Algérie, chronique economique et sociale 1995-2001








Algérie, chronique économique et sociale 1995-1999



Mise à jour : 3 juin 2006
©Pascal Holenweg, Genève, 2006

En juin 1997, lorsqu'il avait passé en revue l'état de l'économie algérienne, le FMI était plutôt élogieux sur la gestion du président Zéroual. Rétablissement des équilibres macro-économiques, inflation ramenée à un seul chiffre, position externe singulièrement renforcée et, après plusieurs années de baisse de la production, retour de la croissance, exprimée en termes réels... que demander de plus ? Ah, si ! La "sécurité et la stabilité politique" auxquelles sont consacrées deux lignes sur les deux pages d'attendus. Avec la mise en avant de cette "précondition essentielle". Pour que les Algériens réapprennent à vivre en paix ? Non, pour favoriser les "investissements étrangers et les transferts de technologie nécessaires au développement du secteur privé"...
(Le Monde, 13 janvier 1998)

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1996

(AFP, 5.8, 13.10. 14.10) L'Algérie a privatisé 10 entreprises publiques et va lancer des appels d'offres pour la privatisation de 20 autres, a annoncé le Premier Ministre le 5 novembre. Ces privatisations sont effectuées sur injonction du Fonds Monétaire International (FMI).La Banque Mondiale demande à l'Algérie de céder 300 entreprises publiques dans le cadre d'un programme de privatisation de masse. Cette proposition a été faite le 13 octobre par des experts de la BM dans le cadre de "journées sur les méthodes de privatisation et les modes opératoires pour les privatisations de masse" tenues en présence de la presse algérienne et des correspondants étrangers. Les "experts" de la BM proposent la mise en vente de 300 grandes et moyennes entreprises publiques (soit le quart des entreprises publiques privatisables de l'Algérie), par la méthode de la distribution de "bons" (ou "coupons d'investissement") à tous les citoyens. Le 14 octobre, un responsable du Conseil national des participations de l'Etat, M. Tibaoui, a annoncé la privatisation prochaine d'un "lot" d'entreprises publiques et la dissolution de plusieurs entreprises locales (175 ont déjà été liquidées).

(AFP, 5.8, 2.11) Un Observatoire national de surveillance et de prévention de la corruption (ONSPC) a été créé par décret présidentiel. Ses prérogatives sont notamment la collecte et l'exploitation de l'information relative à la corruption pour "en tirer toutes les conclusions" et les transmettre aux "institutions et aux administrations chargées de prendre les mesures nécessaires". L'ONSPC est placée sous l'autorité du Chef du gouvernement et comprend huit spécialistes. Il est dirigé par un Conseil pleinier dans lequel sont représentés tous les secteurs concernés par la lutte contre la corruption. Des dizaines de responsables d'entreprises publiques et de l'administration ont déjà été inculpés et souvent écroués pour des affaires de corruption, de détournement de fonds et de mauvaise gestion -tels l'ancien directeur de la télévision, Zoubir Zemzou, et quatre de ses collaborateurs, inculpés et placés sous contrôle judiciaire pour transactions illicites, dilapidation des deniers publics et corruption. L'ancien ministre de la Justice Hamdani Benkhelil a été nommé samedi président de l'Observatoire national de prévention de la corruption (ONPC), créé pour lutter contre la corruption et recueillir des informations sur ce qui est considéré comme un "fléau" en Algérie.

(AFP, 30.8, 2.9, 4.9) Le gouvernement, les syndicats et le patronat (public et privé), patronat dont les trois confédérations ont fusionné pour créer le "Conseil Général du Patronat Algérien" (COGEPA) se sont mis d'accord le 30 août sur une réduction de 44 à 40 heures de la durée hebdomadaire du travail. L'abaissement de l'âge de la retraite de 60 à 55 ans est quant à lui renvoyé à "examen ultérieur", mais la réunion tripartite a proposé la "liberté de retraite" après 32 ans d'activité. L'UGTA avait demandé (et n'a pas obtenu) le relèvement du salaire minimum garanti (actuellement fixé à 4500 dinars, soit un peu plus de 100 FS). Par contre, les pensions de retraite seront revalorisées de 4 à 10 % (avec effet rétroactif au 1er avril), les allocations familiales passeront de 450 à 600 dinars par enfant et les primes de scolarité de 400 à 800 dinars.

(AFP 17.12) En 1995, le pouvoir d'achat des Algériens a chuté de 7 % selon l'Office national des statistiques (ONS). Le chômage touche 28,1 % de la population active selon les chiffres officielles. L'UGTA estime que 51'000 travailleurs vont être prochainement licenciés et que 350'000 autres salariés ne perçoivent plus leur traitement depuis deux mois à un an, notamment dans les secteurs du bâtiment, de l'édition, de l'alimentation du bétail, du transport de voyageurs et de la distribution. Toujours selon l'UGTA, 632 entreprises locales vont être dissoutes. Les statistiques officielles indiquent que 28,3 % des familles n'ont aucune personne pour subvenir à leurs besoins. Près de trois millions de salariés touchent moins de 10'000 dinars par mois (environ 250 FS). Pendant ce temps, les prix des denrées alimentaires de base ont flambé : un kilo de viande atteint 400 dinars (10 FS), soit un dixième du salaire mensuel d'une femme de ménage. De plus en plus de personnes ont recours pour survivre à la charité, notamment celle pratiquée dans les mosquées. Le nombre des mendiants (surtout des femmes, souvent accompagnées d'enfants en bas âge) va croissant. Les partis d'opposition, et certains partis soutenant le gouvernement, ont mis en garde contre le risque d'une "explosion sociale".

1997

(AFP 1.1.97, 4.1) Les exportations hors-hydrocarbures de l'Algérie se sont élevées à 538 millions de $ en 1996, selon un bilan annuel du gouvernement, destiné au Conseil national de transition. Ajoutées aux recettes des hydrocarbures (10,8 milliards), ces recettes ont permis de dégager un excédent de la balance commerciale de 2,916 milliards de $, contre un déficit de 1,209 milliards en 1995. Pour 1997, l'Algérie espère des recettes d'hydrocarbures de 11,5 milliards de $. Le rapport annonce des réserves en devises de 4,23 milliards de $ à fin 1996 (2,1 milliards fin 1995) et prévoit une inflation de 7 % en 1997, contre 16,5 % en 1996 et 29 % en 1995. La production globale d'hydrocarbures a enregistré une hausse de 6,5 % en moyenne (7,4 % pour le gaz naturel, 8,6 % pour le gaz naturel liquéfié et 7,1 % pour le gaz de pétrole liquéfié). En revanche, le rapport constate une importante chute (-12 %) de la production industrielle, notamment dans les secteurs des textiles et cuirs (- 36 %), de la sidérurgie-métallurgie (-29 %), de la chimie, des engrais et de la pharmacie (-16 %), des bois et papiers (-10 %). Quant aux investissements étrangers hors-hydrocarbures, ils se sont montés à 600 millions de $ en 1996, pour 103 investissements. Dans les hydrocarbures, l'Algérie a signé en 1996 24 accords de recherche, dont sept ont abouti à des découvertes. Selon le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, la croissance économique a atteint 4 % en 1996

(AFP 5.1) Les quotidiens "Liberté" et "El Khabar" ont annoncé le 5 janvier que plus de 50'000 travailleurs seront licenciés en 1997, principalement dans l'industrie et le bâtiment. "Liberté" évalue à 65'000 le volume des licenciements en 1997, dont 30'000 dans l'industrie, et à 130'000 dans les deux ans à venir. "El Khabar" a annoncé que 48 entreprises nationales ont reçu les décisions de leur dissolution, qui se traduiront par la perte de 56'000 emplois. 60'000 licenciements ont été enregistrée en 1996 et le taux de chômage atteint 28,1 % de la population active algérienne, soit 2,3 millions de personnes selon les chiffres officiels. Le Premier ministre Ouayhia s'est contenté quant à lui d'annoncer des "compressions importantes d'effectifs", sans donner de chiffres précis.

(AFP 5.1) Des poursuites judiciaires ont été engagées contre plus de 2500 personnes impliquées dans près de 800 affaires de corruption et délits économiques en 1996, selon le bilan présenté le 4 janvier au Conseil national de transition par le Premier ministre Ouyahia. 691 gestionnaires d'entreprises, institutions et collectivités locales sont poursuivie dans le cadre de 280 affaires de corruption et de trafic d'influence; 24 d'entre eux ont été condamnés, 385 sont en détention préventive, 269 en liberté provisoire et 13 sont en fuite. 1'843 autres personnes sont poursuivies dans le cadre de 515 affaires de "détournement, dilapidation des deniers publics, conclusion de contrats en violation de la législation et autres atteintes au patrimoine économique"; 711 de ces personnes sont en détention préventive, 1022 en liberté provisoire ou sous contrôle judiciaire et 110 sont en fuite. Parmi les cadres emprisonnés figurent notamment les dirigeants de l'entreprise publique de sidérurgie Sider, qui emplie plus de 22'000 personnes.

(AFP 16.2, 23.2) L'Algérie a exporté 94,4 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) d'hydrocarbures en 1996, pour une recette de 12,6 milliards de $, selon le directeur de la Sonatrach, Nazim Zouiouèche. Ce chiffre représente une augmentation de 10 % en quantité (augmentation des exportations) et de 28 % en recettes augmentation des exportations multipliée par l'augmentation du prix du baril) par rapport à 1995. La production globale de la Sonatrach en 1996 a atteint 177,8 millions de TEP, soit 6,1 % de plus qu'en 1995, la compagnie a réalisé 22 forages au cours de l'année écoulée, dont 10 ont obtenu des résultats positifs, dont 8 ont été réalisée en partenariat avec des sociétés étrangères. Selon le ministre de l'Industrie et des mines, Ammar Makhloufli, les réserves algériennes d'hydrocarbures sont de 9 milliards de tonnes de pétrole et 5100 milliards de m3 de gaz en 1996. Le taux de récupération des gisements de pétrole est estimé à 28 % et devrait atteindre 35 à 40 % vers l'an 2000. Quant aux exportations de gaz, elles devraient atteindre 60 milliards de m3 en l'an 2000, avec la mise en service totale du gazoduc Maghreb-Europe (qui déssert déjà l'Espagne et le Portugal).

(AFP 17.2, 19.2) Les négociations entre l'Algérie et l'Union Européenne pour la signature d'un accord d'association débuteront le 4 mars, a annoncé le 17 février le ministre algérien de l'Industrie et de la restructuration, qui a précisé que "la mise en place et l'instauration des règles et mécanismes du commerce international seront sans doute au centre de ces négociations". Le coordinateur du partenariat euro-méditerrannéen, le Néerlandais Ronald van Beuge, est arrivé à Alger le 18 février pour une visite de travail s'inscrivant dans les préparatifs de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des 27 pays du Partenariat.

(AFP 17.2) La compagnie aérienne (publique) Air Algérie s'est transformée en société par actions, a annoncé le 17 février un communiqué de l'entreprise dont les statuts consacrent désormais l'autonomie à l'égard du gouvernement. Le PDG d'Air-Algérie, Fayçal Khellil, a été maintenu dans ses fonctions par le Conseil d'administration. La compagnie emploie 9000 personnes et a enregistré en 1995 un déficit de 2,5 milliards de dinars (environ 65 millions de FS) selon les chiffres officiels.

(AFP 20.2) La production céréalière algérienne a été de 49 millions de quintaux en 1996, et non de 46 millions comme annoncé précédemment, selon le chef du gouvernement, qui attribue cette production record (qui ne couvre cependant pas les besoins du pays, mais permet de diminuer les importations) à une bonne pluviométrie, à l'encouragement des agriculteurs grâce à des aides publiques et à l'augmentation des surfaces emblavées. La production laitière a augmenté de 15 % en un an, le Trésor public ayant débloqué 15 milliards de dinars (environ 400 millions de FS) pour assainir les entreprises laitières publiques. Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé la dissolution de l'Office des approvisionnements en produits agricoles (ONAPSA), qui accuse un déficit de 6 milliards de dinars (environ 150 millions de FS).

(AFP 23.2) Quelque 130'000 postes de travail seront supprimés d'ici fin 1998 en Algérie, a annoncé le 22 février le ministre de l'Industrie et de la restructuration industrielle, Abdesselam Bouchouareb. 40 entreprises nationales et 363 entreprises locales ont déjà été dissoutes et 10'000 salariés touchés par les "compressions d'effectifs" en 1996. 200 entreprises locales et 50 unités industrielles nationales seront privatisées en 1997 et 1998. Aux termes des amendements récents à la loi sur la privatisation, les entreprises privatisées pourront désormais être achetées à crédit, les acquéreurs ne seront plus tenus d'y maintenir la même activité et des actions seront proposées à la vente aux salariés.

(AFP 2.3) Le Conseil national de transition a adopté le 2 mars une série d'amendements à la loi sur la privatisation d'août 1995. Ces amendement instaurent notamment l'"actionnariat populaire" : les actions des entreprises publiques à privatiser pourront être achetées par le public, avec une quote-part pour les salariés de l'entreprise, qui ne seront cependant pas représentés au Conseil d'administration et n'auront pas le droit de vote. Les acquéreurs pourront également payer à crédit, et auront l'obligation de maintenir l'entreprise en activité et une partie des emplois. Plus de 250 entreprises publiques seront vendues en 1997 et 1998, et 130'000 emplois supprimés, selon le ministre de l'Industrie et de la restructuration, Abdesselam Bouchouareb.

(AFP 5.3) La semaine de 40 heures, instaurée à la suite de négociations entre le gouvernement et les syndicats, entrera en vigueur le 11 mars, sans baisse des salaires. La durée légale du travail est actuellement en Algérie de 44 heures hedomadaires. Selon la centrale syndicale UGTA, la réduction du temps de travail devrait permettre la création de nouveaux emplois et la limitation des compressions d'effectifs.

(AFP 5.4) L'Algérie a enregistré un taux d'inflation de 9,8 % en février 1997, selon le ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui. C'est la première fois depuis 1962 que le taux d'inflation en Algérie descend au dessous de 10 %. En 1996 et en moyenne annuelle, ce taux avait été de 18 %. Le ministre des Finances a également annoncé que les réserves de change de l'Algérie avaient atteint fin mars le niveau, record, de 5,3 milliards de $, soit 1,1 milliard de $ de plus en trois mois. Le volume de ces réserve correspond à six mois d'importations. L'Algérie a obtenu des instances financières internationales des différés de remboursement de sa dette extérieure de plus de 16 milliards de $.

(AFP 7.4) La première zone franche algérienne a été créée le 5 avril au terme d'un décret signé par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Cette "zone franche industrielle et d'exportation" (ZFIE) est implantée à Bellara, dans le département de Jijel, à proximité du port de Djendjen et d'une centrale électrique, ainsi que d'un aéroport, à une heure des villes de la côte nord de la Méditerrannée (Bercelone, Marseille, Naples).

(AFP 25.4) Le salaire national minimum garanti (SNMG) sera relevé de plus de 30 % et les rémunérations des fonctionnaires de 20 %, a indiqué le 25 avril une source syndicale à l'issue d'une réunion tripartite gouvernement-syndicat-patronat commencée la veille. Le SNMG sera porté "progressivement" de 4500 à 6000 dinars (120 à 160 FS environ), et le salaire des fonctionnaires sera augmenté de 20 % en quatre étapes.

(AFP 28.4) Le gouvernement algérien va lancer une opération de privatisation de masse avec distribution gratuite de coupons, dont 10 % seront réservés aux familles des "victimes du terrorisme", 40 % aux jeunes demandeurs d'un premier emploi, 40 % aux travailleurs licenciés et 10 % à la "famille révolutionnaire" (anciens combattants, enfants d'anciens combattants et enfants des "martyrs" de la guerre d'indépendance.

(AFP 28.4) Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a écarté tout rééchelonnement de la dette algérienne (32 milliards de $ fin 1997, contre 34,5 fin 1996), et tout nouvel accord avec le FMI. M. Ouyahia a estimé que l'économie algérienne amorçait une "remontée fragile". Il a en outre indiqué que le groupe sud-coréen Daewoo, déjà propriétaire de l'hôtel Hilton d'Alger, avait postulé pour l'acquisition de deux groupes industriels algériens, le Complexe de véhicules industriels de Rouiba et l'usine de fabrication de produits électroniques de Sidi Bélabès.

(AFP 3.5) L'Algérie a réalisé en 1996 un excédent commercial de 4,3 milliards de $, selon un rapport du Conseil national économique et social (CNES), qui explique cet excédent par la hausse du prix du baril de pétrole et une baisse de près de 1,7 milliards de $ des exportations. Les hydrocarbures ont constitué 93,1 % des exportations. La France demeure le premier fournisseur de l'Algérie (24,52 % des importations), mais le CNES relève une baisse de la consommation en raison de "la dégradation continue du pouvoir d'achat sous l'effet des hausses successives des prix". La consommation quotidienne de semoule est par exemple passée de 5400 tonnes en 1994 à 4200 tonnes en 1996. Le CNES relève également des "perturbations du marché intérieur" provoquées par un "approvisionnement irrégulier en produits de large consommation", dû à la "situation financière fortement destructurée des entreprises publiques" qui n'ont pas pu reconstituer leurs stocks.

(Reuter 12.8) La hausse des prix pétroliers et celle du dollar ont permis de réviser à la baisse les prévisions de déficit budgétaire de l'Algérie pour 1997, selon un projet de loi de finance complémentaire qui sera présenté par le gouvernement à l'Assemblée populaire nationale. Le déficit budgétaire s'établirait à 64,72 milliards de dinars (1,15 milliard de $) au lieu des 84,7 milliards de dinars (1,51 mias de $) prévus. Le total des recettes s'élevera dans le nouveau budget à 881,5 milliards de dinars (15,74 mias de $) au lieu des 829,4 milliards de dinars prévus. Les dépenses augmentent également, mais dans une proportion plus faible (ce qui permet de réduire le déficit), en passant de 914,1 milliards de dinars selon les premières prévisions à 946,22 milliards selon les dernières. Ce réajustement budgétaire est dû essentiellement à l'augmentation du volume (+ 7,9 %) et surtout de la valeur (+ 13,1 %) des exportations de pétrole et de gaz des cinq premiers mois de l'année, par rapport à la même période de 1996. Les exportations de pétroles et de gaz devraient rapporter 1 milliard de dollars de plus qu'initialement prévu. Les exportations de pétrole et de gaz avaient déjà rapporté en 1996 29 % de plus que l'année précédente.

(Reuter 13.8) Une dizaine de responsables de banques et d'entreprises ont été condamnés à des peines de prison pour divers délits économiques, ont annoncé le 13 août des tribunaux algériens. Un responsable de la Banque national d'Algérie (BNA) a été condamné à 18 ans de prison par le tribunal de Laghouat pour détournement de fonds publics et fraude. Le tribunal de Skikda a condamné le receveur des postes d'Azzaba à 20 ans de prison pour détournement de fonds. Quatre acquittement ont été prononcés mais une quarantaine de personnes, notamment des caissiers de banque et un chef de service de la BNA à Oran doivent encore être traduits en justice pour des délits économiques. Dans deux municipalités, des responsables désignés par le gouvernement pour se substituer aux élus islamistes sont poursuivis pour corruption, trafic d'influence, dilapidation de deniers publics ou faux documents. Fin juillet, un tribunal de Djelfa a condamné à mort par contumace 22 personnes pour détournement d'avoirs d'entreprises publiques.

(AFP 17.8, 20.8) L'Assemblée nationale a adopté le 17 août par 245 voix contre 72 et 26 abstentions le programme économique triennal présenté par le Premier ministre Ouyahia. Les principaux axes de ce programme sont l'accélération des privatisations, notamment des domaines agricoles, et la réforme du système financier. Par ailleurs, des rentrées pétrolières supérieures aux prévisions, dues à l'augmentation du prix et des ventes d'hydrocarbures, ont permi au gouvernement d'exclure tout nouveau rééchelonnement de la dette extérieure algériennes (33 milliards de dollars). Dans une allocution télévisée lée 19 août, le président Zéroual a estimé que l'Algérie avait "commencé à redresser sa situation économique et à desserrer l'étau qui l'étouffait durant ces dernières années, dans le domaine financier" et a annoncé des "signes précurseurs d'un retour à la croissance de l'économie algérienne".

(El Moudjahid, 7.8, Le Monde 2.9) Le taux de chômage de la population active algérienne a atteint 28,3 % en mai 1997. 85 % des chômeurs algériens ont moins de 30 ans, 68 % n'ont jamais travaillé, 65 % ne sont ni qualifiés ni "parparés à un travail", 65 % ont un niveau d'instruction inférieur au secondaire. 91,5 % des chômeurs algériens sont des hommes -ce qui laisse supposer un très grand nombre de femmes chômeuses mais non déclarées comme telles et confinées au foyer. La durée moyenne moyenne de chômage atteint 33 mois. 2,2 millions d'Algériennes et d'Algériens étaient au chômage en mai 1997. 130'000 personnes devaient à cette date être licenciées avant la fin de l'année dans le cadre des restructurations économiques, des privatisations et des fermetures d'entreprises publiques. Selon un document confidentiel du FMI, pour "réduire le taux de chômage" en Algérie, il faudrait "une croissance du PNB hors hydrocarbures de l'ordre de 6 % par an à moyen terme", ainsi qu'une production privilégieant les emplois "à haute intensité de travail".

(AFP 15.9) La première Bourse algérienne entrera en activité avant la fin de l'année 1997, a annoncé le 15 septembre le ministre algérien des Finances. Une commission d'organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB) a déjà été mise sur pied, présidée par l'économiste Si-Ali Boukrami, ainsi qu'une société de gestion des valeurs en bourse (SGVB).

(El Watan, 25.9) Le Premier ministre Ouyahia a annoncé le 21 septembre à la télévision la décision de dissoudre l'entreprise nationale (publique) du livre, l'ENAL, qui dispose notamment d'une imprimerie, de cinq dépôts et de 74 librairies en Algérie. Les librairies et les dépôts de l'ENAL pourraient, après leur rachat, être transformés en n'importe quel type de commerce. "Nous refusons que ces espaces" voués à la diffusion du livre et de la culture "se transforment en pizzerias et en gargotes", a déclaré à "El Watan" l'un des libraires de l'ENAL. Les salariés de l'entreprise ont lancé un appel au président Zéroual ainsi qu'aux "hommes de lettres et aux intellectuels" pour que la dissolution de l'ENAL, qu'ils qualifient de "crime généralisé", soit annulée. L'ENAL emploie 580 personnes. Les libraires de l'ENAL et les éditeurs privés ont exprimé leur solidarité avec les salariés de l'entreprise.

(APS 22.10, Le Monde 23.10) Le Conseil national de privatisation a signé le 21 octobre à Alger quatre protocoles d'accord sur l'évaluation de 104 entreprises publiques économiques et 88 entreprises locales, toutes soumises à une privatisation totale. Le ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui a annoncé au "Monde" la privatisation de "250 unités industrieléles (...) dont certaines de grande taille" avec à la clef une réduction des effectifs de leur personnel et un "assainissement" de leurs finances, pour "mettre sur le marché des entreprises viables" et non "des canards boîteux".

(Le Monde 23.10) "L'Algérie ne signera pas de nouvel accord avec le Fonds Monétaire International" à l'expiration (printemps 1998) des accords qui la lient encore au FMI, a déclaré le 21 octobre au "Monde" le ministre algérien des Finances Abdelkrim Harchaoui. Le ministre a expliqué cette décision en déclarant que l'Algérie n'avait "plus besoin de soutien pour rembourser (sa) dette extérieure. Les grands équilibres économiques sont rétablis et les recettes tirées de l'exportation des hydrocarbures vont augmenter les prochaines années". Les réserves de change de l'Algérie sont évaluées par le ministre à 7,5 milliards de $, soit neuf mois d'importations, et la dette extérieure à 32 milliards de $. Abdelkrim Harchaoui justifie le maintien d'un si haut niveau de devises plutôt qu'une politique de relance de la prodiction industrielle hors hydrocarbures pour résorber le chômage, par la volonté de "prouver que l'Algérie reste une bonne signature, un pays auquel on peut continuer à prêter de l'argent" et par la promesse gouvernementale d'assurer la convertibilité du dinar. M. Harchaoui prévoit pour 1998 une croissance du PIB de 5 %.

(APS 28.10) Selon le Conseil national économique et social (CNES), le taux d'inflation annuel a atteint 6,9 % de juin 1996 à juin 1997. Durant cette même période, le solde global positif du Trésor est passé de 34,3 milliards de dinars à 68,3 milliards. Le CNES relève cependant un recul du niveau de la croissance, en dépit d'une hausse de 3,3 % dans le secteur des hydrocarbures au premier semestre 1997. Durant cette même période, le production industrielle hors hydrocarbures du secteur public a baissé de 5,9 %, celle de l'agriculture de 24 % (a cause notamment d'une sévère sécheresse, mais sans doute aussi de la situation "sécuritaire" dans certaines zones agricoles, comme la Mitidja). L'activité commerciale a également été frappée de "morosité" du fait du "tassement de la demande en raison du reflux des importations". La part du secteur privé dans les échanges commerciaux est passée de 40 à 42 % entre juin 1996 et juin 1997.

(AFP 1.11) L'Institut international d'études stratégiques (IISS) a chiffré à 4 % du PIB l'effort de guerre consenti par l'économie algérienne, et le budget de la Défense à près de 2 milliards de $ (1,4 mia en 1995).

(Reuters 19.11) Plusieurs hommes d'affaire et des responsables d'établissements bancaires et d'entreprises publiques ont été condamnés le 19 novembre à de lourdes peines de prison pour des élits de corruption. Un tribunal d'Alger a condamné le responsables des traites au sein de la Banque nationale à 5 ans de prison pour détournement de fonds, et le directeur de la succursale de Cheraga de la Banque pour l'agriculture à la même peine pour dilapidation des fonds publics. Son adjoint et un opérateur bancaire local ont écopé de dix ans de prison. D'autres directeurs d'entreprises ont été condamnés à des peines de prison à Batna, Tizi Ouzou et Oran.

(APS 22.11) La création d'un "Observatoire national des petites et moyennes entreprises" sera officiellement annoncée à la fin de l'année. L'observatoire mettra en place une banque de données capable de recenser les industries et les investissements et d'établir une relation professionnelle avec et entre les PME.

(APS 26.11, 29.11) Des seuils de non-imposition, en dessous desquels les contribuables seront exemptés de l'impôt sur le revenu, ont été définis par le projet de loi de finances (budget) 1998, présenté à l'Assemblée nationale par le gouvernement algérien. Ces seuils sont de 6000 dinars par mois pour les personnes mariées avec enfants, 6160 pour les célibataires et 7160 pour les personnes mariées sans enfants. Le projet de budget 1998 prévoit des recettes de 901,5 milliards de dinars et des dépenses de 976,7 dinars. Il prévoit une hausse de 3,5 % des investissements, de 13 % des budgets d'équipement des infrastructures économiques et de 23 % des budgets de la formation et de l'éducation. Les députés ont notamment critiqué l'insuffisance de l'enveloppe budgétaire du Fonds national du logement (20 mias de dinars), à quoi le ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui a répondu qu'en sus de cette enveloppe le FONAL sera doté de 52 mias de DA supplémentaires et que 50 mias de DA sont prévus à titre d'avance pour les entreprises de construction de logements. Aux députés qui jugeaient trop élevé le budget de la Défense, le ministre a répondu qu'il ne représentait que 4 % du PIB.

(Reuters 6.12, APS, Le Tribune 7.12) Selon des statistiques officielles, le conflit algérien aurait coûté 3 milliards de $ de pertes économiques à l'économie nationale depuis mai 1992, notamment du fait d'opérations de sabotage menées contre les secteurs des télécommunications, les infrastructures routières et ferroviaires et des unités industrielles. L?UGTA (syndicat unique) estime pour sa part à "plus de 800 milliards de dinars" la "facture des actes terroristes commis entre 1991 et 1996". Les sites de production et d'exportation de gaz et de pétrole ont par contre été épargnés : ces sites stratégiques font l'objet d'une protection et d'une surveillance maximales.

(APS, Le Matin, 14.12) Le 13 décembre, l'Assemblée nationale populaire a adopté le projet de loi de finances (budget) pour l'exercice 1998. Cette loi prévoit des recettes de 901,5 milliards de DA et des dépenses de 980,22 mias de DA, soit un déficit de 78,72 mias DA. Elle a été élaborée sur la base d'un prix du baril de pétrole de 18 $, soit des recettes d'exportation des hydrocarbures de 12,5 mias de $, avec 9,5 mias $ d'importations et un PIB de 3020 mias de DA.

(APS, La Tribune, 17.12) Un projet de loi va être soumis à l'assemblée nationale, permettant la privatisation (par vente ou location) de terres agricoles relevant du secteur public. 2,6 millions d'hectares sont concernés, qui pourraient être achetés ou loués par les agriculteurs bénéficiant déjà d'un droit de jouissance, des anciens combattants ou les "ayant-droit".

(APS 21.12) Le montant du salaire national minimum garanti (SNMG) algérien a été fixé à 5400 dinars mensuels à partir du 1er janvier 1998, soit 31,15 DA de l'heure pour une durée de travail de 173 heures 20 minutes par mois.

(APS 22.12) Selon des estimations officielles, le taux annuel d'inflation sera en Algérie de 4,2 % en 1997 et les réserves de change algériennes se monteront à 7,5 milliards de dollars.

(APS 22.12) Dans les premiers mois de 1998 devraient s'engager entre l'Algérie et l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) des négociations sur l'adhésion de la première à le seconde, et sur ses aspects concrets. Pour les autorités algériennes, selon les termes de l'agence officielle APS, "une telle adhésion est in.évitable et incontournable" et "l'Algérie doit s'intégrer à la globalisation", mais "les coûts sociaux et économiques à supporter seront grande" et l'adoption des "règles de l'économie de marché" ne pourra se faire "qu'au prix d'importantes réformes". Un comité interministériel a été mis en place pour "piloter et gérer les différentes phases du processus de négociation".

1998

(APS 19.1) La COFACE (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) estime dans son dernier rapport sur les "risques pays" que l'Algérie présente à court terme un "risque faible pour les investisseurs étrangers", notamment du fait que "le pays est un acteur important dans le dialogue euro-méditerranéen" et qu'il "bénéficie de l'appui de l'Union européenne". La COFACE estime que le taux de croissance de l'économie algérienne devrait s'établir en 1998 aux environs de 5 % (+ 0,5 %), celui de l'inflation à 4,6 % (- 2,3 %) et le déficit public à environ 1 % du produit intérieur brut. "Le programme d'ajustement structurel a permis de rééquilibrer les finances publiques", se félicite la COFACE.

(APS 20.1) Le gouvernement algérien a consacré le 7 janvier la création d'une "Caisse de garantie des marchés publics", qui sera opérationnelle dans le premier trimestre 1998 selon le ministère des Finances. Cette caisse sera chargée de "facliter l'exécution financière des marchés et commandes financés sur le budget de l'Etat" en permettant notamment aux entreprises titulaires de marchés et commandes publics d'obtenir des avances de fonds auprès des établissements bancaires.

(Le Monde 23.1) Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 21 janvier à Alger, près du Palais du Peuple, contre la dissolution de leur entreprise publique, l'ECOTEC (entreprise de travaux publics) par la holding d'Etat qui la contrôle. Cette décision a été notifiée par un simple fax aux directeurs des différentes unités du groupe, qui emploie plus de 2000 personnes, charge à eux d'avertir les salariés. Les manifestants dénoncent dans cette dissolution, qu'ils qualifient d'"abusive, arbitraire et irréfléchie", un "massacre à grande épchelle pour l'Algérie". L'entreprise aurait en effet deux ans de travail devant elle, ne connaît pas de retard dans le paiement des salaires et a déjà réduit ses effectifs de moitié depuis 1995. Les salariés se sont adressés le 20 janvier aux pouvoirs publics et au syndicat unique UGTA. La direction de l'entreprise n'en confirme pas moins que l'entreprise va être "dissoute" et "redéployée".

(APS 29.1) Des estimations faites à partir de renseignements obtenus auprès d'opérateurs étrangers engagés dans l'exploration pétrolière en Algérie font état de dix découvertes de gisements d'hydrocarbures en 1997, dont neuf dans le bassin de Hassi Berkine (Ghadames). Les dix découvertes ont été le fait de cinq compagnies "anglo-saxonnes", dont trois américaines, ce qui selon le bimensuel spécialisé français "pétrole et gaz arabes" confirme la "montée en puissance" des groupes américains dans l'exploration d'hydrocarbures en Algérie depuis le début des années '90.

(APS 2.2) L'Agence de promotion et de soutien à l'investissement a annoncé avoir enregistré plus de 8700 déclarations d'investissements, dont plus de 240 émanent de partenaires étrangers.

(Reuters 7.2) Le Premier ministre Ouyahia a affirmé le 6 février à l'Assemblée nationale populaire que l'Algérie ne serait pas obligée de demander un allègement de sa dette extérieure, et a fait valoir qu'avec des réserves en devises équivalent à 8,5 milliards de dollars, l'Algérie avait les moyens de rembourser ses dettes et d'acquitter ses importations.

(APS 12.2) L'emprunt obligataire de 5 milliards de dinars, lancé le 10 janvier par la Sonatrach, a été couvert 15 jours avant la date prévue (le 28 février). 115'000 titres ont trouvé preneur.

(JGE 14.2) Les résultats d'une recherche du journaliste Hocine Khalden sur l'aménagement du trerritoire en Algérie, à partir d'enquêtes sur le terrain dans la Mitidja et l'Oranais, mettent en évidence les rapports entre la violence et l'appropriation des terres. Les lieux des massacres sont dans un premier temps, après les massacres, abandonnés par les rescapés qui "ont tellement peur qu'ils partent sans se retourner, sans même s'occuper de leurs biens". L'Etat, encore propriétaire de la majeure partie du domaine foncier, récupère alors les terrains abandonnés et lance une procédure de "désistement" pour les vendre au plus offrant par l'intermédiaire des coopératives immobilières. Cette procédure va profiter essentiellement à la Nomenklatura : "militaires, fils de militaires, ministres, cousins de ministres", captation rendue possible par la "corruption ou au moins (la) complicité d'une bonne partie de la chaîne de responsabilités"- Les dossiers doivent recevoir l'aval du Wali (préfet) après avoir été déposés auprès des maires, c'est-à-dire jusqu'aux récentes élections municipales, les "délégués exécutifs communaux" (DEC) nommés par le pouvoir pour prendre la place des maires islamistes élus en 1991. Depuis septembre 1997, les DEC ont été remplacés par de nouveaux maires élus, dont la majorité sont affiliés au "parti présidentiel" (RND). Le contrôle des institutions locales étant ainsi assuré, les "gens proches du régime"bpeuvent "profiter du mécanisme" de redistribution foncière en contournant la loi qui stipule qu'une seule personne ne peut déposer qu'un seul dossier auprès des coopératives immobilières. Les prébendiers useront donc de "prête-noms" pour ouvrir plusieurs dossiers, pratique facilitée par l'imprécision et la non actualisation des cadastres. Résultat selon Hocine Khalden : les grands propriétaires aggrandissent à bas coût (80 à 200 dinars le m2) leurs "ranches" -lesquels ont d'ailleurs été mytérieusement épargnés par les violence. Ils récupèrent ainsi des terres qui leur avaient été confisquées pour être redistribuées aux petits paysans dans les années '70- Cette reprivatisation et cette reconcentration de la propriété privée foncière prend tout son sens lorsque l'on sait que dans les régions étudiées, proches d'Alger et d'Oran, on a besoin de dizaines de milliers de logements nouveaux chaque année, que le marché de la construction est "anarchique", que les marges de bénéfices y sont énormes et que l'on évalue à au moins 100'000 le nombre de chantiers actuellement entrepris sans le moindre permis.

(APS 26.2, 28.2) Le ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui a signé un arrêté autorisant la cession de 301 entreprises publiques locales dissoutes à leurs travailleurs, constitués en sociétés à partir de collectifs de repreneurs. La plus grande partue de ces entreprises (173) sont actives dans le secteur du bâtiment. Les autres sont actives dans l'équipement (30 entreprises), l'industrie (25), les transports (21), l'agro-alimentaire, le commerce et l'artisanat.

(APS 23.2, 14.2) Le secteur de l'industrie pétrolière algérienne est actuellement en pleine phase de restructuration : la Sonatrach a été réorganisée, dotée d'un Conseil d'administration présidé par un PDG nommé par le Président de la République, et d'une Assemblée générale composée de membres du gouvernement et de représentants de la Banque d'Algérie. Parallèlement, un processus de concentration est en cours au profit de la Sonatrach : le Conseil national de l'énergie a préconisé le rattachement à la Sonatrach de trois entreprises (Naftec, Enip et Naftal). Le Conseil national des participations de l'Etat a procédé au transfert à la Sonatrach de 51 % des actions détenues par le holding "Réàalisations et grands travaux" dans six entreprises de services pétroliers (GTP, ENTP, Enafor, Enageo, ENSP).

(APS, Al Chaab 3.3) 2300 travailleurs licenciés par l'entreprise publique de transports des voyageurs du centre (TVC) ont finalement été réintégrés dans l'entreprise au terme de négociations entre sa direction et l'UGTA. Par ailleurs, la grève des travailleurs du secteur agro-alimentaire a été suspendue dans l'attente d'une rencontre entre le Premier ministre et le secrétaire général par intérim de l'UGTA.

(APS 5.3) Les résultats de production de la pêche ont été largement inférieurs aux prévisions en 1997, avec 100'000 tonnes pour un stock pêchable de 160'000 tonnes. Selon le secrétaire d'Etat chargé de la pêche A bdelkader Hamitou, ce mauvais résultat est dû à la mauvaise exploitation des potentialités en zone côtière et à leur inexploitation s'agissant de la pêche hauturière et de l'aquaculture -cette dernière étant pratiquement inexistante en Algérie.

(APS 6.3) Une mission de la Banque Mondiale se rendra en Algérie au début du mois d'avril dans le cadre du suivi des opérations de privatisation. Une délégation d'hommes d'affaire privés algériens a été rçue le 5 mars à New-York par les responsables du département "Maghreb" de la Banque Mondiale, dont le responsable, Christian Delvoie, a suggéré aux Algériens la mise en place d'une "structure de concertation" capable d'aider le secteur privé à accéder aux crédits accordés à l'Algérie par la BM.

(APS 8.3, 9.3) 87 entreprises publiques locales dissoutes dans douze wilayas de l'est ont donné naissance à 140 petites unités privées créées sous formes de sociétés par action (SA) ou sociétés à responsabilité limitée (SàRL), formées par d'anciens salariés des entreprises dissoutes. Au début du mois de mars, 64 entreprises publiques locales de l'ouest (sur 73 entreprises publiqes locales dissoutes) avaient été "cédées" à leurs anciens salariés, qui ont créé 117 sociétés privées. Dans les 9 wilayas du centre, une centaine de sociétés privées sont en cours de constitution à partir d'entreprises publiques locales dissoutes.

(APS 10.3) Les douaniers ont observé des arrêts de travail dans toute l'Algérie après l'assassinat de l'un des leurs par deux policiers dans le port de Béjaïa. Le mouvement a pris fin le 9 mars à minuit. Un débrayage des travailleurs des secteurs de la mécanique, de la métallurgie, de la sidérurgie, de l'électricité et de l'électronique a également été organisé le 9 mars.

(APS 14.3) Le marché des capitaux algériens vient de se doter d'une première SICAV (Société d'investissement à capitaux variables), qui entrare en activité en avril pour drainer le "gisement potentiel d'épargne" dont disposent des particuliers ou des entreprises disposant de moyens limités ou éprouvant des difficultés à assurer la gestion quotidienne de placements. Cette SICAV est dénommée "Charikat el Istithmar el Mali".

(APS 15.3) 120 sociétés privées devant employer plus de 2000 personnes (sur 4700 employées par les entreprises publicales locales dissoutes à partir desquelles les sociétés privées ont été créées) dans la région de Tipaza ont annoncé les responsables du holding public régional.

(APS 15.3) L'Algérie a procédé au début du mois de mars à un premier versement de 120 millions de $ en paiement de sa dette commerciale aux créanciers internationaux.

(APS 15.3) Sur un total de 4,685 milliards d'écus sur 5 ans, le programme "Meda" du partenariat euro-méditerranéen" de l'Union européenne réserve à l'Algérie une enveloppe de 250 millions d'écus, dont la moitié doit servir à l'"ajustement structurel" et le reste à l'appui à la création de petites et moyennes entreprises privées, la modernisation industrielle, la privatisation, l'appui au secteur financier et bancaire, le développement des mécanismes boursiers et le "renforcement des instruments d'amélioration du bien-être social des populations". Quatre premiers projets ont été soumis par l'Algérie pour être financés dans le cadre du programme "Meda", touchant le financement du "filet social", les PME, le secteur financier et bancaire et la restructuration industrielle.

(AFP 18.3) L'Algérie a lancé le 18 mars un appel aux investisseurs espagnols pour qu'ils participent en force à un grand nombre de projets stratégiques dans les secteurs des mines, de l'énergie, de la pétrochimie, de la construction et de l'agriculture. Le ministre algérien des Mines et de l'énergie Youssef Yousfi a exhorté dans un discours prononcé à Madrir les investisseurs espagnols à s'intéresser à l'"immense chantier de développement économique et social" algérien. "Nous avons maintenant la certitude que la crise politique est terminée. Nous amorçons la relance de notre économie dans un contexte national stabilisé et nous entrons dans une nouvelle phase", a assuré le ministre. Accompagnant Youssef Yousfi dans une visite de trois jours en Espagme, le PDG de la Sonatrach (compagnie nationale d'hydrocarbures) a déclaré que l'Algérie souhaitait sortir de sa simple position de fournisseur de matière première pour s'"intéresser à l'aval, c'est-à-dire à la transformation du pétrole" et qu'elle était capable d'"aller jusqu'à la pompe à essence partout dans le monde".

(APS, Corr. 19.3, Le Monde 21.3) La chute brutale des prix du pétrole représente pour l'Algérie une perte considérable de rentrées financières, de l'ordre de 10 millions de $ par jour. Chaque dollar de baisse sur le prix du baril équivaut à une perte de 25 à 30 milliards de dinars pour l'Etat algérien. La fiscalité pétrolière représente 60 % du budget national. Excédentaire depuis deux ans, celui-ci pourrait afficher un déficit de l'ordre de 10 % du produit intérieur brut du fait de la diminution de la ponction fiscale possible sur la Sonatrach.

(APS 19.3) Les exportations globales de l'Algérie sont passées à 14,137 milliards de $ en 1997, soit 8,25 % de plus qu'en 1996. Cette hausse est due essentiellement à celle des hydrocarbures (13,642 milliards de $, + 9,2 %), qui représentent plus de 95 % en valeur des exportations totales.

/Corr 19.3) La restructuration de l'économie algérienne a d'ores et déjà abouti à la dissolution de près de mille (986) sociétés publiques nationales, régionales et locales, et au licenciement de 260'000 salariés (fin 1997). Le taux de chômae officiel est de 28 % au plan national, et le nombre officiellement reconnu de "démunis" atteint 5 millions de personnes.

(APS 22.3) L'Algérie, l'Arabie Séoudite, le Vénézuéla et le Mexique ont décidé de réduire leur production de pétrole pour en maintenir le prix sur le marché, prix en chute. L'Algérie réduira sa production de 50'000 barils par jour dès le 1er avril. L'Arabie Séoudite a annoncé une réduction de 300'000 barils/jour. Selon els ministres du pétrole et de l'énergie des quatre pays concernés, la production globale devrait être réduite de 1,6 à 2 millions de barils/jour pour maintenir le prix du baril.

(APS, La Tribune 24.3, 26.3, 27.3, 28.3) Une rencontre le 26 mars entre la direction du syndicat unique UGTA et le gouvernement a donné à la première l'occasion de présenter une plate-forme de revendication en vingt points, qualifiées de "propositions pratiques et concrètes", dont celle de créer un fonds de garantie des salaires, alimenté par des contributions patronales et prenant en charge les salaires des entreprises soumises à des plans de redressement. L'UGTA demandait également la suspension des dissolutions d'entreprises publiques et le poursuite du financement des départs volontaires. Toutes les mesures préconisées par le syndicat vont à l'encontre de la politique gouvernementale de libéralisation, menée sous l'égide du Fonds Monétaire International. Le 27 mars, le gouvernement a offert des concessions limitées à l'UGTA, au terme d'un accord destiné à contenir la montée du mécontentement social. L'UGTA a obtenu le règlement des salaires impayés (mais le gouvernement a évalué à 15'000 le nombre de salariés concernés, alors que le syndicat estiment qu'ils sont beaucoup plus nombreux) et la suspension de nouvelles dissolutions d'entreprises sans "concertation préalable avec le partenaire social", mais le gouvernement a refusé de reconsidérer les dissolutions déjà prononcées et affirmé que toutes les dissolutions étaient justifiées. Le syndicat n'avait présenté aucune revendication salariale et aucun accord n'a été obtenu sur le financement des départs volontaire, que le gouvernement considère comme "insupportable" pour les finances publiques. D'autres points de désaccord entre l'UGTA et le gouvernement (le dossier de la fonction publique, la relance économique, l'organisation d'un sommet économique et social etc...) feront l'objet de discussions ultérieures. L'UGTA a annoncé qu'une réunion tripartite entre elle, le gouvernement et le patronat se tiendra en mai pour discuter notamment du "pouvoir d'achat des travailleurs", des retraites, de la fonction publique et de l'organisation d'un sommet économique et social.

(AFP 26.3) Le ministre algérien de l'économie Abdelkrim Harchaoui a affirmé le 25 mars que l'Algérie était "à l'abri de tout risque financier et n'aura à aucun moment besoin de recourir" à un nouveau rééchelonnement de sa dette, estimée à 33 milliards de $, dont le remboursement contraint l'Algérie à verser 5 milliards de $ par en à partier de 1998 et qui a déjà été rééchelonnée deux fois.

(APS 31.3) Tout en réaffirmant la nécessité pour l'Algérie d'adhérer à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui a déclaré devant le Conseil de la Nation (Sénat) que "la protection de l'économie nationale passe par la concurrence" et a insisté sur la nécessité de lutter contre la corruption.

(APS 1.4) La Sonatrach et Air Algérie ont créé le 31 mars à Hassi Messaoud une société de transport aérien, la "Tassili Airlines", dotée d'un capital de 700 millions de dinars, détenu à 51 % par la Sonatrach et 49 % par Air Algérie. Tassili Airlines s'occupera essentiellement du transport des personnes et du fret vers le sud pétrolier.

(APS 2.4) Un emprunt obligataire lancé par la Sonatrach a rapporté 12,750 milliards de dinars, a annoncé le 2 avril le président de la Commission de contrôle des opérations de bourse. Le Premier ministre Ouyahia a annoncé le 3 avril devant le Conseil de la Nation (Sénat) qu'il était possible de porter cet emprunt à 30 milliards.

(APS, La Nouvelle République 4.4) Selon "La Nouvelle République", les groupes armés ont détruit totalement ou partiellement 3040 entreprises publiques et 2051 habitations individuelles entre 1995 et 1997, ce qui correspond à un coût de 28,4 milliards de dinars pour l'Etat.

(AFP 6.4) La dette extérieure de l'Algérie s'élevait à 31,22 milliards de dollars à fin décembre 1997, contre 33 milliards à fin décembre 1996, selon la Banque d'Algérie. La dette à moyen et long terme représente 31,06 des 31,22 milliards de $ de dette totale. Le ratio dette/PIB est passé de 73,5 % en 1996 à 66,43 % en 1997, le ratio dette/exportation est passé de 2,43 à 2,12 %. L'Algérie doit rembourser 5,6 milliards de $ en 1998, 6 milliards en 1999, 5,4 milliards en 2000 et 5,3 milliards en 2001.

(AFP 6.4) Dans un rapport qu'il doit examiner le 13 avril et dont "El Watan" a publié des extraits, le Conseil national économique et social a prévu un taux de croissance de 1,2 % en 1997, contre les 5 % prévus par le gouvernement, et une baisse de l'activité industrielle de 7,2 % au lieu du 1 % de croissance prévue. Le CNES relève une "déprime de l'activité économique dans sa globalité, sous-tendue par un délabrement de branches d'activités entières".

(APS 1.4) Les actions de 20 sociétés issues des entreprises publiques locales dissoutes dans la région d'Oran ont été remises le 5 avril à des "collectifs de travailleurs".

(APS 8.4) Un document d'analyse de la Direction générale des Affaires éconoimiques et financipères de la Commission européenne porte une appréciation positive sur la politique économique algérienne, et exprime son soutien à la "restructuration des entreprises publiques", à la libéralisation des prix, des échanges et des paiements, à la déréglementation du secteur bancaire, à la modernisation du système de protection sociale, à l'"austérité salariale" et à la "consolidation du processus de libéralisation de l'économie et d'établissement des règles du marché", y compris à l'"abolition des subventions généralisées aux denrées alimentaires".

(Reuters, La Tribune 14.3) Une grève des douaniers algériens a interrompu le 13 avril les exportations de gaz et de pétrole, au premier jour d'un mouvement de trois jours d'arrêt de travail à l'appui de revendications salariales (hausses de salaire et primes), après l'échec de négociations avec le ministère des Finances. La grève a notamment paralysé les exportations de gaz et de pétrole à Skikda et Arzew (les principaux centres d'exportation d'hydrocarbures). Elle serait suivie par plus de 90 % des douaniers algériens et paralyserait le trafic portuaire et aéroportuaire.

(AFP 30.4) Le président Zéroual a préconisé le 30 avril un "juste équilibre entre les impératifs de l'efficacité économique et l'utilité sociale", dans une "démarche fondée sur les vertus du dialogue et de la concertation entre les différents partenaires socio-économiques", dans un message adressé au syndicat unique UGTA. Lors du Conseil des ministres de la veille, le président avait estimé que la lutte contre le chômage était une "priorité d'ordre stratégique". Le chômage touche officiellement 28 % de la population active algérienne, soit plus de deux millions de personnes. Le gouvernement s'est engagé à créer 1,2 million d'emplois d'ici à l'an 2000. Dans sa déclaration pour le Premier Mai, l'UGTA a appellé à la "défense résolue de l'emploi, du pouvoir d'achat et des salaires, de l'outil de production national et du secteur public ainsi que des grands acquis sociaux arrachés de haute lutte".

(Reuters 11.5) Le directeur du Fonds Monétaire International Michel Camdessus a annoncé le 11 mai qu'une équipe du FMI se rendrait prochaînement en Algérie pour évaluer la situation. Michel Camdessus a affirmé à propos de l'Algérie que "rien n'est plus agréable pour le Fonds monétaire que de voir un pays qu'il a aidé à tirer de l'abîme voler de ses propres ailes".

(Le Matin 23.5, AFP 25.5) Le président Zéroual a appelé le 24 mai en Conseil des ministres son gouvernement à "consolider" les résultats "positifs" obtenus par l'Algérie grâce aux accords passés avec le FMI "malgré les lourdes implications sociales" de ces accords. Le président Zéroual a lancé cet appel 48 heures après l'expiration de ces accords, "afin d'amortir graduellement les effets induits et d'éliminer ainsi tout risque de remise en cause des résultats jusqu'ici réalisés". L'Algérie doit rembourser 5,6 milliards de $ en 1998, 6 mias en 1999, 5,4 mias en 2000 et 5,3 mias en 2003, selon les autorités. Elle a déjà remboursé 4,6 mias de $ en 1997, 4 mias en 1996 et 4,8 mias en 1995. Le directeur général du FMI, Michel Camdessus, a estimé le 23 mai dans un entretien au quotidien algérois "Le Matin" qu'un nouveau rééchelonnement en 1998 "ne serait pas utile", le Premier ministre Ouyahia assurant pour sa part que l'Algérie, dont les réserves en devises atteignent 8,8 mias de $, n'aurait pas recours à un troisième rééchelonnement, malgré la baisse des prix du pétrole (dont le pays tire plus de 95 % de ses ressources). La thérapie du FMI s'est traduite socialement par la baisse du pouvoir d'achat due à la dévaluation du dinar et à l'arrêt du subventionnement des prix, et par le licenciement de près de 200'000 salariés.

(AFP 16.6) Les USA proposent à l'Algérie, au Maroc et à la Tunisie l'établissement d'un nouveau partenariat économique, a annoncé le 16 juin le sous-secrétaire d'Etat américain à l'Economie, Stuart Eizenstat, qui a fait cette proposition au président tunisien Ben Ali et a affirmé avoir trouvé auprès de lui "une oreille attentive". Ce nouveau partenariat consisterait à "faire du Maghreb une région économique intégrée" à à "parvenir par le commerce et le libre échange, à améliorer les relations politiques dans la région". Le responsable américain a présenté son projet à la Chambre de commerce tuniso-américaine et a demandé aux membres de la Chambre "d'élaborer des idées de réformes susceptibles d'être appliquées pour attirer davantage d'investissements en Tunisie". Une réunion ministérielle sera organisée avant la fin de l'année à Washington pour discuter de la mise en oeuvre de ce projet, dont S. Eizenstat a affirmé qu'il ne comportait pas de volet politique, que la Libye en serait exclue et qu'il n'était pas en concurrence avec le partenariat euro-maghrébin -à quoi il apparaît cependant comme une réponse.

(Mar. 10.8) Les autorités algériennes ont préféré Boeing à Airbus pour la fourniture (entre 2000 et 2002) d'une dizaine d'appareils de ligne. Les considérations politiques semblent avoir été déterminantes dans la préférance affichée pour le constructeur américain plutôt que son concurrent européen...

(AFP 24.8) Le Fonds Monétaire International (FMI) a décerné le 23 août un satisfecit à l'Algérie pour la mise en oeuvre de ses programmes d'ajustement structurel et l'a encouragée à poursuivre ses efforts de rigueur, malgré la chute des cours pétroliers. Selon le FMI, ces efforts ont permis de réduire l'inflation, de renforcer la situation budgétaire et la balance des comptes courants, ainsi que le libéralisation de l'économie.

(AFP 29.8) Le Conseil national de privatisation (CNP) a annoncé le 29 août que 285 acquéreurs potentiels avaient soumissionné pour le rachat de 34 entreprises publiques privatisables, dont les hôtels Sofitel d'Alger, El-Safir (Alger) et El-Mordjane (El-kala), ainsi que des briquteries et des brasseries (entre autres).

(AFP, APS 31.8, AFP 1.9) L'Algérie compte réaliser des recettes extérieures de l'ordre de 14 milliards de $ en 1999, provenant essentiellement (pour 11,6 mias) de la vente d'hydrocarbures, selon les services du ministères des Finances. 1,6 mia de recettes devraient provenir des services (tranport aérien et maritime, service d'étude), 800 millions des investissements et fionancement extérieurs, et le reste notamment de l'agriculture. L'avant-projet de budget pour 1999 présenté par le gouvernement table sur un prix moyen du pétrole à 15 $ le baril (le pétrole représente un tiers des hydrocarbures vendus), pour une qualité supérieure à celle du brut de référence (qui vaut actuellement entre 12 et 13 $). Le ministre de l'Industrie, Abdelmadjid Menasra, a en outre annoncé le 1er septembre que l'industrie algérienne du secteur public avait enregistré une croissance de 5,2 % au premier semestre 1998, après des années de récession (en 1997, le secteur avait enregistré une récession de 7,2 %). La croissance est particulièrement forte dans les branches de la chimie/pharmacie (+ 34,2 %), de l'électricité/électronique (+ 14,3 %) et de la mécanique (+ 6,7 %)- La récession est en revanche particulièrement résistante dans la sidérurgie (- 28,9 %) et les bois/papiers (- 10,5 %). En outre, la croissance globale de l'industrie s'est accompagnée de la suppression de 11'000 emplois et d'une chute de la valeur des exportations.

(Liberté 1.9) La Citibank Algérie, succursale de la banque américaine Citibank, a annoncé qu'elle était désormais "opérationnelle" et a déjéà pour clients d'importantes sociétés algériennes et étrangères implantées en Algérie. La Citibank Algérie est une banque de dépôt dotée d'un capital de 500 millions de dinars. Elle est la première en fonction des trois grandes banques étrangères autorisées à opérer en Algérie, les deux autres étant la Société Générale (France) et l'Arab Bank (Bahrein), qui devraient ouvrir leurs agences algériennes à l'automne 1998.

(Liberté, APS 9.9) Dans une déclaration rendue publique le 8 septembre, le Secrétariat national de l'UGTA (Syndicat unique) annonce qu'il boycottera la réunion prévue le 10 septembre avec le gouvernement. L'UGTA dénonce l'exploitation par le gouvernement de "l'esprit patriotique, la patience et la retenue du syndicat pour licencier des milliers de travailleurs, fermer des centaines d'entreprises publiques, affamer les familles algériennes, rompre la relation de travail par la "dépermanisation" et la contractualisation des travailleurs". Il reproche au gouvernement de ne pas honorer ses engagements et affirme que les travailleurs sont "en droit et à juste titre d'exiger la concrétisation de leurs revendications sociales et économiques légitimes". L'UGTA se déclare prête à imaginer des "mesures radicales" de lutte. Le communiqué du syndicat énumère les thèmes de conflit avec le gouvernement (c'est-à-dire à peu près tous les domaines de l'action gouvernementale en matière sociale et économique) : pouvoir d'achat, emploi, dissolution des entreprises sans motif économique crédible, sécurité sociale, retraites, salaires, relations de travail... Le syndicat unique annonce une lutte de "résistance" face à une politique qui selon lui a "montré ses limites et prouvé son échec et ses défaillances", et déclare que les travailleurs ne sont "plus disposés à payer la facture résultant de la mauvaise gestion des affaires sociales et économiques du pays". Le secrétariat national de l'UGTA annonce la rupture du dialogue avec le pouvoir et invite l'ensemble de ses unions de wilayas et de ses fédérations à une réunion. Il appelle les travailleurs à la "vigilance" et à la "mobilisation", annonce des "décisions" dans les prochains jours et laisse planer (une fois de plus) la menace d'une grève générale. Le Porte-parole du gouvernement, Hamraoui Habib Chawki, a affirmé le 9 septembre l'"entière disponibilité" du gouvernement à rencontrer le syndicat.

(APS 8.9) Neuf sociétés privées ont déposé au ministère des Transports des "demandes d'agrément" pour la création d'une compagnie aérienne (transport de passagers ou de fret) ou d'une société de service dans le domaine du transport aérien. Un permis d'exploitation a déjà été délivré à la compagnie "Tassili Airlines", société miste basée à Hassi Messaoud, formée par la Sonatrach et Air Algérie et dotée d'un capital de 700 millions de dinars (environ 70 mios de FF, 17 mios de FS). "Tassili Airlines" envisage de transporter (dans un premier temps) 400'000 voyageurs et 900 tonnes de fret par an, et d'effectuer une cinquantaine de vols charters, ce qui ferait de l'aéroport de Hassi Messaoud le second d'Algérie.

(APS 8.9) 21 projets de concession de terres agricoles publiques à des investisseurs privés seront lancés avant la fin de 1998, a annoncé le ministère de l'Agriculture. Chaque projet est situé dans une wilaya différente. Six projets ont déjà été lancés depuis le début de l'année, portant sur 299 concessions dans les wilayas de Ghardaia, Setif, Khenchela, Mascara, Djelfa et Ouargla. Selon les autorités, ces concessions ont créé environ 3000 emplois et le programme gouvernemental, qui porte sur 600'000 hectares dans 47 wilayas, devrait créer 500'000 emplois.

(APS 13.9) L'indice des prix à la consommation (établi pour la région du Grand Alger) a enregistré une hausse moyenne de 4,9 % pour les huit premiers mois de 1998, et de 5,1 % entre août 1997 et août 1998. La hausse moyenne des prix a cependant été de 2,2 % pour le mois d'août et de 3,6 % pour les produits alimentaires.

(AFP 19.9) - L'eau potable sera distribuée aux habitants du département d'Alger un jour sur trois à partir du 1er octobre, a annoncé le 19 septembre l'entreprise publique de distribution d'eau EPEAL, sans préciser combien d'heures par jour désigné l'eau sera disponible. Elle a justifié cette nouvelle mesure par la nécessité de reconstituer les réserves d'eau entamées durant l'été au cours duquel les restrictions avaient été allégées .Avant l'été, les Algérois recevaient de l'eau un jour sur quatre durant quelques heures. A l'ouest, où l'eau est encore plus rare, elle ne coulait dans les robinets qu'une fois par semaine. Il n'a pas plu en Algérie depuis le début du mois d'août, lorsque des orages avaient provoqué des inondations dans l'est et des dégats aux récoltes.

(AFP, APS 22.9, 23.9) Le ministre algérien de l'Energie et des mines, Youcef Yousdi, a déclaré le 22 septembre que l'Algérie allait "soutenir les efforts" des autres pays produicteurs de pétrole pour faire remonter les cours du brut. En juin, l'OPEP avait décidé de réduire sa production totale de 1,365 millions de barils par jour pour faire remonter les cours, et le ministre koweitien a récemment déclaré qu'une nouvelle réduction de la production pourrait s'avérer nécessaire si le prix du baril/Brent ne remontait pas au dessus de 17 $. En août, le prix de référence du pétrole OPEP était de moins de 12 $. Le 23 septembre, les ministres algérien, iranien, des Emirats, koweiti et omanais, réunis à Koweit, ont appelé les pays producteurs de pétrole (membres ou non de l'OPEP) à une "adhésion totale" aux réductions de production décidées par l'OPEP pour faire remonter les cours. Les cinq ministres envisagent de "nouvelles réductions de la production" si les cours restent faibles.

(AP, AFP 28.9) Le Premier ministre Ouyahia a annoncé le 28 septembre la volonté de son gouvernement de "continuer à mener les réformes", après 19 heures de négociations avec une délégation de l'UGTA conduite par le secrétaire général du syndicat, Abdelmadjid Sidi Saïd. Un accord a été conclu entre le gouvernement et le syndicat, prévoyant la fin de la dissolution des entreprises publiques, le Premier ministre précisant néanmoins que de toutes façons il n'y a "quasiment plus d'entreprises à dissoudre" et assurant que les privatisations vont se poursuivre "dans le cadre de la loi, de la transparence et du dialogue" et avec un "effort d'explication à l'endroit de l'opinion publique et des travailleurs". Abdelmadjid Sidi Saïd, qui s'est dit "globalement satisfait" de l'accord, n'en a pas moins exprimé l'opposition du syndicat aux privatisations. L'UGTA a également obtenu le paiement des arriérés de salaires, le réglement des pensions de retraites, le versement d'indemnités de licenciement aux salariés ayant perdu leur emploi pour raisons "économiques" et l'application des décisions de justice en faveur des salariés. La contractualisation des rapports de travail devrait être confinée au secteur des travaux publics, et un débat sur le pouvoir d'achat devrait s'ouvrir avant le 10 octobre. Le diorecteur de la Banque Mondiale pour le Maghreb et le Moyen-Orient, Christian Delvoie, a pour sa part incité le 28 septembre au terme d'une visite à Alger le gouvernement à "accélérer le rythme des privatisations dans un cadre clair et transparent".

(AP 3.10) Le projet de budget présenté au Parlement par le gouvernement Ouyahia table sur un taux d'inflation de 4,5 %, une croissance de 6,2 %, un taux de change de 59,9 dinars pour un dollar US, 11,6 milliards de $ de rentrées dues aux exportations d'hydrocarbures (sur la base de 15 $ le baril) et 9,5 milliards de $ d'importations. Le budget se veut "rigoureux" pour favoriser la "collecte de ressources budgétaires, l'investissement et l'emploi" et comporte une augmentation de 60 % du régime fiscal forfaitaire, la création de fonds spéciaux des parcs immobiliers d'Oran, Annaba et Constantine, l'introduction d'un timbre fiscal de 10 dinars (1 FF, 0,25 FS) sur les documents d'état-civil et l'augmentation de 2 à 5 dinars du tabac.

(AP 5.10) Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a exclu le 5 octobre tout nouveau rééchelonnement de la dette algérienne, qui se monte actuellement à 30 milliards de dollars, qualifiant cette hypothèse de "vue de l'esprit". Pour le chef du gouvernement, la "dégradation actuelle des prix du pétrole ne saurait suffire seule à créer les conditions de décisions aussi grave" qu'une demande de rééchelonnement, quand "les réserves de change équivalent à près d'une année d'importations" et alors que, selon lui, même avec un prix du baril à 12 $ pendant trois ans, l'Algérie est à "l'abri de dangers de déséquilibres extérieures inquiétants jusqu'à la fin de l'an 2000". L'Algérie a commencé en 1998 à rembourser sa dette après deux rééchelonnement en 1994 et 1995. Le service de la dette lui a coûté 4,6 milliards de dollars en 1994, 4,7 mias en 1995, 4 mias en 1996, 4,5 mias en 1997. Son remboursement sera à la hauteur de 5,6 milliards de dollars en 1998 (dont 3 ont déjà été versés), 6 mias en 1999 et 5,4 mias en 2000.

(APS 7.10) Le taux global de croissance attendu par les experts du Plan pour 1998 est estimé à 3 %. L'augmentation de la production des hydrocarbures a été de 1,6 % entre le premier semestre de 1997 et le premier semestre de 1998, celle de la production de céréales devrait atteindre 245 % par rapport à 1997 (année de sécheresse) et celle des productions maraichères de 6 %. Les exportations de marchandises ont connu une croissance de 2,3 % en termes réels et se sont montées à 5,4 milliards de dollars, soit 700 millions de plus que les importations.

(APS 7.10) Le gouvernement algérien a approuvé le 7 octobre un contrat de développement et d'exploitation des gisements de gaz naturel d'In Amenas, conclu entre la Sonatrach et la compagnie Amoco pour une durée de 20 ans (renouvelable pour 5 ans supplémentaire) et portant sur un investissement de 435 millions de dollars, en sus des 111 millions déjà investis par la Sonatrach.

(APS 12.10) Selon les chiffres du ministère algérien du Commerce, les échanges de l'Algérie avec l'Amérique du nors ont atteint en 1997 un volume global de 4,102 milliards de $ et représentent 17,8 % des échanges extérieures de l'Algérie (14 % pour les USA, 3,8 % pour le Canada). Les importations algériennes en provenance d'Amérique du nord représentent 16,9 % des importations totales (11 % des USA, 5,8 % du Canada), pour 1,4 milliard de dollars. Les exportations algériennes vers l'Amérique du nord s'élèvent à 2,7 mias de $ et représentent 19 % des exportations totales (15,7 % vers les USA, 3,3 % vers le Canada), mais les exportations "hors hydrocarbures" restent insignifiantes (le 99,6 % des exportations totales sont des hydrocarbures). Les USA sont le deuxième partenaire commercial de l'Algérie (derrière la France), en étant son deuxième client derrière l'Italie, et son deuxième fournisseur derrière la France. Le Canada est le 5ème fournisseur et le 10ème client de l'Algérie.

(APS 14.10) Le ministre algérien des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a assuré au quotidien londonien "El Hayat" que la détérioration des prix du pétrole n'avait pas eu d'effets négatifs sur l'économie en raison des réserves de chance et du maintien des équilibres financiers, et du fait que la baisse des rentrées dues aux hydrocarbures ont été compensées par une augmentation des rentrées dues notamment au gaz. Le ministre a confirmé que l'Algérie n'aurait pas besoin de "renégocier un nouvel accord avec le FMI". Il a estimé les réserves de change à fin aoüt à 8 milliards de dollars

(La Tribune 26.10) Tout en évitant des critiques directes contre l'Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) a réclamé dans son dernier rapport sur l'économie algérienne une plus grande "contraction des dépenses extérieures" et a laissé entendre qu'une nouvelle dévaluation du dinar, de l'ordre de 10 %, pourrait être nécessaire pour réduire le déficit public, annoncé à 54 milliards de dinars. Le FMI estime à 2,3 milliards de dollars le déficit de la balance algérienne des paiements (que des experts indépendants évaluent, eux, à 5 milliards). Le FMI semble anticiper une dégradation des finances algériennes en raison de la baisse des prix du pétrole et du fait que la production algérienne exportable hors hydrocarbures reste marginale. Le FMI encourage ouvertement le gouvernement à poursuivre les diminutions d'importations pour réduire le déficit de la balance des paiements et estime à 7 ou 8 milliards de dollars le niveau d'importation nécessaire à la relance de l'économie. Les experts indépendants doutent de la validité de ces estimations et signalent qu'en dollars courants, ce montant serait le même qu'en 1975, alors que les capacités industrielles algériennes étaient trois fois inférieures à celles de 1998 et que la population a doublé depuis lors.

(APS 2.11) Selon le rapport de la société française Cedigaz sur "le gaz naturel dans le monde, 1998", la Sonatrach algérienne occupe la 4ème place dans le classement des producteurs de gaz, avec 70 milliards de m3, après les sociétés russe Gazprom, anglo-hollandaise RD-SDhell et américaine Exxon, avant les sociétés américaine Mobil, Amoco et Chevron, iranienne Nioc, saoudienne Aramco et mexicaine Pemex. Dix pays ont produit le 75 % de la production commercialisée totale de gaz.

(APS, AP 6.11, 9.11) Le projet de budget qui sera discuté le 9 novembre par l'Assemblée nationale contient plusieurs mesures fiscales, notamment une réduction de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (qui passe de 38 % à 30 %) et de l'impôt sur le revenu (par le relèvement du seuil de non imposition de 30'000 à 60'000 dinars/an. En outre, l'obligation de réinvestir les revenus tirés de l'exportation devrait être abolie, et le produit des valeurs boursières et obligataires devrait être exonéré d'impôt pour une période de 5 ans. Le projet de budget table sur 937,1 milliards de dinars de recettes (dont 480 mias tirés de la fiscalité pétrolière), soit 55 mias de plus qu'au budget 1998, et sur 1098,57 mias de dinars de dépenses (dont 817,9 mias pour le budget de fonctionnement), soit un déficit de 16,47 mias ( et 76 mias de plus qu'en 1998). Le projet de budget table un cours du pétrole à 15 $ le baril (il est actuellement inférieur à 12 $, une inflation à 4 % (probablement sous-estimée) et une à 6,2 % (probablement sur-estimée).

(APS 7.11) Un dispositif d'acquisition de logements avec facilité de paiement va être introduit le 11 novembre par les banques et la "société de refinancement hypothécaire" (SRH), pour permettre aux personnes disposant d'un revenu régulier d'obtenir un crédit couvrant jusqu'à 90 % du prix du logement et remboursable dans un délai allant jusqu'à 20 ans, la banque pouvant se refinancer auprès de la SRH. Le bénéficiaire du crédit devra cependant hypothéquer le logement qu'il aura acquis.

(APS 11.11) Le ministre algérien des Finances a une nouvelle fois démenti, le 11 novembre, que l'Algérie ait l'intention de demander un troisième réechelonnement de sa dette, et a affirmé que l'objectif du gouvernement était de ne plus recourir à l'endettement extérieur et d'"assurer la stabilité financière" du pays. Il a assuré que l'Algérie disposait de réserves de change suffisantes pour "faire face à la dégradation des cours du brut".

(APS 16.11) Le président du Conseil national de la privatisation a dressé le 15 novembre un bilan mitigé des privatisations, qu'il a cependant justifiées par "le nouveau contexte économique et social en Algérie, par l'ouverture de l'économie nationale sur les marchés extérieurs et par la mondialisation". M. Metboul a déclaré que les résultats des mesures de privatisation mises en oeuvre depuis l'entrée en activité de son organisme, en juillet 1998, étaient "minces" et que "des problèmes, handicaps, insuffisances organisationnelles et prévisionnelles" sont survenus. Sur 2715 unités locales publiques dissoutes entre 1994 et 1996, moins de 5 % avaient pu être privatisées au 8 mai 1998. Sur 1323 entreprises locales dissoutes, le taux de privatisation a été inférieur à 10 %. Par contre, 150'000 travailleurs ont été licencés. 950 entreprises publiques doivent encore être privatisées.

(APS, Liberté 22.11) Un troisième réechelonnement de la dette algérienne "n'est pas envisageable en 1998 et 1999 car l'Algérie n'a pas de problème de balance des paiements", a déclaré le 21 novembre le gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelhouahab Keramane, lors d'une journée organisée par la BA en présence du ministre des Finances, de responsables du FMI et de représentants d'institutions économiques et financières, ainsi que de représentants des partis politiques algériens. Le gouverneur de la BA a affirmé que l'Algérie avait pu faire face à la baisse du prix du pétrole grâce au programme d'ajustement structurel mis en place en 1995, et a évalué les réserves de change de l'Algérie, qui étaient de 7,6 milliards de $ à fin août 1998, à 7 mias $ à la fin de l'année. Le gouverneur de la banque centrale a cependant reconnu que "le choc (pétrolier) a un impact budgétaire" et que "si le déficit budgétaire prévu dans la loi de finance 1999 est contenu dans des limites raisonnables", il y a tout de même "risque de retour à l'inflation" et donc de dévaluation du dinar au cas où le choc de la baisse des prix pétroliers exercerait trop de pression sur l'équilibre de la balance des paiements. Abdelhouahab Keramana a évalué à 1,8 milliard de dollars la perte de recettes des hydrocarbures depuis le début de l'année. Le ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a cependant assuré que même avec un baril à 13 $, la position financière de l'Algérie demeurerait favorable jusqu'en 2001-2001 -ce que contestent la plupart des experts internationaux, qui considèrent que les prix risquent de continuer à baisser en 1999 (ils sont actuellement de 11,8 $ le baril).

Quant aux représentants des partis politiques, le représentant du RCD, M. Azamoum, tout en affirmant que "la protection sociale est une responsabilité de l'Etat", a déclaré que "la seule solution est de privatiser et de restructurer" en tirant "les leçons du passé". Le représentant du RND, M. Laïchoubi, a déploré la "timidité" du FMI en matières de programmes sociaux, ainsi que sur les problèmes politiques et "civiliationnels". Le représentant du FFS, M. Rachedi, a déclaré que "dans une situation normale" des réformes aussi "impopulaires" que celles imposées par le FMI et le gouvernement auraient été rejetées, et que les partisans de ces réformes pouvaient "remercier le GIA". Enfin, Djoudi Djellouli, au nom du Parti des Travailleurs, a dénoncé des "réformes (qui) se résument aux compressions d'effectifs et aux dissolutions d'entreprises". Le représentant du FMI, Paul Chabrier (directeur du département "Moyen-Orient"), a répondu que le FMI était "un établissement financier et non de charité".

Malgré les programmes d'ajustement structurel, les hydrocarbures continuent de procurer au moins 95 % des recettes de l'Algérie, et en 1998, la valeur des exportations algériennes atteindra à peine celle atteinte en 1993 (soit 400 millions de $), malgré les 2,5 milliards de dollars acordés à l'Algérie au titre de soutien financier. Les experts du FMI, qui relèvent que les grands chantiers générateurs d'emploi sont au point mort, n'en ont pas moins accordé une bonne note à leur élève algérien. Les insuffisances des programmes d'ajustement structurel ont cependant été relevées, notamment l'absence d'une croissance forte créatrice d'emplois. L'ancien ministre des Finances A. Benbitour a quant à lui relevé que la population ne bénéficiait en rien des "bons chiffres" avancés par le gouvernement et le FMI : "le chômage atteint 30 % de la population active et touche toutes les catégories de la population", le niveau de vie général s'est dégradé, la classe moyenne a été paupérisée et un document du FMI lui-même estime qu'en l'absence d'une croissance créatrice d'emplois, le taux de chômage atteindra 31 % en 2001 et 37 % en 2010.Pour l'expert financier Abdellatif Benachenhou, "alors que la population active algérienne croît à raison de 4 % l'an, la croissance économique devrait se situer au moins à 6 % l'an". Elle a été de 2,4 % lors du premier semestre de 1998.

