Algerie : chronique des groupes armés









Mise à jour : 3 janvier 2008
©Pascal Holenweg, Geneve, 2008

Chronique des groupes armés 2003 ad libitum

Chronique des groupes armés 1996-2002

"La Sale Guerre" de Habib Souaïdia, le procès Nezzar-Souaidia et la mise en cause des milices et des services

Les attentats du 11 septembre aux USA et leur onde de choc

L'appel POUR LA PAIX EN ALGÉRIE, CONTRE LA GUERRE CIVILE

Chronique de la violence : Terrorisme, banditisme et répression au fil des jours



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"Le terrorisme naît de la solitude, de l'idée qu'il n'y a plus de recours, que les murs sans fenêtres sont trop épais, qu'il faut les faire sauter"
(Albert Camus)

Chronique des groupes armés


Archives 1996-1997-1998-1999-2000-2001-2002
2003

(Le Matin, Le Quotidien d'Oran 2.1.2003) Les forces de sécurité ont arrêté le 30 décembre quatre gardes communaux (selon certaines sources, un seul aurait été arrêté, les trois autres ayant réussi à prendre la fuite) qui, se faisant passer pour des "terroristes", avaient dressé un "faux barrage" entre les Issers et Chabet El Ameur (w. Boumerdès), pour racketter les automobilistes. L'un des quatre gardes communaux a été blessé dans l'intervention de la police.

(AP 8.1) L'hypothèse de la présence de membres de la Qaeda dans les rangs du GSPC de Hassan Hattab est à nouveau évoquée (par "Le Matin" du 8 janvier, notamment, qui affirme qu'un émissaire d'Oussama Ben Laden capturé par l'armée début décembre dans la région de Batna aurait désigné d'autres membres de la Qaeda actifs au seins du GSPC, notamment en Kabylie). Ces représentants de la Qaeda auraient rencontré dans la région de Naciria l'un des adjoints de Hassan Hattab, Hamid Saâdaoui, alias "Abou El Haytham", avec lequel ils auraient planifié une offensive du GSPC contre lles forces publiques.

(Le Jeune Indépendant, Le Quotidien d'Oran 16.1) Le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Mohammed Lamari, a dénoncé dans un entretien accordé à l'hebdomadaire français "Le Point" l'"embargo de fait sur les moyens de lutte antiterroriste" auquel la France soumettrait l'Algérie. Le général Lamari constate cependant que les services de sécurité français (notamment la DST) sont sur la même longueur d'onde que leurs homologues algériens, et que la coopération entre eux fonctionnent parfaitement. Il attribue l'"embargo de fait" qu'il dénonce à la classe politique française.

Le général Lamari affirme, malgré la récente recrudescence des actions des groupes armés, particulièrement celles dirigées contre l'armée et les autres forces de sécurité, que l'armée algérienne a "brisé la colonne vertébrale" du terrorisme, et qu'il ne reste actuellement en Algérie plus qu'un millier de "terroristes" armés.

(AFP 18.1 / El Watan 19.1) Des Pakistanais, Afghans et Yéménites figureraient, selon plusieurs journaux algériens, parmi les membres de groupes armés tués ou capturés par les forces de sécurité dans des opérations dans les Aurès, zone d'activité du GSPC de Hassan Hattab, soupçonné d'être "affilié" à la Qaeda d'Oussama Ben Laden. Selon "El Watan", qui s'appuie sur une "source militaire", parmi les "terroristes" abattus et capturés se trouveraient effectivement des étrangers, mais leur nationalité ne peut encore être déterminée.

(L'Expression 23.1) Des miliciens locaux ("patriotes") "louent leurs services aux commerçants et entrepreneurs privés" en tant qu'agents de sécurité, avec les armes fournies par l'armée, annonce "L'Expression" : "le nombre croissant de membres (des groupes) d'autodéfense et de patriotes qui ont utilisé (leurs) armes dans un cadre contractuel avec des sociétés privées ou publiques, a alerté les responsables du minustpre de la Défense qui vient d'édicter une instruction interdisant l'utilisation des armes, propriété de l'Etat, à des fins professionnelles", ajoute le quotidien, pour qui ce "commerce de la sécurité" contribue à expliquer "comment les groupes terroristes (ont) pu pénétrer dans des villages alors que ces derniers comptaient plusieurs civils armés" : tout simplement parce que ceux-ci était "occupés au gardiennage des biens" de leurs employeurs. "L'Expression" rappelle en outre que "beaucoup de gardes communaux et de GLD (ont) été mêlés à des actes de grand banditisme et sont, à présent, entre les mains de la justice".

(El Watan 27.1) En une année, une vingtaine de jeunes hommes ont "pris le chemin du maquis" et rejoint les rangs du GSPC dans la région de Boumerdès, annonce "El Watan".

(Le Matin 27.1) A Chlef, des habitants de différentes localités manifestent depuis octobre 2002, toutes les semaines, devant le siège de la wilaya, pour réclamer des armes. Le 26 janvier, cette manifestation, qui rassemblait plusieurs centaines de personnes, a été réprimée par la police. Les manifestants réclament la restitution de leurs armes de chasse.

(El Watan, AFP 6.2) Une vingtaine de membres de la milice locale (GLD), soupçonnés d'avoir fourni aide et assistance à un groupe armé islamiste, ont été arrêtés début février par la gendarmerie dans la région d'Oued El Abtal (w. Mascara), annonce "El Watan", qui précise que six d'entre eux ont été arrêtés dans le douar des Martyre de Frayhiya, et que plusieurs des miliciens arrêtés sont les frères de membres de GIA.

Deux groupes de soutien aux groupes islamistes armés ont été démantelés par la police le 5 février à Zemmouri (est d'Alger), et une dizaine de personnes arrêtés, dont Nacer Hattab, un proche parent du chef du GSPC, Hassan Hattab.

(Jeune Indépendant 17.2) Un réseau de 21 personnes apportant soutien aux GIA a été démantelé dans la région de Gouraya (w. Tipasa), a annoncé la police, selon qui le réseau avait pour fonction de renseigner les GIA sur les mouvements des forces de sécurité. Sur les 21 personnes arrêtées, quatre font partie de la milice locale (GLD), et une est un ancien chef de brigade de la gendarmerie de Gouraya.

(L'Expression 18.2) A une question posée par "L'Expression", lui demandant si ses "dernières sorties médiatiques" ne constituaient pas "une tentative désespérée (...) de redonner vie et consistance à une organisation autodissoute", l'ancien chef de l'Armée Islamique du Salut, Madani Mezrag, répond (dans "L'Expression") qu'il est "injuste et futile de penser qu'une organisation qui a existé, qui a combattu, qui a déposé les armes par la suite, et qui a contribué à donner forme et consistance à la politique de la concorde civile, puisse disparaître". Pour Madani Mezrag, l'AIS dispose toujours d'une "base de sympathie" et d'une "attache politique assez consistantes", dont les chefs, "avant de s'ins rire dans un cadre djihadiste, étaient des hommes politiques, et avant d'être des hommes politiques étaient des prédicateurs (...). Donc il est fallacieux et futile à la fois de dire que nous sommes en fin de mission avec la fin de l'AIS".

(El Watan 3.3) Trois personnes ont été arrêtées à Tiaret après qu'elles aient été surprise en train de tendre un "faux faux barrage" pour racketter des automobilistes en se faisant passer pour des militaires (ou des islamistes déguisés en militaires).

(L'Expression 23.3) Douze membres d'une milice locale (GLD) d'Ouled Ben Daha, dans la wilaya de Mascara ont été écroués par le juge d'instruction de Tighenif, pour une affaire de vol de bétail. Les miliciens sont accusés d'avoir fait usage de leurs armes contre les gendarmes de Menaouer. Selon des sources évoquées par "L'Expression", ces miliciens avaient déjà un "parcours douteux" et d'autres exactions à leur actif.

(La Tribune 29.3) Un membre de la garde communale de Darguina (w. Bejaïa) s'est suicidé le 28 mars, en usant de son arme de service.

(Le Monde, AFP 4.4) La disparition mystérieuse de 21 touristes européens (dont au moins douze Allemands, quatre Suisses, un Néerlandais) dans le sud saharien (un premier groupe de touristes a disparu près de la frontière libyenne, alors qu'il faisait route de Djanet à Ouargla, et un deuxième groupe a disparu après être parti de Tamanrasset vers l'ouest) pourrait, selon certains titres de la presse algérienne, être imputée à un groupe armé présumé islamiste, celui de Mokhtar Belmokhtar, alias "Belaouer" (un ancien d'Afghanistan). Une autre hypothèse est évoquée, celle d'un enlèvement par des contrebandiers. L'Allemagne a créé une "cellule de crise" opérant avec les autorités algériennes pour tenter de retrouver les disparus.

(AP 5.4 / Quotidien d'Oran 7.4) Huit nouveaux touristes européens (des Autrichiens) ont disparu dans le Sahara, ce qui porte à 29 le nombre de touristes portés disparus dans le Sahara algérien, dans des régions où contrebandiers et trafiquants sont actifs, mais où s'active également un groupe armé présenté comme islamiste, le groupe de Mokhtar Belmokhtar, dont on ne sait précisément s'il s'agit d'un groupe de contrebaniers, de bandits de grands chemins ou d'islamistes armés plus ou moins ralliés au GSPC. Six groupes différents de touristes ont disparu entre le 19 février et le 17 mars dans le sud saharien. Outre l'hypothèse de l'enlèvement, celle d'un "accident de GPS" (guidage par satellite) est évoquée, ainsi que celle d'erreurs des touristes eux-mêmes, qui se fieraiaient trop aveuglément à leur GPS. On note qu'il s'agit uniquement de touristes "germaniques" (Allemands, Autrichiens, Suisses, et un Néerlandais), alors que les touristes français sont plus nombreux dans la région (mais eux usent de guides locaux)

(AP 9.4) Suite à la disparition mystérieuse de 29 touristes européens dans le sud saharien, disparition dont les causes font toujours l'objet d'hypothèses contradictoires (panne de GPS, enlèvement par un groupe armé ?), un convoi a été organisé par l'Autriche pour évacuer des touristes se trouvant toujours dans le désert, dont sept Autrichiens. Le convoi devrait rallier tamanrasset. 18 Allemands, 8 Autrichiens, 4 Suisses et un Néerlandais sont portés disparus. L'armée algérienne a déployé un millier d'hommes et d'importants moyens matériels pour tenter de les retrouver. Près de 1200 soldats et gendarmes ratissent le triangle Ouargla-Djanet-Tamanrasset, avec l'aide d'avions et d'hélicoptères, de guides locaux, ainsi que de policiers et d'enquêteurs allemands, suisses et autrichiens. Les six groupes de disparus se sont "volatilisés" avec leurs véhicules.

(ATS 12.4 / AFP, Le Quotidien d'Oran, El Watan 13.4 / Le Temps-Genève, Le Matin-Alger 14.4) La ministre autrichienne des Affaires étrangères, Benita Ferrero, a évoqué le 12 avril une "lueur d'espoir" au sujet de certains des touristes autrichiens disparus dans le Sahara, dont elle a assuré qu'ils étaient "encore en vie le 8 avril". Elle a cependant reconnu qu'on ne savait pas où ils se trouvaient. La veille, le 11 avril, deux nouveaux touristes autrichiens avaient disparu, portant à 31 le nombre total des "disparus" (15 Allemands, 10 Autrichiens, 4 Suisses, un Néerlandais et un Suédois, répartis en sept groupes distincts). Le gouvernement allemand a également exprimé son "discret espoir" que les "disparus" étaient encore en vie, mais, selon "Der Spiegel", il aurait aussi fait part de ses craintes qu'ils aient été enlevés par des groupes armés. Un journaliste de la télévision autrichienne a également déclaré que des "militaires" algériens estimaient que les touristes autrichiens disparus étaient "en vie" et avaient été "enlevés". Les autorités algériennes, selon "Der Spiegel", auraient évoqué la même hypothèse d'un enlèvement par un groupe armé (islamiste ou non), alors qu'un policier algérien participant aux recherches des "disparus" estimait au contraire que les groupes armés opérant dans le Grand Sud ne disposaient pas des effectifs et des caches suffisants pour enlever et détenir autant de personnes. Le parquet fédéral allemand a ouvert une information judiciaire pour enlèvement. L'Autriche, la Belgique et la République tchèque ont appelé leurs ressortissants à éviter le Sahara algérien, et une quarantaine d'Autrichiens, d'Allemands et d'Italiens ont été reconduits sous escorte militaire hors du Sahara pour être rapatriés à Gênes.

Les autorités algériennes, et les professionnels du tourisme dans le désert, ont par ailleurs critiqué l'imprudence des touristes "disparus", qui se déplaçaient sans guides et sans avoir communiqué leur itinéraire aux autorités. On note par ailleurs que ces touristes sont majoritairement de langue allemande, vraisemblablement ignorants de l'arabe, voire du français, et qu'aucun touriste francophone (ou arabophone) n'est porté disparu. En outre, selon "El Watan", il semble que ces touristes seraient "tous venus de Tunisie par voie terrestre", et auraient "tous pris la décision de se rendre au Sahara algérien à partir d'offres de voyages diffusées sur Internet". Un guide algérien,et patron d'une agence de tourisme, Ahmed Zegri, interrogé par "El Watan" qui a participé aux recherches, annonce que les touristes suisses disparus étaient à Djanet, en partance pour Tamanrasset, le 27 mars, et qu'ils n'ont plus donné signe de vie depuis, déclare que "tout est possible" et que les touristes peuvent s'être "égarés", avoir été "enlevés par des terroristes ou des groupes qui veulent mettre fin au tourisme en Algérie". D'étranges intermédiaires se seraient par ailleurs manifestés, dont l'un se disait "envoyé par l'ambassade de Suisse à Aélger" -qui a déclaré ne pas le connaître- et réclamait aux familles des touristes 800 Euros par tête pour les retrouver. Pour Ahmed Zegri, si les touristes disparus s'étaient fait accompagner par des huides locaux, "ils ne se seraient jamais perdus". Pour "El Watan", la thèse de l'enlèvement "semble de plus plausible", mais le groupe armé de Mokhtar Belmokhtar ne serait pas impliqué. Une opération militaire serait en passe d'être déclenchée par les autorités algériennes.

(AFP 14.4 / AP 15.4) Un groupe d'une dizaine de nomades est à son tour porté disparu depuis le 12 avril, dans la wilaya d'Illizi (sud saharien), selon "Le Matin". Ces disparitions s'ajouteraient à celles de plus de 30 touristes européens dans le sud saharien, ce qui conforterait la thèse de l'enlèvement, thèse ouvertement évoquée en Allemagne, aux Pays-Bas et en Autriche, mais officiellement écartée par les services de sécurité algériens. Selon des guides locaux, les touristes auraient été enlevés et emmenés du côté de Samen, près de l'Oued Jarat (w. Illizi). Si enlèvement il y a, reste à en connaître les auteurs : la population locale ne croit pas qu'il puisse s'agir de groupes islamistes armés. Un porte-parole du ministère néerlandais des Affaires étrangères a déclaré avoir "la confirmation" qu'un ressortissant néerlandais avait été enlevé.

(Reuters 17.4 / AFP 18.4 / L'Actualité, Le Jeune Indépendant 20.4 / El Watan 21.4) les autorités algériennes seraient en pourparlers avec les ravisseurs présumés de 11 des 31 touristes européens (15 Allemands, 10 Autrichiens, quatre Suisses, un Néarlandais et un Suédois) disparus ces dernières semaines dans le Sahara algérien, selon l'hebdomadaire autrichichien "Profil", qui évoque l'hypothèse que ces enlèvements soient destinée à obtenir la libération de "quatre terroristes algériens récemment condamnés" en Allemagne. Les 11 touristes localisés, selon l'hebdo autrichien, seraient allemands. Le 15 avril, le porte-parole du ministère néarlandais des Affaires étrangères avait "confirmé" qu'un ressortissant néerlandais faisant partie de l'un des groupes de touristes disparus avait été "enlevé", mais a ajouté : "nous ne pouvons pas dire s'il l'a été par des activistes politiques ou par un groupe criminel". Un diplomate autrichien à Alger a cependant démenti l'hypothèse de l'enlèvement, et a estimé qu'il ne s'agissait (encore ?) que d'une rumeur. "Tous les cas de figure restent possibles (...) des accidents à la piste terroriste", a déclaré Thomas Buchsbaum. Le 18 avril, un envoyé spécial de la télévision autrichienne en Algérie a affirmé que les autorités algériennes avaient localisé les 31 touristes "disparus", qui auraient été enlevés et "séparés en deux groupes", mais qu'elles n'intervenaient pas et ne faisaient que "les observer" pour assurer leur sécurité. Le ministre allemand de l'Intérieur a exprimé le 13 avril de "discrets espoir que les disparus sont en vie".

Les autorités algériennes ont quant à elles rendu les touristes disparus responsables de leur disparition, et estimé, le 19 avril, qu'ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux-mêmes de ce qui leur arrive, dès lors qu'ils ont entrepris un périple saharien sans recruter de guides locaux ni informer les autorités de leur itinéraire. Un groupe de 11 Allemands et 2 Autrichiens a d^'ailleurs quitté Tamanrasset le 18 avril en direction de la Tunisie à bord de 5 véhicules tout-terrains, Le porte-parole de la Gendarmerie a démenti le 19 avril que les autorités aient "localisé 11 des 31 touristes disparus (...) et entamé des négociations avec les preneurs d'otage". Un responsable de la gendarmerie a ajouté, au "Jeune Indépendant", que l'hypothèse de l'acte terroriste pouvait être écartée, les "terroristes" ayant l'habitude de revendiquer leurs actes, le cas échéant de demander une rançon, et non de cacher les corps de leurs victimes.

Les touristes, presque tous de langue allemande, ont disparu dans un vaste triangle Ouargla/Djanet/Tamanrasset. Le dernier message provenant de l'un de ces touristes date du 8 avril.

(AFP, ATS 23.4 / L'Expression, El Watan 24.4) L'hebdomadaire autrichien "Profil", qui avait déjà évoqué cette hypothèse, croit savoir (et le dit sur son site internet) qu'un groupe islamiste armé lié à la Qaeda retient en otage les 31 touristes européens disparus dans le Sahara algérien depuis plusieurs semaines -depuis le 19 février, pour certains. Selon "Profil", les touristes auraient été kidnappés pour servir de "boucliers humains" face à une offensive attendue des forces de sécurité. "Profil" croit savoir que les touristes enlevés seraient retenus à environ 80 km d'Illizi par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, qu'on dit lié au GSPC et à la Qaeda -mais qu'on sait être au moins aussi actif dans le contrebande et le trafic que dans la lutte armée islamiste. Selon "Profil", les autorités algériennes seraient entrées en contact avec les preneurs d'otage, qui n'ont demandé aucune rançon, mais exigeraient la libération de quatre islamistes Algériens (dont un Franco-algérien) détenus en Allemagne pour avoir tenté de perpétrer un attentat à Strasbourg à Noël 2000. En Suisse, les autorités fédérales ont reçu les familles des quatre touristes disparus et leur ont affirmé n'avoir reçu aucune demande de rançon ni aucun message corroborant la thèse de l'enlèvement.

La thèse de l'enlèvement par un groupe armé est toujours contestée par les autorités, qui ont par ailleurs annoncé avoir retrouvé neuf Algériens, habitants de la région, morts de soif et d'épuisement. Ils avaient disparu depuis le 9 avril et se seraient égarés en raison d'un violent vent de sable. Les forces de sécurité ont en outre retrouvé une dizaine de randonneurs dormant à la belle étoile dans la région d'Illizi (ces personnes ne font pas partie des 31 "disparus"). Un responsable des services de sécurité, cité (anonymement) par "L'Expression", estime que "si aujourd'hui les touristes sont encore en vie, ils doivent être quelque part chez des tribus dans l'une ou l'autre des frontières qui abritent les turbulentes tribus nomades du Sahara". Pour le quotidien, il est "pratiquement impensable que ces touristes puissent être encore en vie après deux mois dans le désert" s'ils n'ont pas été recueillis ou enlevés, "tout comme il impensable qu'ils soient morts dans le désert et que leurs corps n'aient pas été retrouvés, ni leur matériel, et encore moins leurs véhicules et leurs motos".

(AP, AFP, Le Matin-Lausanne, Jeune Indépendant, El Watan, Le Quotidien d'Oran 27.4 / El Watan 28.4) Un colonel de l'armée algérienne, Messaoud Ben Boudria, chargé de coordonner les opérations de recherche de la trentaine de touristes disparus dans le sud saharien, a exclu le 27 avril la piste de l'enlèvement par des groupes armés, et estimé que les touristes étaient vivants, "peut-être en dehors de l'Algérie". Le colonel a ajouté qu'il pensait qu'ils seraient retrouvés. De source diplomatique malienne, de retour d'Alger, on croit savoir que l'Algérie serait sur "la bonne piste" des touristes, qui seraient "localisés", mais auraient été enlevés contre rançon. Le colonel Ben Boudria a cependant fait remarquer que si enlèvement il y avait eu, une revendication ou une demande de rançon, ou d'échange, aurait été exprimée; or il a affirmé que tel n'a pas été le cas. Le colonel a rappelé que "des touristes qui se perdent dans le Sud, c'est très fréquent", surtout lorsqu'il s'agit de touristes qui se déplacent sans guide, en dehors des agences de voyage et en ne faisant confiance qu'au GPS. Il a également rappelé que de fortes tempêtes de sable ont balayé la région dès le 20 février. Des organisateurs de voyage cités par "Le Quotidien d'Oran" considèrent quant à eux que les touristes ont été "enlevés sur la pistes des tombes, au nord de l'oued Samen", dans une zone de sable mou, et dans une région comportant de nombreuses grottes.

Un véhicule correspondant à la description de l'un des véhicules transportant des touristes (allemands, en l'ocurrence) a été retrouvé il y a quelques jours (le 24 avril selon "El Watan") dans la région d'Illizi, en partie brûlé selon une radio allemande, "quasiment recouvert de sable" et sans batterie, selon une source proche des services de sécurité algériens. Les propriétaires du véhicule seraient un couple d'Allemands disparus depuis le 8 mars entre Illizi et Djanet.

Près de 5000 militaires sont déployés sur le terrain, en plus de 3000 civils (dont des guides des agences de voyages et des Targuis), entre le Tassili et l'Ahaggar, à la recherche des disparus, dans une zone de plus de 400'000 km2. L'armée dispose d'avions dotés d'instruments de vision nocturne et thermique, des des commandos parachutistes ont été parachutés.

Selon l'hebdomadaire allemand "Der Spiegel", le gouvernement allemand s'inquiéterait d'une éventuelle intervention de l'armée algérienne pour "libérer" des touristes détenus par des groupes armés, et tenterait de faire accepter par les Algériens la participation d'experts allemands pour résoudre la crise de façon diplomatique. De sources allemandes, autrichiennes et suisses, on annonce que des policiers des trois pays sont sur place pour mener leur propre enquête, mais cette présence est démentie par les autorités algériennes.

(Le Monde, AFP 29.4 / AP, RFI, El Watan, Le Quotidien d'Oran 30.4) Les 31 touristes européens disparus depuis deux mois dans le Sahara algérien seraient toujours "en vie" mais aux mains de "groupes terroristes localisés par l'armée", a déclaré le 30 avril à l'Associated Press un "haut responsable algérien ayant requis l'anonymat". Selon lui, les touristes seraient "détenus en plusieurs groupes séparés géographiquement", mais se situant dans la région d'Illizi. Selon plusieurs sources, les touristes enlevés auraient été répartis en trois groupes. Selon "El Watan", les services de sécurité algériens n'excluent pas que les touristes "disparus" se trouvent hors des frontières algériennes (au Niger, au Mali ou en Libye, où des recherches ont également lieu). L'armée algérienne aurait envisagé une "intervention militaire" pour libérer ces otages, mais les autorités allemandes auraient fait pression pour une négociation, afin de préserver la vie des touristes. Quant à l'identité des preneurs d'otage, elle n'a pas été évoquée par "le haut responsable algérien" cité par AP, qui n'a donc confirmé ni infirmé ni la thèse d'un enlèvement par le groupe, supposé islamiste, mais plus sûrement de contrebandiers, de Mokhtar Belmokhtar, ou par celui d'"Abderrezak le para", de son vrai nom Saïfi Ammari, lieutenant de l'"émir" du GSPC Hassan Hattab. La "piste des Touaregs" a également été évoquée; selon cette hypothèse, les touristes auraient été enlevés par des Touaregs (algériens, maliens ou nigériens) qui chercheraient par cet acte à rappeler à la communauté internationale leur lutte pour la préservation de leur identité. Enfin, une nouvelle piste a été récemment évoquée, celle du pillage du patrimoine archéologique saharien.Selon une source citée par "Le Monde", deux des ravisseurs auraient été pris en chasse par les forces algériennes dans la deuxième quinzaine d'avril. Toutes les hypothèses évoquées ont pour point commun de postuler la survie des touristes disparus, survie qui après deux mois dans le désert serait de plus en plus difficile à envisager dans l'hypothèse, jusque là retenue officiellement, d'une errance accidentelle (les touristes auraient été égarés par des tempêtes de sable ou une panne de GPS). Mais l'hypothèse d'un enlèvement suscite également des interrogations : pourquoi aucune revendication, ni aucune demande de rançon, n'ont-elles été émises ?

(MAOL 2.5 / AP, AFP, Reuters, La Tribune, Le Matin-Lausanne, Dimanche.ch, Le Monde 4.5 / El Watan 5.5) En admettant le 4 mai que des "négociations" étaient "en cours" pour obtenir la libération des 31 touristes disparus dans le sud saharien, les autorités algériennes ont, par la bouche du président de la Commission parlementaire du tourisme et de la culture, qui venait d'auditionner le ministre du Tourisme Lakhdar Dhorbani, confirmé la thèse d'un enlèvement -sans pour autant donner de précisions sur l'identité des ravisseurs (contrebandiers, islamistes, les deux à la fois ?) mais en exprimant des doutes sur l'hypothèse d'un enlèvement par le GSPC, et en même temps confirmé la certitude des autorités que les touristes étaient vivants. Le ministre de l'Intérieur, Mohammed Yazid Zerhouni, a également déclaré que les touristes étaient certainement vivants, et admis que des négociations étaient en cours. Des indices selon lesquels les touristes sont vivants ont été retrouvés, a déclaré le ministre : il s'agirait de vêtements, de documents et d'un véhicule. "Nous avons longtemps pensé (que les touristes) s'étaient égarés. Il est possible qu'ils l'aient fait, mais nous n'excluons aucune possibilité", ni celle d'une "prise d'otage par un groupe de malfaiteurs" ni celle par un "groupe de terroristes".

Les autorités algériennes ont par ailleurs affirmé avoir décliné l'aide que leur proposaient l'Allemagne (d'où sont originaires 15 des 31 touristes disparus) et la France (dont aucun ressortissant n'est porté disparu), et affirmé que la disparition des touristes était une "affaire intérieure". Selon "Der Spiegel", le Chancelier Schröder aurait proposé au président Bouteflika l'aide de l'Allemagne pour retrouver les touristes disparus. Des enquêteurs allemands, autrichiens et suisses se sont néanmoins rendus en Algérie. A Berne, le porte-parole du Département des Affaires étrangères a déclaré que les autorités suisses estimaient également "que les touristes sont toujours en vie". La ministre suisse des Affaires étrangères, la Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, a demandé à son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem, de "faire tout" ce qui en le pouvoir des autoriutés algériennes "afin de ne pas mettre en danger la vie des touristes".

Outre les Allemands, 10 Autrichiens, 4 Suisses, un Néerlandais et un Suédois sont portés disparus, et sont recherchés par 6000 militaires et 300 civils, dont des guides et des Touaregs. Les 31 touristes voyagaient en sept groupes distincts. Selon "El Watan", ils seraient détenus, en sept groupes séparés, par un groupe armé, dans une région très difficilement accessible, où la température atteint actuellement les 45 °C. Selon des Touaregs cités par "Le Monde", les touristes seraient détenus en deux groupes, l'un sur le Tamelrik, dans la région d'Illizi, l'autre dans la région d'Imedir. Les ravisseurs seraient des voleurs ou des contrebandiers (qui, selon "El watan", voudraient "négocier directement avec les gouvernements allemand, autrichien et suisse"). De Bamako, une "source diplomatique" malienne et anonyme déclare que les touristes sont en vie et aux mains d'un groupe de contrebandiers, mais qu'il n'est pas exclu que "pour des raisons stratégiques", ce groupe tente "d'établir quelques passerelles avec un groupe islamiste parce qu'à deux on est plus fort".

Si les touristes ont été enlevés par un groupe armé islamiste, cela signifierait à la fois un changement de tactique de ces groupes (qui ne pratiquent généralement pas les enlèvements), et un changement d'implantation (les groupes armés islamistes étaient pratiquement absents du grand sud algérien). Le GSPC, en particulier (puisque c'est lui qui est cité dans l'hypothèse d'un enlèvement par un groupe armé), n'est pas présent dans le Sahara, et n'a pas pour habitude de s'attaquer aux civils. Mais le kidnapping de touristes serait aussi une "première" pour les groupes de contrebandiers.

"Le Matin" d'Alger constate que les familles des disparus sont très discrète sur le sujet.

Le Mouvement algérien des officiers libres (MAOL) affirme quant à lui que les disparus ont été "kidnappés" par la Sécurité Militaire (DRS) et sont "séquestrés dans une enteinte militaire dans le sud", les opérations de recherche n'étant qu'une "mise en scpne sordide destinée à jeter de la poudre aux yeux des médias". Le MAOL accuse les généraux Mohamed Mediene et Smaïn Lamari d'avoir "commandité ces enlèvement pour faire pression sur le président Abdelaziz Bouteflika, l'affaiblir et surtout l'embarrasser" alors qu'il aurait l'intention de mettre ces deux généraux à la retraite et d'opérer des changement à la tête de la hiérarchie militaire.

(AP 5.5 / AP 6.5 / Reuters 7.5) La confusion règne sur le sort des 31 touristes européens disparus dans le Sahara algérien depuis février et mars; une partie au moins d'entre eux, dont onze Allemands, seraient en vie et détenus par des groupes armés (islamistes ou crapuleux), selon la presse algéroise du 7 mai. "El Watan" rapporte que des traces des touristes ont été retrouvées les 8 et 28 avril près d'Illizi et de Tamanrasset, et selon le témoignage d'un chef touareg, rapporté par "El Khabar", les onze allemands auraient été localisés dans le sud du pays. Selon "El Watan", les touristes auraient été répartis en deux groupes et seraient détenus dans deux zones difficilement accessibles, sauf à dos de chameaux. Leurs ravisseurs souhaiteraient négocier leur libération directement avec leurs gouvernements, et non avec les autorités algériennes, et n'auraient pas exprimé de revendications politiques, mais une demande de rançon. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a démenti tout contact ou négociations avec les ravisseurs, après que d'autres sources gouvernementales ou parlementaires aient laissé entendre le contraire, a été plus prudent : "il est possible que ce soit une affaire de prise d'otages, mais rien ne le prouve", a-t-il déclaré le 6 mai.

Le ministre du Tourisme a quant à lui démenti les propos qui lui avaient été prêtés par le président de la Commission parlementaire du tourisme, et selon lesquels des "négociations" seraient "en cours" entre les autorités et les ravisseurs, mais il a également confirmé que "des indices laissent espérer que ces touristes sont toujours en vie". 15 Allemands, 10 Autrichiens, 4 Suisses, un Suédois et un Néerlandais ont "disparu" dans le sud saharien. La veille, une journaliste de la radio publique francophone Chaine 3 déclarait que "les touristes enlevés vont retourner bientôt dans leurs pays".

(Reuters 10.5 / AFP, ATS 11.5) les gouvernements des pays concernés sont intervenus ces derniers jours auprès des autorités algériennes pour qu'aboutissent les efforts engagés pour retrouver les 31 touristes disparus dans le Sahara depuis fin février-début mars. Environ 5000 soldats, gendarmes et policiers ratissent la zone, immense (un triangle Ouargla-Djanet-Tamanrasset de près de 1000 km de côtés) où pourraient se trouver les touristes, dont on ne sait toujours pas s'ils se sont perdus ou s'ils ont été enlevés, et s'ils ont été enlevés, par qui. Un diplomate suisse, l'ambassadeur Blaise Godet, s'est rendu à Alger du 7 au 10 mai, et y a rencontré le ministre des Affaires étrangères algérien Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des représentants diplomatiques des pays dont les disparus sont ressortissants, pour tenter de contribuer à l'accélération des recherches (quatre touristes suisses, deux couples, sont portés disparus). Selon les déclarations qu'il a faites à son retour à Berne, les autorités algériennes laissent toutes les hypothèses ouvertes quant au sort des disparus, et l'ont assuré avoir tout mis en oeuvre pour protéger leur vie. Le ministère algérien de l'Intérieur soupçonnerait une prise d'otage, mais cette hypothèse n'est que l'une de celles envisagées. Selon l'ambassadeur, rien ne peumet de croire que certains des disparus soient morts. Des représentants allemands et autrichiens se sont également rendus en Algérie, où le ministre allemand des Affaires étrangères était attendu le 12 mai. Joschka Fischer devait rencontrer le président Bouteflika et le ministre algérien des Affaires étangères, Abdelaziz Belkhadem. "Les efforts pour éclaircir le sort des disparus d'Algérie seront au centre des discussions", précise le ministère allemand des Affaires étrangères. Selon l'hebdomadaire "Focus", les touristes sont localisés par les autorités algériennes, mais celles-ci refusent toute "ingérence" étrangère pour les libérer, et refusent également toute négociation directe entre les ravisseurs et les autorités des pays d'origine des touristes.

Selon l'hedomadaire suisse "L'Hebdo", une rançon totale de 23 à 34 millions de dollars (entre 30 et 45 mios FS) aurait été demandée pour l'ensemble des otages, qui seraient détenus en trois groupes dans le Tamelrik, par le groupe armé de Mokhtar Belmokhtar, qui se situe à la limite du banditisme et de l'activisme islamiste armé. Les autorités algériennes auraient reçu trois demandes de rançon. Ces informations n'ont pas été confirmées.

(AFP 16.5 / AP, Dimanche.ch, Quotidien d'Oran 18.5 / Liberté, Le Quotidien d'Oran, Corr 19.5) Alors que les conditions dans lesquelles un premier groupe de touristes enlevés par un groupe armé dans le sud saharien a été libéré font toujours l'objet de spéculations et d'interrogations, la presse algérienne annoncait encore les 17 et 18 mai que, contrairement à ce que les autorités algériennes ont toujours affirmé, celles-ci négociaient la libération du second groupe de touristes enlevés, qui seraient détenus dans la région d'Illizi. Selon "El Khabar", c'est le général Smaïn Lamari lui-même qui dirigerait les négociations, lesquelles seraient concrètement conduites par l'un de ses assistants personnels. Des éléments des services spéciaux allemands seraient également présents à Illizi. les autorités algériennes auraient proposé aux preneurs d'otages de les laisser partir dans le pays de leur choix, ou de les faire bénéficier des dispositions de clémence de la loi de Concorde civile. "Liberté" annonce cependant que "les ravisseurs refuseraient toujours de négocier". Dix Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais sont toujours retenus en otages, après la libération le 13 mai de 10 Autrichiens, six Allemands et un Suédois. Le 19 mai, des informations non confirmées, algériennes et allemandes, plus ou moins proches des forces de sécurité faisaient état d'une opération de l'armée pour libérer le second groupe d'otages, opération qui aurait réussi, mais pour laquelle aucune confirmation officielle n'a été donnée. Le second groupe aurait été libéré dans une opération militaire intervenue le 18 ou le 19 mai. L'armée algérienne a officiellement démenti le 19 mai ces "pures allégations", mais des témoins ont vu un avion allemand arriver à Alger. Ces informations et contre-informations, hypothèses et démentis, laissent placer de lourdes inquiétudes sur le sort des otages restant, surtout si une opération militaire devait réellement avoir été déclenchée, et devait avoir échoué.

Officiellement, la libération du premier groupe des 17 otages a été obtenue au terme d'un assaut des forces de sécurité, et sans négociations, mais la presse algérienne et divers media européens expriment des doutes sur cette version, également démentie par des sources oppositionnelles algériennes (dont le FIS et le MAOL). Le porte-parole du Département (ministère) fédéral suisse des Affaires étrangères a déclaré le 16 mai que la Suisse n'avait pas été avertie d'une opération militaire destinée à libérer des otages et qu'aucun des cinq agents de liaison que la Suisse a envoyé sur place n'en avait été informé, ni n'y avait participé. "Le Matin", "Al Watan" et "Liberté" ont tous trois laissé entendre que la libération des 17 touristes était intervenue après le paiement d'une rançon, et non grâce à un assaut militaire victorieux. Le porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères a quant à lui démenti qu'une demande de rançon, ou toute autre exigence des ravisseurs, ait été transmise à la Suisse.

Le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, s'est déclaré à la radio "attristé" par le traitement de l'affaire par une partie de la presse algérienne, et "sidéré que personne n'ait trouvé à dire, aujourd'hui : bravo à l'Armée nationale populaire".

Quant à l'identité des ravisseurs, des doutes subsistent toujours : l'armée a affirmé qu'ils appartenaient au GSPC de Hassan Hattab, ou plus précisément au groupe de Mokhtar Belmokhtar, allié au GSPC, mais des Touaregs de la région estiment plutôt qu'il s'agit de purs brigands, qui ont commis en enlèvement pour des raisons crapuleuses et sans connotation politique. Quant aux liens du groupe de Belmokhtar avec le GSPC, il sont vraisemblablement beaucoup plus lâches que ce que laisse entendre l'armée. L'un des touristes libérés le 13 mai a témoigné que les preneurs d'otages se présentaient eux-mêmes comme des combattants islamistes "complètement indépendants". "Le Quotidien d'Oran" met par ailleurs en doute la thèse de l'affiliation du GSPC à la Qaeda d'Oussama Ben Laden, thèse régulièrement avancée par les autorités algériennes depuis le 11 septembre 2001. "Le Quotidien d'Oran" note que les modes opératoires du GSPC et des organisations de la Qaeda sont totalement divergents, le premier n'ayant, par exemple, jamais fait usage de "kamikazes" et pratiqué les attentats suicides, ni ciblé des civils en commettant des attentats aveugles. Le journal se demande dont comment expliquer que "des touristes européens seraient, en Algérie, maintenus en vue pendant des mois par une organisation terroriste affiliée à Al-Qaïda pendant qu'ils sont déchiquetés par les bombes partout ailleurs dans le monde arabo-musulman, y compris désormais chez les proches voisins du Maroc".

A Genève, le porte-parole du FIS, Mourad Dhina, a annoncé avoir "contacté les autorités suisses afin d'exprimer (la sympathie du FIS) à l'égard des familles" des touristes suisses enlevés. Pour Mourad Dhina, "rien ne justifie de tels actes" (l'enlèvement). Mourad Dhina aurait proposé une aide du ministère suisse des Affaires étrangères, et a affirmé que sa proposition avait été accueillie favorablement, ce que la porte-parole du ministère a démenti. Mourad Dhina conteste la version officielle des autorités algériennes : "rien ne permet d'affirmer que ces enlèvements sont le fait d'un groupe d'opposition au pouvoir". Pour lui, comme pour le Mouvement algérien des officiers libres, ils seraient au contraire le fait des services spéciaux algériens, désireux d'embarasser le président Bouteflika tout en redorant le blason des militaires. Quant aux otages libérés qui affirment avoir été détenus par des islamistes, et libérés par un assaut de l'armée, ils seraient le résultat d'une mise en scène dont les otages eux-mêmes seraient victimes.

(MAOL 19.5 / AFP, AP, Le Temps 20.5 / Le Monde, L'Expression, El Khabar 21.5) L'armée algérienne (ANP) préparerait un assaut pour délivrer les quinze touristes (15 Allemands, 4 Suisses, un Néerlandais) encore détenus par des ravisseurs dans le sud saharien, croient savoir plusieurs titres de la presse algérienn. Selon "El Watan", l'"assaut se prépare" dans la région d'Illizi où seraient détenus les touristes (mais selon d'autres sources, ils seraient détenus plus au sud, à la frontière malienne), touristes dont la libération avait été annoncée, en se référant à des sources proches ou membres des forces de sécurité, le 19 mai par plusieurs media algériens ("El Youm") et étrangers (la TV allemande NTV, la radio française RFI), puis démentie par l'armée algérienne. "El Watan" annonce que des membres des groupes d'intervention spéciaux (GIS, une unité d'élite dotée d'équipements "sophistiqués" ont été dépêchés le 18 mai dans la région des monts de Tamelrik, survolée par des hélicoptères et où se serait rendu le chef d'état major de l'armée, le général Mohamed Lamari. Pour "El Khabar", cependant, l'armée négocie toujours avec le groupe armé qui détient les touristes, et les rumeurs sur la libération de ceux-ci ont, selon "Le Quotidien d'Oran", "sabordé le lancement d'un assaut", sans pour autant que les autorités y aient renoncé : "le dénouement est proche", assure le quotidien en arabe, dont les sources indiquent que les unités d'intervention vont tenter de libérer les otages sans pertes humaines. Les trois pays dont les otages restant sont ressortissants (l'Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas ont fait savoir qu'ils attendaient une libération des otages avec le moins de risques et de casse possible -autrement dit, et en termes moins diplomatiques : sans assaut des forces de sécurité.

L'identité et les motivations des preneurs d'otages restent sujettes à plusieurs hypothèses contradictoires. Pour "El Khabar", il s'agirait de contrebandiers, et certains seraient maliens, et ils auraient demandé une rançon, mais "El Watan" estime que les "terroristes" qui détiennent les touristes ont "aguerris, bien équipés et en possession d'armement lourd". Des otages autrichiens libérés le 13 mai ont présenté leurs ravisseurs comme des hommes "très humains", soucieux d'épargner la vie de leurs otages, et désireux surtout d'attirer l'attention de l'opinion internationale sur la situation algérienne, même s'ils ont fait allusion à une rançon "pour acheter des armes". "Ces gens là ne sont pas des terroristes", affirme l'un des otages, l'industriel Ingo Bleckmann, qui a même remercié les membres armés de ne pas avoir utilisé ses prisonniers "comme boucliers humains". Cependant, les membres du groupe armé, qui ont récusé tout lien avec la Qaeda, se sont réclamés du GSPC et selon leurs prisonniers étaient au nombre d'une trentaine, âgés de 20 à 50 ans., originaires du nord du pays, et, pour les deux tiers d'entre eux, parlant le français. Les touristes libérés le 13 n'ont pas été témoins d'un assaut, mais ont entendu des coups de feu, observé des hélicoptères de l'armée et vu des militaires blessés (mais aucun membre du groupe armé tué, blessé ou capturé). Leurs ravisseurs les avaient mis à l'abri "dès les premiers coups de feu".

Le "Mouvement algérien des officiers libres" (MAOL), qui avait déjà par deux fois accusé les services spéciaux algériens d'avoir eux-mêmes monté toute l'opération, de l'enlèvement des touristes à leur libération, réitère ces accusations, et en accuse les généraux "Toufik" Mediène et Smaïn Lamari. Selon le MAOL, l'opération viserait à "détruire (le) cheval de bataille" du président Bouteflika, la "concorde nationale". Au passage, selon le MAOL, une rançon aurait été versée (mais le MAOL ne dit pas par qui) pour la libération des otages, et "une partie de l'argent de la rançon (aurait été attribuée aux) lieutenants de Smaïn et (à) ses plus proches fidèles" (le MAOL accuse nommément "le secrétaire de Smaïn, le dit Samir", de l'avoir utilisé pour s'offrir "un lot de terrain immense à El Achour".

(AP 24.5 / Le Matin de Lausanne 25.5) Les autorités algériennes "poursuivent leurs efforts" pour faire libérer les 15 touristes européens enlevée dans le sur saharien, ont annoncée le 24 mai des sources officielles suisses et allemandes. La Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, ministre suisse des Affaires étrangères, et son homologue algérien Abdelaziz Belkhadem se sont entretenus le 25 mai du sort des touristes. La ministre suisse a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité des otages.

(Swissinfo 31.5 / AP 3.6 / La Tribune 5.6 / le Courrier 6.6) Quatre motos, appartenant vraisemblablement aux touristes allemands disparus dans le Sahara ce printemps, ont été retrouvées à 150 km au nord d'Illizi. Un véhicule tout terrain a également été retrouvé, qui pourrait lui aussi pappartenir à quelques uns des "disparus". La presse algérienne annonce que les 15 derniers otages (10 Allemands, 4 Suisses, un Néerlandais) aux mains de ravisseurs toujours peu précisément désignés auraient été dispersés en plusieurs groupes, ce qui rendrait pratiquement impossible leur libération par un assaut. A Strasbourg, où il s'est adressé aux parlementaires européens, le président Bouteflika a exprimé sa détermination et sa volonté de tout faire pour sauver les touristes, et même à "laisser une porte de sortie aux terroristes". En marge du G8 d'Evian, où ils étaient tous deux invités par le président Chirac, les présidents suisse Pascal Couchepin et algérien Abdelaziz Bouteflika se sont entretenus de l'"affaire" le 1er juin. Pascal Couchepin s'est dit "rassuré" par Abdelaziz Bouteflika, mais celui-ci n'a pu donner aucune garantie sur le sort des quatre touristes suisses retenus. "Il y a encore de l'espoir", a toutefois déclaré Couchepin. La presse suisse se désole du "verrouillage de l'information", de mise tant à Alger qu'à Berne, et tant auprès des autorités (algériennes ou suisses) que des familles des otages. La porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères, Daniela Stoffel, assure que "la cellule de crise se réunit presque tous les jours", qu'elle est en "contact régulier avec les familles" et qu'"aucune consigne" n'a été donnée aux medéias, "si ce n'est que la proprité (est) la sécurité de nos quatre ressortissants". L'absence d'informations laisse toute la place à toutes les rumeurs, y compris celle d'une "médiation" du colonel Kadhafi par l'entremise de son fils, ou d'une demande de rançon de 10 millions d'Euros,et fait douter de la crédibilité de la thèse officielle (l'enlèvement de tous les otages par un groupe armé islamiste du GSPC*, puis la libération de 17 d'entre eux, le 14 mai, par une opération militaire). Les "spécialistes du terrorisme" doutent d'ailleurs que des touristes européens enlevés par une organisation affiliée à la Qaeda (puisque telle est l'accusation portée contre le GSPC* par les services algériens) puissent survivre plus de trois mois : la pratique des terroristes djihadistes de la mouvance de la Qaeda est de tuer les Occidentaux, pas de les échanger. Le fait même que des touristes enlevés fin février aient pu être retrouvés vivant à la mi-mai fait donc fortement douter de la qualité de "terroristes islamistes affiliés à Al Qaïda" de leurs ravisseurs. La thèse d'une manipulation ou d'une magouille n'a ainsi pas disparu : la manipulation serait le fait d'une partie de la caste militaire, désireuse de faire "tomber" le président Bouteflika et sa politique de "réconciliation nationale" en faisant apparaître celle-ci comme un échec, au plan sécuritaire. Du coup, les craintes pour la vie des otages se sont insistantes, avec en arrière fond le rappel de ce qui était arrivé à d'autres otages, les moines de Tiberhirine, assassinés en 1996 dans des conditions obscures après avoir été enlevés par des islamistes, réels ou factices. Un officier des forces de sécurité, cité par le correspondant du "Courrier de Genève", considère que le fait que les ravisseurs des touristes du second groupe aient pu apprendre qu'une opération militaire a été tentée contre leurs amis du premier groupe (si une telle opération a eu lieu) ne serait pas rassurant sur le sort des otages

(Reuters 6.6 / ATS 7.6) La situation des quinze touristes européens (10 Allemands, quatres Suisses, un Néerlandais) encore détenus par des ravisseurs à l'identité floue, dans le sud saharien, devrait être en train de s'aggraver, du fait de la chaleur et de la diminution des réserves de vivre et d'eau à disposition, et les diplomates de leurs pays respectifs se disent très inquiets de leur sort. Les températures atteignent 50°C la journée, et leurs ravisseurs n'avaient certainement pas pris les dispositions nécessaires pour garder leurs otages aussi longtemps.

Le 4 juin, le président Bouteflika s'est dit le 3 juin prêt à offrir aux ravisseurs une "porte de sortie" s'ils libéraient leurs otages, détenus depuis février et mars, mais le 7 juin, le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a affirmé qu'il n'y avait "pas de contacts, pas de négociations" entre les autorités et les ravisseurs, qui sont "encerclés".

(AP 11.6) Un véhicule appartenant à l'un des touristes suisses encore détenus dans le sud saharien par un groupe armé a été découvert le 5 juin pare un guide de la région, près d'Oued Semmane. Le véhicule avait été piégé et a blessé les deux personnes qui l'ont approchée, et quatre membres des forces de sécurité qui les accompagnaient.

Le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a réaffirmé le 8 juin qu'il n'y avait pas de "négociations" avec les ravisseurs des quinze touristes encore détenus (10 Allemands, 4 Suisses, 1 Néerlandais), mais un "échange d'informations" avec les pays concernés par cette affaire.

(Le Matin 26.6) La situation des 15 touristes toujours disparus dans le Sud algérien (10 Allemands, 4 Suisses et un Néerlandais), et tenus pour être les otages d'un groupe armé (officiellement considéré comme affilié ou lié au GSPC, selon les autorités algériennes), semble être toujours au point mort, malgré l'annonce par un journal allemand de l'envoi de drones (avions sans pilote) allemands dans la région d'Illizi pour aider à localiser les lieux de détention des touristes, dont les autorités algériennes affirmaient à la mi-juin qu'ils étaient "toujours en vie".

(Le Temps 16.7 / AP 24.7 / ATS 27.7 / Reuters, AP 28.7 / AP, Reuters, AFP 29.7) Les efforts pour libérer les 15 touristes européens (10 Allemands, 4 Suisses, un Néarlandais) retenus en otages depuis cinq mois par de présumés islamistes armés (qui pourraient cependant être des groupes de contrebandiers ou de bandits) se poursuivent, a déclaré le 28 juillet le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, qui a ajouté que "les opérations sont encore en cours" pour leur libération, mais qu'il s'agit d'une "opération délicate" car l'objectif des autorités algériennes et de "récupérer les otages vivants". Cependant, la chaîne de télévision allemande ARD a annoncé le 29 juillet qu'une otage, une Allemande, serait morte, sans doute d'insolation (les températures atteignent 45 à 50° à l'ombre dans la journée), et aurait été enterrée dans le désert.

Des media européens et algériens ont affirmé à la mi-juillet que les otages avaient été transférés au Mali par leurs ravisseurs, et plusieurs représentants des pays dont les otages sont ressortissants ont estimé l'hypothèse vraisemblable : l'ambassadeur suisse Pierre Godet, puis le porte-parole de Département fédéral (ministère) suisse des Affaires étrangères, Alessandro Delprete, ont déclaré les 24 et 27 juillet que de nombreux indices suggéraient cette hypothèse, également évoquée par "El Watan", qui ajoute que les ravisseurs des touristes auraient accepté de les libérer contre la garantie de pouvoir passer librement au Mali. Nourredine Zerhouni a démenti le 27 juillet que les otages et leurs ravisseurs soient passés au Mali, mais n'a pas précisé si, de l'avis des autorités algériennes, les otages étaient tous détenus dans un seul endroit ou séparés en plusieurs groupes. Le quotidien "Le Matin", évoquant des sources proches des forces de sécurité, a affirmé le 29 juillet que touristes et ravisseurs se trouvaient dans le nord du Mali -ce qu'a également annoncé "El Watan", qui les situe au sud-ouest de Tamanrasset, mais sur territoire malien. Leur convoi aurait été localisé, et selon "Le Matin", les autorités maliennes et des représentants allemands négocieraient la libération des otages. La Suisse a également envoyé un expert de sa police fédérale au Mali, mais a ajouté (le 27 juillet) qu'aucun contact n'avait (encore ?) été pris avec les ravisseurs.

Auparavant, des informations parues dans la presse algériennes avaient laissé entendre que l'Allemagne, la Suisse et la Hollande étaient disposées à verser une rançon (de 15 à 20 millions d'Euros, selon "Le Quotidien d'Oran") pour récupérer les otages vivants. Le fils du Chef d'Etat lybien Mouammar Kadhafi avait proposé que la Lybie fasse office d'intermédiaire. Le 24 juillet, l'ambassadeur Blaisde Godet a, pour la Suisse, démenti le paiement d'une rançon.

(L'Actualité 16.4) Un groupe de douze personnes a été arrêté le 6 avril à Alger. Il s'agit d'un groupe de truands se faisant passer pour des islamistes armés pour perpétrer des vols à main armée.

(AP, El Khabar 27.4) "plus de 300 terroristes" du GSPC (alors que de source officielle on évalue la totalité des effectifs de la totalité des groupes armés actifs en Algérie à un millier de membres...) seraient encerclés dans la région de Tebessa par l'armée, annonce "El Khabar".

(Confluences Méditerranée No 45, printemps 2003) Dans un entretien publié dans "Confluences Méditerranée", le porte-parole du FIS issu du congrès du FIS tenu en 2002, Mourad Dhina, s'exprime en ces termes sur le GSPC :

- Quelle est votre analyse du gspc ? 

" C’est toujours difficile de parler des groupes armés. Au début de leur
apparition en 1992, on savait plus ou moins qui était qui. Ils étaient à
l’époque pour la plupart issus des rangs du fis. Les choses ont évolué
depuis au point d’avoir des gens tristement célèbres comme Zitouni, qui
venait de nulle part, et qui a bénéficié d’une aura incompréhensible et
symbolisé les horreurs qu’a connues l’Algérie. Quant au gspc, il s’agit
d’un groupe qui cherche à se montrer comme une organisation
radicalement opposée au pouvoir. Ce constat s’impose compte tenu des
attaques ciblées du gspc contre les militaires et de ses prises de position
en faveur de la population de Kabylie. Ainsi de ce point de vue nous
n’avons pas de raison de douter de ce groupe. Néanmoins, dans un pays
comme l’Algérie, connu pour le poids des manipulations, nous avons
quelques réserves au sujet de ce groupe. Le gspc comprend des militaires
dans ses rangs. Dans un pays comme l’Algérie, ce fait suscite toujours
des interrogations. Les médias ont essayé de suggérer que le gspc avait
des liens avec Al-Qaïda. Je ne donne pas de crédit à une telle hypothèse
d’autant plus que le gspc a rendu public un communiqué, juste après les
attentats du 11 septembre, où il les condamnait clairement. Nous ne
connaissons pas la majeure partie des combattants du gspc mais nous
avons quelques informations sur l’un de ses dirigeants. "

- Il s’agit d’un ancien militant du fis ? 

" Oui mais il était assez jeune ; il a été membre du fis à ses débuts. Ce n’est
donc pas une personne inconnue pour le fis. D’ailleurs certains membres
de sa famille étaient membres du fis et trois ou quatre de ses frères ont
été tués dans le maquis. Toutefois, certaines sphères de son organisation
suscitent des interrogations pour le fis. Certes, nous n’avons aucune
preuve de leur infiltration, mais nous sommes très prudents. "

(El Khabar 15.6) Un "repenti", ancien membre de l'Armée islamique du salut (AIS) dirigée par Madani Mezrag, a intenté à Jijel un procès contre ce dernier, en l'accusant de "manquer à sa promesse et de distribuer arbitrairement" de l'argent provenant du racket contre des citoyens (faux barrages, attaques de maisons). Mohammed Zarrari accuse l'"émir national" de l'AIS, et les émirs régionaux, d'avoir investi le produit de ce racket dans l'agriculture et le commerce, pour leur propre profit.

(Le Matin 17.6 / AP 18.6 ( El Ribat 22.6) Selon le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Lamari, s'exprimant lors d'un entretien au quotidien égyptien "Al Ahram", il n'y aurait plus que 700 "terroristes armés" actifs en Algérie, "ne représentant aucun danger pour la République et les institutions de l'Etat", contre 27'000 en 1992 (chiffre contesté par le bulletin islamiste "El Ribat", pour qui il n'y y a pu avoir autant d'islamistes armés en Algérie avant 1994). Le général a cependant reconnu que depuis l'instauration de la "concorde civile" par le président Bouteflika, le GSPC de Hassan Hattab s'était renforcé. Selon le général Lamari, 220 hommes auraient rejoint le GSPC, dont par ailleurs 186 membres auraient été mis "hors d'état de nuire" en 2002.

S'agissant du nombre total de victimes depuis 1991, le général l'estime (dans la version donnée de son entretien par l'agence officielle APS) à 50'000 morts (civils, membres des forces de sécurité et membres des groupes armés), soit trois fois moins que le plupart des estimations indépendantes (notamment celles des ONG internationales). Dans la version donnée de son entretien par "Le Matin", le général évoque le chiffre de 150'000 morts.

(Jeune Indépendant 24.7) Un réfugié algérien au Canada, Mohamed Harkat, arrêté le 20 décembre 2002 devant son domicile à Ottawa en vertu des lois antiterroristes, risque l'expulsion vers l'Algérie. Les services canadiens de sécurité l'accusent d'être un "agent terroriste dormant", entraîné dans les camps de la Qaeda en Afghanistan et lié au groupe d'Abou Zoubeïda. Mohamed Harkat, qui nie toutes les accusations portées contre lui, est arrivé au Canada en 1995, venant de Malaisie avec un faux passeport saoudien. Il a obtenu le statut de réfugié en 1997 et a épousé une canadienne en 2001. Son avocat estime qu'il court un grave danger en Algérie.

(AP 30.7 / AFP 1.8 / AFP, AP 2.8 / Liberté, Le Quotidien d'Oran, Le Jeune Indépendant 3.8 / Le Monde 4.8) Selon deux chaînes de télévision allemande, les ravisseurs des touristes étrangers enlevés depuis cinq mois dans le sud saharien de l'Algérie réclament une rançon, de 4,6 millions d'Euros par otage (ou 64,4 mios E au total) selon NTV, sensiblement moins selon ZDF. Il paraît désormais acquis que les quatorze otages survivants (9 Allemands, 4 Suisses, un Néerlandais), après la mort (d'insolation) d'une Allemande, ont été emmenés par leurs ravisseurs, et sont détenus dans l'Adrar, au Mali, à 200 km au sud de la frontière algérienne, et les ravisseurs seraient entrés en contact avec des représentants allemands et suisses par l'intermédiaire d'un chef touareg, après la visite à Bakamo, le 22 juillet, du Secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, Jürgen Chrobog. Les autorités maliennes et allemandes auraient reçu une cassette vidéo datée du 20 juillet sur laquelle les ravisseurs ont filmé leurs otages transmettant de courts messages à leurs familles. Les otages y paraissent en relativement bonne santé.

Les pourparlers (officiels ou, plus nombreux encore, officieux et parasitaires, parfois menés par de véritables "chasseurs de primes", les ravisseurs ayant fait connaître leur agacement devant la multiplication des tentatives de "médiation" ) semblent donc tourner autour d'une demande de rançon, ce qui ajoute de nouveaux doutes sur la crédibilité de la thèse de l'enlèvement par un groupe armé islamiste, cependant toujours affirmée par les autorités algériennes, qui annoncent avoir découvert une "puissante organisation armée" ayant des ramifications au Niger et au Mali, liée ou affiliée au GSPC de Hassan Hattab, et mise en place par "Aberrazak le Para". Aucune revendication écrite (ni orale) de l'enlèvement par le GSPC n'a à ce jour été rendue publique. L'hypothèse la plus vraisemblable reste l'enlèvement des touristes par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, c'est-à-dire un groupe de contrebandiers et de bandits, dont les autorités algériennes affirment qu'il est affilié au GSPC, mais dont nombre d'observateurs des groupes armés algériens doutent de la qualité d'islamiste. De même, les autorités algériennes affirment l'affiliation du GSPC à la Qaeda, mais cette affiliation pourrait bien se limiter à quelques contacts entre individus, sans coordination stratégique.

Selon "Liberté", les autorités allemandes et suisses seraient prêtes à payer une rançon, mais selon l'AFP, les autorités allemandes seraient "très réservées" sur le principe du paiement d'une rançon. L'un des otages autrichiens libérés le 13 mai lors d'une intervention de l'armée algérienne a confirmé au "Monde" que la question de l'argent était centrale dans les conversations entre les otages et leurs ravisseurs.

Selon "El Watan", l'affaire est désormais "entre les mains des gouvernements malien, suisse, allemand et suisse", qui disposeraient d'un intermédiaire avec les ravisseurs, en la personne du chef d'une tribu touareg locale (selon "Le Quotidien d'Oran", il s'agirait de l'ancien chef des Azawads, Iyad ag Agaly, qui fut l'un des chefs de la rebellion touareg au Mali). Le 31 juillet, le président malien Amadou Toumani Touré s'est dit prêt à collaborer avec les ravisseurs et les Etats dont les otages sont ressortissants. Ces Etats n'ont cessé de faire pression sur les autorités algériennes pour que celles-ci abandonnent l'option d'un assaut, afin de préserver la vie des otages.

(AFP 5.8 / AP, AFP 6.8) Les ravisseurs des 14 touristes européens enlevés en février et mars 2003 dans le sud saharien, et désormais détenus au Mali, refusent de libérer leurs orages malades et âgés, comme le leur demandent les médiateurs maliens, selon "El Watan", qui annonce que six des quatorze otages survivants seraient malades. Une otage allemande serait morte fin juillet. Selon "El Watan", les touristes seraient détenus dans les anciennes mines de sel de Taouddini, au nord-ouest du Mali, dans la région de Tombouctou, dans une sorte de "no man's land" où aucun négociateur n'aurait encore pu accéder. Précédemment, les otages et leurs ravisseurs étaient situés plus à l'est, dans la région de Kidal.

Les ravisseurs ont exigé que les négociations se fassent par l'entremise d'un seul médiateur, agréé par les autorités maliennes et allemandes. Selon une source malienne, le médiateur serait Iyad Ag Agaly, ancien chef du Mouvement populaire de l'Azaouad (MPA, la rebelltion touareg au Mali) en 1990, et l'un des négociateurs de la paix. Selon "El Watan", les autorités maliennes et allemandes soupçonneraient cependant ce chef touareg d'être partial, c'est-à-dire trop favorable aux ravisseurs, et l'option d'une offensive armée, malgré tous les risques qu'elle implique pour les otages, serait loin d'être écartée, les forces de sécurité algériennes ayant, toujours selon "El Watan", déployé des troupes d'élite à la fvrontière malienne, près des anciennes mines de sel de Taouddini.

La presse algérienne (notamment "El Watan") affirme que le groupe de ravisseurs serait dirigé par un lieutenant du chef du GSPC, Hassan Hattab, en l'ocurrence "Abderezzak le Para", de son vrai nom Abderrazak Lamari, un ancien militaire passé aux GIA puis, avec Hassan Hattab, au GSPC. Abderrazak, dont le fief se situait dans la région de Tebessa (dans l'est algérien), serait donc venu prêter main forte à Mokhtar Belmokhtar, chef d'un groupe armé du sud algérien, considéré comme "islamiste" par les autorités algériennes, mais plutôt comme un contrebandier et bandit de grand chemin par la plupart des observateurs de la "scène sécuritaire" algérienne. L'annonce de la présence d'Aberrazak aurait en tous cas l'avantage (pour les autorités algériennes) de conforter l'hypothèse, contestée, de la responsabilité des groupes islamistes armés, et en particulier du GSPC, dans l'enlèvement des touristes européens. Selon "El Watan", les ravisseurs exigeraient non seulement une rançon (de cinq millions d'Euros pour chaque otage), mais également des "conditions impossibles à réaliser" (mais le quotidien ne précise pas de quoi il s'agit).

(AFP 7.8 / AFP 8.8 / L'Expression, Liberté , ATS, Le Quotidien d'Oran10.,8) Le Mali et l'Allemagne ont "réaffirmé" le 7 août leur soutien "indéfectible" à la médiation pour faire libérer les 14 touristes européens )9 Allemands, 4 Suisses, un Néerlandais) enlevés dans le Sahara algérien et détenus désormais par leurs ravisseurs au Mali, dans la région de Kidal selon la plupart des sources (mais "El Watan" les avait localisé dans la région de Tombouctou). Le quotidien "El Watan", repris ensuite par d'autres quotidiens algériens (dont "L'Expression) avait annoncé le 7 août qu'un assaut militaire au refuge des ravisseurs (et de leurs otages) était imminent, et qu'un ultimatum avait été adressé aux ravisseurs, les enjoignant de libérer les touristes malades et âgés. Cette information a été "vigoureusement" démentie par les autorités maliennes. "El Watan" appuyait son information sur des déclarations du commissaire de police de Kidal. L'opération militaire était supposée être conduite en coordination avec les services de sécurité concernés, "notamment allemands et algériens", et les Algériens auraient dépêché des troupes à la frontière. La médiation est effectuée par le chef touareg malien Iyad Ag Ghali, en coordination avec les autorités maliennes et des envoyés allemands et suisses. Selon "Le Quotidien d'Oran", un otage allemand, lui-même otage, Christian Grüne, servirait d'intermédiaire (et notamment de traducteur) entre les autorités allemandes et les ravisseurs.

Selon "L'Expression", la prise de touristes en otages aurait été décidée par l'un des chefs du GSPC,"Abderrezak le Para", sans autorisation du chef national du GSPC, Hassan Hattab. D'autres sources attribuent l'enlèvement au groupe de Mokhtar Belmokhtar, dont les liens avec le GSPC restent assez flous. Dans cette hypothèse, Abderrazak se serait "greffé" sur l'opération pour tenter d'en tirer un maximum de profit. Selon des sources "proches du dossier", citées par l'AFP, Abderrazak poserait des exigences excessives pour la libération des otages, ce qui compromettrait celle-ci.

Selon la presse malienne, le Mali serait disposé à payer une rançon pour la libération des otages, cette rançon lui étant ensuite remboursée, sous une forme ou une autre, par l'Allemagne (et vraisemblablement aussi la Suisse, dont quatre ressortissants figurent au nombre des otages).

Quatre des otages seraient "gravement malades", a annoncé le 8 août à Bamako une source "proche des négociations", citée par l'AFP. Selon cette source, "l'objectif immédiat du trio médiateur-autorités maliennes et allemandes" est d'obtenir la libération d'abord de ces otages malades.

Les services spéciaux allemands auraient, selon l'hebdomadaire allemand "der Spiegel", obtenu l'autorisation officielle malienne d'opérer au Mali, alors que l'Algérie "sécurisait" sa frontière pour empêcher les ravisseurs de revenir sur son territoire. En outre, l'hebdomadaire allemand annonce que plusieurs (trois ou quatre) douaniers algériens ont été tués par les ravisseurs des touristes, lors de leur passage d'Algérie vers le Mali, en juillet, information démentie par les autorités algériennes.

Une dizaine d'agents des services spéciaux allemands, et deux agents de leurs homologues suisses, étaient attendus (ou déjà présents) à Bamako le 10 août. Les responsables maliens ont exprimé leur espoir que ces agents étrangers ne viennent pas "mener une médiation parallèle", qui serait préjudiciable à celle d'Iyad Ag Ghali


(Liberté, AFP 13.8 / Le Quotidien d'Oran 14.8) Six des touristes enlevés en Algérie en février et mars, et désormais détenus au Mali, dont une Suissesse de 19 ans, atteinte de malaria ou de diabète, seraient gravement malades, selon des sources "autorisées" évoquées par l'hebdomadaire suisse "L'Illustré". Les ravisseurs des 14 touristes survivants encore détenus au Mali, soit dans la région de Kidal, soit dans celle de Taoudenit, soit dans celle de Tombouctou, ont accepté que des vivres et des médicaments soient remis à leurs otages, et les pourparlers en vue de la libération de ceux-ci continuent, par l'intermédiaire du chef touareg malien Iyad Ag Ghali, mais également, selon "Le Quotidien d'Oran", de l'ancien chef des services spéciaux maliens, le colonel Amadou Baba Touré, et d'une commission de médiation comprenant des Touaregs et des membres des services spéciaux maliens. Selon des sources "proches des négociations", le chef actuel présumé des ravisseurs, Abderrezak "le Para", du GSPC, dont on ne sait par ailleurs toujours pas s'il est réellement l'auteur des enlèvements ou s'il a "récupéré" (ou "ré-enlevé") des touristes déjéà enlevés par un autre groupe armé (celui de Mokhtar Belmokhtar), plus crapuleux qu'islamiste celui-là, aurait demandé à "consulter d'urgence" sa "base" en Algérie.

(AFP, AP, Reuters 17.8 / Liberté, AFP, AP 18.8, corr.) Des informations totalement contradictoires ont été données les 16 et 17 et 18 août sur une possible libération imminente, voire déjà opérée, des derniers touristes européens prisonniers d'un groupe armé, enlevés en Algérie et détenus au Mali, libération finalement opérée le 18, Une source malienne "autorisée, proche des négociations en cours", avait déclaré le 16 qu'il était "très possible que les otages soient libérés lundi" 18... à moins qu'il faille attendre encore "quatre semaines, parce que tout dépend des ravisseurs". La vice-présidente du Parlement malien, Djeneba Cissé, s'est dite le 17 août persuadée que les 14 otages (neuf Allemands, quiatre Suisses et un Néerlandais) seraient prochainement libérés. Le 17 août, des informations émanant de la chaîne de télévision publique allemande ZDF, démenties ensuite par une autre chaîne allemande, l'ARD, laissaient entendre que cette libération était chose faite, contre rançon payée par le gouvernement malien, et qu'on n'atendait plus que les otages libérés à Bamako, où le Secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères Jürgen Chrobog était arrivé le 17 dans un avion médicalisé, en déclarant avoir "bon espoir que les otages soient libérés". Le même jour, le chef de la cellule de crise du ministère suisse des Affaires étrangères, Peter Sutter, arrivait également à Bamako. Du côté malien, un avion militaire s'était rendu à Tessalit, dans le région de Kidal, que certaines sources désignaient comme le lieu de détention des touristes. Des autorités de la ville malienne de Gao ont annoncé le 17 la libération des 14 derniers otages, sans que ni l'Allemagne, ni la Suisse ne confiorment cette libération. Le 18, alors que des media algériens, suisses, allemands et internationaux annonçaient soit l'imminence, soit la réalité de la libération des otages, son attente se poursuivait. La situation est "extrêmement difficile à maîtriser", reconnaissait dans l'après-midi le ministre allemand des Affaires étrangères, après que la ZDF, puis des responsables maliens, eurent annoncé que les otages avaient été effectivement libérés, mais que l'ARD ait annoncé que cette libération était retardée en raison de "problèmes techniques". Un avion allemand envoyé à Gao pour emmener les otages à Bamako était reparti sans eux de Gao. En fin de soirée le 18 août, les otages ont finalement été libérés et remis aux autorités maliennes, qui se sont refusées à entrer dans la détail des négociations ayant abouti à la "restitution" des otages, dont l'arrivée à Bamako était attendue le 19 août.

Sur l'état de santé des otages, les informations restent également contradictoires : selon certaines sources, six des otages seraient gravement malade, dont une Suissesse plus gravement atteinte (de malaria ou de diabète), mais la ZDF a annoncé le 18 que les otages étaient tous en "relative bonne santé", mais affaiblis.

Une équipe d'une dizaine de personnes, dont des représentants allemands, néerlandais et suisses, a été mise sur pied à Bamako, mais les négociations sont prises en charge par le Mali, qui a désigné le chef touareg Iyad Ag Ghali comme médiateur avec les ravisseurs. Selon la ZDF, le Secrétaire d'Etat allemand a participé directement aux négociations et a eu des contacts par téléphone satellitaire avec les ravisseurs, en usant d'un otage comme traducteur.

Sur l'identité des ravisseurs, toutes les informations semblent converger vers la détention des otages par le groupe du GSPC d'Abderrazal Le Para, qui aurait soit succédé, soit prêté main main forte aux ravisseurs initiaux, le groupe de Mokhtar Benmokhtar, certains observateurs interprétant cette intervention d'Abderrazak comme un conflit interne au GSPC, entre précisément Abderrazak (et, éventuellement, Benmokhtar) et Hassan Hattab.

(AFP 18.8 / ATS, AFP, DPA, Reuters, Le Courrier, Le Quotidien d'Oran 19.8 / AP, La Tribune de Genève, Le Monde, El Watan 20.8 / Liberté, Tribune de Genève, Le Courrier 21.8 / Corr.) Les derniers14 touristes européens (neuf Allemands, quatre Suisses, un Néerlandais) enlevés en février dans la Sahara algérien, et libérés le 18 août par leurs ravisseurs dans le nord du Mali, sont arrivés à Cologne le 20 août à bord d'un avion militaire allemand. Tous étaient apparemment en bonne santé. Les quatre otages suisses ont ensuite été transférés à Zurich. Selon l'ambassadeur suisse Peter Sutter, "ils ont été bien traités par leurs ravisseurs". Un otage allemand a également assuré que lui et ses camarades avaient été bien nourrir et bien traités par leurs ravisseurs. Une otage est cependant décédée d'une insolation fin juin, alors que les prisonniers et leurs gardiens faisaient route d'Algérie vers le Mali, après que l'armée algérienne ait libéré un premier groupe d'otages en mai. Les otages avaient rallié Gao par la reoute, puis Bamako par avion. Officiellement, leur libération, attendue le 16 ou le 17, a été retardée en raison de l'état des pistes, rendues difficilement praticables par les intempéries. Selon le président malien Amadou Toumani Touré, les prisonniers étaient détenusdans la région de Kidal, au nord-est du Mali, à 300 km au nord de Tessalit, localité elle-même située à 1720 km de Bamako

Les conditions de la libération des touristes restent très obscures. Le ministre algérien de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a démenti que l'Algérie ait volontairement laissé s'enfuir les ravisseurs au Mali. Le versement d'une rançon apparait probable à tous les observateurs, mais a été démentie, quoique de manière ambigue, par les autorités suisses et allemandes. Le Secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, Jürgen Chrobog, qui a conduit les négociations avec les ravisseurs en compagnie du chef touareg malien Iyad Ag Ghali, a assuré que l'Allemagne n'avait pas "cédé au chantage", la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a déclaré que le versement d'une rançon était "une hypothèse que je ne peux pas accepter", avant d'ajouter : "nous ne donnerons aucun renseignement". L'ambassadeur suisse Peter Sutrer s'est contenté de déclarer : "je ne peux pas et ne veux pas savoir comment les intermédiaires du gouvernement malien ont opéré. En tout cas, ils ont réalisé un petit miracle" pusqu'ils ont été libérés au Mali après un mois, alors qu'ils avaient été détenus en Algérie plus de quatre mois, mais des rumeurs persistantes, relayées par les media allemands, font état d'une rançon de plusieurs millions d'Euros (4,8 selon la chaîne de télévision allemande ARD), qui aurait été versée par le Mali, mais que l'Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas se seraient engagés à rembourser par le biais d'une aide accrue au développement (la coopération suisse au développement, notamment, étant très active au Mali). Au surplus, le rôle de la Libye reste flou : l'un des fils du colonel Kadhafi avait officiellement proposé ses services pour la libération des otages et le 18 août, le porte-parole de la Fondation Kadhafi à Berlin a affirmé que les otages étaient libres depuis la veille grâce, notamment, à l'entremise de la fondation, qui aurait facilité les contacts entre les ravisseurs et les services spéciaux allemands. Le fils de Kadhafi, Saïd Al Islam, responsable de la Fondation, a affirmé le 19 qu'aucune rançon n'avait été versée mais que les Libyens avaient favorisé les contacts politiques. Ils auraient également pu, sinon verser la rançon eux-mêmes, du moins en organiser la remise. On note en outre qu'à la mi-mai, le président Bouteflika s'était rendu en visite à Tripoli, pour rencontrer le colonel Kadhafi, et on supèpose qu'à cette occasion les deux hommes auraient pu se mettre d'accord sur une médiation libyenne, une négociation directe des autorités algériennes avec un groupe armé algérien étant a priori refusée, du moins officiellement, par les premières.

L'identité des preneurs d'otages reste également sujette à controverses. Selon les autorités et la presse algériennes, mais également les milieux gouvernementaux allemands, s'exprimant officieusement, il s'agirait de membres du GSPC de Hassan Hattab, dirigés par l'un de ses lieutenants (voire, selon certaines sources, rival), Abderrazak "Le Para". Selon certaines sources, Abderrazak était, pendant les négociations, en contact téléphonique satellitaire avec Hassah Hattab. La prise d'otage pourrait cependant (c'est l'avis exprimé par le négociateur touareg malien Iyag Ag Ghali) être le fait du groupe armé de Mokhtar Benmokhtar, dont on ne sait précisément s'il relève du grand banditisme ou de l'islamisme armé. Les deux hypothèses (Benmokhtar ou Abderrazak) ne sont d'ailleurs pas contradictoires, puisque selon certaines sources, les touristes auraient bien été enlevés par Mokhtar Benmokhtar, mais récupérés ensuite par Abderrazak, avec ou sans l'assentiment des premiers ravisseurs, dont on suppose d'ailleurs qu'ils sont en relations avec le GSPC. Les zones d'activités du groupe de Mokhtar Benmokhtar (le sud saharien) et du GSPC (le centre et l'est de l'Algérie, essentiellement d'Alger à la Kabylie) ) ne sont cependant pas les mêmes, du moins au départ. Pour "Liberté", Mokhtar Benmokhtar ne serait même plus actif et se serait retiré au Burkina Faso. Le quotidien algérois se demande si Abderrazak ne lui a pas succédé sur le territoire du sud saharien que Benmokhtar contrôlait.

Enfin, le sort des ravisseurs, quels qu'ils soient, fait lui aussi l'objet de controverses. Le Chancelier allemand Gerhard Schröder a appelé le 19 août à ne "pas (les) laisser impunis" et a assuré que l'Allemagne collaborerait avec l'Algérie et le Mali en vue de les arrêter. La ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a également déclaré que "les ravisseurs ne doivent pas rester impunis". Le ministère public de la Confédération a ouvert une enquête, en avril déjà. Selon plusieurs observateurs, il est possible que le marché conclu avec les ravisseurs des touristes comprenne un délai suffisant pour qu'ils prennent la fuite. Un médiateeur malien a de son côté expliqué que les ravisseurs ont libéré leurs otages sous la menace d'un conflit armé avec les populations locales de Tessalit, dans la région de Kidal, où les touristes auraient été détenus. Les habitants de la région étaient, selon "Le Quotidien d'Oran", particulièrement incommodée par la présence des ravisseurs et de leurs prisonniers, qui perturbait le commerce informel avec les villes algériennes les plus proches /Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar), et risquait de provoquer une fermeture de la frontière par les forces de sécurité algériennes. Les autorités maliennes ont en tous cas fait savoir qu'elles se "battraient pas pour neutraliser les ravisseurs" tant que ceux-ci "n'entreprennent rien d'hostile vis-à-vis de la population locale". Le Mali a cependant garanti qu'il n'accorderait pas l'asile aux ravisseurs. Le versement d'une rançon et l'impunité accordés aux ravisseurs représentent en tout cas ce que semblent craindre les autorités algériennes, qui avaient massé des troupes à la frontière malienne, alors que plusieurs groupes armés, islamistes ou non, seraient arrivés dans la région pour aider les preneurs d'otages à prendre la fuite. Les autorités algériennes avaient fait savoir qu'elles désapprouvaient tout versement d'une rançon, mais ont du renoncer, sous la pression allemande, à lancer un assaut armé contre les preneurs d'otages. Le président Bouteflika a, dans un message au Premier ministre néerlandais Balkende, exprimé sa volonté de continuer à combattre le terrorisme "sous toutes ses formes", dans le cadre d'une étroite coopération internationale.

Le versement d'une rançon représenterait en effet un précédent dangereux, notamment pour le tourisme saharien, qui était en passe de "redémarrer", dans la mesure où cela pourrait inciter des groupes armés, de quelque nature qu'ils soient, à suivre la voie des ravisseurs du printemps 2003, et donc à faire planer une menace constante sur les voyageurs étrangers, si leurs ravisseurs potentiels estimaient possible de tirer un profit matériel important de leur capture. Le chancelier allemand Gerhard Schröder et le président de la Confédération suisse Pascal Couchepin ont d'ailleurs incité leurs compatriotes à faire preuve de prudence dans le choix de leurs lieux de vacances et de voyages. Le Département fédéral (ministère) suisse des Affaires étrangères a classé le Sahara algérien comme une région dangereuse, déconseillée aux touristes.

Le président suisse a remercié les autorités allemandes, maliennes et algériennes, et personnellement le Chancelier Schröder et les présidents Bouteflika et Touré pour leur rôle dans la libération des touristes, libération dont le président français Jacques Chirac s'est réjoui dans des messages adressés à Gerhard Schröder, Pascal Couchepin et le Premier ministre néarlandais Jan Peter Balkenende.

(AFP 21.8 / AFP, Reuters 22.8 / AP, AFP 23.8 / AP, El Ribat 24.8 / Le Temps 25.8 / Le Temps 26.8) "Abderrazak le Para", de son vrai nom Amari Saïfi, lieutenant de Hassan Hattab à la tête du GSPC, aurait revendiqué dans un communiqué au quotidien "El Khabae" (qui en publie le fac simile le 23 août) l'enlèvement des touristes européens. Le communiqué, signé de "l'émir de la zone 5, Abou Haïdara Abderrazak Amari El-aurassi", et adressé "à tous les moyens d'information", affirme que les touristes ont été enlevés le 23 février à Illizi, et affirme "l'échec de l'armée algérienne à éliminer le groupe de moudjahidines " responsable de l'enlèvement "malgré les gros moyens dont elles disposent", ce qui explique, toujours selon le communiqué, pourquoi les autorités algériennes ont laissé passer en territoire malien les membres du groupe, en affirmant le faire pour ne pas mettre en danger la vie des touristes. Les 17 touristes libérés en mai, officiellement à la suite d'une intervention de l'armée algérienne, ont été libérés "par les moudjahidines", affirme le communiqué.

Selon le communiqué, qui ne fait aucune allusion à une éventuelle rançon, ni à une médiation libyenne, les quatorze touristes encore détenus par le groupe armé ont été libérés "sains et saufs, et cela en réponse à une demande exprimée par un groupe de notables du nord malien" et grâce à leurs bons offices

Ce communiqué providentiel confirmerait la thèse officielle algérienne de l'enlèvement des touristes par un groupe armé islamiste du GSPC, mais "El Khabar" note le "silence de Hassan Hattab" (le chef national du GSPC) et estime que "l'enlèvement des touristes est une évolution qualitative dans la stratégie d'Al Qaïda au Maghreb et en Afrique sub-saharienne", le GSPC, en tous cas (le groupe est accusé d'être lié à la Qaeda) ne s'étant jamais illustré par ce type de pratiques, contrairement au groupe de Mokhtar Benmokhtar, plus actif dans le banditisme que dans l'islamisme, ni d'ailleurs par des revendicatikons écrites de ses actes, Selon "El Khabar", les ravisseurs des touristes étaient au nombre de 35, appartenant à la zone 6 (sud) du GSPC, ce qui les rattacherait donc plutôt au groupe de Mokhtar Benmokhtar qu'à celui d'Abderrazak. Les deux groupes auraient cependant pu soit se répartir les rôles (Abderrazak aurait conçu l'opération et Mokhtar l'exsécuter), soit se révéler concurrents sur le terrain (Abderrazak ayant, dans cette hypothèse, fait main basse sur les prisonniers de Mokhtar). En outre, le groupe responsable de l'enlèvement aurait agi sans avoir reçu l'aval du chef du GSPC, Hassan Hattab. Le communiqué publié par "El Khabar" (mais dont l'authenticité n'a pu être vérifiée) ne dissipe donc pas totalement les doutes sur les auteurs réels de l'enlèvement, et moins encore sur les conditions de la libération des derniers otages.

Selon l'hebdomadaire allemand "Spiegel", une rançon de cinq millions d'Euros a été payée par l'Allemagne pour la libération des touristes. La stratégie allemande, décidée depuis des mois, aurait consisté à obtenir d'abord la libération des otages, puis à pourchasser les ravisseurs et à les traduire devant la justice. L'argent, provenant de la banque fédérale (Bundesbank), aurait été ammené directement au Mali par le Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Jürgen Chrobog, et remis ensuite aux ravisseurs par l'intermédiaire du gouvernement malien (qui nie) et des médiateurs touaregs (qui nient également). "der Spiegel" affirme que les autorités algériennes ont gêné les négociations pour la libération des otages en faisant de la rétention d'information, notamment sur les exigences des ravisseurs, qui dès le début auraient exigé de l'argent et rien d'autre. Des "sources diplomatiques" évoquées par l'AFP ont affirmé le 21 août que la rançon de 5 millions d'Euros a été versée par la Libye, "à sa propre initiative", et qu'elle n'a transité ni entre des mains maliennes, ni entre des mains allemandes. Le président malien Amadou Toumani Touré avant remercié la Libye (ainsi que l'Algérie) au moment de la libération des otages, mais n'avait pas précisé pourquoi. Les médiateurs touaregs maliens avaient quant à eux nié tout versement d'une rançon, du moins par le Mali (le médiateur malien Amadou Baba Touré a admis la fourniture de médicaments et de nourriture, afin de créer un climat de confiance pour expliquer ensuite aux ravisseurs "qu'ils avaient le choix entre continuer à fuir ou saisir avec notre aide la possibilité d'une issue pacifique") et des otages libérés ont fait savoir qu'ils ne savaient rien d'une éventuelle rançon. L'un d'entre eux, le Suisse Reto Walther, assure cependant qu'une lettre a été adressée par les ravisseurs, et signée parf les otages, à lo'Ambassadeur d'Allemagne à Alger, réclamant une rançon de 45 millions d'Euros. Une autre lettre aurait été adressée au gouvernement libyen. L'un d'eux, l'Allemand Rainer Bracht, a cependant déclaré que leurs vaisseurs voulaient "depuis le début obtenir une rançon pour acheter des armes". Le ministre suisse de la Défense, le Conseiller fédéral Samuel Schmid, a démenti tout paiement d'une rançon par la Suisse. Le 23 août, de sources "proches de la médiation" malienne, l'AFP annonce avoir appris que l'Allemagne a versé une rançon comprise entre 4,2 et 15,2 millions d'Euros, rançon versée par "une personnalité allemande" aux ravisseurs.

L'Allemagne a, selon l'hebdomadaire "Bild", l'intention de lancer des mandats d'arrêts internationaux contre les ravisseurs des touristes, en particulier contre Abderrazak. Selon "Bild", la "chasse aux ravisseurs" devrait se faire sous la houlette des forces algériennes, avec la participation de la France, de l'Allemagne, du Mali et des Etats-Unis (dont la participation a cependant été mise en doute par des experts algériens).

Le bulletin islamiste "El Ribat" trouve "significatif" qu'un "groupe mafio-terroriste" ait réussi à "enlever et détenir dans le Sahara algérien un groupe de touristes occidentaux pendant plus de cinq mois sous le regard des forces de l'ordre et de l'armée algérienne qui se sont contentées d'observer la situation comme si l'action se déroulait dans l'hémisphère sud", puis ont laissé le groupe "parcourir des milliers de kilomètres et traverser le plus simplement du monde la frontière algéro-malienne avec armes, bagages et otages". Pour "El Ribat", le paiement d'une rançon par les pays européens dont les otages étaient ressortissants est probable.

Plusieurs otages ont brièvement témoigné de leurs conditions de détention. L'une d'entre elle, la Suissesse Silja Stäheli, a déclaré avoir "de la compréhention" anvers ses ravisseurs, malgré sa "colère". La jeune femme déclare dans un entretien accordé à l'hebdomadaire zurichois "SonntagsBlick" avoir discuté avec ses ravisseurs, en français, sur les raisons de leur enlèvement : "ils nous ont dit que n'était pas dirigé contre nous personnellement", mais qu'il s'agissait d'un "moyen de pression envers l'Etat algérien". La prisonnière assure sur ses ravisseurs ont toujours traité leurs otages "avec correction et respect". Un autre otage suisse, Reto Walther, est moins compréhensif et parle de ses sentiments de colère quand certains des ravisseurs tentaient de convertir leurs prisonniers à l'islam.

(Jeune Indépendant 7.8) Une douzaine de katibates (groupes armés) du GSPC sont actives en Kabylie, selon "Le Jeune Indépendant", pour qui le nombre total des membres actifs de ces groupes ne serait que d'une centaine (moins de dix éléments par groupe).

(AP 19.8) Un homme de 55 ans a tenté le 19 août de détourner sur Genève un avion d'Air Algérie assurant la liaison entre Alger et Lille (France), via Oran. La tentative a pris fin, sans incident, à Oran, où le pirate avait accepté que l'avion se pose pour faire le plein et permettre à une partie des passagers de descendre. Selon l'agence officielle algérienne APS, l'homme, qui "ne disposait pas de toutes ses facultés mentales", s'est rendu sans résistance aux forces de sécurité. Il s'est avéré qu'il ne disposait d'aucune arme. Selon un témoin cité par AP, il s'agirait d'un sinistré du séisme du 21 mai, lors duquel il aurait tout perdu.

(Liberté 31.8) Le chef de la garde communale d'Arbatache (w. Boumerdès) s'est suicidé le 29 août, par balle.

(El Watan 14.9) Le corps de la touriste allemande Michaela Spitzer, qui faisait partie de l'un des grouzpes de touristes enlevés au printemps par un groupe armé dans la sud saharien, a été exhumé début septembre "non loin de la route d'Ameguid", annonce "El Watan", qui s'appuie sur une "source sécuritaire". Selon la même source, le corps a été transféré à l'hôpital militaire d'Aïn Nadja et autopsié, afin de savoir si Michaela Spitzer est bien morte d'une insolation, comme l'ont affirmé ses ravisseurs. Selon "El Watan", l'autopsie aurait révélé, outre des traumatismes dus à l'insolation, "des traces de blessures balistiques très mal soignées". Le corps a été rapatrié en Allemagne après l'autopsie.

(Le Quotidien d'Oran 11.9) L'ancien chef de milice de Relizane, et ancien maire, Hadj Fergane, accusé d'être responsable de plusieurs "disparitions" et exécutions sommaires, a créé le 9 septembre, à Relizane, une association de défense des droits de l'Homme (l'Association nationale pour la citoyenneté et les droits de l'Homme), à la présidence de laquelle il s'est fait élire lors d'une Assemblée générale où le "Quotidien d'Oran" a noté la présence de nombreux miliciens locaux (GLD et GAD).

(AP 16.9) Quatre après la promulgation part le président Bouteflika de la loi sur la "Concorde civile", la presse privée algérienne, dont la plupart des titres les plus importants sont engagés depuis des mois dans une féroce campagne contre le président, tire un bilan négatif de cette initiative, notamment au plan sécuritaire. Selon "Liberté", près de 6000 islamistes armés (ou membres non armés des réseaux de soutien aux groupes armés) auraient béhéficié des mesures de "grâce amnistiante" et d'abandon de poursuites décidées dans le cadre de la "concorde civile", mais le même quotidien observe que les comités de probation prévus par la loi n'ont pas joué leur rôle, que les "terroristes libérés n'ont jamais ou ont rarement pointé au commissariat de leur quartier" et qu'aucun procès impliquant un "terroriste" auteur de crime de sang, de viol ou d'attentat dans un lieu public n'a eu lieu, alors que la loi de "concorde civile" prévoyait de tels procès. "Liberté" estime que la "concorde civile" a permis aux islamistes de reprendre politiquement le dessus sans éradiquer la violence armée (la diminution de celle-ci, constatable depuis des mois, ne s'observerait réellement que dans les villes), et en permettant aux groupes armés encore actifs de se réorganiser.

Dans son dernier rapport sur l'Algérie, Amnesty International dresse également un bilan négatif de la "concorde civile", et estime que l'amnistie accordée à des milliers de membres des groupes armés et "l'application extrajudiciaire de mesures de clémence par la suite ont empêché de connaître la vérité sur les atteintes graves aux droits humains et ont garanti l'impunité aux responsables" de ces crimes.".

(AP 18.9) Les groupes islamistes armés ne sont plus en mesure d'inquiéter sérieusement les institutions algériennes, a affirmé le 17 septembre, en marge des travaux du séminaire régional africain d'Alger sur le terrorisme et le crime organisé, le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi. Selon lui, "le moral des éléments des groupes terroristes qui ne se sont pas encore rendus est au plus bas, et ils manquent sérieusement de moyens". Ali Tounsi n'a pas donné de chiffres sur le nombre des membres des groupes armés encore en activité (en juin, le chef d'état-major de l'armée, le général Lamari, avait estimé ce nombre à environ 700 éléments, dont 220 "repentis" ayant rejoint les rangs du GSPC de Hassan Hattab.

(El Watan 29.9) Un membre de la milice locale de Ben Badis (w. Sidi Bel Abbès) s'est suicidé d'une balle dans la tête dans la nuit du 27 au 28 septembre.

(El Watan, L'Expression, El Khabar 12.10) La presse algérienne est revenue sur l'information, s'appuyant sur un communiqué émanant du GSPC, l'"émir national" de celui-ci, Hassan Hattab, aurait démissionné ou aurait été limogé, et aurait été remplacé par plus "radical" que lui. La presse s'était déjà fait l'écho d'informations ou de rumeurs selon lesquelles le GSPC était traversé d'une contradiction entre Hassan Hattab, susceptible de négocier avec les autorités, et plusieurs "émirs" régionaux du groupe, notamment les anciens militaires Okacha et Abderrazak. Un communiqué du 18 juillet, portant l'en-tête du GSPC mais non signé, avait fait état de la "démission" de Hattab et de la nomination "provisoire" de Nabil Sahraoui à sa place. Un autre communiqué, signé de 17 responsables locaux (mais non de Hattab) aurait plus récemment (le 16 août selon "El Khabar") confirmé l'information. Certaines rumeurs font même état de l'exécution de Hattab. Ce n'est toutefois pas la première fois que la presse algérienne annonce la "destitution" de Hassan Hattab, l'information ayant déjà été donnée en 1999 -il était alors question de son remplacement par Abdelmadjid Dichou, alias "Abou Mosaâb".

(Liberté, Le Quotidien d'Oran, El Khabar 23.10) Dans un communiqué daté du 11 septembre et signé de Nabil Sahraoui, dont l'AFP a reçu copie, le GSPC (ou du moins ses chefs proclamés, qui ont annoncé l'éàviction de l'"émir national" du GSPC, Hassan Hattab, et son remplacement par Nabil Sahraoui -ce qui a par ailleurs été démenti de source militaire algérienne), affirmerait "son allégeance à tout musulman et combattant à la gloire de Dieu en Palestine et en Afghanistan sous la direction du mollah Omar et de l'organisation Al-Qaïda du cheikh Oussama Ben Laden". Le communiqué appelle à la lutte contre les Américains, qualifiée de "parti du diable" portant "l'étendard des croisades contre l'islam et les musulmans".

Si ce communiqué, providentiel pour tous ceux qui, en Algérie, rêvent d'impliquer les Etats-Unis dans la lutte "antiterroriste", est authentique, et si réellement le GSPC est désormais dirigé par Sahraoui, ce qui n'a pas encore été confirmé de sources fiables, ce serait la première fois que le groupe armé algérien exprimerait publiquement son allégeance à la Qaeda. Le GSPC de Hassan Hattab avait même, en septembre 2001, estimé que les attentats commis à New-York et Washington ne pouvaient, d'un point de vue islamiste, être considérés comme des actes légitimes. "Le Quotidien d'Oran" relève que "ce communiqué risque de bouleverser la donne sur le terrain sécuritaire en Algérie", puisque, ne faisant aucune allusion à l'Algérie, le texte inscrit l'action du GSPC dans le contexte international".

(L'Expression 25.10) Selon "L'Expression", la tentative d'une partie des "émirs" locaux du GSPC de placer Nabil Sahraoui à la tête de l'organisation, à la place de Hassan Hattab, aurait échou. La presse algérienne avait, sur la seule base d'un communiqué dont l'authenticité n'a jamais été confirmée, annoncé le remplacement de Hattab par Sahraoui, et l'alignement du GSPC sur la Qaeda d'Oussama Ben Laden. Selon "l?Expression", la défection de l'un des principaux soutien de Sahraoui, "Abderrazak Le Para", "coincé au Mali" après l'enlèvement de touristes européens dans le sud saharien au printemps 2003, aurait fait échouer le "putsch" interne au GSPC, qui, "malgré quelques défections", resterait donc "le seul chef" du principal groupe armé algérien, dont il contrôlerait toujours les deux principales instances, la direction politique (el-haïâ ech-chariya) et la direction militaire (el-haïâ el-askariya).

(AFP 17.10) Les ravisseurs des touristes européens libérés en août après une médiation malienne sont toujours au Mali, a déclaré le 17 octobre l'Ambassadeur d'Algérie au Mali.

(ATS 21.10) Les neuf otages allemands détenus pendant cinq mois dans le Sahara, en compagnie de quatre otages suisses et d'un Néarlandais, par un groupe armé algérien, ont été priés par les autorités allemandes de rembourser une partie des frais de leur libération, soit entre 1092 et 2301 euros (environ 1700 à 3500 FS). Les opérations de libération, et la rançon qui aurait été versée aux ravisseurs, se monteraient au total à près de 20 millions d'euros, à charge de l'Allemagne -qui a toujours nié avoir versé une rançon.

(Le Quotidien d'Oran 30.10) Un maquis islamiste marocain, de la Salafya Djihadia, s'est installé à la frontière algérienne, selon "Le Quotidien d'Oran", qui le situe entre Djebel Sidi Mâfa quotidien marocain et Djebel Bendahou, dans la région de Beni Bessous (w. Tlemcen) côté algérien.

(L'Expression 2.11) Un habitant de Taourga, près de Baglia (w. Boumertdès) a annoncé qu'il entamé une action en justice contre des membres de la Garde communale de Sidi Naâmane (w. Tizi Ouzou), qu'il accuse de l'avoir torturé pour le punir d'avoir refusé de s'engager dans la Garde communale. Rabah Benazouz accuse les gardes communaux de s'être "acharnés sur (ses) organes génitaux".

(Quotidien d'Oran 17.11) 21 membres de la Garde communale d'El-Megtaâ (w. Jijel) ont comparu devant le tribunal de Jijel pour appartenance et soutien à un groupe terroriste. Les faits remontent au 4 mars 2002, lorsqu'un groupe armé avait attaqué le siège de la Garde communale d'El-Megtaâ, en s'emparant de 16 fusils d'assaut et 5 fusils mitrailleurs, apparemment en l'absence des 21 gardes communaux censés assurer la garde, et qui avaient semble-t-il déserté les lieux, pour n'y reparaître que plusieurs jours après. Le chef du détachement de la Garde communale et son adjoint ont été condamnés à trois ans de prison et cinq ans de privation des droits civiques, ainsi qu'à une amende de 100'000 dinars (environ 1200 euros, 1850 FS). Les 19 autres accusés ont été acquittés.

(La Tribune 16.11) Des groupes d'habitants d'Oran et de sa périphérie se sont constituée en milices pour assurer la sécurité de leurs quartiers, constate "Le Quotidien d'Oran", qui fait état d'une "escalade meurtrière de la violence" dans la région, avec une dizaine de meurtres et une centaine d'agressions dans la wilaya, dans la première quinzaine du Ramadan : agressions et kidnappings de jeunes filles, racket dans les transports publics, agressions aux bombes lacrymogènes, bagarres, vols sous la menace et devant des témoins, saccages de véhicules, etc... Le quotidien relate des scènes de lynchage de voleurs pris en flagrant délit, et dont plusieurs ont été grièvement blessés, et conclut que "le terrorisme n'a pas fait que des victimes physiques (mais que) c'est toute une société qu'il a bouleversée et désarticulée".

(El Watan 20.11) Quatre membres d'un groupe armé crapuleux d'une quinzaine d'éléments qui se faisait passer pour un groupe armé islamiste afin de violer, piller, voler et racketter la population de Chteïbo, Aïn El Beida et Sidi Chahmi ont été condamnés à 20 ans de prison le 19 novembre.

(L'Expression, AFP 20.11) Plusieurs journaux ont fait état de l'arrestation le 17 novembre, au domicile de ses parents, de l'"émir" du GIA Abou Tourab, de son vrai nom Rachid Ouakali, sans que cette information ait été confirmée de source crédible. Abou Tourab serait tombé aux mains des forces de sécurité à Souidania. Abou Tourab, proclamé (ou auto-proclamé) le 14 février "émir national" du GIA (ou d'un GIA qui n'a plus rien de "national") est considéré comme le successeur d'Antar Zouabri, mais cela même est douteux, et lui-même n'a plus donné signe de vie depuis un an et demi. Il ne serait plus à la tête que d'un GIA d'une soixantaine d'éléments disséminés dans les régions de Blida, Alger et Médéa. Un autre "émir" du GIA, Farid Bechroul, alias "Khaled el Fermache", aurait fait scission.

(AFP 23.11) Le quotidien "Saout Al Ahrar", citant des "sources sécuritaires", dément l'arrestation, annoncée par plusieurs autres quotidiens algériens, de l'"émir" du GIA Rachid Abou Tourab. Un islamiste armé portant ce nom aurait bien cependant été arrêté au domicile de ses parents à Saoula, mais il ne s'agirait que d'un homonyme. Précédemment, l'"émir" Tourab avait déjà été donné pour mort en juillet.

