le faire (...).

On souhaiterait que Monsieur Roger mette autant d'énergie et d'argent dans l'exploitation du Stade de Genève qu'il n'en met dans le FC Servette.

"On souhaiterait que Monsieur Roger mette autant d'énergie et d'argent dans l'exploitation du Stade de Genève qu'il n'en met dans le FC Servette." (Marc D. Schipperijn, président de la Fondation du Stade de Genève).

 

Etude de cas : Le Stade de Genève à la Praille(Mémoire de Fabienne Fischer) : l'historique d'un fait accompli

Une initiative étouffée


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