(El Watan 26.11) Le Front des Forces Socialistes a dénoncé le 25 novembre le projet de budget présenté par le gouvernement et adopté le 24 par la majorité parlementaire. Le président du groupe parlementaire socialiste, M. Bouhadef, a qualifié la loi de finances d'"antisociale" et a considéré qu'elle contenait les germes d'une explosion sociale. Pour M. Boudahef, "la loi de finances que les députés ont adoptée conforte l'ultralibéralisme sauvage et l'économie de bazar et consacre l'existence de la pauvreté". Le FFS accuse en outre le gouvernement d'avoir manipulé les chiffres pour aboutir formellement à un faible déficit budgétaire, tout en sachant qu'en réalité le déficit sera beaucoup plus lourds. Le FFS dénonce en particulier le fait que le projet de budget soit basé sur une rente pétrolière équivalent à un prix du baril à 15 $ alors qu'il est actuellement inférieur à 12 $. Les socialistes reprochent en outre au budget de prévoir un désengagement de l'Etat dans le domaine des allocations familiales, et se demande s'il n'y a pas "quelque part une volonté manifeste de provoquer une explosion sociale et une déstabilisation du pays".

((AFP 26.11) Les cours du pétrole Brent (qualité de référence) ont atteint le 26 novembre un nouveau plancher avec un baril à 10,87 $, niveau le plus bas depuis 1988. En une semaine, le baril a perdu 10 % de sa valeur. Les experts estiment que cette chute est due à l'incapacité des membres de l'OPEP à s'entendre sur de nouvelles actions pour soutenir les prix, alors que la 106ème conférence de l'organisation des pays exportaueurs de pétrole s'est ouverte le 26 novembre à Vienne. L'OPEP ne représente plus que 37 % de l'offre pétrolière mondiale et a déjà réduit sa production de 2,6 millions de barils par jour. La baisse des revenus pétrolieres de ses membres les rend réticents à décider de nouvelles réductions de production -d'autant que les réductions précédentes n'ont été respectées qu'à 80-85 % au dernier semestre. Le marché pétrolier est marqué par une surabondance de l'offre et par des stocks records. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi a reconnu que la situation du marché pétrolier était "grave" et nécessitait "une meilleure coopération" et une "coordination entre les pays concernés pour sortir de la crise" en agissant sur l'offre.

(Reuters, APS 27.11) Les ministres de l'OPEP ont quitté Vienne le 27 novembre après une réunion qui n'a abouti à rien et qui, selon les observateurs, risque de n'avoir d'autre effet que d'enfoncer davantage les pays producteurs dans la crise provoquée par la chute des cours. Aucune décision de réduction de la production n'a été prise, ni même la décision de reconduite le quota de production de 2,6 millions de barils par jour. Une coalition regroupant l'Iran, le Koweit, la Libye et l'Algérie, soutenus par le Mexique et la Norvège (non-membres de l'OPEP) a vainement tenté de faire adopter de nouvelles réductions de la production pétrolière. L'Arabie Saoudite avait, tout aussi vainement, proposé de reconduire pour six mois les quotas en place (qui entérinent une augmentation de 10 % de la population, décidée en novembre 1997). Les experts s'attendent à voir la chute de cours se poursuivre et le prix de référence tomber au dessous des 10 $ le baril. Il était de 10,65 $ avant la réunion de Vienne. Le prix moyen pour l'année a été de 13,7 $ -son niveau le plus bas depuis 1976. Selonles experts, l'excédent des réserves mondiales atteint actuellement un milliard de barils par jour, et devrait presque doubler en 1999. Le ministre algérien de l'Energie et des mines, Youcef Yousfi, n'en a pas moins estimé que l'OPEP était "sur la bonne voie" et émis l'espoir que "le marché sera meilleur d'ici au mois de mars". Le 23 mars, une nouvelle réunion de l'OPEP se tiendra. Le ministre algérien a été élu président de la Conférence de l'organisation. La chute des cours du brut, et donc de la valeur des exportations algériennes, a fait chuter le taux algérien de couverture des exportations par les importations, qui est passé de 175,4 % à 127 % entre le début et la fin de l'année 1997. Les ressources budgétaires de l'Algérie ont diminué de 90 milliards de dinars (environ 9 mias FF, 2,3 mias FS), alors que les rentrées fiscales ordinaires progressaient de 8,7 %. Les opérations du trésor public s'acheminent vers un déficit de 28 milliards de dinars en 1998 (2,8 mias FF, 700 mios FS), alors qu'elles avaient enregistré un excédent de 68 mias de DA en 1997.

(APS, El Watan 28.11) Selon la "note de conjoncture" du Conseil national économique et social (CNES) pour le premier semestre 1998, près de 22 % des Algériens, soit environ 6 millions de personnes, vivent en dessous du seuil de pauvreté. La plupart des pauvres vivent dans la campagne, mais environ 2 millions et demi d'Algériens vivant dans les zones urbaines sont en dessous du seuil de pauvreté. Les familles à faible revenu sont nombreuses, avec une taille moyenne de 8 membres. Elles sont marquées par un faible niveau d'instruction avec, dans 60 % des cas, des chefs de famille analphabètes. Souvent, un membre actif d'une famille pauvre prend en charge six personnes. Ces ménages sont évidemment les plus touchés par le chômage, avec un taux de 44 %. «Le chômage est donc bien le déterminant fondamental de la pauvreté en Algérie», remarque le CNES. S'agissant des principaux paramètres macroéconomiques, le CNES relève la baisse de l'ordre de 45 % du PNB (produit national brut) par habitant et la réduction significative des dépenses sociales. La compensation des effets «conjoncturels» du programme d'ajustement structurel (PAS) à travers le filet social n'a donc pas eu lieu. La croissance économique n'ayant pas suivi non plus, «l'ampleur de la pauvreté a atteint un niveau tel que toute politique de croissance doit être pensée en fonction de l'objectif de résorption de ce phénomène», souligne le CNES, lequel préconise des programmes «modulés» selon les types de pauvreté. Le taux de chômage avoisine les 30 % de la population active, soit une hausse de plus de 100 % par rapport à 1985. Les femmes représentent 13 % des chômeurs. Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTPH) est le plus touché par les mesures de compression d'effectifs avec un pourcentage de 31 % du total des chômeurs à réinsérer. Plus de la moitié des chômeurs (52 %) travaillient dans le secteur public. La majorité des sans-emploi sont des jeunes de moins de trente ans, et les universitaires sont de plus en plus nombreux à souffrir du chômage.

En ce qui concerne les mesures gouvernementales de lutte contre le chômage, le CNES rappelle que sur les 35 219 dossiers de "microentreprise" déposés, 23 881 ont obtenu les attestations d'éligibilité. Des 5 064 dossiers agrés par la banque, il est attendu la création de 15 516 emplois. Les agréments bancaires obtenus ne représentent cependant que 43 % des dossiers déposés. Plus de 80 000 jeunes ont bénéficié du dispositif d'emploi salarié d'initiative locale (ESIL). Plus de 30 000 emplois ont été créés dans le cadre des travaux d'utilité publique durant le premier semestre 1998. «Ces formules débouchent rarement sur la création d'emplois durables», observe cependant le CNES. Concernant les compressions d'effectifs, le CNES estime le nombre de salariés licenciés à 49 000 pour les six premiers mois de l'année en cours. Depuis la mise en place du dispositif, en 1994, près de 264'000 emplois ont été supprimés, les départs volontaires y compris. Ces compressions ont concerné le secteur du bâtiment et des travaux publics pour 61 % et celui des services pour 21 %. La dissolution des organismes employeurs a été la principale cause de la mise au chômage des travailleurs pour cette année. A la fin juin 1998, le total des entreprises dissoutes s'élève à 815. 37 entreprises ont eu recours au chômage technique. Fin juin 1998, près de 175 000 travailleurs étaient pris en charge par la Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC) dont près de 30 000 sont arrivés en fin de droit. La Caisse signale qu'aucun des assurés arrivés en fin de droit n'a pu être réinséré.

(El Watan 30.11) 2000 travailleurs du complexe textile Cotitex de Draâ Ben Khedda sont descendus le 29 novembre dans les rues de Tizi Ouzou pour réclamer le paiement de leurs salaires, impayés depuis deux mois. La semaine précédente, ils avaient observé une grève de quatre jours après le suicide d'un collègue. La manifestation s'est terminée devant le siège local du syndicat UGTA, où les salariés ont interpellé les responsables syndicaux. L'entreprise textile fait l'objet d'un "plan de sauvetage" depuis deux ans, et les arriérés de salaires y sont chroniques, les travailleurs restant sans ressources plusieurs mois durant. Quant aux effectifs, ils ont été "dégraissés" de 50 %.

(APS 2.12) La majorité des intervenants de la 12ème session du Conseil national économique et social (CNES) algérien, le 1er décembre, se sont accordés à dire que "l'application du programme d'ajustement structurel (PAS)" du FMI pour l'Algérie "n'a pas donné les résultats attendus" et a même contribué à "détériorer les conditions sociales", et notamment à aggraver le chômage. Le PAS a par ailleurs "échoué dans la reprise de la croissance économique" et n'a tenu aucun compte du contexte de violence.

(APS 3.12, Reuters 4.12) Les réserves d'hydrocarbures algériennes sont estimées à 38,5 milliards de barils équivalent pétrole (BEP) à la fin de l'année 1997, soit 4 milliards de BEP de plus qu'en 1971. Cette augmentation des réserves s'est accompagnée d'une hausse de la production, celle-ci ayant atteint, de 1971 à 1997, un total de 18 milliards de BEP, ce qui de l'avis des experts cités par le bimensuel spécialisé français "Pétrole et gaz arabe", suppose des "réserves additionnelles" de 22 milliards de BEP. Depuis 1987, l'Algérie a signé 45 contrats de partenariat avec des sociétés étrangères, contrats qui ont permis la découvertes de 600 millions de BEP de réserves supplémentaires en un an. Depuis 1991, les nouvelles réserves découvertes sont estimées à 1,1 milliard de BEP par année, avec une pointe à 2,6 mias en 1995. Selon les projections de la Sonatrach, 1998 serait de ce point de vue une "excellente année", avec une quinzaine de découvertes déjà faites. 900 puits d'exploration et de développement devraient être forée entre 1999 et 2003, dont 524 par la Sonatrach et 369 par des sociétés étrangères. "La situation économique s'est stabilités, certaines réformes structurelles ont été accomplies et le climat général s'améliore", a déclaré le chef de la mission économique et financière française à Alger, Olivier Louis, qui a assuré n'avoir "pas d'inquiétude pour la solvabilité de l'Algérie pendant ou trois ans, même avec un cours du baril très bas". Les exportations françaises en Algérie ont atteint 13,4 milliards de FF (3,4 mias FS) en 1997, en progression par rapport à 1996, et la France est le premier fournisseur étranger de l'Algérie, avec 24 % du marché.

(AFP, AP Reuters 6.12) Présentant le bilan de son gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a assuré le 6 décembre que sa politique de rigueur, menée depuis trois ans, "sera payante à terme", qu'elle était destinée à "faire entrer l'économie étatisée algérienne dans l'économie de marché" et à "faire face à la mondialisation", et n'avait pas d'alternative. Le chef du gouvernement a estimé que la croissance économique atteindrait près de 5 % en 1998 (2 % dans le secteur économique public, qui aurait dégagé une valeur ajoutée de près de 6 %) et 6 % en 1999, et que l'inflation devrait se situer à 5 % pour 1998 et plus bas en 1999. Ahmed Ouyahia a déclaré que la balance commerciale de l'Algérie était excédentaire de 1,1 milliard de dollars pour les neuf premiers mois de l'année (contre 5,8 mias pour l'année 1997), qu'un prix du baril algérien de 12 dollars (soit plus que le prix de référence, en raison de la qualité du pétrole algérien) était suffisant pour que l'Algérie réponde à ses engagements financiers jusqu'en 2000 et que les réserves de change étaient stables (passant tout de même de 8 à environ 7, 7 mias de dollars selon les prévisions, pour une dette actuelle de 29,94 mias de dollars). Les prévisions économiques gouvernementales tablent cependant sur un prix moyen de plus de 14 dollars le baril en 1998, de plus de 15 en 1999 et de plus de 16 en 2000, alors qu'il n'était que de 14 en septembre et que la baisse a été continue depuis.. Le Premier ministre a reconnu que plus de 1000 entreprises publiques avaient été dissoutes depuis janvier 1996 et plus de 380'000 salariés licencés, mais a affirmé que mille autres entreprises avaient été sauvées et 400'000 emplois préservés grâce à leur assainissement financier, qui a coûté 330 milliards de dinars à l'Etat (soit environ 33 mias de FF, 8 mias de FS). Quant au salaire minimum il était de 6000 dinars mensuels (600 FF, 150 FS) au 1er septembre 98. Ahmed Ouyahia a annoncé que les investissements étrangers hors hydrocarbures avaient atteint 243 millions de dollars dans les dix premiers mois de 1998, et que les investissements dans le secteur des hydrocarbures avaient atteint 1,1 mias de dollars en 1997 et 1,2 mia pour les dix premiers mois de 1998.

(APS 6.12) 264 sociétés de salariés, avec un effectif total de 5300 salariés-actionnaires, ont été créées depuis le 12 janvier 1998 dans les wilayas du centre de l'Algérie pour reprendre des entreprises ou des activités d'entreprises publiques dissoutes. 48 % des sociétés de salariés créées sont actives dans le secteur du bâtiment, 19 % dans celui des services, 18 % dans l'industrie et la production, 15 % dans la distribution. La plupart des nouvelles entreprises emploieront moins de travailleurs que les entreprises ou les activités auxquelles elles succèdent. Au plan national, un peu plus de 1000 sociétés de salariés ont été créées depuis le 12 janvier 1998.

(APS 7.12) 12 unités publiques de production d'eaux minérales, limonades et brasserie vont être privatisées.17 soumissionnaires ont été agrées, 12 Algériens et 5 "privés internationaux", dont l'un a proposé une offre globale pour la reprise des 12 unités privatisables, pour un total de 3,025 milliards de dinars (302,5 mios FF, 75 mios FS). Les unités de production concernées sont situées à Mouzaia, Benharoun, Batna, Saida, Reghaïa, El Harrach, Annaba, Oran, Remchi, Tolga et Constantine. Selon le Premier ministre Ouyahia, le processus de privatisation est mené en Algérie dans le "strict cadre de la loi" et "ne saurait se conjuguer avec une opération de bradage".

(AFP 6.12, APS 7.12) Selon le Premier ministre Ouyahia, "avec un prix du baril à 12 dollars de 1998 à l'année 2000 (...), l'Algérie pourrait traverser cette période tout en faisant face au paiement de sa dette ainsi qu'aux besoins de son économie" sans avoir besoin de solliciter un nouveau reéchelonnement de la dette. Selon Ahmed Ouyahia, la situation financière de l'Algérie demeure stable avec des réserves qui dépassent les 7 milliards de dollars en dépit de la baisse des prix du pétrole. L'Algérie doit rembourser en 1999 6 milliards de dollars sur une dette extérieure estimée à près de 30 milliards de dollars. Elle aura remboursé en 1998 5,6 milliards de dollars. Les remboursements prévus en 1998 et 1999 représentent environ une année de recettes pétrolières dans l'hypothèse (retenue pour le budget 1999) d'un baril à 15 dollars. L'effondrement des cours du pétrole a déjà fait perdre à l'Algérie 3 milliards de dollars en 1998 (soit le quart de ses recettes pétrolières).

(Libération 8.12) Le 7 décembre le cours du pétrole de référence (Brent) est tombé en dessous du seuil symbolique des 10 dollars le baril, à 9,96 dollars. niveau inimaginable un an auparavant, quand le même baril cotait plus de 17 dollars. Le problème du pétrole est devenu structurel. Ce n'est plus seulement la baisse de la demande asiatique qui fait fondre les prix, c'est la surabondance durable de l'offre. Les pays pétroliers s'avèrent incapables de limiter leur production. L'Algérie, qui tire plus de 95% de ses ressources en devises du pétrole et du gaz, est au bord de l'asphyxie. Elle doit faire face à des remboursements d'une dette extérieure de 30 milliards de dollars. Elle devra ainsi payer 6 milliards en 1999 après avoir déboursé 5,6 milliards cette année, deux versements qui représentent environ une année de recettes pétrolières au cours de...15 dollars le baril! Les autorités, qui ont élaboré le budget 1999 sur la base d'un baril à 15 dollars, n'excluent pas de le rectifier, ce qui ne manquerait pas d'aggraver l'austérité dans le pays. Au total, les revenus pétroliers de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont baissé d'au moins un tiers en 1998.L'Arabie Saoudite, qui domine l'organisation, aappelé le 7 décembre les pays du Golfe à constituer d'urgence un «bloc économique et pétrolier».

(APS 14.12) La chute des cours du pétrole et, par conséquent de ceux du gaz, dont le prix est indexé sur celui du pétrole, risque de "bloquer le développement économique" de l'Algérie, a déclaré le président de l'association algérienne des industries du gaz, Abdelhak Bouhafs.

(APS 15.12) Selon le président du Conseil national de privatisation (CNP), Abderrahmane Metboul, "les grandes opérations de privatisation seront lancées en 1999". M. Metboul a tiré un bilan relativement positif du processus de privatisation, "en dépit de son application tardive". Le processus a démarré il y a quelques mois par le lancement des privatisations de briquetteries et de brasseries. La privatisation des hôtels a été gelée. Selon le président du CNP, les opérations de privatisation des briquetteries et des brasseries auraient rapporté 150 millions de dollars, dont 100 m illions pour les brasseries (la moitié pour leur acquisition, l'autre moitié en promesses d'investissements).

(APS 15.12) Le PDG de la Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a affirmé au "Financiel Times" britannique que la compagnie poursuivra son plan quinquennal de développement, estimé à 19 milliards de dollars, malgré la chute du prix du pétrole, et qu'aucune compagnie étrangère n'avait "exprimé l'intention de réduire son plan d'investissement en Algérie". Le PDG de la Sonatrach a considéré que pour compenser les effets de la baisse du prix du baril, il fallait "réduire les coûts" de production. S'agissant des prix du gaz, indexés sur ceux du pétrole, il les a définis comme étant "dérisoires" et a craint que s'ils se maintenaient à leur bas niveau actuel, "il n'y aura plus d'investissements dans ce secteur".

(APS 24.12, 27.12) L'entreprise nationle de distribution de médicament (ENIMED) a engagé le 26 décembre la privatisation d'une cinquantaine de pharmacie de la région du centre, sur les 122 privatisables à court terme, par l'"ouverture des plis" d'offres. Les acheteurs des pharmacies privatisées devront fournir un apport personnel de 20 % du coût total de l'officine et obtiendront pour le reste un prêt remboursable sur sept ans, à un taux d'intérêt préférentiel. 487 soumissions ont été faites pour les cinquantes pharmacies privatisables dans l'Algérois et les régions de Blida, Bouira et Boumerdes. Les travailleurs constitués en SARL ont exprimé leur déception (pour le moins) en coinstatant que les prix proposés par les soumissionnaires privés étaient nettement supérieurs aux leurs, et ont estimé qu'il était "injuste de soumettre les travailleurs aux mêmes conditions que les soumissionnaires privés". L'ENIMED compte céder 1600 agences d'ici à 2001, et en a déjà vendu 17.


1999

(APS 3.1) La loi de finances (budget de l'Etat) pour 1999, signée le 31 décembre par le président Zéroual, prévoit une baisse de l'impôt sur les bénéfices des entreprises (de 38 à 30 % et le relèvement du seuil de non-imposition sur le revenu des personnes de 30'000 à 60'000 dinars (soit 600 FF, 150 FS).

(AP 7.1) Le Premier ministre Smaïl Hamdani a affirmé, en présentant son programme devant l'Assemblée nationale le 7 janvier, vouloir créer un million d'emplois, au travers de 16'000 projets d'activités et de 8'000 micro-entreprises privées. Le gouvernement entend en outre "accélérer" le rythme des privatisations (249 entreprises et unités industrielles sont en cours de privatisation), notamment par la cession sous forme d'actionnariat d'un millier d'entreprises à leurs 20'000 employés.

(APS 12.1) L'indice brut des prix à la consommation pour la Ville d'Alger a enregistré une augmentation de 1,4 % entre novembre en déceembre 1998, ce qui situerait le rythme annuel de l'inflation à 5 %. En novembre, les prix avaient augmenté de 1,2 % à Alger.

(APS 17.1) La privatisation de 11 hôtels urbains d'Alger, Batna, Annaba, El Tarf, Oran, Maghnia, Saïda et Sétif, proposée pour la seconde fois après une première tentative en novembre, sera engagée le 3 février au Conseil de privatisation à Alger par l'"ouverture des plis" d'offres de reprise.

(APS 19.1) Les revenue pétroliers de l'OPEP ont chuté de 35,6 % entre 1997 et 1998, et sont passés de 175 à 112,8 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau depuis 1989, malgré une progression de 1,9 % des exportations. Le prix moyen pondéré des pétroles exportés par l'OPEP est tombé de 18,6 dollars/baril en 1997 à 11,8 dollars/baril en 1998 (-37 %).

(El Watan 20.1) Selon la revue annuelle de conjoncture internationale de la direction de la prévision du ministère français de l'Economie, la croissance du produit intérieur brut algérien a été de 1,7 % en 1998 et devrait s'établir à 2,1 % en 1999, mais la baisse du niveau de vie de la population est alarmante et illustre les faiblesses de l'économie nationale. La dette extérieure atteint 66 % du produit intérieur brut en 1997 et devrait atteindre 67 % en 1998, le service de la datte devrait atteindre 46 % de la valeur des exportations en 1998 et plus de 49 % en 1999 (alors que le ministère algérien des Finances l'évalue à 45 % en 1998 et 41 % en 1999). Selon le service français, une dévaluation et un troisième rééchelonnement de la dette algérienne ne sont pas à exclure.

(APS 21.1) Les autorités algériennes ont délivré des permis d'exploitation aérienne à trois sociétés privées, qui viennent s'ajouter aux deux compagnies privées en cours de constitution, Sahara Airlines et Tassili Airlines. Les trois nouvelles sociétés sont "Aero Service Agricole" (société de support aérien à l'agriculture saharienne), "Air Fret Service" (société de fret aérien régional, national et international) et "Antinea Airlines", société de transport de passagers et de fret, intérieur et international.

(APS 31.1) A l'occasion d'une présentation de l'avant-projet de "loi minière" déposé par le gouvernement, et destiné, sur le modèle de loi loi sur les hydrocarbures à encourager les investissements dans le secteur minier, le ministre de l'énergie et des mines Youcef Yousfi a noté le grand écart entre les réserves minières algériennes et les niveaux de production. L'Algérie dipose ainsi de réserves de 3,5 à 5 milliards de tonnes de fer pour une production annuelle de 2 à 3 millions de tonnes, de 1,6 à 2,4 milliards de tonnes de phosphates pour une production de 1,2 à 1,8 millions de tonnes etc... Des proportions comparables (exploitation annuelle de l'ordre de 1 ou 2 pour mille des réserves, ou moins encore) sont notées pour le zinc, le plomb, le mercure, le sel).

(APS 2.2) Les négociations bilatérales en vue de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pourraient reprendre en avril, a annoncé le ministère du Commerce. L'Algérie a exprimé en février 199 son souhait d'adhérer à l'OMC et d'"inscrire sa politique économique dans la perspective de la mondialisation et de la globaliation".

(APS 3.2) La production de la Sonatrach a augmenté de 2 % entre 1997 et 1998 et a atteint 183 millions de tonnes équivalent pétrole, mais son chiffre d'affaire a diminué de 190 milliards de dinars (19 mias de FF, 4,5 mias de FS) du fait de la baisse du cours du pétrole. Le résultat net (bénéficiaire) de l'entreprise a été de 83 mias de dinars contre 114 mias en 1997. La Sonatrach a investi 180 mias de dinars en 1998, dont un peu moins de la moitié avec des pertenaires étrangers. Les recettes des exportations de la Sonatrach en 1998 ont été sérieusement affectées par la chute des cours du pétrole, a reconnu le PDG de la société nationale, Abdelmadjid Attar, qui a toutefois assuré que malgré cette chute, la société avait maintenu ses investissements destinés au développement des nouveaux gisements découverts et à l'infrastructure de production et de transport des hydrocarbures.

(APS 4.2) Le Conseil de privatisation a procédé le 3 février à l'ouverture publique des plis d'offres en réponse à la privatisation de onze hôtels urbains (trois à Alger, deux à Oran et un dans chacune des wilayas d'El Tarf, Tlemcen, Saida, Batna, Setif et Annaba. Sur 26 soumissions de reprises, 25 ont été faites par des opérateurs algériens et une par un opérateur libyen. L'Hôtel Albert 1er d'Alger a cimulé neuf soumissions, allant de 92,6 à 156 millions de dinars. Les offres les plus élevées ont été faites pour l'hôtel Sofitel d'Alger et l'hôtel Seybouse d'Annaba (1,5 milliard de dinars chacun, soit 150 mios FF, 37 mios FS).

(Reuters 2.2) Des entretiens sont en cours pour organiser dans le courant de février un sommet des pays producteurs de pétrole, membres ou non de l'OPEP, a annoncé le 2 février le président de l'OPEP, le ministre algérien de l'Energie et des Mines Youssef Yousfi, qui a exprimé l'espoir de "parvenir à un consensus avec les pays non-membres de l'OPEP afin de corriger la situation actuelle du marché", c'est-à-dire la chute des cours du brut. Pour Youssef Yousfi, "la seule solution réside dans une réduction de (la) production".

(APS 10.2) Selon "Eurogas", 13 % de la consommation énergétique de gaz de l'Europe occidentale sont assurés par l'Algérie. Le reste se répartit notamment entre la production européenne (68 %, essentiellement britannique, hollandaise et norvégienne) et russe (18 %).

(APS 14.2) Le Conseil de privatisation a lancé le 13 février un appel d'offre national et international en vue de la privatisation de deux entreprises publiques, l'Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG), à Reghaïa-Alger (imprimerie, reliure, traitement de texte, photocomposition, reprographie) et l'entreprise de fabrication de lampes (FILAMP). L'ENAP comprend six unités (dont son siège), soit quatre unités de production, une unité de distribution dotée d'un réseau avec un magasin central, un centre de distribution, deux points de vente à Alger et des dépositaires en province.

(APS 26.2) Le Conseil de privatisation a lancé le 24 février un appel d'offres national et international pour la privatisation de 13 entreprises publiques de briqueterie, dans les régions de Constantine, Boudouaou, Boumerdes, Souk Akras, Tipaza, Skikda, Bejaïa, Aïn Defla, Alger, Blida, Tlemcen et Taref.

(APS 27.2) Le Premier ministre Smaïl Hamdani a écarté le 27 février, dans une déclaration à "El Watan", le recours à un troisième rééchelonnement de la dette extérieure de l'Algérie, ou à une dévaluation du dinat : "la situation est certes difficile mais pas catastrophique", et à moyen terme l'Algérie n'a pas de problèmes majeurs avec sa balance de paiements.

(APS 5.3, Le Matin 6.3) Le ministre algérien des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a estimé le 4 mars que la situation financière du pays était "caractérisée par une rlelle stabilité". Selon le ministre, le taux d''inflation mensuelle a atteint 3 % en janvier et le taux d'intérêt des crédits 8,5 %. Cependant, on estime à 10 millions de dollars par jour, soit près de 4 milliards par an, la perte de ressources pour l'Algérie du fait de la chute du cours du pétrole (11 dollars le baril de brent le 4 mars). Du coup, le budget 1999, construit sur l'hypothèse d'un prix du baril à 15 dollars, est infinançable, et il manquerait deux à trois milliards de dollars pour financer ses enganements. Plusieurs réponses sont possibles : une restriction du budget de fonctionnement, aboutissant à des licenciements dans la fonction publique; une dévaluation du dinar, aboutissant à une dégradation du pouvoir d'achat; un nouveau rééchelonnement de la dette, enfin, avec à la clef un bras de fer avec le FMI. Il est vraisemblable qu'aucune décision ne sera prise avant le deuxième tour de l'élection présidentielle...

(APS 7.2) L'entreprise nationale de distribution des médicaments (Endimed) compte privatiser 600 agences pharmaceutiques dans tout le pays en 1999. Un premier avis d'ajudication pour la mise en vente de 84 agences dans l'est du pays a déjà été publié. Durant le courant du mois de mars, d'autres agences vont être privatisées dans le centre et l'ouest.

(El Watan 10.3) La dette extérieure de l'Algérie était de 30,473 milliards de dollars à fin décembre 1998, dont 30,261 mias de dette à moyen et long terme. Fin décembre 1997, la dette extérieure algérienne était estimée à 31,222 mias de dollars. Le ratio dette/PNB est passé de 66,4 à 64,8 % en un an, mais le ratio dette/exportations a fait un bond de 30,3 à 47,5 % du fait de la chute du prix du pétrole. Le ministère des Finances a demandé aux responsables des administrations et entreprises publiques de faire des économies de 30 à 40 %. Entre 1990 et 1998, l'Algérie a remboursé au titre du service de la dette (principal et intérêts) près de 60 mias de dollars.

(AFP 11.3, AP 12.3 ) L'Arabie Saoudite et l'Algérie ont réussi à convaincre le Vénézuéla, le Mexique, l'Iran et la Norvège de réduire la production pétrolière pour faire remonter les cours du brut, qui se sont rétablis à 14,69 $ après l'annonce saoudienne, alors qu'ils tournaient depuis le mois décembre autour des 10 dollars, leur plus bas niveau depuis 12 ans. Les ministres du pétrole d'Arabie Saoudite, d'Iran, d'Algérie, du Vénézuela et un représentant du ministre du pétrole du Mexique se sont mis d'accord le 12 mars à Amsterdam pour réduire la production pétrolière de leurs pays de plus de deux millions de barils afin de soutenir les prix du brut. L'accord sera effectif à partir du 1er avril.

(El Watan 5.4) L'ONG de lutte contre la corruption "Transparency International" va créer une section algérienne, annonce le bulletin de l'organisation. Un collectif est en cours de constitution en Algérie et ambitionne de réunir des juristes, des économistes, des chefs d'entreprises publiques et privées, des journalistes et des personnalités indépendantes pour sensibiliser le public sur les problèmes de corruption et inciter le gouvernement à renforcer la lutte contre ce phénomène.

(AFP 14.4) Le Secrétaire général de l'Association des Banques et Etablissements financiers algériens, Abderrahmane Benkhalfa, a exprimé à l'AFP son attente après l'élection présidentielle, de la venue d'investisseurs étrangers "sous forme d'investissements directs ou de partenariat" avec des Algériens. Il qualifie l'Algérie de "Brésil de l'an 2000" et considère que "le paysage politique s'est éclairci et (que) quel que soit le candidat élu, (l'Algérie va) vers plus de stabilité, vers une économie ouverte qui ne sera pas une économie de bazar, mais basée sur la production". Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), qui soutient Abdelaziz Bouteflika "en raison de son audience internationale", attend également beaucoup de l'élection présidentielle qui amènera au pouvoir "un homme capable de gérer la situation et donner confiance à l'étranger".

(APS 19.4) Le chiffre d'affaires des entreprises du holding mecanique a atteint 25,2 milliards de da en 1998, en hausse de 14 pc par rapport a 97, selon un bilan du holding. Ce chiffre d'affaires devrait atteindre durant cette annee un volume de 27,7 milliards de da, prevoit le holding qui detient dans son portefeuille 19 entreprises (vehicules industriels, ferroviaires et particuliers, materiels agricoles et de travaux publics et equipements industriels). Au niveau du volet social, le secteur a connu une baisse du nombre d'effectif qui est passe de 44.509 travailleurs en 1995 a 27.847 en 97 et a 25.794 en 1998. Pour 1999, le holding prevoit que ce nombre atteingne les 19.419 travailleurs. Quant a la privatisation du secteur, neuf (9) entreprises dont la snvi, bcr, enmtp seront concernees par l'ouverture de leur capital dans le cadre de partenariat alors que sept autres seront privatisees totalement (poval, cycma, dvp..). Pour la filialisation, il est prevu la restructuration de la snvi en 4 filiales (cars et bus, camions, carrosserie et fonderie) et l'enf en 3 filiales (fonderie de Tiaret, d'Oran et d'El Harrach). L'enmtp sera restructuree en 4 societes distinctes dont une filiere commerciale.

(APS 23.4) Le Secrétaire général de l'OPEP, Rilwanu Luckman, a estimé le 23 avril que la moyenne des prix du baril de pétrole devrait se situer pour 1999 entre 15 et 17 dollars, si les réductions décidées dernièrement entre pays producteurs sont respectées.

(Corr 22.4) Le Fonds monétaire arabe (FMA) a accordé un prêt de 231 millions de dollars à l'Algérie pour soutenir on programme de "réformes (...) dans les secteurs financier et bancaire en 1999".

(APS 29.4) Un prêt de 250 millions de dollars a été accordé à la Sonelgaz par la Banque africaine de développement. Ce prêt servira notamment au financement du raccordement au réseau de gaz de ville d'un million de personnes en Algérie.

(El Watan 29.4) En une année (d'avril 1998 à avril 1999), le dinar algérien a perdu près de 20 % de sa valeur (au cours officiel) par rappoirt du dollar américain et au franc français. En avril 1998, le dollar valait 59,7 dinars; le 25 avril 1999, il en valait 70,02. Le franc français valait 9,61 dinars en avril 1998, il en valait 11,34 en avril 1999 (13,8 sur le marché "parallèle). Plusieurs facteurs expliqueraient cette déperdition de valeur : la forte demande exercée par les importateurs sur le marché interbancaire, alimenté presque exlusivement par les recettes des exportations d'hydrocarbures, libellées en dollars et réduites par la chute des prix du pétrole, la tendance des importateurs à payer comptant leurs fournisseurs et enfin les mauvais résultats de l'économie algérienne (récession de 1 % en 1998).

(El Watan 29.4) Dans la seule wilaya de Constantine, 42 entreprises publiques ont été dissoutes depuis le début du programme de "libéralisation" économique du gouvernement Ouyahia, et 18'000 salariés ont perdu leur emploi, sans compter les mises à la retraite anticipée, soit au total, selon "El Watan", près de 30'000 pertes d'emploi dans cette seule wilaya depuis le début du processus de dissolution des entreprises publiques.

(APS 4.5) La balance extérieure de l'Algérie a enregistré au premier trimestre 1999 un excédent de 262 millions de dollars, grâce à une diminution des importations de 11,97 % (soit de 2,29 mias de dollars à 20,1 mias de dollars des premiers trimestres 1998 à 1999), d'où une couverture des importations par les exportations de 130,35 % contre 113 %. C'est le groupe des biens de consommation non-alimentaire qui a subi la plus forte baisse des importations, avec 26,54 %, baisse qui a concerné essentiellement les médicaments et les composants de matériels audio-visuels. S'agissant des exportations, les hydrocarbures en ont représenté 95,75 % du volume global, pour une valeur en diminution de 24,31 % du fait de la chute des prix du pétrole. les exportations se sont dirigées vers leurs destinations traditionnelles, soit l'Union européenne pour 63,42 % (et 56,7 % des importations), dont 21,18 % vers l'Italie (8,63 % des importations) et 18,95 % vers la France. (24,31 % des importations). Hors Union européenne, ce sont les USA qui sont le principal marché de l'Algérie, avec 7,04 % des importations et 13,38 % des exportations.

(AP 16.5) Le secteur public algérien emploie plus de 1,3 million de personnes en Algérie, soit entre un quart et un cinquième de la population active, selon des statistiques publiées le 16 mai par la Direction de la Fonction Publique. L'Etat est depuis 1962 le premier employeur d' pays. Il y a 4,5 fonctionnaires par habitants en Algérie (8 en Framce, 7 en Egypte, 6,5 en Italie, 6 en Espagne). Les secteurs de l'éducation et de la santé représentent 70 % des postes du secteur public. Le statut général de la fonction publique algérienne date de 1966 (sous le régime de parti unique et de "socialisme spécifique" de Boumédienne).

(Le Matin 23.5) Les experts de la Banque Mondiale seraient très inquiets de la situation algérienne. La chute du prix du pétrole entre 1997 et 1998 a entraîné une baisse de la valeur des exportations de 3,5 milliards de dollars. Le solde de la balance commerciale a diminué de 85 %, la balance des paiements a enregistré un solde négatif de 1,3 milliard de dollars en 1998 alors qu'elle était exédentaire de 3,4 mias en 1997, le service de la dette est passé de 4,5 à 5 mias de dollars et son ratio de 32,4 % à 44,2 %, les réserves en devise sont passées de 8,9 milliards de dollars fin mai 1998 à 6,8 mias fin décembre, le déficit du Trésor public a atteint 108 mias de dinars (10,8 mias de FF, 2,7 mias FS) en 1998 après un excédent de 63 mias de dinars en 1997. Les experts de la BM évoquent également un risque d'inflation . Quant au Conseil économique et social algérien (CNES), il relève que l'année 1998 n'a pas connu "d'amélioration sensible" de l'emploi, des revenus et de la consommation, et constate que le chômage affecte surtout les familles nombreuses (53,3 % des cas).

(APS 24.5) Le Conseil économique et social algérien (CNES) estime qu'il faudrait créer 250'000 à 300'000 emplois par an pour maintenir le chômage à son niveau actuel, sans même le réduire, et 700'000 à 750'000 emplois par an pour réaliser le plein emploi. Dans son projet de rapport pour sa session des 24 et 25 mai, le CNES relève que le chômage ne cesse de s'aggraver en Algérie depuis 1987 et qu'il a touché plus de 2,3 millions de personnes en 1997, soit 29,2 % de la population active. Le CNES considère que cette aggravation du chômage résulte à la fois de la baisse des créations d'emplois et des compressions d'effectifs, 360'000 personnes ayant été licenciées entre 1994 et 1998, soit plus de 8 % de la population occupée. Le chômage en Algérie est principalement masculin (pour plus de 77 %), affecte en particuliers les "primo-demandeurs d'emplois" (environ 68 % des chômeurs), soit pour l'essentiel des jeunes sortis du système scolaire (qui exclut chaque année 200'000 personnes 'agées de 16 à 19 ans). 75 % des chômeurs sont sous-qualifiés, mais le chômage des universitaires s^'accroît. Quant à l'offre d'emplois, elle est passée de 140'000 postes en 1985 à 40'000 en 1995. 50'000 personnes bénéficient de programmes d'aide publique et de lutte contre la pauvreté. Le CNES remarque en outre que l'emploi salarié garanti par l'Etat se raréfie, l'emploi temporaire et peu qualifié se développe, ainsi que l'empoloi dans le "secteur informel" (indépendants non inscrits au registre du commerce, réalisant des revenus non déclarés fiscalement, ne payant pas de charges sociales). L'emploi à domicile est passé de 600'000 personnes à un million entre 1990 et 1997. L'emploi industriel a régressé dans la même période de 670'000 à 500'000.

(AP 24.5) Deux usines de traitement de gaz réalisées en partenariat entre la Sonatrach et les sociétés américaine Anadarko, française Total et espagnole Repsol ont été inaugurées le 23 mai dans le Sahara, sur le gisement de pétrole de Hassi Berkine (Sonatrach-Amdarko) et à Fin Touye Tabenkor (Sonatrach-Total-Repsol)

(El Watan 24.5) Entre 30 et 35 milliards de dollars seraient détenus par des Algériens et placés à l'étranger, selon diverses évaluations dont celle de la Banque mondiale. Cette masse financière est du même niveau que le total des "intentions d'investissements" de l'Agence algérienne de promotion et de soutien à l'investissement (APSI) pour les trois ans à venir, et du même niveau également que l'encourt de la datte extérieure de l'Algérie, qui rembourse entre 5 et 6 milliards de dollars par an à ce titre.

(FMI 27.5) Le FMI va octroyer un prêt de 300 millions de dollars à l'Algérie pour compenser une perte "temporaire" de rentrées de devises, due à un ralentissement des exportations. Selon la Banque d'Algérie, il s'agit d'un prêt sans condition. C'est la quatrième fois que l'Algérie recourt à des "financements compensatoires" (ffci) du FMI.

(Le Matin 30.5) l'entreprise publique EPEB-emballage de Béjaïa (706 salariés) est paralysée depuis le 26 mai par une grève illimitée décidé par les syndicats de l'entreprise, après la rupture de négociations avec la direction sur l'application de la convention collective à propos des salaires et des primes. Le secrétaire de la section syndicale de l'entreprise dénonce en outre les "entraves systématiques à l'exercice du droit syndical" par la direction et les "promotions fantaisistes" de salariés ayant fait allégeance du directeur.

(Le Matin 1.6) 40 travailleurs de l'entreprise publique Comamo (mobilier) de Constantine, liquidée le 1er août 1998, et de l'entreprise publique Sowitro (travaux publics), également à Constantine, ont entrepris une grève de la faim illimitée afin de sensibiliser les pouvoirs publics sur leur situation : depuis dix mois pour la première entreprise, onze pour la seconde, les travailleurs sont sans salaires et sans revenus. Les salariés de la Comamo (qui en employait 516) considèrent que sa dissolution était illégale et dénoncent les pressions exercées sur les autres salariés de l'entreprise pour qu'ils choisissent de se mettre au chômage plutôt que de participer à sa reprise par les travailleurs.

(APS 9.6) des projets américains d'un montant global d'un milliard et demi de dollars sont sur le point d'être concrétisés en Algérie, a annoncé le 8 juin le sous-secrétaire d'Etat américain aux Affaires économiques, Stuart Eizenstadt, qui a cité les domaines de télécommunications, du transport aérien et du tourisme comme les débouchés possibles pour "les hommes d'affaire désireux d'investir". Le responsable américain a estimé que les derniers développements de la situation sécuritaire en Algérie, notamment la pérennisation de la trêve de l'AIS, "réjouissent les investisseurs".

(APS 24.6) Selon le ministère de l'industrie, le secteur industriel algérien a enregistré dans la premier trimestre 1999 une croissance de 3,3 % par rapport au premier trimestre 1998, et une augmentation de 7 % des exportations, mais une baisse du chiffre d'affaire de 4 %. Le découvert bancaire du secteur se situerait à hauteur de 22,3 milliards de dinars (2,23 mias FF, environ 550 mios FS), représentant un mois d'activité. Le niveau des stocks de produits finis a augmenté de 24 % d'un trimestre à l'autre. Quant aux dépenses d'investissement, elles auraient sextuplé, passant de 2,1 mias de dinars à 15 mias, dont 13,4 mias pour le seul groupe SIDER. Parallèlement, les effectifs de personnes employées ont continué à diminuer (de 1413 emplois, soit 0,6 % de l'effectif global). Selon le rapport du ministère, la croissance du secteur a été obtenue "grâce aux performances des branches lourdes, telles que la sidérurgie/métallurgie et la mécanique métallique, ainsi que celles de la branche chimie-pharmacie-engrais et bois-papier". Les branches agro-alimentaires, matériaux de construction, textiles et cuirs ont par contre connu une baisse de leur production

(El Watan 29.6) L'entreprise sirérurgique publique algérienne Sider est dans une situation très grave, s'inquiètent les syndicats, qui ont adressé aux autorités un rapport alarmiste. Les indicateurs de vente des produits du complexe siderurgique sont au rouge, notamment du fait de la chute des prix provoquée par le dumping pratiqué par la Russie et l'Ukraine, qui ont réduit de 30 à 50 % les prix de vente de leurs produits. Les opérations en Algérie d'importation de produits sidérurgiques, principalement ukrainiens, se sont multipliées du fait des importateurs privés, alors que la production nationale ne s'écoulait plus. Les banques (publiques) ont au surplus refusé d'accorder à l'entreprise algérienne les moyens de réhabiliter son outil de production, notamment la chaîne du complexe d'El Hadjar, ou ont bloqué ou retardé le financement des origrammes de modernisation, voire même l'approvisionnement de certaines unités de production. Selon les syndicalistes, la situation de Sider est telle qu'elle menace de déboucher sur la perte de 10'000 emplois directs et de 40'000 emplois indirects.

(APS 14.7) La Banque africaine de développement compte élaborer un programme de financement de projets en Algérie pour un montant de 500 millions de dollars en 2000, a annoncé le 14 juillet le président de la BAD, Omar Khabbaj. Ce programme touchera notamment les secteurs de l'éducation, de la santé, du développement urbain, ainsi que la Sonelgaz et la Sonatrach. L'Algérie est un des principaux utilisateurs des ressources de la BAD, avec un volume d'engagements de plus de 2,5 milliards de dollars.

(El Watan 14.7) Des syndicalistes et personnalités politiques de quatorze pays africains (dont Ahmed Ben Bella) ont adressé une lettre ouverte aux chefs d'Etat et de gouvernement participant au sommet de l'OUA, leur demandet d'"exiger l'annulation de la dette extérieure de l'Afrique". La porte-parole du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, a été chargée de remettre cette lettre ouverte au président algérien (et de l'OUA) Abdelaziz Bouteflika.

(29.7) En 1998, l'Union européenne a absorbé 57,1 % des exportations algériennes (lesquelles ont totalisé 10,12 mias dollars, en recul de 27,3 % par rapport à 1997, en sont constituées à 96,15 % d'hydrocarbures). L'Italie absorbe 21 % des ventes algériennes, la France 16,5 % et les USA 15,34 %. Les importations se sont établies à 9,32 mias de dollars en 1998, en augmentation de 7,32 %. La France est le premier fournisseur de l'Algérie (22 % des importations), devant les USA (10,3 %) et l'Italie (8,83 %). Près du tiers des importations algériennes est constitué par l'alimentaire, pour 2,7 milliards de dollars. Les importations de biens d'équipement industriels et agricoles "pèsent" 3 milliards. Le déficit du commerce extérieur algérien a atteint 803 millions de dollars en 1998, alors que 1997 avait vu un excédent de 5,2 milliards. L'Algérie a réglé 80 % de ses importations en 1998 au comptant. Sa dette extérieure est estimée à 30 milliards de dollars, et en 1999 le pays revrait rembourser 6 milliards de dollars à ses créanciers (5,6 mias en 1998). Avec la France, le solde du commerce extérieur est passé de 698 millions de FF (au profit de la France) en 1997 à 6,49 milliards en 1999, sous l'effet d'une forte chute des importations française (-27,6 % ) et d'une forte hausse des importations algériennes (+ 17,2 %), notamment en biens de consommation (y compris les médicaments) et de matériels de transport. Premier importateur de blé au monde, l'Algérie avait arrêté ses achats à la France en 1998, mais les a repris en 1999.

(El Watan 5.8) L'avant-projet de budget 2000 a été présenté par le ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui au Conseil des ministres le 4 août. Il vise selon le ministre à contenir le déficit budgétaire et à soutenir l'investissement. Il prévoit un taux de croissance de 5 % en 2000 et 5,5 à 6 % en 2001, une inflation de moins de 5 % par année en 2000, 2001 et 2002 et table sur un prix du pétrole de 15 dollars le baril en 2000.

(AP 9.8) La première compagnie aérienne privée algérienne, Khalifa Airways, inaugure son premier vol le 9 août entre Alger et Oran. Khalifa assurera quotidiennement deux dessertes entre Alger et Oran, deux autres entre Alger et Constantine et une entre Alger et Béjaïa. Trois autres compèagnies privées (Eco Air, Air Fret et Aero) ont reçu un permis provisoire d'exploitation, et deux compagnies (Sahara Airlines et Antinea Airlines) un permis permanent d'exploitation.

(El Watan 12.8) Le quotidien "El Watan" annonce le prochain licenciement de 3400 travailleurs par l'entreprise publique SIDER "dans les prochains jours". Sur les 22'000 salariés de l'entreprise sidérurgique en janvier 1997, 10'000 ont déjà été licencés. Le syndicat de l'entreprise "rejette totalement et sans discussion aucune" ce plan de nouveaux licenciements, qu'ils qualifient de tentative de "déstabilisation" et de "sabotage de la paix sociale" et derrière lequel ils voient "une énième tentative menée par certains charognards qui convoient leur butin et attendent le bradage du patrimoine de Sider par le holding Sidmet".

(AFP 15.8) L'Algérie prévoit une hausse de 50 % de ses réserves en devise d'ici la fin de l'année en raison du redressement du prix du pétrole, dont le pays tire plus de 95 % de ses revenus. Le ministère algérien des finances prévoit que les réserves de devises de l'Algérie passeront de 4,8 milliards à 7,1 milliards de dollars à la fin de l'année, sur la base d'un prix moyen du baril à 16 dollars.

(APS 17.8) La balance commerciale algérienne a enregistré en juillet un excédent de 186 millions de dolars (730 millions d'importations couvertes par 925 millions d'exportations), ce qui représente une baisse de 2 % des importations et une hausse de 17 % des exportations par rapport à 1998. 33,61 % des importations sont constituées par des biens d'équipements (en hausse par rapport à 1998), 28,03 % par des produits alimentaires (en baisse), 23,91 % par des produits destinée au fonctionnement de l'outil de production (en baisse). Le principal fournisseur de l'Algérie en juillet 1999 est la France (24 %), suivie de l'Italie (8,38 %), de l'Allemagne (8,13 %) et du Japon (7,15 %). S'agissant des exportations, plus de 97 % d'entre elles sont constituées par les hydrocarbures, dont la valeur (900 millions de dollars) est en hausse de 18 % en un an. Le principal client de l'Algérie est l'Italie (23,25 %), suivie de la France (19,81 %), des USA (8,63 %) et de l'Espagne (8,19 %).

(APS 17,8) Le ministre de l'agriculture Benalia Belhouadjeb a annoncé le 16 août que la production algérienne de céréales avait baissé de près de 33 % en 1999 par rapport à 1998, passant de 30 millions de quintaux à 20 millions. Le ministre n'a pas donné d'explications sur les raisons de cette baisse, qui pourrait être due à la faible pluviométrie sur les régions céréalières. L'Algérie est le premier importateur de blé au monde, et les céréales constituent 45 % des achats agricoles algériens à la France. La chute de la production algérienne devrait entraîner une hausse des importations, et affecter donc assez lourdement la balance commerciale (28 % des importations étaient constituées en juillet 1999 par des importations de produits alimentaires).

(APS 18.8) La part de recettes touristiques dans les ressources de l'Algérie n'a pas dépassé les 35 millions de dollars, a annoncé le 18 août le ministre du Tourisme Abdelkader Bengrina. En termes de recettes, le tourisme en Algérie ne pèserait que 0,08 % des recettes mondiales, qui se montent à 550 milliards de dollars, dont 74 milliards aux USA et 70 milliards en France, soit plus de sept fois plus que le total des recettes que l'Algérie tire des hydrocarbures, et qui constituent 95 % de ses exportations), alors que la part du continent africain a atteint, elle, 7 milliards de dollars (soit 1,3 % du total mondial), dont 2,6 milliards pour l'Afrique du nord.. Le tourisme en Algérie ne représenterait en valeur que 0,5 % du tourisme en Afrique et 1,35 % du tourisme en Afrique du Nord.

(Corr 20.8, Reuters 21.8) La compagnie aérienne privée Khalifa Airways a annoncé le 20 août qu'elle assurerait dès la semaine suivante des vols réguliers vers la France et l'Espagne au départ d'Alger, mais les autorités françaises ont immédiatement précisé qu'aucune autorisation n'était encore accordée et que "le dossier est encore en instruction". La compagnie a annoncé avoir reçu un premier avion (Airbus A310-300) et en attendre un second pour le 23, les deux avions étant en leasing. Pour sa part, Air Algérie a passé commande à Boeing de neuf appareils de type 737, pour la deuxième moitié de 2000, afin de "faire face à un contexte de compétition". Air Algérie dispose de 29 appareils, pour la plupart des Boeing.

(AFP 31.8) La compagnie aérienne saoudienne Saudi Airlines a annoncé le 31 août qu'elle reprenait ses vols vers l'Algérie, à raison d'un vol hebdomadaire Djeddah-Alger, puis de deux vols hebdomadaires. La compagnie saoudienne est la deuxième à reprendre ses vols vers l'Algérie, après la Turkish Airlines, qui a repris ses vols en juin. Air-France, Alitalia et Swissair ont récemment exprimé leur désir de reprendre leurs dessertes algériennes.

(Corr 1.9) L'UGTA a mis en garde, dans une déclaration de son secrétariat général publiée en "placard" publicitaire par la presse algérienne le 1er septembre, les autorités contre des "turbulences" sur le front social si des "mesures énergiques de redressement" ne sont pas prises. Le syndicat considère que l'Algérie traverse une crise sans précédent" qui "lamine dangereusement les classes moyennes garantes de la stabilité sociale", après que près de 400'000 postes de travail (concernant un dixième de la population active) aient été supprimés, et alors que le taux de chômage dépasse 30 % de la population active.

(El Watan 8.9) 52 agences pharmaceutiques de l'entreprise publique de distribution pharmaceutique de détail ENDIMED vont être privatisées et mises en vente. Ces agences sont situées dans l'ouest, notamment dans la wilaya d'Oran. C'est le sicième "lot" de pharmacies" privatisées par l'ENDIMED.

(APS 14.9) En deux ans, douze banques privées, dont six étrangères, ont été autorisées à se constituer ou ont été agrées par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC). Parmi elles, la banque américaine Citibank, au capital de 500 millions de dinars, et la banque française Société Générale, au capital de 500 millions de dinars souscrits à 49 % par la SG, à 31 % par le holding luxembourgeois FIBA, à 10 % par la SFI, filiale de la Banque mondiale, et à 10 % par la Banque africaine de développement.

(APS 17.9) Le Fonds saoudien pour le développement (FSD) va attribuer un prêt de 200 millions de dollars à Algérie, destiné à financer certains projets de développement.

(APS 23.9) La croissance économique en Algérie devrait atteindre 4,6 % en 1999 et 5,4 % en 2000, selon les prévisions du FMI publiées le 22 septembre. L'inflation devrait se situer à 5,3 % en 1999 et 5 % en 2000.

(AP 28.9) Les compagnies pétrolières algérienne Sonatrach et américaine Anadarko ont signé le 28 septembre à Alger un contrat de 770 millions de dollars pour l'exploitation du champ pétrolifère de Hassi-Berkine sud. Le contrat vise à faire passer la production du champ de 60'000 à 285'000 barils/jour d'ici à 2002. Le financement de l'accord est assuré à 51 % par Sonatrach. Anadarko a déjé découvert dans le sud algérien deux gisementes estimée à un milliard de barils chacun. L'Algérie dispose de 9,2 milliards de barils de réserves prouvées.

(Le Matin 3.10) Une ligne de crédit de 30 millions de dollars a été accordée par l'Italie à l'Algérie pour l'achat d'équipements au profit des petites et moyennes entreprises, a annoncé le 2 octobre à Oran l'ambassadeur d'Italie en Algérie, Antonio Armellini.

(APS 3.10) La compagnie aérienne italienne Alitalia a annoncé qu'elle était prête à reprendre ses vols vers l'Algérie dès le 1er décembre, à raison de deux vols par semaine.

(Reuters 12.10) La télévision algérienne a annoncé le 11 octobre qu'un groupe d'investisseurs occidentaux comptait investir sept milliards de dollars en Algérie, dans des projets financés par des Britanniques, des Français, des Canadiens et des Américains dans les domaines de l'agriculture et du logement, et sous la coordinnation de la société "Prudential Securities" de New York. Le lendemain, le président du Conseil national des propriétés d'Etat, Ahmed Tibawi, a démenti l'information, également démentie par la société américaine.

(APS 16.10, Le Matin 17.10) Le projet de budget pour 2000 adopté le 14 octobre par le Conseil des ministres prévoit 1032,24 milliards de dinars de recettes, 1252,27 milliards de dinars de dépense (962 mias pour le budget de fonctionnement, 290 mias pour le budget d'équipement), soit un déficit de 220,03 milliards de dinars (22 mias FF, 5,5 mias FS) ce qui représente environ 6 % % du PIB algérien. Le projet de budget a été élaboré sur la base d'un prix du baril de pétrole de 15 dollars, d'un taux d'inflation de 4 à 5 %, d'un taux de croissance de 5 %, d'un taux de change de 65 dinars pour un dollar et d'un PIB de 3500 milliards de dinars. Selon l'agence officielle APS, qui sert une nouvelle fois ici de "caisse de resonnance" aux divergences entre le président et tel ou tel secteur du pouvoir, le président Bouteflika a manifesté une "satisfaction limitée" à l'égard d'un projet de budget "ne reflétant pas la politique économique et sociale" qu'il envisage de mettre en oeuvre. Le président estime nécessaire une loi de finances complémentaire dans le cours de l'exercice afin (dixit l'APS) d'"apporter les corrections nécessaires devant refléter au mieux sa politique visant à un rééquilibrage des grandes tendances économiques et sociales en rapèport avec l'évolution des marchés internationaux qui affectent la conjoncture économique de l'Algérie", ce qui, en plus clair, impliquerait la création de "conditions de relance économique" et une "plus grande maîtrise des dépenses publiques", avec notamment un "effort particulier" de "moralisation des administrations" fiscales, un "ciblage mieux étudié et plus précis" des prestations sociales et un "partage plus équitable des contraintes d'austérité". Le président se propose, selon l'APS, d'"éliminer progressivement les sources (économiques) parasitaires et spéculatives".

(El Watan 1.12) Le poids de la dette extérieure algérienne représente actuellement 1056 dollars par habitant (pour un revenu moyen par habitant de 1500 dollars)- Le service de la dette dépasse les 5 milliards de dollars, et la dette algérienne restem en 1999, plus importante qu'en 1989. Fin 1998, le ratio dette extérieure/PIB était de 64,8 %, et le service de la dette représentait 47 % des recettes d'exportation du pays.

(APS 30.11, 1.2, Le Matin 2.12) L'Assemblée nationale a adopté le 30 novembre à la majorité le projet de budget pour 2000. Le budget table sur un taux d'inflation de 3 % (l'opposition l'évaluant entre 10 et 20 %) et sur un prix du baril de pétrole de 15 dollars. Expliquant la position du FFS sur la projet de budget (le FFS l'a refusé, comme le RCD et le PT), le président du groupe parlementaire socialiste, M. Bouhadef, a dénoncé un budget aux "objectifs inavoués : préserver les équilibres macro-économiques alors qu'il n'y a ni croissance ni investissement", pour "satisfaire (aux) exigences du FMI" quitte à "appauvrir le peuple" et à "continuer dans la rapine et le brigandage". Pour sa part, Louisa Hanoune a expliqué l'opposition de son parti au projet de budget par le fait que celui de propose "que des augmentations de taxes et des prix des produits de consommation", alors que l'évasion fiscale est "estimée à 500 milliards de dinars" (50 mias FF, 12,5 mias FS).

(APS 1.12, 2.12) Devant les délégués participant à Seattle à la Conférence de l'OMC, le ministre algérien des Affaires Ahmd Attaf a réaffirmé l'objectif de l'Algérie d'adhérer à l'OMC et son engagement à adapter ses textes législatives et réglementaires aux normes de l'organisation. Le représentant algérien a cependant plaidé au nom de l'Afrique pour un "trairement approprié et satisfaisant des questions de développement" et pour un "traitement différencié applicable aux pays en développement. Dans le même temps, 29 syndicats, partis politiques et personnalités de douze pays d'Afrique ont appelé le 1er décembre les représentants des pays africains présents à Seattle à demander "l'annulation totale et sans condition de la dette" africaine, pour que "les peuples africains puissent vivre en paix". Les signataires de cet appel ont "mandaté" Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des Travailleurs, afin qu'elle le remettre au président Bouteflika, en sa qualité de président de l'OUA.

(AP 9.12) Comme chaque année, les prix de détail des denrées alimentaires se sont envolés pour le ramadan, le prix du kilo de courgette ayant par exemple doublé en une semaine, atteignant le 9 décembre, premier jour de Ramadan, les 160 dinars (16 FF, 4 FS).

2000

(El Watan 9.1) Une grève "illimitée" déclenchée le 3 janvier par les travailleurs de l'entreprise Alfasid, du complexe sidérurgique El Hadjar (groupe Sider) a pris fin le 8 janvier, au lendemain de la signature d'un accord collectif entre le syndicat et la direction de l'entreprise. La direction générale a abandonné toutes les poursuites judiciaires entamées au lendemain du déclenchement de la grève, et les travailleurs ont, selon "El Watan" réussi à faire accepter leurs principales revendications : harmonisation de la grille des salaires de l'entreprise avec celle des autres filiales du groupe, augmentation de 5 % des salaires de base, entrée en matière sur une deuxième augmentation de 15 % (en trois phases). En contrepartie, la direction de l'entreprise a fait signer par le syndicat une "trêve sociale" de deux ans. .

(Liberté 11.1) Le nouveau PDG de la Sonatrach, M. Bouhafs, qui en avait déjà été directeur général , a été installé le 10 janvier à la tête de l'entreprise nationale du secteur des hydrocarbures, où il remplace M. Attar.

(El Watan 13.1) Alors que la fin du conflit entre les travailleurs et la direction d'Alfasid (du groupe Sider) avait été annoncée, après un accord conclu entre la direction et l'UGTA, le conflit pourrait être relancé après l'annulation ou la suspension de l'accord par la direction de l'entreprise, tant que la direction financière du groupe Sider n'a pas elle aussi donné son "accord à l'accord" -ce qui entraîne la non application de points importants de l'accord obtenu, comme l'augmentation de 5 % des salaires et l'installation des commissions paritaires Du coup, les syndicalistes dénoncent l'accord en question comme un piège. Le 17 janvier, une manifestation des travailleurs est prévue devant le siège du groupe Sider.

(Le Matin, El Watan 16.1) La grève des travailleurs d'Alfasid (groupe Sider) devait reprendre le 17 janvier, après l'annulation par la direction de plusieurs dispositions de l'accord conclu le 7 janvier, et qui devait mettre fin au mouvement de grève, accord accepté par les travailleurs (5840 syndiqués dans l'entreprise), à l'appel du syndicat -lequel avait également accepté une "trève sociale" de deux ans en échange de la satisfaction de ses revendications.

(Liberté 18.1, El Watan 19.1) Aucune solution n'avait été trouvée le 17 janvier au conflit d'Alfasid-Sider, dont le Conseil d'administration s'est réuni ce jour là, pour se séparer sur un constat de désaccord entre ses membres. Les travailleurs se sont quant à eux remis en grève le 15, pour protester contre la non-application par la direction de l'accord négocié pour mettre fin à la grève précédente. Le Conseil syndicat d'Alfasid a adressé le 18 janvier un véritable ultimatum à la direction de l'entreprise et du groupe, en leur donnant un délai au 19 janvier pour appliquer les principales dispositions de l'accord (relèvement de 10 à 20 % de la prime de rendement individuel, augmentation de 5 % du salaire de base, installation des commissions paritaires), sous menace d'une grève "illimitée" dès le 22 janvier. Pour sa part, le directeur de Sider, M. Tahari, a déclaré le 18 janvier que le groupe était "en cessation de paiement" et avait "largement" dépassé le cap du découvert qui lui était accordé par sa banque, après que l'Etat ait injecté 60 milliards de dinars (6 mias FF, 1,5 mia FS) dans le groupe, et que "toute augmentation des salaires, de quelque niveau que ce soit, signifierait en l'état actuel des choses la mort de l'ensemble du groupe et la mise au chômage des 12'000 travailleurs composant (ses) 23 filiales"

(El Watan 23.1) Une grève illimitée, concernant 6000 travailleurs, a été déclenchée le 22 janvier au complexe sirérurgique d'El Hadjar de l'entreprise Alfasid (groupe Sider), dont 14 directeurs d'unité de production et le PDG ont démissionné. Le syndicat UGTA a menacé de généraliser le mouvement à l'ensemble du territoire. La gr^ve paralyse totalement les installations de production, un service minimum étant cependant assuré sur les installations sensibles, et plusieurs milliers de salariés de l'entreprise se sont rassemblée le 22 janvier devant le siège de l'entreprise -dont le directeur général, avant de démissionné, a confirmé la légalité de l'accord collectif du 7 janvier, dont l'annulation par la direction du groupe Sider est la cause de la grève.

(APS 20.1) Le Fonds Monétaire International (FMI) est "entièrement à la disposition de l'Algérie" pour lui permettre de "catalyser plus d'apports extérieurs", a déclaré le directeur général du FMI Michel Camdessus, en visite à Alger les 19 et 20 janvier. Michel Camdessus, qui n'était pas revenu à Alger depuis plus de sept ans, a rencontré le président Bouteflika, et a estimé qu'"une innovation essentielle s'est produite" en Algérie depuis quelques temps et qu'"un nouveau départ de l'Algérie est maintenant possible avec la concorde civile". Il a salué "les thérapies redoutables que les gouvernements précédents ont accepté d'engager" et qui selon lui "ont permis de redresser beaucoup de choses et de ramener le pays sur un sentier de croissance", mais a estimé qu'elles étaient "insuffisantes pour répondre à la demande notamment de l'emploi et du logement" et pour "dynamiser davantage l'économie algérienne". Il a plaidé pour la "poursuite de la réforme et de la recherche de l'efficacioté économique", et assuré que le FMI soutiendra l'Algérie", qui "honore ses dettes" et bénéficie "d'une sorte d'aubaine pétrolière". Michel Camdessus a estimé qu'il n'y avait aucune raison que l'Algérie bénéficie d'une annulation partielle de sa dette extérieure, comme les pays les plus pauvres l'ont obtenu des pays industrialisés, car elle est "nettement plus riche qu'eux". Il a cependant reconnu qu'il fallait "réaménager la dette afin que son profil ne puisse plus peser sur le développement de l'Algérie" et "n'empêche pas le développement". Le directeur général du FMI a évoqué la possibilité d'un "échange de la dette contre des participations et (des) reprofilages", mais a invité l'Algérie à ne "pas être tellement obsédée par sa dette", qu'il lui "sera plus facile de régler" en améiorant "ses structures de gouvernement et ses structures d'intervention économique qui ne doivent pas être trop lourdes".

(El Watan 25.1) Les 136 travailleurs de la société SOTRAWO (travaux routiers de la wilaya d'Oran) sont en grève illimitée depuis le 5 décembre, pour obtenir le départ du directeur général et du directeur administratif, à qui ils reprochent la mauvaise gestion (sanctionnée par une faillite) de l'entreprise (et, en ce qui concerne le directeur administratif, des pratiques de harcèlement sexuel des employées). Les grévistes n'ont perçu aucun salaire depuis le début de la grève et n'ont pas reçu le soutien de l'UGTA, qui aurait même "gelé" la section syndicale de l'entreprise.

(APS 27.1) Les exportations algériennes ont atteint 11,385 milliards de dollars en 1999, soit une hausse de 11,48 % en un an, selon les statistiques officielles des douanes. Les importations se sont montées à 9,018 milliards de dollars, soit une baisse de 385 millions de dollars. L'excédent de la balance commerciale se monterait ainsi à 2,367 milliards de dollars, soit un taux de couverture des importations de 125,25 % (108,61 % en 1998). 96 % des exportations sont constitués par des hydrocarbures (énergie et lubrifiants). 33 % des importations sont constitués par des biens d'équipement industriels, 27 % par des produits alimentaires et 15 % par des biens de consommation. 68 % des exportations se dirigent vers les pays de l'Union européenne, d'où proviennent 58 % des importations.

(Liberté 2.2) Les syndicats (UGTA et SNAPAP, autonomes) ont déposé plainte auprès de la sûreté de la wilaya d'Oran contre la direction des travaux publics de la wilaya pour mauvaise gestion, en l'ocurrence non-respect du code des marchés et pratiques de complaisance qui, selon les syndicats, auraient causé un préjudice financier de 15 millions de dinars (1,5 mio FF, 375'000 FS) aux pouvoirs publics dans deux dossiers, l'un de fourniture et pose d'équipements, l'autre de poursuite de travaux au-delà du délai contractuel, sans pénalités. Les syndicats accusent également la direction des travaux publics d'avoir permis l'implantation irrégulière d'une coopérative immobilière sur un espace empêchant la réalisation d'un équipement routier. Le directeur des travaux publics rejette ces accusations, accuse les syndicalistes de se venger de sanctions administratives prononcées contre eux et nie aux syndicats le droit de "contrôler la gestion". Il envisage des sanctions et des plaintes contre les syndicalistes concernés.

(Le Matin 1.2) Le ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil a annoncé le 30 janvier que la Sonatrach pourrait ouvrir une partie de son capital et "vendre une partie de ses actions" pour trouver de l'argent afin de "développer ses activités internationales". Cette possibilité a été évoquée par le ministre alors qu'il signait une convention de prêt de 98 millions de dollars par le FADES à la Sonelgaz.

(AFP, El Watan 6.2 6.2) Alors que le ministre des Privatisations Hamid Temmar déclarait le 5 février à la délégation patronale française en visite en Algérie que celle-ci allait "privatiser vite", mais dans la transparence et dans la plupart des cas avec appel d'offre, les syndicats (UGTA et autonomes) montent au créneau pour dénoncer une "campagne médiatique menée depuis plusieurs jours autour de la privatisation" de la Sonatrach, et une "volonté de mettre en vente le secteur des hydrocarbures", pilier du secteur industriel public algérien. Le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil avait en effet déclaré le 1er février que "si Sonatrach trouve qu'elle a besoin d'argent (...) elle peut vendre une partie de ses actions", en ajoutant que "la privatisation dans le secteur n'est pas quelque chose de nouveau". Quant au président Bouteflika, il avait déclaré que "la voie est ouverte à l'exploration et (au) partenariat". Les syndicats dénoncent une "agression et (une) provocation" et promettent de combattre toute privatisation.

(El Watan 16.2) La décision de dissoudre les holdings publics semble, écrit "El Watan", ne "plus faire de doute" et serait "expressément exigée par le Président de la République", qui aurait donné deux mois au ministre de la Participation et des Réformes,amid Temmar, pour la prendre. Certains présidents de holdings publics la provoyeraient pour fin mars. Les holdings seraient transformée en groupes financiers et industriels gérés par un directeur unique.

(Le Matin 16.2) La dette extérieure algérienne a atteint à fin 1999 28,315 milliards de dollars (dont 171 millions de dollars de dette à court terme), soit 2,1 milliards de dollars de moins qu'à fin 1998, a annoncé le 15 février la Banque d'Algérie. Le ratio service de la dette/exportations est passé de 47,5 % en 1998 à 39,05 % en 1999, grâce à l'augmentation des prix du pétrole, le ratio dette/PIB passant de 64,8 % à 58,9 %. Fin 1999, les crédits non encore remboursés proviennent à 80 % de l'OCDE, et à 60 % de l'Union européenne.

(AP 17.2) Le secteur des télécommunications en Algérie va connaître prochainement de profonds changements, a annoncé le ministre Mohammed Maghlaoui le 17 février, lors des rencontres algéro-italiennes consacrées aux privatisations et aux participations. Une licence d'exploitation du réseau de téléphonie mobile GSM va être attribue au secteur privé, sur la base d'un cahier des charges. L'offre du secteur public sur ce marché est évaluée à 100'000 lignes, largement en deçà des besoins. Telecom-Italia s'est déclarée intéressée par ce marché, auquel le groupe français Vivendi est également intéressé. Dans une seconde étape de la restructuration du secteur des postes et télécommunications, qui s'effectuera selon leur ministre dans "une transparence totale", celles-ci seront séparées en deux entités distinctes et les telecoms seront ensuiite ouvertes à la participation du seczeuir privé. Quant à l'entreprise des postes, elle sera dirigée vers la bancarisation.

(AP 19.2, Liberté, El Watan, Le Matin 21.2) Le gouvernement algérien s'apprête à lancer une vague de privatisations, et à remplacer l'actuel Conseil de la privatisation par une agence directement rattachée au Premier ministre. L'opération de privatisations qu'envisage le gouvernement d'Ahmed Benbitour devrait toucher 90 % du tissu industriel encore public. Le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, a précisé que 903 entreprises publiques seront privatisées : 519 entreprises publiques économiques (EPE) et 384 entreprises publiques locales (EPL), les dernières encore existantes, après quoi l'ensemble du secteur des petites et moyennes entreprises algériennes sers privatisé. A Alger, le 20 février, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a déclaré lors d'une conférence de syndicalistes sur "le rôle du secteur public dans l'économie de marché", que le syndicat n'était pas "contre une privation qui conduit à la croissance économique, à la création d'emploi, qui ramène la technologie et le savoir-faire, mais contre le bradage des entreprises publiques" et contre une "privatisation à caractère idéologique et politique" sans implication des syndicats dans le cadre d'un "consensus national". Le secrétaire général de la Fédération UGTA du Pétrole, Mohamed Lakhdar Badredine, a estimé quant à lui que la question n'était pas celle "de la nature de la propriété entre secteur public ou secteur privé" mais plutôt une question de "bonne gestion des deniers publics". Lors d'une rencontre entre le Premier ministre Benbitour et le Secrétaire général de l'UGTA Sidi Saïd, le chef du gouvernement s'est engagé à la "transparence" dans la politique de privation.

(Le Matin 23.2) La dissolution de 17 holdings publics devrait être annoncée le 24 février par le ministre de la Participation et des réformes. Les holdings dissous devraient être remplacés par 40 groupes industriels et financiers. Une Agence nationale des privatisations devrait en outre remplacer le Conseil des privatisations. L'agence dépendrait directement des services du Premier ministre.

(Reuters 24.2) Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a annoncé le 24 février au personnel de la Sonatrach que la société nationale sera partiellement privatisée, par la vente d'actions à des groupes privés.

(Liberté 24.2) Le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, a démenti le 23 février que la dissolution des holdings publics, annoncée par la presse privée, soit imminente. Il a cependant confirmé qu'elle était "à l'ordre du jour" et qu'elle se fera "en temps opportun", dans le cadre d'une réforme dont les "contours définitifs" seront eux aussi "annoncés en temps voulus". Il en va de même de la dissolution de l'Agence pour la promotion et le suivi des investissements.

(Algeria Interface, 3.3) La compagnie pétrolière anglaise BP se propose d'investir 2,4 milliards de dollars dans le champ de gaz d'In Salah d'ici 2002. Il s'agit de l'investissement étranger le plus important jamais réalisé en Algérie, pour un projet devant aboutir à la production de 9 milliards de m3 de gaz (dont 5 milliards pour la compagnie italienne Enel). Cet investissement a été annoncé alors que le débat fait rage en Algérie autour des intentions supposées du gouvernement de privatiser partiellement la Sonatrach, devenue il y a deux ans une compagnie par actions -détenue actuellement à 100 % par l'Etat. La Sonatrach (Société nationale pour la recherche, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures) a été créée en 1963. Elle assure l'essentiel des exportations algériennes (dont le 97 % proviennent précisément du secteur des hydrocarbures) et 60 % des recettes du gouvernement. Avec un capital de 6 milliards de dollars, un chiffre d'affaire annuel de 10 milliards (en moyenne décennale), elle est la première société africaine selon le chiffre d'affaire, le deuxième employeur algérien après la fonction publique et le pilier de toute l'économie du pays.

(Le Matin 1.3 Quotidien d'Oran 2.3, corr 4.3) Le "Quotidien d'Oran" annonce "de source sûres" que le secrétariat national de l'UGTA a demandé aux UGTA des différentes wilayas de se tenir prêtes pour d'éventuelles grêves ou manifestations de protestation contre les privatisations et les compressions d'effectifs. Par ailleurs, le secrétaire général du syndicat, Sidi Saïd, a exprimé dans une conférence de presse le 29 février son opposition à la privatisation partielle de la Sonatrach, qui selon lui "menace la cohésion sociale" Cette "radicalisation" potentielle (et probablement plus apparente que réelle) du syndicat ex-unique semble cependant due plus directement à la contestation dont sa ligne de soutien au gouvernement fait l'objet au sein de sa propre base, en pleine "campagne électorale" pour son secrétariat général, et à la concurrence que commence à lui faire les syndicats autonomes. 73 dossiers d'agréments de syndicats autonomes sont à l'étude au ministère du Travail, et (toujours "selon des sources sûres"), le gouvernement serait sérieusement tenté de donner ces agréments. En outre, il semble que le nouveau ministre du travail (islamiste) "s'intéresse de plus en plus à la gestion de l'UGTA, à la destination exacte des subventions" qu'elle reçoit de l'Etat et à la gestion de la Caisse nationale de sécurité sociale, présidée par le Secrétaire général de l'UGTA. Du coup, le Premier Mai, des marches devraient être organisées dans plusieurs villes "pour obliger le gouvernement à prendre au sérieux l'UGTA", selon un membre de son secrétariat national. Ou pour l'obliger plutôt à ne pas prendre trop "au sérieux" les demandes d'agrément d'autres syndicats et les investigations sur la gestion des fonds reçus ou contrôlés par le syndicat, selon d'autres sources...