(Le Matin 27.11) Selon "Le Matin", le chef du GSPC, Hassan Hattab, pourrait figurer au nombre (une quinzaine) des "terroristes mis hors d'état de nuire" lors d'une offensive militaire qui s'est déroulée entre le 10 et le 20 octobre dans la forêt de Mizrana, entre Dellys et Tigzirt, à la limite des wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou.

La presse algérienne est coutumière de l'annonce de l'"élimination" de chefs de groupes armés, sans que, la plupart du temps, ces "éliminations" soient confirmées de source officielle -elles sont plutôt généralement démenties peu après. En outre, la presse s'était faite en octobre et novembre l'écho de l'annonce, par un communiqué non authentifié, du limogeage de Hassah Hattab de la tête du GSPC.

(Liberté 28.12) 58 gardes communaux ont été tués, 87 blessés et trois autres enlevés par les groupes armés dans la wilaya de Blida, depouis la création de la Garde communale, a annoncé celle-ci le 27 décembre. Dans la wilaya de Blida, la Garde communale compte 82 détachements, rassemblant 3393 hommes.

(AP, Dépêche de Kabylie 27.12 / Liberté, El Watan 28.12 ) Un charnier, composé d'une douzaine de fosses contenant plusieurs dizaines de corps, a été découvert le 13 novembre à Sidi Mohamed Benaouada, près de Relizane, a annoncé le représentant local de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, Hadj Smaïn, le 27 décembre. Hadj Smaïn, qui a pu filmer clandestinement le charnier, a expliqué qu'il contenait plusieurs squelettes portant dans la tête les traces de leur exécution par arme à feu. Selon la LADDH, il s'agirait des restes de personnes "disparues". Plusieurs d'entre eux auraient été identifiés par leurs proches. La région où ces fosses ont été retrouvées a été le théâtre de l'action d'une milice, commandée par l'ancien Maire de Relizane, Hadj Fergane, que la LADDH locale accuse d'être responsable d'au moins 112 enlèvements et de nombreux assassinats. La famille d'un "disparu", Saïdane Hadj Abed, accuse formellement Hadj Fergane et Benachir Aoued, accompagnés d'une soixantaine de miliciens, de son enlèvement le 9 septembre 1996, et déclare reconnaître dans les restes découverts à Sidi Mohammed Benaouda le survêtement du "disparu" -alors que la police affirme que celui-ci est "monté au maquis".

(El Watan 29.12) Neuf personnes ont été incarcérées à Draâ El Mizan (w. Tizi Ouzou) pour racket. Elles tendaient de "faux faux barrages" en se faisant passer pour un groupe armé islamiste, aux Ouadhias, à Mechtras, Tizi N'telta et Boghni, en rackettant sous la menace d'armes à feu les automobilistes de passage.

(Quotidien d'Oran 29.12) L'armée malienne a engagé une "vaste patrouille" dans le nord du pays, dans une zone où se sont réfugiés des éléments du GSPC algérien (du groupe d'Abderrazak le Para), annonce "Le Quotidien d'Oran" sur la foi d'une déclaration de sources militaires maliennes à l'AFP.

(L'Expression 7.12) Selon un communiqué émanant d'un "Front de libération de l'Algérie marocaine" (FLAM), un soldat algérien aurait été tué et deux autres blessés au début octobre dans une attaque contre une unité de garde-frontières algériens dans la région de Snous (w. Tlemcen). Le FLAM, dont l'existence réelle reste hypothétique, serait issu d'une scission du parti libéral réformisme marocain de Mohamed Ziani, mais pourrait tout aussi bien être une création des services spéciaux marocains, destinés à contrecarrer le soutien apporté par l'Algérie au Front polisario (front de libération du Sahara ex-espagnol).

(Le Jeune Indépendant 8.12) Selon "Le Jeune Indépendant", quatre membres de la famille (des beaux-frères) du chef du GSPC, Hassan Hattab, se seraient rendus "dernièrement" aux autorités dans la wilaya de Boumerdès, et cette reddition, qui aurait été nogéciée par Hattab, aurait créé "une véritable dissidence" au sein du GSPC. Le quotidien avance même l'hypothèse, appuyée sur "une source sécuritaire" que Hattab (dont plusieurs journaux avaient annoncé la destitution par les autres "émirs" du GSPC) aurait été "exécuté par ses pairs" et remplacé par Nabil Sahraoui. Aucune de ces hypothèse n'a cependant été confirmée, ni de source officielle, ni par des observations sur le terrain.

2004

(Quotidien d'Oran 10.1) Dans un long texte rendu public par une "section communication et audiovisuel" du GSPC, mais qui n'a pas été authentifié, l'émir concurrent de Hassan Hattab à la tête du GSPC, Nabil Sahraoui (Abou Ibrahim Mustapha) annonce un "djihad perpétuel" en Algérie, tout en affirmant que le GSPC est "innocent des massacres perpétrés contre le peuple innocent", qu'il attribue aux "kharidhjites de Antar Zouabri" et au régime au pouvoir. Sahraoui dément toute tentation de son GSPC de rejoindre la concorde civile et affirme que les gouvernants de l'Algérie "ne méritent aucune conscience, état d'âme, confiance, pacte réconciliation ou trêve", mais seulement "le repentir ou le sabre". Sahraoui affirme que l'action du GSPC est "complémentaire à celle des autres groupes" armés islamistes hors d'Algérie "et poursuit l'objectif sacré et commun à tous les frères musulmans d'instaurer un califat clairvoyant en terre d'islam" : "Nous soutenons la victoire de tous nos frères en Afghanistan, Palestine, Tchétchénie, Philippines et Irak", ajoute le texte attribué à Sahraoui, qui promet de combattre "la laïcité, la franc-maçonnerie, le communisme, la démocratie et toute idée ou pensée qui contredit la pensée salafiste" : "la guerre aujourd'hui est claire, car elle oppose le camp de l'islam à celui des croisés et des juifs", conclut le texte.

(Le Quotidien d'Oran 11.1) Les dixième et onzième étapes du rallye Paris-Dakar ont été annulées par les organisateurs, les autorités maliennes et françaises, à cause de menaces terroristes (qui pourraient propvenir de groupes liés au GSPC algérien, mais pourraient également plutôt relever du grand banditisme). Les étapes en question devaient relier Néma (Mauritanie) à Mopti (Mali), puis Mopti à Bobo Dioulasso (Burkina Faso).

(El Watan, Le Matin 22.1) Le chef d'une milice locale (GLD) de Souk Ahras, Mohamed Gharbi, a été condamné à vingt ans de prison le 21 janvier à Guelma pour "meurtre avec préméditation" à l'encontre d'un islamiste armé "repenti", l'ancien émir de l'AISY Ali Merad, qu'il avait abattu le 11 février 2001 à Souk Ahras. L'accusation avait requis la peine de mort, les avocats de la défense ont défendu Mohamed Gharbi en expliquant son geste par l'impunité dont jouissait, du fait de la "grâce amnistiante" décidée par le président Bouteflika en janvier 2000, l'ancien "émir" de l'AIS, qui avait en outre menacé Mohamed Gharbi.

(AP 3.2 / L'Expression 7.2) Selon "El Watan", le GSPC serait menacé d'une dissidence dans l'est algérien, notamment dans le massif de Collo et les maquis de Jijel, ou plusieurs "émirs" auraient affirmé leur refus de toute négociation entre le GSPC et des représentants du pouvoir, et auraient créé un nouveau groupe, le "Groupe salafiste libre" (GSL), sous la direction de l'"émir" Abou Mouthala. Ce n'est pas le première fois que la presse algérienne annonce une scission du GSPC, mais aucune des annonces précédentes n'a réellement été confirmée de source sûre, ni réellement confirmée dans les faits. Ce n'est pas non plus la première fois que l'on évoque dans la presse privée des "négociations" entre le GSPC et les autorités, mais ni le GSPC ni les autorités n'ont jamais confirmé ces négociations -qui sont cependant assez vraisemblables.

Par ailleurs, "L'Expression" annonce que les forces de sécurité ont été instruites de la présence de menaces d'attentats suicides que pourraient commettre des éléments du GSPC d'"Abderrazak Le Para" contre des personnalités, des bâtiments ou des institutions publiques, notamment des établissements scolaires. On notera cependant que les attentats suicides n'ont jusqu'à présent pas été une pratique des groupes armés algériens, et que les cibles habituelles du GSPC sont les forces de sécurité et leurs auxiliaires locaux (gardes communales, milices locales), et non les civils.

(AFP 13.2) Le chef (autoproclamé) du "Front de libération de l'Algérie marocaine", (FLAM), qui revendique pour la Maroc une partie du territoire algérien et avait affirmé dans un communiqué, en novembre 2003, avoir créé une "milice combattante un peu partout en Algérie occidentale et centrale" et y avoir mené des attaques (qui n'ont jamais été confirmées par aucune source) a été condamné le 13 février à Rabat à dix ans de prison pour "constitution d'une bande criminelle et publication de fausses informations". Mohamed Alouah, par ailleurs président du parti libéral réformateur (PLR, non autorisé), s'est défendu en expliquant que la "milice" dont il avait revendiqué la création n'était qu'une "simple idée" qu'il n'avait pas mise en oeuvre.

(Le Jeune Indépendant 17.2) Les récentes opérations menées en janvier par l'armée algérienne contre les groupes du GSPC dans le sud saharien, à la frontière malienne, semblent illustrer la mise en pratique du plan américain antiterroriste "plan Sahel" (PSI). Des experts militaires américains ont été envoyés au Mali, notamment à Gao, à la frontière algérienne, pour y former des soldats maliens à la lutte contre le terrorisme et le trafic d'armes. Dans la région sont implantés à la fois des groupes armés islamistes du GSPC, vraisemblablement ceux d'Abderrazak le Para, et des groupes armés politiquement moins identifiables, comme ceux de Mokhtar Belmokhtar, qui se livrerait surtout au trafic et à la contrebande mais serait lié au GSPC, qu'il approvisionnerait en armes.L'objectif du programme PSI est de prévenir des attentats terroristes compartables à ceux commis par des groupes affiliés à la Qaeda, en 1998 au Kenya et en Tanzanie, et au Maroc en 2003, les services américains considérant le GSPC comme une organisation terroriste liée à la Qaeda.

(AP 9.3) Selon "Le Matin", démenti plus tard par les autorités armé du GSPC fort d'une cinquantaine de membres se serait installé dans Alger avec pour objectif de perturber le scrutin présidentiel du 8 avril en multipliant les attentats.

(Quotidien d'Oran, Liberté 11.3) Plusieurs journaux algériens annoncent que l'"émir" du GSPC Abderrazak "Le Para", à la tête d'un groupe armé d'une cinquantaine de personnes, est encerclé par l'armée tchadienne dans le Tibesti et a été "accroché" depuis le 8 mars. "Le Quotidien d'Oran" fait état d'une "source militaire occidentale" au Mali pour donner cette information. Le quotidien annonce que plusieurs services spéciaux occidentaux, dont la DGSE française, qui est dans l'une de ses zones d'action traditionnelle, et la CIA américaine, mais également les services lybiens, "sont aux aguets" dans la région. "Liberté" et "El Watan" annoncent que "25 terroristes du GSPC ont été abattus", dont peut-être Abderrazak lui-même. Le gouvernement tchadien, pour sa part, confirme bien la présence d'un groupe armé dans le nord du pays, mais annonce qu'il s'agit d'un groupe tchadien du MJDT (Mouvement pour la justice et la démocratie au Tchad, opposition tchadienne), qu'il accuse de rechercher une alliance avec les islamistes algériens, ce que le MJDT dément, en accusant au contraire le régime tchadien d'être lié aux islamistes soudanais.

Abderrazak Le Para a déjà à plusieurs reprises été donné pour mort, ou prisonnier, ou encerclé, par des informations qui n'ont jamais été vérifiées. De même, il a été successivement (voire synchroniquement) signalé dans le sud saharien algérien, au Mali, en Mauritanie et au Tchad, sans que jamais cette situation ne soit confirmée.

(AFP 12.3 / AFP, Le Quotidien d'Oran, El Khabar 14.3) Les informations et le bilan des affrontements survenus entre un groupe armé formé d'Algériens, de Nigériens et de Maliens et les forces tchadiennes, entre le 8 et le 10 mars dans le Tibesti, au nord du Tchad, sont toujours fragmentaires et contradictoires. Selon le gouvernement tchadien, 43 membres du groupe, dont neuf Algériens, auraient été tués, ainsi que trois soldats tchadiens. Le groupe serait passé du Mali au Niger et du Niger au Tchad après s'être vraisemblablement rendu responsable de la prise d'otage de plus d'une trentaine de touristes européens dans le sud saharien. Il s'agirait du groupe formé par Abderrazak "Le Para", de son vrai nom Amari Saïfi, "émir" du GSPC, auquel se seraient agrégés des combattants maliens et nigériens. Abderrazak aurait participé aux combats dans le Tibesti, mais aucune information crédible sur son sort n'a encore été donnée. Les autorités tchadiennes ont annoncé que le groupe tentait de rejoindre les rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice (MJDT), qui a démenti.

Des informations contradictoires ont été données quant à la participation de forces américaines aux opérations du Tibesti. "Le Quotidien d'Oran" assure que des militaires américains ont participé à l'opération". Des avions de reconnaissance américains auraient notamment suivi le groupe armé depuis sa sortie du Mali. Des informations non confirmées font état de la présence de 200 éléments américains dans la zone sahélienne allant du Mali au Tchad en passant par le Niger, et de la participation d'avions de combat américains au bombardement du groupe armé. Le porte-parole du Département d'Etat US, Richard Boucher, a assuré qu'"aucune force américaine" n'a participé à des opérations, dont les Etats Unis ont "félicité" les forces tchadiennes. Richard Boucher a cependant indiqué que les USA avaient un programme d'entraînement et de soutien militaire au Mali, au Tchad, au Niger et à la Mauritanie. Ces quatre pays reçoivent également une assistance militaire française. Une délégation militaire algérienne s'est rendue au Tchad, selon "El Khabar", pour obtenir des informations sur l'opération afin de suivre le périple des Algériens (y compris éventuellement Abderrazak) qui en auraient réchappé. Selon la presse algérienne, un groupe armé de cinq personnes a été repéré au sud de la wilaya de Khenchela en provenance du Tchad et se dirigeant vers Batna, et deux de ses membres ont été abattus le 12 mars à Garet.

(AP 13.3) 19 personnes, dont trois gardes communaux, dont un chef-adjoint de détachement de la Garde communale, ont été arrêtées par la gendarmerie à Lakhdaria, sous l'accusation de former un réseau de soutien logistique et de renseignement aux groupes armés islamistes.

(Liberté 17.3 / Liberté 18.3) "Plusieurs unités des forces spéciales américaines et des troupes militarisées de la CIA sont attendues dans les tout prochains jours dans le Sahel", dans les zones frontalières de l'Algérie, du Niger et du Mali, annonce "Liberté". Il s'agirait d'une opération décidée après les attentats de Madrid, coordonnée par les Américains et dirigée contre une concentration de plusieurs centaines de combattants islamistes liés à la Qaeda. "Liberté" estime cependant que "les régimes malien et nigérien pourraient (...) profiter de ces opérations pour mettre définitivement un terme à la rébellion touareg". Le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a démenti le 17 mars toute présence de troupes américaines dans le sud algérien, mais a confirmé la présence d'un groupe mobile du GSPC, traqué par les forces armées des pays de la région, et a également confirmé la coopération sécuritaire entre les pays concernés.

(AP, AFP 18.3) Le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a confirmé le 18 mars les accrochages autour du 9 mars, entre forces armées tchadiennes et un important groupe armé lié au GSPC, parti du Mali vers le Niger puis vers le Tchad. Il n'a cependant pas pu confirmer ni infirmer la présence d'Abderrazak Le Para parmi les membres du groupe armé abattu par les forces tchadiennes. De sources diplomatiques et militaires au Mali, l'AFP a annoncé qu'Abderrazak avait échappé aux combats et se serait replié en Algérie avec un petit groupe de combattants. Par contre, l'un des lieutenants d'Abderrazak, "Bilal", responsable de l'approvisionnement en armes, aurait été abattu. La même source au Mali a estimé excessif le bilan des combats au Tchad rendu public par les autorités tchadiennes, et selon lequel 43 membres du groupe armé auraient été abattus. Selon la source de l'AFP, le bilan réel serait trois fois plus bas. En outre, le GSPC serait en train de reconstituer ses groupes armés dans toute la région, en recrutant au sein des populations les plus défavorisées.

Le ministre algérien des Affaires étrangères a enfin démenti toute présence de forces algériennes sur territoire tchadien, et de forces américaines sur territoire algérien, tout en reconnaissant l'existence d'une "coopération" algéro-américaine dans le domaine sécuritaire.

(AP 23.3 / Le Quotidien d'Oran 25.3) Des "bérets verts" américains entraînent des soldats maliens dans le nord du Mali. Des militaires américains sur place ont expliqué à l'agence AP que les USA craignaient que des combattants islamistes liés à la Qaeda puissent s'implanter dans le Sahel comme ils l'ont fait en Afghanistan. L'initiative américaine "Pan-Sahel" associe le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad (quatre pays bénéficiant par ailleurs d'une coopération militaire française, ce qui laisse supposer qu'au-delà de la "lutte antiterroriste", le contentieux franco-américain et la concurrence entre la France et les USA ne sont peut-être pas étrangers à la présence améreicaine dans la région, d'autant que les "bérets verts" américains sont arrivés au Mali un mois après une visite du président français Jacques Chirac, en octobre 2003). Les Américains fournissent, selon des responsables maliens, des renseignements obtenus par des satellites espions. Selon les responsables américains, le programme exclut toute fourniture d'armes mortelles.Selon un responsable militaire malien, le lieutenant-colonel Younoussa Maiga, une colonne de vingt véhicules transportant une centaine de combattants, notamment des membres du GSPC algérien, sont entrée au Mali en décembre 2003. Les forces maliennes ont repoussé la colonne au Tchad et les troupes américaines assurent n'avoir pas participé à l'opération.

Les chefs d'état-major des armées des pays du Maghreb et du Sahel (dont, pour l'Algérie, le général Lamari) ont été réunis à Stuggart, au QG des forces américaines en Europe, pour un sommet consacré à la lutte contre le terrorisme. Le 24 mars, la décision de principe de mener une "stratégie opérationnelle" coordonnée de lutte contre le terrorisme aurait été prise, mais les résultats de la rencontre n'ont pas été rendus publics. Selon "Le Quotidien d'Oran", l'Algérie serait désireuse de renforcer sa coopération bilatérale avec les USA et s'inquiéterait de l'"essaimage" des réseaux du GSPC dans les pays du Sahel.

(AP 27.3 / Liberté, Jeune Indépendant 28.3 / Liberté 29.3) Des instructeurs américains forment en Algérie des unités d'élite chargées de protéger des "sites sensibles", selon "Liberté", qui cite, sans les identifier, des "sources bien informées", selon lesquelles ces instructeurs (une trentaine) se trouvent à l'école militaire de Cherchell et agissent dans le cadre d'un accord signé entre les ministères algérien et américain de la Défense. Les "sites sensibles" évoqués sont notamment les bases pétrolières du sud. Le quotidien ajoute que l'Algérie va recevoir prochainement une importante livraisons d'équipements militaires américains destinés à la lutte antiterroriste, comme des appareils de vision nocturne. Un officier américain, ne colonel Nelson, a déclaré au "Jeune Indépendant" que la collaboration entre l'Algérie, les pays du Sahel (Mali, Tchad, Niger notamment) et les Etats Unis s'était renforcée, sans le cadre du "Plan Sahel"américain. En 2003, une réunion s'est tenue à Bamako (Mali) entre responsables de la lutte "antiterroriste" de pays du Sahel, du Maghreb et des USA

Le ministère algérien des Affaires étrangères, qui a reconnu l'existence d'une coopération algéro-américaine "dans le cadre de la lutte antiterroriste", avait démenti des informations précédentes sur l'implantation d'une base américaine dans la région de Tamanrasset. Le ministère de la Défense nationale a quant à lui "formellement" démenti le 28 mars que des instructeurs américains se trouvent en Algérie pour former des militaires algériens.

(La Tribune 18.3) L'Union africaine a annoncé le 16 mars qu'elle allait ouvrir à Alger avant la fin de l'année un "centre antiterrorisme" à Alger. le centre sera chargé de collecter l'information sur le terrorisme, et l'échange de cette information, entre les Etats membres de l'UA.

(AFP 21.3) L'Ambassade de Grande Bretagne à Alger a été transférée temporairement du centre ville vers l'hôtel Hilton, en attendant de l'être en Tunisie, "pour des raisons de sécurité", a annoncé le 21 mars le ministère britannique des Affaires étrangères (Foreign Office), qui n'a pas donné de précisions sur la nature des risques justifiant ce déplacement, mais a suggéré qu'il ne s'agit pas d'un déménagement définitif, et que la sécurité du personnel de l'ambassade en était la cause. Le déménagement des services consulaires britanniques en Tunisie affectera le service des visas, dont l'octroi va être limité aux personnes ayant déjà obtenu un vias britannique, américain, canadien, australien ou néo-zélandais dans les cinq dernières années, ou ayant moins de 16 ans ou plus de 60 ans, ou ayant des parents en Grande-Bretagne, ou y résidant eux-mêmes. L'ambassade britannique à Alger a annoncé qu'elle allait se construire un nouveau siège à Alger, dans un endroit plus sécurisé que l'actuel (bd Souidani Boudjemaâ).

(Reuters, Libération, Le Quotidien d'Oran 31.3) Deux anciens miliciens algériens, les frères Mohamed, âgés de 35 et 40 ans, ont été inculpés le 30 mars en France, à Nîmes, pour tortures et actes de barbarie. Les deux hommes ont été laissés en liberté provisoire, sous contrôle judiciaire. Ils nient les faits mais le juge français a pu confronter deux hommes, affirmant avoir été témoins de l'enlèvement de leurs pères, au deux accusés. Les frères Mohamed sont poursuivis pour des exactions commises sur la population de Relizane entre 1994 et 1997, soua la direction notamment de l'ancien maire, et chef de milice, Mohamed Fergane. L'un d'entre eux avait déjà été arrêté en Algérie, à la suite d'une enquête ordonnée sur instruction du président Zéroual en 1998, mais il avait, ainsi que les onze autres miliciens arrêtés, été remis en liberté. En France, ils vivaient dans une semi clandestinité : ils avaient déménagé trois fois, leurs papiers administratifs et leurs baux étaient aux noms de leurs femmes. Ils sont employés comme agents de sécurité.

Les poursuites, les premières en France contre des miliciens algériens, font suite à une plainte déposée par la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Les deux organisations se sont inquiétées de la remise en liberté des deux inculpés, et ont demandé au gouvernement de "garantir" leur maintien "à la disposition de la justice française".

La FIDH et la LADDH rappellent qu'à l'époque des faits, "les milices avaient droit de vie et de mort sur toute la population", et que dans la région de Relizane, elles se seraient rendues coupables de plus d'une centaine d'exécutions sommaires. Dans des fosses communes découvertes dans la région, des dizaines de corps, portant des traces de tortures, ont été retrouvés.

(Liberté 5.4) La Fédération internationale des associations de victimes du terrorisme a protesté contre l'inculpation par un juge français après une plainte pour "torture et crime contre l'humanité" de deux anciens miliciens algériens, membres de milices locales de la région de Relizane. La FIAVT qualifie les deux miliciens d'"avant-.gardistes de la lutte antiterroriste" et estime qu'en les inculpant, la justice française cède à des "groupes de pression (qui) essaient de semer le doute quant aux commanditaires du terrorisme en soutenant la thèse du qui tue qui ?". La plainte qui a suscité l'inculpation, le 29 mars à Nîmes, de Hocine Adda et Mohamed Abdelkader, a été déposée par la Ligue des droits de l'Homme et la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme. Les deux inculpés ont été laissés en liberté, sous contrôle judiciaire.

(AFP 5.4) Le Parquet de Nîmes a fait appel de la mise en liberté provisoire de deux membres d'une milice locale de Relizane, inculpés le 30 mars d'actes de torture et de barbarie. Les deux hommes (un Algérien et un Français) sont accusés d'avoir participé à des rafles et des exécutions sommaires entre 1994 et 1997. La plainte qui a conduit à leur inculpation a été déposée par le Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et la Ligue française. Le procureur de la République de Nîmes a fait appel en raison du "caractère exceptionnel du dossier". Quant à l'avocat des deux hommes, il récuse le terme de "milice", du fait de son utilisation pour désigner la police parallèle en France sous le régime fasciste de Vichy, et estime que les deux hommes n'ont été membres que de l'un des "groupements de défense de villageois en pleine guerre civile". *

* Indépendamment de sa connotation historique contextuelle française, le terme de milice désigne tout groupement armé formé d'individus non intégrés dans des forces policières ou militaires permanentes. C'est ainsi, par exemple, que l'on parle d'"armée de milice" pour désigner l'armée suisse, essentiellement composée de recrues qui, au terme d'une instruction de quelques mois, reçoivent (et gardent chez elles) leur équipement militaire personnel et leurs armes personnelles, et sont appelées à des "cours de répétition" périodiques... Le terme n'est donc pas, en soi, péjoratif.

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, programme conjoint de la FIDH et de l'OMCT, a lancé l'appel suivant :
Description des faits:

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de
l'Homme, programme conjoint de la FIDH et de l'OMCT, s'inquiète
vivement du sort de Mohammed Smaïn et Fethi Azzi qui ont accepté de
témoigner dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en
France contre deux membres des milices de Relizane pour torture et
actes de barbarie.

Les deux miliciens, les frères Abdelkader et Hocine dit " Adda "
MOHAMED, après avoir été mis en examen le 30 mars 2004 ont été
libérés et placés sous contrôle judiciaire suite à la décision du
juge des libertés et de la détention (JLD). Cette mise en examen fait
suite à une plainte pour torture, actes de barbarie et crimes contre
l'humanité déposée en octobre 2003 devant le Procureur de la
République près le Tribunal de Grande Instance de Nîmes par la FIDH
et la Ligue française des droits de l'Homme et du citoyen (LDH).

Après un séjour en France où ils étaient venus témoigner devant le
juge d'instruction, Mohammed Smaïn et Fethi Azzi sont rentrés en
Algérie au début du mois d'avril 2004. Depuis leur retour, ils sont
soumis à diverses pressions et harcelés par les autorités de leur
pays.
En effet, le 5 avril dernier, alors qu'il reprenait son travail à la
sous-préfecture, Féthi Azzi s'est vu signifier son renvoi sur le
champ avec pour seule explication que des instructions avaient été
reçues dans ce sens. M. Azzi a depuis été réintégré après avoir été
dégradé et muté dans un autre service de la sous-préfecture.
Il a, entre outre, reçu des menaces à Jdiouia où il réside, pour
avoir témoigné contre les frères Mohammed.

Mohammed Smaïn, représentant de la Section de Relizane de la Ligue
algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), organisation
affiliée à la FIDH, a été arrêté samedi 10 avril 2004 alors qu'il se
trouvait en compagnie de journalistes enquêtant sur les disparitions
forcées venus rencontrer des témoins sur place. Après son arrestation
par le groupement de Gendarmerie de Relizane, M. Smaïn a été maintenu
en détention pendant 20 heures. Dimanche matin, le Colonel Benlalla,
commandant du groupement de Gendarmerie lui a signifié qu'il était
poursuivi pour outrage à corps constitué et a refusé de lui rendre
ses papiers de voiture.

M. Smaïn a alors demandé une audience avec le procureur général,
audience qui lui a été refusée.

L'Observatoire est profondément inquiet des harcèlements dont font
l'objet Messieurs Mohammed Smaïn et Fethi Azzi. Ces actes sont
contraires aux dispositions prévues par la Déclaration sur les
défenseurs des droits de l'Homme adoptée le 9 décembre 1998 par
l'Assemblée générale des Nations unies, notamment à son article 9§3c
qui prévoit que chacun à le droit " [d]'offrir et prêter une
assistance juridique professionnelle qualifiée ou tout autre conseil
et appui pertinents pour la défense des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. "

Actions demandées

i. de mettre fin au harcèlement dont les défenseurs des droits de
l'Homme sont victimes ;
ii. de protéger l'intégrité physique et morale des témoins de
disparitions forcées ;
iii. se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les
défenseurs des droits de l'Homme adoptée le 9 décembre 1998 par
l'Assemblée générale des Nations unies, notamment à son article 1
selon lequel : " chacun a le droit, individuellement ou en
association avec d'autres, des promouvoir la protection et la
réalisation des droits de l'Homme et des libertés fondamentales aux
niveaux national et international " et à son article 9§3c mentionné
ci-dessus ;
iv. se conformer en toutes circonstances aux dispositions de la
Déclaration universelle des droits de l'Homme et des instruments
internationaux relatifs aux droits de l'Homme liant l'Algérie.


(Liberté 22.4) Selon "des sources concordantes" évoquées par "Liberté", "pas moins de 300" membre du GSPC de Hassan Hattab auraient déposé les armes et s'apprêteraient à quitter les maquis dans une dizaine de wilayas, dont celles de Chlef, Medea, Skikda et Jijel ("Liberté" n'évoque cependant pas les wilayas où le GSPC est le plus implanté, à savoir celles de Kabylie). 70 membres du GSPC se seraient déjà rendus dans la wilaya de Jijel, une vingtaine (soit trois groupes armés) dans celle de Chlef et trois groupes armés composés d'une centaine d'éléments seraient sur le point de le faire dans la wilaya de Médéa, après qu'un "émir" du GSPC les y aient appelés.

* (CSSI) on ne peut que prendre ces informations avec beaucoup de prudence, et ces chiffres avec de longues pincettes : "300 terroristes" du GSPC déposant les armes, ce serait en effet l'équivalent de plus que la totalité des effectifs du GSPC tels qu'évalués de sources officielles et officieuses depuis des mois -et on voit assez mal comment le nombre des redditions pourrait être supérieur à celui des effectifs...

(El Khabar, Jeune Indépendant, El Watan 25.4) Selon des "sources bien informées" évoquées (sans autre précision) par "El Khabar", des dizaines de femmes et d'enfants de membres du GSPC ont quitté les maquis de celui-ci dans les montagnes de la wilaya de Jijel pour rejoindre des centres spécialisés. Toujours selon "El Khabar" et toujours selon des "sources fiables" non précisées, des "dizaines de terroristes", membres de groupes du GSPC de la région d'Azzazba ou de GIA des wilayas de Guelma et d'Annaba, pourraient se rendre aux autorités. "Le Jeune Indépendant", s'appuyant lui aussi sur des "sources bien informées" et non désignées, annonce que le frère du responsable de la délégation exécutive du FIS à l'étranger Rabah Kébir, Mustapha Kébir, ancien "émir" de l'Armée islamique du Salut, jouerait le rôle de "médiateur" entre une trentaine de membres du GSPC et les autorités. Les rumeurs de redditions collectives de membres du GSPC sont persistantes depuis plusieurs jours, mais n'ont jamais été confirmées par aucune source identifiable, et sont d'ailleurs démenties par des "sources militaires" (pas plus identifiables que les précédentes) citées par "El Watan". Pour ces "sources militaires", les rumeurs en question seraient des "ballons d'essai" lancées par des "familles de terroristes" pour "tester la réaction des autorités après l'élection présidentielle", mais ne reposeraient sur aucune réalité, hors de quelques redditions individuelles de "terroristes isolés et acculés". Les "sources" d'El Watan" précisent que le GSPC étant dirigé, entre autres, par d'anciens militaires, tenus pour déserteurs et n'ayant pas grande clémence à attendre, il est peu vraisemblable d'espérer qu'il entre, collectivement, dans un processus de reddition. Par ailleurs, "Le Matin" annonce que les maquis du GSPC dans la région de Mizrana, entre Dellys et Tigzirt, ont été renforcés par de nouvelles recrues. De source militaire citée par "El Watan", on estime à trois ou quatre, voire six, membres des forces de sécurité tués chaque semaine dans des affrontements avec le GSPC.

(El Khabar 18.4) L'armée malienne a annoncé que les groupes armés du GSPC algérien présents au nord du pays, près de la frontière algérienne, dans la région de Kidal, en avaient été chassés. Les groupes du GSPC présents au Mali seraient ceux d'Abderrazak le Para. Les autorités maliennes n'ont pas précisé si ces éléments armés avaient été repoussée en Algérie ou au Niger.

(AFP 26.4 / Le Matin 29.4) "Le Matin" évoque une "large opération de 'contacts' avec les terroristes constituant les groupes armés encore actifs", opération menée par l'intermédiaire des familles des membres de ces groupes, et qui, selon le quotidien, aurait "gagné l'ensemble des régions du pays". Mais on note qu'aucune confirmation officielle, ni officieuse émanant de source crédible, n'a été apportée aux rumeurs faisant état de redditions collectives importantes, voire massives (300 membres du GSPC s'apprêteraient à se rendre, annonçait "Liberté" le 22 avril, et le 26 avril, "Le Soir d'Algérie" annonçait de "prochaines redditions massives" dans l'est et le centre); seules quelques redditions individuelles ont été confirmées jusqu'à présent.

En revanche, "Le Matin" détaille le déploiement du GSPC, depuis 2002, dans des régions où il était absent, et le ralliement à l'organisation armée (dont on ne sait plus avec certitude par qui, Hassan Hattab ou Nabil Sahraoui elle est dirigée) de groupes armés indépendants, ou précédemment liés aux GIA, comme la katibat "El Khadra" de l'"émir" Mohammed Houti, alias Abou Othba, liée aux GIA jusqu'en 1996, et qui a rallié le GSPC en mai 2002. Une demie-douzaine de GIA de l'ouest (de Masdcara à Tlemcen) ont fait dissidence en 2000, pour créer un "Groupe salafiste combattant" dont la plate-forme était calquée sur celle du GSPC, puis ont rejoint le GSPC. Dans la région de Relizane, le groupe armé de Mohammed Benbadra, alias Aïssa Abou Abderrahmane, a rallié le GSPC en novembre 2003.

(Reuters 1.5 / AFP, El , El Watan 2.5 / Le Matin, El Watan 3.5) Dans un communiqué publié le 2 mai par "El Khabar", le GSPC appelle ses partisans à "intensifier les actions de combat et de sabotage", affirme que "le Djihad ne prendra pas fin avant l'établissement d'un régime islamique" et dément tous "contacts" avec les autorités, et toute hypothèse de reddition. Le communiqué du GSPC annonce même qu'il ciblera tous ceux, Algériens ou étrangers,qui soutiennent les autorités, y compris *ceux du savoir et de la plume" (intellectuels, artistes, journalistes), ce qui représenterait, si le communiqué est authentique, un changement de stratégie de la part du GSPC qui, sous la direction de Hassan Hattab, ne s'en prenait (du moins officiellement) qu'aux membres des forces algériennes de sécurité (miliciens et gardes communaux compris). En outre, une "fatwa" demandée par le GSPC à un mufti salafiste, Abdelmoumaïn Mustapha Halima (Abou Bacir) recommandait au groupe armé de ne pas s'en prendre aux étrangers.

Le communiqué du GSPC, daté du 26 avril, est signé de Nabil Sahraoui, alias Abou Ibrahim Mustapha, présumé "émir" national du GSPC, remplaçant Hassan Hattab. Il est diffusé après que de nombreux articles parus dans la presse algérienne aient évoqué des dizaines de redditions, voire la possibilité de redditions de plusieurs centaines de membres du GSPC qui auraient déjà déposé les armes. Ces informations ou ces rumeurs n'ont cependant été confirmée ni par les autorités, ni par les faits. Par ailleurs, le rapport du Département d'Etat américain sur le terrorisme en 2003 rappelle que, selon les autorités algériennes, le nombre de terroristes actifs en Algérie est passé de 25'000 en 1992 à quelques centaines actuellement, ce qui rendrait assez peu vraisemblable la reddition de "plusieurs centaines" de "terroristes" (à moins de considérer comme des "terroristes" les femmes et les enfants des membres de groupes armés). "El Watan" affirme, sur la base de sa propre enquête, qu'"aucune reddition n'a été enregistrée dans la wilaya de Bouira", ni dans celle de Mascara, et que les camps de toile érigés au sud de Kadiria et dont la rumeur disait qu'ils étaient destinés à abriter de futurs "repentis" abritent en réalité des militaires engagés dans des opérations de ratissage. Une rumeur de reddition massive (de "plusieurs dizaines de terroristes" selon les uns à plus d'une centaine selon les autres, accompagnés de femmes et d'enfants) circule dans la région de Seraïdi (w. Annaba), mais pas plus que les autres rumeurs du même genre celle-ci n'a été confirmée.

(Le Quotidien d'Oran 29.4) Selon "Jeune Afrique l'Intelligent", Abderrazak le Para, "ém,ir" du GSPC, serait mort accidentellement dans la région de Faya-Largeau, dans le Tibesti tchadien, le 15 mars, et son corps aurait été retrouvé au fond d'un ravin dans lequel il serait tombé. "El Para" et quatre de ses compagnons auraient réussi à se sortir d'un encerclement par l'armée tchadienne, avant cet accident, non confirmé de source officielle. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'Abderrazak le Para, l'"émir" le plus connu du GSPC, est donné pour mort, et "Le Quotidien d'Oran" trouve étrange que, selon la version de "Jeune Afrique", le corps de l'"émir" du GSPC ait été abandonné par ses compagnons, alors que la "première consigne" au sein de l'organisation est "de ne pas laisser derrière soi un cadavre, encore moins celui d'un émir".

(Quotidien d'Oran 2.5) Le coordinateur du contre-terrorisme auprès du Département d'Etat américain, J. Cofer Black, a annoncé qu'il allait se rendre "très prochaînement à Alger" afin de s'entretenir avec ses homologues algériens dans le cadre de la lutte "antiterroriste", dans la quelle, a-t-il affirmé, "l'Algérie joue un rôl-clé". Le rapport global du Département d'Etat sur le terrorisme dans le monde en 2003 salue également le rôle joué par l'Algérie de "leader régional actif et agressif dans la lutte globale contre le terrorisme", et son appui "aux actions de la coalition contre Al-Qaïda". Selon le rapport américain, le nombre des "terroristes" en activité en Algérie est passé de 25'000 en 1992 à "quelques centaines" actuellement.

(AFP 3.5 / Quotidien d'Oran 6.5) Quatre membres du GSPC ont été tués, quatre autres fait prisonniers et deux soldats nigériens blessés dans des combats opposant un groupe du GSPC à l'armée nigérienne le 16 et le 17 avril à Iguiwal, dans la région de Tahoua, à la frontière malienne, selon l'hebdomadaire nigérien "Le Républicain". Les quatre prisonniers seraient tous de nationalité algérienne, et trois des membres du groupe armé qui ont été tués seraient "d'origine arabe". Selon "Le Quotidien d'Oran", l'un des trois serait l'adjoint de l'"émir" du GSPC "Abderrazal le Para", lui-même donné pour mort (mais accidentellement), Hacène Allane, qui se serait installé dans la région depuis 1993 et y aurait implanté des réseaux du GSPC et de la Qaeda, et des camps d'entraînement, dans la région de Lebouiret.

(Le Matin, Liberté 9.5 / AP, ATS 18.5 / AFP 19.5) Après des informations selon lesquelles l'"émir" du GSPC Abderrazal "le para" se serait tué accidentellement, des informations, également en provenance du Tchad ont d'abord indiqué qu'il serait toujours vivant mais aurait été retenu prisonnier, avec neuf membres de son groupe, par un groupe armé tchadien, qui aurait réclamé une rançon à un "pays tiers" pour le lui livrer. Une porte-parole de la Justice allemande a annoncé le 18 mai son arrestation au Tchad, mais plusieurs responsables tchadiens ont déclaré à l'AFP le lendemain ne pas être au courant de cette arrestation. De leur côté, les autorités algériennes ont également annoncé ne pas disposer d'informations précises et fiables sur l'identité de l'homme arrêté au Tchad, et attendre d'être sûres qu'il s'agit bien d'Abderrazak pour demander son extradition, laquelle pourrait également être demandée par l'Allemagne (toujours dans l'hypothèse où il s'agit bien de l'"émir" du GSPC).

Abderrazak (de son vrai nom Amari Saïfi) fait l'objet de deux mandats d'arrêts, l'un algérien et l'autre allemand lancé après l'enlèvement de plusieurs ressortissants allemands(ainsi que des suisses, néerlandais et autrichiens) par son groupe dans le sud algérien. En mars, les autorités tchadiennes avaient annoncé que des combats opposant l'armée tchadienne au groupe d'Abderrazak avaient fait 43 morts dans les rangs du groupe, alors que celui-ci tentait de rejoindre un groupe armé tchadien lié au Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), qui a, dans un premier temps, démenti. C'est ce groupe armé tchadien qui aurait détenu l'émir du groupe armé algérien. Mais des sources militaires à Bamako avaient affirmé précédemment qu'Abderrazak combattait aux côtés du groupe tchadien, et des représentants de celui-ci ont refusé de confirmer l'une ou l'autre des informations ou des rumeurs circulant sur le sort d'Abderrazak.

(L'Expression, Le Soir 4.5 / Le Jeune Indépendant 5.5) Informations, rumeurs, démentis se succèdent toujours à propos de redditions collectives de membres de groupes armés. "L'Expression" annonce la reddition de 20 membres de la katibat "El Mouahidoune" de Salah Zelbah "le Balafré", dans la nuit du 28 au 29 avril à El-Milia (w. Jijel). Le groupe armé en question serait issu de l'AIS, et aurait été rejoint en 2002 par des éléments d'un GIA accompagnés de femmes et d'enfants. Les redditions annoncées ne concerneraient pas la totalité du groupe, dont le chef continuerait d'occuper un maquis dans les monts de Belhadef, avec un groupe d'irreductibles. Un autre groupe armé serait également encore actif au dessus de Kerkara.

L'ancien "émir national" de l'Armée islamique du Salut, Madani Mezrag, a confirmé au "Jeune Indépendant" que des tractations entre groupes armés et autorités sécuritaires se déroulaient, en vue d'obtenir la reddition de plusieurs groupes armés. Madani Mezrag a annoncé une "grande surprise" pour "bientôt", sans en préciser la nature.

Dans un entretien à "El Bilad", le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, interrogé sur "le devenir des groupes armés", n'a pas écarté la possibilité d'une "loi complémentaire de la loi sur la concorde civile", afin de permettre aux membres de ces groupes de se rendre dans un cadre législatif.

(Quotidien d'Oran 22.5) Le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a réfuté le 21 mai toute idée de désarmement des "patriotes" (milices locales), après que huit miliciens de Seraïdi aient cependant été désarmés. Ces huit miliciens faisaient, selon le ministre, l'objet de poursuites judiciaires "pour des affaires qui n'ont rien à voir avec la situation sécuritaire", et "il n'est pas question de désarmement total ou partiel des patriotes", a déclaré le ministre. Selon Yazid Zerhouni, l'Etat a armé 80'000 hommes hors de ses appareils policiers et militaires, dans le cadre de la "lutte contre le terrorisme"

(AP 24.5 / AFP 26.5) Donné, une fois de plus, pour mort par la presse algérienne (notamment "L'Expression", le 11 mai), le fondateur et chef, ou ancien chef, du GSPC, Hassan Hattab est toujours en vie et actif dans la région de Tizi Ouzou, où sa base serait implantée dans la forêt de Sidi Ali Bounab, selon une "source sécuritaire responsable" citée par le quotidien en arabe "Sawt El Ahrar". "L'Expression" avait annoncé que Hassah Hattab avait été exécuté à la fin de l'été 2003 sur ordre d'Abderrazak "Le Para". En octobre 2003, des journaux algériens avait annoncé son éviction de la direction du GSPC et son remplacement par Nabil Sahraoui, alias "Abou Ibrahim Mustapha", lequel confirme et déclare, sur un site internet du GSPC, que Hassan Hattab est toujours en vie et "se porte bien", mais n'est plus "émir national" du GSPC. Selon son successeur présumé (mais cette succession est elle-même mise en doute par d'autres sources), Hassan Hattab a démissionné de la tête du GSPC "de son plein gré"

(Liberté 27.5) Un "responsable du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad", interrogé par "Liberté", affirme que son mouvement détient effectivement Abderrazak "le Para", "émir" du GSPC. Selon Mahamat Mahdi (le "responsable du MDJT) des "groupes salafistes, venus d'Algérie et du Niger", ont été "accrochés" par l'armée tchadienne dans la région frontalière du Niger, contrôlée par le régime de N'djamena. Les 9 et 10 mars, ces accrochages auraient fait quinze morts au sein du groupe armé, dont son chef, "un certain Abou Hamza". Quatre membres du groupe, dont un Algérien, ont été arrêtés par les Tchadiens, mais le reste du groupe (une dizaine de personnes, dont Abderrazak) est parvenu à s'échapper, mais a été intercepté dans le Tibesti par le MDJT et s'est rendu. Sept autres membres du groupe auraient ensuite été "capturées par nos forces", ajoute Mahamat Mahdi. Le MDJT affirme avoir informé tout de suite les autorités algériennes (d'abord, curieusement, l'Ambassade d'Algérie à Paris, puis les autorités militaires algériennes à Alger) de la capture. "nous somes des laïcs et nous sommes hostiles aux terroristes", explique le porte-parole du MDJT, qui ne se prononce pas sur les raisons pour lesquelles un groupe armé algérien se serait retrouvé au Tchad, mais évoque deux possibilités : la recherche d'armes ou la recherche de touristes occidentaux à prendre en otages. Quant à savoir ce que le MDJT entend faire de ses prisonniers, son porte-parole explique qu'il a proposé aux autorités algériennes de venir les chercher au Tchad, mais que "le gouvernement algérien, ne voulant pas transgresser le droit international" en allant prendre livraison dans un pays étranger de prisonniers détenus par un groupe d'opposition, a demandé du MDJT de lui "livrer les prisonniers à la frontière nigérienne", ce que le MDJT aurait refusé de faire car "la zone (...) est très dangereuse".

(AP, L'Expression 31.5) Un "émir" d'un GIA de l'est, l'"émir" Fanit, de la katiba "El Mouahidoune", dont il affirme qu'elle n'avait "aucun lien organique" avec les GIA de Zotouni et Zouabri, s'est rendu aux autorités, annonce le quotidien "L'Expression", qui précise que "Fanit" s'est rendu parce qu'il ne faisait pas l'objet d'une condamnation pour des crimes contre la population civile, et qu'il a pu regagner son douar, dans la wilaya de Jijel. "Fanit" a raconté à "L'Expression" que les populations civiles "ne manifestent plus aucune sympathie" pour les groupes armés, à qui elles "refusent même l'eau", et que le quadrillage du pays par les forces de sécurité, y compris les gardes commuinales et les milices (GLD) a rendu la vie "infernale" aux GIA. Selon lui, plus de trente membres de son groupe sont morts de maladies entre 1999 et 2003, et il leur arriuvait de ne pas manger "pendant plusieurs jours". "Le moral de nos hommes est très bas" et beaucoup d'entre eux "sont au bord du suicide", y compris "les émirs et leurs proches, qui souffrent d'une misère morale et physique intolérable" ajoute "Fanit", qui prévoit la reddition de plusieurs GIA réduits à quelques individus, et conclut : "Nous avons perdu la guerre".

(El Watan 30.5, 31.5) Un garde communal de 50 ans, de la garde communale de Djillali Ben Amar (w. Tiaret) a été retrouvé pendu à son domicile à Kharouba le 27 mai. Selon ses proches, il se serait suicidé pour protester contre la décision du tribunal de condamner pour violation de domicile uin voisin avec lequel il accusait sa femme de le le tromper.

Le 29 mai, un garde communal de Taghdit (w. Bouira) a été condamné à mort pour l'assassinat de sa femme, de son fils et de sa bru, le 5 octobre 2003. Après l'assassinat, il avait pris le maquis, mais avait été arrêté lors d'une opération de ratissage.

(Le Matin, Liberté 3.6) Successivement donné pour mort, puis prisonnier d'un groupe armé tchadien, "Abderrazak Le Para", "émir" du GSPC, est maintenant donné par les uns pour libre, et par les autres pour ayant été "kidnappé" par des "dissidents" du mouvement tchadien pour la démocratie et la justice (MDJT). Radio-France internationale (RFI) a annoncé le 2 juin qu'Abderrazak a été remis en liberté par le MDJT après versement d'une rançon de 200'000 Euros, versés par le GSPC, alors que le quotidien algérois "Liberté" a annoncé le lendemain qu'il a été "kidnappé par un dirigeant militaire" du MDJT.

RFI annonce que le GSPC a versé une rançon pour récupérer son "émir", qui aurait regagné la région de Djanet dans le sud algérien, après que le gouvernement algérien, et les gouvernements allemand, malien, libyen et nigérien, aient refusé de "récupérer" Abderrazak, contre rançon ou non. Mais RFI annonce également que la Libye aurait tenté de le "récupérer" pour lui extorquer des informations sur les liens entre les islamistes libyens et la Qaeda, et l'Allemagne pour le poursuivre pour l'enlèvement, dont il serait responsable, de 32 touristes européens dans le sud algérien en 2003. Le chef du service de politique internationale à RFI, Richard Labévière, s'appuie sur différentes sources algériennes, "notamment des sources militaires", pour affirmer que des contacts avaient été pris entre le MDJT et les autorités algériennes pour la "livraison" d'Abderrazak, mais que ces contacts n'ont pas abouti, d'abord parce qu'"il est absolument illégitime qu'un Etat négocie avec un mouvement rebelle d'un pays voisin" comme le MDJT (l'Algérie ne s'est pourtant pas privée de contacts, pour user d'un euphémisme, avec le Front Polisario, en lutte contre le Maroc), ensuite parce qu'aucune médiation (libyenne ou nérienne, par exemple) n'a pu être trouvée. Quant à la rançon versée par le GSPC pour récupérer son "émir", il pourrait s'agir d'une partie de celle (de 5 millions d'Euros, selon des sources fiables) versée par l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse pour récuprer leurs touristes enlevés par le même Abderrazak en 2003.

De son côté, "Liberté" cite des "responsables" du MDJT qui déclarent qu'Abderrazak, deux autres islamistes et huit membres du MDJT se trouvent "dans une zone montagneuse" sous contrôle du mouvement, qui espère récupérer ses prisonniers pour les transférer en Algérie.

Par ailleurs, Richard Labévière affirme qu'une "petite base" américaine "existe bel et bien au sud de Tamanrasset", en Algérie, avec pour fonction d'"épauler les armées de la région sahélienne, notamment celles du Mali et de la Mauritanie, dans leur lutte antiterroriste".

(Tribune de Genève 5.6) La Suisse a versé six millions de francs (soit environ quatre millions d'Euros) pour obtenir du groupe armé qui les avait enlevés dans le sud saharien la libération des otages suisses. Cette somme apparait dans les comptes de l'Etat 2003, au titre d'un dépassement de crédit du Département fédéral (ministère) des Affaires étrangères, sous le poste concernant la protection diplomatique et consulaire. Selon une ordonnance du Conseil fédéral (gouvernement), les otages devront participer aux frais de leur libération, dans une mesure fixée en fonction de leur revenu.

(El Khabar, La Tribune, Liberté 13.6) De nouvelles informations, ou rumeurs, sur la reddition collective de membres de groupes armés, ont été publiées, et relayées par la radio publique algérienne, selon qui 37 membres du GSPC dans la région de Jijel seraient prêts à se rendre, avec leurs enfants et leurs épouses. Selon des "sources bien informées" évoquées par "La Tribune", les "terroristes" prêts à se rendre feraient partie de la phalange "El Mourabitoun" du GSPC, et au total 109 membres de différents groupes armés de la wilaya de Jijel (dont 90 du GSPC, selon "Liberté") seraient prêts à se rendre. Toujours selon les "sources bien informées" de "La Tribune", l'ancien "émir national" de l'Armée islamique du Salut, Madani Mezrag, aurait été particulièrement actif dans des négociations entamées entre les autorités et les groupes armés pour que ceux-ci déposent les armes en échange de la clémence. Selon les services de sécurité, cinq femmes et 18 enfants de "terroristes" se sont rendus aux autorités début juin, et une quarantaine de membres de groupes armés depuis septembre 2003, dont huit membres de la phalange "El Forkane", soit beaucoup moins que ne le laissaient entendre les informations (ou les rumeurs) qui se succèdent depuis des semaines sur ces redditions collectives, réelles ou supposées, informations qui, s'agissant du GSPC de Nabil Sahraoui, ont toutes été démenties par la suite (et démenties aussi bien par les faits que par le GSPC, et même les autorités). Autour du 10 juin, un groupe armé d'une dizaine d'éléments a investi les localités de Mezaier et de Bellouta, s'emparant d'argent et de téléphones portables.

(AP 19.6 / AFP, AP 20.6 / La Tribune, El Watan, Le Quotidien d'Oran 21.6) L'éliminatiion de l'"émir national", plus ou moins autoproclamé, du GSPC, Nabil Sahraoui, et de deux de ses lientenants, Okacha et Droukdel, lors de la vaste opération lancée par les forces de sécurité contre les maquis du GSPC dans la wilaya de Bejaïa, pourrait signifier le "décapitation" du GSPC (l'état-major de l'armée affirme ainsi que la direction du GSPC a été "entièrement décapitée") du moins si Sahraoui en était réellement l'"émir national". Sahraoui avait revendiqué ce titre en annonçant que le fondateur du groupe, Hassan Hattab, en avait été destitué, en octobre 2003. Des doutes subsistaient cependant sur la réalité de ce "putsch" interne au GSPC, et certaines sources continuaient de considérer que Hattab en était resté l'"émir national". L'hypothétique prise de pouvoir de Nabil Sahraoui au sein du GSPC se serait produite, selon un communiqué de l'organisation (ou de la fraction de Sahraoui) lors d'une réunion dont le communiqué ne précisait ni le lieu, ni la date, et au cours de laquelle les 17 éléments les plus "radicaux" du Majlis Echoura (direction) du GSPC aurait déposé Hassan Hattab et nommé Nabil Sahraoui à sa place. Hattab aurait été évincé pour avoir envisagé une trêve avec le pouvoir, mais n'aurait cependant pas été physiquement éliminé et aurait pu se retirer avec un groupe armé dans les maquis de Sidi Ali Bounab (w. Tizi Ouzou), d'où il pourrait donc revenir reprendre la tête du GSPC, dans une région (la Kabylie) qu'il connaît mieux que Sahraoui (originaire des Aurès).

Sahraoui, issu des GIA, et qui s'était illustré dans les combats opposant les GIA à l'AIS, avait innové en recrutant au sein du GSPC (ou de la fraction du GSPC dont il avait pris le contrôle) des combattants islamistes libyens et tunisiens de la Qaeda, de retour d'Afghanistan, et en proclamant son allégeance à Oussama Ben Laden, ce qui avait opportunément confirmé la désignation du GSPC par les autorités algériennes, après les 11 septembre 2001, comme le "bras algérien" de la Qaeda.

Un autre lieutenant de Hassan Hattab, Abderrazak "Le Para", semble avoir été quant à lui capturé au Tchad par un groupe armé rebelle tchadien, le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), ou une fraction de ce groupe. Le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher, a demandé au MDJT, de livrer Abnderrazak "et ses complices aux autorités algériennes dans les meilleurs délais afin d'être jugé sur la bases des charges qui pèsent contre eux", mais les autorités algériennes ne semblent pas particulièrement pressées de recevoir livraison d'Abderrazak, dont les ravisseurs présumés semblent vouloir mettre la tête aux enchères en demandant une rançon pour le remettre à qui que ce soit (au gouvernement tchadien, au gouvernement algérien, au gouvernement allemand, puisque Abderrazak est le responsable présumé de l'enlèvement de touristes allemands en 2003). Toutefois, le sort réel d'Abderrazak "Le Para" est aussi incertain que celui de Hassan Hattab, donné à plusieurs reprises pour mort ("Le Quotidien d'Oran" évoque à nouveau, le 21 juin, cette hypothèse).

Le 6 juin dernier, un communiqué du GSPC de Sahraoui déclarait "la guerre (...) contre tous les étrangers, leurs intérêts en Algérie et leurs installations et infrastructures". Ces menaces avaient provoqué un renforcement des mesures de sécurité autour des ambassades, et une réduction de l'activité de plusieurs d'entre elles.

(Quotidien d'Oran 24.6) Selon le bilan qu'elle fait elle-même de son activité en dix ans de lutte antiterroriste, la 8ème division blindée de la IIème région militaiore, basée à Ras ElMa, dans la région de Sidi Ben Abbes, la division a abattu 665 "terroristes", en a arrêtés 134 et a reçu la redition de 127 autres.

(Liberté 5.7) Onze membres du GSPC ont été arrêtés en Libye, a annoncé "Le Journal du dimanche" de Paris, citant une source "proche d'un service de contre-espionnage européen". Selon le JDD, il s'agirait de membre du groupe d'Aberrazak Le Para, déterminé à lancer une offensive contre les intérêts "occidentaux" (européens ou américains) en Afrique. Les services libyens auraient découvert une base du GSPC dans le Tibesti, au Tchad, el le GSPC serait en train d'enrôler de jeunes africains (tchadiens, maliens, mauritaniens, soudanais, libyens), et de les entraîner au maniement des explosifs. Toujours selon le JDD, Abderrazak aurait été libéré par les rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice (MDJT), qui étaient supposés le détenir, après qu'un accord ait été conclu entre le GSPC et le MDJT pour une lutte commune contre le régime tchadien.

(Nouvelle République 6.7 / AP 8.7 / AFP 9.7) Le Mouvement pour la démocratie et la Justice au Tchad (MDJT), qui détiendraient l'"émir" du GSPC Abderrazak "le Para", ont annoncé le 8 juillet que la Libye leur a donné deux jours pour leur remettre Abderrazak, sous menace de bombardements de leurs bases dans le Tibesti. La Libye avait de son côté confirmé que ses forces avaient tué (ou capturé, selon certaines sources) début juillet deux membres du groupe d'Abderrazak. "La Nouvelle République" se demande ce que feraient les autorités libyennes d'Abderrazak si celui-ci leur était livré : le remettraient-elles aux autorités algériennes, ou aux autorités allemandes, qui le recherchent pour le rapt de touristes allemands, et qui auraient accepté de payer une rançon pour Abderrazak après avoir payé une rançon pour les touristes qu'il avaient capturé ?

(L'Expression 15.7) Un nouvel "émir" national du GSPC aurait été désigné trois jours après la mort de Nabil Sahraoui et de ses principaux lieutenants, le 20 juin, mais l'identité de ce nouvel "émir" national n'a pas été rendue publique, annonce "L'Expression". Le communiqué du GSPC revendiquant l'attaque de la centrale électrique du Hamma, à Alger, n'était d'ailleurs pas signé. "L'Expression" suppose que l'"émir" du GSPC pour la région d'Alger, Abdelhamid Saâdaoui, pourrait être le successeur provisoire de Sahraoui, en attendant une désignation définitive. Des fondateurs historiques du GSPC, Saâdaoui semble le seul "disponible" : le sort de Hassan Hattab est incertain (on ne sait pas s'il est mort ou vivant, et s'il est vivant, s'il est encore actif), celui d'Abderrazak aussi (on ne sait pas s'il est prisonnier des rebelles tchadiens, ou réfugiés parmi eux), Sahraooui a été tué

(El Watan 19.7) Dans un communiqué diffusé sur son site internet, daté du 17 juillet et signé de son chargé de l'information (et mufti) Abou Omar Abdelber (pourtant donné pour mort par la presse et les autorités), le GSPC a annoncé que son "émir" Abou Ibrahim et six de ses lieutenants sont "portés disparus", sans autre précision sur leur sort, mais en évoquant la possibilité qu'ils soient morts au combat contre "les apostats". Le site du GSPC dément par ailleurs la mort de deux responsables de l'organisations, Abou Mossaab Abdelwadoud et Abou Omar Abdelber, ainsi que l'existence d'une tombe où serait inhumé Hassan Hattab (sur le sort duquel le GSPC ne donne cependant aucune information).

(AP 17.7 / AFP, Le Quotidien d'Oran 18.7 / Le Matin 19.7) Amari Saïfi, alias Abderrazak Le Para, "émir" du GSPC, sera extradé vers l'Algérie, et y sera jugé, a annoncé le 17 juillet le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, lors d'une conférence de presse conjointe avec la ministre française de la Défense Michèle Alliot Marie, en visite officielle à Alger. Yazid Zerhouni s'est excusé de ne pouvoir donner "plus de détails" sur l'extradition du "Para", qui serait toujours détenu par les rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad, à qui les autorités libyennes ont lancé un ultimatum (dont le délai est d'ailleurs échu, sans que les représailles militaires annoncées aient été lancées) pour la "livraison" d'Abderrazak.

L'annonce par le ministre algérien de l'Intérieur de l'extradition prochaine d'Abnderrazak vers l'Algérie (mais de l'extradition par qui ? la Libye, à qui "le para" serait livré ? Le Tchad, qui ne semble pas le détenir ? Les rebelles du MDJT, qui n'ont pas autorité pour extrader qui que ce soit -mais qui pourraient livrer leur prisonnier, s'il est réellement leur prisonnier, contre rançon ?) laisse supposer que des négociations sont en cours, sans que l'on sache précisément entre qui et qui. Un émissaire du MDJT se serait rendu à Alger pour négocier la remise d'Abderrazak aux autorités algériennes, mais cette négociation n'aurait pas abouti. L'Algérie, pour sa part, privilégierait une négociation avec le gouvernement tchadien (qui ne contrôle pas la zone où serait détenu Abderrazak) et les autorités allemandes (qui ont lancé un mandat d'arrêt contre l'"émir" du GSPC, soupçonné d'être responsable de l'enlèvement de touristes européens, notamment allemands, en 2003). Le porte-parole du Département d'Etat américain, Richard Boucher, avait déclaré que les USA souhaitaient que "le Para" soit livré aux Algériens dans (les meilleurs délais". Un porte-parole du MDJT, Aboubakar Radjab-Dazi, a confirmé que son mouvement était disposé à remettre ses prisonniers "sans condition à l'Algérie", et que les seuls problèmes qui se posaient étaient "les modalités techniques de l'opération", le MDJTsouhaitant que les Algériens viennent eux-même chercher Abderrazak et ses compagnons dans le Tibesti, alors que l'Algérie souhaite s'en tenir au respect de la souveraineté du gouvernement tchadien sur son territoire, même si les autorités tchadiennes ne contrôlent pas la zone où les rebelles détiendraient les combattants du GSPC.

(AFP 19.7 / AP, APS 20.7 / Liberté 21.7) Le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a démenti le 20 juillet toute négociation entre l'Algérie et les rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice (MDJT) sur l'extradition de l'"émir" du GSPC, Abderrazak "le Para" : "l'Algérie n'a pas négocié son extradition (avec le MDJT), ne le fera pas et ne traite pas avec le dirigeant d'un mouvement rebelle". Cependant, le ministre a admis que des contacts étaient en cours avec plusieurs Etats pour l'extradition d'Abderrazak, mais a insisté sur le fait que "cette affaire se règle entre des Etats et non pas entre un Etat et un mouvement rebelle". Juste avant le ministre des Affaires étrangères, c'est le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, dont les déclarations avaient été interprétées par les agences de presse et les journaux, mais également par les autorités tchadiennes, comme la reconnaissance de tractations entre l'Algérie et le mouvement rebelle tchadien, qui avait annoncé que ses propos avaient été "déformés" : "quand on parle d'extradition, il s'agit de discussions entre les Etats", a précisé le ministre de l'Intérieur. L'Ambassadeur d'Algérie à N'djamena avait été convoqué le 19 juillet par le ministère tchadien des Affaires étrangères qui lui avait signifié la "désapprobation" et la "surprise" du Tchad face à l'attitude "inamicale" de l'Algérie, accusée (sur la foi des dépêches de presse) de "traiter sur (le) dos (du gouvernement tchadien) avec une opposition armée".

Quant au sort, toujours incertain, d'Abderrazak, le directeur général de la Sûreté nationale algérienne, Ali Tounsi, a réaffirmé que son extradition était possible et que les lois internationales donnaient à l'Algérie le droit de le "juger en Algérie, en tant que citoyen algérien".

(Jeune Indépendant 19.7) Le directeur général de la Garde communale, le colonel Abdelkrim Nanouche, a démenti les informations selon lesquelles les gardes communaux allaient être désarmés, et a précisé qu'"avec le retour de la paix", leurs armes de guerre allaient être échangées contre des armes plus légères. "La garde communale ne va pas disparaître", a ajouté le colonel : elles continueront à appuyer l'armée, la police et la gendarmerie, et, dans trois ou quatre ans, elle pourrait assurer un rôle de police administrative et de renseignements généraux.

(El Watan 21.7) Un "émir" du GSPC, plusieurs fois donné (comme bien d'autres) pour mort, Mokhtar Belmokhtar (dont par ailleurs la "qualité" d'"émir" du GSPC est incertaine, Mokhtar Belmokhtar ayant d'abord été considéré comme un contrebandier et un bandit de grands chemins), aurait été reconnu dans la région d'Aoulef (w. Adrar) par le chef de daïra (sous-préfet), tombé dans un "faux barrage" tendu par un groupe armé entre Ouargla et Ghardaïa.

(AFP 5.8) L'"émir" du GSPC Abderrazak "Le Para" a assuré, dans un entretien avec un journaliste de "Paris Match", entretien réalisé dans le Tibesti, au nord du Tchad, et publié le 5 août, avoir effectivement reçu une rançon de l'Allemagne pour la libération de touristes allemands que son groupe avait enlevé dans le sud algérien en février-mars 2003, et libéré le 18 août suivant au Mali . Incidemment, l'entretien semble confirmer qu'Abderrazak est bien prisonnier des rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la Justice (MDJT). Le journal publie une photo d'un prisonnier de haute taille, barbu, vêtu d'une tunique traditionnelle, et menotté.

Le gouvernement allemand a affirmé avoir refusé de verser une rançon, mais Abderrazak maintient en avoir effectivement reçu une, dont il refuse de divulger le montant (des informations non confirmées font état d'un montant de 5 millions d'euros), mais dont il assure qu'elle a été majoritairement dépensée "pour l'achat de vivres pour nos frères en Algérie", ainsi que pour l'achat d'armes et de munitions.

(Liberté 29.8) Un garde communal a abattu deux de ses collègues le 28 août à Slim, près de Haïzer (w. Bouira). Le cause du double meurtre serait un conflit personnel entre les protagonistes.

(El Khabar 2.9) Le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH, officielle), Farouk Ksentini, a confirmé que plusieurs centaines d'anciens membres, "repentis", de groupes armés allaient être réintégrés dans leurs postes de travail dans la fonction publique, notamment l'éducation nationale, en application du principe de la "réconciliation nationale" à laquelle appelle le président Bouteflika. Pour Farouk Ksentini, ces mesures de réintégration (dont certaines ont déjà été mises en oeuvre) toucheraient au total 2000 personnes dans le secteur de l'éducation.

(AP 7.9) "El Watan" annonce la nomination d'un nouvel "émir national" du GSPC, après la mort (non confirmée par le GSPC) du précédent "émir national" supposé, Nabil Sahraoui, lui-même succédant à l'émir Hassan Hattab, supposé limogé (voire, selon certaines sources, phsiquement éliminé). Le nouvel "émir national" du GSPC serait Abou Mossab Abdelwadoud, de son vrai nom Abdelmalek Droukdel. Cette information est à prendre avec d'autant plus de prudence que le nouvel "émir" avait, comme sonb prédécesseur supposé, été donné pour mort par les services de sécurité (il aurait selon eux été tué avec Sajraoui le 19 juin dans le maquis d'Adekkar). La nomination du nouveau chef du GSPC a été annoncée sur un site internet se présentant comme celui du groupe.

(Liberté 9.9 / Quotidien d'Oran 11.9 / AP 12.9 / MAOL 23.8) Le reporter de "Paris Match" Patrick Forester confirme, dans un entretien à "Liberté", avoir effectivement rencontré "Abderrazak Le Para" dans une zone contrôlée par le Mouvement pour la démocratie et la justice du Tchad (MDJT), dont l'"émir" du GSPC serait prisonnier. Patrick Forester assure qu'Abderrazak est "menotté en compagnie de quatorze autres prisonniers", des Algériensa du GSPC, ainsi que des Mauritaniens, des Maliens, des Nigériens, des Nigérians etc.... Les (brèves) images le montrant ont été diffusées sur la chaîne française "France 2". Abderrazak est "épuisé", ajoute le reporter, et a échoué à convaincre le MDJT de rejoindre le "djihad". Selon le journaliste français, il y a eu deux rencontres à Niamey (Niger) entre des représentants du MDJT et des officiers algériens, "dont l'ambassadeur d'Algérie et un général des Services secrets algériens", pour "rapatrier" Abderrazak en Algérie, mais ce "rapatriement" n'a pas pu se faire car il aurait fallu soit le faire par voie terrestre en traversant une zone contrôlée par le gouvernement tchadien, ce à quoi le MDJT se refusait, soit le faire par voie aérienne, ce qui supposait l'accord du gouvernement tchadien pour utiliser son espace aérien, ou le viol de cet espace par les Algériens, ce à quoi les Algériens se refusaient. En outre, les autorités tchadiennes se refusent à reconnaître les rebelles du MDJT comme des partenaires avec qui négocier quoi que ce soit, et se contentent apparemment (ou du moins officiellement) de négocier avec le gouvernement tchadien une extradition que le gouvernement tchadien peut certes accorder, mais pas effectuer puisque ce n'est pas lui, mais un groupe rebelle, qui détient les membres du groupe armé algérien. Le MDJT tchadien a appelé une nouvelle fois, dans des déclarations de ses représentants, l'Algérie à "venir chercher" ses ressortissants islamistes prisonniers, et le porte-parole du mouvement en France, Aboubakar Radjab, s'est demandé pourquoi les contacts avec l'Algérie étaient rompus "depuis juin".

Le commandant en chef adjoint des forces américaines en Europe, le général Charles Wald, a déclaré à l'agence Reuters qu'Abderrazak devait être "présenté à la justice, de préférence en Algérie", et qu'il pensait que "cela se passera dans un futur proche". Le ministre algérien de l'Intélrieur, Noureddine Yazid Zerhouni, a affirmé le 11 septembre que le gouvernement algérien était toujours en contact avec le Tchad pour obtenir l'extradition d'Abderrazak.

De son côté, le "Mouvement algérien des officiers libres" (MAOL) ironise sur "la saga de ce sinistre individu" (Abderrazak), "ex militaire de l'ANP (...) donné pour mort à maintes reprises (...) puis ressuscité au gré des circonstances, et enfin otage entre les mains d'un mouvement d'opposition tchadien" (le mDSJT), lequel "était à une certains époque financé par le DRS" (les services spéciaux algériens). Pour le MAOL, l'interview d'Abderrazak par Patrick Forestier est "une nouvelle supercherie des services du DRS", et en réalité "les officiels algériens ne manifestent aucune disposition à récupérer El Para", qui n'est qu'un "vulgaire malfaiteur transformé par la grâce de la propagande et des médias (...) en dangereux terroriste".

(Liberté 23.9) Selon "Liberté", les "émirs" du GSPC de Skikda et de Collo refuseraient de reconnaître Dourdkdal Abdelmalek, alias Abou Mossab, comme nouvel émir national, après l'éviction de Hassan Hattab et l'élimination de Nabil Sahraoui. La réalité de la désignation d'Abou Mossab comme "émir national" du GSPC est d'ailleurs sujette à caution, et il pourrait bien ne s'agir que d'une autoproclamation.

(L'Expression, AP 6.10) Les effectifs des "terroristes actifs" dans les groupes armés islamistes algériens seraient légèrement supérieurs à 400 combattants, selon des "sources sécuritaires diverses et recoupées" évoquées par "L'Expression" *. Ces 400 combattants seraient regroupés en cine groupes, dont quatre affiliés au GSPC et un autonome, le GSPD de l'"émir" Souane, opérant sur les hauteurs de Médéa, et qui aurait reçu le renfort de quelques survivants des GIA.

Le GSPC, scindé en quatre factions principales, non coordonnées, voire rivales, depuis l'élimination (physique ou non) de son fondateur Hassan Hattab, compterait au total 300 combattants. La "zone II" du GSPC (Kabylie), comportant les maquis de Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira, concentrait l'essentiel des effectifs de 'organisation. La zone 9, contrôlée par Mokhtar Belmokhtar (depuis l'"arrestation" d'Abderrazak El Para au Tibesti par des rebelles tchadiens, disposerait également d'effectifs importants.

Par ailleurs, "El Watan" affirme, lui aussi sur la base de sources "proches des services de sécurité" qu'au moins 200 islamistes "repentis" libérés de prison ont rejoint les maquis.

*Cette évaluation est cependant contredite par la simple addition des bilans officiels de la lutte "antiterroriste", lesquels font état chaque année et depuis plusieurs années de plus de "terroristes" tués que les mêmes sources n'en annoncent en activité -ce qui laisse supposer, soit que le nombre de membres combattants des groupes armés est largement supérieur aux 400 annoncés (on voit d'ailleurs mal comment les effectifs totaux des groupes armés pourraient n'être que de 400 combattants, si au moins 200 "repentis" libérés de prison les avaient, comme l'affirme "El Watan", citant lui aussi des sources "proches des services de sécurité" ...), soit qu'une partie importante des tués annoncés comme étant des "terroristes" sont en fait des civils pris dans les affrontements, les ratissages ou sous les bombardements, ou victimes d'exécutions extra-judiciaires.

(AP 13.10) "Plusieurs dizaines de milliers de personnes" vont êtres recrutées par les différents corps de la police algérienne durant les cinq prochaines années, a annoncé dans un entretien à "El Moudjahid" le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi.

Ali Tounsi a en outre annoncé que depuis le début des années '90, 25'000 personnes ont été emprisonnées pour des affaires liées au "terrorisme", et a assuré que plus de 85 % des "terroristes éliminés" par les forces de sécurité étaient des enseignants du cycle moyen (collèges).

(Liberté 27.10 / AP 28.10) Abderrazak "le Para", "émir" du GSPC pour la région est, détenu par des rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la Justice au Tchad (MDJT) dans le Tibesti tchadien, a été remis par les autorités libyennes à la police algérienne le 27 octobre, après que les rebelles tchadiens l'aient remis aux Libyens (ou l'aient "libéré" en prenant bien soi de le faire à proximité de la frontière libyenne, de telle manière que les libyens n'aient aucune difficulté à l'appréhender).

Un autre "émir" (ou supposé tel) du GSPC, Mokhtar Belmokhtar, dit "Belaouer" (le Borgne) aurait été repéré dans la nuit du 23 au 24 octobre dans la région de Taoudenit au nord du Mali, à la tête d'un convoi de six véhicules, ont annoncé à Bamako des sources sécuritaires maliennes. La "qualité" d'"émir" du GSPC de Mokhtar Belmokhtar est cependant sujette à doutes, le personnage étant également connu pour s'être illustré comme contrebandier dans le grand sud saharien.

(Quotidien d'Oran 1.11) L'"émir" du GSPC Ammari Saïfi, alias Abderrazak "El Para", extradé le 27octobre par la Libye vers l'Algérie, devrait être jugé en Algérie par un tribunal civil selon "Le Quotidien d'Oran", dès lors qu'il ne faisait plus partie de l'armée lorsqu'il a rejoint, en 1993, les GIA, puis le GSPC, et ne pourrait donc plus être jugé en tant que militaire déserteur, par un tribunal militaire. Une source militaire américaine "de haut niveau" citée par l'agence Reuters a déclaré que les Américains était "naturellement intéressés par interroger 'El Para'", mais qu'il s'agissait d'une "affaire algérienne d'abord".

(Liberté, El Khabar, Le Quotidien d'Oran 5.12) Un milicien local (GLD) d'Aït Zaïm (w. Tizi Ouzou) a été comdamné à dix ans de réclusion le 4 décembre par le tribunal criminel de Tizi Ouzou, pour un meurtre commis le 8 octobre 2002 : il avait alors tiré au fusil de chasse sur un groupe de jeune qui lui reprochaient de n'avoir pas suivi la grève général déclenchée en Kabylie à la veille des élections municipales. L'un des jeunes avait été tué.

A Mostaganem, un milicien local (GLD) et quatre membres de sa famille ont été arrêtés pour menaces à l'arme à feu, détention et port d'armes sans permis.

A Oran, un ancien policier a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour homicide volontaire, commis avec son arme de service le 2 octobre 2001 à Oran.

(L'Expression 12.12) "90 % des terroristes s'apprêtent à se rendre", annonce "L'Expression" qui s'appuie sur "des sources sécuritaires généralement bien informées" pour l'affirmer, et préciser que ces "terroristes (...) n'attendent plus que l'amnistie générale du président" pour se rendre. Le quotidien fait état de "contacts très poussés" entre les services de sécurité et les maquis islamistes de Bouira et Boumerdès pour hâter la reddition des groupes armés, et estime que "le terrorisme, ddéjà à un état résiduel, ne sera plus qu'un vieux souvenir dans les quelques mois à venir", si l'on fait exceptions de "quelques bandes criminelles" comme celle de "l'insaisissable Mokhtar Belmokhtar", qui opère dans le Sahara.

Selon les "sources sécuritaires" évoquées par "l'Expression", il ne resterait plus que 400 "terroristes" actifs (et encore : pas tous armés), "scindés en cinq groupes principaux" : le GSPD de l'"émir" Souane, sur les hauteurs de Médéa, qui aurait tenté de négocier sa reddition, et qui rassemblerait moins d'une centaine d'hommes. et quatre groupes du GSPC, soit 300 hommes au total, "sans la moindre coordination entre eux" depuis l'élimination (la "liquidation", selon "L'Expression", mais nul ne sait excatmenent ce qu'il en est) de son fondateur Hassan Hattab, et celle (confirmée) de son présumé successeur, Nabil Sahraoui. Un groupe du GSPC, le plus important, occupe les maquis de Kabylie (wilayas de Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira, soit la "zone II" du GSPC), un autre le maquis de Boumerdès, deux autres la région de Skikda. A ces cinq groupes s'ajoute celui de Mokhtar Belmokhtar, qui se déplacerait actuellement dans les zones frontalières du Niger et du Mali, à partir d'Illizi.

(AFP 19.12) Entre 300 et 500 islamistes armés au "moral délabré" et n'attendant "qu'une occasion pour se rendre aux autorités", sont encore "en activité" en Algérie, selon le directeur général de la police algérienne, Ali Tounsi, le 19 décembre à l'occasion de la "Journée de la police arabe". Ali Tounsi a affirmé que le terrorisme ne pouvait plus "prendre racine" à Alger et que les membres des groupes armés, traqués, étaient contraints de se cacher dans des maquis reculés, ce qui fait que leur neutralisation définitive "va prendre encore un peu de temps". Ali Tounsi a également évoqué la "connexion" entre l'islamisme armé, le grand banditisme et le crime organisé, notamment "le racket, le blanchiment d'argent et la drogue".

(L'Expression 15.12) Une mission des forces spéciales américaines assiste depuis un mois une offensive de l'armée nigérienne contre des groupes armés du GSPC algérien, annoncent "L'Expression", s'appuyant sur des "sources officielles à Niamey", sans autre précision. Cette offensive se serait déroulée à une centaine de kimoètres au nord-est de la capitale du Niger, dans la région de Tamgak, et aurait abouti à l'"élimination" de sept membres du GSPC, et seulement deux blessés nigériens (sur 150 militaires engagés). L'Expression note que la présence américaine, et l'action menée dans le cadre du petit programme "antiterroriste" (de 7,5 millions de dollars) "Pan-Sahel initiative" (PSI) au Niger, au Tchad, en Mauritanie et au Mali, relance le projet d'une base militaire américaine permanente dans le sud algérien, ou du moins à sa proximité immédiate, avec la possibilité d'utiliser les aérodromes militaires algériens du Sahara pour des "missions en profondeur" en Afrique, et en particulier dans les zones sahéliennes servant aux groupes armés d'espace de recrutement, de contrebande et de repos.

2005

(AFP, El Moudjahid 3.1) L'"émir national du GIA" (en fait, le chef de l'un des derniers GIA encore en activité, les GIA étant depuis longtemps totalement autonomes les uns des autres, et sans plus aucune coordination nationale), Rachid Abou Tourab (de son vrai nom Rachid OUkali), successeur d'Antar Zouabri (abattu par l'armée le 8 février 2002 à Boufarik) a été tué par des proches en juillet 2004, a annoncé le 3 janvier le ministère algérien de l'Intérieur, qui a également annoncé avoir arrêté à Alger, en novembre 2004, le successeur de Rachid Abou Tourab, Noureddine Boudiafi, alias "Noureddine RPG", alias "Hakim", puis tué à Chlef, le 1er décembre, le successeur de ce successeur, Chaabane Younes, alias "Lyes", et enfin démantelé plusieurs réseaux du GIA et arrêté plusieurs membres de groupes armés, dont Guechniti Redouane, et une douzaine de membres des réseaux de soutien.

Selon le ministère, le dernier GIA encore actif ne serait plus composé que d'une trentaine dîndividus, répartis en deux groupes, tous deux "traqués" par les forces de sécurité, l'un dans la zone de Thala Acha, dans la région de Blida, l'autre dans la région de Kouacem, entre les wilayates de Chlef et de Tissemsilt.

(El Khabar 12.1) Hassan Hattab, fondateur du GSPC, plusieurs fois donné pour mort par la presse privée algérienne, sans toutefois que ces informations aient jamais été confirmées par les autorités, a, selon "El Khabar", annoncé sa "disposition à répondre positivement à la démarche d'amnistie générale" proposée par le président Bouteflika. Selon le quotidien, Hattab -qui lorsqu'il n'était pas donné pour mort était donné pour évincé de son statut d'"émir national" du principal groupe armé algérien- se serait exprimé au nom du GSPC, dans un communiqué de celui-ci, en décembre 2004. Hattab désignerait Ali Benhadj pour représenter "la branche politique de l'organisation" islamiste, c'est-à-dire le FIS, et refuserait que la négociation se fasse uniquement avec la branche armée, c'est-à-dire le GSPC.

(Quotidien d'Oran, AP 13.1) Il ne resterait plus, selon le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, qu'une vingtaine d'éléments du dernier GIA en activité, et ces "terroristes actuellement en cavale" sont pourchassés par les forces de sécurité. Le ministre, qui a fait cette déclaration le 12 janvier à l'occasion de la cérémonie de promotion de 149 policières, a donc réaffirmé que le GIA est "pratiquement éradiqué", après les éliminations successives de ses chefs, d'abord Rachid Abou Tourab en juillet 2004, tué par ses proches, ensuite son successeur, Noureddine Boudiafi, arrêté début novembre, enfin le successeur de ce successeur, Chaâbane Younès, abattu par les forces de sécurité à Chlef début décembre. Yazid Zerhouni a également assuré que le Groupe Salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), dont le fondateur, Hassan Hattab, donné pour mort ou à tout le moins évincé, aurait refait surface, subira inévitablement le même sort que les GIA.

(La Tribune, Le Quotidien d'Oran 6.2) Le chef de la délégation algérienne à la conférence internationale (une cinquantaine de pays représentés) sur le terrorisme tenue à Ryad depuis le 4 février, Lamine Kherbi, Conseiller du président Bouteflika, a dressé le bilan de la lutte "antiterroriste" en Algérie, bilan en grande partie sous forme d'un acte d'accusation contre le manque de coopération de la "communauté internationale". La plupart des mandats d'arrêts internationaux lancée par l'Algérie sont par exemple restés sans suite.

Plus de 6000 terroristes se sont rendus aux autorités depuis la promulgation de la loi sur la "concorde civile", ont annoncé à Ryad les autorités algériennes, qui ont affirmé que des liens étroits existaient entre les groupes armés algériens, essentiellement les GIA et le GSPC, et la Qaeda. La délégation algérienne a déploré l'absence des GIA et du GSPC sur les listes des groupes et organisations terroristes dressées par l'Union Européenne. Les Algériens ont relevé qu'ils ont, pendant une décennie (jusqu'aux attentats de 2001 aux USA) mené seuls la lutte contre le terrorisme : "les groupes terroristes tiraient alors pleinement profit d'un certain laxisme, voire d'une certains complaisance au niveau international. Un engagement des pays abritant des réseau de soutien ciblant l'Algérie aurait sans doute permis d'abréger les souffrances du peuple algérien". Mais le chef de la délégation algérienne a également souligné qu'"aucune armée" n'était prête à lutter contre le terrorisme, l'armée algérienne ayant en outre particulièprement souffert de l'absence de "concours" d'autres pays, et de la nécessité dans laquelle elle s'est trouvée d'assurer seule l'indispensable "adaptation de la formation et des moyens de lutte". Les forces algériennes de sécurité ont commencé à combattre avec des moyens "inadaptés" des hommes entraînés, revenant d'Afghanistan, de Bosnie et de Tchétchénie. Si ce combat a, selon les autorités, été gagné, c'est grâce à la collecte de l'information, au renseignement, à la coopération de la population, à la création de forces de sécurité "de proximité" (les milices, GLD et gardes communales), mais également au choix politique de l'"apaisement" contenu dans la loi de concorde civile

Les Algériens ont également annoncé à la conférence de Ryad que le ministère de la Justice avait en projet la mise en place de pôles judiciaires spécialisés dans le traitement des dossiers liés au "terrorisme". avec des compétences "élargies à l'ensemble du territoire national". Ils ont conclu leur rapport en exposant la démarche de la loi sur la "concorde civile" et du projet de "réconciliation nationale", "pour l'essentiel accomplie".

(Quotidien d'Oran 3.2) 489 policiers algériens, dont 77 % sont encore en service, 9 % en arrêt de travail et 12 % affectés à des postes "aménagés", ont été déclarés souffrant de syndromes post-traumatiques, selon une évaluation des cellules de prise en charge des victimes de traumatismes psychiques au sein de la Sûreté nationale, cellules créées fin 2003. Cette évaluation a été rendue publique par le directeur génédal de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, qui a d'une part relativisé ces chiffres en relevant que les policiers officiellement considérés comme traumatisés ne représentent que 0,4 % des effectifs de la Sûreté nationale (130'000 policiers), mais d'autre part renforcé ces chiffres en annonçant que depuis 1999, 10'000 policiers ont suivi un traitement psychologique. 17 policiers se sont suicidés en 1997. 4000 policiers ont été radiés, 150 sont poursuivis en justice. Sur 25'000 à 30'000 candidats à l'engagement au sein de la police et ayant suivi des tests psychologiques dans les six derniers mois, 30 % ont été recalés à la suite de ces tests.

Sur les 489 policiers reconnus comme traumatisés, 41 % sont originaires de l'ouest du pays, 37 % de l'est (le reste du centre et du sud). La plupart sont âgés de 25 à 36 ans.

(AP, Le Soir d'Algérie, Liberté 13.2) Un communiqué signé de l'"émir" présumé du GSPC, Abou Mosaâb (de son vrai nom Abdelmalek Dourkal), et publié sur internet, annonce l'exclusion de l'organisation islamiste armée de son ancien chef Hassan Hattab, accusé de "haute trahison", pour avoir apporté son soutien à la politique de réconciliation nationale du président Bouteflika. Hattab "ne représente plus que lui-même depuis 2003 car il a montré des signes de défaitisme depuis le 11 septembre", explique le communiqué, qui accuse en outre Hattab d'utiliser frauduleusement le sceau du GSPC pour faire accroire que l'organisation souscrit à la "réconciliation nationale". Par ces actes "qui sont une haute trahison pour Dieu, son prophète et le sang des moudjahidines, (Hattab) devient l'allié du pouvoir athée et un pion de son complot contre le Djihad", poursuit Abou Mosaâb, qui s'en prend également aux partis islamistes légaux qui soutiennent la réconciliation en courant "derrière des intérêts partisans étroits".

Hattab est supposé avoir démissionné de lui-même de son poste d'"émir national" du GSPC en 2001, pour cause de divergences internes. Il avait même plusieurs fois été donné pour mort, tué par ses anciens compagnons d'armes. Son remplaçant présumé à la tête du GSPC, Nabil Sahraoui, avait quant à lui été tué fin juin 2004 près de Bejaïa. Abou Mosaâb est le remplaçant présumé de ce remplaçant présumé. Quant à Hattab, tout "démissionnaire", "limogé", voire "éliminé" qu'on l'ait considéré, c'est encore à lui qu'a été parfois attribuée une embuscade ayant fait, en janvier dans la région de Biskra, 18 morts dans les rangs des forces de sécurité, ce qui laisserait supposer qu'il contrôle toujours des groupes armés du GSPC.

Le ministre algérien de l'Intérieur Yazid Zerhouni, en annonçant le 13 janvier la fin des GIA, avait aussi annoncé la fin prochaine du GSPC, et affirmé que ce groupe était réduit à "quelques poches de terroristes".

Quant aux GIA, leur ancien "émir national", actuellement emprisonné, Abdelhak Layada a adressé au président Bouteflika une lettre dans laquelle il apporte son soutien au projet d'amnistie générale, tout en le jugeant encore flou. La lettre de Layada (ou du moins signée par lui) estime que "la crise étant politique, sa solution ne pourra être donc que politique"; Layada demande la libération de tous les détenus, le recouvrement par tous les Algériens de leurs droits légitimes civiques et politiques et la vérité sur le sort de tous les disparus. Layada affirme que Ali Benhadj peut contribuer à résoudre la crise.

Par ailleurs, Layada revient sur son arrestation au Maroc en 1993, mais affirme n'avoir jamais été emprisonné au Maroc avant son extradition, arrachée par le général Nezzar. Layada affirme même n'avoir pas été emprisonné au Maroc, mais seulement interpellé pour être extradé.

(Le Soir d'Algérie 15.2 / AP 16.12, El Khabar 17.12) Dans un communiqué daté du 15 février intitulé "démarcation et démenti", communiqué dans lequel il affirme être toujours le chef du GSPC, Hassan Hattab accuse les "émirs" qui ont annoncé dans un premier temps son limogeage, et dans un deuxième temps son exclusion du GSPC, de n'être que des résidus des GIA, infiltrés au sein du GSPC après la quasi liquidation des GIA, et parlant sans droit au nom du GSPC. Hassan Hattab, qui serait donc toujours "l'émir national" d'une sorte de "GSPC officiel" (ou de "GSPC canal historique"), évoque une poignée d'individus parlant au nom du groupe salafiste, en tournant le dos aux fatwas des érudits de l'islam, les insultant, eux, et tous ceux qui les contredisent". Hattab poursuit en mettant "la nation en garde" contre les "idées (...) de ces individus", comme auparavant "contre les idées de Djamel Zitouni et Antar Zouabri". "Tout communiqué non signé par Hassah Hattab ne doit pas être considéré comme émanant du GSPC", conclut Hattab.

L'infiltration d'anciens des GIA au sein du GSPC est vraisemblable, du fait de la quasi élimination des GIA, réduits à quelques petits groupes isolés. Des actes "terroristes" attribués depuis des mois par la presse et/ou les autorités au GSPC, et ciblant les civils, ressrmblaient d'ailleurs beaucoup plus aux pratiques des GIA qu'à celles d'un GSPC, lequel "ciblait" systématiquement les membres des forces de sécurité (armée, gendarmerie, police, gardes communales, milices), alors que les GIA avaient fini par s'en prendre quasi exclusivement à des civils désarmés.

Selon un officier de l'armée, dont les propos sont rapportés par "L'Expression", le GSPC disposerait encore de plus de 200 éléments actifs et opérationnels dans la région comprise entre Tizi Ouzou et Boumerdès. Deux katibates du GSPC seraient actives dans cette région, "Al Ansar", avec 150 hommes dirigés par l'"émir" Selmane, et Al Arkam, avec au moins 50 hommes. Le GSPC aurait procédé à un nouveau découpage opérationnel de la région, entre quatre zones distinctes : Al Ansar et Al Arkam entre Tizi Ouzou et Boumerdès, et deux autres groupes entre Alger et Boumerdès.

Selon "El Khabar", l'armée aurait établi des zones de "non agression" entre les forces de sécurité et le GSPC, pour permettre aux membres du GSPC favorables à l'amnistie générale de se rendre. Selon des "repentis" et des familles de membres du GSPC, cités par "El Khabar", ces zones se situent dans la forêt de Sidi Ali Bounab, entre les wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou, soit les zones où opèrent les katibates Al Ansar et Al Arkam, ce qui laisserait supposer que ce sont précisément ces katibates qui seraient contrôlées par Hassah Hattab, réputé plus disponible que ces adversaires au sein du GSPC (les "anciens des GIA" que Hattab dénonce dans son communiqué du 15 février).

(Jeune Afrique 20.2) Selon "Jeune Afrique", certains cadres du GSPC proposeraient un changement de nom du groupe, qui deviendrait le "Tandhim al-Quaïda fi bilad al-Barbar" (Organisation de la Qaeda en pays berbère), comme l'organisation du Jordanien Abou Moussab al Zarqaoui, le Tahwid al Djihad, est devenue en décembre 2004, avec l'aval d'Oussama Ben Laden, l'Organisation de la Qaeda en Mésopotamie (Tandhim al-Qaïda fi bilad ar-Radifain).

(Quotidien d'Oran 27.3) Environ 200 gardes communaux révoqués (176 ayant signé une pétition) ont manifesté le 26 mars devant le siège de la wilaya de Relizane, pour revendiquer indemnisations et réintégration, ainsi que le démission du directeur de la Garde communale et une enquête bjudiciaire sur la gestion du budget de la direction de la Garde. Certains gardes communaux ont été révoqués pour des raisons disciplinaires, des abandons de poste, des manoeuvres dangereuses d'armes, qui ont parfois entraîné mort d'homme; d'autres ont été révoqués pour manque d'instruction ou pour n'avoir pas pu attester qu'ils avaient effectué leur service militaire. 200 nouveaux gardes communaux devraient être recrutés, sur la base d'exigences plus élevées que celles qui prévalaient lors du recrutement des 200 gardes révoqués.

(El Watan 10.4 / AP 18.4 / AP 19.4 / Al Bayane 19.4) Un ancien "émir" d'un GIA, Talha El Hadj, alias "About Tourab", s'est rendu aux services de sécurité à Oran, annonce "Liberté" le 19 avril. Talha El Hadj avait succédé à "Akal" à la tête des GIA de la région. Il se serait rendu en présumant qu'il allait bénéficier de la loi d'amnistie générale proposée par le président Bouteflika.

Le quotidien "L'Expression" annonce, sur la base de déclarations du président de la Commission nationale pour l'amnistie générale (CNAG), Abderrazak Smaïl, qu'environ 400 membres de différents groupes arnés* seraient sur le point de se rendre, toujours dans l'espoir de bénéficier d'une loi d'amnistie. Abderrazak Smaïl précise qu'il s'agirait de membres de "groupes terroristes qui ont cessé toute action subversive depuis de nombreux mois" et qui attendent la "promulgation du décret présidentiel portant amnistie générale". Il ajoute que des contacts "directs" ont été établis avec ces groupes (du GSPC, du GSPD et des GIA), présents dans les wilayas d'Annaba, Skikda, Medea, Tizi Ouzou et Bouira, et qui affirment par ailleurs n'avoir "aucun lien avec Al Qaïda".

Six Tunisiens ont été arrêtés le 14 avril à Annaba. Ils sont accusés d'avoir vulu rejoindre un groupe du GSPC de la région située entre Jijel et Collo, dirigé par l'"émir" Doudrel.

* Le président de la CNAG estime que les "terroristes" prêts à déposer les armes représentent "plus de 95 % des éléments terroristes encore présents dans les maquis". Le chiffre de 400 membres de groupes armés prêts à se rendre est plus élevé que celui des membres actifs des groupes armés, tel qu'annoncé régulièrement par les autorités, soit environ 300 éléments actifs. Selon "El Watan", le GSPC reste "puissant et bien structuré", notamment en Kabylie, et il compterait plus d'une centaine de combattants dans les massifs montagneux de la région de Boumerdès, à peu près autant dans les Babor et les Aurès (où cependant ses actions seraient plus sporadiques), et également à peu près autant entre Biskra, Ghardaïa et Illizi, où il serait allié aux contrebandiers qui les ravitallleraient en carburant et les financeraient en échange de la sécurisation des pistes. Quant aux GIA, ils ne compteraient plus qu'une trentaine de membres, répartis en groupes de cinq ou six éléments dans les maquis de Blida, Tipaza, Medea, Aïn Defla et Tissemsilt,.

(El Watan 13.4) Plusieurs dizaines d'habitants (200 selon "El Watan" de la région de Bouira ont manifesté le 12 avril en exigeant qu'on leur rendre leurs fusils, confisqués au début des années '90 par la gendarmerie. Selon "El Watan", 7500 habitants de la wilaya de Bouira réclameraient qu'on leur rende leurs armes confisquées, certains affirmant qu'elles ont été remises à des milices locales.

(Corr 25.4) Quatre islamistes armés tunisiens ont été arrêtés le 23 avril par les forces de sécurité à Baraki, dans la banlieue d'Alger. Selon la presse, ils s'apprêtaient à rejoindre le GSPC, et ont été dénoncés par un "repenti".

(L'Expression 3.5) Un rapport américain sur le terrorisme en 2004, rendu public en avril, exprime des doutes sur l'existence d'un lien réel entre le GSPC et la Qaeda, et signale qu'aucune preuve tangible n'existe d'un tel lien, revendiqué par Hassah Hattab et mis en avant par la presse algérienne. Selon le rapport américain, le GSPC aurait de lui même prêté à la Qaeda une allégeance purement formelle, pour des raisons de propagande.

(El Khabar 8.5) Un communiqué du GSPC (du moins de la faction du GSPC dirigée par "Abou Mosaâb"), publié sur le site internet de l'organisation, daté du 16 avril et signé par le responsable du Comité d'information, Salah Abou Mohamed, réaffirme son allégeance à la Qaeda d'Oussama Ben Laden, allégeance récemment contestée par un rapport américain, et jamais confirmée par aucune source crédible liée à la Qaeda.

Le communiqué du GSPC dénonce comme faisant partie d'une "campagne virulente d'allusions trompeuses" les rumeurs faisant état de l'adhésion de certains membres, voire de certains groupes, de l'organisation au projet d'amnistie générale du président Bouteflika, projet qualifié de "trompeur" et "dangereux". Le communiqué du GSPC réaffirme son refus de "tout chantage visant l'arrêt du Djihad", et de toute "demi-solution".

(L'Expression 2.5) Dans un long entretien accordé à "L'Expression", l'ex "émir régional" de l'AIS, Ahmed Benaïcha, estime à "plus de 100'000 hommes" les pertes subies par les islamistes algériens (armés ou non) depuis l'interruption du processus électoral en 1991. Benaïcha justifie le réaction "brutale" des islamistes algérien à l'annulation des élections de 1991 en expliquant que "tout parti qu'on aurait spolié de ses droits aurait réagi de la même manière", et que d'ailleurs les partis victimes de spoliations comparables ailleurs, par exemple en Ukraine, "se sont soulevés et le monde entier les a soutenus" : "Nous aurions trouvé de l'aide si notre projet était occidental", estime Benaïcha. L'ex "émir" de l'AIS exprime cependant ses regrets de la réaction "violente" des islamistes, "et d'avoir répondu à la provocation car elle a profité à nos détracteurs". Ahmed Benaïcha précise que les anciens chefs de l'AIS sont en "contact permanent" avec les groupes armés toujours actifs, et qui selon n'ont pas encore déposé les armes parce que "les promesses du pouvoir", telles que faites lors des accords passés avec l'AIS, n'ont pas été tenues. L'ancien "émir" apporte enfin son soutien à la démarche présidentielle d'amnistie générale.

(l'Expression 12.5) un groupe armé du GSPC, fort de 27 à 40 éléments, scindés en plusieurs groupes ("serates") encerclés par les forces de sécurité dans la région d'Oued Z'hor, entre Collo et El Milia (w. Jijel) serait sur le point de se rendre aux autorités, annonce "L'Expression". Des négociations auraient été menées.

(Liberté 24.5) Le procès d'"Abderrazak El-Para" (de son vrai nom Amari Saïfi), "émir" du GSPC, et de cinq autre membres de son groupe, devrait se tenir le 13 juin devant le Tribunal criminel d'Alger.

Ancien parachutiste, Abderrazak avait rejoint les rangs du GSPC en 1999. Il avait été arrêté en 2004 au Tchad par un groupe rebelle tchadien, le MJTD, qui l'avait remis à la Libye, et le ministre algérien de l'Intérieur avait annoncé que les autorités libyennes l'avaient remis à l'Algérie le 27 octobre 2004. Mais curieusement, relève "Liberté", Abderrazak est toujours considéré par la justice algérienne comme "non détenu", et il n'avait d'ailleurs pas été présent lors de la dernière audience du tribunal.

(AP, Le Jour d'Algérie 31.5) Le bulletin "Algérie confidentiel", sur la foi d'une "source bien informée", annonce que le supposé "émir national" du GSPC, Abou Mossab Abdelouadoud, a été abattu avec quinze de ses compagnons par d'autres membres du GSPC. Abou Mossab Abdelouadoud. Abdemlakel Droukdel), qui est supposé avoir succédé à Nabil Sahraoui, lequel est lui aussi supposé avoir succédé à Hassan Hattab, puis avoir été abattu par l'armée. Comme d'habitude, aucune confirmation crédible de cette information n'a été donnée. Hassan Hattab lui-même a plusieurs fois été donné pour mort, et la mort de Nabil Sahraoui a également été annoncée plusieurs fois à plusieurs mois d'intervalles.

La presse algérienne fait par ailleurs état de l'existence d'un "Groupe salafiste libre" (GSL), dont un groupe armé, qui serait responsable d'une embuscade ayant coûté la vie à seize militaires le 15 mai à Tala Tafouaht (w. Khenchela), serait encerclé par les forces de sécurité entre Tebessa, Khenchela et Chlef. Le GSL serait une scission du GSPC, scission proovoquée par Hassan Hattab au moment de son éviction par Nabil Sahraoui à la tête du GSPC. Cependant, d'autres sources attribuent l'embuscade du 15 mai au GSPC lui-même, et l'existence même d'un GSL est aussi sujette à doutes que l'annonce de la mort d'Abou Mossab.

(AP 13.6) Déjà ajourné le 24 avril, le procès annoncé de l'"émir" du GSPC "Abderrazak le Para" (Amari Saifi) a été une nouvelle fois reporté le 13 juin. Officiellement, Abderrazak est toujours considéré comme étant en fuite, alors que les autorités algériennes avaient annoncé, le 24 avril, qu'il leur avait été remis par les autorités libyennes, le 27 octobre 2004, autorités libyennes à qui il avait été remis par les rebelles tchadiens qui l'avaient capturé dans le Tibesti. Abderrazak est donc vraisemblablement toujours détenu secrètement, et interrogé, par les forces de sécurité algériennes.

(Jeune Indépendant, El Watan, Liberté 26.6) Amari Saïfi, alias "Abderrazak le Para", a été condamné le 25 juin, par contumace, à la prison à vie par le tribunal criminel d'Alger, pour "création d'un groupe terrorisme armé". Ancien numéro deux du GSPC, Abderrazak a été jugé en tant qu'"émir" du GSPC pour la région de Batna, avec cinq co-inculpés (dont trois ont été acquittés, les deux autres écopant de trois ans de prison).

Abderrazak avait été capturé dans le Tibesti par des rebelles tchadiens, remis aux autorités libyennes et extradé en octobre 2004 -mais personne ne l'a vu depuis, et il était absent de son propre procès. Le Tribunal n'a d'ailleurs donné aucune explication à cette absence, et Abderraza, dont le procès avait été reporté deux fois, en avril et juin derniers, est officiellement considéré comme étant "en fuite". Il serait actuellement détenu dans un lieu secret et interrogé (on ne sait pas précisément par qui), avant d'être inculpé de plusieurs autres chefs d'accusation.

(Quotidien d'Oran 13.6, 22.6) Les autorités mauritaniennes continuent d'accuser le GSPC algérien, et particulièrement le groupe de Mokhtar Belmokhtar, d'être responsable de la récente attaque contre un poste militaire mauritanien. Mais selon des sources proches de la famille de Mokhtar Belmokhtar, celui-ci ne se trouve pas en Mauritanie, mais en Algérie, dans sa région d'origine, celle de Ghardaïa. En outre, on ne voit pas très bien pourquoi Mokhtar Belmokhtar se mettrait à attaquer des postes militaires mauritaniens dans une région où il n'a aucun intérêt à attirer des forces militaires. Enfin, alors que les autorités mauritaniennes affirment que le groupe armé qui a attaqué le poste de Lemghity était fort de 150 éléments, des sources proches des services algériens de sécurité estiment à une trentaine le nombre des éléments du groupe de Mokhtar Belmokhtar. Le GSPC a cependant revendiqué, sur son site internet, l'attaque du poste mauritanien.

Quant à Mokhtar Belmolkhtar, son procès devant le tribunal criminel d'Alger, qui devait le juger pour "appartenance à groupe terroriste armé" (le GSPC) en compagnie de 15 autres personnes, dont l'"émir" national présumé du GSPC, Nabil Sahraoui, dont la mort a été annoncée, a été renvoyé au 28 juin pour des raisons de procédure.

(AP 9.7 / El Watan 10.7 / Quotidien d'Oran 10.7, 12.7) "Le phénomène du terrorisme est en voie d'extinction" a annoncé le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, le 9 juillet. Ali Tounsi a toutefois reconnu que l'éradication du terrorisme "traîne un peu", que "l'extermination des résidus du terrorisme dans les maquis peine à aboutir" et aannoncé que le gouvernement allait opter pour des méthodes "qui accéléreront cette extinction". Pour le chef de la police algérienne, il ne reste plus que "quelques centaines" de "terroristes" encore en activité, et les victimes du terrorisme se sont montées à 360 en 2004 (selon Tounsi), contre 7000 en 1997. Les accidents de la route tuent actuellement onze fois plus de personnes (4000 par an) que le terrorisme, a ajouté le chef de la police algérienne, Ali Tounsi a en outre relevé que des terroristes se reconvertissaient dans le "crime organisé, en créant des groupes selon le copinage des années du maquis pour réaliser des hold up, des racket", et qu'il faudra sérieusement enquêter sur l'origine des fortunes de certaines familles d'anciens terroristes, fortunes que "se chiffrent en milliards". Sur ce point, il semble que les auteurs d'un hold-up commis le 11 juin dans une banque de Birkhadem (le butin était de plus de 1,6 milliard de dinars, plus de 166'000 euros et plusieurs dizaines de milliers de dollars américains et de livres sterling) soient d'anciens membres de groupes armés, "repentis" ou ayant purgé leur peine. Neuf personnes ont été arrêtées, dont six connues des services de police pour avoir été membres de groupes armés.

Ali Tounsi a par ailleurs affirmé ne pas savoir où se trouve Abderrazak "le Para", "émir" du GSPC, condamné le 25 juin à la réclusion à perpétuité, et par contumace alors qu'il est supposé être entre les mains des autorités algériennes après son extradition par la Libyne en octobre 2005.

Enfin, le chef de la police algérienne a annoncé que la direction générale de la sûreté nationale prévoyait le recrutement de 45'000 nouveaux éléments, et la revalorisation des salaires de policiers, mais excluait toujours la création d'un syndicat de policiers.

(Quotidien d'Oran 20.7) Le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a minimisé le 19 juillet l'ampleur de la reconversion d'anciens membres de groupes armés dans le grand banditisme et le crime organisé, reconversion évoqués précédemment par le directeur de la sûreté nationale, Ali Tounsi. Selon le ministre, "le nombre des repentis qui se sont recyclés dans le grand banditisme est très infime".

(L'Expression 14.8) Le renversement du président mauritanien Ould Taya a mis à mal la thèse, abondamment relayée par les media algériens (et européens) d'une alliance du GSPC algérien avec les islamistes mauritaniens, et avec le mouvement "islamo-militaire" mauritanien des "Cavaliers du changement".

Plusieurs militants de ce mouvement, et des islamistes mauritaniens, accusent aujourd'hui le régime d'Ould Taya de leur avoir extorqué des aveux pour confirmer des liens inexistants avec le GSPC, et par le GSPC avec la Qaeda. Mokhtar Ould Moussa, responsable islamiste et ancien ambassadeur de Mauritanie aux Emirats, accuse l'ancien régime d'avoir "torturé les imams et les oulémas", ainsi que d'autres militants islamistes pour les obliger à "avouer" qu'ils faisaient partie d'une organisation "djihadiste" étrangère.

Par ailleurs, la responsabilité de l'attaque meurtrière (18 militaires mauritaniens tués et 20 blessés) lancée en juin derniercontre le poste militaire de Lemgheity, dans la région frontalière de l'Algérie, devient de plus en plus sujette à controverses : cette attaque avait été imputée au GSPC "renforcé" d'islamistes mauritaniens, d'autant qu'un site internet supposé être celui du GSPC avait revendiquée, mais les hypothèses évoquées par les officiels mauritaniens (un groupe armé de 150 hommes venant d'Algérie et attaquant ce poste isolé de l'armée meuritanienne) paraissent de moins en moins crédibles : on voit mal comment un groupe armé de 150 hommes aurait pu se déplacer sans être repéré d'Algérie en Mauritanie, alors que des exercices militaires "antiterroristes" internationaux, avec la participation de militaires algériens, mauritaniens... et américains (notamment) se déroulaient ou se préparaient dans la région, et que le théâtre de ces exercices était surveillé par les dispositifs satellitaires américains (et français). En outre, les groupes armés algériens ne se déplacent plus depuis des années en effectifs aussi nombreux.

(El Watan 7.8) Selon "El Watan", des groupes armés concurrents, mais tous issus du GSPC, et installés dans la zone frontalière entre la Mali et le Niger, se seraient livrés vers la fin juillet à des affrontements armés, qui auraient provoqué des pertes. Il s'agirait d'affrontements entre le groupe de Mokhtar Belmokhtar et un groupe dissident, et les accrochages se seraient produits sur territoire malien, près de la zone frontalière de Bordj Badji Mokhtar. Ils auraient pour cause le partage du butin du groupe de Belmokhtar, lequel groupe est réputé se livrer au moins autant à la contrebande qu'au djihad.

(Liberté 7.8) Selon "Liberté", le GSPC a fait de la région de Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès, "la plaque tournante" de ses activités, grâce à le persistance des réseaux de soutien mis sur pieds dans la région, et malgré le démantèlement de nombre d'entre eux (une trentaine de réseaux démantelés depuis 2001, selon les autorités, et environ 400 personnes impliquées). Du coup, selon "Liberté", et contrairement aux affirmations réitérées des autorités selon qui le "terrorisme" n'est plus que "résiduel" en Algérie, avec quelques centaines (moins de 500) membres actifs de groupes armés, "les capacités de nuisance des terroristes restent importantes"

(Reuters 16.8 / Quotidien d'Oran 17.8) Un communiqué daté du 31 juillet et publié le 15 août sur un site internet islamiste, communiqué attribué au GSPC mais sans que cette attribution ait été confirmée, faute de cachet et de signature, exhorte les musulmans de France a attaquer en France les responsables algériens que les auteurs du communiqué accusent de détourner les richesses du pays et de piétiner les valeurs islamiques. Le communiqué invite les musulmans de France à "traquer" et à "pourchasser ces criminels en France (...) dans les antres de débauche, dans les repaires de la corruption et du jeu, dans les boîtes de nuit, les cabarets, les magasins de vente d'alcool". Le communiqué désigne également comme les "véritables ennemis" algériens de l'Islam les "nombreux civils réputés pour leur entière allégeance aux dirigeants français", et qui ont "accaparé l'administration algériennes, les organes d'information, les grandes entreprises, les institutions culturelles, les diverses missions diplomatiques ains que d'autres centres influents", et qui vont en France "se reposer (...), récupérer leurs forces pour revenir ensuite (en Algérie) avec un nouveau souffle, comploter contre l'Islam et combattre les fidèles". Le communiqué salue également l'assassinat de de deux diplomates algériens en Irak en juillet.

(L'Expression, Le Jour d'Algérie 17.8 / El Watan 18.8 / L'Expression 24.8) "Aucune source crédible n'est aujourd'hui en mesure de dire combien d'Algérient sont encore dans les maquis islamistes", constate "L'Expression", qui rappelle qu'en 1996 on estimait le nombre de "terroristes" à plus de 27'000 hommes armés, et qu'au début 2005 le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni n'évoquait plus de 400 hommes armés, et le patron de la police, Ali Tounsi, entre 300 et 500. D'autres sources évoquent le chiffre de 800 ou de 1000 combattants islamistes. Selon des "sources sécuritaires" évoquées par "Le Jour d'Algérie, 250 "terroristes" toujours en activité sont identifiés et font l'objet d'avis de recherches, et les services de sécurité possèdent 200'000 photos de "terroristes" (confirmés ou supposés, morts ou vivants, actifs ou repentis). "Ces photos (...) suscitent l'intérêt d'Interpol, dans le cadre de la lutte internationale contre le terrorisme", et constituent un "très important et considérable outil de lutte contre le terrorisme", ajoute le journal.

Actuellement, le GSPC pourrait compter sur 300 à 500 hommes, et serait dirigé par Abdelmalek Droudkel, dit "Abou Mossaâb Abdelwadoud". Il maintiendrait ses bases principales dans l'est de la wilaya de Bejaïa, d'où il rayonnerait dans les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira, M'sila, Tebessa, Batna, Sétif, Bordj Bou Arreridj et Ouml El Bouaghi. La "zone 2" du GSPC, dirigée par Abdelhamid Saâdaoui, s'étend de Boumerdès à Dellys. Dans le sud, la "zone 9" du GSPC, s'étendant du Djebel Boukhil à Djelfa et sur tout l'extrême sud, y compris des pénétrations au Mali, au Niger, en Mauritanie et au Tchad. serait toujours le fief de Mokhtar Belmokhtar.

Plus de 200 "terroristes" ont été "éliminés" dans les wilayas de Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou entre 2001 et 2004, et une trentaine dans les six premiers mois de 2005 dans la seule wilaya de Boumerdès, selon "une source au fait de la situation sécuritaire" évoquée par "El Watan". Ladite source ajoute cependant que le GSPC "est encore là" et capable de frapper dans la wilaya de Boumerdès. Si le GSPC aurait, selon "El Watan", perdu une quarantaine d'éléments qui se seraient rendues aux autorités, il aurait enregistré autant de nouvelles recrues, notamment dans les régions de Zemmouri, Baghlia, Benchoud et Aïn El Hamra. Dans la région s'étendant de Ghezaroual à Mizrana serait actifs une centaine d'éléments de la "phalange El Ansar", dirigée par l'"émir" Abou Bakr Abbas alias "Selmane". Entre Zemmouri et Thenia on trouverait la faction "El Arkam" de l'"émir" Khelifi, au sud de Thenia la katibat "El Farouk" dirigée par Ahcène Bouchenak, et dans les maquis de Boutegueza la katibat "El Feth".

Les GIA ont été presque totalement éliminés, et ne regrouperaient plus que quelques dizaines (une quarantaine selon "L'Expression") d'éléments actifs dans les montagnes de Blida et la Mitidja.

La "Houmât ed-daâwa salafiyya" (GHDS), qui évolue à Relizane, Tenès et les abords de Tipasa, pourrait compter sur une centaine d'éléments (mais l'ancien chef de l'Armée islamique du Salut, Madani Mezrag, a qualifié la GHDS de "grpupuscule réduit qui ne cherche plus que la négociation et la fin des hostilités".

Le Groupe salafiste pour la prédication et le djihad (GSPD), une scission des GIA, serait réduit à une trentaine d'hommes actifs entre Derrag (Medea) et le Djebel Echaoun (Tissemsilt).

Le Groupe salafiste combattant (GSC), allié au GSPC, serait réduit à quelques éléments, sporadiquement actifs dans l'ouest.

Selon l'ancien "émir national" de l'Armée islamique du Salut, Madani Mezrag, qui a apèporté son soutien au projet du président Bouteflika de "charte pour la paix et la réconciliation nationale", l'AIS comptait, au moment où elle a déposé les armes en application de l'accord passé avec le gouvernement dans le cadre de la "concorde civile", 3800 hommes armés. Madani Mezrag a assuré que "d'après nos contacts et nos prévisions, 80 % de ceux qui sont dans les maquis accepteront de déposer les armes et de rejoindre la société, et ne resteront que ceux qui n'ont plus rien à voir ni avec la paix, ni avec le djohad". Même le GSPC, que l'ancien chef de l'AIS a qualifié de "groupe réceptif au discours religieux et (qui) a des dispositions réelles vis à vis de la réconciliation", devrait accepter le projet présidentiel, selon Madani Mezrag. Des islamistes armés "repentis" d'Aïn Defla ont également exprimé à "La Nouvelle République" leur disposition à approuver la Charte proposée par le président Bouteflika.

(Le Jour d'Algérie 28.8) Selon des "sources sécuritaires" évoquées par "Le Jour d'Algérie", 6000 terroristes se sont rendus avec leurs armes après l'approbation de la "Concorde civile" en 1999, mais plusieurs milliers d'armes, y compris des armes lourdes se trouvent toujours à disposition des groupes armés, même si les effectifs de ceux-ci sont désormais moins importants que leurs stocks d'armes.

Les mêmes sources évaluent à 200 le nombre de "repentis", anciens membres de groupes armés s'étant rendus aux autorités, assassinés par les groupes restés en activité après la "concorde civile"

(El Watan 13.9 / AP 15.9) L'effet sur les groupes armés encore actifs de l'acceptation de la "charte" présidentielle pour la paix et la réconciliation reste incertain, à en juger par les déclarations des uns et des autres, d'autant que l'évaluation du nombre de membres actifs des groupes armés actifs est elle-même incertaine. L'ancien "émis" national de l'Armée islamique du Salut, Madani Mezrag, qui estime à 200 le nombre de combattants islamistes encore actifs, évoque au sein des groupes armés, principalement du GSPC, un "débat pour évaluer la charte", et des contacts entre les services spéciaux et "certains éléments" islamistes tentés par une rédition. Le 12 septembre, un groupe armé du GSPC a investi deux bars clandestins d'Illiten, en Kabylie, pour, après avoir délesté les consommateurs de leur argent et de leurs téléphones portables, dénoncé le projet de "charte"-

(Liberté, Le Quotidien d'Oran 26.9) Selon le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, qui admet cependant ne pas disposer "du nombre exact des terroristes qui demeurent encore au maquis", ce nombre se situerait entre 800 et 1000 personnes, dont une centaine seulement d'éléments actifs sur le terrain.

Le ministre a en outre démenti que la dissolution des milices locales ("Patriotes") soit à "l'ordre du jour", et affirmé que si cette dissolution se faisait, leurs éléments seraient "pris en charge" et intégrés à d'autres postes -sans préciser lesquels.

(Reuters 2.10 / El Watan 3.10) Selon le Premier ministre Ouyahia, s'exprimant devant des diplomates algériens, environ 10'000 "terroristes" se sont rendus aux autorités depuis la loi de "Rahma" (clémence) de 1997 et de "concorde civile" de 1999. Le Premier ministre a estimé à un millier le nombre de "terroristes" encore en activité, dont la majorité feraient partie de groupes du GSPC, que le gouvernement s'est dit déterminé à "éradiquer". De source proche des services de sécurité on a annoncé la reddition, le 29 septembre, d'une dizaine de combattants du GSPC à Khemis Miliana.

(Liberté, El Watan 16.10 / El Watan 20.10 / Liberté 24.10 / L'Expression 23.10) Selon la presse algérienne (notamment "Liberté"), l'ancien "émir national" du GSPC, Hassan Hattab, et ses proches, seraient en passe de déposer les armes et de se mettre au bénéfice des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Entre une cinquantaine et une centaine ("des dizaines", selon "Liberté") de membres des groupes armés encore contrôlés par Hattab seraient en pourparlers avec les autorités, observeraient une trêve dans les zones de Lakhdaria et de Kadiria, et auraient pris des mesures militaires de précaution contre d'éventuelles attaques des groupes armés du GSPC opposés à toute reddition, suivant en cela le successeur de Hattab, Abou Moussaab Abd El-Ouadoud. Pour l'heure, selon "Liberté", les redditions sont rares, et "El Watan" constate que la reddition "massive d'un milieu de terroristes" n'a pas eu lieu. Au contraire, même, les groupes armés du GSPC continuent à recruter et certains maquis islamistes (dans les zones de Jijel et de Skikda, notamment) sont en "net regain d'activité". Interrogé par le quotidien saoudien Asharq al Awsat, Hassan Hattab (que le quotidien présente comme ayant "démissionnaire" du GSPC en 2003, avant que des liens soient établis entre le GSPC et la Qaeda), a posé des conditions à son ralliement à la "réconcoliation nationale" : la libération d'Ali Benhadj, l'annulation de la dissolution du FIS. Hattab a affirmé que "la plupart des éléments du GSPC veulent intégrer la dynamique provoquée par le projet de la réconciliation", et le quotidien arabo-britannique annonce qu'il coordonne ses "efforts" avec les forces de sécurité pour convaincre le plus possible d'éléments du GSPC de déposer les armes, et de rompre avec le noyau le plus radical du GSPC". Pour "L'Expression", le GSPC serait en train d'"imploser", et adversaires et partisans de la reddition s'affronteraient les armes à la main. "L'Expression" annonce que près d'une centaine de membres des groupes du GSPC du nord du Constantinois seraient "sur le point de déposer les armes", après la mort de leur "émir" régional, Abou El Mouaâd El Kacentini (ou Mezhoud), un ancien "émir" de GIA, passé au GSPC et abattu par les forces de sécurité début octobre à Ouled Slimane, près d'Oum Toub. Selon "El Watan", il aurait été trahi par son adjoint et la majorité de ses hommes, qui chercheraient à ouvrir le dialogue avec les autorités. Près d'un mois après l'adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, seules quelques redditions individuelles ont eu lieu (une vingtaine à mi-octobre). Une "Organisation algérienne pour la protection de la paix" (OAPP) a envoyé ses membres tenter de convaincre, dans la wilaya de Bouira, les membres des groupes armés de déposer les armes.

(Liberté 7.11) Un "mufti" du GSPC (sorte de "commissaire religieux" du groupe armé), Issam Laouer, s'est rendu le 4 novembre aux autorités, annonce "Liberté". Issam Laouer était le mufti du GSPC pour la région est, celle de Constantine. Il s'était ensuite replié dans le maquis de Jijel. l avait rejoint les groupes armés islamistes en 1992.

(Jeune Indépendant 25.12) Selon "Le Jeune Indépendant", une quarantaine de membre de la katibat "El Khadra" du GSPC, dirigée par l'"émir" Yahiaoui, et regroupés dans les maquis de la forêt Oustili, entre Batna, Biskra et Khenchela, seraient "sur le point de déposer les armes" et respecteraient une trêve depuis l'approbation par référendum de la charte sur la paix et la réconciliation nationale. "Le Jeune Indépendant" annonce que l'"émir" Yahiaoui serait le nouveau chef du GSPC, successeur de Nabil Sahraoui, abattu par les forces de sécurité, lui-même successeur de Hassan Hattab, qui aurait été "déstitué" par les "émirs" de son groupe. Mais le quotidien émet également l'hypothèse que Yahiaoui, "sur le point de se rendre", aurait déjà été remplacé par un autre "émir", Sassi Khaled, alias "Abou El Haret".

(Jeune Afrique-L'Intelligent 25.12 / El Watan 12.1) Dans un entretien accordé à "Jeune Afrique-L'Intelligent" fin décembre, l'ancien "émir national" de l'Armée islamique du Salut, Madani Mezrag, confirme son ralliement à la "concorde nationale" proposée par le présidnt Bouteflika, sans rien renier pour autant de son engagement dans la lutte armée entre 1993 et 1997 (Où lui-même et les 5000 membres de l'AIS ont bénéficié d'une amnistie). "Je soutiens le président Bouteflika. Il faut l'aider à concrétiser son projet de réconciliation nationale. Il faut mettre fin à la tragédie qui a endeuillé l'Algériens", soutient Mezrag, qui cependant ne renie nullement le choix de la lutte armée : "Je ne suis pas un repenti. J'ai mené une guerre juste et j'ai passé un accord, les armes à la main, avec l'état-major de l'armée" -mais, ajoute-t-il sur le ton de l'Ecclesiaste : "Il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix".

Mezrag explique que, dans un premier temps, les islamistes voulaient "islamiser la société de l'intérieur" et attendaient "tranquillement le bon moment pour cueillir les fruits" de l'investissement des mosquées et des campus, encouragé en sous-main par le pouvoir de l'époque. Aujourd'hui encore, Mezrag se dit persuadé que "le courant islamique va dominer la société" algérienne.

C'est en 1991, après l'échec de la grève générale lancée par le FIS pour exiger une élection présidentielle anticipée après sa victoire aux élections locales de 1990, et après l'interruption des élections législatives de décembre 1991, que Mezrag choisit la lutte armée -il "montera au maquis" en mai 1992, et admet avoir tué de ses propres mains, tout en niant que l'AIS se soit "jamais attaquée aux civils". Il reconnaît cependant que "les prisonniers étaient systématiquement tués". Le 1er octobre 1997, Mezrag et l'AIS décrètent une trêve unilatérale. En septembre 1999, le président Bouteflika fait passer le principe de la "concorde civile" en référendum. En janvier 2000, une grâce amnistiante est proclamée. Mezrag et les 5000 membres de l'AIS en bénéficient. Il explique qu'aujourd'hui, il s'occupe de la situation et de l'avenir de ses hommes, et admet avoir gardé de l'argent amassé pendant la période de la lutte armée ("l'argent est quelque part, mais surtout pas dans les banques".

(L'Expression 24.1 / El Watan 25.1 / El Watan 26.1) L'ancien chef de l'AIS, Madani Mezrag, est revenu auprès de la presse algérienne sur l'entretien qu'il avait accordé à "Jeune Afrique l'Intelligent", et qui avait fait quelque bruit en Algérie, en reprochant au journaliste qui l'avait interviewé de l'avoir fait en français alors que lui-même lui répondait en arabe, de vouloir "rouvrir les blessures" en "dramatisant" ou en déformant les réponses de l'interviewé, et en insistant sur "des faits d'armes" au lieu de "gagner ses lecteurs à la réconciliation". Madani Mezrag, qui se présente en "chef de guerre, en digne combattant qui a signé une trêve, les armes à la main", se targue d'avoir fait infilitrer par l'AIS des groupes armés irréductibles du centre de l'Algérie pour les pousser à une trêve négociée : 100 membres de l'AIS auraient ainsi été tués pour permettre la reddition de 1500 membres des GIA, affirme l'ancien "émir national" de l'AIS, pour qui "la paix en Algérie s'est faite avec nous, avec notre sang", contre "la pieuvre éradicatrice et occidentaliste". Madani Mezrag affirme que l'AIS n'a bénéficié d'aucune aide étrangère, mais admet que des fonds ont été fournis "par l'instance exécutive du FIS basée à l'étranger et présidée par Rabah Kebir". Avec ce qui reste de ces fonds, "nous finançons quelques projets commerciaux au profit des repentis", a ajouté Madani Mezrag.

(Algeria-Watch 14.2) Deux membres d'une milice locale de Relizane, impliqués dans des enlèvements et des "disparitions" dans la wilaya de Relizane, vont être traduits en justice, le 20 février, devant la Cour de Relizane, pour "enlèvement", à la suite d'une plainte déposée en 2005 par la famille d'un "disparu", enlevé en novembre 1995 par la milice de Relizane dirigée par l'ancien Maire de Relizane (nommé par le gouvernement), Hadj Fergane, et porté disparu depuis. En outre, son domicile et son matériel agricole ont été détruits et incendiés. Une autre plainte a également été instruite, déposée par la famille d'un homme enlevé (après avoir été blessé) par les même miliciens en mai 1995. De nombreuses plaintes ont été déposées contre la milice de Hadj Fergane, pour enlèvement, vol, racket, incendie, mais jusqu'alors aucune n'avait été suivie d'effet.

Quant aux deux miliciens poursuivis, l'un est en liberté provisoire, l'autre a été arrêté après qu'il ait pris la fuite.

Algeria-Watch rappelle que la milice de Fergane agissait sous la supervision de l'armée, et particulièrement du colonel Abdelfatah.

C O M M U N I Q U E
LIGUE ALGÉRIENNE DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME - LADDH

Le 14 février 2006

Pour la première fois la situation des disparus connaît une évolution positive grâce aux efforts de leurs familles, des médias et des appels des citoyens épris de paix et de justice.

Sur plainte des familles des victimes MILOUD AMEUR et BRAHMI Mohamed, l’institution judiciaire reconnaissant enfin le bien fondé des plaintes et après une longue instruction, elle a décidé de déférer devant la cour criminelle de Relizane, les nommés DRAOU Ahmed et FERRAGUE Mohamed, membres de la milice de Relizane pour «enlèvement». Ces individus auront à comparaître, le 20 Février prochain pour répondre des faits qui leurs sont reprochés. DRAOU, mis en liberté provisoire après quelques semaines de détention, quant à FERRAGUE, est toujours en prison.

Prudence, même si les instructions juridiques en cours supposent que quelque chose « a changé », les inquiétudes ne pourront s’estomper qu’une fois que la Justice ira jusqu’au bout, et qu’elle fournira la preuve éclatante qu’elle est réellement indépendante et souveraine.

Il s’agit là de la première occasion de faire valoir les droits des victimes et de leurs familles en exigeant un verdict consacrant le droit à réparation et constituant une jurisprudence à même de rejeter toute impunité.

Mohamed SMAIN
Membre du comité Directeur de la LADDH


(El Watan 20.2 / Algeria Watch 23.2) Le procès des deux miliciens de Relizane qui devait s'ouvrir le 20 février à Relizane a été reporté à une date ultérieure pour "complément d'enquête", et l'un des deux miliciens, Mohamed ferrague, accusés d'avoir enlevé et fait disparaître plusieurs personnes, a été libéré, l'autre milicien étant déjà en liberté provisoire. Les deux hommes sont jugée sur plainte de la famille d'un homme enlevé par la milice de Relizane en novembre 1995 et porté disparu depuis, et de la famille d'un autre homme enlevé en mai 1995 par la même milice, blessé, et également porté disparu. La milice en cause avait également saccagé, détruit et pillé les domiciles et les biens des deux hommes enlevés. Dans les deux cas, les deux miliciens accusés avaient été reconnus.

Pour Algeria-Watch, le report du procès des deux miliciens "n'est pas très surprenant et il faut s'attendre à son annulation pure et simple", car de tels procès de miliciens devant une justice neutre et indépendante mettraient "à nu les responsabilités d'hommes politiques locaux, de militaires locaux" et les "accointances entre les chefs miliciens, le pouvoir central et les chaînes de commandement militaire" jusqu'au "plus haut de la hiérarchie de l'armée", dans les enlèvements et les disparitions.

L'annonce de l'ouverture du procès finalement reporté avait été saluée comme "un pas crucial et sans précédent (...) dans (la) quête de vérité et de justice et de lutte contre l'impunité"", par les organisations de familles de "disparus" SOS-Disparus et le Collectif de familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), qui rappellent que "des milices locales, armées par l'Etat et appelées patriotes ou groupes d'autodéfense, ont commis de très graves violations des droits de l'homme" (exécutions extra-judiciaires, torture, disparitions), dont les auteurs sont à ce jour demeurés impunis. Les deux associations avaient appelé à la vigilance pour que le procès "se déroule en toute impartialité et tranquillité" et "en total accord avec les normes juridiques internationales".

(Liberté 31.1) Les procès des présumés "terroristes" sont suspendus dans l'attente des textes d'application de la charte sur la paix et la réconciliation nationale, a annoncé (en substance) le ministre de la Justice Tayeb Belaïz, qui n'a donné aucune information sur le contenu de ces textes, mais a précisé que les détenus pour "terrorisme" pouvaient bénéficier des mesures de réinsertion de prisonniers (liberté conditionnelle, semi-liberté, permissions de sortie), dont 2500 prisonniers ont bénéficié depuis juin dernier, selon le ministre.

(Reuters 22.3) Selon le Premier ministre Ouyahia, 17'000 membres de groupes armés islamistes ont été tués par les forces de sécurité algériennes depuis 1992.

(Liberté 26.3 / Liberté 28.3) Selon des "sources sécuritaires" citées par "Liberté", le GSPC, opposé à la charte présidentielle pour la paix et la concorde nationale, recruterait, grâce à ses "connexions (...) avec les groupes terroristes de la région sahélienne", et à son "affiliation à Al-Qaïda" (affiliation jamais confirmée, cependant), des "éléments étrangers" pour renforcer ses effectifs, et compenser les redditions. "Des terroristes de différentes nationalités sont présents actuellement en Algérie", affirment les "sources sécuritaires" évoquées par le quotidien : des Tunisiens, des Mauritaniens, des Nigériens, des Marocains et des Maliens, plus précisément. Dans une note interne de la police, celle-ci annonce en outre que le GSPC a lancé une opération de recrutement en direction des bénéficiaires des dispositions de clémence de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une centaine de membres de groupes armés détenus ont été libérés depuis mars, et la Direction générale de la sûreté nationale annonce qu'elle a la preuve que le GSPC tente d'en enrôler certains, ou les frères ou autres parents de "terroristes tués". Une structure du GSPC aurait été créée à cet effet, la "section libre", avec trois "cellules" (une au centre, une à l'est, une à l'ouest), divisées en groupes de trois personnes chargés de recruter de nouveaux membres parmi les "repentis", de commettre des attentats, de pratiquer l'extorsion de fonds. Selon la police, ces nouveaux membres du GSPC se replieraient après leurs opération vers la zone tenue par la katibat "Djounoud Al Ahouel" de l'"émir" Omar Chaouche, dit "Abou Khaled", à l'est d'Alger.

(El Watan 20.3 / Liberté 26.3) Selon des estimations du ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, il resterait toujours entre 700 et 800 "terroristes" en activité en Algérie. Ce chiffre est le même que celui annoncé déjà par le même ministre en avril 2001, mais il atteint le double de celui avancé au début 2005 (400 hommes armés). En octobre 2002, le général Maïza avait quant à lui avancé le chiffre de 600 "terroristes" dans les maquis, dont 300 pour le GSPC et une soiyantaine pour les GIA. En décembre 2004, le Chef de la S^reté nationale, Ali Tounsi, donnait un chiffre encore différent : entre 300 et 500 "Terroristes" actifs. Enfin, l'ancien chef d'état-major, le général Lamari, parlait d'un millier de membres des groupes armés. "El Watan" se demande pourquoi "les responsables s'aventurent,. à chaque fois, à avancer des chiffres qui ne reflètent pas souvent la réalité", et relève que "la cote terroriste subit l'influence des démarches internes ou externes du gouvernement" : quand il s'agit d'obtenir le soutien, ou le silence, de partenaires étrangers de l'Algérie, "les autorités officielles ont tendance à doper les chiffres", alors que "l'opinion nationale a droit à un discours plutôt minimaliste". Dernier chiffre avancé : selon des "sources sécuritaires" citées par "Liberté", le seul GSPC compterait sur 80 à 100 "terroristes" dans sa seule "zone 6" (Jijel).

(Reuters 22.3) Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a reconnu le 21 mars que les autorités algériennes avaient caché le véritable bilan d'un des pires massacres de civils de la "décennie noire", celui de Remka, en janvier 1998, dont le bilan officiel avait été de 100 à 150 morts mais dont le bilan réel atteindrait le millier de victimes "massacrées au cours d'une seule nuit". "Nous avons caché la vérité parce (que) ceux qui commettaient les massacres collectifs ne le faisaient pas pour massacrer, mais pour dresser la communauté internationale contre nous", a expliqué Ahmed Ouyahia, qui a avancé le chiffre de 17'000 membres de groupes armés islamistes tués par les forces de sécurité depuis 1992, et de 8000 "disparus" (le chiffre officiel est de 6146).

(El Watan, L'Expression 17.4) Selon le ministre de l'Intérieur, 85 "terroristes" se seraient rendus aux autorités entre le 29 septembre 2005 (date de l'approbation en référendum de la Charte pour la paix et la réconciliation) et le 6 avril. Le ministre n'a pas donné plus de détails sur ce bilan modeste. Selon le même Yazid Zerhouni, s'exprimant en mars dernier, le nombre de "terroristes" encore en activité "oscille entre 700 et 800", et le nombre d'actes "terroristes" entre quatre et cinq par jour, dont de plus en plus d'actions de racket et de demandes de rançons.

(Le Quotidien d'Oran, Le Jeune Indépendant, Liberté 24.4) Une liste nominative de 17'000 présumés "terroristes" abattus depuis 1991 a été établie par les autorités, annonce la presse. Une autre liste, concernant les "disparus", comporte 7100 noms, dont 3000 de personnes officiellement considérées comme décédées.

(Jeune Indépendant 9.5 / L'Expression 18.5 / El Khabar 27.5) Selon le Procureur général de Boumerdès, la wilaya compterait encore environ 200 "terroristes" en activité (en comptant les zones limitrophes situées dans la wilaya de Tizi Ouzou), dont un quart seraient sur le point de se rendre. A Constantine, selon le ministre de l'Intérieur, 95 "terroristes" se seraient rendus. Les chiffres donnés par la presse sont souvent plus bas : selon "L'Expression", en quatre mois, sur l'ensemble du territoire national, 105 "terroristes" auraient choisi de déposer les armes, la plupart d'entre eux étant membres du GSPC, et la quasi totalité actifs dans les groupes armés du centre (Tizi Ouzou) et de l'est (Jijel, Skikda, Tebessa etc...).

Selon l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, il y aurait encore en Algérie entre 700 et 800 "terroristes" en activité. "Le Jeune Indépendant" estime le nombre de "terroristes" actifs à 400 à 500, présents essentiellement dans l'Est. "L'Expression" hausse la barre à un millier de "terroristes encore opérationnels".

Par ailleurs, le GSPC a revendiqué dans un communiqué paru le 26 mai sur le site internet de la revue "El Djama" la responsabilité de l'attaque, le 7 avril, d'un convoi de douaniers dans la région de Menea. L'attaque avait fait 13 morts dans les rangs des douaniers, dont quatre hauts responsables des douanes de Bechar et d'Adrar. Le ministre de l'Intérieur avait attribué l'attaque à l'"émir" régional supposé du GSPC pour la "zone 9", soit le sud saharien, Mokhtar Belmokhtar. Les opérations de l'armée après l'attaque contre les douaniers auraient, selon les autorités, permis de "neutraliser" une vingtaine de membres du groupe armé.

(Liberté 17.5) Une cinquantaine d'enlèvements ont été recensés dans les trois premiers mois de 2006 par la Gendarmerie nationale. Dans 13 cas, il s'agit d'enlèvements de mineurs. Dans deux cas, l'enlèvement a été suivi d'attentats à la pudeur, dans trois cas de viol, dans sept cas de séquestration. Dans la même période, 19 personnes ont en outre été menacées d'attentat, 28 de mort par arme à feu, 45 ont été menacées par une arme à feu, 94 par une arme blanche. 1188 personnes ont été victimes de coups et blessures par armes blanches. Selon les autorités, on avait comptabilisé 82 kidnappings en 2004.

(Quotidien d'Oran 6.5 / Jeune Indépendant 14.5) Les effectifs de la police et de la gendarmerie algériennes devraient doubler d'ici à 2009, a annoncé le ministre des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, le 4 mai. Le nombre des policiers devrait passer de 108'000 actuellement à 200'000, et le nombre de gendarmes devrait augmenter de 50 %. Ce renforcement des effectifs sécuritaires est destiné à répondre au développement de la délinquance et de la criminalité, notamment du crime organisé.

Une coopération entre les gendarmeries algérienne et française est dans ce contexte à l'ordre du jour, comme l'annonce un communiqué de la Gendarmerie algérienne à l'occasion de la visite à Alger, le 12 mai, du Général de la Gendarmerie française, Guy Parayre. Des coopérations entre les polices algérienne et européennes (espagnole, italienne, allemande) sont également négociées.

(Le Jeune Indépendant, El Watan 30.5 / Algeria-Watch 31.5 / El Watan 3.6 / Le Soir d'Algérie 6.6 / L'Expression, Liberté 21.6 / Liberté 28.6 / El Khabar 3.7) Le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a annoncé le 27 juin que près de 200 membres de groupes armés auraient rendu les armes pour bénéficier des dispositions de la Charte pour la Paix et la réconciliation nationale. Ce chiffre est largement en deçà d'un autre, évoqué par le Procureur général de Boumerdès, qui parle de 284 "terroristes" s'étant rendus dans cette seule wilaya dans le cadre de la Charte. Selon "Le Soir d'Algérie", plus de 6000 anciens membres de groupes armés (en comptant ceux de l'AIS) sont sont rendus dans le cadre des différents dispositifs de clémence, mais un certain nombre d'entre eux auraient "repris du service" dans les groupes armés.

L'un ou l'autre des chiffres de redditions sont en outre contradictoires de ceux avancés régulièrement par les autorités sur le nombre de "terroristes" encore en activité dans le pays. Ainsi, selon des sources sécuritaires citées par "L'Expression", 200 "terroristes" seraient encore actifs dans les maquis de la seule wilaya de Boumerdès, alors que les autorités évoquaient avant l'entrée en vigueur de la Charte le chiffre de 800 "terroristes" encore en activité dans tout le pays. "El Watan" annonce pour sa part que "180 terroristes ont été neutralisés" (une centaine abattus, les autres s'étant rendus) en dix mois.

De même, la presse, s'appuyant sur des sources "sécuritaires", annonce régulièrement la prochaine "éradication" du GSPC (ou, comme "Liberté", son "atomisation" en groupuscules de quatre à cinq membres), tout en annonçant journellement des actes terroristes (assassinats, embuscades, racket, attentats à la bombe) attribuée au même GSPC. "El Watan" annonce ainsi que dans le seul mois de mai, le GSPC aurait "perdu une quinzaine de ses chefs de phalanges et de sections, notamment en Kabylie", et que "même minimes, les redditions ont provoqué un climat de suspicion et de crainte" au sein du GSPC, qui connaîtrait une "véritable hémorragie de son encadrement", et dont les dernières actions seraient motivées par la volonté de prouver "médiatiquement" qu'il est toujours aussi actif et puissant. "El Watan" note d'ailleurs que les opérations de racket et d'enlèvements suivis de demandes de rançons sont "quotidiennes" et que "des sommes colossales sont ainsi collectées régulièrement" (mais "El Watan" ajoute qu'il est difficile de savoir si ces fonds sont réutilisés dans des opérations "terroristes", ou pour constituer un "trésor de guerre" (ou plutôt de réinsertion) dans la perspective d'une reddition dans les derniers temps du délai donné par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. "Le Soir d'Algérie" note une "recrudescence des attentats terroristes", notamment dans les régions de Boumerdès, Skikda et Jijel.

Les incertitudes sur l'ampleur des redditions et la force réelle des groupes armés encore actifs sont encore accrues par les contradictions et les obscurités des informations données sur les opérations "antiterroristes" les plus spectaculaires : ainsi de l'assaut donné par l'armée contre une grotte dans les monts de Seddat (w. Jijel), les 9 et 10 mai, assaut dont le bilan varie de dix à plus de cinquante présumés "terroristes" dont de quatre à vingt-cinq femmes et enfants. Selon certaines informations parues dans la presse, c'est un groupe armé de 80 à 100 membres qui se serait réfugié dans la grotte, sous la conduite d'un certain "Abou Omeir Mustapha", mais aucun bilan publié ne fait état de plus de vingt-trois hommes adultes abattus, dont trois seulement ont été identifiés comme des "terroristes" connus. En outre, des témoignages d'habitants de la région, recueillis par "Algeria-Watch", font état de l'utilisation de gaz de combat pour exterminer les occupants de la grotte, et le GSPC a affirmé dans un communiqué que ces occupants étaient en fait des femmes, des enfants et des invalides, tous désarmés.

Par ailleurs, "Liberté" évoque un renforcement du dispositif de sécurité à Alger même, notamment aux abords du port, de l'aéroport, des ambassades et des entrées routières dans la capitale, mais également des lieux de loisirs et de vacances estivales. La police a fait installer 140 caméras de surveillance à Alger, autant (sinon plus) pour la lutte contre la criminalité "ordinaire" que pour celle contre le "terrorisme". Le Directeur des écoles de police, le général Kara Bouhabda, a annoncé que 6000 nouveaux agents de sécurité allaient renforcer en juillet les différentes unités des forces de sécurité, et que 40'000 agents seront employés par la police d'ici à 2009, pour empêcher le retour des groupes terroristes et lutter contre la criminalité de droit commun. Le directeur de la Sécurité publique a en outre annoncé un renforcement de la coopération avec Interpol pour la lutte contre le vol et la contrebande.

(Liberté 12.6 / El Watan 15.6) L'un des auteurs présumés du kidnapping de Matoub Lounès, en septembre 1994, l'"émir" Abou Lhimam Abdelfettah (de son vrai nom Hocine Zdek) a été arrêté par les forces de sécurité. Il s'agit d'un ancien émir du GIA, à la tête de la "seriat" El Houda, passé ensuite au GSPC.

Un autre ancien "émir" du GSPC, Hassan Yahia (alias Abou Illyès), s'est rendu le 14 juin aux autorités à Amelza (w. Siddi Bel Abbès). Il était au maquis depuis 1994.

(Le Quotidien d'Oran 10.7 / L'Expression 13.7 / El Khabar 16.7 / El Khabar, Liberté 20.7 / El Watan, Le Quotidien d'Oran 23.7 / L'Expression 24.7 / Le Jeune Indépendant 25.7) Selon le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, les activités "terroristes" ne se produisent plus qu'à raison d'un attentat tous les quinze jours. Le ministre, qui a qualifié les derniers attentats terroristes d'actes de "diversion" face aux campagnes des forces de sécurité, a assuré que la lutte antiterroriste continuera après la fin de l'échéance de mise en oeuvre de la Charte pour la réconciliation nationale, fin août, avec des effectifs de forces de sécurité renforcés jusqu'à atteindre 200'000 policiers et 100'000 gendarmes d'ici 2009 et a appelé les "terroristes" qui ne se sont pas encore rendus à le faire. Selon lui, "plus de 200 terroristes" se seraient rendus dans le cadre de la réconciliation nationale. Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a assuré que ces "terroristes" qui se sont rendus sont sous surveillance policière permanente : "nous savons exactement ce qu'ils font du matin au soir", a affirmé Ali Tounsi. Selon la police judiciaire algéroise, quelque 290 "terroristes" sont cependant recherchés par la police dans les secteurs où ils sont supposés vivre, Bab el Oued, Bir Mourad Raïs, Sidi M'hammed et Hussein Dey. Un certain nombre d'entre eux s'étaient rendus dans le cadre de la "réconciliation nationale". Selon une source sécuritaire citée par "Le Jeune Indépendant", une cinquantaine de "terroristes" en activité, dont plusieurs "émirs", ont été "éliminés" dans les six derniers mois, et une cinquantaine attendraient de se rendre dans la wilaya de Boumerdès.

Selon le ministre de la Solidarité nationale, 17'000 "terroristes" ont été abattus depuis le début des années '90, et 7700 familles comptant au moins un membre impliqué dans des actes "terroristes" ont été recensées.

"L'Expression" fait par ailleurs état d'une rumeur d'instauration d'un couvre feu à Boumerdès, Tipaza et Tizi Ouzou à l'expiration de la période de mise en oeuvre des dispositions de clémence de la Charte pour la paix et la réconciliation nhationale, et "El Khabar" de la possibilité d'établir un "cordon de sécurité" autour d'Alger pour éviter toute incursion "terroriste", ce qui suggère qu'une telle incursion soit possible. Le chef de la sûreté de la wilaya d'Alger a d'ailleurs annoncé que 2500 policiers allaient renforcer les effectifs des forces de sécurité dans la capitale. Ces effectifs devraient atteindre 25'000 agents, soit 10'000 de plus qu'actuellement. Le chef de la sûreté algéroise, le général Abderebbi Abdelmoumen, a assuré que les forces de sécurité maîtrisaient la grande criminalité (assassinats et meurtres terroristes ou crapuleux, vol à main armée etc...), mais a reconnu qu'un problème se posait en ce qui concerne la petite criminalité, en hausse. Le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni a également relevé la montée du banditisme crapuleux au fur et à mesure du recul du terrorisme. Ainsi, dans la seule wilaya de Boumerdès, et selon la sûreté de wilaya, 1204 affaires criminelles ont été enregistrées dans le premier semestre 2006, dont 546 concernent des vols et 264 des coups et blessures volontaires.

Le ministre de la Justice Tayeb Belaïz a quant à lui annoncé que les dossier de 500 "terroristes détenus qui ne remplissent pas les conditions de la libération prévue dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale seront étudiés au cas par cas" pour décider ou non de l'allégement de leurs peines. Il s'agit des détenus condamnés définitivement pour des crimes collectifs, des viols ou des attentats à l'explosif, et pour lesquels seules des commuations ou des remises de peine peuvent être accordés.

(Liberté 10.7 / Jeune Indépendant 25.7) "Le Jeune Indépendant" note que les gardes communaux sont en passe de devenir une cible privilégiée du GSPC. En l'espace d'un mois, une dizaine d'entre eux ont été abattus, notamment dans les wilayas de Boumerdès, Tipasa et Aïn Defla. Le colonel Lelouch, directeur général des gardes communales, a annoncé que celles-ci seront "reversées" dans de nouvelles missions une fois la stabilité et la sécurité retrouvées. Les gardes communaux devraient être chargés du maintien de l'ordre, de l'assistance aux autres corps de sécurité et de diverses tâches administratives.

(L'Expression 1.8 / El Watan 10.8 / Liberté 19.8 / El Khabar 21.8 / L'Expression 22.8 / AP, Liberté 23.8 / Le Jeune Indépendant 24.8 / Liberté 26.8 / Le Monde 27.8) La presse algérienne, tous titres confondus, annonce depuis le début août l'imminence d'une "grande offensive" de l'armée contre le GSPC, dans les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Alger, Bouira, Chlef, Tipasa et Skikda, ainsi qu'au sud des monts de l'Enough (Annaba), déjà ratissés en 2005. Début août, on annonçait que plus d'un millier de soldats avaient renforcé les effectifs présents dans la région de Tizi Ouzou. 10'000 ,militaires sont déjà présents dans l'ensemble de la Kabylie. Mi-août, on annonce l'encerclement d'un groupe de l'"émir" Hadjress, fort d'une trentaine de membres, dans les environs de Zemmouri (w. Boumerdès) et fin août, la presse annonce qu'une soixantaine de membres du GSPC seraient encerclés dans la zone de la forêt de Boumhani (w. Tizi Ouzou) et une centaine dans la zone de Sidi Ali Bounab, au-dessus de Dellys.

Au moins 600 "terroristes" du GSPC seraient encore en activité dans les wilayas de Boumerdès, Bouira, Tizi Ouzou, Chlef, Tipasa, Skikda, Sidi Bel Abbes, selon "Liberté" qui établit le décompte suivant : 200 en Kabylie,180 à Boumerdès, où le GSPC continuerait de recruter, 100 à Chlef, 70 à Tipasa, 20 à Skikda et un nombre inconnu dans le sud. Pour sa part, "El Watan" évalue à 200 à 300 hommes les effectifs actifs des groupes armés dans les régions forestières de la wilaya de Tizi Ouzou. Le ministre de l'Intérieur Nourredine Yazid Zerhouni a quant à lui, fin juillet, estimé à 750 le nombre des "terroristes" encore actifs. C'est, en gros, le même chiffre que celui donné par les autorités depuis des années, voire un chiffre supérieur, puisqu'en 2005 celui de 500 "terroristes" actifs était évoqué, et que la même année, selon des bilans établis à partir des informations rendues publiques par la presse ou les autorités, près de 400 membres de groupes armés auraient été tués. "L'Expression" se demande donc s'il n'y a pas "chaque année un recrutement massif de jeunes islamistes tentés par la radicalisation" et venant compenser, voir surcompenser, les pertes dans les rangs des groupes armés.

En Kabylie (wilayas de Tizi Ouzou, Bejaïa, Boumerdès et Bouira), le GSPC s'est manifesté, à quelques jours de l'échéance des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation, par des tracts et des affiches réaffirmant son rejet de cette charte et appelant les repentis et les liérés à le rejoindre. A Thenia, fin août, un groupe du GSPC a fait une incursion de propagande pour diffuser un communiqué daté du 17 juillet, et signé par l'"émir national" Abou Mossab Abdelouadoud, rejetant la Charte. Dans la wilaya de Boumerdès sévit toujours la katibat "El Ansar" de l'"émir" Saädaoui, qui compterait une cinquantaine d'éléments armés. Au centre de la wilaya opérerait également la katibat "El Arkam" (une quarantaine d'éléments), et au sud et à l'ouest, la katibat "El Feth" (une cinquantaine d'éléments). Ces katibates seraient réparties en plusieurs séryates mobiles. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le groupe le plus important serait la katibat "El Forkane". Dans la wilaya de Chlef, une centaine de "terroristes" seraient retranchés dans le massif de Beni Bouateb. Au sud, le groupe le plus important serait toujours celui de Mokhtar Belmokhtar.

S'agissant de redditions depuis l'entrée en vigueur des dispositions de la Charte, dont la date butoir était fixée au 28 août, et alors que le ministre de l'Intérieur annonce qu'entre 250 et 300 membres de groupes armés se seraient rendus aux autorités depuis le 28 février, "Liberté" estime au contraire leur nombre infime : 13 dans la wilaya de Chlef, deux à Relizane, 3 à Annaba, une vingtaine à Skikda, aucune à Bechar, El Oued, Biskra et Ghardaïa. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, "Liberté" évoque le chiffre de 96 "terroristes" libérés et 25 "repentis" (ou 43 si l'on remonte jusqu'en 1999). "Le Jeune Indépendant" évoque une vingtaine de redditions dans la wilaya de Boumerdès.

C'est donc le 28 août que devrait expirer le délai de grâce offert aux membres des groupes armés pour se rendre, mais de nombreux appels ont été lancés pour une prolongation de ce délai, vu le faible nombre de redditions enregistrées. Les partis de la coalition présidentielle ont appelé à une telle prolongation, ainsi que le Parti des Travailleurs, et le Premier ministre Abdelaziz Belkhadem, par ailleurs chef du FLN, y est favorable. De son côté, le Front des forces socialistes accuse par la voix de son porte-parole Karim Tabou de "continuer à entretenir le mensonge" pour ne pas "avouer son échec".

Selon des "sources sûres" évoquées par "Liberté", 201 douars ont été désertés et 21'000 personnes déplacées du fait de la violence depuis le début des années '80, dans la seule wilaya de Relizane. Seules 280 familles ont manifesté le désir de retourner dans leur douar. 8208 habitations "illicites" dans des bidonvilles à proximité des villes abritent les "déplacés" de Relizane.

(El Khabar 21.8) Dans un communiqué daté du 20 août, dont l'authenticité n'a toutefois pas été confirmée, l'ancien "émir national" du GSPC, Hassan Hattab, plusieurs fois donné pour mort, s'est prononcé contre le Charte pour la paix et la réconciliation, qu'il était supposé soutenir. Le communiqué attribué à Hattab accuse le régime algérien de persister dans les promesses non tenues, la tromperie, l'hypocrisie.

(Liberté 1.8) Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a dissous le Service central (ancien Office national) de répression du banditisme (SCRB, ex-OCRB), qui avait formé les premiers "Ninjas", unité antiterroriste et de lutte contre la grand banditisme créée au début des années '90, et dont 70 éléments ont été tués en service. Placés sous l'autorité de la police judiciaire, les 350 éléments de l'ONRB vont être réaffectés dans les différentes sections de la PJ dans plusieurs wilayas (dont Alger, Boumerdès, Blida, Tizi Ouzou et Tipasa), et aux frontières, dans le sud. Selon certaines sources évoquées par "Liberté", les autorités auraient l'indention de créer une "mégastructure de sécurité rattachée directement à la présidence de la République".

(El Watan 3.8) Le porte-parole du mouvement des anciens policiers révoqués et demandant leur réintégration, l'ex-commissaire Khaled Ziari, a été arrêté et incarcéré le 2 août, sur plainte de la Direction générale de la Sûreté, qui n'accepte pas que Ziari et ses camarades aient créé une association revendiquant leur prise en charge dans le cadre de la loi de réconciliation nationale, au même titre que les "terroristes".

(Liberté 2.8) Selon des estimations de "Liberté", les derniers enlèvements d'hommes d'affaires et commerçants dans la wilaya de Tizi Ouzou auraient rapporté plus de 500 millions de dinars (cinq millions d'euros) de rançon aux kidnappeurs, lesquels, selon les services de sécurité, seraient des groupes armés en besoin de financement, ou des groupes mafieux utilisés comme forces d'appoint par les "terroristes". L'argent retiré des enlèvements serait parfois réinvesti dans des commerces légaux. Les proches des victimes n'avertissent généralement pas les disparitions à la gendarmerie ou à la police, à la fois par doute sur leur capacité d'y répondre, et parce qu'ils les rendent responsables (ainsi que les aârchs) de l'insécurité régnante. Les autorités affirment quant à alle que la situation sécuritaire est maîtrisée à Tizi Ouzou et que la Sûreté nationale est présente dans 15 des 21 daïras (sous-préfectures) de la wilaya. 14 brigades de gendarmerie sont cependant toujours fermées, et là où elle est restée, ou revenue après le "printemps noir" de Kabylie, elle se fait discrète.

Dans la wilaya de Boumerdès également, des enlèvements se sont multipliés, atteignant une vingtaine en 2006, avec des rançons allant de trois à 8 millions de dinars. Une dizaine de groupes mafieux pratiquant des enlèvements avec rançon auraient été démantelés par la police, dont quatre entre mai et juillet.

(Liberté 28.8) Selon un "émir" repenti du GSPC, le groupe armé de cette organisation opérant dans les régions de Sidi Bel Abbès et Tlemcen ne compte qu'une trentaine d'éléments, mais recuterait de jeunes hommes. "Liberté" estime en outre à une vingtaine d'éléments la force du groupe actif dans la zone Hassasna-Sidi Boubekeur-Sidi M'barek, sous la conduite de l'"émir" Haddou. Selon les estimations des associations de victimes du terrorisme, les groupes armés ont fait plus de 400 victimes dans les seules zones d'El Hassasna, Youb, Sidi Boubekeur et Sidi M'barek. Dans ces mêmes zones, 247 membres présumés des groupes armés ont été abattus par les forces de sécurité entre 1992 et 2006.

(Le Courrier, Libération, Le Temps 31.8 / L'Expression 3.9 / Liberté 4.9 / L'Expression 5.9 / L'Expression 6.9 / El Khabar 7.9 / L'Expression 9.9 / El Khabar 8.10) A l'échéance, le 28 août, du délai accordé par la Charte pour la réconciliation nationale aux membres des groupes armés pour se rendre, les redditions sont loin d'avoir atteint ce qu'en espéraient les autorités -ou ce qu'ils disaient en espérer. A Dellys, par exemple, seuls une dizaine de membres des groupes armés se sont rendus, et ces redditions ont été largement contrebalancées par l'entrée au maquis d'une tranteine de jeunes, menacés d'être dénoncés par les "repentis" comme les ayant soutenus, et n'ayant donc pas d'autre choix que de passer dans la clandestinité. En outre, il semble que des criminels de droit commun se soient fait passer pour des "terroristes" en se rendant aux autorités afin de bénéficier d'une amnistie qui ne les concernait pas. "Les résultats de la charte sont satisfaisants, mais pas assez", a estimé le ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni le 3 septembre. Selon le ministre, en un an, environ 500 "terroristes" ont été abattus ou capturés par les services de sécurité. Le président de la commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH, officielle), Farouk Ksentini, a pour sa part estimé que 70 % des terroristes avaient été neutralisés en un an. Le 20 août, le ministre avait annoncé qu'entre 250 et 300 "terroristes" s'étaient rendus avec leurs armes, et estimé à 800 le nombre de "terroristes" encore en activité. Ce chiffre est le même que celui donné par les autorités avant la promulgation de la charte et de ses dispositions amnistiantes, ce qui signifie que les groupes armés ont compensé leurs pertes (morts au combat, prisonniers, redditions) par leur recrutement -à moins que le chiffre lui-même soit hasardeux, pour ne pas écrire insignifiant. Dans la wilaya de Jijel, et selon des "sources locales" évoquées par "l'Expression", 23 membres de la katibat El Mouahidoune se seraient rendus avec leurs armes, et leur "émir", "Lamloum", un ancien des GIA passé au GSPC.

La faiblesse des redditions n'a pas même été contrecarrée par l'annonce, in extremis, par le Premier ministre Abdelaziz Belkhadem que "celui qui veut se rendre (après le 28 août) peut également le faire", annonce confirmée par le ministre de l'Intérieur le 3 septembre ("Si quelqu'un veut se rendre, allez-vous lui dire non, retourne au maquis ?"), pas plus que par celle du ralliement critique de l'ancien chef du GSPC, Hassan Hattab, à la "réconciliation", ralliement d'ailleurs démenti par Hattab lui-même dans un communiqué (à l'authenticité contestée par "L'Expression", qui annonce que Hattab (donné plusieurs fois pour mort lorsqu'il était encore en activité) est "bel et bien vivant, quoique à l'écart de ses troupes" et protégé par les services de sécurité et ceux de ses lieutenants qui lui sont restée fidèles, quelque part dans la périphérie de Tizi Ouzou. Le communiqué de Hattab démentant son ralliement à la "réconciliation nationale" est signé par lui en tant que chef du GSPC, alors qu'il avait été donné pour démissionnaire de cette charge, et même condamné à mort par ses successeurs à la tête du GSPC. Pour plus de confusion, un autre communiqué, tombé début octobre et signé cette fois d'Abou Moussab Abdel Wadoud a annoncéque Hattab était de retour dans les rangs du GSPC après avoir été victime d'une tentative d'assassinat commanditée par les services de sécurité. Hattab avait créé le GSPC en septembre 1998, en faisant scission d'avec le GIA d'Antar Zouabri.

Par ailleurs, et sans que le délai donné pour l'application des dispositions de clémence de la Charte ait été officiellement prolongé, une trentaine de personnes détenues pour des affaires de "terrorisme", ont été libérées après l'expiration de ce délai. Une quinzaine de détenus de la prison de Serkadji en ont été libérés début septembre, après extinction des poursuites à leur encontre.

(Quotidien d'Oran 7.10) 17'000 nouveaux policiers seront recrutés en 2007, et autant en 2008 et 2009, afin d'atteindre le chiffre de 200'000 policiers en 2009, a annoncé le ministère de l'Intérieur le 5 octobre.

(Le Quotidien d'Oran 26.10 / Liberté 2.11 / L'Expression, Le Jeune Indépendant 4.11) Selon le ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni, entre 750 et 800 "terroristes" ont été tués, fait prisonniers ou se sont rendus depuis septembre 2005 (référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation). Ce chiffre est assez étrange, puisqu'il correspond pratiquement (à 70 ou 80 % selon le ministre) à celui donné auparavant par les autorités algériennes elles-mêmes pour évaluer le nombre de "terroristes" encore actifs -autrement dit : la quasi totalité des "terroristes" actifs en septembre 2005 se seraient rendus, auraient été tués ou faits prisonniers, ce qui explique difficilement la poursuite des actions des groupes armés, sauf à supposer que leurs effectifs aient été totalement renouvelés en un an. Selon Zerhouni, il ne resterait plus que 200 à 300 "terroristes" encore "opérationnels" dans toute l'Algérie.

Par ailleurs, les affrontements entre groupes armés algériens repliés au Mali et groupes armés touaregs maliens confirment la présence de combattants algériens (des groupes armés du GSPC dirigés par Moktar Belmoktar) au-delà de la frontière. Le 23 octobre, l'un de ces affrontements aurait fait entre cinq et dix morts dans les rangs touaregs et plusieurs dans les rangs du GSPC, dont les groupes armés auraient perdu plusieurs autres membres, voire des chefs, dans des affrontements de ce genre, ou des affrontements avec les forces frontalières algériennes. Selon "Le Quotidien d'Oran", le gouvernement algérien reprocherait au gouvernement malien son peu d'empressement, ou son inefficacité, dans la lutte contre les incursions de groupes armés algériens au Mali, et s'appuyerait donc, dans la région, sur les rebelles touaregs.

(Quotidien d'Oran 13.11 / Le Monde 14.11, 15.11 / AFP 26.12) Selon les chiffres donnés par le Premier ministre Abdelaziz Belkhadem le 11 novembre, 16'930 "terroristes" (ou réputés tels par les autorités) ont été tués depuis le début 1992. Toutefois, le Premier ministre a ajouté que seuls 9260 actes de décès ont été délivrés par les différents services de sécurité. Entre le 28 août, expiration du délai d'amnistie offert aux membres des groupes armés, et la mi-novembre, 2629 détenus pour des raisons liées au "terrorisme" ont été libérés alors qu'à peine 300 membres de groupes armés ont répondu positivement à l'appel à désposer les armes. Parmi les amnistie figurent, selon les services spéciaux français, plusieurs centaines d'anciens membres des GIA, qui n'auraient pas renoncé à frapper les intérêts algériens et français, mais dont la liste n'a pas été transmise par les autorités algériennes à leurs homologues françaises. Lors d'une visite du ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, à Alger les 13 et 14 novembre, celui-ci a assuré que les autorités algériennes étaient "décidées à donner des informations" à leurs homologues françaises, elles-mêmes décidées à "travailler main dans la main avec les services algériens".

Le 26 décembre, dans un discours, le président Bouteflika a estimé que "bien que définitivement vaincu, le terrorisme continue d'exiger une vigilance sans faille et de tous les instants", et que la lutte menée contre lui sera "implacable" et ne connaîtra aucun répit jusqu'à son "éradication complète".

(Le Monde 14.11 / El Khabar 18.11 / El Watan 24.12) Selon les services spéciaux français, deux katibates du GSPC de Mokhtar Belmokhtar, groupant 500 hommes armés, dont 400 en Algérie et le reste entre la Mauritanie, le Mali et le Niger, sont actives au nord du Mali, et cherchent à fédérer les combattants islamistes de la région (Niger, Mali, Mauritanie, Algérie, Tchad). Les services français ont ainsi prévenu les organisateurs du rallye Lisbonne-Dakar (ex Paris-Dakar) qu'il y aurait danger d'embuscade et de prise d'otage (pour les concurrents et la caravane du rallye) à ce que le rallye passe par le Mali. Le 23 décembre, les organisateurs du rylle ont annoncé l'annulation de deux étapes, entre Nema (Mauritanie) et Tombouctou (Mali), sur recommandation du ministère des Affaires étrangères. Le rallye restera donc en Mauritanie.

A Alger, une rencontre entre rebelles touaregs et représentants des autorités maliennes, rencontre tenue sous les auspices de l'Algérie, et devant aboutir au désarmement des rebelles conformément à un accord signé à Alger le 4 juillet, a échoué, les rebelles de l'Alliance démocratique pour le changement refusant leur désarmement, face à la menace que font peser sur eux les groupes armés islamistes, algériens ou encadrés par des Algériens du GSPC de Mokhtar Belmokhtar. Ces groupes rassembleraient des combattants algériens, maliens, mauritaniens, libyens, nigériens et marocains. Les activités de Mokhtar Belmokhtar seraient largement financées par la contrebande et les trafics en tous genre (voitures, émigration clandestine, cigarettes, bétail, cannabis. En outre, des rumeurs insistantes attribuent à Mokhtar Belmokhtar la neutralisation (remise aux Libyens, puis aux Algériens) d'Abderrazak le Para, concurrent de Belmokhtar sur le double terrain de la lutte armée et de la contrebande.

(L'Expression 20.12) Selon "L'Expression", Abdelqahar Benhadj, le fils de l'ancien "numéro 2" du FIS, Ali Benhadj, qui avait annoncé son enlèvement par les forces de sécurité, a rejoint le GSPC dans la "zone II" d'opération du groupe (Bouira, Boumerdès, Tizi Ouzou). Selon un "repenti" du GSPC, Abdelqahar Benhadj a rejoint le GSPC en ayant mis son père au courant de son projet.

2007

(L'Expression 4.1 / Liberté 2.1 / Le Monde 7.1 / L'Expression 8.1 / L'Expression, Liberté, El Watan 10.1 / El Watan 11.1 / Le Figaro 16.1 / El Watan 17.1 / El Watan 18.1 / Le Temps 26.1 / Liberté 27.1) Selon l'agence d'analyse stratégique américaine Stratfor, un déferlement islamiste armé est possible dans le Maghreb, avec l'Algérie comme épicentre, et le GSPC comme organisation structurante. Dans un message vidéo, le "numéro deux" de la Qaeda, Ayman al-Zawahiri, a demandé au GSPC de devenir un "os dans la gorge des croisés américains et français". Le GSPC a répondu par un messager signé de son "émir" présumé, Abdelmalek Droukdel, appelant au combat contre "les ressortissants de France et les agents des croisés qui occupent notre terre". Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattei, a déclaré que la France "prenait au sérieux" ces menaces, d'autant qu'environ 40'000 Français sont enregistrés auprès des services consulaires (dont 28'000 à Alger) comme résidant en Algérie et qu'en septembre 2005 déjà, le GSPC avait désigné la France comme "ennemi numéro un" de l'islam et des musulmans. Pour autant, le ministère français des Affaires étrangères ne semble donner aucune consigne supplémentaire de sécurité aux Français d'Algérie, ni aux voyageurs en Algérie.

Selon un ancien officier des services de renseignement français, Alain Rodier, cité par "Le Temps" de Genève, "la question de savoir s'il va y avoir un attentat en France ne se pose plus. L'important est de savoir quand, et avec quels moyens". Selon "Le Monde", s'appuyant sur des synthèses des services français, ceux-ci portent une attention particulière au GSPC, d'autan t que celui-ci semble vouloir se donner une dimension régionale : dans un communiqué daté du 25 janvier, l'"émir" Droukdel annonce, au nom du GSPC, que celui "a renoncé définitivement à son ancienne appellation pour se nommer désormais l'Organisation d'Al Qaïda aux pays du Maghreb islamique", ce qui suggère une volonté d'étendre systématiquement les activités du groupe à l'ensemble du Maghreb, voire d'absorber les "djihadistes" des autres pays de la région (comme ceux du GICL libyen ou du GIMC marocain) au sein d'une seule et même organisation se revendiquant explicitement de la Qaeda. Les services français craignent en outre des attentats pendant la campagne électorale présidentielle, en se rappelant qu'en mars 2004, les attentats "djihadistes" de Madrid avaient bouleversé les données des élections législatives espagnoles, et provoqué la chute de la droite au pouvoir. Deux évolutions sont redoutées par les services français : la transformation de réseaux de soutien logistique en groupes opérationnels (l'UCLAT estime à une quarantaine le nombre de cellules djohadistes en France), et le passage à l'acte d'individus non répertoriés comme de potentiels terroristes, ni même comme islamistes. En 2005, selon l'unité de coordination de la lutte antiterroriste de la police nationale française, 17 activistes islamistes, dont quatre imams, ont été expulsés de France et actuellement une cinquantaine de lieux de culte musulman sont sous surveillance en raison de leur fréquentation par de supposés islamistes radicaux. Selon l'UCLAT, les ressortissants français et les nouveaux convertis à l'islam "tiennent de plus en plus de place" dans la "nouvelle génération de djihadistes, de plus en plus jeunes (...), sans passé judiciaire pour la plupart, sans relations avec les institutionnels du terrorisme international".

Les services de renseignement français (DST, DGSE, RG) auraient finalement reçu de leurs homologues algériens la liste des détenus islamistes libérés depuis mars 2006 dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation. Selon "El Watan", les USA auraient également demandé à recevoir cette liste, mais l'Algérie aurait refusé (ce qui n'implique pas que les Français n'aient pas eux-même transmis ladite liste, complète ou expurgée, aux Américains). Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) dénonce comme un "scandale" la transmission à la France de la liste algérienne, alors que le président de la commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPDH), Farouk Ksentini, la juge parfaitement compatible avec le cadre légal existant. La liste transmise aux autorités françaises contient les fiches de 2629 détenus élargis en Algérie entre mars et septembre 2006, dont d'anciens membres des GIA. Plusieurs dizaines, voire selon "El Watan" plusieurs centaines d'entre eux auraient déjà rejoint les groupes armés du GSPC, qui avait d'ailleurs appelé les amnistiés à le rejoindre, alors que l'ancien "émir" du GSPC, Hassan Hattab, qui continue à revendiquer le titre d'"émir national", appelait au contraire, dans un communiqué daté du 27 décembre, les membres du GSPC à déposer les armes. Selon "Liberté", Hattab serait retranché avec une centaine de fidèles dans ses maquis de la wilaya de Boumerdès.

Selon un bilan établi par le ministère de l'Intérieur, seuls 250 à 300 "terroristes" auraient accepté de déposer les armes pour bénéficier des dispositions de la charte présidentielle.

(Le Monde 22.5) Les services de sécurité algériens ont annoncé le 20 mai avoir démantelé un réseau de soutien au groupe armé responsable du triple attentat suicide du 11 avril, revendiqué par "Al Qïda au Maghreb islamique" (GSPC). Douze personnes ont été arrêtées à Boumerdès et Tizi Ouzou.

(Liberté 13.5 / Le Monde 22.5 / El Khabar 30.6) Selon le journaliste de l'"Expression" Fayçal Oukaci, les effectifs "djihadistes" en Algérie atteindraient un millier d'hommes, les montées au maquis se poursuivant au même rythme que les assauts des forces armées et les quelques redditions. La presse algérienne annonce par ailleurs régulièrement la présence de djihadistes étrangers dans les rangs des groupes armés algériens ("Liberté" annonce ainsi l'arrestation de trois Libyens début mai) mais le nombre de ces membres étrangers des groupes armés algériens ne dépasserait pas la quarantaine, selon le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni. "El Khabar" évoque des "salafistes djihadistes" originaires de Mauritanie, du Mali, du Niger, du Maroc, de Tu7nisie et de Libye, et actifs dans les groupes armés algériens au nom de la lutte contre les intérêts américains et ceux des alliés des USA.


"La Sale Guerre" de Habib Souaïdia, le proces Nezzar Souaidia et la mise en cause des milices et des services

Petition

Depuis la parution du livre de Habib Souaïdia La Sale guerre, le débat sur les responsabilités dans les exactions de masse contre les civils en Algérie, au cours de ces dernières années, a pris un tour polémique caractérisé par l'agressivité des ripostes dans la confusion des rôles. Pour défendre l'armée, mise en cause dans l'ouvrage pour des crimes d'une exceptionnelle gravité, les attaques et les accusations fusent de toutes parts et quiconque s'interroge de bonne foi sur l'implication de l'armée dans les carnages commis se voit accusé de complots et autres machinations.

Des journalistes, s'arrogeant des mandats policiers et faisant de la Maison de la presse un centre d'audition, tentent, par des procédés d'interrogatoires indignes, de recueillir d'invérifiables démentis. L'allégeance à des décideurs occultes résume les réactions de l'exécutif et des corps constitués. Quant aux parlementaires, dans une large proportion, ils ont voté une résolution de soutien inconditionnel à l'armée. L'écrasante majorité des Algériens, qui ne lira sans doute jamais le livre, interdit, n'a aucun accès au champ d'expression, monopolisé, au prix d'une mobilisation sans précédent, par la minorité qui prétend détenir l'exclusivité de l'honneur national.

Or le témoignage apporté dans ce livre concerne des crimes dont il décrit le déroulement, situe les lieux et les dates et cite le nom des coupables, aussi bien parmi les exécutants que dans la chaîne de commandement.

L'état-major, des commandants d'unités, des corps de l'armée avec leur hiérarchie sont mis eu cause. La précision du témoignage va au-delà de toutes les charges, déjà accablantes, recueillies par les organisations de défense de droits de l'homme, et dont le livre vient conforter la sincérité.

Dès lors, ni le pouvoir exécutif, ni l'appareil législatif, ni encore moins la presse ne sont compétents pour se prononcer sur la vérité de ces accusations.

Il appartient désormais à l'autorité judiciaire d'intervenir dans son domaine de compétence et le livre lui offre des éléments assez précis pour entamer ses investigations. Il contient suffisamment d'indications pour qualifier les crimes, orienter la recherche de preuves et de témoignages et personnaliser les poursuites. Voilà pourquoi, nous, citoyens algériens soussignés, exigeons qu'une information judiciaire soit ouverte immédiatement pour permettre une enquête sur les mises en cause graves et précises de cadres de l'armée. Les crimes qui leur sont imputés requièrent l'attention de la justice, en raison des enjeux primordiaux de vérité et de justice. En comparaison, les poursuites contre l'auteur du livre, annoncées avec éclat par le ministre de la justice, paraissent bien dérisoires. Il faut que cessent ces moeurs qui permettent aux autorités militaires, intouchables dans leur immunité, d'instruire et de juger par elles-mêmes et pour elles-mêmes.

En sa qualité de premier magistrat du pays, le président de la République algérienne a le pouvoir et le devoir de mettre en œuvre l'action publique pour que la justice fasse la lumière sur des crimes dont trop d'éléments précis et concordants attestent la réalité. Agir dans cette direction n'est pas un complot contre les institutions. A moins qu'il ne soit dit qu'en Algérie la loi ignore, voire conforte, le crime et que la justice ne sera jamais rendue au nom du peuple.

Lahouari Addi, sociologue. Madjid Benchikh, juriste. Mourad Bourboune, écrivain.El-HadiChalabi,juriste.Mohammed Harbi, historien. Salima Mellah, journaliste. Khaled Satour, juriste. Fatiha Talahite, économiste.

2002

(Liberté 28.3.02) Après Khaled Nezzar portant plainte contre Habib Souaïdia, un deuxième général algérien porte plainte auprès d'un tribunal français contre l'auteur algérien d'un livre de dénonciation : Larbi Belkheir, qui a porté plainte contre Hichem Aboud, auteur de "la mafia des généraux". Selon les déclarations de Hichem Aboud, la plainte du directeur de cabinet du président Bouteflika ne porterait que sur l'accusation d'être lié à l'assassinat d'Ali Mecili, et pas sur les nombreuses autres accusations contenues dans le livre de Aboud (constitution d'une association de malfaiteurs et d'un clan mafieux, responsablede l'assassinat du président Boudiaf, des événements d'écotobre 1988 et de la création des premiers GIA, par exemple...). Toujours selon Aboud, qui a affirmé n'avoir pas l'intention (car pas besoin) d'un avocat, l'avocat de Larbi Belkheir serait Le Francis Spizner, avocat par ailleurs de Jacques Chirac... Hichem Aboud pourrait au surplus être traduit devant un tribunal algérien, selon "Liberté", qui ne précise pas sous quelle accusation. L'auteur de "la mafia des généraux" affirme ne pas craindre de procès, ni en France ni en Algérie, et être en mesure de prouver ce qu'il avance.

(Liberté, Le Matin 7.4 / Le Monde 8.4) L'ancien ministre algérien de la Défense Khaled Nezzar, contre lequel trois plaintes ont été déposées (par les parents d'un jeune homme mort des suites de tortures, et par deux anciens détenus torturés) en France en avril 2001 pour "usage massif et systématique de la torture" et "exécutions extrajuduciaires", et qui avait du quitter précipitamment la France pour se soutraire à une possible arrestation, est revenu à Paris le 4 avril pour y être entendu, à sa demande, par les policiers de la brigade criminelle. Il a été laissé libre après cette audition et a regagné le jour même l'Algérie.

Les avocats des plaignants réclamaient en avril 2001 le jugement, et au besoin l'arrestation, en France de Nezzar, en application de la Convention internationale contre la torture de 1984. Nezzar avait échappé à l'arrestation grâce à un fax de l'Ambassade d'Algérie au ministère français des Affaires étrangères, lui attribuant une "mission officielle" valant immunité diplomatique, alors qu'il n'était en fait venu à Paris que pour la promotion d'un livre.

Selon "Le Monde" et la presse algérienne, le 4 avril, Nezzar a contesté auprès des enquiêteurs français les accusations de torture et d'exécutions sommaires, en affirmant que ses fonctions de ministre de la défense ne lui donnaient pas autorité sur le maintien de l'ordre, et que l'une des plaintes déposées contre lui portait sur des événements survenus alors qu'il était déjà à la retraite.

Sur le fond, Nezzar se justifie en affirmant, dans un "Mémoire portant sur la situation politique en Algérie", que "ce que l'Internationale islamiste n'a surtout pas pardonné aux généraux algériens, c'est d'avoir fait avorter l'instauration d'un nouvel Afghanistan, à une heure de vol de Marseille".

(AFP 8.4) Les avocats des personnes qui avaient déposé plainte en avril 2001 pour tortures contre l'ancien ministre algérien de la Défense, le général Khaled Nezzar, se sont étonnés le 8 avril "qu'aucune poursuite n'ait été engagée à son encontre à la suite de son audition" le 4 avril à Paris, par la Brigade criminelle, "alors que le parquet avait immédiatement ouvert une enquête dès le dépôt de la plainte", fondée sur la Convention contre la torture de 1984. Les avocats, William Bourdon et Antoine Comte, s'interrogent sur "la nature des garanties qui nécessairement ont été négociées et consenties au préalable au général Nezzar afin de sécuriser son audition", et de lui permettre de quitter librement la France. Quant à l'avocat de Nezzar, il affirme qu'"aucune poursuite n'a été engagée à son encontre car rien ne peut lui être reproché". Nezzar doit encore comparaître, début juillet, mais en tant que plaignant, devant le tribunal correctionnel de Paris, à la suite d'une plainte pour diffamation qu'il a déposée contre Habib Souaïdia, l'auteur de "La Sale Guerre".

Communiqué de Maître William BOURDON et Maître Antoine COMTE

Le fils d’un des plaignants dans l’affaire NEZZAR, Monsieur Amin BOUKEZOUHA, âgé de 22 ans, a été enlevé cette nuit vers minuit, alors qu’il se trouvait chez sa mère à Alger.

D’après les premiers témoignages, cet enlèvement serait le fait d’agents en civil et des premiers propos échangés, il semble que cet enlèvement soit lié directement à la plainte déposée par Monsieur BOUKEZOUHA père.

Ainsi, après que les plaignants dans l’affaire NEZZAR aient fait l’objet ces derniers mois, régulièrement, de menaces et d’intimidation à Paris, un pas supplémentaire est franchi, d’une extrême gravité car l’histoire récente en Algérie laisse craindre le pire sur l’issue de cette disparition.

Cet enlèvement suit d’une dizaine de jours l’audition insolite du Général NEZZAR faite par les services de police français dans des conditions qui ont appelé les Avocats soussignés à élever les plus vives protestations.

Il précède de deux mois le procès pour diffamation publique engagé par le Général NEZZAR à l’encontre de Monsieur SOUAÏDIA, auteur du livre « La sale guerre ».

Les Avocats soussignés en appellent aux autorités françaises pour que, sans délai, il soit demandé aux autorités algériennes tout éclaircissement sur les conditions de cet enlèvement et sa mise en liberté immédiate, tant il semble extrêmement vraisemblable que ses auteurs soient intimement liés à l’appareil d’Etat algérien.

William BOURDON
Antoine COMTE
Avocats à la Cour, Paris


(AFP, CCFIS 17.4) Le fils de l'un des plaignants devant le justice française contre l'ancien ministre algérien de la Défense Khaled Nezzar, Ahmad Amine Boukezouha, âgé de 22 ans, a été enlevé à Alger dans la nuit du 16 au 17 avril, ont annoncé sa famille et ses avocats, qui accusent les services de sécurité de cet enlèvement. D'après les propos tenus par les auteurs de l'enlèvement et entendus par des témoins, celui-ci serait directement lié à la plainte déposée à Paris contre Nezzar par, notamment, Abdelouahab Boukezouha, requérant d'asile en France. Des témoins auraient entendu les auteurs de l'enlèvement lancer à Amine Boukezouha : "Tu paieras pour ton père". Dans un communiqué, les avocats des plaignants contre Nezzar, William Bourdon et Antoine Comte, appellent les autorités françaises à demander "sans délai" aux autorités algériennes de fournir "tout éclaircissement sur cet ellèvement et (la) mise en liberté immédiate" de celui qui en été l'objet. Les avocats estiment "extrêment vraisemblable que (les auteurs de l'enlèvement) soient intimement liés à l'appareil d'Etat algérien", et rappellent que les plaignants contre Nezzar ont déjà fait l'objet "de menaces et d'intimidations à Paris". Les avocats sont d'autant plus inquiets du sort dÂmine Boukezouha que "l'histoire récente en Algérie laisse craindre le pire sur l'issue de cette disparition". Pour les avocats, "cette nouvelle action, manifestement décidée et exécutés par Nezzar et ses complices, montre une fois encore le vrai visage de la junte militaire d'Alger".

(L'Expression 20.4) Après que les avocats d'Abelouahab Boukezouha, plaignant en France contre le général Nezzar, aient dénoncé l'enlèvement de son fils Amine à Alger par des éléments des forces de sécurité, et aient accusé, sur la base des témoignages de la famille du kidnappé, les forces de sécurité de vouloir par ce rapt faire pression sur la famille (dans la perspective, notamment, du procès engagé par Nezzar contre Habib Souaïdia), le quotidien "bouteflikiste" "L'Expression" annonce que les parents d'Amine Boukezouha auraient fait "marche arrière". Selon le quotidien, le père d'Amine Boukezouha aurait déclaré être "assuré" que son fils n'a pas été enlevé mais est "détenu par les services dfe sécurité", information qu'il tiendrait du ministère de la Justice. Abdelouahab Boukezouha aurait "dégagé" la responsabilité de Nezzar dans l'enlèvement de son fils, enlèvement qui ne serait qu'une arrestation légale. La mère d'Amine Boukezouha aurait également fait des déclarations dans le même sens. Selon le quotidien, Amine Boukezouha a été "interpellé par les services de la police judiciaire le 16 avril 2002 dans le cadre d'une enquête préliminaire" et aurait été mis en garde à vue "conformément aux dispositions de la loi".

(AFP 24.4) L'un des plaignants contre le général Khaled Nezzar, ancien ministre algérien de la Défense, Abdelhouahab Boukezouha, qui avait déposé plainte en France contre Nezzar pour tortures après 1992, a décidé de retirer sa plainte après que son fils Amine ait été arrêté à Alger -une arrestation sous forme d'enlèvement, visiblement destinée à faire pression sur le père de l'enlevé pour qu'il renonce à poursuivre l'ancien homme fort du régime algérien. Amine Boukezouha avait été enlevé par des membres des forces de sécurité algériennes, puis arrêté et placé en garde à vue, officiellement dans le cadre du "démantèlement d'un groupe terroriste". Il était toujours détenu le 24 avril.

(Liberté 28.4 / El Watan 29.4) Le procès de Habib Souaïdia, accusé de complicité dans une "entreprise de déstabilisation morale de l'armée", s'est ouvert le 29 avril devant la cour criminelle d'Alger. L'auteur de la "Sale Guerre" ne sera pas présent à son procès, qui se fera donc par contumace, ce qui privera ses avocats du droit de parole (et l'opinion publique algérienne de sa version des faits. Selon le parquet, les poursuites ont été engagées contre Souäidia à la suite de publication sur internet de déclarations de sa part, selon lesquelles il était prêt à revenir au pays pour "prendre les armes contre les généraux". Souaïdia risque de 5 à 20 ans de prison. Il est de plus poursuivi en France par le général Nezzar, pour diffamation. Le procès, contradictoire celui-là, devrait avoir lieu en juillet à Paris.

(AFP 30.4) Habib Souaïdia a été condamné le 30 avril à 20 ans de prison par contumace par le tribunal criminel de Sidi M'hamed, qui a suivi le réquisitoire du procureur général et a lancé contre l'auteur de "La Sale Guerre" un mandat d'arrêt international. Habib Souaïdia a été condamné pour "participation à une entreprise d'affaiblissement du moral de l'armée" et pour atteinte à la "sûreté de l'Etat", après avoir déclaré qu'il était "prêt à revenir au pays pour prendre les armes contre les généraux". Souaïdia fait en outre l'objet, en France, d'une plainte pour diffamation déposée par le général Nezzar, lui-même objet en France d'une plainte pour torture déposée par des familles de victimes de la répression en Algérie.

(Moudjahid 20.4 / Quotidien d'Oran 21.4) Le ministère algérien de la Défense nationale a déposé plainte contre l'ancien officier, exilé, Hicham Aboud pour diffamation, vraisemblablement pour son livre "La mafia des généraux". Hicham Aboud fait d'jà l'objet d'une plainte, déposée par le directeur de cabinbet du président Bouteflika, Larbi Belkheir, que l'ancien capitaine avait accusé d'être le commanditaire de l'assassinat en 1987 à Paris d'Ali Mecili.

(MAOL 9.5) "Khaled Nezzar n'est qu'un pion à sacrifier s'il le faut", écrit le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) dans un long texte paru sur son site internet (www.anp.org). Pour le MAOL, c'est Larbi Belkheir qui aurait poussé Nezzar à s'engager "dans un procès en diffamation à haut risque" contre Habib Souaïdia, en faisant le calcul suivant : "Si par miracle Nezzar gagne son procès, alors ce sera bon pour tous (les généraux algériens), puisqu'ils seront ainsi 'absous' par la justice française. S'il le perd, ce qui est hautement probable, alors ils auront un bouc émissaire tout trouvé pour (leurs) turpitudes", avant de trouver un autre bouc émissaire pour la période suivant la démission de Nezzar de son poste de ministre de la Défense, en 1993. Pour le MAOL, "les accusations porées par Habib Souaïdia (...) concernent tout autant Khaled Nezzar que le parrain Larbi Belkheir, les généraux Mohamed Mediene, Smaïn Lamari et toute la meute de généraux qui font couler le sang depuis plus de dix ans pour jeter un écran de fumée sur les affaires juteuses qu'îls exploitent en toute illégalité". Cela étant, toujours selon le MAOL, les généraux craignent que le procès de Nezzar contre Souaïdia soit "l'occasion d'un 'très grand déballage' devant les médias du monde entier", et qu'y soient "confirmées solennellement toutes les accusations de barbarie et de génocide". Le MAOL n'exclut donc pas "que Nezzar soit 'fermement' invité par ses associés à se désister de son action en diffamation au dernier moment", ce qui conviendrait en outre au gouvernement français, "soucieux d'améliorer ses relations avec Alger", et qui ne souhaiterait pas que Nezzar soit présent à son procès. Le MAOL annonce que "les stratèges de la désinformation" en Algérie préparent néanmoins activement les procès dans lesquels Nezzar est impliqué, comme plaignant ou comme accusé, et ont chargé des avocats parisiens de rédiger un "Mémoire surréaliste destiné au procureur de la République du tribunal de grande instance de Paris" pour lui expliquer que la plainte pour tortures déposée le 25 avril 2001 contre Nezzar relève d'un complot islamiste. Nezzar a d'ailleurs été entendu le 4 avril 2002 par la police criminelle de Paris. Le MAOL affirme que "les autorités algériennes ont négocié au plus haut niveau de l'Etat français la 'sécurisation' de cette audition". Nezzar étant amené à Paris et ramené de Paris dans un avion militaire algérien. Depuis le début de l'année, affirme le MAOL, une "cellule" de désinformation a été installée à Paris autour de l'ancien responsable de la Fédération de France du FLN, et ancien membre du "Haut Comité d'Etat" installé à la tête de l'Algérie après l'interruption du processus électoral en 1992, Ali Haroun. Cette "cellule" aurait "recruté le journaliste de TF1 Charles Villeneuve, l'ancien gendarme reconverti dans les médias, qui prépare un documentaire à la gloire des généraux pour son émission Le droit de savoir, qui sera diffusé en juin (2002). En outre, les Algériens auraient mis la main sur le mensuel "Le Vrai Journal", par l'intermédiaire du groupe financier Khalifa (dont le MAOL affirme que le vrai patron est Larbi Belkheir).

(Algeria-Interface 16.5) Une nouvelle plainte contre le général Nezzar pourrait relancer la procécure entamée contre lui en France par des victimes de la répression en Algérie, après que l'un des premiers plaignants, Abdelouahab Boukezouha, ait été contraint de retiré sa plainte après l'arrestation de son fils à Alger, le 14 avril. L'identité du nouveau plaignant sera protégée par ses avocats, afin d'éviter toute "fuite organisée" comme celle qui s'était produite lors du déclenchement, en 2001, de la première procédure, et qui avait permis l'organisation de pressions sur les plaignants -pressions culminant donc avec l'arrestation du fils de l'un d'eux. Entendu à Paris le 4 avril par le procureur de la République du praquet du tribunal de grande instance, le général Nezzar (qui a ensuite pu regagner Alger sans encombre) a assuré qu'il n'était pas responsable de la répression et des arrestations massives en Algérie en 1992, après l'annulation des élections législatives. Selon Nezzar, alors ministre de la Défense (jusqu'en juillet 1993), la mission de "rétablissement de l'ordre" incombait exclusivement au ministre de l'Intérieur, Larbi Belkheir, l'actuel directeur de cabinet du président Bouteflika, puis ses successeurs Salim Saadi (actuel ministre des Transports) et Abderrahmane Meziane-Cherif (actuel embassadeur à Prague). Nezzar aurait également soutenu que les camps d'internement où ont été détenus des milliers de cadres, de militants et de sympathisants du FIS, n'ont fonctionné que pendant trois mois -ce que dément pourtant un rapport de l'Observatoire national des droits de l'Homme (ONDH, officiel), qui précise que ces camps n'ont été fermés qu'en 1994.

(AFP 13.6 / El Watan 16.6) En guise, vraisemblablement, de "préparation" au procès opposant le général Nezzar à Habib Souaïdia, début juillet à Paris, un livre est paru à Alger, sous la signature du journaliste algérien Mohamed Sifaoui, qui avait collaboré pour un temps à une première version, non éditée, du témoignage de Habib Souaïdia ("La Sale Guerre"). Mohamed Sifaoui qualifie d'"imposture" et de "grossière manipulation" le témoignage de Souaïdia, dont il accuse l'éditeur (La Découverte) d'avoir "dénaturé" par des "rajoutrs" et des "contre-vérités" la première version qu'il affirme avoir rédigée et dont le livre finalement publié reprend, selon lui, "le 70 %". Sifaoui reproche notamment à Habib Souaïdia et à son éditeur, François Gèze, d'avoir "imputé tout le drame algérien aux militaires, faisant fi, ou presque, des passages du livre", c'est-à-dire du manuscrit que lui-même avait tiré du témoignage de Souäidia, "relatant les exactions commises par les islamistes". Sifaoui affirme avoir été "l'initiateur et l'auteur exclusif de la version initiale" de "La Sale Guerre".

Le procès intenté (pour "diffamation" par Nezzar à Souaïdia se tiendra du 1er au 5 juillet devant le Tribunal correctionnel de Paris. 26 témoins seront appelés à la barre, dont 16 par les avocats de Nezzar (qui ont fait citer, notamment, Ali Haroun, Sid Ahmed Ghozali, Leïla Aslaoui, Khalida Messaoudi, Rachid Boudjedra, Kamel Rezzag Bara et Mohamed Sifaoui). Les avocats de Souaïdia ont notamment appelé à témoigner Pierre Vidal Naquet, Nacera Dutour, Malika Maâtoub, Nesroullah Yous, José Garçon et François Gèze.

(AFP, Algeria-interface 28.6 / AFP 29.6 / L'Expression, Le Matin 30.6 / Le Matin, Liberté 1.7) Le procès intenté par le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, au sous-lieutenant Habib Souaïdia, auteur de "La Sale Guerre", s'ouvre le 1er juillet devant le Tribunal Correctionnel de Paris. Intenté par Khaled Nezzar à Habib Souaïdia, que le général accuse de "diffamation" pour des propos tenus sur la chaîne de télévision française La Cinquième* ce procès risque bien de devenir en fait le procès de Nezzar lui-même, voire du pouvoir algérien. Le procès devrait durer trois jours et être "mémorialisé" par sténotypie par l'éditeur de Habib Souaïdia, La Découverte, qui entend publier les minutes du procès sous forme d'ouvrage. Dans un communiqué de presse, "La Découverte" estime que ce procès sera "le premier grand procès du régime algérien". Les avocats de Nezzar comme ceux de Souaïdia ont fait citer à la barre de nombreux témoins (dont, pour Nezzar, Sid Ahmed Ghozali, Ali Haroun et Leïla Aslaoui, et pour Souaïdia Pierre Vidal-Naquet, Mohammed Harbi, José Garçon, Salima Ghozali et Malika Matoub). "A travers la condamnation de Souaïdia, le général Nezzar cherche l'acquittement de l'armée algérienne", estime l'un des avocats de Souaïdia, William Bourdon. Le procès Nezzar/Souaïdia coïncide avec la parution d'un nouvel ouvrage incriminant le général Nezzar : le témoignage de Lyes Laribi, réfugié en France après avoir été torturé en Algérie, et qui avait en avril 2001 déposé plainte contre Nezzar pour "crime de torture". Lyes Laribi signale que presque toutes les casernes et tous les centres par lesquels il est passé lorsqu'il était détenu et torturé étaient sous l'autorité du ministère de la Défense dont Nezzar était le titulaire, entre 1992 et 1994.

Les avocats de Nezzar ont fait savoir que celui-ci se trouvait en France pour assister au procès qu'il a engagé contre Souaïdia. En avril 2001, Nezzar avait dû quitter précipitemment la France (avec le soutien des services spéciaux français, et malgré la justice française) pour échapper aux poursuites intentées contre lui par des victimes et des proches de victimes de torture ou de "disparitions". A la veille de l'ouverture du procès, Amnesty International a demandé aux autorités algériennes de "cesser de faire obstruction aux enquêtes concernant les graves atteintes aux droits humains", et de mettre "immédiatement en place une commission d'enquête indépendante et impartiale" chargée de faire la lumière sur les atteintes aux droits de l'homme dont sont accusés aussi bien les groupes armés islamistes (ou non) que les forces de sécurité et les milices armées par l'Etat.

Deux jours avant l'ouverture du procès intenté par Nezzar senior à Habib Souaïdia s'est ouvert en Algérie, à Cheraga, le procès intenté par "Le Matin"* contre Nezzar junior : le fils du général avait en effet agressé le chroniqueur du quotidien, Sid Ahmed Semiane (SAS). Verdict le 13 juillet.

* Habib Souaïdia avait notamment tenu le général Nezzar pour responsable de l'interruption du processus électoral en janvier 1992, et accusé les généraux algériens d'avoir "tué des milliers de gens". "Je ne peux pas pardonner au général Massu et au général Aussaresses les crimes qu'ils ont commis comme je ne peux pas pardonner au général Nezzar", avait déclaré Habib Souaïdia.

Amnesty International

BULLETIN D'INFORMATION 107/02
28 juin 2002 
Index AI : MDE 28/040/02

ALGÉRIE : Le procès d'Habib Souaïdia souligne les préoccupations sur l'absence d'enquêtes

          Amnesty International a appelé ce jour (vendredi 28 juin) les
          autorités algériennes à cesser de faire obstruction aux
          enquêtes concernant les graves atteintes aux droits humains,
          au moment où doit s'ouvrir le procès d'Habib Souaïdia,
          ancien officier de l'armée accusé de diffamation par Khaled
          Nezzar, général à la retraite et ancien ministre de la Défense
          algérien. Ce procès doit débuter lundi prochainà Paris.

          Habib Souaïdia est l'auteur d'un livre publié en 2001, La Sale
          Guerre, qui contient des informations sur des cas de torture,
          des exécutions extrajudiciaires et d'autres graves atteintes
          aux droits humains commises au cours du conflit actuel par
          les forces de sécurité, les milices armées par l'État et les
          groupes armés. Les poursuites pour diffamation engagées
          par Khaled Nezzar contre Habib Souaïdia s'appuient sur les
          propos que ce dernier a tenus sur une chaîne de télévision
          française en mai 2001 au sujet du général à la retraite.

          « Habib Souaïdia a formulé des allégations sérieuses, a
          déclaré Amnesty International. Alors que des milliers de
          familles attendent toujours, parfois depuis dix ans, de
          connaître la vérité sur ce qui est arrivé à leurs proches
          assassinés ou « disparus », il est grand temps que les
          autorités algériennes respectent leurs obligations
          internationales en prenant des mesures concrètes pour faire
          la lumière sur ces crimes et sur d'autres du même ordre. »

          L'organisation lance de nouveau un appel aux autorités
          algériennes pour qu'elles mettent immédiatement en place
          une commission d'enquête indépendante et impartiale qui
          soit chargée de mener des investigations sur les milliers
          d'homicides, de « disparitions », d'actes de torture et d'autres
          atteintes aux droits humains dont se sont rendus coupables
          depuis 1992 les forces de sécurité, les milices armées par
          l'État et les groupes armés.

          Par ailleurs, un fait inquiétant s'est produit récemment dans
          le cadre des poursuites pour torture engagées en France en
          avril 2001 contre Khaled Nezzar. L'un des trois plaignants,
          Abdelouahab Boukezouha, a retiré sa plainte en avril 2002
          après que son fils eutété arrêté en Algérie et accusé
          d'entretenir des liens avec un groupe armé. Deux victimes de
          torture ainsi que la famille d'une troisième, qui vivent toutes
          en France, avaient porté plainte contre Khaled Nezzar,
          affirmant que celui-ci était responsable des tortures
          commisesà l'époque où il occupait la fonction de ministre de
          la Défense en Algérie, de 1990 à 1993.

          Rachid Mesli, un avocat algérien exilé qui est spécialisé dans
          les droits humains, devrait comparaître en tant que témoin
          de la défense dans le procès qui est sur le point de s'ouvrir.
          Accusé d'appartenanceà un groupe « terroriste » opérant à
          l'étranger, il fait l'objet depuis le mois d'avril 2002 d'un
          mandat d'amener international décerné par les autorités
          algériennes. Cette accusation semble s'appuyer sur le fait
          que Rachid Mesli avait l'intention d'envoyer un téléphone
          portable à un contact se trouvant en Algérie, qui lui
          transmettait des informations sur la situation des droits
          humains dans le pays.