(APS 13.3) Les recettes fiscales pétrolières effectives se sont chiffrées en 1999 à 560 milliards de dinars (56 mias FF, 14 mias FS) au lieu des 480 mias prévus par le budget, a annoncé le 13 mars le ministère des Finances. Ce gain de 80 mias de dinars (8 mias FF, 2 mias FS) a été réalisé essentiellement grâce au redressement du prix du baril de pétrole, que le budget prévoyait à 15 dollars et qui s'est établi en moyenne annuelle à 17,5 dollars le baril. Par contre, les recettes fiscales ordinaires seraient, selon les évaluation du ministère, inférieures à celles prévues par le budget, en raisons officielles d'une saison agricole défavorable et d'une baisse des recettes des impôts indirects (TVA) et directs (IRG). Au total, le surcroît de recettes fiscales pétrolières compense ces baisses et devrait permettre de réduire le déficit budgétaire, évalué initialement à 161,5 milliards de dinars (16,15 mias FF, environ 4 mias FS).

(Libre Algérie 13.3, Quotidien d'Oran 14.3, APS 16.3) La balance commerciale de l'Algérie a enregistré un excédent de 704 millions de dollars en février 2000, contre 13 mios en février 1999, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS). Les exportations se sont montées à 1,255 mia (+ 90,58 %), les importations à 651 mios (- 6,73 %), ce qui donne un taux de couverture des secondes par les premières de 208,14 % (contre 101,86 %). Ce résultat est imputable à l'augmentation de la valeur des exportations d'hydrocarbures (1,322 mia, contre 669 mios), due elle-même à la hausse du cours du baril (les exportations hors hydrocarbures ont par contre baissé) et à la diminution de la valeur des importations de biens de consommation non alimentaire (- 29,73 %), alimentaires (- 2,06 %) et des biens d'équipement (- 6,85 %). Les importations ont été payées cash pour 81,79 %, par lignes de crédit pour 14,06 % et par les comptes de devises des importateurs pour 0,86 %- L'Italie est le principal client de l'Algérie (22,14 % des exportations), suivie des USA (15,06 %, de la France (11,88 % et des Pays-Bas (7,53 %). La France est le principal fournisseur de l'Algérie (22,43 % des importations), suivie des USA (9,37 %), de l'Allemagne (8,14 %) et de l'Italie (7,83 %). En 1999, la balance commerciale algérienne a enregistré un excédent de 2,367 mias de dollars (810 mios en 1998) et une couverture des importations par les exportations de 126,25 % (108,61 % en 1998). Pour Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre, ancien patron de la Sonatrach et actuel leader du "Front Démocratique" (opposition), l'augmentation du prix du baril, pouvant le situer en moyenne à 25 dollars en 2000 alors que le budget était basé sur l'hypothèse d'un baril à 15 dollars, aboutit à "cacher aux Algériens 6 à 7 milliards de dollars de revenus extérieurs, soit au moins les deux tiers des revenus déclarés". Selon Ghozali, le budget de 2000 devrait être exécentaire alors qu'il annonce un déficit assez important, justifiant les instructions de restrictions données par le président à certains ministères. Quant à Hocine Aït Ahmed, il a déclaré dans un entretien à "Libre Algérie" que "même les embellies pétrolières seront englouties dans la logique de prédation mafieuse qui domine dans le pays".

(El Watan 19.3) La politique de privatisation des entreprises publiques, engagée par es deux précédents gouvernements algériens (celui de M. Sifi et celui d'A. Ouyahia), et poursuivie par l'actuel gouvernement, a obtenu des résultats bien plus modestes que ses ambitions affichées. Le premier programme de privatisation, lancé en 1995 par le gouvernement Sifi, portait sur 250 unités économiques, et le second, lancé par le gouvernement Ouyahia en 1997, sur 89 entreprises éclatées en 384 unités industrielles et commerciales. 68 appels d'offre ont été lancés, mais "rien n'a été vendu", a reconnu le président du Conseil de provatisation (CP), Sid Ahmed Taleb. Ces privatisations ont trouvé peu de preneurs, et la réaction du marché national a été défavorable : trop d'unités économiques ont été mises en même temps sur ce marché, ce qui a cassé les prix et permis aux éventuels acquéreurs de se focaliser sur les quuelques entreprises certainement et rapidement rentables, en délaissant les autres. Quant aux investisseurs étrangers, ils ne se sont pas manifestés. De plus, les opérations de privatisation semblent avoir été conduites, écrit "El Watan", de manière "exagérément bureaucratique", les appels d'offres étaient laconiques et insufissement informatifs, de nombreux textes d'application de la loi sur la privatisation n'ont pas été promulgués (on ne sait par exemple toujours pas quelle instance est habilités à notifier les transferts de propriété) et les directions de certaines entreprises privatisables font de l'obstruction, non pas opposition idéologique ou politique aux privatisations, pour pour pouvoir bénéficier le plus longtemps possible des avantages de leur fonction ("EL Watan" cite : voitures de fonction, voyages à l'étranger, bureaux luxueux, relations d'affaires, voire "abus de biens sociaux").

(Liberté 28.3) La production du service industriel public s'est ralentie en 1999, selon le ministère de l'Industrie et de la restructuration, qui fait état d'une baisse de 1,5 % de la production entre 1998 et 1999. Les branches lourdes (sidérurgie, métallurgie) ont cependant augmenté leur production de 18,1 % et 12,2 %, mais toutes les autres branches sont en recul, pour des raisons conjoncturelles (problèmes de maintenance, de trésorerie ou de stocks, par exemple) ou structurels (notamment concurrence d'un nouveau secteur privé, notamment dans l'agro-alimentaire et l'électronique). La baisse du pouvoir d'achat des consommateurs locaux, et la hausse du prix des produits, ont également joué un rôle.Ls situation de la trésorerie du secteur s'est aggravée, le découvert bancaire passant de 18 à 23 milliards de dinars (2,3 mias FF, 600 mios FS), avec des découverts particulièrement important dans les branches mécanique-métallique, électrique-électronique et textile-cuirs.

(AP 3.4, Liberté 4.4) Le sommer euro-africain du Caire, qui s'est ouvert le 3 avril, intéresse particulièrement la presse et les responsables politiques algériens, qui mettent notamment en évidence les problèmes de la dette (350 milliards de dollars pour le continent) et des détournements de fonds (publics ou privés) vers les banques européennes, détournements que le ministre algérien des Affaires étrangères, Youcef Yousfi, a évoqués lors du sommet. Youcef Yousfi a précisé que les Européens ne s'étaient pas montrés particulièrement réceptits à la demande africaine de rapatriements vers l'Afrique des fonds placés dans les banques européennes, en raison (selon les Européens) des difficultés pratiques de concrétisation d'une telle mesures. Il est pratiquement impossible de chiffrer précisément le montant des sonnes détournées, perçues par des responsables africains à titre de commissions sur les contrats , mais certaines estimations évoquent plusieurs dizaines de milliards de dollars placés dans les banques européennes (y compris, évidemment, des banques suisses -mais la Suisse n'étant pas membre de l'UE ne participe pas au sommet). Le quotidien "El Watan" note que le ministre algérien s'est en quelque rte exprimé au nom du président Bouteflika en même temps qu'au nom de tous les pays africains (l'Algérie préside l'OUA), ce qui renvoie "au vécu propre de l'Algérie dans ce domaine" de l'évasion de capitaux et de placement en Europe du produit de la corruption. Dans son discours d'ouverture du sommer, le 2 avril, le président Bouteflika a rappelé que l'Afrique ne recevait pas même 1 % de l'ensemble des investissements étrangers directs dans le monde et a plaidé pour un nouveau traitement de la dette pour les pays "intermédiaires" comme l'Algérie (mais aussi le Maroc ou l'Egypte), et pour "une vision économique large qui prenne en compte les exigences d'un développement durable".

(AP 4.4) La première banque française à s'installer et à pouvoir opérer officiellement en Algérie, la Société Générale Algérie (SGA), en a reçu l'autorisation de la Banque d'Algérie et est opérationnelle depuis le 3 avril. Son capital social est détenu à 61 % par le Société Générale française, 10 % par la Société financière internationalem, filiale de la Banque Mondiale, et 29 % par le holding FIBA, qui regroupe des opérateurs privés européens, algériens et américains. La SGA sera dirigée par l'ancien ministre algérien au Trésor Ali Benouari (président du Conseil de surveillance) et un cadre de la SG française, Bernard Dubosc (président du directoire). La SGA est la troisième bnque étrangère à créer une filiale opérationnelle en Algérie depuis la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit, en février 1994. Les deux autres banques sont l'Arabic Banking Corporation et la Citybank américaine. Les banques françaises Natexis et Banque nationale de Paris attendent l'autorisation d'être opérationnelles.

(Liberté 17.4) Un contrat de 550 millions de dollars (l'Etat percevant 55 mios $ de droit d'entrée) a été signé le 16 avril entre la Sonatrach et la compagnie américaine Amera Da Hess, portant l'investissement américain programmé en Algérie à 4 milliards de dollars environ pour les cinq prochaines années. Le contrat porte sur la récupération des réserves de pétrole, et l'augmentation de la production, des champs d'El-Gassi, d'El-Agrab et de Zotti, dans le sud saharien. La production attendue devrait atteindre 350 millions de barils pendant les 25 ans du contrat. Elle est actuellement de 29'000 barils(jour et pourrait atteindre 50'000 barils/jour. Le taux de récupération moyen du pétrole des gisements algériens n'est actuellement que de 23 à 25 %, contre 50 % pour la plupart des gisements des autres pays producteurs.

(AP 19.4, Liberté 20.4) La Sonatrach a racheté 40 % des parts de la compagnie américaine Arco, avant qu'elle ne soit absorbée par le groupe BPAmoco le 18 avril, dans le gisement de Rhourde el Baguel, dans la région de Hassi Messaoud. Arco détenait 49 % de ce gisement, la Sonatrach les 51 % restant. Le montant du rachat est de 130 à 150 millions de dollars pour une première phase et de 200 millions de dollars dans une seconde phase, d'ici 2004. La compagnie pétrolière française Elf, absorbée par Total, s'intéressait depuis septembre 1998 à l'acquisition de la part d'Arco dans ce gisement, mais la Sonatrach a usé de son droit de préemption pour "souffler" le marché aux Français, en présentant la même offre qu'eux. Presque dans le même temps, le ministre de la Participation et des réformes, M. Temmar,annonçait, le 19 avril à Annaba, que la Sonatrach, pourtant l'entreprise la plus solvable (et la plus puissante) d'Algérie, était dans une situation difficile et connaissait "des problèmes financiers"

(Le Matin 23.4) La balance commerciale algérienne a enregistré un excédent de 612 millions de dollars en mars 2000, contre 127 mios en mars 1999, selon les statistiques officielles du CNIS. Cet excédent est dû essentiellement à l'augmentation des exportation des hydrocarbures (1,29 mias de $, contre 840 mios). Le taux de couverture des importations par les exportations passe de 117,81 % à 189,87 %. Les importations diminuent légèrement (- 4,49 %). Le 98 % des exportations est toujours représenté par les hydrocarbures, les exportations hors HC baissant de 15,15 %.

(El Watan 23.4) l'Union de wilaya UGTA de Tizi Ouzou appelle à une grève générale et à une marche pour le 30 avril, afin de protester contre "la dégradation continue des conditions de vie des travailleurs". Cette action a été décidée au terme de conférences des cadres syndicaux des cinq unions locales de l'UGTA de la wilaya, et se veut "une riposte et une mise en garde aux pouvoirs publics pour qu'ils prennent conscience des retombées insuppoprtables induites par la restructuration de l'économie nationale". Depuis 1997, dans la seule wilaya de Tizi, 44 entreprises publiques ont été dissoutes et15'000 emplois supprimmés. Aucun des travailleurs dont les emplois ont été supprimés n'a été réegagé par les nouvelles entreprises, et tous les chômeurs concernés sont en fin de droits.

(Reuters 24.4) L'Algérie a enregistré un excédent commercial de 1,98 milliard de dollars au premier trimestre 2000, contre 202 millions au premier trimestre 1999. Cette augmentation est due à celle du prix du pétrole. La valeur totale des exportations a augmenté de 76,17 %, passant à 4,06 mias de dollars, alors que celle des importation a reculé de 1,19 %, s'établissant à 2,08 milliards. Les ventes de pétroles et de gaz à l'étranger ont représenté 98 % de la valeur totale des exportations.

(Reuters 24.4, La Tribune 24.4, El Watan 25.4) Les contrôleurs aériens algériens ont cessé le 24 avril leur mouvement de grève observé depuis trois semaines à l'appui de revendications salariales, et les vols ont pu reprendre en fin d'après-midi. Selon leur syndicat, cette décision fait suite à une promesse d'augmentation de leurs salaires par le gouvernement. Le ministre des Transports (M. Lounaouci, RCD) a cependant refusé de fonctionner comme médiateur dans le conflit, considérant que "la tutelle n'a pas à intervenir dans un conflit social", ce que lui demandait le syndicat national des personnels du contrôle aérien (SNPCA), et s'est contenté d'indiquer que les deux parties allaient se rencontrer prochainement pour mettre au point les détails d'un accord. Une commission ad hoc avait cependant été mise sur pied par la direction de l'aviation civile (DACM), dépendant du ministère, commission composée de représentants du ministère, dont son Secrétaire général, et le ministre avait rencontré les deux syndicats (UGTA et SNESA) partisans de la reprise du travail.

(La Tribune 23.4, Le Matin 25.4, Jeune Indépendant 26.4) La grève des aiguilleur du ciel se terminant, ou en passe de se terminer, ce sont les cheminots qui se sont mis en grève à l'appel, lancé le 23 avril, de plusieurs sections syndicales de la SNTF, contre l'avis de la "centrale" de l'UGTA, dont des responsables ont accusé les "meneurs de la grève" de "complot" contre l'UGTA et contre le ministre des Transports (membre du RCD). Le 24 avril, le syndicat d'entreprise avait appelé les grévistes à "la reprise immédiate du travail", sans succès. La grève semble cependant inégalement suivie : à 5 % seulement à Annaba, selon "Le Jeune Indépendant", mais plus fortement à Constantine, Oran et Sidi Bel Abbès et suffisamment dans l'Algérois pour que tous les trains soient restés à quai le 22 avril. Le 24 avril, pratiquement tout le réseau SNTF était bloqué. Tizi Ouzou, Chlef, Bouira n'était plus approvisionnées en carburant depuis le 22. Le 25 avril, le représentants syndicaux ont décidé de poursuivre la grève, après plusieurs réunions avec la direction de la SNTF. Les grévistes revendiquent notamment une augmentation de 6000 dinars du salaire de base et des garanties contre toute poursuite ou représailles après la fin de la grève. La sirection de la SNTF et le syndicat d'entreprise ont offert une augmentation de 800 dinars, considérée comme une "obole" par les grévistes, et le 24 avril la direction de la SNTF a adressé une mise en demeure aux grévistes de reprendre le travail, mise en demeure non suivie d'effets.

(AFP 25.4) Les touristes européens redécouvrent le Sahara algérien, à la grande joie des professionnels locaux du tourisme, mais aussi, selon l'AFP, des Touaregs, pour qui le tourisme représente une activité économique de plus en plus importante (selon le Maire de Tamanrasset, "25 % des populations nomades et sédentaires" de la région "peuvent vivre du tourisme". Environ 2000 Allemands, Suisses, Autrichiens, Italiens, Français et Espagnols se sont rendus dans le désert, le Hoggar et le Tassili, à pied, en 4x4 ou à dos de mehari, entre janvier et mi-avril 2000, à partir de Tamanrasset et de Djanet. Dans les années '80, 12'000 touristes se rendaient annuellement en Algérie saharienne. La région avait été épargnée par la violence, mais le tourisme y avait néanmoins été anéanti par celle-ci alors qu'elle frappait toute l'Algérie côtière et dissuadait les organisateurs de voyage de maintenir l'Algérie à leur catalogue. Les voyagistes se disent aujourd'hui prêts à revenir au Sahara, mais demandent des liaisons aériennes directes, actuellement inexistantes, entre l'Europe et le Sahara, sans escale à Alger.Les autorités algériennes se déclarent prêtes à entrer en matière, à faciliter la délivrance des visas, à l'arrivée en Algérie même.

(APS 25.4) La mondialisation et ses effets sur la sécurité sociale sont à l'ordre du jour d'une table ronde internationale se tenant à Alger depuis le 26 avril, organisée par l'UGTA et la centrale syndicale américaine AFL-CIO, avec la participation de syndicalistes nord-africains, européens et latino-américains et, notamment, de représentants de l'OIT.

(Liberté 25.4) L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation appelle l'ensemble des employés du secteur dans la wilaya de Tizi Ouzou à une grève générale les 15 et 16 mai prochain, "jusqu'à satisfaction des renevdications", portant sur le statut général de la Fonction publique, le statut particulier des travailleurs de l'éducation, des logements sociaux pour les travailleurs du secteur et la gestion des fonds sociaux. Le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation de la même wilaya appelle quant à lui à une marche et un sit-in le 1er mai. La veille, c'est à l'appel de l'UGTA qu'une grève générale devrait avoir lieu dans la wilaya

(Liberté 26.4) 30 à 40 % des entreprises publiques pourraient être sauvegardées et préservées de la privatisation grâce à "la solidarité étatique", estime le Secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, s'exprimant devant la Commission exécutive nationale de la centrale syndicale le 25 avril. Sidi Saïd a également exprimé le refus du syndicat de toute privatisation de la sécurité sociale et dénoncé dans un entretien à "Liberté" les "intentions d'agressivité" du gouvernement. A la télévision, le Premier ministre Benbitour a assuré le 24 avril que le gouvernement n'envisageait pas de privatiser la Sécurité sociale

(Quotidien d'Oran 27.4) Selon le "Quotidien d'Oran", le Premier ministre espagnol José Maria Aznar, qui se rendra en visite officielle à Alger début mai, devrait annoncer l'effacement par l'Espagne d'une bonne partie de la dette algérienne. Cette décision pourrait inciter la France à en faire autant, comme le lui a demandé le président Bouteflika dans une lettre transmise par le ministre des Affaires étrangères Youssef Yousfi à Jacques Chirac et Lionel Jospin, en janvier 2000.

(APS 4.5) L'Algérie entamera avant la fin de l'année les négociations bilatérales avec les pays membres de l'OMC épour achever son processus d'adhésion à cette organisation, a annoncé le 4 mai le ministre du Commerce Mourad Medelci, qui attend de l'OMC, pour l'Algérie, "un traitement spécial et différencié qui se traduira par l'aménagement de périodes de transition et de graduation des obligations" .

(AFP 8.5) L'OPEP pourrait eugmenter sa production de pétrole à la fin de l'année, et non durant l'été comme prévu initialement, a déclaré le 8 mai le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khellil, à une agence des Emirats. Le ministre a souligné que seuls le Vénézuéla et l'Algérie pourraient répondre actuellement "avec la vitesse requise à la demande de pétrole" -sans préciser, cependant, que l'Arabie Saoudite dispose d'une capacité de production excédentaire de 300'000 barils/jours par rapport à sa production actuelle. L'Algérie, dont le quota est de 788'000 barils/jours, souhaite augmenter sa production de 50 % au cours des cinq prochaines années, a indiqué le ministre.

Le Soir 11.5, Liberté, El Watan 14.5) Dans son projet de rapport sur la conjoncture du deuxième semestre 1999, le Conseil national économique et social (CNES) considère que "les résultats enregistrée restent en deçà des objectifs et, en tout cas, insuffisants pour soutenir les équilibres économiques". Le CNES estime que l'activité économique n'a enregistré en 1999 "aucune impulsion significative" et que les crises économiques et sociales "se font de plus en plus pregnantes". Le chômage toucherait environ 3 millions de personne, et sa réduction à terme nécessiterait une croissance annuelle d'au moins 6 % pendant 7 à 10 ans. Le CNES signale également que la "restructuration" du secteur industriel a abouti à la réduction à 15 % de sa capacité de couvrir les importations nécessaires à son propre fonctionnement, et que les ressources fiscales ordinaires ont baissé de 4,4 % en un an. Selon le quotidien "El Youm" du 10 mai, l'ambassadeur américain en Algérie aurait quant à lui déclaré que l'Algérie "ne se prête pas, dans les conditions actuelles, aux investissements" étrangers, que tout ce que la presse rapportait à ce sujet était un "mensonge" et qu'il ne faut pas "attendre les capitaux étrangers (dans) le pays le plus en retard, en Afrique, dans le secteur des services".

(Algeria Interface 12.5 www.algeria-inferface.com) Les nouvelles nominations à la tête des banques publiques algériennes, opérées fin avril et début mai, ont consacré des "fonctionnaires sans grande envergure", selon le correspondans d'"Algeria Interface"*. citant notamment les nouveaux directeurs de la Banque extérieure d'Algérie (BEA), Mohamed Terbeche, ancien directeur général de la Banque nationale algérienne (BNA) "en disgrâce depuis quelques années" , de la Banque de développement local (BDL), de la Banque nationale (BNA), de la Banque algérienne de développement rural (BADR), de la Caisse nationale d'éparthne et de prévoyance (CNEP), ainsi que du directeur maintenu "à la surprise générale" à son poste du Crédit populaire algérien (CPA), M. Meghaoui, "jugé par ses pairs comme incompétent". Selon "Algeria Interface", le ministre des Finances Abdellatif Benachenhou "a très peu pesé dans cette délibération", alors qu'il est supposé mettre en oeuvre une réforme du système bancaire. Le ministre des privatisations, Hamid Temmar, a quant à lui annoncé que les banques publiques pourraient se retrouver dans la première "fournée" des entreprises publiques privatisables. L'ouverture à l'investissement privé du capital de la BDL a été décidée en 1007 déjà, mais le directeur général de l'établissemen, Abdelmadjid, a démissionné au début 2000 sans faire avancer le dossier, alors que son prédécesseur, Mohammed Malek, a été arrêté pour avoir causé un "préjudice grave" à la banque en finançant à perte un importateur de sucre proche du pouvoir.

El Watan 14.5) 720 entreprises publiques ont été dissoutes en six ans en Algérie, ce qui, selon "El Watan" aurait fait perdre à l'Etat 210 milliards de dinars (21 mias FF, 5 mias FS) alors que ces ventes ont été effectuées pour couvrir les dettes contractées par les entreprises concernées. Le Trésor n'a encaissé que 13,4 milliards de dinars de ventes d'actifs, mais a du payer 210 milliards pour permettre aux entreprises vendues de financer le volet social (allocations chômage, retraites anticipées, départs volontaires) de ces opérations, et éponger les dettes des entreprises. Ces chiffres ont été donnés par le ministre des Finances en réponse à une question posée par un député. Selon des spécialistes de la question, ces chiffres catastrophiques seraient dus au fait que les dissolutions ont été trop tardives, et sont intervenues après que la situation des entreprises se soit aggravée au-delà du tolérable, au lieu d'intervenir au moment de la constatation de leur situation de faillite. En outre, l'allongement du processus de liquidation provoqué par les difficultés d'évaluation du patrimoine réel des entreprises implique un surcroît d'honoraires pour des liquidateurs, rémunérés selon "El Watan" 5000 dinars/jour (500 FF, 125 FS) .

(Le Soir 16.5) Le 12 mai, le président Bouteflika a annoncé aux Walis (préfets) la suppression de l'Observatoire national de surveillance et de prévention de la corruption (ONSPC, au motif qu'il ferait partie des "excroissances de l'Etat" qui, "outre leur inutilité et la dilution des responsabilités qu'elles entraînent, se traduisent par des ponctions jinjustifiées sur les ressources publiques". L'ONSPC avait été annoncé en mars 1996 par le Premier ministre d'alors, Ahmed Ouyahi, actuel ministre de la Justice. Il avait été promis par le candidat à la présidence Liamine Zéroual, qui l'a créé par décret en novembre 1996, et mis l'ancien ministre de la Justice M. Benkhelil à sa tête. Selon Djilali Haddad, dans "Le Soir", l'ONSPC est depuis lors "resté confiné dans l'ombre douillette du pouvoir et (n'a fait) plus du tout parler de lui", à l'exception d'un appel d'offre pour l'achat de véhicules de fonction pour son président et les membres de son comité permanent.


(Liberté 20.5, 22.5, Le Matin 21.1) Pour la sixième journée consécutive, les installations de production du complexe sirérurgique d'El Hadjar (Alfasid-Sider) étaient l'arrêt le mai pour cause de grève générale, malgré l'assurance donnée aux grévistes par le patron d'Alfasid que leurs salaires de mai et juin seront paxés "normalement". Une marche pacifique des travailleurs était prévue pour le 21 mai. Elle a eu lieu, à l'intérieur même du complexe (de 800 hectares), où 6000 sidérurgistes ont manifesté Les travailleurs exigent notamment l'harmonisation des salaires dans toutes les filiales du groupe Sider et le versement des primes. Le 20 mai, des véhicules de la gendarmerie et de la police sont arrivée aux portes du complexe d'El-Hadjar, après que la direction d'Alfasid ait décidé de porter la grève devant les tribunaux pour la déclarer illégale et ordonner la libération des locaux occupés, notamment les bureaux de la direction. Le secrétaire du syndicat d'Alfasid, M. Mennadi, en grève de la faim avec d'autres ouvriers, a cependant déclaré qu'"aucune note demandant aux travailleurs de rejoindre leur poste (ne leur) a été transmise par la direction". Le syndicat dénonce "le recours à la pression et à l'imtimidation par le biais de la justice", et qualifie le mouvement de "débrayage" et non de "grève", en affirmant que "l'arrêt des installations de production, principalement le haut fourneau et les aciéries, a été décidé par la direction générale, par manque de minerai de fer". Le 21 mai, les grévistes ont décidé de reprendre le travail pour le lendemain.

(APS 20.5, El Watan 21.5) Le gouvernement envisage de créer une agence qui sera chargée de la privatisation, et une autre chargée de la promotion et de la mobilisation de l'investissement étranger, a annoncé un représentant du ministère de la Participation et des réformes, le 20 mai, lors d'une rencontre avec une délégation d'officiels et de chefs d'entreprises suisses. Le Conseiller, M. Naas, a annoncé une privatisation "tous azimuts" sur fond de refonte institutionnelle et législative. Cette agence sera dotée d'un Conseil de surveillance. Le problème sera d'en coordonner l'activité avec celle du Conseil national des participations de l'Etat (CNPE), dont la réactivation a été annoncée précédemment.

(Le Matin, La Tribune, Liberté 31.5) Le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, devrait présenter en juillet au Conseil des participations de l'Etat une liste de 85 entreprises privatisables et ayant trouvé acquéreurs, parmi les 850 entreprise décrétées privatisables, mais dont beaucoup n'ont pas trouvé acquéreurs. Pour sa part, le ministre du Travail, Bouguerra Soltani, a exclu le 30 mai, après l'avoir envisagé (ou semblé l'envisager) dans de précédentes déclarations, tout recours à la privatisation de la Sécurité sociale. Le ministre a cependant ajouté que le secteur privé pourrait investir dans de nouveaux créneaux liés à la sécurité sociale.

(Nouvelle République 27.5) De 1993 à 2000, l'indemnisation des victimes du terrorisme et la réparation des dégâts causés aux infrastructures ont coûté 200 milliards de dinars (20 mias FF, 5 mias FS), soit l'équivalent du coût de la construction de 200'000 logements sociaux. L'indemnisation des victimes a coûté 15 mias de dinars (soit 7,5 % du total), la reconstruction 150 mias (soit 75 %), le retour des populations déplacées 30 mias (soit 15 %)

(El Moudjahid 28.5, El Watan 29.5) Un projet de loi de finance (budget) complémentaire, adopté le 26 avril par le Conseil des ministres, a été présenté le 27 mai à l'Assemblée nationale par le ministre des Finances, M. Benachenhou. Elaboré sur la base d'un prix du baril de pétrole à 19 dollars, le budget complémentaire prévoit des recettes d'exportation des hydrocarbures de 15,8 milliards de dollars, au lieu des 11,95 prévus par le budget initial. Il accorde une enveloppe supplémentaire de 5,2 milliards de dinars (environ 520 mios FF/130 mios FS) pour l'éducation, la santé et la solidarité). Le ministre a plaidé pour "des réformes urgentes du secteur bancaire", qu'il a qualifié de "grand danger pour la sécurité nationale". Les banques algériennes détiennent pour 5 milliards de dollars de créances douteuses ou risquées, correspondant souvent à des prêts eux aussi risqués, ou à un "financement forcé" accordés à des entreprises (généralement publiques) se révélant insolvables et mises en faillite.

(Reuters 28.5) La société Sonelgaz, qui détient le monopole de l'électricité en Algérie, a annoncé le 28 mai que les investisseurs nationaux et étrangers seront désormais autorités à construire et à posséder des centrales électriques et à vendre de l'électricité. Les investisseurs seront responsables de la conception, fu financement, de la construction, de la gestion, de l'exploitation et de la maintenance d'une ou plusieurs centrales. Ils pourront vendre l'électricité produire, sur le marché national et à l'étranger. L'agence officielle APS qui donne la nouvelle ne précise pas si les investisseurs pourront acheter des centrales existantes ou devront construire eux-mêmes leurs centrales.

(El Watan 29.5) Le ministre algérien du Commerce, Mourad Medelci, a révélé le 28 mai à Tizi Ouzou que selon les statistiques douanières, l'Algérie comptait actuellement près de 40'000 importateurs.

(APS 3.6, El Watan 4.6) Le Conseil national des participations de l'Etat (CNPE) a décidé le 3 juin de réduire de onze à cinq le nombre des holdings publics nationaux, en créant donc de "super-holdings" : L'un regroupera les actuels holdings "agro-divers", "agro-base" et manufactures, avec Mohammed Salah Khaled comme Directeur général; un second les mines et la sirérurgie-métallurgie (DG : Messaoud Chettih); un troisième la mécanique et l'électronique (DG : Ahmed Benslimane); un quatrième (DG : Belkacem Belarbi) les matériaux de construction et les grands travaux, et le cinquième la chimie-pharmacie et les services (DG : Abdelmadjid Attar). Le CNPE justifie sa décision par la recherche d'une "meilleure prise en charge de la question des capitaux marchands de l'Etat, de l'ouverture du capital et de la privatisation des entreprises publiques". Quant à la presse publique, elle avait déjà fait l'objet d'une réorganisation avec la création du groupe "Media Edition" (GME) placé sous la direction de l'ancien ministre Abdelkader Khemri, et rassemblant journaux, imprimeries, société de publicité, communication et diffusion du secteur public.

(El Moudjahid 4.6) Un "forum international sur les opportunités d'affaires et d'investissements en Algérie" se tiendra les 11 et 12 juin à Alger, sous l'égide des ministres du Commerce Hamid Temmar et de la Participation et des réformes Mourad Medelci. Environ 300 "porteurs de projets", investisseurs potentiels, opérateurs économiques et représentants des pouvoirs publics algériens devraient y participer.

(Liberté 3.6, El Watan 4.6, CSSI) Dans un dossier du mensuel "Afrique-Asie" consacré à l'Algérie, les ministres Temmar, Khelil et Maghlaoui s'expliquent sur les privatisations : Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, assure que Sonatrach ne sera pas privatisée, mais que l'Etat va se retirer de ses activités commerciales pour "clarifier" les rôles à l'égard des partenaires et associés de la société. Pour le ministre, l'Etat ne doit plus accorder sa garantie à Sonatrach pour ses prêts, et la société nationale doit chercher une participation dans son capital auprès de l'actionnariat privé, sans qu'un "bloc" puisse se constituer pour la contrôler. Quant à Sonelgaz, il est prévu de la scinder en trois holdings (production, transport, distribution), le holding production pouvant ensuite lui-même se "diviser en deux ou trois entités qui, initialement, vont être en concurrence". Le monopole de la Société nationale des transports routiers (SNTR) va être cassé et celui du stockage des produits raffinés (Naftal) ouvert au privé. Quant au ministre Hamid Temmar (Participations et réformes), qui a selon "Liberté" chargé quatre juristes de préparer la mise en place d'une "Commission nationale des réformes" pour étudier la "meilleure manière" d'opérer les privatisations, il a clairement déclaré : "Nous n'allons pas assainir (le secteur public). C'est clair et net. Nous vendons (...). Et de reconnaître qu'il est en réalité le ministre des Privatisations. Le premier qui en tire la conclusion que "l'Algérie est à vendre et que c'est son gouvernement qui la vend" est un socialiste suisse irresponsable de plus.

( <www.algeria-interface.com>, AP 8.6) Hamid Temmar, ministre de la Participation et des réformes, Chakib Khellil (ministre des Transports et des mines) et Noureddine Boukrouh (minustre des PME-PMI) assisteront du 28 juin au 2 juillet au Forum de Crans Montana, en Suisse. Hamid Temmar rendra publique à son retour (ou à Crans-Montana même) une liste de 85 entreprises qui seront privatisées sous le contrôle d'une nouvelle agence gouvernementale de privatisation.L'actuelle Agence pour la promotion et le suivi des investissements (APSI) devrait en effet être prochainement dissoute pour être remplacée par une nouvelle Agence de promotion des investissements directs (APID) chargée de stimuler les investissements étrangers. un décret en ce sens est, selon "El Watan", actuellement élaboré par le gouvernement, l'APSI serait dissoute au même titre que le Conseil de la privatisation, le Conseil supérieur de la jeunesse et le Conseil supérieur de l'éducation, dénoncés les uns et les autres comme inopérants et "budgétivores" par le président Bouteflika, qui, à Oran, a critiqué le 7 juin léexemption d'impôt dont l'APSI fait bénéficier pendant cinq ans "des projets d'investissements qui ne sont ni productifs, ni créateurs d'emploi". La création de l'APID devrait impliquer ou entraîner une révision globale du dispositif en vigueur, à commencer par celui des avantages fiscaux et des facilités douanières.

(El Watan 8.6) Selon "un des responsables de la direction générale" de cette institution, responsable cité (mais non nommé) par "El Watan", la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) détient 60 milliards de dinars (6 mias FF, 1,5 mias FF) de créances cumulées (de 1962 à 1998) auprès des entreprises publiques et privées algériennes, créances représentant les redevances de ces entreprises en matière de cotisations sociales principales, sans compter les majorations et les taxes d'office imposées en cas de retard de paiement et de non-déclaration des salaires. 80 % des créances concerneraient des entreprises du secteur public. 7 des 60 milliards de créance seraient déjà considérés comme "irrécouvrables". C'est le Trésor qui est chargé de couvrir les dettes concernant les cotisations sociales des entreprises publiques, y compris de celles qui ont été dissoutes. La CNAS a par ailleurs accordé des facilités de paiement, allant jusqu'à plus de six ans, à 876 de ses débiteurs, mais maégré cela, beaucoup d'entreprises n'ont pu régler leurs dettes. Certaines comptent les couvrir en vendant leur patrimoine immobilier, d'autres proposent même à la CNAS de les payer en nature, avec leurs propres produits.

(AP 12.6, 13.6 ) Le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, a annoncé le 12 juin la signature prochaine d'un décret portant création d'une "agence de promotion de l'investissement", constituant un "guichet unique pour encourager les investissements directs étrangers". Le 13 juin s'est ouverte à la 33ème Foire Internationale d'Alger, à laquelle participen, outre 475 entreprises algériennes, dont 60 % issues du secteur privé, t 736 entreprises venant de 35 pays, dont 204 entreprises françaises, une centaine d'entreprises italiennes, une cinquantaine d'entreprises espagnoles et une trentaine d'entreprises américaines.

(AP 15.6) Les recettes fiscales pétrolières algériennes ont atteint 477 milliards de dinars, soit environ 48 mias FF/12 mias FS, à fin mai 2000, ce qui correspond à un surplus de recettes de 177 mias de dinars (18 mias FF/4,5 mias FS) par rapport aux prévisions, a annoncé le 15 juin le ministre des Mines et de l'énergie, Chakib Khelil. Ces recettes fiscales, si le prix moyen du baril de pétrole se stabilise autour des 25 dollars, iront résorber le trou du Trésor algérien, fixé dans le budget 2000 à plus de 132 milliards de DA (13 mias FF/6,5 mias FS).

(Algerie-Confidentiel 15.6) 80 % de la production céréalière habituelle de l'Algérie serait perdue cette année à cause de la sécheresse, annonce le bulletin "Algérie-Confidentiel", qui évalue le perte financière que cela provoquera à 33 milliards de dinars (env. 3,3 mias FF/800 mios FS), représentant les importations supplémentaires de céréales (importations auxquelles l'Algérie consacre en moyenne 700 mios de dollars par an).

(Liberté, APS 22.6) "Il n'y a pas de secteur stratégique" de l'économie algérienne, qui ne puisse être ouvert à la privatisation, et "tous les secteurs sont ouverts au partenariat", a déclaré le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, successivement à Paris devant des hommes dâffaires français et à la télévision algérienne, le 20 juin, où il a ajouté que la constitution actuelle définissant des secteurs stratégiques non privatisables pouurrait -et selon lui, devrait, changer. Le ministre a également assuré que le président Bouteflika lui avait confié à Paris que "les holdings vont disparaître". Le nombre de ces entités qui coiffent les entreprises publiques a été récemment ramené de 11 à 5. S'agissant des privatisations, le ministre a reconnu qu'elles avaient un prix social : la compression des effectifs, mais que si "certaines entreprises privatisées vont licencier une partie de leur personnel", d'autres vont "créer de nouveaux emplois". Hamid Temmar a enfin laissé entendre que la discorde régnait au sein du gouvernement sur les thèmes des privatisations et de l'ouverture au capital privé, algérien ou étranger, en révélant par exemple que les présidents de holdings avaient reçu l'ordre de ne pas assister à une réunion qu'il avait organisée. Hamid Temmar a enfin réitéré son intention de créer une agence de privatisation prenant en charge les actuelles prérogatives du Conseil national des participations de l'Etat (dont au passage il a regretté qu'il ne se soit pas réuni, malgré sa demande).

(APS 21.6, 22.6) Les membres de l'OPEP ont conclu le 21 juin un accord sur l'augmentation de leur production de 700'000 barils par jour. Le quota de l'Algérie passerait de 788'000 barils/jour à 811'000. Le ministre algérien de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, a estimé qu'un baril à 25 dollars aiderait l'Algérie à "développer ses capacités de production et à assurer une stabilité de ces recettes", et que l'augmentation de production décidée par l'OPEP était précisément de nature à stabiliser les prix à ce niveau de 25 dollars.

(AP 24.6, Reuters 25.6) Le secteur des télécommunications algériennes va s'ouvrir aux investisseurs privés, algériens et étrangers, avant la fin de l'annnée 2000, aux termes d'un projet de loi que le gouvernement a dopté pour soumission au parlement. Si le projet est accepté, il mettra un terme au monopole des PTT algériennes et instaurera un régime de concessions et un organe national de régulation des télécommunications, qui octroiera des licences de téléphonie mobile. Cette Agence de régulation des télécommunications sera constituée en autorité administrative indépendante et aura des "pouvoirs d'arbitrage, de consultation et de sanction". Elle sera consultée lors de la sélection des candidats à l'exploitation de la deuxième licence GSM (téléphonie mobile). L'Algérie compte 1,5 million d'abonnés au téléphone sur le réseau fixe, et 60'000 sur le réseau mobile.

(APS 24.6, Jeune Indépendant 25.6) Le sous-Secrétaire d'Etat américain au Trésor, Stuart Eizenstadt, a entamé le 23 juin une visite de travail de deux jours en Algérie, pour s'entretenir avec des responsables politiques et économiques algériens du contenu et des objectifs du partenariat économique proposé par les USA à l'Algérie, au Maroc et à la Tunisie. Une enveloppe financière a été allouée par les USA à l'"initiative Eizenstadt", et un comité d'ambassadeurs a été constitué pour la coordonner et la suivre sur le terrain. Le ministre américain plaide pour la mise en place d'un "marché maghrébin unique" (mais sélectif, puisque ne concernant pas les deux autres du Maghreb, la Mauritanie et la Libye -sous embargo américain) et pour des réformes de fond des appareils juridiques et économiques de trois pays concernés. Du côté algérien, on s'est déclaré favorable à une option bilatérale (algéro-américaine) pour pouvoir dépasser les divergences entre pays du Maghreb, et défavorable à l'exclusion de la Libye et de la Mauritanie.La demande ou l'exigence algérienne d'intégrer les deux autres Etats maghrébins, et notamment la Libye, dans toute initiative régionale américaine en direction du Maghreb, aurait, selon le "Jeune Indépendant", provoqué le départ prématuré du ministre américain d'Algérie, sans tenir la conférence de presse qu'il avait prévue. S'agissant de la dette algérienne, Stuart Eizenstat a déclaré que les USA soutiendront et appuieront l'idée d'une conversion d'une partie de la dette algérienne en investissements directs, mais s'opposeront à l'effacement ou à l'annulation, totale ou partielle, de cette dette. Les investissements américains, en progression, se sont montés à 3,2 milliards de dollars en Algérie en 1999. Récemment, deux crédits américains ont été accordés, et garantis par l'Eximbank, à l'Algérie, l'un de 500 millions à 1 milliard de dollars à la Sonatrach, l'autre de 200 à 250 millions de dollars à Air Algérie (pour l'acquisitions d'avions Boeing). A l'issue de ses rencontres avec le Premier ministre et les ministres du Commerce, des Finances et des privatisations, Stuart Eizenstadt a annoncé le 24 juin qu'une négociation s'était engagée pour la conclusion d'un accord-cadre sur le commerce et l'investissement, prévoyant la création d'un Conseil algéri-marocain de commerce et d'investissement.

(AP 27.6) A l'issue dûne visite de deux jours en Algérie, une délégation d'investisseurs institutionnels américains, conduite par la Chase Manhattan Bank, a exprimé son intérêt pour d'éventuelles émissions par l'Algérie d'obligations sur le marché en vue de leur rachat en dollars, voire en euros. "Nous recommandons à nos investisseurs de racheter la dette algérienne", a déclaré la vice-présidente de la Chase, Joyce Chang, lors d'une conférence de presse le 27 juin. Joyce Chang a assuré que la dette algérienne était "sous-évaluée sur les marchés internationaux alors que le pays offre d'importantes garanties". En outre, les investisseurs américains se disent intéressés par le développement des télécommunications, pour une éventuelle émission de titres sur les marchés internationaux. En ce qui concerne l'investissement direct en Algérie, Joyce Chang a déclaré qu'il était encore entravé par le retard des processus de réforme bancaire et de privatisation.

(APS 28.6) Trois prêts, pour un total de 97,6 millions de dollars, ont été accordés à l'Algérie par la Banque Mondiale, l'un de 83,6 mios $ pour la reconstruction d'Aïn Temouchent, après le séisme du 22 décembre 1999, l'autre, de 9 mios $, pour un projet de réforme des postes et télécommunications dans l'optique de l'ouverture du secteur à la concurrence et à la participation privées, le troisième, de 5 mios $, pour un projet d'assistance à la privatisation.

(Liberté 2.7) Les sections syndicales UGTA de Sidi Amar ont décidé le 1er juillet d'une grêve de deux jours, les 15 et 16 juillet, dans la zone industrielle, afin de pousser les pouvoirs publics à lancer des enquêtes pour constater les dégâts financiers causés, selon les syndicats, par l'importation, par les dirigeants de l'entreprise publique Sider, de matériel de production non conforme. Pour avoir formulé cette accusation depuis 1998, le Secrétaire général du syndicat d'Alfasid, Aïssa Menadi, a été condamné récemment à six mois de prison à Annaba.

(Liberté 4.7) Après six mois de discussions, Sonatrach et le groupe australien BHP, associé aux compagnies japonaise Itochu-Inoc et américaine Petrofac, ont conclu le 2 juillet un contrat portant sur l'investissement de 928 millions de dollars US dans le développement de quatre gisements de gaz d'Ohanet, en vue d'en soutirer du GPL et du condensat. L'Etat algérien recevra 10 millions de dollars au titre des droits d'entrée dès la mise en vigueur de l'accord, qui est un contrat de "service à risque", les partenaires étrangers ayant droit pendant huit ans à un paiement à titre de remboursement et de rémunération, en fonction des quantités de GPL et de condensat extraites, la totalité de la production de gaz "sec" revenant à la Sonatrach. Les partenaires étrangers investissent la totalité du montant du contrat et sont payés pendant toute la durtée de la phase d'exploitation. Après huit ans, Sonatrach reprend la totalité de la production. La conduite des travaux sera confiée au groupe helvético-suédois ABB. Hors l'Australie, l'Algérie va représenter le plus gros investissement de BHP Petroleum, avec un total de 1,5 milliard de dollars US, et l'Australie deviendra le troisième plus gros investisseur étranger dans le secteur des hydrocarbures, après les USA et la Grande-Bretagne, avant l'Italie, la France et l'Espagne. Les groupes anglo-saxons vont investir 7 milliards de dollars US dans les hydrocarbures en Algérie pendant la période 2000-2004.

(El Watan 6.7) Une délégation d'hommes d'affaires allemands, représentants une douzaine de PME, s'est rendue en Algérie le 5 juillet et a rencontré des représentants d'entreprises algériennes et des hauts fonctionnaires des ministères de l'Industrie, du Commerce, de la Formation professionnelle, des PME-PMI et de la Participation et des réformes.

(AFP 8.7) L'OPEP n'augmentera à nouveau sa production que "s'il y a une demande et si des besoins sont exprimés", a affirmé le 8 juillet le ministre algérien de l'Energie et des mines, Chakib Khelil. Une augmentation de production de 700'000 barils/jour a été décidée le 21 juin, et l'OPEP attend d'en connaître l'impact pour décider d'une éventuelle nouvelle augmentation de production : "Nous ne souhaitons pas de nouvelles augmentations qui vont entraîner une baisse incontrôlée des prix", a précisé Chakib Khelil. L'Arabie Saoudite a proposé le 3 juillet une hausse de sa propre production de 500'000 pour apaiser les marchés. L'Algérie est pour sa part favorable à un prix du baril se situant autour de 25 dollars. Le 7 juillet, le prix du baril dépassait les 30 dollars.

(Algerie Confidentiel 6.7) La société nationale d'électricité et de gaz (Sonelgaz) sera restructurlée en trois entreprises autonomes : production, transport et distribution. Lêntreprise de production sera ouverte au capital étranger.

(Algerie Confidentiel 6.7) l'entreprise publique ENCG (entreprise nationale des corps gras, 60 % du marché algérien) a cédé trois de ses usines (à Bejaïa, Alger et Oran)à un groupe helvético-saoudien, "Savola", pour 49 millions de dollars

(Le Soir 17.7) Le rachat de l'entreprise publique ENCG (huiles) par la société saoudienne Savola semble poser de nombreuses questions. D'une part, la direction générale de l'ENCG affirme dans un communiqué qu'"aucun contrat n'a été signé" mais seulement un "protocole d'accord" au terme de "deux années de négociations", protocole encore "soumis à l'approbation des organes statutaires de l'entreprise". Mais d'autre part, le partenariat entre l'ENCG et Savola, conclu le 5 juin, semble ressembler à un rachat pur et simple de l'entreprise, déguisé en partenariat. Le 27 juin, un membre de la direction du groupe ENCG, cité, sans être nommé, par "Le Soir", indique que "l'ENCG était absente (de) toutes les négociations" avec Savola et que l'offre de la société saoudienne a été adressée (le 26 avril) sans que "ni les organes, en l'occurence le Conseil d'administration, conseil de surveillance, assemblée générale, ni les représentants des travailleurs n'aient été informés ni associés". Il n'y a pas eu d'avis d'appel d'offres et Salova serait intervenu "auprès des autorités supérieures, particulièrement auprès du ministre de la Participation" du 6 mars au 5 juin pour arracher un accord qui lui permet d'acquérir 75 % des actions d'une nouvelle société créée à partir de l'ENCG, en s'adjugeant trois des unités de production les plus importantes du groupe, celle d'Es-Senia à Oran, celle d'Alger et celle de Bejaïa, qui représentent ensemble 70 % des potentialités de raffinage d'huile de l'ENCG, en emploient 1200 ouvriers. Or le groupe Saoudien n'investira lui-même que 60 % du montant nécessaire à cette prise de contrôle, le solde étant financé par l'Etat algérien. Finalement, le groupe saoudien bénéficiera presque gratuitement des trois unités, puisque l'argent qu'il investira servira à leur modernisation, et non à leur rachat proprement dit. De plus, Salova aurait exigé un "partenariat exclusif" impliquant l'arrêt de tout investissement dans la production d'huiles pendant trois ans en Algérie.

(APS 10.7) Le président Bouteflika a plaidé le 10 juillet, devant la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'unité africaine, à Lome (Togo), pour l'annulation de la dette africaine, "question dont le traitement revêt un caractère d'urgence" pour le président algérien. La dette extérieure africaine totale est estimée à 359 milliards de dollars US, et certains pays africains mobilisent annuellement plus de la moitié de leurs recettes d'exportation au remboursement de cette dette, ou plutot de ses intérêts. Pour certains d'entre eux, le volume de la dette dépasse le double du volume annuel des exportations. Pour Abdelaziz Bouteflika, l'annulation de la dette africaine, "outre qu'elle lèverait la contrainte majeure (au développement des pays africains), bénéficierait à tout le continent par l'effet d'entrainement que leur croissance soutenue aurait sur leur environnement immédiat. Le poids de l'Afrique dans l'économie mondiale, mesuré par celui du Produit intérieur brut, n'est que de 3 %, alors que le continent abrite 13 % de la population mondiale.

(APS 11.7) Les réserves de change ont atteint fin mai 6,5 milliards de dollars, soit 400 mios de plus en un mois, a annoncé la Banque d'Algérie. Cette augmentation s'explique essentiellement par celle du prix du baril de pétrole, actuellement situé autour de 30 dollars alors qu'il n'était que de 18 dollars en moyenne annuelle en 1999.

(APS 16.7) La balance commerciale de l'Algérie a réalisé un excédent de 5,064 milliards de dollars au premier semestres 2000, contre 467 millions au premier semestre 1999. Les exportations sont atteint 9,516 milliards de dollars contre 5,016 milliards, et les importations 4,452 milliards contre 4,549 milliards. Ces résultats (stabilité des importations, explosion des exportations, en valeur) sont essentiellement dus à la hausse des cours du pétrole. Ils permettent une couverture des importations par les exportations de 213,75 %, contre 110,27 %. L'Italie reste le principal client de l'Algérie, avec 23,23 % de ses exportations (et 9,84 % de ses importations), suivie des USA, de la France et de l'Espagne. La France reste le principal fournisseur de l'Algérie, avec 22,64 % de ses importations (et 13,78 % de ses epxortations), suivie de l'Italie, de l'Allemagne et des USA.

(AP 13.7) Le ministre algérien de l'Energie Chakib Khelil n'a pas exclu le 13 juillet l'annonce d'une augmentation de la production pétrolière par l'OPEP, décision que l'Algérie appuiera "si un consensus se dégage en ce sens", a déclaré le ministre. L'augmentation serait de l'ordre de 500'000 barils/jours, répartis de manière "automatique" entre les pays membres de l'OPEP -ce qui pour l'Algérie équivaudrait à une augmentation de 15'000 barils/jour (pour un quota actuel de 830'000 barils(jours). Chakib Khelil a en outre annoncé que les recettes de la fiscalité pétrolière avaient atteint durant le premier semestre 7,8 milliards de dollars, et les recettes à l'exportation 9,8 milliards de dollars, alors qu'elles avaient été, pour toute l'année 1999, d'un peu plus de 11 milliards.

(Le Matin 12.7) Le complexe sidérurgique d'El Hadjar risque à nouveau d'être paralysé par une grève, préavisée pour les 25 et 16 juillet pour protester contre "l'arbitraire judiciaire dont a été victime le secrétaire général du syndicat d'Alfasid pour avoir dénoncé la mauvaise gestion des dirigeants de Sider". Un autre préavis de grève a de surcroît été déposé pour le 18 juille, cette fois pour protester contre la non application de certains points de l'accord collectif négocié le 7 janvier. L'interminable conflit qui secoue l'entreprise publique s'accompagne de rumeurs persistantes sur sa privatisation, qui serait, selon "Le Matin", citant le PDG d'Alfasid, M. Berrahma, "imminente" sous la forme d'un "partenariat" concernant notamment Alfasid, et impliquant des partenaires italiens, allemands et indiens.

(APS 15.7, Liberté 16.7) L'Espagne va accorder à l'Algérie un crédit de 500 millions de dollars, dont 400 millions sont des reconductions de crédits antérieurs, a annoncé le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, à la veille de sa visite en Algérie.

(Liberté 16.7) Le ministère de l'Energie et des Mines a procédé le 15 juillet à la concession de 7 gisements et de 17 indices miniers à des investisseurs privés, pour un total de 120 millions de dinars (12 mios FF, 3 mios FS). Sur 4 gisements d'or proposés, un seul, à Tamanrasset, a fait l'objet d'une soumission et d'une concession, pour 200'000 dinars (20'000 FF, 5'000 FS). Le ministre, Chakib Khelil, a annoncé que tous les six mois de nouvelles opérations de concession seront lancées, la prochaine après l'adoption d'une nouvelle loi minière.

(Reuters 20.7) L'Algérie pourrait relever de 16'000 barils par jour sa production de pétrole et la porter à 827'000 si les pays de l'OPEP augmentent le production dans le cadre du mécanisme de contrôle des cours, selon le minietre de l'Energie Chakib Khelil, qui s'est en outre prononcé pour le maintien d'"un cours stable aux alentours de 15 dollars le baril (...) sur une très longue période".

(AFP 20.7) La Sonatrach et plusieurs partenaires espagnols, réunis dans la société "Reganosa", ont créé une société pour la construction et l'exploitation d'un terminal de regazéification à Ferrol, en Galice. La Sonatrach participe à ce projet, qui nécessitera des investissements de 200 millions de dollars, pour 15 %.

(La Nouvelle République 19.7) Le Premier ministre espagnol, en visite à Alger, a annoncé le 18 juillet que l'Espagne avait l'intention de reconvertir une partie de la dette algérienne à son égard en investissements privés, lorsque les projets d'investissements auront été identifiés.

(APS 20.7) Le président Bouteflika a, lors d'une réunion à Tokyo entre les trois présidents africains(les deux autres étant le Nigérian Olusegan Obasanjo et le Sud-africain Thabo M'beki) mandatés par l'OUA pour plaider l'annulation de la dette africaine avec les Chefs d'Etat du "G8" (huit pays réputés les plus riches du monde), préconisé un "partenariat actif" pour le traitement de la dette. Le président algérien a préconisé la mise sur pied d'une institution indépendante appelée à déterminer les critères de l'allégement de la dette.

(Le Matin, Le Jeune Indépendant 20.7) L'entreprise Alfasid, du groupe public Sider, sera à nouveau grève, le 31 juillet, après que les travailleurs aient approuvé (à 94,7 %) l'appel à la grève lancé par le syndicat de l'entreprise pour protester contre la non-application de certains points(18 sur 22, selon le secrétaire général du syndicat d'entreprise) de l'accord passé avec la direction le 7 janvier. Les points litigieux concernent notamment l'organisation et les conditions de travail et les heures supplémentaires. La direction affirme pour sa part que les points litigieux à caractère socioprofessionnels ont été réglés et que le reste sera renégocié quant la situation de Sider sera améliorée.

(La Tribune 22.7) Les travailleurs du complexe de production de Bejaïa de l'entreprise publique des corps gras (ENCG) ont adopté, le 19 juillet, une résolution dans laquelle ils demandent, à l'unanimité, l'annulation de l'accord passé entre l'ENCG et le groupe saoudien "Savola", accord de "partenariat" dénoncé comme étant en fait un rachat masqué de l'entreprise publique par le groupe privé. Les travailleurs considèrent notamment que cet accord aura pour conséquence la suppression de 3000 postes de travail, et menacent, si l'accord n'est pas annulé, d'occuper leur entreprise. Le complexe de production a réalisé en 1999 un bénéfice de 1,2 milliards de dinars (120 mios FF, 30 mios FS), et les travailleurs dénoncent dans l'accord de "partenariat" un véritable "bradage".

(Liberté 26.7) Selon le ministre du Travail et de la protection sociale, qui l'a annoncé le 25 juillet lors d'une journée d'information sur les relations de travail, 5312 liccenciements ont été effectués en 1999 suite à des fermetures ou des dissolutions d'entreprises.

(Quotidien d'Oran 29.7, CSSI) La vente (privatisation) de trois unites de raffinage des corps gras de l'entreprise publique ENCG a la firme saoudienne Savola, pour 3,3 milliards de dinars (environ 330 mios FF, 80 mios FS) a connu un nouveau rebondissement le le 26 juillet avec le décision du conseil de surveillance du holding agro-alimentaire Agromane de demander à l'ENCG de renégocier l'accord passé avec Savola, et de modifier plusieurs articles du protocole d'accord, établi initialement par un cabinet d'affaire suisse, Swicorp (Genève)*, dirigé par un Tunisien qui selon le "Quotidien d'Oran" dispose d'"entrées auprès de personnalités de haut rang en Algérie". L'ENCG n'avait quant à elle lancé aucun appel d'offre national ou international public et Savola a pu lui adresser une offre "définitive", et la société SEFA a pu sans concurrence acquérir le 75 % des trois unités de production de l'ENCG d'Oran, Alger et Bejaïa, représentant le 70 % du potentiel de production du groupe ENCG, qui compte six autres unités, employant 3200 travailleurs. Les organes de contrôle de l'ENCG (Conseils d'administration et de surveillance, assemblée générale), ni les représentants des travailleurs, n'ont été consultés sur l'opération, présentée comme un partenariat, mais dénoncée par les syndicalistes de l'entreprise comme une "vente pure et simple", provoquant la "cassure" de l'entreprise. Au surplus, les Saoudiens n'ont pas seulement racheté à relativement bas prix des unités de production performantes, récemment rénovées par l'ENCG, mais ils auraient reçu sans débourser un dinar supplémentaire le patrimoine mobilier et immobilier et les stocks des unités de production rachetées,leur part du marché algérien, leur réseau de distribution, leurs créances recouvrables et 150 millions de dinars en liquidités (15 mios FF, 4 mios FS). Enfin, Savola (détenue à 18 % par un neveu du roi Fahd d'Arabie, l'émir Talal Al Walid) n'assumerait que le 60 % du financement de l'opération, les 40 % restant étant à charge du Trésor algérien -à quoi s'ajoute une exonération fiscale pour 5 ans. Les syndicalistes évoquent comme l'une des conséquences possibles du rachat d'une partie de l'ENCG par un groupe privé, le licenciement de plus de 3000 travailleurs, à court ou moyen terme.

*Swicorp Financiel Adivory Services SA, services et conseils financiers, fusions, acquisitions. Capital : 500'000 FS. Président : Kamel Lazaar.

(La Tribune 29.7) Selon des "sources parlementaires" évoquées (sans être nommées) par "La Tribune", une révision constitutionnelle pourrait être proposée en septembre déjà pour rendre plus faciles les opérations de privatisations dans les secteurs considérés comme stratégiques aux termes des textes actuels, comme les mines et les télécommunications. Plus généralement, il s'agirait de surmonter l'actuelle impossibilité constitutionnelle de privatiser ce qui relève du patrimoine public (incessibles, le sous-sol, les mines et les carrieres, les sources naturelles d'energie, les richesses minerales naturelles et vivantes des differentes zones du domaine maritime national ainsi que les eaux et les forets), et de mettre fin à la propriété publique établie en principe, actuellement, sur les transports ferroviaires, maritimes et aeriens, les postes et les telecommunications, tous domaines que le gouvernement veut ouvrir au marché, et qu'il ne peut, sans contorsions juridiques contestables, privatiser. Dans la situation actuelle, en effet, les lois et textes autorisant la cession de ce type de biens publics sont anticonstitutionnels. Une éventuelle modification de la constitution peut se faire sur décision du Parlement, à la majorité des trois quarts de ses deux Chambres réunies -cette décision étant cependant soumise à l'aval du président de la République, qui peut soit l'entériner si elle "ne porte aucunement atteinte aux principes generaux regissant la societe algerienne, aux droits et libertes de l homme et du citoyen, ni n'affecte d aucune maniere les equilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions", soit la soumettre au référendum populaire.

(Le Soir 29.7) Au moins 2 500 travailleurs, sur les 30 000 que compte le secteur des banques, seraient touches par la compression impliquée par le plan de restructuration du secteur des banques et des assurances, proposé par le ministre des Finances, plan qui entrera en application avant la fin de l' annee.

(Le Monde 1.8) Le ministère de la participation et de la coordination des réformes (c'est-à-dire des privatisations) a fait paraître dans la presse française (notamment "Le Monde" de grandes annonces d'offre d'emploi pour plusieurs postes liés aux privatisations (un "consultant spécialisé dans la mise en place de système d'information", un "adjoint au coordonnateur de projet", un "expert en opérations de privatisation auprès de l'institution de privatisation"), ainsi que deux annonces de "sollicitation de manifestations d'intérêts pour les services de consultants pour le projet d'appui à la privatisation", en tant qu'experts, l'un "spécialisé dans les politiques de mise en oeuvre de privatisation", et qui "ass8mera la responsabilité de conseiller le Ministre", les autres au titre d'"experts conseil en stratégie auprès de la division de la programmation et du suivi de la privatisation".

(Reuters 21.8) La compagnie BP Amoco envisage la construction d'un gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne, annonce le vice- président de BP pour le gaz et l'électricité Steven Welch dans le journal financier espagnol "Expansion". Le gazoduc serait également utilisé par la compagnie d'Etat algérienne Sonatrach. La société espagnole Gas Natural a actuellement un monopole virtuel sur les importations de gaz algérien.

(Le Matin 28.8) Pour les commentateurs de la scène politique algérienne, la démission d'Ahmed Benbitour représente une victoire pour le ministre des privatisations, Hamid Temmar, ce que confirmeraient des informations publiées notamment par "Le Matin", faisant état de futurs amendements de la loi sur les capitaux marchands, et sur l'intention prêtée au présidnt Bouteflika de placer le Conseil national des participations de l'Etat (CNPE) sous la tutelle du ministre de la Participation et de la Coordination des réformes, qui aura alors toute autorité sur les holdings et la stratégie de privatisation des entreprises publiques. La loi actuelle sur la gestion des capitaux dispose que le CNPE est présidé par le Chef du gouvernement. Hamid Temmar, rappelle "Le Matin", "souffrait de se voir privé par Ahmed Benbitour d'un droit de regard sur tout ce qui touchait au CNPE et aux holdings".

(AP 29.8) Les exportations d'hydrocarbures ont rapporté à l'Algérie près de 10,2 milliards de dollars au premier semestre, pour une production estimée à 63,3 millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP), selon la dernière note de conjoncture publiée par le ministère de l'énergie et des mines. Grâce au renchérissement du baril de brut, le taux de croissance en valeur par rapport à la même période de 1999 est de près de 112%. Le volume des exportations de pétrole est, lui, en progression de 6,5% par rapport à la même période de 1999, et les exportations de produits gazeux ont également progressé de 6,8% pour rapporter à l'Algérie 4,2 milliards de dollars. D'autre part, le ministère de l'Energie révèle que cinq découvertes d'hydrocarbures ont été réalisées en Algérie durant le premier semestre 2000, dont trois par le groupe pétrolier algérien Sonatrach et deux en association avec ses partenaires étrangers. Les deux découvertes en association ont été effectuées d'une part avec la compagnie australienne BHP et d'autre part avec la compagnie américaine Louisiania, toutes deux dans le bassin de Berkine, à 350km au sud-est de Hassi Messaoud, dans le désert du Sahara.

(AP 31.8) L'OPEP pourrait décider d'augmenter sa production lors de sa prochaine réunion, le 10 septembre à Vienne, si le prix du baril continue à se situer au-dessus de 28 dollars, a annoncé le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, le 31 août. L'augmentation serait de 500'000 barils/jour.

(Quotidien d'Oran 3.9) Une chute record de la production céréalière (922'000 tonnes pour l'exercice 1999-2000, contre 2,2 millions pour l'exercice 1998-1999), dur à la sécheresse qui sévit depuis janvier 2000 (80 % des surfaces céréalières ont été classées comme "zones sinistrées) pourrait entraîner une facture supplémentaire de plus d'un milliard de dollars d'importations de blé dur, auprès des fournisseurs habituels de l'Algérie (les USA, le Canada et la France).

(AP 6.9) La Sonatrach et le groupe pétrolier espagnol Cepsa ont signé un protocole d'accord pour la création d'une société mixte chargée d'étudier la réalisation d'un projet de gazoduc reliant directement l'Algérie à l'Europe, par l'Espagne. La Sonatrach et Cepsa constituent à hauteur de 50 % chacun le capital de la société (500'000 dollars). Le gazoduc projeté serait le troisième raccordant l'Algérie à l'Europe : le premier passe par le Maroc, le second par la Tunisie.

(El Watan 7.9) De l'envolée des prix des hydrocarbures et de la hausse du dollar, l'Algérie devrait tirer trois avantages : l'accroissement de ses réserves de change, l'amélioration du budget de l'Etat et l'augmentation de son pouvoir d'achat sur les marchés non-américains. Au prix moyen de 26 dollars le baril, les recettes d'hydrocarbures algériennes devraient atteindre 21 milliards de dollars fin 2000, les réserves de chance devraient atteindre 9 à 10 milliards et le budget de l'Etat produire un excédent d'environ 200 milliards de dinars (20 mias FF, 5 mias FS), affectables partiellement au remboursement de la dette intérieure, à l'assainissement des finances locales et à la relance des travaux publics et du logement social. La hausse du dollar par rapport au Franc français (le dollar est passé de 5,5 FF à 7 FF en moins d'une année) permettra à l'Algérie de gagner environ 30 milliards de FF à la simple faveur de ce différentiel de change, d'où un pouvoir d'achat de l'Algérie sur le marché français d'autant plus augmenté que l'inflation a été maîtrisée en France. La hausse du dollars par rapport aux principales monnaies (FF, DM, Lire, Yen) pourrait également permettre une réduction (de l'ordre de 20 à 25 %) de la dette algérienne à l'égard des pays concernés

(AFP 10.9) L'OPEP a pris le 10 septembre la décision, attendue, d'augmenter sa production de pétrole brut de 800'000 barils/jour dès le 1er octobre. Les ministres du pétrole de l'OPEP ont en outre convenu de se retrouver le 12 novembre pour examiner les conséquences de leur décision.Selon les experts du marché pétrolier, l'OPEP a voulu "faire un geste en direction des marchés" et des investisseurs, pour leur démontrer qu'elle contrôle effectivement la production. Les experts prédisent une légère baisse des cours dans les jours à venir, avec une stabilisation des prix autour des 30 dollars/baril (25 dollars selon le ministre algérien de l'énergie, Chakib Khelil) mais cette accalmie devrait n'être que de courte durée. Le ministre algérien a assuré que les pays de l'OPEP étaient capables de "répondre aux quotas". L'Algérie va augmenter sa production de 24'000 barils/jour, atteignant les 835'000 barils jour pour une capacité de production officielle de 900'000 barils/jour.

(El Watan 11.9) Les exportations hors-hydrocarbures de l'Algérie stagnent depuis plusieurs années, et se situent pour le premier semestre à 344 millions de dollars, contre 4,45 milliards pour les importations, le nombre des importateurs étant passé de 6000 en 1995 à 40'000 cinq ans après. Selon les sources, le pourcentage des exportations hors hydrocarbures se situerait de 3,61 à 5 % du total des exportations

(Liberté 11.9) Depuis 1998, le salaire national mensuel garanti se situe à 6000 dinars en Algérie, soit 85 dollars US, alors qu'il est de 130 dollars au Maroc et de 180 dollars en Tunisie. Cette disproportion suscite au sein de l'UGTA une demande de la base de revalorisation des salaires, pour l'ensemble des salariés (800'000 salariés dans le secteur privé, 1,3 million dans l'administration, 1,2 million dans le secteur public économique. La plupart des entreprises publiques ont fixé leur salaire minimum à 8000 dinars (800 FF, 200 FS), l'UGTA demande un SMIG à 15'000 DA (1500 FF, 350 FS) mais pourrait se contenter de 10'000 DA.

(Liberté 11.9) Le nouveau projet de loi relatif à l'organisation des transports terrestre propose notamment la "démonopolisation" de l'exploitation du réseau des chemins de fer, a annoncé le ministère de tutelle le 10 septembre.

(AP 11.9) La Sonatrach a annoncé le 11 septembre qu'elle avait découvert un nouveau gisement de pétrone sur le périmètre de Hassi D'zabar, au sud de Hassi Messaoud. Le gisement a un début de 813 mptres cubes d'huille et de 1472 mètres cubes de gaz à l'heure. Cette découverte est la sixième du genre depuis le début de l'année.

(AP 13.9, Liberté 14.9) Les prix du pétrole pourraient chuter brusquement en 2001 si les stocls américains parviennent à se reconstituer, a estimé le 13 septembre le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, qui a noté qu'actuellement l'offre dépassait la demande et que "nous risquons d'avoir d'ici le second semestre 2001 une situation de déséquilibre qui pousserait (...) à la dégringolade des prix". L'OPEP a décidé d'augmenter sa production afin que les prix tombent à moins de 30 dollars, mais sans tomber en dessous de 22 dollars. Chakik Khellil a attribué la flambée des prix du pétrole à la spéculation, notamment à celle des fonds de pension tablant sur des augmentation de prix, et à la reprise économique, qui entraîne une augmentation de la consommation. Il a rappelé que l'OPEP ne touchait que 16 % du prix de l'essence livrée au consommateur européen, le reste étant composé des profits des compagnies pétrolières et des taxes prélevées par les Etats consommateurs -taxes qu'il a appelé les gouvernements européens à réduire. Le ministre a en outre affirmé que l'Algérie était à même d'augmenter sa capacité de production pour assurer son quota OPEP de 26'000 barils/jour, et qu'elle pourra porter sa production d'hydrocarbures à 1,4 millions de barils/jour (deux fois sa production actuelle, pour une capacité actuelle de 900'000 barils/jour) en exploitant de nouveaux gisements.

(Quotidien d'Oran 14.9) Dans un ouvrage paru début septembre*, deux journalistes, Adel Sayaci et Rachid Naili, ont le portrait de 17 milliardaires (en dinars) algériens, ayant constitué leur fortune depuis le début de la "libéralisation" de l'économie, ou étant sorti de l'ombre depuis lors. Ces 17 personnes totalisent une fortune globale de plusieurs dizaines de milliards de dinars (soit plusieurs milliards de FF). Parmi eux, un député RND, Mohamed Zaim, patron d'Orangina, l'entrepreneur islamiste Mohamed Bouferache, le banquier Brahim Hadjas, proche de Saïd Sadi, ou l'entrepreneur Chaabani Ouardi, proche d'Ali Benflis.

*Les milliardaires algériens, Editions Lalla Sakina

(El Watan 14.9, AFP 16.9) Régulièrement dénoncée par la presse, par l'opposition politique et par le président Bouteflika lui-même, la "mafia" algérienne fait tout ce qu'elle peut pour que le secteur de l'importation, qu'elle contrôle et dont elle tire de considérables bénéfices, soit préservé de toute tentative de réforme. Avec l'instauration progressive, dès 1994, de l'économie de marché, cette "mafia" a récupéré une grande partie des anciens monopoles d'Etat sur le commerce extérieur, et en a fait une source d'enrichissement rapide, ne nécessitant pratiquement aucun investissement. Les "mafieux" voient dans les tentatives d'implantation d'usines en Algérie, notamment par l'investissement étranger, une remise en cause d'un secteur d'importation qu'ils contrôlent en grande partie. Ce sont eux qui auraient commis l'attentat à la bombe ayant détruit, le 7 septembre, les bâtiments administratifs d'une entreprise publique rentable, fabriquant des appareils électro-ménagers à Tizi Ouzou. Le président Bouteflika a accusé la mafia algérienne d'être responsable de cet attentat, après qu'il ait été attribué par une partie de la presse et par le secrétaire général de l'UGTA Abdelmadjid Sisi Saïd, à des groupes islamistes armés. Pour le président, l'attentat relève d'un "conflit entre le producteur et l'importateur", qui est "perdant dès qu'il y a production". Selon un cadre de Tizi Ouzou, cité par "Le Jeune Indépendant", l'attentat serait un "avertissement à l'égard de quelques gros investisseurs étzrangers intéressés par la Kabylie", en relation notamment avec un projet d'implantation dans la région d'une unité de fabrication d'insuline, qui bouleverserait, voir annihilerait, les actuels circuits d'importation d'insuline -ou de placebos vendus pour de l'insuline.

(Le Jeune Indépendant 17.9) Le communiqué de la présidence de la République relatant le Conseil des ministre tenu le 14 septembre évoque la nécessité d'"améliorer le niveau de vie général" des citoyens par la "stimulation de la demande intérieure", ce qui pourrait annoncer une revalorisation des salaires, demandée avec insistance par la centrale syndicale UGTA qui, dans son journal "Révolution et Travail", évoque la détérioration du pouvoir d'achat des Algériens en les considérant comme "littéralement assassinés par des années d'austérité". Le 10ème congrès de l'UGTA a remis à l'ordre du jour du syndicat la revendication d'un salaire minimum (SMIG) à 15'000 donars (1500 FF, 350 FS), mais le syndicat pourrait se contenter d'un SMIG à 10'000, voire 8000 dinars

(Algeria-Interface, Le Matin, Liberté 21.9) Les réserves de change de l'Algérie ont atteint 7,8 milliards de dollars fin juillet, contre 4,4 milliards à la fin 1999, selon les chiffres de la Banque d'Algérie. Le ministre de l'Energie a pour sa part annoncé le 20 septembre que les recettes d'exportations algériennes atteignaient actuellement 1 milliard et demi de dollars par mois, ce qui donnerait au moins 18 milliards pour l'année en cours si ce rythme se maintient, soit un tiers de plus qu'en 1999. Fin septembre, les recettes d'hydrocarbures avaient franché la barre des 14 mias de dollars.

(Le Matin 21.9) Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a annoncé le 20 septembre que les permis d'exploitation et de développement des gisements d'hydrocarbures ne feront plus, dès octobre, l'objet de négociation entre la Sonatrach et les partenaires étrangers, mais seront simplement soumis à des appels d'offre et attribués au plus offrant. Le ministre veut doubler le nombre de contrats (une vingtaine actuellement), et pouvoir signer plusieurs contrats en six mois, au lieu d'un seul tous les deux ou trois ans.

(AP 20.9) Le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, a affirmé le 20 septembre que l'OPEP n'hésiterait pas à élever à nouveau son plafond de production su les prix du pétrole continuaient à fluctuer hors des limites fixées par le mécanisme de régulation dont l'OPEP s'est dotée. Si ce mécanisme "ne permet pas de faire baisser les prix à moins de 28 dollars, l'OPEP est disposée à augmenter encore sa production de 500'000 barils par jour", a affirmé Chakin Khelil. Les prix dépassent encore les 30 dollars actuellement, alors que le mécanisme de l'OPEP prévoit une correction du niveau de production dès que les prix sortent d'une fourchette de 22 à 28 dollars le baril. L'Algérie plaidera au sommet de l'OPEP de Caracas, en novembre prochain, pour une stabilisation du prix moyen du baril à 25 dollars. Le 20 septembre, le cours du brent (pétrole de la mer du nord) était de plus de 34 dollars.

(Algeria Interface) Les ministres de l'Energie et des privatisations, Chakib Khelil et Hamid Temmar, seront tous deux à Paris mi-octobree, le premier pour une conférence internationale sur le gaz, le second pour un séminaire sur les réformes, prganisé par la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie.