          Ce contact et au moins trois autres personnes liées à Rachid
          Mesli ont subi des traitements particulièrement durs. Arrêtés
          dans le cadre d'événements distincts en mars et avril 2002 et
          accusés d'entretenir des liens avec un groupe « terroriste »,
          ils auraient tous été placés en détention dans la base de la
          sécurité militaire de Ben Aknoun, où ils ont apparemment
          été torturés à de multiples reprises pendant plusieurs jours.

          « L'ironie des choses veut que ce procès s'ouvre le jour de
          l'entrée en vigueur de la Cour pénale internationale, alors
          que les autorités algériennes continuent à créer des
          difficultés à ceux qui expriment leur inquiétude concernant
          la situation des droits humains dans le pays
          », a ajouté l'organisation.

          Ces derniers mois, les militants locaux des droits humains
          ont été la cible de mesures de répression, tandis que les
          mécanismes de surveillance des droits humains au sein des
          Nations unies et les organisations internationales de défense
          des droits humains comme Amnesty International
          continuent à se voir refuser tout accès au territoire algérien.

Rappel des faits

          À la suite de la publication de son livre, Habib Souaïdia a
          fait l'objet d'un mandat d'amener. Le 29 avril 2002, le
          tribunal criminel d'Alger l'a condamné à vingt ans de
          réclusion par contumace pour participation à une entreprise
          de démoralisation de l'armée et complot portant atteinte à
          l'intégrité du territoire national. Habib Souaïdiaétant exilé en
          France, ce procès s'est déroulé en son absence. Selon le
          ministère public, un site Internet indique qu'Habib Souaïdia
          a déclaréêtre « prêt à retourner en Algérie pour porter les
          armes contre les généraux ».


Communiqué de presse des Éditions La Découverte
Algérie : le procès en diffamation du général Khaled Nezzar contre M. Habib Souaïdia, en février 2002 à Paris, sera le premier grand procès du régime militaire algérien

Le mardi 2 octobre, la 17e chambre du Tribunal de grande instance de Paris a fixé aux 12, 13 et 19 février 2002 les audiences du procès en diffamation intenté par le général Khaled Nezzar contre La Cinquième et M. Habib Souaïdia, ancien officier de l'armée algérienne (de 1989 à 1999) et auteur de l'ouvrage La sale guerre, paru en février 2001 aux Éditions La Découverte.


Khaled Nezzar Ancien élève des écoles militaires françaises de Strasbourg et Saint-Maixent, M. Nezzar, né le 27 décembre 1937, est passé dans les rangs de l'ALN dans les dernières années de la guerre d'indépendance. Diplômé de l'École d'état-major de Frounzee à Moscou (1964-1965), puis de l'École de guerre de Paris (1975-1976), il a été commandant des forces terrestres de novembre 1986 à novembre 1988, puis chef d'état-major de l'armée jusqu'au 27 juillet 1990, date à laquelle il a été nommé ministre de la Défense du président Chadli Bendjedid. Après l'interruption du processus électoral de janvier 1992, dont il revendique avoir été l'un acteur essentiel, il devient membre du Haut comité d'État (HCE), présidence collégiale qui dirige le pays, et conserve son portefeuille de la Défense jusqu'au 10 juillet 1993.

Le 24 août dernier, M. Nezzar a assigné La Cinquième et M. Souaïdia pour " diffamation " en raison des propos tenus par ce dernier lors de l'émission " Droits d'auteur " diffusée par la Cinquième le 27 mai 2001. M. Nezzar reproche notamment à M. Souaïdia d'avoir déclaré : " Cela fait dix années qu'il n'y a pas de président [en Algérie], plus même. Il y avait des généraux, ce sont eux les politiciens, c'est eux les décideurs, c'est eux qui ont fait cette guerre. C'est eux qui ont tué des milliers de gens pour rien du tout. C'est eux qui ont décidé d'arrêter le processus électoral, c'est eux les vrais responsables. […] Je ne peux pas pardonner au général Massu et au général Aussaresses les crimes qu'ils ont commis, comme je ne peux pas pardonner au général Nezzar, ex-ministre de la Défense. Il faut qu'on juge les coupables. […] Ce sont les ex-déserteurs de l'armée française qui ont mené le pays vers l'anarchie, vers la faillite. " M. Nezzar a tenu à préciser dans son assignation que ce sont bien ces propos qu'il incrimine, et non l'ouvrage La sale guerre, " qui ne le critique pas personnellement et ne porte aucunement atteinte à son honneur et à sa considération ".

Lors de l'audience de fixation du 2 octobre, les avocats constitués par M. Souaïdia, Mes William Bourdon et Antoine Comte, ont indiqué que Me Mahmoud Khelili, avocat au barreau d'Alger et président du Syndicat national des avocats algériens, serait à leurs côtés pour assurer la défense de leur client. Et qu'ils souhaitaient faire citer en défense au moins trente-sept témoins lors du procès, dont on trouvera ci-après la liste. Tous ces témoins ont donné leur accord pour attester de la pertinence et de la véracité de l'analyse de M. Souaïdia sur la nature du pouvoir réel en Algérie : la place prééminente qu'y occupe la haute hiérarchie de l'armée, la responsabilité de cette hiérarchie dans les très graves violations des droits de l'homme survenues en Algérie depuis 1988 et dans les circuits de corruption, et le rôle particulier du général Khaled Nezzar.

La personnalité des premiers témoins qui ont accepté d'être cités en défense par les avocats de M. Souaïdia (leur nombre exact dépendra des contraintes de temps déterminées par le tribunal) témoigne de la volonté de ce dernier de mener jusqu'au bout le combat pour la vérité et la justice qu'il a engagé en publiant son livre, et de la qualité des soutiens qu'il a reçus. Figurent notamment parmi eux des responsables d'organisations de défense des droits de l'homme (comme Me Patrick Baudouin, Mme Nassera Dutour et M. Kamel Daoud), des universitaires (comme Mmes Anna Bozzo, Véronique Nahoum-Grappe, Fatiha Talahite et Tassadit Yacine, MM. Lahouari Addi, François Burgat, Bruno Étienne, Mohammed Harbi, Werner Ruf et Pierre Vidal-Naquet), des journalistes (comme Mmes Florence Aubenas, Nicole Chevillard, José Garçon, Salima Ghezali, MM. Jean-Baptiste Rivoire et Jean-Pierre Tuquoi), d'anciens responsables politiques algériens (comme MM. Ghazi Hidouci et Omar Benderra), ainsi que des officiers dissidents de l'armée algérienne (comme MM. Ali Baali, Ahmed Chouchen, Hacine Ouguenoune, Mohamed Samraoui), lesquels apparaîtront pour la première fois à visage découvert devant un tribunal.

Par ces témoignages, par sa détermination personnelle, M. Habib Souaïdia tient à faire reconnaître que ce procès dépasse largement sa seule personne, car ses propos ne font que refléter les convictions de l'immense majorité du peuple algérien sur la nature du pouvoir militaire (le slogan " Pouvoir assassin ! " est devenu le leitmotiv des nombreuses manifestations de ces derniers mois). Et cela d'autant plus que la généralité des propos critiqués par M. Nezzar montre que ce dernier se pose bien en défenseur de l'ensemble de ce pouvoir et des actes dont celui-ci est responsable. M. Souaïdia entend bien que ce procès n'aura pas pour objet de juger les crimes commis ces dernières années en Algérie, quels qu'en soient les auteurs (adeptes de l'islamisme extrémiste ou de l'" éradication " de celui-ci et de ses partisans supposés) : ces crimes relèvent d'autres instances et sans doute d'un tribunal pénal international ad hoc. Mais il entend aussi que le procès en " diffamation " que lui intente M. Nezzar puisse être l'occasion de contribuer à l'établissement de la vérité, pour qu'un jour, justice soit faite, et que son pays retrouve enfin la paix.

À Paris, le 5 octobre 2001

Liste des témoins ayant accepté de déposer au procès de M. Khaled Nezzar contre M. Habib Souaïdia, à la date du 5 octobre 2001

Samir Abdi, Officier de l'armée algérienne
Lahouari Addi, Sociologue
Messaoud Allilli, Officier de l'armée algérienne
Florence Aubenas, Journaliste
Ali Baali, Officier de l'armée algérienne
Patrick Baudouin, Avocat
Abdelali Belazzoug, Ancien officier de l'armée algérienne
Omar Benderra, Consultant
Anna Bozzo, Historienne
François Burgat, Sociologue
Nicole Chevillard, Journaliste
Ahmed Chouchen, Officier de l'armée algérienne
Kamel Daoud, Professeur de médecine
Nassera Dutour, Sans profession
Bruno Étienne, Professeur des universités
José Garçon, Journaliste
François Gèze, Éditeur
Salima Ghezali, Journaliste
Mohammed Harbi, Historien
Hamid Hasni, Officier de l'armée algérienne
Ghazi Hidouci, Économiste
Ferdinando Imposimato, Avocat
Baudouin Loos, Journaliste
Salima Mellah, Journaliste
Rachid Mesli, Avocat
Véronique Nahoum-Grappe, Ingénieur de recherches
Hacine Ouguenoune, Officier de l'armée algérienne
Bernard Ravenel, Enseignant
Jean-Baptiste Rivoire, Journaliste
Werner Ruf, Politologue
Mohamed Samraoui, Officier de l'armée algérienne
Fatiha Talahite, Chercheur au CNRS
Jean-Pierre Tuquoi, Journaliste
Pierre Vidal-Naquet, Historien
Tassadit Yacine, Anthropologue
Nesroulah Yous, Artiste
Mohamed-Larbi Zitout, Commerçant


LE PROCÈS NEZZAR-SOUAÏDIA

- "ENTRE NOUS, IL Y A UN ÉCART..." (Nezzar) 
- "... UN FLEUVE DE SANG !" (Aït Ahmed) 

(Sources : correspondances, agences de presse (AFP, AP, Reuters, APS), presse française (Le Parisien, Le Nouvel Observateur, Libération, Le Monde, les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Figaro), presse algérienne (L'Expression, El Moudjahid, El Watan, Le Jeune Indépendant, La Tribune, Le Matin, Le Quotidien d'Oran, Le Soir d'Algérie, Liberté), Communiqués (CCFIS, MAOL, El Ribat)

Le procès intenté (pour diffamation) par le général Khaled Nezzar, ancien ministre algérien de la Défense et ancien membre de la présidence collective provisoire de l'Algérie après la "démission" du président Chadli Bendjedid, à l'auteur de "La Sale Guerre", Habib Souaïdia, s'est ouvert devant le Tribunal correctionnel de Paris le 1er juillet, devant une assistance nombreuse, et "sous l'oeil" de nombreux media (au nombre desquels on note la représentations de nombreux media africains).

En fait de procès pour diffamation, il s'est immédiatement agi d'un vaste débat sur les responsabilités de la crise algérienne, et sur les responsabilités des forces de sécurité dans les exactions commises depuis dix ans en Algérie. "Nous entendons faire une large mise en perspective de tout ce qui s'est passé en Algérie ces dernières années", a déclaré l'un des avocats de Nezzar, Jean-René Farthouat. En écho, l'un des avocats de Habib Souaïdia, Antoine Comte, s'est félicité que se tienne "pour la première fois en France un débat contradictoire sur une guerre qui, ces dix dernières années, a ravagé l'Algérie". Quant au président du tribunal, il a déclaré que du procès va se dégager "une vérité que le tribunalé dira. Ce ne sera pas la vérité historique, mais une certaine vérité".

Le procès a définitivement tourné après deux jours d'audience au procès de toute la classe dirigeante algérienne. Nezzar avait expliqué avoir intenté ce procès en France pour crédibiliser sa démarche : "une procédure en Algérie aurait été aux yeux de mes accusateurs un motif de suspicion supplémentaire". Mais en cinq jours de procès, marqué par la succession de témoignages d'acteurs politiques de premier plan, mais également de militaires, de victimes des violences, d'historiens, d'intellectuels et de spécialistes de l'Algérie, c'est bel et bien, comme le craignait une bonne partie de la presse algérienne, Nezzar, l'armée et le pouvoir algérien qui se sont retrouvés sur le banc des accusés. Au terme du procès, la représentante du parquet n'a requis aucune peine contre l'accusé, et a laissé le tribunal se déterminer, tout en lui suggérant de s'abstenir de toute condamnation, puisque "nous sommes dans un débat d'idées" et que c'est à "l'Histoire" de juger qui, de Souaïdia ou de Nezzar, et de leurs témoins respectifs, a raison.

A son arrivée au tribunal, Habib Souaïdia s'est étonné d'être attaqué, lui, alors que "certains ont dit pire que moi" de Nezzar (accusé même par l'ancien officier Hichem Aboud d'avoir tué sa propre femme, Hichem About s'étonnant devant la presse de ne pas avoir été lui aussi attaqué par Nezzar, puisqu'il en dit pis que Souaïdia). Souaïdia a ajouté ne rien retirer de ce qu'il avait dit, et qui a provoqué la plainte de Nezzar, lors d'une émission de la chaîne française "La Cinquième", diffusée le 27 mai 2001 (le président de France Télévision, Marc Tessier, est également cité à comparaître). Lors d'un entretien télévisé, dont l'enregistrement a été diffusé lors du procès, il avait accusé les généraux algériens d'avoir "tué des milliers de gens", d'avoir eux-mêmes "décidé d'arrêter le processus électoral" en 1991-1992, et d'être "les vrais responsables" des dix ans de conflit qui ont suivi. Souaïdia avait également fait le parallèle entre les exactions commises par l'armée française lors de la guerre d'indépendance et celles dont il accuse l'armée algérienne (et les services spéciaux), et affirmé ne pas plus pouvoir "pardonner au général Nezzar" qu'il ne pouvait "pardonner au général Massu et au général Aussaresses". Nezzar demande 15'000 Euros de dommages-intérêts à Souaïdia.

L'un des avocats de Souaïdia, William Bourdon, a dénoncé le "paradoxe" d'un procès où un homme (Nezzar) suspecté "d'avoir commis des exactions d'une extrême gravité" se pose en victime (puisqu'il est le plaignant) de celui qui dénonce ces exactions. Pour Me Bourdon, "au travers de la condamnation de Souaïdia, le général Nezzar cherche l'acquittement de l'armée algérienne".

Khaled Nezzar avait fait l'objet en novembre 2001 de plaintes, en France, de la part de victimes ou de parents de victimes de la torture et d'exécutions sommaires en Algérie. Le dépôt de ces plaintes avaient conduit Nezzar à quitter précipitamment la France, où il était venu présenter son ouvrage "Algérie, échec d'une régression programmée" (interrogé par les avocats de Souaïdia sur ce départ précipité, Nezzar a expliqué qu'il avait quitté la France pour éviter un incident diplomatique entre Alger et Paris).

Le 28 juin, neuf personnes ont à nouveau déposé plainte contre Nezzar pour tortures et traitements cruels, inhumains et dégradants, sur la base de la Convention internationale de 1984. La plainte est à l'étude au Parquet de Paris. Les plaignants lui demandent l'ouverture d'une enquête préliminaire pour que soit "procédé à l'interpellation et à l'audition du Général Khaled Nezzar", sous la "direction" duquel fut appliquée jusqu'en 1994 "la politique de répression systématique des opposants et notamment du FIS" et que furent "commis de façon massive des crimes de torture" : "Les déportations, les meurtres collectifs, les exécutions extrajudiciaires et série et surtout l'utilisation massive de la torture se sont inscrits dans le cadre d'une politique de répression systématique inspirée par des raisons politiques dont Monsieur Khaled Nezzar a été le principal instigateur et artisan", explique le texte de la plainte (déposée quelques heures après l'entrée en fonction officielle de la nouvelle Cour pénale internationale, tribunal permanent compétent notamment pour les crimes de guerre, crimes contre l'humanité (dont la torture), et dont la France reconnaît la juridiction. La plainte a finalement été classés sans suite par le parquet, faute d'éléments incriminant personnellement Nezzar.

Parmi les plaignants figuraient plusieurs des plaignants d'avril 2001, ainsi que Lyes Laribi, auteur d'un témoignmage sur son propre séjour "dans les geôles de Nezzar".

FEDERATION INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L'HOMME

1er juillet 200

ALGERIE : le Général Nezzar doit être poursuivi par le juge français

Paris, lundi 1er juillet - Une nouvelle plainte a été déposée devant le Procureur de la République contre le Général algérien Khaled Nezzar à Paris, du chef de tortures et traitements cruels, inhumains et dégradants.

La FIDH apporte son soutien aux victimes de cette nouvelle plainte, qui fait suite à celle déposée le 25 mai 2001 contre le Général Nezzar. Le 26 mai 2001, le Général quittait le territoire français. Cette fuite était apparue comme une forme d’aveu de culpabilité sur les crimes de torture allégués à son encontre par les auteurs de la plainte. Un an après, la détermination des victimes algériennes et de leurs familles dans leur combat pour la vérité et la justice en Algérie demeure intacte.

La plainte de ce jour est déposée à l’occasion de la venue en France du Général Nezzar, qui poursuit en diffamation Monsieur Habib Souaidia, l’auteur de La sale guerre, un ouvrage (Ed. La Découverte) mettant en cause la responsabilité directe des militaires algériens, et en particulier celle du Général Nezzar, dans la crise qui frappe l’Algérie depuis 1992.

Le Général Nezzar, Ministre de la défense d’Algérie de juillet 1990 à juillet 1993, puis président du Haut Conseil d’Etat (HCE) a cautionné voire ordonné des actes de torture, notamment sur les plaignants ou des membres de leurs familles. Les enquêtes réalisées sur le terrain par les ONG de défense des droits de l’Homme et les témoignages qu’elles y ont recueillis permettent de conclure qu’il était l’un des principaux commanditaires de la politique de torture systématique menée en Algérie. Il a publiquement et ouvertement prôné et encouragé cette politique. En tout état de cause, en sa qualité de ministre de la Défense, puis de président du Haut Conseil d’Etat (HCE), il ne pouvait ignorer cette politique. Il se devait d’y mettre un terme et avait toute l’autorité nécessaire pour ce faire. Actuellement ancien ministre et général à la retraite, Khaled Nezzar ne peut se prévaloir d’aucune immunité.

La lutte contre l’impunité constitue une priorité aujourd’hui s’agissant de l’Algérie où, dix ans après le début de ce qui a constitué l’une des plus graves crises de la Méditerranée, on meurt encore, chaque jour, et où depuis 1992, il y a eu au moins trois fois plus de personnes disparues qu’au Chili sous le régime de Pinochet.

La FIDH lance un appel aux autorités françaises pour qu’elles n’entravent pas le cours de la justice.


COMMUNIQUÉ DE PRESSE de Maître William BOURDON et Maître Antoine COMTE

Le Parquet de Paris a classé sans suite les plaintes réitérées par des
victimes de tortures qui avaient déjà déposé plainte le 24 avril 2001, ainsi
qu'une plainte déposée par un autre plaignant, vendredi 28 juin 2002, contre
le Général Khaled NEZZAR au motif de l'absence d'indices graves et
concordant de la commission par le Général Khaled NEZZAR du crime de
tortures.

Cette décision, de façon très singulière, écarte toute la démonstration
factuelle et juridique développée et documentée par les plaignants, par les
très nombreux rapports des organisations nationales et internationales de
défense des droits de l'homme, de très nombreux témoignages, confirmés à la
Barre de la 17ème Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris, la
semaine dernière, dans le cadre du procès dirigé par le Général NEZZAR
contre Monsieur Habib SOUAIDIA.

L'ensemble de ces témoignages sont accablants quant à la responsabilité
pénale du Général NEZZAR dans les crimes de torture, commis indiscutablement
sur ordre, alors qu'il était Ministre de la Défense ou membre proéminent du
HCE, et en tout état de cause dans des enceintes administrées sous son
autorité et dans le cadre de l'état de siège.

Le Parquet de Paris semble devoir considérer que s'agissant de crimes de
torture, les poursuites devraient être limitées aux seuls exécutants, à
l'exclusion des supérieurs hiérarchiques.

Par conséquent, personne ne pourra douter du caractère éminemment politique
d'une décision qui était déjà en filigrane dans l'audition complaisante et
insolite du Général NEZZAR le 4 avril 2002, audition qui en était l'acte
prémonitoire et préparatoire.

Le Général Khaled NEZZAR n'a donc plus à fuir ; la justice a fui ses
responsabilités.

William BOURDON
Avocat à la Cour

Antoine COMTE
Avocat à la Cour

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE JUSTICIA UNIVERSALIS

1er juillet 2002

Le 28 juin 2002, des victimes du régime Algérien ont, en raison des souffrances qu'elles endurent jusqu'à ce jour et de l'impunité dont bénéficient leurs tortionnaires, déposé plainte pour tortures contre M. Nezzar devant la justice Française. Elles ne sont pas des terroristes, n'en déplaise à la propagande éradicatrice, mais de paisibles citoyens qui souhaitent que les auteurs des crimes horribles dont elles souffrent soient conduits devant la justice pour le rétablissement de la vérité et pour empêcher de nouveaux crimes.

En assistant les victimes de crimes révoltant la conscience humaine, Justitia Universalis oeuvre pour que la vérité et la justice puisse enfin triompher partout, quelques soient les lieux où ces crimes se produisent.

L'action judiciaire lancée contre M. Nezzar ne vise pas l'armée Algérienne, qui fonctionne par l'obéissance aux ordres prescrits par sa hiérarchie. Cette action vise encore moins la Nation et l'État Algériens. Et M. Nezzar n'est pas accusé pour ses choix politiques ou pour l'arrêt du processus démocratique comme il se plaît à le répéter. La plainte lui reproche les crimes de torture commis sous sa direction et selon ses plans contre une partie de la population, en considération du fait qu'il a occupé de hautes fonctions qui lui ont permis de décider et de donner des ordres, causant des dizaines de milliers de morts, des milliers de mutilés, notamment par la torture, des milliers de déportés et plus de 7000 disparus. C'est donc pour les crimes qu'il a commis, et dont il est responsable à titre pénal et personnel, que le général-major à la retraite Nezzar doit être jugé.

Pourquoi les victimes s'en remettent à la justice Française ? Ce serait l'idéal si la loi Algérienne punissait ces crimes et si la justice était indépendante pour le faire traduire ainsi que ses complices devant la justice locale. Ce n'est malheureusement pas le cas. Les victimes n'ont aucune autre alternative que de s'adresser aux pays dont les lois punissent ces crimes et dont les juridictions offrent une chance d'entendre leurs doléances, en toute équité et dans le respect des droits de la défense.

La justice Française permet la mise en ouvre du principe de " compétence universelle " pour le crime de torture. Elle offre aussi, en principe, de meilleures garanties contre les représailles risquant de toucher les plaignants ou des membres de leurs familles. Les autorités Françaises ne devraient pas permettre la divulgation d'identités et de témoignages confidentiels en l'absence de la moindre assistance aux victimes et témoins. L'expérience de la première plainte déposée le 25 avril 2001 contre M. Nezzar a montré que cette divulgation a abouti, en effet, à la menace, au harcèlement et à l'humiliation des victimes et témoins vulnérables, sans que les organes compétents de la République Française n'aient enquêté ou pris les mesures nécessaires pour leur protection.

Les principes établis dans la déclaration universelle des droits de l'homme sont un modèle universel pour les sociétés civilisées respectueuses des valeurs de justice, de liberté, d'égalité, de démocratie et de paix. Les juges Français ne peuvent permettre aux dictateurs et tortionnaires d'utiliser le drame du 11 septembre pour perpétuer, en toute impunité, les violations massives des droits fondamentaux à la vie, à l'intégrité physique et mentale et aux libertés. La sécurité interne et internationale ont pour prix le respect scrupuleux des droits humains fondamentaux partout dans le monde, afin de favoriser la tolérance et de garantir ces droits, y compris celui de la dissidence pacifique.

Le président
Brahim Taouti



Habib Souaïdia Habib Souaïdia a quant à lui été condamné en avril 2002 à Alger à vingt ans de prison par contumace pour "participation à une entreprise d'affaiblissement du moral de l'armée".

A l'ouverture du procès, Habib Souaïdia a raconté son parcours militaire, ses doutes sur l'identité réelle des auteurs de massacres et de leurs commanditaires. Il a notamment témoigné avoir escorté (pour empêché qu'il ne soit contrôlé par des barrages militaires ou policiers) un camion de "militaires habillés en civils avec des barbes et des couteaux" se dirigeant vers des villages reculés. Interrogé sur les exactions dont il affirme avoir été témoin, Souaïdia raconte avoir vu des militaires brûler vif un garçon de 15 ans après l'avoir aspergé d'essence : "on prend l'enfant, on le met sur une décharge publique, on verse sur lui de l'essence et on allume avec du plastique (...) Quel être humain peut faire ça ?". "J'ai vu (des) collègues (...) dans des voitures banalisées pour faire la chasse aux Algériens", "j'en ai vu revenir avec des couteaux tachés de sang", affirme Souaïdia, qui refuse pour autant de "dédouaner les islamistes".

A Nezzar, Souaïdia a lancé : "L'Histoire vous rattrapera dans votre tombe". "Nezzar dit qu'il a sauvé la démocratie de l'intégrisme. Où est la démocratie en Algérie ?", s'est interrogé Souaïdia, pour qui les généraux "savent très bien que s'il y (avait) une démocratie en Algérie, (ils seraient) les premiers à être jugés".Pour l'auteur de "La Sale Guerre", les dirigeants de l'armée forment "une seule famille qui décide" du devenir de l'Algérie : "Les généraux décident pour le pays depuis quinze ans, et ça fait quinze ans que nous n'avons plus de Président".

Habib Souaïdia a plusieurs fois réitéré l'exigence d'une commission d'enquête sur les massacres, et exprimé sa conviction qu'on en trouvera les responsables.


Pour sa part, Nezzar, dans une déclaration lue, a réaffirmé que les exactions commises en Algérie sont l'oeuvre des islamistes armés, mais a reconnu qu'il pouvait y avoir eu des "bavures" militaires. Refusant d'être pris, ni ses "compagnons", pour "un apparatchik assoiffé de pouvoir", Nezzar a accusé la presse française de tenter de "faire croire que les odieux massacres perpétrés par les islamistes intégristes seraient l'oeuvre de l'armée algérienne". "L'armée algérienne n'est pas une armée de barbares", a affirmé le général, mais une armée populaire confrontée au terrorisme" (interrogé par l'un des avocats de Souaïdia sur les déclarations d'un autre général algérien, critiquant, lui, l'annulation du processus électoral, Nezzar a néanmoins lâché que ce général là était "un illéttré" et que "depuis l'indépendance, on a des généraux illétrés"... Au delà des propos diffamatoires à l'égard de ma personne, c'est en réalité sur tout un peuple, son gouvernement et son armée (...) que les diffamateurs et leur porte-voix (Souaïdia, en l'occurrence) tentent de jeter l'opprobre", a déclaré Nezzar pour expliquer sa plainte.

Témoin de Nezzar, Mohammed Sifaoui, qui collabora à une première version du témoignage de Souäidia, s'en est directement pris à ce dernier, qu'il a qualifié de "mythomane professionnel", et à son éditeur, François Gèze, qu'il a accusé de "manipulation". Sifaoui a rendu hommage à Nezzar "pour avoir arrêté le processus électoral de 1991 (et ainsi évité) à l'Algérie (de devenir) un autre Afghanistan".

Nezzar a ensuite justifié l'interruption du processus électoral de 1991 : "Il fallait éviter la guerre civile et l'afghanisation de l'Algérie", éviter un "Etat taliban".

Nezzar a également dénoncé "le complot médiatique fait au régime algérien", complot ourdi par le Front islamique du salut et le Front des forces socialistes, et dont Souaïdia n'est qu'un "simple pion". Il a expliqué avoir saisi un tribunal français car "une procédure en Algérie aurait été, aux yeux de mes accusateurs, frappée de suspicion au motif d'une justice subordonnée au pouvoir".

Cité par Nezzar, mais précisant qu'il n'est pas venu témoigner contre Souaïdia, qu'il a qualifié de "simple instrument dans un grand complot qui le dépasse", l'ancien Premier ministre algérien Sid Ahmed Ghozali a affirmé que le gouvernement de l'époque n'avait pas d'autre choix que celui de mettre fin au processus électoral qui avait vu le Front Islamique du Salut arriver en tête du premier tour des élections législatives de 1991. Ghozali a accusé le FIS, "avec la complicité d'un clan au pouvoir", d'avoir "manipulé les listes électorales et le scrutin", mais a reconnu que la victoire du FIS manifestait un "rejet" de tous ceux que le peuple algérien "considérait comme responsables des difficultés" dans lesquelles il se trouvait : ce vote pour le FIS a été "un vomissement, un cri très fort de rejet des Algériens de leurs conditions de vie, de la dégradation de leur situation". L'ancien Premier ministre a affirmé que l'interruption du processus électoral avait été décidée "d'un commun accord" par les militaires, le gouvernement et "la société civile" (et non les militaires seuls), et que cette décision avait même bénéficié du soutien de l'ancien Président Ahmed ben Bella, chef en 1991 d'un petit parti d'opposition au pouvoir. Sid Ahmed Ghozali se justifie en expliquant qu'il n'a pas voulu être "le Chapour Bakhtiar de l'Algérie" (allusion au dernier Premier ministre du Shah d'Iran, avant la prise du pouvoir par l'Ayatollah Khomeiny, et que "notre conviction était que laisser le pouvoir aux islamistes, c'était laisser tomber l'Algérie". "Nous ne l'avons pas fait, et nous ne le regrettons pas", a ajouté l'ancien Premier ministre, qui a estimé que l'armée était "le seul rempart contre l'obscurantisme", dont la stratégie est de s'emparer du pouvoir en comptant sur l'effondrement de l'Etat après la "déstabilisation de l'armée". Interrogé à ce sujet, Khaled Nezzar a admis que lorsqu'il était ministre de la Défense (entre 1990 et 1993), il s'était produit "une tentative d'arriver au pouvoir avec le FIS", mais n'a pas précisé qui, dans l'ombre du pouvoir, avait joué le jeu du FIS.

Ghozali a récusé l'hypothèse d'une Algérie au pouvoir de l'armée, et affirmé que l'Algérie n'était pas "une république bananière avec d'un côté des militaires assoiffés de sang et de l'autre des civils obéissants". "Dans le cadre de ma mission, je n'ai jamais été en situation d'exécuter ou de recevoir des ordres de la part des autorités militaires", a également affirmé Ghozali (La défense de Souaïdia a relevé que la lettre de démission du président Chadli avait été rédigée non par le démissionnaire, mais par le général Touati et par Ali Haroun, ce qui n'a pas empêché Ghozali d'affirmer n'avoir pas connaissance de pressions exercées sur Chadli pour le faire démissionner).

L'ancien Premier ministre, à qui les avocats de Souaïdia ont rappelé qu'il avait lui-même déclaré que "l'Etat algérien ne respecte pas les lois", qualifie de "dérive totalitaire" l'évolution de l'Algérie en 1999, mais refuse de réduire le conflit algérien à "une bagarre entre deux forces violentes, les islamistes et l'armée". Interrogé par des journalistes après son audition, Ghozali a admis qu'il y avait "peut-être eu des exactions" de la part des militaires, mais qu'elles avaient été "traduites en justice". Appelé à s'expliquer sur les quatre décrets qu'il avait signé en tant que Chef du gouvernement, et qui, pour l'avocat de Souaïdia, Antoine Comte, "ouvraient la voie à l'arbitraire avec notamment la création de centres d'internement dans le Sud, les assignations à résidence, la création de l'état d'urgence et les arrestations arbitraires", Ghozali a répondu qu'il s'agissait d'une "décision politique inscrite en droite ligne avec la Constitution". Il a également affirmé que l'arrêt du processus électoral n'était pas anticonstitutionnel. Pour lui, ce qui s'est produit en 1992 n'est pas "un coup d'Etat", mais "une réponse adéquate à une situation inédite".

Pour Ghozali, le livre de Souaïdia ("La Sale Guerre") est essentiellement fait de "considérations politiques dictées ailleurs pour favoriser la théorie du 'qui tue qui ? '", et l'ancien Premier ministre algérien a déclaré qu'il témoignait pour "rétablir la vérité contre des assertions qui entrent dans le cadre d'une stratégie de l'intégrisme". Pour lui, c'est le FIS qui cherche à "déstabiliser l'armée en s'attaquant à Khaled Nezzar, l'homme qui a incarné et continue d'incarner les vraies valeurs de l'ANP".

Egalement témoin de Nezzar, l'ancien responsable du FLN et ancien membre du Haut Comité d'Etat (présidence collégiale provisoire), Ali Haroun qualifie le procès intenté par Nezzar de "procès pour défendre l'honneur de l'Armée" et celui de "Nezzar en tant que personne et en tant qu'ancien chef de l'institution de l'armée (...) colonne vertébrale du pays". Pour Ali Haroun, l'armée a été "l'alliée objective" des démocrates en faisant échec aux "fous de Dieu".


Hocine Aït Ahmed En sens rigoureusement inverse, le président du Front des Forces Socialistes, Hocine Aït Ahmed, a accusé Nezzar et ses semblables d'avoir fait "un coup d'Etat" qui a abouti à "une catastrophe", malgré la promesse que lui avait fait Nezzar de ne pas interrompre le processus démocratique : "Nous nous sommes vus avant l'interruption du processus électoral et je vous ai conseillé de le poursuivre, ce que vous m'aviez promis en me donnant votre parole", rappelle Aït Ahmed à Nezzar, qui ne dément pas : "C'est vrai que je vous ai rencontré", a admis Nezzar, avant de poursuivre : "mais entre nous il y a un écart..." -"Un fleuve de sang !", l'a interrompu Aït Ahmed.

"Après 1962, ce sont les généraux qui ont conçu la Constitution à leur manière. Depuis, l'Etat s'est disloqué et a fait émerger le FIS. Les généraux ont arrêté le processus électoral non pas pour sauver l'Algérie comme ils le disent, mais pour maintenir le régime", résume Aït Ahmed, pour qui le régime a "créé 60 partis pour amuser la galerie, pour faire croire à l'existence d'une démocratie" alors qu'il ne s'agissait que de maintenir le système en place.

Salima Ghezali, après avoir raconté ses années d'enseignantes près d'Alger dans les années 80, la montée de l'islamisme, puis de la violence des terroristes et des militaires, résume : "Le pouvoir a fait ce scénario : couper l'Algérie en deux, être pour l'armée ou pour les islamistes. Il n'y a plus de place pour rien d'autre". Et, s'adressant à Nezzar : "Cette Algérie est la nôtre. Vous pouvez tout faire de nous, mais pas nous empêcher de vouloir y vivre dignes".

Les témoignages ont éré rigoureusement contradictoires sur la nature de la gigantesque manifestation organisée le 2 janvier 1992 à Alger, au lendemain du premier tour des législatives. La manifestation avait été organisée à l'appel du Front des Forces Socialistes, qui en assurait le service d'ordre, pour "sauver la démocratie".

Les témoins de l'accusation (Omar Lounis, Leïla Aslaoui) affirment que les manifestants réclamaient l'annulation du processus électoral : "L'armée était le seul rempart qui pouvait nous sauver. Si elle n'était pas passée à l'action, je ne serais pas ici en train de témoigner", déclare Leïla Aslaoui, pour qui "l'islamisme n'est pas une opposition mais une idéologie et un projet de société").

Les témoins de la défense, par contre, rappellent que la manifestation du 2 janvier était organisée par un parti (le FFS) qui s'opposait à l'interruption du processus électoral, et qu'il ne s'agissait pas d'annuler les élections, mais de se mobiliser pour le second tour. "Le mot d'ordre était : ni Etat policier, ni République islamique", rappelle Hocine Aït Ahmed, pour qui "il existait une possibilité de régler pacifiquement le problème", et qui accuse les militaires d'avoir "arrêté les élections pour maintenir le régime". José Garçon évoque le "sursaut", la "mobilisation" qu'avait provoqué le succès du FIS au premier tour de l'élection".

A Nezzar, Aït Ahmed lance : "chaque fois qu'il y a une possibilité de changement, vous intervenez; il y a une direction occulte qui s'impose et intervient. (...) C'est un miracle que nous (le FFS) existions encore".

Mohammed Harbi, historien et ancien haut responsable du FLN, a retracé le rôle de l'armée dans le processus de militarisation du politique, engagé un an après le congrès de la Soummam en 1956, qui avait consacré la primauté du politique sur le militaire. L'Algérie, tenue par une Sécurité Militaire (aujourd'hui DRS) "formée aux théories manipulatoires du KGB", a dérivé vers le système d'"une armée ayant l'Etat à son service" et non le contraire.

Nicole Chevillard, rédacrice en chef de "Nord-Sud Export", spécialiste des "risques pays" pour les investisseurs français à l'étranger, a estimé que "les véritables dirigeants (de l'Algérie) sont les militaires" et que c'était là une "constante historique de l'Algérie". Depuis octobre 1988, "on retrouve toujours en position dominante Nezzar, Belkheir", et c'est l'armée qui assure la continuité du pouvoir algérien, malgré les "changements de façade".

Omar Benderra, ancien dirigeant du Crédit Populaire d'Algérie (banque publique), a estimé que "l'interuption du second tour des élections en 1992 a provoqué l'arrêt du processus économique d'ouverture vers l'extérieur", processus constitué de réformes différentes des "injonctions du FMI". Après quoi, il n'est resté de ces réformes que "la gestion de la dette, puis plus rien", d'où "l'arrêt de la machine économique, l'assèchement des réserves de change et l'appauvrissement des couches populaires les plus fragiles". Pour Benderra, "le système de pouvoir est un système de privilège" dont les responsables allouent "de façon régalienne une partie de la rente économique à leur clientèle". Le témoin constate que "de nouveaux groupes (économiques, comme Khalifa) apparaissent spontanément sans que l'on puisse connaître l'origine de leurs fonds", et estime que "les puissances d'argent ne doivent leur situation qu'à la proximité avec Cesar, le pouvoir militaire, plus exactement une partie du corps dirigeant de l'armée", dont les clans "ont la mainmise sur les réseaux d'affaire". Et ce sont "ceux qui ont confisqué les richesses qui disent vouloir rétablir la démocratie" ? s'interroge Omar Benderra.

A ce témoignage, Khaled Nezzar a rappelé qu'il avait contribué à faire avorter de nombreux projets engagés sous la présidence Chadli, car "ils allaient ruiner le pays", et, en réponse à Benderra qui estimait qu'il était l'un des "cinq ou six généraux qui détienne la réalité du pouvoir", répond qu'il vit aujourd'hui de sa retraite.

Autre témoin de la défense, l'ancien officier algérien Ahmed Chouchene, ex-capitaine des forces spéciale, déclare avoir été torturé pour avoir dénoncé "l'implication de l'armée contre la population civile". Chouchane affirme également avoir reçu l'ordre d'un colonel de l'armée algérienne de "laisser Zitouni tranquille" (Djamel Zitouni était le chef des GIA); ce colonel lui aurait affirmé : Zitouni, "c'est notre homme, c'est avec lui que tu va travailler". Chouchene affirme également que de hauts gradés de l'armée lui ont proposé de collaborer à l'assassinat de responsables islamistes.

Mohammed Samraoui, ancien colonel de la Sécurité Militaire (DRS) a affirmé que le GIA était "la création des services de sécurité" et expliqué que, bien avant l'interruption du processus électoral, en janvier 1992, après la victoire du Front Islamique du Salut au premier tour des élections législatives, l'armée avait "infiltré" les groupes islamistes pour les manipuler, "créer la division" au sein du FIS en "amadouant" ou en "corrompant" certains de ses cadres, puis pour "casser" le Front en attribuant aux islamistes des actions "terroristes" téléguidées par les services spéciaux : "Notre mission était d'empêcher le FIS de parvenir au pouvoir, par tous les moyens". Khaled Nezzar confirme, implicitement : "l'infiltration, les coups de Jarnac, c'est normal. Les assassinats, je n'ai pas la preuve". Mais, ajoute le général, "que le GIA soit une création des services, c'est faux !".

Samraoui a également accusé l'armée d'avoir "arrêté à tort et à travers des gens qui n'avaient rien à voir avec le FIS, rien à voir avec les islamistes, rien à voir avec les actions violentes". "Des Afghans (islamistes algériens ayant combattu en Afghanistan) parmi les plus dangereux n'étaient pas arrêtés, bien que parfaitement repérés, car on avait besoin d'eux". Après quoi, le terrorisme s'étant généralisé, l'armée s'est mis à "combattre le terrorisme avec les méthodes du terrorisme" : la torture, les exécutions extrajudiciaires, les enlèvements, "méthode de travail ordonnée par Smaïn Lamari".

Dans un entretien accordé à "Algeria-Interface", Mohamed Samraoui précise ne pas être membre du MAOL (Mouvement algérien des officiers libres) et ne pas être d'accord avec certaines méthodes du MAOL ("notamment le fait de publier certains noms ou des organigrammes"), mais partager son combat "comme celui de toute organisation, parti ou mouvement qui lutte pour l'édification d'un Etat de droit". Samraoui révèle avoir refusé de participer "à un coup monté (par la Sécurité Militaire) contre l'ancien président Ahmed Ben Bella", pour "déstabiliser le gouvernement Hamrouche" en 1990, et s'être opposé à l'assassinat, envisagé par le SM, de dirigeants du FIS en Allemagne, Rabah Kébir et Abdelkader Sahraoui : "J'ai mis en garde le général Smaïn Lamari qui était mon supérieur sur le danger d'une telle opération. J'ai été mis à l'écart. J'ai conservé toutes les preuves". Sur la présence au procès d'anciens responsables politiques (Sid Ahmed Ghozali, Ali Haroun, Kamel Rezzag-Bara, Leïla Aslaoui", Samraoui résume : le pouvoir algérien "a besoin d'une façade civile. (...) Aujourd'hui, il faut qu'ils se mobilisent derrière Nezzar, ce n'est pas leur faute". Nezzar lui-même a peut-être été, par ses pairs, "poussé à se sacrifier". Samraoui répète que "certains groupes islamistes ont été infiltrés, d'autres manipulés, et certains ont été créée" par les "services" algériens, jusqu^'au jour où "les responsables de cette manipulation n'ont plus maîtrisé la situation", et où "on ne savait plus si un groupe armé appartenait à un officier ou à un autre, ce qui a créé une confusion", encore aggravée par la création des milices, qui a amené à des "réglements de compte". L'ancien responsable du DRS précise : "Les islamistes du MIA" (Mouvement islamique armé, créé dans les années 80) "ont été approchés en 1989, alors qu'ils étaient en prison. On a négocié leur libération. (...) On voulait contrôler leurs activités. (...) On a même créé des 'émirs'". Sur les massacres de 1997 et 1998, Samraoui déclare que "s'ils n'ont pas été commis par certaines sphères du pouvoir, c'est donc qu'il y a eu carence : dans un cas comme dans l'autre, la responsabilité du pouvoir ou des décideurs est entière". Samraoui affirme cependant que dans le cas du massacre de Bentalha, "il y a une complicité active de certaines sphères de l'ANP", et que des hélicoptères militaires "équipés de matériel de vision nocturne survolaient Bentalha la nuit du drame".

Cités par Nezzar, plusieurs représentants de familles des victimes du terrorisme, et des victimes directes du terrorisme, dont deux soeurs, enlevées, séquestrées et violées par un groupe armé sont venues à la barre démentir les accusations portées par Souaïdia (ou Nesrollah Yous) contre l'armée. Des habitants de Bentalha ont assuré que les auteurs du massacre de 1997 étaient bien des islamistes armés.

Hadj Haci Atikan raconte comment son père a été égorgé en plein jour sur la place de son village par des membres d'un groupe armé, qui l'ont ensuite enlevée avec sa soeur, l'on conduite au maquis, les ont violées et les ont transformées en esclaves. Les deux soeurs ont réussi à prendre la fuite, et ont été prise en charge par des militaires.

Mohammed Dahou, a raconté les tortures subies par son fils, enlevé par "trois terroristes" à Lakhdaria en automne 1994 : "Le l'ai retrouvé le lendemain : ils l'avaient égorgé et jeté sur la place du centre ville". Les coupables, il affirme les connaître : "l'un et toujours au maquis et les deux autres ont bénéficié de la loi sur la 'concorde civile'. Je les croise tous les matins lorsque je me rends à mon travail".

Samir Menguellati, rescapé du massacre de Bentalha (23 septembre 1997, près de 400 morts), contacté par une organisation des victimes du terrorisme pour témoigner en faveur de Nezzar, raconte le massacre, et dément le témoignage d'un autre rescapé Nesroullah Yous, qui incrimine la passivité, et évoquait l'hypothèse de la complicité, des forces de sécurité. Hamid Bouamra, également rescapé du massacre, confirme la version de Menguellati, et affirme avoir reconnu les massacreurs : "des enfants du quartier".

Nata Chaouche raconte que ses trois fils et son beau-fils ont été égorgés ou tués par balles à Sidi Moussa "par des voisins qui étaient allés à l'école avec eux"

Toujours cité par Nezzar, l'ancien président de l'Observatoire national des droits de l'homme (organisme officiel), Kamel Rezzag Bara, n'a pas nié l'existence de bavures ou de "dépassements" du fait des forces de sécurité, mais a déclaré que la question des "disparus" était devenue un "fonds de commerce" de l'opposition, et a affirmé que de nombreux "disparus" étaient en réalité des "terroristes" décédés ou encore dans les maquis.

Des victimes des exactions des forces de sécurité ont également témoigné, à l'appel de la défense :

Abderahmane Mosbah, ancien étudiant à l'Institut d'études islamiques d'Alger, a raconté les quarante jours passés à être torturé par onze hommes dans les locaux de la gendarmerie d'Alger, où il était quotidiennement forcé à garder au fond de la gorge un chiffon constamment imbibé d'eau ("On vous le met dans la bouche et on verse de l'eau. J'étouffait, je me débattais. C'est comme si on coulait. L'eau vous rentre de partout dans les narines, dans la gorge, dans les poumons, jusqu'à l'évanouissement. Au bout d'un moment, je cherchais la mort. Sur ces quarante jours, dix ont quitté la mémoire. (Nezzar) me les doit") et où il a été sodomisé, puis son séjour dans les camps de détention du sud saharien, la chaleur, le froid, la faim, les maladies, les insultes, les coups, les humiliations. "Ces gens là sont nuisibles à l'environnement humain de la planète", a-t-il déclaré en désignant le général Nezzar. A propos de Souaïdia, il déclare : "Il aurait pu être mon tortionnaire, mais lui a eu le courage de dénoncer (...) La seule chose qui me choque, c'est que ce soit Souaïdia qui soit dans le box des accusés et pas le général Nezzar (qui) est venu blanchir ses compères et chercher sa feuille de route pour les dix prochaines années".

- Nacera Dutour raconte son calvaire pour tenter de savoir ce qu'est devenu son fils, "disparu" depuis le 3 janvier 1997. Elle accuse l'armée de l'avoir arrêté en enlevé, et s'adresse à Nezzar : "Savez vous ce que c'est que de ne pas savoir où est votre fils ? Rendez-nous nos enfants, c'est tout ce qu'on demande !"

Cité par la défense de Souaïdia, l'ancien président de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, Patrick Baudoin, a affirmé avoir recueilli en Algérie "des dizaines et des dizaines de témoignages concordants" sur des arrestations arbitraires et la pratique de la torture, et a réfuté l'assimilation faite de ceux qui dénoncent ces pratiques à des alliés des islamistes : "On a l'impression quand on n'est pas dans le camp des généraux (d'être considéré comme étant) dans celui des islamistes. Nous, nous ne sommes dans aucun camp. L'Etat doit respecter le droit". Pour Patrick Baudoin comme pour Mohammed Harbi, "ce n'est pas le président de la République, ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas l'Assemblée générale mais un quarteron de généraux qui détient le pouvoir en Algérie". Pour l'ancien président de la FIDH, l'armée a effectivement tué des civils et les forces de sécurité (armée, police, services spéciaux etc...) se sont rendues coupables d'"arrestations arbitraires en masse", de la mise en place de "camps d'internement plus ou moins secrets", d'une "pratique systématique de la torture" et d'"exécutions extra-judiciaires".

Sur l'interruption du processus électoral, Nezzar affirme qu'elle était voulue "par la majorité de l'opinion publique", que "c'est le peuple algérien qui a demandé l'arrêt du processus électoral, et l'armée n'a fait qu'exécuter", et qu'il s'agissait d'éviter "l'afghanisation de l'Algérie". Nezzar assure n'avoir donné que des directives dignes "d'un Etat de droit" et, en réponse à Hocine Aït Ahmed qui l'accuse d'avoir fomenté un coup d'Etat, affirme avoir "essayé de faire (son) travail le plus honnêtement du monde". Pour ses avocats, "si l'armée n'avait pas combattu le FIS, l'Etat algérien n'existerait plus aujourd'hui".

Cité par Nezzar, l'écrivain Rachid Boudjedra a proclamé son refus d'une dictature militaire, et sa conviction que l'Algérie ne vivait pas sous une telle dictature : "Nous n'avons pas voulu d'une dictature militaire et nous ne l'aurons jamais". Boujedra a assumé le fait d'être descendu dans la rue le 2 janvier 1992, "en tant que républicain et laïc", pour demander l'arrêt du processus électoral, et d'avoir été pendant trois mois le conseiller de Redha Malek, alors ministre de la Communication.

Citée par Souaïdia, José Garçon, journaliste à "Libération" et spécialiste de l'Algérie, a affirmé que "70 % des massacres" attribués aux GIA ou revendiqués par eux ont été commis à l'instigation des services secrets algériens.

Les plaidoiries ont ensuite tenté de résumer cinq jours de procès :

Pour les avocats de Nezzar, la plainte déposée par celui-ci l'a été "pour répondre à tous les commentaire et jugements de valeur", et sanctionner les "attaques personnelles" dont Nezzar, "traité de criminel, traître, corrupteur" a fait l'objet de la part de Souaïdia, "officier félon", "amer" et "manipulé". Pour Me Fathouat, "il existe un petit groupe de Français instruits et orientés par le FFS autour duquel se catalyse l'opposition algérienne à l'extérieur", et dont Habib Souaïdia est "un instrument". "L'arrivée de M. Aït Ahmed (au tribunal, comme témoin de la défense), c'est la levée des masques", assure l'avocat. Pour lui, Souaïdia sert à légitimer les témoignages d'anciens islamistes, à les dédouaner les terroristes et à discréditer le pouvoir en place. L'avocat relève que "le général Nezzar avait le pouvoir à portée de main (mais) n'en a pas voulu parce qu'il aimait son pays" et affirme que "Si ce procès avait été fait en Algérie, on nous aurait dit qu'on voulait indimider ceux qui soutient le Front des Forces Socialistes". Pour Me Farthouat, "le général Nezzar est un homme qui a le sens de l'honneur. Il est sincère, loyal. C'est un militaire, un homme de terrain avec son franc-parler et ses maladresses, pas un politicien".

Second avocat de Nezzar, Me Gomy accuse Souaïdia d'avoir voulu "se venger de sa hérarchie" et d'être un "mythomane venu en France pour régler ses comptes"; il accuse l'éditeur de Souaïdia, François Gèze, d'être "un manipulateur qui anime cette opération". La partie civile avait d'ailleurs fait citer le journaliste algérien Mohamed Sifaoui, auteur d'une première version du témoignage de Souaïdia, version refusée par l'éditeur (La Découverte) et par Souaïdia. Sifaoui a accusé l'éditeur, François Gèze, de "manipulation" et d'avoir atténué dans le témoignage de Souaïdia les accusations contre les islamistes, pour renforcer celles contre les militaires.

Pour les avocats de Habib Souaïdia, "le général Nezzar n'est pas le sauveur de l'Algérie, comme il le dit, mais il en est le destructeur. On ne peut pas louer un faux sauveur, quelqu'un qui a mené la société dans le chaos". Les avocats récusent l'accusation de diffamation, s'agissant notamment de propos oraux, tenus en direct à la télévision, et plaident la liberté d'expression. Les avocats de Souaïdia se félicitent de l'imprudence de Nezzar : "grâce au général, des gens ont été entendus, une fenêtre s'est ouverte" et le "masque de la légalité" affiché par le régime algérien "est tombé". Me Bourdon a estimé que Nezzar était le "mandataire du quarteron de généraux au pouvoir à Alger", qu'il avait amené "le cauchemar" sur l'Algérie, y avait "saccagé les libertés publiques", et que si quelqu'un est diffamateur dans ce procès, "c'est le général Nezzar. Il a diffamé le peuple algérien et l'humanité".

Au terme de ce "grand déballage" sur la "deuxième guerre d'Algérie", les propos de Habib Souaïdia qui faisaient l'objet de la plainte du général Nezzar sont totalement passés au second plan, ce qui a conduit la substitut du procureur, Béatrice Angelli, a ne requérir aucune peine contre Souaïdia, en estimant que "nous sommes dans un débat d'idées, indispensable au caractère démocratique de notre société", que "la liberté d'expression dont rester le principe" et que "L'Histoire jugera" -l'histoire, mais non un tribunal, français de surcroît. "Vous avez en face de vous deux thèses, deux vérités", a résumé la procureure en rappelant au tribunal qu'il ne lui appartenait pas de juger "l'histoire contemporaine" de l'Algérie, mais "des propos tenus à un moment donné et dans un contexte donné". Elle a reconnu la bonne foi de Souaïdia : "Nous n'avons pas affaire à un journaliste. Nous sommes ici en face d'un homme qui témoigne, d'un militaire qui témoigne à visage découvert", qui peut "s'affranchir du devoir de prudence auquel est tenu un journaliste", et dont le témoignage, au surplus, n'est pas "isolé", et dont les propos oraux se situent dans la droite ligne de son témoignage précédent, écrit et publié depuis plusieurs mois ("La Sale Guerre") contre lequel aucune plainte n'a été déposée.

La presse algérienne suit ce procès avec une attention soutenue (plus d'ailleurs que la presse française), prenant parti plus ou moins explicitement pour Nezzar contre Souaïdia (avec cependant d'assez considérables nuances selon les titres, la plupart des quotidiens relatant de manière assez objective et complète les débats, quoique en privilégieant les témoins favorables à Nezzar. "El Moudjahid" s'illustre en revanche par des relations particulièrement orientées, et souvent outrancières, voire injurieuses et désinformatrices). "C'est un véritable procès de l'Algérie qui est en train de se tenir", écrit l'"Expression", pour qui le procès intenté par Nezzar "se transforme peu à peu en procès politique contre l'Etat algérien". "L'Expression" s'en prend à ce sujet aux media français, accusés d'avoir "donné une orientation de mauvais aloi aux débats", mais également à Nezzar lui-même, et à certains de ses témoins (comme Sid Ahmed Ghozali), qui ont eux-même transformé ce procès en un procès fait par l'armée (ou l'Algérie toute entière) à ses détracteurs. C'est d'ailleurs Nezzar qui a affirmé avoir déposé plainte "au nom de l'armée, du peuple et du pays" (alors que, rappelle le quotidien, ni l'une ni les autres ne l'ont mandaté pour cela). Quant à Ghozali, l'"Expression" lui reproche d'avoir "contribué à enfoncer les débats plus encore dans (des) sentiers particulièrement dangereux et glissants" en se lançant dans une justification de l'interruption du processus électoral en 1992, "une aubaine pour les médias proches des thèses des socialistes et des ONG particulièrement hostiles à l'Etat algérien". Le quotidien gouvernemental algérien "El Moudjahid", qui accuse les avocats de Souaïdia de vouloir "procéder à une autopsie de l'Etat algérien" pour "aboutir coûte que coûte à la désignation du commandement militaire algérien comme étant le véritable responsable de la décennie rouge", est d'un autre avis : il estime que Ghozali "n'a pas succombé au discours partisan". "Le Matin" observe en revanche que le procès "transforme la plainte déposée contre Souaïdia par Khaled Nezzar en prétexte juridique pour devenir le procès de tous les acteurs des décideurs algériens avant, pendant et après le processus électoral de 1991". "Le Quotidien d'Oran" trouve "affligeante" la symbolique d'un procès opposant "un vieillard bardé de gloriole" à un "homme qui aurait pu être son fils", d'autant plus que ce procès se déroule "dans la capitale de l'ancienne puissance coloniale". Pour le "Quotidien d'Oran", "le procès de Paris est la parfaite illustration du déni de l'autre qui a poussé des Algériens à s'entre-égorger dans un délire d'irresponsabilité que personne ne veut assumer". Pour "La Tribune", "c'est un véritable déballage médiatique au sujet d'une crise algéro-algérienne" que la plainte de Nezzar a provoqué. En Algérie, le chef d'état-major, le général Mohamed Lamari, a néanmoins, mais "à titre personnel", apporté son soutien à Khaled Nezzar, qui "a intenté un procès pour aller au-delà de la seule diffamation". Si Nezzar gagne son procès, "c'est l'Algérie qui en sortira gagnante", a estimé Lamari.

La presse française, il est vrai, et pas seulement la presse de gauche ou supposée telle, a fait du procès intenté par Nezzar "le procès de la Sale Guerre" -pour reprendre le titre du "Parisien", qui résume l'affrontement entre Nezzar et Souaïdia en ces termes : "c'est David contre Goliath" (David étant Souaïdia et Goliath, Nezzar), ou un procès qui fait se retrouver "l'armée algérienne devant la justice française" ("Libération"). Pour Radio France Internationale, "l'armée algérienne défend son honneur en France", et Nezzar veut "un procès politique".

La stratégie de "politisation" du procès a été le fait à la fois de la partie civile (les avocats de Nezzar), qui a elle-même fait citer de nombreux acteurs politiques des quinze dernières années algériennes, que de la défense (les avocats de Souaïdia). Ce choix de la transformation d'un procès en diffamation en un procès politique, avec pour conséquence que Nezzar est devenu l'accusé du procès qu'il avait lui-même intenté, et qui est devenu non seulement son propre procès, mais celui du pouvoir algérien tout entier, a été amèrement commenté en Algérie, ou même des partisans du pouvoir ont reproché à Nezzar de venir "saisir un tribunal français pour trancher un conflit en deux anciens militaires algériens", et de provoquer un "grand déballage politique algéro-algérien" à Paris la semaine même du 40ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie : ce procès "a lavé le linge sale algérien dans une bassine française", résume "L'Expression", pour qui le procès a été une confrontation entre le FFS et Nezzar. "El Moudjahid" est du même avis (et l'exprime sur un ton plus polémique). Pour "Liberté", "deux Algérie s'affrontent dans un tribunal parisien", dont "Le Matin" accuse le juge présidant de "partialité" pour avoir "laisser parler Souaïdia durant plus de quatre heures pour défendre (sa) thèse".

Le 7 juillet, la porte-parole du gouvernement algérien, Khalida Messaoudi, a exprimé "l'étonnement" du gouvernement algérien devant "le choix" par la justice française de la date du 5 juillet, fête de l'indépendance, pour tenir le procès Nezzar-Souaïdia*. Elle a mis en cause les télévisions publiques françaises, "donc représentant le gouvernement français", qu'elle a accusées de mener une campagne médiatique contre l'Algérie en concomitance avec le procès.

* En fait, le procès était prévu au printemps 2002, mais a été reporté à la demande des avocats de Nezzar...

Dans un communiqué daté du 7 juillet, le Conseil de coordination du FIS considère que le procès a fait de Nezzar "la risée du monde". Le bulletin de l'autre tendance du FIS, "El Ribat", estime que "le procès en diffamation que le général-major Khaled Nezzar a intenté au petit sous-lieutenant Habib Souaïdia (...) fait partie de cette stratégie qui consiste à accuser le FIS de tout les crimes", mais que la cour parisienne "n'est pas tombée fort heureusement dans ce piège". Le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres), répondant au chef d'état-major Mohammed Lamari qui avait estimé que le procès intenté par Nezzar allait redorer le blason de l'armée, se demande "quelle fierté peut-il tirer d'un procès qui se tient en dehors de l'Algérie", et rappelle "les principes de non-ingérence, de l'honneur de l'institution militaire qui ont été mis à l'avant à la suite de l'évocation de la commission d'enquête internationale pour répondre à l'interrogation 'qui tue qui ?'". Pour le MAOL, il est évident "que ce n'est pas avec sa 'maigre solde' que Khaled Nezzar a pu se permettre le bouquet d'avocats qu'il a chargé de le défendre".


(L'Expression, Le Matin, El Khabar, Le Soir 11.7) Le procès intenté par le général Nezzar contre Habib Soudïdia et la coïncidence de ce procès avec le 40ème anniversaire de l'indépendance algérienne continue de susciter des commentaires contrastés à Alger. Un certain nombre de ces commentaires mettent en cause la France, lieu (plutôt malgré elle) du procès, et les media français, que "L'Expression" accuse "d'impavidité mensongère" et de faire "déferler" sur l'Algérie des "insanités". Le quotidien reproche d'ailleurs à la télévision algérienne ne pas répondre aux media français et se se complaire dans un "fatras de comptines pour décérébrés" au lieu de réagir.

Pour "Le Matin", le procès intenté par Nezzar "n'a pas eu l'effet escompté" par les détracteurs de l'armée algérienne, ce qui permet à des proches de Nezzar de considérer que ce procès est "une victoire juridique et politique" et que la question "Qui tue qui en Algérie ?" ne se pose plus. Pour le quotidien, cependant, c'est aller un peu vite en besogne, et "la vérité historique est loin d'avoir triomphé" apprès cinq jours de débats : "A partir du moment où un ancien ministre de la Défense, et, de surcroît, membre du HCE, a accepté qu'un tribunal français serce de cadre à un débat algéro-algérien, rien n'interdit désormais le droit à "l'ingérence humanitaire" que le Pouvoir a voulu empêcher", écrit Hassane Zerrouky, pour qui "Khaled Nezzar n'a pas convaincu la justice française du bien-fondé de sa démarche". En éditorial, le directeur du quotidien, Mohameh Benchicou écrit que "les plaintes qu'engageront les généraux contre la presse nationale et contre les auteurs de livres calomnieux n'étoufferont pas la question principale : la responsabilité des militaires dans le déclin national".

Quant à Nezzar lui-même, il a répondu à ceux (notamment la porte-parole du gouvernement, Khalida Messaoudi-Toumi) qui avaient mis en exergue la coïncidence de la date du procès parisien avec le 40ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, qu'il était seul responsable de la fixation de cette date. Dans un communiqué, Nezzar revienent sur le fond politique du procès (en admettant que la plainte pour diffamation n'a été qu'un prétexte à un débat sur ce fond politique), en affirmant que "la cabale contre les généraux algériens a été montée de toute pièce par des Algériens et à partir de l'Algérie ces trois dernières années" (ce qui revient objectivement à démentir les innombrables accusations portées contre la France, le Maroc, l'Internationale socialiste, l'Iran ou l'"Internationale islamiste", et ce qui suggère -par la précision "ces trois dernières années"- une responsabilité du président Bouteflika : "tout a été fait pour que le terrorisme revienne en force. Le peuple algérien se souviendra et un jour il demandera des comptes", ajoute Nezzar, qui s'en prend à la politique de "concorde civile"). Les Algériens coupables de "cabale contre les généraux algériens" Nezzar les désigne : "il s'agit du binôme FFS-FIS et de quelques trotskistes"...

Témoin de Nezzar au procès, Leïla Aslaoui, dans un long texte publié par "Le Soir", précise elle aussi que la coïncidence de la date du procès et de celle de l'indépendance algérienne ne relève d'aucune volonté délibérée. Leïla Sslaoui confirme que la plainte pour diffamation déposée par Nezzar contre Souaïdia n'était qu'un "prétexte" pour une opération de communication en France, et que Habib Souaïdia, qu'elle qualifie de "marionnette instrumentalisée et manipulée", n'était "absolument pas l'enjeu du procès". Cet enjeu était d'affronter devant un tribunal français "l'Internationale socialiste, les organisations humanitaires, les partisans et artisans du contrat de Rome, tous alliés de l'islamisme intégriste". Leïla Aslaoui en profite pour se livrer à quelques attaques personnelles contre Souäidia, José Garçon, Hocine Aït Ahmed, et d'une manière générale les témoins de la défense, et conclut comme Nezzar que le message de l'accusation (celui de Nezzar et de ses témoins) s'adresse "aussi à M. Bouteflika qui a déclaré que l'arrêt du processus électoral fut une violence".

(MAOL 26.8) "J'ai vu les gens changer pour devenir en fin de compte des loques humaines, des machines à tuer, des engins de la mort pour qui la parole du commandement est plus sacrée que la loi divine", déclare le lieutenant colonel Redouane Elgasmi, dans un témoignage publié par le MAOL (Mouvement algérien des officiers libres). "En tant que militaires, si nous avons failli à notre mission, c'est parce que le commandement a failli", poursuit le colonel, qui considère que "les méthodes engagées (dans la lutte contre le terrorisme) étaient pires" que ce qu'il pouvait imaginer, et que la stratégie adoptée a "créé des menaces là où il n'y en (avait) jamais eu". Le colonel Redouane Elgasmi accuse : "la violence a été instrumentalisée", "le GIA reçoit toujours ses ordres des officiers du DRS qui l'ont créé", les "27'000 terroristes dont (le général) Mohamed Lamari parle ne sont pas tombés du ciel, ils ont été expertement constituée et soigneusement entretenus par des cercles occultes", les massacres de Benthalha, Raïs, Beni-Messous "ne sont tout compte fait que le commencement d'un génocide qui n'a rien à envier à celui de Pol Pot". Et de s'en prendre aux généraux : "à force d'impunités cumulées, de crimes impunis et de libertés infinies, ces généraux ont fini par croire qu'ils sont incontestablement au-dessus de la loi (et) que nous-même, officiers, sommes à leurs ordres tels des chiens aux pieds de leurs maîtres". Pour Redouane Elgasmi. "le 'terrorisme' ne disparaîtra que lorsque les généraux responsables de cette catastrophe seront bannis de l'ANP".

(Quotidien d'Oran 22.9) Après le général Nezzar portant plainte devant la justice française pour diffamation à l'encontre de Habib Souaïdia, c'est au tour du RCD de faire usage de la justice française, en intentant un procès en diffamation contre Malika Matoub et la Fondation Matoub. Le tribunal de Paris a fixé au 13 mai 2003 la date du procès. Malika Matoub et la Fondation ont accusé le RCD de complicité dans l'assassinat de Lounès Matoub, assassinat attribué officiellement aux groupes islamistes armés. Selon la Fondation, le procès devrait se tenir sans présentation de témoins, et notamment sans la présence de l'un des responsables du RCD mis en cause par la fondation, Noreddine Aït Hamouda. Les déclarations de Malika Matoub, qui font l'objet de la plainte du RCD, ont été faites le 11 mai 2002 sur les ondes de la radio Beur FM, lors d'un débat entre Malika Matoub et le représentant du RCD en Framce, Hend Saïdi. Pour sa part, Malika Matoub a porté plainte conteddine Aït Hamouda, après que celui-ci l'ait accusée, dans les colonnes du journal "Le Régional" du 5 septembre 2002, de "brouiller des pistes imaginables" sur les responsables de l'assassinat de son frère. Aït Hamouda annonce des "révélations" dans un livre "en préparation", écrit par "un ami", livre dans lequel on "dira tout".

(AP 26.9 / AFP 27.9) Le Tribunal correctionnel de Paris a rendu le 27 septembre son verdict dans le procès intenté, en diffamation, par le général Khaled Nezzar contre le lieutenant Habib Souaïdis, auteur de "La Sale Guerre" : Nezzar a été débouté.

Nezzar demandait 15'000 Euros de dommages et intérêts à Souaïdia et son éditeur, pour des propos tenus le 27 mai 2001 sur la chaîne de télévision "La Cinquième". La représentante du ministère public n'avait requis aucune peine contre Souaïdia, au terme du procès tenu début juin à Paris, et avait estimé que "la liberté de parole et de critique" devait être préservée, d'autant que Souaïdia était intervenu "dans un débat d'idées". "Il n'appartient pas au tribunal de se prononcer sur la véracité des thèses soumises à son appréciation, que seule l'Histoire pourra déterminer, ainsi que l'a d'ailleurs déclaré monsieur Nezzar lui même: l'Histoire jugera", écrit le tribunal correctionnel de Paris dans son jugement. Selon le tribunal, "si M. Nezzar a pu à juste titre s'estimer atteint dans son honneur", il doit "pareillement admettre" que des personnes comme Habib Souaïdia "ayant été personnellement impliquées dans ce conflit" puissent "faire part de leur expérience, fût-ce de façon virulente". "Ces considérations conduisent le tribunal à estimer que les déclarations de M. Souaïdia (...) en dépit de leur gravité concernant la personne de M. Nezzar, n'ont pas excédé les limites de la tolérance qui doit être autorisée en la matière et ressorts au cas présent du droit à la liberté d'expression". Habib Souïdia a simplement déclaré au sortir de l'audience: "J'attendais ça!". L'un de ses avocats, Antoine Comte, a de son côté salué une "décision qui est un terrible encouragement et un espoir pour la société algérienne démocratique". Malgré la "gravité de la situation" dans ce pays, la décision du tribunal montre qu'il y a de la "place pour la tolérance", s'est-il réjoui.

Extraits du jugement

          L'ensemble (des éléments), qui ont émergé au fil des
          débats, a tout d'abord mis en lumière le caractère dramatique
          de la situation algérienne depuis près de quinze ans. En
          effet, si les chiffres avancés varient, nul ne conteste
          l'ampleur du nombre de morts et de disparus, et le tribunal,
          en écoutant plusieurs témoins cités de part et d'autre de la
          barre, a pu prendre la mesure, indépendamment de leur
          origine, des souffrances endurées par la population de ce
          pays, victime d'une véritable guerre civile.

          Il est, dès lors, parfaitement légitime que s'instaure un débat,
          a la hauteur de tels événements, quant à la genèse et aux
          responsabilités d'une telle situation. Il doit être pareillement
          admis que l'évocation d'une controverse de cette ampleur,
          compte tenu de l'importance des enjeux, engageant l'avenir
          d'un pays et la vie de sa population, peut justifier des
          positions divergentes, empreintes de passion, voire d'excès.

          Il est constant, en l'espèce, que M. Habib Souaïdia a
          réellement exercé des fonctions d'officier au sein de l'armée
          algérienne et qu'il a nécessairement, à ce titre, participé à la
          lutte engagée dans son pays contre le terrorisme islamiste.

          Il est vrai que les parties sont opposées sur les motifs pour
          lesquels M. Souaïdia a été arrêté, incarcéré et condamné, le
          prévenu dénonçant la volonté de l'armée de mettre fin à
          certaines protestations qu'il commençait à émettre, alors que
          la partie civile affirme que c'est à la suite de faits de vols
          commis dans le cadre de ses fonctions que l'intéressé a été
          poursuivi, sans que les débats, dans le cadre de la présente
          instance, aient permis de trancher cette question.

          Il est encore exact qu'une polémique a existé quant aux
          conditions d'élaboration du témoignage de M. Souaïdia,
          ayant abouti à la publication de son ouvrage, mais il n'en
          demeure pas moins que les seuls propos déférés au tribunal
          sont ceux que le prévenu a tenus dans le cadre de l'émission
          de télévision incriminée.

          Or, il ressort des débats que la thèse soutenue par M.
          Souaïdia, sans avoir été formellement démontrée au terme
          des audiences qui lui ont été consacrées, est cependant
          partagée par d'autres personnes.

          Ainsi, en ce qui concerne le premier passage poursuivi,
          plusieurs témoins, notamment M. Aït-Ahmed, haut
          responsable politique algérien, ou encore M. Samraoui,
          membre d'un service de contre-espionnage, ont abondé dans
          le sens du prévenu quant au rôle de l'année dans les
          événements antérieurs et postérieurs à l'interruption du
          processus électoral et dans les conséquences qui s'en sont
          suivies.

          S'agissant des propos relatifs au départ de M. Nezzar de
          France, alors qu'il devait être entendu par un juge français
          sur les plaintes déposées contre lui, les circonstances
          spécifiques de cet épisode pouvaient légitimement conduire
          le prévenu à estimer, fut-ce à tort, que le plaignant cherchait
          à fuir ses responsabilités, alors, de surcroît, que la partie
          civile elle-même ne conteste que le motif mais non les
          circonstances de ce départ.

          Quant aux termes contenus dans le troisième passage
          poursuivi, le tribunal observe, d'une part, que le qualificatif
          de " déserteur " se réfère a une réalité historique non
          sérieusement contestée par la partie civile et, d'autre part,
          que l'allégation d'enrichissement personnel a été corroborée
          par le point de vue du témoin M. Benderra, ancien haut
          responsable d'un organisme bancaire, auquel il peut être
          reconnu, au minimum, un certain sérieux dans l'expression
          de ses opinions.

          Au vu de l'ensemble de ces éléments, le tribunal relève que,
          si M. Nezzar a pu, à juste titre, s'estimer atteint dans son
          honneur, en ce qu'il a été visé de façon personnelle, et
          pratiquement exclusive, dans les propos tenus par M.
          Souaïdia, alors qu'à l'évidence les responsabilités dénoncées
          doivent être partagées, le plaignant - qui a lui-même pu faire
          connaître ses propres idées dans un ouvrage publié
          postérieurement a celui du prévenu -, doit, pareillement,
          admettre que le caractère particulièrement dramatique de la
          situation algérienne ainsi que les fonctions éminentes
          occupées par lui lors d'événements cruciaux, autorisent des
          sujets comme M. Souaïdia, ayant été personnellement
          impliqués dans ce conflit, à faire part de leur expérience,
          fût-ce d'une façon virulente, quand bien même les idées
          ainsi émises ne correspondraient pas à sa propre
          interprétation des événements.

          En tout état de cause, il n'appartient pas au tribunal de se
          prononcer sur la véracité des thèses soumises à son
          appréciation, que seule l'Histoire pourra déterminer, ainsi
          que l'a d'ailleurs déclaré M. Nezzar lui-même (" L'Histoire
          jugera ").

          Ces considérations conduisent le tribunal à estimer que les
          déclarations de M. Habib Souaïdia, dans les circonstances
          qui viennent d'être définies, et en dépit de leur gravité
          concernant la personne de M. Nezzar, n'ont pas excédé les
          limites de la tolérance qui doit être autorisée en la matière et
          ressortissent au cas présent du droit à la liberté d'expression.

          Il y a lieu, par conséquent, d'accorder au prévenu Souaïdia
          le bénéfice de la bonne foi.

          La bonne foi du directeur de la publication s'appréciant en la
          personne de celui qui a formulé les imputations, le fait
          justificatif de bonne foi appliqué à M. Souaïdia exclut, ce
          faisant, la responsabilité de M. Tessier, lequel sera
          également mis hors de cause.

                              Par ces motifs

          Le tribunal statuant publiquement, en matière
          correctionnelle, en premier ressort et par jugement
          contradictoire, à l'égard d'Habib Souaïdia, prévenu, par
          jugement contradictoire (art. 411 du code de procédure
          pénale) à l'égard de la chaîne de télévision La Cinquième,
          civilement responsable, par jugement contradictoire à l'égard
          de Khaled Nezzar, partie civile, et après en avoir délibéré
          conformément à la loi ;

          En la forme

          REJETTE les exceptions de nullité soulevées ;

          Au fond

          CONSTATE l'extinction de l'action publique par voie
          d'amnistie, en application des dispositions de l'article 2-3e de
          la loi du 6 août 2002 ;

          Statuant sur l'action civile,

          DIT que les éléments constitutifs du délit de diffamation ne
          sont pas réunis ;

          DÉBOUTE la partie civile de l'ensemble de ses demandes.

Les Editions La Découverte ont fait prendre en sténotypie l'intégralité des débats du procès. Elles les publieront dans un livre intituté "Le procès de la sale guerre", qui sera mis en vente en librairie le 24 octobre 2002.

(AFP 9.10) Le général Nezzar a fait savoir par ses avocats, le 9 octobre, qu'il renonçait à faire appel du jugement qui le déboutait de sa plainte en diffamation contre Habib Souaïdia. Les avocats ont expliqué que le général estimait avoir atteint "le double objectif" qu'il poursuivait : la reconnaissance du caractère "diffamatoire et inexact" des propos de Souaïdia (en déboutant Nezzar, le tribunal a cependant estimé que la diffamation n'était pas constituée, et a expliqué qu'il ne lui était pas possible de juger du caractère "exact" ou "inexact" des propos de Souaïdia...), et l'illustration par des "victimes et témoins des événements qui se sont déroulés ces dix dernières années en Algérie". Sur ce dernier point, le procès Nezzar-Souaïdia a effectivement permis un débat entre les tenants de thèses contradictoires, mais Nezzar, ses témoins et ses avocats sont à peu près seuls à considérer que le procès a confirmé leur propre thèse.

(Les Inrockuptibles 30.10 / Le Monde 31.10 / Libération 1.11) Le lundi 4 novembre devait être diffusé sur la chaîne française Canal+ une enquête réalisé par Romain Icard et Jean-Baptise Rivoire, sous le titre "Attentats à Paris, enquête sur les commanditaires", et qui revient sur la thèse de la manipulation des islamistes armés auteurs des attentats parisiens de 1995 (mais également de l'assassinat de Français en Algérie en 1994 et 1996 et du détournement d'un avion d'Air France en 1994) par les services spéciaux algériens.

Selon les auteurs de l'enquête, les GIA étaient (et sont toujours ?) subordonnés à à une partie de l'armée. Leur thèse est celle du recrutement de Djamel Zitouni, chef des GIA, par la DRS, pour en faire d'abord un informateur, l'utiliser ensuite pour éliminer les chefs "historiques" de l'islamisme armé algérien et les remplacer par des hommes manipulés par les "services", et enfin pour lancer les GIA dans des massacres barbares de civils dans des régions favorables au Front islamique du Salut. Djamel Zitouni, encadré par des membres des services spéciaux algériens, auraient également été utilisé pour mener des actions terroristes contre la France, afin de contraindre celle-ci à poursuivre son soutien au pouvoir algérien.

Plusieurs anciens responsables des "services" algériens s'expriment dans le documentaire, à visage découvert (sauf un), et tous abondent dans le sens d'une manipulation des GIA par les services algériens, ajoutant que les services français le savaient. Le capitaine Samraoui affirme que Djamel Zitouni, vu en juillet 1994 dans les locaux de la Sécurité Militaire (DRS) algérienne était "un agent qui recevait des instructions de la part de nos chefs"; le capotaine Chouchène déclare que le chef de la DRS, le général Aberrahmane, et son adjoint, le colonel Tartag Bachir, lui ont demandé de "travailler avec Zitouni". Des Français témoignent dans le même sens : un agent des Renseignements Généraux, Jean Lebeschu, estime que l'organisateur présumé des attentats de Paris en 1995, Ali Touchent, abattu par les services algériens en mai 1997, était "très certainement un agent" de ceux-ci (la mort de Touchent n'a d'ailleurs été annoncée par les autorités algériennes aux autorités françaises qu'avec neuf mois de retard, et pendant deux ans, non seulement Touchent a échappé avec une facilité déconcertante aux recherches dont il était supposé faire l'objet en France et en Belgique, mais il avait fini par se "réfugier" là où logiquement il était le plus menacé : en Algérie, à Alger même, et dans une zone particulièrement sécurisée, près de la caserne de Châteauneuf et dans uns cité habitée par des policiers...). Jean Lebeschu ajoute que les RG français étaient informés par leurs collègues algériens de l'imminence de chaque attentat. L'ancien chef du service central de lutte contre le terrorisme, Alain Marsaud, ne réfute pas cette hypothèse et déclare que "Le terrorisme d'Etat (...) utilise des organisations écrans" et qu'il est "probable" que le GIA en était une "aux mains des services algériens (...) pour prendre la France en otage". "Plus on avance dans les réseaux Khelkal (réseaux GIA en France) et plus on trouve des Algériens des services officiels", déclare Alain Marsaud.

Le procès, fin octobre à Paris, des auteurs présumés des attentats de l'été 1995 à Paris, Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, avait déjà été l'occasion pour les avocats des accusés de rappeler que nombre de dirigeants politiques, de magistrats et de policiers français s'interrogeaient déjà à l'époque sur les "vrais commanditaires" de ces actions. Lors d'un déjeûner avec des journalistes, le 15 septembre 1995, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Jean-Louis Debré, avait accusé "la Sécurité militaire algérienne" d'avoir "tenté d'orienter les policiers français sur de fausses pistes pour qu'on élimine des gens qui les gênent" (déclaration "off the record", immédiatement démentie par son auteur lorsqu'elle fit l'objet de confidences de journalistes).

(Les Inrockuptibles 30.10 / Le Matin 2.11 / Journal du Dimanche 3.11 / Canal+, Libération 4.11 / Reuters 5.11 / L'Actualité 6.11) Les deux Algériens condamnés à la perpétuité le 30 octobre pour des attentats à la bombe commis en 1995 à Paris et revendiqués par les GIA, Boualem Bensaïd et Smaïn Ali Belkacem, ont fait appel de ce jugement et seront donc rejugés, fin 2003 début 2004, par un Cour d'Assises spéciale. Les deux hommes niaient les faits, mais ont été condamnés à la peine maximale.

Le 4 novembre*, la chaîne privée française Canal+ a diffusé le documentaire de Jean-Baptise Rivoire et Romain Icard, portant sur les attentats commis en France (ou en Algérie, contre des Français) et attribués aux islamistes algériens, documentaire dénonçant l'implication des "services" algériens dans ces attentats, en particulier ceux de Paris en 1995, pour lesquels Bensaïd et Belkacem ont été condamnés. Le documentaire affirme que Djamel Zitouni, alors chef des GIA, était manipulé par la Sécurité Militaire algérienne (DRS), et que les attentats anti-français avaient pour but de pousser la France à s'engager aux côtés du régime algérien, avec pour le moins la complicité passive des services secrets français, qui selon Rivoire et Icard étaient au courant de l'implication de leurs homologues algériens dans les attentats.

Le documentaire accumule les témoignages d'ex-officiers algériens (le colonel Samraoui, le capitaine Chouchène, le capitaine Ouguenoune, le colonel Ali, du MAOL), de l'ancien diplomate algérien Mohamed Larbi Zitout, de l'universitaire Abbas Aroua, et de responsables antiterroristes français (Alain Marsaud, Jean Lebeschu). Pour Samraoui, Djamel Zitouni ("recruté dans un camp au Sahara", selon Ouguenoune), était un agent de la DRS et recevait ses ordres des chefs des services spéciaux algériens. Chouchène confirme et affirme que le général Abderrahmane et le colonel Tartag lui ont demandé de "seconder Zitouni, notre homme, dans les maquis". Pour ces ex-officiers, la DRS poursuivait trois buts : abattre les dirigeants et les cadres du FIS (et, après en avoir éliminé les chefs, prendre le contrôle du GIA : "On m'a demandé de liquider les chefs islamistes qui avaient pris le maquis. Je pensais qu'on me demanderait de liquider aussi Zitouni. Mais on m'a dit : 'laisse Ziutouni tranquille. C'est notre homme, c'est avec lui que tu vas travailler", témoigne Ahmed Chouchène), terroriser la population et faire apparaître (notamment à la France) le régime comme l'ultime rempart contre la barbarie islamiste. Accessoirement, il s'agissait aussi, après la signature du "Contrat de Rome", de discréditer toute idée de réintégration des islamistes dans le jeu politique.

Pour Alain Marsaud, ancien responsable français de la lutte antiterroriste, "le GIA a été utilisé (par des "services officiels" algériens) comme "organisation écran pour porter le feu en France". Pour Jean Lebeschu, l'organisateur présumé des attentats de 1995, Ali Touchent, était "un agent" des services algériens.

A l'inverse de la thèse défendue par le documentaire, Hichem Aboud, ancien officier des serbices secrets algériens, et ancien collaborateur du général Betchine, dénonce sur son site internet ("Agir pour l'Algérie") la "manipulation de bas étage" dont les journalistes de Canal+ se sont selon lui rendus coupables. Il les accuse notamment d'avoir inséré dans leur documentaire une intervention de sa part, dont il avait demandé le retrait. Selon l'ancien officier, le documentaire de Canal+ "s'attaque à l'armée algérienne en tant qu'institution républicaine. C'est une insulte à l'Algérie". Hichem Aboud accuse les intervenants du documentaire de n'avoir pour "seul souci" que celui de "libérer leur conscience des crimes commis contre le peuple algérien et (auxquels) ils ont pris une part importante", et d'avoir "déserté (l'armée) une fois leurs privilèges remis en cause".

(Libération 23.12 / Le Temps, Le Monde, Libération, AP, FIS, Le Matin 24.12 / AFP, L'Expression, Le Matin 25.12 / El Moudjahid 26.12) Détenu depuis deux ans dans la prison pour immigrants de Bangkok, en Thaïlande, Abdelkader Tigha, ancien agent du DRS (Sécurité Militaire) accuse les "services" algériens d'être directement responsables du massacre des sept moines français du monastère de Tibhirine, en juin 1996.

Abdelkader Tigha a été chef de brigade au CTRI de Blida de 1993 à 1997 (le CTRI est chargé "d'identifier, de localiser et d'évaluer le degré d'implication" des sympathisants présumés des GIA, et une partie du travail de Tigha aurait, de son propre aveu, consister à superviser l'infiltration des GIA par des agents des "services". Fin 1996, Tigha est chargé d'établir un rapport sur la disparition de deux sympathisants des GIA (des professeurs). Son rapport implique la police judiciaire militaire, et déplaît. Muté à Alger, sommé de rendre son arme de service, accusé d'accointances avec les islamistes, Tigha se résoud à quitter l'Algérie avant d'être éliminé. En décembre 1999, il passe en Tunisie, puis en Libye, puis en Syrie, où il contacte l'ambassade de France, à qui il dit qu'il est "prêt à aider la France contre le terrorisme en échange d'une protection et d'un asile politique en Europe". Les Français le font passer en Thaïlande avec un visa touristique. Il arrive à Bangkok en janvier 2000, et y est logé par l'ambassade de France. Trois agents de la DGSE (services français d'espionnage) viennent l'interroger, à trois reprises, sur les réseaux du DRS et des GIA en Europe, et sur l'affaire des moines, sur laquelle ils veulent des détails. Tigha insiste pour avoir des garanties sur son asile politique. Les Français répondent que celui-ci est impossible en France car "cela créerait des problèmes avec Alger", et lui proposent en échange des informations, "une grosse somme et tu te débrouilles". Tigha rompt alors les discussions. Aujourd'hui il déclare : "Je me sens trahi par la France". A l'expiration de son visa touristique, il est arrêté par la police thaïlandaise et incarcéré au Centre de détention de l'immigration de Bangkok. Il y est toujours, avec un millier d'autres personnes qui, une fois libérées, devront soit rentrer dans leur pays d'origine, soit obtenir du Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU un statut de réfugié politique leur permettant de trouver asile dans un pays tiers. Mais ce statut est refusé à ceux qui pourraient être impliqué dans des crimes contre l'humanité, or Tigha a travaillé pour des services algériens précisément accusés de commettre de tels crimes. En Algérie, il risque la disparition, la mort ou la torture. La France lui refuse l'asile, ce que dénonce l'ancien président de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, Patrick Baudoin. L'Algérie, elle, le surveille à distance.

Tigha travaillait, à l'époque des faits, au Centre territorial de recherche et d'investigation (CTRI) de Blida. Une dizaine de moines trappistes français sont restés à Tibhirine. Le frère Luc tient le seul dispensaire médical de la région, et soigne tout le monde, membres des groupes armés compris. Le monastère, qui domine toute la région, est un poste d'observation remarquable, et ses occupants sont les seuls témoins extérieurs au conflit entre les groupes armés, les forces de sécurité, la population et les groupes armés entre eux.

Selon Tigha, le massacre des moines, après leur enlèvement, serait la conséquence d'une opération particulièrement tordue, qui a mal tourné : les "services" algériens voulaient "intoxiquer" l'opinion internationale, et tout particulièrement l'opinion et les dirigeants français, en faisant enlever les moines par un GIA dirigé par Djamel Zitouni, lequel était un agent double (travaillant pour les "services" algériens". Le GIA de Zitouni devait enlever les moines, mais pas les tuer. Leur massacre aurait été le résultat d'une lutte interne entre "émirs" locaux des GIA et n'aurait pas été souhaité par le DRS, qui ne cherchait qu'à susciter un renforcement du soutien de la France au pouvoir d'Alger face à la "barbarie islamiste".

Tigha décrit certaines scènes dont il a été le témoin direct : dans le courant du mois de mai 1996, une rencontre au CTRI de Blida entre le général Smaïn Lamari (numéro 2 du DRS à l'époque), le colonel Djebar M'Henna (chef du CTRI) et Mouloud Azzout, bras droit de Djamel Zitouni, "émir national" des GIA. Le colonel M'henna Djebar ordonne une alerte "premier degré", qui interdit à quiconque de quitter son poste, et fait remplacer les gardes et la sentinelle par des sous-officiers. Deux camionnettes banalisées utilisées pour les opérations d'arrestation sont préparées. Un collègue de Tigha lui dit que ses occupants, des éléments du Groupe d'intervention spéciale (unité antiterroriste) et de la police judiciaire, partent pour une "mission spéciale" à Médéa. Deux jours plus tard, la camionnette et ses occupants rentrent à la caserne. Tigha n'en voit pas les occupants, croit dans un premier temps qu'il s'agit notamment de "terroristes" capturés mais affirme avoir appris que les sept moines, enlevés au monastère, en font partie, vivants, et qu'ils ont été interrogés à Blida par Azzout. Il assiste ensuite, directement, aux auditions de Mouloud Azzout par le DRS, et il est chargé de demander à Azzout des informations sur plusieurs enquêtes dont il est chargé. Azzout parle alors librement de la présence des moines dans le bâtiment voisin, et de l'opération en cours. Les moines ont ensuite été transférés sur les hauteurs de Blida, puis au poste de commandement de Djamel Zitouni, à Tala Acha, Azzout maintenant le contact avec le CTRI de Blida.

Une autre faction des GIA, dirigée par l'"émir" Hocine Besiou (Abou Mosaab), aurait ensuite forcé les auteurs de l'enlèvement des moines à les leur livrer. Les moines auraient alors été remis par le GIA de Zitouni au GIA de Besiou dans le maquis de Bouguara, où ils auraient été exécutés, et décapités, après qu'une tentative de négociation avec la France ait échoué. En France, les autorités politiques se sont heurtées au mutisme de autorités algériennes. Deux émissaires français sont envoyée en Algérie, où l'ambassade de France a reçu une proposition de négociationn des GIA (accompagnée d'une cassette enregistrée des moines). Les autorités algériennes expriment leur hostilité à toute négociation, et exigent que Azzout soit l'interlocuteur des Français (alors qu'il ne détient plus les otages). Le 21 mai 1996, un communiqué des GIA annonce la mort des otages : "Le président français et son ministre des Affaires étrangères ont déclaré qu'ils ne négocieraient pas avec les GIA, tranchant ainsi le fil du dialogue. Et nous avons de notre côté tranché la gorge des sept moines". Le 30 mai, les têtes des sept moines sont retrouvées, certaines accrochées à des arbres.

Entretemps, Azzout est retourné à Blida pour s'expliquer auprès du DRS sur le "transfert" des otages d'un GIA à l'autre, après quoi il disparaît de la circulation. Quant à Zitouni, il explique à son propre groupe qu'il a du céder ses otages à un autre groupe du fait d'une menace de ratissage militaire. Le DRS exige de Zitouni qu'il aille lui-même récupérer les otages à Bougara, mais Zitouni est abattu sur le trajet, dans une embuscade attribuée par Tigha à l'Armée Islamique du Salut (en guerre ouverte avec les GIA à l'époque). La mort de Zitouni sera officiellement attribuée à un affrontement avec l'armée (auteur de l'enlèvement des moines et agent double ayant failli à sa tâche, il aurait pu être abattu en tant que témoin gênant). Tigha résume : "sa neutralisation et la disparition d'Azzout supprimaient toute trace incriminant nos services".

Dans le bilan de ses activités en 1996, le DRS se serait félicité de "l'affaire des moines", car l'objectif d'intoxication des media et de l'opinion publique a été atteint. Le DRS aurait cependant regretté la mort des moines, et l'aurait expliquée par une "erreur involontaire du service".

Enfin, une nouvelle hypothèse, s'ajoutant à celle de Tigha, a été évoquée par "Libération" : celle de la mort des moines "dans le ratissage déclenché par l'armée algérienne, malgré les réticences de Paris, un mois après l'enlèvement". Selon le quotidien parisien, seul l'ambassadeur de France avait assisté à la mise en bière des victimes.

Quelques mois après le massacre des moines, un autre religieux français, l'évêque catholique d'Oran, Pierre Claverie, a été tué dans un attentat à la bombe télécommandée. "L'homme en savait-il trop sur la mort des moines ?", s'interroge "Libération".

Les déclarations de Tigha vont en tous cas dans le même sens que celles faites lors du procés Nezzar-Souaïdia à Paris, en juillet 2002, par le colonel Samraoui, qui avait déclaré devant le tribunal : "Arrivé à un certain point, sincèrement, on ne maîtrisait plus les groupes que l'on avait constitués ou infiltrés. Comme il y avait plusieurs structures de sécurité qui en créaient, on ne savait plus à qui appartenaient ces groupes, si c'était ou non un groupe ami". Pour Samraoui, "le GIA, c'est la création des services de sécurité".

Selon "Libération", la version des faits exprimées par Abdelkader Tigha n'étonne pas "certains responsables gouvernementaux français, passés et présents", et un député de droite, l'ancien juge "antiterroriste" (à l'époque des faits), Alain Marsaud, a demandé au ministre de la Justice l'ouverture d'une information judiciaire "pour faire la vérité" (il avait déjà demandé par deux fois une telle enquête, alors qu'il était juge). Selon Alain Marsaud, les déclarations de Tigha "confirment un certain nombre d'informations recueillies quelques mois après le crime", et données "par des familles des victimes", dont le frère de l'un des moines "qui parlait déjà d'un montage des autorités algériennes". Le député demande l'audition d'Abdelkader Tigha. Un petit parti politique pied-noir (Le Parti pied-noir) a demandé le 24 décembre l'annulation de l'"Année de l'Algérie en France", du fait des "soupçons" portés sur "une partie des autorités algériennes".

En Algérie, elle a cependant été officiellement contestée par l'archevêque d'Alger, Henri Tessier, qui dans le quotidien "Le Matin", déclare ne disposer d'"aucune information nouvelle qui nous permette aujourd'hui d'ajouter foi à la version" de Tigha, et s'en tient à la version donnée par le responsable islamiste Ali Benhadjar. Pour le quotidien gouvernemental "El Moudjahid", ce sont des "cercles" socialistes français qui ont à nouveau lancé, par le témoignage de Tigha une campagne contre l'Algérie : "ces cercles, défaits par les élections (...) tiennent grief au commandement de l'ANP d'être le rempart imprenable contre les visées attentatoires à l'unité de la Nation". "El Moudjahid" accuse les "tenants du 'qui tue qui' (de reprendre) du service au moment où les relations entre Alger et Paris connaissent un réchauffement". Egalement pro-gouvernemental, le quotidien "L'Expression" accuse un "clan au sein de la DGSE" (l'espionnage français) d'avoir monté un "scénario", d'avoir recruté Tigha à Alger avant de le laisser tomber à Bangkok, tout en "gardant en réserve" la "carte" qu'il représente, "jusquâu jour où des laboratoires de la politique fiction décident d'une offensive tous azimuts pour torpiller l'Année de l'Algérie en France", offensive à laquelle concourt "Libération". Quant au "Le Matin", lancé depuis des mois dans une violente campagne éditoriale contre le président Bouteflika, il l'accuse ni plus ni moins d'être "derrière la cabale contre l'armée" : "la campagne de dénigrement des généraux (...) est pilotée à partir d'Alger par le cercle présidentiel" dans la perspective de l'élection présidentielle de 2004, assure l'éditorialiste du quotidien, Mohamed Benchicou. Enfin, le "mouvement associatif actif dans l'humanitaire" (mouvements et domaine humanitaire tels que définis par les autorités algériennes), qui tenait un séminaire au Club des Pins, dénonce dans un communiqué, le 25 décembre, "les manipulations (des) ennemis de l'Algérie", se demande "pourquoi à chaque fois qu'une tentative de rapprochement entre les peuples algérien et français est amorcée, des voix s'élèvent pour perturber cette dynamique et la parasiter", et exprime son soutien "indéfectible" à l'armée et aux forces de sécurité

Quant au FIS, il a, dans un communiqué, exprimé la même thèse que Tigha, en affirmant que les GIA sont une création des "services" algériens, et en rappelant que le FIS avait à l'époque condamné l'assassinat des moines comme un "crime sadique, interdit par le droit islamique et condamné par sa morale", demandé la constitution d'une commission d'enquête, la poursuite judiciaire de "tous ses commanditaires et auteurs" et "mis en garde l'opinion publique contre toute exploitation et manipulation" de ce crime par la "junte militaire", aux fins de "galvaniser les opinions publiques chrétiennes et musulmanes et les dresser contre l'opposition à la dictature militaire en Algérie". Le FIS demande "aux instances judiciaires et pénales internationales compétentes, et en particulier à la justice française, d'ouvrir une enquête" sur le massacre et "se met à la disposition des instances judiciaires", assurant "qu'il n'épargnera aucun effort pour contribuer à établir la vérité sur ce crime ainsi qu'à y faire justice".

(L'Expression 28.12) Dans un entretien accordé à l'AFP le 26 décembre, l'Archevêque d'Alger, Henri Teissier, a réaffirmé la version officielle de l'assassinat des sept moines de Tibehirine, selon laquelle "les sept moines trappistes français du monastère de Tibehirine, près de Médéa, ont été tués par le Groupe islamique armé (GIA" de Djamel Zitouni, et "nous n'avons pas de raisons de remettre en cause ce que nous tenons de témoins et voisins (du monastère). A savoir que les moines ont été éliminés par le GIA de Zitouni". Cette déclaration a été faite en réponse aux déclarations faites au quotidien parisien "Libération" par un ancien officier des "services" algériens, Abdelkadet Tigha, détenu à Bangkok (Thaïlande) pour immigration illégale, et pour qui les moines ont été abattus à la suite d'une opération de provocation montée par ces mêmes services pour forcer la France à être solidaire du régime algérien dans sa lutte contre les groupes islamistes armés.

2003

(Le Monde 24.1) Dans un rapport rédigé à l'intention de son ordre, et publié par "Le Monde", l'ancien "Procureur général" des cisterciens, Armand Veilleux, affirme que les sept moines français de Tibéhirine, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 et assassinés deux mois plus tard, ont été victimes d'une opération montée par les services secrets algériens. "Avant d'affirmer qu'ils ont été tués par des islamistes 'en haine de la foi chrétienne', il est impératif de vérifier la véracité de cette affirmation, écrit le religieux français, qui revient et détaille la succesion des événements : l matin de l'enlèvement, la gendarmerie est prévenue et quelques heures plus tard les recherches commencent. Un mois plus tard, le 26 avril, un communiqué du GIA, signé de l'"émir Abou Abderrahmane Amine" (Djamel Zitouni) est publié à Londres par le quotidien "Al Hayat", qui n'en vérifie cependant ni l'authenticité, ni la prenance. Daté du 18 avril, le communiqué revendique au nom du GIA l'enlèvement des moines et propose de les échanger avec des prisonniers. Le 30 avril, un émissaire des GIA se présente à l'Ambassade de France à Alger. Il y remet une cassette, enregistrée le 20 avril, où l'on peut entendre la voix de tous les moines enlevés, et propose aux Français, au nom de Djamel Zitouni, d'aider celui-ci à libérer les moines. Un mois plus tard, un nouveau communiqué du GIA, à nouveau signé de Zitouni, annonce que les moines ont été exécutés le 21 mai. Les autorités algériennes annonceront ensuite la découverte de leurs corps (en fait, de leurs têtes) le 31 mai.

Armand Veilleux donne ensuite de nouvelles précisions. L'Ambassadeur de France, Michel Levesque, lui avait appris que le convoi des moines et de leurs ravisseueurs avait été localisé, et lui avait affirmé que "les ravisseurs travaillaient pour le compte d'un tiers", à qui ils devaient "livrer" les otages. Enfin, toujours selon Armand Veilleux, le général français Philippe Rondot, de la DST, avait rencontré à Alger le général Lamari, directeur adjoint de la "Sécurité Militaire" (le DRS), et était confiant dans le déouement rapide de l'affaire.