(AP 20.9) Le programme de réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable des grandes villes glréeiennes, programme financé par la Banque Mondiale, suscite l'intérêt de plusieurs groupes français et d'un groupe canadien. La Société des Eaux de Marseille (à laquelle participent la Liyonnaise des Eaux et la Générale des Eaux) a décroché le contrat de réhabilitation du réseau d'alimentation en eau potable d'Alger, et devra diminuer de moitié les pertes d'eau dans les réseaux d'Alger, estimée à 50 % actuellement. Le coût de l'investissement est évalué à 25 millions de dollars. Une autre entreprise française, la SAUR, a décroché un contrat similaire pour Oran. Une troisième société française, Vivendi, est sur les rangs pour Constantine. Le groupe canadien SNC Lavalin a décroché les travaux d'adduction du barrage de Taksebt, près de Tizi Ouzou

(www.algeria-inferface.com 22.9, Le Matin, El Watan 24.9) La révision de la loi sur les capitaux marchands de l'Etat, qui a provoqué la démission du Premier ministre Ahmed Benbitour, devra attendre encore plusieurs semaines avant d'arriver en débat à l'Assemblée nationale, alors qu'elle est prête depuis la mi-août. Le présidnt Bouteflika aurait certes pu promulguer la loi par ordonnance législative, mais il ne l'a pas fait et doit désormais passer par le Conseil des ministres, puis le Parlement, puisque celui-ci est en session. Le projet de loi, préparé par le ministre des privatisations, Hamid Temmar, prévoit le transfert des prérogatives du Conseil national des participations de l'Etat (CNPE, qui coiffe les holdings publics) vers un Conseil d'orientation et de coordination des participations de l'Etat (COCPE) dont les membres seraient désignés par le président de la République. Parallèlement, le Conseil national de la privatisation serait remplacé par une agence nationale de la privatisation chargée d'exécuter le programme des cessions du patrimoine public. Lors des travaux de la "haute commission" algéro-sud africaine, le 23 septembre, Hamid Temmar a déclaré : "il n'y a pas de secteur non privatisable", et précisé que 551 entreprises publiques privatisables (employant entre 600'000 et 700'000 personnes) avaient déjé été recensées dans le domaine des services (il s'agit notamment de banques et d'assurances), et seront remises à des privés. Les privatisations toucheront également les entreprises de transport, et pourraient même toucher les établissements hospitaliers. Des entreprises publiques comme Sonelgaz devraient être partiellement privatésées, par ouverture de leur capital au privé. Le ministre a assuré que chaque opération de privatisation sera accompagnée d'un "filet social" pour pallier aux coûts sociaux des inévitables suppressions de postes. Trente entreprises du secteur industriel (transformation) ont été proposées à des opérateurs sud-africains. Le ministre sud-africain de l'Industrie et du Commerce a cependant incité les Algériens à être prudents sur la voie des privatisations : "Il faut aller très doucement dans les réformes et prendre en compte les répercussions sociales de la privatisation sur la population"...

(www.algeria-interface.com 22.9) Le patron de la Sonatrach, Abdelhak Bouhafs, a dévoilé les nouvelles structures de la société nationale algérienne des hydrocarbures. Quatre départements opérationnels, dirigés chacun par un vice-président de Sonatrach, constituent le nouveau dispositif : une branche "amont" (exploration, production, technologie), une branche "transports par pipelines", une branche "aval" (liquéfaction du gaz, raffinage, pétrochimie, technologie) et une branche "commercialisation", chargée des exportations, du trading, du transport maritime et du marché intérieur. Chacun de ces départements pourront créer leurs propres finiales. Les activités parapétrolières seront concentrées au sein d'un groupe "services" rattaché directement au PDG. La gestion des actifs et des activités internationales sera confiée à une holding internationale. Un Comité d'examen et d'orientation (CEO) se chargera du partenariat et des acquisitions, des projets, des contrats et des ressources humaines.

(Liberté 24.9) Les installations de l'entreprise Alfasid, filiale du groupe sirérurgique Sider (unique producteur algérien d'acier) pourraient être contraintes à l'arrêt dans un délai d'un mois, ce qui conduirait à la mise au chômage (technique ou définitif) de plus de 10'000 salariés, si une solution n'est pas trouvée par les pouvoirs publics à la crise du groupe. La production est ac tuellement au plus bas. Alfasif est endettée à hauteur de 6 milliards de dinars (600 mios FF, 150 mios FS) et a été sommée par ses partenaires et fournisseurs d'honorer ses dettes, et doit en outre verser 90 millions de dinars à des filiales du même groupe.

(Liberté 28.9) Présentant le programme de son gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Ali Benflis a signalé que la variation du prix du pétrole d'un dollar par baril se traduisait par un gain ou une perte de ressources pour l'Algérie de 600 millions de dollars, et une plus-value ou une moins-value fiscale de 35 milliards de dinars 3,5 mias FF, 900 mios FS). Le Premier ministre a également indiqué que la dette publique algérienne avait atteint le 30 juin 2000 2650 milliards de dinars (265 mias FF, 65 mias FS), ce qui représente le 72 % du produit intérieur brut. Le service de la dette atteindra 330 mias de dinars (33 mias FF/8 mias FS) pour 2000, 260 mias DA (26 mias FF, 7 mias FS) pour 2001, 240 mias DA (24 mias FF, 6 mias FS) pour 2002. Pour 2000, l'excédent de recettes fiscales du à l'augmentation du prix du pétrole devrait se situer entre 400 et 500 milliards de dinars (40-50 mias FF, 10-12 mias FS), la décision de les affecter au remboursement de la dette, à l'investissement ou à l'augmentation des salaires n'ayant pas encore été prise.

(Liberté, Le Matin 17.9, 28.9) Les syndicats des travailleurs du pétrole, du gaz, de la chimie (FNTPGC) et des mines dononcent dans un communiqué rendu public le 27 septembre, à l'issue de conférences de ces syndicats tenus à Oran le 24 septembre, puis à Hassi Messaoud le 27 septembre, les projets de réorganisation de Sonatrach et des entreprises publiques du secteur, textes dont les syndicats considèrent qu'ils tendent à la "destruction de nos entreprises publiques et à l'affaiblissement de nos capacités nationales de production". Les syndicalistes qui considèrent que la politique du gouvernement a pour objectif de "livrer nos entreprises publiques ainsi que le sort de l'économie nationale aux sociétés mondiales et aux institutions financières et monétaires internationales", menacent de décider d'une grève, après concertation de la base, "afin de mettre fin à toutes les décisions mettant en péril nos entreprises publiques". La grève pourrait être décidée lors d'une conférence nationale des syndicats du secteur, qui devait se tenir le 1er octobre à Skikda mais a été reportée à une date ultérieure pour laisser au gouvernement le temps de revoir ses projets. Dans un dossier paru dans l'organe de l'UGTA, "Révolution et Travail", la centrale syndicale dénonce également une politique du "tout liquider, tout vendre et tout brader au nom d'une eoctrine qui s'appelle néolibéralisme, sur ordre de la Banque mondiale, du FMI et de la finance internationale, contre les intérêts stratégiques, économiques et financiers du pays". Le Secrétaire général de la FNTPGC, Kheireddine Badreddine, considère qu'"on veut nous imposer une priovatisation à la bolivienne ou à la chilienne.

(Liberté 27.9) Le Secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a en outre déclaré dans un entretien à "Liberté" que "les salaires doivent être augmentés car le chaudron social a atteint un niveau d'ebulliton qui risque de faire sauter le couvercle".

(Liberté 3.10) Les 30'000 travailleurs du cadastre ont décidé d'engager une épreuve de force avec leur ministère de tutelle (celui des Finances), et ont annoncé leur intention de déposer un préavis de grève pour trois jours à dater du 23 octobre, grève qui pourrait être reconduite pour cinq jours "au cas où aucun dialogue ne serait amorcé avec la tutelle". Le syndicat national des travailleurs du cadastre dénonce la non-satisfaction de ses revendications "déposées depuis 1997", et les conditions "des plus précaires" d'exercice de la fonction d'agent technique du cadastre, notamment en ce qui concerne les indemnités, les primes et l'engagement du personnel contractuel. Le syndicat dénonce également le manque de concertation et de dialogue avec les autorités

(L'Authentique 3.10) Le Comité syndicat du secteur sanitaire de Baraki, affilié au Syndicat national des praticiens de la santé publique, a déposé un préavis de grève de 18 jours à compter du 14 octobre, pour exiger le paiement des indemnités de garde (non payées depuis 18 mois) et celui de primes de "performance" non payées depuis 1998. Les syndicats revendiquent également la régulaisation de l'avancement de nombreux praticiens, ainsi que l'amélioration des conditions de travail et du matériel mis à disposition.

(Liberté 3.10) Plusieurs dizaines de travailleurs de l'entreprise publique du bâtiment ESCB de Draria ont empêché le 2 octobre les cadres dirigeants de l'entreprise de pénétrer dans l'enceinte de celle-ci, en protestation contre la résiliation "sans le consentement du partenaire social" et en violation de l'accord collectif d'avril 1999, de 90 salariés de l'entreprise. Selon un "plan de sauvegarde" appliqué à l'entreprise, celle-ci ne devrait plus compter que 261 salariés sous contrat à la fin 2000, contre 1200 actuellement. L'entreprise devrait en outre vendre des terrains à une entreprise privée de promotion immobilière. "Si on applique ce plan de sauvegarde, c'en est fini (de) l'entreprise et (des) travailleurs, a déclaré le secrétaire général du syndicat local, qui accuse le directeur général d'ESCB d'avoir "commencé à appliquer ce plan avant même d'avoir l'aval du Conseil d'administration".

(El Watan 5.10) La Coordination nationale des syndicats des ports (CNSP), réunie les 1er et 2 octobre à Skikda, a décidé d'organiser le 15 octobre un débrayage d'une demie-journée pour protester contre "la mise à mort des entreprises portuaires", la mise au chômage de leurs travailleurs et le bradage d'un secteur public "au bénéfice d'une minorité féodale". La coordination syndicale demande l'arrêt du processus de restructuration et de privatisation des ports, le gel de la création des nouvelles autorités portuaires, l'élaboration d'un plan financier pour les entreprises portuaires en situation difficile et la prise en charge des besoins immédiats en investissements et en biens consommables.

(Le Matin, El Watan 4.10) Les travailleurs de l'entreprise publique ENIEM (électro-ménager) ont observé un sit-in devant la direction générale de l'entreprise le 3 octobre, à Tizi Ouzou, et menacent de recourir à la grève pour préserver les 3300 postes de travail de l'entreprise et obtenir le paiement des salaires du mois de septembre. Le 6 septembre déjà, le conseil syndical UGTA de l'entreprise avait attiré l'attention de la direction et des pouvoirs publics sur les "retards répétés dans les paiement des salaires". Le 7 septembre, le bâtiment administratif de l'usine d'appareils ménagers d'Oued Aïssi avait été la cible d'un attentat à la bombe qui l'avait pratiquement détruit, et avait fait pour 100 millions de dinars (10 mios FF, 2,5 mios FS) de dégâts.

(Algeria Watch 5.10) Un sit-in d'enseignants, convoqué par le SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation) devant l'Assemblée nationale, a été brutalement dispersé le 5 octobre par la police. Le SATEF avait appelé à une journée de protestation à l'occasion de la journée internationale des enseignants. Les enseignants algériens protestent notamment contre l'annonce par le gouvernement du non relèvement des salaires, et contre les menaces de privatisation de l'école.

(AAI 7.10) Les 130 travailleurs de l'entreprise de construction ECOTRABA de Boghni, dans la région de Tizi Ouzou, sont en grève générale depuis le 1er octobre pour revendiquer le paiement de six mois de salaires et de trois mois de congés impayés. Après trois jours de grève, les partenaires sociaux se sont réunis pour négocier la reprise du travail et trouver "un terrain d'entente". Les travailleurs ne veulent pas reprendre le travail sans le paiement d'au moins une partie de leurs salaires. L'entreprise détiendrait une créance de près de 2 milliards (?) de dollars (?) auprès de la commune, qui est elle-même en litige avec la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance, promotrice de la construction de logements sociaux par l'ECOTRABA.

(Liberté 3.10) Après l'accord de principe obtenu sur la conversion d'une partie de la dette algérienne en investissements, accord obtenu le 12 juillet auprès du "Clud de Paris", un premier accord bilatéral en ce sens pourrait être prochainement signé avec l'Italie. Un accord de principe a été obtenu avec la France, et l'Espagne a annoncé son intention de procéder elle aussi à une conversion en investissements d'une partie de la dette algérienne. Les USA, quant à eux, ont annoncé qu'ils ne mettraient pas en oeuvre un tel mécanisme.

(El Watan 3.10, 5.10, Liberté 5.10) La Sonatrach a procédé le 3 octobre à l'ouverture publique des plis contenant les soumissions pour la réalisation du projet "Boosting Hassi R'mel". Cette procédure publique est une première dans le secteur des hydrocarbures. Elle concerne un contrat de plusieurs centaines de millions de dollars, portant sur trois stations de compression des gaz. Les entreprises soumissionnaires sont la japonaise JGC-Hirochi (350 millions de dollars), l'américaine Bechtel (450 millions de dollars), la canadienne SNC Lavalin (400 millions de dollars) et le consortium franco-américain Entrepose-Webster & Stone (350 millions de dollars). Les deux soumissions les plus élevées n'avaient plus guère de chance d'être retenues sur le plan financier, tandis que la soumission franco-américaine a été écartée pour non conformité à des exigences techniques, et c'est donc l'offre japonaise qui a emporté le contrat, pour 352 millions de dollars, et avec un délai de réalisation de 34 mois. "El Watan" s'interroge sur la forte différence (22,5 % de différence, soit 100 millions de dollars, entre la plus chère et la moins chère) des montants entre les quatre soumissions, émanant de compagnies ayant l'expérience de l'Algérie. Dans les prochaines semaines, la Sonatrach devrait procéder à "l'ouverture des plus" pour des marchés d'un montant global de 2 milliards et demi de dollars. Le plan de développement de la société nationale prévoit 19 milliards de dollars d'investissements jusqu'en 2003. Deux marchés doivent être prochainement attribués : l'oléoduc Haoudh El-Hamra/Arzew (environ 1 milliard de dollars) et le développement du gisement pétrolifère d'Oughroud (environ 1 milliard et demi de dollars). Depuis des années, les mêmes sociétés ou les mêmes groupes soumissionnent pour les grands projets de Sonatrach : les Américains Bechtel et Brown & Rott Condor, le Japonais JGC, le Canadien SNC Lavalin et les filiales françaises de grandes sociétés internationales.

(AII 7.10, Le Matrin 8.10) Au cours des huit premiers mois 2000, la balance commerciale de l'Algérie a enregistré un excédent de 6,698 milliards de dollars. La balance mensuelle d'août a enregistré un exédent ee 825 millions de dollars. Les douanes relèvent une hausse de 8,54 % des importations et de 46,49 % des exportations en comparant les chiffres d'août 1999 à ceux d'août 2000. Les importations de bien d'équipements industriels occupent le premier rang des importations (30,21 % du volume global, + 11,52 %), suivies des importations de produits alimentaires (27,47 %). Pour les exportations, pas de surprise : le 97 % de leur volume global est constitué par les hydrocarbures, en augmentation de 47,90 % (en valeur).

(El Watan 8.10) Une enquête menée par le bureau d'expertises Excoser pour le compte du ministère de l'Industrie, pour tenter d'identifier les causes du blocage du processus de privatisation, "révèle" notamment que les salariés sont mal informés de ce processus, sont tenus à l'écart des décisions affectant leurs entreprises, et ne perçoivent des privatisations que les aspects "négatifs" : licenciements, fermetures d'usines, exclusion sociale. Pour l'écrasante majorité des cadres interrogés lors de l'enquête, les privatisations se résument à une volonté de réduction maximale des effectifs pour faciliter le bradage des entreprises à des privés. "La privatisation est dans tous les cas ressentie comme une opération déstabilisatrice, conçue uniquement pour transférérer des biens publics au profit de quelques nantis", commente "El Watan". Le sociologue Mohamed Benguerna constate pour sa part que, du côté des salariés, "nous sommes en présence d'autres formes de résistance et de résignation. Le personnel adopte des attitudes de doute, de retrait et de défense (...) la majorité des salariés éprouvent un sentiment de mise à l'écart dans la mesure où le processus s'effectue contre eux et non avec eux".

(Quotidien d'Oran 8.10) Le monopole d'Etat sur l'importation, la fabrication et la commercialisation du tabac, confié à la SNTA, va "selon toute vraisemblance être tout simplement gommé au bénéfice d'une ouverture du secteur au privé", annonce "Le Quotidien d'Oran, qui ajoute que "La SNTA va (...) être sommée de procéder à son lifting sous peine de disparition". En fait, la SNTA devrait conserver une part du marché, et celle qui serait désormais "couverte" par les entreprises privées est en partie la même que celle qui est occupée par les produits de la contrebande, dont le volume (exprimé en termes de pertes fiscale) est estimé à 35 milliards de dinars (3,5 FF, 850 mios FS).

(AP 9.10) La Société Générale Algérie, succursale de la banque française, lancera dès novembre un le système "Western Union" pour le transfert instantané de fonds entre l'Algérie et les autres pays, en partenariat avec la société américaine Western Union. Le président du directoire de la SG Algérie, bernard Duboc, affirme que l'Algérie est un "bon marché" disposant de "grandes potentialités", et invite les entreprises et banques étrangères à y venir pour investir, tout en reconnaissant que "l'Algérie n'est pas un pays facile pour y investir". La SG-Algérie entend ouvrir des agences hors d'Alger.

(Quotidien d'Oran 11.10, Le Matin, Liberté 12.10) Le prochain projet de budget présenté par le gouvernement (qui l'a adopté le 7 octobre) aux deux chambres du Parlement devrait être élaboré "selon des sources bien informées" évoquées par "Le Quotidien d'Oran" sur la base d'un prix du baril saharien situé entre 19 et 20 dollars. Le projet prévoit un déficit réel du Trésor de 167,48 milliards de dinars (16 mias FF, 4 mias FS) en 2001, 108 mias de DA en 2002 et 104 mias de DA en 2003. De nouvelles taxes seraient instituées pour combler l'incapacité de l'Etat à lever l'impôt direct : les recettes ordinaires (hors hydrocarbures) ne représentent plus qu'un pourcentage du PIB inférieur de moitié à ce qu'il était au début des années '90 (10,4 % contre 20 %). Le projet de budget ne contient pas l'augmentation des salaires revendiquée par les travailleurs, mais propose l'introduction de plusieurs taxes, ainsi que des mesures destinées à inciter à l'investissement. Le groupe parlementaire du FFS a fait état de son inquiétude quant à d'éventuelles "fuites organisées" sur le projet de budget, fuites dont l'objectif serait de "mettre en condition la société" pour une "politique du fait accompli".

(Quotidien d'Oran 15.10, Le Matin 16.10 ) Une grève a en grande partie paralysé les ports algériens le 15 octobre pendant une demie-journée, à l'appel des syndicats regroupés en coordination nationale, en guise de protestation contre les projets gouvernementaux de restructuration des entités portuaires, qualifiés par les syndicalistes de "bradage (...) au bénéfice d'une minorité ciblée et féodale". Selon les syndicats, la grève a été massivement suivie par les 14'000 travailleurs du secteur, dans les dix principaux ports algériens. Les syndicalistes menacent, si leurs revendications ne sont pas prises en compte, de rééditer la grève de huit jours menée en 1993. Ils revendiquent l'arrêt du processus de privatisation, le gel du décret de création des autorités portuaires, le mise en oeuvre d'un plan d'assainissement financier et l'ouverture d'un "débat sérieux entre les principaux partenaires". Le projet gouvernement prévoit notamment la séparation de l'activité commerciale et des activités administratives, ce que les syndicats assimilent à une privatisation qui débouchera sur des licenciements. Le coordinateur national des syndicats des ports, Zaïdi Nabil, a révélé que le centrale UGTA avait demandé de reporter la grève après le congrès de l'UGTA. La coordination a non seulement refusé, mais dénoncé l'acceptation par les "successeurs de fortune" d'Abdelhak Benhamouda d'un projet que le syndicaliste assassiné avait "enterré".

(Quotidien d'Oran 15.10, Liberté 16.10) Le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, a annoncé le 14 octobre la privatisation de 150 entreprises, dans un "paquet prioritaire" dont l'expertise sera confiée à des banques d'affaires internationales. Cette annonce a été faite devant une délégation d'investisseurs potentiels canadiens en visite en Algérie du 13 au 16 octobre. Plusieurs protocoles d'accord et contrats ont été signée, pour une valeur totale de 700 millions de dollars canadiens, entre partenaires algériens et canadiens. Il s'agit notamment d'un protocole d'accord pour l'alimentation en eau potable d'Alger, signé avec SNC-Lavalin, pour 600 millions de dollars canadiens (environ 3 mias FF, 750 mios FS).

(AAI 16.10, AP 17.10) La Sonatrach a versé au Trésor, au titre de la fiscalité pétrolière, fin juin, 557 milliards de dinars (environ 50 mias FF, 12 mias FS), soit plus de fois plus que le semestre précédent (217 mias). Le chiffre d'affaire semestriel de la Sontarach a doublé, passant de 355 mias DA à 797 mias. La dette de l'entreprise publique est passée de 4,24 milliards de dollars en septembre 1999 à 3,5 mias en septembre 2000. Les esportations d'hydrocarbures algériennes ont atteint 10,168 mias de dollars fin juin, dépassant en six mois le total annuel de 1999 (9,7 mias), et présageant du doublement en un an de leur volume financier. Ces résultats sont évidemment dus à la hausse du prix du baril, qui est passé d'une moyenne de 13,5 dollars au premier semestre 1999 à 27,6 dollars au premier semestre 2000. Mais les exportations ont en outre augmenté de 6,6 % en tonnage (62,9 millions de tonnes équivalent pétrole, contre 59 mios).

(Quotidien d'Oran 18.10) Le ministre des privatisations, Hamid Temmar, a confirmé le 17 octobre lors d'un séminaire sur l'investissement et le partenariat son intention d'accélérer les privatisations, qu'il considère comme la seule solution possible pour que l'économie algérienne entre sur la scène internationale. "Il n'y aura pas de retour en arrière", a assuré le ministre. Le code des investissements de 1993 va être modifié dans un sens favorable aux investisseurs privés, par l'exonération de certaines taxes, l'introduction de modalités de financement plus flexibles et la création d'une Agence de promotion des investissements directs (APID).

(La Tribune 23.10) Les briqueteries, les limonaderies et les hôtels constitueront les premières "cibles" du prochain programme de privatisation, qui devrait être annoncé dans les jours à venir. L'ouverture du capital pourrait aller jusqu'à sa totalité, selon le ministre de la Participation, Hamid Temmar. Les privatisations avaient déja touché, dans des conditions contestées, les hôtels, certains ayant été cédés à des prix dérisoires, et certains ayant été cédés par l'Etat alors qu'ils ne lui appartenaient pas (comme l'hôtel Es Safir, ex-Aletti, qui appartenait à la ville d'Alger).

(AP 24.10, Liberté 26.10) Le gouvernement algérien envisage une hausse de 3 dinars (0,30 FF, environ 0,07 FS) du litre de carburant (actuellement fixé à 21,5 dinars, 2,15 FF, env. 0,50 FS), une mesure qui risque d'être particulièrement impopulaire alors que l'Algérie enregistre des exportations records d'hydrocarbures (probablement 20 milliards de dollars supplémentaires de recettes d'exportations entre 1999 et 2000, grâce à l'augmentation des prix du baril), et après que le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, ait dénoncé début septembre la politique de "surtaxation" du carburant par les Etats européens. La hausse devrait, selon le gouvernement, financer un "fonds routier et autoroutier" destiné à la modernisation et à l'entretien du réseau algérien.

(Le Matin 26.10) Le PDG de Sonatrach, ainsi que les vice-présidents et les directeurs généraux adjoints de la société publique d'hydrocarbures, seront désormais nommés par décret présidentiel sur proposition du ministre chargé des hydrocarbures, selon un décret publié le 24 septembre au Journal Officiel. Le nouveau schéma d'organisation de Sonatrach prévoit un PDG, quatre vice-présidents (chargés respectivement de l'exploration, des transports, du raffinage et de la commercialisation) et cinq directeurs adjoints, chargés respectivement de la planification, la fiscalité, le partenariat, les ressources humaines et la communication, la sécurité et l'environnement.

(Le Matin 23.10) Quelques budgets ministériels se sortent bien de la nouvelle loi de finance (budget de l'Etat pour 2001), telle que présentée par le gouvernement et acceptée : la Défense nationale (qui est le poste budgétaire le plus lourd), alors que le discours officiel consiste à affirmer le caractère "résiduel" du terrorisme, l'Intérieur, qui voit son budget augmenté de 17 milliards de dinars (environ 1,7 mia FF, 400 mios FS), le ministère des Moudjahidines (anciens combattants), qui augmente de 24 mias DA (2,4 FF, 600 mios FS), et celui des Affaires religieuses. Le budget de la Justice, quant à lui, augmente certes, mais de moins d'un milliard de DA (100 mios FF, 25 mios FS) alors que le CICR, notamment, demande aux autorités algériennes un effet considérable d'amélioration des conditions de détention. Le budget de l'éducation n'augmente que de 4 mias DA (400 mios FF, 100 mios FS) pour l'enseignement supérieur et 5 mias pour l'éducation nationale, alors que les besoins du secteur sont incomparablement supérieurs. Par contre, le budget de l'Habitat, en pleine crise du logement (un million de logements manquant) subit une coupe de 3 milliards de DA (300 mios FF, 70 mios FS)

(AP 29.10) Le ministre algérien des Finances, Abdelatif Benachenou, a estimé dans un entretien à "El Khabar" publié le 29 octobre, que la dette extérieure de l'Algérie pourrait baisser de 1,2 milliard de dollars et se situer à 26,5 mias de dollars fin 2000, ce qui entraînera arithmétiquement une baisse du service de la dette (remboursement des intérêts).

(El Watan 30.10) Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a annoncé le 29 octobre une hausse de la production algérienne de pétrole de 36'000 barils/jours, en application du mécanisme de hausse concertée de l'OPEP.

(El Watan 31.10) Le Conseil des ministres a adopté le 30 octobre l'avant-projet de loi minière, contenant un changement radical du mode de gestion des ressources minières et énergétiques de l'Algérie -d'autant que ce projet devrait être suivi de deux autres, sur l'électricité et les hydrocarbures. Le principe du projet de loi minière est celui de "la séparation du rôle de l'Etat, gestionnaire du domaine minier, régulateur, contrôleur des activités et garant des intérêts de la collectivité nationale, de celui des investisseurs, industriels et commerçants". L'Etat ne serait plus opérateur direct et les discriminations entre entreprises publiques et privées seraient levées. Deux entités seraient créées : une Agence nationale du patrimoine minier, pour assurer notamment l'octroi et la gestion des titres miniers, une Agence nationale de contrôle des mines, contrôlant l'activité minière sur tous les plans.

(El Watan 31.10) Un "Forum des Chefs d'entreprise" a été créé le 30 octobre à Alger par une quarantaine de patrons. Il sera présidé par Omar Ramdane. Il entend dans un premier temps faire dresser par des experts un état des lieux de l'économie algérienne. La liste des membres fondateurs du Forum "renferme les grosses pointures de lé'conomie algérienne telles que Bya Electronic, Redman, Fruital, Sarl Laiterie Djurdjura et Emballage 2000", écrit "El Watan".

(Liberté 2.11, El Ribat 1.11) Le ministre du Travail et des Affaires sociales, Bouguerra Soltani, a estimé, selon "Liberté", que la Sécurité sociale algérienne n'était plus adaptée au contexte de la mondialisation et que la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) devrait être confiée au secteur privé, Quant au bulletin du FIS-Kébir, "El Ribat", il écrit qu'"il faut d'abord que le verrou politique saute pour voir enfin les investisseurs s'intéresser utilement à notre pays".

(AAI 1.11) Le Secrétaire général du syndicat de l'entreprise Alfasid (sirérurgie) a déclaré à l'agence algérienne d'information AAI, après une réunion avec le minustre des privatisations Hamid Temmar, la direction de l'entreprise, les représentants du Trésor et de la Banque extérieur et les syndicats, que l'entreprise avait besoin d'une subvention immédiate de 5 milliards de dinars (500 mios FF, 120 mios FS) pour éviter la banqueroute. Cette subvention permettrait, selon le président du holding "Dismines", de couvrir les dettes d'Alfasid et de garantir les salaires pour 6 à 7 mois, le temps de trouver un partenaire étranger. Le syndicat pose comme condition à l'ouvertur e au partenariat étranger la préservation de l'emploi et de l'outil de production. Le découvert d'Alfasid se monte à 13 milliards de dinars (1,3 mia FF, 300 mios FS), et celui de l'ensemble des filiales du groupe Sider à près de 30 milliards de dinars.

(El Watan 6.11) 910 entreprises publiques sont concernées par un mouvement de privatisation frappant les entreprises dont l'Etat est actionnaire exclusif. "El watan" annonce "de bonne source" qu'une centaine de petites et moyennes unités économiques sont concernées par une première vague de privatisations devant intervenir avant la fin 2000 afin de "tester la réaction du marché"

(Liberté 6.11) Une grève sauvage de plusieurs heures des travailleurs du port d'Oran, notamment des dockers, a paralysé le port le 5 novembre. Cette grève sauvage est la première manifestation d'une épreuve de force mettant aux prises la direction de l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO) à l'UGTA, à propos de la construction d'un terminal sucrier par l'entreprise Sotralpa, dans le port lui-même.

(Le Matin 6.11) La direction générale de l'entreprise Géni-Sider a licencié huit représentants des travailleurs, siégeant au comité de participation et au comité du syndicat. Géni-Sider est traversée par un conflit portant notamment sur le versement des salaires aux travailleurs (qui le perçoivent avec plusieurs mois de retard), les licenciements et suppressions d'emplois (1100 au total) et, d'une manière générale, le refus de la direction de dialoguer avec les représentants des travailleurs.

(Quotidien d'Oran 5.11) 16 entreprises, employant au total 5000 personnes, sont en cessation de paiement des salaires depuis deux mois à plus de deux ans, écrit "Le Quotidien d'Oran", qui cite notamment le cas de la SOWITRO, dont plusieurs centaines de salariés n'ont pas été payés depuis juillet 1998.

(AFP 6.11, Reuters 8.11, Liberté) L'Algérie a augmenté ses recettes d'exportation de plus de 50 % en trois mois (de 10 mias de dollars fin juin à 15,36 mias fin septembre) grâce à la flambée des prix du pétrole, a annoncé le 6 novembre le gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelhouahab Kéramane. Les réserves de change de l'Algérie sont passées de 7,5 mias de dollars fin juin à 9,6 mias fin octobre, la dette extérieure devrait être ramenée à 25,5 mias de dollars fin décembre (elle est actuellement estimée à 28,1 mias) et le taux annuel d'inflation à 1 % pour 2000, contre 2,6 % pour 1999. La balance comnmerciale algérienne est, sur les dix premiers mois de l'année, en excédent de 8 milliards de dollars (8 mias d'importations, 16 mias d'exportations), les exportations hors hydrocarbures ne pesant toutefois que 3 % du total des exportations. Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a cependant exprimé le 8 novembre sa crainte d'un "effondrement des cours" du pétrole au 2ème trimestre 2001, et a suggéré que l'OPEP étudie une réduction de la production, récemment augmentée pour freiner la hausse des cours, pour, cette fois, empêcher leur effondrement.

(AAI 6.11) 50 entreprises publiques seront privatisées en 2001, a annoncé le ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, le 6 novembre. Ce programme de privatisations sera présenté dans les jours à venir au Président Bouteflika. Le ministre a assuré qu'"avec la privatisation, nous gagnons des emplois, et non le contraire", et affirmé que "toutes les entreprises publiques vont être privatisées sans exception", par appel d'offres. Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a pour sa part déclaré que les banques publiques devaient changer "dans un délai rapproché", sans quoi elles seront "évincées du marché par les banques privées".

(Horizons 8.11) Une Association nationale des sociétés des salariés a été constituée le 7 novembre à Alger : il s'agit d'une association patronale autonome, regroupant plus de 300 sociétés (sur 1747 dans toute l'Algérie), présentes dans 25 wilayas et employant au total plus de 50'000 personnes, à la fois salariées et actionnaires. L'association entend relancer les sociétés de salariés, avec pour objectif la création de 25'000 nouveaux emplois. Ses membres dénoncent les entravent au développement de ce type d'acteurs économiquesd : faiblesse des fonds propres, contraintes fiscales, absence de registre du commerce, évaluations excessives des patrimoines mobiliers et immobiliers.

(AFP 11.11) Le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, a appelé l'OPEP, qui se réunit le 12 novembre à Vienne, à "faire quelque chose" contre la menace de chute des cours du pétrole au début de l'année prochaine, du fait d'une surproduction qu'il évalue actuellement à un million de barils par jour, après que l'OPEP ait décidé d'augmenter sa production pour stopper la hausse du prix du baril.

(AAI 12.11) Le ministre de la Participation et de la coordination des réformes, Hamid Temmar, a annoncé le 11 novembre qu'il cherchait à "privatiser 550 entreprises d'envergure nationale allant de 700 à 10'000 employés, ainsi que 330 entreprises employant de 10 à 200 ouvriers".

(APS 14.11, 15.11, El Watan 16.11, Liberté 16.11, Le Matin 16.11) Le prochain programme de privatisation des entreprises publiques algériennes ne conduira pas à des licenciements mais "permettra au contraire de créer de l'emploi", du moins s'il est "appliqué correctement", a assuré le 14 novembre, devant l'Assemblée populaire nationale, le ministre de la participation et des réformes, Hamid Temmar. Le programme de privatisation qui va être soumis au gouvernement concernera 150 entreprises publiques, dont 50 dans une première phase. Si ces entreprises ne trouvent pas preneur, il est envisagé soit de les vendre aux travailleurs, soit d'en confier la gestion (mais non la propriété) au secteur privé, soit de les liquider totalement. Selon le ministre, les dettes des entreprises publiques vendues à leurs propres salariés, dettes qui préexistaient à cette vente, se montent à 43 milliards de dinars (4,3 mias FF, environ 1 mia FS), dont la plus grande partie (24 mias DA) ont été pris en charge par l'Etat. Des commissions seront instituées pour étudier les moyens de réhabilitation des grosses entreprises publiques en difficulté (SNVI, Alphasid, ENMTP), deux commissions ayant déjà été instituées pour Alfasid et la SNVI. Concernant Alfasid, le ministre a annoncé que des discussions étaient engagées avec un partenaire italien (Defaco) et une autre société européenne, et concernant la Snvi (véhicules industriels), avec Man (Allemagne) et Renault. A Tizi Ouzou, lors d'un séminaire sur le thème de la citoyenneté, le ministre Temmar a précisé que les privatisations n'étaient "qu'un élément des réformes", et que la création de l'emploi devait désormais incomber "beaucoup plus aux entreprises qu'à l'Etat", qui ne devrait intervenir que pour "motiver la création de richesses". "Un million trois cent mille fonctionnaires, c'est énorme !", a en outre estimé le ministre, qui a évoqué l'"incapacité" de l'Algérie à "opérer les réformes" : "Cela fait quinze ans que nous sommes en instance de réforme", a ajouté le ministre des réformes... Pour Hamid Temmar, l'Algérie n'est pas un pays riche (le revenu annuel par tête d'habitant est dix-huit fois plus bas en Algérie qu'en France) : "Nous avons le pétrole, mais pas d'eau (...) Nous sommes un pays aride, aux moyens très limités. Nous sommes condamnés à la pauvreté si on ne change pas de sytème économique et si on ne réforme pas nos modes de pensée", a conclu Temmar. Le secrétaire national, chargé de l'économie, de l'UGTA, M. Badreddine, a qualifié de "provocation" et de "jugements dogmatiques et fatalistes" les déclarations du ministre : de telles déclarations "sont un aveu d'échec de sa politique fataliste de tout vendre pour sauver l'économie algérienne" a estimé le syndicaliste, qui accuse M. Temmar d'être de ceux qui veulent "casser le secteur public". Presque au même moment, devant l'Assemblée nationale, le ministre des Finances Benachenhou a annoncé qu'il allait proposer au gouvernement une augmentation des salaires de la fonction publique, du moins de la part (23 %, soit plus 1,4 millions de salariés) de la fonction publique dont les salaires sont directement fixée par le gouvernement. Le ministre des finances a cependant trouvé "illogique" que l'Algérie soit "le seul pays" où la révision des salaires est directement liés au prix du baril de pétrole, au lieu que de l'être à la production et à la productivité.

(Liberté 16,11) Le dernier rapport de conjoncture du Conseil national économique et social (CNES), sur la situation au premier semestre 2000, conclut à la récurrence des constats des précédents rapports : croissance faible, "statu quo (et) stagnation du système productif", incertitude sur l'avenir du secteur public, progression du chômage, "détérioration des conditions de vie sur le plan du logement, de la santé, de l'éducation (...), paupérisation accrue de la population", absence d'autonomie de décision des gestionnaires, crise du secteur bancaire, absence de politique industrielle, faiblesse de l'investissement (national et étranger)... Pour le CNES, la politique gouvernementale s'est enfermés dans une orthodoxie préjudiciable à la relance de l'activité, et les restrictions budgétaires ont réduit les dépenses courantes de l'Etat de 3,5 % du PIB entre 1996 et 2000. La production du secteur industriel a reculé de 0,8 % en six mois selon l'office national des statistiques (huit fois plus que les chiffres annoncés par le ministre de l'Industrie), 14 % de la population vit au-dessous d'un seuil de pauvreté fixé à 311 dollars de ressources annuelles par habitant, un tiers de la population est au chômage, alors que, selon le CNES, le dispositif existant de lutte contre la pauvreté devient un système "permanent et routinier d'assistance sociale".

(AAI 18.11) L'Algérie a enregistré un excédent commercial de 8,377 milliards de dollars dans les dix premiers mois de 2000, soit plus de quatre fois plus que lors de la même période en 1999, selon les statistiques du CNIS. Les exportations sont passées de 9,723 mias de dollars à 16,219 mias (66,81 % de plus), alors que les importations n'augmentaient que de 0,65 % (de 7,791 mias à 7,842 mias). Les exportations de produits énergétiques représentent toujours plus de 90 % des exportations totales. Les importations de biens d'équipements industriels représentent le tiers du total des importations, et celles de produits alimentaires un peu moins du tiers. Les exportations algériennes hors-hydrocarbures se sont montées à 521 millions de dollars dans les dix premiers mois de 2000, soit 163 mios de plus qu'en 1999, selon le centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS). Les exportations de produits bruts, de produits alimentaires, de biens de consommation non-alimentaire et de biens d'équipement agricoles ont cependant baissé.

(AP 19.11) Selon un responsable du ministère de l'Energie, cité (anonymement) par "Liberté", les prix de l'essence, du gasoil et du GPL vendus par les 1700 stations-service algériennes devraient être totalement libéralisés à partir du 1er janvier. Cette décision aurait été programmée par une commission chargée des réformes dans le secteur des hydrocarbures, commission chapeautée par le ministre de l'Energie Chakib Khelil. Le transport et la distribution des autres produits hydrocarburants raffinés (le bitume, les huiltes de moteur etc...) devraient également être libéralisés en 2001, ce qui signifie la fin du monopole de fait de Naftal (filiale de la Sonatrach).

(Quotidien d'Oran 22,11. Horizons, Liberté 23.11) La réunion "tripartite" entre l'UGTA, le patronat et l'Etat, dont le ministre des finances Abdelatif Benachenhou avait pourtant annoncé, après que l'Assemblée nationale ait modifié contre son gré le projet de budget 2001, qu'elle était renvoyée, devrait se tenir le 23 novembre. C'est la première réunion de la "tripartite" depuis juin 1998. De source syndicale, on affirme que la question de l'augmentation des salaires sera au centre des discussions. Le Secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a déclaré que la centrale syndicale demandera un salaire minimum de 15'000 dinars (1500 FF, environ 350 FS) et une augmentation générale des salaires. En fait, l'UGTA pourrait se contenter d'un Salaire minimum de 8000 à 9000 dinars (contre 6000 actuellement, sans changement depuis 1998), voire même de 7000 DA, et d'une augmentation de 10 à 20 % des salaires de la fonction publique et des entreprises publiques. Le patronat ne s'opposerait pas à cette hausse, à condition que les problèmes des entreprises (pression fiscale, lourdeurs administratives, difficultés de financement, etc...) soient aussi pris en compte, et le gouvernement ne s'y opposerait pas non plus, du moins pour ce qui est du secteur public, à condition de trouver le financement nécessaire. Les discussions devraient également porter sur les fonds de garantie des salaires, les arriérés de salaire et les privatisations.

(APS 25.11, Le Matin, Liberté 25.11, 26.11, 27.11) Les négociations tripartites entamées le 23 novembre entre le gouvernement, le syndicat UGTA et le patronat se sont conclues le 25 novembre par une décision du Conseil des ministres, d'une augmentation de 2000 dinars (200 FF, 50 FS) du salaire minimum (SNMG), qui passe de 6000 à 8000 dinars (environ 800 FF, 200 FS par mois), et d'un relèvement de 15 % des salaires de la fonction publique dès le 1er janvier 2001. La revalorisation du SNMG va entraîner celle de 15 % des pensions de retraites indexées sur lui, ce qui devrait concerner plus de 665'000 retraités. L'UGTA demandait (et avait affirmé l'avoir obtenu) un salaire minimum à 10'000 dinars et une augmentation des salaires de la fonction publique de 25 %, mais a précisé lors de la rencontre que, "convaincue de la compréhension tant du gouvernement que du patronat", elle ne faisait pas de sa demande un objet de négociation mais s'en remettait "en toute confiance" au président et au gouvernement. Ces mesures ont été entérinées par le président Bouteflika. Selon le ministre du Commerce Mourad Medelci, ces mesures devraient coûter 100 milliards de dinars (10 mias FF, 2,5 mias FS) à l'Etat, mais devraient être supportées par le budget. La "tripartite" a également décidé de créer plusieurs groupes de travail, notamment sur les arriérés de salaires et la création d'un fonds de garantie des salaires. L'UGTA s'est déclarée satisfaite des résultats de la "tripartite", mais les syndicats autonomes, qui préparent une Confédération et se sont réunis le 26 novembre à Alger, ont qualifié cette "tripartite" de "pièce de théâtre", de "mascarade" et de "fioriture". Le fait qu'une seule personne (le président Bouteflika) ait finalement décidé du résultat de la "tripartite" a notemment été dénoncé comme une "exclusion des partenaires sociaux". En outre, les syndicats autonomes dénoncent le monopole de la représentation syndicale dont continue de jouir l'UGTA. Les "autonomes" n'excluent pas le recours à la grève, à l'instar du SATEF (éducation et formation). Les représentants des douze syndicats réunis le 26 novembre projettent la création de fédérations réunissant les syndicats issus du même secteur, puis la création d'une Confédération nationale des syndicats autonomes. Les résultats de la "tripartite" ont également été dénoncés par le Parti des travailleurs, qui constate que les augmentations du salaire minimum et des salaires de la fonction publique ne couvriront même pas les hausses de prix entraînées par les nouvelles taxes insérées dans le budget 2001.

(Quotidien d'Oran 29.11) Le gouvernement semble vouloir passer à l'offensive contre l'évasion fiscale, écrit "Le Quotidien d'Oran". Selon une source proche du ministère du Commerce, quelque 800 milliards de dinars (80 mias FF, 20 mias FS) auraient été réalisés comme chiffre d'affaire dans le secteur informel de l'économie algérienne*, ce qui correspondrait à une perte de ressources fiscale (sur la base d'une imposition de 10,5 %, qui correspond à la part de la fiscalité ordinaire sur le PIB) de 84 mias de dinars (8,4 mias FF, 2 mias FS).

*le quotidien ne précise pas sur quelle période un chiffre d'affaire aussi considérable aurait été réalisé : un an, plusieurs années ? à moins qu'il y ait confusion entre les dinars et les "centimes"...

(Watan 30.11) Dans le même temps où le salaire minimum était "laborieusement revalorisé pour passer de 6000 à 8000 DA" (600-800 FF, 150-200 FS), les parlementaires se sont octroyés un revenu mensuel "allant de 150'000 à 200'000 DA" (15'000-20'000 FF. 4000-5000 FS), écrit "El Watan", qui ne trouve certes "pas à redire" à ce que "les députés et les sénateurs veillent à bénéficier d'un statut qui préserve leur dignité et ne les met pas dans une condition d'obligeance vis-à-vis du pouvoir exécutif", mais qui se demande néanmoins ce qui "peut justifier, dans l'Algérie actuelle, ce rapport de proportionnalité" de 18 à 25 fois le SNMG pour les parlementaires nationaux, lesquels touchent de plus une retraite équivalant à 100 % de leur dernier salaire. Les députés et sénateurs ne perçoivent pas un salaire au strict sens du terme, mais une indemnité régulière de 72'000 dinars, plus des primes et indemnités de logement, de transport, de communication. Un Sénateur touche actuellement entre 150'000 et 200'000 dinars mensuellement.. Pour le quotidien, ce type de pratiques fait "le lit (d'un) mécontentement populaire qui se manifestera d'une manière ou d'une autre".

(Algeria-interface 1.12) La réorganisation de la Sonatrach, annoncée depuis deux mois, est bloquée par la présidence de la République, selon Algeria-Interface : selon les nouveaux statuts de la compagnie, les responsables de Sonatrach sont désormais nommés par décret présidentiel, mais la Présidence tarde à prendre (ou à rendre publiques) les décisions de nomination des vice-présidents et directeurs généraux adjoints. Le ministre de l'énergie Chakib Khelil a présenté les résultats de la Sonatrach pour 1999 : 12,2 milliards de dollars de chiffre d'affaire, 1.4 mia de résultat positif net pour l'exercice, 2,3 mias d'investissements.

(AP 2.12) La production industrielle du secteur public algérien a augmenté de 1,3 % entre les neuf premiers mois de 1999 et les neuf premiers mois de 2000, selon l'Office national des statistiques (ONS). Cependant, le rythme de croissance de la production a connu, de trimestre en trimestre, un "fléchissement sensible" : de 2,4 % au premier trimestre, il est passé à 0,8 % au second et 0,5 % au troisième. Les hydrocarbures ont enregistré une croissance de 5,3 % (essentiellement due à celle de la branche du pétrole brut et du gaz naturel, + 6,9 %), les mines et carrières une croissance de 5,8 %, les matériaux de construction de 7,7 % et la chimie et les plastiques de 4,2 %, mais le bois et le papier a connu un recul de 14,3 % de la production, les textiles de 9,9 %, l'alimentation de 6 % et les industries sirérurgiques, métalliques, métallurgiques, électriques et électroniques de 0,7 %. La dégradation du taux de croissance industrielle dès le deuxième trimestre s'explique, selon l'ONS, par "le manque d'investissement et la baisse de la demande".

(El Watan 3.12, 4.12) Le président Bouteflika semble, à la lecture du décret exécutif publié le 2 décembre par l'APS, avoir tranché en faveur du ministre de la Participation et des réformes, Hamid Temmar, pour conduire les réformes économiques à venir, et semble avoir abandonné l'idée de constituer pour ce faire une commission au niveau de la présidence. Les prérogatives du ministère de Temmar sont précisées par le décret : le partenariat, la participation (y compris la préparation d'un programme de privatisations et son suivi sur le terrain), la privatisation, la promotion des investissements, la coordination et la mise en oeuvre des réformes, avec pour première tâche la soumission au gouvernement d'une "stratégie des réformes" et des actions à entreprendre pour "développer les mécanismes de la régulation économique par le marché". Pour "El Watan", le Premier ministre Ali Benflis "ne sera là que pour avaliser ce que lui proposera Temmar", en échange de quoi c'est celui-ci qui aura à "gérer l'inévitable contestation sociale que va susciter sa décision". Partisan des privatisations tous azimuts, et ayant fait état d'un programme de privatisation touchant 910 entreprises publiques, Temmar n'écarte ni la possibilité de vendre pour un "dinar symbolique" des entreprises publiques, ni la possibilité de liquidations pure et simple d'entreprises ne trouvant pas preneurs. Le 6 novembre, Hamid Temmar avait annoncé le lancement prochain d'un programme de privatisation touchant 101 entreprises publiques et 75 entreprises publiques locales. Trois nouvelles lois devraient être soumises au Parlement avant fin janvier 2001 : une loi sur les capitaux marchands de l'Etat, une loi sur la privatisation et un nouveau code des investissements.

(AAI 5.12) Le Conseil d'administration d'Air Algérie envisage l'ouverture du capital de la compagnie nationale algérienne aux investisseurs privés et a lancé un "avis d'appel" pour des prestations de cabinet conseil et d'analyse de la situation actuelle d'Air Algérie.

(La Tribune 7.12) Sonatrach va changer son statut et ouvrir son capital aux privés, selon un projet en cours de préparation, et s'insérant dans une nouvelle loi sur les hydrocarbures. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a annoncé une série de conférences et de séminaires à ce sujet. Chakin Khelil considère que "l'ouverture du capital de Sonatrach à l'actionnariat privé est un mécanisme de financement comme (les) autres", et peut consister notamment en "la vente d'actions à l'actionnariat privé dispersé" afin de permettre à l'Etat de garder le contrôle majoritaire des actions.

(Le Matin 6.12) La récente revalorisation des salaires des fonctionnaires (ajoutée à celle du salaire minimum, et à celle d'une partie de retraites) provoquera un déséquilibre budgétaire, a estimé le ministre des Finances Abdelatif Benachenhou devant le Sénat. Selon le ministre, ces revalorisations porteront les dépenses globales de l'Etat pour 2001 à 1351 milliards de dinars, soit cent milliards de plus que budgétés. Du coup, c'est la crainte de suppressions de poste dans la fonction publique qui s'empare des syndicats du secteur. Selon "Le Matin", quelque 400'000 salariés de la fonction publique (essentiellement des vacataires) pourraient voir leur poste supprimé, et 100'000 autres être poussés à la retraite anticipée, le tout permettant d'augmenter les salaires sans augmenter la masse salariale des 56 milliards de dinars que coûterait l'augmentation de 15 % des salaires de la fonction publique, décidée par le président Bouteflika, mais acceptée de très mauvaise grace par son ministre des Finances, qui rappelle ou fait rappeler par ses services que les salaires des fonctionnaires ont globalement augmenté de 272 % depuis 1990 (en moyenne, de 3000 DA en 1990 à 11'000 DA en 1999). Quant à l'UGTA, elle refuse (rhétoriquement, en tous cas) toute idée de suppression ou de compression de postes dans la fonction publique, et a fortiori toute idée de licenciement.

(www.Algeria-Interface, AP, Quotidien d'Oran 10.12) Le marché algérien des hydrocarbures devrait être totalement ouvert à la concurrence en 2005, selon une esquisse de projet de loi sur les hydrocarbures publiée le 10 décembre par "La Tribune". La libéralisation des télécommunications, de l'électricité et du gaz est prévue pour 2003. La Compagnie aérienne nationale Air-Algérienne a quant à elle fait un pas discret vers l'ouverture de son capital aux privés en publiant un encart publicitaire dans la presse algérienne, pour l'engagement d'un "cabinet-conseil" pour l'audit de l'entreprise. Le projet de révision de la loi sur les hydrocarbures vise à "lever les barrières qui empêchent d'une part l'ouverture du domaine minier et des hydrocarbures à la compétition entre les compagnies publiques et privées, nationales et étrangères et, d'autre part, l'adaptation du régime fiscal pour encourager l'investissement national et étranger, tout en préservant la rente de l'Etat". La séparation des activités de l'Etat et des entreprises publiques devrait passer par une réforme institutionnelle, impliquant la création d'un "Conseil national de l'énergie" chargé de déterminer la politique énergétique nationale. Plus concrètement, le "Quotidien d'Oran" considère, s'appuyant sur "les observateurs comme les experts de la question", et sur "les syndicalistes de la fédération de l'énergie", que "la Sonatrach est à vendre. Une vente morcelée, par actions, par participation au capital du groupe, mais une vente quand même"

(AP 13.12) "Si l'on continue à produire au niveau actuel, les stocks vont encore augmenter, la demande diminuer et les prix baisser de plus a plus", a estimé le ministre algérien de l'Energie Chakib Khelil, qui a attribué la récente baisse du prix du brut (après des mois de hausse) à plusieurs facteurs, dont les hausses de quotas opérées par l'OPEP, la reconstitution des stocks américains et la crise avec l'Irak. Chakib Khelil a estimé à 1,4 millions de barils/jour la surproduction actuelle. La chute des cours induit une baisse des recettes pétrolières de l'ordre de 500 millions de dollars/an pour chaque baisse du prix du baril d'un dollar.

(Liberté 17.12) Six milliards de dinars (600 mios FF), dont un milliard en urgence, vont être accordés à l'entreprise publique Sider (acier) par l'Etat, pour éviter que sa filiale Alfasid se retrouve en état de cessation de paiement et assurer les salaires des 6000 employés de l'entreprise. Sider est lourdement endettée (25,6 mias de dinars), ses pertes d'exploitation sont pour 2000 de l'ordre de 7,5 à 8 mias de dinars, ses dettes atteignent 10 mias de dinars. La privatisation, au moins partielle, de ce poids lourd du secteur public est toujours à l'ordre du jour : selon "Liberté", deux firmes étrangères seraient intéressées : Ispat International (capitaux indiens, siège à Rotterdam), et Duferco (italo-suisse), qui plafonnerait sa participation au capital d'Alfasid à 30 millions de dollars.

(APS 19.12, AAI 20.12) La Compagnie aérienne nationale Air Algérie, qui envisage l'ouverture de son capital aux investisseurs privés, a lancé un avis d'"appel à manifestation d'intérêts" aux cabinets-conseils spécialisés pour l'assister dans ce projet. L'appel, qui décrit les prestations attendue comme : "l'analyse de la situation présente de l'entreprise, la déterminationation de stratégies à moyen terme, l'analyse des voies possibles d'ouverture du capital et la préconisation d'une voie privilégiée et l'analyse des démarches alternatives envisageables, la justification de la démarche la plus appropriée ainsi que la détermination des conditions de sa mise en oeuvre".

(Jeune Indépendant 21.12) Selon le ministre des Finances Abdelatif Benachenhou, "il n'existe aucune base scientifique claire permettant d'affirmer que 26 milliards de dollars ont été transférés de l'Algérie vers l'étranger". Le ministre répondait à l'Assemblée nationale à une question d'un député sur la fuite des capitaux, et a reconnu que l'Algérie souffrait du fléau de la fuite des capitaux, mais que "l'économie de marché a apporté plus de transparence par rapport au passé dans l'utilisation des fonds publics".

(Jeune Indépendant, Liberté 21.12) Les 6000 travailleurs d'Aflasid (Groupe Sider, sirérurgie) menacent de se mettre en grève pour obtenir le paiement de leur salaire de décembre, après que le Conseil syndical ait appris "avec consternation" que des directives ont été données à la banque pour "refuser tout paiement des travailleurs aux dates convenues". Le Secrétaire général du syndicat a finalement assuré que les salaires seraient payés aux 6000 travailleurs, pour la moitié d'entre en espèces et pour l'autre moitié par virement à la banque.

(Quotidien d'Oran 31.12) Le ministère des privatisations devrait présenter le 6 janvier devant le Conseil national des privatisations, pour appréciation, une listre de 101 entreprises privatisables, dont 79 totalement. La liste comprend notamment quatre cimenteries, plusieurs limonaderies et entreprises d'eaux minérables et de nombreux hôtels, dont à Alger l'Aurassi et l'El Djazaïr (Saint-Georges), partiellement privatisables par l'ouverture ou l'augmentation du capital. La Compagnie Air Algérie est inscrite pour une ouverture de capital. Selon l'avant-projet de loi sur la privatisation des entreprises publiques, dès que la transaction a pour objet 50 % ou plus du capital, ou se traduit par une perte du contrôle public sur l'entreprise, les organes sociaux de l'entreprise devront informer le ministre des privatisations, lequel devra saisir dans les 45 jours le Conseil des participations de l'Etat (qui remplacera l'actuel Conseil national des participations de l'Etat). Les salariés, anciens salariés et cadres de l'entreprise disposeront d'un droit de préemption à concurrence de 20 % au maximum des actions mises sur le marché, à un prix réduit de 10 % au maximum. Une agence de privatisation devrait être créée pour exécuter les opérations de privatisation et évaluer ou faire évaluer le capital des entreprises privatisables.

2001

(AAI 31.12) La Banque d'Algérie a communiqué les cours officiels du change à compter du 31 décembre :

1 dollar américain vaut 74,05 DA à l'achat (par la banque) 
et 78,57 à la vente (par la banque)
1 Franc français vaut 10,52/11,17 DA
100 DM valent 3528,07/3745,74 DA
100 pesetas valent 41,47/44,03 DA
100 Francs suisses valent 4526,57/4806,19 DA
1000 Lires italiennes valent 35,64/37,84 DA

(AP 3.1, El Watan 4.1) L'OPEP pourrait décider "dans les jours prochains" de réduire sa production de 500'000 barils par jour, en application du mécanisme de régulation des prix et pour enrayer leur baisse, a annoncé le 3 janvier le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, président en exercice de l'OPEP. Le prix moyen du "panier" pétrolier de l'OPEP est actuellement inférieur à 22 dollars et "un large consensus se dessine actuellement au sein de l'organisation pour soutenir une réduction de la production", a déclaré Chakib Khelil. Cette réduction pourrait aller jusqu'à 1,5 millions de barils/jour, mais le mécanisme de régulation automatique ne prévoit qu'une réduction de 500'000 barils/jour. La décision d'une réduction supplémentaire serait donc une décision éminemment politique.

(Liberté 8.1) Le Conseil national des participations de l'Etat (CNPE) a adopté le 6 janvier la liste des entreprises privatisables en 2001. Cette liste porte sur 67 entreprises et/ou unités de production : 39 totalement privatisables et 28 partiellement, sous forme d'ouverture de capital. Il s'agit (notamment) de 16 entreprises ou unités du secteur de l'agroalimentaire, 12 briquetteries, une unité de céramique, 8 hôtels (dont le Djazaïr et l'Aurassi, à Alger), 2 unités de confection, une unité de bois, une banque (CPA), une société d'assurance (CAAR), une compagnie aérienne (Air Algérie), une unité de production de tabac et allumettes, deux cimenteries, une entreprise de peintures (Enap) et une unité de transformation de l'or. Cette liste de 67 entreprises privatisables fait partie d'un programme plus vaste de privatisation de 184 entreprises (121 totalement privatisables, 63 partiellement, qui touchera 88'000 salariés. Les privatisations prévues en 2001 entraîneront la perte de 7000 emplois au moins, les autorités affirmant qu'il conduira à terme à la création de 20'000 emplois.

(Liberté 8.1) Le ministre des Transports, Hamid Louanouci, a déclaré, en réponse à une question parlementaire, que les actes terroristes visant le secteur des transports (120 attentats) avaient provoqué pour plus de 20 milliards de dinars (2 mias FF, 500 mios FS) de dégâts, et entraîné la destruction, la disparition ou rendu inutilisables 40 ouvrages d'art, 100 trains, 680 wagons, 400 stations, 1200 poteaux de communication.et 3000 kilomètres de câbles de cuivre.

(AP 8.1) L'association des banques et établissements financiers algériens (ABEF) a décidé une baisse des taux d'intérêts bancaires, qui passent sous la barre des 10 %, afin d'"accélérer la relance économique et réactiver les capacités productives nationales", selon le secrétariat général de l'ABEF. Le taux de crédit consensuel s'établit désormais entre 8 et 9 %, et se rapproche des "normes internationales universellement admises", assure l'ABEF, pour qui cette diminution "substantielle" des taux d'intér'ets, "conjuguée au recul de l'inflation et à la stabilisation des taux de change, constituera (...) un facteur encourageant et incitatif pour la reprise économique et la relance de l'investissement".

(AAI 10.1) Le Conseil syndical de l'entreprise publique Pherphos (mines) a exprimé dans un communiqué son opposition à la privatisation des mines de fer de l'Ouenza et de Boukhadra, et rejette également les projets de "morcellement" et d'"annexion" de l'entreprise. Le syndicat rappelle que le secteur du fer et des phosphates ne reçoit ni aide, ni subvention de l'Etat et est "capable de se développer".

(AFP 12.1, AP 13.1) Trois conventions de financement d'un montant total de 32 millions d'euros (env. 50 mios FS) ont été signées le 13 janvier à Alger entre le président de la Commission européenne, Romando Prodi, et le Premier ministre Ali Benflis. Elles portent sur les secteurs des télécommunications (19 mios euros pour consolider la réforme et moderniser le secteur), de la presse (5 mios pour renforcer la presse privée indépendante) et de la sécurité (8 mios pour moderniser la policem améliorer la formation des policiers et créer un Institut de recherche en criminalistique). Le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a déclaré que l'Algérie souhaitait "accélérer le rythme des négociations" pour la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne, Romano Prodi souhaitant la conclusion de l'accord en 2001 mais reconnaissant que beaucoup de problèmes restaient "en suspens". A Tunis, le 12 janvier, Romano Prodi a lancé un projet de nouvelle politique régionale européenne pour le Maghreb, et de création d'une "institution pour le renforcement des liens économiques inter-maghrébins". Le président de la Commission européenne a assuré que "l'élargissement de l'Europe ne se fera pas au dépends des pays de la rive sud" de la Méditerranée.

(AFP, APS 14.1) Plusieurs secteurs de l'économie algérienne (dont les transports ferroviaires, aériens et maritimes) vont être "proposés à l'investissement étranger" et un nouveau "code des investissement" destiné à les favoriser va être soumis au parlement, annonce l'agence officielle APS, relatant les déclarations de trois ministres algériens (Hanid Temmar, ministre des privatisations, Hamid Lounaouci, ministre des Transports et Mohamed Maghlaoui, ministre des Postes et télécommunications) à une douzaine d'opérateurs économiques français en visite de travail en Algérie -lesquels ont exprimé leur "disponibilité" à l'investissement "pour peu que les garanties minimales nécessaires à tout acte d'investissement soient bien établies et que l'environnement institutionnel soit plus favorable". Le ministre des Transports a annoncé que le capital de la compagnie maritime CNAN allait être ouvert et que la construction de l'aérogare et du métro d'Alger allaient être proposées à la mise en concession. Le ministre des Postes et télécommunication a annoncé que la poste allait être ouverte au partenariat, dans les domaines de la logistique et des prestations de service, que l'internet était totalement ouvert à l'investissement direct étranger et que la téléphonie mobile le sera d'ici 2004.

(Quotidien d'Oran 14.1) La revue "Economia" a établi un classement des 500 premières entreprises africaines pour l'année 2000, en tête duquel trône, avec un chiffre d'affaire annuel de plus de 10 mias de dollars, la Sonatrach, qui précède 25 entreprises sud-africaines. Air Algérie arrive à la 114ème place, devancée par Royal Air Maroc (82ème) et TunisAir (88ème). Par pays, l'Algérie est classée à la quatrième place, avec 35 entreprises classées (contre 18 en 1999), derrière le Maroc (49 entreprises) et l'Egypte (41 entreprises), devant la Tunisie (sixième, avec 26 entreprises). La première place est occupée, de loin, par l'Afrique du Sud, avec 205 entreprises. Au classement mondial des compagnies pétrolières, Sonatrach occupe la dixième place, Naftal la 31ème (avec un chiffre d'affaire de 1,675 mia de dollars) et Sonelgaz à la 60ème place, avec 764 mios

(Liberté 15.1) Les réserves de change de l'Algérie ont atteint 10 milliards de dollars fin décembre 2000, a indiqué le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, soit un accroissement de 400 millions de dollars depuis fin octobre.

(Reuters 16.1) La compagnie nationale aérienne Air Algérie, qui a déjà perdu (en 1998) son monopole sur le transport aérien national, va être partiellement privatisée, a annoncé son PDG Mohammed Tayeb Bennouis. Le niveau du capital ouvert à la privatisation n'est pas encore déterminé. Le processus de privatisation d'Air Algérie (qui contrôle 80 % du trafic intérieur) pourrait prenre un an. Il est justifié par le PDG par le besoin non seulement de capitaux, "mais aussi de compétences et de savoir-faire en management commercial et en maintenance aéronautique". Fondée sous le régime français en 1947, Air Algérie emploie 9000 personnes, a transporté en 2000 2,8 millions de passagers et est bénéficiaire.

(Quotidien d'Oran 15.1, 17.1,Liberté 17.1) Lors des Conseils des ministres des 9 et 11 janvier, et notamment lors du Conseil interministériel du 9, "plusieurs ministres ont critiqué violemment" le ministre des privatisations, Hamid Temmar, à qui ils ont reproché d'avoir élaboré "des lois en plus" et sous-estimé les gestionnaires du secteur public, écrit "Le Quotidien d'Oran", qui cite au nombre des ministres opposés à Temmar, Ahmed Ouyahia (ministre de la Juatice et chef du RND), qui n'a pas accepté que Temmar remette en cause "pratiquement (...) tout ce qui avait été fait" jusqu'à lui "par les holdings publics et par le Conseil national des participations de l'Etat" (que Ouyahia a présidé). Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelouahab Keramane, s'est également opposé à Temmar, notamment en affirmant que l'avant-projet de loi sur les capitaux marchands de l'Etat n'apportait rien de nouveau par rapport à la loi en vigueur. Les ministres de l'Industrie, Abdelmadjid Menasra, des PME, Noureddine Boukrouh et des Finances, Abdelatif Benachenhou se sont également opposés à Temmar. Pour "Liberté", la divergence entre les ministres porte, formellement, sur l'urgence ou non des propositions de Temmar, mais en réalité correspond à une "lutte pour le pouvoir économique". Quant à l'UGTA, elle devrait intervenir prochaînement dans le débat pour, écrit "Le Quotidien d'Oran", rappeler à Temmar "qu'il ne peut privatiser sans l'aval des représentants des travailleurs".

(Liberté 17.1) La production industrielle du secteur public a reculé de 1,3 % entre les neuf premiers mois de 1999 et les neuf premiers mois de 2000, mais certaines branches ont néanmoins augmenté leur production (les matériaux de construction, le secteur de la chimie-pharmacie-engrais, le secteur électrique et électronique et celui du bois et du papier). La production dans les secteurs du textile et des cuirs a par contre fortement reculé (- 8,6 %), ainsi que celle de l'agroalimentaire (-6,4 %, ce qui pourrait être du à la dégradation du pouvoir d'achat de la population). La production des industries mécaniques et métalliques et de la sidérurgie a également reculé

(El Watan 18.1) L'OPEP a décidé de réduire sa production d'un million et demi de barils par jour dès le 1er février, a indiqué le 17 janvier son secrétaire général, après une réunion des représentants des onze pays membres de l'organisation. Une nouvelle réduction d'un million de barils/jour pourrait être décidée le 16 mars. La réduction décidée le 17 janvier est destinée à répondre à une chute des prix provoquée par le gonflement des stocks et la modicité de la consommation, elle-même due à un hiver clément.

(AP 20.1, Quotidien d'Oran 21.1, Liberté 22.1) L'ordonnance du 25 septembre 1995 relative à la gestion des "capitaux marchands de l'Etat" a fait l'objet d'un amendement et de modifications dans le nouveau projet de loi présenté au Conseil des ministres par le ministre des privatisations, Hamid Temmar, mais qui sera soumis à une seconde lecture, le Premier ministre Ali Benflis semblant prendre en compte l'opposition de l'UGTA à toute proposition à l'élaboration de laquelle elle n'aurait pas participé. Dans un communiqué rendu public le 19 janvier, l'UGTA a en effet condamné la démarche "solitaire" du ministre Temmar et lui a reproché ne pas tenir ses engagements de concertation. Le nouveau texte s'inscrit dans un dispositif visant à la disparition des holdings, qui laisseront place à quelques dizaines d'entreprises publiques économiques (EPE) dont l'automie devrait être renforcée, en même temps que serait amélioré le contrôle par l'Etat de son patrimoine. Un Conseil des participations de l'Etat (OPE), présidé par le Premier ministre et composé de neuf ministres et d'une "personnalité" désignée par le Président de la République, est institué; il a pour tâche de définir la stratégie en matière de gestion des "capitaux marchands de l'Etat", de favoriser la rentabilité des entreprises et la "cohérence" de leurs activités.Entre fin 1994 et 2000, le dispositif de privatisation (qui vient donc d'être réformé) a coûté plus de 1250 milliards de dinars (120 mias FF, 30 mias FS) et abouti à la suppression de 260'000 emplois. Par ailleurs, un préavis de grève devrait être déposé par les syndicats de Sondelgaz après l'échec des négociations entreprises avec le ministère de l'Energie à propos de la Loi sur l'électricité, qui ouvre le secteur à la concurrence et à l'investissement privé. Le syndicat revendique la préservation de l'entreprise en tant qu'entité et refuse son "démembrement". Enfin, selon le syndicat de l'entreprise publique des matériels agricoles PMAT, la direction de l'entreprise s'apprêterait à supprimer plus de la moitié des emplois de l'entreprise (l'effectif passant de 360 salariés à 150).

(AP 20.1) La Sonatrach et les sociétés française "Gaz de France" (GDF) et malaisienne Petronas ont signé le 20 janvier à Alger un accord de deux milliards de dollars pour le développement du champ d'Ahner (sud d'In Salah), et l'exploitation des 140 milliards de m3 de réserves en hydrocarbures, notamment gazières, que contient le champ. Le montant total des investissements est assuré à 45 % par Petronas, 30 % par Sonatrach et 25 % par GDF. Les deux partenaires étrangers verseront 45 millions de dollars de droit d'accès. Une société conjointe de commercialisation de gaz sera créée par Sonatrach et GDF pour commercialiser du gaz en Europe et aux Etats Unies.

(AP 21.1) La balance commerciale algérienne a enregistré en 2000 un exédent de 10,37 milliards de dollars (11,1 mias euros), soit trois fois plus qu'en 1999 (3,36 mias dollars). Ce résultat est du à une augmentation de 56,32 % de la valeur des exportations, alors que les importations n'aurmentaient, en valeur, que de 0,40 %. Les importations ont été couvertes à 213 % par les exportations, constituées à 96,82 % d'hydrocarbures (en augmentation de 56,84 % en valeur, grâce à la hausse du prix du baril). Les exportations hors-hydrocarbures augmentent certes de 42,24 %, mais restent marginales (3,18 % de la valeur totale des exportations). 80,36 % des importations et 87,53 % des exportations se font en provenance/à destination des pays de l'OCDE, 57,97 % des importations et 62,72 % des exportations se font en provenance/à destination de l'Union européenne. L'Italie est le premier client de l'Algérie (24,12 % des exportations) et la France son principal fournisseur (20,4 % des importations).

(La Tribune 20.1) La filiale LUMMUS du groupe helvético-suédois ABB a décroché le marché de l'extension de l'oléoduc de Hassi Berkine. Il s'agit de la réalisation d'un centre de stockage et d'expédition d'huile, et d'une station de pompage.

(Jeune Indépendant 24.1) L'Algérie a importé 7,5 millions de tonnes de blé en 2000, au lieu des 4,5 millions prévus, pour répondre à des besoins alimentaires qui auraient augmenté de 12 % en un an, selon un rapport de la direction des douanes algériennes. La production nationale de céréales a baissé de moitié en un an (1,15 million de tonnes en 1999, 720'000 en 2000) en raison, du moins officiellemment, de conditions climatiques défavorables dans le nord du pays, mais le gouvernement prévoit de doubler d'ici à 2002 la production de blé grâce à un programme d'intensification (augmentation du rendement à l'hectare) devant doubler la production.

(El Khabar 25.1) Au terme d'une réunion entre les représentants de l'UGTA et le gouvernement, la centrale syndicale a finalement accepté les projets de réforme économique du ministre Hamid Temmar, auxquels elle s'était (rhétoriquement) opposés dans les jours précédent. Le Secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a assuré que le gouvernement s'était engagé à impliquer le syndicat dans toutes les décisions concernant les travailleurs, et a vu une preuve de cet engagement dans le retrait des projets de loi sur la gestion des capitaux marchands de l'Etat, les privatisations et l'investissement, dans l'attente de leur examen par l'UGTA.

(Liberté 25.1) La Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie a réagi à l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures préparé par le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, en dénonçant un projet qui "fragilise dangereusement tout le secteur des hydrocarbures, unique pourvoyeur de devises du pays", qui menace "la stabilité du tissu social; entraîne le perte du contrôle et de la souveraîneté du pays sur sa production et ses ressources" et amène à un retour "à la situation d'avant 1971 où le pays était rémunéré par des royalties".

(El Watan 24.1) Les réserves de change de l'Algérie ont atteint 11,9 milliards de dollars à la fin de l'année 2000, a annoncé la Banque d'Algérie. A la fin 1999, elles n'étaient que de 4,4 milliards de dollars. Leur augmentation est due à la hausse du prix du pétrole, et au rendement des réserves placées dans les institutions financières internationales. Le stock de la dette extérieure est passé de 28,5 milliards de dollars fin 1999 à 26,5 mias fin 2000. Pour 2000, le service de la dette a représenté le 22 % des recettes d'exportation. En 2002, il sera de 3,8 milliards de dollars

(Liberté 29.1) "Nous allons vers la transformation radical du champ économique en Algérie", a estimé, en commentaire des projets de loi gouvernementaux, le secrétaire national de l'UGTA chargé des affaires économiques, Lakhdar Badreddine, lors d'un rassemblement en hommage à Abdelhak Benhamouda, quatre ans après son assassinat. L'UGTA devrait se prononcer avant le 24 février sur les projets de loi sur la monnaie et le crédit, la privatisation, les investissements et les "capitaux marchands de l'Etat", et son secrétaire national a estimé que ces projets "soulèvent beaucoup d'interrogations".

(AP 29.1) Le gouvernement algérien va engager une réforme fiscale destinée à enrayer la chute des recettes fiscales (qui ont diminué d'un tiers de 1980 à 2000, et sont passées de 20 % à 13 % du PIB hors hydrocarbures). Cette baisse du rendement fiscal priverait l'Etat d'environ 100 milliards de dinars (10 mias FF, 2,5 mias FS) de recettes chaque année. L'administration fiscale (qui emploie 21'000 personnes) ne parvient par ses propres moyens à collecter que le quart, tout au plus, des recettes fiscales ordinaires (100 à 120 mias DA, sur 420 mias), le solde provenant des prélèvement à la source sur les salaires et des recettes fiscales indirectes (TVA et taxes). Il n'y a guère que les salariés qui payent les impôts directs en Algérie. La réforme envisagée par le gouvernement consiste à rationnaliser la collective de l'impôt et à inciter les détenteurs de capitaux à les investir légalement, alors que le secteur informel emploie, selon la Banque Mondiale, 1,4 million de personnes en Algérie, et équivaut à une perte fiscale de 40 milliards DA annuels

(AP 31.1) Le gouvernement algérien a présenté aux investisseurs étrangers potentiels ses différents projets de loi visant à réformer le secteur de l'énergie et des hydrocarbures, lors d'un séminaire réunissant de nombreux groupes évoluant dans le secteur de l'énergie et des mines (dont BP, TotalFina, Gaz de France et Electricité de France, les banques Rotschild et Crédit Lyonnais, EFG-Hermes Holding etc...). BP, par exemple, a lancé trois projets d'un montant total de quatre milliards de dollars (environ 7 mios FS) et souhaite décrocher de nouveaux contrats, pour lesquels elle est "en discussion avec Sonatrach"; la compagnie américaine PetroCosim espère quant à elle prendre des participations dans Sonatrach, dont l'ouverture du capital est prévue dans les mois à venir. La Banque Mondiale se dit prête à aider financièrement les opérateurs privés (algériens et étrangers) désirant investir dans la branche énergie, et se déclare, avec la Société internationale de financement (IFC) à financer entre le quart et le tiers du coût global des projets, avec une marge d'intérêts allant de 1 à 4 %

(Quotidien d'Oran 31.1) Le ministre du Travail, Bouguerra Soltani, a annoncé lors d'une conférence nationale sur la modernisation de la sécurité sociale que "le dossier privatisation de la sécurité sociale est clos, car n'existant ni dans le programme du gouvernement, ni dans celui du président de la République". Le ministre a ajouté que l'idée d'une telle privatisation (que le ministre avait lui-même évoquée) est "immature", et qu'aucun "postulant privé" n'est tenté par une "prise en main de la sécurité sociale". Bouguerra Soltani a estimé que 25 millions d'Algériens de tous âges étaient d'une manière ou d'une autre pris en charge par la sécurité sociale.

(Quotidien d'Oran 31.1) L'UGTA s'opposera fermement au projet de loi sur les hydrocarbures, annonce "Le Quotidien d'Oran", s'appuyant sur des "sources syndicales", après le réunion du Secrétariat national de la centrale syndicale le 29 janvier. L'UGTA préparerait quatre réunions pour mobiliser sa base pour la préservation du secteur public en général, et celui des hydrocarbures en particulier -c'est-à-dire Sonatrach.