Le "Procureur" des cisterciens exprime des doutes sur l'authenticité des communiqués attribués au GIA de Zitouni, et sur la réalité même de la fonction de Zutouni comme chef du GIA (ou plutôt des GIA) : "comment un vendeur de poulets, sans instruction ni expérience de la guerilla, avait-il pu être propulsé à la tête de tous les groupes islamistes armés ?". Armand Veilleux rappelle que l'"avènement de Zitouni a été suivi de l'élimination de plusieurs émirs et (a) inauguré une dérive des GIA dans la violence aveugle, dont la dimension religieuse n'était qu'une façade". Il rappelle également que plusieurs militaires dissidents affirment que Zitouni était en fait un agent de la Sécurité Militaire, recruté par le colonel Kamel Abderrahmane, chef de la DCSA (une branche du DRS) pour "contrôler les GIA". Pour Armand Veilleux, "Zitouni ne peut pas avoir écrit lui-même les messages du GIA qui portent sa signature (et qui) sont rédigés dans un arabe classique et érudit", langue que Zitouni ne maîtrisait pas. Le communiqué d'avril, adressé à la France et au président Chirac propose l'échange des moines contre "des" prisonniers islamistes détenus en Algérie et en France, mais ne cite qu'un seul nom, celui d'Abdelhak Layaada (l'un des fondateurs des GIA), détenu en Algérie. Les styles des communiqués d'avril et de mai sont en outre très différents, et leur contenu contradictoire : le communiqué 43 (avril) refuse toute négociation, le communiqué 44 (mai) explique que les moines ont été exécutés à cause de l'interruption de négociations. Bref, pour Armand Veilleux, "il est vraisemblable que ces documents, attribués à Zutouni (...) faisaient partie d'une manipulation dont la dimension religieuse n'est rien d'autre qu'un placage maladroit".

Le "Procureur" des cistersiens note l'existence de négociations entre les ravisseurs des moines et la DST (le contre-espionnage français), négociations qui auraient, selon l'un des négociateurs (Jean-Charles Marchiani) auraient été "sabotées" par un service français concurrent, la DGSE (services extérieurs). Il renvoie aux témoignages de l'ancien "émir" des GIA, puis fondateur de la LIDD, qui a déposé les armes en 1997, Ali Benhadjar, et d'un ancien cadre de la Sécurité Militaire, Abdelkader Tigha, en exil depuis fin 1999. Ces témoignages diffèrent sur certains points, mais mettent tous deux en cause les services algériens. Selon Benhadjar, à qui Zitouni aurait demandé en mars 1996 d'enlever les moines, et qui aurait refusé, Zitouni aurait chargé d'autres GIA d'autres régions (Berrouaghia, Ouzera, Bougara et Blida) de l'enlèvement, dans lequel les services algériens seraient impliquls. Tigha, lui, accuse directement la Sécurité Militaire d'avoir organisé l'enlèvement. Après celui-ci, les moines auraient été conduits au centre de la SM de Blida, et interrogés par un membres des GIA, agent de la SM et bras droit de Zizouti, Mouloud Azzout, qui aurait ensuite remis les otages à Zitouni. Un autre responsable des GIA, Hocine Besiou, alias "Abou Mosaâb", aurait exigé de Zitouni qu'il lui remette les moines, l'aurait obtenu et les aurait transférés dans la région de Bougara. La SM aurait alors exigé de Zitouni qu'il récupère les otages, mais Zitouni aurait été abattu en chemin dans une embuscade tendue par l'Armée Islamique du Salut (AIS, branche armée du FIS). Les conditions même de la mort des moines paraissent curieuses à Armand Veilleux, qui fait état de témoignages selon lesquels ils avaient été tués par balles et décapités après leur mort, afin qu'on ne puisse constater l'état de leurs corps, "trop abîmés par les balles et le napalm", car "il y eut à ce moment-là, dans la région où les moines étaient tenus captifs, des interventions militaires massives, avec grand renfort de mortirre et de napalm".

"Je considère le scénario suivant comme le plus vraisemblable", conclut Armand Veilleux : "La présence des moines à Tibéhrine embarrassait singulièrement les chefs militaires, et ils désiraient depuis longtemps leur départ. L'entêtement des moines à rester les agaçait. Le fait que des "frères de la montagnes" (des islamistes armés) venaient se faire soigner par le frère médecin les troublait encore plus. Surtout, quelques mois auparavant, les moines avaient été en quelque sorte contraints de laisser les "frères de la montagne" utiliser leur téléphone pour des appels à l'étranger. (...) Les chefs de la SM ne voulaient sans doute pas (...) éliminer physiquement (les moines) (et les auraient donc) fait enlever par des hommes recrutés par leur agent Zitouni (version Ali Benhadjar) ou directement par des hommes de la SM, qui les ont confiés ensuite à Zitouni (version Tigha). (...) (avec l'intention ) de les faire "libérer par l'armée dans les jours suivants, après publication d'un manifeste islamiste (...). Une fois libérés, on les mettrait dans un avion pour Paris ou bien on les cantonnerait à la nonciature à Alger", c'est-à-dire que dans les deux cas, on s'en débarrassait à Tibéhrine. Mais Zitouni n'ayant pas sur les GIA l'autorité qu'il croyait avoir, voulait avoir ou que la SM pensait qu'il avait, il "s'est fait 'rafler' ses otages, selon Tigha, par un autre chef islamiste", puis s'est fait éliminer par l'AIS en voulant les reprendre. Enfin, le "Procureur" des cisterciens affirme que "les services français ont été très impliqués dans l'affaire", et exigent qu'ils en disent plus.

(Jeune Indépendant 24.4 / L'Expression 27.4) La mère de Matoub Lounès, Nna Aldjia, a affirmé à Amizour que les assassins de son fils seront "connus le 13 mai", à l'issue du procès opposant sa fille Malika et ceux qu'elle désigne comme les responsables de l'assassinat du chanteur kabyle, soit les responsables du RCD Noureddine Aït Hamouda et Saïd Sadi, qui ont déposé plainte contre Malika qui les avaient accusés d'être "derrière l'assassinat" de Matoub.

Dans une conférence tenue à Tizi Ouzou le 26 avril, Nouredine Aït Hamouda a à nouveau réfuté toutes les accusations portées contre lui "par des cercles occultes, pour des visées sournoises".

(Corr) le 13 mai doit se tenir à Paris le procès intenté par deux responsables du RCD, son président Saïd Sadi et Nordine Aït Hamouda (qui a annoncé qu'il serait absent) à la soeur de Matoub Lounès, Malika, qui les avait accusé le 11 mai 2002 dans une émission de "Radio Beur" d'être "derrière l'assassinat" de Matoub, le 25 juin 1998 à Tala Bounane.

Sans attendre que la moindre lumière soit faite sur cet assassinat, plusieurs responsables du RCD (Aït Hamouda, Saïda Sadi, Khalida Messaoudi, Amara Benyounès) avaient, sitôt connue la nouvelle, attribué l'embuscade dans laquelle était tombé Matoub aux GIA (puis à Hassan Hattab). Il faudra attendre quinze jours pour que la gendarmerie fasse sienne cette thèse, sans identifier le "groupe terroriste" accusé. Dans un premier temps, Malika Matoub, mais également l'épouse de Matoub, blessée dans l'embuscade, semblèrent adhérer à la thèse de l'acte terroriste islamiste. Mais assez rapidement, des doutes se sont installés, et les proches du chanteur kabyle n'excluèrent plus un assassinat commis par un groupe manipulé par une frange du pouvoir. La mère et la soeur de Matoub se sont constituées en octobre 1998 partie civile, et Na Aldjia Matoub s'est adressée au président Zéroual pour lui demander de faire toute la lumière sur l'assassinat de son fils. En septembre 1999, le président Bouteflika s'est engagé à ouvrir une véritable enquête sur cet assassinat. Mais en septembre 1999 s'est ouvert un étrange procès, celui d'un homme accusé de faire partie du groupe des assassins, et qui à son tour a accusé ceux qui l'înterrogèrent de l'avoir torturé. Un autre accusé, maintenu en détention secrète pendant plus de sept mois, et disposant d'un alibi pour le moment du meurtre, a également accusé ses interrogateurs de l'avoir torturé pour le faire avouer.

(Liberté 15.5) La soeur de Lounès Matoub, Malika, a demandé et obtenu le renvoi du procès qui lui intentaient, pour diffamation, les responsables du RCD, qu'elle accusait d'être "derrière l'assassinat de Lounès Matoub". Le procès a été renvoyé au 22 janvier 2004. Il n'aurait de toutes manières vraisemblablement pas pu se tenir en raison de la grève quasi-générale des services publics paralysant Paris le 10 mai.

(La Tribune 23.6) "Je ne renoncerai jamais à l'exigence d'une véritable enquête qui fera la lumière sur l'assassinat de Lounès", a déclaré la mère de Lounès Matoub, Nna Aldjia, en inaugurant une semaine de commémoration de l'assassinat du chanteur kabyle, le 25 juin 1998. La Fondation Matoub et la famille de Lounès on réaffirmé leur détermination à connaître la vérité sur son assassinat, ses auteurs et ses commanditaires. "Rien n'est venu nous rassurer quant à l'ouverture de cette enquête", a insisté Nna Aldjia, qui a ajouté que ceux qui ont tué son fils "sont connus. Ils ont même compatu à notre douleur après son assassinat". La Fondation Matoub a décrété le 25 juin "journée de deuil et de recueillement", et des manifestations sont prévues dans toute la Kabylie, mais également à Paris.

(AFP 18.9) Dans une conférence de presse présentant son livre "Chronique des années de sang" (voir bibliographie), Mohammed Samraoui, ancien haut responsable du DRS (Sécurité militaire), qui s'est présenté comme "un opposant résolu de l'islamisme radical", a accusé les "services" algériens d'avoir instrumentalisé les groupes islamistes armés, dès avant la victoire électorale du FIS en 1991. Samraoui, ancien adjoint du Chef du contre-espionnage (DCE), Smaïn Lamari, de 1990 à 1992, puis responsable du DRS en Allemagne (où il a déserté en 1996), affirme que l'ancien "émir" des GIA Djamel Zitouni était "à la solde des généraux" et explique qu'il y a eu en fait "trois GIA : celui des désoeuvrés, des extrémistes, des éléments isolés du FIS; celui issu des anciens prisonniers des camps de sûreté, où étaient infiltrés des agents du DRS; et enfin un GIA créé de toute pièces" par les services. Samraoui accuse également les services français (la DST) et algériens (la DRS) d'avoir passé un "deal" permettant aux Algériens d'avoir des agents en France, infiltrant les groupes islamistes, et renseignant les Français, qui en retour les protégeaient. Ali Touchent, responsable présumé des attentats commis à Paris par les GIA en 1995, aurait été l'un de ces agents algériens connus des services français.

(MAOL 29.9) Dans un communiqué publié sur le site internet du "Mouvement algérien des officiers libres", et signé à la fois du MAOL et de son nom, l'ancien officier des "services" algériens Mohammed Samraoui, qui vient de publier à Paris un livre accusant les "services" d'être au moins co-responsables des tueries commises en Algérie depuis douze ans, et d'avoir infiltré et manipulé les groupes armés islamistes, affirme être "prêt en toute circonstance à assumer (ses) responsabilités, à (en) subir les conséquences et à en répondre devant la justice (algérienne) en (se) confrontant (à ses) anciens chefs", et en comparaissant devant la justice "en séance publique pour confondre les généraux criminels. Mohammed Samraoui demande "l'ouverture d'une information judiciaire ou la création d'une commission d'enquête indépendante et impartiale par les instances judiciaires et politiques du pays". Il demande à pouvoir, avec ses "compagnons officiers", à pouvoir "affronter dans un débat public les bourreaux du peuple algérien".

(AFP 8.10) La Cour d'appel de Paris a confirmé le 8 octobre le jugement du 17 octobre 2001, déboutant l'éditeur du livre "La Sale Guerre" de Habib Souaïdia, de son procès en diffamation contre le journaliste Mohamed Sifaoui, initialement engagé pour co-écrire l'ouvrage avec Habib Souaïdia et dont le travail avait finalement été refusé par l'éditeur.

(AFP 6.11) Le directeur adjoint du contre espionnage français (DST) a affirmé le 6 novembre, devant la Cour d'assises jugeant en appel Boualem Bensaïd, accusé d'avoir participé à trois attentats commis en France en 1995, que le GIA avait voulu "punir la France" d'avoir "aidé le pouvoir algérien". Jean-François Clair a réfuté l'hypothèse d'une implication des services spéciaux algériens dans les attentats commis en France et attribués aux GIA, et a qualifié l'un des défenseurs de cette thèse, l'ancien officier algérien Mohammed Samraoui, de "déserteur".

(El Watan, La Tribune 10.11 / Corr.) La Fondation Matoub et la famille de Matoub Lounès ont interpellé le président Bouteflika le 8 novembre dans une déclaration publique, lui rappelant ses engagements de 2001 de "faire la lumière" sur l'assassinat du chanteur. La mère de Matoub, Aldija, et sa soeur, Malika, réitèrent leur revendication d'une "véritable reconstitution des faits, l'audition des auteurs des déclarations intempestives, une véritable étude balistique, le jugement et la condamnation des auteurs et des commanditaires de l'assassinat". Le tribunal de Tizi Ouzou doit prochainement entendre Hamid et Ahmed Cherbi, poursuivis pour appartenance à groupe terroriste et non-dénonciation de crime, procès qualifié par les proches de Matoub de "casting des élus à l'inculpation". Ahmed Cherbi, remis en liberté provisoire le 2 mars 2003, après plus d'un an de détention, a affirmé avoir été kidnappé, puis torturé par les forces de sécurité. Comme son père, Hamid Cherbi, qui aurait lui aussi été kidnappé et torturé, qui est toujours en détention provisoire, il nie avoir quoi que ce soit à voir avec l'assassinat de Matoub. "Nous n'avons rien à voir ni avec l'islamisme, ni avec le pouvoir", affirme-t-il.

La Fondation Matoub et la famille du chanteur réitèrent par ailleurs leurs accusations contre le RCD ("imposture subie par la Kabylie depuis 1989") et ses responsables (Hend et Saïd Sadi, Nordine Aït Hamouda), accusés d'être responsables ou complices de l'assassinat de Matoub. Pour la Fondation Matoub, "il est désormais établi que la gestion politico-médiatique de l'assassinat a bien été le monopole exclusif" du RCD. A Paris, le 1er décembre et le 22 janvier prochains, devraient se tenir les audiences du procès en diffamation intenté par Hend et Saïd Saadi et Nordine Hamouda.

A Vaulx en Velin, dans la banlieue lyonnaise, une rue Matoub Lounès sera prochainement inaugurée, avec à la clef un concert de Kamel Bouyakoub, une cérémonie officielle en présence des élus de la ville et de Malika Matoub, une exposition de photographies sur le chanteur et une table ronde autour de son combat.

/FIS 22.11) Le Front islamique du salut annonce, sur son site internet, avoir reçu par un fax "d'ument anthtifié" émanant d'un "officier algérien" des informations selon lesquelles le dirigeant du front assassiné le 22 novembre 1999, Abdelkader Hachani, a été assassiné par le DRS (Sécurité militaire), et non, comme la version officielle l'affirme, par un membre du GIA, Fouad Boulemia (lequel, après avoir publiquement avoué, s'était rétracté).

(Le Monde 10.12) Huit ans après l'assassinat de sept religieux français de la communauté de Tibéhirine, des membres de la famille de l'un d'eux, ainsi que le Père Veilleux, l'un des responsables de l'ordre cistercien trappiste auquel ils appartenaient, ont porté plainte et se constitués partie civile, le 9 décembre à Paris, pour "enlèvement", "séquestration" et "assassinat". Les familles expliquent, par la voix de l'un de leur avocat, Patrick Baudoin, qu'elle ont attendu longtemps avant de s'adresser à la justice "parce qu'elles avaient un sentiment d'impuissance face à une affaire opaque qui les dépassait" et qu'elles n'avaient pas étré "encouragées" à le faire par les autorités françaises.

Selon la thèse officielle algérienne, avalisée par les autorités françaises, l'assassinat des moines est une affaire simple : enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 par un groupe islamiste armé commandé par Djamel Zitouni, les sept moines ont été exécutés deux mois plus tard par leurs ravisseurs, et un communiqué de Zitoui revendiquait l'enlèvement et l'exécution. Une autre hypothèse est cependant apparue fin 2002 et début 2003, exprimée notamment par le Père Veilleux dans "Le Monde" du 24 janvier. C'est cette hypothèse qui est, pour l'essentiel, reprise par la plainte déposée à Paris : les religieux, qui avaient accepté de soigner des islamistes, ont été victimes d'un enlèvement organisé par les services spéciaux algériens, et qui aurait mal tourné. Le responsable de l'enlèvement serait bien Djamel Zitouni, mais celui-ci aurait été manipulé par les services algériens depuis 1994, et un autre groupe islamiste armé, non infiltré par les services algériens, aurait réussi à s'approprier ses otages. C'est cet autre groupe qui les aurait ensuite assassiné. Quant à Djamel Zitouni, il aurait été abattu par ses propres hommes en juillet 1996, quatre mois après l'enlèvement des moines.

2004

(AP, Reuters 10.2 / Quotidien d'Oran 11.2) Près de huit ans après les faits, la justice française va enquêter sur l'enlèvement et le massacre en 1996 de sept moines trappistes (cisterciens) français à Tibehirine, acte à l'époque revendiqué par (ou attribué au) GIA de Djamel Zitouni. Le parquet de Paris a choisi une qualification terroriste pour cette enquête, ouverte pour "enlèvements, séquestrations, assassinats et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Cette qualification a très vraisemblablement été retenue sur intervention des "plus hautes autorités judiciaires et diplomatiques françaises", écrit l'agence AP, ce qui suggère des interventions des ministres des Affaires étrangères et de la Justice, Dominique de Villepin et Dominique Perben. L'information, ouverte "contre X", fait suite à la plainte déposée par la famille d'une des victimes et par le "numéro deux" de l'ordre cistercien auquel appartenait les moines. La plainte se fondait sur des témoignages selon lesquels l'enlèvement ne serait pas le fait du GIA de Zitouni, mais des autorités algériennes ou d'éléments islamistes manipulés par elles, Djamel Zitouni étant lui-même un agent double. Quant à l'assassinat des moines, il serait le fait d'un groupe armé incontrôlé ayant "récupéré" les otages. Le président Jacques Chirac avait déclaré le 3 mars 2003, lors d'une visite en Algérie, que cette version n'avait "pour le moment aucune crédibilité juridique". L'avocat des plaignants a exprimé son espoir "qu'en dehors de toute interférence politique ou diplomatique, l'instruction se déroulera avec sérénité afin de recueillir le maximum d'éléments pour parvenir à la vérité", mais en choisissant une qualification terroriste, et en confiant l'enquête à un juge antiterroriste, la justice française semble déjà privilégier la version officielle, attribuant l'enlèvement et l'assassinat des moines au GIA de Zitouni. Cette version a d'ailleurs été endossée par l'archevêché d'Alger.

(Quotidien d'Oran 18.2) Un journaliste français, Didier Contant, qui avait en gagé une enquête approfondie sur l'assassinat des moines de Tibherine est mort dans la nuit du 15 au 16 février, après une chute mortelle dans la cour intérieure de l'immeuble où habitait une amie. Selon les enquêteurs, la thèse du suicide serait la plus probable, mais l'implication du journaliste dans une enquête sur l'assassinat des sept moines de Tibherine par un groupe armé islamiste, après leur enlèvement le 27 mars 1995 par un autre groupe armé, islamiste lui aussi selon la thèse officielle, manipulé par les services spéciaux algériens selon la thèse défendue par des officiers algériens dissidents, suscite force rumeurs -d'autant que l'ouverture récente d'une enquête officielle en France sur cette affaire a été accompagnée de mise en cause des services spéciaux français. Didier Contant s'était rendu à Médéa et avait retrouvé la trace d'un otage enlevé au même moment que les moines. Selon des proches du journalistes, celui avait l'impression "d'avoir mis les pieds dans une affaire" qu'il ne maîtrisait pas, et se sentait "épié et surveillé" à Paris, à son retour d'Algérie.

(France-Soir 25.2) Dans un entretien accordé au quotidien "France Soir", l'ancien officier des services spéciaux algériens Abdelkader Tigha, réfugié aux Pays-Bas, réitère sa version de l'"affaire des moines de Tibéhirine" et se dit prêt à "aider la justice française" à faire la lumière sur cette affaire.

Tigha, en poste en 1996 au Centre territorial de recherche et d'investigation (CTRI) de Blida avec le grande d'adjudant, déclare que "le CTRI était devenu un maquis" qui fournissait et hébergeait, les groupes armés (l'AIS, le GIA, les "patriotes") qui "s'entretuaient avec les munitions fournies par le CTRI". Selon Tigha, le CTRI manipulait directement le GIA de Djamel Zitouni, responsable de l'enlèvement des sept moines de Tibéhirine, et avait "son homme" au sein du GIA, Mouloud Azzout, adjoint de Zitouni.

Tigha précise que "le DRS (Sécurité militaire) ne voulait pas la mort des sept trappistes", mais voulait faire pression sur la France pour la dissuader de soutenir la "plate-forme de Rome" signée en décembre 1995. Les services algériens étaient cependant fort mécontents de l'assistance humanitaire que les moines chrétiens avaient accordée aux "terroristes" islamistes, mais ce ne sont pas, précise Tigha, ces services algériens qui ont tué les moines, mais une phalange du GIA rivale de celle de Zitouni, qui les avaient enlevés. Les religieux auraient, selon Tigha, été amenés au CTRI par le GIA de Zitouni, après quoi l'armée, pour donner "l'impression d'agir contre les terroristes", a bombardé la montagne. Les moines ont ensuite été amenés dans le maquis islamiste, où un "émir" du GIA, Hocine Besiou, dit "Mossaâb", qui lui "n'était pas manipulé par le DRS", les a à son tour enlevé, puis exécuté.

Pour l'avocat des proches des moines, qui ont déposé plainte à Paris, Patrick Baudoin, "Tigha est l'un des témoins importants", mais d'autres témoignages corroboreraient ses dires, et en tous cas infirmeraient la version officielle, comme ceux de l'ancien capitaine Chouchane, de l'ex-colonal Samraoui, de l'ancien "émir" islamiste Belhadjar.

(Jeune Indépendant, Quotidien d'Oran 4.3) dans un entretien au "Figaro", le Premier ministre algérien a écarté toute responsabilité algérienne dans le "terrible drame" de l'assassinat des moines de Tibhirine, à propos de quoi une information judiciaire a été ouverte à Paris sur plainte de proches de plusieurs des moines assassinés. Ahmed Ouyahia n'a pas exclu que les autorités algériennes collaborent avec les enquêteurs français, mais a qualifié de "débat franco-français" la contestation de la version officielle du massacre, selon laquelle les moines ont été assassinés par le GIA. "Les éléments que nous avons recueillis à l'époque ne laissent planer aucun doute sur les auteurs du crime", et les autorités françaises savent "très bien" qui ils sont, a ajouté le Premier ministre algérien.

Toujours à Paris, le général Nezzar, ancien ministre de la Défense, est à nouveau convoqué (pour le 24 mars) par un tribunal, qui a jugé recevable la plainte en diffamation déposée le 7 juillet contre lui par l'ancien officier des services spéciaux Hichem Aboud, que Nezzar avait implicitement (alors que lui-même avait servi dans l'armée française comme sous-officier) d'être d'une famille pro-française pendant la guerre de libération.

(El Watan 18.3) La soeur de Lounès Matoub, Malika, a été condamnée le 12 mars pour diffamation à l'encontre du chef du RCD, Saïd Sadi, et de Nordine Aït Hamouda, qu'elle avait accusé d'être responsables de l'assassinat de Lounès Matoub. Malika Matoub a été condamnée "en l'absence d'offre de preuve et de tout élément (...) susceptible de caractériser (sa) bonne foi", ce qui a conduit le tribunal à ne pas se prononcer sur les accusations portées, mais à "accueillir, en leur principe du moins", les plaintes des parties civiles.

(AFP 26.5) Le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguièe, en charge de l'enquête sur l'assassinat en 1996 des sept moines trappistes de Tibéhirine, est prêt à explorer "toutes les pistes" sur ces assassinats, a déclaré le 25 mai le père Armand Veilleux, "numéro deux" de l'Ordre des cisterciens, et partie civile dans l'affaire (il a, avec plusieurs proches des moines, déposé une plainte en décembre 2003 pour "enlèvement", "s'questration" et "assassinat". Les plaignants soulignent, dans leur plainte, que des témoignages récents laissent supposer que les services spéciaux algériens (le DRS) ont pu jouer un rôle au moins indirect dans l'enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, des moines, dont l'assassinat avait été attribué à un GIA après un communiqué le revendiquant, le 21 mai.

(Quotidien d'Oran 25.7) Neuf personnes, dont une femme, accusées d'être impliquées dans les massacres de population civile commis à Raïs et Bentalha, et qui ont fait des centaines de morts, ont comparu le 24 juillet devant le tribunal criminel d'Alger. D'entre les accusés, on remarque Boulamia Fouad, déjà condamné à la prison à vie pour l'assassinat du leader du FIS Abdelkader Hachani. Les accusés le sont de constitution, organisation et appartenance d'un/à un groupe armé, détention d'armes, homicide volontaire avec préméditation. Le procès a finalement été renvoyé au 1er août.

(L'Expression 8.9) Le président Bouteflika, puis son premier ministre Ouyahia, ont annoncé que l'acceptation de leur projet de charte pour la paix et la réconciliation, soumise à référendum le 29 septembre, entraînera (puisque nul ne doute du résultat du référendum) le démantèlement des milices locales (GLD), opérationnelles depuis 1994 et officialisées en 1997, et devenues pour certaines d'entre elles de véritables petites armées privées dirigées par des "Seigneurs de la guerre", et n'hésitant pas à user des mêmes méthodes que celles des groupes armés islamistes (exécutions sommaires, représailles sur les proches, enlèvements, tortures, viols, "faux barrages"). Certaines milices ont en outre basculé dans la criminalité crapuleuse, d'autres ont été infiltrées et manipulées par les groupes armées qu'elles étaient supposées combattre.

Payés (en principe) entre 7000 et 11'000 dinars, les membres des milices locales se comptaient en milliers, voire en dizaines de milliers (entre 80'000 et 100'000 fin 1998, selon "L'Expression"), si on y ajoute les groupes non officialisés. Ces milices détiendraient encore 80'000 armes de combat (selon "L'Expression").

(Le Soir, Liberté 4.1) Des miliciens locaux ("patriotes") de la Mitidja, rendus au chômage par leur désarmement et la dissolution de leurs milices (GLD), demandent de pouvoir retrouver les emplois qu'ils avaient quitté au moment de s'engager dans la milice. Plusieurs d'entre eux ont été alors licenciés pour "abandon de poste", et leurs anciens employeurs refusent de les réembaucher. Dans la wilaya de Jijel, les miliciens locaux (GLD) de Chefka se sont adressés au président Bouteflika pour demander leur réintégration dans les emplois qu'ils avaient quitté au moment de prendre les armes, et pour demander également la restitution de leurs armes, qui leur ont été enlevées en février 2005 par les autorités. Ces miiciens désarmés se disent aujourd'hui menacés par les "repentis" des groupes armés.

(L'Expression 19.1 / El Watan 23.1) 145 membres de milices locales (GLD) dissouts, recyclés dans une société de gardiennage assurant la sécurité du barrage de Koudiat-Asserdoun, licencés par ladite société ont porté ce licenciement devant la justice, qui les a déboutés le 8 janvier en arguant de la non-constitutionalité de leur plainte, et une soixante d'entre eux ont protesté contre cette décision du Tribunal de Lakhdaria auprès du ministre de la Justice, qui a reçu deux de leurs représentants. Les licenciés envisagent d'introduire une plainte auprès de la Cour Suprême.

"El Watan" annonce que "le gouvernement s'apprête à présenter un projet de loi" octroyant une pension permanente aux miliciens locaux ("patriotes". le projet de loi devrait être soumis au parlement à éla session de printemps. Au plus fort des affrontemens entre forces de sécurité et groupes armés, les milices locales comptaient 80'000 hommes, soldés à raison de 11'000 dinars par mois.

(El Watan, Le Soir d'Algérie, Liberté 19.1) Le directeur de l'hebdomadaire "Marianne", Jean-François Kahn, a comparu le 17 janvier devant la 17e Chambre du Tribunal de Paris, sur plainte en diffamation du journaliste de Canal+ Jean-Baptiste Rivoire, à propos d'un article de "Marianne" imputant à une campagne d'un "lobby médiatique" le suicide d'un journaliste, Didier Contant, qui enquêtait sur l'assassinat par un groupe armé des moines de Tibehririne en mai 1996. Didier Contant s'est suicidé le 15 février 2004. Les témoins de la défense accuse nommément Jean-Baptise Rivoire d'avoir pris part à cette campagne, qui aurait eu en outre pour effet d'interrompre la publication dans "Le Figaro Magazine" de l'enquête de Didier Contant, laquelle contestait une enquête précédente, de Jean-Baptise Rivoire, s'appuyant sur le témoignage d'un ancien membre des services spéciaux algériens (DRS), Abdelkader Tigha, pour qui l'assassinat des moines était la conséquence d'une provocation de ces services

Jean-François Kahn dénonce ceux qui "refusent de prendre en compte" les éléments qui n'entre pas dans leur "grille" d'interprétation de la violence en Algérie, grille consistant, selon Kahn, à considérer tous ceux qui dénoncent des crimes commis par des islamistes sont des "complices des militaires". François Gèze, directeur des éditions "La Découverte" et témoin de la partie civile, renvoie la balle : "on est accusés de faire le jeu des islamistes dès lors qu'on dit qu'il existe des violations de la part du régime algérien". Jean-Baptise Rivoire, lui, rappelle les massacres commis par des islamistes "manipulés ou infiltrés" ou des "agents des services habillés en islamistes", ou les "cas où les services intervenaient directement". D'entre les témoins cités pour la défense de Jean-François Kahn, pour qui "les journalistes algériens sont l'honneur de tous les journalistes", on notera la présence de Saïd Sadi et Omar Belhouchet. Jean-Baptise Rivoire, lui, a fait citer Habib Souaïdia, Omar Benderra, Nacera Dutour et Nasroulah Yous. Les plaidoiries des avocats ont été reportées d'une semaine.

(El Watan 26.1) Le procès en diffamation avec constitution de partie civile intenté par le journaliste Jean-Baptiste Rivoire, de Canal+, au journal "Marianne", représenté par son directeur Jean François Kahn, s'est poursuivi le 27 janvier par l'exposé des réquisitions du ministère public et les plaidoiries des avocats de la défense et de la partie civile. Les témoins avaient été entendus le 17 janvier. La partie civile a notamment fait citer François Gère, directeur des éditions La Découverte, Habib Souaïdia, auteur de "La Sale Guerre", Nacera Dutour (SOS Disparus) et la défense a notamment fait citer Saïd Sadi (président du RCD), Omar Belhouchet (directeur d'El Watan). La plainte en diffamation a été déposée par J.-B. Rivoire après que "Marianne" l'ait rendu co-responsable, avec un "lobby mnédiatique", du suicide du journaliste Didier Contant, qui enquêtait sur l'assassinat des moines de Tibéhirine par un groupe armé, assassinat commis dans des circonstances confuses, J.-B. Rivoire, s'appuyant sur le témoignage d'un ancien officier des services spéciaux algériens (DRS), Abdelkader Tigha pour accuser les "services" d'avoir délibérément provoqué cet assassinat, et D. Contant réfutant cette thèse. Chacune des deux parties a accusé l'autre de sophisme : pour la partie civile, "Marianne" et la presse algérienne expriment celui consistant à accuser ceux qui dénoncent les pratiques de l'armée et des services spéciaux algériens d'innocenter les groupes armés, alors que pour les défenseurs de Didier Contant c'est la partie civile qui se rend coupable du sophisme consistant à accuser ceux qui dénoncent les groupes armés d'innocenter le pouvoir, l'armée et les "services". L'avocat de J.-B. Rivoire estime ainsi que "Marianne est dans la ligne de la presse algérienne". Le ministère public considère d'ailleurs que les propos de l'article de Marianne sont effectivement diffamatoires, et qu'on ne peut accorder à leurs auteurs le bénéfice de la bonne foi, dans la mesure où "accuser Rivoire d'avoir été une des causes du suicide de Didier Contant est la plus impitoyable des imputations". Du côté de la défense, on estime que J.-B. Rivoire a "une démarche de militant et non de journaliste" et qu'il "sélectionne les informations en fonction de son engagement", mais on reconnaît que l'article l'accusant d'être co-responsable du suicide de Didier Contant est "un peu coup de poing" et "volontairement polémique". Cela étant, la défense estime toujours que Rivoire a participé à une "déstabilisation psychologique de Contant", l'amenant finalement au suicide.

Dans une lettre ouverte adressée à Jean-François Kahn, le principal témoin de J.-B. Rivoire, Abdelkhader Tigha, ancien membre des services algériens (DRS), qualifié par "Marianne" de "douteux" et accusé de participer au "dédouanement" des islamistes de leurs crimes, rappelle qu'en tant que membre du DRS, il a lui même "participé à la lutte contre le terrorisme islamiste", dont plusieurs membres de sa famille ont été victimes. Abdelkhader Tigha réaffirme que "le DRS contrôlait le GIA pour commettre les pires crimes, comme l'enlèvement des moines de Tibéhirine et bien d'autres".

Le verdict sera rendu le 28 février.

(Le Soir d'Algérie 23.1) La cour de Bouira a condamné le 22 janvier l'auteur de "La Sale Guerre", Habib Souaïdia, à la peine de mort par contumace (Habib Souaïdia est réfugié en France) pour deux affaires remontant à une période où habib Souaïdia était lieutenant de l'Armée nationale populaire, à Lakhdaria, et concernant le kidnapping et l'assassinat de trois personnes en juillet 1994. Officiellement, Habib Souaïdia se serait rendu en camion militaire et en uniforme, mais sans que ses supérieurs soient au courant, au domicile de la famille Allouache, pour kidnapper le père et le fils (Ahmed et Mohamed Allouache) et une troisième personne, Medjahed Rachid, qui n'ont jamais été retrouvés. Il aurait été reconnu sept ans plus tard, par sa photo sur un exemplaire de "La Sale Guerre" par la fille et la soeur des deux membres de la famille Allouache, et le dossier d'instruction qui avait été fermé a été rouvert. Lors du procès à Bouira, aucun des témoins appelés à la barre n'était présent, et Habid Souaïdia a donc été condamné à mort sur la base du seul dossier d'instruction. Le bref compte-rendu du procès paru dans "Le Soir" ne donne aucune explication du fait qu'un homme seul ait pu kidnapper trois hommes, ni qu'un lieutenant de l'armée puisse se présenter en camion militaire au domicile de civils sans que personne n'en soit au courant, ni sur l'absence de tous les témoins cités à la barre.

(L'Expression 25.1 / corr.) L'Algérie s'apprêterait à lancer un mandat d'arrêt international contre Habid Souaïdia, condamné à mort par la cour de Bouira, lors d'un procès marqué par l'absence de presque tous les témoins cités, cette condamnation rendant d'ailleurs l'extradition très hypothétique de Souaïdia pratiquement inexécutable par les Etats qui (comme tous les Etats membres de l'Union Européenne, ainsi que, notamment, la Suisse) ont aboli la peine de mort, et refusent de procéder à des extraditions de condamnés à mort.

Habib Souaïdia a été condamné à mort (par contumace) le 22 janvier pour enlèvement et assassinat avec préméditation, sur l'accusation d'être responsable (à la tête d'un groupe de 20 personnes, mais sans que ses supérieurs militaires n'en sachent rien-Souaïdia était alors lieutenant)) de l'enlèvement et de la disparition de deux personnes à Lakdaria en 1994. Sur les ondes de la télévision qatari Al Jazira, Habib Souaïdia a qualifié son procès de "politique" et orchestré par le régime "dictatorial" en place, ce que le Procureur général de Bouira, Khebizi Sassi, a catégoriquement nié en affirmant qu'il s'est agi d'un procès normal, concernant des délits de droits communs, et que le jugement rendu au terme de ce procès n'est même pas définitif. Habib Souaïdia avait déjà été condamné à quatre ans de prison et à la radiation de l'armée en 1996 dans le cadre d'une affaire de trafic de pièces détachées de véhicules automobiles.

Habib Souaïdia a réagi à sa condamnation à mort par la lettre suivante :

Pourquoi les généraux algériens m’ont fait condamner à mort

par Habib Souaïdia

Paris, le 4 février 2006

Grande est la calamité que m’inflige le pouvoir tyrannique algérien. Dans ces temps extraordinaires, tout comme au temps des massacres et du mensonge, le pouvoir revient à la charge pour mettre sur mes épaules le fardeau de victimes innocentes enlevées, torturées puis exécutées sur l’ordre de l’état-major.

Le 23 janvier 2006, si j’en crois la presse algérienne (Le Soir d’Algérie, 23 janvier ; L’Expression, 25 janvier ; Liberté, 26 janvier), le tribunal criminel de Bouira m’a condamné à mort pour avoir été prétendument responsable, en juillet 1994, de l’enlèvement et de l’assassinat de trois habitants de Lakhdaria, MM. Medjahed Rachid, Allouache Ahmed et Allouache Mohamed.

Voilà ce qu’a écrit par exemple L’Expression du 25 janvier 2006 : « Les faits de l’affaire jugée dimanche par la cour présidée par Mme Naït Kaci, la présidente de la cour, remontent au 22 juillet 1994 quand une patrouille militaire de l’unité spéciale stationnée au lieudit “Radar de Lakhdaria”, commandée par Souaïdia, a arrêté, au village Zbarboura, des membres des familles Medjahed et Allouache. Quelques heures après, certains membres seront relâchés alors que d’autres disparaîtront à jamais. Le 7 mars 2001, la chaîne française TF1, élabore un reportage sur les lieux et c’est là que la famille Medjahed reconnaîtra sur la photo du livre La Sale Guerre l’auteur du rapt, en l’occurrence Souaïdia Lahbib. Une enquête est demandée alors par le parquet suite à de nouveaux faits révélés par la chaîne. Les témoignages, lors de l’audience du 22 janvier, sont formels : Souaïdia, en sa qualité de chef de l’unité stationnée au Radar de Lakhdaria, a semé la terreur. L’épouse d’un disparu, Medjahed Omar, est catégorique, son fils et son mari ont été enlevés par Souaïdia. »

La seule chose vraie dans ce tissu de mensonges, c’est que j’étais bien en poste, en 1994, à Lakhdaria en tant que sous-lieutenant d’un régiment des forces spéciales (mais j’étais basé à la « Villa Copawi », et non au « Radar », situé à quelques kilomètres sur la RN 5, qui était le siège du commandement du « Secteur opérationnel de Bouira », le SOB, commandé par le général Abdelaziz Medjahed, secondé par le colonel Saïd Chengriha, et dont nous dépendions).

C’est là que j’ai assisté aux terribles exactions de certains de mes collègues des forces spéciales et surtout des officiers du DRS, la police politique. C’est parce que je me révoltais contre ces pratiques que j’ai été condamné, sous un faux prétexte, à quatre années de prison en 1995. Et après m’être rendu en 2000 en France (où j’ai obtenu le statut de réfugié politique), j’ai tenu à dénoncer dans mon livre La Sale Guerre (paru en février 2001 aux Éditions La Découverte) les crimes contre l’humanité commis par certaines unités de l’armée algérienne et par le DRS sur ordre de généraux « éradicateurs ».

Dans ce livre, je relate notamment la furie meurtrière dans laquelle nous avons été entraînés à partir du printemps 1994. Notre commandement avait décidé alors de lancer les forces spéciales avec le DRS, dans un terrorisme d’État à grande échelle : des milliers de personnes, soupçonnées d’être des terroristes, et surtout membres de familles d’islamistes montés au maquis, ont été arrêtées illégalement, et systématiquement torturées avant d’être exécutées. Ce sont les « disparus » dont les parents continuent à se battre aujourd’hui pour obtenir vérité et justice. À la Villa Copawi, j’ai vu ainsi passer des centaines d’hommes, qui y étaient détenus et torturés avant d’être emmenés pour leur dernier voyage par les hommes du DRS, qui les exécutaient froidement dans un bois ou dans un champ.

C’est ce qui est arrivé aux trois hommes dont le tribunal de Bouira m’a attribué la mort.

J’ignore les circonstances de l’arrestation et de l’exécution de Rachid Medjahed, mais je sais qu’il a bien été tué par le DRS. En revanche, je connais bien l’affaire du père et du fils Allouache, que j’ai justement racontée dans mon livre (à la page 124), sans citer leurs noms. Voilà ce que j’ai écrit : « Un ancien moudjahid de la guerre de libération, nommé Omar Haouas, travaillait avec nous : habitant du petit village de Zbarboura, à cinq kilomètres de Lakhdaria, il connaissait très bien la région et les tangos qui y sévissaient. Il m’accompagnait souvent dans des patrouilles de nuit, dont nous ne rentrions que vers 6 heures du matin. Le groupe de Ahmed Djebri a appris qu’il collaborait avec nous et a décidé de le liquider. Une nuit, ils sont venus à plusieurs et ils ont sorti Omar de chez lui : deux hommes du groupe, cagoulés, ont confirmé que c’était bien lui et Djebri a donné l’ordre de le tuer. Mais le vieux était plus malin qu’eux et il a réussi à s’enfuir. Ils lui ont tiré dessus, le blessant à la main. Le vieil homme a continué à courir jusqu’à ce qu’il tombe sur l’une de nos patrouilles, qui l’a ramené à la caserne.

« Il a raconté son histoire au colonel Chengriha et à l’officier de sécurité, en leur expliquant qu’il avait reconnu les deux hommes cagoulés : c’était des voisins. Le colonel a immédiatement donné l’ordre de les faire arrêter, ce qui a été fait dès le matin. Ils ont été amenés à la villa et torturés pendant trois jours. Le quatrième jour, le chef du poste de police est venu me dire qu’une vieille femme, accompagnée d’une jeune fille et d’un garçon de treize ans, était devant la porte et demandait à voir un officier. Je suis allé la voir et elle m’a expliqué qu’elle était venue chercher son mari et son fils qui avaient été arrêtés et qui étaient détenus à la villa.

« J’ai été très surpris par son assurance, et je lui ai demandé comment elle pouvait être aussi sûre qu’ils étaient là. Elle m’a répondu que, pendant la guerre de libération, cette villa était déjà utilisée par les militaires français qui y détenaient les civils arrêtés (ce que nous faisions nous-même : je dois préciser que c’est à la villa qu’étaient amenées toutes les personnes arrêtées dans notre secteur opérationnel). J’étais vraiment choqué : pour elle, c’était évident, rien n’avait changé depuis plus de trente ans, et elle nous identifiait à l’armée française…

« D’une certaine façon, elle n’avait pas tort, puisque nous utilisions les mêmes méthodes que les Français. J’avais vraiment honte de faire partie de cette armée. Bien sûr, la vieille femme n’a jamais revu son mari et son fils, qui ont été liquidés comme bien d’autres. »

Je peux préciser tout cela aujourd’hui. Cette dame, c’était Mme Allouache, femme de Ahmed et mère de Mohamed. La veille de leur enlèvement, nous avions fait l’objet d’une attaque de commandos du GIA (Groupe islamiste armé) en plusieurs points, dont la Villa Copawi. J’étais alors sorti, dans une voiture blindée, avec plusieurs de mes hommes, pour poursuivre les assaillants en direction de la forêt, vers le village de Zbarboura. Nous n’avons pu accrocher nos attaquants, mais, dans la nuit, j’ai vu un homme qui agitait un journal enflammé pour attirer notre attention : c’était Omar Haouas, qui venait d’être blessé par ceux qui voulaient le tuer. Je l’ai ramené au poste de commandement au Radar, où il a été soigné pendant la nuit. Le matin, il a dit aux officiers du DRS qui étaient avec nous (le commandant Benaïcha, commandant DRS du SOB, et les lieutenants Khaled Ramdane et Abdelkader Belkechich, dit Abdelhak) et au colonel Chengriha qu’il était certain que les deux hommes cagoulés du groupe qui l’avait agressé étaient ses voisins, Ahmed et Mohamed Allouache (il me l’a affirmé aussi). Aussitôt, les trois officiers du DRS, accompagnés d’une section de notre unité, sont allés à Zbarboura et ont arrêté les deux hommes, qu’ils ont ramenés à la Villa Copawi, où j’ai vu qu’ils ont été placés dans les cellules et qu’ils ont été torturés par le commandant Benaïcha et ses collègues.

Quand j’ai vu Mme Allouache, le quatrième jour, je lui ai dit d’aller voir le colonel Chengriha, au Radar. C’est le lendemain même que le père et le fils Allouache ont été extraits de leur geôle par les lieutenants Abdelhak et Ramdane et qu’ils les ont emmenés, avec des soldats, dans deux Renault Express bleues banalisées (les véhicules habituels du DRS pour ces « missions ») : cela voulait dire, comme à l’habitude, qu’ils allaient les exécuter dans une forêt quelconque, laissant leurs cadavres sur place : ce serait des « victimes du terrorisme ».

Aujourd’hui, j’ignore évidemment le détail des faux témoignages qui m’imputent ces crimes et qui permettent au Soir d’Algérie d’écrire le mensonge suivant : « Le 22 juillet 1994, […] le lieutenant Habib Souaïdia se présenta au domicile Allouache en tenue militaire et à bord d’un camion militaire sans que personne parmi ses supérieurs soit au courant. Il kidnappera le père et le fils, Ahmed et Mohamed Allouache ainsi que Medjahed Rachid. Le lendemain, et suite au dépôt de plainte de la famille Allouache, des recherches ont été entamées mais les trois personnes kidnappées et conduites vers une destination inconnue ne seront jamais retrouvées. »

Mais ce que je sais en revanche, c’est que ce genre de désinformation est une vieille habitude du service d’action psychologique du DRS. Dès la sortie de mon livre, le régime algérien a conduit contre moi une campagne médiatique délirante, m’accusant d’être le premier « salopard de l’Algérie » et mon livre d’être un « tissu de mensonges tissé par les ennemis de l’Armée nationale populaire ». C’est que la crédibilité de mon livre et son écho médiatique en France et en Europe ont sur le coup sérieusement ébranlé le pouvoir, qui craignait plus que tout que ce livre relance la demande des ONG de défense des droits de l’homme d’ouverture d’une enquête internationale sur les violations massives des droits de l’homme commises à l’initiative des chefs de l’armée et du DRS depuis 1992.

C’est pourquoi ils ont réagi sur tous les fronts : en utilisant les journaux algériens à leur botte pour me dénigrer ; en me faisant condamner, le 29 avril 2002, à vingt ans de prison pour « participation à une entreprise d’affaiblissement du moral de l’armée nationale » ; et avant, en allumant les feux en Kabylie au printemps 2001, histoire de détourner les regards et de semer le désordre. Les provocations assassines du DRS en Kabylie ont fonctionné à merveille, suscitant la révolte des populations et une terrible répression qui a causé la mort de plus d’une centaine de jeunes Algériens. Puis est venu le 11 septembre 2001 et la « bénédiction Ben Laden », occasion idéale pour revenir à la charge en accusant d’être des « suppôts de l’islamisme » tous ceux qui, comme moi, dénonçaient le terrorisme d’État des généraux algériens.

C’est alors que le « général gégène », M. Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense et l’un des criminels en chef de la « sale guerre » que je dénonçais dans mon livre, a prétendu vouloir « laver son honneur » en me poursuivant en diffamation devant la 17e chambre du Tribunal de grande instance de Paris. Lors du procès qui s’est tenu en juillet 2002 (voir les minutes intégrales dans le livre Le Procès de « La Sale Guerre », publié à la Découverte en octobre 2002), pour discréditer mon livre, le général Nezzar a produit plusieurs témoins menteurs ou manipulés, et en particulier une attestation très détaillée d’un journaliste algérien, Mouloud Benmohamed, agent bien connu du DRS. Celui-ci a affirmé avoir effectué à Lakhdaria une « contre-enquête » par laquelle il entendait « prouver » que « La Sale Guerre s’avère être à 95 % une succession de contrevérités, un enchaînement de mensonges et une suite de calomnies ».

Ce « journaliste » a par exemple contesté le récit détaillé que je donnais dans mon livre (p. 106-110) de l’assassinat en 1994 par les officiers du DRS de l’ex-maire FIS de Lakhdaria, M. Mohamed Yabouche. Mouloud Benmohamed a ainsi produit un « Dossier Yabouche », où figure l’attestation d’un terroriste repenti, un certain Bouhi Omar Ben Achour, se disant ancien membre du groupe du GIA de Ahmed Djebri et affirmant sur son « honneur et sous aucune pression ou contrainte […] avoir participé à l’assassinat de M. Yabouche Mohamed, M. Boussoufa Abdelkader et M. Boussoufa Ramdane, tous membres du FIS et ce pour motif qu’ils aient été de renégats » (les frères Boussoufa, comme je l’ai écrit dans mon livre, ont également été tués par le DRS). De même, dans une brochure diffusée par l’ambassade d’Algérie au Canada, en juillet 2001 (Algérie : mensonges et vérités sur la sale guerre), le même Mouloud Benmohamed a affirmé que la veuve de l’ex-maire lui aurait déclaré que son mari aurait été enlevé et assassiné par « des terroristes connus dans la ville ». (Alors que dans le documentaire réalisé par Nicolas Poincaré et diffusé par TF1 le 8 avril 2001 - et non le 7 mars, comme l’a écrit L’Expression dans l’article cité plus haut -, plusieurs témoins, dont le propre frère du maire, disent que « ce que raconte Habib est vrai ».)

On retrouve là les procédés habituels du DRS : faire produire des faux témoignages par d’anciens terroristes (et authentiques assassins) en échange de l’impunité ; et, plus grave encore, faire pression sur des proches des victimes du DRS plongées dans la détresse et la misère pour qu’elles produisent de faux témoignages en échange de l’octroi du statut de « victime du terrorisme » et d’un peu d’argent. J’ai appris en effet que, dans les mois qui ont suivi la parution de mon livre, des agents du DRS ont démarché systématiquement à Lakhdaria tous ceux, témoins ou parents de victimes, qui auraient pu corroborer mes dires, leur distribuant pensions et logements en échange de leur silence ou de faux témoignages.

On sait que, après cinq jours de débats contradictoires, le tribunal de Paris n’a pas accordé crédit à tous ces mensonges, et a sèchement débouté le général Nezzar de sa plainte en diffamation contre moi, le renvoyant en Algérie déçu et mécontent de cette « décision injuste », en attendant que je tombe entre ses mains…

Aujourd’hui, c’est évidemment avec le même genre de dossiers truqués que le DRS m’a fait condamner à mort par le tribunal criminel de Bouira, révélant au peuple son vrai visage : celui de la dictature et de l’arbitraire. Je comprends tout à fait la douleur des familles Medjahed et Allouache - comme de bien d’autres -, et je ne les blâme pas de m’avoir accusé, parce que je sais qu’elles y ont été contraintes par le DRS. Mais je voudrais simplement qu’elles comprennent la gravité de la manipulation pour ne pas tomber dans le piège des assassins.

Je n’ai pas tué ces personnes. Ceux qui ont effectué leur arrestation et leur exécution, je les ai nommés. Et ceux qui les ont ordonnées, comme des milliers d’autres, ce sont leurs chefs (dont certains ont aussi été les miens, et qui me font honte d’avoir fait partie de cette armée) : le colonel Saïd Chengriha, chef d’état-major du Secteur opérationnel de Bouira (SOB), aujourd’hui élevé au grade de général-major et commandant de la 3e région militaire depuis août 2004 ; le général-major Saïd Bey, commandant de la Ire région militaire de mai 1994 à septembre 1997 ; le général-major Brahim Fodhil Chérif, chef d’état-major du CCCLAS ; le général-major Mohamed Lamari, alors chef d’état-major de l’ANP ; le commandant Benaïcha, commandant DRS du SOB ; le colonel (devenu général) Mhenna Djebbar, commandant du CTRI de la Ire région militaire à Blida. Et évidemment leurs deux grands chefs à tous, depuis 1990 et jusqu’à ce jour les vrais maîtres de l’Algérie asservie, le criminel en chef général-major Toufik Médiène, chef du DRS, et son sinistre adjoint, le général-major Smaïn Lamari, tous deux principaux responsables de centaines de milliers de torturés, de morts et de « disparus ».

À propos de ma condamnation à mort, le procureur de Bouira, M. Khebizi Sassi, a affirmé que « ce procès n’a rien de politique » (Liberté, 26 janvier 2006). Dans ce cas, M. le procureur, si vous avez le courage de le faire, je vous demande de citer à comparaître tous ces responsables militaires. Et je vous fournirai des preuves tangibles qui les accusent d’avoir organisé des crimes contre l’humanité qui ont fait des dizaines de milliers de victimes. Je demande aussi à M. le procureur de nous expliquer où a été la justice depuis que les trois victimes que l’on m’accuse d’avoir tuées ont « disparu » en 1994. Je demande aussi à M. le procureur, si jamais je rentre en Algérie, est-ce qu’il peut me garantir un procès équitable ? Est-ce qu’il peut me protéger contre la torture ? Parce qu’en lisant vos propos, j’ai presque cru un moment que l’Algérie était devenue un pays démocratique, respectant la dignité humaine. Mais cette illusion s’est vite dissipée, et je ne doute pas que vous avez reçu vos instructions, comme la présidente du tribunal qui m’a condamné à mort.

Des instructions qui ont été, de toute évidence, également données aux journalistes qui ont « objectivement » rendu compte de ce procès absurde, comme en témoigne par exemple le délire signé par un certain « Merzouk Abdenour » dans le quotidien L’Expression du 25 janvier 2006 : « Dans l’arrêt rendu par la cour de Bouira, il est clairement mentionné que l’intéressé doit être arrêté à sa première apparition. Avant l’exécution de cet ordre d’amener, les autorités nationales s’attèlent déjà à repérer le criminel qui a séjourné en France avant de prendre la clé des champs surtout que sa tentative de discréditer les forces de sécurité avait foiré. Bénéficiant de l’appui des groupes occultes, ennemis de l’Algérie dont il a essayé de ternir l’image, l’auteur de La sale guerre, aurait, selon une information, quitté la France.

« L’Angleterre semble, selon notre information, être le pays d’accueil surtout qu’aucune convention relative aux extraditions n’existe entre l’Algérie et ce pays longtemps terre d’asile à la mouvance terroriste du monde. Les attentats de septembre et ceux de Londres et le revirement du gouvernement de Tony Blair, dans le traitement du dossier de lutte contre le terrorisme, laissent penser que le criminel finira par être arrêté et remis aux autorités algériennes. Une autre source pense que Souaïdia aurait regagné l’Irak, où il entraîne des kamikazes. »

Ce n’est même plus de la désinformation, c’est de la simple bêtise - un signe de la déliquescence du DRS ? -, puisque, le 24 janvier 2006, j’ai donné depuis Paris, où je réside toujours, sans me cacher, une longue interview à la chaîne arabe Al-Jazira pour expliquer la manœuvre dont j’étais l’objet. Et le procureur de Bouira voudrait faire croire que « ce procès n’a rien de politique » !

Reste à expliquer pourquoi, aujourd’hui, le pouvoir algérien a jugé nécessaire cette absurde condamnation à mort. Je ne peux formuler des hypothèses qu’à partir de ma propre expérience. Je vois au moins deux raisons principales. La première est d’accréditer la nouvelle thèse du pouvoir, formulée par Me Farouk Ksentini, l’avocat du diable qui prétend être un « défenseur des droits de l’homme », selon laquelle « l’État est responsable mais pas coupable » des crimes commis par des militaires et des policiers durant la décennie noire. Méprisant la douleur et les larmes des parents de victimes, il veut effacer la réalité du terrorisme d’État, de la stratégie d’extermination, et faire croire qu’il n’y a eu que des « actes isolés », des bavures commises ici et là par quelques brebis égarées, comme si la torture, les massacres et les exécutions extrajudiciaires n’étaient qu’une chimère inventée par les « ennemis de l’Algérie ». Quoi de mieux pour cela que de me faire passer pour un assassin ayant agi « sans que personne parmi [mes] supérieurs soit au courant » (Le Soir d’Algérie, 23 janvier 2006) ?

La seconde raison est d’envoyer un avertissement clair à tous les policiers et militaires algériens qui seraient tentés de dénoncer, comme je l’ai fait, les horreurs dont ils ont été témoins. Je sais qu’ils sont nombreux, en exil comme en Algérie même, les hommes et les femmes honnêtes qui voudraient le faire. Mais aujourd’hui, à la veille de l’amnistie générale des généraux assassins, ceux-ci leur disent solennellement, à travers ma condamnation à mort : taisez-vous, ou sinon on montera un « scénario judiciaire » pour faire de vous des criminels, ou encore c’est votre famille qui sera victime de représailles.

Pendant mes cinq années d’exil en France, avec d’autres, j’ai témoigné et couru partout pour dénoncer les crimes contre l’humanité perpétrés par la secte au pouvoir et ses complices. Mais jusqu’ici, il faut bien reconnaître que nos efforts n’ont guère été fructueux. Les calomnies écœurantes d’une certaine presse vénale algérienne, aux ordres des bourreaux, ont insufflé aux Occidentaux tant de mensonges contre les Algériens qui s’obstinent à défendre l’honneur de leur patrie contre ceux qui l’assassinent, qu’ils sont ignorés et déconsidérés. Et, depuis le 11 septembre 2001, la « communauté internationale » ne veut plus rien savoir des violations des droits de l’homme commis par des régimes usurpatoires, aussi l’interdit s’est-il installé et la conscience a-t-elle démissionné.

Malgré cela, il ne faut pas se décourager dans le combat pour la vérité et la justice. La mobilisation courageuse des mères et femmes de « disparus » nous donne l’exemple : il est du devoir de tous les Algériens de connaître et faire connaître la réalité sur le pouvoir militaire. Pour ma part, ma condamnation à mort ne me fera pas taire, car j’estime qu’il est de mon devoir, en tant qu’ex-militaire algérien, de tout faire pour dénoncer la responsabilité des généraux et de leurs alliés dans la sale guerre qui a endeuillé mon pays.


(La Voix de l'Oranie 27.5) Un ancien maire (DEC, désigné par les autorités) d'Ami Moussa (w. Relizane), par ailleurs chef d'une milice locale, a été interpellé par la police le 21 mai sur plainte d'une famille d'Oued Rhiou, l'accusant de l'assassinat de l'un de ses fils, dont le corps avait été découvert en 1995, après une exécution sommaire. Trois anciens gardes communaux sont poursuivis dans la même affaire.

(Liberté 3.6) Les membres des milices locales ("patriotes") de 25 wilayas ont manifesté leur intention d'engager une action de protestation contre l'attitude "méprisante" du gouvernement à leur égard.

On compterait 80'000 membres de milices locales sur l'ensemble du territoire algérien. Ils réclament un statut, une indemnisation, un poste de travail. 2000 d'entre eux ont été désarmés dans la Mitidja, 300 à Chlef.

(SOS Disparus 30.11) "Dans l'affaire du meurtre du chanteur kabyle Lounes Matoub en 1998, les autorités algériennes, en quête d'un coupable idéal, semblent vouloir continuer à s'acharner sur la famille Cherbi", écrivent dans un communiqué le Collectif des familles de disparus en Algérie et SOS Disparus, après l'arrestation brutale le 14 novembre de Samir Cherbi, frère d'un présumé complice du meurtre de Matoub, Ahmed Cherbi, arrêté en 2002, et fils d'un autre présumé complice, Hamid Cherbi, tous deux arrêtés ern 2002 et maltraités pour leur faire avouer leur présence sur les lieux du meurtre.

(L'Expression 21.12) Des groupes de miliciens locaux des wilayas de Blida, Bouira et Bejaïa ont annoncé la création d'une association, concurrente de l'Association nationale pour la promotion de la citoyenneté et des droits de l'homme, créée par d'anciens chefs de milice pour défendre les droits des miliciens. Officiellement lancé par le président Bouteflika lors de la campagne pour l'adoption en référendum de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, puis confirmé par le Premier ministre Ouyahia, le démantèlement des milices locales (groupes de légitime défense), qualifié d'"irréversible" par "L'Expression", semble freiné par la persistance de l'activité des groupes armés. Fin 1998, on estimait à 80'000 ou 100'000 le nombre des miliciens, payés entre 7000 et 11'000 dinars (mais le 17 décembre, des GLD de Hassi Bounif, dans la région d'Oran, réclamaient leurs salaires non perçus depuis 1997) pour assurer le contrôle des zones sans présence permanente des forces de sécurité. "L'Expression" ajoute que l'absence de contrôle effectif sur ces milices "permettait à certains de s'adonner aux mêmes vives et délits que perpetraient les terroristes". Dans un entretien à "L'Expression", le responsable des GLD de Chlef, le député RND Hadj Driss Zitoufi se vante d'avoir avec ses hommes (plusieurs milliers) "complètement nettoyé" la région des groupes armés qui y sévissaient.

2007

(Libération 24.1) L'officier algérien dissident Habib Souaïdia, auteur de "la Sale Guerre", a été passé à tabac le 11 janvier dans le métro parisien, par deux jeunes hommes (algériens, selon "Libération"), deux semaines après avoir accusé dans un article publié par "Algeria-Watch" les forces de sécurité d'être également responsables de viols commis pendant la "sale guerre", alors que la thèse officielle algérienne est que seuls les groupes armés se sont rendus coupables de ces exactions.

(Liberté 6.3) Les membres d'un "vrai faux groupe armé islamiste", qui se faisaient passer pour des "terroristes" et tendaient de "faux faux barrages" dans les régions de Dellys et d'Afir en 2005 et 2006 pour rançonner et enlever les automobilistes ont été condamnés le 4 mars à 10 et 15 ans de prison par la Cour de Boumerdès.

(Le Soir 31.3) Le chef d'une milice locale ("patriotes"), Mohamed Tounsi, âgé de 70 ans, a été condamné en appel à la prison à vie (il l'avait été à vingt ans de prison lors d'un premier jugement) pour l'exécution sommaire d'un islamiste armé "repenti". Le Comité des citoyens pour la défense de la république (CCDR) a protesté contre ce verdict "scandaleux".

MOINES DE TIBEHIRINE : La France se débarrasse d’un témoin essentiel dans le dossier des moines français de Tibéhirine

Ligue française des droits de l'Homme - Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme

Paris, le 3 mai 2007

Près de trois mois après son arrivée en France, le 14 février dernier, Abdelkader Tigha, ancien sous-officier des services secrets algériens a été interpellé le 2 mai 2007 alors qu’il se rendait à la préfecture de police de Paris pour formuler une demande d’asile en France. M. Tigha a été immédiatement placé au centre de rétention de Vincennes. Il devrait, selon une décision qui lui a été notifiée le 2 mai, être renvoyé au Pays-Bas. Son dossier doit être examiné par le Juge des Libertés et de la Détention le 4 mai 2007.

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH) considèrent que cette procédure de reconduite à la frontière qui intervient en pleine campagne des élections présidentielles montre le peu d’empressement et de volonté qu’ont eu les autorités françaises d’entendre Abdelkader Tigha dans le dossier dit des Moines de Tibéhirine. La décision , « exécutoire immédiatement », de renvoyer M. Tigha vers les Pays-Bas date pourtant du 21 mars 2007, date à laquelle les Pays- Bas ont signifié leur accord de réadmission de M. Tigha pour réexamen de sa demande d’asile.

Abdelkader Tigha dit avoir des révélations à faire sur l’enlèvement et l’assassinat des sept moines trappistes français de Tibéhirine en Algérie. Selon lui, et contrairement à la thèse officielle des autorités algériennes, ce serait la Sécurité militaire algérienne qui aurait organisé l’enlèvement des sept moines trappistes, en mars 1996, en utilisant les services de Mouloud Azzout, bras droit de Djamel Zitouni, alors « émir national » des GIA, et « soupçonné au mieux d’être un agent double, au pire d’être au service de la Sécurité militaire ». Tigha explique que l’opération a été préparée au Centre territorial de recherche et d’investigation (CTRI) de Blida, où il était en poste.

C’est notamment sur la base de ces révélations que, le 9 décembre 2003, une plainte contre X avec constitution de partie civile est déposée à Paris par les membres de la famille de l’un des moines assassinés, le frère Christophe Lebreton, et par le père Armand Veilleux, pour faire toute la lumière sur ce drame. Suite à cette plainte, une information judiciaire a été enfin ouverte par le Parquet de Paris en février 2004, et confiée au juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière.

Alors qu’il était en France depuis plusieurs semaines et que sa présence était inévitablement connue des services de renseignements français (et algériens), aucune demande d’audition n'a été notifiée à Abdelkader Tigha. Ce n'est qu'après avoir alerté les médias, qu'il sera auditionné par des agents de la DST mais semble-t-il davantage sur son parcours depuis son départ d’Algérie en 1999 que sur les informations qu'il dit détenir sur l'affaire des moines.

La justice française semble peu disposée à vouloir faire la lumière sur l’assassinat des moines français en Algérie alimentant ainsi la thèse du gouvernement algérien au détriment de la recherche de la vérité et de la justice pour les familles des victimes.

(Algeria-Watch 25.7 / El Watan, L'Expression 26.7 / corr.) Un jeune homme de 25 ans a été tué de deux balles dans le dos par un député (Smaïl Mira, député du Rassemblement patriotique républicain, ancien maire de Tazmalt et chef de milice), le 13 juillet 2007 à Iaagachen, près d'Ath Melikeche (w. Bejaïa). Le député, accompagné de deux hommes, s'était autorisé à opérer un contrôle d'identité du jeune homme, qui faisait son jogging, le 13 juillet, et après son refus l'avait d'abord agressé, puis abattu. Grièvement blessée, la victime est décédée le 24 juillet à l'hôpital d'Akbou.

Une enquête a été ouverte contre Smaïl Mira, qui plaide l'homicide involontaire, et la famille a porté plainte, mais le statut de député de Mira, et son immunité parlementaire (qui ne peut être levée que par l'Assemblée populaire nationale), lui a permis de ne pas avoir été interpellé; ça n'est pourtant pas la première fois que Smaïl Mira est impliqué dans des actes de ce genre : en juin 1998, à Tazmnalt, dont il était maire, il avait abattu un jeune manifestant qui protestait contre l'assassinat de Matoub Lounes, et en avait blessé un autre.


Les attentats du 11 septembre aux USA et leur onde de choc

(AP 11.9 / AFP, AP, Reuters, Liberté, Le Matin 12.9 / IEFIS, CCFIS 12.9 / Liberté 13.9 / Corr) L'onde de choc de la gigantesque opération terroriste qui a frappé les USA le 11 septembre a évidemment touché l'Algérie, ou les réactions aux attentats meurtriers commis à New-York et Washington ont été nombreuses et, toutes instances, autorités et organisations confondues, unanimes dans la condamnation.

Le président Bouteflika a adressé le jour même un message au président Bush, se disant "horrifié" par ce "déferlement effroyable d'une violence aussi abjecte que de la dernière lâcheté", et la condamnant comme étant "la marque ignoble du terrorisme aveugle".

Les forces politiques sont sur la même longueur d'onde, avec quelques nuances. Toutes les organisations condamnent les attentats et expriment leur solidarité avec les victimes. Le Comité des citoyens pour la défense de la République rappelle (comme le MDS) que les Algériens "continuent de vivre dans leur chair les affres du terrorisme" et ne peuvent donc que "se sentir également consternés par ce genre d'actes". Le Rassemblement national démocratique (RND) souligne "la nécessité de conjuguer les efforts de tous les Etats et de tous les peuples pour faire face au terrorisme" qui ne respecte "ni les frontières ni les valeurs humaines les plus élémentaires, à commencer par le droit à la vie". Le Mouvement démocratique et social (MDS) affirme qu'"aucune cause, aussi juste soit-elle, ne peut justifier une telle barbarie", mais précise que le peuple américain "ne doit pas être confondu à la politique de la Maison Blanche qui (...) doit revoir de fond en comble ses positions vis-à-vis du Tiers-Monde et de la cause palestinienne". Le Rassemblement pour la démocratie et la culture (RCD) considère que "nul n'est à l'abri du grave péril que représente le terrorisme". Le FFS rappelle qu'il a "toujours considéré que la paix (est un objectif stratégique en tous lieux et en toutes circonstances", et condamne des "actes ignobles et ajects que rien ne peut justifier".

La réaction du Front des Forces Socialistes

C'est avec consternation que le FFS a appris les
horribles attentats qui ont ciblé plusieurs édifices de
l'Administration américaine à New York et
Washington, ayant causé la mort de milliers de
victimes civiles. Le FFS, qui a toujours considéré que
la paix est un objectif stratégique en tous lieux et en
toutes circonstances, condamne avec la plus grande
énergie ces actes ignobles et abjects que rien ne peut
justifier. »

11 septembre 2001
Le premier secrétaire national, Ali Kerboua

La mouvance islamiste algérienne, légale ou non, a également condamné les attentats. L'Instance exécutive du FIS à l'étranger de Rabah Kébir a condamné "avec force l'attaque terroriste violente et cruelle subie par le peuple américain", attaque dirigée également "contre les principes de la cohabitation pacifique des peuples". Le Conseil de coordination du FIS d'Ahmed Zaoui a de son côté exprimé sa "consternation" et sa "compassion eu peuple américain". La plupart des grandes instances islamiques internationales ont également condamné les attentats du 11 septembre aux USA : l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a ainsi condamné "ces actes criminels sauvages que bannissent toutes conventions et valeurs humaines et les religions monothéistes, en tête desquelles l'islam". L'imam d'El Azhar, au Caire, Mohamed Sayed Tantaoui, un qualifié d'"acte horrible et hideux" rejeté par "tout esprit humain sain" le fait de "tuer des hommes, des femmes et des enfants". Les Frères Musulmans égyptiens se sont déclaré "horrifiés" et ont condamné les attentats, comme "toute agression contre des vies humaines, la liberté des peuples et la dignité humaine dans le monde". En Palestine, la porte-parole de la Ligue arabe et députée au Conseil législatif palestinien, Hanane Acharoui, a déclaré que "l'horrible et massif acte de terrorisme visant des civils américains innocents" était un acte "absolument immoral et diabolique". Cependant, à Naplouse, des milliers de Palestiniens ont manifesté après les attentats en chantant des slogans à la gloire d'Oussama Ben Laden. De même, dans les camps de réfugiés du Liban, des manifestation de joie ont été notées, notamment à Chatila. Les autorités palestiniennes ont rapidement interdit toutes manifestations de ce genre. Seul organisme islamiste en ce cas, le Front islamique international d'Omar Bakri a quant à lui proclamé que "pour le monde islamique, aujourd'hui est un jour de fête", en se félicitant de la réussite des opérations contre les Etats-Unis -mais sans reconnaître explicitement qu'elles avaient été conduites par des islamistes.

La presse algérienne a, tous titres confondus, consacré ses "unes" au "blitz" frappant les USA, et relevé que l'hypothèse la plus fréquemment avancée quant à ses responsables évoquait la piste islamiste en général, et celle d'Oussama Ben Laden en particulier. Plusieurs titres rappelle cependant que le "jeu" des USA avec le terrorisme international n'a pas toujours été d'une clarté aveuglante : "Liberté" rappelle le soutien apporté par la CIA à l'islamisme armé à l'époque de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan, et estime qu'"ayant longtemps joué avec le feu des mentors des terroristes, les Américains ont fini par se brûler les doigts" et ont eux-mêmes contribué à "fabriquer le fascisme vert" qui s'est retourné contre eux.

En France, on rappelle en outre que le scénario américain du 11 septembre avait été tenté, à une échelle bien moindre, contre Paris en 1994, lorsqu'u commando GIA avait détourné un appareil d'Air France avec l'intention de le faire s'écraser sur le Tour Eiffel. Le détournement avait échoué à Marseille faute de carburant, el les preneurs d'otages avaient été tués dans l'assaut de la police. Depuis lors, les vols d'Air France vers l'Algérie ont été suspendus.

La justice française s'est saisie le 10 septembre, veille de l'offensive contre les USA, d'une enquête judiciaire sur des menaces contre des intérêts américains en France, dans le cadre d'une "entreprise terroriste" sur laquelle aucune information n'a été donnée, mais dont tout indique qu'il s'agit de la tentative de reconstituer un nouveau réseau islamiste armé en France. Les enquêteurs français ont admis travailler depuis 1996 "avec Ben Laden en toile de fond"., même s'ils estiment que "les réseaux de Ben Laden ont semblé viser essentiellement ces derniers temps les intérêts américains et non français", a déclaré à Reuters un magistrat antiterroriste français. Trois instructions impliquant les réseaux de Ben Laden sont ouvertes en France : l'une concerne des projets d'attentats contre Strasbourg en décembre 2000, l'autre les liens d'Ahmed Ressam, Algérien arrêté à Seattle (USA) avec 60 kg d'explosifs, et Fateh Kamel, condamné avec 21 autres membres présumé de son réseau à huit ans de prison le 6 avril sous l'accusation d'avoir projeté des attentats en Europe, et la troisième un Français arrêté à Manille (Philippines) alors qu'il s'apprêtait à s'envoler pour la France avec des explosifs, et qui est soupçonné d'être liés aux réseaux de Ben Laden.

(AFP 13.9 / AFP 14.9 / El Watan 15.9 / El Ribat, Le Matin, Le Quotidien d'Oran 16.9 / La Tribune, El Watan, Le Matin 17.9) Les autorités algériennes se sentent ouvertement confortées dans leur dénonciation du "terrorisme international" par les attentats de New York, et dans leur demande d'une action internationale contre le terrorisme (islamiste). "Les raids terroristes sur l'Amérique ne sont pas un drame pour tout le monde. Les régimes autoritaires arabes, en lutte contre l'islamisme radical depuis des années avec les moyens peu recommandables que l'on sait, se réjouissent de la déconvenue américaine", écrit El Kadi Ihsane dans"Le Quotidien d'Oran", qui ajoute que "l'aubaine est gigantesque pour les maîtres de l'Algérie de retourner la nouvelle situation politique en leur faveur", se demande : "peut-on encore poursuivre les généraux algériens pour avoir mené une 'sale guerre' à la rébellion islamiste lorsque le 'monde civilisé' s'apprête à en livrer une autre, 'totale et sans limite' à travers la planète entière ?", et constate que "ceux qui luttaient dans des tranchées défensives contre l'intervention étrangère d'une commission d'enquête internationale sur les atteintes (aux) droits de l'homme en Algérie, évoquent donc sans sourciller la possibilité d'une frappe américaine sur le sol algérien... contre le terrorisme islamiste". Par ailleurs, on évoque de plus en plus dans les capitales des principales puissances et à l'ONU, la possibilité de la mise en place d'une commission internationale chargée de travailler sur le dossier du terrorisme. Pour le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, "un nouveau monde est né après le cataclysme de Washington et de New York" et les "partisans du 'qui tue qui ? sont désarmés". Ali Tounsi, a évoqué quant à lui les "similitudes entre ce que viennent de vivre les Etats Unis d'Amérique et ce qu'a enduré l'Algérie durant la dernière décennie", et regretté que la voix de l'Algértie n'ait pas été entendue lorsqu'elle mettait en garde "contre les dangers du terrorisme dans tous les domaines". Ali Tounsi a affirmé que le Groupe islamique armé "a été fondé en Afghanistan avec l'aide et le soutien d'Oussama Ben Laden", et que les attentats commis aux USA font que le monde sait désormais "qui tue qui" en Algérie. "El Watan" croit savoir que les enquêteurs américains ont sollicité leurs homologues algériens "pour avoir des informations plus détaillées sur l'implication du réseau algérien dans la nébuleuse Ben Laden".

De leur côté, les polices américaines et européennes font état de liens ou de suspicions de liens entre les auteurs des attentats du 11 septembre et des activistes islamistes algériens, ou franco-algériens, liés à la "nébuleuse" de Ben Laden. A Rotterdam (Pays Bas), quatre islamistes, dont deux Français et un Algérien, ont été arrêtés le 13 septembre. A Londres, un Algérien accusé d'être membre de la "Quaida" de Ben Laden, Amar Makhloufi, a comparu devant le tribunal le 14 septembre. Il risque l'extradition vers les USA.

Pour autant, les partis islamistes algériens, légaux ou non, continuent de dénoncer les attentats commis aux USA : "Aucun peuple ne mérite de subir ce que les Américains ont subi le 11 septembre 2001", écrit le bulletin de l'Instance exécutive du FIS de Rabah Kébir, "El Ribat" -non sans ajouter que "la responsabilité de l'attentat de New-York et de Washington n'incombe en rien ni aux musulmans d'une façon générale ni aux islamistes qui lutte politiquement pour recouvrer leurs droits de citoyens, que bafouent des Etats dictatoriaux", et exprimer sa crainte que ces attentats ne justifient l'intensification de "la répression et (des) atteintes aux droits de l'homme (...) sous le prétexte fallacieux de lutte contre le terrorisme", y compris en Algérie. L'Instance exécutive du FIS a d'ailleurs, comme le Conseil de coordination du FIS, condamné l'attentat.

Du côté de l'opposition, qui a elle aussi condamné unanimement les attentats, le clivage habituel entre "éradicateurs" et "dialoguistes" restant constant, le Parti des Travailleurs a rappelé que le conflit entre les USA et les auteurs de l'attentat n'est que l'un des 76 conflits déclarés que connaît le monde aujourd'hui, et appelé à une "action politique globale" en insistant sur le lien "entre la régression sociale qui n'épargne aucun continent (...) et le recours à des opérations suicide, à la violence armée" comme réponse désespérée à cette régression.

Dans un message de condoléances au président américain après les attentats de New-York, le président Bouteflika évoquait l'étendue de la "capacité de nuire" du "terrorisme aveugle qui frappe un peu partout dans le monde". L'ambassadrice américaine en Algérie, Janet Sanderson, a exprimé au président Bouteflika, au gouvernement et au peuple algérien, "les sincères remerciements" du président et du peuple américains pour les messages de condoléances reçus d'Algérie. Elle conclut : "Ensemble, nous vaincrons cette menace commune (le terrorisme) qui pèse sur l'humanité toute entière".

L'Ambassade américaine de Washington a démenti dans un communiqué des informations parues dans le "Washington Post" selon lesquelles l'envoi d'unités spéciales américaines en Algérie était envisagé par les Etats-Unis. L'ambassade parle d'"allégation sans aucun fondement officiel" et affirme que "l'Algérie et les Etats Unis sont en train de développer un partenariat exemplaire en matière de lutte contre le terrorisme".

Le Secrétaire d'Etat américain et le président algérien ont eu le 14 septembre un entretien téléphonique à propos de la constitution d'une "forte coalition" antiterroriste internationale. Colin Powell a fait le tour des ministres des Affaires étrangères des Etats susceptibles de participer à cette coalition dont, dans le monde arabe, l'Arabie Saoudite, la Tunisie,.le Maroc, la Syrie, Bahreïn et le Koweït. La réponse du président Bouteflika à le demande américaine n'a pas été rendue publique, mais les déclarations des autorités algériennes ne laissent guère de doute sur les dispositions, au moins rhétoriques, de l'Algérie à s'associer à la formation d'une coalition "antiterroriste" mondiale*.

*On notera que pour la formation de cette cette "coalition antiterroriste", les USA, qui ont eux-mêmes nourri le "terrorisme" islamiste, font appel à des Etats qu'ils considèrent officiellement comme des soutiens du "terrorisme", dont la Syrie. On en déduira que la lutte historique du "Bien contre le Mal" (de nous contre les autres, pour résumer) risque d'être un peu plus ambigüe que la prédication qui l'accompagne... En attendant, le Congrès américain a débloqué 40 milliards de dollars pour la riposte aux attentats du 11 septembre. C'est à peu près dix fois plus que l'aile financière américaine dont avaient bénéficié les combattants islamistes antisoviétiques en Afghanistan, avant qu'ils ne se retournent contre les Américains...

(AP, Reuters 17.9 / AP, MAOL, CCFIS, Quotidien d'Oran 18.9 / APS, AP, AFP, Le Quotidien d'Oran, Le Matin, Le Jeune Indépendant, Le Soir 19.9 / El Watan, El Khabar 20.9) Dans un communiqué publié à l'issue du Conseil des ministres du 16 septembre, le gouvernement algérien déclare que l'Algérie, qui n'a "jamais cesser d'appeler à la mise en place d'une coopération internationale effective de lutte contre le terrorisme, fléau que l'Algérie combat avec détermination depuis une dizaine d'année", est prête à contribuer avec "conviction et responsabilité" à l'élaboration et à la mise en oeuvre d'une stratégie "résolue et efficace" pour "l'élimination du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations". Le gouvernement algérien a réitéré la "ferme condamnation" par l'Algérie des "odieux attentats" du 11 septembre, et exprimé sa "sincère compassion" au peuple algérien, non sa rappeler que l'Algérie "souffre elle-même de la même barbarie depuis une décennie". Une "source autorisée" évoquée, sans autre précision, par l'agence officielle de presse APS a ajouté, le 19 septembre, que l'Algérie était disposée à participer à une coalition antiterroriste internationale dans le cadre d'une "stratégie concertée" et d'une "action précise", et qu'elle concevait sa participation à "toutes les étapes et dans toutes (les) manifestations" de la coalition. La même source ajoute cependant que la lutte contre le terrorisme ne pouvait "aucune prendre la forme d'une guerre contre un pays, une religion, un peuple, une culture ou une civilisation".

Le chef du MSP (islamiste gouvernemental), Mahfoud Nahnah, a appelé à une position nationale bénéficiant de l'adhésion populaire et d'une unanimité politique à l'égard d'une éventuelle alliance militaire internationale sous la houlette des USA. A l'inverse, le chef du MRN (islamiste, opposition), Abdallah Djaballah, a appelé les Algériens (et, au delà, les Arabes et les musulmans) à la solidarité avec l'Afghanistan contre les USA et leurs alliés, et a exprimé son soutien aux Talibans. Djaballah a dénoncé la tentative américaine de "mener une guerre éthnique contre l'Islam sous couvert d'éradication du terrorisme" et a accusé... le "mouvement sioniste" d'être responsable des attentats du 11 septembre.

Selon une "source gouvernementale" évoquée par "Le Matin" (toujours sans plus de précision). les responsables américains et algériens de la sécurité sont en contact depuis un entretien entre le secrétaire d'Etat américain Colin Powell et le général Lamari, et les Américains aurait affiché leur disponibilité à mettre à la disposition des Algériens des équipements de haute technologie et des images satellites utilisables pour la lutte anti-terroriste, mais en attendent des résultats concrets sur le terrain. Les Algériens auraient suggéré aux Américains d'éviter de lancer une attaque contre l'Afghanistan en tant que tel, ce qui pourrait soulever la colère dans le monde arabe et musulman, mais de privilégier une action commando contre Ben Laden et ses troupes. En outre, selon le quotidien londonien "El Hayat", les Algériens auraient transmis aux Américains une liste de noms de 1350 islamistes armés, dont une liste de 350 membres des GIA et du GSPC qu'ils soupçonnent d'être liés à la "Qaeda" de Ben Laden.

De son côté, le Mouvement algérien des officiers libres (MAOL) accuse les services de sécurité algériens de faire "de la rétention d'information vis-à-vis de leurs homologues américains" : Selon le MAOL, un "agent important" du DRS (ex-Sécurité Militaire) rentré d'Afghanistan en août 2001 après deux ans passés auprès d'un groupe de combattants proche de la "Quaida" de Ben Laden, aurait transmis aux autorités algériennes "des informations très graves et précises concernant une opération de grande envergure" contre les Américains "dans les prochines semaines"; le général Smaïn Lamari aurait délibérément décidé de ne pas transmettre ces informations aux services américains (ni aux services occidentaux) afin, suggère le MAOL, de laisser les choses suivre leur cours jusqu'à l'opération en question, celle-ci pouvant avoir des conséquences positives pour le pouvoir algérien. Selon le MAOL, des agents du DRS algérien seraient présents en Afghanistan depuis les années '80, pour "aider le KGB dans son combat" contre les moudjahidines afghans.

Selon "Le Jeune Indépendant", les services de sécurité algériens auraient déclenché une vaste enquête sur tous les pilotes algériens, sans exception, civils et militaires, ayant effectué des formations à l'étranger, ce qui est le cas de la plupart des pilotes algériens

Selon le quotidien "El Youm", un communiqué du GSPC de Hassan Hattab menacerait les Américains et les Européens de représailles contre les intérêts en Algérie en cas d'opérations contre des pays musulmans et arabes. Selon "El Youm", ce communiquerait affirmerait que le GSPC "frappera avec forces" les intérêts américains et européens si les pays visés persistaient à traquer les islamistes en Amérique, en Grande-Bretagne, en France et en Belgique. Le quotidien ne donne cependant aucune indication permettant d'identifier le communiqué attribué au GSPC.

Enfin, le Conseil de coordination du FIS appelle les USA à baser leur riposte aux attentats du 11 septembre "sur des faits avérés et prouvés, en évitant que des innocents ne soient aussi pris pour cibles", et salue "l'attitude de nombreux pays islamiques, européens et autres qui ont appelé à éviter les amalgames et les préjugés". Le CCFIS accuse les "généraux putschistes d'Alger" de tenter de "profiter" de l'émotion suscitée par les attentats aux USA "afin de s'attaquer à leurs opposants" et de s'"absoudre de leurs crimes".

En Europe, des juges antiterroristes belges, allemands, néerlandais et français ont annoncé le 17 septembre qu'un réseau islamiste préparait des attentats contre les intérêts américains en Europe.

En France, les parents d'un franco-algérien arrêté en août aux USA ont été placés sous surveillance policière. Zacharias Moussaoui avait été arrêté en possession de faux-papiers alors qu'il prenait des cours de pilotage à Boston. Il est suspecté par la DST française (contre-espionnage) d'être lié au Djihad islamique ou à la Qaeda de Ben Laden. Il avait été mis sous surveillance par les services français, ce qui ne l'a pas empêché de recevoir un visa des Américains (grâce, selon le "New York Times", à une recommandation de l'ambassade de France à Londres, et avec un faux passeport)... On observe cependant qu'aucun réseau islamiste ne semble avoir été mis à jour en France, ce que les enquêteurs attribuent à une volonté délibérée des islamistes d'éviter la France, vraisemblablement plus dangereuse et plus "à risque" pour eux que les autres pays européens. En 1995 pourtant, les réseaux islamistes auteurs des attentats commis en France avaient agi et les avaient préparés depuis la France. La justice française "s'intéresse" toutefois à des recrues françaises de la Qaeda d'Oussama Ben Laden.

Au Maroc, un membre fondateur du FIS, ancien officier de l'armée de l'air algérienne et ancien combattant d'Afghanistan (aux côtés des islamistes), Kamareddine Kherbane, a été arrêté le 18 septembre à Casablanca alors qu'il rendait visite à son beau-frère, détenu sous l'accusation de trafic d'armes à destination de l'Algérie. Kherbane est considéré comme le fondateur des "Fidèles du Serment", groupe armé islamiste opposé à la "concorde civile". Selon l'Associated Press, son arrestation serait liée aux attentats anti-américains du 11 septembre, et Kherbane aurait rencontré Ben Laden en 1993 et 1998. Il aurait mis sur pied, animé ou dirigé des réseaux islamistes au Pakistan, aux côtés de Bounoua Boudjemaâ, en Allemagne, aux côtés de Rabah Kébir, en Albanie, en Bosnie et finalement en Grande-Bretagne où il a obtenu l'asile politique. "El Khabar" annonce que les autorités algériennes vont demander à leurs homologues marocaines l'extradition de Kherbane, qu'elles accusent d'avoir planifié un attentat à la bombe contre l'aéroport d'Alger en 1993.

(AP 20.9 / Algeria-Interface, Reuters 21.9 / Le Matin, Le Monde 22.9 / Reuters, Le Soir, La Tribune, El Watan, Le Quotidien d'Oran, Liberté, Le Matin 23.9 / Le Matin 24.9) Les effets en Algérie des attentats du 11 septembre aux USA continuent de se faire sentir, beaucoup plus cependant sur le terrain politique et médiatique que sur le terrain tout court.

Après que plusieurs journaux aient affirmé l'appartenance du GSPC de Hassan Hattab à la "Qaeda" d'Oussama Ben Laden (un communiqué attribué au GSPC, mais à l'authenticité douteuse, a même été produit, dans lequel le GSPC menacait de "frapper les intérêts américains et européens en Algérie" en cas d'offensive antiislamiste des Américains et des Européens), les liens entre l'organisation de Hassan Hattab et les réseaux de Ben Laden n'ont fait l'objet d'aucune confirmation précise -d'autant que le GSPC n'était même pas considéré, avant le 11 septembre, comme une organisation "terroriste" par les USA. Les "repentis" du GSPC n'ont jamais évoqué la participation d'hommes de la "Qaeda", ni de fournitures d'armes, aux groupes armés de Hassan Hattab, et les milices locales de la région des Ouacifs, qui ont négocié la reddition de plusieurs membres du GSPC fin 1999, assurent que les groupes armés de cette organisation ne disposent que d'armes prises aux forces de sécurité. En outre, le GSPC ne s'est jusqu'à présent jamais manifesté par des actes de "terrorisme" urbain ou indifférencié, et a toujours, jusqu'à présent, "ciblé" les forces de sécurité (au sens large : armée, police, gendarmerie, garde communale, milices locales), ce qui conduit El Kadi Ihsane, pour "Algeria Interface", a conclure que "le groupe de Hassan Hattab pose, en définitive, bien plus de problèmes au pouvoir algérien qu'aux Américains", d'autant que si ses liens avec la "Qaeda" sont loin d'être avérés (un franco-algérien a cependant été arrêté en juillet aux Emirats arabes unis sous l'accusation d'être membre à la fois de la Qaeda et du GSPC), ses liens avec le Conseil de coordination du FIS, voire avec Ali Benhadj, semblent confirmés de manière beaucoup plus pertinente.

Pour autant, de nombreux acteurs de la scène politique algérienne se réfèrent aux événements américains pour tenter d'en donner une traduction algérienne, ou d'en évaluer les conséquences en Algérie. Ainsi, le général Nezzar, qui appelle à "extirper les racines du terrorisme par tous les moyens", y compris la guerre, et qui considère que l'Algérie doit rejoindre pour ce faire une coalition internationale dont l'un des objectifs serait de renverser les Talibans, assure que les services de sécurité ont démentelé "à deux reprises" des réseaux GIA liés à des réseaux islamistes de Grande-Bretagne. L'ancien ministre de la Défense a affirmé que "l'Angleterre demeure la base arrière des GIA, d'où partaient les ordres vers les maquis algériens", et que les GIA entretenaient "des relations très étroites avec Ben Laden", de qui ils recevaient soutien financier et approvisionnement en armes, via l'Europe et le Maroc.

Les différentes forces politiques algériennes se sont exprimées sur la participation de l'Algérie à une coalition "antiterroriste" internationale de manière conforme à leur positionnement sur la scène politique intérieure : Pour le CCDR, Abdelhaq Brerhi considère que l'Algérie doit "être partie prenante de la coalition internationale contre le terrorisme" mais doit d'abord "balayer devant sa porte" et éradiquer son propre "terrorisme islamiste". Pour le RND, Miloud Chorfi se contente de déclarer que "nous n'avons pas de position à prendre sinon celle de soutenir l'Etat et ses institutions". Pour l'ANR, Redha Malek refuse toute présence militaire de l'Algérie aux côtés des "coalisés" et appelle à un renforcement de la lutte antiterroriste en Algérie même, ce que la conjoncture internationale permet. Pour le président du RCD, Saïd Sadi, "ce qui vient de se passer aux Etats-Unis pourrait ouvrir des perspectives politiques en faveur de la République en Algérie", et l'évolution de la scène internationale est "favorable aux changements" en Algérie. Le porte-parole du RCD, Hamid Lounaouci, a ajouté que la lutte antiterroriste devra se soucier de "régler le problème de l'islamisme politique" (non armé). Le FLN, dans une résolution de son Comité central, a lancé un appel à tous les pays en les invitant "à prendre les mesures juridiques et sécuritaires nécessaires au démantèlement des réseaux terroristes activant sur leurs territoires et à oeuvrer au tarissement de ces sources de financement, d'organisation et de soutien divers". Le fondateur du Front démocratique, Sid Ahmed Ghozali, estime que "l'Algérie doit saisir (l') opportunité" de l'onde de choc des attentats du 11 septembre "pour faire connaître au monde entier sa position à l'égard du terrorisme", et qu'elle doit être "à l'avant-garde de (la) coalition" antiterroriste, même si des opérations militaires sont décidées.

Pour le FFS, Ahmed Djeddaï constate l'absence de "position officielle claire" de l'Algérie sur sa participation à une coalition internationale, et évoque le risque d'encouragement de l'islamisme et de renforcement des régimes autoritaires de "certains Etats" que feraient courir "des représailles sans discernement". Ahmed Djeddaï observe que "pour le pouvoir algérien, la situation née des derniers événements constitue du pain béni" et estime que "la politique du tout sécuritaire ne fera que réduire les espaces démocratiques", alors que le terrorisme ne pourra être vaincu que par la démocratisation, la réduction des inégalités et une approche politique des conflits.

Pour le MSP, Ahmed Dane s'étonne du fait que le pouvoir (dont participe le MSP, parti gouvernemental...) qui s'oppose depuis dix ans à toute forme d'ingérence étrangère change "subitement" de position en acceptant de participer à une coalition internationale. Le porte-parole du MSP se demande "si la vie des citoyens américains a plus de valeur, aux yeux de nos dirigeants, que celle des Algériens", et demande l'ouverture d'un débat "pour décider si l'Algérie devrait ou non faire partie de cette coalition mais aussi et surtout pour savoir si cette option sera acceptée par le peuple algérien". Le MRN d'Abdallah Djaballah a pour sa part appelé à un soutien actif aux Talibans.

Le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Ben Bradshaw s'est rendu le 23 septembre en Algérie, avant de se rendre au Maroc, pour tenter d'intégrer les pays du Maghreb dans la coalition "antiterroriste" internationale. La presse algérienne ne se fait pas faute de rappeler, et d'annoncer que les officiels algériens qu'il rencontrera le rappelleront également, à l'occasion de sa visite, au ministre britannique que Londres est la capitale européenne, sinon, hors du monde musulman, la principale base internationale de l'islamisme, et que nombre de militants et de responsables de groupes islamistes y résident, avec la nationalité britannique ou en disposant du statut de réfugiés politiques.

Le ministre tunisien des Affaires étrangères Ahmed Benyahia a annoncé que les cinq pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie) tentaient de monter une coordination antiterroriste régionale. Quant à l'Algérie, elle avait fait savoir le 19 septembre (mais par une dépêche de l'agence officielle APS, citant une source anonyme) qu'elle était disposée à participer "à toutes les étapes et dans toutes (ses) manifestations" à une coalition antiterroriste internationale, pour autant qu'elle s'inscrive dans une "stratégie concertée" et pour une "action précisée".

En France, sept personnes soupçonnées d'appartenir à des réseaux islamistes ont été arrêtées dans la région parisienne, dans le cadre de l'enquête sur de possibles projets d'attentats en France. Ces arrestations font suite à celle, en juillet à Dubaï (Emirats arabes unis) d'un Franco-algérien présenté comme membre des réseaux de Ben Laden, Djamel Begal, soupçonné au surplus d'être lié au GSPC de Hassan Hattab, qui aurait évoqué un projet d'attentat contre l'ambassade américaine de Paris. Au moins une des personnes arrêtées à Paris aurait été en contact direct avec Begal. A Marseille, un membre présumé d'un réseau islamiste, le "réseau Chalabi", arrêté le 18 septembre, a du être remis en liberté à la suite d'un vice de forme dans la précodure. Toukal Zaccharia avait été condamné en 1999 à Paris à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", et interdit de séjour en France. Il devait être expulsé vers l'Algérie le 21 septembre.

Par ailleurs, la France demande depuis six ans à la Grande-Bretagne l'extradition de Rachid Ramda, soupçonné d'avoir financé les attentats commis en France en 1995, dont celui qui avait fait 8 morts et 150 blessés le 25 juillet au RER Saint-Michel. Rachid Ramda, installé à Londres, y rédigeait et diffusait le bulletin des GIA, "Al Ansar", et est accusé d'être, depuis 1994 au moins, l'un des principaux dirigeants des GIA en Europe. Il aurait notamment assuré le financement des opérations menées par Ali Touchent, donné pour mort par les autorités algériennes en 1998. Les liens de Ramda avec les GIA ont été confirmé par la police britannique, qui l'a fait incarcérer en novembre 1995 pour être extradé en France, mais cette extradition n'a jamais été opérée, alors qu'elle a été autorités en juin 1996 par un tribunal -mais la décision de la mettre en oeuvre dépend du ministère de l'Intérieur, qui ne l'a jamais prise. L'avocate de Ramda affirme que son client est innocent et qu'il ne pourrait bénéficier d'un "procès équitable" en France. Si la décision d'extradition devait être prise, elle pourrait en outre faire l'objet d'un appel devant la Haute Cour, puis devant la Chambre des Lords.

Quant à Kamereddine Kherbane, membre fondateur du FIS mais exclu du front par Abdelkader Hachani, ancien volontaire en Afghanistan contre les Soviétiques, et ex-officier de l'armée de l'air algérienne, arrêté au Maroc le 18 septembre, il en a été expulsé le 20 septembre à destination de l'Europe (de Londres, selon son avocat. Kherbane réside d'ailleurs habituellement en Grande-Bretagne, où il jouit du statut de réfugié politique). Officiellement, Kherbane a été entendu par la police marocaine dans le cadre de l'enquête sur un trafic d'armes à destination des groupes islamistes armés algérien; officieusement, son arrestation aurait été décidée dans le cadre de l'enquête internationale sur les attentats du 11 septembre aux USA. Les aurtorités algériennes, qui semblaient vouloir demander l'extradition de Kherbane, ne l'ont finalement pas fait. Kherbane dispose d'un document de voyage pour réfugiés politiques qui lui permet de circuler en toute liberté dans n'importe quel pays, à l'exception de l'Algérie, de la France (d'où il a été expulsé en 1991) et, désormais, du Maroc. Selon la presse algérienne, Kherbane aurait animé depuis Peshawar (Pakistan), avec l'organisation islamiste d'entraide "Islamic Relief International Organisation), un bureau de liaison des combattants algériens en Afghanistan, financé par Ben Laden, qu'il aurait d'ailleurs rencontré à plusieurs reprises. Selon des "sources sécuritaires algériennes" évoquées par "Le Matin", Kherbane serait "actuellement entre les mains du MI6, les services de renseignements baritanniques".

Aux USA, le FBI aurait arrêté trois personnes originaires du Maghreb, dont un Algérien, dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 septembre.

(CCFIS 10.9 / Quotidien d'Oran, El Khabar 13.9) Dans un texte daté du 10 septembre, le Conseil de coordination du FIS accuse le pouvoir d'être responsable du massacre commis à Arzew, près d'Oran, le 8 septembre : "la nature des victimes -surprises pendant leur prière !- et des assassins -en tenue militaire !- ainsi que le lieu du crime -censé être hyperprotégé- ne laissent pour nous aucun doute sur les commanditaire et les exécutants de cette tuerie", écrit le CCFIS, qui accuse "le régime macabre des généraux" de s'engager dans un "nouveau cycle de terreur : massacrer les innocents, imputer le crime aux 'mystérieux et volatiles terroristes' et forcer la population à s'armer pour soutenir le pouvoir.

Pour sa part, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a déclaré dans un communiqué signé de Hassan Hattab qu'il n'était pas à l'origine des attentats à la bombe commis à Alger ces derniers temps, et accuse la presse algérienne de tenter de "semer la peur, la panique et le désarroi au sein de la communauté des musulmans croyants" en attribuant au GSPC, après l'avoir attribué aux GIA d'Antar Zouabri, l'attentat du 29 août dans la basse Casbah. Selon "El Khabar", du 29 août au 8 septembre, les forces de sécurité ont reçu 16 fausses alertes à Alger, ont désamorcé deux bombes et enregistré un attentat -celui de la basse Casbah.

(Reuters 25.9 / AP, Reuters, AFP 26.9 / La Tribune, El Watan 27.9) Les polices européennes ont multiplié ces derniers jours les opérations contre des réseaux islamistes, réels ou potentiels, dans le cadre des enquêtes sur les attentats aux USA le 11 septembre, ou d'enquêtes sur d'autres projets d'attentats préparés par des islamistes.

Le 26 septembre, l'Espagne a annoncé le démantèlement d'une cellule islamiste, attribuée au GSPC, et qui serait liée à la Qaeda d'Oussama Ben Laden. Six ressortissants algériens ont été arrêtés. La police les soupçonne d'être "directement liés" à deux membres d'un réseau islamiste dirigé par Djamel Belghal, un franco-algérien détenu à Dubaï, aux Emirats arabes unis, et que l'on accuse d'avoir voulu organiser des attentats contres des intérêts américains en France. Lors de l'opération policière, de nombreux faux-passeports, billets d'avion pour la France et l'Algérie et matériels informatiques ont été retrouvés. La radio espagnole a annoncé que les six hommes avaient été entraînés dans des camps en Afghanistan, et le Premier ministre espagnol José Aznar a affirmé qu'ils avaient "des connections financières avec l'organisation terroriste de Ben Laden". Le groupe qu'ils formaient serait dirigé par l'un d'entre eux, Mohamed Boualem Khnouni, dit "Abdallah".

La France a annoncé l'arrestation en Grande-Bretagne d'un autre homme suspecté de faire partie du réseau de Balghal, le Français Kamel Daoudi. Le 13 septembre, un Tunisien avait été arrêté en Belgique et un Français aux Pays-Bas, eux aussi sur le soupçon d'être liés au réseau de Belghal.