(Liberté 1.2) La COFACE (agence française d'évaluation des risques d'investissement et de crédits extérieurs) a classé l'Algérie en "risque B" (c'est-à-dire un risque assez élevé) dans sa nouvelle évaluation des "risque pays" de 130 Etats. Le risque B correspond à un environnement politique et économique instable susceptible d'affecter la solvabilité du pays concerné. Le "risque pays" est noté sur une échellle allant de A1 (très bon) à D (risque très élevé), le "risque B" étant l'ante-pénultième. Le Marox et la Tunisie sont classés "risque A4" (assez bon) la Libye "risque D" (très élevé). Recensant les points forts et faibles de l'Algérie, la COFACE note pour les premiers le soutien que lui accordent les pays occidentaux, leurs intérêts dans les hydrocarbures et leur dépendance à l'égard du gaz algérien, et pour les seconds la dépendance de l'économie algérienne à l'égard des cours du pétrole, les difficultés du budget de l'Etat (étroitesse de la marge de manoeuvre), le fort taux de chômage et les tensions sociales. Pour la COFACE, l'amélioration de la situation algérienne dépend du "succès dans l'application des réformes", dont elle juge le démarrage trop lent. L'organisme français, qui estime que l'Algérie n'aura pas besoin de financement à court terme, et donc d'un recours au FMI, constate que l'augmentation des prix du pétrole, et ce qu'elle considère comme "l'amélioration du climat politique et sécuritaire", ont soutenu le redressement économique, mais constate également un taux de croissance insuffisant et la non-régression du taux de chômage.

(El Watan 1.2) L'intersyndicale (UGTA, SNTMA et SPLA) d'Air-Algérie dénonce le "démantèlement" programmé de la compagnie publique, à quoi amènerait l'ouverture du privé de son capital. Les syndicalistes dénoncent notamment la séparation prévue d'Air-Algérie et de la DTA (Direction du travail aérien), laquelle serait remise à Tassili Airlines (entreprise détenue à 51 % par Sonatrach et 49 % par Air-Algérie), dont selon eux l'avenir est "incertain", et qui ne peut actuellement fonctionner qu'"avec les moyens humains et la flotte d'Air Algérie"

(Le Matin 1.2) La Sonatrach a annoncé avoir réalisé en 2000 un chiffre d'affaire de plus de 22 milliards de dollars, ce qui représente un record depuis la création de la société. La production de Sonatrach a dépassé les 200 millions de tonnes équivalent pétrole (tep). Les volumes commercialisés ont atteint 144 mios de tep et 60 milliards de m3 de gaz naturel.

(AAI 3.2, El Watan 4.2) La Compagnie Air Algérie a reçu 25 réponses à son appel d'offre destiné à sélectionner une banque d'affaire accompagnant l'ouverture de son capital. Le directeur général d'Air Algérie, M'hamed Tayeb Benouis, a déclaré à la revue "economia" que ces propositions sont venues de banques et de bureaux d'études américains, marocains, français, britanniques, de Singapour, portugais, libanais et luxembourgeois, dont la BNP, Rotschild et Ernst & Young. La banque sélectionnée le sera d'ici fin février. Elle aura à réaliser l'évaluation financière qui déterminera la part du capital ouverte à l'investissement privé. Selon le directeur général d'Air Algérie, l'"Etat restera vraisemblablement l'actionnaire majoritaire" de la compagnie, dont la privatisation partielle a été décidée le 7 novembre 2000. Depuis, Air Algérie a passé des accoprds de partenariat avec Alitalia (marketing, vente et publicité) et Luthansa (maintenance technique). La compagnie est confrontée au vieillissement de sa flotte, et entend en rénover la moitié, ce qui devrait lui coûter 12,3 millions de dollars; elle a également acheté (ou réservé) doute nouveaux appareils (Boeing), à 53 millions de dollars chacun. Mais à l'intérieur de l'entreprise, le climat est pour le moins morose : plus de 150 pilotes et commandants de bords ont quitté la compagnie pour d'autres, dont 140 pour Khalifa Airways (compagnie privée, mais qui utilise des appareils d'Air Algérie).

(La Tribune, Le Matin 5.2) Le Crédit populaire d'Algérie (CPA) et la Compagnie nationale d'assurances et de réassurances (CAAR) vont être privatisés en 2001, a annoncé le 4 févrierBana Ahmed, Conseillet du ministre de la Participation et de la coordination des réformes, Hamid Temmar, qui a également annoncé que des opérateurs étrangers s'intéressaient à ces deux entreprises publiques. La première des deux à être privatisée pourrait âtre la CAAR

(El Khabar 5.2) Près de 5000 Algériens pourraient être employés dans les pays du Golfe, a déclaré le ministre du Travail, Aboudjerra Soltani à "El Khabar Hebdo".

(Le Matin, La Tribune, El Watan, Quotidien d'Oran 7.2) Le chargé des dossiers économiques à l'UGTA, M. Badredine, a estimé le 6 février que les projets de réformes gouvernentaux impliquaient la privatisation de 400'000 hectares de terres agricoles, de l'autoroute Alger-Blida-El Afroun et même de l'école et des hôpitaux, et qu'il s'agissait en fait d'un véritable brade tous azimut du secteur public : "après avoir ciblé 67 entreprises publiques sous prétexte qu'elles nécessitent d'être privatisées, (le gouvernement) ose maintenant s'attaquer à l'ensemble des secteurs d'activité de la société". Dans sa dernière livraison, l'organe de la centrale syndicale, "Révolution et Travail", qualifie le programme de privatisation des ministres Temmar, Khelil et Benachenhou d'"impensable, impossible et inacceptable". "La Tribune" signale que sur les 88'200 employés des 180 entreprises promises à la privatisation, 7100 seront "compressés", c'est-à-dire verront leurs emplois supprimés, le programme étant supposé créer 2000 emplois directs dans les entreprises privatisées. La prise en charge sociale des suppressions d'emploi coûtera 8 milliards de dinars (800 mios FF, 200 mios FS).Reste à savoir si l'UGTA ira au-delà de cette condamnation rhétorique : elle doit prendre position le 27 février sur les projets gouvernementaux, et entend organiser le 24 février, date-anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, pour senbiliser les travailleurs sur les "dangers" de ces projets. "Le Quotidien d'Oran" estime cependant que "la confusion que la centrale syndicale entretient depuis longtemps entre le syndical et le politique a fortement effrité sa crédibilité sur le terrain en la plaçant plus comme alliée du pouvoir que comme institution revendicative". Les projets de loi sur les "capitaux marchands de l'Etat", les privatisations et les investissements ont été rendus publics le 6 février par le ministre de la Participation et de la coordination des réformes, Hamid Temmar. "El Watan" estime que "finalement, la montagne a accouché d'une souris".

(AP 8.2) La dette extérieure de l'Algérie a baissé de 3,054 milliards de dollars en un an, et se montait fin 2000 à 25,261 mias (contre 28,315 mias fin 1999), a annoncé le 8 février le Banque d'Algérie. Ce niveau d'endettement est le plus bas depuis dix ans. Le record d'endettement avait été atteint en 1996 avec 33,23 mias de dollars. Le service de la dette a atteint 4,5 mias de dollars en 2000, contre 5,116 en 1999.

(El Khabar 12.2) L'UGTA est mise sous pression de la fédération des travailleurs du secteur des hydrocarbures, qui refuse le projet de loi présenté pour le secteur par le gouvernement, et qui menace d'une grève générale dans le secteur pour exprimer ce refzs. Lors de la dernière réunion de la direction de la centrale syndicale, écrit "El Khabar", la proposition a été faite à son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, de lancer une grève nationale pour stopper la "politique du bulldozer" qui menace de mettre à genoux le secteur public.

(Liberté 15.2) A partir du 15 février, le prix du litre de lait pasteurisé augmente en Algérie de 25 %, passant de 20 à 25 DA (2 à 2,5 FF, 0,50 à 0,60 FS), du fait, selon les autorités, de l'augmentation du prix de la poudre de lait sur le marché international. Pour "Liberté", ce sont les couches les plus défavorisées de la population qui seront les plus touchées par cette hausse, "si un système de compensation n'est pas introduit". Depuis 1997, le lait pasteurisé n'est plus un produit "soutenu" économiquement par l'Etat, même si son prix reste réglementé.

(www.algeria_Interface.com) Une société algéro-belge basée à Alger, Erbatis, a fait gelé des avoirs de Sonatrach en Europe; les montants bloqués, en France et en Belgique, avoisineraient le milliard de FF. Le directeur d'Erbatis, Abdelmadjid Belahcen, se dit victime d'une machination judiciaire après un conflit avec Sonatrach, et affirme avoir du fuir clandestinement à Paris après une descente de police à son domicile algérois.

(Liberté 19.2) L'excédent commercial algérien s'est monté à plus d'un milliard de dollars en janvier 2001 (1,841 mias d'exportations, 839 millions de dollars d'exportations, soit à peu près son niveau de janvier 2000 (996 millions). Les exportations ont progressé de 3,25 % en raison de l'augmentation des ventes d'hydrocarbures (1,84 mia, soit 110 mios de plus en un an), les importations ont augmenté de 6,61 %, soit 28 mios de plus qu'en janvier 2000.

(Liberté 25.2, 27.2) Dans un meeting tenu à Constantine le 24 février à l'occasion du 45ème anniversaire de la création de l'UGTA, son Secrétaire Général, Abdelmadjid Sidi Saïd, a brandi la menace d'une grève générale au cas où le gouvernement prendrait des décisions importantes sans l'aval de la centrale syndicale. Sidi Saïd a dénoncé les "décisions gouvernementales très préjudiciables" prises ces derniers temps, et s'est opposé à la privatisation de Sonatrach et de Sonelgaz. Le Secrétaire national de l'UGTA chargé des affaires économiques, M. Badreddine, a également exprimé l'opposition de la centrale syndicale aux avant-projets de loi présentés par le gouvernement. Par ailleurs, les organisations patronales algériennes ont apporté le 26 février leur appui au programme de privatisation proposé par le ministre Hamid Temmar, et lui ont demandé de lancer ce programme dans les meilleurs délais, en regrattant qu'il n'ait pas les coudées franches pour ce faire.

(Le Matin 25.2, El Watan, Liberté 27.2) Depuis le 24 février, le PDG de Sonatrach, Abdelhak Bouhafs, n'assume plus sa fonction, et est directement remplacé ad interim par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khellil. Officiellement, ce limogeage, décidé par le président Bouteflika, est justifié pour "raisons de santé". Officieusement, les observateurs considèrent qu'il est dû aux divergences entre le ministre et le PDG, le premier accusé par les syndicalistes de vouloir privatiser et brader l'entreprise aux privés, le second affirmant que Sonatrach peut fort bien s'en sortir dans le cadre d'un partenariat public/privé équilibré, sans privatisation. Abdelhak Bouhafs a annoncé son limogeage à ses collaborateurs le 25 février.

(Algeria-Interface) Le consortium Siega, qui regroupe d'importantes banques et entreprises, dont Air Algérie, a été dissous par le gouvernement algérien. Siega, fondé en 1998, visait la concession du nouvel aéroport d'Alger et avait obtenu d'achever les travaux, entamés en 1996, et interrompus depuis des années. Une banque d'affaires étrangère va conseiller le gouvernement pour le reprise des travaux et l'exploitation du nouvel aéroport.

(AAI 3.3) L'avant-projet de loi sur la monnaie et le crédit, qui introduit des changements au niveau des instances de la Banque d'Algérie, devrait être à l'ordre du jour de la session de printemps de l'Assemblée nationale, session qui s'est ouverte le 3 mars. Le projet stipule que le Conseil d'administration de la Banque d'Algérie (qui agrée les banques et établissements financiers algériens, en plus d'administrer la BA) sera composé d'un gouverneur, de trois vice-gouverneurs et de trois hauts fonctionnaires désignés par le Président de la République. Le Conseil de la monnaie et du crédit (autorité monétaire algérienne) devrait être composé des membres du Conseil de la BA et de trois personnalités nommées par le Président de la République : il détermine les grands exes et les instruments de la politique monétaire et fixe les conditions d'établissement des banques et établissements financiers. L'avant-projet est contesté par une partie de l'opposition, qui estime qu'il "enterre l'autonomie de la Banque d'Algérie", ce que nie le ministre des Finances.

(Liberté 4.3) La section syndicale UGTA de l'entreprise publique d'électroménager ENIEM d'Oued Aïssi (Tizi Ouzou) annonce dans un communiqué que les travailleurs de l'entreprise ont été mis en chômage technique, alors que l'entreprise a, selon le syndicat, honoré toutes les échéances qui lui avaient été fixées et que les travailleurs ont "supporté tous les plans de redressement interne"

(Quotidien d'Oran 3.3, El Watan, El Khabar 4.3, Algeria_interface) Les syndicats d'entreprise du groupe Sonatrach ont décidé d'organiser une journée de protestation contre le projet de loi réorganisation l'entreprise, et contre le limogeage de son PDG, Abdelhak Bouhafs, directement remplacé à la tête de Sonatrach par le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, par ailleurs président en exercice de l'OPEP, ce que le syndicat assimile à "une concentration, une centralisation et un cumul excessif de tous les pouvoirs". Le syndicat annonce vouloir "prendre toutes les dispositions utiles pour stopper toutes les formes d'agression contre les travailleurs et leur entreprise" en tant qu'entreprise publique, et menace d'utiliser "tous les moyens, y compris la grève générale, pour la défense des intérêts socio-économiques des travailleurs, notamment la préservation de (leur) emploi". Les syndicats dénoncent l'"absence délibérée d'un diagnostic des effets de la loi en vigueur" avant de la changer, estiment que la politique fiscale proposée par le projet de loi pénalise Sonatrach et "favorise" les investissements étrangers au détriment de l'outil national, et voient dans la possibilité de vendre progressivement de la capital de l'entreprise et de ses filiales "une privatisation programmée et une ouverture au bénéfice d'intérêts contraires à ceux de la nation". Par ailleurs, le gouvernement algérien a obtenu de la Banque Mondiale un prêt de 18 millions de dollars pour financer une assistance technique au projet de réforme du secteur de l'énergie et des mines.

(AAI, El Watan 7.3, Liberté 8.3) Les fédérations syndicales des hydrocarbures, du gaz, de la chimie et des mines ont décidé le 4 mars d'organiser une journée de protestation, marquée par un arrêt de travail, des assemblées générales, des meetings et des rassemblements le 20 mars pour protester contre les dispositions du projet de loi sur l'énergie, présenté par le ministre Chakib Khelil, et le limogeage du PDG de Sonatrach, A. Bouhafs, remplacé à la tête de l'entreprise nationale par le ministre lui-même. La grève devrait paralyser non seulement Sonatrach, mais également Sonelgaz, Ferphos, Enafir et toutes les entreprises du secteur des mines. Les syndicats précisent qu'il ne s'agit le 20 mars que d'une première action, et disent même envisager une grève générale illimitée. A Arzew, les responsables syndicaux de la zone industrielle ont décidé de boycotter la rencontre prévue le 9 mars avec le "PDG par intérim" de Sonatrach, c'est-à-dire le ministre Chakib Khelil.

(Liberté 7.3, 8.3) Après la mise au chômage technique des 3300 travailleurs de l'Entreprise nationale de l'électroménager ENIEM de Oued Aïssi (Tizi Ouzou), le Comité de participation de l'entreprise lance un appel aux pouvoirs publics et aux investisseurs potentiels afin que ne soit pas abandonné "ce secteur aussi vital, qui nourrit 3300 familles et dont l'étude socio-économique, tant régionale que nationale, démontre que l'entreprise est réellement stratégique". Le comité estime que la "situation très critique" de l'entreprise, pourtant en position concurrentielle favorable, est due au "fadreau de l'endettement, des créances impayées", de la "concurrence déloyale" et du "désengagement de l'Etat.

(Horizons 8.3) Le Conseil national des participations de l'Etat (CNPE) a décidé de la création d'"Algérie Télécoms", entreprise publique économique sous forme de société par actions. Une autre entreprise s'occupera des activités postales, perfaisant ainsi le démantèlement des Postes et Télécommunications. La naissance d'Algérie Télécoms sera suivie en avril du lancement d'un appel d'offre concernant le vente d'une ou deux licences de téléphone mobile GSM

(Le Monde 9.3) La ministère algérien de la Participation et de la coordination des réformes (c'est-à-dire des privatisations) a fait paraître dans plusieurs journaux européens, dont "Le Monde", un avis de "sollicitation de manifestations d'intérêts pour les services d'un cabinet international d'expertise juridique pour le projet d'appui à la privatisation", ainsi qu'un autre avis du même zype pour les "services de banques d'affaires", toujours pour le PAP. Le gouvernement algérien a contracté un prêt auprès de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) afin de financer le PAP, prêt qui servira notamment à financer les servioces de consultants. Le ministère souhaite faire appel aux services d'un cabinet juridique international pour "des missions d'expertises ponctuelles portant principalement sur les aspects juridiques du renforcement du dispositif institutionnel et législatif de la privatisation", ainsi que sur sa mise en oeuvre. Quant aux banques d'affaires, le ministère de Hamid Temmar fait appel à elles pour les privatisations d'entreprises publiques économiques dans pratiquement tous les secteurs, principalement les cimenteries et matériaux de construction, la chimie, le tourisme et l'hôtellerie, le textile et les cuirs, la sirérurgie, la métallurgie, la fabrication électrique et électronique, l'industrie agro-alimentaire et la grande distribution. Le ministère précise que "les cimenteries seront privatisées en premier lieu".

(AP 11.3) Le ministre algérien de l'Energie et des mines, président en exercice de l'OPEP (et de la Sonatrach), Chakib Khelil, n'a pas écarté, le 10 mars, la possibilité d'une nouvelle réduction de la production des membres de l'OPEP, sans préciser le niveau de cette réduction. L'objectif de l'OPEP reste pour Chakib Khelil "la stabilité du marché et un prix rémunérateur autour de 25 dollars le baril".

(AAI 11.3) L'Algérie a dépensé entre 1990 et 2000 la somme de 69 milliards de dollars au titre du service de la dette, a indiqué le président Bouteflika en ouverture des travaux de la conférence "Méditerranée-Europe", le 10 mars. Le niveau de la dette, lui, est de l'ordre d'un peu plus du tiers de son service décennal, et s'est situé entre 28 et 26 milliards de dollars. Selon le Gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelwahab Karamane, les réserves en devises du pays ont augmenté de 400 millions de dollars en janvier 2001, et se montaient fin janvier à 12,3 milliards de dollars, grâce au redressement des cours du pétrole (qui ont dépassé les 30 dollars pendant plusieurs semaines).

(El Watan, Le Quotidien d'Oran 11.3) Le ministre de l'Energie et des Mines, par ailleurs PSG ad interim de Sonatrach et président en exercice de l'OPEP, Chakib Khelil, a assuré le 10 mars devant les participants de la conférence "Méditerranée-Europe" que l'avant-projet de loi sur les mines déposé au Parlement ne visait ni la privatisation, ni la restructuration de Sonatrach. Pour autant, les travailleurs des secteurs de l'énergie et des mines semblent toujours sur le pied de grève et entendent toujours cesser le travail le 20 mars, pour protester à la fois contre le limogeage du PDG de Sonatrach, M. Bouhafs, et les menaces de privatisation et de restructuration dans le secteur.

(Le Matin 12.3) Le Syndicat national des travailleurs des finances et de la planification appelle à une grève générale le 28 mars, pour protester contre le refus du ministpre de répondre aux revendications des travailleurs, notamment l'augmentation des salaires et l'arrêt de la privatisation des banques et des assurances sans concertation avec les syndicats.

(AAI 12.3, El Watan 14.3, Liberté 15.3) Dans un entretien à "La Tribune", le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil (par ailleurs président en exercice de l'OPEP et PDG par intérim de Sonatrach) confirme que "l'ouverture du capital de Sonatrach est prévue dans le programme du gouvernement" mais que l'avant-projet de loi sur l'énergie ne prévoit "ni l'ouverture du capital de la compagnie nationale, ni la privatisation, ni le démembrement, ni la restructuration de Sonatrach". Pour le ministre, l'ouverture du capital de Sonatrach ne doit pas être faite par une loi, mais "seulement à travers un changement de statut". Selon Chakib Khelil, l'idée clef de la réforme sera de "séparer ce qui revient à l'Etat, de ce qui revient à Sonatrach et de ce qui revient aux partenaires". L'Etat octroiera à Sonatrach des contrats "sur chacun des gisements qu'elle possède", et Sonatrach sera "libérée du fardeau de la réalisation des oléoducs, des gazoduc et du transport". Les contrats pour l'exploitation des gisements, actuellement accordés par Sonatrach, le seront désormais "par une agence de l'Etat" après un appel d'offres. Au terme de cette réforme, assure le ministre, "il n'y a pas de raison qu'il y ait de changement dans l'emploi", sinon une "création d'emplois", et Sonatrach continuera à contrôler "la majorité" de la production algérienne. Chakib Khelil a enfin confirmé que le limogeage du PDG de Sonatrach, Abdelhak Bouhafs, a été décidé par le président Bouteflika, pour d'autres raisons que des raisons de santé. Le Secrétaire général de l'UGTA chargé des affaires économiques, Mohamed Badreddine, a invité le 13 mars le ministre a un débat public sur ses projets de loi, projets auquel le secrétaire général de l'UGTAbdelmadjid Sidi Saïd a réaffirmé une opposition sans "aucune arrière-pensée politique". La direction des syndicats de la métallurgie métallique a pour sa part annoncé qu'elle organisera une journée de protestation le 20 mars prochain, en même temps et sur les mêmes revendications (notamment l'opposition aux projets de loi gouvernementaux) que celle organisée par les syndicats du pétrole et de l'énergie. Le syndicat UGTA de Sonelgaz a également rejeté l'avant-projet de loi sur l'électricité élaboré par le ministère de Chakib Khelil, et appelé à la journée de protestation du 20 mars. Le syndicat refuse notamment la division de l'entreprise en filiales, récuse toute privatisation, même progressive et partielle, et toute compression d'effectifs.

(AAI 12.3) Le Conseil syndical de l'entreprise publique GIPLAIT a décidé d'appeler à une grève de quatre jours, du 25 au 28 mars, à l'appui de revendications salariales.

(AAI 17.3) a société publique "Sonelgaz" a annoncé avoir réalisé un chiffre d'affaires de 61 milliards de dinars (6 mias FF, 1,5 mia FS) en 2000. La Sonelgaz fournit de l'électricité à plus de quatre millions et demi d'abonnés, et du gaz pour 1,4 million d'abonnés. Elle emploie plus de 21'000 personnes (dont 20 % de cadres).

(Le Quotidien d'Oran 18.3) L'OPEP a comme prévu décidé le 17 mars de réduire son plafond de production d'un million de barils par jour, pour maintenir le niveau des cours, avec une sorte d'"quiescement tacite" des pays consommateurs qui, à l'instar de la France, avaient d'ailleurs anticipé cette décision et enclenché leurs mécanismes d'ajustement des prix à la pompe, sans susciter de mobilisation de l'opinion publique et des gros utilisateurs de carburants.

(Le Quotidien d'Oran 18.3) Le ministre des Finances Abdelatit Benachenhou a reconnu le 17 mars, lors d'une conférence débat avec des représentants de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, qu'il était "difficile de convaincre sept partis (membres de la coalition) de l'ordre des priorités" des réformes économiques, et que la perspective de prochaines élections risquait de faire s'exprimer de la part des partis de la coalition (sans parler des partis d'opposition) des critiques de plus en plus virulentes à l'égard de la politique de réforme qu'il propose. Benachenhou a en outre nié avoir pour objectif celui de remettre en cause l'indépendance de la Banque d'Algérie, et même nié qu'il y ait appauvrissement de la population, malgré que le revenu algérien par habitant soit passé de 2800 dollars à 1600 dollars en quinze ans (1985-2000). Pour le ministre, la population bénéficie plus qu'avant des dépenses sociales de l'Etat dans les domaines de la santé, de l'éducation et des transports. Benachenhou nie également que le chômage frappe, comme les statistiques officielles elles-mêmes l'indiquent, près de 30 % de la population active : il évalue celle-ci à 8 millions de personnes, et la population occupée à 6 millions, soit un taux de chômage de 25 %. Mais il reconnaît que le secteur dit "informel" emploie environ 800'000 personnes.

(El Khabar 19.3) La direction du personnel d'Air Algérie a décidé le 12 mars de licencier 150 cadres de l'entreprise, en leur reprochant un comportement "indécent" risquant de "nuire à l'image de l'entreprise". Les cadres licenciés s'insurgent contre cette décision et dénoncent un licenciement abusif du à leur participation à une réunion, le 12 décembre 2000, lors de laquelle ils avaient exprimé leur refus de la privatisation de l'entreprise.

(El Watan 19.3) La journée de protestation, de manifestations et de grève organisée le 20 mars à l'appel des syndicats du pétrole, du gaz, de la chimie, de l'énergie et des mines, et d'une dizaine de syndicats d'entreprises, dont Sonatrach, Soneglaz et Naftal, devrait être un test de la mobilisation de la base syndicale contre les projets de réformes "libérales" du gouvernement. La Fédération nationale des travailleurs de la sécurité sociale et le syndicat des travailleurs de l'éducation de Bejaïa ont décidé le 18 mars de rejoindre le mouvement. Le syndicat de l'entreprise nationale des véhicules industriels appelle à une demie.-journée de grève, et le syndicat d'entreprise d'Alfasid à une journée de grève. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a exprimé son soutien au mouvement.

(Quotidien d'Oran, El Khabar, El Watan, Le Matin 21.3) La journée nationale de protestation contre les projets de réforme "libéraux" du gouvernement et contre le "bradage du secteur public", journée organisée par l'UGTA le 20 mars, semble avoir été globalement un succès, même si des doutes sont exprimés sur les intentions réelles de la centrale syndicale. L'UGTA avance un chiffre de participation à la journée de 92,15 % des salariés du secteur des hydrocarbures, dans l'ensemble du pays. A Annaba, un arrêt de travail observé par l'ensemble des travailleurs des filiales du groupe Sider (et d'autres entreprises de la région) a paralysé toutes ces entreprises, et 8000 travailleurs ont manifesté devant le siège du syndicat. A Oran, les salariés de Naftal ont cessé le travail pendant une journée, ce qui a provoqué la rupture de la distribution du carburant dans la quasi-totalité des stations-service de la wilaya. A Constantine, la journée de protestation a été suivie à 98 % par les travailleurs des hydrocarbures et de Sonelgaz, selon les syndicats. Les travailleurs de Naftal et de nombreuses entreprises d'autres secteurs (notamment celles de l'automobile), ainsi que des municipalités, ont également cessé le travail, certains pendant quelques heures, d'autres pendant toute la journée. A Arzew, l'UGTA évaluait à 70 % le taux de suivi de la grève. A Hassi R'mel, la quasi totalité des salariés des hydrocarbures, 73 % de ceux des collectivités locales, 71 % de ceux de l'éducation et finances, 57 % de ceux des PTT et 50 % de ceux de la santé auraient pris part au mouvement.

A Ouargla, le président Bouteflika a répondu à l'UGTA en déclarant que "nulle personne, nulle organisation, nulle force sociale n'est tutrice du secteur public", et affirmé que l'adoption des lois était du ressort du Parlement sous-entendu : non des syndicats). "Les nouveaux textes de lois sont actuellement en préparation. Il existe des structures chargées de discuter de ces textes. (...) C'est au représentants habilités du peuple et des entreprises de se prononcer sur le bien-fondé des évolutions et changements propres au bien de l'Algérie et de son peuple", a déclaré le président algérien. Pour "Le Quotidien d'Oran", Bouteflika a ainsi rendu son "arbitrage" sur la question des réformes, et l'a rendu en faveur du trio des ministres qui assument ces propositions de réforme, Benchanhou (finances), Chakib Khelil (énergie), Hamid Temmar (privatisations). "La privatisation est créatrice de richesses", a affirmé le président, qui a invité ceux qui ont de meilleures solutions à les présenter. Quant au ministre des Finances, Benachenhou, il a annoncé à Oran la réouverture du dossier Sonatrach. Enfin, selon "Le Matin", les ministères des privatisations et des finances seraient regroupés en un seul à la faveur d'un prochain remaniement gouvernemental, qui verrait l'ancien ministre de l'Economie Hocine Benisaad prendre la place de Benachenhou et de Temmar.

(El Khabar 25.3) L'UGTA a décidé d'une réunion exceptionnelle de ses différentes structures afin d'évaluer les résultats du mouvement national de protestation organisé le 20 mars, et de définir sa position face aux déclarations du président Bouteflika, déniant au syndicat le droit de se se prononcer sur des projets soumis au parlement. L'UGTA a reçu le soutien de plusieurs organisation syndicales internationales, notamment de la CISL (Confédération internationale des syndicats libres) dans sa démarche d'opposition aux propjets gouvernementaux.

(La Tribune, Le Quotidien d'Oran 25.3) Le Syndicat national des douanes annonce dans un communiqué une grève générale des douaniers pour le 28 mars, et avance une plate-forme de revendication de 24 points portant sur des aspects sociaux, professionnels et syndicaux. Un service minimum sera assuré par les souaniers pour les produits dangereux. Si cette grève est massivement suivie, les frontières algériennes se retrouveront pratiquement fermées le 28 mars. En outre, la grève des douaniers va coïncider avec une grève du personnel des banques et du secteur des finances, les 28 et 29 mars.

(El Khabar 21.3, Liberté 22.3) Le Conseil économique et social algérien (CNES) a exprimé un certain optimisme à propos de la situation économique du pays au deuxième semestre 2000, relevant les résultats positifs de la situation financière et de la stabilité économique globale : maintien d'un taux d'inflation à moins de un pour cent la réduction de la dette et allègement de son service, amélioration du solde de la balance commerciale, augmentation des réserves de devises à 12 milliards de dollars, le tout essentiellement grâce à l'augmentation du prix des hydrocarbures. Cependant, le CNES relève que "l'amélioration des indices économiques et monétaires n'a pas produit la dynamique économique attendue" et a noté l'absence de stratégie dans la gestion des différentes activités économiques, "et surtout le retard des réformes économiques". Le secteur industriel public aurait enregistré une baisse de 2 % de la valeur de sa production, l'année agricole a été très mauvaise (avec une production réduite de moitié par rapport à celle de 98/99) et le malaise social perdure.

(AAI 24.3) Le niveau de production de l'ensemble du secteur industriel public a enregistré une légère croissance (de 0,9 %) en 2000 par rapport à 1999, selon les statistiques de l'Office national des statistiques. cette hausse est due aux performances des secteurs des hydrocarbures (+ 5,8 %), des matériaux de construction (+ 3,5 %) et de la chimie (5,6 %). Le rythme de croissance a cependant nettement ralenti entre le début de l'année (+ 2,3 % au premier trimestre) et la fin de l'année (- 1,1 % au quatrième trimestre). Les industries manufacturières ont régressé de 2,1 % en moyenne annuelle, et les taux d'utilisation des capacités de production hors hydrocarbures restent faibles.

(Liberté, Le Matin, El Watan 25.3) La nouvelle loi sur la monnaie et le crédit, qui entame sérieusement l'indépendance (au moins théorique) de la Banque d'Algérie, a été adoptée le 24 mars à une majorité écrasante par l'assemblée nationale, contre l'opposition du PT, du FFS et des "indépendants". La loi est passée grâce à une coalition très majoritaire des députés du RND, du FLN, du MSP et d'Ennahda, avec l'abstention du RCD (expliquée par Tarek Mira par le fait que le RCD ne pouvait voter contre un projet gouvernemental sans se retirer de la coalition gouvernementale...). La loi adoptée renforce les prérogatives du président de la République qui, par délégation, supervisera les activités de la Banque nationale, nommera son gouverneur, pourra le révoquer à tout instant, nommera trois vice-gouverneurs et trois membres du Conseil de la monnaie. Le Parti des travailleurs a dénoncé une institutionnalisation de "la privatisation du système bancaire (et) de la monnaie", au travers notamment de la "la main-mise de l'Exécutif" sur la Banque nationaleL'adoption de la loi a suscité une réaction de refus de la Fédération des finances de l'UGTA, qui avait déjà, avant cette adoption, dénoncé une "manoeuvre insidieuse de casser le secteur financier de l'Algérie". Le député FFS dissident Arezki Ferrad a estimé que "légiférer par ordonnance en pleine session parlementaire est inadmissible" et qu'il vaudrait mieux "dissoudre cette Assemblée" plutôt que de faire l'impasse sur un débat normal. Le RND dissident Noureddine Bahbouh à dénoncé "l'accaparement par le pouvoir politique du contrôle de la Banque d'Algérie"

(Liberté 25.3) Une nouvelle loi relative aux biens "Waqf" (religieux) a été adoptée par l'Assemblée nationale le 24 mars. Ces biens, qui relèvent du domaine public, pourront désormais faire l'objet d'un financement étranger. Ils seront soumis à un inventaire général.

(Le Matin 25.3) Le FMI soutient la politique de "réformes" du gouvernement algérien, du moins si l'on en croit le chef de la division Moyen-Orient du Fonds, Michel Lazare, cité par "Le Matin", qui estime que la politique salariale doit être "raisonnable et directement indexée sur la croissance et la création de richesses" et que la "protection nuit à une bonne concurrence dans l'économie", et contribue à expliquer que les entreprises algériennes fonctionnenent toujours sur la base de technologies des années '60 et '70, "complétement dépassées".

(AAI 28.3) Les représentants des dockers de l'ensemble du pays ont décidé de créer une coordination des syndicats des entreprises portuaires, affiliée à l'UGTA, et ont élu à sa tête le syndicaliste d'Annaba M. Adjabi, qui a déclaré que la privatisation ne devait pas concerner les unités économiques publiques viables. D'autre part, les fédérations du pétrole, du gaz, de la chimie, des mines, ainsi que les syndicats d'entreprise de Sonelgaz, de Sonatrach et de Naftal, ont annoncé qu'ils restaient mobilisés pour poursuivre le mouvement de protestation entamé le 20 mars contre les projets de loi sur les hydrocarbures, les mines et l'électricité, mouvement dont ils proclament le succès. Les syndicats se félicitent en effet de "la forte mobilisation et de la participation massive en ethousiaste" des travailleurs des secteurs concernés à la journée de protestation du 20 mars, et dénoncent les attaques portées par le président Bouteflika contre les syndicats (le président n'est toutefois pas nommément cité dans le communiqué des syndicats.

(AAI, Le Matin 29.3) La journée de grève déclenchée le 28 mars par les syndicats des finances (secteur public) a été massivement suivie, selon les syndicats, l'UGTA faisant état d'une participation de 93,62 % des salariés, tous secteurs confondus, au mouvement, et, régionalement, de 80 % à Constantine à 100 % à Annaba, Tizi Ouzou, Bejaïa, Blida et Ouargla (95 % à Alger, 98 % à Oran). Les banques, assurances, perceptions fiscales, douanes et établissements du trésor étaient généralement fermés, quoique à Alger des agences bancaires n'aient pas suivi le mouvement. Selon le représentant du syndicat de la Banque nationale, le mouvement y a été suivi à 95 %. Les représentants des syndicats de la Banque algérienne de développement rural, des assurances, des impôts et du trésor annoncent un "suivi" du mouvement d'au moins 95 %, voire 100 %, alors que la direction générale des douanes ne fait état que d'une participation de 7 % dans le secteur douanier proprement dit (10 % à Alger), où les syndicats assuraient en "service minimum". "Le Matin" fait état d'un large "suivi" du mouvement général dans les régions d'Oran (à 90 % selon l'UGTA), Tizi Ouzou et Sétif. A Boumerdès, l'UGTA évoque une participation de 89 % des salariés. Les revendications des travailleurs portaient sur l'augmentation des salaires, la révision du régime d'indemnités, l'assainissement des créances détenues sur le trésor public ou les entreprises publiques et l'autonomie des banques publiques.

(AAI 11.4) La production industrielle du secteur public pour 2000 est en recul de 2,3 % par rapport à 1999, et celle du secteur privé en hausse de 6,4 %, selon la statistique de conjoncture du ministère de l'Industrie. Comparé à 1999, le chiffre d'affaire réalisé en 2000 a diminué de 1 % dans le secteur industriel public (pour s'établir à 422 milliards de DA) et augmenté de 25 % dans le secteur privé (pour s'établir à 120,9 mias DA). La valeur ajoutée du secteur industriel public est en augmentation de 4 %, celle du secteur privé en augmentation de 28 %. La situation de la trésorerie consolidée du secteur industriel public fait ressortir un découvert bancaire de 32,5 milliards de dinars (environ 3,2 mias FF, 800 mios FS) à fin 2000. S'agissant des exportations industrielles, celles du secteur public ont augmenté de 12 %. En ce qui concerne l'emploi, le secteur public a perdu 5848 postes de travail (soit 3 % de l'effectif du secteur) et en totalise 200'823, le secteur privé a créé 3488 postes de travail et en totalise 58'130. En faisant la balance de l'emploi industriel des deux secteurs, on obtient une perte de 2360 emplois industriels, les créations d'emplois dans le secteur privé ne compensant pas les suppressions d'emplois dans le secteur public, malgré des investissements en hausse de 3 % (pour atteindre 6,5 mias de DA.) dans le secteur public.

(Liberté 16.4) La situation financière du secteur public algérien s'est encore dégradée en 2000, et 106'000 salariés risquent de perdre leur emploi, selon une source proche du Conseil national des participations de l'Etat (CNPE), évoquée par "Liberté". 55 entreprises publiques sont "très déstructurées" et se trouvent en situation de faillite : elles emploient 106'000 travailleurs. L'entreprise Alfasid, qui représente à elle seule 80 % de la sidérurgie algérienne, et la SNVI (mécanique) connaissent également une situation très dégradée. La dette du secteur public a plus que doublé en trois ans et est passée de 270 milliards de dinars (27 mias FF, 7 mias FS) en 1996 à 580 milliards à fin 1999. Le découvert bancaire du secteur public est passé de 108 mias de DA fin 1999 à 118 mias. Le seul holding Agroman totalise 215 mias de DA de dettes. Selon le ministère de la "participation et de la coordination des réformes" (c'est-à-dire des privatisations), l'une des principales raisons de la situation du secteur public est l'obsolescence de son outil de production : l'âge moyen de l'outil industriel du secteur public est de 21 ans, ce qui le rend inadpte à faire face à la concurrence étrangère, et même à la concurrence intérieure privée, y compris à celle du "secteur informel" (qui par définition ne supporte aucune charge sociale, fiscale et douanière). En outre, le ministère constate que l'accès au crédit est difficile et que le secteur bancaire fonctionne mal. comme l'illustrent notamment les délais anormalement longs pour l'encaissement de chèques et l'ouverture de lettres de crédit.

(AAI 17.4) L'UGTA a rejeté (dans un document intitulé "commentaire et avis sur les avant-projets de loi relatifs à la gestion des capitaux marchands de l'Etat, la privatisation des entreprises publiques et les investissements", ces trois avant-projets de lois présentés par le ministère des privatisations, et affiche à la fois sa préférence pour le maintien des lois actuelles et son opposition à la concentration du pouvoir économique au sein du ministère de Hamid Temmar. L'UGTA rejette les arguments du ministère selon lesquels les holdings publics ont failli à leur mission de redynamisation du secteur public, et attribue les difficultés du secteur public à l'"environnement financier, politique et sécuritaire du pays". La centrale syndicale exprime sa crainte que le projet de loi sur la gestion des capitaux marchands de l'Etat ne soit qu'une manière de programmer la "disparition (...) de la propriété de l'Etat et la main-mise du secteur privé local et étranger sur toute la sphère économique", et sa certitude qu'il suffirait que les textes en vigueur soient appliqués" pour, si le contexte s'y prêtait, rendre les entreprises publiques plus performantes. L'UGTA rejette le projet de loi sur les privatisations en considérant qu'il a "pour mission essentielle de procéder à la liquidation du secteur public", intention qu'elle décèle également derrière le projet de loi relatif à l'investissement.

(AP 22.4) La balance commerciale de l'Algérie a enregistré au cours du premier trimestre 2001 un excédent de plus de trois milliards de dollars (environ 22 mias FF, 5 mias FS). Les exportations ont diminué de 4,7 % en un an, les importations ont augmenté de 5 %, le taux de couverture des importations par les exportations est passé de 255 % au premier trimestre 2000 à 231 % au premier trimestre 2001. Les hydrocarbures continuent de représenter la quasi totalité (97,25 % du volume global des exportations, les exportations hors hydrocarbures diminuant de 16,8 % en un an.

(AAI 21.4) Dans une lettre adressée à la direction de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), le syndicat UGTA de l'entreprise l'informe qu'il appelle à la grève grève les 24 et 25 avril. Cette grève est motivée par la revendication syndicale de la revalorisation des salaires.

(AAI 28.4) Au premier trimestre 2001, 58,73 % des importations et 62,24 % des exportations de l'Algérie ont été faites de/vers les pays de l'Union européenne, selon les statistiques des douanes. Les autres pays de l'OCDE "pèsent" pour 21,78 % des importations et 27,68 % des exportations. En valeur (mesurée en dollars US), les importations en provenance de l'UE ont augmenté de 3,68 % en un an et celles en provenance de l'OCDE hors UE de 9,41 %, alors que les exportations vers l'UE diminuaient de 1,98 % et celles vers l'OCDE hors UE de 6,56 %. L'Italie est le premier client européen de l'Algérie (18,52 % des exports), suivie de la France (13,35 %) et de l'Espagne (9,16 %); la France est le premier fournisseur européen de l'Algérie (26,88 % des imports), suivie de l'Italie (10,59 %) et de l'Allemagne (7,29 %).

(Reuters 4.5) L'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie vont fonder une banque commune dotée d'un capital de 500 millions de dollars, afin d'encourager les investissements et les échanges commerciaux dans tout le Maghreb, a annoncé l'"Union du Maghreb Arabe" (UMA) dans un communiqué. La Banque du Maghreb pour l'investissement et le commerce extérieur sera basée à Tunis. Elle disposera d'un capital initial de 150 millios de dollars. Ses actionnaires seront vraisemblablement les banques centrales des cinq Etats concernés.

(Liberté 10.5) Le Conseil économique et social constate, dans son rapport de conjoncture, que la croissance économique en 2000 a été faible, avec une augmentation du PIB estimée à 1,6 %, mais que les "grands équilibres" ont été renforcés : taux d'inflation de 0,34 %, dette extérieure réduite et réserves de changes accrues grâce à l'accroissement des ressources gazo-pétrolières. Le secteur industriel hors hydrocarbures a connu une augmentation de production de 1,4 %, due au secteur privé (+ 8 %, alors que la production du secteur public industriel baissait de 2,3 %). Pour le CNES, le secteur public souffre d'un désinvestissement cumulé sur plusieurs années, d'un retard dans la "mise à niveau" de l'appareil de production et de difficultés financières .

(Liberté 10.5) Selon l'Association nationale des sociétés de salariés (ANSS), L'Algérie compterait aujourd'hui 1800 entreprises de ce type, employant au total 20'000 personnes. Les sociétés de salariés sont nées de la dissolution d'entreprises publiques (dans 80 % des cas, de petites entreprises publiques locales). L'ANSS se fixe "à moyen terme" pour objectif la création de 40'000 emplois nouveaux, destinés aux chômeurs (qui sont plus de 2 millions et demi)..

(Liberté 14.5) Les recettes des hydrocarbures de l'Algérie se sont élevées à 7 milliards de dollars environ dans les quatre premiers mois de 2001, avec un prix du baril oscillant autour de 27 dollars, ce qui laisse prévoir des recettes annuelles de 20 milliards de dollars pour 2001, et des recettes fiscales de plus de 100 milliards de dinars (10 mias FF, 2,5 mias FS).

(AAI 15.5 / Liberté 16.5 / El Khabar 17.5) Le projet de rapport du Conseil économique et social (CNES) sur la conjoncture du deuxième semestre 2000 dresse le constat d'une situation économique et sociale dangereuse : il relève que sur fond d'aisance financière exceptionnelle, les incertitudes économiques demeurent, et la précarité sociale s'aggrave. Le quotidien "Liberté" résume cette situation en un titre : "L'Etat s'enrichit, le peuple s'appauvrit".

La croissance économique pour l'année 2000 a été globalement faible (2,6 % du PIB), et marquée par de fortes inégalités sectorielles ( + 6,4 % pour le secteur industriel privé et + 4 % pour le secteur de l'énergie et des mines, mais une baisse globale de 2,3 % pour le secteur public) alors que tous les indicateurs macro-financiers se sont améliorés grâce au maintien à un haut niveau des cours du pétrole brut. L'année s'est achevée avec un excédent global de la balance commerciale de 11,14 milliards de dollars, et avec des réserves de change qui ont atteint 11,9 mias de dollars, soit près du trible qu'en 1999 /4,4 mias). L'encours de la dette extérieure a diminué et est passé de 28,315 mias de dollars en 1999 à 25,261 mias en 2000. Les dépenses budgétaires d'équipement de l'Etat ont augmenté de 72,19 %, alors que l'inflation reculait, passant de 2,6 % en 1999 à 0,34 % en 2000. Malgré cela, le taux de chômage est estimé à 30 % de la population active, et la situation dans ce domaine continue à se dégrader. Une partie croissante de la population se retrouve au-dessous du seuil de pauvreté. 1,3 million d'enfants sont dans le besoin, et 56 % des enfants de 6 à 17 ans se retrouvent obligés de travailler, en sus ou à la place de l'école, en raison de la dégradation du niveau de vie de leur famille.

Le CNES constate que les dispositifs d'accès à l'emploi, d'accès au logement et d'aide aux sans revenus s'essouflent, sous l'effet "des deux facteurs que sont l'absence d'ptimisation des actions des pouvoirs publics et l'ampleur des besoins".

Dans ses recommandations, le CNES appelle "impérativement" à renouer avec la croissance, en menant une "stratégie de relance" s'appuyant sur "la restructuration des secteurs d'activité économiques et l'amélioration de la visibilité des réformes".

(AAI 19.5) Le ministre du commerce Mourad Medelci a annoncé qu'une conférence sur l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se tiendra en juin prochain (probablement dès le 7) à Alger. L'Algérie a demandé son adhésion à l'OMC il y a plusieurs années, mais la procédure est longue, d'autant que l'Algérie demande que lui soit accordée une période transitoire avant l'abolition des barrières tarifaires et non tarifaires au commerce extérieur (c'est-à-dire aux importations). L'Algérie n'est pour l'instant que membre observateur de l'OMC, et aucune échéance n'a été fixée pour qu'elle obtienne le statut de membre permanent. Officiellement, les négociations suivent un "cours normal" et progressent. Les négociations avec l'OMC se font parallèlement à celles avec l'Union européenne

(Le Monde 22.5 / El Watan, Quotidien d'Oran 23.5 / Algeria-Interface / corr.) L'Etat algérien a engrangé en 2000 une "cagnotte" (un excédent budgétaire positif) de plus de 500 milliards de dinars (50 mias FF, 12,5 mias FS) grâce à l'appréciation des recettes en hydrocarbures, et les réserves en devise de l'Algérie ont atteint fin avril 14,5 milliards de dollars, soit 2,2 mias de plus en trois mois, et 10,1 milliards de plus en quinze mois. Pour des raisons inexpliquées, cette "cagnotte" a longtemps gardée secrète, et il a fallu cinq mois après la première rédaction du projet de budget en novembre 2000 pour que se fasse l'annonce en avril 2001 d'un plan de relance, par ailleurs assez flou. Ce plan couvrant la période 2001-1004 prévoit l'injection de 10 mias de dollars de financement dans l'économie, sur trois ans : 7 mias de fonds publics algériens, 3 mias de financements exétrieurs. Mais l'affectation et l'utilisation de ces ressources nouvelles restent imprécises : il est question de l'allègement de la dette des communes et des agriculteurs, d'un programme d'urgence pour la Grand Sud, de la modernisation des infrastructures, mais on ne sait pas comment ces injections financières seront converties en activités productives. Les entreprises du secteur public ont déjà consommé 17 milliards de dollars pour un assainissement hypothétique, et elles restent déficitaires et endettées. Quant aux activités du secteur privé, elles se heurtent à des taux d'intérêt excessifs (8 %, pour une inflation de 0,3 %). Le poids des entreprises publiques n'explique cependant pas la "panne" économique et sociale actuelle, relevée par le Conseil économique et social. L'insécurité ne l'explique pas non plus, ou pas totalement, du moins l'insécurité due à la persistance de la violence. Par contre, l'insécurité législative et institutionnelle est de nature à dissuader les investisseurs potentiels : depuis 1992, rappelle "Le Monde", les gouvernements successifs ont produit des lois et des réglements successifs dans le but constant d'"ouvrir l'économie algérienne au marché". Les textes législatifs et réglementaires sont toujours en chantier, ou en changement. L'ancien Premier ministre Ahmed Benbitour s'interrogeait dans un entretien au "Matin" sur cette révision incessante du cadre législatif : "quel obstacle a-t-on rencontré avec les lois en vigueur pour qu'on décide de l'élaboration de nouvelles lois ? (...) L'absence d'un véritable droit des affaires renvoie aux lacunes d'un Etat de droit en général. Faut-il s'en étonner, alors que l'Algérie vit sous l'état d'urgence depuis février 1992 ?"

Le plan de relance économique annoncé par le président Bouteflika mobiliserait 500 mias de dinars (50 mias FF, 12,5 mias FS) pour des dépenses d'équipement et d'aide aux entreprises et 3 à 4 milliards de dollars de crédits extérieurs. Il aurait pour objectifs l'amélioration des conditions de vie, l'obtention d'un taux de croissance annuel moyen de 5 à 6 % sur 4 ans, la réduction du chômage, l'accroissement de la disponibilité de logements, la relance de la consommation. Il respecterait les équilibres budgétaires en mobilisant des crédits extérieurs et en améliorant le rendement de la fiscalité ordinaire, tout en gardant ouverte la possibilité d'interventions cibles du Trésor en cas de besoin. Les principales mesures du plan portent sur la réorganisation et la relance de l'équipement (relance des travaux de l'aérogare d'Alger, séparation de la poste et des télécommunications, mise en place d'un réseau performant de téléphonie mobile), la création de diverses institutions de formation (dans le domaine de la communication et des télécommunications notamment), la mise à dispositions de terrains à usage industriels et de biens immobiliés restés en déshérence après la dissolution des entreprises locales. Dans le domaine politique, il est envisagé, proposé ou décidé l'ouverture du capital des compagnies aérienne Air Algérie et maritime CNAN, l'allègement des dettes des communes et des agriculteurs, la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne, la révision de la Constitution "pour accompagner les réformes". A cela s'ajoutent des mesures de rationalisation fiscale, le transfert des allocations familiales aux caisses de sécurité sociale, la réduction des taxes douanières, l'aménagement de zones industrielles, ainsi qu'un plan spécifique pour le "Grand Sud", disposant d'un fonds spécial de développement de 12 mias de DA (1,2 mia FF, 300 mios FS). Ce plan de relance nécessite un projet de loi de finance complémentaire, qui devrait être soumis au Parlement en juin.

Au total et dans l'ensemble, ce plan ne reprend donc, pour l'essentiel, que des mesures ou des projets déjà annoncés, certains depuis plusieurs années, et des intentions déjà exprimées par le président ou le gouvernement.

(AAI 22.5 / Algeria-Interface) La Sonatrach et la multinationale helvéto-suédoise ABB (par sa filiale Lummus) ont signé le 22 mai à Alger un contrat portant sur l'extension de l'oléoduc Hassi Berkine-Haoud El Hamra, dans le Sahara, contrat d'une valeur de plus de 5 mias de dinars (500 mios FF, 120 mios FS) soit environ 70 millions d'euros, sur 22 mois. Il s'agiot de réaliser un centre de stockage et d'expédition d'huile et une station de pompage, équipements destinée à augmenter la capacité de transport de l'oléoduc en la portant à 500'000 barils/jour.

Par ailleurs, Sonatrach a annoncé un résultat net de 204,5 mias de DA (20 mias FF, 5 mias FS) pour l'exercice 2000, soit près du double qu'en 1999 (104 mias DA). Le chiffre d'affaire de Sonatrach (21 mias de dollars) a augmenté de 82 % en un an, alors que sa production ne s'accroissait en volume que de 7 %, tous produits confondus. Sonatrach a effeczié pour 195 mias de DA d'investissements en 2000 (19 mias FF, 4,5 mias FS, 2,5 mias $)

(AFP 29.5) Dans une dépêche du 29 mai, l'Agence France-Presse note que "les émeutes en Kabylie (sont) une aubaine pour les trafiquants de tous bords", voleurs de sable, transporteurs, vendeurs à la sauvette, racketteurs, "libérés" de toute pression policière par la mobilisation des forces de sécurité contre les manifestants. Des camions s'en vont directement sur les plages se charger de sable, des voyageurs bloqués par des barrages sont délestés de leurs bijoux, les tarifs des chauffeurs de taxi à longue distance ont décuplé. Les professionnels du tourisme de la région côtière, autour de Bejaïa, craignent que la saison touristique qui s'annonce soit sérieusement compromise par les troubles et l'insécurité qu'ils entraînent, alors que la région était d'autant plus prisée comme lieu de vanaces qu'elle est presque totalement "préservée" des attentats et des agressions de groupes armés.

(AAI 29.5) Une partie de la dette algérienne à l'égard de la Russie pourrait être convertie en investissements russes en Algérie, a annoncé le 28 février le vice-Premier ministre russe Ilya Klebanov. Des pourparlers sont en cours sur cet objet, a précisé le ministre, qui n'a cependant pas donné de chiffres. La dette algérienne à l'égard de la Russie est estimée à 4 milliards de dollars. Sa conversion pourrait se faire par des investissements dans les secteurs gazier et pétrolier, ainsi que dans l'irrigation, et par des entreprises mixtes russo-algériennes.

(AAI 2.6) Le président Bouteflika a procédé le 2 juin à plusieurs nominations au sein des institutions bancaires et financières algériennes : trois vice-gouverneurs de la Banque d'Algérie ont été nommés (Fatiha Mentouri, Ali Touati et Chouaib el Hassar), aux côtés d'un nouveau Gouverneur, Mohamed Laksassi, remplaçant Abdelwahab Keramane, nommé ministre du Trésor et de la réforme financière.

(AAI 9.6) L'Office national algérien des statistiques (ONS) estime la population active à 8,2 millions de personnes en février 2000, soit 27 % de la population totale. Le 60 % de la population active est concentrée en zone urbaine, et la moitié a moins de 30 ans. La population occupée est estimée à 5,8 millions de personnes, soit 70 % de la population active (ce qui, a contrario, indique un taux de chômage de 30 %). La population occupée est elle aussi située à presque 60 % en zone urbaine. Les deux tiers des actifs occupés sont des salariés, 29,2 % des employeurs. La moitié des actifs occupés le sont dans les services, un sixième dans l'agriculture. Le taux de féminisation de la population active n'est que de 13,9 %, celui de la population active occupée de 12,2 %, celui de la population active occupée salariée de 16,1 %. 10,5 % des employeurs et des indépendants sont des femmes. ..

(Liberté 9.6) La décision "politique" de l'Algérie de demander son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est "irrévocable", a assuré le Premier ministre Ali Benflis, lors d'une journée d'information tenue sur ce thème le 7 juin à Alger. Cette décision figure dans le programme du président Bouteflika et dans celui du gouvernement, et cette adhésion est "intrinsèquement liée au processus des réformes radicales" en cours en Algérie, a expliqué le Premier ministre, qui a demandé aux partenaires sociaux et aux "institutions actives" de s'associer au processus de négociation avec l'OMC. L'Ambassadeur de l'Union européenne Tran Van Think a salué le choix des autorités algériennes, et a assuré que "le dilemne des Algériens et des Algériens n'est pas entre le sous-développement et l'émigration" et que "le garant du futur de l'Algérie se trouve dans ce pays. Il passe par l'unité nationale et la solidarité entre les générations, et au plan extérieur par l'accession à l'OMC".

(AP13.6 / AFP 14.6) Hasard du calendrier, la Foire internationale d'Alger a ouvert ses portes le 13 juin à la veille de la plus grande manifestation populaire qu'ait connu l'Algérie depuis l'indépendance. Les délégations commerciales de 32 pays et les représentants d'un millier d'entreprises étrangères (dont 300 françaises) ont "investi" Alger depuis le début de la semaine. Ils auront été aux premières loges pour assister à la manifestation du lendemain, dont le départ a été précisément donné devant le Palais des expositions où se tient la foire. Le 14, après les graves affrontements liés à la grande manifestation des comités de village, la Foire a été fermée et tous les exposants reconduits vers les hôtels d'Alger.

(Quotidien d'Oran, Liberté 14.6) Le président Bouteflika a chargé le nouveau ministre de la Participation et de la Coordination des réformes (MPCR), Noureddine Boukrouh, de revoir les projets de lois de son prédécesseur Hamid Temmar, devenu ministre du Commerce, pour les présenter au gouvernement en automne prochain, annonce "Le Quotidien d'Oran". Le nouveau ministre aurait annoncé à ses cadres qu’il doit reprendre les projets de lois élaborés par son prédécesseur, Hamid Temmar, pour les «remodeler » selon les propositions susceptibles d’être formulées par les partenaires sociaux. Ce serait le président de la République lui-même qui aurait donné consigne d'ouvrir la concertation la plus large avec l’ensemble des partenaires sociaux en vue de débattre du contenu de ces projets, dont l'annonce par Hamid Temmar, le prédécesseur de Nourredine Boukrouh au ministre de "la participation et la coordination des réformes" avait suscité l'opposition (au moins rhétorique) de l'UGTA, et plusieurs arrêts de travail et des grèves exigeant leur retrait. Ces textes impliquaient de larges privatisations et l'ouverture à l'investissement privé, algérien et étranger, des entreprises publiques. Plusieurs institutions politico-économiques, dont le Conseil de privatisation et le Conseil national des participations de l'Etat (CNPE) devaient être remplacés par d’autres structures. Devant les oppositions, le président Bouteflika était intervenu pour "geler" les projets. Avant son départ pour le ministère du Commerce, Hamid Temmar avait encore annoncé la privatisation de six briqueteries et le dernier Conseil des ministres avait entériné quatre accords de partenariat . Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a en outre annoncé une opération de privatisation d’une banque, probablement le CPA, avant la fin de l’année.

(Liberté 14.6) "300 000 à 400 000 commerçants seront touchés par la suppression de la TVA (7%) appliquée sur les petits commerçants dont le chiffre d’affaires n’excède pas 150 millions de centimes", a indiqué le ministre des Finances Mourad Medelci, ministre des Finances, le 12 juin. Il s’agit cependant encore d'une proposition contenue dans le projet de Loi de finances complémentaire adopté en Conseil des ministres, le11 juin et qui sera présenté le 17 juin à l'Assemblée nationale. Le texte prévoit une réduction de 12% de la valeur administrée. Chaque année, il y aura une réduction de 12% de cette taxe qui s’ajoute aux droits de douane jusqu’à sa suppression dans cinq ans. Les impôts appliqués aux entreprises devraient également baisser. Le projet prévoit en outre la création de "travaux d'utilité publique" (sous la forme d'emplois précaires) pour les jeunes. Selon le ministre des Finances, la "relance" devrait créer 800 000 emplois (stables ou non) en 4 ans.

(www.algeria-interface.com 22.6) Selon l'Office national des statistiques (ONS), l'indice général de la production du secteur public industriel a enregistré une baisse de 1,8 % au premier trimestre 2001 par rapport au premier trimestre 2000. Hors hydrocarbures, cette baisse est de 2,2 %. Dans les industries manufacturières, elle est de 3,3 %. Mis à part les mines et carrières (+9,3 %) et le complexe métallurgie-mécanique-électrique-électronique (+7,9), la décroissance a été générale. Elle est cependant très modérée dans les hydrocarbures (-0,9%), l'énergie (-0,1) et les matériaux de construction (-0,9%), mais considérable dans le textile (-28,8%), qui avait déjà reculé de 13,9 % en 2000. La branche des biens intermédiaires a été encore plus affectée (-35,5% contre -8,6% pour les biens de consommation). La production des cuirs et chaussures a plongé de 21%. Fans l'agro-alimentaire et le tabac, le recul a été de 10,1 %. La production des secteurs de la chimie et du bois a également baissé (-2,1% et -2,3% respectivement). L'ONS explique la décroissance dans la majorité des secteurs par la "faiblesse des taux d'utilisation des capacités de production due en partie au ruptures de stocks de matières premières" (les capacités de production ne seraient ainsi utilisée qu'à 25 % dans le textile, 20 % dans le bois et le papier), et par la « vétusté de l'équipement et de la "faiblesse de la demande" qui engendre des stocks de produits dans la majorité des entreprises concurrencées » par les produits étrangers.

(AAI 27.6) Les 1026 principales entreprises industrielles du secteur privé ont réalisé en 2000 un chiffre d'affaire de 87,5 milliards de dinars (8,7 mias FF, 2,3 mias FS), soit 20 % de plus qu'en 1999, et une valeur ajoutée de 19,5 mias DA (1,9 mia FF, 450 mios FS), selon les chiffres du ministère de l'Industrie. Pour sa part, le secteur industriel public a réalisé un chiffre d'affaire de 422 mias DA (42 mias FF, 10 mias FS). Le montant des investissements du secteur industriel privé est passé de 16,1 mias de DA en 1999 à 16,3 mias en 2000, soit une faible hausse de 1 %. Les exportations du secteur industriel privé ont augmenté de 52 % entre 1999 et 2000 (de 1 mia à plus de 1,5 mia. les principales branches industrielles privés exportatrices ont été le textile-cuir (550 mios DA), le bois-papier (539 mios DA) et l'agro-alimentaire (435 mios DA). Le secteur industriel privé employait fin 2000 un peu plus de 45'000 salariés, 10 % de plus qu'à fin 1999.

(Le Matin 2.7) Les salariés de l'entreprise publique ETUSA (Entreprise de transport urbain d'Alger) se sont mis en grève illimitée le 30 juin por obtenir le paiement de leur salaire, non payé depuis bientôt un an. ETUSA emploie 2200 personnes. Les grévistes exigent notamment la clarification de la situation de l'entreprise, le paiement des salaires et l'application des augmentations du SNMG (salaire minimum) à tous les salariés. Les grévistes signalent en outre que la destination des cotisations de retraite prélevées sur les salaires des travailleurs demeure inconnue puisque les retraités eux-mêmes n'ont rien perçu. La grève a été déclenchée indépendamment du syndicat d'entreprise que les travailleurs ne reconnaissent plus car, selon eux, « il joue contre les intérêts des travailleurs » et que ses instances n'ont pas été renouvelées après expiration de leur mandat, les travailleurs qui ont tenté de provoquer des élections pour les renouveler ayant même été licenciés.


(El Khabar, Liberté 5.7) Le ministre des Finances Mourad Medelci a annoncé le 4 juillet que le gouvernement allait entamer dans les semaines à venir l'ouverture du capital des entreprises bancaires publiques aux investisseurs privés, algériens et étrangers. Mourad Medelci n'a pas donné le nom des banques dont le capital sera ouvert à l'investissement privé. Le ministre a en outre annoncé qu'en 2000, l'Algérie avait remboursé un milliard de dollars de sa dette globale, grâce à l'augmentation des prix du pétrole.

(El Khabar 9.7) Le ministre algérien du Commerce a annoncé à Moscou, le 8 juillet, que l'Algérie déposera officiellement son dossier d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le premier semestre 1992.

(www.algeria-interface.com, El Watan 8.7) Le ministre de l'Energie et des mines a annoncé à Vienne que le projet de réforme du secteur des hydrocarbures sera présenté dans le courant du mois de juillet au gouvernement. Un autre projet de réforme, celui du secteur agricole, sera également examiné par le gouvernement dans les semaines à venir. "El Watan" se demande si le gouvernement ne tente pas ainsi de "forcer le passage" de textes contestés, notamment par la centrale syndicale UGTA, qui pourrait être "contournée" pour faire passer les textes.

(Quotidien d'Oran 11.7) Le ministre de la Participation et des réformes, Noureddine Boukrouh, a mis en place le 10 juillet deux groupes de travail pour revoir les projets de loi élaborés par son prédécesseur Hamid Temmar, l'un sur les "capitaux marchands (de l'Etat) et privatisations", l'autre sur les investissements. La révision de ces deux projets de loi, contestés notamment par l'UGTA, mais aussi, plus durement, par les syndicats autonomes, le PT et le FFS, ressort d'une directive du président Bouteflika. Les groupes de travail sont composés de représentants des ministères de l'Intérieur, des la Participation, des Finances, du Commerce, de la Restructuration industrielle, des PME, ainsi que de l'UGTA.

(Liberté 11.7) Plus de 13'000 infractions à la législation du travail ont été recensées en 1999 et 2000 par l'inspection du travail, infractions liées à la généralisation du "travail au noir" : employés non déclarés, salaires en dessous du salaire minimum garanti (8000 DA, 800 FF, 200 FS). Selon l'inspection régionale du travail de Sidi Fredj, l'utilisation du travail au noir est particulièrement courante par les membres des professions libérales (avocats, huissiers, médecins, pharmaciens etc...).

(La Tribune 15.7) Un accord-cadre sur le commerce et l'investissement a été signé le 13 juillet à Washington entre les USA et l'Algérie, à l'occasion de la visite du président Bouteflika aux Etats-Unis.

(AAI 15.7) L'indice général des prix à la consommation en Algérie n'a pas bougé en un mois (de mai à juin), selon l'Office national des statistiques.

(www.algeria-interface.com 13.7) La nouvelle mouture de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, élaborée par le ministère de l'Energie, inquiète autant les syndicats que la précédente, que le gouvernement avait été obligé de retirer sur pression de l'UGTA. Selon des sources proches de la fédération du secteur des hydrocarbures de l'UGTA, le seconde version se distinguerait de la première par un "exposé des motifs" que les syndicalistes trouvent certes "acceptable", mais qui leur apparaît surtout comme un argumentaire que comme une "analyse profonde du secteur". Le nouveau texte du ministre Chakib Khelil ne tiendrait toujours pas compte des critiques syndicales, ne s'engagerait toujours pas assez pour le développement du secteur public. Le projet reprend du projet précédent l'idée de créer deux agences indépendantes, l'une de régulation, veillant au "respect de la réglementation technique, des règles d'hygiène, de sécurité industrielle et de libre accès aux infrastructures", l'autre de "valorisation des ressources", de promotion des investissements, de délivrance des autorisations de prospection, de recherche et d'exploitation, de signature des contrats, de gestion des redevances. Dans cette optique, la Sonatrach serait traitée comme un opérateur parmi d'autres.La fédération UGTA des travailleurs du pétrole et du gaz conteste le principe même de la création de ces deux agences, derrière laquelle elle voit poindre la privatisation du secteur des hydrocarbures et de la Sonatrach, malgré toutes les dénégations du ministre.

(AP 15.7) Le Premier ministre Ali Benflis a mis en place un dispositif de "suivi" destiné à préparer la reprise des négociations, avant la fin de l'année, de l'Algérie avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Un comité gouvernemental regroupant plusieurs ministère et placé sous l'autorité du Premier ministre sera chargé d'arrêter la stratégie de négociation, et de superviser les négociations elles-m'emes. Une unité de coordination sous l'autorité du ministre du Commerce proposera le calendrier et les mesures de conformation de la législation algériennes aux exigences de l'OMC. L'Algérie, qui a formulé sa demande d'ahésion à l'OMC en 1987, désire amorcer avant fin 2001 les négociations avec l'OMC sur les tarifs douaniers.

(AAI 18.7) La balance commerciale de l'Algérie a enregistré au premier semestre 2001 un excédent de 5,75 milliards de dollars (soit deux milliards de moins que l'année précédente à la même période), selon les douanes. Les exportations ont diminué de 9,4 % et les importations ont augmenté de 16,04 %, tout en étant toujours couvertes à 213 % par les exportations (dont 97,27 % sont constituées, en valeur, par les hydrocarbures, pour 10,51 mias de dollars, soit 9,31 % de moins qu'au premier semestre 2000).

(AAI 18.7) La réforme des structures de prise de décision de la Sonatrach est rendue nécessaire par la lourdeur de ces structures, a affirmé le ministre de l'Energie Chakib Khelil dans la revue "Ressources magazine". Les réformes que le ministre propose doivent, selon lui, toucher le système et les procédures internes de management et d'information, et amaner à une meilleure maîtrise des coûts. Mais le ministre reconnait que ces réformes ne sont possibles qu'avec le concours des travailleurs.

(AFP 18.7) La société américaine Microsoft a fait don à l'Algérie, le 18 juillet, de 50 millions de dollars et de 80 ordinateurs destinés à la formation professionnelle, et a signé avec le ministère algérien de la Formation professionnelle un accord de partenariat pour l'informatisation du ministère et l'amélioration des programmes de formation. L'accord devrait permettre d'assurer une formation qualifiée gratuite de 200 formateurs.

(AAI 22.7) Les trois avant-projets de lois élaborés par le ministère des privatisations lorsque celui-ci était dirigé par Hamid Temmar (actuel ministre du Commerce) et portant sur l'investissement, les capitaux marchands de l'Etat et les privatisations, ont été réduits à deux projets par le nouveau ministre, Noureddine Boukrouh (ancien ministre des PME), qui a annoncé le 22 juillet que les projets sur la privatisation et les capitaux marchands n'en feront plus qu'un.

(AAI 21.7) La politique sociale et économique de l'Etat est directement responsable de la crise de la sécurité sociale, affirme un rapport du Conseil national économique et social (CNES) sur l'évolution des systèmes de protection sociale, rapport destiné au gouvernement. Le rapport note que la sécurité sociale n'a jamais pu assurer elle-même la gestion de son propre patrimoine et de ses ressources. Le CNES propose le retour des caisses de sécurité sociale à leur vocation centrale et le désengagement des acteurs politiques du fonctionnement de la sécurité sociale, et souligne qu'en l'absence de relance économique réelle, le financement de la sécurité sociale ne pourra être assuré que si les activités économiques "informelles" sont réintégrées dans l'économie "légale". Actuellement, le système de sécurité sociale algérienne est confronté à une crise des recettes du fait du nombre réduit des cotisants, parallèlement à une crise des dépenses. En 1999, on comptait 2,7 millions d'actifs cotisants (indépendants non compris), soit 300'000 de moins qu'en 1990, alors que pour la période le nombre total des bénéficiaires d'une pension de retraite augmentait de 124 %. Le rapport démographique était de 5,7 actifs pour un pensionné en 1990, et de 2,4 actifs pour un pensionné en 1998, ce qui ne permet plus de couvrir les dépenses par les cotisations. Le CNES relève "le paradoxe" d'une restriction des budgets et des transferts sociaux s'accompagnant d'un élargissement du "filet social" et du droit théorique à l'assistance -autrement dit, d'une réduction des moyens accompagnée d'une augmentation des droits.

En 2000, le montant des dépenses de la sécurité sociale s'est élevé à près de 186 milliards de dinars (18,5 mias FF, 4,5 mias FS), soit 4,52 % du PIB algérien. 87,9 % de la population algérienne, soit environ 26 millions de personnes, serait couverte par la sécurité sociale, qui accorde la couverture du risque maladie à plus de 5,7 millions de personnes (dont 2,4 millions d'inactifs) non cotisantes.

(AP 25.7) Les onze ministres de l'OPEP ont décidé le 25 juillet une réduction de la production de pétrole de 4 %, soit d'un million de barils/jour, pour maintenir le cours du brut autour des 25 dollars malgré l'érosion de la demande". Le prix moyen du baril de brut était de 23,46 dollars le 24 juillet, et la produiction journalière des pays de l'OPEP de 24,2 millions de barils/jour.

(AAI 28.7) Le taux de chômage a atteint 29,77 % de la population active au premier semestre 2000, selon les estimations de l'Office national des statistiques (ONS). 83 % des jeunes de moins de 30 ans sont demandeurs d'emploi. La population active en février 2000 était de 8,2 millions de personnes. Celle des chômeurs se situait donc officiellement autour des 2,5 millions.

(AAI 31.7) Le Conseil du syndicat de l'entreprise publique Sonelgaz a rejetté le 31 juillet l'avant-projet de loi sur l'électricité préparé par le gouvernement. Le secrétaire du syndicat, Achour Telli, a réaffirmé l'opposition des travailleurs à un projet dont ils craignent qu'il ne prépare la privatisation de l'entreprise, privatisation amenant une dégradation du service au public. Les syndicats contestent également la définition des compétences de l'organe de régulation proposé par le gouvernement, et dont ils souhaitent qu'il soit indépendant du ministère.

(Liberté, El Watan 13.8) Sonatrach et BP, associés, ont signé le 12 août avec des sociétés américaines et japonaises, ainsi que l'algérienne Enafor, trois contrats d'une valeur globale de 2,5 milliards de dollars, portant sur le développement de sept gisements des champs de gaz d'In Salah. Le vice-président de BP, M. Meggs, a qualifié l'ensemble du projet d'In Salah d'"énorme", faisant partie des "deux ou trois plus grands projets du groupe dans le monde". L'extraction de gaz d'In Salah devrait débuter en aout 2004. Sonatrach et BP se sont associés en décembre 1995. BP finance 65 % de l'investissement global sur les champs d'In Salah, et Sonatrach 35 %.

(AP 11.8) La France, l'Italie, et les USA (dans l'ordre) sont les trois principaux partenaires commerciaux de l'Algérie, selon les résultats du commerce extérieur algérien pour le premier semestre 2001. L'Italie est le premier client de l'Algérie (2,2 mias dollars), suivie des USA (1,5 mia), de la France (1,4 mia), de l'Espagne (1,05 mia) et de la Turquie (0,845 mia). La France est le premier fournisseur de l'Algérie (1,3 mia de dollars de ventes), suivie de l'Italie (0, 510 mia), des USA (0,502 mia) et de l'Allemagne (0,419 mias). La France reste le premier partenaire commercial de l'Algérie en raison de son rang de premier fournisseur; au total des échanges, l'Italie est pratiquement au même niveau que la France (2,74 mias et 2,75 mia), à 10 mios de dollars près, grâce au fait qu'elle est le premier client de l'Algérie. Cette structure des échange manifeste la prédominance des hydrocarbures dans les exportations de l'Algérie, qui vend en dollars et achète en euros, ce qui, compte tenu d'une parité favorable au dollar par rapport à l'euro, contribue à équilibrer la balances monétaire des échanges -et à faire hésiter l'Algérie à "ancrer" le dinar à l'euro.

(Liberté 23.8 / Le Monde 24.8 / Le Soir 27.8 / Liberté 28.8) L'Algérie a pris de nouvelles dispositions en matière de privatisations et d'investissements étrangers, a annoncé le 22 août le ministre de la "Participation et des réformes", Nourredine Boukrouh. Un nouveau code des investissements, remplaçant celui de 1993, supprimera la distinction entre capitaux nationaux et étrangers, et entre capitaux publics et privés. Il prévoit la création d'un Conseil national de l'investissement, d'un fonds d'appui à l'investissement, d'une Agence national du développement de l'investissement (ANDI), décentralisée.

Dans son "point de presse", le ministre a qualifié la situation des entreprises publiques d'"inadmissible" : selon lui, depuis les années '70, l'Etat aurait investé plus de 300 milliards de dinars (30 mias FF, 7 mias FS) pour assainir le secteur public, sans y arriver. L'endettement des entreprises existantes fin 2000 est estimé à 600 mias de dinars (env. 60 mias FF, 15 mias FS), une soixantaine d'entreprises sont en cessation de paiement et 200'000 emplois sont menacés. La loi actuelle est, selon Noureddine Boukrouh, inefficace : aucune entreprise publique économique n'a été privatisée et 400 mios de dinars (40 mios FF, 10 mios FF) ont été dépensés dans des programmes de privatisation qui n'ont abouti à rien. Pour le ministre, une véritable privatisation implique que l'acquéreur privé prend la majorité du capital de l'entreprise.

Les ordonnances relatives à la privatisation des entreprises publiques et au développement des investissements ont été publiées au Journal Officiel le 22 août. Les textes sur les capitaux marchands de l'Etat et les privatisations ont été fusionnés en un seul texte. Les holdings devraient être dissous d'ici la fin octobre. Les prérogatives des holdings seront reprises par le Conseil des participations de l'Etat, leurs biens seront transférés aux entreprises publiques économiques. 239 entreprises publiques seront organisées selon une logique de filière, les entreprises publiques régionales regroupées en ensembles régionnaux et proposées à la privatisation au profit des salariés. Les autres entreprises publiques font l'objet, en cas de privatisation, d'une cession de 10 % du apital (au maximum) aux salariés, sans droit de vote ni de représentation au Conseil d'administration. Les salariés disposent pour le surplus d'un droit de préemption, et d'un abattement de 15 % (maximum) sur le prix de cession, mais doivent s'organiser, pour en bénéficier, en société privée.