Le 25 septembre, Interpol a lancé un mandat d'arrêt prioritaire demandant à ses 179 pays membres de rechercher Ayman al-Zawahri, un Egyptien considéré comme le bras droit d'Oussama Ben Laden.

Le même jour, sept ressortissants algériens ou franco-algériens, arrêtés le 21 septembre, ont été inculpés à Paris pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes". Eux aussi sont soupçonnés d'avoir été en contacts avec Belghal. Quatre militants islamistes présumés avaient été interpellés le 25 septembre dans la région parisienne, sans que ces interpellations soient en rapport avec les attentats aux USA, selon la police. Deux membres présumés d'un réseau de soutien aux GIA, un Bosniaque et un algéro-bosniaque expulsés de Bosnie, et qui avaient été condamnés par défaut à cinq ans d'emprisonnement en avril, vont être rejugés par le tribunal correctionnel de Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", "falsification et complicité de falsification de cocuments administratifs". Ils feraient partie du réseau dont était également membre Ahmed Ressam, arrêté en décembre 1999 à la frontière canado-américaine dans une voiture bourrée d'explosifs.

Quant à la position de l'Algérie face à une "coalition antiterroriste internationale", le général Mohamed Touati, Conseiller du président Bouteflika, estime que l'Algérie ne doit pas "s'intégrer dans une coalition militaire qui aurait pour but d'agresser militairement un pays", car sa constitution le lui interdit, et que de toutes façons son apport militaire serait inutiles aux USA et à l'Europe. "Par contre une coopération de police pourrait s'avérer efficace", estime le général Touati

(CCFIS 21.9) Le Conseil de coordination du FIS réagit, par un texte publié sur son site internet et par une lettre aux Chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'Union européenne, signée par le porte-parole du CCFIS Mourad Dhina, à ce qu'il dénonce comme une "tentative de diabolisation" du FIS et comme un "amalgame enfantin et désespéré entre le terrorisme aveugle et le profond courant de revendications citoyennes représenté par le FIS", de la part des "milieux éradicateurs algériens". Le CCFIS réitère sa condamnation des attentats aux USA le 11 septembre, et affirme qu'il n'y a rien de "commun entre une bande occulte qui décide de s'autodétruire en emportant des milliers de divils avec elle, et un parti porteur d'un projet civilisationnel et qui a fait de la revendication ferme mais pacifique son mode d'action". Il accuse les "éradicateurs" de "verser des larmes de crocodiles sur les victimes de New York et Washington" et affirme que "le terrorisme aveugle" ne disparaîtra que lorsque "les peuples musulmans" pourront prendre "en charge leurs destinées (...), décider souverainement de la présence ou non de forces étrangères sur le sol" et "que les Palestiniens (seront) en droit de bâtir un Etat sur leur terre natale". Aux chefs d'Etat et de gouvernement européens, le CCFIS demande de baser leur "quête de justice" après les attentats "sur des faits prouvés" et d'éviter de "s'attaquer aux civils" et de faire un "usage disproportionnés de la force". Il leur demande de "ne pas agréger les partis politiques légitimes se réclamant des valeurs de l'Islam au terrorisme", et accuse en particulier le "régime militaire algérien" de tenter de "tirer profit de ces événements tragiques afin d'attaquer (ses) adversaires politiques légitimes, persécutés à l'intérieur et à l'extérieur de l'Algérie", en se présentant comme victime "du même terrorisme qui a plongé les Etats-Unis dans le deuil" afin de "s'affranchir de leurs nombreux crimes contre le peuple algérien et contre l'humanité".

(Le Jeune Indépendant 25.9 / AP, Libération 27.9 / AP, Reuters 28.9 / AP 29.9 / AFP, Le Soir, Le Quotidien d'Oran, Le Matin 30.9) Un Algérien de 27 ans arrêté le 21 septembre en Grande-Bretagne, Lofti Raissi, aurait formé quatre des auteurs des attentats du 11 septembre aux USA, selon les procureurs britanniques. Lofti Raissi a comparu le 28 septembre devant le tribunal qui doit se prononcer sur son extradition vers les USA. Il aurait passé son brevet de pilote aux USA, dans la même école d'aviation que les quatre "pirates de l'air". Il nie "catégoriquement toute implication dans la récente terrible tragédie", a fait savoir son avocat. Lofti Raissi restera en détention jusqu'à sa prochaine comparution, en principe le 5 octobre. Trois autres personnes, dont son épouse, interrogées dans le cadre de la même affaire, ont été remises en liberté.Un autre Algérien arrêté en Grande-Bretagne (en juillet), Amar Makhnoulif, alias "abou Doha", fait également l'objet d'une demande d'extradition des USA pour son implication présumée dans une tentative d'attentat à Los Angeles. Selon les Etats-Unis, il était chargé de superviser un groupe d'islamistes algériens ayant pour mission d'utiliser "une arme de destruction massive". Une quinzaine de personnes sont en outre interrogées en Grande-Bretagne dans le cadre de la campagne internationale "antiterroriste" (sélective) lancée par les Etats-Unis après le 11 septembre. Enfin, un autre algérien, Kamel Daoudi, a été expulsé le 28 septembre de Grande-Bretagne vers la France, où il a été placé en garde - vue par le contre-espionnage (la DST) à Paris, dans le cadre d'une procédure pour "association de malfaiteurs en vue de préparer un acte terroriste" contre des intérêts américains en France.

En France, deux membres présumés d'un réseau de soutien aux GIA algériens ont comparu le 27 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris, sous l'accusation commune d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", de"falsification de documents administratifs" pour l'un (Zoheir Choulah) et de "complicité de falsification" pour l'autre (Saïd Atmani). Les deux hommes ont réfuté ces accusations. D'origine algérienne tous deux, ils ont acquis la nationalité bosniaque après avoir combattu les Serbes en Bosnie dans les années '90. La justice française les soupçonne d'avoir contribué à la mise en place d'un réseau de faux papiers animé par Fateh Kamel. Ils ont déjà été condamné pour la même affaire à cinq ans d'emprisonnement ferme en avril 2001, mais ont demandé à être rejugés, le premier jugement ayant été prononcés alors qu'ils étaient en fuite.

Le 28 septembre, le procès de 24 autres membres présumés d'un autre réseau de soutien en armes et faux papiers pour les GIA algériens s'est ouvert devant le tribunal correctionnel de Paris. L'un des prévenus aurait reconnu que ce réseau avait été financé par Oussama Ben Laden. Selon le procureur, les membres du réseau seraient adhérents du mouvement fondamentaliste sunniste "Taqfir". 17 des 24 prévenus comparaissent libres, deux sont en détention provisoire en France, l'un en détention extraditionnelle en Italie et quatre ne se sont pas présentés. L'un des prévenus, Omar Boualouche, a été extradé de Suisse à la fin septembre.

En Espagne, six Algériens ont été placés le 28 septembre en détention sous l'accusation d'appartenir au GSPC de Hassan Hattab, lequel GSPC est accusé d'être financé par Oussama Ben Laden et d'être l'un des éléments de la "Qaeda".

L'offensive policière contre les réseaux islamistes en Europe n'a cependant pas empêché le ministre allemand des Affaires étrangères, Joshka Fischer, d'accuser "certains gouvernements" au nombre desquels, selon "Libération", le gouvernement algérien) de tenter "d'utiliser la lutte contre le terrorisme pour écraser leur opposition", et d'affirmer que les attentats du 11 septembre ne sauraient être le prétexte d'atteintes aux droits de l'homme".

En Algérie, si la presse met depuis le 11 septembre systématiquement en avant les connexions entre la "Qaeda" de Ben Laden et les groupes armés islamistes algériens, et fait le parallèle entre le terrorisme qui a frappé les USA et celui qui sévit en Algérie depuis 10 ans, l'opinion publique semble plus réservée, et douter à la fois de la responsabilité de Ben Laden dans les attentats américains et de la parenté de ses réseaux avec les groupes armés algériens. "La précision du montage de l'opération (aux USA) et son exécution quasi parfaite font l'admiration de la rue", note l'AFP, mais en même temps illustrent la différence entre le terrorisme brutal, sauvage et "primitif" qui sévit en Algérie. Ces doutes nourrissent les hypothèses les plus ivraisemblables sur les commanditaires réels des attentats aux USA, comme cette hypothèse selon laquelle les attentats auraient été commandités par les services secrets israéliens (pour avoir les mains libres contre les Palestiniens) ou russes (pour avoir les mains libres en Tchétchénie). Le 28 septembre, des jeunes ont défilé à Alger, à la sortie d'un match de football, en scandant des slogans à la gloire de Ben Laden et en dénonçant les "valets des Américains". La "Ligue pour l'appel à la nation", qui rassemble les "islamo-conservateurs", a appelé le 27 septembre à Constantine à refuser toute "alliance avec les USA" (avec les "oppresseurs américains") tant qu'une "justice globale" n'aura pas été instaurée dans le monde, selon les termes du président de l'Association des Oulémas algériens, Abdelrahmane Chibane Pour Ennahda, Lahbib Adami a par avance condamné "toute attaque contre le peuple afghan". Le chef du MSP, Mahfoud Nahnah (lors d'un meeting séparé) aurait quant à lui qualifié Oussama Ben Laden de "victime comme le sont tous les musulmans dans le monde".

Le GSPC, dans un communiqué signé de Hassan Hattab, daté du 21 septembre et adressé par courrier électronique aux rédactions des journaux algériens, a démenti être l'auteur du communiqué qui lui avait été attribué précédemment, et dans lequel des menaces étaient proférées contre les intérêts américains et européens en Algérie en cas d'offensive contre Ben Laden. Hassan Hattab affirme dans le texte du 21 septembre que son objectif n'est que "le djihad contre le régime" algérien, et qu'il ne fait la guerre "qu'à ceux qui la lui ont déclarée". Quant aux attentats du 11 septembre, le GSPC affirme qu'ils ne peuvent être le fait de Ben Laden, qui "n'a pas les moyens de mener une opération de cette envergure", et a d'ailleurs nié en être responsable. L'opération au surplus "ne se justifie pas du point de vue de la religion", ajoute Hassan Hattab, qui attribue les attentats aux USA à "d'autres Etats rivaux, écrasés par la superpuissance américaine".

Quant au président Bouteflika, il a évoqué, lors d'une visite dans la wilaya de Jijel, le 24 septembre, risque des conséquences désastreuses que pourraient avoir pour des pays comme l'Algérie les effets de la campagne lancée par les USA après le 11 septembre, et si "l'Algérie ne fait rien pour sortir de sa situation d'embrasement" : "elle risque d'ouvrir grandes les portes aux étrangers et d'être par le fait recolonisée". Le président algérien voit dans cette menace une raison supplémentaire de pousser à la réconciliation nationale : "l'heure n'est pas à le vengeance", même si "celui qui (ose) prendre les armes contre ses concitoyens ne (doit bénéficier) d'aucun secours". Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem, il a réitéré l'opposition de l'Algérie à une action "antiterroriste" qui ne serait que militaire et ciblerait "un pays, une culture, une civilisation ou une religion". Pour le ministre, la lutte antiterroriste internationale doit être menée "avec des procédés autres que l'action militaire", et doit impliquer une action contre les bases arrière du terrorisme : économiques, militaires, financières, politiques, diplomatiques et autres.

(AFP 1.10 / AP, AFP 2.10 / AP, Reuters, El Watan 3.10 / Le Matin 4.10) Djamel Belghal, Franco-algérien arrêté en juillet aux Emirats arabes unis et extradé vers la France, a reconnu le 1er octobre, dans un premier temps, avoir projeté de faire sauter l'ambassade des USA en France et le centre culturel américain de Paris, avant que de se rétracter partiellement ensuite en ce qui concerne l'ambassade américaine, tout en reconnaissant des projets d'attentats. Belghal avait également initialement déclaré agir sur ordre ou sous contrôle d'Oussama Ben Laden, et en collaboration avec Mohamed Zine el Abidine (Abou Zoubeida), bras droit du fondateur de la Qaeda. Il est ensuite revenu sur ces déclarations, et son avocat a laissé entendre que son client a été maltraité, voire torturé, pendant sa détention à Dubaï. Belghal a été inculpé le 1er octobre. Sept autres personnes sont déjà incarcérées en France dans le cadre de la même enquête, laquelle a abouti le 3 octobre à une neuvième inculpation, celle de Kamel Daoudi, un Algérien poursuivi pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Kamel Daoudi aurait séjourné jusqu'à l'été 2001 dans des camps d'entraînement de la Qaeda en Afghanistan. Il a été arrêté le 25 septembre en Grande-Bretagne et expulsé vers la France.

Cinq des protagonistes du "gang de Roubaix", soupçonné d'être un élément des réseaux islamistes, sont jugés depuis le 2 octobre à Douai. Deux d'entre eux sont algériens. Deux des accusés (tous deux français, dont l'un d'origine algérienne) sont en fuite. Les avocats de la défense ont demandé le renvoi du procès, craignant que le contexte international nuise à la sérénité des débats. Le "gang de Roubaix" est surtout accusé d'avoir commis des braquages de supermachés et de fourgons de transports de fonds. Il serait toutefois également responsable d'une tentative d'attentat à la bombe contre un commissariat de police de Lille, et il aurait été constitué par deux Français convertis à l'islam et engagés en Bosnieaux côtés des combattants musulmans.

24 hommes, tous Algériens ou d'origine algérienne, comparaissent en outre depuis le 28 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour des trafics de voitures, d'armes et de faux papiers entre la France, l'Angleterre, la Suisse et l'Italie "en relation avec une entreprise terroriste" (les GIA algériens, voire Oussama Ben Laden).

Le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine a effectué une "tournée" en Algérie, en Tunisie et au Maroc, et a pris contact avec son homologue mauritanien, afin de souligner la convergence de vues entre la France et les pays du Maghreb à propos de la lutte antiterroriste : "Nous sommes décidés à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et à intensifier les consultations dans ce but", a déclaré le ministre français, qui a également souligné "la légitimité d'une action américaine en légitime défense" après les attentats du 11 septembre, mais en précisant que cette action "doit toutefois être ciblée, précise et convaincante contre les organisations terroristes et ceux qui ont pu les aider", et qu'il ne doit pas seulement s'agirt d'une action "punitive", mais aussi "préventive afin d'asphyxier le financement du terrorisme et d'assécher ses réseaux". Hubert Védrine a également insisté sur le refus de la France "de tout amalgame entre terrorisme et monde arabo-musulman", et sur la nécessité de "ne pas tomber dans le piège diabolique tendu par les terroristes qui est de présenter une sorte d'affrontement de civilisations". Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a également souligné que le terrorisme devait être combattu "sans cibler aucun peuple, aucun pays, aucune religion, aucune civilisation". Le gouvernement algérien a par ailleurs demandé que les pays européens modifient leurs législation afin de se donner les moyens de "démanteler les bases arrières du terrorisme".

Le ministre marocain des Affaires étrangères Mohamed Benaïssa a quant à lui proposé à son homologue espagnol Josep Piqué de réunir d'ici fin octobre le forum Euro-méditerranéen pour discuter de la sécurité régionale, proposition qualifiée par le ministre français d'"excellente idée".

Le 1er octobre, la Commission européenne a adopté une "directive" en 14 articles, destinée à définir la lutte antiterroriste et à en préciser les cibles, directives qui sera proposée au prochain Conseil des ministres de l'Union. La Commission a dressé une liste de 27 organisation "terroristes", liste débutant par la Qaeda d'Oussama Ben Laden, et comprenant ensuite, outre le groupe Abu Sayaf (Philippines) "le" GIA et le GSPC algériens. Par contre, la liste ne comprend ni le Hezbollah libanais, ni le Hamas palestinien. La Commission propose de donner aux Etats la possibilité de geler les "comptes terroristes" et d'accroître leurs moyens de lutter "efficacement contre le financement du terrorisme" en assurant une coopération renforcée notamment en ce qui concerne le blanchiment d'argent et les trafics divers. Deux comptes bancaires ont été gelés aux Pays-Bas.

(Reuters, AP 4.10 / AP, Reuters, Jeune Indépendant 6.10 / Quotidien d'Oran, El Watan 7.10 / Liberté 8.10) Mohamed Kerrouche, Algérien accusé d'être l'un des responsables des GIA en Europe, a comparu le 4 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris avec 23 autres prévenus. Selon l'accusation, il aurait sur ordre de Djamel Zitouni, alors chef du GIA, constitué en France et en Grande-Bretagne des réseaux de soutien aux GIA, en liaison avec le mouvement fondamentaliste musulman "Takfir". Il a déjà été condamné en 1998 à huit ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", en l'ocurrence le "réseau Chalabi". Par ailleurs, quatre membres présumés d'un réseau de soutien aux GIA ont été interpellés le 5 octobre dans la région parisienne, à la veille du match de football France-Algérie. Les enquêteurs auraient saisi des documents, des livres sur les explosifs et des gilets pare-balles. Selon l'AFP, ces quatre hommes seraient liés au "réseau Chalabi", qui avait en principe été démantelé en novembre 1994, et avait fait l'objet d'un "procès de masse" (138 accusés) en novembre 1998, procès qui avait abouti à la relaxe de 51 prévenus.

Deux islamistes algériens arrêtés en Grande-Bretagne font l'objet d'une demande d'extradition de la part des USA : l'un, Lofti Raïssi, est accusé d'avoir formé quatre des "kamikazes" du 11 septembre, et l'autre, Amar Makhlouf alias Abou Doha, d'avoir projeté des attentats aux USA en décembre 1999. Les deux Algériens doivent comparaître le 26 octobre devant un tribunal londonien sous divers chefs d'inculpation, dont aucun n'est lié aux attentats du 11 septembre. Le FBI n'a dialleurs présenté contre eux, et en particulier contre Raïssi, que des présomption et aucune preuve de leur implication dans ces attentats, quoique Makhlouf soit accusé précisément d'avoir créé pour la Qaeda de Ben Laden une cellule active à Londres.


En Algérie, l'imminence de l'offensive américaine contre les Talibans a suscité de la part du leader du MRN (islamiste, légal, opposition), Abdallah Djaballah, lors d'un meeting organisé le 4 octobre, une déclaration de soutien à l'Afghanistan : "L'Afghanistan est notre terre est les Afghans sont nos frères". Pour Djaballah, l'offensive anglo-américaine contre l'Afghanistan "fait partie d'un plan ancien destiné à déstabiliser l'islam et les Arabes" sous prétexte de lutte antiterroriste, alors que "le véritable terroriste n'est qu'Israël". Abdallah Djaballah a enfin dénoncé la collaboration annoncée du pouvoir algérien avec les USA. A l'inverse, le RCD a dénoncé dans un communiqué la "compromission" de ce même pouvoir avec l'"islamisme". Quant au leader du MSP, Mahfoud Nahnah, il semble être revenu sur ses précédentes déclarations en affirmant que si Ben Laden était réellement impliqué dans les attentats du 11 septembre, il devrait "payer". Enfin, le président Bouteflika a, dans une intervention d'ouverture de l'année universitaire, dénoncé la "tendance dans certains milieux connus pour leur racisme et leurs convictions antimusulmanes d'assimiler le terrorisme à l'islam et de confondre dans la même condamnation les auteurs d'attentats et les peuples musulmans".

Le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a nommé le 3 octobre l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi représentant spécial des Nations Unies en Afghanistan, charghé de superviser les activités de l'ONU dans ce pays. Lakhdar Brahimi avait déjà occupé ce poste en 1999.

(CCFIS 8.10 / Reuters, AFP 9.10 / AP, Reuters 10.10 / Liberté, El Khabar, Le Soir11.10) Après six ans de procédure, le gouvernement britannique a donné son feu vert pour l'extradition en France de l'Algérien Rachid Ramda, soupçonné d'avoir organisé les attentats de 1995 en France, revendiqués par les GIA algériens et qui avaient fait dix morts et 200 blessés. Cette décision est une conséquence directe des attentats anti-américains du 11 septembre, des accords européens du début octobre sur le renforcement de la coopération "antiterroriste", et du flot de critiques qui se sont abattues sur la Grande-Bretagne, accusée d'être à la fois le bastion de l'islamisme en Europe et l'Etat qui entrave le plus la coopération judiciaire internationale, alors même que le Premier ministre britannique Tony Blair se pose en champion de la lutte antiterroriste dans le cadre de l'opération lancée contre les réseaux d'Oussama Ben Laden. Rachid Ramda peut encore faire recours contre la décision gouvernementale. Il doit être jugé par la Cour d'Assises spéciale de Paris pour "assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste", pour trois attentats (juillet et octobre 1995 à Paris, 8 morts et plus d'une centaine de blessés=. Son procès devrait s'ouvrir au début 2002. Un autre Algérien, Boualem Bensaïd, sera jugé en même temps que lui. Rachid Ramda aurait en outre été l'un des rédacteurs du bulletin islamiste "El Ansar".

Par ailleurs, quatre militants islamistes présumés arrêtés le 5 octobre dans la région parisienne ont été inculpés le 9 octobre d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et de "détention illégale d'armes". Ils seraient soupçonnés d'avoir tenté "quelque chose" à l'occasion du match de football France-Algérie du 6 octobre, mais ne sont pas poursuivis pour de tels projets, puisque ceux-ci ne sont pas prouvés. Par contre, des armes et des documents (mode d'emploi pour la fabrication d'explosifs, documents islamistes) ont été trouvés à leurs domiciles de la banlieue parisienne. L'un des inculpés est déjà accusé de faire partie d'un réseau de soutien aux GIA algériens.

L'expulsion vers l'Algéried'un militant islamiste algérien qui venait de purger une peine de huit ans de prison pour "association de malfaitezrs et relation avec une entreprise terroriste" a été suspendue par le tribunal administratif de Lyon, compte tenu notamment des risques qu'encourrait l'expulsé en Algérie. Nacer Hamani aurait malgré tout, selon son avocate, été conduit sur un bateau à destination d'Alger. Ce serait la première fois qu'un islamiste algérien serait expulsé de France vers l'Algérie.

Aux Pays-Bas, un Algérien soupçonné de préparer des attaques terroristes en Europe a du être libéré pour vice de procédure (il n'avait pas vu de juge dans le délai légal) et "faute de preuve" le 10 octobre, mais le Parquet a déclaré qu'il était toujours suspect et soupçonné de préparer une attaque contre des cibles américaines en Europe. Trois autres suspects sont restée en détention dans le cadre de la même enquête.

Le 10 octobre, trois militants islamistes présumés qui seraient liés aux réseaux d'Oussama Ben Laden ont été arrêté, l'un à Munich (un Lybien qui se serait entraîné dans les camps afghans de la Qaeda et serait "très motivé idéologiquement" (selon un responsable de la police italienne) et les deux autres (deux Tunisiens) à Milan.

Selon un responsable de l'organisation nationale (algérienne) des victimes du terrorisme, cité par "Liberté", 65 des victimes des attentats du 11 septembre à New-York étaient de nationalité algérienne. Le président Bouteflika a déclaré, après sa rencontre à Bruxelles avec le président de la Commission européenne Romano Prodi, que l'Algérie était solidaire des Etats Unis victimes du terrorisme : "pendant dix ans nous avons soufferts tout seule du terrorisme et il est tout à fait clair que nous aommes absolument solidaires du peuple américain", a assuré Abdelaziz Bouteflika, qui s'est félicité de la prise de conscience "nouvelle de ce fléau mondial que l'on appelle actuellement le terrorisme". Pour le président algérien, "il n'y a pas de bon et de mauvais terrorisme". Inaugurant le nouvelle Commission nationale consultative des droits de l'homme, le président Bouteflika a mis en garde le 10 octobre contre l'amalgame entre "terrorisme islaiste" et islam.

Assistant à un meeting de l'Association algérienne des familles de victimes du terrorisme, le chargé d'affaires de l'Ambassade des USA à Alger a fait part de sa satisfaction de voir les Algériens condamner les attentats terroristes commis aux USA, après que les représentants de l'association aient rappelé que le terrorisme séivissait en Algérie depuis dix ans sans que le monde s'en émeuve beaucoup.


Pour sa part, le Conseil de coordination du FIS (CCFIS), qui avait condamné les attentats contre les USA, condamne également l'attaque menée par les USA "et leurs alliés" contre l'Afghanistan, et la considère comme une "escalade dangereuse". Le CCFIS demande la "cessation immédiate des attaques contre l'Afghanistan" et appelle les USA à "s'astreindre à la raison et (à) éviter des mesures disproportionnées".

De son côté, l'association RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) a organisé le 10 octobre à Alger un rassemblement, qui a réuni plusieurs centaines de personnes, lors duquel RAJ a dénoncé les frappea américaines contre l'Afghanistan et appelé à répondre aux menaces (de guerre et de terrorisme) en développant la lutte pacifique pour la démocratie, la justice et un Etat de droit, "en Algérie, en Afghanistan et dans le monde".


Association Nationale de Jeunes                                                               Rassemblement - Actions - Jeunesse
BP 77 Port Said.Alger16000. Algérie                                                                      
Email : raj-algerie@voila.fr	
Tél. : 00 213 21 27.23.59  / 00 213 21 27.23.63

Alger, le 09 Octobre 2001

Communiqué du RAJ

" Seules la liberté, la justice et la démocratie pour sauver le monde "

Nous enterrons, nous pleurons et nous portons le deuil pour toutes les victimes des attentats du 11 septembre, qu'elles soient américaines ou de toute autre nationalité. Nous condamnons avec force et vigueur cet acte terroriste ignoble. Qu'il soit l'œuvre de Ben Laden ou d'un autre. Que cela soit au nom du fondamentalisme islamiste ou d'un quelconque autre fondamentalisme. Car il y en a beaucoup et les uns engendrent les autres. Nous en connaissons un bout, nous Algériens, sur les fondamentalismes et autres extrémismes. Nous ne pouvons donc que nous incliner à la mémoire des victimes de ce crime. C'est dans notre chair que nous ressentons leur détresse. Cela fait plus de dix ans que nous aussi nous enterrons nos morts, que nous les pleurons et en faisant le deuil. Sans que quiconque ou presque n'organise des minutes de silence ou que ces drames ne s'affichent à la Une des journaux télévisés. Il est vrai que nous sommes Arabes, Amazigh , Africains. Musulmans pour la plupart et pauvres. Nous sommes les tiers-mondistes sans tours jumelles abritant le cœur de la finance internationale.

Ceci étant dit n'oublions JAMAIS les expériences d'un passé récent ; En Algérie et après que le pouvoir ait tout fait pour favoriser la mouvance islamiste contre le mouvement démocratique entre 1989 et 1992, il a, après la large victoire du FIS aux législatives de Décembre 91, arrêté les élections et par la même le processus démocratique. La porte de la violence était ouverte. Le bilan de cette décision est lourd, très lourd. 200 000 morts depuis dix ans, des dizaines de milliers de déplacés (ailleurs on appellerait cela des réfugiés (ées) !), des milliers de disparus.......etc.

Nous retrouvons à travers l'histoire algérienne le même processus ou presque que celui mis en œuvre par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux : aide et soutien aux islamistes en Afghanistan ( y compris les Talibans) pour contrer l'URSS ou à Sadam Hussein pour faire face à la révolution iranienne........etc. Et donc, ce qui devait arriver, arriva. Que cela soit en Algérie, en Afghanistan ou dans plusieurs autres pays, la créature s'est retournée contre son père nourricier.

Pour le RAJ ;

De même que nous nous opposons depuis dix années a cette politique d'éradication violente en Algérie, nous ne pouvons que nous opposer aujourd'hui a la politique internationale d'éradication menée par les USA et consorts.

Avec cette politique l'Humanité court au chaos. Les attentats du 11 septembre ne sont qu'un triste et abject aperçu. La guerre n'est pourtant ni entre Islam et autres religions, ni entre une civilisation et une autre. Il ne s'agit donc ni de " croisade ", contrairement à ce qu'avancent les uns, ni d'un " jihad " comme veulent le faire croire d'autres. Il s'agit d'une bataille pour la justice et la liberté : celles des damnés de la terre, au Nord comme au Sud, musulmans, chrétiens ou juifs, blancs, noirs ou d'une autre couleur de peau.

Damnés de la terre dont ni Bush ni Ben Laden et consorts ne sont les défenseurs, bien au contraire.

Non, monsieur Bush, nous ne serons pas des vôtres pour aller faire la guerre, pas plus que nous ne serons du côté des autres. Qu'ils s'appellent Ben Laden, ou porteur d'un autre nom

Car la " liberté " que vous défendez, vous autres Bush et Talibans, n'est pas LA LIBERTE et surtout pas LA JUSTICE. Vous n'êtes que les deux faces d'une même médaille. Certes les USA sont une démocratie mais qui s'arrête le plus souvent à l'intérieur même de ses frontières.

Les Palestiniens, les Afghans, les Tchétchènes, les Algériens, les Américains, tous les peuples de la terre, épris de liberté et de justice doivent s'opposer à la politique que mènent les Bush-Laden. Une politique d'injustice, négatrice des libertés des peuples, des droits des femmes et des minorités, politique où seules la force, la violence et l'intimidation et le mépris ont droit de cité. Une politique de HOGRA qui mène au précipice tous les peuples du monde.

Plus que jamais, il est urgent de se mobiliser, de s'unir, pour faire échec à la politique des Bush-Laden. Plus que jamais, les citoyen(ne)s du Nord, du Sud de l'Est et de l'Ouest doivent faire comprendre à leurs élu(e)s, à leurs représentant(e)s, qu'il y a péril en la demeure. Qu'il faut rapidement élaborer et mettre en œuvre une politique qui garantisse à chaque peuple sa liberté et sa sécurité, sa part des richesses de cette planète, sa part des avancées en matière de sciences et de technologie, son droit de choisir librement ses gouvernants… Sans cela, aucune politique de lutte contre les terrorismes ne réussira, comme cela a été démontré ces dix dernières années en Algérie. Ils auront beau " couper " la tête d'un Ben Laden ou d'un autre, en Afghanistan, en Algérie ou même en Amérique, ils n'empêcheront jamais la résurgence d'un autre personnage de la même trempe. Car tant qu'il y aura les " politiquement Bush " qui essayeront d'imposer leur vues au monde, il y aura du Ben-Ladenisme qui en profitera pour faire du populisme et se déclarer " sauveur des peuples meurtris ". Et tant qu'il y aura ces deux maux, il y aura des 11 Septembre, suivi par des 07 Octobre2001.

Pour tout cela, nous sommes contre la guerre que viens de déclarer l'administration Bush et ses alliés.

En conséquence, le RAJ appel à un rassemblement pacifique le Mercredi 10/10/ à la place des Martyrs (Alger) a partir de 16h pour dire :

-NON AUX TERRORISMES, NON A LA VIOLENCE D'ETATS.
-NON À LA GUERRE, SEULES LA LIBERTE, LA JUSTICE ET LA DEMOCRATIE POUR SAUVER L'ALGERIE, L'AFGHANISTAN ET LE MONDE.
Alors citoyens, citoyennes, réveillons-nous, car ils sont devenus fous !

(Reuters 11.10 / Tribune, APS, Liberté, El Ribat 14.10 / El Watan 15.10) La police politique suédoise (Saepo) aurait identifié en Suède quinze personnes liées à la Qaeda d'Oussama Ben Laden, et soupçonne ces quinze personnes d'avoir fourni des informations et des moyens financiers à des organisations terroristes islamistes. Aucune arrestation n'a cependant été opérée.

A Paris, le procès d'un militant islamiste algérien "repenti" s'est ouvert le 11 octobre. Nasser Mattaï avait évoqué lors de son arrestation en 1997 l'existence de projets d'attentats à Marseille, liés aux réseaux de la Qaeda. Il est revenu sur ces déclarations en affirmant devant le tribunal le 11 octobre qu'elles lui avaient été "imposées" et qu'il les avaient faites pour "faire plaisir au juge d'instruction". Il avait été remis en liberté en novembre 2000 après trois ans de détention provisoire. En juillet 1999, il avait admis son appartenance au mouvement fondamentaliste "Taqfir", avait déclaré avoir été formé au maniement des explosifs pour commettre des attentats pour le compte des GIA algériens, avec l'aide de la Qaeda. Il avait également déclaré que la Taqfir était implanté en France, en Suisse, en Hollande, en Italie et en Belgique, et alimentait en armes, en faux papiers et en voitures volées les GIA algériens. Le procès, où sont jugés 23 autres membres présumés du Taqfir, se poursuit jusqu'à la fin du mois. L'un des accusés, "Omar le Suisse" (dont l'identité est inconnus) a été extradé de Suisse.

Au Caire, l'Organisation arabe des droits de l'homme (OADH) a condamné le terrorisme "sous toutes ses formes" et quelle soit son origine, mais a demandé la cessation "immédiate" de la guerre contre l'Afghanistan. L'OADG a appelé au respect de la légalité internationale et à éviter de "combattre un crime par un autre".

En Algérie, lors d'un forum organisé à Bejaïa par le MDS (Mouvement démocratique et social), les porte-parole du mouvement ont affirmé que par leur offensive contre l'Afghanistan et Ben Laden, les USA ne luttaient pas pour l'"éradication" du terrorisme, mais seulement pour le "châtiment" du terrorisme qui les menace. Quant au RCD, par la voix de son vice-président Ferdjallah, il a dénoncé la tiédeur du pouvoir algérien face au terrorisme international, et ses hésitations à soutenir l'offensive lancée contre lui.

Le Conseil de Sécurité américain a diffusé une liste des "terroristes" les plus "dangereux" au monde, liste comprenant 22 noms, avec en tête Oussama Ben Laden, suivi de 21 autres "terroristes" ayant en commun d'être tous islamistes, et pour la plupart arabes ou d'origine arabe, le plus souvent égyptienne Le président Bush a cependant précisé que "ces 22 individus ne sont pas responsables de toutes les activités terroristes au monde*, mais ils sont parmi les plus dangereux"

Le ministère algérien des Affaires étrangères a démenti que des Algériens figurent parmis les victimes des attentats du 11 septembre à New-York. Lors d'une réunion de l'Organisation nationale algérienne des victimes du terrorisme, il avait été affirmé que 65 Algériens figuraient au nombre des victimes.

Dans son édition du 14 octobre, le bulletin du FIS (tendance Kébir) "El Ribat" dénonce l'"hallali sonné par les médias contre les musulmans installés en Occident", et la "chasse aux sorcières (...) comme au temps du Ku Klux Klan". "El Ribat" s'en prend en outre aux "éradicateurs" algériens qui, "après avoir fait campagne contre toute commission internationale d'enquête" et toute "internationalisation" du conflit algérien, "multiplient les tentatives" pour insérer l'Algérie dans la "stratégie occidentale de lutte contre le terrorisme". "Il faut croire que pour les tenants de l'éradication, les attaques du 11 septembre sont une aubaine qui arrange leurs affaires", poursuit le bulletin islamiste, qui constate qu'"après avoir fui la France en avril dernier pour ne pas avoir à répondre à ses juges qui l'accusent d'usage 'massif et systématique de la torture' et d'"exécutions extrajudiciaires', Khaled Nezzar a curieusement retrouvé le courage qui lui a manqué il y a cinq mois pour annoncer qu'il allait 'affronter la justice française' en se rendant à Paris le 12 février 2001".

(AFDP 15.10 / AFP, Reuters, AP 16.10 / AFP, APS, AP Le Matin, Le Quotidien d'Oran 17.10 / El Khabar 18.10) Le président Bouteflika, en visite d'Etat en Afrique du Sud, a apporté le 16 octobre un soutien "sans réserve" à l'action des USA contre le "terrorisme", non sans déplorer l'ambivalence de ceux qui se mobilisent aujourd'hui contre le "terrorisme" après avoir laissé l'Algérie seule face à lui pendant dix ans. Le président algérien a reconnu que "l'action répressive" des Etats Unis était rendue "nécessaire par les pertes en vie humaine et en matériel subies", et a déclaré que l'Algérie se joignait "à la communauté internationale pour une action collective, forte et claire, pour débarrasser le monde" de la menace terroriste, mais il a souligné que les dizaines de milliers de morts de la décennie en Algérie n'avaient pas soulevé "l'intérêt et la réaction de l'opinion internationale" mobilisée depuis le 11 septembre, lorsque "les plus riches et les plus puissantes sociétés du monde ont été victimes de ce fléau" terroriste. Abdelaziz Bouteflika s'est demandé si la guerre lancée par les USA et la Grande-bretagne était "une guerre contre M. Ben Laden ou contre le terrorisme, partout et sous toutes ses formes", et a exprimé son impression de "deux poids, deux mesures" et sa conviction que "nombre de nations européennes sont des refuges pour des leaders de mouvements terroristes". Il a enfin appelé les USA à s'assurer que leur offensive visait bien le "terrorisme" et non l'islam, qui "n'a rien à voir avec le fondamentalisme, la violence ou la criminalité".Le 17 octobre, sur le même thème mais devant la Conférence générale de l'UNESCO à Paris, le ministre algérien de l'Education nationale, Boubakeur Benbouzid, a mis en garde contre tout "amalgame" entre l'islam et le terrorisme, et invité à ne pas "se tromper d'ennemi*. Boubakeur Benbouzid a lui aussi rappelé que l'Algérie "n'a eu de cesse, tout au long de la décennie écoulée, de lutter seule face à la violence barbare et dévastatrice" du terrorisme, et regretté que "la prise de conscience de la communauté internationale quant à la nécessité d'uine action concertée et déterminée contre ce fléau" ait attendu le 11 septembre pour naître.

Les représentants de 28 pays africains (dont l'Algérie), dont dix chefs d'Etat, ont affirmé le 17 octobre à Dakar leur détermination à lutter contre le terrorisme, mais ont émis des réserves sur le "pacte" que leur proposait le président sénégalais Abdoulaye Wade. Les Etats africains devraient notamment s'engager à ne pas permettre l'accès de leur territoire à des groupes terroristes et à échanger des informations dans la lutte anti-terroriste, mais plusieurs délégations ont jugé inopportune la mise en place d'un "pacte" formel et contraignant, et ont plaidé pour la mise en oeuvre des conventions existantes de lutte contre le terrorisme, notamment celle de l'OUA de 1999 ("déclaration d'Alger"). Selon "El Khabar", l'Afrique du Sud serait prête à signer avec l'Algérie un accord pour l'extradition des "terroristes" et l'interdiction des activités de soutien au "terrorisme" en Afrique du Sud.

Selon son éditeur autrichien, l'écrivain algérien Yasmina Khadra (Mohamed Moulessehoul) a été contraint d'annuler une série de conférences en Allemagne et en Autriche, à la suite de menaces provenant d'une "organisation islamiste". Yasmina Khadra s'était pourtant prononcé contre l'intervention militaire des Occidentaux en Afghanistan, en déclarant qu'"on ne peut faire peur à quelqu'un qui a choisi de mourir".

Dans un message adressé à une commémoration du 17 octobre 1961, co-organisée à Paris par l'UNEF et le RAJ, Hocine Aït Ahmed met en garde les "décideurs" algériens contre toute tentation d'utiliser la "conjoncture internationale qui leur serait favorable" pour lancer une "troisième guerre en Algérie". Le président du FFS dénonce le fait que le drame qui vient de frapper les USA puisse être perçu comme "une aubaine par le régime en place, qui ne cesse de répéter 'New-York et Alger même combat' pour mieux ramener (l'Algérie) à la case départ". Craignant que la guerre lancée contre "le terrorisme" après le 11 septembre débouche sur un "conflit contre les Musulmans", le président du FFS craint qu'elle permette également "la poursuite d'une politique de discrimination à l'égard du peuple algérien pris entre deux feux".

A Paris, le procès en appel de Boualem Bensaïd, un Algérien de 33 ans accusé d'être l'un des responsables des attentats revendiqués par les GIA en France en 1995, s'est ouvert devant la Cour d'Assises spéciale de Paris. Boualem Bensaïd est accusé d'une tentative d'attentat à la bombe contre le TGV Paris-Lyon en août 1995, pour laquelle il avait été condamné en novembre 2000 à 30 ans de réclusion, dont 20 incompressibles. C'est de cette condamnation qu'il fait appel. Il aurait fait partie d'un groupe envoyé en France par les GIA, avec Ali Touchent (dont la mort a été annoncée par les autorités algériennes en 1997) et Rachid Ramda, détenu en Grande-Bretagne et en instance d'extradition en France. Bensaïd et Ramda sont jugés pour trois des attentats de 1995, commis dans des atations de metro et de RER de la région parisienne (huit morts et une centaine de blessés). Devant la Cour, Boualem Bensaïd a affirmé qu'il ne faisait pas partie d'une association de malfeiteurs, mais de "bienfaiteurs", et, faisant allusion à la Résistance contre l'occupation nazie, que "le terroriste d'hier peut être l'ami d'aujourd'hui".

Au Canada, un Canado-marocain de 37 ans, Abdallah Ouzghar, condamné en France à cinq ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", a été arrêté. La France a demandé son extradition. Il est soupçonné de faire partie d'un réseau d'aide (faux-papiers) aux GIA algériens, le réseau de Fateh Kamel.

En Grande-Bretagne, le gouvernement a proposé plusieurs projets de loi durcissant l'arsenal "antiterroriste" : simplification et accélération des procédures d'extradition et d'expulsion, restriction du droit d'asile, renforcement de la sécurité dans les aéroports et les avions, renforcement des moyens policiers de lutte contre la criminalité financière.

(Slobodna Bosna 4.10 / AP 18.10 / AP, AFP 19.10 / Quotidien d'Oran 21.10 / AP, El Khabar 22.10) L'Algérien Sjamel Beghal, arrêté en juillet à Dubaï (Emirats arabes unis) et extradé vers la France sous l'accusation d'avoir préparé un attentat suicide contre l'ambassade des USA et le Centre culturel américain à Paris, aurait, selon des "sources judiciaires" (anonymes) françaises, déclaré au juge d'instruction "antiterroriste" français Jean-Louis Bruguière que le régime taliban avait passé un "pacte d'alliance" avec la Qaeda d'Oussama Ben Laden en mai 2001, et s'est déclaréconvaincu que les opérations "terroristes" de la Qaeda n'ont pu être décidés qu'avec l'accord des Talibans et leur chef, le Mollah Omar. Selon les mêmes sources, Beghal aurait précisé que la Qaeda fait "partie intégrante du régime taliban et de ses structures politiques et militaires".

L'Algérien Boualem Bensaïd a été condamné le 19 octobre à 30 ans de prison, dont 20 font l'objet d'une peine de sûreté, pour une tentative d'attentat le 26 août 1995 contre un TGV Paris-Lyon. Les avocats de l'accusé ont annoncé un pourvoi en cassation. La condamnation reprend les réquisitions du parquet. Boualem Bensaïd était présenté comme le coordinnateur de la vague d'attentats qui a frappé la France à l'été 19995. Il avait déjà été condamné à la même peine pour les mêmes faits, mais avait fait appel de ce jugement. Il encourait la réclusion criminelle à perpétuité, mais cette peine n'a pas été requise car l'attentat sur lequel portait le procès avait échoué et n'avait donc fait ni morts, ni blessés. Bensaïd avait avoué cette tentative et s'était lui-même qualifié de soldat du Djihad. Il aurait été envoyé en France par les GIA algériens pour commettre les attentats de l'été 1995, qui avaient fait huit morts et uhe centaine de blessés. Il doit encore comparaître pour sa participation présumée à ces trois attentats contre des stations de metro et de RER -et il encourt cette fois réellement la réclusion criminelle à perpétuité.

Le même 19 octobre, la cour d'assises du Nord a condamné plusieurs membres, algériens ou franco-algériens, du "gang de Roubaix", formé de présumés islamistes, à des peines de prison de 28 ans de réclusion, dont les deux-tiers de "sûreté", contre Omar Zemmiri, 20 ans contre Mouloud Bouguelane et 18 ans contre Hocine Bendaoui. Les trois accusés ont été reconnus coupables d'une attaque à main armée contre un transporteur de fonds. Zemmiri a été condamné au surplus pour une tentative d'attentat à la voiture piégée contre un commissariat et Bendaoui pour une tentative de meurtre sur des policiers. Les trois hommes purgent déjà des peines de prison en France et en Belgique pour d'autres faits.

En visite en Algérie, le Secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères, Loïc Hennekine, a déclaré le 21 octobre que la coopération antiterroriste algéro-française était "très satisfaisante" et confirmé que les services de renseignements collaboraient depuis plusieurs années dans ce domaine, la France étant satisfaite de cette coopération.

En Allemagne, on évoque la possibilité de l'extradition vers l'Algérie d'un membre présumé des GIA, Ahmed Chami, en prison depuis sept ans. Chami serait impliqué dans un attentat à la bombe à l'aéroport d'Alger en 1992.

En Bosnie, deux hommes ont été arrêtés sur le soupçon d'avoir menacé les ambassades américaines et britanniques à Sarajevo, ambassades qui ont été fermées par mesure de précaution. Selon des sources "proches de la communauté arabe de Bosnie", évoquées par l'agence AP, les deux hommes sont des Algériens mariés à des Bosniaques. Plusieurs milliers de combattants islamistes. Nombre iraniens, égyptiens et algériens étaient venus au secours de la Bosnie dans sa guerre contre les forces serbes entre 1992 et 1995. Nombre d'entre eux sont ensuite restée en Bosnie, y fondant même parfois une famille, et acquérant la nationalité bosniaque. Le quotidien bosniaque "Slobodna Bosna" signale que plusieurs actions terroristes ont ou auraient été commises dans le monde avec implication d'"hommes ayant vécu en Bosnie-Herzégovine durant la guerre ou immédiatement après". Fin septembre, les forces de l'ONU en Bosnie avaient arrêté quatre hommes soupçonnés de participation à des activités terroristes : deux Bosniaques employés d'une organisation saoudienne, un Jordanien et un Egyptien. Dans son rapport annuel de 2000 sur le terrorisme, le Département d'Etat américain affirmait qu'Oussama Ben Laden avait envoyé des instructeurs militaires et idéologiques en Bosnie. 24 personnes soupçonnées de terrorisme, et dont le procès s'était ouvert à Paris en février 2001, avaient séjourné en Bosnie. Tel a notamment été le cas d'Ahmed Ressam. Plusieurs terroristes présumés, ou membres présumés de réseau terroristes ou de soutien au terrorisme, ont été arrêtés porteurs de passeports bosniaques. "Slobodna Bosna" conclut : "parmi les hommes qui se sont battus pendant la guerre pour le salut de la (Bosnie), il y avait des éléments exceptionnellement dangereux, qui ont plus tard participé aux attaques terroristes les plus spectaculaires à travers le monde".

Aux USA et au Canada, la psychose du terrorisme semble provoquer une véritable "chasse au faciès" et plus de 800 personnes seraient détenues par le FBI américain, certaines depuis le 12 septembre, sans que l'on sache précisément qui sont ces détenus, ni pourquoi et où ils sont détenus. 190 ressortissants "arabes" ou moyen-orientaux auraient été internés ou mis en garde à vue sur décision des services d'immigration. Au Canada, un projet de loi accorde à la police le pouvoir de procéder à l'arrestation de n'importe quelle personne sur la seule foi d'un "doute raisonnable" des policiers. L'ONG américaine de défense des droits humains "Human Rights Watch" a protesté contre ces pratiques et a rappelé le ministre de la Justice, John Ashcroft, au respect de la Convention internationale sur les droits civils et politiques.

Enfin, selon "El Khabar", une réunion devrait se tenir "bientôt" entre l'OTAN, l'Algérie, l'Egypte, la Tunisie, le Maroc et Israël sur le thème de la lutte contre le terrorisme. Si cette information devait se confirmer et si cette réunion devait effectivement se faire avec la participation de l'Algérie et d'Israël (les deux pays n'entretenant pas de relations diplomatiques), il faudrait évidemment s'attendre à de virulentes dénonciations de la part des islamistes.

(Le Soir 19.10 / AFP 23.10 / AFP, Le Jeune Indépendant 24.10 / La Tribune, Le Quotidien d'Oran, El Watan, Le Soir25.10) La possible chute du régime afghan des talibans aurait "précipité le départ massif d'Afghanistan" des combattants arabes ayant rejoint ce pays dès les années '80, et d'entre eux des Algériens, qui auraient commencer à "rallier l'Algérie en compagnie de leur famille", annonce "La Tribune", qui évoque quatre famille d'"Afghans algériens" revenues dans leur localité d'origine. "Le Soir" précise que ces quatre familles se sont réinstallées dans la région d'El-Oued, et en précèdent d'autres. Les hommes concernés auraient été "recrutés par les services spéciaux pakistanais et saoudiens sous couvert de certaines associations religieuses de bienfaisance comme celle désignée sous l'appellation El Birr El Islami pour mener le djihad contre les troupes soviétiques en Afghanistan", selon "La Tribune" et "Le Soir". D'autres "Afghans algériens" auraient rejoint le Liban pour s'engager dans les rangs du Hezbollah "pour servir la cause palestinienne". Le "Jeune Indépendant" estime leur nombre à "plus de 200", dont 120 depuis le 11 septembre, 250 autres attendant de les rejoindre. "La Tribune" signale d'ailleurs que la "question de l'intégration sociale" de ces anciens combattants d'Afghanistan va se poser en Algérie, où la justice n'a rien prévu les concernant (puisqu'ils n'ont généralement commis aucun délit en Algérie). Le nombre des Algériens à s'être engagés en Afghanistan, soit aux côtés de Ben Laden, soit dans d'autres factions, est inconnu, mais Salima Tlemçani dans "El Watan" parle de "2500 Algériens qui ont rejoint l'Afghanistan" depuis le début de la guerre avec l'Union Soviétique, et d'un millier qui y seraient restée "pour renforcer le régime des talibans" avec l'aide d'Oussama Ben Laden. Toujours selon "El Watan", les services algériens de sécurité auraient recensé 250 anciens "Afghans" parmi les membres des groupes armés, mais seuls six seraient encore en vie, occupant des "postes de responsabilité" au sein du GSPC et du GSPD (ex katibat "El Ahwal"). Un grand nombre d'"Afghans algériens" seraient originaires de la région d'El Oued (sur 900 d'entre eux, 33 % en seraient originaires ou résidents, 18 % seraient originaires ou résidents de la région de Sidi Bel Abbès, 10.5 % de la région d'Alger, 14,7 % de celle d'Oran, selon Salima Tlemçani).

Le Parti des Travailleurs a condamné les frappes américaines en Afghanistan et assimilé l'action des Américains en Afghanistan à celle des Israéliens en Palestine. Le PT condamne le soutien exprimé par le président Bouteflika à l'action américaine.

Les 25 et 26 octobre, les onze pays membres du "Forum euro-méditerranéen" (Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce, Malte, Turquie, Egypte, Tunisie, Algérie et Maroc) ont prévu de se réunir à Agadir en session extraordinaire, avec la participation effective de leurs ministres des Affaires étrangères, pour tenter de définir une approche commune dans "la lutte contre le terrorisme", à l'initiative du Roi du Maroc.

Le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Mohammed Lamari, a été reçu le 24 octobre par le ministre belge de la Défense, André Flao, qui lui a exposé le plan de l'OTAN pour lutter contre le terrorisme.

(AP, Reuters 25.10 / AP 26.10 / El Ribat 28.10 / AP 29.10 / AP, Liberté, Quotidien d'Oran 31.10) La réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des 11 pays du "Forum méditerranéen", à Agadir, s'est achevée le 26 octobre par un engagement commun à renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Une proposition espagnole d'"élaboration d'un code de bonne conduite" en matière de lutte contre le terrorisme a été retenue. L'Espagne propose notamment une harmonisation des législations antiterroristes, un renforcement de la lutte contre le blanchiment d'argent et l'intensification des échanges en matière de renseignement. La mise en place d'un "comité de suivi" des conséquences économiques des attentats du 11 septembre a également été décidée. Les ministres turc et algérien étaient cependant absents de cette réunion. Le Forum méditerranéen rassemble le Portugal, l'Espagne, la France, l'Italie, la Grèce, Malte, la Turquie, l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc.

Le président américain George Bush a appelé le 29 octobre les pays africains à ratifier la Convention d'Alger de 1999 contre le terrorisme, afin de se doter d'"outils judiciaires, diplomatiques et financiers supplémentaires pour éradiquer le terrorisme". La convention a été signée par 36 des 53 Etats africains, mais ratifiée par seuls trois d'entre eux, malgré les pressions de l'Algérie et de l'Egypte.

En France, deux membres présumés d'un réseau de soutien aux GIA algériens ont été condamnés le 25 octobre par le tribunal correctionnel de Paris à quatre et cinq ans de prison et à l'interdiction définitive du territoire français. Les deux hommes, l'Algérien Zoheir Choulah et le Marocain Saïd Atmani, de nationalité bosniaque depuis leur participation à la guerre contre les Serbes, ont été reconnus coupables d'avoir participé à un réseau de faux papiers animé par Fateh Kamel. Ils avaient réfuté cette participation. Ils avaient déjà été condamnés en avril 2001 à cinq ans d'emprisonnement dans la même affaire mais avaient demandé à être rejugés. Le 26 octobre, devant le même tribunal, le procureur a requis des peines de prison allant jusqu'à dix ans contre les 24 membres présumés d'un autre réseau islamiste de soutien en armes et faux papiers aux GIA algériens, La réseau était dirigé par Nacerdine Mamache. Les prévenus sont poursuivis pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Le réseau serait d'obédience "Takfir" et aurait projeté des attentats en France, contre des intérêts américains ou pour venger la mort de Khaled Kelkal, abattu par la gendarmerie dans la région lyonnaise.

En Suisse, la police fédérale a confirmé l'extradition le 24 septembre vers la France d'un Algérien de 34 ans, soupçonné d'association criminelle avec une entreprise terroriste, de recel et de vol, et le 29 octobre vers l'Italie d'un Tunisien de 29 ans, soupçonné d'avoir appartenu à une organisation islamiste recrutant des volontaires pour la Bosnie, et les envoyant dans des camps d'entraînement en Afghanistan et au Pakistan.

En Grande-Bretagne, un Algérien soupçonné de liens avec des groupes terroristes eux-mêmes liés ou affililiés à la Qaeda a été maintenu en détention dans le cadre d'une procédure d'extradition vers l'Italie.

En Algérie, le président Bouteflika a déclaré au Conseil des ministres le 30 octobre que la lutte contre le terrorisme devait être "réfléchie et coordonnée aux objectifs nettement délimités", et engager la communauté internationale entière (et non un seul ou quelques Etats). En outre, pour le président algérien, les moyens mis en oeuvre dans la lutte anti-terroriste doivent cibler les terroristes et non pas des peuples, et a même ajouté qu'"on ne peut parvenir à une éradication" du terrorisme par les seuls moyens militaires. Enfin, le président Bouteflika a déclaré que l'origine du terrorisme résisait dans "l'injustice de notre monde actuel, dans la disparité des modes de vie, dans l'inégal accès à une vie saine et digne", toutes situations qui "alimentent les racines de la violence". Quant au Front des Forces Socialistes, il dénonce la tentation du pouvoir algérien "de profiter du contexte international consécutif aux attentats du 11 septembre 2001 pou, de nouveau, agiter l'épouvantail islamiste afin d'empêcher toute transition démocratique". Enfin, le bulletin de la tendance de Rabah Kébir du FIS, "El Ribat", dénonce le "déclenchement de haine contre l'islam" après les attentats du 11 septembre aux USA : "L'on cherche, en ce moment, à donner de l'islam une image criminelle, de misère humaine, et (à) le réduire à une histoire de sang et de violence", alors que "l'Occident a fait au moins dix fois plus de mort au cours du seul vingtième siècle" que les musulmans en leur quinze siècles d'existence.

(Reuters 2.11 / Quotidien d'Oran 3.11 / Tribune de Genève, El Watan 5.11 / Liberté, Le Matin 6.11 / Algeria Interface) Selon des sources du Département d'Etat américain évoquée par "Algeria Interface", la demande algérienne d'équipements militaires serait au coeur des entretiens entre les présidents Bush et Bouteflika, le 5 novembre, en échange de quoi l'Algérie s'est déclarée prête à une large collaboration policière "antiterroriste" avec les USA, désormais demandeurs d'une telle collaboration. Le 2 novembre, Abdelaziz Bouteflika a réaffirmé le soutien algérien aux USA, non sans rappeler que "le peuple algérien a dû affronter seul, dans l'indifférence générale, le terrorisme". Le président algérien a eu à Philadelphie des entretiens avec des dirigeants de groupes industriels aéronautiques et militaires américains (Northrop, Lockeed, Raytheon). La présence du ministre de la Justice Ahmed Ouyahia dans la délégation algérienne laisse également supposer qu'Américains et Algériens discuteront de la question de l'entraide judiciaire, voire du dossier des islamistes algériens établis aux USA. Des "sources sécuritaires algériennes" évoquées par "Le Matin" laisseraient entendre que des spécialistes américains pourraient participer en Algérie, sur le terrain, à la lutte contre les groupes armés, notamment le GSPC et les GIA, qui figurent sur la liste américaine des groupes terroristes.

En Italie, les services de sécurité ont lancé une alerte au camion piégé. Ils soupçonnent des "militants islamistes" de s'être introduits sur le territoire à bord d'un camio rempli d'explosifs, avec l'intention de commettre un attentat contre une installation routière. Des barrages ont été établis dans tous le pays. Deux Algériens, repris de justice, ont été arrêtés à l'un de ces barrages. Un Algérien arrêtà à Londres, Bachir Aouni, soupçonné d'être l'un des coordinateurs de la Qaeda en Europe, devrait être extradé vers l'Italie à la mi novembre. Il est accusé d'avoir monté des réseaux liés à la Qaeda en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France.

En Suisse, le Service d'analyse et de prévention de la police fédérale a invité les autorités cantonales à prendre contact avec les lieux de prière et centre culturels musulmans afin d'en obtenir les noms de personnes susceptibles de participer à des actions "terroristes". Pour le porte-parole du Centre islamique des Eaux-Vives, à Genève, Hani Ramadan, cette démarche policière "va dans le sens des amalgames qui sont faits entre lieu de culture et extrémisme musulman".

(AFP, Quotidien d'Oran 7.11 / Tribune 8.11) Deux membres de ce qui est présenté par "Le Quotidien d'Oran" comme une "cellule internet" du GSPC de Hassan Hattab, assurant la communication avec le réseau européen du GSPC, lui-même "en réseau" avec celui de la Qaeda d'Oussama Ben Laden, ont été présentés au parquet d'Alger et inculpés d'"appartenance à un groupe terroriste" (le GSPC). Les deux hommes, deux frères, auraient assuré la transmission par l'internet des messages électroniques du GSPC avec ses correspondants en Europe.

En France, Mohammed Chalabi, animateur d'un réseau de soutien aux GIA, a été transféré à Marseille en vue de son expulsion vers l'Algérie. Victime d'un problème de santé, il a été admis à l'hôpital, en attente de cette expulsion. Mohamed Chalabi a été condamné en janvier 1999, avec les autres protagonistes du réseau qui porte son nom, à huit ans de prison et à l'interdiction définitive du territoire français.

En Bosnie, La police recherche deux Algériens, membres présumés d'un réseau lié à la Qaeda, et a placé quinze Algériens et Egyptiens sous surveillance. En octobre, cinq Algériens et un Bosniaque d'origine algérienne ou yéménite avaient été arrêtés en Bosnie, sous l'accusation d'être liés à la Qaeda et d'avoir projeté des attentats contre des intérêts américains.

(Reuters 9.11 / AP, CCFIS 10.11 / Swissinfo, Liberté, Quotidien d'Oran 11.11 / El Watan 12.11) Selon "Liberté", une lettre de Hassan Hattab, chef du GSPC, retrouvée dans un "QG régional" du GSPC investi par l'aemée dans la nuit du 7 au 8 novembre à Berrahal, dans la région d'Annaba, donnerait instruction à ses lieutenants de désigner deux hommes par groupe local pour aller en Afghanisran "porter assistance" au mollah Omar, chef des Talibans, et aux combattants de la Qaeda de Ben Ladden : "Le combat au côté de nos frères afghans contre les infidèles et les mécréants est un devoir", dirait Hassan Hattab dans sa lettre -dont l'authenticité n'est cependant pas confirmée.

Le responsable présumé d'un réseau islamiste, Mohamed Chalabi, a été expulsé le 9 novembre par la France vers l'Algérie, par avion, malgré l'opposition de son avocate et de la Ligue des droits de l'Homme, au motif que le militant islamiste risque de subir en Algérie des "traitements inhumains". Mohammed Chalabi avait été condamné en 1999 en France à huit ans d'emprisonnement pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", en l'ocurrence un groupe de soutien aux GIA algériens, groupe qui aurait été chargé de créer des réseaux "terroristes" en Europe entre 1994 et 1996. L'expulsion de Mohamed Chalabi a été retardée de deux jours après qu'il se soit administré une surdose d'insuline, puis ait eu une altercation avec des poiiciers de son escorte.Pour son avocate, Isabelle Coutant-Peyre, "un nouveau pas vient d'être franchi dans le déshonnneur de la France avec l'enlèvement de Mohamed Chalabi", qui fait suite à l'expulsion de Nacer Hamani, qui avait été détenu pendant treize jours dans un lieu secret dès son arrivée à Alger. Le président de la Ligue française des droits de l'Homme, Michel Tubiana, qui rappelle que Hamani est né en France et est père d'enfants français, accuse le gouvernement de violer "sciemment (...) l'ensemble des conventions internationales dont la France est signataire, et plus simplement les règles mêmes du droit interne". Pour sa part, le Conseil de coordination du FIS dénonce l'"attitude pernicieuse des pouvoirs publics français face à tout ce qui touche les Algériens", et une "volonté dliébérée d'humilier les Algériens", qui resteraient des "bougnoules". "Les qualificatifs creux et propagandistes du genre 'islamiste présumé' ou 'membre d'un réseau du GIA' ne peuvent occulter une réalité autrement plus grave et alimentée par le mépris, la haine et le racisme", conclut le CCFIS. Plusieurs islamistes algériens restent encore sous le menace d'une expulsion de France vers l'Algérie : Mohamed Kerrouche, Mourad Tacine, notamment, condamnée à l'interdiction définitive du territoire français (en sus d'une peine de prison).

24 prévenus soupçonnés d'appartenir à un réseau de soutien au "terrorisme" sont actuellement traduits devant la justice française. Ce réseau, spécialisé dans le trafic de voitures, d'armes et de faux-papiers entre la France, la Suisse, l'Italie et la Grande-Bretagne, serait lié au mouvement "Ettakfir ouia el hidjra" et à la Qaeda de Ben Laden. Selon "Carlos" (Illitch Sanchez Ramirez), qui a adressé une lettre en ce sens au tribunal, le "Taqfir" et Ben Laden serait en réalité adversaires, et le "Taqfir" aurait même tenté d'assassiné Ben Laden à Khartoum en 1994. Neuf islamistes présumés, français et/ou algériens, accusés d'avoir commis des hold-up dans la région parisienne pour financer le FIS au début des années '90, et d'avoir participé à un réseau de fabrication de fausses pièces d'identité, sont traduits devant le Tribunal correctionnel de Paris. A Strasbourg, cinq Algériens accusés d'appartenir à un réseau lié à la Qaeda ont été arrêtés le 9 novembre. Ils sont soupçonnés d'avoir préparé des attentats qui auraient du être commis à la fin 2000 contre la cathédrale et un marché de Strasbourg.Parmi les personnes arrêtées figurerait, selon certaines rumeurs non confirmées, un certain "Abou Doha", membre des réseaux de la Qaeda

Lors de sa récente visite officielle aux USA, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a remis aux autorités américaine une liste de 350 "terroristes" algériens, dont les noms ont été transmis à la Suisse (entre autres), sans qu'aucune vérification n'ait été faite par les autorités américaines de la crédibilité de la liste et de la nature des accusations portées contre les personnes qui y figurent. Selon le porte-parole du Conseil de coordination du FIS (CCFIS), Mourad Dhina, lui-même établi à Genève (et qui figure probablement sur la liste algérienne à ce titre) "Berne n'accorde guère de crédit aux accusations venant d'Alger". Les USA n'ont d'ailleurs pas inscrit le FIS en tant que tel sur la liste des organisations qu'ils proscrivent, liste sur laquelle figurent en revanche les GIA et le GSPC. Les demandes de visas pour les USA déposées par les ressortissants de sexe masculin âgée de 16 à 45 ans de 25 pays, dont l'Algérie, transiteront désormais par le FBI, ont annoncé les autorités américaines. La plupart des pays concernés par cette mesure sont des pays musulmans ou majoritairement musulmans.

(Algeria-Interface) Selon "Libération", le colonel B. Baali, porte-parole du MAOL (Mouvement algérien des officiers libres), aurait déposé une demande d'asile politique auprès des autorités américaines.

(AP 12.11 / Reuters, AFP 13.11 / AP, Liberté 15.11) Expulsé de France vers l'Algérie le 9 novembre, Mohamed Chalabi, responsable présumé d'un réseau de soutien logistique aux islamistes armés algériens, a "totalement disparu" depuis son arrivée, a annoncé le 12 novembre son avocate, Isabelle Coutant-Peyre, qui rend (dans une lettre ouverte adressé au ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant) le gouvernement français "responsable" de son sort, "quels que soient les actes commis contre lui par les autorités algériennes". L'avocate reproche au ministre d'avoir autorisé une "extradition déguisée" et une "véritable déportation" de Mohamed Chalabi, et lui demande de faire le nécessaire pour qu'elle même obtienne un visa pour l'Algérie, avec "toutes les garanties" pour sa propre sécurité. Ce visa lui a été refusé par les autorités algériennes. Le 15 novembre, l'avocat algérien de Chalabi, Mahmoud Khelili, a annoncé que son client avait été "enlevé purement et simplement par la DRS" (ex-Sécurité Militaire) la veille "vers 22 heures directement des geôles de la police judiciaire". L'avocat déclare s'inquiéter "sérieusement" sur le sort de son client, diabétique et insulino-dpnendant, et accuse la police judiciaire d'user de tous les moyens pour l'empêcher de communiquer avec Chalabi. Mohamed Chalabi avait été condamné le 22 janvier 1999 à huit ans de prison et à l'interdiction dfinitive du territoire français pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Par ailleurs, cinq des six personnes arrêtées à Strasbourg dans une enquête sur un "réseau islamiste" ont été libérées sans qu'aucune charge soit retenue contre elles, la sixième personne, un Algérien, étant inculpée pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", sur le soupçon d'avoir aidé un autre Algérien, soupçonné d'avoir projeté des attentats à Strasbourg en décembre 2000, à fuir en Espagne à la fin 2000.

En Grande-Bretagne, un présumé "terroriste" accusé d'être impliqué dans l'attentat contre l'aéroport d'Alger, en août 1992, Abdelghani Aït Haddad, a été arrêté le 10 novembre. Il comparaîtra le 27 novembre devant un tribunal qui statuera sur la demande d'extradition déposée par l'Algérie.

En Espagne onze présumés islamistes algériens, tunisiens et syriens ont été arrêtés le 12 novembre à Madrid et Grenade, sur le soupçon d'être liés à la Qaeda.

(AP, El Watan 17.11 / AFP 18.11 / Quotidien d'Oran 19.11 / Liberté, Le Matin 20.11) Un Algérien accusé par les USA d'être lié à la Qaeda a été arrêté le 14 novembre à Rome. Abdelhalim Hafed Remanda, qui travaille dans un centre culturel islamique de Milan, a été arrêté au motif qu'il était porteur d'un faux certificat de résident en Italie. Un autre Algérien a été arrêté à Londres le 10 novembre, sur le soupçon d'avoir participé à l'attentat à l'aéroport d'Alger, en 1992 (10 morts, 124 blessés). Abdelghani Aït Haddad pourrait être extradé vers l'Algérie. Par contre, selon le ministre chargé de la Communauté nationale (algérienne) à l'étranger, Abelaziz Ziari, aucun Algérien ne figure parmi les dix militants islamistes soupçonnés d'être liés à la Qaeda et d'avoir pris part à la préparation des attentats du 11 septembre, et arrêtés en Espagne le 13 novembre.

En France, le chef du contre-espionnage (DST), Jean-Jacques Pascal, affirme dans un entretien au "Washington Post" qu'un r'seau d'"agents dormants" de la Qaeda est déployé en Europe et représente toujours un danger. Selon J.-J. Pascal, ce réseau est constitué d'un noyau dur financé par une direction centrale, et d'une douzaine de petits groupes "artisanaux" plus ou moins autonomes et tirant leurs ressources d'activités délictueuses (fabrication de faux documents, notamment).

En Algérie, Mohamed Chalabi, expulsé de France le 9 novembre, et qui avait disparu à son arrivée en Algérie, a été inculpé le 18 novembre de "création de et appartenane à un groupe terroriste armé en vue de commettre des crimes de dévastation et de destruction". De source judiciaire, on explique que du 9 au 18 novembre, Chalabi était en garde à vue. Le militant islamiste faisait déjà l'objet en Algérie d'une condamnation par contumace pour "crimes de terrorisme et subversion", affirme le parquet d'Alger, ce qui n'avait pas empêché la France de l'expulser, le ministre de l'Intérieur français ayant affirmé que Chalabi ne faisait l'objet d'aucune condamnation pénale en Algérie. Chalabi est le deuxième islamiste algérien expulsé par la France vers l'Algérie en trois semaines, et c'est le deuxième qui se retrouve incarcéré dès son arrivée, en passant au surplus plusieurs jours sans contact possible avec ses avocats, le cas précédent étant celui de Nacer Hamani, expulsé (et arrêté à son arrivée à Alger) le 11 octobre.

Aux Etats-Unis, le "Center for Strategic and International Studies" a rendu public une étude datée du 8 novembre, et portant sur une "nouvelle stratégie pour traiter le terrorisme au Proche-Orient". Cette étude, illustrative de la "doctrine Powell" (celle du Secrétaire d'Etat Colin Powell, qui s'oppose à celle du Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, nettement plus sommaire) fait une distinction (assez simpliste) entre les pays "amis", qui ont coopéré avec les USA dans le domaine sécuritaire (Koweit, Maroc, Arabie Saoudite) et les pays qui ont "soutenu, hébergé ou toléré le terrorisme et l'extrémisme" (l'Iran, l'Irak, le Liban, le Soudan, la Syrie et le Yémen). "Le Quotidien d'Oran" note que l'Algérie ne se retrouve dans aucune des deux catégories; selon le rapport, "l'Algérie doit être traitée comme un cas à part" car elle "a mené pendant une décennie sa propres guerre à ses propres terroristes islamistes et extrémistes, mais le gouvernement et le régime militaire ont été davantage (que ces groupes) la cause des problèmes de la nation", qui connaît "une brutale et longue guerre civile entre un régime corrompu et des extrémistes islamistes violents". Le rapport, pessimiste quant aux chances d'éradiquer le terrorisme dans le monde arabo-musulman si les causes "structurelles" du terrorisme ne sont pas éliminées, note en outre qu'en Afrique du nord des "tensions apparaissent entre Arabes et Berbères".

(Reuters, Quotidien d'Oran 27.11) Un tribunal britannique a décidé du maintien en détention préventive, jusqu'au 14 décembre, du pilote algérien Lofti Raissi, poursuivi dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 septembre, et soupçonné d'avoir formé quatre des pilotes qui avaient pris le contrôle des avions "jetés" sur les tours du world trade center et du Pentagone. Les USA ont réclamé son extradition. Raissi se défend de toute implication dans les attentats. Selon des sources judiciaires londoniennes, les USA devraient communiquer au Parquet britannique, mais sans les rendre publics, 11 autres chefs d'inculpation concernant Raissi, arrêté en septembre en Grande Bretagne. Mais l'extradition de Raissi pourrait prendre des années, compte tenu des procédures d'appel britanniques et de la possibilité de recourir devant la Cour européenne des droits de l'homme. Au moins huit hommes sont menacés d'extradition dans le cadre de l'enquête britannique sur les attentats du 11 septembre.

Dans un entretien avec "Le Quotidien d'Oran, Lofti Raïssi réfute les accusations portées contre lui et affirme n'avoir pas rencontré l'"émissaire" de la Qaeda avec lequel il est accusé d'avoir été en contact : "Je suis une personne innocente qui a été associée par erreur à une organisation terroriste. Ils ont trouvé en moi tous les ingrédients du coupable : Algérien, musulman, j'ai étudié aux Etats-Unis et j'apprends à piloter des avions !". La famille de Lofti Raïssi est également convaincue qu'il n'est qu'un "bouc émissaire".

(www.Algeria-interface.com, Libération 28.11 / AP 29.11 / AFP, Reuters, AP 30.11 / Quotidien d'Oran, Le Matin 2.12) Dans une "tribune libre" parue dans le quotidien français "Libération", le porte-parole du MAOL (mouvement algérien des officiers libres), Baali Ali, écrit que "la riposte légitime des Américains et la lutte à l'échelle planétaire contre les réseaux terroristes ne doivent pas être un parapluie protecteur pour tous les dictateurs", en particulier ceux qui sévissent dans le monde arabo-musulman. "Comment expliquer le lien entre un individu qui vit en Occident, maîtrise la technologie" mais se met "au service d'une secte d'assassins", avec "un illétré illuminé vivant au Moyen Age, comme le mollah Omar ?", s'inmterroge le porte-parole du MAOL, qui constate que "la faillite des systèmes 'importés' -socialisme de Boumediene en Algérie ou nationaliste autoritaire de Nasser en Egypte-, les défaites successives dans les guerre contre Israël, la dépravation et la corruption des princes de la péninsule arabique et du Golfe, le suivisme des intellectuels, ont poussé les masses à se retourner vers un passé mythique". Pour Baali Ali, la raison "structurelle" de l'émergence de "la ligne djihadiste au sein du monde musulman (est) l'absence totale de démocratie et de liberté d'expression dans les pays arabes et musulmans". El le porte-parole du MAOL prévient : "le mariage illégitime des régimes autoritaires et corrompus avec les intérêts économiques égoïstes des Occidentaux a engendré -et engendrera encore- des générations de terroristes qui nous dévorent", à moins que l'on fasse de "la tragédie du 11 septembre (...) la pierre angulaire du village planétaire démocratique".

Pendant ce temps, en Algérie, L'audition de Mohammed Chalabi, militant islamiste expulsé de France et aussitôt arrêté en Algérie, par le juge d'instruction, programmée pour le 28 novembre, a été reportée pour une raison inconnue de son avocat, Mahmoud Khelili, qui précise que cette audition entrait dans le cadre d'une nouvelle affaire dont le dossier ne lui a pas été communiqu. Me Khelili suppose que son client est à nouveau poursuivi pour les mêmes chefs d'accusation qui lui avaient valu en 1993 d'être condamné à mort par défaut par la cour spécial d'Aléger, et que cette nouvelle instruction est motivée par le fait que "le dossier de l'affaire jugée en 1993 n'est pas assez consistant pour justifier "le) maintien en détention" du militant islamiste.

19 membres présumés d'un réseau islamiste, tous Algériens ou d'origine algérienne, ont été condamnés le 30 novembre à Paris à des peines de prison allant de huit mois avec sursis à sept ans fermes pour le principal accusé, Mohammed Kerrouche, qui purge déjà une peine de huit ans de prison pour des faits semblables. Omar Bouallouche, extradé de Suisse pour le procès, a été condamné à six ans de prison. Nasseredine Mamame à cinq ans. Cinq prévenus ont été relaxés. Les prévenus appartenaient, selon l'accusation, à des réseaux des GIA algériens ou du "Takfir", un groupe islamiste qui aurait approvisionné en armes les maquis algériens.

De sa prison, l'ancien "terroriste international" Illitch Ramirez Sanchez, alias "Carlos", par ailleurs époux de l'avocate française de Chalabi, a écrit au président Bouteflika pour lui demander d'amnistier, "au nom de nos martyrs" et de l'"amitié révolutionnaire", Mohamed Chalabi, dont il considère l'expulsion vers l'Algérie comme "le résultat d'un coup de force barbouzard des héritiers de Guy Mollet".

En visite à Alger, le président français Jacques Chirac a déclaré lors d'une conférence de presse que la coopération antiterroriste entre l'Algérie et la France était une "reéation avec un objectif de lutte qui se renforce sur le plan de la coopération et du renseignement", mais n'a pas donné de détail sur cette coopération.

En Belgique, un Algérien d'une trentaine d'années, requérant d'asile, a été arrêté le 28 novembre sous l'accusation de contrefaçon et de gangstérisme, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat en Afghanistan le 9 septembre du chef de l'opposition aux Talibans, le commandant Massoud.

En Italie, trois ressortissants du Maghreb, dont un Algérien, réfugié politique, Abdel Halim Hafed Remadna, ont été arrêtés le 29 novembre dans le quadre des enquêtes sur les réseaux de la Qaeda. Les trois hommes sont accusés d'activités terroristes, en l'ocurrence d'association de malfaiteurs à des fibns de détention d'explosifs, de gaz de combat et de faux documents. Remadna serait, selon la police antiterroriste italienne (DIGOS) et le juge en charge du dossier, un personnage "de premier plan du réseau islamiste international". Il serait notamment en contacts avec le responsable d'une base de la Qaeda, Omar Chabani, alias Abu Jaffa.

En Bosnie, cinq citoyens d'origine algérienne se sont vu retirer leur nationalité au motif de leur implication supposée dans le terrorisme islamiste, et cela avant même d'avoir été reconnus coupables de quoi que ce soit, et avant même que l'enquête policière et judiciaire soit terminée. Les cinq hommes sont détenus à Sarajevo sous l'accusation d'avoir envisagé de s'attaquer aux ambassades britannique et américaine en Bosnie. Ils pourraient être extradés en Algérie.

En Amérique du nord, le FBI américain a affirmé le 29 novembre que l'Algérien Samir Aït Mohammed, arrêté à la mi-novembre au Canada, était un complice d'Ahmed Ressam, autre algérien arrêté fin 99 alors qu'il tentait d'entrer aux USA avec un camion rempli d'explosifs. Mohamed et Ressam auraient projeté un attentat à Montréal, et auraient été en contacts avec un responsable de la Qaeda, Abou Zoubeida.

(www.algeria-interface.com 5.12) L'avocat du militants islamiste Mohammed Chalabi, expulsé de France le 9 novembre et incarcéré en Algérie dès son arrivée, a adressé au juge d'instruction une demande de mise en liberté de son client, et s'apprête, en cas de réponse négative, à en déposer une auprès de la Chambre d'accusation d'Alger. Dans sa demande de mise en liberté, Me Mahmoud Khelili relève que du point de vue formel, la détention de Chalabi est illégale, et ne repose que sur un dossier vide. Selon Mahmoud Khelili, la nouvelle information judiciaire lancée contre son client "vise à camoufler l'énorme bavure dont celui-ci a été victime entre le 9 et le 18 novembre", période pendant laquelle il était détenu et interrogé par la police et lea sécurité militaire sans être inculpé ni entendu par un juge : "il fallait bien masquer ces interrogatoires en garde-à-vue, ce qui supposait naturellement une nouvelle inculpation", résume l'avocat, qui ajoute que si une nouvelle instruction a été ouverte, c'est aussi parce que l'exécution de la procédure d'opposition au verdict (la peine de mort) prononcé par contumace en 1993 contre Mohammed Chalabi ne pouvait aboutir qu'à un acquittement : tous les accusés lors du procès de 1993, à l'exception des prévenus par défaut, ont d'ailleurs été acquittés lorsque l'affaire a été rejugée en décembre 2000, après cassation du procès de 1993.

(AP 10.12 / Le Soir, Liberté 13.12) Selon "Le Soir", une rencontre organisée par le "numéro deux" de la Qaeda, l'Egyptien Aymen Al Zawahiri, aurait rassemblé en 1995 "près de Genève" Oussama Ben Laden, "des Egyptiens et des émissaires du GIA" algérien. "Le Soir" affirme avoir rencontré en Angleterre un participant à cette réunion, portant (entre autres) le pseudonyme d'"Abou Farès". A l'époque, Oussama Ben Laden venait d'être déclaré persona non grata au Soudan. Selon "Abou Farès", la rencontre aurait envisagé la possibilité d'une installation de Ben Laden en Algérie au cas où les islamistes armés y avaient pris le pouvoir : "le frère Oussama a soutenu nos frères algériens, GIA, sur tous les plans et il aurait été chez lui en Algérie si nos frères avaient pris le pouvoir"; l'autre solution étant l'installation en Afghanistan, avec l'aide des services secrets pakistanais, d'un pouvoir islamique. La réunion de Genève n'aurait pris aucune décision, et aurait vu s'exprimer des divergences entre Ayman Al Zawahiri et les GIA, le premier préconisant un affrontement prioritaire aux Américains, les seconds privilégieant la lutte contre la France.

Le président Bouteflika doit rencontrer le secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, le 20 décembre à Bruxelles, pour débattre de la coopération antiterroriste dans le care du "dialogue méditerranéen", programme de coopération politique de l'OTAN avec l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, la Jordanie, l'Egypte et Israël.

Le Secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient, William Burns, est arrivé le 9 décembre à Alger pour une visite de deux jours. lors de laquelle il a été reçu par le président Bouteflika, à qui il a déclaré avoir expréimé "la reconnaissance des Etats Unis (...) pour la collaboration, la coopération et l'appui apportée par l'Algérie dans divers domaine". William Burns a également exprimé l'aspiration des USA à "renforcer la coopération avec l'Algérie dans plusieurs domaines, notamment aux plans économiques, diplomatiques et sécuritaire".

(AP, La Tribune 13.12 / AP 14.12) Un Algérien de 32 ans en détention provisoire au Canada, Samir Aït Mohammed, a été inculpé le 12 décembre aux USA sous l'accusation d'avoir aidé un présumé terroriste de la Qaeda à préparer un attentat à la bombe contre l'aéroport de Los Angeles pendant les célébrations de la fin de l'année 1999 et du début de l'année 2000. L'attentat n'a pas eu lieu. Aït Mohammed est également accusé de "conspiration" pour fraude à la carte bancaire. Il risque théoriquement, s'il est reconnu coupable, la détention à vie pour "conspiration dans le but de commettre un acte de terrorisme".

A Londres, le pilote algérien Lofti Raissi, accusé d'avoir entraîné certains des "pirates kamikazes" du 11 septembre, s'est vu refuser le 14 décembre une mise en liberté provisoire sous caution. Il avait été arrêté à Londres en septembre et est inculpé aux USA pour avoir falsifié des documents afin d'obtenir un brevet de pilote. Les USA ont demandé l'extradition de Lofti Raissi.

Après six ans de discussions, la conclusion d'un accord de sécurité entre l'OTAN et l'Algérie devrait intervenir au début 2002. Un tel accord implique l'échange d'informations confidentielles, notamment militaires, et permettrait à l'Algérie de s'approvisionner en armement auprès de pays membres de l'Alliance. Il impliquerait en outre une professionalisation de l'armée algérienne. Le dialogue entre l'OTAN et l'Algérie a commencé en 1994; les premiers contacts officiels sont intervenus en 1999 (entre experts et hauts responsables); en 2000, l'Algérie a adhéré au "dialogue méditerranéen", programme de coopération politique de l'OTAN avec, outre l'Algérie, Israël, l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Les contacts se sont renforcés parallèlement à la négociation avec l'Union européenne pour la signature d'un accord d'association. "La Tribune" annonce que le président Bouteflika rencontrera le 20 décembre à Bruxelles le Secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, à l'occasion de la signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne.

(Reuters 17.12 / AP 19.12 / Liberté, Reuters 20.12) Les services spéciaux français jugent vraisemblables les déclarations d'un taliban se disant français, Abdur Rehman, arrêté par les forces anti-talibans, qui a affirmé que "80 à 100 Français" faisaient partie des volontaires de la Qaeda en Afghanistan. Une source diplomatique française a confirmé la présence à Peshawar d'un combattant pro-taliban, "probablement français d'origine algérienne", ce que les autorités françaises tentent de confirmer. Selon les services de renseignement français, entre 300 et 500 islamistes français auraient transité par les écoles coraniques pakistanaises ces dernières années, sans pour autant forcément rejoindre les talibans ou la Qaeda. D'autres ont combattu au sein des forces musulmanes en Bosnie.

A Paris, le tribunal correctionnel a condamné le 19 décembre à des peines de 6 mois à 5 ans de prison six militants islamistes soupçonnés d'avoir participé à "une association de malfaiteurs terroristes", et d'avoir pour ce faire commis un hold-up à Rouen, le 2 juillet 1994, pour financer les islamistes algériens.

En Grande-Bretagne, la police a lancé une vague d'arrestation de présumés "terroristes" islamistes sur l'ensemble du territoire, en utilisant les nouveaux pouvoirs que lui accorde la nouvelle législation, entrée en vigueur à la mi-décembre, qui permet de maintenir en détention sans jugement des étrangers soupçonnés de "terrorisme". Les arrestations ont eu lieu à Londres, dans l'ouest et dans le centre. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a refusé de donner les noms et nationalités des personnes arrêtées, et n'a pas confirmer l'information selon laquelle il s'agirait majoritairement d'Algériens.

Selon "Le Matin", qui s'appuie sur "des sources crédibles à Alger", des officiers algériens auraient déjà participé en qualité d'experts à des réunions, à Bruxelles et Washington, consacrées à la lutte "antiterroriste".

(Corr 21.12) Un Algérien résidant à Montréal, Mourad Ikhlef, qui bénéficie du statut de réfugié politique, a été arrêté par la police antiterroriste canadienne le 12 décembre. Il est soupçonné d'être membre d'un GIA algérien, ou lié à lui, et de s'être livré à des actes de terrorisme. Il est en outre soupçonné d'avoir été en contact avec un autre Algérien de Montréal, Ahmed Ressam, arrêté aux USA sous l'accusation d'avoir planifié un attentat à Los Angeles, et avec le chef du "groupe de Roubaix", coupable d'attentats en France, Fateh Kamel.

2002

(AP 11.1 / Quotidien d'Oran, Jeune Indépendant 13.1) Saïd (ou Ahmed) Laïdouni, un Français d'origine algérienne, membre présumé d'un réseau de la Qaeda, inculpé depuis 1999 dans un dossier de "filières afghanes", remis en liberté sept mois après son inculpation, a été à nouveau arrêté le 24 décembre et mis en détention. Il est accusé d'avoir été recruté à Londres par une filière islamiste, envoyé en Bosnie pour y combattre les Serbes, puis dans un camp d'entraînement en Afghanistan, pour revenir en Europe organiser un réseau "terroriste".

Un autre Français d'origine algérienne, Ouaffiri Cherifi, a été renvoyé le 10 janvier devant un tribunal correctionnal sous l'accusation d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, recel de faux documents, vol et recel de vol". Le juge d'instruction le soupçonne d'avoir fait partie d'un groupe islamiste démantelé en Allemagne fin 2000, à qui il aurait fourni de faux passeports.

Le pilote algérien soupçonné par les USA d'avoir entraîné plusieurs des "kamikazes" des attentats du 11 septembre, Lofti Raissi, obtiendra une nouvelle audition sur sa demande de mise en liberté sous caution, et probablement cette liberté, si les autorités américaines, qui réclament son extradition, n'apportent pas d'ici le 12 février là des preuves formelles de son implication dans le terrorisme, a décidé le 11 janvier le juge britannique, qui a relevé que les USA n'avaient toujours pas porté plainte contre Lofti Raissi pour terrorisme, et que celui-ci n'était inculpé aux USA que de falsification de documents.Raissi a été arrêté le 21 septembre près d'Heathrow et est détenu depuis. Pour ses proches, "on en a fait un bouc émissaire à cause de sa religion et de sa nationalité".

Le responsable des opérations "antiterroristes" de Scotland Yard, David Vince, a déclaré que les services de sécurité britanniques s'intéressaient "particulièrement" aux GIA algériens et au Djihad islamique égyptien, et qu'une unité spéciale de ses services, composée d'éléments du MI5, du MI6 et de la Special Branch, avait mise en place pour en traquer les éléments ("en Grande Bretagne ou ailleurs") et les isoler des milieux où ils pourraient recruter. David Vince a annoncé la création "prochaine" d'une brigade antiterroriste internationale composée d'officiers de police d'une dizaine de pays européens et des USA.

(Reuters, AP 16.1) Deux hommes, un Algérien, Abderahmane Ameuroude, et un Franco-tunisien, ont été interpellés le 14 janvier à Paris dans le cadre d'une enquête sur les préparatifs en Europe de l'assassinat, vraisemblablement par la Qaeda, du commandant Massoud, le 9 septembre en Afghanistan. Les deux hommes ont été placés en garde à vue. Leur arrestation fait suite à une opération lancée en novembre en France et en Belgique. Les deux assassins présumés de Massoud détenaient de faux passeports belges. Un Français et un Tunisien ont déjà été incarcérés et inculpés dans le cadre de la même affaire, pour "trafic de faux documents administratifs en relation avec une entreprise terroriste".

Le 16 janvier à Ney York, un Algérien de 32 ans, Mokhtar Haouari, résidant au Canada, a été condamné à 24 ans de prison pour complicité dans un projet d'attentat à l'aéroport de Los Angeles quelques jours avant le 1er janvier 2000. Haourai aurait aidé le responsable présumé du projet, Ahmed Ressam, en lui fournissant de l'argent, un faux permis de conduire et un contact aux USA. Ressam avait été arrêté en décembre 1999.

(Reuters 17.1 / AFP, AP 18.1 / Reuters, Le Quotidien d'Oran 19.1) Un Algérien, Abderrahmane Ameroude, et un Franco-tunisien, ont été mis en garde à vue le 14 janvier à Paris par léa DST (contre-espionnage) dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat le 9 septembre par deux faux journalistes marocains du chef de l'opposition armée aux Talibans, le Commandant Massoud. Les deux hommes sont accusés d'avoir procuré ou contribué à procurer aux assassins de Massoud leurs faux passeports.

En Grande-Bretagne, deux Algériens, Baghdad Meziane et Brahim Benmerzouga, ont été arrêtés le 17 janvier dans le Leicester (centre de l'Angleterre) lors d'une vague d'arrestations opérées dans les milieux islamistes. Ils sont soupçonnés d'appartenir à un réseau de la Qaeda et ont été inculpés notamment d'appartenir à une "organisation impliquée dans des actes terroristes", d'avoir "incité à des actes de terrorisme à l'étranger" et d'avoir contribué au "financement du terrorisme". Ils ne sont pas directement impliqués dans les attentats du 11 septembre aux USA. 11 personnes ont été arrêtées et interrogées dans le cadre de cette opération policière. Selon un "expert britannique du terrorisme" évoqué anonymement par l'agence AP, des inculpations indiquent "le rôle majeur joué par des Algériens dans les divisions européennes" de la Qaeda. Selon des sources britanniques évoquées par le "Daily Telegraph", les réseaux de la Qaeda en Grande-Bretagne pourraient compter 200 membres. Selon la radio "Europe 1", des ressortissants français auraient également été arrêtés.

En Espagne, deux hommes, dont un Algérien, Atmane Resali, ont été arrêtés en Catalogne dans l'appartement d'un Espagnol accusé de diriger une "cellule" de la Qaeda. Les deux suspects figurent sur une liste internationale de personnes soupçonnées d'entretenir des liens avec la Qaeda.

En Bosnie, six membres présumés de la Qaeda, dont cinq Algériens, soupçonnés de "terrorisme" et détenus depuis octobre, ont été livrés le 18 janvier aux autorités américaines par la police bosniaque alors que la Cour Suprême bosniaque avait décidé leur mise en liberté, faute de preuves suffisantes, et que le ministre de la Justice avait affirmé qu'il s'en remettait à la Justice pour décider de leur sort. Ils sont accusés d'être à l'origine de menaces contre les intérêts américains à Sarajevo. Leur remise, illégale, aux autorités américaines s'est faite après plusieurs heures d'affrontements avec des manifestants rassemblés devant la prison de Sarajevo, où ils étaient détenus. Les manifestants s'opposaient à leur "remise" aux USA, lesquels les ont "transportés vers un lieu sûr" dont ils n'ont pas précisé l'emplacement -mais qui pourrait être le camp de détention installé à Guantanamo (Cuba), dans une base américaine.

(AP 21.1 / AP 23.3) Deux membres présumés d'un réseau de la Qaeda, un Hispano-marocain et un Algérien, Atmane Resali, ont été incarcérés le 21 janvier par un juge espagnol L'Algérien a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le lendemain, faute de preuve, après plusieurs heures d'interrogatoire.

(AP 24.1 / Le Monde 25.1 / Liberté, Quotidien d'Oran 27.1 / El Watan 28.1) Deux Algériens soupçonnés d'appartenir à un réseau de la Qaeda, Baghdad Meziane et Brahim Benmerzouga, ont comparu le 24 janvier devant un tribunal britannique, qui les a maintenu en détention jusqu'au 12 juin. Ils avaient été arrêtés le 25 septembre en même temps que Kamel Daoudi, extradé depuis vers la France.

Les autorités algériennes ont refusé d'accueillir les six Algériens accusés de "terrorisme", détenus en Bosnie et finalement livrés aux USA le 18 janvier, a déclaré le ministre bosniaque des droits de l'Homme au quotidien londonien "Echarq El-Awssat". Les six Algériens sont détenus sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Leur remise aux Américains a été vivement critiquée en Bosnie, une décision de justice les y ayant libérés. Les six Algériens avaient également la nationalité bosniaque, et il fallut la leur retirer pour pouvoir lex expulser. 94 "Arabes" ayant combattu dans les rangs de l'armée bosniaque lors des guerres balkaniques, et ayant pour la plupart épousé des femmes bosniaques, ont été déchus de la nationalité bosniaque à laquelle ils avaient accédé par leur engagement militaire.

En France, "Le Monde" rend compte d'une note des Renseignements Généraux (police politique "ordinaire" française) du 26 décembre 2001, décrivant la percée de la mouvance fondamentaliste islamiste "salafiste" dans la banlieue parisienne, notamment en Seine Saint-Denis, depuis le début de l'année, "sous l'impulsion d'une poignée de militants" ayant pris le contrôle d'une mosquée de Stains, sous l'impulsion d'un habitant de la ville ayant suivi une formation religieuse à l'Institut Ibn Séoud de Nouakchott (Mauritanie). "Faisant preuve de charisme (...) le leader salafiste a attiré de nouveaux fidèles à la salle de prière" et son groupe en a progressivement pris le contrôle en écartant le président de la mosquée. Des oulémas du Moyen-Orient auraient été conviée à prêcher à Stains et un séminaire salafiste aurait été organisé en juillet à Aulnay. Un autre groupe serait apparu à Bondy, et aurait cherché à prendre le contrôle de la mosquée de la ville, mais sans succès. Même tentative, et même échec, à la Courneuve. Outre les Renseignements Généraux, la Direction de la Surveillance du Territoire (DTS, contre-espionnage), a également porté son attention sur les salafistes, dans le prolongement de sa surveillance du salafisme algérien, en en particulier du GSPC de Hassan Hattab, accusé par la presse et les services spéciaux algériens d'être l'un des éléments du réseau de la Qaeda d'Oussama Ben Laden ("El Khabar" affirmant le 15 septembre que Ben Laden avait lui-même créé le GSPC).

En Grande-Bretagne, "L'Observer" signale qu'une cassette du GSPC circule dans les milieux islamistes depuis avant le 11 septembre. Désormais diffusée à plusieurs centaines d'exemplaires vendus 10 livres pièce, elle servirait à financer les réseaux du GSPC en Grande-Bretagne. Elle montre des images d'un convoi militaire tombé dans une embuscade, avec des soldats tués et des membres du GSPC achevant les blessés (notamment en les égorgeant). Selon L'"Observer", les services secrets britanniques auraient dressé une liste de 200 islamistes algériens établis en Grande-Bretagne et membres des réseaux du GSPC, ou proches d'eux.

(Liberté 4.2) Selon des "sources diplomatiques" évoquées par "Liberté", l'Algérie demanderait aux pays occidentaux de ne pas expulser vers son territoire des ressortissants algériens suspectés d'être liés aux réseaux terroristes islamistes internationaux, notamment ceux de la Qaeda d'Oussama Ben Laden.

(Reuters 4.2 / El Watan, Le Matin 6.2) L'islamiste Mohamed Chalabi, expulsé de France le 9 novembre, passera en jugement le 31 mars à Alger, sous l'accusation d'"appartenance à un groupe terropriste". Chalabi a été extradé de France après a avoir purgé une peine de six ans de prison.

En France, trois membres présumés d'un réseau islamiste qui aurait préparé un attentat à Strasbourg fin 2000 ont été interpellés dans la région parisienne le 4 février et mis en garde à vue. Par ailleurs, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé le 4 février que deux ressortissants français étaient détenus par les Américains sur leur base cubaine de Guantanamo, Mourad Benchelalli et Brahim Yadel, tous deux d'origine algérienne. Des représentants français ont pu s'entretenir avec les deux détenus, qui ont fait savoir qu'ils étaient en bonne santé. D'autres ressortiossants français pourraient être détenus à Guantanamo par les Américains, mais leur identité n'a pas été confirmée par les autorités françaises.

Au Canada, un ressortissant algérien, Mourak Ikhlef, est détenu depuis le 12 décembre sous l'accusation d'avoir comploté un attentat à Los Angeles (USA) avec un autre Algérien, Ahmed Ressam, détenu aux USA. Mourad Ikhlef sollicite du Canada un statut de réfugié politique.

(Reuters 7.2 / AFP 9.2 / Reuters 10.2) L'annonce de la sentence contre Ahmed Ressam, ressortissant algérien reconnu coupable d'avoir tenté de commettre un attentat à l'aéroport international de Los Angeles, a été retardée au 29 mars, ont annoncé des responsables de la justice américaine. La sentence aurait dû être rendue le 14 février. Ressam avait été arrêté en décembre 1999 à la frontière americano-canadienne alors qu'il introduisait aux USA des matériaux explosifs. Il a été reconnu coupable en avril 2001 de "conspiration" en vue de commettre un attentat. Il encourt une peine allant jusqu'à 140 ans de prison, et a témoigné contre ses complices présumés dans l'espoir d'être condamné à une peine plus légère.

Yacine Akhnouche, un double ressortissant français et algérien inculpé et écroué le 8 février à Paris dans le cadre de l'enquête sur la préparation d'un attentat à Strasbourg en décembre 2000, s'êst montré "très bavard" selon les enquêteurs français, pour qui "son carnet d'adresse est une mine d'or" (selon un enquêteur cité par "Le Parisien Dimanche du 10 février) et à qui il a assuré connaître ou avoir été en contacts avec plusieurs personnes soupçonnées de faire partie des réseaux de la Qaeda d'Oussama Ben Laden. Les enquêteurs ne semblent pas douter de la sincérité d'Akhnouche, qui a déclaré aux policiers avoir rencontré en Afghanistan en 2000 l'auteur d'une tentative d'attentat contre le vol Paris-Miami en décembre 2001, Richard Zeid, ainsi que Tacharias Moussaoui, impliqué dans les attentats du 11 septembre aux USA. Il a également affirmé avoir rencontré en 1998 Ahmed Ressam, accusé de tentatives d'attentats aux USA en 1999, Moustapha Labsi, accusé d'être membre d'un réseau de la Qaeda, Abou Zoueida et Abou Jaffar, deux proches d'Oussama Ben Laden, Abou Doha, soupçonné d'être le chef d'un groupe qui préparait un attentat à Strasbourg, et plusieurs personnes (comme Abderrahmane Ameuroude) impliquées dans l'assassinat en Afghanistan du chef de l'Alliance du nord (anti-talibans), le commandant Massoud, en septembre 2001, ou dans une tentative d'attentat contre l'ambassade américaine de Paris en 2001 (comme Djamel Belghal et Kamel Daoudi). Les passeports découverts au domicile du militant islamiste montrent qu'il a séjourné en Afghanistan en 1997, 1998 et 2000.

(AP 12.2 / Le Monde 14.2) Un juge britannique a ordonné le 12 février la libération sous caution du pilote algérien Lofti Raïssi, que les enquêteurs américains accusaient d'avoir entraîné les pirates de l'air de l'avion qui s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre. Sa libération est intervenue après que les USA aient annoncé qu'ils ne demandaient pas l'extradition du suspect pour "terrorisme", ce qui laisse supposer qu'ils ne détiennent pas de preuves contre lui, mais seulement pour falsification d'une demande de licence de pilotage. Lors de la dernière comparution de Lofti Raissi, le 15 janvier, le juge britannique avait pressé les Etats-Unis de "fournir plus de preuves" sur les activités terroristes prêtes au suspect. Non seulement ces preuves n'ont pas été fournies, mais le FBI aurait fait passer Raissi de la catégorie "peut-être ou peut-être pas" impliqué dans les actes terroristes à la catégorie "probablement pas". Lofti Raïssi a été libéré sous une caution de 10'000 £ (16'300 E, 25'000 FS), et ne doit pas quitter la Grande-Bretagne. Il était détenu depuis le 21 septembre, après son arrestation à son domicile.