L'UGTA a exprimé dans un rapport au premier ministre ses réserves sur les deux projets d'ordonnance portant sur l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques et le développement de l'investissement. L'UGTA considère que les prérogatives du Conseil des participations de l'Etat ne sont pas définies clairement et explicitement alors que, selon elle, le CPE devrait "tracer la stratégie globale des capitaux marchands de l'Etat et de la privatisation et définir la prochaine organisation du secteur public". L'UGTA considère également que certaines entreprises "stratégiques qui assurent un service public et garantissent la souveraineté nationale" ne doivent pas être privatisées.

(AAI 2.9) L'Algérie, comme tous les pays de l'OPEP, a procédé depuis le 1er septembre à la réduction de sa production de pétrole, a confirmé le 2 septembre le ministre de l'Energie Chakib Khelil. La production algérienne a été réduite de 32'000 barils/jours. L'OPEP a décidé en juillet de réduire sa production globale d'un million de barils/jour pour stabiliser le prix du brut autour de 25 dollars, avant que la demande des pays consommateurs ne s'accroisse à l'approche de l'hiver. Le ministre a également annoncé que les projets de loi sur l'électricité et les hydrocarbures seront soumis au gouvernement dans le courant septembre. Ces projets sont déjà inscrit à l'ordre du jour du parlement.

(Le Quotidien d'Oran 9.9) Le plan de développement quadriennal (2001-2005) de Sonatrach nécessitera un investissement de 21 milliards de dinars (environ 2 mias FF, 500 mios FS), a annoncé un responsable de la compagnie à l'agence privée AAI. Ce plan de développement devrait porter la production de pétrole de 900'000 à 1,5 million de barils par jour. Le financement du plan se ferait à 60 % par des investissements étrangers, par le moyen, essentiellement, du "partage de production" (financement lié aux projets de développement en association, comme le contrat Sonatrach-BP sur les champs de gaz d'In Salah), avec une part variable pour Sonatrach suivant le type de contrat. La nouvelle loi sur les hydrocarbures devrait, si elle est adoptée, permettre à Sonatrach de chercher librement le financement de ses projets.

(AAI 12.9 / Liberté 13.9) Le Conseil des participations de l'Etat, réuni le 12 septembre sous la présidence du Premier ministre Ali benflis, a décidé d'annoncer le lendemain la dissolution des holdings et leur remplacement par des "sociétés de gestion de participations". Le secteur public économique sera organisé en 47 entreprises publiques économiques (EPE), dont 28 sous la forme de société de gestion de participations gérant, avec un statut de sociétés par action, des entreprises publiques appartenant à la même filière d'activité. Le capital dertaines entreprises publiques particulières va être ouvert à l'investissement étranger : Saïdal, la SNTA (transport maritime), Cosider, Air Algérie. Ces entreprises dépendront directement du ministère de tutelle.

(Liberté 16.9) Les recettes d'hydrocarbures ont atteint 10,6 milliards de dollars pour le premier semestre 2001, ont annoncé les responsables de Sonatrach. Le niveau des recettes est légèrement en baisse par rapport au premier semestre 2000, mais il devrait donc atteindre, voire dépasser, les 20 milliards de dollars avec un prix du baril autour de 25 dollars (le budget algérien ayant été établi sur la base d'un prix moyen de 22 dollars). La production a augmenté de 1 % en un an.

(Le Quotidien d'Oran 19.9) Les ordonnances présidentielles sur l'investissement et les privatisations ont été approuvées par l'Assemblée nationale, le FFS et le RCD ayant boycotté le vote. Le Groupe parlementaire du FFS s'est insurgé contre la procédure adoptée pour faire passer par ordonnance des lois "qui engagent l'avenir du pays", en empêchant tout débat. Pour le FFS, les ordonnances "vont consacrer une fois de plus le bradage de l'économie du pays". Le RCD et le Parti des Travailleurs ont également protesté contre la méthode des ordonnances.

(AAI 20.9) La valeur des exportations de l'Algérie dans les huit premiers mois de 2001 a atteint 14,27 mias de dollars, dont 13,88 pour les hydrocarbures, et celle des importations à 6,8 mias, soit une balance commerciale excédentaire de 7,5 mias environ. Pour la première fois, l'Italie a devancé la France en matière d'échanges commerciaux avec l'Algérie, avec un courant d'échange de 3,6 mias de dollars, contre 3,54 pour la France, 2,65 pour les USA, 1,82 pour l'Espagne, 1,26 pour la Turquie et environ un milliard poiur les Pays-Bas et le Brésil. Les balances commerciales de l'Italie et de la France avec l'Algérie restent cependant très différentes, l'Italie étant le premier client de l'Algérie (328 millions de dollars en août) et la France son premier fournisseur (185 mios).

(AAI 26.9) Le Premier ministre Ali Benflis a signé le 25 septembre le décret d'attribution, d'organisation et de fonctionnement de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), remplaçant l'ancienne Agence de promotion et de suivi des investissements. Selon le gouvernement, l'ANDI doit répondre à l'exigeance d'assouplissement des conditions d'investissement en Algérie et "mieux servir la dynamique de la libre économie", en accompagnant les investisseurs et les auteurs de projets dans leurs démarches. Les attributions de l'ANDI portent notamment sur l'octroi d'avantages fiscaux, parafiscaux et douaniers pendant la période de réalisation des projets et sur la création d'un "guichet unique" coordonnant les démarches des investisseurs avec les administrations.

(El Khabar 30.9) Selon le dernier rapport annuel du FMI, la taux de croissance devrait se situer en Algérie pour 2001 entre 3,8 % et 4,9 %, soit un peu plus qu'initialement estimé, cela grâce à l'accroissement des recettes d'exportation liées aux hydrocarbures. Le FMI estime cependant qu'une croissance de 6 % hors hydrocarbures serait nécessaire pour résorber, au moins partiellement, le chômage qui frappe un tiers de la population active du pays.

(AAI 10.10) Les ministres maghrébins du Commerce et leurs représentants ont décidé le 9 octobre à Alger de créer une zone de libre échange maghrébine avant la fin de l'année. Une décision de principe quant à cette création avait déjà été prise en 1994, mais n'avait jamais été suivie d'effets.

(El Khabar 11.10) Un porte-parole de l'UGTA a déclaré que la centrale syndicale n'acceptera "jamais" la privatisation des entreprises d'Etat, surtout si elles sont dans une bonne situation financière.

(Quotidien d'Oran 14.10 / Le Matin 15.10) Une réunion "bipartite" gouvernement-UGTA s'est tenue, pour traiter onze points de divergences. Quatre points auraient été trnachés, dont celui de l'arriéré des salaires de près de 40'000 travailleurs, non payàs pour certains depuis 1996. L'UGTA a demandé au gouvernement de recourir aux excédents financiers des holdings pour couvrir ces salaires. Le gouvernement a accepté cette proposition et décidé de faire régler ces salaires en puisant dans les excédents des holdings (ou ex-holdings), jusqu'au transfert des entreprises concernées aux sociétés de "gestion des participations" en voie de constitution, et que toute entreprise qui sera dans l'incapacité d'assurer le paiement des salaires de ses employés pourra être dissoute. Les salaires impayés représentent environ 3 milliards de dinars (300 mios FF, 70 mios FS) et seraient largement couverts par les excédents cumulés des holdings publics (qui atteindraient les 100 mias de dinars selon certaines sources, soit 10 mias FF, 2,5 mias FS). Le syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), non associé (à l'instar des autres syndicats autonomes) à la discussion, a dénoncé en celle ci une nouvelle "tentative de museler la liberté syndicale", dans la mesure où seule l'UGTA y était conviée, et d'"étouffer la bombe sociale", dans la mesure où les décisions annoncées "ne sont que des promesses", y compris le paiement des arriérés de salaires. Parmi les points non traités par la "bipartite" UGTA-gouvernement, le SATEF cite "la mainmise de l'UGTA sur les caisses sociales et les mutuelles", la réintégration des travailleurs licenciés mais disposant de décisions de justice impliquant leur réintégration (décisions inappliquées, mais qui remontent pour certaines à 1995), le respect du pluralisme syndical selon les conventions de l'OIT, et la "dépermanisation" des relations de travail, c'est-à-dire la fin de la garantie de l'emploi.

(El Watan 18.10) Les réserves de change algériennes ont dépassé les 17,7 milliards de dollars fin août 2001, soit 6 milliards de plus qu'à fin décembre 2000, a annoncé le ministre des Finances Mourad Medelci. La dette extérieure est passée dans le même temps de 25,2 milliards à 22,5 milliards de dollars, soit 2,7 mias de moins. Le ministre a toutefois nuancé l'aspect apparemment positif de ces chiffres en annonçant un taux de croissance pour 2001 inférieur aux 3,5 % projetés, du fait d'un recul des exportations en hydrocarbures.

(Reuters, Quotidien d'Oran 3.11) L'économie algérienne ne pourra être "remise sur pied" que si elle connaît "une croissance élevée et durable", a déclaré le président Bouteflika le 3 novembre à Houston, au Baker Instisture, devant des dirigeants politiques et des représentants des milieux d'affaires. Abdelaziz Bouteflika a estimé à 7 % par an en moyenne sur dix ans le taux de croissance nécessaire (le budget prévoit un taux de 3 % en 2001 et de 5,7 % pour 2002), et à huit à dix milliards par an le niveau des investissements. Le président algérien a assuré que les indicateurs macro-économiques algériens étaient positifs, à l'exception du taux de chômage (30 %, essentiellement des jeunes). L'inflation s'est stabilisée autour de 2 % (selon les statistiques officielles), contre 25 % dans les années 90, la dette extérieure est de 22,5 milliards de dollars en octobre 2001, soit 2,5 milliards de moins qu'à fin 2000, et représente 21 % de la valeur des exportations algériennes, contre plus de 45 % en 1988.

Publié le 26 octobre 2001, le rapport de l’International Crisis Group (ICG) intitulé: «L’économie algérienne, le cercle vicieux du pétrole et de la violence», constate que «la crise en Algérie, qui dure depuis une décennie, n’est pas seulement une conséquence de l’interruption des élections de décembre 1991 par un coup d’Etat pour empêcher le FIS d’accéder au pouvoir, mais celle également d’une crise économique». «Les mêmes parties se livrent bataille pour piller les ressources du pays», constate le rapport, qui affirme également que «les chefs de l’armée entretiennent l’atmosphère de la peur et de la violence pour amasser des capitaux», acquis «particulièrement par le biais des commissions sur le commerce extérieur» pour «maintenir leur puissance», pendant que «les islamistes utilisent l’état d’urgence pour fonder leurs activités sur l’extorsion et le marché noir». «Entre les deux, les secteurs privé et public exploitent les lacunes de cette situation caractérisée par la corruption et le mercantilisme, pour réaliser des gains personnels», en empêchant «toute concurrence véritable dans les principaux secteurs comme le bâtiment et l’industrie pharmaceutique». Cela étant, selon l'ICG, l’économie algérienne est en bonne santé au plan macro-économique, puisque «le secteur des hydrocarbures continue d’attirer le capital des compagnies pétrolières internationales, compensant la pénurie d’investissements directs locaux et étrangers dans d’autres secteurs». Par contre, sur le plan micro-économique, l’ICG qualifie la situation de «sinistre», mais estime que cette situation profite au pouvoir : «Les autorités algériennes ne sont pas prêtes de céder en faveur de l’ouverture des champs politique et économique» car «la poursuite de la violence leur est financièrement bénéfique, et leur survie est d’éviter tout règlement qui exposerait leur arbitraire puissance politique et économique». L’ICG enregistre de grandes restrictions en matière de commerce extérieur où «l’accès à des nouveaux venus au marché (...) est sévèrement restreint», constatant également «la concentration de la puissance économique et politique entre les mains de l’élite militaire» et l'absence de pressions internationales pour contrecarrer cette mainmise : à cause de l’importante demande européenne en gaz algérien, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, qui importent d’Algérie respectivement 75%, 100% et 54% de leurs besoins en gaz naturel, ainsi que la France «pour des raisons historiques complexes», sont peu disposés «à perturber les relations établies avec les autorités algériennes» en exigeant l’ouverture des champs politique et économique. Mais l'ICG estime également qu'après les attentats du 11 septembre, «la communauté internationale ne peut plus ignorer les demandes de la population algérienne pour une pleine participation à l’économie et à l’édification d’une démocratie», considérant que c’est «la pénurie des solutions politiques et économiques qui a pu donner du poids aux islamistes...». Le rapport se conclut par une série de recommandations au pouvoir : dans le domaine économique et sociale, il devrait «créer les organes efficaces pour la consultation entre le gouvernement, les travailleurs et le secteur privé», «poursuivre la privatisation des entreprises publiques tout en établissant des programmes pour l’emploi», «poursuivre la réforme fiscale»,«continuer la réforme du système bancaire»; aux institutions financières internationales (BM et FMI), l'ICG recommande de «reconnaître que les autorités algériennes sont peu disposées à mettre en application les priorités citées précédemment» et de conditionner leur coopération pour «progresser vers une véritable réforme économique» à travers «des cadres institutionnels autonomes capables de libérer le potentiel économique considérable du pays»; enfin à l’Union Européenne, l'ICG demande de «signer un accord d’association avec l’Algérie que lie clairement la coopération économique aux réformes politiques».

(AAI 4.11) Le ministre du Travail Mohamed Larbi Abdelmoumene a confirmé la création d'un Observatoire national de l'emploi, dont le principe avait déjà été retenu mais dont les modalités de création restent assez floues. Avec un taux de chômage officiel de 30 %, et 70 % de chômeurs jeunes, l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) est débordée, manque de moyens matériels et de capacité d'action. En outre, plusieurs instances ont été créées sur le thème du chômage, chacune dans un domaine ou sur un terrain particulier, mais sans grande coordination entre elles : ou l'ANEM, on peut citer l'Agence de l'emploi des jeunes (ANSEJ), qui dépend désormais du ministère de la Solidarité et de l'action sociale, et une structure équivalente au sein du ministère de la Formation professionnelle.

(www.algeria-interface.com 16.11) Un programme européen d'appui aux privatisation et à la "restructuration" industrielle, s'étalant sur quatre ans et touchant une trentaine d'entreprises à "restructurer" et "au moins 80 entreprises publiques économiques" à privatiser, a été lancé en Algérie. Le programme se fixe pour objectif de "soutenir et accompagner la privatisation réussie" des entreprises en mettant à la disposition du ministère de la participation et de la coordination des révormes "les moyens d'assistance technique et l'expertise internationale et locale requise". Le programme est financé à hauteur de 38 millions d'euros (environ 60 millions FS, 250 mios FF, 2,5 mias DA) par la Commission européenne, qui a aléloué à l'Algérie 164 millions d'euros (environ 250 mios FS, 1 mia FF, 10 mias DA) sur les 3 millirds et demi du plan "Meda I". Une première tranche de 2,4 mios d'euros sera débloquée rapidement pour financer 11 projets de soutien à quatre privatisations en cours (dont trois cimenteries), de préparation à la privatisation de dix entreprises publiques (il s'agit d'entreprises de la chimie, de l'hôtellerie, de cimenteries, de briquetteries et de banques), et d'assistance aux institutions, afin de les aider à mettre en place le "guichet unique" pour l'investissement et à mener à bien les opérations de privatisation à venir.

(Quotidien d'Oran 27.11) L'Algérie est classée au 45ème rang (sur 50) des pays participant au commerce mondial des marchandises, selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale du commerce, portant sur l'année 2000. L'Algérie totalise 0,3 % des exportation de ces 50 pays, avec 19,6 mias de dollars d'exports (essentiellement des hydrocarbures) sur un volume total de plus de 6000 milliards, et 0,2 % de leurs importations, avec 9,2 des 4800 milliards de dollars. Avec l'Union européenne, l'Algérie est le 24ème partenaire commerciale, avec 10,7 mias de dollars d'exports.

(www.algeria-interface.com) Le Conseil des participations publiques (directoire des entreprises publiques algériennes) a donné son feu vert pour la privatisation partielle, par l'ouverture de son capital, de la Compagnie algérienne de navigation (CNAN).

(Quotidien d'Oran 5.12) Le Bureau national du syndicat national des travailleurs des impôts appelle à une grève nationale du secteur du 22 au 31 décembre. Le syndicat reproche à l'administration le non respect d'engagements pris en mai 2001 et portant notamment sur "la protection des personnels du secteur (à l'égard) des intimidations et des harcèlements auxquels ils sont soumis", la revendication d'un statut particulier pour les employés des impôts, une augmentation des salaires en fonction de l'évolution du pouvoir d'achat, une augmentation de la prime de risque, la "fin (des) pratiques douteuses présidant à la nomination et (au) transfert des cadres de l'administration des impôts" et la régularisation des auxiliaires et des contractuels. Le syndicat demande en outre "le départ des cadres de l'administration centrale responsables du pourrissement actuel de la situation".

(Liberté 6.12) La Sonatrach a été classée par le mensuel "Economia" au 165ème rang des entreprises mondiales, et en tête des entreprises africaines. Globalement, l'Algérie se classerait au quatrième rang des économies africaines, avec 39 entreprises classées dans les 500 principales entreprises africaines, derrière l'Afrique du Sud (198 entreprises), le Maroc (55 entreprises) et l'Egypte (44 entreprises), devant la Tunisie (28), le Nigeria (26) et la Côte d'Ivoire (23). Ensemble, ces sept pays totalisent 414 des 500 principales entreprises du continent. En 2000, Sonatrach a réalisé un chiffre d'affaire de 24 milliards de dollars.

(AP 12.12) Les recettes en hydrocarbures de l'Algérie ont atteint 18 milliards de dollars fin novembre 2001, dont 1,4 milliard pour novembre, et devraient atteindre les 20 milliards à la fin de l'année (contre 21,2 milliards en 2000, record absolu), selon des sources douanières. L'Algérie réalise 97 % de ses exportations (en valeur) grâce aux hydrocarbures, principalement du gaz naturel. Plus de la moitié des recettes fiscales du pays proviennent de l'exploitation pétrolière.

(Quotidien d'Oran 12.12) Le président de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) a annoncé la fermeture de l'unité Bouferanna de Bab El Oued de l'entreprise, unité fortement éprouvée par les intempéries du 10 novembre, et une compression de poste frappant plus d'un millier de travailleurs (retraites anticipiées, licenciement de contractuels, mutations vers d'autres unités, mais également licenciements). Le syndicat UGTA de l'entreprise organisera une manifestation devant la direction le 23 décembre pour protester contre ces mesures, et n'exclut pas le recours à la grève dans toutes les unités de l'entreprise.

(Quotidien d'Oran 23.12) Le présidnt Bouteflika s signé le 22 décembre la loi de finances (budget) 2002. Ce budget prévoit des recettes de 1457,750 milliards de DA (environ 140 mias FF/35 mias FS/20 mias E) et des dépenses de 1559,850 mias (environ 150 mias FF, 37 mias FS/21 mias E). Les dépenses de fonctionnement augmentent de 10,69 % (pour un total de 1050,17 mias DA). Près des deux tiers des recettes proviennent de la fiscalité pétrolière (916,4 mias), sur la base d'un prix du baril de 22 dollars. Le budget prévoit un produit intérieur brut de 4'266 milliards de DA (400 mias FF, 100 mias FS, 65 mias E), des exportations pour une valeur de 17,69 mias de dollars et des importations pour une valeur de 11 mias de dollars.

(El Watan 27.12) L'année 2001 enregistre une nette augmentation du nombre des travailleurs "non déclarés" (clandestins ou "au noir", selon une enquête de l'Inspection générale du travail et de la Caisse nationale des assurances sociales. L'enquête, portant sur 7679 employeurs et un effectif de 42'310 employés, fait état de 17'538 employés non déclarés, doit 41,45 % de l'effectif global. L'enquête note également l'importance du non-respect de la durée légale du travail, le non-respect des congés, le non-versement des heures supplémentaires. Le rapport constate "l'expansion du travail hors normes sous ses différentes formes : travail au noir, marchandage de main d'oeuvre, recours abusif à la pratique du contrat à durée déterminée", et signale que "les conditions de travail sont d'une extrême précarité". La majorité des secteurs usant de l'emploi "non déclaré" seraient des petits commerces, des ateliers de confection, des établissements de restauration, des entreprises du secteur du bâtiment dans les zones urbaines et des exploitations agricoles dans les zones rurales. A la mi-2000, sur 1311 entreprises ayant fait l'objet d'une enquête similaire, près de la moitié des travailleurs (2721 sur 5718) n'étaient pas déclarés à la Sécurité sociale.

(Quotidien d'Oran 30.12) Une nouvelle fois, les associations patronales algériennes semblent vouloir tenter de s'unir dans une confédération commune, instance de négociation unique avec l'Etat et les syndicats. Une rencontre s'est tenue à ce sujet le 27 décembre au siège de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, et une nouvelle réunion est prévue début janvier entre des représentants de plusieurs organisations patronales (CAP, CGOEA, CIPA, CNPA).

(Reuters 31.12) Le gouvernement algérien a adopté le 30 décembre une série de mesures favorables aux investisseurs étrangers, dans le but affirmé de diversifier une économie très dépendante (96 % des exportations en relèvent) du pétrole : exemptions d'impôts et garanties accrues pour les investisseurs prenant des participations dans des co-entreprises ou dans des sociétés, incitations fiscales et douanières (réduction des droits de douane et de la TVA, exemption de l'impôt sur les bénéfices) garanties de rapatriement du capital investi et des bénéfices. Il est créé un "Conseil national de l'investissement" chargé de donner son avis sur les investissements étrangers", et une "Agence nationale pour le développement de l'investissement", chargée d'assister les nouveaux investisseurs, et qui devrait à cet effet ouvrir des bureaux à l'étranger.


Chronique sociale

(AFP 1.12.1997) 326 cas de sida et 600 séropositifs ont été recensés en Algérie de 1985 à fin septembre 1997, selon des estimations de l'Institut national algérien de santé publique (INSP), qui reconnait que ces estimations sous-estiment le nombre de victimes du sida en Algérie, car elles "reposent uniquement sur les cas de séropositivité dépistées à partir de don du sang et de quelques études ponctuelles". Le sida toucherait en Algérie trois fois plus d'hommes que de femmes. Les cas recensés de sida ont triplé entre 1991 (98 cas recensés) et 1997 (326 cas). 29,1 % des personnes contaminées recensées l'ont été par voie hétérosexuelle, 24,5 % par intraveineuse (toxicomanie). La majorité des personnes recensées comme ayant contracté le sida l'ont fait par voie sexuelle (52,38 % des cas). Les départements les plus touchés sont ceux d'Alger, de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Tamanrasset, d'Oran et de Constantine.

(AP 16.7,1997) La ville d'Alger est confrontée à une crise du logement sans précédent. Sa population ne cesse en effet de croître, mais les infrastructures ne suivent pas et la situation empire. Selon les estimations officielles, Alger compte 100'000 "habitants précaires" (squatters, familles sans ressources, personnes sans domicile). Le 16 juillet, à l'occasion du lancement d'un nouveau plan de résorption de l'habitat précaire, le ministre-gouverneur d'Alger Chérif Rahmani a promis que le nombre des "habitants précaires" serait "réduit dans les plus brefs délais". Depuis le début des années '80. plusieurs centaines de garderies d'enfants, d'éptablissements scolaires, de centres culturels et de locaux administratifs de toutes sortes ont été transformés en centre de transit ou squattés. Au rythme actuel de sa progression, la population algéroise dépassera les deux millions d'habitants en 2000. Outre son accroissement démographique naturel, Alger accroît sa population au fur et à mesure de l'exode rural et de l'afflux des habitants des régions frappées par le terrorisme, en particulier la Mitidja. En outre, les jeunes ruraux envahissent la capitale du fait d'une sécheresse qui sinistre 65 % des terres ensemencées. Sur fonds de pauvreté, d'endémies, de pollution, de violence et de toxicomanie, la croissance démographique de l'algérois inquiète les autorités, qui ont décidé d'étendre à partir du 1er août les limites territoriales du "Grand Alger" et tentent de concilier l'attribution gratuite de logements sociaux aux sans-revenus et l'apport du capital privé à la promotion immobilière. Le 16 juillet, des familles de victimes du terrorisme qui voulaient organiser une manifestation à la Maison de la Presse pour réclamer des logements en ont été empêchées par les autorités.

(APS 8.11, 9.11, 10.11) Selon les chiffres fournis par le Conseil économique et social algérien (CNES), la construction de logements a été très inférieure aux besoins et aux prévisions depuis 1996 en Algérie. Aucun nouveau programme de logements n'a été lancé en 1996, et seuls 16'889 logements (tous types confondus) ont été programmés au premier semestre 1997. 34'412 logements (dont 29'531 logements sociaux) ont certes été livrés au premier semestre 1997, mais les prévisions pour l'année tablaient sur 166'000 logements. Les autorités attribuent cette quasi-stagnation de l'offre de nouveaux logements à des difficultés de financement et se proposent d'y remédier en faisant financer la création de nouveaux logements par des privés, en créant une "banque de l'habitat", une société de refinancement et une caisse de garantie des marchés publics, en ouvrant l'accès du crédit aux ménages privés par la création d'un fonds de garantie hypothécaire et en faisant participer les promoteurs privés (dont l'apport n'a été que de 0,6 % des logements lancés). Le gouvernement entend en outre "restructurer" les organismes de gestion du patrimoine immobilier (qui gèrent 400'000 logements), en les regroupant régionalement. Des réductions ou des exonérations de taxes fiscales sont envisagées pour inciter à la construction de logements sociaux, et une hausse de la taxe foncière sur les surfaces non bâties pour inciter à les bâtir -ou à les vendre. En attendant, la Premier ministre Ouyahia a annoncé le 8 novembre que 350'000 logements étaient (en cours de réalisation", l'Etat y ayant contribué pour 500 milliards de dinars. Selon les experts du marché de l'immobilier algérien, réunis en colloque les 8 et 9 novembre à Alger, le déficit en logements de l'Algérie serait, par rapport aux besoins, d'environ 1,2 millions de logements. Pour combler ce déficit, ces "experts" appellent à une "industrialisation" de la construction de logements afin d'écourter les délais de réalisation en produisant plus vite, à un moindre coût et avec des marges bénéficiaires plus "confortables". Selon les chiffres produits à l'occasion du colloque, les prix à l'unité du logement dépassent les deux millions de dinars pour un trois pièces dans les grandes agglomérations, et le prix du mètre carré bâti varie entre 2000 et 12'000 dinars.

1998

(AFP 15.6) Un peintre en bâtiment, marié et père de deux enfants, a mis l'un de ses reins aux enchères pour payer ses dettes (130'000 dinars), rapporte "El Moudjahid" du 15 juin. L'ouvrier est au chômage et sans ressources. Averti qu'il risquait sa vie dans l'opération, il a répondu : "je meurs dix fois tous les jours". "El Moudjahid" estime que la vente d'organes est un "phénomène alarmant" en Algérie, où "cette pratique connue dans certains pays pauvres touche actuellement même les classes moyennes".

(AP 25.6) Près de 50'000 recenseurs et contrôleurs participent depuis le 25 juin au quatrième recensement général de la population et de l'habitat de l'Algérie, dont les résultats devraient être connus avant la fin de l'année. Selon les prévisions des démographes, l'Algérie devrait connaître une réduction drastique du taux d'accroissement de sa population, avec une natalité de 3,5 enfants par femme en 1996 contre 7 en 1980, recul dû à celui de l'âge du mariage et à la généralisation de la contraception. En 1996, le premier recensement national avait chiffré la population à 12,1 millions d'habitants (2,03 millions de ménages) et le parc immobilier à 2 millions de logements. En 1988, la population algérienne atteignait 17,4 millions d'habitants, soit plus de 5 millions d'habitants supplémentaires, alors que le parxc immobilier stagnait à 2,3 millions de logements, soit seulement 300'000 logements de plus.

(AFP 9.11) L'Islam est la religion des droits de l'homme, ont estimé plusieurs intellectuels et théologiens musulmans à l'ouverture le 9 novembre à Genève d'un premier séminaire sur ce thème, réunissant une vingtaine de spécialistes du droit islamique sur proposition de l'Iran et sous la houlette du Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'Homme, Mary Robinson. Le secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), Azeddine Laraki, a déclaré que "les Musulmans sont choqués par la manière dont les Occidentaux présentent l'Islam face aux droits de l'Homme", alors que selon lui, l'Islam prône par exemple l'égalité homme-femme. Azzedinne Laraki a toutefois fait la distinction entre la doctrine et son application et confié que "si l'Islam est la meilleure des religions, je ne suis pas sûr que les Musulmans soient le meilleur des peuples". Le grand mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, a quant à lui expliqué que "le grand problème des musulmans aujourd'hui (...) est qu'ils ont sacralisé l'Islam et l'oeuvre théologique de leurs ancêtres" pour en faire une "théologie sclérosée".

(El Watan 30.11) A l'occasion de la journée internationale de lutte contre le sida, les autorités ont affirmé que l'Algérie comptait seulement 372 cas de sida, dont 267 hommes (31 contaminés par voie hétérosexuelle) et 105 femmes (40 contaminées par voie hétérosexuelle). 71 personnes ont officiellement été contaminées par voie intraveineuse (toxicomanie) à l'étranger. Les statistiques officielles font état de trois fois plus de séropositifs que de séropositives et annoncent seulement 768 cas de séropositivité (contre 600 en 1996), mais considèrent que la transmission du sida esr aujourd'hui "autochtone" en Algérie, et que la maladie se déplace des groupes à risque vers l'ensemble de la population. Selon les autorités, la transmission par voie sanguine devrait être enrayée grâce au dépistage du VIH chez les donneurs de sang, et le risque de transmission devrait se "focaliser" sur la transmission sexuelle ou intraveineuse (toxicomanie). La direction de la prévention au ministère de la Santé considère également qu'il ne faut pas négliger "l'hygiène intrahospitalière", qui "représente actuellement un problème dans notre pays et pourrait constituer une source potentielle d'infection". En mars 1997, plusieurs patients du service d'hémodialyse de l'hôpital de Saïda avaient été contaminés. Les chiffres officiels sont contestés par plusieurs chercheurs, qui considèrent que pour un cas diagnostiqué, 99 cas pourrait échapper au recensement. L'OMS estime le nombre des personnes infectées à 11'000 en Algérie, et le quotidien "La Tribune" évoque le chiffre de 50'000 séropositifs (le double qu'en 1996) et de 5000 malades (le triple qu'en 1996). Les autorités admettent qu'il existe une sous-déclaration et que la prévention bute sur des non-dits et une "fausse pudeur", l'incitation à l'usage du préservatif étant par exemple perçue comme une incitation au libertinage.Les malades du sida vivent en Algérie "dans le rejet le plus total", écrit "El Watan". Des campagnes de prévention sont actuellement lancées en direction des jeunes (adolescents et jeunes adultes).

1999

(AFP 9.1) Un Canadien d'origine algérienne, et double-national, a passé seize mois dans les prisons algériennes pour avoir quitté se femme, algérienne, ce qui lui a valu d'être inculpé d'"abandon de famille". "J'ai vécu 491 jours d'enfer. J'ai été torturé pendant 17 jours, on m'a battu, on m'a piétiné, arraché un ongle, cassé une dent", a déclaré Tahar Bekhiti, de retour au Québec où il s'était établi avec sa femme. Son épouse étant selon lui devenue une militante intégriste, il l'a ramenée en Algérie en octobre 1996 en expliquant à son beau-père qu'il ne s'est "pas installé à Montréal pour vivre avec une femme voilée qui fréquente les Frères Musulmans". Son beau-père a alors engagé un avocat de Maghnia pour le poursuivre. L'avocat l'aurait menacé de mort, et lui aurait volé son passeport et son chéquier. Rentré finalement au Québec sans se femme, il y a demandé le divorce, avant de revenir en Algérie en juin 1997 pour voir sa grand-mère agonisante. Arrêté par des policiers en civil, il comparait devant une relation de la famille de sa femme et est condamné à 22 ans de prison pour "abandon de famille et non paiement de pension familiale", incarcéré à Maghnia et Tlemcen, pendant que la maison héritée de son père est saisie. Les autorités algériennes ont refusé tout contact entre lui et l'ambassade du Canada, avant qu'il soit finalement amnisté en novembre 1998 et puisse retourner au Canada, où il sera hospitalisé pour une pneumonie et pris en charge par Amnesty International.

(APS 31.1) La population algérienne résidente totale est estimée par l'Office national des statistiques à 29,3 millions d'habitants au 1er janvier 1998, soit 300'000 habitants de plus en un a, ou 782'000 habitants de plus en deux ans. Il a été relevé 654'000 naissances et 172'000 décès en 1996, ainsi que près de 157'000 mariages (3 % de plus qu'en 1995).

(AFP 3.2, AP 5.2) Au moins 14 personnes sont mortes et plusieurs dizaines ont été blessées entre le 31 janvier et le 3 février en raison des intempéries en Algérie (il a neigé pour la première fois en vingt ans à Alger et sur la côte). Quatre personnes ont été tuées le 2 février dans l'effondrement d'un imeuble dans la banlieue est d'Alger. En Kabylie, la température est descendue à cinq degrés en dessous de zéro sur les hauteurs. Une dizaine d'habitations se sont effondrée ailleurs dans le pays. A Constantine, l'électricité, le gaz, le téléphone et l'est ont été coupés.

(Reuters 15.2) 91'379 personnes ont été tuées et 900'000 blessées entre 1970 et 1997 dans des accidents de la route en Algérie, selon des statistiques officielles produites par le ministère de l'Intérieur. En 1998, selon la presse, plus de 2700 personnes auraient été tuées dans des accidents de la route. Les autorités atrtribuent la majoité des accidents au mauvais état des routes.

(Canal+ 17.3) 14 millions d'Algériens, soit près de la moitié de la population, vivent en dessous du seuil de pauvreté, a estimé le 15 mars le ministre des PME, Bouguerra Soltani, qui a ajouté que l'Algérie comptait sept millions d'analphabètes et 2,3 millions de chômeurs (29 % de la population active), et que le taux de célibat était de 24 %. En outre, il a estimé à 180'000 le nombre d'orphelins dont les parents ont été victimes du "terrorisme", à 147'000 le nombre des enfants illégitimes et à 49'000 celui des mères célibataires.

(APS 15.3) L'unique centre de désintoxication ouvert en Algérie (à l'hôpital Frantz Fanon de Blida) a accueilli depuis son ouverture (en 1996) 1421 toxicomanes, pour des cures de 21 jours, mais ne peut suffire à la tâche. Le directeur du centre, le prof. Ridouh, rappelle que la consommation d'héorïne est en augmentation en Algérie, en dépit de son prix exorbitant (entre 4000 et 5000 dinars le gramme, soit 400-500 FF).

(APS 3.6) "Les mosquées accusent un grand déàficit en encadrement", a déclaré le 2 juin le ministre des affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah. 400 nouvelles mosquées sont ouvertes chaque année en Algérie alors que 250 imams seulement sont formés par l'Etat dans le même temps. L'Algérie compte 14'000 mosquée, encadrées par 7000 imams. Le ministre attribue ce déficit en encadrement à la croissance démographique, le nombre des fidèles augmentant plus vite que la capacité de l'Etat à former des imams, et signale qu'il faut entre 3 et 4 ans pour former un imam.

(AP 27.6) 526 maires, responsables de grandes villes, représentants d'organisations internationales et chercheurs se réunissent dès le 28 juin à Alger pour débattre des problèmes urbains du continent africain, à l'initiative du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'Alliance mondiale des villes contre la pauvreté. Selon le PNUD, 35 % des Africains habiteront en ville l'année prochaine, contre 15 % vingt ans auparavant, et 50 % des Africains vivront dans l'extrême pauvreté.

(APS 6.7, Le Matin 7.7) Selon les résultats du recensement général de la population algérienne effectué en juin 1998, la population algérienne atteignait alors 29,272 millions d'habitants. Le "Grand Alger" abrite 2,424 millions d'habitants. Pour la première fois depuis l'indépendance, les moins de 18 ans forment moins de la moitié de la population du pays (ils en constituaient encore 54,75 % en 1987). La tranche d'âge des moins de 15 ans représente 36,2 % de la population, celle des plus de 65 ans 4,5 %. La population féminine est minoritaire (49,44 %). Le taux d'analphabétisme chez les plus de 10 ans atteint 31,7 % (25,7 % dans les agglomérations, 34.7 % dans les zones rurales, mais plus de 51,5 % dans les villes chefs-lieux). Le taux de scolarisation (pour les tranches d'âge 6-14 ans) atteint 85,28 % pour les garçons et 80,73 % pour les filles. La proportion de célibataires est de 65,45 % des hommes et de 61,8 % des femmes, celle des divorcés de 0,26 % des hommes et 1,23 % des femmes, celle des veufs de 0,44 % des hommes et 5,13 % des femmes.

(El Watan 12.7) Le taux de croissance de la population algérienne, selon le recensement de la population, est passé de 3,06 % entre les recensements de 1977 à 1987 à 2,28 % entre ceux de 1987 à 1998. Si ce tassement, du à la baisse de la fécondité et donc à la réduction de la taille des familles, est en soi positif, il a pour aspect plus problématique le vieillissement de la population, sans que les structures sociales algériennes n'y soient forcément prêtes.

(El Watan 28.11) Selon les statistiques du ministère de la Santé, le nombre de cas de sida déclaré en Algérie s'éleveit fin novembre à 410, et le nombre de séropositifs à 865. Ces chiffres sont cependant très vraisemblablement très inférieurs à la réalité, dans la mesure où ils ne tiennent compte que des cas déclarés et admis comme étant des cas de sida ou de séropositivité, et où nombre de personnes atteintes du sida ou séropositives, soit ne déclarent pas leur état, soit ignorent qu'ils sont atteint du sida, ou vont le déclarer à l'étranger, "par pudeur ou peur des préjugés". Les statistiques officielles indiquent que 72 % des cas de sida concernent des hommes. Le premier cas d sida officiellement reconnu en Algérie date de décembre 1985, et la contamination se ferait essentiellement par les voies de l'échange sanguin, des rapports hétérosexuels et congénitalement. Il est très vraisemblable, cependant, que la contamination par les rapports homosexuels soit sousestimée.

(Le Matin 6.12) En Algérie, selon l'Institut national de la santé publique (INSP), qui organisait le 5 décembre une journée d'étude à Alger, la rougeole ne tue plus, la coqueluche a disparu, la diphtérie est maîtrisée depuis 1995, un programme d'éradication de la poliomyélite a été mis en place en 1993, avec pour effet une nette diminution des cas recensés (aucun cas notifié depuis trois ans) et la dernière épidémie de méningite purulente remonte en 1989. En revanche, l'Algérie enregistre annuellement entre 3000 et 3500 cas de typhoïde, 14'000 cas de tuberculose et 30 à 40 décès causés par la rage. Les régions les plus frappées par les poussées épidémiques et par les endémies sont celles du sud-est et du sud-ouest. Selon le directeur de l'INSP, la situation sanitaire de l'Algérie ne s'est pas détériorée, mais s'est nettement améliorée en dix ans.

(Libre Algérie 20.12.1999) Quelque 6,3 millions d'Algériens vivaient en dessous du seuié de pauvreté en 1995, selon une enquête sur le revenu des ménages. L'enquête établissait le "seuil de pauvreté alimentaire", c'est-à-dire le seuil de malnutrition (2100 calories/jour) à un revenu de 10'943 dinars par an et par personne, soit un millier de dinars par mois. Le "seuil de pauvreté inférieure", au niveau duquel le revenu permet de couvrir quelques besoins non-alimentaires, était placé à 14'826 dinars par personne et par an, et le seuil de "pauvreté supérieure", correspondant à la couverture des besoins matériels fondamentaux, à 18'190 dinars.22,6 % des Algériens vivaient en dessous de ce dernier seuil de pauvreté, c'est-à-dire ne disposaient pas d'un revenu suffisant pour couvrir leurs besoins matériels fondamentaux. En 1995, 2 millions de personnes vivaient dans des habitats de type taudis. La pauvreté frappait en outre deux fois plus les "ruraux" que les "citadins". La situation ne s'est sans doute pas améliorée depuis, après dévaluation du dinar, suppressions d'emplois, fermetures d'entreprises, privatisations et réduction des subventions publiques. Selon l'enquête de 1995, les Algériens consacraient en moyenne 60 % de leurs revenus à l'alimentation, 15 % à l'habillement, 8 % au transport, 0,62 % aux loisirs et à la culture, 0,46 % aux biens d'équipement. Selon le Conseil national économique et social (CNES), neuf millions d'Algériens sont sous-alimentés ou mal nourris, c'est-à-dire disposent d'une ration alimentaire quotidienne, mesurée en calories, inférieure aux normes internationales, malnutrition qui serait due à une consommation insuffisante de viande, de poissons et de fruits, pour des raisons économiques (le prix de ces denrées). Le salaire minimum garanti (SNMG) est, en 1999, de 6000 dinars/mois, ce qui permet de couvrir l'achat des quantités nécessaires de lait, de pain, de sucre, de pommes de terre et de légumes, de divers autres produits alimentaires de consommation courante (concentré de tomates, café, thé, pois chiches, haricots, huile, margarine), mais non celui de viande, de poisson et de fruits, et non plus de couvrir les factures et frais d'eau, d'électricité, de gaz, de médicaments, de produits d'hygiène, de vêtements et de scolarisation.
2000

(Le Matin 12.1, AFP 14.1) Officiellement, 30 % de la population en âge de travailler est en Algérie au chômage, mais certains experts situent le taux réel de chômage dans une fourchette de 35 à 38 %, taux qui pourrait encore augmenter du fait de l'arrivée sur le marché du travail de plus de jeunes adultes qu'il n'y a de postes à pourvoir, jusqu'en 2015, où les départs à la retraite commenceront à être plus nombreux que les entrées en activité, selon les statistiques officielles. Actuellement, il arrive chaque année sur le marché du travail 500'000 personnes de plus que le nombre d'emplois créés. Selon la Banque Mondiale, il faudrait que l'Algérie connaisse un taux de croissance moyen de 7 % par année pour contenir le chômage, si le taux d'accroissement démograèhique ne dépasse pas 2,2 % par an. Le chômage dans les pays arabes a atteint en 1999 un taux de 14 % et y affecte 12 millions et demi de personnes.

(El Watan 18.1) Du fait de l'inaptation de son réseau routier et de la vétusteté d'une partie de son parc automobile, l'Algérie enregistre près de 4000 morts et 20'000 blessés par an du seul fait des accidents de circulation.

(AP 19.1, Liberté 20.1) Des informations contradictoires sont données en Algérie, par la presse d'une part, les autorités d'autre part, sur l'épidémie de grippe qui frappe le pays. Selon "Liberté", plus de 17'000 cas de gripppe aurait été déclarés dans huit des 48 wilayas du pays (plus de 3000 à Constantine, plus de 2000 à Annaba, 8500 à Bejaïa, 600 à Tiaret, plus de 400 à Béchar, 150 cas par jour à Oran), huit personnes seraient décédées de complications (cinq à Jiojel, un à Bejaïa, deux à Oran) et 95 patients seraient toujours hospiralisés. Cependant, le directeur de la prévention au ministère de la Santé, le professeur Grangaud, a affirmé "qu'aucun décès lié à la maladie n'a été enregistré en Algérie" au 19 janvier, les deux décès enregistrés à Oran étant dus à des bronchopneumopathies. L'existence de l'épidémie dans l'ouest et le sud a par contre été confirmée par le ministère, et les chiffres ont été donnée de 4665 consultations dans les structures de santé publique de l'ouest. Le virus en cause est le même que celui qui sévit en Europe.

(Libre Algérie 17.1) Dans un entretien accordé à "Libre Algérie", le ministre des Affaires religieuses, Mohammed Ghoulamalah défend l'intervention des "associations des mosquées" et des imams dans la campagne référendaire en faveur de la loi sur la "concorde civile", au nom de la "siyassa char'iya", de l'intérêt général, et réaffirme que "la politique qui consiste à opposer les Algériens entre eux (...) est définitivement exclue des mosquées", qui doivent être "le lieu de cohésion de la société". Le ministre se donne pour objectif d'obtenir "un personnel beaucoup plus qualifié et beaucoup plus nombreux dans les mosquées qu'actuellement", et affirme vouloir "axer" son effort sur "la formation initiale et la formation continue" des imams. Des diplômés de l'université islamique de Constantine et des instituts islamiques d'Alger et d'Oran ont été et seront encore recrutés pour faire office d'imams dans les mosquées. Parmi eux quelques femmes, les "mourchidates", qui enseignent "tout comme les hommes" et dispensent des pr^ches, si elles ne peuvent pas présider à la prière. Une cinquantaine de mourchidates "jouent actuellement un rôle très important dans la fatwa", déclare Mohammed Ghoulamalah, qui souhaite en outre que "des universitaires viennent donner des conférences sur différents thèmes dans les mosquées, et pourquoi pas présider au prêche et à la prière du vendredi" pour "élever le niveau dans les mosquées". Sur le fond (et en réponse notamment à une question sur les relations entre l'Algérie et la Mosquée de Paris, qui "appartient à une association qui a été créée initialement à Alger" mais qui est"indépendante de l'Etat algérien, puisqu'elle est de droit français"), le ministre réaffirme que, puisque "l'Algérie est un Etat dont la religion est l'islam", l'Etat doit "veiller à la protection de la religion". A propos de la polygamie et du débat sur le code de la famille, organisé par le Haut conseil islamique algérien(HCI, officiel) , Mohammed Ghoulamalah considère que "vouloir centrer le problème sur la polygamie c'est organiser une fuite en avant pour éviter les véritables problèmes qui minent notre société", comme ceux du recul de l'âge du mariage, des enfants sans famille ou de la protzection de la femme exploitée. En outre, le ministre considère que la polymagie "fait moins de mal" que d'autres phénomènes "encore plus graves pour la femme et pour la société en général", comme la prostitution, le concubinage, les mères célibataires et les enfants illégitimes. "Je ne nie pas le mal que peut engendrer un état de polygamie" et "je n'encourage pas la polygamie, mais je ne peux pas l'abolir (.,..) parce qu'il y a un texte coranique qui l'autorise" précise Mohammed Ghoulamalah, pour qui "il suffit donc de ne pas encourager cette pratique ou de poser des conditions" -et de rappeler que si le Prophète lui-même n'a pas aboli la polygamie, il n'a cependant pas accepté que son gendre Ali prenne une seconde épouse.

(El Watan 26.1) 15'000 décès sont imputés annuellement au tabagisme en Algérie, dont 7000 à des infarctus du myocarde, 4000 au cancer et 2000 à une insuffisance respiratoire, selon uune étude du ministère de la Santé. La consommation annuelle algérienne de tabac est passé de 7000 tonnes en 1965 à 27'000 tonnes en 1995, et la consommation moyenne de cigarettes est de six cigarettes par jour et par adultes. Les fumeurs de plus de 15 ans représentant 75 % des fumeurs, les fumeuses de plus de 15 ans 14 %. Les cigarettes algériennes ont une teneur en produits toxiques de 1,2 à 1,5 microg de nicotine et 21 à 33 microg de goudron, soit plus que les normes européennes

(El Watan 10.2) Environ 200'000 travailleurs licenciés dans le cadre des dissolutions et restructurations d'entreprises, pour la plupart effectuées en 1997, ne pourront plus percevoir d'indemnités de chômage, en raison d'un dispositif d'indemnisation dégressif et limité dans le temps (de 100 % du salaire de référence pendant les six premiers mois de chômage à 50 % entre les dix-huitièmes et trente-sixième mois d'indemnisation. Laissés ainsi sans revenu et sans couverture sociale, des dizaines de milliers de chômeurs viendront ainsi grossir les rangs des exclus.

(El Watan 10.2) Les hôpitaux d'Alger souffrent depuis plusieurs semaines d'une grave pénurie de médicaments et de consommables de base, écrit "El Watan, qui précise que "la pénurie touche l'ensemble des produits utilisés dans le traitement de toutes les pathologies", y compris les pathologies lourdes, comme les antibiotiques, les antalgiques ou le sérum physiologique. "Les malades sont sommés d'acheter leurs médicaments avant même leur admission", signale le journal, qui rend compte de l'errance de malades passant d'un hôpital à l'autre, achetant des médicaments périmés, sommés d'amener avec eux du matériel médical (sondes, tubes stériles) ou des médicaments. Les médecins hospitaliers accusent les fournisseurs de matériel et de médicaments de provoquer la pénurie en refusant de livrer les commandes en raison des impayés des hôpitaux, les fournisseurs faisant quant à eux état d'impayés pour 30 milliards de dinars (3 milliards FF, 750 mios FS), mettant en danger leurs entreprises.

(Liberté 14.2) 18'000 accidents du travail ont été enregistrée en Algérie en 1999, faisant 1459 morts et incluant 262 cas de maladies professionnelles, selon le rapport annuel de l'Inspection générale du Travail. La plupart des accidents du travail (38,55 % des cas) se sont produits dans l'industrie (essentiellement la pétrochimie -28,73 %- et le secteur du textile -19,38 %). Le plus grand nombre des accidents mortels se sont produits dans le secteur public (38,17 % des cas). Le rapport fait état de plus de 41'000 conflits du travail, de près de 8000 procès-bverbaux d'infractions dressés et de plus de 28'000 mises en demeure adressées aux employeurs, dont la grande majorité du secteur privé.

(Liberté 14.2) L'usage des drogues illégales a tendance à gagner du terrain dans les différentes couches de la société algérienne, notamment chez les jeunes, écrit "Liberté", citant notamment les statistiques policières selon lesquelles en 1999 5319 dealers ont été arrêtés (dont 5263 Algériens). Les saisies de drogues ont représenté pour la même année près de 2,5 tonnes de résine de cannabis et 5 tonnes de cocaïne. Selon une enquête menée dans 14 lycées de l'Algérois, 14 % des élèves ont avoué consommer de la drogue régulièrement ou occasionnellement. Le haschisch est la drogue la plus consommée, suivi des somnifères et des mixtures alcool-médicaments.

(AFP 21.2) Le taux de fécondité a considérablement baissé en trente ans en Algérie, Tunisie et Maroc, le nombre d'enfant par femme passant de sept au début des années '60 à trois à la fin des années '90, selon une étude du Centre français sur la population et le développement publiée le 21 février. En 1960, dans les trois pays, le taux brut de natalité était de 50 naissances pour 1000 habitants. En 1996, il n'était plus que de 25 naissance pour 1000 habitants. L'évolution a cependant été différente selon les pays : plus rapide en Tunisie, du fait d'une politique de maîtrise de la démographie, de scolarisation des filles, d'accès des femmes à l'emploi et de planning familial, menée dès les années '60, plus lente au Maroc (qui a certes suivi la même voie, mais avec dix ans de retard), plus lente encore en Algérie. Résultat : le taux de fécondité était à la fin des années '90 de deux enfants par femme en Tunisie, de trois au Maroc (2,3 en ville, 4,1 à la campagne) et de plus de 4 en Algérie. L'âge du mariage dans les trois pays a été repoussé de 18 à 24 ans en trois décennies (même si le taux de célibataires reste particulièrement bas). L'étude française prévoit cependant une hausse du célibat

(El Watan 13.3, Liberté 14.3) A l'occasion de la journée nationale des handicapés, et d'un point de presse animé le 13 mars par le ministre du Travail et des Affaires sociales Soltaini Bouguerra, les associations de handicapés et de familles de handicapés ont attiré l'attention sur la situation dramatique des handicapés en Algérie, situation ne cessant de se dégrader. Les autorités ont jusqu'à présent considéré que les handicapés devaient être pris en charge par leurs familles, et aucun budget spécifique n'a réellement été accordé pour leur soutien, ni aucun aménagement spécifique imposé (accès aux immeubles d'habitation, aux lieux publics, aux voies de circulation, par exemple). La Fédération nationale des associations de handicapés, qui groupe soixante associations, a pu recenser 100'000 handicapés, en ne comptant que les membres de ces associations, auxquels viennent s'ajouter des centaines de milliers d'autres non recensés : handicapés de naissance, à la suite d'accidents de la route, victimes d'attentats et de violences. Au total, il y aurait entre deux et trois millions de handicapés en Algérie (1.6 million en 1998, 1,9 million en 1999, selon les estimations officielles, qui en prévoient 3,6 millions pour 2009), dont seuls 800'000 bénéficieraient d'une assistance quelconque, toujours insuffisante. 210'000 d'entre eux bénéficient d'une aide directe de l'Etat, dont 75'000 aveugles et 56'000 handicapés lourds et informes à 100 %. Selon le président de l'Union des aveugles d'Alger, 6450 aveugles en possession de la carte d'invalide sont recensés dans la seule capitale. "Nous n'avons pas de lois qui protègent les non-voyants" et leur garantissent l'accès à l'emploi, dénonce l'association, qui dénonce également la suppression par certaines directions d'action sociale de wilayas (notamment à Tizi Ouzou, Bouira et Jijel) de supprimer la maigre pension de cécité (300 dinars par mois) touchée par les aveugles qui travaillent. Chaque année, 20'000 nouveaux handicapés sont reconnus comme tels, mais les infrastructures ne suivent pas : seuls 20 foyers d'accueil pour personnes âgées et handicapées et 13 écoles pour jeunes aveugles sont en ffonction. La dégradation de la situation économique et sociale pèse en outre sur les capacités de prise en charge : en 1979, il y avait en Algérie 18 travailleurs cotisant pour un retraité. En 1989, il n'y avait plus que 8 travailleurs cotisants pour un retraité, en en 1999, plus que trois travailleurs cotisants pour un retraité. Selon les prévisions du ministère, en 2009, on pourrait se retrouver dans la situation d'un cotisant pour un rentier.

(Corr 9.3, El Watan 11.3, Le Matin 13.3) A l'occasion d'un colloque international sur la résistance des femmes algériennes, tenu les 9 et 10 mars à Alger sous le titre "Méditerranéenne de l'an 2000 : lutte pour les droits des femmes et pour la promotion de la démocratie, un combat unique et indivisible", le président Bouteflika a tenu un discours ressenti par de nombreuses participantes au colloque comme à "contre-courant" des autres interventions, et de la symbolique de la journée même du 8 mars (journée internationale des droits des femmes). Le président a évoqué les "spécificités" culturelles et religieuses de l'Algérie, tout en reconnaissant que le progrès et la modernité impliquaient l'émancipation des femmes et que des "évolutions sont nécessaires (...) parce que les sociétés évoluent", mais en invitant moins à la lutte pour la défense des droits des femmes qu'au dialogue, et en affirmant que le promotion de ces droits n'avait pu se faire en Algérie que dans la mesure où elle ne heurtait pas "la morale sociale" et se gardait d'un "minétisme sommaire et aveugle" à l'égard de l'Europe occidentale, imposant une "image déformée de la femme dite libérée (...) extérieure à toutes les représentations au sein du corps social, (...) déracinée (par rapport aux) modes de vie et (aux) préoccupations profondes de la collectivité". Le président Bouteflika a encore évoqué l'opposition entre "le monde urbain et le monde rural" et les "difficultés économiques et leurs conséquences sociales négatives pour tous, hommes et femmes" (tout en reconnaissance que certaines de ces conséquences sont plus lourdes pour les femmes, comme "le phénomène de déscolarisation". Plusieurs participantes au colloque (Malika Boussouf, Zineb Oubouchou, Ratiba Benbouzid, Amel Felah, toutes journalistes et toutes membres du comité d'organisation du colloque, estimant avoir été "piégées par les visées et les ambitions des uns et des autres") ont dénoncé dans une déclaration "le mépris et la légèreté des propos (du président) à l'égard de toutes les femmes", et l'association (satellite du RCD) Rachda, organisatrice du colloque, qu'elles accusent de "récupération et de manipulation politique", ce qu'illustrerait la présence de nombreux dirigeants du RCD ayant "investi les lieux de la manifestation", laquelle aurait été détournée au profit du président Bouteflika (auquel le RCD s'est rallié).

Le colloque, auquel ont participé de nombreuses personnalités étrangères (dont Simone Veil, la ministre italienne de l'Egalité Laura Balbo et la sénatrice belge Anne-Marie Lizin), a cependant été l'occasion pour de nombreuses intervenantes de faire entendre un discours plus clair que celui du président algérien : la sociologue Souad Khodja, pour qui la persistance de l'intégrisme en Algérie est le signe de l'échec du Code de la famille, a considéré que le femme algérienne n'était une citoyenne à part entière qu'au moment des élections; la rédacrtice en chef du "Soir d'Algérie" a déploré l'absence de solidarité Nord-Sud avec les femmes algériennes : "nous sommes toutes, grâce a certains spécialistes de droits de l'homme, passées pour des hystériques ou des alliées du pouvoir". Pour sa part, Simone Veil a déclaré : "nous cherchons à aller vers le Sud, non pas pour apporter ce que nous avons, mais pour progresser ensemble", et a salué en "Alger hier, aujourd'hui et demain" la "capitale de la résistance".

La veille du colloque organisé par Rachda se tenait une autre journée d'étudfe organisée celle-là par l'association islamiste "El Irchad oua El Islah" (satellite, elle, du MSP de Mahfoud Nahnah) pour dénoncer les "pressions psychologiques et sociales exercées sur la femme algérienne". Le même jour (celui de la journée internationale de la femme, le 8 mars) se tenait un conférence de quatre associations féminines (RAFD, AITDF, ADPDF, Tharwa Fadhma n'Soumeur) en hommage aux femmes victimes de l'intégrisme.

(La Tribune 28.3) Selon le ministre des Postes et télécommunications, Mohammed Maghlaoui, 600 millions de dinars (60 mios FF, 15 mios FS) ont été détournés en 1999 dans le secteur. Dans 64 % des cas, ces détournements porteraient sur des mandats adressés aux particuliers. Une ligne téléphonique sur cinq serait hors normes, ce qui expliquerait une bonne partie des dérangements subis par les abonnés, 750'000 demandes de lignes sont en attente alors que l'infrastructure existante pourrait satisfaire 700'000 nouveaux abonnés. Dans certaines régions, on dispose de centraux téléphoniques sans que les lignes y soient raccordées, et dans d'autres de lignes téléphoniques mais pas de centraux. Les demandes de connexion au réseau GSM (portables) sont au nombre de 350'000, pour 60'000 abonnements déjà accordée et 40'000 en passe de l'être. Un abonné sur dix ne reçoit jamais de facture, mais il y a 5,7 mias de dinars (570 mios FF, 140 mios FS) de factures impayées. Le ministre dénonce en outre "l'anarchie qui règne dans la répartition des guichets" postaux, avec des régions ne disposant que d'un guichet pour 30'000 habitants. Le secteur devrait être prochainement ouvert à la concurrence privée pour ce qui est des télécommunications, qui représentent 75 % des revenus de l'ensemble du secteur, mais la poste devrait rester dans le secteur public, dont elle est, avec 9 mias de dinars de chiffre d'affaire, la branche la moins rentable.

(AP 1.4) Devant la menace d'une grève de tout le secteur de la circulation aérienne algérienne, à partir du 3 avril, qui paralyserait les aéroports algériens, le ministre des Transports Hamid Lounaouci a réquisitionné une partie du personnel du secteur, dont les aiguilleurs du ciel. Le Syndicat national des personnels de la circulation anréeinne (SNPCA) a déposé fin mars un préavis de grève illimité à partir du 3 avril pour obtenir une révision du régime indemnitaire des contrôleurs aériens, à quoi l'entreprise nationale de navigation aérienne (ENNA) a déposé une demande auprès du tribunal d'Alger pour obtenir la suspension du préavis. Le syndicat a dénoncé les réquisitions du ministère, intervenant alors que l'établissement d'un service minimum est en cours de négociation.

(Quotidien d'Oran 5.4) Un Algérien sur cinq est malade, si l'on en croit la plus récente enquête disponible (mais qui date de 1995) sur la santé de la population algérienne. Les maladies les plus fréquentes sont le diabète, l'asthme et l'hypertension. Le taux de morbidité (proportion de malades par rapport à la population totale) serait de 19,6 % (21,9 % pour les femmes, 17,4 % pour les hommes), les femmes représentant 55 % des malades (57 % dans les zones urbaines, 53,2 % dans les zones rurales). Plus de 20 % des malades n'ont pas eu, ou pas pu avoir, recours à une consultation médicale. Une majorité de ceux qui y ont eu recours l'ont fait auprès de médecins privés. 24,3 % des enfants de moins de cinq ans n'ont pas été vaccinés contre la rougeole (27,3 % en milieu rural, 21 % en milieu urbain). 5,6 % des enfants n'ont pas été vaccinés du tout contre la poliomélyte, et 26,2 % ne l'ont été que partiellement (trois prises de vaccin au maximum, sur les quatre prescrites).

(Liberté 10.4) La crise du logement persiste en Algérie, et semble même s'aggraver, les besoins dépassant toujours l'offre disponible. Selon les estimations officielles, le parc immobilier algérien totalise 5,030 millions de logements, dont 81,68 % sont occupés, pour 30,5 millions d'habitants, soit un logement pour 6 personnes. Plus de 50 % des loyers sont impaxés, des cités entières ne sont plus entretenues, des chantiers sont interrompus. Afin de relancer le secteur, et de tenter de permettre l'accession à la propriété du logement, l'Etat a créé trois institutions financières nouvelles, la SRH (refinancement hypothécaire), la SGCI (garantie de crédit immobilier) et le FGCM (garantie et caution mutuelle). La Caisse nationale du logement a réalisé une centaine de milliers de logements de 1995 à 1997, et devrait en avoir réalisé 400'000 à la fin 1999, mais la pénurie de logements disponibles se maintient : en 1999, 90'000 nouveaux appartements devraient avoir été mis sur le marché, mais dans le même temps 150'000 mariages ont été conclus, ce qui équivaut à autant de nouveaux foyers potentiels. Chaque APC (municipalité) enregistre en moyenne 3000 demandes pour 150 logements, et le déficit se monterait pour l'ensemble du pays à 4,623 millions de logements. Le recensement de 1998 à établi que plus de 900'000 logements étaient inoccupés dans le pays, dont 500'000 logements habitables selon les normes légales (c'est-à-dire disposant de l'eau courante, de l'électricité, de l'accès au réseau d'assainissement, et comportant une cuisine et des toilettes) soit un taux de logements inoccupés de 10 % de l'ensemble du parc. Seuls 45 % des logements occupés correspondraient à ces normes légales : 27,85 % des logements n'ont pas de cuisine, 54,98 % pas de salles de bains, 19 % pas de WC, 15.42 % du parc immobilier n'est pas raccordé au réseau électrique, près d'un million de logements ne sont pas raccordés au réseau de distrtibution d'eau potable, près de 34 % des ménages ne sont pas raccordés au réseau d'égoûts. Quant à l'accession à la propriété, elle se heurte à la modicité des ressources des ménages : le prix de cession d'un logement est plafonné à 2,1 millions de dinars (210'000 FF, 50'000 FS), mais le revenu de la majorité des ménages se situe entre 12 et 18'000 dinars par mois (1200/1800 FF, 300/450 FS) ce qui leur rend la propriété inaccessible. Des mesures devraient être prises par l'Etat pour ramener le prix des logements cessibles à 900'000 dinars (90'000 FF), ce qui pourrait aider le secteur de la construction à sortir d'une crise profonde : 60 % des entreprises du secteur sont menacées de disparition, par manque de liquidités, de crédit ou de commande.

(Liberté 17.4) Après une semaine d'accalmie, le conflit entre les aiguilleurs du ciel algérien et l'Etablissement national de la navigation aérienne (ENNA) s'est à nouveau aggravé le 14 avril, lorsque le Syndicat national des personnels de la circulation aérienne (SNPCA) a décidé de ne plus prendre en charge le doublement du trafic décidé le 8 avril après le premier épisode du conflit. Du coup, sur 27 vols intérieurs programmés le 16 avril, seuls huit ont pu être assurés, avec souvent plusieurs heures de retard, au départ d'Alger. Sur les lignes internationales, six vols sur neuf ont pu être assurée, mais avec des retard de trois à cinq heures.

(Liberté 19.4) Un séminaire de l'Institut national algérien de recherche en éducation (INRE) a mis en lumière, le 18 avril, le caractère massif de l'échec scolaire en Algérie. Le taux national de réussite aux examens de baccalauréat est nettement inférieur à 25 %. Le taux d'échec au terme de l'enseignement obligatoire est de 62 %. Il est de 75 % dans le secondaire. L'école algérienne rejette chaque année un demi-million d'élèves sans diplômes, seuls 200'000 pourront être "récupérés" par le réseau de la formation professionnelle ou les écoles privées. Enfin, 70 % des enseignants, dans les trois niveaux primaire, moyen et secondaire, n'ont pas le baccalauréat.

(Liberté 22.4) Une enquête nationale sur l'état de santé des Algériens va être lancée, auprès de 5000 ménages dans tout le pays, dès le début du mois de mai, et jusqu'à la fin de l'année. Une enquête similaire avait été menée en 1995. Elle avait permis de décrire l'état sanitaire de la population algérienne. Elle avait indiqué une mortalité infanto-juvénile considérable (32 % en moyenne nationale), un taux de mortalité infantile de 52 o/oo et un taux de mortalité féminine post-partum de 1,2 à 1,4 o/oo, mais aussi certains résultats positifs, comme la réduction de moitié des décès dus à la diarrhée infantile.

(El Watan 24.4) Quatre organisations estudiantines, l'UGEA, le RNE, l'UNEA et l'UNJA, dénoncent dans un communiqué commun la violation des libertés et l'embrigadement idéologique que voudraient imposer des organisations estudiantines islamistes dans l'enceinte universitaire de M'Sila. Le 11 mars, une soirée musicale organisée par les étudiantes de la Cité Universitaire a été brutalement interrompue par des étudiantes affiliées à l'UGEL (organisation étudiante islamiste) et à la Ligue islamique, qui ont pris d'assaut le restaurant, cassé des vitres, injurié les filles et l'orchestre. Les quatre organisations étudiantes "non-islamistes" dénoncent une atmosphère "inquisitoriale" dans l'Institut des sciences sociales et des lettres, dont "le directeur considère le couple étudiant (fille et garçon) comme la manifestation d'un comportement immoral" sanctionné par des manipulations de notes. Elles mettent en cause l'impunité dont jouissent les organisations étudiantes islamistes. Le 19 avril, plus d'une centaine d'étudiantes ont manifesté dans le campus universitaire de M'Sila pour dénoncer le "harcèlement" (y compris sexuel) dont elles font l'objet de la part du responsable de la sécurité et de ses agents. Le responsable a notamment été accusé d'avoir battu et injurié une étudiante.

(Le Matin, El Watan 27.4) Six étudiants ont été blessés (quatre étudiantes conduites à l'hôpital selon "El Watan") le 26 avril dans un mouvement de panique consécutif à l'usage par un agent de sécurité de l'Université de Tizi Ouzou d'une bombe lacrymogène contre un rassemblement pacifique des étudiants de l'Institut des sciences juridiques et administratives de Boukhalfa, devant le rectorat de Tizi. Le rassemblement protestait contre la convocation de cinq étudiants devant le Conseil de discipline, et exigeait l'"annulation des poursuites" contre leurs camarades. A l'origine de la tension à l'Université de Tizi Ouzou se trouve le refus des étudiants de prendre part à la mise en pklace de "comités pédagogiques" mikxtes (étudiants-enseignants) devant prendre en charge les problèmes de fonctionnement des instituts universitaires. Les étudiants tiennent à maintenir le système de l'élection en Assemblée générale de comités les représentant. Les étudiants protestent également contre la suppression d'enseignements, et l'instauration d'un "enseignement au rabais".

(El Watan, Liberté 27.4, 29.4) La grève des travailleurs des chemins de fer est entrée le 27 avril dans son sicième jour, et devrait se poursuivre au moins jusqu'au 29. Le syndicat d'entreprise, accusé par les grévistes d'être "de mèche" avec la direction de la SNTF, a appelé le 26 à la reprise du travail, sans succès. L'UGTA accuse d'anciens militants du syndicat islamiste SIT d'être à la source du conflit. Les grévistes exigent toujours une augmentation de 6000 dinars (600 FF, 150 FS) du salaire de base, le syndicat officiel se contenterait de 1200 dinars (120 FF, 30 FS), les représentants des pouvoirs publics proposent 800 dinars (80 FF, 20 FS). "Nous ne reprendrons pas le travail tant que la direction général n'aura pas revu à la hausse ses propositions relatives à l'augmentation des salaires", a déclaré le porte-parole des grévistes d'Alger, C. El-Hadj, qui dénonce le "lâchage" de l'UGTA. Le 26 avril, i les trois quarts des trains sur les grandes lignes ne circulaient pas, les aures étant conduit par des cadres ou des conducteurs en formation. Sur les réseaux des banlieues est et ouest d'Alger, un train sur dix circulaient. Le 28 avril, ce service minimum s'était encore réduit au départ d'Alger.

(El Watan 30.4) Les négociations entre le syndicat des cheminots et la direction générale de la SNTF se poursuivaient le 29 avril, en même temps que la grève. Les grévistes réclament toujours une augmentation de 2000 dinars (avec effet rétroactif à partir de janvier), le syndicat se contente de 1200 dinars, la direction générale en propose 1000. Le porte-parole des grévistes, C. El-Hadj, a dénoncé "l'indifférence du syndicat, de la direction et du ministère des Transports", et affirmé le succès du mouvement de grève -lequel perturbe notamment la distribution du carburant à travers le pays. A Chlef, selon "El Watan", il y a déjé pénurie.

(El Watan 27.4, 29.4) La Commission exécutive nationale de l'UGTA appelle les travailleurs algériens à des marches sur l'ensemble du territoire. De telles marches seront notamment organisées à Relizane, Tizi Ouzou, Bejaïa, pour exprimer "les colères, le ras-le-bol, les impatiences et les inquiétudes" des travailleurs. L'Union de wilaya UGTA de Bejaïa appelle à une marche le Premier Mai pour dire "Stop à la paupérisation des travailleurs" et pour défendre le secteur public.

(Liberté 30.4) "Il s'est avéré, ces dernières années (...) que le syndicalisme peut se faire et surtout réussir sans la "casquette" UGTA", écrit "Liberté" à la veille du 1er mai. De nombreux syndicats autonomes échappent en effet au contrôle de l'ancien syndicat unique, et ont été les moteurs de conflits et des grèves, comme celles des aiguilleurs du ciel récemment, ou celle, actuellement, des cheminots, dont le syndicat, pourtant affilié à l'UGTA, s'en émancipe pour soutenir le mouvement. Entre 1996 et 1998, le CNES, dans l'enseignement supérieur, avait également réussi à mobiliser les salariés du secteur et à paralyer les universités pendant plusieurs mois.

(El Watan 2.5, Liberté, Le Matin 3.5) Les travailleurs des chemins de fer des régions centre et est étaient toujours en grève le 1er mai, mais le mouvement semblait en passe de se terminer, même si les grévistes maintenaient leurs revendications (1000 dinars de hausse salariale, notamment). Le syndicat et la direction de la SNTF avaient abouti le 29 avril à un accord sur une augmentation salariale de 1200 dinars, accord rejeté dans un premier temps par les grévistes, qui s'en tenaient à leur revendication de 2000 dinars. Le 2 mai, selon le syndicat d'entreprise de la SNTF, la grève était pratiquement terminée et 97 % des salariés de la société seraient au travail , sur la base de l'accord signé entre la SNTF et le syndicat, et accordant une augmentation du salaire de base de 1200 dinars (120 FF, 30 FS), dont 1000 rétroactivement à partir du 1er janvier 2000 et 200 à partir du 1er octobre, ainsi qu'une augmentation de 25 dinars/jour de la "prime de panier" et de 5 dinars/heure de la "prime kilométrique". La grève continuait cependant toujours le 2 mai aux dépôts d'Alger et de Constantine. Alger, des cheminots ont dénoncé le "recul" du syndicat et affirmé qu'ils continueraient le mouvement de protestation.

(Liberté 2.5) Selon un rapport du ministère du Travail et des Affaires sociales, au 31 décembre 1999, plus de 40'000 travailleurs, disposant d'un emploi, ne touchaient pas régulièrement leur salaire. Fin 1999, 39,13 % des effectifs des entreprises du secteur du bâtument et des travaux publics (BTP) et de l'industrie avaient été victimes des "compressions" d'emplois, et avaient perdu le leur. Dans les service, le BTP et l'hydraulique, un travailleur sur deux a perdu son emploi (55 % dans les services, 48 % dans le BTP et l'hydraulique). Plus de 190'000 dossiers ont été transmis à la caisse nationale d'assurance chômage depuis 1994. Dans la seule année 1999, près de 100'000 chômeurs percevaient leurs indemnisés, mais plus de 80'000 (+ 90 % en un an) se sont retzrouvée en fin de droits, ou sans droits, et pour la plupart sans ressources. Parallèlement, plus de 120'000 demandes d'emplois étaient déposées, dont un quart de personnes n'ayant jamais eu d'emploi, mais seulement 24'720 offres d'emplois (dont 78 % du secteur public) étaient enregistrées, soit quatre fois moins que de demandes, et 22'371 personnes ont pu être placées, dont plus de 83 % en emplois temporaires. En 1999, le ministère a recensé 173 grèves (195 en 1998), dont 122 dans le secteur public, suivies par 34'000 travailleurs et correspondant à 243'000 journées de travail perdues. La durée moyenne des grèves est d'environ une semaine, leurs motifs sont principalement salariaux (pour 43 % des grèves).

(La Tribune 2.5) La démonstration de force que souhaitait l'UGTA à l'occasion du Premier Mai "n'a pas eu lieu vraiment", écrit "La Tribune", qui ne relève que "quelques coups d'éclat de quelques unions de silayas", comme à Tizi Ouzou, où 10'000 personnes ont manifesté à l'appel de l'UGTA. Mais à Bejaïa, ils n'étaient que 1500 à manifester, "du fait d'une certaine méfiance vis-à-vis" de l'UGTA, selon le quotidien.

(Le Soir 4.5) Plus d'un millier d'adhérents de l'UGTA auraient quitté les rangs de l'ex-syndicat unique pour rejoindre le Syndicat national autonome de l'administration publique (SNA-PAP) à Blida. Les démissionnaires refusaient, selon "Le Soir", la composition du bureau exécutifs de l'Union UGTA de la wilaya.

(Liberté 7.5) 25'000 nouveaux cas de cancers, dont une majorité frappant les femmes, et 1800 cas de cance des poumons frappant les hommes, sont enregistrés chaque année en Algérie, a annoncé le 4 mai le chef du service d'oncologie de l'hôpital Mustapha-Bacha, Kamel Bouzid.

(Le Matin, Liberté 7.5) Les travailleurs de la Sécurité Sociale observeront, à l'appel de leur Fédération nationale (FNTSS) un arrêt de travail de deux heures le 8 mai pour protester contre les menaces de privatisation du secteur- Le syndicat a assuré que si les autorités ne réagissait pas à cette première manifestation du refus des salariés de la sécurité sociale d'accepter une quelconque privatisation, le mouvement se poursuivrait et se durcirait. Le 3 avril, le ministre du Tavail et de la protection sociale, Bouguerra Soltani, avait déclaré ne voir "aucun inconvénient à l'ouverture du secteur des assurances sociales au privé, dans la mesure où cela n'enfreint pas les lois de la République". Le 22 avril, le ministre avait expliqué qu'il fallait "introduire la concurrence et le pluralisme", mais assuré que "les caisses existantes ne seront pas privatisées", ce qui n'avait pas rassuré les travailleurs -non plus que les assurances données par le Premier ministre Ahmed Benbitour sur l'absence de toute intention du gouvernement de privatiser quoi que ce soit dans le secteur. L'UGTA s'est prononcée "totalement et définitivement" contre "toute tentative de privatisation de la sécurité sociale", dont le déficit serait, selon le ministère, de 46 milliards de dinars (4,6 mias FF, 1,15 mia FS)

(El Watan 8.5) La fermeture de 42 entreprises dans la région de Constantine, dans les quatre dernières années, a provoqué, écrit "El Watan", la perte de 26'000 emplois et une augmentation considérable du travail au noir, qui serait pratiqué par 79 % des travailleurs de la wilaya si l'on extrapole à l'ensemble du marché régional du travail les chiffres obtenus lors de l'inspection de 65 employeurs en février et mars 2000 : 150 travailleurs au noir, sur 190 travailleurs recensés. En 1999, les inspecteurs du travail ont découvert lors de leurs inspections 1437 personnes (jeunes de moins de 16 ans, chômeurs, retraités, et une majorité de femmes) employées au noir notamment dans des cafés, des restaurants, des ateliers de confection, des ateliers de réparation. Près de la moitié des effectifs des 1136 entreprises inspectées ne sont pas déclarés à la Sécurité Sociale, sont payés au-dessous du Smig et travaillent plus de huit heures par jour.

(El Watan 17.5) Depuis une semaine, la rumeur circule à Alger d'enlèvements d'enfants par des réseaux alimentant le marché noir d'organes humains. Les services de sécurité ont dû démentir cette rumeur, et précisé qu'aucune plainte pour enlèvement n'avait été signalée. La rumeur suggérait que des enfants étaient enlevée pour être amputés de certains de leurs organes, ceux-ci étant ensuite revendus (la vente d'organe étant interdite en Algérie).

(El Watan 29.5, CSSI) Le Secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a informé le 28 mai le Premier ministre de l'intention de l'UGTA de boycotter la conférence sur la sécurité sociale que le ministre compte organiser, les 30 et 31 mai. L'UGTA reproche au ministre du Travail d'avoir préparé la conférence sans l'avoir consultée préalablement, alors que le Conseil d'administration de la canisse nationale d'assurance sociale CNAS est composé majoritairement de représentants de l'UGTA, et présidé par le secrétaire général de la centrale syndicale -ce que les syndicats autonomes dénoncent par ailleurs. Le Premier ministre Benbitour et Sidi Saïd se rencontrés le 28 mai pour examiner, entre autres, la crise de l'entreprise publique Alfasid, dont, selon l'UGTA, le PDG aurait affirmé qu'elle ne reprendrait pas ses activités avant septembre.

(Quotidien d'Oran 28.5, El Watan 31.5) "Les difficultés sociales ont gonflé les rangs des candidats au suicide", écrit "El Watan" dans un dossier sur un phénomène qui semble prendre de l'ampleur en Algérie. De janvier à la mi-mai 2000, 23 suicides ou tentatives de suicides ont été recensées par la protection civile à Alger (19 hommes et quatre femmes), et "le nombre de personnes qui se donnent la mort n'a cessé d'augmenter ces dernières années". Dans la wilaya de Tizi Ouzou, près d'une vingtaine de cas ont été enregistrés dans une période comparable. Selon le chef du service de psychiatrie de l'hôpital Mustapha, le Dr Yazid Aribi, cette augmentation est due à "la tension qui règne sur le front social". En 1990, on avait enregistré 73 suicides et 318 tentatives de suicides; en 1991, 86 suicides et 326 tentatives; en 1992, 55 suicides et 75 tentatives; en 1996, 31 suicides et 21 tentatives; en 1997, 31 suicides en 27 tentatives. Le nombre de cas a ensuite brutalement augmenté, pour passer à 65 suicides et 135 tentatives en 1998, 75 suicides et 323 tentatives en 1999. Le quotidien relève que "des filles-mères choisissent (de se suicider) pour éviter l'opprobre populaire alors que leurs partenaires masculins continuent à vivre dans l'impunité la plus totale, lorsque cette même société ne glorifie pas leurs actes". En 1991, les suicides de mineurs étaient plus souvent le fait des filles (16 suicides, 53 tentatives) que des garçons (5 suicides, 30 tentatives). On relève également des suicides dus à des pertes d'emploi ou à l'échec scolaire.

(La Tribune 30.5) Selon le ministre du Travail et de la protection sociale, Bouguerra Soltani, 12 millions d'Algériens vivent avec un revenu d'au plus un dollar par jour, 2,3 millions de chômeurs attendent une prise en charge, 250'000 demandeurs d'emploi arrivent chaque année sur le marché du travail et l'Algérie compte 1,9 million de nécessiteux. Selon le ministre, intervenant le 29 mai devant les cadres des Caisses de sécurité sociale et de l'administration locale, 18 % des Algériens ne bénéficient pas de protection sanitaire et 20 % ne bénéficient pas de protection sociale, protection sociale fragilisée selon Bouguerra Soltani par l'application des réformes structurelles liées au plan de stabilisation négocié avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

(El Watan 31.5) Plus d'un million ( jusqu'à 1,360 million) d'enfants et adolescents algériens, de six à dix-sept ans, sont "poussés au travail en raison de la crise économique" et, selon "El Watan", de la "privatisation sauvage des entreprises publiques" : c'est que qu'indique une étude du professeur Semmid, initiée par le ministère de la Solidarité et financée par l'UNICEF. La majorité de ces enfants et adolescents mis au travail sont des filles (760'000, pour 600'000 garçons), qui travaillent essentiellement en milieu rural. 28 % des enfants au travail ont moins de 15 ans, plus de la moitié ont commencé à travailler avant cet âge. Un enfant travailleur sur six vit dans un habitat précaire, 15,4 % sont orphelins de père ou de mère, 52,1 % sont originaires de la campagne et 38,7 % des centres urbains. Selon le Bureau International du Travail, en 1996 1,6 % des enfants travaillaient en Algérie. Depuis lors, le travail des enfants aurait pris une ampleur considérable.

(Liberté 3.6, 4.6) En guise de solidarité avec le secrétaire général du syndicat d'Alfasid, Aïssa Menadi, qui a entamé le 3 juin une grève de la faim pour protester contre sa condamnation à six mois de prison et 2000 dinars d'amende pour "propos mensongers", les 6000 travailleurs dd'Alfasid devaient débrayer le 4 juin à midi, pour une heure.

(Liberté 1.6) Un syndicat des travailleurs du secteur agricole a tenu son congrès constitutif les 31 mai et 1er juin à Zeralda. Chapeauté par l'Union nationale des paysans algériens (UNPA, ex-UNPATSA, une ancienne "organisation de masse" du système de parti unique), la Fédération des travailleurs des services agricoles se donne pour but de représenter les travailleurs des entreprises, des organismes et de l'administration de l'ensemble du secteur. Il existe déjà des syndicats de ce secteur, au sein de l'UGTA. "Liberté" prédit "une certaine concurrence" à venir entre les deux organisations "pour récupérer le plus grand nombre d'adhésions".

(Liberté 8.6) Une demie-journée de grève devait être suivie le 8 juin dans le secteur de la banque, à l'appel de la Fédération des travailleurs des finances et du plan, pour protester contre les déclaratuons du ministre des Finances Benachenhou devant l'Assemblée nationale, accusant les banques d'être "un danger pour la sécurité de l'Etat", ce que le syndicat avait quualifié d'"agression verbale" et de "propos diffamatoires" à l'encontre des cadres et des travailleurs du secteur. Les syndicats rappellent que les banques "n'ont jamais eu les coudées franches" et ont toujours du "obéir aux injonctions de la tutelle", dont ils dénoncent la volonté "de ficeler les bilans dans l'opacité de manière à priver les travailleurs du fruit de leurs efforts". Et de dénoncer par avance "toute action ou démarche allant dans le sens d'une privatisation, de quelque type que ce soit, sans consultations" et sans "adhésion préalable du partenaire social". Les syndicats menacent d'organiser une grève générale du secteur début juillet.

(Liberté 8.6) La dégradation du patrimoine immobilier à Alger a connu "des proportions importantes" en trente ans, écrit "Liberté", qui cite des sources officielle évaluant à 18 % la proportion du parc immobilier algérois (6655 immeubles collectifs et 5106 villas) nécessitant une intervention, ce qui représente 1521 immeubles, dont 169 seraient purement et simplement à démolir, les autres nécessitant une réhabilitation. Dans les autres villes du pays, la situation ne serait pas plus brillante. 35 constructions vétustes devraient être démolies à Annaba, dans la vieille ville ottomane, où des effondrements d'immeubles se sont produits en novembre 1999 et février 2000. 50 % du parc immobilier d'Annaba date de la période coloniale. A Constantine, au moins quatre grands immeubles menacent ruine dans la cité Laloum, à Belloune et à la cité Benboulaïd. A Oran, 572 bâtiments dans un état de dégradation "avancé" ont été recensés, dont 181 représentant un danger, où habitent 4550 familles. "Depuis 1962, l'Etat a hérité d'un patrimoine géré par de nombreuses institutions dont les statuts sont diversifiée et inadaptés à la réalité du terrain", écrit le quotidien, qui parle d'un "état de décrépitude de plus en plus alarmant" du patrimoine immobilier, et qui l'attribue à l'absence de mesures préventives sur l'ancien patrimoine (celui "hérité" de la période française), au non-respect des règles de l'urbanisme, à l'"insouciance" de certaines municipalités "qui ont délivré des autorisations de manière illégale", à la mauvaise volonté des co-propriétaires, à la faiblesse des loyers et des charges, et donc des moyens financiers disponibles.

(Liberté 12.6) 73'000 étrangers, de 121 nationalités, vivent en Algérie (fin 1999), selon les statistiques officielles, ce qui correspond à une diminution sensible depuis 1990 (128'000 résidents) mais à une certaine "remontée" depuis 1995 (52'000 résidents). Les plus fortes communautés étrangères d'Algérie sont composée des Marocains (40'000 personnes, essentiellement concentrées dans l'ouest et à Alger), des Tunisiens (9000 personnes) et des Français (6000 personnes). Le cadre juridique algérien accorde aux résidents étrangers la plupart des droits sociaux dont sont supposés bénéficier les Algériens (scolarisation et hospitalisation gratuites, choix du lieu de résidence, liberté de circulation dans le territoire), mais leur interdit d'occuper des fonctions dans le secteur public. Les étrangères épouses d'Algériens sont, elles, victimes de "ségrégation", rappelle "Liberté" : en cas de décès du mari, elles ne peuvent bénéficier de l'héritage que si elles sont de confession musulmane. Quant à l'acquisition de la nationalité algérienne par des étrangers, elle est possible avec facilités pour les enfants nés de mère algérienne et de père inconnu ou apatride, ou nés en Algérie d'une mère algérienne et d'un père étranger.

(OMS 20.6) Selon le classement établi par l'OMS des pays en fonction de la qualité de leur système de santé et de couverture des soins, classement qui met en tête la France et l'Italie, l'Algérie se retrouve au 81ème rang mondial, au 10ème rang "arabe" et au 3ème rang du Maghreb, après le Maroc et la Tunisie.

(Liberté 22.6) Un séminaire nationale sur la "réparation psychologique des enfants victimes de la violence" a été organisé les 21 et 22 juin à Alger par le Croissant Rouge algérien et le CICR. Les participants ont relevé la gravité des problèmes (agressivité, délinquance, troubles du caractère, angoisse, traumatismes, dépresssion) vécus par les enfants concernés, certains dénonçant le manque de moyens pour y faire face. Dans la seule wilaya de Jijel, 1130 enfants sont recensés comme ayant été victimes de la violence, sans que l'on sache s'ils sont pris en charge ou non. Dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi, sur 450 enfants recensés, seuls 50 sont pris en charge par les foyers d'accueil.

(El Watan 25.6) La toxicomanie a atteint en Algérie des proposrtions alarmantes, a-t-on constaté lors d'une conférence nationale organisée le 24 juin à Alger par l'Organisation nationale des associations pour la sauvegarde de la jeunesse. La conférence a mis en évidence la progression de la toxicomanie au sein de la jeunesse (dans les deux sexes), y compris au sein des établissements scolaires. Selon une enquête récente, sur 450 élèves interrogés, 34 % ont déclaré consommé ou avoir consommé, régulièrement ou occasionnellement (14 %) (14 %) une drogue ou une autre (cannabis pour 30 % d'entre eux, médicaments psychotropes pour 20 %). Une majorité des consommateurs de drogue seraient âgée de 14 à 25 ans, 54 % seraient illétrés.

(El Watan 6.7) Selon un classement établi en 1995 en fonction de l'"indice de pauvreté humaine" (IPH, somme de critères comme la malnutrition, l'analphabétisme, la rareté de l'esu potable etc...), l'Algérie se trouve au 34ème rang (entre la Tunisie, 28ème, et le Maroc, 53ème). En ce qui concerne les disparités sociologiques entre les exes, l'Algérie se retrouve 96ème. Ces données ont été rappelées lors d'une conférence tenue les 1er et 2 juillet par le Centre de la recherche d'information documentaire en sciences sociales et humaines. Une conférence nationale pour la lutte contre la pauvreté devrait se tenir à Alger en octobre. Il est à craindre qu'après cinq ans de violence, d'exode rural massif et de licenciements, la position de l'Algérie se soit encore dégradée selon l'IPH.

(Liberté, El Watan 11.7) "Liberté" rend compte de plusieurs suicides récents d'adolescents de 15 à 20 ans, à la suite d'échecs scolaires, notamment à l'examen du baccalauréat. Le taux de réussite à cet examen a été de 32,29 % des près de 100'000 lycéens qui l'ont passé (contre 24,73 % en 1999).

(Le Matin 15.7) Pas moins de huit personnes se sont suicidées (six par pendaison) dans la seule wilaya de Bejaïa, dans la seule première quinzaine de juillet.

(Liberté 24.7, CSSI) Le Premier ministre Ahmed Benbitour devrait être interpellé à l'Assemblée nationale sur la vague de suicide qui semble frapper l'Algérie -sans que l'on sache d'ailleurs précisément si le phénomène est nouveau, ou si la nouveauté réside dans la publicité qui lui est donnée. Pour "Liberté", la "dégradation de la situation sociale en Algérie, qui frôle le seuil de la misère, et l'après terrorisme restent pour le moment les principales explications" de ces suicides, dont la majorité seraient le fait de travailleurs licenciés et de jeunes chômeurs. Selon les statistiques disponibles (qui ne comptabilisent que les suicides reconnus comme tels), 220 personnes se sont données la mort en Algérie en 1999, mais 329 pour le seul premier semestre de 2000, ce qui correspond à trois fois plus. La période où le plus grand nombre de suicides ont été enregistrés semble être l'été 1999 (50 cas en jui, 47 en juillet, 38 en août), la région la plus frappée semble être la Kabylie (34 suicides en 1999 dans la wilaya de Tizi Ouzou et 26 dans celle de Bejaïa). 78,76 % des cas enregistrée en 1999 concernent des hommes, 64,9 % la tranche d'âge 18-40 ans, 65,56 % des chômeurs, 24,78 % des personnes "vulnérables psychiquement".

(Liberté 12.7) L'Algérie enregistre un taux de mortalité maternelle de 1,4 pour mille, soit un taux intermédiaire entre celui des pays développé (0,1 pour mille) et celui des pays les plus défavorisés d'Afrique subsaharienne (10 pour mille). Ces chiffres ont été donnés lors d'une conférence organisée à Alger dans le cadre de la Journée mondiale de la population.Le directrice de la population auprès du ministère concerné, Mme Benkhelil, a évoqué "l'insuffisance en matière de suivi des grossesses" en Algériie : Une femme enceinte sur dix ne fait pas suivre sa grossesse, et pour 30 % des autres, le suivi est "insuffisant". Il est également globalement insuffisant après l'accouchement : une femme sur quatre seulement se fait suivre médicalement après l'accouchement. La durée moyenne d'hospitalisation pour l'accouchement (de un à deux jours) est insuffisante, et ne s'explique pas par un manque de lits puisque ceux disponibles permettraient une occupation supérieure à quatre jours en moyenne). Mme Benkhelil a également déclaré que les cancers génitaux constituaient un sujet de préoccupation, avec une prévalence des cancers du sein de 16,5 pour cent mille, et de ceux du col de l'uterus de 8,8 pour cent mille. Enfin, s'agissant des objectifs gouvernementaux, la directrice de la population a déclaré qu'ils étaient, pour 2010, d'atteindre le niveau des pays développés en matière de planification familiale. Quant au ministre de la Santé, Amara Benyounès, il a rappelé que l'excédent annuel de population en Algérie était de l'ordre de 450'000 habitants, c'est-à-dire l'équivalent de la population d'une wilaya moyenne : "chaque année, il est créé dans notre pays une wilaya nouvelle en termes de population mais aussi en termes de besoins sociaux additionnels à satisfaire".

(Le Matin 23.7, 25.7, Liberté 24.7, 26.7, 27.7, Libération 26.7) C'est à un véritable déchainement de colère que l'on a assisté le 24 juillet à Sidi Bel Abbès au moment de la publication de la liste des bénéficiaires de l'attribution de 1500 logements sociaux. Plusieurs milliers de personnes ont arraché les grilles de protection de la mairie, incendié le poste de police, brisé les vitres de la municipalité. Des manifestants ont tenté de forcer la résidence du préfet mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre, sur qui des pierres ont été lancées. La brigare anti-émeute a été appelée pour tenter de maîtriser les manifestants, qui dénonçaient l'injustice, la corruption, la mauvaise gestion, la "galère quotidienne". Un policier a été blessé et 38 manifestants arrêtés. Sept d'entre eux ont été incarcérés. Le calme n'est revenu qu'avec l'annonce par le maire de l'annulation de l'attribution des logements sociaux. De nombreuses familles en détresse qui sollicitaient un logement se l'étaient vu refuser alors que des familles déjà logées en recevaient un, et qu'un propriétaire de 40 hectares de terre était sur la liste des bénéficiaires. Les manifestants dénonçaient l'attribution de logements contre des pots de vin, l'attribution de logements municipaux à des non-résidants dans la commune, ou à des membres du Conseil municipal.

La protestation contre les modalités de l'attribution des logements sociaux ne s'est pas limitée à Sidi Bel Abbès : à Alger, les représentants de 230 familles de Boufarik ont dénoncé l'attribution de 201 logements à des familles qui n'en avaient pas besoin; à Tiaret, 2400 recours ont été déposée contre l'attribution de 1194 logements. A Meftah, plusieurs centaines de personnes ont protesté contre les "passe-droits", les "pistons", les pots de vins et l'absence de réponse donnée aux demandes de logements déposées par des victimes du terrorisme. A Draa el Mizan, 700 personnes ont occupé le siège de la municipalité pour protester contre l'attribution de 265 logements sociaux dont certains auraient été attribués à des personnes disposant déjé de logements ou de terrains. A Constantine, 6500 recours ont été déposée contre 1487 attributions de logement. Dans la wilaya de Skikda, ce sont des dizaines de milliers de recours qui ont été déposés contre l'attribution de 5500 logements sociaux (pour la seule commune de Skikda, 12'000 demandes avaient été déposées, pour 857 logements disponibles). A Annaba, un millier de recours ont été déposés contre l'attribution de 400 logements, qui avait fait l'objet de 30'000 demandes. A Jijel, 38'000 demandes ont été faites pour 3500 logements disponibles.

Des manifestations de protestation contre les attributions de logements sociaux ont également eu lieu dans la wilaya de Tizi Ouzou, à M'sila et à Bejaïa.

La pénurie de logements est endémique en Algérie, où la paupérisation d'une bonne partie de la population, les déplacements de population des zones "non sécurisées" vers les villes, et le coût de la construction, ne laissent d'espoir de se loger qu'à travers l'attribution de logements sociaux (40'000 à 50'000 par an, pour un million et demi de postulants), alors que 600'000 logements sont à vendre mais ne peuvent être achetés, et qu'un million d'habitations sont inoccupées. Un programme d'urgence du précédent gouvernement, prévoyant la construction de 60'000 logements, est arrivé à terme, mes les logements n'ont pas encore (du moins officiellement) été attribués).

(AFP 23.8) - Le détournement de logements sociaux au profit de bénéficiaires illicites continue de susciter des mouvements de protestation dans tout le pays. Le 22 août, des centaines de personnes ont manifesté à Es Senia, près d'Oran, contre l'attribution de 162 logements. Les manifestants, après avoir brisé les vitres de la mairie, ont séquestré le maire et deux de ses adjoints, qui n'ont été libérés qu'après l'intervention des forces de l'ordre, selon la presse. Le 24 juillet, une émeute avait éclaté à Sidi Bél Abbès où plus de 3.000 personnes avaient contraint le wali (préfet) à annuler une distribution "inéquitable", selon eux, de logements sociaux. Le même jour, des dizaines de personnes venues de Boufarik, dans la plaine agricole de la Mitidja, aux portes de la capitale, s'étaient rassemblées devant le Palais du gouvernement à Alger pour protester contre la façon dont les logements ont été distribués dans leur ville. A Alger, le wali (préfet), Abdelmalek Nourani, a annoncé le 22 août devant le Conseil régional, le gel de la distribution de 4.500 logements affectés, selon lui, dans des conditions "obscures". Désormais, la crise du logement, qui frappe surtout les catégories les plus pauvres de population, n'épargne plus la classe moyenne, notamment les nouveaux cadres, dont les salaires sont trop élevés pour faire une demande de logement social, mais trop faibles pour acquérir un logement au prix du marché. Selon des chiffres fournis par la presse, le mètre carré d'un logement de standing moyen est de 24.000 dinars (2.400 ff), soit 4 fois le salaire minimum mensuel. Un logement promotionnel de 100 M2 en banlieue d'Alger peut coûter jusqu'à plus de 3 millions de dinars, soit plus de 500 fois le salaire minimum. De plus, lorsqu'un prêt leur est demandé pour l'achat d'un logement, les banques prélèvent des interêts de 11%, exigent un revenu régulier, une assurance-vie et une hypothèque du logement à acheter.

(Liberté 26.7) La revue annuelle "Psychologie", éditée par la Société algérienne de recherche en psychologie, consacre un numéro spécial (No 8, 1999-2000) aux traumatismes liées à la violence, sous le titre "traumatismes, réactions et prises en charge". Une dizaine de contributions sont consacrées notamment aux études de terrain (notamment une enquête faite auprès de 800 personnes, à Sidi Moussa et Dely-Ibrahim), à l'organisation de l'aide, aux viols. En introduction, la responsable de la revue, Cherifa Bouatta, écrit qu'"à travers les traumatismes, c'est l'histoire collective qui fait effraction dans la vie non pas d'individus isolés, mais de familles, voire de communautés entières" en produisant "l'implosion des liens d'alliance, de filiation et d'appartenance".

(El Watan 27.7) Selon les dernières statistiques de l'OMS, qui procèdent d'évaluations et non d'un recensement, l'Algérie compterait entre 8000 et 11'000 personnes infectées par le virus du sida, et 730'000 personnes exposées à l'être. Officiellement, et jusqu'en 1999, l'Algérie n'a comptabilisé que 500 malades et 50'000 séropositifs, dépistés à partir d'analyse de dons de sang. Selon le "plan stratégique national de lutte contre le sida" (PSNLS), le mode de transmission de la maladie est, dans 28,8 % des cas, lié à la toxicomanie, dans 20,1 % des cas aux tranfusions sanguines et dans 44,2 % des cas aux relations sexuelles.

(Le Monde 4.8) "Le Maghreb n'a mis que 25 ans pour parcourir le même chemin que la France en deux siècles" au plan démographique, constate une étude de l'Institut national (français) d'études démographiques (INED), publiée dans le dernier numéro de l'organisme, "Population et société". L'étude relève que la fécondité de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc a pratiquement rejoint le niveau européen, soit moins de deux enfants par femme (2,2 en Tunisie en 1998, 3,1 au Marox en 1996, 3,1 en Algérie en 1997), alorts que ce taux atteignait 7 enfants par femme en 1960. Si le rythme de baisse du taux de fécondité se poursuit au Maghreb, il devrait atteindre 2,5 au Maroc, 2,3 en Algérie et 2,0 en Tunisie dans le courant de l'année 2000. La baisse de la fécondité maghrébine s'est accélérée pendant la dernière déceennie, et devrait se poursuivre, pour se stabiliser en dessous du seuil de remplacement naturel (sans immigration) des générations. Les causes de cette évolution sont multiples : élévation de l'âge du mariage (en Tunisie : 20 ans en 1966, 17 ans en 1995), scolarisation des filles, urbanisation de la société, plus grande autonomie des individus, plus grande attention portée à l'enfant, nouvelles aspirations des femmes, usage de la contraception (qui à elle seule a réduit de près de moitié le taux de fécondité dans le mariage), avec une prédominance du stérilet et de la stérilisation en Tunisie, de la pilule au Maroc et en Algérie. Cette baisse de la fécondité n'empêchera pas, dans un premier temps, l'augmentation de la population (d'ici à 2050, elle devrait croître de 25 % en Tunisie, de 30 % au Maroc, de 40 % en Algérie, celle-ci devenant de loi le pays le plus peuplé de la région), puisque les générations les plus nombreuses ont aujourd'hui moins de 20 ans et vont procréer. Mais la structure par âge de la population va considérablement changer, et a commencé de le faire : le tranche d'âge des moins de 5 ans ne représente plus que 10 % de la population du Maghreb aujourd'hui, contre 20 % en 1966. Cette baisse de la proportion des enfants va alléger la charge d'entretiens des inactifs pesant sur les actifs, pendant un "âge d'or démographique" où la proportion des inactifs ("pas encore" actifs ou "plus" actifs) sera minimale, avant que le vieillissement de la population n'intervienne pour alourdir à nouveau la charge des inactifs, ce qui devrait se produire de manière plus brutale encore qu'en Europe, la transition démographique se produisant plus rapidement.

(AP 24.8) A trois semaines de la rentrée scolaire, le 16 septembre prochain, les familles algériennes sont confrontées au coût élevé des dépenses nécessaires pour l'équipement des enfants. Les prix des trousseaux scolaires (cartables, fournitures et manuels) sont particulièrement élevés. Les cartables pour des enfants du cycle primaire oscillent, selon la qualité, entre 300 et 700 dinars algériens (environs 30 à 70 FF), les tabliers, encore obligatoires à l'école, varient entre 250 à 500 DA. Quant aux fournitures scolaires, elles sont cédées à des prix exorbitants. Un cahier de 200 pages peut parfois atteindre le prix de 180 DA, sans aucune garantie sur la qualité du papier. Globalement, un trousseau complet revient à environ 8.000 DA par enfant, soit plus que le salaire mensuel moyen. Par ailleurs, la famille moyenne algérienne compte plus de trois enfants, et les prix augmentent à chaque rentrée scolaire sans que le niveau de vie ne connaisse, lui, la moindre amélioration. Les petites et les moyennes bourses se retrouvent ainsi dans l'obligation d'emprunter pour répondre aux besoins de leurs enfants scolarisés. Pour tenter d'aider les familles, le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille a débloqué depuis quatre ans, une enveloppe annuelle de 150 millions de dinars (15 millions de FF) pour acheter et distribuer des trousseaux scolaires aux enfants nécessiteux, recensés au niveau des communes avec la collaboration des directeurs d'écoles et des enseignants. Cette année 2,2 millions d'élèves sont concernés par cette opération, soit 700.000 de plus que l'an dernier.

(Liberté 4.9) L'Institut national algérien de la santé publique (INSP), en collaboration avec l'UNICEF, a effectué en 1999 une enquête sur "l'ampleur et l'impact des événements traumatiques liés à la violence terroriste", auprès de 361 élèves (dont 54 % de filles) d'une école primaire et d'un collège, avec une moyenne d'âge de 11 ans. La plupart des élèves étaient issus d'un milieu défavorisé, mais 94,7 % vivaient encore avec leur deux parents. Tous les élèves venaient d'une commune où un massacre de civils avait été commis, massacre auquel, ou aux suites duquel, 84,5 % d'entre eux ont assisté. 83,9 % ont eu des amis ou des camarades de classe assassinés, 67,8 % d'entre eux ont été témoins de l'assassinat de proches ou de voisins, ou ont vu leurs cadavres après leur assassinat. Au-delà du massacre particulier évoqué, 10 % des enfants interrogés ont été victimes d'un attentat, 4,9 % d'entre ont été blessés, 17 % ont été menacés (12,9 % des moins de 12 ans ont reçu des menaces verbales) 24,4 % ont assisté à des meurtres, 6 % à des meurtres de membres de leur famille. 3 d'entre eux ont eu leurs deux parents assassinés, 4,6 % d'entre eux ont eu un frère ou une soeur assassiné. Selon l'enquête, 28,2 % d'entre eux s'attendaient à vivre ou à être témoin d'un tel événement, et tous, sans exception, ont été "perturbés" ou traumatisés par celui-ci. 69,8 % d'entre eux se le remémorent spontanément, 66,7 % font des cauchemars, 45,7 % affirment avoir le sentiment de revivre l'évènement, 77,3 % d'entre eux ont de la difficulté à l'entendre évoquer. Selon l'enquête, la plupart des enfants interrogée sont toujours perturbés par ce qu'ils ont vécu et continuent à en souffrir.

(Liberté 7.9) Le secteur de la formation professionnelle est le seul secteur de l'éducation algérienne à avoir, depuis la publication du décret du 11 mai 1991, organisé l'émergence détablissements privés. 506 établissements agrées existent actuellement, offrant 30'000 places, officiellement en complémentarité, souvent en concurrence avec le secteur public. Le secteur privé de la formation professionnelle prépare à 60 titres et diplômes sur les 461 existant, dans 9 des 21 branches professionnelles recensées. Les tarifs de ces écoles étant fixés librement par les écoles elles-mêmes, et les formation proposées étant supposées être les plus lucratives, ces écoles ne s'adressent guère qu'à une clientèle privilégiée.

(Liberté) Si au moins 4000 postes budgétaires pour les enseignants ne sont pas immédiatement débloqués, la rentrée risque de ne pas avoir lieu dans certaines régions du pays", a déclaré le ministre de l'Education nationale, Aboubakr Benbouzid, le 10 septembre. La seule région de Setif aurait besoin de 400 postes supplémentaires, et 27'000 places d'enseignants seraient à pourvoir, au terme d'un "déficit" accumulé depuis 1995, année où a été décidé le gel des postes dans l'éducation nationale. 18'000 enseignants ont été licenciés pour répondre aux nécessité du plan d'ajustement structurel imposé à l'Algérie. En outre, 12'000 enseignants sont partis à la retraite pendant la même période. Dans le même temps, un demi-million d'élèves supplémentaires se sont inscrits. L'Algérie compte 235'000 enseignants pour 7,810 millions d'élèves (dont 2,2 millions sont considérés comme "nécessiteux" et bénéficient d'une aide à la fourniture scolaire, au transport et à la restauration) mais dans les wilayas du nord, l'inadéquation entre le nombre d'enseignants et le nombre d'élèves est telle qu'un seul enseignant se retrouve parfois avec 50 à 60 élèves.

(Liberté 11.9) En quatorze ans, la circulation routière a connu en Algérie 380'000 accidents qui ont fait 56'000 morts et 700'000 blessés, a révlélé le ministre des Transports le 10 septembre : "Nous sommes l'un des pays au monde où le code de la route n'a pas évolué depuis 1987 (et) où la route est la moins sécurisée et la plus menaçante", a déclaré le ministre.

(Le Matin 21.9) Selon les statistiques officielles, 500'000 élèves sortent chaque année du système scolaire obligatoire algérien sans aucune qualification. "Le Matin" signale également "la disparition progressive des sciences exactes et (la) régression des effectifs de l'enseignement technique". Les taux de redoublement dans les classes de fin de cycle (6ème, 9ème, terminale) atteignent respectivement 18 %, 31 % et 50 %. Dans les zones rurales, on signale également une augmentation de l'abandon scolaire en cours de scolarité secondaire (160'000 abandons en 2000). Par ailleurs, le quotidien signale que la commission de l'éducation de l'Assemblée nationale ne s'est pas réunie à l'occasion de la rentrée scolaire pour débattre des problèmes du secteur. Le député FFS, et Secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), Arab Azzi, dénonce l'occulation de ces problèmes par le gouvernement, son refus d'augmenter le budget de l'éducation et de créer de nouveaux postes, et l'accuse de vouloir privatiser l'école publique.

(AP 23.9) Un important réseau de trafic de fausse monnaie, dirigé par un ancien membre de la Cour des comptes (Conseil national de comptabilité), ancien membre de l'Union des écrivains algériens et ancien enseignant à l'université d'Alger, B. Saoudi, a été démantelé à Zeralda par les services de sécurité. Il s'agit de la neuvième affaire de ce genre depuis janvier. Les enquêteurs ont récupéré chez B. Saoudi 40 millions de FF et 500 millions de dinars 850 mios FF) en "bonne" monnaie, probablement échangés contre de la fausse monnaie déjà mise en circulation. 327 millions de faux algériens ont été récupérés.

(La Tribune 23.9) "La Tribune" rappelle que, selon un arrêté interministériel du 2 janvier 1999, à partir du 1er janvier 2002 la totalité des prestations accordées sous forme d'allocations familiales (primes de scolarité comprises) devront être assurées par les employeurs. Dès lors, on peut sérieusement craindre que le secteur privé, qui va employer une part croissante des salariés algériens (et en emploie déjà 46 %, selon les sources syndicales), embauchera systématiquement des personnes sans charge de famille afin d'éviter d'assumer les allocations familiales (au sens large), avec deux conséquences à la clef : un "double marché" du travail, le secteur public employant les salarié et salariées mariés et avec enfants, le secteur privé les célibataires, veuves et veufs sans enfants, et une augmentation du chômage chez les personnes avec charge de famille (avec les risques de paupérisation massive de ces familles).

(Le Matin 24.9) Le syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), syndicat des médecins spécialistes, a menacé le 23 septembre de déclencher une grève générale des médecins spéciales du secteur public, si "d'ici à 45 jours rien n'est fait" pour qu'un status soit accordé à la corporation. Selon un médecin interrogé par "Le Matin", plus de 70 % des médecins ont déserté les services spécialisés dans les hôpitaux publiques, et les autres travaillent dans "des conditions misérables : salaire inconséquent, manque de moyens technique".

(El Watan 25.9) Au centre de la "transition démographique" que connaissent les pays du Maghreb, la structure familiale est en proie à des mutations que le Centre national algérien d'études et d'analyses pour la planification (CENEAP) analyse sur le terrain. Le CENEAP a organisé le 24 septembre un séminaire sur les thèmes de la transition démographique et de la structure familiale, qui a mis en évidence les évolutions de la société algérienne : recul de l'âge du mariage /27 ans et demi chez les filles en 1998, contre 18 ans en 1966) et 31 ans et demi chez les garçons (24 ans en 1966), augmentation de la proportion des célibataires (pour la tranche d'âge des 25-29 ans : 71,6 % des hommes en 1992 (46,1 % en 1986) et 34,8 % des femmes (20,6 % en 1096), influence considérable du chômage sur le "calendrier nuptial" des hommes, et du travail sur celui des femmes, recul de l'indice de fécondité (7,9 enfants par femme en âge de procérer en 1970, 2,8 en 1998).

(AAI 16.9) Le ministère de la Solidarité nationale organisera du 28 au 31 octobre une conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion.

(Liberté 3.10, AFP 4.10) La pauvreté "ronge de plus en plus l'Algérie", constate une dépêche de l'AFP, qui rappelle que le salaire minimum garanti est toujours de 6000 dinars/mois (environ 550 FF, 130 FS), qu'un professeur d'université ne touche qu'un salaire mensuel de 18'000 dinars (1700 FF, 425 FS) et que le chômage touche 30 % de la population en âge de travailler. Le produit intérieur brut par habitant est passé en dix ans de 3700 à 1600 dollars selon les chiffres officiels, le nombre des sans domicile fixe est en croissance constante, et l'émigration des cadres augmente, vers la France, essentiellement, mais aussi vers l'Amérique du nord (Canada et USA), où vivent désormais 25'000 Algériens. "La classe moyenne a disparu en Algérie", a déclaré le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, lors d'une réunion préparatoire de la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, du 28 au 31 octobre à Alger. Cette disparition de la classe moyenne pourrait laisser face à face ceux qui détiennent l'argent et le pouvoir et une masse populaire paupérisée. La pauvreté extrême, c'est-à-dire un revenu inférieur à la satisfaction des besoins alimentaires minimums, toucherait près de 10 % de la population totale de l'Algérie, et frapperait dans certaines région de 30 à 35 % de la population. En 1995, la Banque Mondiale évaluait la proportion de la population algérienne vivant en dessous du seuil de pauvreté (soit en dessous de la moitié du revenu moyen) à 22 % de la population totale. La situation s'est encore dégradée depuis. Dans certaines communes (comme celle d'El-Djazia, dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi), le taux de chômage atteint 90 % de la population active. Dans les agglomérations "parses" des zones rurales, seuls 21 % des habitants ont accès à l'esu potable, et 10 % au réseau d'assainissement -avec ce que cela suppose en termes de prévalences des maladies liées à la consommation d'eau non potable.

(La Tribune 4.10) Lors d'une rencontre régionale des cadres de l'inspection du travail de l'est algérien (Constantine, Mila, Skikdam Azzaba, Collo, Aïn M'lila et El Millia), tenue le 3 octobre, il a été révélé que 54,3 % de la main d'oeuvre des entreprises visitées par les inspecteurs du travail travaillait "au noir". Les trois principales groupes d'employés au noir sont les retraités d'une part, les anciens salariés victimes de "compressions", formellement licenciées et au chômage, d'autre part, les enfants de moins de 16 ans enfin. Rémunérés en-dessous de salaire minimum, travaillant le plus souvent au-delà des huit heures journalières prévues par la loi, ces travailleurs ne bénéficient pas des protections légales, se voient refuser congés et jours fériés, sont sans recours contre les licenciements et les refus de versement de salaires.

(Le Quotidien d'Oran 8.10) Une enquête effectuée sur le travail au noir des enfants âgée de moins de 16 ans révèlent que plus d'un million d'enfants algériens travaillent au noir. Les exclusions ou abandons scolaires volontaires touchaient en 1998 un enfant sur six (16,95 % des 6-14 ans, soit 1,132 million d'enfants et adolescents). 1,365 million d'enfants âgée de moins de 16 ans ne sont pas scolarisés. 2,6 % des enfants travaillant au noir (mais 11,8 % des enfants de moins de 10 ans travaillant au noir) n'ont jamais été scolarisés. 33,9 % des enfants au travail ont quitté "volontairement" l'école, 42,8 % en ont été exclus. 94,2 % des enfants au travail vivent chez leurs parents, 1,9 % chez les employeurs. 16,6 % des enfants au travail vivent dans des baraques ou des gourbis. Plus de la moitié des enfants au travail sont issus de familles de plus de 9 personne /c'est-à-dire de plus de sept enfants, eux compris), 86,6 % sont orphelins de père. L'âge moyen d'entrée des enfants sur le marché du travail au noir est de 13 ans et huit mois pour les garçons, 13 ans et 4 mois pour les filles.

(Le Matin 4.10) Un séminaire international sur "la violence à l'égard des femmes" est organisé les 9 et 10 octobre à Alger (Hôtel Aurassi), par le Centre national algérien d'études et d'analyses pour la planification (CENEAP), le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et SOS- Femmes en détresse.

(AAI 10.10, El Watan, Liberté 12.10) Il existe en Algérie entre 13 et 14 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté, a déclaré le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbes, le 10 octobre à Annaba. Les estimations de la Banque Mondiale faisaient état, pour 1995, de 22,6 % de la population, soit 6,360 millions de personnes, vivant dans la "misère sociale", dont trois millions ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins vitaux. En 1988, on estimait à 12,2 % la proportion des "pauvres", ce qui représentait à l'époque 2,85 millions de personnes. En sept ans, la proportion des "pauvres" a presque doublé, et leur nombre presque triplé. Le taux de malnutrition était estimé à 13 % entre 1992-1997 et près de la moitié de la population rurale n'a pas accès à l'eau courante, et les taux de chômage de la population des quartiers périphériques les plus pauvres dépassent souvent 50 % de la population active. Le taux de chômage global était estimé à 27,8 % en 1997 (19,7 % en 1990), avec 80 % des chômeurs de moins de 30 ans. Le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khellil, a déclaré le 11 octobre qu'il y a actuellement "1000 demandeurs d'emploi par jour en Algérie" et constaté que le marché du travail ne parvenait pas à satisfaire cette demande. Le ministre de la Solidarité a annoncé l'élaboration d'un programme quinquennal de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, programme concernant l'agriculture, le logement social, les petites et moyennes entreprises et la santé. Le "filet social" existant s'avère en effet incapable de répondre à l'accroissement de la pauvreté, parce qu'il était conçu pour une majorité de bénéficiaires ayant déjà des revenus réguliers. Seuls 13 % des bénéficiaires du programme de préemploi de l'Agence de développement social (ADS), destiné aux jeunes diplômés, ont trouvé du travail (dans le secteur public); seuls 24 % des projets de création de micro-entreprises ont été concrétisés pendant trois ans, et pas plus de 70'000 emplois créés.

(Le Soir 9.10, Le Matin, El Watan, Liberté 11.10, 12.10) Alors que la grève du secteur de l'éducation dans la wilaya de Bejaïa entre le 11 octobre dans son quatrième jour, le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation (SETE-UGTA) a appelé ses adhérents à une marche de protestation à Bejaïa, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes (4000 selon la police, 6500 selon les organisateurs), sous la banderole "J'en saigne". Le syndicat de Bejaïa revendique notamment l'ouverture de 500 postes dans l'éducation pour la wilaya, et réclame le limogeage des "responsables de la mauvaise gestion des affaires du secteur". La grève a été suivie selon le SETE par au moins 70 % des salariés, et les cours ont du être interrompus dans le seconaire, où pratiquement tous les salariés ont fait grève. Un rassemblement national est également prévu à Alger, devant le ministère de l'Education nationale, le 17 octobre. Le SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation) a pour sa part déposé un préavis de grève, et a accusé l'UGTA d'être "le syndicat du pouvoir", qui en a besoin "pour brader le service public".

(Quotidien d'Oran, El Watan, Liberté, La Tribune 15.10, 16.10) En dépit du refus des autorités d'accorder au CNES (Conseil national des enseignants du supérieur) l'autorisation d'organiser une marche à Alger, le mouvement de protestation des salariés du secteur de l'éducation a été meintenu pour le 15 octobre, à l'appel de quatre syndicats de professeurs, docents, assistants et chercheurs, , dont celui de l'UGTA (UGTA-USTHB), mais il se manifestera dans les enceintes universitaires, où seront organisées des assemblées générales, des piquets de grève et des rassemblements. Un débrayage et des manifestations de rue pourraient être organisé prochainement dans toutes les universités algériennes "si les pouvoirs publics persistent à ignorer (les) revendications" des syndicats, a déclaré le coordinateur national du CNES, M. Khouas. Le SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation) se prépare également à déclencher une grève, et c'est en fait tout le secteur éducatif qui est traversé par les mouvements de protestations, les associations estudiantines rejoignant le mouvement des enseignants.

(Liberté, Quotidien d'Oran 7.10, 11.10) La décision de supprimer les Académies régionales a été prise au Conseil des ministre, lequel a décidé de créer une Conférence nationale des Universités, "organe de concertation et de décision", et d'ouvrir le secteur de la formation supérieure aux privés. La formation de techniciens supérieure et d'ingénieurs pourrait être désormais assurée dans des écoles privées délivrant des diplômes homologués par l'Etat. Une journée nationale de protestation est organisée le 15 octobre pour la défense de l'Université algérienne, par quatre organisations syndicales de l'enseignement supérieure (SNPDSM, SNMASM, SNCP et CNES). Par ailleurs, le président de la Commission de réforme du système éducatif (CNRE), Abderrahmane Hadj Salah, a été placé à la tête de l'Académie de langue arabe, et remplacé à la présidence de la CNRE par le professeur Benzaghou, jusque-là vice-président. La CNRE, installée en mai 2000 par le président Bouteflika, est à mi-chemin d'un mandat prévu pour direcrer jusqu'en février 2001. Selon "Le Quotidien d'Oran", Abdelaziz Bouteflika ne serait pas du tout satisfait "par la qualité du travail et de l'ambience au sein de la Commission", laquelle serait en "panne", au "stade du diagnostic" six mois après le début de ses travaux. Le commission est traversée par un "clivage idéologique" entre (pour caricaturer) "islamo-conservateurs" (dont Hadj Salah) et "laïco-modernistes" (dont Benzaghou) , qui se neutralisent les uns les autres. Des propositions de renforcement de l'enseignement des langues étrangères (le français, notamment) et de fusion des enseignements d'éducation civique et d'éducation religieuse ont ainsi été bloquées, et la commission n'aurait trouvé de consensus que sur des propositions ne portant pas sur les contenus de l'enseignement, mais sur l'amélioration des conditions de travail et d'existence des enseignants.

(El Watan 12.10) Les praticiens du secteur sanitaire de Baraki ont annoncé une grève à partir du 14 octobre, pour obtenir le paiement d'indemnités de gardes non payées pendant 18 mois, le paiement des salaires, la régularisation des avancements et l'amélioration des conditions de travail.

(Jeune Indépendant 11.10) Le séminaire sur la violence à l'égard des femmes s'est terminé le 11 octobre par une série de recommandations, sont un appel à oeuvrer pour un "statut de la femme en adéquation avec les mutations nationales et internationales", et plusieurs recommandations en faveur d'une "protection effective et continue de la femme contre toute forme de violence", notamment en renforçant le dispositif de prise en charge, en créant des "services spécialisés", et en concevant et en mettant en oeuvre "une nouvelle répartition des rôles sociaux". Le séminaire a utilisé comme base à ses débats une étude préliminaire menée par le Centre national d'études et d'analyses pour la planification (CENEAP), SOS-Femmes en détresse, le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans quatre grandes villes algériennes (Alger, Oran, Constantine et Annaba). La limitation de l'étude aux villes, et la non-prise en compte de la violence terroriste, atténuent cependant la portée de l'enquête, en sous-évaluant la réalité de la violence à l'égard des femmes.

(Liberté 12.10) Selon le département des conflits sociaux de l'UGTA, plus de 90 % des décisions de justice concernant des conflits de travail resteraient non exécutées. Sur 2082 décisions concernant 1922 travailleurs, seules 175 (8,6 %) auraient été exécutées intégralement, 11 (0,05 % partiellement) et 1896 (91,35 %) n'auraient pas été exécutées. C'est le secteur du batîment et des travaux publics qui totalise le plus grand nombre de décisions de justice (644) et de travailleurs concernés (24,14 % du total), essentiellement pour licenciements abusifs, non paiement des salaires ou des indemnités. L'agroalimentaire vient ensuite avec 244 décisions (12,96 % des travailleurs concernés), suivi du tourisme et du commerce (206 décisions, 10,03 % des travailleurs), des transports (203) et de l'industrie. Le Secrétaire national de l'UGTA chargé des conclits sociaux, Boualem Bouzidi, a dénoncé l'inexistence de l'Etat de droit en Algérie et le non-respect des lois, et a qualifié d"organe de statistiques" la commission officielle chargée du suivi de l'application des décisions de justice.

(Quotidien d'Oran 8.10) Plus de 80 tentatives de suicide, dont 14 ont entraîné la mort, ont été enregistrées à Alger, ces chiffres ne concernant précisément que les tentatives (réussies ou non) "enregistrées". Une grande partie des suicidants sont des jeunes (filles et garçons) d'une moyenne d'âge inférieure à 25 ans, mais des personnes âgées se donnent également la mort, ou tentent de le faire. Sur 81 tentatives de suicide enregistrées, 55 concernent des hommes, 22 des femmes et quatre des enfants.


(Liberté 15.10, 16.10) Le syndicat national de l'Entreprise public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH-UGTA) a organisé le 15 octobre une marche de protestation de l'UGTA à la présidence de la République, pour protester contre le non-respect par le ministre du Travail des promesses faites sur une retraite à 80 % pour les handicapés visuels. La marche n'a cependant pu avoir lieu, et les 200 manifestants ont été contraints par la police de rester devant le siège de l'UGTA.

(Liberté 16.10) "La chasse aux couples revient, écrit "Liberté" après l'interpellation de 22 couples d'amoureux (non mariés, mais, dans un cas au moins, fiancés) traduits devant la justice et pour certains emprisonnés à Serkadji (hommes) et El-Harrach (femmes) pendant une semaine, sous l'inculpation "outrage public à la pudeur" pour s'être promenés dans le bois des Arcades, à Alger. Le quotidien rappelle que des campagnes de "moralisation" du même genre avaient été lancées à Tipaza, fin 1998, à l'Université de Tizi Ouzou et à l'Université de Bouzareah (Alger).

(Le Matin 17.10) "Les activistes islamistes reprennent du service", écrit "Le Matin", qui signale des distributions de tract dans différents quartiers d'Alger et de sa région (Bab-el-Oued, la Casbah, Baraki, les Eucalyptus, Bologhine, Larbâa), appelant les femmes à la "rédemption", et à porter le hidjab, à abandonner le mode de vie occidental et à s'abstenir de fréquenter des femmes "occidentalisées", "avant qu'il ne soit trop tard". Selon le quotidien (proche du MDS), des tracts menaçant les récalcitrantes de mort auraient également été affichés.

(El Watan 17.10) Selon le ministre des Affaires religieuses, Ghoulamallah, en visite le 15 octobre à Tipaza, 14 millions d'Algériens (soit 40 % de la population) participent dans les mosquées à la prière du vendredi.

(Liberté 18.10) A l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le Centre national algérien de statistiques (CNES) signale qu'environ 12 millions d'Algérient vivent au-dessous du minimum vital alimentaire, du fait de l'augmentation des prix des aliments, du chômage et de la paupérisation de larges couches de la population. La malnutrition touche particulièrement la population juvénile et infantile, ce qu'une enquête de 1995 mesurait par la mesure du poids et de la taille des enfants par rapport à leur poids et leur taille idéaux.

(Horizons 23.10) Les 12'000 chauffeurs de taxi en activité (sur 16'000 inscrits dans la wilaya d'Alger) devraient observer une grève de trois jours du 23 au 25 octobre, à l'appel de l'Union nationale des chauffaurs de taxi (UNACT), en guise de protestation contre des mesures prises en 1996 par la direction des transports de la wilaya, notamment l'interdiction d'utiliser des véhicules de plus de 10 ans et l'obligation faite aux exploitants ayant cessé temporairement leur activité et désireux de la reprendre, d'acquérir un véhicule neuf

(L'Authentique, Le Matin 23.10) Six familles de la cité Malika-Gaïd, à El-Harrach (Alger), sans logement depuis plus de deux semaines après la démolition de leurs habitations de fortune, ont entamé le 13 octobre une grève de la faim devant le siège de la daïra . Certains grévistes de la faim ont même menacé les autorités d'un suicide collectif si leur situation n'est pas résolue. Les six familles devaient être relogées dans un centre de transit, après la démolition des baraques qu'elles s'étaient construites près de l'oued El-Harrach, mais ces promesses n'ont pas été tenues et elles se sont retrouvées à la rue.

(El Watan 23.10) 300 suicides et tentatives de suicides ont été officiellement enregistrés en Algérie durant le premier semestre 2000, soit près de deux par jour. En 1990, la police avait enregistré 73 suicides (et 318 tentatives). Jusqu'en 1997, le nombre des suicides avait diminué, pour atteindre cette année là 31 suicides et 27 tetnatives, puis il avait commencé à augmenter dès 1998 (65 suicides, 135 tentatives) et 1999 (75 suicides, 323 tentatives). Ces chiffres ne concernent évidemment que les suicides reconnus et enregistrée comme tels. Il faut y ajouter ceux, dont le nombre est évidemment inconnu, qui sont déclarés et enregistrée comme des accidents.

(El Watan 21.10) Une conférence débat que six organisations de femmes et de jeunes(l'AITDF, l'ADPDF, le RAFD, Tharwa n Fadhma n Soumer, Djazairouna et l'Association des jeunes pour le progrès) entendaient organiser le 19 octobre sur le thème de la peuvreté et des violences faites aux femmes, en liaison avec la Marche mondiale des femmes, a été empêchée par la wilaya d'Alger, au prétexte que les associations organisatrices n'avaient pas tenu leurs assemblées générales statutaires, ou qu'elles étaient enregistrées dans une autre wilaya que celle d'Alger. Pour les organisatrices, cependant, la véritable raison de l'interdiction de fait de leur manifestation est la tenue dès le 28 octobre de la conférence officielle sur la pauvreté, organisée par le ministère de la Solidarité nationale, et à laquelle la conférence des femmes aurait, selon elles, pu faire de l'ombre.

(Quotidien d'Oran 28.10, Horizons 29.10, El Watan 29.10, 30.10, Liberté 29.10, 30.10, Le Matin 30.10) Une conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté s'est ouverte le 28 octobre à Alger, inaugurée par le président de la République. Le ministre de la Solidarité Nationale, M. Ould Abbas, a déclaré, présentant la conférence, que celle-ci débattra d'une "stratégie de lutte contre la pauvreté et l'exclusion" qui "n'a pas été élaborée dans des bureaux" mais est "issue du terrain, de la réalité".

Plus de 14 % des salariés algériens sont située au-dessous du seuil de pauvreté, selon les statistiques du Conseil économique et social (CNES). 12 millions d'Algériens (ou 22,6 % de la population) vivent en dessous du seul de pauvreté, avec moins d'un dollar par jour. Pourtant, la part moyenne et globale des dépenses de consommation alimentaire dans les dépenses de consommation des ménages algériens avait baissé (elle était de 55,7 % en 1980, de 52,5 % en 1988), et la part réservée aux dépenses liées à la culture et aux loisirs avait augmenté (3,4 % en 1980, 4,4 % en 1988), ce qui traduisait un "mieux-être" relatif (et en moyenne) des ménages, mais cette évolution a été stoppée dès le début des années '90, au moment où l'Algérie entrait dans un cycle de crises politiques, économiques et sociales se nourrissant les unes des autres. En dix ans, le produit national brut a été réduit de moitié. La suppression des subventions aux produits alimentaires, et l'ensemble des conséquences du programme d'ajustement structurel, qui a provoqué 400'000 suppressions d'emploi, ont entraîné une augmentation de leur prix, et selon une enquête du Centre national des études et analyses pour la planification (CNEAP), datant de 1998, 56 % des ménages auraient, depuis 1993, restreint leur consommation en viande, fruits et huile, pour des raisons financières. Entre 1986 et 1994, la baisse du pouvoir d'achat des revenus salariaux (en termes réels) aurait été de plus de 45 %, et aurait provoqué le "gonflement" de la catégorie des "très pauvres" au sein même de celle des "pauvres". Près de la moitié des ménages, selon l'Office national des statistiques (ONS), déclarent être plus endettés en 1999 qu'en 1993, 12 % d'entre eux déclarant s'être endettés pour pouvoir faire face aux dépenses liées à l'éducation et à la santé des enfants, d'autant que la sécurité sociale est en "crise structurelle de financement" et que les remboursements de soins et de médicaments, le versement des indemnités de chômage et des retraites, sont de plus en plus incertains. Le taux de chômage en 1999 est passé à 28,9 %, celui de sous-emploi à 40 %. Le taux actuel de chômage serait d'un tiers de la population active (2,5 millions de chômeurs sur 7,5 millions d'actifs), le chômage frappant particulièrement les jeunes et les femmes. Pour le ministre des Finances, M. Benachenhou, la lutte contre la pauvreté est liés à la croissance, et "se gagne par l'emploi et la redistribution des revenus". Le FMI estime la croissance économique algérienne à environ 4 %. Quant au CNES, il a mis en garde, dans son rapport de 1999, contre la montée en puissance de l'économie informelle et spéculative, refuge de millions de personnes sans autre emploi que ceux, précarisés, qu'elle offre. Enfin, le ministre de l'Industrie, Abdelmadjid Menasra, a fait preuve d'un certain pessimisme en annonçant la poursuite de la paupérisation pendant encore sept ou huit ans, les premiers signes de redressement n'apparaissant qu'ensuite.

A partir des enquêtes réalisées par l'ONS, trois seuils de pauvreté sont identifiés : un seuil de pauvreté extrême (sous-alimentation), un seuil de pauvreté "inférieur" et un seuil de pauvreté "supérieur" (ou "seuil de sensibilité"). Le nombre de personnes vivant sur ou au-dessous du seuil de pauvreté extrême a augmenté.

Une étude réalisée par l'Agence nationale d'aménagement du territoire (ANAT) sur la situation des communes a mis en évidence trois types de situations : dans 118 communes sur 1541, l'enquête établit une situation de "précarité avancée"; dans 540 communes, on évoquera une situation de précarité "moyenne" et dans 811 communes une situation "favorable" (relativement à la situation des autres communes). Le nord (89 communes défavorisées) les hauts-plateaux (82 communes défavorisées, soit 17 % du total des communes défavorisées) semblent particulièrement précarisés. Le quart des communes défavorisées se situent dans le nord : 26 d'entre elles dans la wilaya de Médéa, 8 dans celle de Chlef, 7 dans celle d'Aïn Defla. 15 wilayas seraient en situation de précarité prononcée, celles de Chlef et de Djelfa étant particulièrement menacées. 85 % des communes de la région sud sont dans une situation défavorable du point de vue de la santé. 256 communes (au total) sont dans une situation défavorable du point de vue de l'accès à l'eau potable, de l'assainissement et de l'accès à l'électricité. Ces communes sont également marquées par des conditions de logement précaires, particulièrement dans le nord-est et les hauts plateaux, et par un taux d'analphabétisme atteignant 73,2 %, la part scolarisée de la population féminine se situant entre 18,9 et 36,3 %. 1145 communes algériennes sont dans l'impossibilité d'assurer leur propre développement, par manque de ressources fiscales. Une enquête menée à Constantine par les autorités locales a recensé 5000 personnes pauvres dans la tranche d'âge potentiellement professionnellement active (sur une population totale d'environ 100'000 habitants, enfants et vieillards compris). Plus de la moitié de ces pauvres ne disposaient que d'un revenu inférieur à 6000 dinars/mois (600 FF, 150 FS). Sur ces 5000 personnes, 97 disposaient d'un diplôme

La conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté a évoqué les cinq programmes d'action nationaux que le gouvernement entend réaliser : un programme de diversification et d'augmentation de la productivité agricole, un programme de logement, un programme de formation des jeunes sans emploi, un programme de petits crédits et un programme de santé publique (accès des démunis aux soins et à la prévention). Ces cinq programmes totalisent un budget de 14,741 milliards de dollars, partiellement financé par des prêts ou des dons internationaux (Banque Mondiale, Union européenne, PNUD, FAO, OMS, OIT, Fonds arabe pour le développement économique et social etc...). Des projets pilotes de développement communautaire devraient être mis en oeuvre dans des régions particulièrement frappées par le terrorisme (Ramka/Relizane, Les Planteurs/Oran, El Djazia/Oum el Bouagui, Sidi Frej/Souk Ahras, Bentalha-Baraki/Alger), pour un total de 2,4 milliards de dinars sur 5 ans (2001-1005), pris en charge pour près d'un quart par les bénéficiaires eux-mêmes.

(El Watan 30.10) Une rencontre tripartite UGTA-patronat-gouvernement devrait avoir lieu courant novembre, avant le Ramadan. Le secrétaire général de l'UGTA, Abdemladjid Sidi Saïd, frais reconduit (dans des conditions contestées par son concurrent) à la tête de la centrale syndicale, a eu le 29 octobre un entretien avec le Premier ministre Ali Benflis pour préparer les discussions tripartites, qui pourraient porter sur la demande syndicale d'augmentation des salaires.

(Jeune Indépendant, El Watan 31.10, Horizons, El Watan 1.11) La "Conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion" s'est achevée le 30 octobre par l'adoption de "recommandations" préconisant notemment le développement rural, la réalisation d'infrastructures dans les régions défavorisées, le développement de grands projets créateurs d'emploi et impliquant les collectivités locales.

Les recommandations de l'"atelier" consacré au développement rural mettent l'accent sur la "revitalisation" de l'espace rural, le développement de la pêche et de l'agriculture pour contribuer à la sécurité alimentaire, à la création d'emplois et à la lutte contre la pauvreté; Un représentant du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (CNUEH) a toutefois souligné au "Jeune Indépendant" que "près de 60 % des populations (de l'Algérie) vivent en ville et (que) ce taux passera à 70 % dans 20 ans". Le coordinateur de l'Alliance des Villes contre la Pauvreté, Mohamed Cherifi, a rappelé que l'Algérie se classait au 107ème rang (sur 174 pays) de l'indicateur de développement humain du PNUD, et au 42ème rang (sur 85 pays) de l'indicateur de pauvreté humaine. "L'Algérie (connaît) un taux d'urbanisation croissant, de l'ordre de 50 %, et une pauvreté de plus en plus visible dans les villes avec le chômage, la mendicité, les fléaux sociaux de toutes sortes et l'habitat précaire". Pour le chef de la division Maghreb du FMI, Michel Lazare, l'Algérie n'est cependant "pas un pays pauvre", mais un "pays à revenu intermédiaire" qui "n'a pas complètement réussi son développement" et dispose de "potentialités totalement inexploitées". l'Algérie "peut réussir beaucoup mieux et avoir un revenu et des conditions de vie meilleures pour la population", déclare Michel Lazare, qui donne en exemple à l'Algérie le Chili qui, selon lui, a "réussi en dix ans à réduire la pauvreté de 45 % en 1987 à 23 % en 1998" grâce à "des méthodes qui ont encouragé la croissance et la concurrence et qui ont pris en compte le ciblage des dépenses sociales".

S'agissant du financement de la création d'activités et d'emplois, il est suggéré par la conférence de créer des "micropôles, (des) microentreprises à même de générer une synergie entre les professionnels du domaine et leur administration", mais la méthode du "microfinancement" petits prêts) a été critiquée par l'"atelier" consacré aux "microcrédits", qui a constaté que "le système mis en place n'a pas encore répondu à toutes les attentes", notamment parce qu'il implique des "garanties et sûretés réelles que le pauvre ne peut offrir".

En matière de santé, les recommandations de la conférence portent sur l'encouragement à la participation du secteur privé, la mise en place d'un système d'alerte nutritionnel, la promotion des médicaments génériques, la fixation d'un prix de référence des médicaments.

En ce qui concerne la formation, on insiste sur la prise en charge du problème de l'exclusion scolaire, notemment s'agissant des filles, et on propose le développement d'internats pour les filles issues des régions périphériques et scolairement sous-équipées.

La question du logement a été abordée par l'appel à la mise à disposition de logements décents pour les plus démunis.

Un atelier consacré à l'aspect "genre" (hommes/femmes) de la question de la pauvreté recommande la révision des textes de lois en vigueur, en particulier le Code de la famille et le Code de la nationalité, qui légitiment les inégalités entre les femmes et les hommes. Seules 9,72 % des femmes occupaient un emploi en 1998. L'atelier recommande notamment l'égal accès des femmes et des hommes à la formation professionnel et la création d'un fonds spécial d'accès des femmes au crédit, l'éducation civique et politique des femmes et la mobilisation de candidatures féminines aux élections à tous les niveaux.

Un onzième atelier a été "improvisé" avec le mouvement associatif à qui le ministre de la Solidarité a demandé de présenter des recommandations.

La conférence a également permis d'évoquer les menaces pesant sur au moins 27'000 emplois dans les entreprises publiques locales privatisables, le ministre de la Solidarité, M. Ould Abbès, invitant à "dédiaboliser" les privatisations "contenues dans le programme du président de la République que le peuple à élu", programme que le gouvernement est chargé d'appliquer, a rappelé le ministre. Le Directeur général du CENEA, El Hadi Marboul, a déclaré dans un entretien au "Jeune Indépendant" que l'édie "dominante" de la conférence était que "la lutte contre la pauvreté n'est pas une affaire de solidarité et qu'elle a plus à voir avec la relance de la croissance", ce que le ministère de la Solidarité ne peut pas engager seul.

(Libre Algérie 56) Les élus du FFS de la wilaya de Bejaïa ont publié le premier volume d'un "livre noir" sur la situation foncière et immobilière de la wilaya. Ils notent que "l'irruption de la violence et du terrorisme, la promulgation de lois d'exception et la mise en place d'institutions aux ordres (CNT, DEW, DEC et autres) ont (fait) de la rapine et du brigandage (...) une culture d'Etat", et accusent : "la crise politique est délibérément entretenue pour permettre à ce système de se maintenir". Le président de l'Assemblée populaire (Conseil municipal) de Chellata, Malek Akilal, rappelle que les élus FLN, RND et RCD à l'Assemblée départementale ont refusé la constitution d'une commission d'enquête sur les scandales fonciers et immopbiliers. Le "livre noir" met à jour les liens familiaux entre les bénéficiaires de terrains, le fait que les mêmes bénéficiaires ont reçu des terrains dans des communes différentes (par exemple un terrain à Tazmalt, un autre à Akbou, un troisième à Toudja, un quatrième à El Kseur...), mais ne conclut pas à l'existence de réseaux constitués. Il s'agirait plutôt de "gens qui se rendent des services mutuels", explique Malek Akilal. Le "livre noir" signale que des transactions ne sont pas sanctionnées par des actes juridiques et confirme que le wali (préfet) a bénéficié d'un lot de terrain à Souk Tenine (avant que d'y renoncer. La publication du FFS signale d'ailleurs également le cas d'un sénateur du FFS lui-même, bénéficiaire d'un terrain à bâtir à Souk Tenine

(Le Jeune Indépendant 31.10) La direction de la santé de Mostaganem a enregistré plus de 500 cas de tuberculose, dont six décès, dans les neuf premiers mois de l'année. Selon la direction de la santé de la wilaya, l'épidémie a commencé à prendre de l'ampleur dans les régions d'Achacha et Sidi Ali, et dans les quartiers anciens de Mostaganem (comme Tidjedid), avec 60 % des cas signalés.

(Liberté 6.11) Le ministre de la Santé a révélé à l'Assemblée nationale que le coût de la prise en charge par la sécurité sociale des soins médicaux à l'étranger, prise en charge garantie en principe pour les malades qui ne peuvent être soignés localement, s'est éleé en dix ans à 38,170 milliards de dinars (environ 3,8 mias FF, 900 mios FS), ce qui équivaut au coût de la restructuration de quatre centre hospitaliers universitaires, ou de la construction de dix hôpitaux de 100 à 140 lits chacun. Le ministre a précisé que "parfois certains vont à l'étranger même pour des grippes ou des examens susceptibles d'être faits par les médecins algériens", par manque de confiance envers les structures hospitalières algériennes. Près de 24'000 personnes ont été transférées en dix ans d'Algérie à l'étranger pour des soins.

(El Watan 9.11) Selon les statistiques officielles, qui sous-évaluent probablement l'ampleur du phénomène du fait de la non-déclaration comme tels de nombreux cas, 468 personnes seraient affectées par le sida, en 997 personnes seraient séropositives, en Algérie au 30 septembre 2000, ce qui, selon le directeur de la prévention au ministère de la Santé, placerait le pays "dans une situation relativement satisfaisante par rapport aux pays subsahariens et européens". Par ailleurs, le nombre de cas de syphilis a doublé en Algérie de 1997 à 1999.

()El Watan 13.11) Le syndicat UGTA des travailleurs de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou a déposé le 12 novembre un préavis de grève illimitée à partir du 21 novembre, si aucun dialogue ne s'ouvre sur son cahier de revendications -au premier plan desquelles figure la revendication salariale (indemnités, heures supplémentaires, pont indiciaire), mais qui concernent également (notamment) le logement, la création de postes, la régularisation des vacataires et contractuels, les examens professionnels. Le secteur de l'éducation emploie 18'000 personnes dans la seule wilaya de Tizi Ouzou.

(Liberté 19.11) En l'espace de deux ans (1999-2000), le nombre des cas d'exclusion scolaire directe (élèves "sortis" du système après y être entrés, ce qui ne tient pas compte des enfants n'ayant pas été scolarisés du tout) s'est monté à 12'419 élèves dans la seule wilaya de Sidi Bel Abbès (4998 en 1999, 7151 en 2000), révèle "Liberté", qui se demande : "que fera-t-on de ces exclus ? Y-a-t-il des infrastructures de prise en charge ?"

(El Watan 19.11) Près de trois millions d'Algériens survivent grace au prêt sur gages, révèle "El Watan", pour qui ce phénomène, "indicateur probant de la dégradation du pouvoir d'achat", touche de plus en plus les couches moyennes de la population. Le Prêt sur Gages est un héritage de la période coloniale, qui avait installé notamment à Alger, Annaba, Constantine, Oran et Chlef, un "Crédit Municipal" (ou "Mont de Piété") sur le modèle parisien, pour lutter contre les usuriers. En 1985, les crédits municipaux ont été tranférés à la "Bande de développement local" (BDL). Les deux BDL d'Alger (Ruisseau et Ali-Harichet, ex-Mogador) ne désemplissent pas, mais les plus pauvres sont tellement démunis qu'ils n'ont plus rien à mettre en gage. Les clients les plus fidèles sont des salariés "réguliers", y compris des officiers de l'armée. la BDL a 400'000 clients recensés en Algérie, et selon les estimations du responsable du prêt sur gâges (PSG) de la BDL, trois millions d'Algériens bénéficiens annuellement des prestations du "Mont de piété" algérien. En un an (de septembre 99 à septembre 2000), plus de 32'000 nouveaux clients ont été enregistrée. Le PSG prête sur l'or au quart de sa valeur vénale, pour six mois renouvelables, à 10,25 % d'intérêts l'an. Au bout de trois ans sans renouvellement du prêt, le gage est vendu aux enchères. Le prêt moyen sur l'or équivaut à 13'000 dinars env. 1300 FF, 400 FS) pour 50 gr d'or, le prêt maximum est plafonné à 100'000 dinars (10'000 FF, 2500 FS).

(El Watan, Quotidien d'Oran 18.11) En moins deux ans, 82 villas (dont de grandes villas de type colonial) et locaux commerciaux de Moretti, propriétés publiques, ont écé cédées à des privés (dont des généraux, en retraite ou en activité, ou leur famille) pour un prix total de moins de 20 millions de dinars (2 mios FF, 500'000 FS), et à des prix par lot variant entre 80'000 et 790'000 dinars (8'000 à 79'000 FF, 2 à 20'000 FS), révèle "El Watan", alors qu'un appartement de trois pièces dans "une des cités ghettos de Bab Ezzouar" coût 2 millions de dinars (200'000 FF, 50'000 FS), soit près de trois fois plus que "la plus belle des résidences à Moretti". L'ancien président Zeroual aurait lui-même acquis une résidence de 950 m2 à Moretti pour 470'000 dinars, un général en activité (non nommé) une résidence pour 360'000 dinars et l'épouse du général Betchine une résidence pour 690'000 dinars. Dans le même temps, "Le Quotidien d'Oran" annonce que près d'un million de constructions illicites, dont des constructions dans des bidonvilles, vont être détruites. On estime qu'il y a 60'000 constructions illicites dans la seule wilaya d'Alger. L'opération de démolition devrait toucher les wilayas d'Alger, Boumerdes, Tipaza, Blida et Tizi Ouzou. Le "Quotidien d'Oran" qui donne l'information, "de sources proches de la présidence de la République", ne précise pas où seront logées les personnes qui habitent ces constructions illicites.

(Liberté 23.11) Un nouveau mouvement estudiantin pourrait se créer, à partir d'"assises du mouvement estudiantin" convoquées pour le 23 novembre à Alger, et auxquelles près de 300 étudiants issus d'une quinzaine de villes universitaires sont attendus. Les initiateurs de ces assises considèrent que les structures estudiantines existantes sont "peu représentatives" et trop "partisanes" pour défendre efficacement les intérêts moraux et matériels des étudiants, et appellent à la création d'une nouvelle organisation estudiantine, "forte, crédible et représentative (...), revendicative et à vocation socio-pédagogique".

(Liberté 27.11) Des milliers d'étudiants ont manifesté le 26 novembre à Tizi Ouzou pour exiger une amélioration de leurs conditions d'études et de vie et protester contre le désengagement de l'Etat, les restrictions bugétaires et la mauvaise gestion, et la venue du ministre de tutelle, Amar Sakhri, à Tizi Ouzou pour une prise en charge "immédiate" de leurs revendications.

(AAI 23.11) Quelque 4500 jeunes algériens de 23 à 25 ans ont été touchés par la drogue dans les quatre dernières années, a-t-on annoncé lors d'une journée d'étude sur la consommation de drogue, tenue à Tizi Ouzou le 23 novembre. Dans 37 % des cas, la drogue consommée était de la résine de cannabis. Le professeur Ridouh, de l'hôpital Frantz Fanon de Blida, a souligné l'augmentation de la consommation des drogues en Algérie.

(AP 25.11) La population algérienne atteindra 30,61 millions de personnes le 1er janvier 2001 (30,17 millions le 1er janvier 2000, 29'27 millions en juin 1998, dernier recensement), selon une estimation de l'Office national des statistiques rendue publique le 25 novembre. La population a crû à un rythme "relativement élevé", mais néanmoins décroissant, ces dernières années : 2,494 % en 1990, 1,89 % en 1995, 1,52 % en 1998, 1,46 % en 1999. La croissance naturelle (solde positif des naissances sur les décès) a été de 437'000 personnes en 1999, la mortalité s'est établie à 0,561 % en 1999.

(Liberté 27.11) Douze couples d'amoureux arrêtés le 20 octobre au "Bois des Arcades", à Alger, sous prétexte de "conduite indécente", sont passés au tribunal le 26 novembre, et ont été tous relaxés pour "manque de preuves", après avoir non seulement nié avoir jamais eu un comportement indécent, mais avoir affirmé du signer les procès-verbaux de leur interrogatoire sans pouvoir prendre connaissance de leur contenu, lequel ne correspondrait pas à leurs déclarations. Le Procureur de la République avait requis pour chaque personne arrêtés une peine de prison de deux mois avec sursis et une amende de 1000 dinars. Annonçant aux accusés leur relaxe, la présidente du Tribunal ne les a pas moins invité à dire "aux autres filles que si elles osent s'isoler avec un homme, elles risqueront de s'exposer aux mêmes problèmes". Alors que les garçons arrêtés n'ont eu que peu de problèmes avec leur famille ensuite, la plupart des filles ont été littéralement emprisonnées chez elles après avoir été emprisonnées à El-Harrach pendant six jours.

(Corr 5.12) Plusieurs familles habitant depuis 1963 à l'entrée de Baraki, sur des terrains sur lesquels elles ont commencé en 1970 à construire des maisons et pour lesquels elles payaient un loyer à l'Etat, ont été expulsées le 5 décembre de leurs logements et retenues au commisariat, pendant que leur mobilier était jeté à la rue et les trois maisons complètement détruites, alors qu'elles avaient obtenu du tribunal d'El Harrach une ordonnance leur accordant un droit d'habitation jusqu'à la fin du Ramadan. Pour l'avocat des familles, Me Mahmoud Khelili, "ces expulsions illégales s'inscrivent dans le cadre de pratiques d'octroi d'attestations de propriété ou d'achat en vue de la fin de cession des terres de l'Etat", et "certaines personnes influentes" accapareraient ces terrains ou les achèteraiens "pour ensuite, avec la complicité de la police locale et (de) la justice, faire expulser les locataires".

(AP 9.12) Le taux de chômage a atteint 29,77 % de la population active algérienne au premier semestre 2000, selon les chiffres de l'Office National des Statistiques. L'Algérie comptait donc près de 2,5 millions de chômeurs recensés, dont 75 % ont moins de 30 ans, et 61 % habitent en zone urbaine. Entre 1992 et 2000, le taux officiel de chômage est passé en Algérie de 24 à 29,77 %. Près de la moitié de la population active travaille dans les secteurs des services (mais ce pourcentage comprend vraisemblablement les travailleurs du secteur public des hydrocarbures et des mines, compris généralement dans le secteur primaire), 15,68 % dans l'agriculture, 12,77 % dans le commerce (soit au total, pour le tertiaire, 60,3 % de la population active), 12,59 % dans l'industrie et 11,70 % dans le bâtiment et les travaux publics.

(AAI 11.12) La population algérienne atteindra le 1er janvier 2001 30,61 millions d'habitants (30,17 mios le 1er janvier 2000), soit un taux d'accroissement naturel de 1,46 %) selon les statistiques de l'Office national des statistiques (ONS). L'accroissement de la population en 1999 est plus faible qu'en 1998 : on a compté 13'475 naissances de moins. 51,06 % des naissances vivantes étaient de garçons en 1999 (51,11 % en 1998). La mortalité a également baissé. Par contre, le taux de nutpialité est en hausse (près de 10'000 mariages de plus).