(Liberté 17.2 / El Watan 18.2) Les autorités britanniques auraient refusé de livrer à l'Algérie un militant islamiste, Aït Haddad, suspecté d'avoir participé à l'attentat d'août 1992 à l'aéroport d'Alger, et l'auraient même libéré, selon le quotidien "Echark El Awsat", qui attribue au "manque de preuve" la décision britannique. Quant au pilote algérien Lofti Raïssi, accusé un temps par les autorités américaines d'avoir été l'instructeur d'au moins l'un des pirates de l'air du 11 septembre, et détenu à ce titre pendant cinq mois en Grande-bretagne pour être ensuite mis en liberté provisoire faute d'éléments tangibles permettant de crédibiliser ces soupçons, il aurait l'intention, selon le "Sunday Telegraph", de poursuivre en justice le gouvernement et la police britanniques et de demander un million de livres de dommages et intérêts, pour arrestation et détention arbitraires. Dans un entretien à "El Hayat", Lofti Raissi a par ailleurs remercié le président Bouteflika et l'Ambassade dlaégienne de Londres pour avoir intercédé en sa faveur auprès des autorités britanniques. Enfin, "The Observer" affirme que des islamistes, notamment algériens, s'entraînent au maniement de fusils d'assaut dans le sous-sol d'une mosquée londonienne, et que les réseaux de la Qaeda continueraient de fonctionner en Grande-Bretagne.

Aux USA, un Algérien détenu en Arizona et faisant face à pas moins de 33 chefs d'accusation, Redouane Dahmani, a intenté une poursuite au civil pour 8,8 millions de dollars de dommages et intérêts contre le sherif et le FBI. Il estime être victime du "racial profiling" (en français : "délit de faciès") dominant depuis le 11 septembre et n'être poursuivi que parce qu'il est Algérien et musulman. Il est accusé d'avoir des liens avec des membres supposés des réseaux de la Qaeda, d'avoir communiqué une fausse identité aux autorités, d'avoir déposé une fausse demande de statut de réfugié. Il pourrait être mis en liberté sous caution, mais la caution a été fixée à un niveau prohibitif (un million de dollars avant d'être abaissée à 200'000 dollars).

(Reuters 2.3) Six hommes (deux Algériens, un Pakistanais et trois hommes dont la nationalité n'a pas été révélée) soupçonnés de liens avec des groupes terroristes islamistes ont été arrêtés le 1er mars en Italie. Ils sont soupçonnés d'avoir des liens avec les réseaux de la Qaeda., et avec des Marocains interpellés également en Italie, sus le soupçon d'avoir projeté une attaque contre l'Ambassade américaine à Rome. Selon le Département d'Etat américain, le QG européen de la Qaeda se trouve en Italie.

(Le Matin 10.3) Selon "Al Charq El Awsat", six islamistes algériens extradés par la Bosnie vers les Etats-Unis sur le soupçon d'être membres de la Qaeda, et détenus sur la base cubaine de Guantanamo pourraient être expulsés vers l'Algérie -laquelle avait pourtant refusé en janvier de les recevoir. Selon l'épouse bosniaque de l'un des six détenus, le gouvernement algérien aurait créé une "commission de suivi" de l'affaire, qui négocierait l'évacuation des Algériens de Guantanamo vers l'Algérie. Les six Algériens travaillaient pour des organisations humanitaires islamiques en Bosnie.

(Reuters 19.3) Onze présumés islamistes seront jugés dès le 23 septembre en Italie pour trafic d'armes. Ils sont soupçonnés d'être liés aux réseaux de la Qaeda, mais seuls trois d'entre eux sont incarcérés, en Grande-Bretagne et en Espagne, les autres (dont six arrêtés en Italie en 1998) étant en liberté provisoire ou en fuite. Selon les enquêteurs, les suspects, de nationalités algérienne et tunisienne pour la plupart, seraient membres ou liés aux GIA algériens et auraient projeté des attentats en Italie, avant d'y renoncer.

(AP 21.3 / Le Quotidien d'Oran 24.3) Le Tribunal londonien de Belmarch a décidé le 22 mars de maintenir en détention deux Algériens, Amar Makhlouf et Mustapha Absi, dont les justices américaine (pour le premier) et française (pour le second), qui les soupçonnent d'être membres des réseaux terroristes islamistes. Amar Makhlouf est accusé par les Américains d'être le "cerveau" d'une tentative d'attentat contre l'aéroport de Los Angeles, et Mustapha Absi est soupçonné par les Français d'être lié à une série d'attentats en France et en Turquie en 1996.

Le général Michael Lehnert, responsable (jusqu'au 28 mars) du camp de détention américain de Guantanamo (Cuba) où sont détenus 300 présumés "terroristes", dont huit Algériens, a déclaré le 20 mars que "la majorité des pays" dont ces détenus sont ressortissants "ne sont pas intéressés par le retour de ces personnes". Il semble que tel soit le cas de l'Algérie. La plupart des 300 détenus viennent d'Arabie saoudite (50), du Yemen (30), du Pakistan (25), d'Algérie (8) et de Grande Bretagne (3), mais on dénombre également des ressortissants français et belge.

(Reuters 27.3) Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab a été ajouté à la liste américaine des "organisations terroristes internationales". Dès lors, la loi américaine interdit à quiconque de lui fournir de l'argent ou une aide matérielle, les banques doivent geler ses avoirs et les USA peuvent refuser de délivrer des visas à ses membre (!). Selon le rapport du département d'Etat américain sur les "tendances du terrorisme global en 2000", le GSPC "semble avoir éclipsé les GIA depuis 1998 à peu près" et il est "le groupe armé le plus actif en Algérie". Selon un responsable américain (non cité nommément par Reuters), le GSPC vise des cibles militaires et civiles en Algérie, menace la sécurité nationale algérienne et est représenté dans plusieurs pays européen.

(AFP 5.4) Six ans d'emprisonnement ont été requis le 5 avril à Paris contre Ouassini Cherifi, ressortissant français et algérien jugé pour sa participation présumée à un trafic de faux passeports au bénéfice de réseaux islamiste, dont celui de Francfort, démantelé fin 2000 alors qu'il préparait un attentat à Strasbourg. Cherifi ne conteste pas les faits, mais conteste s'être livré à l'activité qui lui est reprochée pour un autre motif que l'argent. Il nie son implication dans des réseaux terroristes.

(La Tribune 8.4) Les présumés terroristes algériens détenus à l'étranger (notamment en Europe ou aux USA) pourraient être jugée en Algérie, a annoncé le 7 avril le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, sur "Canal Algérie". Le ministre a annoncé que des démarches et des accords étaient à l'étude entre l'Algérie et certains pays étrangers pour l'extradition des Algériens inculpés à l'étranger. Le ministre a ajouté que l'Algérie avait le devoir de veiller à ce que ses ressortissants détenus à l'étranger le soient dans des "conditions décentes", et a nié que l'Algérie ait refusé d'assister ses ressortissants détenus par les Etats-Unis à Guantanamo.

(AP 12.4 / AP 14.4) Un Algérien recherché en France sous l'accusation d'avoir aidé à préparer un attentat à Lille en 1996, a été mis en détention le 12 avril en Grande Bretagne, jusqu'à ce que les autorités décident d'accepter ou non son extradition vers la France. Mustapha Labsi est accusé d'avoir fourni de faux documents à des terroristes, pour la préparation d'un attentat visant une réunion du G-7 à Lille, en 1996.

Ahmed Brahim, ressortissant algérien, a été arrêté le 14 avril près de Barcelone par la police espagnole, au terme d'une enquête menée en collaboration avec les polices américaine, allemande et française. Il est soupçonné par les autorités espagnoles d'être "un membre important" de la Qaeda en Europe. Quatre ressortissants français ont été interpellés avec lui. Ahmed Brahim est soupçonné par les Américains d'être impliqué dans les attentats perpétrés en 1998 contre les ambassades des USA au Kenya et en Tanzanie, et d'être en "relations étroites" avec l'un des fondateurs de la Qaeda, Mamdouh Mahmoud Salim, détenu aux USA.

(AFP, AP 17.4) Le procès de cinq présumés terroristes islamistes (quatre Algériens et un Franco-algérien) jugés en Allemagne sous l'accusation d'avoir tenté de perpétrer un attentat à Strasbourg à la fin de 2000, s'est ouvert le 16 avril à Francfort sur l'expulsion de l'un des cinq accusés, Lamine Maroni, qui s'en est pris avec véhémence à l'assistance pour dénoncer l'autorisation accordée à une équipe de télévision de filmer les débats. Il a ensuite accusé l'un des interprète d'être "un démon, un serpent", conspué ses avocats d'office ("ces types sont des juifs, je n'ai pas besoin d'eux, Dieu est mon seul défenseur"). Selon l'accusation, les cinq hommes auraient été entraînés dans des camps de la Qaeda en Afghanistan, étaient en contact avec des islamistes armée en Grande-Bretagne et en Italie, seraient liés au GSPC de Hassan Hattab et auraient tenté de perpétrer un attentat sur le marché de Noël devant la cathédrale de Strasbourg.

En Espagne, un Algérien soupçonné d'être lié à la Qaeda et d'en être le financier en Espagne, Ahmed Brahim, a été placé en détention préventive. Brahim est également soupçonné d'être impliqué dans le financement des atttentats commis contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998, et qui ont fait des centaines de morts.

(AP 23.4 / Reuters, AFP 24.4 / Le Matin, Liberté 25.4) Un des cinq Algériens jugés en Allemagne (à Francfort) pour des activités "terroristes" présumées a reconnu le 23 avril avoir fait partie d'un "complot" visant à faire sauter une synagogue en France (et non de commettre un attentat devant la cathédrale de Strabourg fin 1999), tout en assurant que cela n'avait "rien à voir" avec la Qaeda et Oussama Ben Laden. Aurobi Beandalis, qui a cependant reconnu avoir reçu un entraînement en Afghanistan, a assuré que son groupe voulait par cet attentat attirer o'attention sur la situation en Algérie.

En Grande Bretagne, la justice a levé les dernières accusations pesant sur le pilote algérien Lofti Raïssi, qui était soupçonné par les Etats Unis d'avoir formé quatre des pirates de l'air kamikazes présumés responsables des attentats du 11 septembre à Noew-York et Washington. Lofti Raïssi avait déjà été remis en liberté sous caution en février, faute de preuves de son implication dans les attentats. Il ne comparaissait plus que pour répondre de fausses déclarations lors de sa demande de brevet de pilote aux USA. La demande d'extradition formulée par les USA contre Raissi a donc été repoussée.

A Madrid, l'un des responsables présumés de la structure de financement de la Qaeda, Mohammed Galeb Kalaje Zouaïdi, alias "Abou Talha", a été arrêté le 23 avril. Il est notamment soupçonné d'avoir financé l'un des chefs présumés des auteurs des attentats du 11 septembre aux uSA, Mohammed Atta.

Aux Pays-Bas, un groupe islamiste algérien aurait été démantelé par la police. Quatre personnes soupçonnées d'appartenir au GSPC ont été incarcérées après avoir été arrêtées, avec cinq autres personnes plus tard relâchées, à Rotterdam, Eidhoven, Bergen op Zoom et Groningen, dans le cadre d'une "enquête sur une organisation islamiste extrémiste". De source judiciaire, on annonce que le groupe démantelé serait spécialisé dans la fourniture de faux- papiers et le financement.

(AP 10.5) Le tribunal correctionnel de Paris a condamné le 10 mai à cinq ans d'emprisonnement ferme un Franco-algérien soupçonné d'être en relations avec des réseaux islamistes, à qui il fournissait des faux papiers, ce que l'accusé, Ouassini Cherifi, niait.

A Londres, l'Algérien Rachid Ramda, dont la France demande l'extradition et qu'elle soupçonne d'avoir participé aux attentats dans le métro parisien en 1995, a comparu devant la justice. La France demande précisément son extradition sous l'accusation d'avoir participé en octobre 1995 à l'attentat qui fit huit morts et trente blessés à la station RER St-Michel. Ramda est en outre soupçonné d'être le trésorier du GIA qui avait revendiqué l'attentat.Un autre Algérien, Amar Makhloulif, alias Haïdar Abou Doha, pourrait être extradé vers les Etats Unis sous l'accusation d'avoir projeté un attentat contre l'aéroport de Los Angeles et d'avoir contribué à organiser l'entraînement de "terroristes" dans les camps de la Qaeda en Afghanistan.

En Espagne, six Algériens interpellés en septembre 2001 sur le soupçon d'appartenir à un réseau du GSPC, lié aux réseaux de la Qaeda, ont été remis en liberté le 10 mai, sous caution de 30'000 Euros chacun. Il leur est interdit de quitter le territoire espagnol et ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils sont inculpés d'appartenance à un groupe armé et de faux et usage de faux (documents d'identité).

(AP 19.5) Le pilote algérien Lofti Raissi, que les autorités américaines avaient accusé d'être le minuteur d'aviation de plusieurs des "kamikazes" des attentats du 11 septembre 2001, a exigé le 18 mai des excuses publiques du gouvernement américain, qui avait demandé son extradition à la Grande-Bretagne -sur quoi Raïssi avait été arrêté, dix jours après les attentats, et détenu pendant cinq mois, pour être finalement libéré, la procédure d'extradition ayant été abandonnée le 24 avril, les autorités américaines n'ayant pu fournir aucune preuve de l'implication de Raïssi dans les attentats. "Un grand nombre de gens de ma famille ont déjà perdu leur travail à cause de tout ça", explique Lofti Räissi, qui ajoute qu'il a lui même perdu la possibilité "de simplement rester dans l'aviation ou de gagner un salaire décent", et dont les avocats envisagent d'intenter une action en justice contre le gouvernement américain, voire la police britannique.

(AFP 21.5) Le militant islamiste Mohamed Chalabi, expulsé de France en novembre 2001 après y avoir passé deux ans en prison pour ses liens supposés avec un réseau de soutien aux GIA, et incarcéré en Algérie à son arrivée, a été acquitté le 20 mai des chefs d'accusation d'"appartenance, création et financement de groupe terroriste" (il était accusé d'avoir participé à la préparation d'attentats copntre le Premier ministre Belaïd Abdesselam et le ministre de la Défense Khaled Nezzar en 1993). Mohamed Chalabi niait être lié aux islamistes armés. Chalabi devra cependant rester en prison en raison d'autres poursuites.Chalabi a affirmé que son "profil" de "terroriste" a été "fabriqué par la Justice et la presse française".

(AP 23.5) Un ressortissant algérien bénéficiant du statut de réfugié politique depuis 1993, accusé de collaboration avec de présumés terroristes, Mourad Ikhlef, va être expulsé, sans jugement, du Canada, mais après qu'un juge fédéral canadien ait conclu en mars 2002 à l'existence de preuves de ses liens avec Ahmed Ressam, reconnu coupable d'une tentative (ratée) d'attentat contre l'aéroport de Los Angeles en 1999. Selon les autorités canadiennes, les preuves contre Ikhlef ne peuvent être rendues publiques, ce qui exclut un jugement en bonne et due forme, car leur publicité compromettraient leurs sources et dévoilerait les méthodes utilisées pour les obtenis.

(Liberté 22.5) Selon l'étrange bilan dressé par un rapport du Département d'Etat américain, le bilan du "terrorisme" en 2001 serait le plus "meurtrier jamais enregistré", avec 3547 morts, dont 3062 pour les seuls attentats du 11 septembre visant les Etats Unis.

(CSSI)On se perd en interrogations sur la méthode utilisée par les autorités américaines pour comptabiliser les morts du "terrorisme", sachant que, à s'en tenir aux seules informations publiées par la seule presse algérienne, pour la seule année 2001 et la seule Algérie, plus de 2000 personnes y ont été tuées dans des violences "terroristes" ou des affrontements avec des groupes armés. Victimes auxquelles devraient donc s'ajouter, si l'on tient à tenter d'établir un bilan chiffré annuel du "terrorisme", toutes les victimes du "terrorisme" dans tous les pays qui subissent ce type de violence. A moins, évidemment, que certaines victimes ne valent pas la peine d'être comptabilisées, que certains "terrorismes" ne méritent pas d'être considérés comme tels (par exemple, celui pratiqué par les milices patronales et les groupes de tueurs armés par les propriétaires terriens en Amérique latine) et que le seul "terrorisme" dont il faille tenir compte est celui muni de l'estampille officielle (pour ne pas écrire : le label de qualité) du Département d'Etat américain.

(El Watan 30.5) Deux Algériens soupçonnée d'être membres du réseau de la Qaeda ont été arrêtés au Pakistan, à Peshawar, venant d'Algérie, a annoncé la police pakistanaise. L'un des deux hommes, Abou Abdallah, est soupçonnée d'être un membre influent de la Qaeda. Il aurait dirigé pendant quinze ans des écoles coraniques dans l'est de l'Afghanistan.

(Reuters 8.6 / El Watan 9.6) Un ressortissant franco-algérien soupçonné d'avoir participé à des projets, inaboutis, d'attentats contre Strasbourg fin 2000, et d'avoir eu des liens avec des membres présumés de la Qaeda, comme Zacarias Moussaoui, a été inculpé à Paris, après y avoir été arrêté le 4 juin, d'"association de malfaiteurs et relation avec une entreprise terroriste". Son nom n'a pas été révélé. Il est âgé de 27 ans. Il aurait séjourné en Afghanistan.

Au Canada, le ressortissant algérien Mourad Ikhlef, accusé de constituer "un danger pour la sécurité nationale", a reçu un avis d'expulsion vers l'Algérie. Membre du FIS (ce pourquoi il avait obtenu le statut de réfugié politique en 1994), Ikhlef est suspecté de l'être aussi "du GIA", d'être lié aux islamistes afghans et à la Qaeda. Les preuves de ces liens n'ont cependant jamais été rendues publiques.

(AFP 12.6 / Le Matin 13.6) Un Algérien de 19 ans, soupçonné d'être lié au GSPC, a été arrêté par la police néerlandaise le 12 juin à Groningen, dans le cadre d'une enquête qui a déjé conduit, fin avril, à l'arrestation de quatre ressortissants algériens eux aussi soupçonnée d'être liés au GSPC. L'un des quatre suspects s'est évadé début juin de sa prison. Toutes les personnes arrêtées sont soupçonnées d'avoir fourni "un soutien logistique au djihad international, la lutte armée contre les adversaires de l'islam".

En France, cinq personnes suspectées de liens avec la Qaeda ont été arrêtées le 12 juin.

(AP 20.6 / Reuters 22.6 / Le Quotidien d'Oran 24.6) Un ressortissant franco-algérien, Salim Boukari, accusé d'avoir projeté un attentat à la bombe à Strasbourg à la fin 2000, a avoué le 20 juin à Francfort avoir voyagé en Allemagne pour acheter des composants d'explosifs, et avoir disposé de fausses cartes d'identité. Quatre autres ressortissants algériens sont accusés dans le même procès. Les cinq accusés ont été arrêtés en décembre 2000 et avril 2001, et sont jugés pour tentative d'attentat avec l'intention de tuer, appartenance à une organisation terroriste, faux et violation de la législation sur les armes. Ils encourent jusqu'à 15 ans de prison. Selon l'accusation, les cinq hommes sont liés à la Qaeda et ont été entraînés en Afghanistan dans des camps du réseau d'Oussama Ben Laden.

A Montréal, un ressortissant algérien, Adel Tobbichi, a été arrêté le 21 juin dans le cadre d'une enquête sur une tentative d'attentat contre l'ambassade des USA à Paris. Tobbichi fait l'objet d'une demande d'extradition déposée par les Pays-Bas. Il est soupçonné lui aussi d'être en contacts avec la Qaeda.

"Le Quotidien d'Oran" se demande "où sont passés les Algériens de Guantanamo ?", six Algériens expulsés de Bosnie, extradés vers les USA et détenus dans la base cubaine de Guantanamo, et dont les proches n'ont plus de nouvelles. Selon une parente de l'un des six détenus, ceux-ci auraient été expulsés vers l'Algérie, faute pour les Américains d'avoir pu prouver leurs liens avec la Qaeda.

(AP 27.6) L'Ambassadeur itinérant américain Francis Taylor, coordinateur de la lutte antiterroriste au Département d'Etat, a décerné un satisfecit à l'Algérie pour sa coopération "magnifique" à la lutte antiterroriste. L'Ambassadeur a qualitié le 26 juin, lors d'une visite à Alger, l'Algérie de "l'un des partenaires les plus tenaces et les plus fidèles des Etats-Unis" dans la lutte contre le terrorisme, dans laquelle "l'Algérie a coopéré avec nous dans tous (les) domaines". Francis Taylor a exprimé l'engagement des USA à soutenir l'Algérie, bilatéralement et au niveau international, dans la lutte antiterroriste et a indiqué que les USA fournissaient à l'Algérie une aide sous la forme de formation spécialisée. Il s'est déclaré convaincu que les groupes islamistes armés algériens (les GIA et le GSPC) seront prochainement officiellement considérés par l'Europe, comme c'est déjà le cas par les USA, comme des organisations terroristes, figurant en tant que telles sur la liste de ces organisations.

(AFP 27.6 / Reuters 28.6) La justice britannique a rejeté le 27 juin la demande française d'extradition de l'Algérien Rachir Ramda, détenu en Grande-Bretagne et accusé par la France d'avoir participé à des attentats meurtriers à Paris en 1995 (huit morts et près de 170 blessés). L'extradition avait été accordée en première instance en octobre 2001, mais les juges de la Haute Cour ont estimé que les charges pesant sur Ramda, et basées notamment sur le témoignage d'un co-prévenu détenu en France, Boualem Bensaïd, étaient peut-être la conséquence de mauvais traitements subis par celui-ci pendant son interrogatoire en France. Pour les avocats de Boualem Bensaïd, "la justice antiterroriste française monte intellectuellement des procédures qui ne tiennent pas aux yeux de la justice britannique". La justice française accuse Ramda d'avoir organisé le financement du réseau auteur des attentats de 1995. Le ministère français des Affaires étrangères a exprimé dans une déclaration de son porte-parole ses "regrets" de la décision britannique, et de ses "conséquences (...) au moment où la lutte contre le terrorisme est un objectif majeur de la coopération entre les quinze membres de l'Union européenne".

(AFP 2.7) La décision de la Haute Cour britannique, le 27 juin, de casser l'autorisation d'extradition en France de l'Algérien Rachid Ramda, accusé par les autorités françaises d'avoir été le "financier" des groupes islamistes auteurs des attentats de 1995 à Paris, a été rendue car il existe selon les juges britanniques "un ensemble d'éléments apportés en soutien à la thèse de (Ramda) selon lesquels, en tant qu'Algérien suspecté de terrorisme, il est confronté à un risque de traitement inhumain ou dégradant en France suffisamment réel pour rendre inacceptable de l'extrader". Un co-accusé de Ramda en France, Boualem Bensaïd, dont les déclarations avaient été retenues à charges contre Ramda, se plaint d'avoir été maltraité pendant son interrogatoire en France, ce que les autorités judiciaires françaises n'auraient pas mentionné (voire auraient nié) dans leur demande d'extradition. Ramda sera néanmoins jugé en France, avec ses co-accusés Boualem Bensaïd et Amaïn Aït Ali Belkacem, mais en son absence, en octobre 2002.

(AP 4.7) Un ressortissant algérien soupçonné par les autorités françaises d'être membre du GIA a été arrêté le 1er juillet à Stuttgart, sur mandat d'arrêt international lancé par la justice française. L'homme (dont l'identité n'a pas été révélée) avait été condamn. à cinq ans d'emprisonnement le 14 mars pour sa participation à une tentative de meurtre sur le responsable d'une mosquée en France. Il a été placé en détention en attente d'une décision sur son extradition.

(AP 8.7) Un Algérien détenu en Allemagne, Abdallah Kinai, refuse son extradition vers la France, où il a été condamné à cinq ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", dans le cadre du procès d'un réseau de soutien aux GIA. Kinai, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, a été interpellé à Stuttgart le 1er juillet.

(AP 28.7) Trois hommes (un Algérien, un Tunisien et un Marocain) soupçonnés d'avoir des liens avec la Qaeda ont été inculpés le 18 juillet à Milan, sous l'accusation d'avoir fourni un soutien logistique à des militants islamistes en Italie. Ils avaient été arrêtés en novembre 2001 à Milan dans le cadre d'une opération dirigée contre le Centre culturel islamique milanais, décrit par les autorités américaines comme le principal repaire des affiliés de la Qaeda en Europe. L'Algérien Abdelhalim Hafed Remadna travaillait d'ailleurs à la mosquée de Milan et était secrétaire du centre culturel.

(AP 19.7) Un Algérien arrêté au Canada, et accusé d'avoir participé à un projet d'attentat contre l'ambassade des USA à Paris, a été extradé vers les Pays-Bas le 18 juillet. Il a été incarcéré à son arrivée. Deux de ses complices présumés, un Français et un Algérien, avaient été arrêtés à Rotterdam deux jours après les attentats du 11 septembre aux USA. Des dizaines de documents volés, dont 26 passeports de diverses nationalités, avaient été découverts à leur logement, ainsi que des enregistrements vidéo de discours d'Oussama Ben Laden.

(Liberté 25.7) Le gouvernement canadien a décidé de faire saisir les actifs de toutes les personnes associées aux organisations figurant sur la liste des oprganisations "terroristes" qu'il a établie, et sur laquelle figurent les GIA et le GSPC.

(AP 27.7) Le pilote algérien Lofti Raïssi, remis en liberté par la justice britannique en février 2002 après avoir passé cinq mois en détention sous l'accusation d'être impliqué dans les attentats du 11 septembre aux USA, et d'être lié à la Qaeda, est rentré le 26 juillet en Algérie. A son arrivée à Alger, il a proclamé son innocence, et sa famille a estimé qu'il avait été pris comme bouc-émissaire en tant qu'Algérien, musulman et pilote, dans le cadre de la campagne "antiterroriste" conduite par les USA. Les autorités américaines n'ayant jamais pu fournir de preuve des accusations qu'elles portaient contre lui, Raïssi avait finalement été libéré par la justice britannique.

(AP 30.7) Le pilote algérien Lofti Raïssi, détenu pendant cinq mois en Grande-Bretagne sous l'accusation d'être lié à la Qaeda, et finalement libéré faute de preuve, a annoncé le 30 juillet qu'il avait l'intention d'attaquer en justice le FBI (qui avait affirmé détenir des preuves de sa collusion avec la Qaeda, mais n'a pu fournir aucune de ces preuves) et Scotland Yard (qui s'est alignée sur le "grand frère" américain). Lofti Raïssi accuse les police américaine et britannique d'avoir "brisé (sa) carrière et détruit (son) image".

(L'Expression 1.8) Deux ressortissants algériens, soupçonnés d'être membres d'organisations islamistes liées à des groupes "terroristes" ont été arrêtés à Marseille. Les deux hommes n'étaient pas établis en France et avaient séjourné en Irlande et en Grande-Bretagne, où ils jouaient, selon les autorités françaises, un rôle "logistique et opérationnel" dans la mouvance islamiste. Ils ont été inculpés d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".

(AP 22.8 / Quotidien d'Oran 24.8) Cinq Algériens, accusés de menacer la stabilité du Kosovo, ont été arrêtés par les forces de l'OTAN (KFOR) dans le courant d'août, et sont détenus dans la principale base américaine de Kosove, Camp Bondsteel. L'Algérie a été informée de leur arrestation, a annoncé le porte-parole de la KFOR et des représentants de l'ambasdsade d'Algérie à Belgrade ont pris contact avec les détenus. Un responsable occidental s'exprimant sous couvert d'anonymat auprès de l'agence AP a expliqué que les cinq Algériens avaient filmé des installations militaires et que les autorités enquêtaient pour savoir s'ils sont "liés à des organisations extrémistes islamistes". Selon l'Amnassade d'Algérie, les cinq Algériens travaillaient pour des ONG humanitaires en Kosove, Bosnie et Macédoine.

(Liberté, Jeune Indépendant 24.8 / El Watan 25.8) L'Algérie accueillera du 11 au 14 septembre une réunion intergouvernementale des Etats de l'Union Africaine, consacrée à la prévention et à la lutte contre le terrorisme et à l'application de la convention africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, adoptée par le sommet d'Alger de l'OUA, en juillet 1999, ainsi que de la résolution 1373 du Conseil de Sécurité de l'ONU.

Par ailleurs, la co-présidente algérienne de la Fédération internationale des associations des familles victimes du terrorisme, Mme Benhabylès, a dénoncé l'ommission par l'Union Européenne, sur la liste des organisations terroristes qu'elle a établie, du GIA et du GSPC, et accusé l'UE d'ommission volontaire : "L'Europe veut laisser une carte pour faire pression sur l'Algérie".

Un accord de défense entre l'OTAN et l'Algérie pourrait être signé avant la fin du mois d'août, annonce "El Watan". Cet accord porterait sur la collaboration entre l'ANP et l'OTAN dans les domaines, notamment, de la formation et de l'information.

(AFP, AP 29.8 / Le Matin 2.9) Six personnes, dont un ressortissant algérien, Farouk Ali Haïmoud, et deux marocains, ont été inculpées le 28 août à Detroit et Seattle (USA) sous l'accusation d'avoir "fourni un soutien matériel ou des ressources à des terroristes" de la Qaeda, sans pour autant que ces activités aient forcément un lieu avec les attentats du 11 septembre. Les cinq hommes inculpées à détroit formeraient une "cellule dormante opérationnelle de combat" de la Qaeda. Ils avaient déjé été appréhendés peu après les attentats du 11 septembre.

En Allemagne, un ressortissant algérien détenu sous l'accusation d'avoir préparé un attentat le soir de réveillon 2000 à Strasbourg, Abdelkader Krimou, a été libéré le 29 août faute de preuves. Il était accusé d'appartenir à un groupe terroriste. Il avait reconnu s'être entraîné en Afghanistan et avoir eu des contacts avec quatre autres suspects dans la même affaire, mais rien n'a pu être retenu contre lui qui justifie son maintien en détention.

(Le Quotidien d'Oran 17.8 / AP 10.9 / APS 11.9 / La Tribune, l'Expression, Le Soir 12.9) Le 11 septembre s'est ouvert à Alger un sommet intergouvernemental des Etats membres de l'Union africaine, consacré à la prévention et à la lutte contre le terrorisme. 160 délégués des Etats membres de l'UA, ainsi que des représentants d'autres gouvernements, organisations internationale et institutions spécialisées (ONU, UE, Interpol, OSCE, OTAN et pays "partenaires", dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU), étaient attendus à Alger. La conférence devrait étudier les moyens d'appliquer la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, adoptée par le dernier sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) avant sa transformation en Union africaine, mais n'entrera en vigueur que lorsque quinze Etats au moins l'auront ratifiée, sur les 53 membres de l'UA (douze l'ont fait)

La réunion d'Alger coïncide, non fortuitement, avec le premier anniversaire des attentats de 2001 aux USA, mais le ministre algérien des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a assuré que cette coïncidence ne signifiait pas un alignement derrière les USA.

En ouverture de la conférence, le président Bouteflika a proposé la création d'un Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme, et a invité l'Afrique à offrir une "contribution particulière" dans la lutte contre le terrorisme, et pour sa prévention. Le président algérien a appelé les Etats africains à renforcer la coopération dans de nombreux domaines connexes, comme l'accès aux équipements, la formation, l'expertise, et marginaux, comme la lutte contre les trafics illicites.

La conférence d'Alger est la seule manifestation officielle organisée en Algérie pour commémorer les attentats du 11 septembre, si l'on excepte une petite cérémonie organisée à l'Ambassade des USA. En ouverture de la conférence d'Alger, le président Bouteflika n'a pas manqué de rappeler que l'Algérie n'avait pas attendu le 11 septembre pour découvrir "la hideuse réalité du terrorisme", auquel elle était déjà confrontée depuis dix ans, et a exprimé "la solidarité, l'appui et la compassion de l'Algérie avec le peuple américain". Il a également dénoncé "la permissivité des législations, le laxisme vis-à-vis de certaines organisations criminelles et les brèches d'une mondialisation débridées", toutes choses qui facilitent l'action des terroristes.

Pour sa part, la présidente de l'Association de solidarité avec le femme rurale a dénoncé l'absence des organisations terroristes algériennes (le GSPC et le GIA) sur la liste des organisations terroristes établie par l'Union Euroopenne, et le refus des autorités américaines de remettre Anouar Haddam à la justice algérienne.

Dans un entretien accordé au "Quotidien d'Oran", le président du Front des forces socialistes, Hocine Aït Ahmed, avait constaté que les attentats du 11 septembre "ont totalement modifié la donne internationale à propos de la deuxième guerre d'Algérie". "La guerre internationale anti-terroriste déclenchée par le président Bush était dans la logique initiale de l'onde de choc émotionnelle et politique qui secoua le monde", reconnaît Hocine Aït Ahmed, mais elle fut aussi une "aubaine miraculeuse pour les responsables algériens, qui l'exploitent à fond en vue de légitimer les 10 années d'une guerre éradicatrice et de rendre nulles et non avenues les accusations portées contre eux". Pour le président du FFS, "en réduisant la tragédie algérienne à un simple affaire de terrorisme", le pouvoir algérien veut "persuader les partenaires de notre pays que leurs demandes de solution politique sont sans fondement", et les encourager à ne plus percevoir le conflit algérien "en fonction de la bonne gouvernance ou de l'Etat de droit, mais sous l'angle mort et falsifié du fondamentalisme". Une "troisième guerre d'Algérie" menace, lors de laquelle le régime se referait une "légitimité idéologique en s'intégrant dans la croisade anti-terroriste mondiale" et en se "mettant sous la protection de la plus grande puissance, dont le pouvoir attend qu'elle lui assure l'impunité ad aeternam", prévient Hocine Aït Ahmed, qui dénonce la "privatisation de la guerre" : "les exactions intégristes, la terreur et la criminalité modulées par le pouvoir, le pullulement des mafias locales et régionales, l'irrpution aussi massive des milices, les distributions effarantes des armes (...), le grand banditisme" se conjuguant pour fabriquer une "terrifiante mécanique".

(AP 12.9 / AFP 14.9 / L'Expression, Le Matin 15.9) La réunion ministérielle de l'Union Africaine tenue à Alger sur le thème de la prévention et de la lutte contre le terrorisme, réunion à laquelle ont participé des représentants de 51 des 63 Etats membres de l'UA, a adopté le 14 septembre un plan d'action contre le terrorisme, comportant une série de mesures "concrètes" concernant la police et le contrôle aux frontières, ainsi que des engagements dans les domaines judiciaires, financiers, sur les échanges d'informations et la coordination régionale, continentale et internationale. Les participants à la conférence revendiquent, entre autres, une révision des législations existantes en matière d'extraditions. Ce plan devrait être prochainement soumis à un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de l'UA. Il s'appuie sur la Convention d'Alger de l'OUA (devenue UA en juillet 2002) sur la prévention et la lutte contre le terrorisme. Adoptée en juillet 1999, cette convention peut entrer en vigueur avec sa ratification par le Ghana, le Soudan, l'Afrique du Sud et les Comores, ce qui porte à 16 (avec l'Algérie, l'Angola, l'Egypte, l'Erythrée, le Kenya, le Lesotho, la Libye, le Mali, le Rwanda, la République arabe sahraouie, le Sénégal et la Tunisie) le nombre des Etats l'ayant ratifiée (il en fallait quinze pour que la convention entre en vigueur). La Tanzanie, l'Ouganda, l'Ethiopie, le Burkina Faso, le Niger, le Mozambique et le Burundi ont fait savoir qu'ils allaient prochainement ratifier la convention. Avec ces sept pays, 23 des 53 Etats membres de l'UA auront ratifié la convention. Le protocole additionnel à la convention sera élaboré par la Commission de l'UA (qui remplace le secrétariat général de l'OUA), sur la base des propositions des Etats membres. La convention (qui interdit aux Etats signataires de fournir "tout soutien aux terroristes, y compris sous la forme de délivrance de visas") ne comporte en effet pas de mécanismes de mise en oeuvre et de suivi. La conférence d'Alger a enfin décidé de créer un Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme, avec siège à Alger. Pour le ministre algérien des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, la conférence d'Alger a "atteint tous ses objectifs".

(AP 17.9 / El Watan, Le Soir 19.9) Deux des cinq Algériens arrêtés au Kosovo par la KFOR (forces de l'OTAN au Kosovo) le 21 août ont été relâchés, a annoncé le 17 septembre la KFOR. Les deux hommes ont été relâchés après que l'enquête ait démontré qu'ils ne représentaient pas un risque pour la sécurité dans la région. Ils étaient détenus dans la principale base américaine du Kosovo, après avoir été surpris en train de filmer une autre base américaine.

Dans un entretien à "El Watan", le ministre pakistanais de l'Intérieur, Muindinn Haider, annonce que les services pakistanais ont arrêté dix Algériens (sur 410 "éléments d'Al Qaïda", arrêtés pour la plupart à Karachi) dans le cadre de la lutte "antiterroriste" (que le ministre justifie en proclamant que "seul le gouvernement est habilité à prôner et à mener le djihad"). En outre, il y aurait de "nombreux Algériens" détenus dans les bases américaines, y compris aux USA, "parce qu'ils ont été trouvés dans les camps afghans". Le ministre a ajouté que "si nous arrêtons des Algériens et que l'Algérie présente des preuves quant à leur participation à des attentats terroristes, nous procéderons à leur extradition", comme il a été fait avec des "islamistes arabes" extradés vers la Libye, le Yemen, l'Egypte ou la Jordanie. Résumant l'histoire de la Qaeda, le ministre a déclaré : "ce sont quelques milliers de combattants arabes soutenus, aidés et financés par les USA pour combattre l'armée russe" en Afghanistan, et qui sont devenus des "personnes aguerries à l'art de la guerilla", mais qui n'ont pas pu revenir chez elles car leurs pays n'en voulaient pas.

A Alger, une rencontre internationale sur le terrorisme, "sphère internationale, action exterminatrice et stratégie d'image" est prévue du 26 au 28 octobre, sous l'égide du gouvernement algérien, avec la participation annoncée de 200 à 250 experts et la présence annoncée de représentants d'ONG comme Human Rights Watch, Amnesty International et la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme. Selon les organisateurs du colloque, celui-ci devrait contribuer à "diagnostiquer la réalité nouvelle induite par la trans-nationalisation du terrorisme en s'interrogeant sur l'action terroriste du point de vue des motivations et des pratiques, de sers commanditaires, des contraintes qu'elle fait peser sur le mode de fonctionnement de l'Etat de droit, de ses effets médiatiques et de ses évolutions possibles".

(AFP 28.9 / AFP, L'Actualité 29.9) Deux des auteurs présumés des attentats commis à Paris en été 1995, et attribués aux GIA algériens (qui les a d'ailleurs revendiqués dans "El Ansar"), Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, vont être jugés à Paris dès le 1er octobre. Le "financier" présumé des opérations, Rachid Ramda, sera jugé par contumace, les autorités britanniques qui le détiennent ayant refusé de l'extrader en France, où selon la Haute Cour britannique, il serait "confronté à un risque de traitement inhumain ou dégradant". Les deux inculpés présents risquent la perpétuité. Leurs avocats dénoncent une "enquête à sens unique" destinée à trouver des coupables "à tout prix". Ces attentats avaient fait huit morts et 200 blessés, et faisaient suite à une série d'actions "ciblant" des Français établis en Algérie, avec notamment le détournement d'un Airbus d'Air France à Noël 1994 (trois passagers avaient été exécutés par les pirates, lesquels avaient été abattus à Marseille par les gendarmes français) et l'assassinat le 27 décembre de quatre pères blancs, dont trois Français, à Tizi Ouzou. En février 1998, les autorités algériennes avaient annoncé que le coordonnateur des attentats en France, Ali Touchent, avait été abattu à Alger le 23 mai 1997.

Un ancien membre peérumé du réseau islamiste "Chalabi" (réseau de soutien aux GIA), placé en rétention administrative avant son expulsion, Zakaria Toukal, a été libéré après deux jours de détention, et assigné à résidence, car marié à une Française et père de deux enfants de nationalité française. Il avait été condamné en 1999 à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", peine double d'une interdiction définitive du territoire. Les autorités françaises avaient déjà tenté une première fois, en septembre 2001, de l'expulser vers l'Algérie.

(AP 2.10 / Le Matin 3.10) La ministre chargée de la Communauté algérienne à l'étranger, Fatma Zohra Bouchemla, s'est félicitée le 2 octobre dans un entretien accordé au journal "El Fedjr", de la "coopération étroite et fructueuse" entre l'Algérie et les USA en matière de lutte antiterroriste. Pour sa part, le représentant de l'Algérie auprès de l'ONU à New-York, Abdallah Bâali, a déclaré que l'Algérie appuyait "pleinement" le principe de la tenue d'une conférence "de haut niveau" sur le terrorisme, sous les auspices des Nations Unies, afin d'"élaborer une réponse organisée et concertée de la communauté internationale au terrorisme soius toutes ses formes". L'Algérie appuie également le renforcement du service de prévention internationale du crime, installé à Vienne, et demande la consolidation du cadre juridique internationale par la création d'un "instrument qui couvrira les divers aspects de la prévention et de la lutte contre le terrorisme".

(AP 6.10) Un ressortissant algérien de 41 ans soupçonné d'être le chef d'un groupe islamiste en Allemagne, dont cinq membres ont été arrêtés, puis relâchés le 6 octobre, et font l'objet d'une enquête pour appartenance présumée à une organisation "terroriste", devrait être extradé. Le Procureur fédéral a cependant précisé que l'enquête ne permettait pas de démontrer que le groupe préparait des attentats.

(Reuters 8.10) Des responsables des services spéciaux français (la DST, contre-espionnage, et les Renseignements généraux) ont démenti devant la Cour d'assise de Paris la rumeur d'une manipulation d'Ali Touchent, organisateur présumé des attentats de 1995 à Paris (revendiqués par le GIA), abattu à Alger en 1997. Jean-François Clair, responsable de la DST, a nié qu'Ali Touchent ait été un informateur de son serbice : "Nous sommes là pour lutter contre le terrorisme. On protège nos sources, mais pas au point de laisser faire des attentats", a-t-il déclaré. Jean-François Clair a également démenti que les attentats en France aient pu être organisés par les "services" algériens pour impliquer la France dans la guerre contre les islamistes, et a révélé que les services algériens avaient informé leurs homologues français dès février 1995 de projets d'attentats des GIA en France. Bernard Squarcini, responsable des RG, a également démenti que Touchent ait travaillé pour les services spéciaux français et/ou algériens. Les avocats des accusés du procès des responsables des attentats de juillet et octobre 1995 estiment néanmoins surprenant qu'Ali Touchent ait pu échapper à deux opérations de police, en France en novembre 1993 et en Belgique début 1995, et n'ait pas été arrêté après les attentats de 1995, alors que Touchent était "fiché" par la DST -laquelle explique qu'elle n'avait compris que tardivement l'importance de Touchent.

(El Khabar, Le Matin, Quotidien d'Oran 24.10) Une conférence internationale sur le terrorisme s'ouvre à Alger le 26 septembre, avec une intervention initiale du président Bouteflika, et la participation de représentants des forces de sécurité algérienne, chargés d'expliquer l'expérience algérienne en matière de "lutte anti-terroriste".On note en particulier les interventions annoncées du Conseiller du président Bouteflika pour les affaires de défense, le général Touati, du chef d'état-major de la Ière région militaire, le général Maïta, du directeur de la Sûreté, Ali Tounsi, de l'ancien Premier ministre Redha Malek, mais également, côtés invités étrangers, de l'ancien chef des renseignements français, Yves Bonnet (très proche de ses homologues algériens), du philosophe André Glucksman, du journaliste Paul-Marie de la Gorce, du directeur de l'Observatoire des pays arabes Antoine Basbous. Initialement, des représentants des ONG de défense des droits humains étaient également prévus au nombre des participants (avec un statut d'observatrices), mais les principales d'entre elles se seraient désistées, compte tenu de l'approche purement sécuritaire et répressive qui va dominer les débats. Le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, Boudjemaâ Ghechir, a annoncé qu'il boycotterait le colloque, en expliquant qu'il refusait de cautionner par sa présence à ce type de manifestations la vision de Georges Bush sur le terrorisme, et en reprochant aux organisateurs du colloque de vouloir faire endosser une partie de la responsabilité du terrorisme à la presse. Plusieurs invités ont décliné l'invitation : Mohamed Harbi, Lahouari Addi, Noam Chomsky, notamment.Quatre sujets principaux devraient être traités dans des "ateliers : "les références idéologiques du terrorisme islamiste", les assassinats individuels et les massacres collectifs, "la coopération internationale dans la lutte anti-terroriste" et "la lutte anti-terroriste, les médias et les droits de l'homme".

LETTRE OUVERTE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L'HOMME AUX RESPONSABLES DU COMITÉ D'ORGANISATION DU COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE TERRORISME (Alger, 26-28 octobre 2002)

Fédération Internationale des Ligues des droits de l'Homme

Paris, le 25 octobre 2002

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme a appris par voie de presse hier, que le comité d'organisation du Colloque international sur le terrorisme qui se tiendra à Alger du 26 au 28 octobre prochains, avait annoncé la participation de la FIDH à cette rencontre au cours d'une conférence de presse.

Dans une lettre adressée au Premier Ministre algérien, le 18 septembre dernier, le Président de la FIDH se voyait contraint de décliner l'invitation à prendre part au colloque international sur le terrorisme en raison du refus persistant des autorités algériennes à reprendre un dialogue exhaustif avec la FIDH.

En effet, depuis mai 2000, la FIDH a sollicité à cinq reprises les autorités algériennes pour qu'elles l'autorisent à se rendre en Algérie sans jamais recevoir de réponse. En outre, le Président de la FIDH, a été déclaré persona non grata en Algérie, alors qu'il était invité à participer à une conférence indépendante sur les droits de l'Homme. La FIDH ne peut que constater, pour la déplorer vivement, la volonté des autorités algériennes de ne pas reprendre le dialogue avec elle.

Dans sa lettre au Premier Ministre, la FIDH indiquait néanmoins qu'elle serait disposée à participer au colloque sur le terrorisme si elle pouvait rencontrer, à cette occasion, les plus hautes autorités algériennes, ainsi que les acteurs de la société civile. La FIDH précisait, qu'il lui serait nécessaire à cette fin, d'obtenir un visa pour deux à trois semaines à compter du 15 octobre 2002.

Devant le silence des autorités algériennes à la suite de ce courrier, la FIDH se voit contrainte de ne pas se rendre en Algérie à l'occasion du présent colloque. En tout état de cause, la FIDH n'a jamais précisé aux organisateurs qu'elle souhaitait être présente au colloque sans " participer en tant qu'intervenante ".


(AFP 26.10 / AP, MAOL, L'Actualité 27.10) Le président Bouteflika a appelé le 26 octobre, en ouverture d'un colloque internationale sur "la transnationalisation du terrorisme islamiste", à une conférence internationale pour "la définition du terrorisme" : "Afin que nos efforts se conjuguent dans la même lutte, il est absolument indispensable que nous puissions définir notre ennemi commun", a déclaré Abdelaziz Bouteflika. Le président algérien a estimé qu'une convention internationale "globale" contre le terrorisme pourrait être adoptée pour "matérialiser les engagements en matière d'extradition, d'entraide judiciaire ainsi que la fourniture des équipements adaptés à la lutte antiterroriste". Cela étant, Abdelaziz Bouteflika a également appelé à ne pas confondre terrorisme et lutte de libération, et a estimé que "la participation équitable du monde en développement à l'échange internationale, une diffusion optimale des courants d'investissements productifs, un accroissement significatif de l'aide publique au développement, ainsi qu'une meilleure prévisibilité et une gestion plus démocratique de l'économie mondiale constituent des exigences impératives si l'on veut combattre le terrorisme à ses racines", le terrorisme se nourrissant de la faim, de l'exclusion sociale, de la dégradation de l'environnement, de la montée de la criminalité et des conflits entre Etats. Quant au Premier ministre Ali Benflis, il a estimé que l'Algérie avait, face au "terrorisme", subi pendant près de dix ans "un embargo qui ne disait pas son nom".

Le colloque d'Alger doit, selon ses organisateurs, permettre de "diagnostiquer la réalité nouvelle induite par la transnationalisation du terrorisme et d'étudier, à partir du cas de l'Algérie et des attentats du 11 septembre, les motivations et les pratiques de ses commanditaires". Il a en fait surtout permis d'illustrer à la fois les différentes (et souvent contradictoires) approches et définition du "terrorisme"*, et les divergences entre représentants du pouvoir algérien, divergences souvent mise en évidence (et parfois "montées en épingle") par la presse privée algérienne, dont plusieurs titres ont fait leur "une" sur ce qu'ils estiment être une "rupture entre l'armée et Bouteflika".

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme s'est déclarée "surprise" de voir son nom figurer parmi ceux des organisations invitées au colloque. Dans une lettre adressée aux organisateurs, la FIDH explique qu'elle a décliné (le 18 septembre déjà,m auprès du Premier ministre Benflis) l'invitation "en raison du refus persistant des autorités algérienne (de) reprendre un dialogue exhaustif avec elle". La FIDH revendique l'envoi d'une commission d'enquête internationale en Algérie pour faire la lumière sur les massacres.

Pour sa part, le Mouvement algérien des officiers libres (MAOL) appelle, dans un communiqué signé de son "général commandant", à mettre à jour "les impostures" qui entourent le terrorisme, et accuse "les services secrets algériens" (la sécurité militaire, la DGPS, la DGDS et le DRS) d'avoir "exhorté, formé et soutenu des groupes considérée aujourd'hui comme des organisations terroristes de grande envergure", et d'avoir entraîné "des éléments et des cadres" de l'ETA basque et de l'IRA irlandaise dans la caserne militaire de Djenien Bourezgue, et de les avoir au surplus financés et fournis en faux documents de voyage. Le MAOL accuse également "les militaires algériens" d'avoir infiltré dans les rangs des "moudjahidines afghans des militaires algériens qui se faisaient passer pour des combattants islamistes", d'avoir transmis au KGB soviétiques les renseignements ainsi obtenus, et d'avoir poursuivi cette pratique en Tchétchénie. Par le colloque d'Alger, les responsables algériens ambitionnent, accuse le MAOL, "de se laver du sang des dizaines de milliers d'Algériens en l'imputant aux monstres qu'ils ont aidé et à ceux qu'ils ont eux-mêmes créés". Dans un "témoignage" rendu public par le MAOL, un officier de l'armée, le Commandant Abdelkader Zitouni, accuse les chefs de l'armée (qualifiés d'"assassins" et de "vulgaires mutins qui ont pris en otage tout un pays") d'avoir lancé "une vraie guerre contre un peuple affamé et appauvri", et les généraux Nezzar, Lamari, Touati, Cherif "et les autres" d'avoir employé "des méthodes colonialistes, barabres, des méthodes intégristes (...) car éradicatrices"

(AFP 29.10 / El Khabar, Le Jeune Indépendant, El Watan, Le Matin 31.10) Le Premier ministre Ali Benflis a plaidé, en conclusion du colloque international d'Alger sur le terrorisme, le 28 octobre, pour la création d'un "fonds international pour la lutte contre le terrorisme" dont les ressources seraient utilisées "pour la mise à niveau et la modernisation des organes chargés de cette mission dans les pays en voie de développement". Ali Benflis a affirmé que l'Algérie est "déterminée à assumer ses responsabilités dans l'effort planétaire pour lutter contre le terrorisme", et a rappelé "les souffrances endurées par le peuple algérien dans le silence et souvent l'indifférence" dans sa lutte contre le terrorisme. En ouverture de l'année judiciaire, le président Bouteflika a quant à lui établi une "relation directe entre le terrorisme et les réseaux criminels" (crapuleux), qui financent et alimentent le terrorisme (parce qu'ils ne peuvent vivre et prospérer que dans des eaux troubles".

Par ailleurs, les travaux de la conférence ministérielle régionale (euro-africaine) de promotion de l'accord des Nations Unies contre le crime organisé, conférence tenue à Alger en même temps que le colloque sur le terrorisme, ont abouti à l'adoption le 30 octobre d'une déclaration qui sera exposée à l'Assemblée générale des Nations Unies. La conférence d'Alger appelle à présenter des aides financières et matérielles dans le but de soutenir les efforts des pays africains dans la lutte contre le crime organisé, appelle le Centre international de prévention du crime à soutenir les efforts des pays africains en organisant des rencontres régionales et recommande aux Etats qui n'ont pas encore signé et/ou ratifié la Convention des Nations unies sur le crime organisé et ses protocoles additionnels, à le faire le plus rapidement possible.


(Quotidien d'Oran 24.10) Un jeune Algérien de 27 ans, Redouane Dahmani, est détenu depuis près d'une année (350 jours) à Phoenix (Arizona), aux USA, sous l'accusation portée par le FBI, et traduite en 33 chefs d'accusation, de participer aux réseaux de la Qaeda. Selon sa famille, ses seuls crimes sont "d'êrtre musulman et arabe", et son épouse américaine a d'ailleurs déposé plainte contre l'Etat d'Arizona pour "discrimination raciale et humiliation". Le seul chef d'accusation probant contre Dahmani pourrait bien être l'entrée illégale (avec un faux passeport français) aux USA, et de s'être lié d'amitié avec Lofti Raïssi, Algérien comme lui, et accusé d'avoir été le pilote-instructeur des kamikazes du 11 septembre. Dahmani avoue être entré illégalement aux USA, mais nie toute implication avec le "terrorisme", et sur ce point, il semble en effet que le dossier d'accusation monté par le FBI soit vide.

(L'Expression 27.10) Un activiste islamiste présumé, Ali Lazhar Ben Mohamed Tilali, a été interpellé le 24 octobre à Marseille par les services de sécurité français, qui auraient saisi sur lui un agenda électronique dont les données confirmeraient les intentions de groupes liés à la Qaeda de commettre des attentats de grande envergure en France, notamment à Paris, et contiendraient des informations permettant de localiser des activistes islamistes liés à la Qaeda en Europe.

(AP 28.10) Un groupe de quatre Algériens détenus aux Pays-Bas aurait un lien avec l'assassinat du chef de l'opposition afghane aux Talibans, le commandant Massoud, le 9 septembre 2001, a déclaré le 28 octobre le procureur néerlandais Jo Valente. Les quatre hommes sont accusés de falsification de passeports, trafic de drogue, aide à immigration illégale et "aide à l'ennemi en temps de guerre". Selon l'accusation, les quatre Algériens faisaient partie d'une "cellule terroriste" chargée de recruter de jeunes musulmans pour des attentats suicides.

(L'Expression 3.11) Dans un rapport sur le terrorisme international, évoqué par "L'Expression", la CIA estimerait que les USA "sont en train de perdre (la) guerre" contre le terrorisme international, et que "la démarche américaine dans la région" de l'Afghanistan "n'était pas la plus appropriée", comme en témoigne "la résurgence des conflits armés" sur place. Pourtant, "pas moins de 1300 terroristes islamistes" auraient été interpellés dans 70 pays depuis le déclenchement de l'offensive "antiterroriste" après le 11 septembre. Mais la CIA estimerait "vain de vouloir persister dans la méthode du tout-sécuritaire puisque cela ne résoudra rien du tout, et aura même tendance à exacerber les conflits". Il faudrait plutôt selon l'Agence "s'attaquer aux sources de ce fléau", puisque "de nombreuses raisons objectives poussent de jeunes musulmans de divers pays à opter pour la voie désespérée de la violence et même des attentats suicides". Cette position, relève le quotidien "bouteflikiste", est grosso modo la même que celle du président algérien.

(AFP 2.11) La police criminelle allemande (BKA) recherche quatre Algériens et Libyens qu'elle soupçonne de vouloir préparer des attentats en Europe, affirme l'hebdomadaire allemand "Focus", qui précise qu'il s'agit d'hommes de 30 à 35 ans, dont la présence aurait été communiquée aux Allemands par les services américains. Il s'agirait de requérants d'asile.

(Le Monde 2.11) Le Tribunal de Paris s'est déclaré incompétent, le 31 octobre, pour reconnaître aux prisonniers français détenus sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, le statut de prisonniers de guerre, et leur accorder la protection des textes internationaux applicables en la matière (Conventions de Genève, notamment). Le juge des référés a estimé irreceveble une demande formulée par les avocats français de Nizar Sassi et Mourad Benchellali, deux des six Français détenus à Guantanamo sous l'accusation d'appartenir aux réseaux de la Qaeda.L'ordonnance rendue par le tribunal estime que les recours déposés par les avocats "ne reposent sur aucune règle de procédure susceptible de permettre leur examen par le juge des référés". Destinée à rouvrir le débat sur les conditions calamiteuses de détention des prisonniers de Guatanamo, la demande des Français s'est heurtée à la volonté de la justice française de s'en tenir à une stricte application des textes. La représentante du Parquet avait estimé que l'action des avocats est à ce point "novatrice (...) qu'elle s'asbtrait de l'ensemble des règles civiles", et que si l'on peut "comprendre la situation paradoxale voire insupportable des demandeurs, on ne peut que s'interroger sur la valeur qu'aurait eue une décision d'un juge français à l'encontre d'un Etat souverain" (les USA). Pour leur part, les avocats, William Bourdon et Jacques Debray, ont rappelé qu'aucune charge n'avait été formulée aux USA à l'encontre de leurs clients, détenus donc sur la seule base de présomptions non confirmées, qu'ils n'ont jamais pu rencontrer un avocat et n'ont été présentés devant aucun tribunal. Pour Me Bourdon, "Le juge français a escamoté le débat essentiel, mais ce n'est que partie remise" : une plainte avec constiotution de partie civile va être déposée contre les responsables du camp de Guantanamo, pour détention arbitraire.

Dans les courriers, censurée, reçus par leurs familles, Nizar Sassi et Mourad Benchallali se plaignent de leurs conditions de détention : Nizar Sassi évoque une "situation difficile" et le fait d'être "coupé du monde". Il se plaint de recevoir "trois fois par semaine (...) des médicaments bizarres" et résume ainsi sa situation : "ici, on n'a pas le droit d'avoir des droits".

(Les Inrockuptibles 30.10 / Le Matin 2.11 / Journal du Dimanche 3.11 / Canal+, Libération 4.11 / Reuters 5.11 / L'Actualité 6.11) Les deux Algériens condamnés à la perpétuité le 30 octobre pour des attentats à la bombe commis en 1995 à Paris et revendiqués par les GIA, Boualem Bensaïd et Smaïn Ali Belkacem, ont fait appel de ce jugement et seront donc rejugés, fin 2003 début 2004, par un Cour d'Assises spéciale. Les deux hommes niaient les faits, mais ont été condamnés à la peine maximale.

(AP 8.11) Le procès de trois ressortissants maghrébins (un Algérien, Abdelhalim Hafed Remadna), un Marocain et un Tunisien) soupçonnés d'être liée à la Qaeda s'est ouvert le 8 novembre à Milan, un an après leur arrestation. Les trois hommes sont accusés d'avoir fourni un soutien logistique à des islamistes armés en Italie et d'avoir recruté des combattants pour les camps de la Qaeda en Afghanistan. Le Marocain et l'Algérien travaillaient au Centre culturel islamique de Milan, et le troisième s'y rendait fréquemment. Un quatrière homme, un Egyptien, est jugé par contumace. Il serait mort dans des combats en Afghanistan, sans que cela soit confirmé.

(AP 6.11) Le sous-Secrétaire d'Etat américain, chargé des Affaires politiques, Mark Grossman, a salué le 6 novembre à Alger où il était en visite les "excellentes relations" existant entre l'Algérie et les USA, et remercié le peuple algérien de sa "sympathie" envers le peuple américain après les attentats du 11 septembre : "L'Algérie est un ami dans la lutte anti-terroriste" a déclaré le responsable américain, qui a ajouté que les USA faisaient "de (leur) mieux pour l'aider dans cette tâche, notamment en ce qui concerne la formation et l'assistance".

(Le Matin 10.11) "Le Matin" fait état du sentiment des militaires algériens d'être toujours victimes d'un "embargo presque total" des pays européens en matière d'armement (embargo cependant contourné par un approvisionnement auprès de l'Afrique du Sud, de l'Inde, de la Chine et de la Russie), et d'être contrainte à mener la lutte "antiterroriste" avec des moyens rudimentaires et inadaptés, le matériel sophistiqué ne leur étant pas fourni par les pays producteurs (ce que le quotidien considère comme étant un effet des campagnes menées par les ONG et une partie de l'opposition algérienne contre les méthodes de l'armée). "A un moment, les groupes terroristes étaient mieux équipés que nos propres unités", confie une source militaire (anonyme) au "Matin". Cependant, après le 11 septembre, les USA ont autorisé la vente à l'Algérie de matériel de vision nocturne. Les mêmes milieux militaires estiment n'avoir pas non plus suffisamment acès aux renseignements dont disposent les services étrangers concernant les réseaux terroristes et leur financement, et le général Mohamed Touati a pu ainsi déclarer que l'aide dans la lutte contre le terrorisme était plus souvent donnée par l'Algérie aux autres pays que l'inverse.

(L'Actualité 14.11) Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH, officielle), Farouk Ksentini, a annoncé le 13 novembre que neuf Algériens étaient détenus par les Américains sur la base cubaine de Guantanamo. Leur famille ont contacté la Commission qui a à son tour pris contact avec l'ONG américaine de défense des droits humains Human Rights Watch, pour lui demander des informations sur les conditions de détention.

(AP 14.11) Les familles de deux Français détenus sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, Nizar Sassi et Mourad Benchellali, originaires de Vénissieux (banlieue de Lyon) ont porté plainte le 14 novembre à Lyon, contre X et avec constitution de partie civile, pour "détention arbitraire, enlèvement, séquestration et atteintes aux libertés". Sassi a été capturé en Afghanistan en novembre 2001, et Benchellali au Pakistan. Les USA leur dénie la qualité de prisonniers de guerre et donc leur droit à bénéficier de la protection des Conventions de Genève, et les considère comme des "combattants illégaux".

(AFP 16.11 / Reuters 17.11 /Quotidien d'Oran 18.11) La police britannique a arrêté autour du 9 novembre un islamiste algérien, Rabah Kadri, en possession de faux-papiers français, soupçonné de vouloir organiser un attentat dans le métro de Londres, annonce le "Journal du Dimanche" français, citant des sources du ministère britannique de l'Intérieur et des services antiterroristes français. Kadri serait un correspondant des réseaux de la Qeada en Grande-Bretagne, et, selon les services français, un "élément clé" des réseaux islamistes en Europe. Il a été inculpé le 16 novembre de "possession d'objets destinés à la préparation, à l'incitation et à la commande d'actes terroristes". La France pourrait en outre requérir son extradition, pour avoir contribué à envoyer en Afghanistan trois ressortissants français (dont un franco-algérien), dont deux y ont été tués, le troisième étant détenu par les Américains à Guantanamo. Deux autres hommes (également algériens, selon "Le Quotidien d'Oran", qui cite les noms de Rabah Chekat-Bais et de Karim Kadouri) ont été arrêtés en même temps que lui, dans le cadre de la même affaire. Les trois hommes feraient partie, selon la télévision "Sky News", d'un "Front nord-africain", inconnu en Algérie et au Maroc, et également inconnu des services français, mais qui serait lié à la Qaeda. Selon le "Sunday Times", qui a été démenti par le vice-Premier ministre britannique John Prescott, le groupe projetait de diffuser dans le métro de Londres un gaz mortel ou du cyanure.

(Le Quotidien d'Oran 18.11) Le sommet de l'OTAN prévu les 21 et 22 novembre à Prague devrait adopter un document-cadre sur un programme de coopération en matière de sécurité et de lutte antiterroriste, avec sept pays de la "rive sud" (au sens large...) de la Méditerranée : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Jordanie et Mauritanie (on notera l'absence de la Libye et de la Syrie). De source officielle algérienne, on assure que ce programme ne consacre pas l'engagement de l'OTAN dans des opérations militaires dans les pays concernés, et que ceux-ci auront la possibilité de refuser les formes de coopération militaire proposée par l'OTAN. Le programme permettra en revanche aux militaires algériens de bénéficier de stages de formation et d'information, notamment sur le maintien de la paix, la maîtrise des armements, la protection de l'environnement, la coopération civilo-militaire dans les plans civils d'urgence etc...

(AP 22.11) La justice allemande a ordonné la libération d'un ressortissant algérien dont la France a demandé l'extradition, pour son appartenance ou ses accointances présumées avec les GIA. Abdallah Kinaï avait été interpellé le 1er juillet à Stuttgart dans le cadre d'un mandat d'arrêt international, en juillet. En mars, il avait été condamné à Paris à cinq ans de prison, par contumace, pour participation à une organisation criminelle préparant une attaque "terroriste". Le parquet de Stuttgart a expliqué que la libération de Kinaï a été ordonnée parce que les autorités françaises n'avaient pas été en mesure de fournir des informations suffisantes sur les agissements présumés de Kinaï.

(El Watan 25.11) Cinq membres présumés de réseaux islamistes (quatre Algériens et un Français) ont été arrêtés à Paris et dans sa région les 22 et 23 novembre. Les cinq hommes sont suspectés d'être liée au GSPC. Parmi eux, on note la présence de Redouane Daoud, évadé de prison aux Pays-Bas le 5 juin, et dont les Pays-Bas pourraient demander l'extradition.

(Le Matin 24.11) Les ressortissants algériens seront désormais placés sur "liste rouge aux Etats-Unis", annonce "Le Matin". Comme les ressortissants de douze autres pays, essentiellement arabes (mais on y trouve aussi l'Afghanistan, la Somalie, l'Erythrée et la Corée du Nord", les Algériens sont supposés présenter des "risques importants en matière de terrorisme", a annoncé le 22 novembre le ministre améàricain de la Justice, John Ashcroft. La nouvelle réglementation s'applique aux hommes nés avant le 2 décembre 1986. On peut s'interroger sur son effiacité, compte tenu du fait qu'une bonne partie des "Algériens" supposés être ou avoir été liés au "terrorisme" étaient double-nationaux franco-algériens, et qu'il suffit dans ce cas là de se présenter comme français pour échapper à la discrimination dont sont victimes les Algériens...

(AFP 25.11 / Le Monde 27.11) Six personnes, dont un franco-algérien accusé d'être lié à la Qaeda et qualifié de "gros poisson" par les services antiterroristes français (DST), Slimane Khalfaoui, ont été interpellés dans la région parisienne le 25 novembre. Khalfaoui est considéré par les enquêteurs comme un élément "opérationnel" susceptible de préparer ou d'organiser un attentat. Ancien combattant de Bosnie et d'Afghanistan, Khalfaoui a été interpellé en Seine Saint-Denis, à Monfermeil. Il est suspecté d'être lié à Rahab Kadri, alias "Toufik", inculpé par la justice britannique et suspecté d'avoir projeté un attentat au gaz dans le métro de Londres, et d'avoir fait partie du "groupe de Francfort", démantelé en décembre 2000, et suscepté d'avoir projeté un attentat contre la cathédrale de Strasbourg fin 2000. Il est également soupçonné d'être lié à Ahmed Ressam, arrêté en décembre 1999 aux USA avec 60 kilos d'explosifs dans sa voiture. Cinq autres personnes, dont une femme, ont été interpellés dans la commune voisine de Clichy sous Bois. Les jours précédents, cinq islamistes présumés, dont Redouane Daoud, soupçonné d'être lié au GSPC, avaient été arrêtés dans la région parisienne, et le 26 novembre, six autres personnes, dont un imam, soupçonnées d'être liéesà Richard Reid, un britannique intercepté dans un vol Paris-Miami avec des explosifs dans ses chaussures, ont été arrêtées.

Ces arrestations mettent en lumière le rôle important joué, selon les services antiterroristes français, par la Belgique et les Pays-Bas dans l'organisation des réseaux islamistes armés en Europe. Soumis à une forte pression policière en France, les réseaux de la Qaeda se seraient installés dans ces deux pays (entre autres), où les réseaux algériens leur apportent une aide matérielle, avec, selon les "antiterroristes" français, l'aide de mosquées intégristes et d'associations caritatives. La Qaeda aurait également effectué de nombreux investissements et opérations bancaires aux Pays-Bas. Les services français estiment que leurs homologues belges et néerlandais ont eu tort de précipiter les arrestations des membres de ses réseaux, alors qu'une surveillance plus longue aurait permis de les démanteler plus profondément.

(AFP 27.11) Cinq membres présumés d'un groupe islamiste, dont l'Algérien Redouane Daoud, ont été inculpés le 27 novembre à Paris d'"association de malfaiteurs et relation avec une entreprise terroriste", et deux d'entre eux, Redouane Daoud et Mounir Cheurfi ont été placés en détention provisoire. Les trois autres ont été laissés en liberté sous contrôle judiciaire. Tous sont présumés être liés au GSPC de Hassan Hattab. Selon le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, Daoud était "en train de reconstituer un réseau terroriste". Les autorités néerlandaises ont annoncé qu'elles allaient demander l'extradition de Daoud, évadé le 5 juin de la prison de Breda, aux Pays-Bas.

(AFP, AP, FIS 13.12 / L'Actualité 16.12) Les autorités canadiennes retiennent en captivité un Algérien qu'elles accusent de représenter une menace pour la sécurité nationale, a annoncé le 13 décembre la porte-parole du ministère fédéral de l'Immigration. Mohammed Harkat est accusé d'être lié aux GIA. Il est établi au Canada depuis une dizaine d'années et nie tout lien avec une organisation terroriste.

Les autorités néo-zélandaises ont annoncé qu'elles détenaient un ressortissant algérien pour des raisons de "sécurité", sans, dans un premier temps, en donner le nom. Depuis Genève, le FIS a confirmé qu'il s'agit en fait d'Ahmed Zaoui, ancien dirigeant du Conseil de coordination du FIS, expulsé de Suisse en 1998, et qui a déposé une demande d'asile politique début décembre en Nouvelle-Zélande où il est arrivé avec de faux-papiers sud-africains. Selon le FIS, Ahmed Zaoui n'est pas détenu pour des raisons de "sécurité", et moins encore pour ses liens supposés avec la Qaeda, comme l'a annoncé le "New Zealand Herald" (repris par la presse algérienne), mais dans le cadre d'une enquête normale sur sa demande d'asile. Ahmed Zaoui a été condamné à mort (par contumace) en Algérie.

(AFP 17.12 / AP, Reuters, AFP, Le Jeune Indépendant 18.12 / L'Expression 19.12) Quatre présumés islamistes (un Franco-algérien, un Algérien, une Algérienne et un Marocain) ont été interpellés le 16 décembre à la Courneuve, près de Paris, en possession de fortes sommes d'argent, de faux-papiers, de substances chimiques et d'une combinaison de protection nucléaire, bactériologique et chimique. L'affaire a été qualifiée de "très sérieuse" par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. Selon les autorités françaises, les trois hommes sont passés par l'Afghanistan et la Tchétchénie, et l'un, le Franco-algérien, serait lié au "groupe de Francfort" démantelé en décembre 2000 et qui est soupçonné d'avoir projeté un attentat contre la cathédrale de Strasbourg, groupe qui serait lui-même lié à la Qaeda.

Un ancien membre du "résesu Chalabi" (réseau islamiste en France), Zakaria Touka, a été expulsé de France vers l'Algérie, après avoir été arrêté le 10 alors qu'il était interdit de séjour en France. Il a été arrêté par la police algérienne à son arrivée en Algérie, et son avocat a exprimé le 16 décembre son inquiétude sur son sort.

A Seattle (USA), des juges allemands ont pu interroger dans sa cellule l'Algérien Ahmed Ressam, arrêté aux USA en 1999 et jugé coupable d'une tentative (ratée) d'attentat à la bombe le 1er janvier 2000 contre l'aéroport de Los Angeles. Ressam est lui aussi soupçonné d'être lié à la Qaeda.

A Londres et Edimbourg, la police britannique a arrêté sept hommes, dont au moins trois Maghrébins, en vertu de la loi sur le terrorisme.

A Rotterdam, quatre hommes, dont deux Algériens, accusés d'avoir préparé un attentat commandité par la Qaeda, contre l'Ambassade des USA à Paris, ont été acquittés le 18 décembre, faute de preuve (le tribunal notant qu'"une partie des preuves apportées pat le Procureur ont été obtenues de manière irrégulière", notamment par des écoutes téléphoniques non ordonnées par le ministère de l'Intérieur).

En Nouvelle Zélande, l'ancien porte-parole du Conseil de coordination du FIS, Ahmed Zaoui, qui a sollicité l'asile politique après être entrée dans le pays avec un faux-passeport sud-africain, est toujours détenu. Selon "L'Expression", Zaoui aurait été arrêté "sur instigation du FBI" américain, sur le soupçon de liens avec la Qaeda.

Une dizaine de ressortissant algériens ont été arrêtés dans plusieurs pays ces dernières semaines, ce qui conduit "Le Jeune Indépendant" à considérer que les Algériens sont "les plus souçonnés au monde" d'activités terroristes, puisqu'"à chaque coup de filet dans les milieux 'terroristes', il y a au moins un Algérien".

(AFP 24.12 / Le Jeune Indépendant 26.12) Sept Algériens (résidant tous en Grande-Bretagne) arrêtés le 18 décembre à Edimbourg (Ecosse) et à Londres ont été inculpés le 24 décembre dans le cadre de la loi antiterroriste, qui prévoit qu'une personne "en possession d'un objet permettant de soupçonner raisonnablement qu'il est lié à la perpétration, la préparation ou l'instigation d'un acte terroriste" commet un délit.

Au Canada, selon le "Washington Post", des sources proches des services de renseignement accusent un Algérien arrêté à la mi-décembre à Montréal, Mohamed Harkat, d'être un "agent dormant" de la Qaeda, et de s'apprêter, avant son arrestation, à constituer une cellule active en Amérique du nord. Les USA demandent l'extradition de Harkat, qui nie tout lien avec une organisation terroriste, et réside au Canada depuis 1995.

(L'Expression 26.12 / AP 27.12 / El Watan 30.12) Selon "L'Expression", qui se base sur "des sources dignes de foi", trois "émissaires" d'Oussama Ben Laden auraient été "dépêchés durant ce mois ci de l'Arabie Saoudite pour rencontrer Mokhtar Belmokhtar", "émir" présumé du GSPC dans le Grand Sud algérien (mais selon certaines sources, Belmokhtar ne serait que le chef d'une bande armée pratiquant le banditisme et la contrebande). Les trois émissaires de Belk Laden auraient transité par la Syrie et l'Egypte, et Mokhtar Belmokhtar se trouverait actuellement au Niger. Le 22 décembre déjà, l'"Expression" avait annoncé qu'un représentant de la Qaeda était "traqué" par l'armée algérienne dans la région de Bouira : il s'agirait d'un Yéménite, venu rencontrer Hassan Hattab. Un autre responsable yéménite de la Qaeda aurait été abattu le 12 septembre par l'armée algérienne près de Merouana (w. Batna).

Les familles de six Algériens détenus par les Américains à Guantanamo ont demandé aux autorités algériennes d'"intervenir pour mettre fin au maintien injuste (de ressortissants algériens) dans le centre de détention de Guantanamo dans des conditions inhumaines". Les familles dénoncent la "passivité" de l'Etat algérien, et affirment que les prisonniers sont "imnnocents de toutes les charges retenues contre eux par le ministère américain de la Défense". Les six hommes ont été arrêtés en Bosnie, où ils résidaient depuis le début des années '90, sous des accusations réfutées par la justice bosniaque elle-même, mais ont été littéralement kidnappés par des militaires américains alors qu'ils allaient être libérés, et ont ensuite été transférés (en janvier 2002) sur la base américaine de Guantanamo (Cuba) sous l'accusation d'appartenir à la Qaeda, accusation que les autorités américaines ont été incapables de prouver depuis une année. Aucune charge n'a été retenue contre eux. Le ministère algérien des Affaires étrangères a été saisi d'une demande que des représentants officiels algériens puissent rendre visite aux détenus, mais cette demande est restée sans réponse, alors qu'un tel droit a été accordé à des représentants saoudiens, marocains, yéménites et bahreinis quand les autorités de ces pays sont intervenues auprès des Américains.En réalité, il semble que les autorités algériennes ne savent même pas combien d'Algériens sont détenus par les Américains, ni, à plus forte raison, qui ils sont.

(Reuters, AP 27.12) Un Algérien, membre présumé des GIA et soupçonné d'avoir été formé dans un camp de la Qaeda en Afghanistan, Abdelkrim Hammad, a été arrêté le 26 décembre dans la Rioja, en Espagne, sous le coup d'un mandat d'arrêt international (il est notamment recherché par l'Algérie, pour meurtre). Il aurait pris part du "Djihad" en Algérie, en Afghanistan, en Bosnie et au Kosove. Présent en Europe depuis le milieu des années '90, il est accusé d'y recruter et d'y entraîner des groupes armés.

Un Algérien de 18 ans a été inculpé le 27 décembre à Edimbourg (Ecosse) de détention d'objets en vue "d'inciter ou de préparer" des actes terroristes. Sept autres Algériens, âgés de 27 à 36 ans, avaient déjà été inculpés le 24 décembre du même chef d'accusation. Tous ont été interpellés le 18 décembre à Edimbourg ou dans la région londonienne, et sont détenus à Glasgow.

Le ministère français de l'Intérieur a annoncé le 27 décembre avoir démantelé, depuis la mi-décembre, une cellule "terroriste" islamiste qui projetait de commettre des attentats contre les intérêts russes et spécialement contre l'ambassade de Russie". Au moins trois des neuf personnes interpellées dans le cadre de l'enquête auraient séjourné dans des camps d'entraînement en Tchétchénie. Le groupe aurait eu l'intention de frapper des cibles russes pour venger l'élimination, le 26 octobre par les forces spéciales russes, d'un commando tchétchène qui avait pris plusieurs centaines de personnes en otages dans un théâtre de Moscou. Le 24 décembre, quatre hommes d'origine algérienne ont été arrêtés à Romainville, dans la banlieue parisienne. L'un d'entre eux est le frère d'un Algérien arrêté par les Américains en Afghanistan et détenu à Guantanamo (Cuba), Mourad ben Chellali. Le 16 décembre, quatre autres personnes, dont une femme, avaient déjà été arrêtées à La Courneuve, et inculpées, dont un homme, Merouane Benahmed, que les autorités françaises présentent comme "un ancien émir du GIA".

(AFP 1.1.2003) Un bagagiste (français) de l'aéroport de Roissy, interpellé le 28 décembre à l'aéroport en possession présumée d'armes (un pistolet, un pistolet mitrailleur), d'explosif (de la tolite) et de deux détonateurs, et son oncle (algérien), ont été inculpés le 1er janvier d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et de "détention de faux documents administratifs", le neveu l'étant au surplus d'infraction à la législation sur les armes, les munitions et les explosifs et l'oncle, en situation irrégulière en France, d'infraction à la législation sur les étrangers. Le jeune bagagiste, dénoncé par un voisin, ancien militaire, est inconnu des services de police et affirme être victime d'une vengeance familiale. Il nie appartenir à une quelconque mouvance politique ou religieuse. Le Parquet de Paris estime disposer d'un "faisceau d'éléments" convergeant vers une "piste terroriste".

(Reuters 8.1) Six nord-africains, qu'une source policière a déclaré être des Algériens, ont été arrêtés dans la banlieue londonienne le 6 ou le 7 janvier, et sont interrogés par la police antiterroriste après la découverte de traces de ricin, une substance potentiellement mortelle. La police soupçonne les six hommes de projeter l'utilisation du ricin pour provoquer une contamination de grande ampleur (mais non des morts), susceptible de provoquer une panique du genre de celle qu'avaient suscitées les contamination à l'anthrax aux USA en 2002. Un empoisonnement au ricin provoquerait des symptômes comparables à ceux de la grippe, et peut être mortel.

(Reuters 9.1 / AFP 11.1) Après la découverte dans un appartement de la banlieue londonienne de ricin, une toxine potentiellement mortelle, et l'arrestation de six suspects "nord-africains", vraisemblablement algériens, la police britannique "s'efforce de remonter une éventuelle filière terroriste algérienne", annonce Reuters, à qui l'"expert en sécurité Garth Whitty" a déclaré que "l'Algérie est une pépinière de l'extrémisme islamique" et que dès que l'on s'éloigne un peu d'Oussama Ben Laden et de ses "connexions yéménites ou saoudiennes, on trouve des Algériens sur son chemin". Nombre de ceux-ci se sont d'abord dirigés vers la France, mais leurs réseaux ont été infiltrés par les services spéciaux français, et une bonne partie de ces "extrémistes islamiques" se sont réfugiés en Grande-Bretagne, où la grande majorité des 200 personnes (environ) arrêtées en 2002 dans le cadre d'affaires liées au "terrorisme" étaient originaires d'Afrique du nord en général et d'Algérie en particulier.

Après avoir été annoncée de manière fracassante comme la découverte d'un possible complot "terroriste", l'"affaire du bagagiste de l'aéroport de Roissy", Abderazak Besseghir, arrêté fin décembre en possession supposée d'armes et d'explosifs dans sa voiture, s'est brutalement "dégonflée" le 10 janvier, avec les aveux de celui qui l'avait dénoncé, un ancien parachutiste de marine : il s'agissait en fait d'un règlement de compte familial entre Besseghir et la famille de sa défunte femme, morte dans un incendie et dont sa famille accuse Besseghir d'être responsable. Les auteurs présumés du "complot familial" qui succède au "complot terroriste" ont été inculpés pour "dénonciation calomnieuse" et "dénonciation d'un crime ou délit imaginaire", et un membre de la famille soupçonnée est activement recherché sur le soupçon d'être le "cerveau" de l'affaire.

(Reuters, FIS 14.1 / AFP 15.1) Le parquet de Francfort a renoncé le 14 janvier à inculper quatre Algériens d'appartenance à une organisation terroriste, et n'a retenu que celui de tentative d'assassinat. L'accusation d'appartenance à une organisation terroriste a cependant été maintenue pour un cinquième homme. Les quatre hommes sont suspectés d'avoir voulu préparer un attentat contre le marhé de Noël à Strasbourg, en 2000. L'un des quatre accusés, Aeurobui Beandali, a affirmé que les explosifs saisis lors de leur arrestation à Francfort en décembre 2000 devaient être utilisés contre une synagogue de Strasbourg, à un moment où elle devrait être vide, pour protester contre le soutien de la France au pouvoir algérien.

A Manchester (Grande-Bretagne), le 14 janvier, un policier a été tué et quatres autres blessés lors de l'arrestation de trois hommes d'origine "nord-africaine", vraisemblablement des Algériens, dans le cadre de l'enquête lancée après la découverte à Londres d'un laboratoire artisanal contenant des traces de ricine, un poison mortel. Sept hommes avaient été arrêtés à cette occasion, dont cinq Algériens. Le quotidien londonien en arabe "Azzaman" a annoncé l'arrivée en Grande-Bretagne de groupes d'Algériens liés à la Qaeda, et a attribué cette information à un "responsable du FIS", en l'ocurrence le porte-parole du Bureau exécutif du FIS, Mourad Dhina, qui a affectivement été contacté par le quotidien mais dément avoir tenu les propos que celui-ci lui prête. Dans un communiqué, le FIS déclare suspecter "les services secrets algériens d'avoir introduit certains de leurs agents dans divers pays européens ainsi qu'aux USA pour commettre des attentats dans le but de faire pression sur ces pays", tout en faisant attribuer ces attentats à des "islamistes".

(AP 18.1 / Le Matin 19.1 / El Watan 20.1) La police britannique a annoncé le 18 janvier l'arrestation de six hommes en vertu de la loi antiterroriste : trois hommes ont été appréhendés à l'aéroport de Gatwick, en transit, et trois autres près d'un centre de communication des services de renseignement, à Cheltenham. La police a affirmé que ces arrestations n'avaient pas de rapport avec celles de "nord-africains", vraisemblablement des Algériens, opérées dans les deux semaines précédentes -et lors desquelles un policier a été tué et plusieurs blessés. "Depuis plus de quinze jours, l'Algérie fait la une de la presse écrite, parlée et filmée, toutes tendances confondues" en Grande-Bretagne, observe "El Watan", qui note également que "très souvent, tous les Algériens sont mis dans le même sac", celui de l'islamisme radical, et qui rend compte de la crainte des Algériens d'être victimes d'une "chasse aux sorcières".

Selon un responsable de la police londonienne, s'exprimant sur la télévision "Sky News", la police britannique serait sur le point d'opérer de nouvelle arrestations dans les milieux islamistes, en particulier ceux qui sont en relation avec des groupes islamistes d'Afrique du nord -allusion à l'Algérie. Selon le "Guardian", une centaine d'Algériens seraient dans le colimateur de la police

(AFP 24.1 / Jeune Indépendant 27.1) Un militant islamiste radical, déjà connu des services policiers français, Karim Bourti, a été placé en garde à vue le 24 janvier après avoir été interpellé, suite à la publication d'un livre du journaliste algérien Mohamed Sifaoui ("Mes frères assassins"), l'accusant d'avoir joué un rôle de soutien logistique au sein d'une cellule française du GSPC.

En Espagne, seize militants islamises accusés d'être liés à la Qaeda et au GSPC ont été arrêtés le le 24 janvier en Catalogne. Selon le Premier ministre Aznar, "le réseau démantelé a des connexions avec les terroristes arrêtés récemment en France et au Royaume-Uni qui préparaient des attentats". Depuis le 11 septembre 2001, 35 personnes ont été arrêtés en Espagne sur le soupçon de liens avec la Qaeda ou le GSPC. Quatre d'entre elles ont été ensuite remises en liberté provisoire.

Plus de 300 Algériens ont été interpellés en Europe depuis le 11 septembre 2001. La majorité de ces interpellations est redevable à la Grande-Bretagne (Irlande du Nord comprise), où dans le seule année 2002 environ 200 Algériens ont été interpellés, sept expulsés, 40 incarcérés (dont 13 sans jugement).

(AP 26.1 / La Tribune, El Khabar 27.1) L'Ambassadeur britannique à Alger a déclaré au quotidien "El Watan" que la Grande-Bretagne était prête à vendre des équipements militaires à l'Algérie, et avait autorisé des sociétés britanniques de vente de ce type d'équipements à examiner les demandes algériennes dans ce domaine. Graham Hand a déclaré que si "depuis le début des années 90, les ociétés privées de vente d'équipements et d'armes ont coupé tout contact avec l'Algérie (...) parce que la société civile jugeait (les) forces de sécurité (algériennes) par rapport aux atteintes aux droits de l'homme (...), les choses ont changé depuis peu". Cette "sortie" du diplomate britannique coïncide avec la visite en Algérie de deux responsables occidentaux, le secrétaire adjoint de la défense américain, Peter Rodman, et le ministre belge de la Défense, André Flahaut, avec dans les deux cas, comme le souligne le quotidien "La Tribune", "la lutte contre le terrorisme et la coopération militaire en point de mire". "El Khabar" rappelle en outre les "nombreuses visites du général Lamari", chef d'état-major de l'armée algérienne, notamment en Russie, Ukraine et Biélorussie, "des pays avec lesquels des accords ont été signés pour approvisionner l'Algérie en armes".

(L'Actualité 25.1 / AFP 27.1 / Jeune Indépendant 29.1 / ATS, L'Expression, Le Quotidien d'Oran 30.1) deux militants islamistes ont été inculpés et placés en détention le 26 janvier à Paris, après avoir été interpellés suite à la publication d'un ouvrage du journaliste algérien Mohamed Sifaoui, "Les frères assassins", leur attribuant des activités condamnables. Karim Bourti et Ruddy Terranova sont poursuivis notamment pour "association de malfaiteurs" et "violences volontaires", le tout "en relation avec une entreprise terroriste" Karim Bourti est notamment accusé d'avoir "exercé des pressions sur certaines mosquées pour récupérer l'aumône" qui y est collectée.

En Algérie, les familles de six Algériens détenus par les Américains sur leur base cubaine de Guantanamo ont interpellé les autoritéset l'opinion publique algériennes afin d'obtenir la libération des leurs, arrêtés en Bosnie après le 11 septembre 2001 sous l'accusation d'avoir tenté de commettre des attentats contre des ambassades occidentales, puis remis aux Américains, mais disculpés ensuite par la justice bosniaque. Selon un avocat quatari, 18 Algériens seraient détenus à Guantanamo. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a assuré que les autorités suivaient ce dossier, mais n'était pas sûres de la nationalité algérienne des détenus.

Aux USA, selon "Le Jeune Indépendant", le porte-parole du "Mouvement algérien des officiers libres" (MAOL, militaires algériens dissidents), le colonel Ali Bâali, qui aurait demandé l'asile politique aux USA, aurait été arrêté pour être interrogé sur ses relations supposées avec un islamiste yéménite accusé par les Américains d'être lié à la Qaeda. Par ailleurs, une Cour d'appel a confirmé le 27 janvier la condamnation à 24 ans de prison d'un Algérien accusé de "complot terroriste" pour avoir "tenté de faire exploser une bombe à l'aéroport international de Los Angeles", fin 1999.

En Grande-Bretagne, un cinquième ressortissant algérien, arrêté le 22 janvier, a été inculpé pour "conspiration pour développer ou produire une arme chimique", après la découverte de traces de ricine dans un appartement londinien début janvier. Quatre autres ressortissants algériens sont déjà détenus dans le cadre de cette même affaire.

Les ministres algérien et soudanais de la Justice ont signé le 24 janvier à Alger une convention d'entraide judiciaire, du même type que celles signées entre l'Algérie et la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, permettant l'extradition vers l'Algérie des ressortissants algériens suspectés au Soudan de connivence avec le "terrorisme", ainsi que des islamistes algériens en fuite et n'ayant pas obtenu l'asile politique. En mars 1993, les relations diplomatiques entre l'Algérie et le Soudan avaient été rompues après que le Soudan ait donné asile à des Algériens suspectée d'être membres des GIA. les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rétablies en décembre 1999.

(Algeria-Interface 31.1 / AP 2.2 / AP 8.2 / Quotidien d'Oran 10.2) Le porte-parole du Mouvement algérien des officiers libres (MAOL), le colonel A. Baali, a été relâché, le 29 ou le 30 janvier, après trois jours de garde à vue, après avoir été arrêté le 26 janvier aux USA par le FBI. A. Baali a affirmé à "Algeria-Interface" avoir été remis en liberté sur intervention du Département d'Etat américain (ministère des Affaires étrangères) et de la CIA.

Dans un message de voeux adressé au président Bouteflika à l'occasion de l'Aït El Kébir, et diffusé le 8 février par l'agence officielle algérienne APS, le président américain George Bush a remercié l'Algérie de son "soutien" dans "l'effort commun d'assurer la sécurité et la liberté dans le monde", et a exprimé sa "conviction" que les relations entre l'Algérie et les USA vont encore se "renforcer dans les mois à venir". Cinq jours avant ce message, le Département d'Etat américain avait recommandé la "prudence" aux Américains se rendant ou vivant en Algérie "en raison des mauvaises conditions de sécurité qui continuent d'y régner".

Le "Quotidien d'Oran" annonce par ailleurs d'une délégation des services américains de renseignements (FBI, CIA, NSA) a effectué une "visite secrète" en Algérie dans le cadre de la "coopération anti-terroriste" entre services américains et algériens (notamment le DRS, Sécurité Militaire). "La CIA s'intéresse de plus en plus aux groupes terroristes (algériens) tels que le GIA et surtout le GSPC", note le quotidien, qui ajoute que les services américains soupçonnent l'"émir" Mokhtar Belmokhtar, du sud algérien (et dont la qualité de chef d'un groupe islamiste est par ailleurs contestable, puisque son groupe semble, selon plusieurs sources, voué plus à la contrebande qu'au djihad) d'être un "homme d'Oussama Ben Laden" dans la bande sahélo-saharienne.

Une avocate algérienne, Bakhta Dehamnia, a fait part le 2 février de son intention de défendre six prisémus islamistes, de nationalité algérienne, détenus par les Américains sur leur base cubaine de Guantanamo sur le soupçon d'être liés à la Qaeda. L'avocate affirme disposer de preuves que les six hommes "n'ont pas le moindre lien avec l'organisation terroriste international Al-Quaïda".

(AP 7.2) Un juge italien a inculpé douze personnes, dont un Algérien et un Marocain, soupçonnés d'avoir préparé une attaque à l'arme chimique contre l'ambassade américaine à Rome. Les accusés nient les faits. Un composé chimique contenant du cyanure, des explosifs et des plans avaient été saisis dans l'opération policière menant à l'arrestation de huit des suspects, à Rome. Trois des accusés sont suspectés d'être liés à la Qaeda.

(AP 24.2) Un contrat de livraison d'armes pourrait être conclu entre la Russie et l'Algérie, selon le président de la Commission de coopération militaire russe, Mikhaïl Dmitriev, cité par "El Khabar" le 23 février. Le contrat porterait sur des systèmes de défense aérienne, des technologies pour l'aviation de guerre et des armes de marine.

(AP 26.2 / L'Expression 27.2) Le système de communication globale d'Interpol sera opérationnel en Algérie début avril, et un groupe de travail spécialisé dans la "lutte contre le terrorisme" sera installé à Alger en septembre, a annoncé le secrétaire générale de l'"Internationale policière", Ronald Noble, dans un entretien accordé à "El Moudjahid" au terme d'une visite de deux jours en Algérie, en compagnie de membres du FBI américain et de la police française. Ronald Noble s'est félicité de "l'excellente relation de coopération qui existe entre l'Algérie et Interpol", coopération qui aidera l'Algérie à "lutter efficacement" contre le terrorisme. Ronald Noble a indiqué que l'Algérie était le pays qui avait procuré "le plus d'informations" sur le GSPC de Hassan Hattab (ce qui paraît assez logique, s'agissant d'un groupe algérien), informations qui ont permis d'établir les "liens" du GSPC avec la Qaeda. Le Secrétaire général d'Interpol a affirmé que l'Algérie était en matière de collaboration à la lutte contre le terrorisme l'un des "meilleurs pays" par la qualité et l'importance des informations fournies.

(AFP 2.3) Le président Bouteflika a exprimé le 2 mars, face au président Chirac, sa "déception devant le comportement international" face au terrorisme qui a frappé l'Algérie, en comparaison avec l'émotion suscitée par les attentats du 11 septembre 2001 aux USA : "depuis que le phénomène du terrorisme a frappé de bien plus puissants que nous", la communauté internationale s'est rendue compte de l'importance du combat contre le terrorisme, a constaté le président algérien -à qui le président français a répondu en adressant "au peuple algérien" l'assurance que "le peuple français a partagé sa douleur et admiré son courage et sa dignité" face au terrorisme.

(AFP 10.3) Quatre islamistes algériens ont été condamnés le 10 mars à Francfort (Allemagne) à des peines de 10 à 12 ans de prison, après que le tribunal les ait, au terme de onze mois de procès, reconnus coupables d'avoir tenté de commetre un attentat à la bombe, à la Noël 2000 sur le marché de Noël de Strasbourg. Les accusés affirmaient avoir seulement voulu placer leur bombe devant une synagogue vide. Le tribunal a cependant réfuté l'accusation portée contre les quatre hommes d'être liés à la Qaeda ou à certains des auteurs présumés des attentats du 11 septembre 2001 aux USA. Il a par contre considéré que la "cellule de Francfort" était liée à un fondamentaliste algérien basé à Londres, Abou Doha, et que les quatre hommes avaient reçu une formation paramilitaire dans un camp en Afghanistan. Selon des experts français de la lutte antiterroriste, ils seraient liés au GSPC. Deux personnes soupçonnées de complicité avec le commando de Franfort ont été inculpées en France.

(Jeune Indépendant 16.3) Selon l'Ambassadeur américain Pierre Richard Prosper, qui s'exprimait le 15 mars à Copenhague, les USA envisageraient de libérer une quarantaine de leurs prisonniers de Guantanamo, dont six Algériens arrêtés par les Américains en Bosnie, mais innocentés par la justice bosniaque des accusations portées contre eux d'être liés à la Qaeda.

(AFP 4.4) Un tribunal londonien a donné le 4 avril son aval à l'extradition vers la France de l'islamiste algérien Rachid Ramda, soupçonné d'avoir financé les attentats commis en 1995 à Paris (huit morts). Le ministre britannique de l'Intérieur David Plunkett doit prendre la décision finale d'extradition. Ramda est détenu à Londres depuis sept ans, sous "ecrou extraditionnel". Il peut faire appel de la décision du tribunal. Un précédent ordre d'extradition avait été annulé par la Haute Cour en juin 2002, celle-ci jugeant que les éléments retenus contre Ramda provenaient d'un co-accusé, Boualem Bensaïd, qui aurait pu être maltraité pendant son interrogatoire en France.

(AFP 4.4) Un Algérien soupçonné d'être lié à des réseaux de la Qaeda a été arrêté le 3 avril à Lisbonne, et incarcéré sous l'accusation de falsification de documents et d'association de malfaiteurs. C'est le deuxième Algérien arrêté à Lisbonne sur le soupçon de liens avec la Qaeda. Son nom figurerait sur la liste des membres d'un réseau de vol et de falsification de documents, basé en Allemagne.

(L'Actualité 16.4) Selon le député d'El Islah (islamiste) M. Aribi, les seize Algériens détenus dans le camp américain de Guatanamo pourraient être libérés prochainement. Huit Algériens ont déjà été libérés. Selon les défenseurs de ces détenus, aucune charge ne pourrait être retenue contre eux, et aucune preuve de leur éventuelle appartenance à un quelconque réseau terroriste n'a pu être fournie.

(AFP 4.5) Un islamiste algérien condamné en avril 2001 en France à six ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", Salah Achour, a été expulsé le 4 mai vers l'Algérie (de Nice à Alger), ont annoncé ses avocats. Salah Achour s'opposait à son expulsion vers l'Algérie, où il estimait que sa sécurité était en péril, mais le ministère français de l'Intérieur a affirmé avoir reçu des assurances des autorités algériennes qu'Achour ne ferait l'objet "d'aucune mesure restrictive". Ces assurances n'ont toutefois été données qu'oralement. Les avocats de Salah Achour, s'appuyant sur les exemples récents de Mohamed Chalabi et de Nacer Hamani, craignent que leur client soit arrêté en Algérie.

(El Watan, Tribune de Genève 19.5) La frontière algéro-marocaine a été bouclée par des renforts de l'armée marocaine, après les attentats commis le 16 mai à Casablanca, et qui ont fait plus d'une quarantaine de morts (41 morts et une centaine de blessés). Les attentats ont été commis par des "kamikazes" marocains, "récemment venus d'un Etat étranger" a déclaré, sans autres précisions, le ministre marocain de la Justice, qui a ajouté que les auteurs de l'attentat étaient liés à un groupe islamiste marocain, Assirat Al-Moustaqim, et à un "réseau international". Treize des 14 auteurs présumés de l'attentat ont été tués dans l'attentat lui-même. Tous étaient marocains. La majorité des victimes sont elles aussi marocaines (mais les attentats, commis contre des cibles juives ou fréquentées par des étrangers, ont également tué trois Français, trois Espagnols et un Italien).

Des centaines de personnes ont été arrêtées au Maroc après ces attentats, dont des étrangers sans titre de séjour -et parmi eux des Algériens. Selon des sources marocaines, l'un des auteurs de l'attentat, blessé, aurait été arrêté alors qu'il s'apprêtait à passer en Algérie.

(AFP 5.6) Un Algérien détenu sans inculpation pendant quatre mois en Grande-Bretagne dans le cadre de la loi "antiterroriste" a été libéré le 5 juin, sous caution. Ali Serir avait été arrêté à Glasgow, en Ecosse, le 6 février, lors d'une rafle "antiterroriste" ayant conduit à sept arrestations. Deux jours de perquisitions à Glasgow n'avaient rien donné et un ordre d'expulsion lancé contre lui a déjà été annulé en mai dernier, grâce au dépôt d'une demande d'asile. Ali Serir a accusé des représentants de l'Etat d'avoir menti pendant l'enquête conduite contre lui, et a lui-même demandé une enquête sur la manière dont son affaire a été conduite.

(Reuters 5.6) Un tribunal de Rotterdam a acquitté le 5 juin douze islamistes (dont quatre Algériens et un Français) soupçonnés d'avoir fomenté des actes anti-occidentaux et recruté des militants pour le GSPC, la Qaeda et les Talibans. Aucune preuve de ces accusations n'a été produite, ont estimé les juges. Le procès des islamistes, arrêtés en 2002 aux Pays-Bas, s'était ouvert le 12 mai, et une semaine plus tard quatre d'entre eux avaient déjà été relâchés.

(L'Expression 8.6) Le Département américain du Trésor a publié le 6 juin une liste de 17 personnes qu'il affirme être liées à la Qaeda, et dont il a décidé de geler les avoirs. 16 de ces 17 personnes seraient membres des GIA algériens. Leurs avoirs ont également été gelés par l'Allemagne et l'Italie. En 2001, pourtant, les services américains avaient estimé que les GIA étaient un "groupuscule incapable de stratégie", et avaient décidé de "cibler" le GSPC.

(AP 3.8) Un Algérien de 30 ans, soupçonné de préparer un attentat à la bombe en Espagne, a été arrêté le 1er août à Hambourg, après un mois de surveillance.

(AP 6.8) un Algérien soupçonné par la police allemande d'être liéà un groupe armé islamiste a été arrêté le 6 août à Lloret de Mar, en Catalogne. Diaouat Abdelhai serait lié à un Algérien arrêté le 25 juillet à Hambourg, sur le soupçon de préparer un attentat à la bombe en Espagne.