(El Watan 18.12) Une dizaine de personnes, en majorité des femmes, dont deux médecins et un anésthésiste, on comparu le 17 décembre à huis-clos pour "pratique illégale de l'avortement, avortement et incitation à l'avortement", l'interrpution de grossesse étant interdite en Algérie, sauf cas très exceptionnels. La plupart des accusés ont nié avoir pratiqué des avortements, et n'ont admis que des curetages à la suite de fausses couches. L'affaire a été portée en justice par un homme, détenu, accusant sa femme et une clinique d'avortement, lui-même étant accusé d'avoir battu sa femme au point d'avoir provoqué l'interruption de la grossesse de cette dernière. Selon l'accusation, les femmes payaient près de 30'000 dinars (3000 FF) pour les opérations illégales (mais effectuées en clinique). Dans son commentaire, "El Watan" suggère que "ce procès est beaucoup plus celui des textes (de loi) algériens" que celui des accusés, textes de lois "copiés intégralement sur les textes français" en vigueur au moment de l'élaboration des textes algériens, c'est-à-dire avant la décriminalisation de l'IVG en France, ce qui prouve pour les avocats de la défense qu'il ne s'agit pas d'un problème de religion ou de culture.

(APS 19.12) L'UGTA s'est prononcée, selon son organe central "Révolution et Travail", pour le "retour au week-end universel" (samedi et dimanche) pour "avoir accès réellement au monde du progrès et de (la) modernité". Le journal écrit que le repos hendomadaire actuel en Algérie, le jeudi et le vendredi, est un "véritable désastre économique, financier, commercial et culturel qui sera impossible à mesurer", et qui empêche l'Algérie de "travailler et communiquer" avec le monde extérieur. Selon des sources bancaires évoquées par l'agence officielle APS, l'Algérie perdrait quotidiennement de 1 à 5 millions de dollars pendant quatre jours, les jeudi et vendredi (repos hebdomadaire en Algérie), samedi et dimanche (repos hendomadaire généralement ailleurs).

(AAI 31.12) L'Algérie a ratifié la Convention 182 de l'OIT interdisant les "pires formes de travail des enfants" et enjoignant à une action immédiate en vue de leur élimination. La convention enjoint aux Etats signataires de prendre des mesures "immédiates et efficaces pour assurer de toute urgence l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants", c'est-à-dire des personnes de moins de 18 ans, comme l'esclavage, la vente et la traite, la servitude pour dettes, le servage, le travail forcé, le recrutement dans des forces armées, la prostitution, la production et le trafic de stupfiants, les travaux nuisibles à la santé, la sécurité et la moralité de l'enfant. Les Etats signataires doivent prévoir des aides appropriées pour soustraire les enfants à ces formes de "travail" et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. La convention entrera en vigueur douze mois après la date de l'enregistrement de sa ratification. Elle a une durée de validité de 10 ans.


Chronique culturelle

1997

(AFP 28.8) Près de 200 représentants berbères d'Algérie, du Maroc, de Libye, du Niger et du Mali ont ouvert le 28 août les premières assises du Congrès mondial amazigh (CMA), présidé par Mébrouk Ferkal. Le CMA explique vouloir unifier les mouvements revendicatifs berbères à travers tous les pays où ils se trouvent. Il dénonce l'"assimilation forcée" des Imazighen et veut défendre leur identité et oeuvrer à la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle dans les pays concernés. Les militants berbères, qui réclament la reconnaissance du particularisme identitaire berbère, se défendent d'intentions sécessionistes. Ils ont néanmoins été attaqués en Algérie par un membre du Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA, officiel) qui, les traitant d'"apprentis-sorciers d'un nouveau genre", leur reproche de s'apprêter à "proclamer, sous des auspices étrangers, que le peuple algérien n'est qu'un assemblage de peuplades et réclamer la nécessité d'une protection internationale confondant les Imazighen avec les bébés-phoques".

(APS 28.11) L'Office national algérien d'alphabétisation et d'enseignement pour adulte (ONAEA) étudie une "stratégie nationale" d'alphabétisation pour réduire un taux d'analphabétisme que l'ONAEA reconnaît être "très élevé", particulièrement chez les femmes des zones rurales. Selon les statistiques algériennes, le taux d'analphabétisme était de 43 % en 1987 (soit 6,8 millions d'analphabètes), et de 38,4 % en 1994 (soit 6,8 millions d'analphabètes) selon les statistiques de l'UNESCO. L'ONAEA se livre à une critique rétrospective des stratégies de lutte contre l'analphabétisme suivies depuis l'indépendance, stratégies "marquées par un style quelque peu volontariste" comme la première campagne d'alphabétisation de 1962-1965. En 1994, une commission interministérielle chargée d'examiner la question de l'analphabétisme a décidé de placer l'alphabétisation et l'enseignement pour les adultes sous la tutelle directe du Premier ministre, afin de "conférer l'autorité nécessaire à sa prise en charge collective et lui assurer une plus grande impulsion et une meilleure coordination". Le Centre national d'alphabétisation créé en 1964 a été transformé en 1995 en Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adulte.

1998

(AFP 20.4) Les deux principales tendances du Mouvement culturel berbère ont célébré le 20 avril le 18ème anniversaire du "printemps berbère" de 1980 et la violente répression, le 20 avril 1980 à Tizi Ouzou, d'une manifestation d'étudiants. A Alger, la "Coordination nationale" proche du RCD a appelé à une marche, du centre-ville à la Présidence de la République, marche qui n'a rassemblé que quelques centaines de personnes. Les "Commissions nationales" proches du FFS ont pour leur part appelé à un meeting, qui n'a pas été autorisé par les autorités et n'a pas pu se dérouler. En Kabylie, un appel à la "grève du cartable", adressé aux écoliers, étudiants et enseignants, a été très peu suivi. Les responsables du MCB considèrent que sa division en tendances rivales est la cause principale de son essouflement et fait le jeu des autorités. La principale revendication du mouvement berbère, la reconnaissance de Tamazight comme langue officielle, n'a pas été satisfaite et la constitution algérienne ne reconnaît à la langue et à la culture berbères qu'un caractère de "composante" de la "personnalité algérienne". Il a notamment été interdit aux députés de parler berbère à l'Assemblée nationale et la loi sur les partis interdit toute référence à la berbérité, ce qui a contraint les partis proche du mouvement berbère (le FFS et le RCD) à abandonner cette référence.

(AFP 8.6) Le Congrès mondial amazigh (CMA), organisation non-gouvernementale défendant les droits des Berbères, a lancé le 8 juin un appel à l'abrogation de la loi sur l'arabisation qui doit entrer en vigueur le 5 juillet en Algérie. Le CMA demande à toute "personne, association ou organisme épris de justice et de respect des droits humains à oeuvrer par tout moyen légal pour que non seulement cette loi n'entre pas en application, mais soit abrogée". Le CMA qualifie la loi généralisant l'usage de l'arabe en Algérie d'"inique" et d'"anti-démocratique", et considère qu'elle "obéit à l'idéologie arabo-islamiste dont les conséquences ravagent aujourd'hui l'Algérie". Votée en 1989, gelée en 1992 par le président Boudiaf, la loi a été réactivée en 1996 et votée par le parlement consultatif de l'époque (boycotté par les partis d'opposition). La loi généralise au 5 juillet 1998 (5 juillet 2000 pour l'enseignement supérieur) l'usage de l'arabe et prévoit des amendes pour les responsables qui utiliseront une autre langue que l'arabe dans leurs fonctions officielles. Or de 25 à 30 % de la population algérienne est berbérophone et le français est en outre utilisé par plusieurs millions d'Algériens, en sus d'être la langue dominante des affaires, de l'enseignement supérieur et des contacts avec l'étranger. La presse francophone a d'ailleurs vivement dénoncé la loi.

(Le Matin 16.6) Près de 70 % des parents d'élèves algériens souhaitent que leurs enfants apprennent le français à l'école, selon un sondage réalisé par le Centre national d'études et d'analyses pour la planification (CENEAP), à la demande du Conseil supérieur de l'éducation (CSE). 68,7 % des personnes interrogées ont répondu "le français" à la question : "quelle est la langue étrangère que vous préférez ?". Cette réponse a été donnée par 80 % des femmes et 65 % des hommes, 70 % des plus de 40 ans, 78 % des chômeurs, 73,6 % des femmes au foyer, 71 % des personnes ayant atteint un niveau d'études primaires ou secondaires et 62 % des universitaires, 71 % des habitants des grandes villes, 69 % des habitants des autres villes et 63,4 % des habitants des zones rurales. 76,6 % des personnes interrogées ont souhaité un changement du système éducatif.

(Le Monde, AFP 17.6) La polémique sur l'entrée en vigueur le 5 juillet (en principe) de la loi sur l'arabisation a fait une première victime politique en la personne de l'ancien ministre de la Communication Benamar Zerhouni, chargé du dossier dans l'actuel gouvernement, qui a été limogé après avoir accusé la presse algérienne francophone de n'avoir "rien à voir avec le peuple algérien, sa culture et ses traditions, sauf le fait qu'elle est domiciliée à Alger". Onze journaux (dont trois arabophones) avaient exigé du Premier ministre Ouyahia une "clarification" après ces propos "irresponsables". Depuis son limogeage, Benamar Zerhouni fait figure de "héros de l'arabisation" victime d'un "lobby francophone". Le parti islamiste Ennahda a accusé la presse francophone de "mener une campagne contre la langue arabe et l'islam", le Bureau politique du FLN a appelé à une stricte application de la loi sur l'arabisation, le secrétaire général du parti présidentiel RND a déclaré qu'il n'était pas question "de tolérer les vélléités de résistance" à l'application de la loi et la Fédération des Moudjahidines s'en est prise à ceux qui veulent "franciser" l'Algérie et la "jeter dans le camp de la francophonie". Pour sa part, le président du Conseil supérieur de l'éducation (CSE), l'ancien ministre de l'Education Omar Sakhri, s'est prononcé le 17 juin pour le maintien du français comme première langue étrangère enseignée à l'école, et a proposé d'avancer d'une année (de la quatrième à la troisième année scolaire) son enseignement. Il n'a par contre pas évoqué la place du berbère dans l'enseignement et a considéré que l'Algérie avait "un corps enseignant faible" et préconisé le départ de "ceux qui ne sont pas qualifiés et proches de la retraite".

(AP, AFP 2.7, 3.7, 5.7) Votée en 1996, la loi définit la langue arabe (littéraire) comme une "composante de la personnalité nationale authentique et une constante de la Nation", alors qu'elle n'est utilisée que par une minorité de la population, l'arabe dialectal étant la langue majoritaire de l'Algérie, dont au surplus au moins un quart de la population a le berbère comme langue maternelle et de communication, et plusieurs millions de personnes le français comme langue de travail et de communication.

La loi oblige les administrations publiques, les entreprises et les associations à utiliser l'arabe (alors que bon nombre d'entre elles utilisent très fréquemment le français). Elle impose également l'arabe pour les interventions au parlement et dans les conseils régionaux ou locaux, y compris dans les régions de langue berbère. Des amendes de 1000 à 5000 dinars (25 à 125 FS) sont prévues pour les contrevenants. Les films et émissions de télévision en langue étrangère devront être doublés en arabe littéraire, les panneaux publicitaires, enseignes et slogans devront être totalement arabisés. D'ici au 5 juillet 2000, l'enseignement supérieur devra également être totalement arabisé. Un Conseil supérieur de la langue arabe supervisera la mise en oeuvre de ces dispositions.

Du côté des partis politiques, le RCD et le FFS ont demandé l'abrogation de cette "loi scélérate" et annoncé qu'ils n'allaient pas la respecter. D'autres petits partis (le Parti des Travailleurs -gauche laïque-, le Parti du Renouveau Algérien -islamo-progressiste- ont également condamné la loi, qui est par contre défendue par le camp "islamo-conservateur" au pouvoir (RND, FLN, Nahda, MSP-Hamas).

La volonté d'"arabiser" l'Algérie a été une constante de tous les pouvoirs qui se sont succédés depuis l'indépendance, à l'exception de la brève parenthèse de la présidence de Mohammed Boudiaf. L'arabe a été proclamé langue nationale et officielle unique en 1962. Des professeurs ont été recrutés au Moyen-Orient (notamment en Egypte et en Syrie) pour l'enseigner aux Algériens qui ne l'utilisaient pas (à l'exception d'une minorité) et dont une majorité ne la comprenaient même pas, ou mal. En 1967, les deux premières années de l'école primaire ont été arabisées. L'année 1971 a été proclamée par le président Boumediene "année de l'arabisation". L'enseignement universitaire des sciences sociales, économiques et politiques a été totalement arabisé en 1984. En 1989, l'arabisation de l'enseignement secondaire a été parachevée par la suppression du baccalauréat bilingue français-arabe (la nomenklatura envoyant quant à elle ses enfants faire des études bilingues à l'étranger, notamment en Tunisie ou en France). En 1990, une première loi de généralisation de l'arabe est votée par le parlement à parti unique. Un demi-million de personnes manifestent à Alger le lendemain, à l'appel du FFS, contre cette loi, pour la reconnaissance du berbère et le pluralisme politique et culturel. En 1992, le président Boudiaf suspend l'application de la loi. En 1994, la nouvelle constitution algérienne consacre l'arabe comme langue nationale et officielle unique, mais fait une place (rhétorique) à l'amazighité (berbérité) en tant que l'une des trois "composantes de l'identité nationale" algérienne (les deux autres étant l'islam et l'arabité.

(Liberté 6.7) Dans un appel, le Mouvement culturel berbère invite "les citoyennes et les citoyens, la société civile et les partis politiques, à faire barrage par tous les moyens légitimes" à l'arabisation généralisée, "instrument de répression et d'exclusion engageant le pays dans une voie suicidaire".

(APS 21.9) Le président Zéroual a installé le 21 septembre l'"Académie algérienne de la langue arabe", en lui assignant pour mission d'"oeuvrer à l'enrichissement, à la promotion et au développement de la langue arabe, de veiller à son adptation aux réalités contemporaines et de concourir au rayonnement de la langue arabe en tant qu'outil de création dans les domaines des lettres, des arts et des sciences". L'académie est ainsi mise en place quelques semaines après l'entrée en vigueur de la loi sur l'arabisation. Elle sera présidée par Tedjini Haddam.

(El Watan 16.11) Le Front des Forces Socialistes (FFS) a rendu public, et adressé au Président Zéroual et à la presse, un projet de loi concernant la promotion de la langue amazigh (berbère) et destiné à lui donner "sa dimension nationale, de la réhabiliter et de la protéger afin que chaque Algérien puisse s'exprimer en toute liberté". Le projet énonce dans son premier artucle que la langue amazigh est une composante fondamentale de l'identité nationale. Il en déduit dans les articles suivants que les institutions de l'Etat doivent la promouvoir, que la loi de finance doit allouer un budget à cette promotion, que la langue amazigh doit pouvoir être utilisée lors des débats, délibérations et réunions officiels (contrairement à ce qu'impose l'actuelle loi sur la généralisation de la langue arabe), ainsi que dans les tribunaux, où magistrats et avocats devraient pouvoir l'utiliser. Le projet du FFS suggère également des émissions télévisées, des films et des documentaires en berbère, la traduction des discours officiels et l'enseignement du tamazigh dans toutes les régions où la demande s'y ferait sentir. Il demande également la création d'une académie de la langue amazigh. Si le projet était accepté, il abrogerait enfin toutes les lois ou toutes les dispositions législatives et réglementaires qui lui sont contraire -dont, évidemment, la loi généralisant l'usage de l'arabe.

(AFP, APS 18.11) Sultana Daoud, alias "Reinette l'Oranaise", diva algérienne de la chanson arabo-andalouse, est décédée le 17 novembre à Paris, à un âge inconnu mais de plus de 80 ans. Reinette l'Oranaise était originaire de Tiaret. Elle avait fait son apprentissage de musicienne sous la houlette de Saoud Medioni, à Oran, et avait commencé par chanter le "chaabi" (chant populaire). Juive, elle avait appris l'arabe littéraire et s'était imposée en interprétant le répertoire classique de la tradition arabo-andalouse. Elle avait quitté l'Algérie en 1962 et avait continué à chanter en France, où elle avait retrouvé un nouveau public et recommencé à enregistrer en 1988. Son dernier disque, "Mémoires", paru en 1994, avait obtenu le Grand Prix de l'Académie Charles Cros. L'Ambassadeur d'Algérie en France, Mohammed Ghoualmi, a exprimé son "émotion" et sa "tristesse" du décès de "Sultana Daoud, une artiste qui a su véhiculer avec beaucoup de sensibilité et de talent, l'un des aspects les plus prestigieux de notre patrimoine musical".

1999

(El Watan 30.1) Ferhat M'henni, président du Mouvement Culturel Berbère-Rassemblement national, en exil depuis plus de trois ans, est rentré en Algérie pour "redonner un souffle nouveau à la revendication amazigh" et tenter de redonner au MCB "sa force, son unité et sa crédibilité Ferhat M'henni a appelé à la réunification du MCB sur la base "de son triptyque identitaire, linguistique et culturel", après des tentatives avortées de réunification. "Les guerres intestines n'ont fait que détruire l'audience du MCB", a considéré Ferhat M'henni, qui propose une rencontre nationale de toutes les tendances du mouvement et l'élaboration du "charte nationale". Le président du MCB-RN affirme qu'il "ne restera pas à l'écart" de l'élection présidentielle et que des contacts seront pris avec les candidats "pour discuter de la prise en charge de la revendication berbère", soutenue par deux des partis potentiellement en lice, le Front des forces socialistes et le Rassemblement pour la culture et la démocratie.

(APS 9.5) Quatre ans après l'introduction, prudente, de l'enseignement de tamazight dans l'enseignement dans 16 wilayas, pour 66'500 élèves, et l'installation d'un "haut commissariat à l'amazighité" (HCA), le bilan de cette première ouverture officielle en direction de la revendication berbère est pour le moins mitigé. Le HCA a organisé au mois de mars une rencontre d'évaluation qui a abouti au constat d'une régression "patente" de l'enseignement du berbère. Les enseignants réclament (en vain jusqu'à présent) le même statut pour l'enseignement de la langue berbère (effectué actuellement dans des classes spéciales) que pour les autres branches d'enseignement. En outre, les conditions de travail des enseignants, et les effectifs même de ceux-ci, ont rendu pratiquement impossible l'enseignement du berbère dans certains wilayates, comme par exemple à Ghardaïa (où la trentaine d'enseignants de tamazight ont carrément déserté leurs postes), à Batna et à Biskra, où cet enseignement n'est même pas assuré. Selon M. Tessa, membre du MCA, l'enseignement du berbère n'est maintenu dans certaines autres wilayas que grâce à l'engagement "militant" et quasi "bénévole" de ceux qui l'assurent.

(Le Matin 22.5) Abdelaziz Bouteflika a pris ses distances avec la loi sur l'arabisation, qui stipule que l'enseignement total et définitif en langue arabe doit être généralisé dans tous les établissements d'enseignement supérieur au plus tard le 5 juillet 2000, en affirmant publiquement que "nous sommes prêts à utiliser l'anglais si cette langue nous permet d'avancer plus rapidement dans le domaine de l'informatique" et que s'il fallait apprendre le japonais, "nous apprendrons le japonais". Le président a constaté que "le diplôme algérien qui était accepté à la Sorbonne, à Oxford et à Harvard (...) perd comme le dinar de sa valeur" et a cité le problème de la langue au nombre des causes de cette dévaluation. S'agissant du conflit entre "arabisants" et "francophones", Bouteflika, qui considère qu'il ne s'agit "en rien" d'un conflit "linguistique ou civilisationnel", considère que "la question de l'identité a été tranchée". Il a cependant soigneusement évité de faire référence à l'usage du français, préférant évoquer celui de l'anglais, affirmant notamment qu'"il est impensable d'étudier des sciences exactes pendant dix ans en arabe alors qu'elles peuvent l'être en un an en anglais".

(APS 4.6) Une "journée d'étude" sur la vie et l'oeuvre de Messali Hadj a été organisée le 3 juin à Oran par le "Quotidien d'Oran", en présence d'universitaires, de figures du mouvement nationaliste algérien et de la fille de Messali, fondateur du Parti de l'Etoile nord-africaine (ENA) et du mouvement national algérien "moderne", mais voué aux gémonies depuis 1954 par le FLN -qui avait physiquement et politiquement traqué et éliminé le mouvement messaliste de la scène politique algérienne, lors même que la plupart des fondateurs du FLN avaient fait, à l'origine, partie du mouvemment messaliste.

(Le Matin, Reuters, El Watan 24.6) Le Mouvement culturel berbère (tendance "coordination nationale) commémore les 24 et 25 juin les évènements de Kabylie en 1998, après l'assassinat de Matoub Lounès le 25 juin. Un rassemblement populaire a eu lieu devant le siège de la wilaya de Bejaïa le 24 juin pour manifester la volonté du mouvement berbère de continuer le combat de Matoub Lounès pour l'amazighité et la démocratie, et une marche populaire et une grève générale sont prévues le 25, ainsi qu'un vaste rassemblement à Taourirt Moussa, où repose Matoub Lounès, pour "exiger la tenue d'un procès des assassins" de Salhi Redouane et Ouali Hamza et Aït Idir Rachid, tués pendant les émeutes qui avaient secoué la Kabylie après l'assassinat de Matoub Lounès. A Tizi Ouzou, des affrontements ont opposé la police anti-émeute à une quinzaine de milliers de manifestants. Aux cris de "pouvoir assassin", les manifestants ont pénétré dans l'enceinte du Palais de Justice après avoir lapidé les policiers de garde, puis en ont été refoulés à coups de grenades lacrymogènes. Il n'y aurait eu ni blessés, ni arrestations. Le rassemblement était interdit mais, compte tenu de son importance, la police n'était pas intervenue pour empêcher sa formation. Sur l'assassinat de Matoub Lounès, le quotidien "El Watan" publie des "révélations" de "repentis" confirmant la thèse officielle selon laquelle cet assassinat a été l'oeuvre du GIA de Hassan Hattab et, plus concrètement, de sept de ses membres, dont les nommés Bellaouch Nacer, Abou El Bassir, Abdelhak, Abou Djoudjana, Abdelhakim Chenoui. Après avoir fait faxer à Londres un communiqué de revendication du meurtre, Hassan Hattab aurait publié un autre communiqué pour s'en démarquer, à cause de la colère de la population.

(L'Express, 19.8) Dans un entretien à l'hebdomadaire français "L'Express", Abdelaziz Bouteflika affirme sa volonter de lutter contre l'"instrumentalisation de la religion, la langue et même l'hiostoire de la révolution à des fins politiciennes", de "restituer l'étude de l'islam aux théologiens, celle de la langue aux linguistes et celle de l'histoire aux historiens" et de "ne pas enfermer ces éléments identitaires dans les geôles de l'idéologie". S'agissant de la question linguistique, le président algérien affirme que le plurilinguisme est "une nécessité du monde actuel" et que "l'école algérienne se donnera les moyens de faciliter aux enfants l'acquisition des langues vivantes", ceux qui s'y opposerent n'ayant "pas un seul argument qui résiste à l'examen critique".

(APS 21.8) L'Algérie est disposée à entreprendre tout ce qui est nécessaire pour la préservation et l'enrichissement de la dimension amazigh de la nation, a affirmé Abdelaziz Bouteflika dans un entretien au quotidien français "La Marseillaise". L'amazighité est "l'une des composante de notre identité nationale que nous devons préserver, au même titre que l'islamité et l'arabité, de toute manipulation partisane", a rappelé, se référant à la constitution algérienne, le président algérien, qui a annoncé qu'il offrira dès que possible l'alphabet "Tifanar" à l'UNESCO "pour enrichir le patrimoine culturel de l'arabité".

(Corr 2.9) Le président Bouteflika a éludé le 2 septembre lors d'une visite à Tizi Ouzou la question de la reconnaissance officielle de la langue berbère, à laquelle l'appelaient notamment les élus du FFS de la wilaya, et s'est contenter de protester de sa "foi en l'unité de l'Algérie dans la pluralité culturelle". Pour Abdelaziz Bouteflika, les "spécificités" de "chaque percelle de cette terre" (algérienne) "ne sauraient "constituer un antagonisme, mais une complémentarité enrichissante", et "on ne peut imaginer une Algérie sans la Kabylie ou une Kabylie sans l'Algérie". Le président algérien a dénoncé ceux qui ont "profité de (la) situation dramatique" qui secoue l'Algérie "pour en faire un fonds de commerce, sous des considérations de régionalisme, de l'Islam (...) et pourquoi pas, de l'amazighité". Abdelaziz Bouteflika a reçu un accueil chaleureux de 5000 personnes (dont la mère et la soeur de Matoub Lounès, ainsi que Aït Menguellet) lors d'un meeting tenu dans le cadre de la campagne référendaire sur la "concorde civile".

(Le Matin 4.9, Liberté 5.9) Le refus implicite du président Bouteflika d'entrer en matière sur la revendication du mouvement berbère d'ériger tamazigh en langue officielle, au même titre que l'arabe, de l'Algérie (Abdelaziz Bouteflika, lors de sa visite à Tizi Ouzou le 2 septembre, avait sseulement réaffirmé le respect de la pluralité culturelle), a suscité des réactions d'"amertume" de la part du mouvement culturel berbère (toutes tendances confondues). Le MCB-RN dénonce la perpétuation de la politique d'"apertheid linguistique" des pouvoirs qui se sont succédés depuis l'indépendance, et espère que "l'attitude du président sur l'officialisation de la langue amazigh soit celle qu'il adopte aujourd'hui sur la concorde civile (car) le Président de tous les Algériens a le devoir de réconcilier l'Algérie avec son amazighité". Quant au MCB-Coordination nationale, l'un de ses responsables, Hadi Ould Ali, se dit "déçu et outré" par la position d'Abdelaziz Bouteflika, qui "renseigne sur l'absence d'une volonté politique au sein du pouvoir, à trouver une solution à la problématique identitaire". L'éventualité d'un référendum sur la question est critiquée par les deux tendances du MCB, la tendance RN craignant la "division de la nation à laquelle peuvent pousser les ténors de l'islamo-baâthisme qui pullulent dans le sérail", et la tendance Coordination nationale refusant "de soumettre une identité millénaire à un référendum". Pour sa part, le Front des forces socialistes, principale force politique de Kabylie, a qualifié d'insultantes et de provoquantes les déclarations d'Abdelaziz Bouteflika. Pour le FFS, la position présidentielle à l'égard de la revendication amazigue est "un déni identitaire".

(El Watan 9.9) Le Congrès mondial Amazigh (CMA), basé à Paris, a réagi négativement aux déclarations du Président Bouteflika, faites lors d'un meeting à Tizi Ouzou, et selon lesquelles "Tamazigh ne sera jamais langue officielle" et ne pourra devenir "langue nationale" qu'après que "tout le peuple algérien" se sont prononcé "par voie référendaire". Pour le CMA, il s'agit de propos "incendiaires", et l'organisation berbériste réaffirme qu'elle "n'acceptera jamais que tamazigh (langue, culture et identité) fasse l'objet d'une quelconque consultation ou marchandage", car "on ne peut soumettre à avis son identité, sa dignité ou tout simplement sa vie". Le CMA réaffirme sa "revendication fondamentale, car celle de tout un peuple", de tamazigh comme langue nationale et officielle de l'Algérie, et considère que le refus présidentiel d'entrer en matière sur la revendication berbère est contradictoire de sa volonté d'instaurer la concorde civile et la cohésion nationale.

(Le Matin, El Watan 14.9) La levée de boucliers suscitée au sein du mouvement berbère par les déclarations d'Abdelaziz Bouteflika à Tizi Ouzou, s'est poursuivie, avec notamment une déclaration communem le 13 septembre de Ferhat Mehenni et Madjid Amokrane, représentants les tendances "rassemblement national" et "coordination nationale" du Mouvement culturel berbère (MCB). Les deux responsables estiment que les propos d'Abdelaziz Bouteflika constituent "une provocation et une atteinte à la dignité et aux droits du peuple", et s'élèvent contre "la similitude faite entre le chantage terroriste des criminels de sang et la noble revendication amazighe". Les deux tendances du MCB (comme d'ailleurs la troisième, celle des "commissions nationales"), récusent l'idée du président algérien de soumettre "le caractère national et le statut officiel" de la langue berbère à un référendum national, un droit fondamental n'ayant pas à être ratifié. Deux associations berbères d'Oran, Numidya et Atas, ont également dénoncé l'"apartheid linguistique" dont est frappe le berbère depuis l'indépendance. Les deux partis politiques proches de la cause berbère, le FFS et le RCD, ont également dénoncé la prise de position du président Bouteflika. Pour Ahmed Djeddaï, Premier secrétaire du FFS, tamazigh sera langue nationale et officielle "quoi que compte en faire Bouteflika". Ahmed Djeddaï a en outre dénoncé dans un meeting à Bejaïa les "repentis politiques qui ont marchandé sur le dos de tamazigh et du pays". Quant à Djamel Zenati, député FFS, il s'est interrogé : si lors d'un référendum sur la question, "des voix majoritaires répondaient non au caractère national de tamazight, cela reviendrait-il à la déclarer langue étrangère ?". Enfin, pour Saïd Sadi (RCD), on constate de la part du pouvoir "Une absence totale de maîtrise de ce dossier".

(Le Matin 17.10) Le président de la commission des relations extérieures de l'Assemblée nationale algérienne, Abdelkader Hadjar, a adressé une lettre au président Bouteflika (lettre rendue publique par l'agence officielle APS, qui semble être de plus en plus fréquemment utilisée par le président pour rendre publiques des divergences au "sommet" du pouvoir), lui reprochant durement de tenir des discours en français et lui rappelant qu'aux termes de la loi sur l'arabisation "il est strictement interdit, à tout responsable et à tous les niveaux, de s'adresser à son peuple dans une autre langue que la langue officielle". Pour Abdelkader Hadjar, membre du FLN, Abdelaziz Bouteflika, en utilisant le français, ferait le jeu d'une "minorité étrangère laïque". Hadjar, qui est l'un des auteurs du "putsch interne" au FLN ayant délogé Abdelhamid Mehri du poste de secrétaire général du parti, se plaint en outre du fait que "toutes les correspondances, les réunions et les déclarations" de haut niveau gouvernemental, "y compris au sein de l'institution présidentielle", se font en français. Hadjar s'en est en outre pris au président pour ses déclarations "réconciliatrices" sur les communautés juives et chrétiennes d'Algérie : "Nous sommes surpris d'entendre notre président nous réciter le livre des juifs de Constantine et saluer leur rôle dans la culture algérienne, comme s'il voulait nous prérarer (au) retour des juifs en Algérie", écrit le député -qui ne veut pas de ce retour, accuse Bouteflika d'ignorer "la parole de Dieu" et estime que les juifs ont joué un "rôle détestable" durant la colonisation française

(n.ed. : en réalité, les juifs étaient présents en Algérie depuis 1500 ans lorsque les Français y sont arrivés -ils y étaient donc présents également avant les Arabes et avant l'islam- et ils ont du attendre le décret Crémieux de 1870 pour être considérés comme citoyens français. Ensuite de quoi ils ont été victimes de l'antisémitisme "chrétien" et des émeutes fomentées par l'extrême-droite française en Algérie, émeutes lors desquelles beaucoup d'entre eux n'ont dû leur salut qu'à la solidarité des musulmans. Bref, le député Hadjar fait preuve non seulement de stupidité culturelle, de fétichisme juridique et d'antijudiaïsme primaire, mais également d'analphabétisme historique. C'est sans doute pour en prendre l'opinion publique à témoin que Bouteflika a réédité à son encontre la manoeuvre qu'on lui prête à propos de la dépêche de Reuters annonçant un conflit entre lui et l'armée, manoeuvre consistant à utiliser l'agence officielle APS pour poser un conflit sur la place publique...)

(El Watan 5.12) 160 associations culturelles berbères sont réunies depuis le 4 décembre à Tipasa, venant de plusieurs wilayas (et non seulement de celles de Kabylie) pour "faire un bilan objectif et sans complaisance du travail accompli par le mouvement associatif" et "amorcer une véritable relance de l'acitivé culturelle, selon le porte-parole du forum, El Hadj Ould Ali, qui affirme la volonté des associations berbères de "barrer la route (aux) intentions qui visent à folkloriser et à ghettoïser tamazight". La manifestation est néanmoins parainnée par le Haut Commissariat à l'Amazighité, institution officielle récusée par le mouvement culturel berbère, mais dont le président, Idir Aït Amrane a inauguré le forum aux côtés de la wali (préfète) de Tipasa.

(El Watan 9.12) Les participants au Forum des associations culturelles amazighues, qui s'est tenu du 4 au 6 décembre à Tipaza, et auxquelles 140 associations culturelles berbères ont pris part, ont dénoncé le manque d'encadrement et de formateurs dans les associations culturelles amazighes, l'inexistence des subventions et des statuts et l'absence de coordination entre l'ensemble des associations culturelles amazighues à travers le pays. Une coordination nationale des associations amazighues (CNAA) a été créée, entre autres raisons pour répondre à l'inaction dénoncée du Haut Commissariat (officiel) à l'Amazighité, lequel a néanmoins subventionné le forum (auquel le Haut Commissaire, Aït Amrane, a assisté). Ould Ali El Hadi a été élu à la présidence de la CNAA, dotée d'un bureau exécutif de 15 membres. La résolution finale du forum inscrit le mouvement berbère dans la modernité et le combat pour la démocratie et les droits de l'Homme et dénonce l'interdit d'officialité dont tamazight est toujours frappé.

2000

(La Tribune-dimanche 9.1) La crise qui secoue les instances du Congrès mondial amazigh depuis le mois de juin dernier a connu un rebondissement très important qui remet en cause la légitimité et la représentativité de tout ce qui a été entrepris par les initiateurs de la rencontre de Lyon, en août dernier, notamment les tout nouveaux bureau mondial et conseil fédéral. En effet, cette question de légitimité a fait l'objet d'un traitement judiciaire en France, dont les résultats ont renforcé la représentativité de l'instance législative du CMA, à savoir le conseil fédéral, qui a pris la décision, en juin 1999, de destituer quelques membres du bureau mondial, ceux-là mêmes qui ont initié la rencontre de Lyon. Cette dernière, appelée deuxième assemblée générale par ses initiateurs et qualifiée de supercherie et de mascarade par le conseil fédéral et des dizaines d'associations membres du CMA, a désigné Rachid Raha Ahmed comme président. Celui-ci, au nom du CMA, issu de la rencontre de Lyon, a traduit M. Mabrouk Ferkal en justice pour lui dénier le droit de parler au nom du CMA. M. Ferkal, l'un des organisateurs du deuxième séminaire du MCB en 1989, a été désigné par le conseil fédéral comme porte-parole du Congrès mondial amazigh, après la démission, en janvier 1999, du président, l'écrivain canarien Antonio Félix Martin Ormega. Après la rencontre de Lyon, organisée par les membres déchus et dénoncée par les associations membres des pays de Tamazgha et de la Diaspora, le conseil fédéral s'est mis à préparer la deuxième assemblée générale, prévue cet été. Raha Ahmed a du coup assigné Mabrouk Ferkal en justice pour lui «interdir […] d'utiliser à toutes fins (comprendre les démarches auprès des banques, de la poste, télécom, Internet, la préfecture […] NDLR) le nom du Congrès mondial amazigh (CMA), interdire la réunion, fixée à Paris les 8 et 9 janvier 2000, et la tenue de l'assemblée générale de l'été 2000 au nom du CMA et (le) condamner à un franc symbolique au titre des dommages et intérêts». Le verdict du procès en référé, qui a eu lieu le 28 décembre, a été donné jeudi dernier par M. Guyot, juge des référés. Ce dernier, affirmant que certaines pièces présentées par l'avocat de la partie civile, Me Bahloul, étaient sans valeur, a débouté Rachid Raha Ahmed de ses demandes.Ce dernier a décidé de faire appel de ce jugement, mais le verdict du juge est lourd de sens. Il est clair que Mabrouk Ferkal est toujours porte-parole du CMA et que la réunion des 8 et 9 janvier 2000 a lieu dans la légalité. La décision du juge de maintenir M. Ferkal à son poste ne souffre aucune ambiguïté. Elle consacre l'illégitimité du bureau mondial et du conseil fédéral, issus du «Congrès» de Lyon en août dernier.

(Liberté 13.2, El Watan 14.2) Les associations culturelles, estudiantines et locales berbères ont commencé, à l'appel (séparément) d'une part de la Fondation Matoub Lounès, et d'autre part du Mouvement culturel berbère (coordination nationale) à préparer les manifestations commémoratives du Printemps Berbère, dont elles célébreront le 20 avril prochain le vingtième anniversaire. Lors d'une rencontre entre les associations berbères, le 10 février à Tizi Ouzou, à l'appel de la Fondation, la décision a été prise de placer les manifestations de la fin avril sous le signe de l'hommage à Matoub Lounès, et de la revendication de la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle. Le 20 avril devrait également être une joutnée de protestation, avec un mot d'ordre de grève générale et une marche pour exiger la vérité sur l'assassinat de Matoub Lounès et la reconnaissance officielle de tamazight. De son côté, le MCB-CN appelle également à une grève et à une matche pour la "constitutionnalisation de tamazight" et en "hommage aux martyrs de tamazight et de la démocratie".

(Le Matin, Liberté 7.3) Un peu plus d'un mois avant la célébration du vingtième anniversaire du "Printemps Berbère" de 1980, le Mouvement culturel berbère a lancé le 6 mars une campagne pour la constitutionnalisation de tamazight, en tant que "langue nationale". Les animateurs du MCB (notamment El Hadi Ould Ali, Ali Brahimi et Mouloud Lounaouci) ont prédit, lors d'une conférence de presse donnée à Alger, qu'un article de loi ou de la constitution légaliserait tamazight , et ont déclaré que le président Bouteflika serait désormais partisan d'inscrire la langue berbpère dans la constitution plutôt que d'organiser un référendum sur la question, ce qui était auparavant sa position. A Tizi Ouzou, le 2 mars, le secrétaire général du Congrès mondial amazigh, Belkacem Lounis, avait pour sa part invité le président Bouteflika à "effacer ses insultes" contre tamazight et à "revoir sa position à l'occasion de la célébration du Printemps Berbère (...) par un signe fort", qui pourrait être de rendre ferières les journées du 20 avril (Printemps Berbère) et du 12 janvier (Nouvel An berbère).

(Liberté 14.3) Le président du Haut Commissariat à l'Amazighité, Mohand Ou Idir Aït Amrane, a annoncé le 12 mars à Tizi Ouzou que le HCA avait l'intention de "mettre le paquet" pour commémorer le 20ème anniversaire du Printemps Berbère de 1980, et le cinquième anniversaire de la signature par le président Zéroual du décret créant le HCA et reconnaissant la langue et la culture amazigh comme constitutives de la personnalité nationale algérienne (mais non comme langue officielle ou nationale). Le Secrétaire général du HCA, Youcef Merahi, a pour sa part déploré l'inexistence (en Algérie du moins) d'éditions en tamazight, la faible demande du lectorat et la cherté du produit.

(El Watan 11.3, corr 14.3) Un colloque international sur le thème "Islam et démocratie" se tiendra du 20 au 22 mars à Algerm à l'initiative du Haut Conseil Islamique (officiel) algérien, qui y a invité des théologiens (notamment Djaâfar Abdesselam, Ali Semmane, et Nazli Maoudh Ahmedde l'Université El Azhar du Caire, Mohamed Saïd Ramadhan El Bouti et Mohamed Yaâcoubi, de l'Université islamique de Damas, le Soudanais Anouar Madjid Achki), ainsi que Roger Garaudy. Le président de l'Observatoire national algérien des droits de l'Homme (ONDH), Kamel Rezzag Bara, l'Archevêque catholique d'Alger Henri Teissier, devraient également intervenir. La présence de Roger Garaudy (successivement, voire parfois en même temps, protestant, catholique, stalinien, eurocommuniste et musulman, et devenu porte-parole des négateurs du génocide des juifs) a en tous cas de quoi surprendre, pour user d'un euphémisme. Elle ne suscitera certes pas la même vindicte des "islamo-conservateurs" que l'annonce de la tournée d'Enrico Macias dans son pays natal.

(El Watan 22.3, Liberté 23.3) Le président du Haut Conseil Islamique algérien (HCI, officiel), Abdelmadjid Meziane, a déclaré le 21 mars en marge du colloque organisé par le HCI sur l'islan et la démocratie, que ce colloque était "une sorte de réponse à ceux qui rejettent la démocratie parce que selon eux elle implique l'occidentalisation". Pour Abdelmadjid Meziane, "c'est l'ignorance qui a poussé (les terroristes) a commettre des actes qui nuisent au fondement même de l'islam". Cela étant, le colloque s'est clôs le 22 mars par l'adoption de résolution à forte tonalité conservatrice, enjoignant aux partis politiques de "se conformer aux principes islamiques", estimant que "les hommes de cultze doivent faire partie de tous les organes législatifs" et proposant la création de conseils consultatif (choura) à tous les niveaux institutionnels, et déclarant que la "démocratie doit s'adapter à l'esprit et aux préceptes de la chari'a" et non le contraire, même si "l'alternance au pouvoir et le système électif sont autorisés" (mais dans des limites que les principes précédemment exprimés rendent assez étroites). Le communiqué final du colloque rappelle en outre que "les fetwas autorisant l'assassinat des musulmans sont contraires à l'islam" et que "la violence pratiquée par les criminels contre les peuples, les femmes et les enfants est un acte complètement inacceptable". Le communiqué final exprime une appréciation positive des oulémas à l'égard de "la politique du pardon et de la concorde civile à laquelle a appelé Bouteflika", et qui "converge avec les règles de l'islam". Lors du colloque, le mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, a dénoncé "les deux hérésites, produit du XXe siècle", que sont l'"islam officiel" et l'"islam contestataire", et a appelé les musulmans à produire "une séparation entre le politique et le religieux", séparation qui pour lui qui ne sera pas "en défaveur de l'islam", puisque la politisation de l'islam n'est que la continuité de soninstrumentalisation par le pouvoir politique.

(Ribat 29.3) Le bulletin islamiste "El Ribat" (FIS-Kébir) se félicite, dans son édition du 29 mars, de ce que le séminaire Islam et démocratie, organisé par le Haut conseil islamique algérien (HCI, officiel), n'ait "pas réalisé les résultats programmés par ses promoteurs laïco-éradicateurs". "El Ribat" accuse les participants au colloque de n'être que "des pseudo-imams, des intellectuels et des universitaires" représentant "les milieux laïques", et d'avoir tenté, mais en vain, d'"arracher une fetwa qui condamnerait l'islam perpétuellement à se séparer du politique, ce qui de facto disqualifierait les partis dit islamistes". Pour le bulletin du FIS, "Le séminaire Islam et démocratie traduit, on ne peut plus (clairement), l'échec total des laïco-éradicateurs dans leur démarche à faire imposer la laïcité dans la société algérienne". "El Ribat" s'en prend notamment à Soheib Bencheikh, mufti de Marseille, qualifié de "mufti autoproclamé" par le bulletin et accusé d'avoit "tenté d'aller plus loin que ses sponsors d'outre-mer" en affirmant que "le rôle de la Révélation n'est que secondaire car les actes des hommes sont dictés par la raison qui leur permet de distinguer entre le bon et le mauvais", raison dont sont dotés aussi bien les croyants que les athées...

(AFP 3.5, APS 4.5) Dans un message à un séminaire sur les zaouias (confrérie religieuses) organisé du 1er au 3 mai à Adrar (sud), et dont la clôture a été présidée par le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, le président Bouteflika a salué le "rôle positif" des zaouias, qui soutiennent sa politique de réconciliation nationale mais avaient été accusés par le parti unique de "collaboration" avec la France sous le colonialisme. Une grande partie de leurs terres avaient été confisquées et étaient devenues des biens d'Etat. Les autorités algériennes semblent aujourd'hui vouloir leur redonner le rôle social et caritatif qui était le leur, le président Boutelika exprimant le souhait qu'elle "demeurent des remparts" contre l'intégrisme, et leur assignant le "devoir" de "corriger les concepts erronés" sur l'islam et d'"éclairer l'opinion publique", en particulier les jeunes, sur le soufisme, dont elles participent. La plus importante zaouia d'Algérie est la "Rahmania", fondée par Sidi M'hamed Boukobrine. Le nombre des disciples des zaouias d'Algérie, chacune créée par un maître inspiré par le soufisme, et élaborant sa propre voie (tariqa), ce qui les avait fait accuser par l'associations des ulémas d'Abdelhamid Ben Badis de porter atteintes à l'islam, est estimé à plus de 60'000 personnes. Le séminaire nationale des zaouias a adopté le 2 mai une série de recommandations sur la "valorisation de la mission des zaouias et l'amélioration du niveau scientifique des hommes de lettre et de religion". Le séminaire à dénoncé en même temps les campagnes de "christianisation" portant atteinte aux "convictions relifieuses" et à l'"appartenance identitaire" de la société, et "la discorde et la fitna entre les enfants de la nation". Le séminaire s'est aussi prononcé en faveur de la création d'une organisation internationale des "tourou soufis", dont le siège serait en Algérie.

(AFP 8.5) Une récente circulaire du ministère de l'Enseignement supérieur, réintroduisant l'enseignement en "langues étrangères" (c'est-à-dire essentiellement en français) dans des filières "arabisées" par la loi du 5 juillet 1998, voire depuis 1984 (droit, sciences sociales et politiques), a suscité la colère du FLN, dont le quotidien en arabe, "Sawt El-Ahrar", accuse le ministre de vouloir remettre le français en selle en Algérie. En outre, la télévision publique diffuse désormais tous les samedis une émission en français, "d'une rive à l'autre", destinée théoriquement à l'émigration mais transmise sur le réseau national.

(El Watan 14.5, 15.5) Le président Bouteflika a procédé le 13 mai à l'installation officielle de la Commission nationale de réforme du système éducatif, qui sera présidée par Hadj Salah Abderrahmane, assisté de quatre vice-présidents : Benzaghou Benali, Khalida Messaoudi, Hadjar Tahar et Haraoubia Brahim. Tous les membres (158) de la commission ont été désignés par le président de la République. La commission est chargée de procéder à une évaluation du système éducatif et d'étudier sa refonte totale et complète. Elle devra proposer un projet de nouvelle politique éducative. Elle a neuf mois pour présenter les résultats de ses travaux, sous forme d'un rapport général servant de base à la refonte de l'ensemble du système éducatif et du duspositif légal le régissant. "Faire le bilan de l'école algérienne, c'est inévitablement faire le bilan d'une effroyable dérive", commente "El Watan", qui évoque une "pédagogie d'Etat marginalisant (les enseignants) et rejetant dans l'exclusion (les élèves)", aboutit à un taux de réussite "ridicule" au baccalauréat et à "éjecter" des "millions d'individus". Le quotidien évoque également le "glissement progressif vers un système éducatif (...) unijambiste", car fondé sur la seule arabité "contre le désir d'ouverture (de la) société algérienne". Mohammed Boudiaf parlait, lui, d'une école algérienne "sinistrée". Dans son allocution d'installation de la commission, Abdelaziz Bouteflika a évoqué l'hypothèse d'un référendum sur l'école, qui fait l'objet d'un "véritable débat national" qui pourrait être sanctionné par le peuple, qui "se prononcerait alors souverainement". Quant à l'Union des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF, syndicat autonome), elle a appelé à une grève de deux jours les 16 et 17 mai, et a menacé de boycotter les examens des trois "paliers" de l'enseignement fondamental, du brevet au bac. "Nous voulons une seule chose : une vie décente pour les éducateurs", a déclaré le président su syndicat, qui ne comprend pas pourquoi la commission nationale de réforme du système éducatif compte autant de membres (158)...

(AFP 19.5) Le Prix de la Paix 2000 des libraires et éditeurs allemands a été décerné le 19 mai à la romancière Assia Djebar "qui a fait entendre avec force la voix du Maghreb dans le concert des littératures européennes contemporaines" et qui a "largement contribué à une nouvelle prise de conscience des femmes dans le monde arabe". Le prix lui sera remis au Salon du Libre de Francfort le 22 octobre prochain. Il a notamment été accordé à Martin Walser en 1998, Mario Vargas Lloa en 1996, Jorge Semprun en 1994, Vaclav Havel en 1989 et à Yachar Kemal en 1977.

(Liberté 6.6) Le dramaturge algérien Slimane Benaïssa a été nommé le 5 juin par le président français Jacques Chirac, avec l'"assentiment" du président algérien Abdelaziz Bouteflika, membre du Haut Conseil de la francophonie, organisme concultatif regroupant 40 personnalités francophones internationales. Pour le commentateur de "Liberté", cette nomination est un signe de la normalisation des rapports culturels de l'Algérie avec la francophonie. Le journal rappelle que l'Algérie est, après la France, le pays qui compte le plus de francophones, alors que le français n'y dispose d'aucun statut officiel, et que la communauté algérienne est la première communauté étrangère de France, avec plus d'un million de personnes.

(Le Matin, Liberté, El Watan 8.6) "L'officialisation de la langue amazighe, aujourd'hui, relève de l'impossible", a déclaré l'un des responsables du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Azzedine Zâalami, à l'occasion du cinquième anniversaire de l'institution. Pour aboutir à la reconnaissance de tamazight, à laquelle il ne renonce donc pas, le HCA, souhaite l'installation d'une commission, à l'instar de celles de la réforme de l'éducation et de la justice, afin notamment de susciter un débat sur la question. Cette commission se chargerait, selon Azzedine Zâalami, de proposer une échéance pour la tenue d'un référendum jugé indispensable par le président de la République (mais récusé par la majorité du mouvement culturel berbère) pour doter tamazight d'un statut et d'un cadre légal et constitutionnel.

(Liberté 15.6, Le Monde 17.6) Un colloque international sur Saint Augustin ("Saint-Augustin : africanité et universalité") aura lieu du 2 au 4 avril 2001 à Annaba. Le Comité d'organisation du colloque est présidé par le président du Haut Conseil Islamique algérien, Abdelmadjid Ameziane, et comprend en outre, notamment, l'archevêque catholique d'Alger, Henri Teissier et l'Ambassadeur de Suisse à Alger, André von Graffenried. L'un des organisateurs du colloque, l'historien français André Mandouze, a déclaré qu'il s'agissait de "rendre à l'Algérie son plus grand Algérien", ce qui sera "un acte politique fantastique".

(Corr 12.6) Le Congrès mondial Amazigh, qui a tenu sa première assemblée générale à Tafira, s'apprête à organiser à Bruxelles, du 7 au 9 août, son second congrès, avec pour "mission fondamentale la réorganisation du fonctionnement des instances du CMA et la mise en place d'un programme d'interventions concrètes". Le CMA se veut une "instance d'unification des Imazighen dans leur diversité", et proclame son ouverture à toutes les associations amazighes "sans exclusive", à conditions qu'elles soient "indépendantes des Etats et des organisations politiques et religieuses".

(Corr 14.6) Dans l'allocution qu'il a prononcée lors du dîner d'Etat offert en l'honneur d'Abdelaziz Bouteflika, le 14 juin à Paris, le président Jacques Chirac a annoncé l'organisation en 2002 d'une "grande saison culturelle algérienne en France", permettant aux Français de "parfaire (leur) idée de l'Algérie, d'en découvrir l'extraordinaire patrimoine en même temps que la créativité, la force et le dynamisme de sa jeunesse".

(El Watan 16.7) Un colloque devant se tenir à Batna en octobre prochain sur "la vie et le militantisme de Messali Hadj", organisé par un comité composé essentiellement d'universitaires de Batna, fait l'objet d'une polémique engagée par le FLN, qui a adopté une résolution dénonçant un précédent colloque, tenu à Tlemcen les 29 et 30 mars, également sur Messali Hadj, et qui, selon le FLN, s'est "transformé en tribune pour juger le Front, l'ALN, les hommes de la Révolution, les chouhada, etc.". Le FLN met particulièrement en cause une communication de Rabah Belaïd à Tlemcen, communication dans laquelle l'auteur reprochait au FLN d'avoir proféré des accusations "injustes et infondées" contre Messali.

(Quotidien d'Oran 17.7) Le président de la commission d'organisation du séminaire sur Messali Hadj, prévu les 16 et 17 octobre à Batna, vient de démissionner de ce poste. Rabah Belaid explique sa décision par des pressions qui ont porté atteinte à sa "dignité" et à son "nationalisme" (il a notamment été accusé d'être un "messaliste fanatique travaillant en association avec des historiens franco-juifs" (ce qui vise vraisemblablement Benjamin Stora). En réponse à la démission de Rabah Belaïd, le secrétariat régional de l'Organisation nationale des moudjahidines (ONM) a annoncé avoir déposé plainte contre lui pour "diffamation à l'égard des chefs de la glorieuse révolution de novembre", soit les membres du CRUA (Comité révolutionnaire de l'Unité et de l'Action). Rabah Belaïd aurait, lors d'un précédent colloque sur Messali, reproché au CRUA d'avoir décidé de déclencher la lutte armée sans en avoir informé les autres militants nationalistes, en mettant ainsi leur sécurité en danger. L'ONM réitère en outre son opposition à la tenue s'un séminaire sur Messali Hadj dans une région qui, selon l'organisation des anciens combattants, à été le "théâtre des activités sanguinaires des tueurs de Messali Hadj", commandées par le général Belounis, que l'ONM accuse de "rouler effectivement pour les services secrets coloniaux".

(El Watan 20.7, Le Matin 22.7, 23.7) Le chanteur Baaziz a provoqué une véritable panique au sein de la télévision d'Etat ENTV, en interprétant en direct le 14 juillet sur ENTV une chanson denonçant les généraux algériens ("Waili waili"), chanson interdite d'antenne (et censurée sur l'émission "d'une rive à l'autre", diffusée simultanément sur ENTV et sur Canal Algérie). Le chanteur dit avoir été ensuite menacé, et sa famille avec lui, par "des personnes bien placées à l'ENTV", après que de présumés membres des services de sécurité soient venus récupérer à la télévision la cassette de l'enregistrement. Le directeur de la télévision, l'ancien ministre de la Communication Hamraoui Habib Chawki, a fait stopper la tournée de Baaziz, et a lui-même proposé sa démission au président Bouteflika, qui l'aurait rejetée. Baaziz, qui a reçu un message de solidarité de Ferhat M'henni, serait désormais carrément interdit d'antenne publique, tant à la télévision qu'à la radio et des organisateurs de concerts auraient, selon "El Watan", reçu des instructions pour ne plus le programmer. Les paroles de la chanson "subversives" (diffusée sur cassettes et CD en Algérie et en France) disent notamment : "Quand j'entends ce général, je ris sans pitié/ Mêlé aux affaires, il est devenu personnalité/Il a le pouvoir, l'argent et la double nationalité/Il humilie les hommes/Et même dans la mort, il trouve son compte/On a le président, la démission ou la mort/Chaque semaine, il y a un vote...". Selon "Le Matin", l'ENTV aurait l'intention de poursuivre Baâziz en justice pour avoir chanté une chanson politique, contrairement aux engagements pris.

(Le Matin 27.8) Prévu du 15 au 21 septembre, un festival de cinéma (Le "Cinéma de l'été") devrait se tenir à Alger, à l'initiative du réalisateur français (né à Alger) Alexandre Arcady, avec le parrainage de la chaîne de TV Canal+Horizons, du distributeur UniFrance Film international et le soutien de l'ambassade de France à Alger. Côté algérien, "We aime El Djazaïr" et la Ville d'Alger, qui met à disposition théâtre de Verdure, soutiennent également l'initiative. qui consiste en la projection de sept nouveaux films destinés au grand public. Parallèlement, la Cinémathèque d'Alger abritera la « Semaine des cinéastes » et projeteea quatorze films, autour desquels seront également organisés des débats et des conférences.

(Jeune Indépendant 2.9, Le Matin 3.9) L'Association nationale des enseignants de tamazight (ANET) a estimé dans une conférence de presse tenue le 31 août à Tizi Ouzou, à la veille de la rentrée scolaire, que les lacunes et les difficultés actuelles de l'enseignement du berbère en Algérie, ajoutées au caractère facultatif de cet enseignement, risquaient de lui porzer un coup fatal. Le président de l'ANET, Boucetta Rabah, a signalé qu'il n'y avait plus que 184 enseignants de tamazight à l'échelle nationale , et qu'il en manquait 110. Du fait du manque d'enseignants, du manque de moyens, du caractère facultatif de l'enseignement de tamazight et des réticences de certains chefs d'établissements scolaires à en soutenir l'enseignement, le nombre des élèves est en diminution, En outre, aucun enseignant de tamazight n'a été titularisé, et tous sont payés comme des enseignants du degré primaire, même s'ils sont universitaires. Enfin, l'ANET regrette que l'enseignement de tamazight soit élaboré "sans tenir compte des avis des praticiens", avec de mauvais manuels.

(AFP 22.10) L'écrivain et cinéaste algérienne Assia Djebar a reçu le 22 octobre, en marge de la Foire annuelle du Livre de Francfort, le Prix de la Paix décerné par les libraires et éditeurs allemands, pour son engagement en faveur de la démocratie et de l'émancipation des femmes. "Son oeuvre nous dit son espoir dans le renouveau démocratique de l'Algérie, dans le retour de la paix intérieure dans sa patrie et dans le possible dialogue entre les cultures", explique le jury du prix. Assia Djebar (Fatima Zohra Imalyène) est née à Cherchell. Elle a été la première Algérienne a être admise à l'Ecole normale supérieure de Paris, en 1955. Comme beaucoup d'écrivains algériens de sa génération, elle écrit en français. Assia Djebar est également coinéaste et enseignante. Elle a quitté l'Algérie pour Paris au début des années '80. Assia Djebar a estimé que la paix ne pourrait revenir en Algérie qu'avec "un élargissement de la démocratie", élargissement donc une des conditions est une plus grande place accordée aux femmes.

(El Watan 2.11) Selon un sondage réalisé par l'Institut Abassa pour le compte de l'hebdomadaire français "Le Point", auprès d'un échantillon "représentatif" de 1400 foyers algériens, l'Algérie est le second pays francophone du monde (après la France, tout de même...). Près de quarante ans après l'indépendance, et après des décennies d'arabisation, 60 % des Algériens comprendraient et/ou pratiqueraient le français. En fait, l'Algérie indépendante est devenue beaucoup plus "francophone" que ne l'était l'Algérie française : en 1962, les francophones "pesaient" 10 % de la population algérienne. Ils étaient un million en 1961; 14 millions d'Algériens comprennent et/ou parlent le français aujourd'hui. L'instauration de l'instruction publique obligatoire dans l'Algérie indépendante a massivement développé la connaissance du français. Le président Bouteflika n'avait donc pas tort d'affirmer que l'Algérie indépendante avait fait pour la langue française quatorze fois plus en trente ans que la France elle-même en 130 ans... Au nombre des autres facteurs favorisant la "francophonie" de l'Algérie : la proximité géographique et humaine de l'Algérie et de la France, le million d'Algériens qui vivent en France, les 300'000 couples (mariés) franco-algériens, la fréquence des voyages d'Algériens en France (premier pays étranger visité par les Algériens), le fréquence de l'équipement télévisuel par satellite (52 % des Algériens reçoivent les télévisions françaises par paraboles).

(El Watan 6.11) Le "Haut Commissariat à l'amazighité" a organisé des journées d'études, qui ont commencé le 5 novembre à Sidi Fredj, sur l'enseignement de la langue et de l'histoire berbères. Mouloud Lounaouci a dressé le constat de l'échec "planifié" de l'enseignement actuel de tamazigh : "la langue n'a pas eu de répercussion au niveau de la société". Et d'inviter l'Etat à "réparer" cet échec en prenant "réellement" en charge l'enseignement de tamazigh en lui donnant "les moyens nécessaires", notamment pour l'enseignement initial non du berbère "normalisé", mais des dialectes (chaoui, kabyle, mozabite etc...), à partir desquels une langue commune peut se construire.

(La Tribune 11.11) Au terme de la conférence internationale sur la langue arabe, qui s'est tenus à Alger du 6 au 8 novembre, sous le patronage du président Bouteflika et de l'"ALESCO" (l'"UNESCO" de la Ligue Arabe), une recommandation a été adoptée préconisant le strict usage de la langue littéraire dans les media arabophones, et donc, au moins implicitement, la proscription de l'arabe dialectal. "La Tribune" signale cependant que "les trois quarts du peuple (algérien) ne connaissent pas les rudiments de la 'fusha'".

(El Watan 12.11) Le président du Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA, officiel), Mohand Idir Aït Amrane, a annoncé que le HCA avait décidé de choisir les caractères latins pour transcrire la langue berbère.

(Jeune Indépendant 23.11) Le "Jeune Indépendant" consacre un article à ce qu'il considère comme un "phénomène des plus étrange" : "des pans importants de la société kabyle se convertissent au christianisme", et plus précisément au protestantisme. Aux Ouadhias, où l'office religieux hebdomadaire est célébré dans la chapelle le vendredi, afin de faire coïncider le jour de l'office chrétien avec le jour de repos général hebdomadaire en Algérie, la salle était remplie "à craquer" à l'occasion de la fin d'un cours-séminaire de 5 jours, donné en arabe, en kabyle et en anglais, l'Evangile étant lue en français par le pasteur. Tous les ouvrages religieux protestants en français ont été "traduits en kabyle", affirme le quotidien. L'église des Ouadhias emploie dix personnes, qu'elles rétribue, mais affirme ne recevoir aucune aide de l'étranger. Quant aux raisons pour lesquelles de jeunes Kabyles se convertissent au christianisme protestant, les femmes interrogées par "Le Jeune Indépendant" expliquent que "l'islam à travers les prêches prononcés par les imams n'est pas une religion de tolérance et d'égalité". Les parents des nouveaux convertis ont certes tenté de dissuader leurs enfants de changer de religion, "mais devant l'intransigeance de ceux-xi, ils ont fini par abandonner la partie", quoique certains d'entre eux tentent toujours de faire revenir leurs enfants à l'islam. Le quotidien se pose la question de savoir si l'Etat algérien (l'Islam étant religion d'Etat) "est prêt à revoir (...) les principes fondamentaux de la Constitution", laquelle fait de l'islam la religion de l'Etat. La question d'une éventuelle adaptation des textes de droit se pose également pour le droit du mariage, par exemple entre une musulmane et un non-musulman : le cheikh Abdallah Aksouh, de la grande mosquée de Tizi Ouzou, pour qui le "mouvement chrétien ne survivra pas au temps dans ce pays", et finira "pas s'estomper d'abord et s'étouffer ensuite", considère pour sa part que "le mariage entre une femme musulmane et un homme non musulman est illicite", et que musulmans et chrétiens doivent être inhumés dans des cimetières différents.

(AFP 23.12) Le village natal de Lounès Matoub, Taourirt Moussa, "est devenu un lieu de pélerinage" deux ans et demi après son assassinat, écrit l'AFP, qui décrit la tombe du chanteur comme "un véritable mausolée". Des milliers de personnes sont déjà venues à Taourirzt Moussa, affirme le président de la fondation Lounès Matoub, Ahmed Haddag. Ces visiteurs ont laissé des dessins, des banderoles, des stèles à l'effigie de Matoub en souvenir de leur visite. La voiture dans laquelle il a été assassiné est exposée au siège de la fondation, criblée de 78 impacts de balles.


Environnement

1999

(El Watan 7.7) Selon un rapport sur la situation de l'environnement, établi par le ministère de l'Intérieur, l'environnement algérien est menacé par la production nationale de déchets industriels, évaluée à 1,242 millions de tonnes par an (en sus des 5,2 millions de tonnes annuelles de déchets urbains), en l'absence d'un plan de protection de l'environnement et de structures de stockage fiables. Des centaines de milliers de déchets toxiques et dangereux s'accumulent ainsi dans des conditions ne préservant pas la sécurité des populations. L'Algérie produisait annuellement en 1994 185'000 tonnes de déchets toxiques et dangereux d'origine industrielle, essentiellement à Annaba (36,3 % du total), Médéa (16,5 %), Tlemcen (15.1 %) et Oran (14,1 %), et en stockait 344'000 tonnes, dont 66 % dans la wilaya de Tlemcen et 24 % dans cette d'Annaba. Un projet de centre de traitement des déchets dangereux, d'une capacité annuelle de 200'000 tonnes, n'a jamais pu être réalisé. Sur 253 unités industrielles polluantes recensées en Algérie, seules 144 étaient dotées d'une installation antipollution, dont 55 dans un état défectueux nécessitant une réparation. S'agissant des déchets non industriels, l'Algérie produit annuellement 385'000 tonnes de papiers, 130'000 tonnes de plastiques, 100'000 tonnes de métaux et 50'000 tonnes de verres, recyclables mais non recyclés faute d'infrastructure. L'Algérie produit également 124'600 tonnes de déchets hospitaliers, et dispose pour les détruire de 236 incinérateurs (mais dont 64 sont en panne et d'autres non opérationnels, ceux qui fonctionnenent étant le plus souvent obsolètes). Enfin, 500 millions de mètres cubes d'eaux usées sont produites annuellement, dont une bonne part est purement et simplement rejetée à la mer ou dans les oueds. Les bassins d'est potable recevaient en 1995 200'000 tonnes par an de déchets organiques, et l'on en prévoit le double en 2020. Sur les 49 stations d'épuration existantes, 9 sont abandonnées ou hors service et 31 à réhabiliter.

(El Watan 22.9) A l'occasion d'une réunion à Alger, le 21 septembre, d'experts maghrébins de la désertification, il a été rappelé que 121 millions d'hectares (environ) sont menacés de désertification au Maghreb, dont 20 millions en Algérie, dont sept nécessitent "un traitement d'urgence", selon le direction algérien des Forêts, M. Ghebalou. Depuis le lancement, au milieu des années septante, de l'opération de reboisement des zones arides et semi-arides en Algérie (opération du "barrage vert"), un million d'hectares seulement a été traité.

2000

(Libre Algérie 10.4) Le smog (brouillard de fumée et de gaz de combustion dus aux véhicules automobiles et au chauffage) stationne de plus en plus souvent au-dessus d'Alger : selon l'Agence nationale algérienne pour la promotion et la rationalisation de l'énergie (APRUE), Alger est l'une des dix métropoles les plus polluées par les carburants des automobiles. Environ 25 % du parc automobile algérien, soit 700'000 véhicules, est concentré dans la capitale. Or, plus de 55 % des véhicules du parc automobile algérien, soit plus de 1,5 million de véhicules, sont vieux d'au moins quinze ans, et 6,5 % seulement ont moins de cinq ans. Les carburants les moins polluants, comme le GPL et l'essence sans plomb, sont très peu utilisés en Algérie (1 % de véhicules roulent au GPL), contrairement au diesel, carburant plus polluant encore que l'essence "normale".

(El Watan 27.4) "Le peu d'intérêt accordé à l'écologie apparaît aujourd'hui clairement à travers l'état des lieux pour ainsi dire désastreux que dressent les études d'impact menées par l'administration de l'environnement et par la Banque mondiale", écrit "El Watan", qui se réfère notamment à une enquête de la Banque mondiale sur l'impact de environnemental de plusieurs grandes unités indistrielles, et relève par exemple que l'usine de pâte à papier de Baba Ali, par non-épuration et non-recyclage de ses eaux usées, gaspille un volume d'eau équivalent aux besoins de 100'000 personnes. L'enquête de la BM relève également le cas de l'usine de batteries de Sétif, qui pourrait récupérer 1500 tonnes de plomb et 150 tonnes de zinc par an mais les gaspille, celui des usines de peintures de l'ENAP qui pourraient récupérer 100 tonnes de solvants mais ne le fait pas, ou de NAFTAL, qui rejette le 90 % de ses huiles usagées dans la nature et n'en récupère que 10 %. La Sonatrach est également épinglée pour ses stocks de boues de pétrole (80'000 m3) et de boues deforage (25'000 m3), ainsi que l'Entreprise de matériel de travaux publics (ENMTP) accusée de produire et de stocker chaque mois dans des endroits mal protégés 100 kg de seul de cynure et 300 kg de boues de chrome. 24 usines et complexes industriels sont cités par la BM comme détenant d'importants stocks de déchets hautement dangereux. La moitié des usines les plus polluantes ne disposent pas d'équipements antipollution en état de marche, et plus de 15'000 petites et moyennes entreprises diversent des déchets et des eaux polluées dans les réseaux d'assainissement des centres urbains ou à la périphérie de zones industrielles pour la plupart démunies d'équipements antipollution.

(El Watan 4.6) Un rapport établi par les services du ministère des Travaux publics, de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de l'Urbanisme dresse un sombre tableau de la situation de l'environnement en Algérie, et estime que le pays n'est pas à l'abri d'une catastrophe écologique : le couvert végétal s'amenuise, le reboisement est insignifiant, le beton et l'industrie gagnent sur les terres agricoles, plus de 600 millions de mètres cubes d'eau usées sont déversés sans épuration préalable dans la nature, le risque de pollution des nappes phératiques est permanent, 500'000 tonnes de déchets ménagers sont produits chaque année. La seule décharge de Oued Smar reçoit annuellement plus d'un million de tonnes de déchets (solides (toutes catégories confindues, y compris les déchets industriels et hospitaliers). Bon nombre d'unités de stockage des déchets ne sont pas équipées en moyens de depollution et 350'000 tonnes de déchets sont actuellement stockés en attente de traitement (90 % de ces déchets étant stockés dans les wilayas d'Annaba et de Tlemcen). Les eaux usées industrielles chargées de polluants toxiques sont le plus souvent déversées sans traitement dans les cours d'eau, le rapport donnant l'exemple du complexe de Pâte à papier de Baba Ali, rejetant d'importantes quantités de produits chimiques directement dans l'oued El Harrach, et de la zone industrielle proche du marais de Reghaïa déversant ses efflents toxiques dans le marais. Le rapport ajoute que la qualité de l'air se dégrade en raison de la dispersion et de la dilution d'émanations toxiques.

(Liberté 19.6) Six millions d'hectares de terres sont menacés de désertification si aucune action d'urgence n'est prise pour faire face à la dégradation des sols, en particulier dans les zones de steppes, a-t-il été annoncé lors du séminaire sur le "Barrage vert", organisé le 18 juin à Batna par la Direction générale des forêts. Le projet du "Barrage vert" a été lancé il y a trente ans pour arrêter l'avancée du désert. 300'000 hectares ont été plantés, dont 10'000 dans les régions pastorales. Une partie des forêts ainsi "construites" a cependant été détruite par incendie, officiellement pour en chasser les groupes armés qui s'y seraient réfugiés, et dans le nord du pays, la dégradation des sols s'est poursuivie, certaines actions menées dans le secteur agricole, notamment l'arrachage des vignes dans des zones où les sols sont fragiles, ayant aggravé le phénomène. En cinq ans, l'Algérie a consacré 10 milliards de dinars (1 mia FF/250 mios FS) au reboisement et à la protection des bassins versants.

(El Watan 3.10) La pollution par les hydrocarbures du littoral des grandes zones industrielles algériennes a atteint des proportions "désastreuses", a-t-il été révélé lors du colloque méditerranéen sur l'eau et l'environnement, organisé le 2 octobre à Alger. Chaque année, 120'000 tonnes d'huiles minérales, 12'000 tonnes de phénols, 6000 tonnes de détergents, 100 tonnes de mercure, 24'000 tonnes de chrome, 21'000 tones de zinc, 32'000 tonnes de phosphates et 800'000 tonnes d'azote se déversent dans la Méditerranée à partir de diverses sources (industrielles, agricoles, urbaines). Plusieurs milliers de tonnes de polluants chimiques (pesticides) transportées par le vent et retombant dans la mer avec la pluis s'y ajoutent. Les zones industrielles, et particulièrement les deux pôles de Skikda et d'Arzew, sont particulièrement pollués par les hydrocarbures et leurs dérivés. Le port d'Alger, lui, est gravement pollué en surface (mais moins gravement en profondeur).

(AAI 19.11) La quantité de déchets solides urbains générés en Algérie est de 5,3 millions de tonnes par an, soit 500 grammes par habitant et par jour, selon une communication présentée au symposium sur l'économie d'énergie et l'environnement, qui s'est tenu les 15 et 16 novembre à Alger. La même source confirme qu'il n'existe en Algérie aucune usine de traitement des déchets, dont l'incinération dans les zones urbaines provoque une pollution supplémentaire, facteur de maladies respiratoires. Les eaux usées non traitées et évacuées annuellement dans les oueds et rivières sont estimées à environ 600 millions de mètres cubes. Les stations d'épuration, peu efficaces et souvent en pannes, n'arrivent pas à traiter les eaux usées. Le stock de déchets toxiques de diverses natures est estimé à environ 220 tonnes (8,8 kgs/habitants). Dans un rapport, la FAO avait souligné que la présence en Algérie de plus de 937 tonnes de pesticides cancérigènes, plus l'importation de 220'000 tonnes par an de ces mêmes produits, ne fera qu'"aggraver le problème des déchets toxiques", dont le stock pourrait s'élever à plus de 2 millions de tonnes en 2010, selon le rapport "Algérie 2000", qui, "si aucune mesure (n'est) prise), prévoit "des catastrophes écologiques qui toucheront à la fois l'homme, le gibier, la faune sauvage, les poissons, les plantes et les sols". Une usine d'incinération des déchets toxiques pouvant traiter 60'000 tonnes par an (il faudrait donc plus de 30 usines de ce type pour traiter le volume prévisible des déchets en 2010) coûte 70 millions de dollars, soit une dépense totale de plus de 2 milliards de dollars pour répondre au problème.

(AAI 5.12) Sur les 235 unités et ensembles industriels que compte l'Algérie, seuls 55 % sont équipés (théoriquement...) d'un système d'épuration des déchets liquides et gazeux polluants, la plupart de ces systèmes étant hors d'état de fonctionner, ou ne fonctionnant pas régulièrement, selon les conclusions d'un séminaire sur l'écologie industrielle organisé à Alger par l'institut pour la communication et l'analyse des technologies (ICAST) et la revue "Symbiose". Concernant le volume et la nature des pollutions, le même séminaire souligne qu'il est difficile d'en faire l'inventaire et le diagnostic, faute d'indications précises, mais évalue à plus de 5 millions de tonnes par an les résidus industriels, à 185'000 tonnes/an les résidus industriels dangereux et toxiques, principalement concentrée dans les wilayas d'Alger, Annaba, Medea, Tlemcen et Oran. Selon les chiffres officiels, les déchets d'origine minérales seraient de l'ordre de 55'000 tonnes/an, les boues minérales de 18'000 tonnes/an, les résidus pétrochimiques et houilliers de 47'000 tonnes/an, les solvants organiques et résidus de peintures de 4000 tonnes/an, les boues chargées de zinc de 25'000 tonnes/an, les résidus de fabrication et traitement des plastiques de 2500 tonnes/an. Il n'existe pas en Algérie de traitement séparé des déchets spéciaux et plus de 80 % des déchets industriels sont (ou sont supposés être) éliminés par les entreprises elles-mêmes, c'est-à-dire, en réalité, stockés sur des terrains vagues ou rejetés sans traitement dans les cours et plan d'eau (y compris la mer). Plus de 38 millions de tonnes de déchets seraient actuellement stockés en Algérie, dont 334'000 tonnes de déchets dangereux, dont 90 % dans les wilayas de Tlemcen (65 %) et Annaba (24 %).

(Le Matin 18.12) A propos d'une récente épidémie de fièvre typhoïde dans la région de Tiaret, l"Le Matin" parle d'une "maladie des exclus du service public" et rappelle qu'une moyenne de 2500 cas de typhoïde sont enregistrée chaque année en Algérie. En 1998, le ministère de la Santé avait enregistré 2016 cas, dont 672, soit un tiers, dans la seule wilaya de Tiaret, où "les infiltrations d'eaux usées et l'insuffisance de traitement donnent à l'esu du robinet une couleur jaunâtre et une odeur douteuse que ne peut éliminer le surchlorage", et où les puits "ne sont pas suffisamment contrôlés alors qu'ils sont vulnérables aux infiltrations émanant des décharges". De 1986 à 1996, on a enregistré près de 4200 cas de maladies à transmission hydrique à Tiaret. Le quotidien rappelle qu'en Algérie, "il n'existe pas au niveau national, ni local, d'organismes spécialement chargés de la gestion de l'assainissement" des eaux, et signale que "dans beaucoup de localité, les autorités ne connaissent même pas la configuration des réseaux".


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