(AP 7.9) Selon "Le Quotidien d'Oran", une station d'écoute de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine pourrait êtrre installée prochainement dans le sud algérien, à Tamanrasset. Le quotidien, qui s'appuie sur des "sources informées", précise que cette station servira à "intercepter puis à analyser toutes les communications par téléphone, réseau informatique ou radio". Le général américain Charles Wald, commandant adjoint américain en Europe, arrivé le 6 septembre à Alger, devrait se rendre dans le sud.

(AFP 12.9) Un Algérien a été interpellé, à la demande des autorités algériennes, le 11 septembre à Salt, près de Gerone en Catalogne espagnole, sur le soupçon d'avoir "créé un groupe terroriste armé". Youb Saoudi, recherché en Algérie pour "terrorisme", faisait partie d'un groupe de seize Algériens soupçonnés d'apartenir à la "Djamaât Houmat Daawa Salafia", une scission des GIA, et arrêtés en janvier 2003, puis relâchés faute de preuves.

(APS 14.9) Une réunion africaine sur le terrorisme et le crime organisé se tiendra les 16 et 17 septembre à Alger, sous l'égide d'Interpol, a annoncé la direction générale de la sûreté nationale algérienne le 14 septembre. Des représentants européens, américains et australiens devraient également participer à cette rencontre, qui traitera des "mesures communes de lutte contre le terrorisme".

(AP 16.9) Le pilote algérien Lofti Raissi, détenu (sans preuves) pendant cinq mois en Grande Bretagne sur le soupçon d'avoir entraîné certains des "kamikazes" du 11 septembre 2001, puis libéré faute de preuves, après que les autorités américaines aient reconnu être dans l'incapacité d'établir un lien entre lui et le terrorisme, a décidé de réclamer au gouvernement américain dix millions de dollars US (soit à peu près autant d'euros) de dommages et intérêts, pour avoir "détruit sa capacité à gagner sa vie en tant que pilote" en lançant contre lui de fausses accusations.


(Liberté 21.9) L'Allemagne a lancé un mandat d'arrêt international contre "Abderrazak Le Para", lieutenant du chef du GSPC Hassan Hattab, et responsable présumé de l'enlèvement des touristes européens au printemps dans le sud saharien. D'autres mandats d'arrêt internationaux pourraient être lancés en Allemagne contre d'autres responsables de l'enlèvement, qui s'était soldé par la libération, vraisemblablement contre rançon, de tous les otages survivants (une otage était décédée pendant sa détention dans le Sahara).

(AP 18.9) La rencontre régionale africaine sur le terrorisme et le crime organisé, qui se tenait à Alger, s'est terminée le 18 septembre avec l'adoption de recommandations sur des mécanismes et des mesures communes pour lutrer contre le terrorisme : échanges d'informations sur les activités des groupes terroristes, plan d'action pour l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne, notamment en ce qui concerne les liens entre groupes armés de différentes natures (politiques, religieux, banditisme etc...). Les participants à la rencontre ont encouragé les pays africains à désigner un point de contact national avec Interpol.

(AFP 24.9) L'Algérie a remis à l'Allemagne une liste de 40 noms de ravisseurs présumés des 32 touristes européens enlevés au printemps 2003 dans le sud saharien, annonce le quotidien "Saout Al Ahrar". Cette liste aurait été établie par le chef de l'armée algérienne, le général Mohamed Lamari, et les autorités maliennes, à l'occasion d'un récent voyage du premier au Mali (où 14 des 32 touristes avaient été transférés par leurs ravisseurs, puis libérés). La liste aurait été demandée par le parquet fédéral allemand pour lancer des mandats d'arrêts internationaux contre les preneurs d'otage, comme cela a déjà été fait pour leur chef présumé, Abderrazak "le Para", l'un des chefs du GSPC.

(AP 26.9) L'Allemagne a lancé des mandats d'arrêt internationaux contre quatre suspects dans l'enquête sur l'enlèvement des 32 touristes européens dans le sud algérien, a annoncé le 26 septembre la procureure Nehm. Les quatre hommes sont accusés de participation à une organisation terroriste et de tentative de chantage.Le chef présumé des ravissyeurs, "Abderrazak Le Para", a été inculpé de kidnapping et extorsion de fonds. De source algérienne, on annonce qu'il serait revenu du Mali pour regagner les Aurès.

(AFP 27.9) Un ressortissant algérien soupçonné d'activités terroristes a été arrêté le 26 septembre à l'aéroport de Cracovie (Pologne), porteur d'un passeport britannique. Il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international.

(El Khabar 29.9) Trois ressortissants algériens détenus sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba pourraient être relâchés avant le début du Ramadan (le 25 octobre), annonce "El Khabar". Trois autres Algériens détenus à Guantanamo y resteraient jusqu'à leur procès. Selon l'avocate des détenus algériens, la libération de trois d'entre eux auraient été obtenues grâce aux pressions exercées aux Etats Unis par des associations américaines, dont une association d'amitié islamo-chrétienne parrainée par l'église catholique, mais les autorités algériennes n'auraient de leur côté rien fait pour aider les Algériens détenus, et n'auraient pas même répondu aux demandes de prises de contact faites, pour les informer des dossiers, par la défense.

(Reuters 30.9 / AFP 1.10) La police britannique a annoncé le 30 septembre l'arrestation de onze hommes, le jour même, à Londres et Manchester, dans le cadre de la législation antiterroriste. Dix des onze hommes sont d'origine algérienne, le onzième est marocain.

(Liberté 1.10) Huit personnes ont été interpellées le 30 septembre à Marseille dans le cadre d'une enquête sur un réseau de soutien logistique au GSPC.

(AP 5.10) Dans le cadre du "renforcement de la lutte internationale contre le terrorisme", six navires (des chasseurs de mines) de la flotte de l'OTAN de lutte contre les mines étaient attendus pour escale de trois jours à Alger le 5 octobre. L'escadre est composé de bâtuments allemands, espagnol, italien grec et turc. Des manoeuvres conjointes entre eux et des bâtiments algériens sont prévues.

(AP 9.10) Cinq présumés islamistes (quatre Algériens et un franco-algérien, tout universitaires) sont jugés à Paris depuis le 9 octobre sous l'accusation d'avoir tenté de commettre un attentat lors du match de football France-Algérie, le 6 octobre 2001. Selon l'accusation, les cinq hommes auraient reçu l'instruction du GSPC de "faire quelque chose".

(AFP 14.10) Un Algérien de 35 ans, soupçonné d'être la "tête de réseau" salafiste pour le sud-ouest de la France, a été expulsé le 14 octobre vers l'Algérie. Domicilé depuis douze ans à Villeneuve sur Lot, marié et père de trois enfants, Larbi Moulaye avait été interpellé le 8 octobre alors qu'il se rendait à la préfecture du Lot et Garonne pour récupérer un papier officiel.

(AFP 25.10) Les ministres français et algérien de l'Intérieur ont signé le 25 octobre à Alger un accord marquant selon eux "le volonté des deux pays" d'intensifier leur coopération, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. "Nous sommes d'accord sur tout, y compris sur ce que nous ne vous dirons pas", a déclaré le ministre français de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui a affirmé, après quatre heures d'entretien avec le président Bouteflika, la "totale de convergence de vue" entre la France et l'Algérie dans les questions touchant au terrorisme. Le ministre français a observé que la France ne pouvait pas "lutter seule contre le terrorisme" et a déclaré que l'accord franco-algérien pourrait être élargi aux autres pays du Maghreb, à l'Espagne et à l'Italie. La France et l'Algérie sont convenues de "coopérer à la prévention" des différentes formes de criminalité organisée, dont le terrorisme, et à l'arrestation de leurs auteurs en se communiquant "les informations (sur) les personnes soupçonnées" -ce qu'elles font d'ailleurs déjà depuis des années. Contre le terrorisme, cet échange portera essentiellement sur "les actes projetés ou commis, les modes d'exécution, les groupes terroristes et leurs membres". La coopération policière franco-algérienne portera également sur la formation, et la création d'une brigade financière en Algérie.

(Le Matin 23.10) Les autorités américaines ont fait savoir qu'elles s'intéressaient de très près au financement du groupe armé algérien Djamaât houmat ed-daâwa es salafiyyat" (Groupe des défenseurs de la prédication salafiste), et que les éventuels avoirs de cette organisation dans des banques américaines allaient être gelés. On ne peut évidemment que se poser la question de l'efficacité d'une telle mesure, et douter que de tels avoirs soient identifiables.

(AP 25.10 / La Tribune, El Watan 27.10) En visite à Alger, le Secrétaire d'Etat adjoint américain pour l'Afrique et le Moyen-Orient, William Burns, a déclaré le 25 octobre que la coopération entre l'Algérie et les Etats-Unis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme était "remarquable et d'une très grande valeur", que l'"assistance de l'Algérie" aidait les Etats-Unis à "sauver des vies américaines", que les USA en étaient "reconnaissants" à l'Algérie et faisaient de leur "mieux pour aider l'Algérie à mettre fin au fléau du terrorisme" qui l'a "ravagée pendant plus de dix ans". 700'000 dollars US (c'est-à-dire une somme parfaitement dérisoire) ont été alloués par le Congrès américain à la formation des officiers algériens et des équipements militaires ont été vendus "continuellement" à l'Algérie, William Burns promettant d'en révéler "plus tard" la nature. En revanche, aucun accord d'extradition n'a été conclu entre l'Algérie et les USA, rappelle "La Tribune". Quant à "El Watan", il qualifie la coopération militaire entres les USA et l'Algérie de "coopération à sens unique", au seul bénéfice des Etats-Unis.

Par ailleurs, les USA ont ajouté le 24 octobre deux Algériens (Mokhtar Belmokhtar et Djamel Lounici) et un Tunisien (Mustapha Nasri Aït El Hadi), soupçonnés d'être affiliés au GSPC, et le groupe islamniste armé algérien des "Fidèles du Serment", à la liste des personnes et des groupes soupçonnés de financer le terrorisme. Cette mesure conduit au gel des avoirs financiers aux USA de ce groupe et de ces hommes, ainsi qu'à l'interdiction de toute transaction financière ou commerciale avec eux. Comme il est peu vraisemblable que ces hommes et ce groupe aient déposé aux USA des avoirs identifiables comme étant les leur, il s'agit d'une mesure essentiellement symbolique.

(Reuters 3.11) La police espagnole a annoncé le 3 novembre l'arrestation, le 1er à Banolas (Catalogne) d'un Algérien, Mohamed Benaboura, recherché en Algérie pour meurtre et appartenance à une organisation terroriste (en l'ocurrence la GSPC). La police a annoncé qu'il sera extradé vers l'Algérie. Il est soupçonné de faire partie d'un groupe de seize personnes, groupe qui serait lié à la Qaeda. Quatorze de ces seize personnes, arrêtées au début de l'année, avaient été remises en liberté faute de preuve, mais quatre ont à nouveau été arrêtés en septembre.

(AP 9.11) Un ressortissant algérien arrêté à Newtownabbey, en Irlande du nord, devait être inculpé le 10 novembre sur le soupçon d'être lié à la Qaeda. Selon la police, un manuel d'entrainement "terroriste" aurait été trouvé à son domicile.

(AP 27.11) Boualem Bensaïd, considéré comme le principal auteur de l'attentat commis au nom du GIA algérien le 25 juillet 1995 à Saint Michel (Paris), attentat qui avait fait huit morts et 150 blessés, a vu sa peine de réclusion criminelle à perpétuité confirmée par la Cour d'assises d'appel de Paris, le 27 novembre. Le "financier" du groupe auteur de l'attentat, Rachid Ramda, est toujours détenu en Grande Bretagne dans l'attente d'une extradition en France.

(AFP 28.11) Trois présumés "terroristes", dont un Algérien, Mahjoub Abderrazak, considéré comme proche de responsables de la Qaeda et soupçonné de recruter des kamikazes pour des attentats suicides en Irak, ont été arrêtés le 28 novembre en Italie et en Allemagne. Abderrazak a été arrêté à Hambourg et dirigerait une "cellule terroriste" à Milan. Il serait lié au dirigeant d'"Al Tahwid", Abou Moussab Al Zarkaoui.

2004

(AP 7.1) Un tribunal de Hambourg (Allemagne) a ordonné le 7 janvier le maintien en détention, en attendant une décision sur une demande d'extradition italienne, d'un Algérien soupçonné d'avoir recruté des candidats à des attentats suicides en Irak, Abderrazak Mahdjoub, accusé d'être le chef d'un réseau travaillant pour le groupe islamiste kurde irakien Ansar Al Islam, lié à la Qaeda.

(AP 27.1) Cinq hommes (âgée de 30 à 43 ans, apparement tous de nationalité algérienne), ont été arrêtés en Italie (deux à Vicenza, deux à Caserta et un à Foggia) sur le soupçon d'appartenir à un réseau de soutien au GSPC. La police les sooupçonne notamment d'avoir falsifié des documents, recruté des membres et récolté des fonds pour le GSPC.

(Dépêche de Kabylie 7.2) Selon l'agence américaine United Press, sur 650 détenus dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba, on compterait 19 Algériens, dont six arrêtés en Bosnie en 2002 par les services américains alors que la justice bosniaque les avait libérés de toutes les charges pesant sur eux. 7 Français sont également détenus à Guantanamo, et il est possible que plusieurs d'entre eux possèdent également la nationalité algérienne.

(AP 23.2) Deux ressortrissants algériens soupçonnés d'être liée à la Qaeda ont été arrêtés à Torrevieja et Murcia (sud-est de l'Espagne), le 23 février. Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir fourni de faux documents, dont des passeports, à l'un des responsables d'une organisation de la Qaeda, le Yéménite Ramzi Ben al Shibh.

(Nouvelle République 1.3) Un homme d'origine algérienne, mais de mère danoise, incarcéré dans la base américaine de Guantanamo à Cuba, a été (ou sera) libéré par les autorités américaines, avec 36 autres détenus de Guantanamo. Il y aurait au moins 13 ressortissants algériens détenus dans la base américaine, dont un seul n'aurait que la nationalité algérienne (trois seraient en outre français, un suédois et six bosniaques).

(La Tribune 2.3 / Le Quotidien d'Oran 4.3) Des instructeurs militaires américains ont été envoyés dans le sud algérien pour assister les forces de sécurité algériennes dans la "lutte antiterroriste", annonce "Le Quotidien d'Oran". Cette coopération "antiterroriste" fonctionne d'ailleurs dans les deux sens, les Algériens n'ayant évidemment pas grand chose à apprendre des Américains en matière de terrorisme, et selon des sources diplomatiques américaines à Alger, citées par l'agence Reuters, "La coopération de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme est remarquable"; pour le Secrétaire d'Etat adjoint pour l'Afrique du nord, William Burns, "les Algériens ont sauvé plusieurs Américains", sans autre précision, et les USA ont "beaucoup à apprendre de l'Algérie sur la façon de combattre le terrorisme". Récemment, le Congrès américain a autorité l'administration Bush à vendre des équipements militaires à l'Algérie, qui en aurait acheté pour un demi-milliard de dollars (notamment des équipements de vision nocturne).

"La Tribune" constate que la présence militaire américaine se renforce dans le quart nord-est de l'Afrique, et que le continent en général fait l'objet, depuis le 11 septembre 2001, d'un regain d'intérêt des USA. Selon des informations non-confirmées, les USA chercheraient notamment à installer une base permanente dans le Sahara, en Mauritanie, leur permettant des interventions dans toute l'Afrique du nord. En janvier, une rencontre de cinq jours, organisée par le gouvernement mauritanien et l'ambassade américaine, a abordé des sujets à la charnière du politique et du militaire : relations civiles-militaires dans une démocratie, contrôle civil de l'armée, rôle et missions des forces armées, services de renseignement etc... Des instructeurs militaires américains forment des troupes maliennes aux techniques de lutte contre le banditisme et le terrorisme, une petite base militaire américaine aurait été installée au Mali, à la frontière algérienne, à Tessalit. Outre l'inbtérêt stratégique de leur présence en Afrique du nord et sahélienne, dans le cadre de la "guerre anti-terroriste", les USA ne perdraient pas de vue, toujours selon "QLa Tribune", leur objectif de rééquilibrage de leur approvisionnement pétrolier, actuellement extrêmement dépendant du Proche et du Moyen orient. Les compagnies pétrolières américaines ont d'ailleurs renforcé leur présence dans le Sahara algérien ces dernières années.

(AP 4.3 / AP 6.3) Selon une note d'information de l'Ambassade des USA à Alger, rendue publique le 4 mars, "la contribution de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme a été remarquable" et "la lutte contre le terrorisme est un domaine clé de la coopération algéro-américaine". Intitulée "les Etats Unis luttent contre les activités terroristes en Algérie et au Sahel", la note américaine affirme cependant que les USA "n'ont installé aucune base militaire en Algérie et ne compte pas en installer", ce qui dément les informations parues dans la presse algérienne (ces informations faisaient surtout état de bases militaires américaines en Mauritanie ou au Mali, mais laissaient également supposer une présence militaire américaine permanente dans le sud algérien).

Aux USA même, un Algérien détenu depuis le 5 septembre 2001 sous accusation de terrorisme, mais innocenté depuis de ces accusations, a fait savoir qu'il ne voulait pas être extradé vers l'Algérie, où il craint d'être torturé, voire exécuté. Benamar Benatta, déserteur de l'armée de l'air algérienne, craint d'être accusé par les autorités algériennes d'être "un sympathisant des terroristes". Il avait été arrêté à la frontière canadienne, porteur de faux papiers d'identité, après que l'asile politique lui ait été refusé aux USA.

(La Nouvelle République 14.3) Amnesty International dénonce les motifs et les condition de détention, et le traitement subi, par un Algérien en Grande Bretagne, suspecté d'être un "terroriste" islamiste et détenu, sel,on AI, "dans des conditions cruelles, injumaines et dégradantes, en violation des lois internationales, notamment la Convention européenne de protection des droits de l'Homme et des libertés fondamentales". L'homme, dont Amnesty ne donne pas le nom, mais dont elle précise qu'il avait obtenu un permis de résidence pour raisons humanitaires (il est atteint de poliomélyte et aurait été torturé en Algérie) est détenu sans charges précises depuis le 19 décembre 2001, dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, sous le couvert de l'"Anti-terrorism, crime and security act" qui permet la détention de tout étranger, sans charges publiques ni jugement, pour une période non spécifiée et potentiellement illimitée, sans que les détenus ni leurs défenseurs n'aient accès à leur dossier réel.

(AP 16.3) Une cour d'appel de Naples a confirmé le 16 mars les condamnations de 14 Algériens accusés de trafic d'armes et de faux documents pour le compte des GIA. Les accusés avaient été arrêtés en novembre 1996 et avaient été condamnés en mars 2002 à des peines allant de trois et demi à huit ans de prison, peine infligée notamment au chef présumé du groupe, Djamel Lounici.

(Europe1 17.3) Le procès de trois militants islamistes, dont un Algérien, accusés de liens avec la Qaeda s'est ouvert le 17 mars devant le tribunal correctionnel de Paris. Les trois accusés le sont d'avoir fréquenté des camps d'entraînement au Pakistan ou en Afghanistan, ou d'avoir recruté des combattants pour la Qaeda.

(AFP 17.3) Un ressortissant algérien a été arrêté le 15 mars à San Sebastian (Pays Basque) par la police basque pour avoir, en janvier dernier, annoncé que "plein de Madrilènes" allaient être tués et que les rues de La Castellana allaient être "remplies" de morts, et avoir mentionné le nom de la gare où ont explosé, le 11 mars, les dix bombes qui ont fait 200 morts et 1500 blessés à Madrid.

(Le Quotidien d'Oran 18.3) Selon le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem, il n'y a pas d'Algériens détenus par les USA dans leur base cubaine de Guantanamo, mais seulement des ressortissants d'autres pays, d'origine algérienne mais disposant d'une autre nationalité, dont deux Bosaniques d'origine algérienne. Le ministre a regretté le verrouillage par les Etats Unis de l'information sur les détenus de Guantanamo.

(AP 19.3, 20.3) Un ressortissant algérien accusé de recruter des kamikazes pour des attentats suicide en Irak a été extradé d'Allemagne vers l'Italie le 19 mars, Abderrazak Mahdjoub avait été arrêté fin novembre à Hambourg, à la demande des autorités italiennes, sur le soupçon d'appartenir à un réseau lié à la Qaeda, et plus précisément au groupe irakien Ansar al Islam.

(AP 21.3) Les GIA et le GSPC devraient bientôt figurer sur la liste officielle européenne des organisations terroristes, annonce "Liberté". Cette inscription, qui ne change d'ailleurs pas grand chose, fait l'objet d'une ancienne requête des autorités algériennes, requête renouvelée après les attentats de Madrid. L'Europe avait jusqu'à présent refusé d'accéder à cette requête, en estimant que la situation algérienne restait trop confuse pour que l'on puisse sans autre reprendre les qualifications de terrorisme utilisées par les autorités algériennes. Les GIA et le GSPC sont cependant inscrits sur la "liste noire terroriste" des Etats Unis. L'Europe pourrait également inscrire les groupe islamistes marocains Salafia Dhihadia et Assirat el Moustaquim sur sa propre "liste noire".

(AFP, Reuters 24.3) Quatre ressortissants algériens, islamistes radicaux présumés, ont été arrêtés et incarcérés pour une durée indéterminée, le 24 mars, par le juge Baltasar Garzon, sur le soupçon d'appartenir à un réseau du GSPC. Les quatre hommes avaient déjà été arrêtés en janvier 2003 en Catalogne, sur commission rogatoire française, mais ils avaient été relâchés en mai et mis en liberté conditionnelle. Par ailleurs, deux autres Algériens, qui seraient liés aux GIA, ont également été arrêtés le 24 mars.

(Reuters 20.4 / AFP 24.4) Quatre ressortissants algériens soupçonnés d'être membres d'une organisation "terroriste de tendance salafiste", liée à la Qaeda, en l'ocurrence le GSPC, et arrêtés en janvier 2003 en Catalogne, libérés deux mois plus tard, à nouveau arrêtés en septembre 2003. ont été inculpés à Madrid par le juge Garzon, qui les accuse d'avoir appris à fabriquer des détonateurs similaires à ceux des attentats du 11 mars à Madrid, et d'avoir détenu du "napalm artisanal". Selon l'accusation, les quatre hommes travaillaient en collaboration avec une cellule française de la Qaeda, dont les membres ont été entraînés en Afghanistan.

(AFP 23.4) Un ressortissant algérien détenu sans inculpation ni jugement depuis décembre 2001 à Belmarsh (Londres) a été libéré le 22 avril sous caution, en raison officiellement de ses "troubles mentaux". Il a été assigné à résidence. Il était soupçonné d'avoir participé à la fabrication de faux documents, d'avoir aidé des candidats au djihad à se rendre dans des camps d'entraînement en Afghanistan et d'être lié à la Qaeda. Le ministre de l'Intérieur a qualifié cette libération sous caution de "complètement dingue".

(Reuters 9.5) Un ressortissant algérien (l'imam d'une mosquée de Florence) et quatre ressortisants tunisiens ont été arrêtés dans la région de Florence par la police italienne, qui les soupçonne d'être membres d'une organisation islamiste (Ansar al Islam) ayant recruté des kamikazes pour des attentats en Irak.

La police antiterroriste britannique a par ailleurs opéré le 19 avril une rafle dans les milieux islamistes et arrêté une dizaine de personnes d'origine nord-africaine et irakienne.

(AP 29.5) Un ressortissant algérien, Daoud Ouhnane, résident légalement en Espagne jusqu'aux attentats de Madrid le 11 mars 2004, fait l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis le 28 mai. Selon le juge auteur du mandat, les emprintes digitales d'Ouhnane ont été retrouvées sur un sac plastique contenant des dénotaneurs du même type que ceux utilisés pour les attentats, lequel sac se trouvait dans une camionnette volée trouvée près d'une gare d'où les trois trains attaqués par les bombes étaient partis.

(AP 4.7) L'Algérie "assume pleinement ses responsabilités internationales" dans la lutte contre le terrorisme et reste "déterminée à combattre toutes les formes de terrorisme", a déclaré le 4 juillet le président Bouteflika devant les chefs de l'armée. Le président algérien a affirmé que l'éradication du terrorisme constitue une "condition de la poursuite et du renforcement du processus démocratique et de développement", mais a ajouté que "la réconciliation nationale n'était pas incompatible avec la lutte antiterroriste".

(AP 13.7) Les avocats américains de deux Algériens détenus à Guantanamo ont annoncé le 13 juillet qu'ils portaient plainte contre le gouvernement, auprès d'un tribunal de Washington, pour détention abusive. Selon eux, Lakhdar Boumediene et Mohamed Nechia ont été illégalement remis le 17 janvier 2002 aux forces américaines alors qu'ils se trouvaient en Bosnie pour une mission humanitaire, et il n'y a aucune base légale pour leur détention. Les familles deux deux détenus ont en outre intenté une action contre l'Etat bosniaque, qui a remis les deux hommes aux Américains alors que la justice bosniaque avait prononcé leur libération.

(AP 17.7) Les relations entre la France et l'Algérie vont connaître une "accélération" dans le domaine de la lutte contre le "terrorisme", a annoncé le 17 juillet le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, lors d'une conférence de presse conjointe avec la ministre française de la Défense Michèle Alliot Marie, en visite officielle à Alger.

(El Watan 28.7) Quatre ressortissants français, dont un binational franco-algérien, Mourad Benchellali, ont été libérés par les Américains du camp de détention de Guantanamo, et rapatriés en France. Auparavant, deux autres ressortissants binationaux algériens, l'un danois et l'autre suédois, avaient déjà été libérés. Les autorités françaises réalcment en outre la libération de deux autres franco-algériens détenus à Guantanamo, Khaled Ben Mostefa et Ridouane Khalid. Au total, 13 détenus de Guantanamo sont ressortissants algériens (y compris les binationaux), et trois autres, arrêtés au Pakistan, pourraient l'être.

(Reuters 1.8) Quatre jours après leur rapatriement en France, quatre anciens détenus français et franco-algériens dans le camp américain de Guantanamo ont été inculès et incarcérés le 1er août péour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et, pour deux d'entre eux, usage de faux papiers. Leurs avocats ont dénoncé"un procès par voie d'amalgame", fondé sur le raisonnement : "ils sont allés en Afghanistan, donc ce sont des terroristes". Ils ont également dénoncé une justice cédant à la "pression médtatique" et aux pressions américaines, et demandé la libération provisoire de leurs clients.

Les quatre hommes avaient été fait prisonniers par les troupes américaines en Afghanistan fin 2001 et début 2002 dans la zone frontalière afghano-pakistanaise, et ont été détenus deux ans et demi dans le camp de Guantanamo, d'où ils ont finalement été extraits sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux.

(Jeune Indépendant 23.8) Un Algérien d'une quarantaine d'années a été arrêté, ainsi qu'un Syrien, en Espagne, le 20 août, dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid. Il avait déjé été arrêté après les attentats, puis relâché faute de preuves.

Depuis le 11 septembre, une soixantaine d'Algériens ont été interpellés en Espagne, sur le soupçon d'appartenir à des réseaux du GSPC ou de la Qaeda, mais seuls deux Algériens sont actuellement incarcérés pour des affaires liées au terrorisme : Ahmed Bensakhria, un homme d'affaire soupçonné d'être un financier de la Qaeda, et Cherif Ouani, réclamé par la justice algérienne.

Plus de 300 Algériens ont été arrêtés en Europe depuis le 11 septembre, la moitié en Grande-Bretagne, mais la plupart d'entre eux ont été remis en liberté.

(Reuters 23.8) Un imam algérien de Valencia (Espagne), Abdelkrim Belghadali, a été accusé le 23 août de collaboration avec un groupe armé, sur la foi d'empreintes digitales relevées sur un livre découvert dans le repaire des poseurs de bombe des attentats de Madrid, le 11 mars 2004. Il a néanmoins été remis en liberté, avec obligation de tenir le tribunal informé de ses déplacements. Selon les enquêteurs espagnols, l'un des sept islamistes armés qui se sont fait exploser dans leur appartement, le 3 avril, pour ne pas tomber entre les mains de la police, était un Algérien membre d'un GIA.

(www.cageprisoners.com 10.9) Les épouses bosniaques de deux ressortissants algériens détenus depuis fin janvier 2002 sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, après avoir été littéralement kidnappés en Bosnie, où ils travaillaient pour des organisations humanitaires, accusent le gouvernement algérien de ne rien faire pour obtenir leur libération.

Mustafa Aït Idir et Saber Lahmar, avec quatre autres Algériens, avaient été arrêtés en Bosnie sous l'accusation de conspiration pour attaquer les ambassades américaine et britannique à Sarajevo. La justice bosniaque avait décidé en janvier 2002 de les remettre en liberté, aucune preuve n'ayant été donnée de la validité de l'accusation, mais le matin de leur libération, ils étaient enlevés avec la complicité des autorités bosniaques par des agents américains, et transférés à Guantanamo, alors même que la Cour suprême bosniaque rendait un arrêt interdisant leur extradition. La Chambre bosniaque des droits de l'homme a également décidé d'accorder aux familles de chacun des kidnappés une indemnité de 5000 euros. Les six algériens ne semblaient pas se connaître avant d'être accusés de "conspiration".

Depuis leur incarcération à Guantanamo, leurs familles n'ont pu que très rarement (et plus du tout depuis le début de la guerre en Irak) communiquer avec les deux Algériens encore détenus.

(AFP 17.9) Selon un porte-parole des services spéciaux russes, un Algérien né en 1958, "Abou Moushkab" (un pseudonyme) a été arrêté (à une date et dans des conditions non précisées par les autorités) dans le Caucase sous l'accusation d'être un "mercenaire" de groupes armés tchétchènes, notamment celui de Chamil Bassaïev. Les autorités russes affirment qu'il s'est rendu coupable de "terrorisme, de meurtres et d'autres crimes".

(AP) Un Algérien détenu sans jugement depuis décembre 2001 en Grande Bretagne en vertu de la législation antiterroriste a été libéré le 20 septembre par les autorités.Son nom n'est pas connu. Il avait été arrêté en décembre 2001 avec sept autres suspects. Le ministre de l'Intérieur David Blunkett a reconnu que "les éléments pesant contre (lui) à l'heure actuelle ne justifient pas le prolongement" de sa détention. L'homme avait cependant été jugé et condamné en France en 1994 pour appartenance à un réseau des GIA algériens. Il avait effectué trois ans de prison était ensuite entré illégalement en Grande-Bretagne en 1998, où il avait demandé l'asile politique, qui lui avait été refusé.

(AFP 29.9) Un ressortissant algérien a attaqué à la hache les pilotes d'un vol intérieur norvégien, reliant Narvik à Bodoe, le 29 septembre. Les deux pilotes et un passager ont été blessés, mais l'avion a pu se poser à Bodoe et l'agresseur y être arrêté.

(Reuters 29.9) Six ressortissants maghrébins, dont un Algérien considéré comme leur chef présumé, Abderrazak Mahdjoub, arrêté en novembre 2003 à Hambourg (Allemagne) ont été inculpés le 29 septembre à Milan (Italie) sous l'accusation d'avoir constitué un réseau de kamikazes destinés à des attaques suicides en Irak pour le compte d'Ansar Al Islam.

(Reuters 12.10 / AP 13.10) Le président Bouteflika a inauguré le 13 octobre à Alger le "Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme" (CAERT), dont la création avait été décidée lors du premier sommet "antiterroriste" africain d'Alger, en septembre 2002. Le CAERT est une institution de l'Union Africaine (ex-OUA), dont il est une agence spécialisée dans "les études, les évaluations et les analyses sur le terrorisme" et les groupes qui le pratiquent. Il assurera une fonction d'outil de veille et d'alerte au service des Etats africains.

A l'ouverture le 13 octobre de la deuxième réunion intergouvernementale africaine sur le terrorisme, le président Bouteflika a insisté sur la prévention et sur le combat contre les causes du mal : "la lutte antiterroriste ne se conçoit valablement que dans le cadre global d'une politique de développement, de bien-être social, de plein exercice des libertés individuelles au sein d'Etats démocratiques", a déclaré le président algérien.

La veille, à l'occasion d'une visite officielle à Alger, le ministre français de l'Intérieur Dominique de Villepin avait annoncé que la France et l'Algérie avaient convenu de renforcer leur coopération dans la lutte antiterroriste (ainsi que contre la criminalité, le blanchiment d'argent et l'immigration illégale). Ce renforcement passera par celui des échanges d'informations.

(Reuters 15.10) La police espagnole a identifié le corps de l'un des sept islamistes armés qui s'étaient donné la mort lors de l'assaut de la police contre leur refuge, le 3 avril 2004, comme étant celui de l'Algérien Allekama Lamari, soupçonné avec ses six camarades d'être directement impliqué dans les attentats du 11 mars 2004 à Madrid (attentats qui avaient fait 191 morts), et d'être lié aux réseaux de la Qaeda.

(Tribune de Genève 20.10, 25.10 / Le Courrier 23.10) Huit membres supposés d'une cellule islamiste, ressortissants algériens et marocains, ont été arrêtés le 19 octobre dans les provinces d'Almeria, Malaga, Valence, ainsi qu'à Madrid et à Pampelune, en Espagne. Ils sont soupçonnés d'avoir projeté un attentat contre la plus haute instance pénale espagnole, l'Audience Nationale. Si aucun matériel de combat (armes ou explosif) n'a été découvert lors de ce coup de filet, la police a saisi du matériel de falsification de documents.

Selon des sources espagnoles, le chef du groupe, un Algérien qui serait lié aux GIA selon certaines sources, un ressortissants des Emirats arabes unis selon d'autres sources, serait détenu en Suisse. Les autorités suisses ont confirmé son arrestation, intervenue le 28 août. Il aurait commencer à créer son groupe (les "Martyrs du Maroc") en recrutant des membres dans les prisons espagnoles où il purgeait de petites peines pour des délits de droit commun. L'Espagne a annoncé le 22 octobre qu'elle demandait formellement à la Suisse son extradition pour "appartenance à une organisation terroriste et tentative d'assassinat terroriste". Son groupe aurait des ramifications en Suisse, aux Pays-Bas, en Australie et en Espagne.

L'homme, qui s'oppose à son extradition, est âgé de 31 ans. Il a déposé une demande d'asile en Suisse en avril 2003, demande refusée. Le recours déposé contre ce refus a été rejeté le 22 octobre 2003. Il avait à l'époque donné une fausse identité, déclarant être Palestinien. Les autorités suisses, qui ont ouvert le 21 octobre une enquête pénale contre lui, déclarent n'avoir aucune certitude concernant son identité et sa nationalité. Il a été placé dans un quartier de haute sécurité.

(Le Matin 31.10) Les autorités judiciaires et policières suisses ont donné quelques informations supplémentaires sur l'identité et le sort du membre présumé d'une cellule "terroriste" islamiste détenu en Suisse : il s'agirait d'un nommé Mohamed Achraf, retrouvé in extremis (juste avant son expulsion vers l'Algérie, puisqu'il est supposé être Algérien) dans un centre de détention pour étrangers illégaux à Kloten, près de Zurich. Il semble que la Suisse ait assez longtemps été laissée dans l'ignorance de l'enquête menée par les autorités espagnoles depuis des mois contre Achraf, chef présumé d'un groupe terroriste qui s'apprêtait à faire sauter le siège de la plus haute instance judiciaire espagnole à Madrid. Les relations entre les services de renseignements suisses et espagnols semblent d'ailleurs mauvaises. Achraf avait été arrêté par hasard en Suisse lors d'un contrôle d'identité, et mis en détention le 28 août pour séjour clandestin et port de faux papiers.

(Le Temps 10.11) Le membre présumé, et présumé ressortissant algérien, d'un réseau "terroriste islamiste salafiste" emprisonné à Zurich Mohammed Achraf aurait contribué au financement du groupe responsable de l'assassinat aux Pays-Bas du cinéaste Theo van Gogh, selon un document des services de renseignements espagnols. Mohammed Achraf aurait eu un contact direct en septembre avec l'assassin présumé de Theo van Gogh, Mohammed Bouyeri- Le juge espagnol Baltasar Garzon n'a pas confirmé ces informations.

Mohammed Achraf est soupçonné d'avoir dirigé depuis Zurich, avec un autre islamiste radical, Mourad Yala (alias Abu Anas), présdumé ressortissant algérien, arrêté aux Pays-Bas et extradé en Espagne, un groupe spécialisé dans la falsification de documents d'identité et de cartes de crédit.

(Le Monde 11.11) En moins d'un mois, l'opération "Nova" lancée par le juge Baltasar Garzon a conduit à l'arrestation, en Espagne et à l'étranger, de 37 personnes, dont plusieurs ressortissants algériens, soupçonnées d'appartenir à des cellules terroristes islamistes (trois cellules différentes, autonomes mais liées : l'une à Madrid, l'autre à Salamanque, la troisième en Galice) préparant des attentats à Madrid, en lien, selon l'accusation, avec des membres d'une cellule de la Qaeda.

18 personnes ont été arrêtées à la mi-octobre, sous l'accusation d'avoir préparé un attentat au camion piégé contre le siège de la plus haute juridiction pénale espagnole, l'Audience Nationale. Le chef de ce groupe, curieusement intitulé "Les Martyrs pour le Maroc", serait Mohammed Achraf, un présumé Algérien à l'identité floue (il est connu sous sept identités différentes), détenu en Suisse, et qui aurait utilisé des cellules liées aux GIA algériens pour créer, avec de petits délinquants, un nouveau groupe alors qu'il était détenu à Salamanque, entre 2002 et 2002. Les 7 et 8 novembre, trois personnes appartenant à la cellule d'Achraf ont été arrêtées. Elles sont soupçonnées d'avoir été en relations avec l'un des organisateurs des attentats du 11 mars 2004 à Madrid, Allekema Lamari, et avec le GSPC. D'entre ces trois personnes, Mohammed Khouni Boualem avait déjà été arrêté en 2001 sous l'accusation d'être membre d'une cellule du GSPC.

(Scotland Agains Criminalising Communities, 27.11) Un ressortissant algérien, Fouad Lasnami, arrêté en Ecosse en décembre 2002 en vertu de la loi antiterroriste britannique, et contre lequel aucune charge n'a finalement été retenue mais qui est menacé d'être expulsé vers l'Algérie, a déposé une demande d'asile politique en Grande-Bretagne.

(AP 3.12) Quatre ressortissants tunisiens ont été condamnés à quatre à six ans de prison pour "association criminelle", le 3 décembre à Milan : ils étaient accusés d'avoir fourni un soutien financier et logistique au GSPC algérien, et avaient été arrêtés dans la banlieue de Milan en 2002. Trois d'entre eux vont être extradés vers la Tunisie pour y purger leur peine.

(www.news24.com 14.12) Un enseignant algérien du Centre islamique du Tahwid, dans la région de Kwale (Kenya), a été arrêté le 7 décembre par la police antiterroriste sous l'accusation d'être lié à des groupes "terroristes". Ahmed Mohammed Hadji dirige l'école musulmane de Waa.

(AP 14.12 / El Watan 27.12) La police espagnole a interpellé le 14 décembre à Victoria, Teruel et Madrid trois Algériens et un Marocain dans le cadre d'une enquête sur les cellules islamistes en Espagne. Les trois Algériens ont été arrêtés sur le soupçon d'être liés à une cellule islamiste qui aurait eu l'intention de commettre un attentat contre le service antiterroriste espagnol. Selon "El Watan", il s'agirait de membres "repentis" de groupes armés islamistes algériens de la région de Chlef et Aïn Defla, qui avaient bénéficié de la loi de Rahma (clémence) du président Zerouzal. Depuis fin octobre, 33 Algériens et Marocains ont été arrêtés, inculpés et écroués dans le cadre d'une enquête sur un projet d'attentat contre la plus haute autorité judiciaire espagnole, l'Audience Nationale, à Madrid. En outre, dix-sept personnes, en majorité des Marocains, sont écroués dans le cadre des attentats du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts, 1800 blessés).

(Jeune Indépendant 28.12) Sept Algériens sont incarcérés depuis deux ans dans les prisons de haute sécurité britanniques, à la suite des rafles effectuées dans les milieux des requérants d'asile entre novembre 2002 et avril 2003 à Londres, Manchester et Edimbourg, dans le cadre de la loi "antiterroriste" de 2001 qui autorise la police à placer en détention sans jugement pour une durée indéterminée, et sans rendre publiques les charges retenues contre lui, tout ressortissant étranger suspect de "terrorisme". Les autorités britanniques ont refusé de révéler les identisés des huit Algériens, qui sont placés en isolement et dont le régime carcéral est dénoncé par les organisations de défense des droits humains, par leurs avocats et même par les psychiatres qui les ont examinés. Un neuvième Algérien, soupçonné d'être membre d'un réseau de soutien au GSPC, a été remis en résidence surveillée avec "bracelet électronique" et sous interdiction de tout contact extérieur le 22 avril, pour de graves troubles provoqués par ses conditions de détention. Un dixième Algérien a été remis en liberté le 20 septembre. Parmi les sept détenus, on note au moins un requérant d'asile et un handicapé, amputé des deux mains.

(AP 31.12) Un Algérien de 38 ans qui avait rencontré deux des kamikazes du 11 septembre 2001, qui avaient détourné l'appareil s'étant écrasé sur le Pentagone, a été extradé vers l'Algérie. Samid Abdoun avait été arrêté en septembre 2001, et avait été reconnu coupable d'infraction à la législation sur l'immigration et de fraude à la sécurité sociale (il était entré aux USA en 1998 avec un faux passeport français), mais n'avait été reconnu coupable d'aucun acte répréhensible en relation avec les attentats du 11 septembre. Arrivé le 31 décembre en Algérie, il y a été placé en garde à vue.

2005

(AP 19.1) Un ressortissant algérien soupçonné d'appartenir à un réseau terroriste a été arrêté le 18 janvier à Bilbao sur mandat du juge Baltasar Garzon. Tahar Izerouel est soupçonné, avec sept autres personnes, de faire partie d'un réseau fournissant aide logistique et faux papiers à des islamistes radicaux, eux-mêmes suspects d'avoir participé à l'organisation des attentats du 11 septembre 2001 aux USA.

(Quotidien d'Oran 24.1) Les avocats américains de six ressortissants algériens détenus dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba, ont fait appel aux autorités algériennes et bosniaques pour obtenir la libération de leurs clients, qui avaient été livrés aux Américains en janvier 2002 par la Bosnie, alors que la Justice bosniaque avait décidé leur libération. Les autorités bosniaques ont d'ailleurs reconnu avoir violé leurs propres lois et offert aux familles des déportés des démommagements à hauteur de 15'000 euros par famille. Les motifs de la détention des six Algériens, et les chefs d'accusation, n'ont jamais été communiqué par les autorités américaines, et les familles accusent les autorités algériennes de n'avoir jamais entrepris aucune démarche pour obtenir leur libération.

(Courrier de Genève, 29.1) Un présumé algérien détenu en Suisse depuis le mois d'août, connu sous le nom de Mohammed Achraf mais arrêté sous celui de Kamel Saadi, devrait être extradé vers l'Espagne, qui le soupçonne d'avoir dirigé une cellule islamiste préparant un attentat contre la plus haute instance judiciaire espagnole.

(Jeune Indépendant 2.2) Le ministre britannique de l'Intérieur a fait état de son intention de signer avec l'Algérie, l'Egypte, la Jordanie et la Tunisie des memoranda d'entente par lesquels ces quatre pays s'engageraient à ne pas "torturer ou appliquer la peine de mort" à leurs ressortissants détenus en Grande Bretagne dans le cadre d'enquêtes sur le "terrorisme", et expulsés de Grande-Bretagne vers leurs pays respectifs.

Sept Algériens sont détenus en Grande-Bretagne depuis près de trois ans dans des prisons de haute sécurité, suite à des arrestations opérées lors de rafles dans les milieux des requérants d'asile entre novembre 2002 et avril 2003, dans le cadre de la loi "antitrerroriste" de 2001 qui autorise la police à placer en détention pour une durée indéterminée et sans rendre publiques les charges retenus contre eux, des ressortissants étrangers soupçonnés de terrorisme. Ces détentions ont été jugées illégales le 16 décembre par la Chambre des Lords, fonctionnant en l'ocurrence comme plus haute instance judiciaire du pays, qui a enjoint le gouvernement de libérer les détenus sauf à apporter dans un délai de deux semaines la preuve de leur culpabilité.

Le collectif d'avocats des détenus accuse le gouvernement britannique, à travers la propositions de memoranda d'entente avec les pays dont sont ressortrissants les détenus, de se débarrasser d'eux et d'affaires encombrantes.

(Le Quotidien d'Oran 24.2 / L'Expression 27.2) Un ancien cadre des GIA, chef d'une cellule islamiste à Londres, Nadir Remi, a été arrêté le 23 février avec son fils à l'aéroport de Rome. Recherché depuis 1992 par l'Algérie, Remi avait obtenu le statut de réfugié politique en Grande Bretagne en 1991, puis la natiuonalité britannique. Il est accusé par l'Algérie de gérer les comptes des GIA dans une succursale londinienne d'une banque arabe, et d'avoir été responsable de la publication du bulletin des GIA, "Al Ansar".

Un présumé "terroriste" algérien détenu en Espagne, "Abdelkader L.", devrait être extradé en Algérie, à la demande, approuvée par le gouvernement espagnol, des autorités algériennes. L'Algérie et l'Espagne ont signé le 24 février à Madrid un accord de coopération judiciaire dans les domaines civils et commerciaux, et échangé les instruments de ratification d'un accord de coopération judiciaire en matière pénale. Les deux pays ont annoncé l'ouverture de négociations pour un accord d'extradition des personnes en situation irrégulière, et évoqué la coopération bilatérale dans la lutte contre le terrorisme. L'Espagne a proposé à l'Algérie la création d'un groupe de coopération judiciaire et de sécurité, du même type que celui créé avec la France en 2001.

Une conférence sur le terrorisme, organisée en Espagne à l'occasion de la commémoration des attentats du 11 mars 2004, devrait se tenir début mars. Le président Bouteflika y a été invité, ainsi que le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.

(AP, L'Expression 6.3) L'Algérie est l'un des meilleurs alliés, et un "allié-clé", des USA dans la luttre contre le "terrorisme" dans la région du Sahel, a déclaré devant la sous-commission du Sénat américain sur terrorisme international le sous-directeur de l'"Investigative Project" (un institut de recherche spécialisé dans le "contre-terrorisme"), Lorenzo Vidino.

(Jeune Indépendant 13.3) Neuf ressortissants étrangers, donc cinq Algériens, ont été libérés le 11 mars par la justice britannique après plus de trois ans de détention sur le soupçon de "terrorisme". Deux Algériens restent détenus, sans jugement, dans la prison de haute de sécurité de Belmarsh. Un autre ressortissant algérien, souffrant de troubles psychiques, a été remis en liberté sous caution le 22 avril2004, et un autre encore le 20 septembre 2004, faute de la moindre confirmation des soupçons pesant sur lui.

(AP, L'Expression 6.3) L'Algérie est l'un des meilleurs alliés, et un "allié-clé", des USA dans la luttre contre le "terrorisme" dans la région du Sahel, a déclaré devant la sous-commission du Sénat américain sur terrorisme international le sous-directeur de l'"Investigative Project" (un institut de recherche spécialisé dans le "contre-terrorisme"), Lorenzo Vidino.

(Jeune Indépendant 13.3) Neuf ressortissants étrangers, donc cinq Algériens, ont été libérés le 11 mars par la justice britannique après plus de trois ans de détention sur le soupçon de "terrorisme". Deux Algériens restent détenus, sans jugement, dans la prison de haute de sécurité de Belmarsh. Un autre ressortissant algérien, souffrant de troubles psychiques, a été remis en liberté sous caution le 22 avril2004, et un autre encore le 20 septembre 2004, faute de la moindre confirmation des soupçons pesant sur lui.

(Jeune Indépendant 16.3) Les six Algériens détenus par les Américains dans le camp de Guantanamo (Cuba) ont été victimes de tortures et de sévices, selon le magazine américain "New Yorker", qui s'appuie sur les témoignages des détenus et de leurs défenseurs.

Interpellés à Sarajevo (Bosnie) en octobre 2001 par la police bosniaque, accusés d'avoir planifié des attentats contre les ambassades américaine et britannique, les six algériens avaient été relâchés par la justice bosniaque, mais immédiatement kidnappés par des agents américains et déportés à Guantanamo.

A Guantanamo, l'un d'eux a été battu, pendu la tête en bas, a eu deux doigts brisés par des soldats américains et a été privé de soins, deux d'entre eux ont été placés à plusieurs reprises en isolement, à moitié déshabillés. Des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la cellule d0un détenu qui protestait contre ces conditions de détention.

(Jeune Indépendant 10.4) Les autorités militaires américaines ont révélé le 9 avril les noms des 57 détenus, dont cinq Algériens (ainsi que 22 Yéménites, 8 Koweïtiens, 5 Saoudiens et 4 Bahreïnis), détenus dans la camp de Guatnamamo, à Cuba, et qui devront être entendus par les juges, en tant que "combattants ennemis". Un sixième Algérien est détenu à Guantanamo. Les six hommes (dont un a la double nationalité algérienne et bosniaque) avaient arrêtés à Bosnie en octobre 2001 sur le soupçon d'avoir voulu commettre des attentats contre les ambassades américaine et britannique à Sarajevo. blanchis par la justice bosniaque, qui avait ordonné leur libération, ils avaient été en octobre 2002 remis secrètement par la police bosniaque aux services spéciaux américains, kidnappés par ceux-ci et remis en détention à Guantanamo où selon leurs avocats, ils ont été maltraités, voire torturés. Deux d'entre eux, Lakhdar Boumediene et Mohamed nechal, ont intenté une action en justice contre les autorités américaines pour enlèvement et séquestration.

(Jeune Indépendant 20.4 / AP 22.4) Six Algériens incarcérés dans le camp américain de Guantanamo, à Cuba, ont déposé plainte contre le gouvernement américain, pour les tortures et sévices qu'ils affirment avoir subis depuis janvier 2002, après leur kidnapping par les services spéciaux américains à Sarajevo (Bosnie). Ils exigent de l'administration américaine la remise à la justice des dossiers qui contiennent les preuves de ces tortures et sévices. Leurs avocats ont précisé que cette action en justice est intervenue suite au refus du gouvernement de répondre à leur demande d'obtention de ces documents (dossiers médicaux, vidéos).

Détenu en Suisse depuis octobre 2004, un homme de 32 ans, peut-être de nationalité algérienne, peut-être né aux Emirats arabe unis, et qui se nommerait Mohammed Achraf (son identité réelle est incertaine, et il avait demandé l'asile politique à la Suisse sous le nom de Kamel Saadi), a été extradé le 22 avril vers l'Espagne, dont les autorités le soupçonnent d'avoir créé une cellule islamiste armée et projeté un attentat contre la plus haute juridiction espagnole.

(L'Expression 18.5) Après le "plan Sahel" lancé en 2003, visant à empêcher les groupes armés de s'installer au sud du Sahara, les USA s'apprêtent, annonce l'"Expression" sur la base de déclarations de la sous-secrétaire adjointe amméricaine à la Défense, Theresa Whelan, a lancer en juin une nouvelle initiative "transaharienne", baptisée "Flint Look 2005" (?), avec les mêmes objectifs (et apparemment les mêmes moyens limités -125 millions de dollars sur cinq ans pour le "plan Sahel") que ceux du "plan Sahel", dans le cadre duquel des forces américaines ont entraîné et équipé des forces de sécurité maliennes, mauritaniennes, tchadiennes et nigériennes (on notera que dans tous ces cas, il s'agit de pays de la zone traditionnelle d'influence française, ce qui pourrait suggérer que les initiatives "antiterroristes" américaines s'inscrivent aussi -d'aucuns diront "Surtout"- dans le cadre de la concurrence franco-américaine en Afrique). Le nouveau programme aurait un champ géographique plus large, englobant le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, le Sénégal et le Nigeria. L'implantation de bases militaires américaines dans les pays concernés ne serait pas à l'ordre du jour, mais il s'agirait néanmoins de transformer les forces de sécurité des pays concermés en forces de soutien à la "guerre contre le terrorisme" que les USA sont supposés mener.

(AFP, Le Jour d'Algérie 31.5) Des islamistes mauritaniens, dont sept seraient actuellement incarcérés à Nouakchott, ont participé à des opérations du GSPC en Algérie (à Tessalit) et au Mali (à Enchay) en 2004 et 2005, selon le journal mauritanien "Nouakchott-Infos". Les sept prisonniers feraient partie d'un groupe "salafiste djihadiste" mauritanien lié au GSPC, et formé par le GSPC. Ce groupe aurait notamment été en rapports réguliers avec le groupe du GSPC d'Abderrazak le Para.

"Le Jour d'Algérie" (notamment) annonce une "vaste opération militaire contre le GSPC dans le Sahel", lancée par les armées de plusieurs pays de la région, appuyées par des conseillers américains. La presse algérienne note régulièrement les satisfecits décernés à l'Algérie par le gouvernement américain en matière de "lutte contre le terrorisme".

(AFP 5.6 / Quotidien d'Oran 7.6 / le Temps 9.6) Après la meurtrière attaque d'un poste militaire mauritanien, le 4 juin, par un groupe armé que les autorités mauritaniennes accusent d'être allié, voire affilié au GSPC algérien (lequel a revendiqué l'attaque), les armées de tous les pays de la région (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Algérie) ont lancé des opérations de sécurisation de la zone, alors que débutaient le 6 juin des manoeuvres militaires maliennes auxquelles participaient des militaires américains, et que des militaires américains arrivaient le 6 juin à Nouakchott. Des patrouilles militaires maliennes ont convergé vers la frontière mauritanienne pour tenter d'intercepter le fort groupe armé responsable de l'attaque de la caserne de Lemgheity. Des "experts algériens de sécurité" cités par "Le Quotidien d'Oran" restent cepenant sceptiques sur l'implication supposée du GSPC dans l'opération mauritanienne : ces experts pensent que le seul chef de groupe armé algérien capable d'organiser une attaque de cette envergure, avec un groupe aussi important, est Mokhtar Belmokhtar, signalé dans le sud-est algérien (et non en Mauritanie) après avoir été chassé du Mali, Mokhtar Belmokhtar est cependant autant contrebandier qu'"émir" salafiste. La piste la plus plausible serait celle d'un groupe mauritanien, peut-être aidé, mais non commandé, par le GSPC. On évoque à ce propos le mouvement d'opposition des "Cavaliers du changement", dont deux dirigeants, Abderrahmane Ould Mini et Saleh Ould Hennena, ont été condamnés en février dernier à la prison à perpétuité pour une tentative de coup d'Etat. Les ONG internationale de défense des droits humains, et l'International Crisis Group, accusent le pouvoir du président Maaouiya Ould Taya de "gonfler" le "menace intégriste" pour obtenir le soutien des puissances occidentales, et des USA en particulier, tout en réduisant son opposition au silence.Des "djihadistes" mauritaniens sont d'ailleurs fortement soupçonnés d'avoir participé, en Algérie à des opérations de groupes armés du GSPC, notamment dans la région de Tessalit. Les "exeprts" algériens signalent la présence d'un important groupe armé, composé d'éléments de diverses nationalités, actif dans le désert malien après l'avoir été dans le désert tchadien.

(L'Expression 19.6 / Tribune de Genève 21.6) Selon un "officier supérieur de l'armée américaine", cité (sans autre précision sur son identité) par "L'Expression", jusqu'à 20 % des "kamikazes" auteurs des attentats-suicides en Irak seraient des Algériens, et 5 % des Marocains ou des Tunisiens. On ne sait pas sur quelles données se basent cette affirmation, mais elle va dans le même sens que des déclarations officielles américaines, situant l'une des zones de recrutement des combattants irakiens dans les Etats du Sahel et les Etats voisins, dont l'Algérie, pour justifier une présence américaine permanente dans la région par la nécessité de s'attaquer à une "base arrière du terrorisme", sur un nouveau "front" d'une "lutte antiterroriste" étendue au monde entier. Des manoeuvres auxquelles participent un millier d'agents des forces armées américaines et 3000 soldats mauritaniens, nigériens et tchadiens, se déroulent au Sahel, jusqu'à fin juin, dans le cadre d'un programme "antiterroriste" (l'initiative antiterroriste trans-saharienne, Trans Saharan Counterterrorism Initiative)

(ATS 30.6) Un Algérien a été condamné à dix ans de prison le 29 juin pour avoir projeté des attentats chimiques à Londres, et pour avoir fait partie d'une cellule européenne formée d'Algériens installée en Europe projetant des attaques de ce genre dans plusieurs pays. Mohammed Meguerba avait été arrêté en 2002 en Grande-Bretagne, puis libéré sous caution. Il était rentré clandestinement en Algérie, où il a été interpellé en décembre 2002. Les informations qu'il a données à la police algérienne ont abouti à l'arrestation, en avril, d'un autre Algérien en Grande-Bretagne, déjé condamné pour des projets d'attentats chimiques et pour le meutre d'un policier en Algérie.

(AP 2.7) Un Egyptien accusé de recruter des volontaires algériens pour le réseau d'Abou Moussad al Zarquaoui en Irak a été arrêté en Algérie, à une date indéterminée. Des documents dont les services de sécurité algérien affirment au quotidien "Al Khabar" qu'ils prouvent les liens du personnage, surnommé "Abou Djihad" et "Yasser al Misri", avec la Qaeda, ont été retrouvés à son domicile algérois. "Abou Djohad" est accusé d'avoir recruter des Algériens pour l'Irak, où il se seraient rendus vis la Syrie, et où nombre d'entre eux auraient participé, et souvent trouvé la mort, aux combats de Fallouja.

(AFP 1.7) Trois semaines d'exercices de "lutte antiterroriste" dans le Sahel et le sud algérien, exercices auxquels ont participé des militaires américains, se sont achevés. Ces exercices, baptisés "Flintlock 2005", avaient commencé le 6 juin. Ils étaient destiné à entraîner les forces armées présentes dans la région à empêcher que les zones désertiques du Mali, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie et de l'Algérie ne deviennent des bases de repli pour les groupes armés islamistes. Y ont participé près de 800 militaires américains et environ 2000 soldats des pays africains concernés.

A Dakar, un exercice comparable a été organisé entre militaires sénégalais, nigériens, marocains et tunisiens.

(AP 8.7) le président Bouteflika a condamné le 7 juillet, dans un message au Premier ministre britannique Tony Blair, les "attentats terroristes abominables" perpétrés à Londres, par des "kamikazes" islamistes de nationalité britannique, selon les premiers résultats de l'enquête policière, et a réaffirmé la nécessité pour la communauté internationale de "redoubler d'efforts pour l'éradication du terrorisme", fléau dont "le peuple algérien a vécu dans sa chair les affres".

(La Tribune 12.7) "Beaucoup" d'Algériens sont détenus dans les prisons irakiennes sur l'accusation d'avoir participé à des actions terroristes, a déclaré le 11 juillet un membre du parlement irakien en visite à Alger à l'occasion du Conseil de l'Union des parlements arabes, Aref Tifour, qui a assuré que les autorités algériennes seront "certainement" informées lorsque ces détenus seront traduits devant les tribunaux, mais s'est refusé à donner le nombre d'Algériens détenus en Irak.

(L'Expression 16.7) Réagissant aux attentats du 7 juillet à Londres, l'ancien dirigeant du FIS Anouar Haddam, établi aux USA, a condamné "au nom du peuple algérien" ces attentats, et attribué les attentats commis par des groupes islamistes à des "jeunes gens frustrés" et privés de perspectives politiques.

(Le Canard Enchaîné 27.7 / Liberté 1.8) Quelque 400 hommes des forces spéciales américaines se trouvent dans une base militaire près de Tamanrasset, selon "Le Canard Enchaîné", qui précise que les militaires américains y ont installé une station d'écoute permettant l'interception de toutes les communications téléphoniques, y compris satellitaires, et des fax, et que la base est approvisionnée par des avions américains.

(AP 17.8) Une vingtaine d'islamistes marocains, âgés de 18 à 31 ans, accusés de préparer des "actes terroristes" ont été arrêtés au Maroc dans le cadre d'une coopération avec l'Algérie. 13 membres présumés d'une cellule de la "Salafya al Jihadia", accusée d'être responsable d'attentats suicides à Casablanca en mai 2003 (45 morts) ont été interpellés à Salé, près de Rabat, après que le chef de la cellule et cinq de ses membres aient été remis aux forces de sécurité marocaines par les services algériens, qui les avaient arrêtés alors qu'ile tentaient de rallier le GSPC. Les incupés sont poursuivie pour "atteinte à la sécurité des personnes, vol, extorsion de fonds, détention illicite d'armes et constitution d'une bande terroriste". Leur procès devrait s'ouvrir début septembre à Rabat.

(Quotidien d'Oran 22.8) Sur 281 étrangers officiellement détenus en Irak sous l'accusation de liens avec des activités terroristes (sans compter les personnes vraisemblablement détenues clandestinement par les forces d'occupation), "Le Quotidien d'Oran" annonce que les autorités irakiennes ont dénombré sept ressortissants algériens, aux côtés de 80 Egyptiens, 61 Syriens, 41 Soudanais, 22 Saoudiens, 17 Jordaniens, 12 Iraniens, 10 Palestiniens, 7 Lybiens, 6 Tunisiens, 4 Turcs, 2 Qataris et un britannique. "Le Quotidien d'Oran" signale que des Algériens ont en outre été tués en Irak en combattant les forces d'occupation (ou les forces du gouvernement irakien), mais ajoute qu'aucune évaluation crédible du nombre de ces morts n'a été faite (le chiffre de 200 Algériens tués en irak a été avancé, mais il ne repose sur aucune donnée vérifiable, et paraît considérablement surévalué).

(AFP 26.8) Un ressortissant algérien, condamné en 2005 pour sa participation à un groupe islamiste entraînant de jeunes gens pour la djihad, a été expulsé de France vers l'Algérie le 26 août. Khellaf Hammam et ses compagnons étaient accusés de recruter de jeunes hommes pour des théâtres d'opération comme la Bosnie ou l'Afghanistan, et leur organisaient un programme de formation paramilitaire. Son expulsion est la quatrième frappant des islamistes présumés, tous Algériens, en deux mois.

(Quotidien d'Oran 29.8) Deux Algériens, portant les pseudonymes d'Abou Dour et Abou Othmane, et un Tunisien, ont été tués par les forces d'occupation de l'Irak, dans le nord du pays, près de Mossoul, a annoncé le 28 août l'armée amiricaine, qui précise que les deux Algériens étaient sous les ordres du Tunisien, responsables des attaques suicides dans la zone de Mossoul. Début août, des autorités irakiennes avaient annoncé que sept Algériens étaient détenus en Irak, sur 280 ressortissants étrangers (dont 80 Egyptiens, 64 Syriens, 41 Soudanais et 22 Saoudiens), pour leur implication supposée dans des actes "terroristes".

(Liberté, El Watan 27.9) Neuf personnes soupçonnées pour sept d'entre elles, sous surveillance depuis plusieurs mois par les services spéciaux français, de vouloir commettre des attentats en France, ou pour les deux autres de vouloir les y aider, ont été arrêtées le 26 septembre dans la région parisienne, et onze autres (tous des ressortissants algériens) dans la région milanaise la veille. Une semaine auparavant, six personnes soupçonnées de vouloir organiser une filière d'envoi de combattants islamistes vers l'Irak avaient déjà été interpellées en France, puis libérées après quatre jours de garde à vue. Le chef présumé du groupe démantelé par le "coup de filet" parisien pourrait être un militant islamiste connu, Safé Bourada, qui avait déjà admis avoir recruté pour le compte des GIA algériens. Selon "El Watan", le principal interpellé de la rafle milanaise pourrait être un ancien porte-parole du FIS en Italie, Djamel Lounici.

(Quotidien d'Oran 28.9 / Reuters 1.10 / L'Expression 5.10 / Reuters 10.10) Selon une source proche des services "antiterroristes" français, le GSPC aurait, dans un communiqué lui étant attribué, mi-septembre, menacé la France, qualifiée d'"ennemi numéro un, l'ennemi de notre religion, l'ennemi de notre communauté". Quant au pouvoir algérien, il est dénoncé par le GSPC comme étant le "relais de la France". Dans un communiqué diffusé sur internet, et daté du 27 septembre (soit avant l'approbation en référendum de la charte pour la paix et la réconciliation nationale) le GSPC annonce son refus de déposer les armes, et sa volonté de poursuivre le Djihad. "L'Expression" annonce par ailleurs que le GSPC "multiplie les contacts avec les derniers groupes (armés) autonomes du centre et de l'ouest du pays en vue de les pousser à refuser l'offre de paix" des autorités. Le GSPC enverrait des "émissaires" auprès des autres groupes armés (le GSPD d'Abdelkader Souane, le GSC de Douadji Yahia, le GHDS de Mohamed Benslim)

Deux islamistes algériens condamnés en France pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", Djamel Louanouci et Abderrahmane Sellem, ont été expulsés les 9 et 10 octobre vers l'Algérie. Tous deux avaient été condamnés à la "double peine" (prison et interdiction du territoire).

(ONU 7.10) Alors que la fin de 2005 avait été fixée comme échéance pour l'adoption d'une convention générale de l'ONU sur le terrorisme, les débats à la commission chargée de l'élaboration finale du projet de texte ont été marqué par des divergences telles qu'un accord a été impossible. Ces divergences portent notamment sur la distinction entre le "terrorisme" et la lutte armée pour l'autodétermination nationale, et sur le concept de "terrorisme d'Etat" (usage de méthodes de type "terroriste" contre des civils, par des Etats). Le Yemen, l'Organisation de la Conférence islamique et Cuba ont demandé que "la lutte des peuples contre l'occupation étrangère et pour l'autodétermination" soit "différenciée" du terrorisme. Le Pakistan et l'Egypte ont insisté sur le réglement préalable de conflits politiques (comme ceux de Palestine et du Cachemire), exploités par des "terroristes". Pour le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, "le droit de résister à l'occupation ne peut comprendre le droit de tuer ou de blesser des civils"

(Quotidien d'Oran 6.11) Le gouvernement espagnol a annoncé le 4 novembre son intention d'extrader vers l'Algérie deux présumés islamistes algériens, soupçonnés d'appartenance à organisation terroriste et déjé condamnés en Algérie. L'un, Abdelnassa", aurait été membre du GIA, et a été arrêté en décembre 2002 sur l'accusation de recruter pour la Qaeda, et d'avoir séjourné dans des camps d'entraînements du réseau d'Oussama Ben Laden en Afghanistan, puis en Bosnie et en Kosovë. L'autre a été arrêté le 31 octobre en Catalogne. Il serait membre du GSPC, et ferait partie d'un groupe du GSPC fort de 16 membres.

(Liberté 19.11 / L'Expression, Liberté 30.11) Quatre Algériens soupçonnés d'être proches du GSPC et de la Qaeda ont été arrêtés en Espagne et placés en détention provisoire fin novembre. Le 23 novembre, sept autres présumés islamistes algériens avaient déjà été arrêtés sur le même soupçon, la plupart d'entre eux ayant été remis en liberté sous contrôle judiciaire. La justice espagnole soupçonne le groupe d'avoir prêté un appui logistique et financier au GSPC et d'avoir tenté d'acquérir de l'explosif.

Le 28 novembre, une dizaine d'islamistes radicaux présumés (mais qui appartiendraient cependant à une mouvance islamiste ne prônant pas la violence, la mouvance tabligh) ont été interpellés en France, dont un surveillant de prison et deux anciens aumôniers de prison. Ces arrestations ont été opérée notamment à Saint-Malo, Châteauroux et Tours.

Le 24 novembre, 17 personnes ont été arrêtées au Maroc sur l'accusation de faire partie d'un réseau marocain du GSPC, constitué depuis la Belgique par un islamiste algérien, avec pour ambition de donner naissance à une "organisation Al-Qaèida dans pays pays du Maghreb arabe" et d'y commettre des attentats contre des intérêts "américains et juifs".

Le 16 novembre trois ressortissants algériens soupçonnés de liens avec le GSPC et considérés par les services de police italiens comme "potentiellement opérationnels" pour commettre des attentats ont été arrêtés dans la région de Milan et à Naples. Selon les services spéciaux italiens, entre 300 et 400 "extrémistes islamistes" résideraient dans le pays.

Enfin, la presse algérienne annonce que l'Algérien Rachid Ramda sera en passe d'être extradé par les autorités britanniques vers la France, qui le réclame depuis dix ans pour sa responsabilité supposés dans les attentats de 1995 à Paris, revendiqués par le GIA. Rachid Ramda a perdu le 16 novembre son ultime appel contre son extradition. Il es considéré par la justice française comme le "financier" des attentats de 1995. Il a été condamné à mort par contumace en Algérie, et ses avocats craignent son extradition de France vers l'Algérie.

(L'Expression, El Watan 3.12 / Le Monde 7.12 / La Tribune 10.12 / Liberté 13.12 / La Tribune 17.12) L'islamiste algérien Rachid Ramda a été remis le 1er décembre, sur extradition, aux autorités françaises par les autorités britanniques. Rachid Ramda a été placé le 5 décembre sous mandat de dépôt. Il est poursuivi pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Il est soupçonné d'avoir été le cerveau et le financier des attentats commis en 1995 à Paris (8 morts et 200 blessés), et revendiqués par les GIA algériens. Il a également été soupçonné d''tre le rédacteur du bulletin des GIA, "El Ansar". Son avocat a estimé qu'il n'aurait pas dû être incarcéré, après avoir passé dix ans sous écrou extraditionnel en Grande-Bretagne -soit un temps supérieur à la peine maximale qu'il encourt. Il était extradable depuis 1996, mais avait multiplié les recours pour éviter cette extradition. Il a été condamné à mort par contumace en Algérie, pour l'attentat contre l'aéroport d'Alger en juillet 1992 (9 morts, 12 blessés). Son procès en France ne devrait pas se tenir avant plusieurs mois. Le Premier ministre français Dominique de Villepin s'est félicité de l'extradition de Ramda.

Le 11 décembre, entre 22 et 26 présumés islamistes ont été interpellés dans la région parisienne dans le cadre d'une enquête sur le financement du terrorisme et des projets d'attentats. La plupart des interpellés seraient de nationalité tunisienne ou algérienne. Un lot d'armes de guerre et de poing, et d'explosifs, de munitions et de détonateurs a été découvert

En Italie, 12 Algériens ont été inculpés à la mi-décembre de financement du terrorisme, sous l'accusation d'avoir acheminé vers l'Algérie via la France de l'argent, des faux papiers, des téléphones portables et des cartes téléphoniques destinés au GSPC.

En Espagne, sept Algériens ont été arrêtés dans la nuit du 8 au 9 décembre au sud du pays, sur le soupçon de financement du terrorisme et d'appui logistique au GSPC. les suspects auraient fait parvenir en Algérie le produit de délits de droit commun commis en Europe.

(L'Expression 10.12) Une quarantaine d'Algériens ont entamé début décembre une grève de la faim dans la prison madrilène de Santa Quatro, en Espagne, pour exiger un jugement qu'ils attendent depuis plus d'une année. Ils sont en détention préventive sous l'accusation d'assistance au terrorisme, leur demande de mise en liberté provisoire a été rejetée, et leur jugement reporté. Certains d'entre eux sont détenus depuis cinq ans sans jugement. Des dizaines d'Algériens sont détenus dans les mêmes conditions dans plusieurs pays, notamment aux USA et en Grande Bretagne.

(Jeune Indépendant, La Tribune 21.12 / La Tribune 25.12) Un ressortissant algérien détenu depuis plus de trois ans à Guantanamo, Sofiane Barhoum, devrait être prochainement jugé en compagnie d'un Saoudien par un tribunal d'exception américain (une "commission militaire" nommée par le ministère américain de la Défense), composé de six membres et deux suppléants. et présidé par un juge militaire. Les accusés ne risquent pas la peine de mort. Barhoum est accusé d'avoir fomenté "un complot visant des civils, des cibles civiles et la destruction de biens", et d'avoir reçu une formation dans un camp d'entraînement de la Qaeda en Afghanistan. Il avait été arrêté au Pakistan en mars 2002. Six autres Algériens sont détenus à Guantanamo sans jugement ni inculpation depuis janvier 2002, après avoir été kidnappés en Bosnie par la CIA.

Un Algérien de 32 ans, Abbas Boutrab, accusé d'être lié à la Qaeda et de s'être procuré des instructions dans le but de faire exploser une bombe dans un avtion, a été condamné le 20 décembre à six ans de prison à Belfast, en Irlande du nord. Il était détenu depuis deux ans et sept mois, et pourrait être libéré dans les trois mois pour bonne conduite. Il serait alors expulsé, peut-être vers l'Algérie si les recommandations du juge sont suivies.

En Italie, un groupe qui serait lié au GSPC et projetterait de commettre des attentats contre les USA et l'Italie, ainsi que de former des kamikazes pour l'Irak, aurait été démantelé le 23 décembre par l'arrestation de ses membres, dont deux Algériens.

En Espagne, une quinzaine d'islamistes présumés, dont un Algérien et un Français, ont été arrêtés le 18 décembre. Six d'entre eux ont été placés en détention provisoire, les autres ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

(AP 10.1) Vingt personnes (dont 15 Marocains et un Algérien) soupçonnées de recruter des combattants et de lever des fonds pour l'insurrection irakienne ont été interpellées le 10 janvier en Espagne, dans les régions de Madrid, de Barcelone et au Pays Basque. Selon le ministre espagnol de l'Intérieur, Jose Antonio Alonso, les deux cellules démantelées (celle de Madrid et celle de Vilanova i la Geltru) avaient des contacts en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Algérie, au Maroc, en Turquie, en Syrie et en Irak.

2006

(L'Expression 16.1) 163 ressortissants algériens auraient, selon les autorités syriennes, été interceptés à la frontière irakienne en tentant de s'infiltrer en Irak entre avril 2003 (prise de Bagdad par la coalition) et décembre 2005, et auraient été remis à leurs pays d'origine. En tout, 1315 non-irakiens auraient été interceptés à la frontière, dont 299 Jordaniens, 263 Saoudiens, 163 Algériens, 155 Tunisiens, 119 Yéménites, ainsi que de Libyens, des Soudanais, des Libanais, des Marocains et des Egyptiens.

Un "lien" entre le GSPC algérien et la Qaeda d'Oussama Ben Laden a été évoqué à de nombreuses reprises par des sources algériennes, mais ce lien n'a jamais pu être établi, et les Américains eux-mêmes en doutent, et un rapport américain sur Le "terrorisme" dans le monde, rendu public en avril 2005, relève qu'aucune preuve tangible d'un tel lien n'a jamais pu être apportée.

(L'Expression 24.1) Environ 300 Algériens sont détenus à l'étranger, certains depuis des années (l'un d'entre eux, par exemple, est détenu depuis quatre ans en Espagne) pour des faits liés au "terrorisme", a annoncé le 23 janvier le président de la Commission consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH, officielle), Farouk Ksentini. Ces Algériens sont détenus en Grande-Bretagne, en Espagne, en France, en Italie, en Allemagne et sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Farouk Ksentini assure que ces détenus bénéficient d'un suivi "sans relâche" des autorités algériennes, et affirme que le dossier de certains d'entre eux est vide

(AP 27.2) Le procès de l'Algérien rachid Ramda, accusé d'avoir participé à la préparation des attentats commis en 1995 en France (8 morts, 200 blessés), s'est ouvert le 27 février devant le Tribunal correctionnel de Paris, après son extradition de Grande-Bretagne en décembre 2005. Rachid Ramda est inculpé d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", et risque dix ans d'emprisonnement. Il a passé dix ans en détention en Grande-Bretagne en attente de son extradition et est accusé d'avoir participé aux actes préparatoires et au slutien logistique apporté aux poseurs de bombes. Son avocat a demandé le renvoi du procès en s'appuyant sur une enquête de l'Inspection générale de la police (IGPN) sur d'éventuels sévices commis à l'encontre des suspects des attentats, laissant supposer que des aveux aient pu être extorqués sous la torture. Or c'est notamment sur les aveux des personnes arrêtées en 1995, notamment Boualem Bensaïd (à qui Rachid Ramda avait envoyé 5000 livres sterling la veille d'un attentat), que s'appuie le dossier d'accusation.

Les deux principaux auteurs supposés des attentats de 1995 sont deux Algériens, Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, qui ont été condamnés en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité.

(Jeune Indépendant 5.3) Le ministère américain de la Défense a rendu publiques le 3 mars les transcriptions des auditions de 317 des 490 personnes officiellement détenues dans le camp de Guantanamo, sur le soupçon de terrorisme. Ce document contient les noms et nationalité des détenus. Un seul détenu algérien apparaît dans le document, Sofiane Barhoum. Selon une liste officieuse, 24 Algériens sont détenus à Guantanamo. Cette liste officieuse a été établie à partir des correspondances transmises par le Comité international de la Croix-Rouge. On estimait jusqu'alors ne pouvoir identifier précisément que huit Algériens détenus à Guantanamo, dont six avaient été enlevés par les services spéciaux américains en Bosnie, mais le président de la Commission nationale algérienne consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH, officielle), Farouk Ksentini, avait annoncé que seize Algériens étaient détenus à Guantanamo.

(Quotidien d'Oran 12.3 / L'Expression 26.3 / L'Expression, El Watan 28.3 / Liberté 30.3) Une délégation de magistrats algériens s'est rendue fin mars à Londres pour tenter d'aider à la résolution du dossier des expulsions vers l'Algérie de 17 ressortissants algériens, tout en plaidant "les vertus de la réconciliation" et en donnant à la Charte présidentielle un "écho international", selon une "source proche du ministère de la justice", citée par "L'Expression". Les magistrats algériens sont notamment porteurs d'un projet de loi amendant le Code de procédure pénale sur une dizaine de points, dont au moins un concerne les extraditions en renforçant (au moins rhétoriquement) la protection des libertés individuelles et le respect du principe de présomption d'innocence, et en instituant un contrôle des activités de la police judiciaire par le pouvoir judiciaire. La loi britannique interdisant au gouvernement d'extrader ou d'expulser une personne vers un pays où "elle risque un traitement inhumain et dégradant", les associations britanniques de défense des droits humains se sont toujours opposées à toute extradition ou expulsion vers l'Algérie, et les dix-sept Algériens détenus en Grande-Bretagne sur suspicion de terrorisme sont, pour cette raison, devenus inexpulsables, l'Algérie ayant au nom du respect de sa souveraineté refusé tout contrôle judiciaire extérieur. Londres avait en effet mis comme condition à leur expulsion la vérification par des magistrats britanniques du respect des garanties fournies par Alger sur le traitement des extradés. L'Ambassade algérienne à Londres rappelle que l'Algérie a signé les conventions internationales sur les droits de l'Homme, et a ajouté : "si les Britanniques ne nous font pas confiance, qu'ils gardent (nos ressortissants". Selon l'Ambassade, ce sont les Britanniques qui veulent extrader les 17 Algériens, en estimant qu'ils constituent "une menace sérieuse pour la sécurité nationale". Des accords ont été signés par la Grande-Bretagne avec la Jordanie, le Liban et la Libye pour faciliter les expulsions de ressortissants de ces pays, et c'est un accord du même type qui aurait du intervenir avec l'Algérie. Après la visite de magistrats algériens à Londres, c'est une délégation britannique qui s'est rendue à Alger le 17 mars pour examiner la conclusion de quatre accords portant sur l'extradition, la coopération judiciaire et la circulation des personnes.

Environ 300 ressortissants algériens, présumés membres, liés ou proches d'organisations islamistes armées, sont détenus à l'étranger, surtout en Grande-Bretagne, en Espagne, en France, en Italie, en Allemagne et dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba.

Une délégation algérienne composée de représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de la Défense s'est d'ailleurs rendue le 12 mars sur la base de Guantanamo pour s'entretenir sans témoin avec des détenus algériens, annonce "El Watan". Il s'agirait de la première visite officielle algérienne aux détenus algériens de ce camp d'internement. De 26 (selon les sources algériennes) à 30 (selon les sources américaines) Algériens y seraient détenus, dont six ont été enlevés par les services spéciaux américains en Bosnie. La délégation algérienne n'a pas été autorisée à s'entretenir avec deux ou trois détenus. Ces détenus, comme tous ceux de Guatnamao, sont considérés, le plus souvent sans pruve ni jugement, comme des "combattants ennemis constituant une menace pour les intérêts américains", et leurs conditions de détention, d'interrogatoire et de jugement violent à peu près toutes les conventions internationales s'appliquant à leur cas, à commencer par les conventions de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre.

"Liberté" rappelle par ailleurs que la justice britannique refuse depuis plus de deux ans de livrer à l'Algérie l'homme d'affaire Abdelmoumène Khalifa, dont le procès pourrait commencer en juillet prochain devant le tribunal criminel de Blida. Une centaine de personnes seront présentées à la barre, entre les inculpés (détenus, en liberté provisoire ou en fuite) et les témoins. Les accusations sont d'association de malfaiteurs, abus de confiance, escroquerie, abus de biens sociaux, transfert illégal de fonds à l'étranger, infraction à la réglementation des changes. Abdelmoumène Khalifa est sous le coup d'un mandat d'arrêt international que la Grande-Bretagne n'exécute pas.

(AFP 29.3) L'islamiste algérien Rachid Ramda a été condamné le 29 mars par le tribunel correctionnel de Paris a la peine maximale de dix ans de prison, assortie d'une interdiction définitive du territoire, et d'un euro symbolique de dommage et intérêts à l'association de victimes du terrorisme "SOS Attentats", partie civile au procès. pour sa participation aux attentats commis en 1995 en France, et revendiqués par les GIA, qui avaient fait huit morts et 200 blessés. Ramda a annoncé qu'il fera appel du jugement.

Ramda avait été extradé le 1er décembre 2005 de Grande-Bretagne, après y avoir passé dix ans en prison sous écrou extraditionnel (incarcération en attente d'extradition). Il était jugé en France pour "participation a une association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste". Il doit encore l'être pour sa participation effective aux attentats et risque pour cela la réclusion criminelle à perpétuité. La peine prononcée le 29 mars l'a été sur la base de l'accusation le présentant comme le décideur et le financier des attentats, et le "responsable de la propagande" du GIA qui avait revendiqué les attentats.

(Quotidien d'Oran 22.4) Le ministère américain de la Défense ("Pentagone") a publié une liste de 558 personnes détenues, ou l'ayant été, dans la base de Guantanamo (Cuba), où 490 personnes seraient toujours détenues, sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre elles. 25 Algériens figurent sur cette liste, dont les six kidnappés en Bosnie par les services spéciaux américains. Des ressortissants d 41 pays sont mentionnés sur la liste. Le plus gros contingent est saoudien (132 personnes), suivi par les contingents afghan (125), et yéménite (107). Outre les 15 Algériens, on note aussi trois Français (qui ont quitté Guantanamo pour la France en 2005), et même 22 Ouïghours chinois. La liste ne mentionne aucun cadre dirigeant de la Qaeda, ne cite que six Irakiens et les ONG de défense des droits humains estiment qu'elle est incomplète, et qu'il y manque les noms de près de 140 personnes traduites devant des tribunaux d'exception.

(Jeune Indépendant 21.5) Un ressortissant algérien, Fethi Boucette emprisonné depuis plus de quatre ans dans le camp américain de Guantanamo, à Cuba, a été libéré, a annoncé le ministère américain de la Défense ("Pentagone"). 25 autres détenus à Guantanamo, dont un Français, tous déclarés comme lui "non ennemis combattants" devraient être, ou ont été, également libérés. La décision de relaxe a été prise après des verdicts rendus par les tribunaux d'exception des commissions militaires.

Officiellement, 25 autres Algériens sont encore détenus à Guantanamo. Un seul, Sofiane Barhoum, a été entendu par une "commission militaire". Toujours officiellement, 558 personnes étaient détenues en avril dernier à Guatanamo.

(Liberté 1.6 / L'Expression, Liberté 4.6 / Le Jeune Indépendant 13.6 / Tawalt.com 16.6 / L'Expression 19.6 / AFP 30.6 / Quotidien d'Oran 5.7) Dix jours après l'attaque, le 23 mai, de camps militaires maliens, et la prise de la ville de Kidal, par des rebelles touaregs, ceux-ci et le gouvernement de Bamako se sont mis d'accord sur une proposition de médiation algérienne pour trouver une solution à l'affrontement, alors que le chef du GSPC dans la région, Mokhtar Belmokhtar, appelait à intensifier les actions armées au Mali et en Algérie. Des émissaires algériens ont rencontré le 10 et le 11 juin à Teghararrar des représentants de la rébellion touareg et établi un "plan de négociation", et des représentants des rebelles étaient attendus à la m-juin en Algérie pour transmettre aux autorités algériennes un cahier de revendications. Les rebelles demandent notamment un statut prenant en compte la spécificité nomade de la région de Kidal et des populations touaregs, et le respect des précédents accords conclus avec le gouvernement malien, qu'ils accusent de ne pas respecter. Ces accords, datant de 1992, avaient déjà été conclus (à Tamanrasset) sous l'égide de l'Algérie. Finalement, le 30 juin, un accord a été signé à Alger par les rebelles de l'"Alliance démocratique du 23 mai pour le changement" et le gouvernement malien, représenté par le ministre de l'administration territoriale, le général Kafougouna Koné. Cet accord prévoit l'abandon par les rebelles de la revendication de l'autonomie, et l'engagement du gouvernement à accélérer le développement des régions de Kidal, Gao et Tombouctou. Le ministre algérien des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui a déclaré que l'Algérie n'avait "ménagé aucun effort pour cet aboutissement" d'une crise qui ne pouvait "en aucun cas" la laisser "indifférente".

Le chef de la rébellion touareg au nord du Mali, le colonel Hassan Fagaga, a démenti tout lien avec le GSPC, et attribué à une "manipulation des autorités maliennes" l'hypothèse d'un tel lien. Pour Hassan Fagaga, c'est le gouvernement malien qui est "complaisant" avec les groupes armés islamistes, alors qu'aucun combattant touareg n'a jamais participé aux guerres afghanes. On signale par ailleurs que plusieurs centaines de familles touaregs ont fui le Mali pour se réfugier en Mauritanie.

En Mauritanie, les services de sécurité ont annoncé fin mai avoir interpellé plusieurs dizaines de membres et de partisans présumés de groupes armés liés au GSPC algérien. Trois membres (mauritaniens) présumés du GSPC algérien s'étaient échappés d'une prison de Nouakchott le 27 avril, dont deux étaient accusés d'avoir participé en juin 2005 à l'attaque d'un poste militaire mauritanien, à Leimghity (nord est) lors de laquelle 15 soldats mauritaniens avaient été tués. L'attaque avait été revendiquée sur internet par le GSPC. Selon la presse mauritanienne, les trois islamistes auraient admis faire partie du groupe armé algérien de Mokhtar Belmokhtar. Une "nébuleuse islamiste" est active depuis 2003 en Mauritanie. Le récent changement de régime, et l'impulsion donnée par le nouveau pouvoir à un processus démocratique, ont mis cette activité en veilleuse, mais les services de renseignements étrangers (notamment la DGSE française) tiennent toujours les "Cavaliers du changement" sous surveillance, et les Américains ont lancé un plan ("Flintlock", ou verrouillage) de sécurisation de la région. Pour autant, la connexion entre le GSPC et les réseaux de la Qaeda reste improbable, et semble relever surtout de l'autoproclamation de la part du GSPC. Elle n'a en tous cas jamais été confirmée de source clairement identifiable comme étant de la Qaeda

Une "Conférence nationale pour la libération de l'Azawad" a été créée à Rabat. Elle sera présidée par Aboubakr Al-Ansari et assure que "tous les Amazighs" y seront représentés.

(Tribune de Genève, Le Temps 9.6 / Le Monde, El Khabar 10.6 / Le Temps 17.6) Une "cellule" islamiste a été "démantelée" en Suisse, en France et en Espagne, a annoncé la Police fédérale suisse.. Sept personnes, originaires d'Afrique du nord, ont été arrêtées entre le 12 mai et début juin à Bâle et Zurich. Trois d'entre elles sont suspectées d'entretenir des relations avec des organisations islamistes algérienne (le GSPC) et marocaine. Le groupe est également suspecté d'avoir envisagé de commettre en Suisse un attentat contre un avion de la compagnie israélienne El Al, et d'avoir commis de nombreux délits pour se financer et financer une organisation "terroriste" (le GSPC algérien). Le 6 juin, six personnes ont été arrêtées en France. A l'été 2005, la police suisse avait alerté la police antiterroriste française, qui a découvert une "cellule de financement islamiste" organisée autour de deux frères déjà repérés pour leur engagement radical. Le groupe français, actif en Alsace et dans les régions parisienne et marseillaise, organisait des cambriolages et des vols, et transférait le produit de cette activité (130'000 euros au total, selon la police française) au GSPC. Il aurait également facilité le voyage de "djihadistes" d'Afghanistan vers la Suisse pour renforcer le groupe actif en Suisse. Selon des sources espagnoles, les fonds récoltés par le groupe étaient destinés au GSPC du sud algérien, et auraient notamment financé une embuscade à Tebessa, en mai 2005, et l'attaque d'un poste militaire à Lemghetty (Mauritanie), en juin. Les sources policières suisses sont plus prudentes. Elles attribuent la responsabilité du groupe à un certain Bassam Rifai, détenu en Suisse.

Selon le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, 1161 personnes ont été interpellées et 462 inculpées depuis mai 2002 pour des faits liés au "terrorisme".

En Espagne, le chef présumé d'une "cellule" islamiste, Salaheddine Berkoune, rechercjé par la police, s'est livré aux autorités et a été mis en détention le 8 juin. Il était en cavale depuis décembre, après le démantèlement de sa "cellule" de soutien et de financement du GSPC.

(Algeria-Watch 17.6) Le jugement du procès de la "filière tchétchène", dénomination médiatique des supposés réseaux islamistes dont les membres ont été arrêtés entre décembre 2002 et janvier 2005, a été rendu le 14 juin : les cinq principaux prévenus ont été condamnés à de lourdes peines, le principal accusé, Merouane Benahmed à 10 ans de prison.

Le procès concernait 27 inculpés. Les accusés l'étaient d'avoir projeté en France des attentats contre, en vrac, la Tour Eiffel, un grand magasin des Halles, des commissariats de police, des intérêts israéliens ou russes. Ni le genre d'attentats envisagé par les accusés, ni leurs objectifs, n'ont pu être clairement déterminés par le procès. Les avocats de la défense ont dénoncé un dossier "construit", des aveux "extorqués" et l'irrespect du droit. Plusieurs prévenus qui avaient avoué se sont retractés ensuite, et ont fait état de "tortures psychologiques et physiques" : coups, privation de sommeil, aveux extorqués en échange de remise en liberté, menaces d'extradition, mise en détention de proches.

(Jeune Indépendant 22.7 / L'Expression 25.7) Cinq ressortissants algériens ont été arrêtés dans la nuit du 20 au 21 juillet dans la nord de l'Italie, sur le soupçon de préparer des actes "terroristes" et de financer un groue terroriste (le GSPC). Selon les autorités italiennes, quatre des suspects, accusés d'appartenir au GSPC, ont été arrêtés sur ordre du parquet de Venise alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre l'Algérie et l'Irak pour y mener des opérations.

Un ex-lieutenant de l'armée de l'air algérienne a été libéré à la mi-juillet après cinq ans de détention. Il avait été arrêté lors d'une rafle à New-York, en 2001, après les attentats du 11 septembre, lorsque 1200 personnes, essentiellement des arabes et des musulmans non-arabes, avaient été raflés à l'aveugle sur le soupçon de liens avec le "terrorisme", soupçons jamais confirmés dans la quasi totalité des cas. Amnesty International a détaillé les cas de 762 détenus pour violation des lois sur l'immigration, arrêtés dans les premiers temps de l'enquête sur les attentats du 11 septembre.

Benemar Benatta était le dernier algérien détenu à titre préventif dans les prisons américaines. Après avoir été blanchi des accusations de "terrorisme", il était resté détenu pour immigration clandestine. Il a quitté les USA pour se rendre au Canada, où il a déposé une demande d'asile politique.

(El Watan 13.9 / Le Monde, El Watan, Le Quotidien d'Oran 16.9) Le "numéro deux" présumé de la Qaeda, Ayman Al-Zawahiri, dans un message diffusé le 11 septembre, a appelé le GSPC à devenir "une épine dans la gorge des croisés américains, français et de leurs alliés", et espéré que ce ralliement soit "source de dépit, de tristesse et de chagrin pour les apostats (le régime algérien), fils traîtres de la France".

Le GSPC a répondu le 13 septembre à l'offre de la Qaeda et, dans un communiqué diffusé sur internet, signé de l'"émir" présumé du groupe, Droudkel, alias Abou Moussad Abdelouadoud a proclamé son allégeance au réseau d'Oussama Ben Laden, promis de poursuivre le Djihad en Algérie et assuré que la France restait son "ennemi numéro 1", menace prise "très au sérieux" par le ministre français de l'Intérieur (et candidat à la présidence de la République), Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre Dominique de Villepin s'est contenté de confirmer qu'il existait une "situation de risque" terroriste en France. Pour certains spécialistes français, cette menace est lié à l'engagement de la France au Liban, évalué par les djihadistes comme dirigé contre la "résistance" libanaise (le Hezbollah) et destiné à protéger Israël. Selon des sources proches des services spéciaux français, entre 300 et 500 sympathisants du GSPC résideraient ou séjourneraient en France.

Toujours par le canal de l'internet, le GSPC publie un entretien avec son "émir" du Sahara, Mokhtar Belmokhtar, qui revendique l'attaque menée contre une caserne mauritanienne et, lui aussi, déclaré son allégeance à la Qaeda.

(AP 2.10 / Tribune de Genève, L'Expression 3.10) Trois membres (algériens) d'un réseau supposés du GSPC algérien ont été arrêtés en Italie le 2 octobre (en Lombardie et en Emilie-Romagne) et un quatrième (un Tunisien) en Suisse (à Zurich), une semaine auparavant, en même temps que deux autres personnes en Italie (à Naples). Les six personnes sont accusées d'"association de malfaiteurs dans un but de terrorisme international", et sont suspectées d'être liées à des attaques terroristes commises en Algérie en 2005, à Chlef et Biskra, lors desquelles 13 militaires et cinq gardes communaux avaient été tués. Selon les enquêteurs italiens, qui se félicitent de leur coopération avec les services de sécurité algériens, la "cellule" italienne du GSPC avait pour objectif de "promouvoir, financer et soutenir matériellement des actes de violence contre les institutions et le peuple de la République algérienne". Le groupe dont il sont accusés de faire partie se composait de 14 personnes originaires du Maghreb, et était dirigé par un membre du FIS résidant en Italie, après l'avoir été par Djamel Lounici. Il organisait un flux financier de soutien aux activités terroristes, dont le volume est évalué par la police financière italienne à 1,3 million d'euro. Le groupe est suspecté d'avoir des liens avec des groupes semblables en Espagne, en Belgique, en Grande-Bretagne et en France.

En juillet, cinq Algériens également accusés de "terrorisme", et pour quatre d'entre eux d'être membres du GSPC, avaient déjà été arrêtés près de Milan, et il y a une année une dizaine de mandats d'arrêt avaient été délivrés contre des Algériens résidant à Milan, et soupçonnés, eux, d'être proches des GIA.

(El Khabar, Le Quotidien d'Oran 12.10) Le président de la Fédération européenne des associations algériennes, Noureddine Belmeddah, a annoncé qu'environ 70 Algériens étaient détenus dans les prisons espagnoles sous condamnation, ou accusation, d'activités "terroristes" (ou de soutien au "Terrorisme"). Certains d'entre eux sont détenus depuis des années, sans charge.

(L'Expression 23.11) Selon un rapport du Comité du Conseil de sécurité de l'ONU, chargé d'étudier les activités de la Qaeda et des Talibans, sur un milier de personnes arrêtées par les autorités pakistanaises sur le soupçon d'activités terroristes, on dénombrait 70 Algériens (ainsi que 20 Marocains, 20 Egyptiens et 11 Libyens). Fin 2004, des sources algériennes estimaient à environ 280 le nombre d'Algériens présents en Irak ou aux frontières irakiennes, en attente de passer en Irak. Fin 2006, des dizaines d'Algériens sont détenus dans les prisons européennes, maghrébines, moyen-orientales, américaines ou pakistanaises, pour des faits (ou des accusations) de "terrorisme".

(El Watan 19.12) La condamnation (à dix ans d'emprisonnement et interdiction définitive du territoire français) infligée en mars dernier à l'islamiste algérien Rachid Ramda, pour sa participation aux préparatifs d'attentats commis à Paris en 1995, a été confirmée le 18 décembre par la Cour d'appel de Paris. Les attentats de 1995 avaient fait huit morts et 200 blessés. Arrêté à Londres en 1995, Ramda n'avait été extradé vers la France qu'en décembre 2005.

2007

(L'Expression 17.1 / Liberté 24.1 / Liberté 7.2) Sur 1550 "djhadistes" étrangers arrêtés en 2006 à la frontière syro-irakienne, plus de 200 étaient algériens, selon "L'Expression". Dans un rapport publié début 2006, les autorités syriennes ont affirmé avoir intercepté 163 Algériens qui tentaient de s'infiltrer en Irak entre avril 2003 et décembre 2005.Dans la seule région d'El Oued, en Algérie, huit jeunes auraient rejoint les rangs des combattants islamistes en Irak entre le 30 décembre et la mi-janvier, et un réseau qui avait recruté sept jeunes algériens et les avait envoyé en Irak a été démantelé en décembre. Une cinquantaine de jeunes candidats au départ vers l'Irak auraient en outre été interceptés avant leur départ par les autorités algériennes, en en trois ans 55 islamistes auraient rejoint l'Irak depuis la région d'El Oued. D'autres algériens ont rejoint l'Irak en partant d'Europe (d'Espagne, de Grande-Bretagne ou de France), où ils résidaient. Quelques uns disposaient de la double-nationalité franco-algérienne. Plusieurs algériens sont morts au combat en Irak, d'autres ont quitté les rangs des "djihadistes" sunnites, pour n'avoir pas à combattre d'autres musulmans (chiites) alors qu'ils étaient partis combattre les Américains et les alliés. Au lendemain de la prise de Bagdad par les Américains, l'ambassade irakienne à Alger avait été quasiment prise d'assaut par des Algériens se portant volontaires pour participer au combat contre l'envahisseur. En 2005, plus de 5000 combattants étrangers participaient aux opérations des différentes forces armées luttant contre la coalition occupante et le gouvernement irakien qu'elles ont installé à Bagdad. Fin 2004, les services de renseignement algériens estimaient à près de 380 le nombre d'Algériens présents dans les rangs des groupes armés irakiens, ou attendant à la frontière le moment de les rejoindre.

En Afghanistan également, des Algériens combattent dans les rangs des djihadistes. "Liberté" signale que des combattants salafistes étrangers (saoudiens, somaliens, algériens, notamment) s'entraîneraient dans un camp situé dans la zone "tribale" du Pakistan, frontalière de l'Afghanistan, camp qui serait dirigé par un Irakien.

(L'Expression 11.4) La transformation, réelle ou purement rhétorique, du GSPC en "Al-Qaïda pour le Maghreb arabe", annoncée par le groupe algérien et par le réseau international, laisse deux hypothèses contradictoires ouvertes : celle d'un élargissement du GSPC au Maghreb, et celle de la fusion dans une nouvelle organisation des mouvements salafistes armés d'Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye) et des pays sahéliens (Mauratie, Niger, Tchad). Cette deuxième hypothèse est celle que privilégie l'analyste marocain Mohammed Darif.

(L'Expression 18.6 / El Khabar 20.6) Plus de 320 Algériens étaient détenus à l'étranger à la fin 2006 sur l'accusation d'activités terroristes, ou de relations avec de telles activités. 25 Algériens sont détenus dans le camp américain de Guantanamo, à Cuba, et une septantaine seraient détenus au Pakistan.

Une quarantaine d'Algériens soupçonnée de vouloir rejoindre les rangs des combattants islamistes palestiniens et libanais sunnites ont été arrêtés en juin en Syrie. Les autorités syriennes les soupçonnent de vouloir rejoindre au Liban le "Fath el Islam". Selon le ministère algérien des Affaires étrangères, neuf Algériens sont détenus en Syrie, en sus de sept qui ont ou devraient être libérés, et de deux décédés dans un centre des services spéciaux syriens à Damas.

(Le Jeune Indépendant 30.7 / Le Quotidien d'Oran 3.11) Selon le ministre de la Justice Taïeb Belaïz, "il n'y a que 17 Algériens détenus à Guantanamo", sur les 26 présentés comme revendiquant cette nationalité (ou à qui cette nationalité avait dans un premier temps été attribuée par les Américains), et aucun n'aurait refusé de revenir en Algérie. Des discussions sont en cours sur leur rapatriement, qui "ne saurait tarder", selon l'Ambassadeur des USA à Alger, s'exprimant le 1er novembre. Une semaine auparavant, le ministre algéien de la Justice, Taïb Belaïz, avait affirmé que l'Algérie n'acceptera "aucune condition" pour le rapatriement de ses ressortissants détenus à Guantanamo, mais l'Ambassadeur américain a précisé que son gouvernement avait demandé des explications au gouvernement algérien sur les lois algériennes qui s'appliqueraient aux Algériens de retour de Guantanamo.



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